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RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

Paix-Travail-Patrie Peace- Work-fatherland


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UNIVERSITE DE DOUALA THE UNIVERSITY OF DOUALA
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ÉCOLE DOCTORALE DES SCIENCES POSTGRADUATE SCHOOL FOR
SOCIALES ET HUMAINES SOCIAL AND HUMAN SCIENCES
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FACULTÉ DES SCIENCES FACULTY OF JURIDICAL AND
JURIDIQUES ET POLITIQUES POLITICAL SCIENCES
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DÉPARTEMENT DE DROIT PUBLIC DEPARTMENT OF PUBLIC LAW
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B.P: 2701 DOUALA Tél. : 233401126 PO.BOX: 2701 DOUALA Tel.:
Email : rectorat.info@univ-douala.com 233401126 Email : rectorat.info@univ-
douala.com

LA CONTREBANDE EN DROIT DOUANIER


CAMEROUNAIS

Mémoire présenté et soutenu publiquement en vue de l’obtention du Master II en


Droit Public Interne

Par

NGA ENAMA Antoinette


Titulaire d’un Master I en Droit Public

Sous la direction de :

Pr. BEGNI BAGAGNA


Agrégé des Facultés de Droit
Maître de Conférences

Année académique 2020 - 2021


AVERTISSEMENT

L’Université de Douala n’entend donner ni approbation ni improbation aux opinions


émises dans le présent mémoire. Celles-ci devront être considérées comme propres à leur auteur.

i
DEDICACE

Mon époux monsieur MVOUTI

ii
REMERCIEMENTS

Nous exprimons notre profonde gratitude et notre reconnaissance,


- Au Professeur BEGNI BAGAGNA qui a accepté, avec une extraordinaire simplicité notre
modeste demande d'encadrement. Aussi, pour sa supervision académique, sa rigueur
méthodologique et sa disponibilité malgré ses fonctions ;
- Au Professeur ONDOA Magloire, Monsieur le Recteur de nous avoir donné la chance de
réaliser ce projet d’étude ;
- Au Professeur GUESSELE ISSEME Lionel Pierre pour sa rigueur et ses conseils les plus
précieux prodigués ;
- Aux enseignants et personnel de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de
l'Université de Douala, qui nous ont accueilli, encadré avec beaucoup de rigueur et de
patience ;
- Au Docteur DIMI BIWOULE Innocent Jésus pour l'initiation à la recherche ;
- Au Docteur BIWOLE Valentin Ulrich pour ses conseils et son implication pendant nos
années de recherche ;
- Au Docteur ATANGANA Guy Poulin pour son assistance durant l’année académique ;
- Monsieur DAGOUAMA HAMIDOU fils de note encadreur, toujours disponible et près à
nous accompagner jusqu’à l’aboutissement de notre travail ;
- A mon papa monsieur ENAMA Valentin et ma feue maman ABILA ALEGUE Marie
Bernadette
- A Madame EKASSI Pélagie Nathalie qui a apporté son concours matériel et moral ;
- Que ma famille toute entière trouve également ici le témoignage de notre profonde
reconnaissance. Nous pensons notamment à nos enfants, à nos frères et sœurs ;
Et enfin, un merci amical à mesdames NDIKONTAR Epse NGAYINGFU
Mirabel, YANKAM YIMGA Eudoxie et NJANDA NZUATOM Epse NDOUO Sylvie.

iii
SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES

AGETAC : Accord Général sur les Tarifs Douaniers et le Commerce


ALEA : Accord de Libre Echange Asiatique
ALENA : Association de Libre Echange Nord-Américain
Bull : Bulletin
C.C. : Code Civil
C.D. : Code des Douanes
C.P. : Code Pénal
C.P.P. : Code de Procédure Pénal
CD-CEMAC : Code des Douanes de la CEMAC
CECA : Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier
CEE : Communauté Européenne de l’Energie Atomique
CEEAC : Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale
CEMAC : Communauté Economique et Monétaire d’Afrique centrale
CEPGL : Communauté Economique des Pays du Grand Lac
CJCE : Cour de Justice Communautaire Européenne
CJ-CEMAC : Cour de Justice de la CEMAC
GATT : The General Agreement on Tariffs and Trade
OFIDA : Office de Douane et Accises
OHADA : Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
Op.Cit. : Opere Citato
TGI : Tribunal de Grande Instance
TPI : Tribunal de Première Instance
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
UDEAC : Union Douanière de l’Afrique Centrale
UE : L’Union Européenne
UEAC : Union Economique d’Afrique Centrale

