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INTRODUCTION
Chaque État souverain dispose de son propre système juridique. Il n’existe pas, sauf dans
certains domaines spécifiques, un droit universel.
Le DIP peut être définit comme l’ensemble des règles régissant les rapports entre personnes
privées dans l’ordre international. Il se distingue ainsi du droit international public. Parfois un État ou
une organisation internationale se comporte comme une personne privée, on applique alors le DIP.
Cette conception du DIP n’est pas identique dans tous les pays du Commonswealth où il est limité
aux seuls conflits de loi.
L’ensemble des règles de DIP ne présente pas un caractère homogène. Même si la matière porte le
nom de DIP, toutes les règles ne relèvent pas toutes du droit privé et on peut toucher au droit public
(droit de la nationalité, droit des étrangers).
En France, le DIP ne fait l’objet d’aucune codification contrairement aux autres pays européens.
A. La loi
En droit français, la loi constitue l’axe central des sources du droit. En DIP, la loi ne joue pas un rôle
aussi prééminent. En 1804, 3 articles relatifs au DIP : Art 3 (Conflits de lois), Art 14 et 15 (Conflits de
juridictions).
è Art 3 Cciv : disposition emblématique du Code civil. C’est à partir de ce texte que la JP a dégagé
les règles de conflits de loi.
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Al.2 : Les immeubles, même ceux possédés par des étrangers, sont régis par la loi française -> Les
immeubles sont soumis à la loi de leur situation (que ça soit en France ou à l’étranger).
Al.3 : Les lois concernant l'état et la capacité des personnes régissent les Français, même résidant en
pays étranger. » -> Même s’ils vivent à l’étranger, les français sont régis par la loi française.
Cet article a servi de fondement à toute la construction prétorienne. Le législateur, dans la 2ème moitié
du 20ème siècle, a complété les dispositions lacunaires du Cciv en DIP même s’il n’y a pas eu de véritable
codification. Le législateur a introduit quelques articles relatifs à des matières déterminées :
è La filiation, depuis une loi du 3 janvier 1972, est régie par les art. 311-14 et s. Cciv.
è Le mariage, depuis loi 17 mai 2013, est régi par les articles 202-1 Cciv.
Les dispositions sont un peu éclatées partout dans le Cciv.
On trouve des dispositions de DIP dans le CPC concernant les effets des jugements étrangers. La
faiblesse des sources législatives n’est flagrante que pour le domaine des conflits de loi et de juridiction.
B. La jurisprudence
C’est l’une des principales sources du DIP. C’est à partir de l’article 3 CCiv que la JP a dégagé les
principales règles de conflits de loi en matière de droit des personnes, famille, bien, contrats…
Le droit des conflits des conflits de juridictions a été pendant longtemps d’origine JP.
Même si aujourd’hui de plus en plus de sources du DIP ont des sources internationales et européennes,
la JP continue de jouer un rôle fondamental.
C. La doctrine
Elle ne peut être considérée comme une source du DIP mais c’est une autorité influente sur la JP et
le législateur. Néanmoins, son rôle est + important en DIP que dans les autres matières.
La doctrine a joué un rôle fondamental dans ce qui est du concept de fraude à la loi ou de la notion d’OP
international. La doctrine internationaliste constitue une véritable force créatrice de droit. Cette
richesse doctrinale se concrétise à travers de nombreux articles et commentaires de décisions de
justice.
A. Les traités
è Traités bilatéraux : Ils sont conclus entre 2 parties (Entre la France et un autre État). Ils sont peu
fréquents en DIP et apparaissent souvent quand il est question de conflits de loi.
Ex : Convention Franco Marocaine du 10 août 1981 relative au statut des personnes et de la
famille et à la coopération internationales.
On trouve aussi des conventions fiscales visant à éviter la double imposition pour les
ressortissants.
è Traités multilatéraux : Ils sont peu nombreux car c’est difficile de trouver un accord entre
plusieurs parties mais ils tendent à se multiplier. Ils ont plusieurs objectifs : unifier les règles de
conflits de lois ou de juridictions.
La France est également engagée dans des conventions qui posent des règles matérielles dans
un domaine donné (ex : Convention de Vienne de 1980 sur la vente internationale de
marchandises).
Parmi toutes les conventions multilatérales, la plus importante est celle de la Convention de la
Haye. C’est une organisation internationale créé en 1993 ayant pour but de travailler à
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l’unification progressive des règles de DIP. Elle se compose aujourd’hui de 81 États. Sa vocation
consiste à élaborer des conventions internationales de DIP qui sont ensuite proposées à la
signature des États. Certaines connaissent un franc succès, d’autres non. Son activité stagne un
peu car aucune convention depuis 2007. On parle de « Crise de la Haye ».
B. La jurisprudence internationale
Ce sont les décisions qui émanent de juridictions internationales. Elles n’ont pas un rôle prépondérant
mais la Cour Internationale de Justice joue un rôle important. Elle a été créée par l’ONU.
Certaines de ces décisions ont ensuite donné lieu à des conventions internationales développées par la
Convention de la Haye.
Ce sont celles issues du commerce international. Pour des raisons de rapidité et efficacité, le commerce
international impose certains usages qui lui sont spécifiques.
Souvent, les opérateurs du CI (sociétés, PM, États) en cas de litige avec un autre opérateur souhaitent
que leur contentieux ne soit pas étalé sur la place publique afin de préserver leur image. C’est pourquoi
ils préfèrent recourir à l’arbitrage international qui répond à certains principes consacrés par les
sentences arbitrales.
• Ces usages et principes forment un corpus de règles qu’on appelle « loi des marchands » (Lex
mercatoria). Y figurent des ensembles de contrats-type ainsi que des usages élaborés de façon
spontanée par les opérateurs du CI. A certains égards donc, la lex mercatoria constitue une
source de DIP.
• La coutume internationale : ensemble de règles non écrites du DIP que la plupart des États
estiment devoir respecter.
Même si au départ le droit de l’UE ne s’intéressait pas du tout au DIP, aujourd’hui il occupe une place
de plus en plus importante.
è De nombreuses conventions internationales relatives au DIP adoptées au sein de l’UE ont été
reformaté en règlements européens. (ex : Convention de Bruxelles 1968 reformaté en 2000).
L’intérêt :
o Appliquer un texte dans l’ensemble des EM de l’UE (un règlement va s’appliquer dans
tous les EM de l’UE alors qu’une convention ne s’appliquera qu’aux États parties).
o La JU compétente pour interpréter ce texte sera la CJUE => uniformité de l’application.
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è De nombreux règlements relatifs au DIP ont été élaborés (conflits de loi et JU). On s’est
demandé s’il n’était pas plus opportun de codifier le DIP de l’UE.
è JP CJUE : Elle statue de plus en plus souvent sur des questions de DIP notamment parce qu’elle
est compétente pour interpréter les règlements de l’UE et donc ceux de DIP.
o Elle a développé à cet égard une méthode d’interprétation autonome des termes des
notions des règlements européens. (ex : souvent on parle de « résidence habituelle »
mais chaque État en a sa propre interprétation donc l’application pourrait être
différente). La CJUE va donc produire une interprétation autonome et détachée des
interprétations de droits internes qui s’imposera à l’ensemble des EM.
o Elle tranche aussi sur des conflits de nationalité : Quelle nationalité faut-il privilégier ?
La CJUE a estimé que face à un tel conflit on ne peut privilégier une nationalité par
rapport à une autre. C’est aux parties de s’adresser à la juridiction qu’ils souhaitent. Si
chacun veut saisir une JU différente, c’est le premier déposant sa requête auprès des
JU qui « gagne ».
è CEDH : Toute règle du DIP, toute solution découlant de l’application d’une loi française ou
étrangère doit être conforme à la CEDH. (ex : Juge français face à une situation d’extranéité et
doit appliquer une loi étrangère qui est contraire à un principe de la CEDH -> il doit écarter
l’application de la loi étrangère car heurte un principe international). La CEDH a donc une
incidence sur le DIP.
è Le Conseil de l’Europe est à l’origine de toute une série de conventions liées au DIP.
è Jurisprudence de la Cour européenne des DDH qui établit un ordre public européen qui
intervient en DIP.
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PREMIÈRE PARTIE : LES CONFLITS DE LOI
Il faut qu’au moins deux lois de deux pays différents soient susceptibles d’être appliquées à une même
situation juridique. Cela ne veut pas dire qu’il y a une contrariété dans le contenu des lois mais
simplement que plusieurs sont susceptibles de s’appliquer.
Il faut qu’il y ait des éléments d’extranéité pour qu’intervienne un conflit de lois. Dès qu’on a des
éléments d’extranéité en place, on peut mettre en œuvre les règles de DIP.
Il faut distinguer les situations objectivement internationales qui permettront de mettre en œuvre le
DIP et les situations subjectivement internationales qui ne le permettent pas.
Dans la conception française du DIP, le conflit de lois suppose l’aptitude de tout système juridique à
réglementer la situation juridique en cause et suppose la possibilité pour le juge d’appliquer une loi
étrangère. Un juge étranger peut appliquer la loi française et inversement.
Le DIP considère de ce fait que tous les systèmes juridiques ont une réponse à proposer à un problème
juridique quelconque -> ce postulat permet de considérer qu’une loi étrangère peut très bien
appréhender la situation soumise au juge saisit, quel qu’il soit.
La conception française impose l’idée d’une fongibilité en la matière.
Une règle de conflits de loi a la même structure que les autres RDD. Toutes les RDD se composent de 2
éléments : un présupposé et une solution (effet juridique).
Pour les règles de CL, ces deux éléments ne seront pas de même nature que ceux que l’on connait pour
les RDD matérielles. Le présupposé est constitué par une « catégorie juridique » et l’effet juridique c’est
la désignation de la loi applicable à la situation juridique.
Pour déterminer quelle loi est applicable à la situation juridique, on a divisé le droit dans plusieurs
catégories juridiques :
- D’abord le juriste fait entrer la situation dans la bonne catégorie
- Ensuite il détermine la loi applicable.
C’est la règle de conflits de loi qui permet ceci. Chaque catégorie se voit assigner un critère de
rattachement qui permettra l’application de la règle de conflit.
Ex : Si un problème se pose concernant la propriété d’un bien. La catégorie sera le statut réel, le critère
de rattachement était le lieu de situation du bien donc la loi applicable sera celle du lieu de situation.
C’est ce critère de rattachement qui permet de passer de l’un à l’autre.
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Sous-Section 2 : Les caractères de la règle de conflits de loi
La règle de conflits va désigner comme loi applicable soit : la loi du for (loi française ou autorité française
compétente) soit la loi étrangère. Elles seront toutes les deux considérées comme équivalentes.
La règle de conflit classique se refuse à appliquer de manière systématique la loi du for. Cette méthode
repose les travaux de Savigny (« Règle de conflits savinienne »).
Ex : en matière de succession internationale, la loi applicable sera par principe la loi de la dernière
résidence habituelle du défunt.
La particularité de la règle de conflits de loi c’est se borner à déterminer la loi applicable à une situation
présentant un élément d’extranéité. Elle va simplement indiquer dans quelle législation se plonger pour
trouver la réponse à la q° posée. Ce n’est pas une RDD matérielle donc elle ne va pas donner la solution
au problème.
Cela signifie qu’elle se désintéresse du fond du droit. Elle ne fait que désigner la loi applicable mais se
désintéresse de son contenu. Toutefois, elle ne concerne que des règles classiques (ex : la règle de
conflit de loi en matière de détermination de l’âge de la majorité d’une personne va désigner la loi
applicable, peu importe que l’âge fixé soit 18, 20 ou 21 ans).
Aujourd’hui, de + en + de règles de conflits de loi revêt une coloration matérielle fondée sur des
rattachements alternatifs, cumulatifs ou hiérarchisés qui vont conduire à assouplir la neutralité de la
règle de conflits de loi.
Le droit a par essence, vocation à dire ce qui doit être. C’est pourquoi la règle de conflits de loi est de
plus en plus inspirée par le principe de proximité qui va remettre en cause le principe de neutralité ;
La principale critique formulée à l’encontre des règles de conflits de loi classique porte sur la rigidité du
critère de rattachement. La règle de conflits de loi revêt un caractère très mécanique.
En général, le critère prédéterminé de rattachement (nationalité, situation du bien) permet de
soumettre la situation à une loi avec laquelle cette situation présente d’importants points de contact,
tel n’est pas toujours le cas. Parfois certains critères présentent des avantages contrebalancés par des
inconvénients assez sérieux…
Exemple : Le critère de rattachement en matière d’état et des capacités des personnes = nationalité.
Avantage : il va assurer la continuité du statut personnel. Ce statut étant soumis à la loi nationale, le
statut de cette personne reste inchangé si elle franchit une frontière.