iv
RESUME

Les Etats cherchent à protéger leur économie en établissant des règles juridiques réglementant
l’entrée et la sortie des marchandises dans leur territoire. Parmi les règles de procédure les plus
importantes qu’ils adoptent, il y a celles permettant de soumettre l’importation et l’exportation des
marchandises au contrôle et au paiement des droits et taxes. Il y a des Etats qui facilitent ces
procédures et certaines d’entre elles se durcissent en fonction de leur politique économique. L’un des
délits les plus importants voir le plus grave traité par le code des douanes, qui touche directement les
marchandises, est le délit de contrebande, en raison de son impact direct sur l’économie, affectant la
santé du consommateur et portant atteinte aux droits économiques. Malgré les mesures prises par les
autorités pour mettre fin à ce phénomène, ce dernier a gagné en prévalence et a pris des dimensions
dangereuses. Les contrebandiers étant regroupés en gangs, utilisent tous les moyens humains et
matériels pour atteindre leurs objectifs, entrant ainsi dans le crime de contrebande dans le cadre du
crime organisé qui menace le système public, l’économie nationale et la santé publique.

Mots clés : Contrebande et Droit douanier.

v
ABSTRACT

States seek to protect their economy by establishing legal rules regulating the entry and exit
of goods in their territory. Among the most important rules of procedure they adopt, there is the one
allowing you to submit the import and export of goods to the control and payment of duties and taxes.
There are States, which facilitate these procedures, and some of them become tougher depending on
their economic policy. One of the most important and even the most serious offenses dealt by the
customs code, which directly affects goods, is the offense of smuggling, because of its direct impact
on the economy, affecting consumer health and harming economic rights. Despite the measures taken
by the authorities to put an end to the phenomenon, it has grown in prevalence and taken on dangerous
dimensions. The smugglers being grouped in gangs, use all the human and material means to achieve
their objectives, thus entering into the crime of smuggling within the framework of organized crime,
which threatens the public system, the national economy and the public health.

Keywords: Smuggling and Customs law.

vi
SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE..................................................................................................1

PREMIERE PARTIE : LE SAISISSEMENT DE LA CONTREBANDE PAR LE DROIT


DOUANIER ................................................................................................................................21

CHAPITRE I : LA QUALIFICATION DE LA CONTREBANDE PAR LE DROIT


DOUANIER ................................................................................................................................23

SECTION I : UNE INFRACTION DOUANIERE ................................................................25

SECTION II : UNE INFRACTION SPÉCIFIQUE ...............................................................33

CHAPITRE II : LA CLASSIFICATION DE LA CONTREBANDE PAR LE DROIT


DOUANIER ................................................................................................................................41

SECTION I : LA CONTREBANDE PAR NATURE ............................................................42

SECTION II : LES AUTRES FORMES DE CONTREBANDE ..........................................51

SECONDE PARTIE : LA REPRESSION DE LA CONTREBANDE ....................................58

CHAPITRE I : LES SANCTIONS DE LA CONTREBANDE ................................................61

SECTION I : LES SANCTIONS PRINCIPALES .................................................................63

SECTION II : LES SANCTIONS COMPLEMENTAIRES .................................................71

CHAPITRE II : LA JURIDICTION COMPETENTE EN MATIERE DE


CONTREBANDE .......................................................................................................................78

SECTION I : LA JURIDICTION NATIONALE ..................................................................81

SECTION II : LA JURIDICTION COMMUNAUTAIRE .................................................101

CONCLUSION GENERALE ..................................................................................................115

vii
INTRODUCTION GENERALE

1
L’Organisation Mondiale du Commerce admet la possibilité pour deux ou plusieurs pays
membres de se grouper en entité douanière nouvelle, afin de créer des marchés plurinationaux qui
sont alors traités, du point de vue des règles de l’organisation, comme un seul marché national.1On
comprend que cette association étroite des intérêts économiques de deux ou plusieurs Etats, réalisée
dans le cadre d’une union douanière, exige que les économies nationales fassent un effort
d’adaptation, dont les conditions sont rarement réunies. Plusieurs auteurs internationalistes ont défini
l’union-douanière. Pour certains, notamment Pascal SALIN, l’union douanière est un espace à
l’intérieur duquel les droits de douane et éventuellement certains obstacles non tarifaires aux
échanges sont supprimés.2Pour d’autres, à l’instar de Louis CAVARE, une union douanière est un
traité qui dans l’ordre des traités et accords économiques est de ceux qui créent entre deux Etats le
lien le plus étroit, la communauté la plus évidente et au moins du point de vue économique une
fusion.3 Dominique CARREAU quant à lui, donne à la notion d’union douanière la définition
suivante « on entend par union douanière la substitution d’un seul territoire douanier a deux ou
plusieurs territoires douaniers, lorsque cette substitution a pour conséquence : l’unification de la
législation et des tarifs douaniers la suppression des barrières douanières existantes des membres
de l’union ».
On aboutit ainsi à l’unité du territoire douanier, constatée par les traités d’union douanière.
L’histoire a connu plusieurs tentatives d’union douanière, notamment depuis la fin de la seconde
guerre mondiale mais avant le traité de Rome qui date du 25 mars 1957, devait créer le Marché
commun, mais seul le Benelux, union douanière groupant la Belgique, les Pays-Bas et le
Luxembourg, avait eu une existence réelle. Précédée, en 1950, par la communauté européenne du
charbon et de l’acier (C.E.C.A), l’union douanière limitée à deux produits, la Communauté
Economique Européenne (C.E.E.) ancienne composante de l’Union Européenne (U.E.), complétée à
l’origine par la Communauté européenne de l’énergie atomique, est un exemple d’union douanière
complète.4
En Afrique Centrale, le 08 décembre 1964 fut signé un traité5 instituant une union douanière
et économique, entre le Cameroun, la République Centrafricaine, le Congo-Brazzaville, le Gabon et
le Tchad. Ce traité prévoyait l’établissement graduel et progressif d’un marché commun dans la sous-
région d’Afrique centrale. Mais Le ler janvier 1966, ont été mis en place les mécanismes douaniers et

1
CARRIERE (J.). Droit International Economique, 3eme édition, Paris, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence,
1990, p. 382.
2
SALIN (P.), Libre-échange et protectionnisme, Paris, Presses Universitaires de France, 1991. p.108.
3
CAVARE (L.), Le droit international public positif, tl, Paris, A. Peclone, 1973, p.664.
4
CARRIERS (J.), Op.cit., p.382.
5
Traite instituant la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, signé le 08 décembre 1964 à
N’Djamena en République centre africaine.

2
les procédures de coopération prévues par le traité de 1964 en particulier, le tarif extérieur commun
de l’union, entre en vigueur à cette date. L’Union Douanière des Etats de l’Afrique Centrale
(U.D.E.A.C), représente sans doute pour à cette époque-là plus importante tentative de regroupement
régional sur le continent africain le Pacte6. D’autres tentatives qui ne se sont limitées qu’aux
prémisses sont la communauté économique des Etats de 1’Afrique Centrale (la CEEAC) et la
Communauté Economique des Pays des Grands lacs (CEPGL).
Actuellement, dans la zone de libre-échange de l’Afrique centrale initialement, avec la
décision des chefs d’Etats d’ouvrir les frontières, le rêve des Etats membres de la CEMAC qui semble
se réalisé aujourd’hui qui était de faire de cette zone «un espace économique intégré, émergent où
règnent la sécurité, la solidarité et la bonne gouvernance, au service du développement humain»,
Dépasser l’époque des expulsions des étrangers jugés en situation irrégulière dans leurs pays parfois
avec des méthodes brutales occasionnant des morts d’homme qui était monnaie courante. Pour des
populations locales ce sont des épisodes de traumatisme qui soulèvent des appréhensions qui redoute
une nouvelle source de conflits impunément pour des raisons de souveraineté.
Cette ouverture des frontières représente bien des avantages pour ces pays notamment, dans
la libre-circulation des biens et des personnes, et ce sur tous les plans, surtout aujourd’hui que le
besoin se pose avec plus d’acuité. A titre d’exemple, à l’heure de la globalisation, la sous-région
présentait encore un énorme retard dans la construction d’un marché commun. Sur le plan
économique, cette ouverture donnera aux différents opérateurs économiques de meilleures
opportunités, grâce aux nouveaux débouchés créés par la réduction des charges liées au transit des
marchandises.
Vue sous un autre angle, on dirait que tous ces pays sont en ébullition. La libre-circulation
serait, aussi celle qui favorisera l’entrée des fraudeurs, malfaiteurs et assassins, ainsi que celle des
armes donc un grand nombre de délinquants qui pourra fragiliser la paix dans ces pays.
En poussant la réflexion plus loin quel sera l’avenir de l’administration douanière pour les
pays de la sous-région CEMAC avec l’ouverture des frontières au vue du nombre important des
revenus qu’elle rapporte à l’économie du Cameroun ? Car un constat a été fait lors de l’entrée en
vigueur du grand marché intérieur en 1993, les contrôles douaniers ont été abolis aux frontières
intérieures et ont été reportés aux frontières extérieures.
En effet pour venir à bout de cette réflexion, les pays de la zone mettent également en avant
les questions sécuritaires. Sur la question de la contrebande douanière, pendant la période de
l’UDEAC la prédominance de l’application des politiques juridiques était régit entre les Etats