Inconvénients : l’état et la capacité d’une personne étrangère vivant en France s’apprécie en
considération de la nationalité de cette personne alors que l’état et la capacité des français vivant en
France est soumis à la loi française. Les règles relatives à l’état et à la capacité des personnes ne vont
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pas être identiques d’un sujet de droit à un autre. Cette solution ne favorise pas l’intégration des
étrangers en France.
De plus en plus de RCL issues de conventions internationales (ex : Convention de la Haye du 19 octobre
1996 sur la protection des enfants) ou de règlements européens retiennent comme critère de
rattachement la résidence habituelle. Ce critère traduit une forte proximité matérielle avec d’autres
situations juridiques.
Cette méthode peut être illustrée par les difficultés soulevées en DIP par la responsabilité
extracontractuelle.
Ex : 2 personnes domiciliées dans un pays X vont avoir un accident dans le pays Y.
La RCL en matière de délit désigne la loi du pays du délit (donc pays Y), or cette loi n’est peut-être pas
la plus adaptée au regard des circonstances de l’espèce et les 2 vont se tourner logiquement vers la loi
du pays X.
Ainsi, les textes récents de DIP ont développé des clauses particulières dites « clauses d’exception » ou
« clause échappatoire ». Avec ces clauses, le juge pourra chercher – une fois désignée la loi applicable
par la RCL – si la situation ne présente pas un lien plus étroit avec d’autres lois. Si tel est le cas, on
appliquera cette dernière.
Cette méthode de la Proper Law va assouplir la rigidité retenue par la RCL classique.
En principe la RCL classique est neutre. Mais de plus en plus de RCL vont se départir de cette neutralité
en atteignant un résultat en intégrant des considérations de justice matérielle.
Ces règles de conflit à coloration matérielle vont prendre la forme de règles de conflit à rattachement
alternatifs hiérarchisés (ou non) ou à rattachement cumulatifs.
Avec ces critères, peut également se présenter une structure en cascade. Les articles 3 et 4 du protocole
de la Haye du 23 novembre 2007 sur la loi applicable aux obligations alimentaires est un bel exemple :
è Art 3 : La loi de l’État de la résidence habituelle du créancier régit les obligations alimentaires.
è Art 4 : Lorsque le créancier ne peut pas obtenir d’aliments en vertu de la loi mentionnée l’article
3, on applique la loi du for (celle du juge saisi).
è Si ni l’un, ni l’autre ne peut s’appliquer la loi applicable à la créance est la nationalité commune
du créancier et du débiteur.
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• Règle de conflit à rattachement cumulatifs : L’objectif est d’atteindre un
résultat déterminé.
Pour que le résultat soit atteint ici, il faut qu’il soit admis par toutes les lois mentionnées par la règle de
conflits. Si une seule des lois mentionnées n’admet pas le résultat, celui-ci ne pourra pas développer ses
effets.
Ex : En DIP on admet que la garantie du privilège du prêteur de deniers ne peut être prise que si elle est
admise à la fois par la loi de créance (loi du contrat de prêt) et la loi de situation de l’immeuble (si le prêt
est destiné à financer une acquisition immobilière). Si aucune de ces lois ne connait le privilège de prêteur
de deniers, la garantie ne pourra être prise.
En DIP, le statut personnel englobe les q° relatives au statut individuel mais aussi le statut familial
extrapatrimonial.
Art 3 Cciv : C’est la loi nationale qui s’applique au statut personnel des sujets de droit.
La JP a conféré à cet article un caractère bilatéral dans un arrêt de la CA de Paris « Buscueta » 13 juin
1814 : L’état et la capacité des personnes sont régis par leur loi nationale. -> Règle classique (neutre et
indirecte) qui montre que la JP est une véritable source du droit.
La Convention de la Haye du 19 octobre 1996 relative à la protection des mineurs retient comme critère
principale la résidence habituelle concernant le rattachement à l’état et la capacité des personnes.
- État des personnes : Ce sont les règles concernant l’identification des personnes (leur état civil).
Ex : Le nom relève de la loi nationale de l’intéressé => Règle de conflit bilatérale, classique et
neutre.
A. Le mariage
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a. Les conditions de fond
Le mariage est un événement qui modifie l’état des personnes, il relève donc du statut personnel. Les
conditions de fond du mariage relèvent de la loi nationale.
Depuis la loi du 17 mai 2013, le L a fixé les règles de conflits de loi pour les conditions de fond du mariage
à l’article 202-1 Cciv : « Les qualités et conditions requises pour pouvoir contracter le mariage sont régis,
pour chacun des époux, par sa loi personnelle (…) le mariage requiert le consentement des époux (…)
Deux personnes de même sexe peuvent contracter mariage lorsque, pour au moins l’une d’elle, soit sa
loi personnelle, soit la loi de l’État sur le territoire duquel elle a son domicile ou sa résidence le permet ».
ð Règle de conflit à coloration matérielle reposant sur des critères alternatifs et non hiérarchisés.
Art 202-2 Cciv : « Le mariage est valablement célébré s’il l’a été conformément aux formalités prévues
par la loi de l’État sur le territoire duquel la célébration a eu lieu ».
ð Véritable règle de conflit de lois. Il est complété par l’article 171-1 Cciv.
Art 171-1 Cciv : « Le mariage contracté en pays étranger entre français ou entre un français et un
étranger est valable s’il a été célébré dans les formes usitées dans le pays de célébration pourvu que le
ou les français n’ait point contrevenu aux dispositions du premier chapitre au présent titre ».
Art 171-2 Cciv : Lorsqu’il est célébré par une autorité étrangère, le mariage d’un français doit être
précédé de la délivrance d’un certificat de capacité à mariage. -> Règle matérielle.
Par principe, les effets du mariage sont soumis à la loi nationale des époux.
è Pas de difficulté lorsque les époux sont de même nationalité.
è En cas de nationalité différente, on ne peut appliquer les 2 lois nationales et on ne peut faire
prévaloir une nationalité p/r à une autre. Selon l’arrêt Rivière du 17 avril 1953 CDC : La loi
applicable est celle du domicile commun des époux.
è Si aucune nationalité ou domicile commun, les effets seront soumis à la loi du for (juge saisi).
ð Règle de conflits de loi à coloration substantielle reposant sur des critères de rattachement
alternatifs et hiérarchisés.
B. Les partenariats
Dans quelle catégorie juridique faut-il faire entrer le PACS ? Droit français : Contrat. Or c’est un contrat
particulier car constitue aussi un mode de conjugalité.
S’est posée la q° de savoir de savoir en DIP si les partenariats relevaient du statut personnel ou du
statut contractuel ?
è Loi de simplification du 12 mai 2009 -> Art 515-7-1 Cciv : « Les conditions de formation et les
effets d’un partenariat enregistré ainsi que les causes et les effets de sa dissolution sont soumis
aux dispositions matérielles de l’Etat de l’autorité qui a procédé à son enregistrement ».
è Cette loi va être remplacée par le règlement européen pour les partenariats conclus à partir
du 29 janvier 2019 :
o L’article 22 du règlement permet aux futurs partenaires de choisir la loi applicable à
leur partenariat :
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§ Les futurs partenaires pourront choisir la loi de l’État dans lequel au moins l’un
d’eux a sa résidence habituelle au moment de la convention.
§ Ils pourront choisir la loi d’un État dont l’un des partenaires a la nationalité au
moment où la convention est conclue.
§ Ou encore la loi de l’État selon le droit duquel le partenariat enregistré a été
créé.
o Art 26 : A défaut de choix, ce sera la loi de l’État duquel le partenariat a été créé.
A titre exceptionnel et sous certaines conditions particulières, le partenariat pourrait être soumis à la
loi de la dernière résidence habituelle des partenaires.
C. La désunion
C’est en 1975 à l’occasion d’une réforme que le législateur a inséré à l’art 310 Cciv une disposition en la
matière : « Le divorce et la séparation de corps sont régis par la loi française lorsque l’un et l’autre époux
sont de nationalité française, lorsque les époux ont l’un et l’autre leur domicile sur le territoire français,
lorsque les époux ont l’un et l’autre leur domicile sur le territoire français et enfin lorsqu’aucune loi
étrangère ne se reconnait compétent alors que les tribunaux français sont compétents pour connaitre
du divorce ou de la séparation de corps ».
è Règle de conflits très particulière et critiquée : règlement à rattachement alternatif
hiérarchisée. C’est une règle de conflit unilatérale (≠ bilatérale) délimitant le champ
d’application de la loi FR en matière de divorce.
Cette règle a été abrogée par le règlement européen Rome III de 2010 qui prévoit :
- En cas de choix de lois (Critères de rattachement subjectif) :
o La loi de résidence habituelle des époux
o La loi de l’État de la dernière résidence habituelle pour autant que l’un des époux y
réside encore
o La loi de nationalité de l’un des époux ou bien la loi du fort.
Au départ, la loi du 3 janvier 1972 prévoyait que la filiation naturelle était soumise à la loi nationale de
l’enfant (la filiation légitime était régie par l’arrêt Rivière).
Aujourd’hui, art. 311-14 Cciv : C’est la loi nationale de la mère. Principe assorti d’exceptions prévoyant
3 séries de règles de conflit s’articulant autour d’un système complexe :
- Art 311-14 Cciv : La filiation est régie par la loi personnelle de la mère au jour de la naissance
de l’enfant. Si la mère n’est pas connue, la filiation est régie par la loi personnelle de l’enfant
(Règle de conflit bilatérale et hiérarchisée).
- Art 311-15 : Si l’enfant et ses pères et mères ou l’un d’eux ont en France leur résidence
habituelle commune ou séparée, la possession de l’État produit toutes les conséquences qui en
découlent selon la loi française (Règle matérielle)
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- Art 311-17 : La reconnaissance volontaire de paternité ou de maternité est valable si elle a été
faite en conformité soit de la loi personnelle de son auteur, soit de la loi personnelle de l’enfant.
Ce texte place sur un pied d’égalité la loi personnelle de l’enfant et la loi personnelle de l’auteur.
(Règle de conflit à coloration matérielle reposant sur critères alternatifs).
B. L’adoption
1. Les adoptants
L’adoption internationale se définit comme l’adoption pour laquelle tous les intéressés ne sont pas
français. Elle est aujourd’hui régie par les articles 370-3 à 370-5 Cciv.
Art 370-3 Cciv : La compétence de principe est la loi personnelle des adoptons (mais laisse une place à
la loi personnelle des adoptés).
è Lorsque l’adoption est demandée par une seule personne, l’article 370-3 du Code civil prévoit
que les conditions de l’adoption sont soumises à sa loi nationale.
è L’article prévoit que l’adoption par deux époux est régie par la loi des effets du mariage. Si la loi
nationale de l’un des époux prohibe l’adoption, elle ne pourra être prononcé.
2. L’adopté
Art 370-3 al.2 : L’adoption ≠ prononcée si elle concerne un enfant mineur dont la loi personnelle prohibe
cette institution.
Il s’agit des biens considérés individuellement + le regroupement des biens dans le patrimoine.
è Pour les biens corporels relatives à l’application de l’Art 3. al.2 Cciv : on applique la loi de
situation des biens (lex rei sitae).
Ex : Immeubles situés en France -> régit par la loi française. => Texte régit en terme unilatéral
qui a été bilatéralisé par la JP -> les immeubles situés à l’étranger sont régis par la loi étrangère.
è Un arrêt Cravène du 18 mars 1872 l’a étendu aux biens meubles.
è FDC : Ce sont des biens incorporels. En DIP, les FDC sont régis par la loi de situation des éléments
corporels qui le compose. Ce rattachement se justifie par :
o Les rapports juridiques qui portent sur des choses corporelles sont naturellement
localisés au lieu de situation de la chose.
o Les tiers doivent pouvoir se fier à cette localisation pour connaitre les droits réels qui
vont grever tel ou tel cas.
Le principe est que la loi de situation du bien va gouvernement toutes les règles relatives au bien
(possession, propriété, contenu des droits réels).
§2. L’insolvabilité
A. Le droit européen
Le droit européen de l’insolvabilité est régi par un règlement entré en vigueur le 26 juin 2017.
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Principe : L’insolvabilité relève de la loi du for en cas de conflits de loi. Le tribunal compétent pour ouvrir
l’insolvabilité est le tribunal du lieu du centre des intérêts principaux de l’entreprise. Il est présumé être
situé au siège social de l’entreprise.
B. Le droit commun
En matière de statut contractuel, le principe est celui de l’autonomie de la volonté. En principe, la loi
applicable est celle choisie par les parties.
Ce rattachement à la loi d’autonomie a été consacré de longue date par la JP. Aujourd’hui, le DIP est
régi par le règlement Rome I. Il a un caractère universel car il s’applique même si la loi applicable n’est
pas celle d’un EM. Le règlement Rome I repose sur des critères de rattachements subjectifs et objectifs.
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§2. La loi applicable aux obligations non contractuelles
Le Cciv ≠ fixé de règles de conflits de loi en matière de délit et de quasi-délit « Lex Loci Delicti ».