6
CAVARE (L.), Op. cit. p. 662 et 663.

3
membres mais sur le domaine national les contrebandiers étaient jugé par le juge national de chaque
Etat et selon les règlements en vigueurs.
Par ailleurs, les organisations les plus récentes se caractérisent par la supranationalité7 et la
prédominance du droit dans le traitement des questions relevant de la compétence des Unions. Cette
part de plus en plus prise par le droit dans le traitement des différends communautaires s’est
accompagnée par l’institution d’organes juridictionnels communautaires chargés de dire le droit
grâce à diverses règles d’organisation et de procédure. L’intégration et l’harmonisation ne pouvant
être réalisées que si le droit communautaire est respecté par ses principaux destinataires, les Etats
membres de la CEMAC8, créés à la suite de l’UDEAC, ont décidé d’adapter la nouvelle organisation
au nouvel environnement international en consacrant l’idée de limite à la souveraineté étatique et
d’un contrôle juridictionnel sur les activités communautaires des Etats membres et Organes des
quatre Institutions de la CEMAC9.
C’est pour cette raison que les textes de la CEMAC ont doté celle-ci d’Organes
juridictionnels, la cour de justice communautaire pour connaitre des litiges qui mettent en cause le
droit communautaire issue des actes, directives et des règlements des organes et des institutions de
la CEMAC, dont découle le droit douanier à raison des sources qui sont pour la plupart d’ordre
10
communautaire . Par ailleurs, cette cour ne détient pas l’exclusivité de compétence dans cet
exercice, ceci est d’autant vrai que le juge national était, depuis la défunte UDEAC et le demeure
encore dans la CEMAC, un juge communautaire11.
En d’autres termes les autorités politiques12 communautaires détiennent l’essentiel du pouvoir
normatif. Toutefois la mise en œuvre de la politique douanière élaborée par les instances

7
MOUANGUE KOBILA (J.), « La supranationalité signifie que les Organes ou Institutions communautaires sont
indépendants des Etats membres. Dans le cadre de la CEMAC, la Cour de Justice est l'une des institutions qui marquent
sa supranationalité ». Cours polycopié de droit institutionnel de la CEMAC, cours de première année de doctorat, 2005,
FSJP des universités de Dschang et de Douala, disponible à la bibliothèque de recherche de l'Université de Douala, p. 3.
8
La CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale, regroupe six pays de l'Afrique centrale à
savoir : le Cameroun, la République Centrafricaine, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad. Son Traité
institutif a été signé à N’Djamena au Tchad le 4 mars 1994. Cf. le site Internet de la CEMAC (www.cemac.net).
9
Art. 2 du Traite de la CEMAC, « Les parties signataires décident du principe de création de quatre institutions
rattachées à la communauté et constituant celle-ci : l’Union Economique de l’Afrique Centrale ; l’Union Monétaire de
l’Afrique Centrale ; le Parlement Communautaire et la Cour de Justice Communautaire, comprenant une Chambre
Judiciaire et une Chambre des Comptes ».
10
MBOM (J.O.), Ingénieur Logistique et auteurs de publications sur le contentieux douanier au Cameroun et dans
la zone CEMAC, « Le Code des Douanes de la CEMAC, Le Tarif des douanes, Les Règlements des organes de
décision de l’Union Economique de l’Afrique Centrale (UEAC) » www.logistiks.overblog.com, Consulter le 20 mai
2018.
11
KENFACK (J.), « Le juge camerounais à l'épreuve du droit communautaire et de l'intégration économique »,juridis
périodique n° 63, juillet-août-septembre 2005, p.70.
12
Art. 2(2), Traité instituant la CEMAC, « Les principaux organes de la communauté sont : la conférence des chefs
d’Etat ; le Conseil des Ministres ; le Comité Ministériel ; le Secrétariat Exécutif ; le Comité Interétatique… »

4
communautaires incombe aux États membres. En particulier tous les textes relatifs à l’organisation,
aux attributions ainsi qu’au contentieux, notamment la fixation des pénalités encourues revêt un
caractère exclusivement national. Depuis la conclusion en 196413du Traité portant création de
l’UDEAC, « le juge camerounais est un juge communautaire. Les actes constitutifs de la CEMAC,
en dépit de leur nouveauté, de leur richesse et même du caractère inédit de l’Ordre juridique qu’ils
instituent, ne font que réaménager pour la consolider, une situation qui dure depuis une trentaine
d’années »14. Les Etats membres veillent à promouvoir la sécurité juridique et judiciaire, et à
renforcer l’Etat de droit. La Cour de Justice communautaire veille au respect des droits et obligations
qui découlent du Traité et des Actes pris en vertu du Traité.
C’est dans cette logique que la question de la contrebande en droit douanier est nécessaire
d’être étudiée car elle est l’une des infractions les plus courues en matière douanière en zone CEMAC
en général et au Cameroun en particulier, et doit être saisi par l’autorité juridictionnelle. Cependant,
avant d’entrer dans le vif des travaux il va falloir au préalable préciser le cadre de l’étude (section 1)
la revue de littérature (section 2) ensuite la méthode de l’étude (section 3) et enfin l’objet de l’étude
(section 4).

SECTION 1 : LE CADRE DE L’ÉTUDE


Pour une appréhension d’ensemble du sujet, il convient de décliner dans une perspective
binaire son cadre théorique (paragraphe I) et son cadre méthodologique (paragraphe II).

PARAGRAPHE I : LE CADRE THEORIQUE


Il nécessaire pour une bonne étude que le cadre conceptuel soit dévoilé avant le cadre spatio-
temporel.
Dans le cadre de cette étude, il est nécessaire d’encadrer l’analyse de la thématique dans des
considérations de temps et de lieu d’une part (B) et d’autre part dans un champ scientifique précis
(B).

A- Le cadre conceptuel
Un classique de droit public français le disait à juste titre « il faut nécessairement commencer
par résoudre clairement le problème de fixation des concepts que forme l’armature d’un thème sinon
on discuterait dans l’obscurité en vain ». Ici l’auteur soutient l’idée qu’il est important de bien définir
les termes clés du travail de recherche. D’où il apparait alors l’impérieuse nécessité d’une

13
L'Union Douanière et économique de l'Afrique Centrale (UDEAC) a été mise sur pied par le Traité de Brazzaville du
8 décembre 1964.
14
KENFACK (J.), « Le juge camerounais à l'épreuve du droit communautaire et de l'intégration économique », op.cit., p.
64.
5
clarification préalable et méticuleuse des concepts de ce travail de recherche dont la contrebande (1)
et droit douanier camerounais (2).