Arrêt Lautour (25 mai 1948) : C’est la loi du lieu où le délit a été commis.
Ce rattachement à la lex loci delicti a été instauré dans le règlement Rome II s’appliquant à toutes les
obligations non contractuelles dans tous les EM (sauf pour le Danemark). Le règlement Rome II revêt
également d’un caractère universel.
Lorsque la personne dont la responsabilité est invoquée et la personne lésée ont leur résidence
habituelle dans le même pays au moment de la survenance du dommage, c’est la loi de ce pays qui
s’applique.
S’il résulte de l’ensemble des circonstances que le fait dommageable présente des liens manifestement
plus étroits que celui visé au §1 et §2, la loi de cet autre État est applicable.
D. La liberté de choix
Le règlement permet aux parties de choisir la loi applicable à la responsabilité encourue par l’une des
parties envers l’autre. Ce choix de loi ne s’applique qu’à défaut de loi ; la loi ne doit jamais porter atteinte
au droit des tiers.
B. La détermination du RM pour les mariages conclus entre le 1er sept. 1992 et le 28 janvier 2019
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C. La détermination du RM pour les époux à partir du 29 janvier 2019
Longtemps régit par un principe scissionniste. Aujourd’hui, les successions internationales sont régies
par un règlement européen « succession » qui repose sur 2 principes de base :
• Principe d’unité de la loi applicable
• Principe d’autonomie de la volonté
Une personne peut choisir la loi applicable à sa succession mais ce choix est strictement encadré car
seule la loi de la nationalité est applicable.
A défaut de choix => la loi applicable est celle de la dernière résidence habituelle du défunt. Cette règle
est assortie d’une clause d’exception qui permet de soumettre la succession à la loi de l’État avec lequel
elle présente les liens les plus étroits.
Section 1 : La qualification
Consiste à classer un fait ou acte dans une catégorie de rattachement pour déterminer la loi applicable.
En DIP, la difficulté sera de savoir si en cas d’éléments d’extranéité, la qualification se fera selon les
concepts du for ou selon celles de la loi étrangère.
Faits : Mr.C était de nationalité grecque et de culture orthodoxe. Il se marie en France en la forme civile
avec une femme de nationalité française. Dans ce type de situation, le droit grec exige une cérémonie
religieuse. Son épouse l’assigne plus tard en divorce. Mr.C réplique par une demande reconventionnelle
où il demande la nullité du mariage car l’union avait été faite en contravention à la loi grecque et que le
manquement constituait une condition de fond. Mr.C exige le respect de cette condition.
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Tout dépend de la qualification retenue. La CA de Paris ≠ retenu la prétention de Mr.C Le problème en
l’espèce était un problème de forme (≠ fond).
Deux époux maltais se marient en territoire maltais sous un RM maltais. Le mari s’installe en France et
y achète des immeubles, après sa mort son épouse réclame sa part des immeubles mais une prétendue
héritière s’y oppose.
Ø L’épouse invoquait la quarte du conjoint pauvre : Institution connue du droit maltais des
RM. En cas d’état de pauvreté, l’épouse pouvait avoir droit à un usufruit sur le quart des
biens propres de son mari.
Ø L’héritière invoquait des règles successorales françaises qui à l’époque étaient régies par la
loi des successions du lieu de l’immeuble.
ð Conflit de qualification.
§1. La qualification lege fori (selon les concepts du juge saisi) (E.Bartin)
Le classement de la situation juridique doit se faire en application des critères de la loi du for. Le juge
saisi pour connaitre d’une q° de DIP devra qualifier la question en considération des concepts de son
propre droit.
• Deuxième argument : On pourrait penser que la qualification puisse être réalisée par une autre
loi que celle du juge saisi. Or, au stade de la qualification on ne sait pas encore si la règle de
conflits de loi va désigner une loi étrangère ou la loi française. La logique empêche de qualifier
selon une loi étrangère dont on ne sait pas si elle sera applicable puisque précisément la
détermination de la loi applicable va dépendre de la qualification.
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• Troisième argument : En désignant comme loi applicable, la loi française ou une loi étrangère,
la règle de conflits de loi en vient à délimiter le champ d’application dans l’espace des règles
françaises de droit matériel. Or, il n’est pas concevable en qualifiant la situation selon une loi
étrangère d’abandonner à d’autres États la délimitation de ce champ d’application.
On va qualifier la situation juridique en considération des critères et concepts de la loi qui seraient
éventuellement applicables. La qualification lege causae présente l’inconvénient de faire dépendre la
solution d’une loi étrangère qui à ce stade du raisonnement n’est qu’éventuellement applicable.
C’est la JP qui l’a consacré. En France, c’est un arrêt de la CDC du 22 juin 1955 relative au grec orthodoxe
qui l’a consacré. Dans cet arrêt, la Cour de cassation a estimé que « la question de savoir si un élément
de la célébration du mariage appartient à la catégorie des règles de forme ou à celle des règles de fond
doit être tranchée par les juges français suivant les conceptions du droit français selon lesquelles le
caractère religieux ou laïque du mariage est une question de forme ».
Pour procéder à la qualification il faut analyser la situation d’après les éléments qui ressortent du
système juridique en question. La qualification à proprement parler se fera selon les catégories de la lex
fori.
Ex : Pour qualifier un mariage polygamique, on va d’abord analyser cette institution telle qu’elle se
présente dans le pays musulman qui la régit. Puis on va s’interroger pour savoir si cette institution entre
bien dans la catégorie du mariage au sens du droit français.
Les catégories du DIP sont plus larges qu’en droit interne, le juge doit prendre une certaine distance
avec sa propre loi. Inversement, certaines institutions étrangères ne rentrent pas ou difficilement dans
les catégories juridiques de droit français.
Ce sont les qualifications qui ne commandent pas la désignation de la loi applicable. Ce sont des
qualifications qui s’opèrent une fois la règle de conflit identifiée.
è Ces qualifications en sous-ordre relèvent de la loi désignée par la règle de conflits de loi.
è La qualification lege fori conduit à faire entrer la question dans la catégorie statut réel.
è La catégorie statut réel désigne comme loi applicable la loi de situation du bien.
è Pour qualifier le bien lui-même, pour savoir si le bien en question est un bien meuble ou
immeuble, la loi compétente n’est pas la lex fori mais la lex causae, c’est-à-dire la loi de situation
du bien.
Il va appartenir à la loi de lieu de situation de procéder à la qualification du bien litigieux pour savoir si
des formalités spécifiques doivent être respectées.
17
Section 2 : Le rattachement
Sous-Section 1 : Le renvoi
Il y a renvoi lorsque la règle de conflits de loi désigne une loi étrangère et que le DIP étranger retient un
critère de rattachement différent de celui du droit français.
Le terme de « loi étrangère » en DIP doit s’entendre du système juridique dans son ensemble. Il
recouvre aussi bien le droit substantiel que les règles de conflits de loi. A partir de là, si la règle de
conflits de loi étrangère retient un critère de rattachement différent du droit français, cette loi ne
s’appliquera pas même si elle a été désignée.
Par exemple, il y aura renvoi au 1er degré lorsque la règle de conflit de loi française désigne la loi
étrangère compétente et que cette loi étrangère désigne le droit français comme compétent.
Deux solutions envisageables :
è Appliquer la loi substantielle étrangère : Il n’y aura alors pas de renvoi.
è Appliquer la loi substantielle française : On fait jouer le renvoi. C’est ce qu’a retenu la JP pour
certaines matières.
Arrêt FORGO 1878 : La CDC admet pour la 1ère fois le renvoi qui était en l’occurrence un renvoi de
premier degré en matière de succession : « Une succession mobilière est régi par la loi française lorsque
les dispositions du droit international privé de la loi étrangère désignée par la règle de conflits de loi
française déclinent l’offre de compétence qui leur est fait et renvoie au droit interne français. Le
mécanisme de renvoi au 1er degré est un renvoi « retour ».
Il y a renvoi au 2nd degré lorsque la RCL étrangère désignée par la RCL française (expéditeur) ne renvoie
non pas à la loi française mais à la loi d’un autre État.
Ex : Algérien décède en ayant sa dernière résidence habituelle au Maroc. Les héritiers s’adressent à un
notaire français :
è Notaire français : Applique sa propre RCL qui désigne comme loi applicable la loi de résidence
habituelle du défunt (loi marocaine)
è Loi marocaine : Considère que loi applicable est celle de la nationalité du défunt (loi algérienne).
18
Le renvoi au 2nd degré pose des difficultés :
- Le renvoi « tour du monde » : Que se passera-t-il si la loi RCL de l’État tiers désigne à son tour
la loi d’un 4ème État ?
- Le renvoi impasse/toupie : Que se passera-t-il si l’État tiers renvoie à la loi de l’État dont la RCL
vient de le désigner comme applicable ? (Ex : France désigne loi pays B comme applicable, pays
B considère que la loi applicable est celle du pays C et le pays C renvoie au pays B).
La jurisprudence n’a jamais eu à connaitre de la question et la doctrine est très divisée. Le
meilleur moyen est de vérifier si le droit désigné par la dernière RCL accepte le renvoi.
- NIBOYET : Justifie le renvoi au 1er degré en affirmant que le retour au droit français procédait
de l’OP car l’OP s’opposerait à ce qu’une situation juridique possédant des points de contacts
avec la France reste sans règlementation. Inconvénients :
o N’explique que le renvoi au 1er degré (≠ 2ème).
o Il n’est pas certain que les considérations d’IG et d’OP soient en cause dans la situation
juridique.
o Thèse indifférente à l’harmonie internationale des solutions.
2. Le renvoi coordination
- BATTIFOL : Le renvoi procède de la RCL française qui prévoit sa coordination avec la RCL
étrangère désignée. Avantages :
§ Explique le mécanisme du renvoi au 2nd degré
§ Explique le mécanisme de renvoi lorsque la RCL française désigne un droit
étranger non unifié.
Outre ces renvois, certains auteurs ont développé l’idée qu’il fallait retenir une conception fonctionnelle
du renvoi. Le renvoi doit être considérée comme un correctif à certains rattachements.
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§3. Le domaine du renvoi
Les matières où le renvoi est admis Les matières où le renvoi est exclu
- Succession mobilière - Lorsque la loi applicable dépend de la
- Succession immobilière : Il a fallu volonté des parties :
attendre très longtemps car au départ, le o En matière contractuelle : Le
juge français se déclarait incompétent renvoi a été exclu dans un arrêt
dès lors que l’immeuble était situé à Mobil-North de 1997
l’étranger (et l’hypothèse de renvoi ne o En matière de RM : Arrêt
joue que dans le cas où l’immeuble est à Goutherth 1972.
l’étranger). C’est l’arrêt Ballestrero de - En présence d’une RCL unilatérale.
2000 qui l’a admis. - En présence d’une RCL alternatif
- Droit des sociétés : Arrêt Banque - En matière de filiation
Automate (CA Paris, 1965).
- Divorce : Arrêt Birchall 1939 ou Patinon
1963.
- Formes du mariage : Arrêt Zagha 1982.
§1. La problématique
Toute RCL permet de déterminer la loi applicable à une question juridique présentant des éléments
d’extranéité. Cette désignation est réalisée aux moyens d’un critère de rattachement.
Or si certains critères sont fixes, d’autres peuvent évoluer dans le temps (ex : on peut changer de
nationalité ou de domicile).
è C’est l’arrêt Diac de 1969 qui a mis en lumière le problème de conflit mobile.
Chaque État souverain doit respecter les droits acquis sur le territoire d’un autre État en vertu d’un
principe de « courtoisie internationale ». Selon Pillé, le conflit mobile doit être traité par le maintien de
la loi sous l’emprise de laquelle la situation a été constituée. Il ne faut pas tenir compte du changement
de critère de rattachement -> maintien une sécurité juridique.
Inconvénients :
- On peut soumettre une situation à un ordre juridique qui a perdu toute pertinence à
s’appliquer.
- Les personnes ayant eu des relations juridiques avec le titulaire ne sont pas protégées.
ð Théorie ≠ prospéré et d’autres auteurs ont proposé d’autres solutions.
Il existe une sorte d’analogie entre le conflit mobile et le conflit de loi dans le temps.
è Conflit mobile : Génère un conflit entre des lois successives. Il s’agirait d’appliquer la loi nouvelle
aux situations juridiques constituées après le changement de rattachement et soumettre la loi
ancienne aux conditions de formation et les effets passés des situations juridiques constituées
avant le changement de rattachement.
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En réalité : En cas de conflit mobile, les deux lois ne sont pas des lois « anciennes » ou « nouvelles » mais
deux lois qui restent simultanément en vigueur (on n’abroge pas une loi pour une autre comme pour
les conflits de loi dans le temps) . Les deux lois n’émanent pas du même législateur contrairement aux
lois successives quand on est face à un conflit de loi dans le temps.
Selon la doctrine majoritaire, il n’y aurait pas de solution générale qui puisse s’imposer à tous les cas de
conflits mobiles. Il faudrait en réalité chercher la solution au problème posé dans l’interprétation même
de la RCL.
è Règlement sur les successions internationales 2012 : permet à une personne de choisir la loi
applicable à sa succession (le SDD ne peut choisir que la loi de sa nationalité). Le pb : la
nationalité peut changer au moment du choix de loi et au moment du décès.
o Le règlement prévoit que l’auteur peut choisir à quel moment la loi de sa nationalité
sera applicable.
Quand il n’existe pas de dispositions propres, c’est à la JP de consacrer des solutions. Mais en JP aucune
solution ne fait prévaloir une méthode par/r à une autre. Parfois les magistrats appliquent la méthode
de transposition des RCL dans le temps -> Arrêt Patinon) ou des fois ils ne prennent partis pour aucune
méthode (Arrêt Diac).
Pour trancher la question principale dont le juge saisit est compétent il doit parfois trancher sur une
question préalable ayant un impact sur la solution de la q° principale.
Ex : Le droit des successions va fixer les quotes-parts de droit revenant aux héritiers. Avant d’y procéder,
il faudra vérifier que telle ou telle personne a la qualité de successeur. Par exemple, si parmi les
successeurs figurent le conjoint du défunt.
è Au regard de quelle loi doit-on apprécier la qualité de conjoint ?
è La loi applicable à la question préalable doit-elle être réalisée par la loi applicable pour régler la
question principale ?
Selon certains auteurs, il faut que le juge tranchant la question principale règle aussi celle de la q°
préalable pour rester l’unité du système -> Critiqué par d’autres car on fait dépendre le traitement d’une
question à son caractère « principal » ou « sous-jacent ».
La CDC a rejeté la théorie des questions préalables dans un arrêt Djenangi de 1986 : « S’il appartient à
la loi successorale de désigner les personnes appelées à la succession et de dire notamment si le conjoint
figure parmi elles et pour quelle part, il ne lui appartient pas de dire si une personne a la qualité de
conjoint, ni de définir selon quelle loi cette qualité doit être appréciée ».
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Section 3 : La force obligatoire de la règle de conflits de lois
è Arrêt Bisbal 1959 : Le juge n’a qu’une simple faculté d’appliquer la RCL désignant une loi
étrangère comme compétente (sauf si l’une des parties demande le contraire).
è Arrêt Rebouh et Schule en 1988 : Le juge a l’obligation d’appliquer la RCL.
è Arrêt Coveco 1990 : Le juge doit obligatoirement appliquer la RCL lorsque :
o La matière litigieuse est régit par une convention internationale
o Lorsque les parties n’avaient pas la libre disposition de leurs droits
è Arrêt Mutuelle du Mans 1999 : La CDC arrête enfin une position stable. Seule la nature des
droits influe sur le régime d’application des RCL :
o Droits disponibles : Le juge a simplement la faculté d’appliquer la RCL sauf invocation
d’une règle étrangère par les parties.
o Droits indisponibles : La RCL s’applique d’office de façon obligatoire.
Ce qui est compliqué est de déterminer l’indisponibilité/disponibilité des droits. Un droit est
indisponible lorsqu’il renvoie à une interdiction ou restriction de la liberté du SDD.
Le juge aura la simple faculté d’appliquer la RCL sauf si l’une des parties l’invoque. La violation de la RCL
serait alors irrecevable.
La RCL s’applique d’office, en cas de violation la RCL sera censuré au visa de l’art 3 CCiv.
Même si la RCL s’applique, le juge doit mettre les parties en position de discussion (principe du
contradictoire).
En vertu de la théorie de l’équivalence consacré en 1999 dans un arrêt « Compagnie royale belge » la
CDC admet qu’on ne peut reprocher à un juge d’appliquer une loi différente de celle désigne dès lors
qu’il y a équivalence et que cela aboutit au même résultat.
C’est le fait de savoir si les parties peuvent échapper à l’application de la RCL pour soumettre leur litige
à une loi autre que celle désignée par la RCL :
- Lorsque les droits sont indisponibles : réponse négative.
- Lorsque les droits sont disponibles : La CDC l’admet :
o Arrêt Roho 1988 : Les parties peuvent au moyen d’un accord procédural express
convenir de l’application de la loi française alors que la RCL désignait une loi étrangère.
o Arrêt Hannover International et Karl Ibold 1997 : Admettent accord procédural tacite.
22
ð Dans ces 3 derniers arrêts on pouvait conclure un accord procédural au bénéfice de la loi
française mais rien n’est dit pour l’application d’une loi étrangère au détriment de la loi
française.
Après une évolution jurisprudentielle assez longue, la CDC a fixé sa position dans 2 arrêts du 28 juin
2005 « Aubin » et « Itraco » : Il incombe au juge français qui reconnait applicable une loi étrangère d’en
rechercher, soit d’office, soit à la demande d’une partie qui l’invoque, la teneur avec le concours des
parties et personnellement s’il y a lieu. Dès qu’une loi étrangère est dans le débat, le juge doit s’impliquer
dans la recherche de son contenu.
On ne peut exiger du juge français qu’il maitrise une loi étrangère aussi bien qu’il connait la loi française.
La preuve de la teneur du droit étranger peut donc être rapportée par tous moyens.
Ø Le juge pourra désigner un expert ou ordonner une mesure d’instruction pour apprécier la
teneur du droit étranger.
Ø Très souvent, les parties ont recours à un « certificat de coutume » pour établir la preuve.
C’est une attestation/consultation rédigée en français par une autorité étrangère,
ambassade, consulat… qui va énoncer les textes et leur interprétation par la JP dans les pays
en q°. Le juge français va apprécier la valeur probante de ce certificat.
Ø Les juges peuvent également se référer à la convention européenne de l’information sur le
droit étranger (1968).
En cas de défaillance de la preuve, un arrêt du 21 novembre 2006 indique que si le juge français qui
reconnait applicable une loi étrangère se heurte à l’impossibilité d’obtenir la preuve de son contenu, il
peut faire application de la loi étrangère (même en matière de droits indisponibles).
Les juges du fonds apprécient librement le droit étranger désigné comme applicable par la règle de
conflits de loi. En revanche, la CDC ≠ assurer l’unité de l’interprétation de la loi étrangère :
- Seules les JU suprêmes étrangères peuvent le faire.
- Elle ne pourrait sanctionner les juges du fond que si elle-même disposait d’infos précises et
fiables.
Quant à leur pouvoir souverain d’interprétation, il incombe aux juges du fond de rechercher et justifier
la solution donnée par le droit étranger ainsi que de motiver l’interprétation qu’ils retiennent du droit
étranger.
23
Il y a dénaturation lorsque le sens clair et précis d’une loi étrangère a été méconnu. Le contrôle de la
dénaturation relève bien du pouvoir de la CDC.
Dans un arrêt Montefiore de 1961, il a été établi que ce contrôle s’inspirait du contrôle de dénaturation
en matière contractuelle. Depuis un arrêt Africatours de 1997, la CDC se fonde sur l’article 3 Cciv pour
sanctionner cette dénaturation par les juges du fond.
Parfois, l’application d’une loi étrangère heurte les valeurs juridiques du for. L’OPI va donc intervenir
comme une soupape de sécurité. On va donc évincer l’application de la loi étrangère grâce à l’OPI pour
éviter d’intégrer dans l’ordre du for des normes étrangères indésirables (cela doit demeurer
exceptionnel).
Cette notion ne revêt aucun caractère supra national. L’OPI revêt surtout un caractère national car
chaque État a ses propres règles internationales. On doit le distinguer de l’OP interne :
- Les règles d’OPI sont moins nombreuses, le domaine de l’OPI est + restreint.
- La finalité n’est pas la même. L’OPI a vocation à évincer la loi étrangère non conforme aux règles
qui renferment l’OPI.
A. Le contenu de l’OPI
B. L’appréciation de l’OPI
1. L’appréciation in concreto
Le mécanisme de l’OPI n’intervient qu’exceptionnellement pour faire échec à l’application d’une loi
étrangère désignée par la règle de conflit.
Il faudra comparer la loi étrangère désignée par la règle de conflit de loi et le contenu de l’OPI français
avec de voir si la loi étrangère est conforme avec les principes du droit français.
Pour ce faire, on appréciera le résultat concret de l’application de la loi étrangère afin de voir si ce
résultat est choquant.
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2. Le principe d’actualité de l’OPI
Le juge doit apprécier la conformité de la loi étrangère à l’OPI en se plaçant au jour où il statue, il doit
tenir compte de l’évolution législative en France.
Ex : Avant la réforme de 1975 sur le divorce, les lois étrangères qui admettaient très facilement le divorce
par consentement mutuel était contraire à notre droit car on ne le connaissait pas.
Aujourd’hui c’est le contraire, vu que le divorce par consentement mutuel est admis ce sont les
législations qui ne l’admettent pas qui sont contraire à notre droit.
§2. Le régime de l’OPI
Ø Arrêt Rivière 17 avril 1953 : Illustre cette division et met en lumière la distinction entre
acquisition et reconnaissance d’un droit qui sont fondés par deux facteurs :
o Le temps :
§ Dans la reconnaissance : Situation acquise à l’étranger où elle a produit ses
effets.
§ Dans l’acquisition d’un droit : Droit ≠ encore amené.
o L’espace :
§ Reconnaissance : Situation réalisée à l’étranger.
§ Acquisition : Elle doit s’effectuer en France.
L’effet atténué de l’OP peut se trouver tempérer en raison de l’application de l’ordre public de proximité
-> Arrêt De Pedro 1981.
Il y a fraude à la loi lorsque les parties, ou l’une d’entre elles, cherche(nt) à tirer profit de la diversité des
systèmes juridiques en manipulant les règles de compétences législatives.
è Arrêt 18 mars 1878 Princesse de Beaufremont : Il y a fraude à la loi en DIP lorsque les parties
ont volontairement modifié le rapport de droit dans le seul but de le soustraire à la loi
normalement compétente.
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A. L’élément intentionnel
L’intention frauduleuse est caractérisée lorsque la démarche entreprise qui est intrinsèquement
régulière est inspirée par des faits illégitimes, par un dessin frauduleux.
La preuve de cette intention est difficile.
B. L’élément légal
Il est formé par l’impératif auquel le fraudeur se propose d’échapper. Les fraudes cherchent à
éluder la loi française.
Toutes les règles de droit sont obligatoires dès lors que leurs conditions d’application sont réunies.
L’atteinte au caractère obligatoire de la règle sera le même que la règle soit impérative ou supplétive.
Toute norme est susceptible de constituer l’élément légal de la fraude à la loi. Il suffit qu’elle soit
obligatoire pour le SDD. L’élément légal peut également porter sur une RDD étrangère.
C. L’élément matériel
La fraude va se manifester par une manœuvre qui va modifier l’élément de rattachement. Pour qu’une
fraude puisse être commise, il faut que l’élément de rattachement puisse dépendre de la volonté des
individus. Sont surtout susceptible d’une manipulation, le critère du lieu de situation d’un meuble, le
critère de la nationalité (arrêt Princesse Beaufremont), ou encore le critère du domicile ou de la
résidence habituelle.
L’élément matériel peut être caractérisé par une manipulation du critère de rattachement mais aussi
une manipulation de la catégorie de rattachement (Arrêt Caron 1985).
Avant de sanctionner, le L peut chercher à prévenir la fraude à la loi (Art 171-1 et s. CCiv).
Mais si elle n’est pas efficace, il faut envisager la sanction. Elle a pour objet la mise à néant de la situation
créée grâce à la fraude.
• En cas de fraude, ne convient-il pas mieux de déclarer l’acte juridique inopposable ou considérer
que l’acte est nul ?
A priori, l’inopposabilité de l’acte qui est à la base de l’élément matériel convient mieux à l’objectif de
l’exception de fraude qui est l’élimination du résultat normalement interdit par la loi compétente.
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TITRE 2 : LES MÉTHODES CONCURRENTES
Une loi de police – en DIP – est une règle qui exclue le recours à la RCL (méthode dérogatoire à
la méthode conflictuelle). C’est une règle qui doit s’appliquer impérativement avant même de mettre
en œuvre la RCL. Elles sont évoquées à l’article 3 al.1 Cciv.
On parle également de « loi d’application immédiate ». Elles recouvrent la même idée que les lois de
police mais exprimée de façon différente.
Ø Loi de police : considérations liées au contenu contraignant de la règle en q°
Ø Loi d’application immédiate : La loi en q° s’impose sans considération pour les lois
étrangères.
La loi ne donne aucune définition de ces lois de police donc la doctrine s’en est chargée.