1- La définition de la contrebande
La notion de contrebande est une infraction douanière15.Le droit pénal douanier repose sur un
ensemble d’infractions douanières prévu par le Code des douanes. Ces infractions douanières peuvent
aboutir à une procédure de retenue douanière pour son auteur. La contrebande est un délit douanier.
Elle concerne le transport illégal de marchandises ou de personnes en violant des règles légales. La
contrebande a notamment comme but l’évitement du paiement des taxes ou de faire entrer ou sortir
d’un pays des marchandises malgré l’interdiction16. Elle est définie par le code des douanes comme
étant « l’importation ou l’exportation en dehors des bureaux ainsi que de toute violation des
dispositions légales ou réglementaires relatives à la détention et au transport des marchandises à
l’intérieur du territoire douanier »17 Une fois cette infraction est constatée, elle peut être connue par
une juridiction compétente.
Si on s’en tient au Professeur GOHIN Olivier18 qui pense que la définition d’une juridiction
procède de l’identification de l’acte juridictionnel. Il souligne à cet égard, que l’acte juridictionnel
émane nécessairement d’organismes investis d’une fonction juridictionnelle. Il ajoute que la nature
juridictionnelle d’une institution est aussi fonction de la composition, de la procédure, des voies de
recours ou de la portée des décisions de l’organisme à qualifier. En bref l’auteur définit la juridiction
comme un organisme chargé de résoudre une question de droit litigieuse avec l’autorité qui s’impose
au pouvoir exécutif et aux autres juridictions.
Le Professeur CHEVALLIER Jacques épouse la logique du précédent auteur dans la définition
d’une juridiction. Il soutient que la reconnaissance de la qualité de juge suppose l’application de
principe d’organisation et de procédure bien précis en ces termes « ce qui fait le caractère propre
d’un acte juridictionnel, ce n’est pas la mission qu’il remplit, mais ses règles spéciales
d’organisation et de procédure »19. Il ajoute encore que « l’autorité de la chose jugée est le signe
distinctif de l’acte juridictionnel20 ».

15
Constituent des faits qualifiés d’infraction douanière toute omission ou action portant violation aux dispositions du
Code des douanes.
16
GUIMDO DOGMO (B.R.), Le juge administratif et l’urgence : recherche sur la place de l’urgence dans le contentieux
administratif Camerounais, Thèse de Doctorat d’Etat en droit public, Université de Yaoundé II-SOA, 2003-2004, p. 10
17
Article 406 du code des douanes CEMAC.
18
GOHIN (O.), « Qu’est qu’une juridiction pour le juge français ? », in Revue pouvoirs, n°9, 1989, p.105 Spé., p. 98.
19
CHEVALLIER (J.), « Fonction contentieuse et fonction juridictionnelle », in Mélanges Michel Stassinopoulos, Paris,
L.G.D.J., 1974, pp. 275-290. Spéc, p 288.
20
CHEVALLIER (J.), op. Cit., p. 286.

6
Dans cet ordre d’idées, l’objet de la fonction du juge ici serait de « trancher les litiges qui
s’élèvent soit entre deux personnes à l’occasion de leurs rapports de droit privé, soit entre
l’administré et l’autorité administrative au sujet des actes faits par celle-ci »21. Encore mieux, cette
fonction consiste à « juger, c’est-à-dire, dire le droit à l’effet d’en assurer le respect quand il est
violé »22. Dans la même logique, JELLINEK George et MONTESQUIEU avaient déjà écrit que
l’objet de la fonction juridictionnelle « est de fixer un droit incertain ou contesté »23 et que « le
prince ou le magistrat juge les différends des particuliers »24.
Au regard de ce qui précède, la fonction juridictionnelle semble attachée ou liée aux termes
comme litige et contestation. Le constat est celui-ci, pour que le juge exerce sa fonction il faut
nécessairement un différend à résoudre ce qui revient à dire que, la notion de juge sous en tant
l’existence entre deux sujets de droit. A ce sujet CARRE DE MALBERG Raymond écrit « la fonction
du juridictionnelle est appelée à s’exercer toutes les fois qu’il existe une contestation pour laquelle
il faut procéder soit à une application, soit à une interprétation de la loi 25». Cette hypothèse vaut
son pesant mais elle n’est pas toujours conforme à la réalité.
En définitive, comme cela a été dit plus haut que la fonction juridictionnelle théoriquement est
envisageable en dehors de toute contestation, le terme juge qui sera employé dans le cadre de cette
étude est celle centrée sur la fonction contentieuse des organes juridictionnels en matière d’une
infraction douanière. En effet on observe que malgré les deux attributs de la fonction juridictionnelle,
lorsque le juge tranche un litige, il est appelé à « dire le droit » au sujet de la question qui lui a été
posée. A cet effet le fait de dire le droit amène le juge à poser des normes jurisprudentielles à la suite
des recours dont il peut être saisi. Ces jurisprudences qui se font de plus en plus rare en droit douanier.
Cela mérite notre attention en tant qu’un droit frontière entre les règles nationales et les règles
communautaires.