è Francescakis : Ce sont des règles impératives qui s’appliquent à une situation donnée, même si
cette situation présente des liens avec un autre État. Ce sont des lois dont l’observation est
nécessaire pour la sauvegarde de l’organisation politique, sociale et économique du pays.
C’est une définition assez critiquée car trop vague. Toutefois elle a inspiré la JP et le L européen -> Arrêt
Arblade 1999 CJUE qui a définit la notion de loi de police internationale en reprenant la définition de
Francescakis. Dans le règlement Rome 1, le critère d’identification des lois de police c’est la sauvegarde
des intérêts publics de l’État. On publicise cette notion en se référant à la notion d’intérêt public.
Les règles issues de textes relatifs aux droits de l’Homme constituent-ils ou non des lois de police ?
On se pose la question pour des règles de droit internes mais aussi des stipulations de conventions
internationales.
Ce qui est certain : les mesures d’assistance éducatives sont des lois de police (s’appliquent à tous les
enfants en danger sur le territoire français quel que soit leur nationalité ou celle des parents).
Arrêt Cressot 1987 CDC : Qualifie les règles du régime primaire impératif comme des lois de police.
Les règles d’attribution préférentielles françaises ont également été qualifiés de lois de police.
è Règles relatives à la protection de la partie faible (protection des locataires, travailleurs, sous
traitants, consommateurs…).
è Arrêt CDC 2007 concernant le statut légal des journalistes professionnels.
è CE 1973 Syndicat général Compagnie des Wagons-lits : domaine de la représentation des
salariés dans l’entreprise.
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è Droit de la responsabilité : l’indemnisation des victimes d’infraction = loi de police même en cas
d’accident survenu à l’étranger.
Lorsque la RCL désigne la loi française -> elle s’applique à la situation qui présente des éléments
d’extranéité.
Lorsque la RCL désigne une loi étrangère -> la loi de police française peut s’appliquer dès lors que la
situation internationale présente avec un lien avec la loi de police française. Il faut un rattachement à
l’ordre juridique français.
Ex : dispositions relatives à l’enfant en danger. Ce sont des lois de police. Ces dispositions s’appliquent
en France dès lors que l’enfant en danger se trouve en France.
Les tribunaux français ne peuvent imposer le respect des lois de police nationales que si elles
poursuivent un but d’IG légitime et qu’elles sont conformes au droit de l’UE.
La CJUE opère un test de compatibilité des lois de polices aux libertés européennes afin de voir si leur
application ≠ constituer une entrave au droit de l’UE.
Ainsi, certaines règles non qualifiées de lois de police en droit interne par les juges nationaux peuvent
l’être par la CJUE.
Arrêt INGMAR 2000 : La CJUE considère que la loi française qui a transposé la directive relative aux
agents commerciaux était une loi de police alors qu’en droit français ce n’est pas une loi de police.
Ø La CJUE restreint l’emprise des lois de police nationale
Ø La CJUE étend l’impérativité du droit de l’UE. La CJUE superpose une impérativité
européenne à l’impérativité d’origine nationale.
Pendant longtemps il a été considéré que seules les lois de police du for devaient s’appliquer. La
doctrine considérait qu’il n’y avait pas lieu d’appliquer les lois de police étrangères.
Toutefois la prise en considération des lois de police étrangères a été consacré dans la convention de
Rome de 1980 sur la loi applicable aux obligations contractuelles mais également dans la Convention de
la Haye de 1978.
Ex : si un contrat international en vertu de la RCL est soumis à la loi belge mais doit d’exécuter en
Espagne, si le juge français est compétent il pourra prendre en considération les lois de police espagnoles
en matière contractuelles.
è Le règlement Rome 1 qui a remplacé la convention de Rome a limité considérablement la prise en
considération des lois de police étrangères. Il ne prend en considération que les lois de police du lieu
d’exécution du contrat.
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CHAPITRE 2 : LES RÈGLES MATÉRIELLES
Ce sont des règles spécifiques qui donnent directement la solution à un problème posé, adoptées pour
régir des situations internationales.
En France, quelques règles matérielles sont d’origine législatives mais souvent c’est la JP qui les dégage.
è Règles relatives au droit de la nationalité ou à la condition des étrangers
è Règles matérielles de DIP à l’article 171-1 et s. Cciv : mariage français à l’étranger ou
transcription des actes de mariage étrangers sur les registres d’état civils étrangers.
è Art 146-1 Cciv + 311-15 Cciv + 370-3…
è Adoption internationale.
è Arbitrage international : principe de l’autonomie de la clause compromissoire par/r au contrat
principal.
Certains opérateurs du commerce international ont développé des pratiques contractuelles constituant
des usages spontanés dont certains ont été codifié (ex : incoterms). Ces usages font partis de la lex
mercatoria (loi de marchands) et pose des règles matérielles en droit du commerce international.
C’est une méthode récente qui voit le jour depuis une dizaine d’années. Elle est de nature à remettre
en cause la méthode conflictuelle.
Cette méthode ne vise pas à rechercher la loi applicable à une situation juridique mais définit les
conditions et les effets de la reconnaissance d’un droit créé. Elle conduit à aborder les questions de DIP
non plus au travers de la distinction entre les conflits de loi et les conflits de juridictions mais au travers
de la distinction entre constitution et reconnaissance des droits.
La méthode consisterait à apprécier dans un premier temps la compétence de l’autorité publique qui a
participé à la création du droit, une fois admise, à s’affranchir de tout contrôle de la loi appliquée par
cette autorité pour se focaliser sur les seules conditions d’efficacité du DIP créé. La méthode de la
reconnaissance va conduire à reconnaitre les effets du droit créé sous réserve d’une atteinte à l’OP.
Cette méthode permet de garantir aux SDD la continuité de leur statut en offrant une certaine liberté
quant au lieu de constitution de ce statut. Cela permet la libre circulation des personnes et de leur
statut. Son étude est limitée à l’UE.
29
Section 2 : Les fondements de la reconnaissance
Par la suite, de nombreuses décisions ont été rendues pour alimenter la méthode et elle
reposait de plus en plus sur le droit à l’identité.
è La reconnaissance d’une situation créée à l’étranger ne peut porter atteinte à l’ordre public du
for (Arrêt Grunkin Paul, la cour avait évoqué la possibilité de s’opposer à la reconnaissance en
invoquant des motifs d’OP). Toutefois, cette limite ne joue que de façon atténuée et la CJUE
opère un contrôle si on repousse la reconnaissance pour un motif d’OP -> donc ce recours est
encadré.
è La CJUE encadre également le recours à l’OPI -> Arrêt Green 2010, elle admet une limite à la
reconnaissance de l’OPI.
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Pour reconnaitre une condition juridique créé à l’étranger il faut également vérifier qu’il y ait absence
de fraude. Certaines personnes peuvent aller créer leur situation à l’étranger pour échapper à
l’application de la loi normalement compétente.
Elles sont entourées d’une zone d’ombre. La reconnaissance d’une situation emporte-t-elle forcément
reconnaissance de ses effets ?
è Les effets qui ne relèvent pas de la même catégorie juridique que celle de la situation créée ne
sauraient être déterminés que par application des RCL de l’État de reconnaissance.
Ex : Mariage célébré à l’étranger peut être valablement reconnu en France. En revanche,
s’agissant des effets successoraux du conjoint survivant, la q° ≠ appartenir à la même catégorie
juridique.
è Lorsque les effets appartiennent à la même catégorie juridique que la situation : Selon la
doctrine, les effets de la situation doivent être ceux prévus par la loi de création de la situation.
Toutefois cela n’est pas toujours possible : Imaginons qu’un trust est créé à l’étranger. Il est
difficile d’imaginer qu’un tel trust puisse produire en France les effets qui lui sont octroyés dans
son pays de création. Le trust en effet crée un démembrement de propriété qui est inconnu en
droit français. Par conséquent, considérer qu’un trust créé à l’étranger puisse voir ses effets
reconnus en France conduirait à laisser se développer en France une forme de démembrement
de propriété qui est inconnu du droit français.
En conclusion, la méthode de la reconnaissance des situations permet de consacrer une place nouvelle à
l’autonomie de la volonté notamment dans le domaine du droit de la famille. Elle permet aussi la
continuité du statut personnel et la libre circulation des personnes. Mais elle baigne dans un flou quant
aux conditions et aux effets de la reconnaissance. Tant qu’ils n’auront pas été précisés par la doctrine,
les juges ou la loi, la méthode de conflit de lois continue à produire ses effets. La méthode de la
reconnaissance ne tend pas à prospérer.
31
DEUXIÈME PARTIE : LES CONFLITS DE JURIDICTIONS
TITRE 1 : LA COMPÉTENCE INTERNATIONALE
Cela peut être intéressant pour les plaideurs, il pourra choisir unilatéralement la juridiction « forum
shopping ». La règle de compétence matérielle permet de déterminer elle-même la compétence du
juge. Le tribunal français se déclarera compétent ou incompétent sur la seule base des règles française
de compétence.
Si une règle de compétence internationale française attribue la compétence à un tribunal français, le
juge saisit a l’obligation de statuer. Il ne peut invoquer le fait qu’une JU étrangère serait mieux placée
pour connaitre de l’affaire et pour de dessaisir au profit de la JU étrangère.
Ø En DIP il existe la théorie du forum de non-convenience : Un juge peut inviter les parties à
saisir une autre JU étrangère plus compétence. Mais elle ne s’applique pas en France.
Ø Technique de l’ante suit injonction : Le juge français saisi et compétent ≠ demander à un
plaideur d’abandonner une action qui a déjà été intentée à l’étranger s’il estime qu’il est
mieux placé que le juge étranger pour connaitre de l’affaire.
Au départ, la jurisprudence avait posé l’incompétence des tribunaux français à l’égard des étrangers.
Les articles 14 et 15 Cciv prévoyaient la compétence des tribunaux lorsque le demandeur ou défendeur
était français, donc a contrario on interprétait cet article comme incompétent pour les étrangers.
Puis ce principe a été progressivement écarté, d’abord pour les actions réelles immobilières, puis à
l’égard des victimes.
è Arrêt Patino 1848 CDC : Admet de façon générale la compétence des tribunaux français entre
étrangers.
è Ceci s’est achevée avec l’arrêt Scheffel 1962 CDC.
Arrêt Pelassa 1959 CDC : On va étendre les règles de compétences territoriales internes aux règles
internationales.
32
Sous-Section 1 : L’application des règles de compétence territoriale internes
En DIP comme en droit interne, la règle de principe donne compétence au tribunal du domicile du
défendeur.
è Art 42 CPC : La JU compétente est celle du lieu où demeure le défendeur.
è Art 43 : S’il s’agit d’une PP, lieu où la personne a son domicile, PM : lieu d’établissement.
Il faut donc préciser quelle est la notion de domicile retenue à l’internationale pour déterminer la
compétence judiciaire. Si on détermine la compétence juridictionnelle des tribunaux français, on retient
la conception du domicile retenu en droit français. En France on a le domicile fiscal et civil.
Art 102 CCiv : Il s’agit du lieu où le défendeur a son principal établissement. C’est donc le lieu où il réside
et où il a le centre de ses intérêts (élément matériel et intentionnel).
A défaut de domicile -> Tribunal du lieu de la résidence du défendeur. Le domicile doit s’apprécier au
jour de l’introduction de l’instance lorsqu’il est question de compétence.
Ces règles de compétence s’appliquent à toutes les actions personnelles.
En cas de conflit entre une clause attributive de JU et une clause compromissoire, cette dernière
prévaut. Le droit commun ne va jouer qu’un rôle résiduel. Il ne s’applique que dans les domaines non
couverts par les règlements européens et que pour les clauses qui attribuent compétent à un tribunal
hors UE. Cette prorogation volontaire de compétence peut être :
- Expresse : Prévue par les parties dans un écrit contenant une clause attributive de JU.
- Tacite : Résulte de la simple attitude procédurale des parties.
A. Le principe de licéité
33
En droit français, la prorogation volontaire de compétence a toujours été admise dans l’ordre
international.
è CDC 1985 CSEE c. SORELEC : La clause est licite même si elle modifie la compétence territoriale
interne dès lors que cette modification n’est qu’une conséquence d’une modification de la
compétence internationale.
Exemple : si les parties à un contrat sont domiciliées l’une à Boston, et l’autres à St Pétersbourg en Russie
et que le lieu de livraison de la marchandise est en France, les parties peuvent désigner le Tribunal de
commerce de Paris, alors même que le Code de procédure civile ne désignerait pas ce tribunal.
Art 48 CPC interdit les clauses attributives de JU dans l’ordre interne donc c’est une exigence inévitable.
Le plus souvent, il n’est pas difficile de savoir si le litige est purement interne ou s’il contient des
éléments d’extranéité. Toutefois, il est quand même délicat de définir de façon abstraite
l’internationalité du litige (ex : deux personnes de nationalité différente ne peuvent conférer au litige
son caractère national alors que l’établissement de leur résidence dans des états différents, si).
Pour apprécier l’internationalité du litige dans le cadre d’une clause attributive de JU, il faut prendre en
compte le moment de la rédaction de la clause.
2. La clause attributive de JU ne doit pas porter atteinte à une compétence impérative française
è Les prorogations volontaires de compétence doivent être interdites chaque fois que les parties
n’ont pas la libre disposition de leurs droits. On ne peut avoir un accord que dans les domaines
où les parties peuvent exprimer leur volonté. Les prorogations volontaires sont illicites dans les
litiges relatifs à l’état ou la capacité des personnes.
è On ne peut admettre une telle clause pour une action réelle immobilière ; le tribunal compétent
étant celui de la situation de l’immeuble.
è Les prorogations sont également exclues pour certains chefs de compétence spécifiquement
internationaux : ex : q° relatives à la nationalité française.
è Si une telle clause attribue la compétence à un T étranger mais qu’un T français est saisi : Il y a
un risque de conflit négatif si le tribunal étranger ne reconnait pas la licéité de la clause. Il
appartiendra donc à la JU d’accepter de statuer pour éviter les dénis de justice
On revient à s’interroger quant au consentement des parties. En DIP, le consentement des parties doit
être certain. La JP se montre donc assez exigeante pour s’assurer de ce consentement :
Ø Le fait que les parties à un contrat ait choisi la loi applicable à leur contrat ne vaut pas
attribution de compétence au bénéfice des T étrangers.
Si l’accord porte sur la compétence juridictionnelle, les parties jouissent d’une grande liberté dans la
désignation du tribunal :
- Elles peuvent choisir un tribunal déterminé dans un État
- Désigner de façon générale les tribunaux de tel ou tel État, il faudra alors que le droit interne
de l’État permette de déterminer le tribunal spécialement compétent, sinon le tribunal
compétent sera celui dont la saisine est conforme à la bonne administration de la justice.
- Stipuler une clause alternative : les parties prévoient de saisir soit un arbitre, soit un T étatique.
- Désigner un tribunal neutre : un T n’ayant aucun lien objectif avec l’affaire.
34
§3. Les effets de la clause attributive de juridiction
Si elle est licite et valable, elle donnera alors compétence exclusive au tribunal choisit par les parties.
Quant à la portée : Lorsque la clause est rédigée en termes généraux, cela concernera tous les litiges.
Mais il faut s’en tenir à une application stricte, l’effet attributif de compétence ne se produit qu’à l’égard
des parties qui ont convenu de la clause attributive de compétence. Les tiers ne sont pas affectés par la
clause.
Ce sont les articles 14 et 15 Cciv qui sont compétents et qui édictent un privilège de juridiction
au profit des français.
è Arrêt CDC 1985 Cognacs and Brandies : présente le caractère subsidiaire de ces articles par
rapport à la compétence internationale ordinaire.
Dès qu’un élément de rattachement à l’ordre juridictionnel français permet la mise en œuvre d’une
règle ordinaire de compétence internationale, on ne pourra recourir aux articles 14 et 15.
Ces articles sont écartés dès qu’une règle ordinaire de compétence donne compétence à un tribunal
français. Si la règle ne donne pas compétence, alors ils joueront.
Si une clause attributive de JU à un tribunal étranger se révèle inefficace, les tribunaux français seront
compétents sur la base de ces articles.
Cette compétence s’impose au juge qui ne peut écarter ces textes dès lors que les parties n’y ont pas
renoncé.
Les articles ne visent que les obligations qui sont contractées mais la JP a étendu ces textes à toutes les
actions patrimoniales et extrapatrimoniales en matière gracieuse et contentieuse.
è Arrêt Weiss 1970 CDC : On peut appliquer ces articles pour toutes les actions sauf pour :
o Les actions réelles immobilières portant sur un immeuble à l’étranger.
o Litiges concernant les voies d’exécution pratiquées à l’étranger (même si cela concerne
des français)
è L’arrêt Weiss ne le mentionne pas mais tout litige qui impliquerait un SP étranger échapperait
à l’application de ces articles.
35
è Les articles ne s’appliquent pas en cas d’immunité de JU au bénéfice d’un État étranger, d’un
chef d’État étranger ou d’une organisation internationale.
Le demandeur peut choisir le tribunal français devant lequel il souhaite porter son litige (peu importe
son lieu de résidence ou son domicile). Toutefois, son choix n’est pas arbitraire.
Le choix du tribunal spécialement compétent doit être effectuée sans fraude, sans abus et doit
correspondre aux exigences d’une bonne administration de la justice -> CDC 1960 (ex : tribunal français
le plus proche de la résidence du défendeur à l’étranger).
Pour assurer une interprétation uniforme du règlement, la CJUE a une compétence d’interprétation.
Donc, sauf lorsque le règlement fait référence à un droit national, elle privilégie une interprétation
autonome.
Selon l’art 1er du règlement, il s’applique à toutes les matières civiles et commerciales (à
condition que le rapport juridique présente un élément d’extranéité et qu’il ne s’agit pas d’un rapport
purement interne).
Le règlement ne vise que du droit privé : Arrêt Eurocontrol CJUE 1976 : la matière civile et commerciale
est une matière autonome. La cour a exclu dans cet arrêt l’application de cet article pour des personnes
publiques qui agissent dans l’exercice de la puissance publique.
è Si les deux plaideurs sont des personnes privées : le règlement est compétent.
è Si l’organisme n’agit pas dans l’exercice de la puissance publique, le litige relève du règlement.
Le règlement dresse une liste de matières qui sont exclues de son champ d’application.
Quelles sont ces matières ? Il s’agit de l’état et de la capacité des personnes physiques, des obligations
alimentaires, des régimes matrimoniaux et assimilés, des successions et des testaments, des faillites et
plus généralement des procédures collectives, de la sécurité sociale et de l’arbitrage.
36
Sous-Section 2 : Les règles de compétence posées par le règlement
Elles vont permettre de savoir quel tribunal d’un EM peut être valablement saisi d’un litige qui
relève du règlement.
Pour appliquer le règlement, il faut que le litige soit rattaché à l’UE, ce qui sera le cas soit par le siège
ou domicile du défendeur, l’existence dans l’un des EM d’une règle de compétence exclusive dans une
matière déterminée, parce que les parties ont volontairement donné compétence aux T d’un EM.
Il faudra se placer au jour de l’introduction de l’instance.
Si le défendeur n’est pas domicilié dans un EM -> application des règles nationales de compétence sous
réserve d’une compétence exclusive ou clause attributive de JU.
Lorsque le litige relève du champ d’application, le litige doit être rattaché aux 3 points d’entrée.
Les règles de compétence exclusive se fondent sur l’objet de la demande, donc sur la matière du
litige sans considération du domicile ; ceci car certains litiges comportement des liens spéciaux avec le
territoire d’un EM.
Si le critère de compétence exclusive est localisé sur le territoire d’un État de l’Union, ce critère va
permettre à lui seul le rattachement du procès au règlement et ce critère va permettre de déterminer
l’État dont les tribunaux sont compétents.
ð Droit réels immobiliers (Art 24§1 al.1) : Compétence exclusive aux tribunaux de l’EM où
l’immeuble est situé.
La notion de « droits réels immobiliers » doit faire l’objet d’une interprétation autonome : CJCE 1990 -
> cela englobe les actions qui déterminent l’étendue, la consistance, la propriété, la possession d’un
bien immobilier ou l’existence d’autres droits réels sur ce bien.
ð Contestation de baux d’immeubles : Ce sera le tribunal de l’EM où est situé l’immeuble. (Art
24§1) : Arrêt Sanders 1997, cela se justifie car les baux sont régis par des matières particulières.
ð Validité, nullité, dissolution d’une société ou PM ayant son siège sur le territoire d’un EM (Art
24§2) : s’applique aux associations, sociétés, fondations, GIE…
ð Validité des inscriptions sur les registres publics (24§3) : Tribunaux de l’EM sur le territoire
duquel ces registres sont tenus.
ð Inscription, validité des brevets, marques, dessins et modèles (24§4) : EM sur le territoire
duquel le dépôt ou l’enregistrement a été demandé, effectué ou réputé avoir été effectué.
37
ð Exécution des décisions (par le règlement Rome 1) : EM du lieu d’exécution.
Art 4§1 : Les personnes domiciliées sur le territoire d’un EM sont attraites quel que soit leur nationalité
devant les JU de cet État.
è C’est une règle générale qui permet au défendeur de se défendre plus facilement. Elle
s’applique même si le rapport juridique concerne un EM et un État tiers.
Cet article désigne uniquement l’État dont les tribunaux sont compétents. Pour déterminer le tribunal
compétent il faut se référer aux règles internes de l’État désigné.
Dans des cas déterminés, le règlement offre au demandeur une option de compétence en lui
permettant de saisir soit les JU de l’État du domicile ou du siège du défendeur, soit le tribunal d’un autre
EM. 6 domaines sont concernés dont la matière contractuelle. Art 7§1 : En matière contractuelle, le
demandeur peut saisir soit les JU de l’État du domicile du défendeur, soit le tribunal du lieu d’exécution
d’une obligation contractuelle.
A plusieurs reprises, la CJUE considère que la matière contractuelle était une notion autonome. Elle ne
doit pas être interprété comme un simple renvoi au droit interne de tel ou tel État concerné.
On applique cet article que le défendeur soulève une exception d’incompétence (même si la formation
du contrat entre les parties est litigieuse), l’inexistence ou la nullité du contrat ou non.
1992 Jacob Handte CJUE : La notion de matière contractuelle ne saurait être comprise comme visant
une situation dans laquelle il n’existe aucun engagement librement assumé d’une partie envers une
autre.
Ex : relève de la matière contractuelle les obligations ayant pour objet le versement d’une somme
d’argent trouvant leur fondement dans le lien d’affiliation existant entre une association et ses
adhérents.
En revanche, ne relève pas de la matière un litige qui oppose un acquéreur de marchandises au sous
fabricant (faute d’engagement librement assumé d’une partie envers une autre).
è Pour tous les contrats autres que la vente de marchandises et la prestation de services :
o Tribunaux du domicile du défendeur
38
o Tribunal de l’EM où l’obligation servant de base a la demande a ou aurait dû être
exécuté.
Pour ces deux types de contrats, on va prendre en compte l’obligation caractéristique du contrat.
Le tout, sous réserve d’une convention contraire de la part des parties.
è L’article 25 du règlement énonce que les parties, sans considération de leur domicile peuvent
convenir d’une clause d’élection de for.
Les règles en la matière s’appliquent même si les deux parties sont domiciliées dans un ou des
États tiers.
En revanche, en toute hypothèse, il faut que les parties désignent une JU ou les JU d’un EM.
L’article est inapplicable pour une clause se faisant au bénéfice du tribunal d’un État tiers.
è Quant à l’objet et la nature du litige, une clause d’élection de for n’est régie par le règlement
Bruxelles 1 Bis que si le litige qu’elle vise entre bien dans le champ d’application matérielle du
règlement. Il faut, en outre, que ce litige présente un élément d’extranéité.
39
- Effet de dérogation de compétence : Cette clause rend incompétent tout autre tribunal que
celui choisi même si ce dernier est en contradiction avec des règles de principe du
règlement.
La clause va lier les parties à propos des litiges qui relèvent du domaine pour lequel la clause a été
conclue.
Il est plus large car il régit tout litige international en matière matrimonial et en matière de
responsabilité parentale.
A. La matière matrimoniale
B. La responsabilité parentale
Il s’applique aux matières civiles relatives à l’attribution, l’exercice, la délégation, le retrait total ou
partiel de la responsabilité parentale.
L’objectif du règlement est de garantir une égalité entre tous les enfants (adopté, premier lit, commun,
pas de filiation…). Peu importe que cette q° se pose à titre accessoire ou principal d’une procédure de
désunion d’un couple marié ou non.
Responsabilité parentale = ensemble des droits et obligations conférés à une personne physique ou
morale sur la base d’une décision judiciaire d’une attribution de plein droit ou d’un accord en vigueur à
l’égard de la personne ou des biens de l’enfant (droit de garde, de visite…). Notion vaste qui couvre
toutes les mesures de protection de l’enfant.
Ce règlement s’applique également aux accords conclus avec les parties en dehors du règlement
européen. Pour que l’accord soit rendu exécutoire dans un autre EM dans les mêmes conditions qu’une
décision de justice c’est qu’il doit être exécutoire dans l’EM où il a été conclu.
40
Le règlement ne concerne pas des décisions rendues dans les JU d’États tiers.
è La notion de résidence habituelle ≠ définie -> terme moins fort que le domicile qui revêt un
caractère assez rigide. La résidence serait constituée par des éléments purement matériels
(domicile il y a des éléments intentionnels). Elle correspond à une présence physique de
l’intéressé en un lien qui doit avoir une certaine durée, révélatrice d’une certaine stabilité.
è Nationalité : En cas de conflit de nationalité d’EM, l’option de compétence sera élargie aux JU
des diverses nationalité en conflit sans faire prévaloir une nationalité sur l’autre (Arrêt Haddadi
CJCE 2009).
La juridiction ayant prononcé la séparation de corps est également compétente pour prononcer le
divorce à condition que la loi du juge saisit admette cette conversion.
Seuls les critères de compétences des articles 3,4 et 5 du règlement peuvent être utilisés pour assigner
en justice un époux qui réside sur le territoire d’un EM ou qui a la nationalité d’un EM -> Art 6.
Les for exorbitants (Art 14 et 15 CCiv) sont exclus lorsqu’un époux a sa résidence habituelle sur le
territoire d’un EM ou la nationalité d’un EM.
Les articles 3,4 et 5 ont un caractère impératif. Aucune clause attributive de JU n’est possible.
L’article vise les cas où il est impossible de saisir la juridiction d’un EM sur la base des articles 3 à 5.
Il va alors être possible d’utiliser les règles de compétence qui existent en matière de désunion dans les
ordres juridiques internes. Le juge saisi pourra faire application de sa loi interne.
L’article ajoute que tout ressortissant d’EM qui a sa résidence habituelle sur le territoire d’un autre EM
(ex : époux allemand ayant sa résidence habituelle en France) peut, comme les nationaux de cet État, y
41
invoquer les règles de compétences applicables dans cet État contre un défendeur n’ayant pas sa
résidence habituelle dans cet EM ou qui n’a pas la nationalité d’un EM (époux allemand qui veut agir en
divorce contre son conjoint américain ayant sa résidence aux US, il pourra invoquer l’article 14 pour
fonder la compétence des tribunaux français).
Art 8 : Les JU d’un EM en matière de responsabilité parentale à l’égard d’un enfant qui réside
habituellement dans cet EM au moment où la JU est saisie -> c’est le tribunal de proximité qui est le
plus à même de connaitre les conditions de vie de l’enfant.
Il s’agit d’une compétence globale accordée aux autorités de l’État de sa résidence habituelle. Pour
déterminer la JU spécifiquement compétente il faudra ensuite regarder les règles de compétence
interne. Le moment à prendre pour déterminer la résidence habituelle : Moment de la saisine de la JU.
Si la résidence habituelle ≠ établie ou s’il n’y a pas eu prorogation conventionnelle de compétence : Les
JU de l’État dans lequel l’enfant est présent vont être compétentes.
Si la résidence venait à être déplacée, le règlement propose de maintenir la compétence de l’ancienne
résidence de l’enfant lorsque la compétence vient à être déplacée.
Lorsqu’un enfant se déplace d’un EM à un autre, il est parfois nécessaire de réexaminer le droit de visite
pour l’adapter aux nouvelles circonstances.
Cet article permet d’assurer à la personne n’étant plus en mesure d’exercer son droit de visite comme
auparavant qu’elle ne sera pas obligée de saisir les JU d’un nouvel EM.
Cette personne pourra demander une révision du droit de visite à la JU qui le lui a accordé pendant une
période de 3 mois suivant le déménagement de l’enfant ; Plusieurs conditions :
è Les JU de l’EM d’origine doivent avoir rendu décision relative au droit de visite.
è Ne s’applique qu’aux déménagements licites.
è S’applique seulement dans les 3 mois suivant le déménagement de l’enfant.
è L’enfant doit avoir acquis sa résidence habituelle dans le nouvel EM au cours de la période de
3 mois.
è Le titulaire du droit de visite doit encore avoir sa RH dans l’EM d’origine.
è Le titulaire du droit de visite ne doit pas avoir accepté le transfert de compétence.
è N’empêche pas les JU du nouvel EM de statuer sur des matières autres que le droit de visite.
è La décision relative au droit de visite et rendue sur le fondement de l’article 9 du règlement
bénéficie du principe de la force exécutoire de plein droit dans tous les EM.
Permet de saisir la JU d’un EM dans lequel l’enfant n’a pas sa RH soit parce que la q° est liée à une
procédure de divorce, soit parce que l’enfant a un lien étroit avec la JU de l’EM saisi.
Lorsqu’une procédure de divorce est en cours dans un EM, les JU de cet État peuvent également être
compétentes pour statuer sur les q° de responsabilité parentale liées au divorce (peu importe que
l’enfant n’y ait pas sa RH ou qu’il ne soit pas commun aux deux époux).
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Des conditions cumulatives sont exigées :
- L’un au moins des époux doit exercer la responsabilité parentale à l’égard de l’enfant
- La compétence des JU doit avoir été accepté expressément ou de façon non équivoque par
les époux et par les titulaires de la responsabilité parentale à la date à laquelle la JU est
saisie.
- Cette compétence doit être conforme à l’intérêt supérieur de l’enfant.
C’est une présence fondée sur la présence de l’enfant sur le territoire. Cette disposition permet au juge
d’un EM de retenir sa compétence pour prendre des mesures de protection pour un mineur isolé qui
se trouverait dans sa JU et dont le lieu de RH ne pourrait être déterminée.
§5. Le renvoi à une JU mieux placée pour connaitre de l’affaire (Art 15)
De façon exceptionnelle, les JU d’un EM compétentes pour connaitre du fond peuvent, si elles estiment
qu’une JU dans un autre EM (≠ jamais pour un ET) est mieux placée pour connaitre de l’affaire, la
renvoyer à cette JU. Elle doivent être convaincues qu’un renvoi est dans l’intérêt supérieur de l’enfant.
ð Objectif : Garantir que la JU qui statue soit toujours la mieux placé au regard de l’intérêt
supérieur de l’enfant.
Le renvoi ne peut se faire qu’à l’égard d’un État avec lequel l’enfant a un lien particulier :
- Si l’enfant a acquis sa RH dans l’État auquel il est fait renvoi après la saisine de la JU d’origine.
- L’État de renvoi doit être celui de l’ancienne RH de l’enfant.
- Le lien particulier va être caractérisé si l’enfant a la nationalité de l’État en q°.
- Le lien particulier pourra aussi être caractérisé si l’un des titulaires de la responsabilité
parentale a sa RH dans l’État en question.
- Le lien particulier pourra enfin être caractérisé si le litige porte sur des mesures de
protection de l’enfant liées à l’administration, conservation, disposition des biens de
l’enfant se trouvant sur le territoire de l’EM en q°.
Le renvoi peut avoir lieu sur requête de l’une des parties, initiative de la JU saisie en 1er, demande de la
JU d’un autre EM avec lequel l’enfant a un lien particulier. Il devra être accepté par l’une des parties au
moins.
Une JU saisie d’une demande de renvoi ou qui veut renvoyer l’affaire de sa propre initiative bénéficie
d’un choix :
43
Ø Surseoir à statuer et inviter les parties à introduire une demande devant la JU de l’autre
EM.
Ø La JU saisie peut directement demander à la JU de l’autre EM de reprendre l’affaire.
Pas de délai précis mais il doit être bref.
La JU qui a reçu la demande de renvoi a 6 semaines à partir de sa saisine pour savoir si elle accepte ou
non le renvoi. Il doit se demander si l’intérêt est conforme à l’intérêt supérieur de l’enfant.
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TITRE 2 : LES EFFETS DES JUGEMENTS ÉTRANGERS
Ce sont tous les effets qui ne dépendent pas de la régularité internationale de la décision. L’efficacité
matérielle va regrouper les effets accordés à tous les actes et toutes les décisions étrangères sans se
préoccuper de leur régularité internationale.
Tout acte ou décision a des effets qui ne peuvent être ignorés par l’ordre juridique du pays dans lequel
ces effets sont produits.
L’effet de fait est indépendant de la régularité de la décision et ne disparait pas si cette dernière est
déclarée régulière, irrégulière ou sans effet en France.
Selon Battifol et Lagarde il s’agit d’un instrument exposant des moyens de preuve sans qu’on préjuge
de leur valeur. C’est une sorte de qualité composée par la réunion de plusieurs éléments dont
l’existence est constatée dans un instrumentum.
Les actes et les décisions étrangères constituent des titres au sens du droit français et peuvent être pris
en considération en tant que tel par les autorités françaises. En France, ils auront au moins le même
effet qu’un ASSP.
L’effet de titre est attaché aux décisions et actes étrangers sans considération de leur régularité
internationale.
Elle ne doit pas être confondue avec l’autorité de la chose jugée. Le juge ou l’autorité française pourra
en fait se servir d’éléments contenus dans la décision étrangère pour forger sa conviction.
La force probante ne dépend pas de la régularité de la décision car le juge français est parfaitement
libre d’accorder ou non le crédit qu’il veut aux éléments contenus et consignés dans le jugement
étranger.
D’habitude cela s’applique dans l’ordre interne : si l’affaire a été définitivement jugée, que toutes les
voies de recours sont épuisées pour la même affaire, alors on ne pourra plus saisir le juge.
En DIP, on applique cette solution dans l’ordre international de deux façons :
è Autorité négative de la chose jugée : Lorsqu’un juge d’un autre État a définitivement jugé une
affaire, le juge français ne peut pas revenir sur cette affaire. La solution en droit interne est
transposable en DIP.
45
è Autorité positive de la chose jugée : C’est l’opposabilité de la décision et grâce à ça les intéressés
vont pouvoir se prévaloir de la décision et imposer à tous un état de droit à une situation.
Cette autorité de la chose jugée dépend de la régularité internationale de la décision. Seules décisions
régulières sont investies de l’autorité de la chose jugée. Les personnes et le juge doivent respecter la
décision étrangère.
Ø Parfois cette régularité sera présumée : on accorde l’autorité de la chose jugée à une
décision étrangère qu’on présume régulière => Reconnaissance de plein droit de la décision
étrangère.
Ø Si elle ne bénéficie pas de cette présomption de régularité il faudra procéder à un contrôle
de régularité.
Elle permet de faire exécuter la décision de justice avec le concours de la force publique au besoin. Dès
que la décision étrangère contient des mesures d’exécution sur les biens ou de coercition sur les
personnes, elle doit être investie de la force exécutoire pour que ces mesures puissent se produire sur
le sol français.
ð Il n’existe qu’une seule procédure pour obtenir la force exécutoire en droit commun : la
procédure d’exequatur.
Il sera nécessaire de faire une procédure d’exequatur pour doter ces jugements de la force exécutoire
(Arrêt Hainard 3 mars 1930) Ce régime de faveur s’explique essentiellement par le principe de
permanence de l’état des personnes. La reconnaissance immédiate permet aux étrangers de mener leur
vie sur le territoire français sans être obligé d’établir systématiquement la preuve de la régularité des
décisions étrangères relatives à leur état.
è Décisions patrimoniales constitutives : Au sein des décisions patrimoniales il faut distinguer
celles qui sont déclaratives et constitutives.
o Consacré par l’arrêt Shapiro 1965 : Ces décisions sont investies de l’autorité de la chose
jugée tant que leur régularité n’est pas contestée et tant qu’il n’est pas question de leur
faire produire des mesures d’exécution sur les biens ou de coercition sur les personnes.
o Les décisions déclaratives ne bénéficient pas de cette présomption -> contrôle de
régularité nécessaire.
è Jusqu’en 1964 : La CDC autorisait les juges du fond d’avoir un pouvoir de révision sur les
décisions étrangères lorsqu’ils examinaient la régularité internationale. Ils pouvaient ainsi
réformer le jugement rendu par une JU étrangère. La partie qui souhaitait produire les effets
de la décision étrangère en France ne pouvait jamais être sûre que la décision n’allait pas être
modifiée -> source d’insécurité juridique. Beaucoup de critiques de la doctrine
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è Arrêt Munzer 1964 (arrêt de principe) : Supprime le pouvoir de révision pour un système de
contrôle de la décision étrangère. 5 conditions devaient être réunies pour que la décision soit
déclarée régulière :
o Le tribunal étranger qui avait rendu la décision devait être compétent pour le faire
o La procédure suivie par ce tribunal devait être régulière
o La loi appliquée par le juge étranger devait être celle qui avait été déclarée compétente
par la règle française.
o La décision étrangère devait être conforme à l’OP français en matière internationale.
o La décision étrangère ne devait pas être entachée de fraude à la loi.
è Arrêt Bachir 1967 : La CDC a supprimé la deuxième condition et l’a intégrée à la 4ème. Désormais
il faudrait au moment du contrôle de conformité de la décision étrangère à l’OPI, vérifier le
respect de l’OP de fond + respect de l’OP procédural.
è Arrêt Cornelissen 2007 : Supprime la 3ème condition.
Cela signifie que le juge était compétent pour rendre sa décision au regard des règles françaises de
compétence indirecte : Il faudra vérifier que le juge étranger n’a pas statué alors que selon les règles
de conflits de juridictions françaises il existait une compétence exclusive du juge français.
Il existe dans de nombreuses matières des règles exclusives de compétence du juge françaises qui vont
empêcher de déclaration la décision étrangère régulière pour non-respect de la condition de
compétence directe. Voici quelques exemples de compétence directe du juge dans certaines matières :
è Concerne les droits réels immobiliers portant sur des immeubles situés en France.
è Contestation de droit de PI enregistré en France.
è Contentieux interne des PM ayant leur siège social en France
Si la compétence du juge français n’est pas exclusive, il faudra rechercher si le juge étranger était
compétence en vertu des règles de compétence indirectes.
Arrêt Simipch 1985 CDC : Le tribunal étranger doit être reconnu compétent si le litige se rattache de
manière caractérisée au pays dont le juge a été saisi et si le choix de la JU ≠ frauduleux.
Le juge français, lorsqu’il est saisi d’un litige, ne peut appliquer une loi étrangère contraire à
l’OPI français. L’OPI recouvre deux dimensions :
- Une dimension procédurale : On exige des garanties procédures équivalentes et le respect
de grands principes de procédure (principe de contradictoire, régularité de l’assignation,
impartialité des juges…). Il faut que l’instance étrangère se soit déroulée dans des
conditions acceptable au regard des principes du droit français en matière procédurale.
- Dimension substantielle : Il recouvre le respect des grands principes de justice universels,
les principes essentiels du droit français et la sauvegarde de certaines politiques législatives
françaises.
Si l’OP étranger ne respecte pas l’OP français, il sera évincé. C’est sa seule sanction.
è Le contrôle de régularité de l’OPI va jouer de façon atténuée et on laissera le jugement étranger
non conforme à l’OP français produire ses effets en France s’il a été obtenu sans fraude à
l’étranger conformément au droit étranger et au statut des parties.
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Il faut veiller au principe d’actualité : Si un type de décisions a été reconnu pendant un certain temps
en France cela ne veut pas dire que ce sera le cas dans l’avenir.
§1. L’exequatur
C’est devant le TGI qu’on formule une demande d’exequatur. On va contrôler la régularité
internationale de la décision étrangère. Le contrôle se fera conformément aux 3 conditions vues
précédemment.
è Si la décision étrangère est déclarée régulière : L’exequatur confère ACJ à la décision + force
exécutoire à la décision étrangère.
Cette procédure d’exequatur est indispensable notamment pour les décisions patrimoniales
déclaratives (ne bénéficie pas de la présomption de régularité). Ces décisions ont besoin de l’exequatur
pour faire produire un quelconque effet substantiel en France.
Pour les décisions bénéficient de la reconnaissance de plein droit, l’exequatur est nécessaire pour leur
faire produire des mesures d’exécutions sur les biens ou de coercition sur les personnes.
On fait intervenir l’exequatur dès que leur force exécutoire est en jeu. L’exequatur est la seule
procédure permettant d’accorder la force exécutoire à une décision étrangère en France.
Toutefois, il est toujours possible de recourir à l’exequatur à toutes fins utiles (pas seulement pour la
force exécutoire ou autre).
Cette procédure va permettre de confirmer ACJ et éviter une contestation ultérieure de la décision.
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ð Si l’action aboutit elle interdira alors toute reconnaissance de la décision étrangère et empêche
toute procédure d’exequatur. Les jugements bénéficiant de la présomption de régularité ne
bénéficieront alors pas de cette reconnaissance de plein droit et donc de leur efficacité.
C’est l’hypothèse où un plaideur invoque une décision étrangère au cours d’une instance française soit
pour former une exception de chose jugée ou alors pour motiver ses prétentions.
Même si l’objet de la demande n’est pas de contrôler la régularité de la décision, le juge le fera quand
même. Il n’aura pas besoin de former une question préjudicielle.
Ce contrôle incident ne va pas conférer la force exécutoire de la décision. S’il s’agit d’une décision
patrimoniale déclarative -> Pas d’ACJ.
Il a pour objectif de favoriser la circulation intra-européenne des décisions des AA et des transactions
judiciaires. C’est au sujet de la circulation des décisions que le règlement a réalisé une principale
innovation.
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§2. L’objet et la nature de la décision
Ne sont susceptibles de reconnaissance et d’exécution que les décisions dont l’objet appartient au
domaine matériel du texte. C’est le cas lorsque la décision a été rendue en matière civile ou
commerciale. -> Échappe au règlement une décision qui aurait statué à titre principal sur l’une des
matières civiles et commerciales que le règlement exclue expressément de son champ d’application.
Dès lors que par son objet la décision relève du règlement, la nature de la décision est indifférente.
Peu importe que la décision soit susceptible ou non d’un recours, qu’elle soit contradictoire ou rendue
par défaut…
L’autorité devant laquelle la décision étrangère estLe bénéficiaire de la décision doit procéder à
invoquée peut surseoir à statuerl’accomplissement de plusieurs formalités (cf les
totalement/partiellement : 2 documents de la reconnaissance). Si la mesure
- Si la décision est contestée dans l’EM a été ordonnée sans que le défendeur ne soit cité
d’origine à comparaitre, le bénéficiaire de la décision doit
- Si une demande a été formée devant produire la preuve de la notification/signification
une JU de l’État requis pour obtenir de la décision.
une décision constatant l’absence de Une fois les formalités accomplies, l’exécution de la
motif du refus de reconnaissance. On décision rendue dans l’EM d’origine va pouvoir
veut éviter les décisions qui se commencer. La décision étrangère doit être exécutée
contredisent. dans les mêmes conditions qu’une décision rendue
dans l’EM requis.
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B. Les procédures en matière d’exécution d’une décision étrangère
Il n’y a en principe pas de différence entre la reconnaissance et l’exécution des décisions étrangères.
Les motifs sont les mêmes pour les deux.
Le règlement allège considérablement les mesures de régularité internationale des jugements
étrangers : Le juge de l’État requis ne pourra ni réexaminer le fond, ni repousser un jugement étranger
parce qu’il comporterait une erreur de fait/droit.
La liste des motifs de refus a un caractère exhaustif.
Or la doctrine pense qu’une fraude au jugement Depuis longtemps la CJUE affirme qu’une atteinte
peut se trouver englober dans la notion d’OP et au droit de la défense portera atteinte à l’OP et
être repoussé. donc pas de reconnaissance en France du
jugement étranger.
§2. La violation des droits du défendeur défaillant
è Une décision n’est pas reconnue, ni exécutée si elle a été rendue par défaut si l’acte introductif
d’instance ou un équivalent n’a pas été signifié ou notifié au défendeur en temps utile pour qu’il
puisse se défendre.
Pour accueillir ce refus il faut que le défendeur soit défaillant dès la procédure d’origine et que la
notification à l’acte introductif d’instance ait été faite.
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§4. L’inconciliabilité de la décision étrangère avec une autre décision
Si deux décisions sont contradictoires dans un même EM, l’ordre social peut être troublé. Le règlement
oblige donc le juge d’un EM à refuser la reconnaissance ou l’exécution de l’une des décisions en conflit.
Le juge requis doit faire prévaloir le jugement rendu en 1er et devra refuser de reconnaitre ou
d’exequaturer la décision rendue postérieurement.
Concerne les décisions de désunion d’un couple marié rendues dans un EM.
Seules les décisions faisant droit à la demande de désunion bénéficient du régime de reconnaissance
du règlement. Le règlement ne s’applique qu’à la dissolution du lien matrimonial et ne devrait pas
concerner des q° telles que les causes de divorce, les effets patrimoniaux du mariage etc…
ð Seule la reconnaissance de la dissolution est facilitée mais pas la reconnaissance des q° de
nature patrimoniale qui se rattachent à la décision.
En matière matrimoniale, seules des règles de reconnaissances sont mises en place (≠ exécution).
Ce principe permet la MAJ des actes de l’état civil sans qu’aucune procédure et notamment d’exequatur
soit nécessaire. L’OEC n’a pas à vérifier de la régularité de la décision mais doit s’assurer que la désunion
n’est pas susceptible d’un recours ordinaire dans son état d’origine.
è Une décision ne peut faire l’objet d’une révision au fond : aucun contrôle sur le bien ou mal
fondé de la décision.
è Aucun contrôle sur la compétence de la JU de l’EM d’origine.
Les conditions de régularité sont réduites à un noyau dur ; La décision ne sera pas reconnue :
Ø Si la reconnaissance est manifestement contraire à l’OP de l’EM requis (ex : non-respect de
l’égalité des époux).
Ø Si l’acte introductif d’instance n’a pas été signifié/notifié au débiteur défaillant en temps
utile pour qu’il puisse faire valoir sa défense (à moins que le défendeur n’ait accepté la
décision de manière non-équivoque).
Ø Si elle est inconciliable avec une décision :
o Rendue dans une instance opposant les mêmes parties dans l’EM requis ou avec
une décision
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o Rendue ultérieurement dans un autre EM ou État tiers dès lors que cette 1ère
décision réunit les conditions nécessaires à sa reconnaissance dans l’EM requis.
b. La procédure de contrôle
è Toute partie (même si ce n’est pas l’un des époux) peut demander que soit prise une décision
de reconnaissance ou de non reconnaissance de la décision.
Cela permet d’être fixé sur le sort même du mariage.
è La reconnaissance peut être invoquée de façon incidente à l’occasion d’une autre instance.
1. Les principes
è Les règles en matière de reconnaissance des décisions relative à la responsabilité parentale sont
les mêmes qu’en matière matrimoniale -> reconnaissance de plein droit dans tous les EM des
décisions rendues dans un autre EM.
è On retrouve les mêmes voies procédurales de contrôle : Possibilité de demander la
reconnaissance ou non reconnaissance de façon principale ou à titre incident.
è Interdiction de tout contrôle de la compétence de la JU de l’EM d’origine et de toute révision
au fond.
è Reconnaissance refusée si contraire à l’OP de l’EM eu égard aux intérêts supérieurs de l’enfant
è Reconnaissance refusée si la décision a été rendue sans que l’enfant ait eu la possibilité d’être
entendu.
è Reconnaissance refusée si l’AII ou un équivalent n’a pas été signifié/notifié à la personne
défaillante en temps utile de manière à pouvoir pourvoir à sa défense.
è Reconnaissance refusée à la demande de toute personne faisant valoir que la décision fait
obstacle à l’exercice de sa responsabilité si décision rendue sans avoir écouté cette personne.
è Reconnaissance refusée si décision inconciliable avec une décision rendue antérieurement dans
l’EM requis, avec un autre EM ou État Tiers où l’enfant réside habituellement.
Les décisions relatives à la RP peuvent soulever des difficultés d’exécution, le parent défendeur pourra
s’opposer ainsi à la décision. Le règlement prévoit donc des règles générales pour l’exécution des
décisions relatives à l’exercice de la RP.
è Les décisions rendues dans un EM sur l’exercice de la RP à l’égard d’un enfant qui sont
exécutoire et qui ont été signifiées ou notifiées sont mises à exécution dans un autre EM après
y avoir été déclarée exécutoire sur requête de toute partie intéressée.
La procédure d’exequatur est une procédure unilatérale sur requête. Seules les recours vont être jugés
contradictoirement. Cette requête est présentée à la JU indiqué dans une liste. En France, c’est le
greffier du TGI, elle est dispensée du ministère d’avocat.
è Le requérant doit choisir le domicile dans le ressort de la JU saisie.
è La JU saisie de la requête doit statuer dans un bref délai. C’est toujours une procédure
unilatérale à ce stade donc ni la personne contre laquelle l’exécution n’est demandée, ni
l’enfant ne peuvent présenter d’observation.
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è Une fois la requête produite, le juge doit vérifier la régularité de la décision. Elle ne peut être
rejetée que par l’un des motifs de non reconnaissance précité (pas de révision au fond).
è La JU peut déclarer la force exécutoire ou la refuser. La décision rendue est aussitôt portée à la
connaissance du requérant et c’est seulement à ce moment-là qu’un recours du demandeur ou
défendeur n’est possible. Ce n’est qu’au stade du recours que la procédure devient exécutoire.
Le règlement garantir qu’un enfant puisse maintenir des relations avec tous les titulaires de la RP après
une séparation, même s’ils vivent des dans EM différents.
Il garantit donc qu’une décision sur le droit de visite rendue dans un EM sera directement reconnue et
exécutoire dans les autres EM si accompagnée d’un certificat. Elle est directement reconnue et jouit de
la force exécutoire dans tous les EM. Conséquences :
è Pas nécessaire de faire une demande d’exequatur
è Pas possible de s’opposer à la reconnaissance de la décision
Les motifs de non reconnaissance ne s’appliquent pas à ces décisions.
Le certificat est très important car il garantit que la décision rendue dans un autre EM est reconnue et
exécutée comme une décision nationale.
Si une partie ne respecte pas une décision sur le droit de visite, l’autre partie peut demander que les
autorités de l’EM d’exécution l’exécute.
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