2- Explication du concept droit douanier


Le droit public en général, et le droit douanier en particulier, constitue le cadre scientifique de
cette analyse. Toutefois, il est assez vague et indéfini. Il s’agit du droit statocentré, c’est-à-dire du
droit qui concerne l’Etat ou plus techniquement les affaires de ce dernier.

21
CARRE DE MALBERG (R.), Contribution à la théorie générale de l’Etat, op.cit., p 695
22
ARTUR « Séparation des pouvoirs et séparation des fonctions ». Revue de droit public T. III, p. 226 cité par CARRE
de MALBERG (R.). Op. Cit.
23
JELLINEK, L’Etat moderne, Ed. Française T. II P 318 cité par Carré de Malberg ibidem.
24
MONTESQUIEU, De l’esprit des lois, p. 55.
25
CARRE de MALBERG (R.), Op. Cit., p. 696.

7
Selon la linguistique, le concept de « droit douanier » est composé d’un substantif : « droit »
et de l’adjectif qualificatif « douanier ». Avant d’analyser tour à tour chacune de ces notions afin de
bien saisir le sens du concept « droit douanier » (b), il va falloir appréhender le droit (a).

a- Le terme droit
Le concept de droit est bien polysémique et dynamique qu’il est difficile de le définir de façon
exhaustive. C’est à ce propos que le Professeur Chevallier Jacques écrit : « définir le droit peut
paraitre à première vue comme une gageure, compte tenu de la multiplicité des significations que le
vocable recouvre(…) et eu égard à la diversité des approches du phénomène juridique 26». Dans le
dictionnaire de l’encyclopédique de sociologie et de théorie du droit, le droit s’appréhende comme
« l’ensemble des règles dans un ordre juridique donné27 » Cette définition ne renseigne pas assez
sur la nature des règles en cause. Elle se contente d’indiquer la catégorie des règles auxquelles
appartiendraient les règles juridiques sans véritablement révéler leur nature pour autant, ni les critères
à partir desquels on pourrait les reconnaitre. Par ailleurs le Professeur CORNU Gérard définit le droit
un « ensemble des règles de conduite socialement édictées et sanctionnées qui s’imposent aux
membres de la société28 ».
Cette appréhension se montre plus édifiante car elle insiste sur des caractères spécifiques de
la règle de droit à l’instar de la sanction. Elle est complétée par celle de CARRE DE MALBERG
Raymond, pour ce dernier, « le droit, c’est la règle qui, dans un Etat social déterminé s’impose au
respect des individus à raison de la sanction dont l’on assorti les autorités organiquement constituées
par la puissance de publique29 ». Il définit le droit sur la base de deux principaux critères que sont la
sanction qui est assortie de la règle juridique, et sa mise en œuvre qui est assurée par l’Etat. Cela a
été accepté par KELSEN Hans qui affirme que « un système de normes qui règle la conduite des
êtres humains30 ». Il s’agit de la mission dévolue notamment au commandement et à la correction. A
cet effet, la sanction qui dépend d’un phénomène extérieur, à savoir de la violence du droit, vise en
réalité la protection de ce dernier.
La question du caractère public du droit réside au niveau de la discussion qui a souvent cours
autour de la summa divisio du droit, à savoir la distinction récurrente faite par les auteurs, du « droit
public » et du « droit privé ». De cela, il ressort son caractère objectif, qui résulte d’une procédure
assez longue ayant forgé son affirmation actuelle.

26
CHEVALLIER (J.), « Droit, Ordre, institution » in revue de droit, 10, 1989, PP 19-22, Spéc., p. 19.
27
ANDRE-JEAN (A.), Dictionnaire encyclopédique de sociologie et de théorie du droit, op.cit., pp 190-191.
28
CORNU (G.), Association CAPITANT (H.). Vocabulaire juridique, Puf, 10eme éd, 2014, p 350.
29
CARRE de MALBERG (R.), Contribution à la théorie générale de l’Etat, op. Cit. P. 675.
30
KELSEN (H.), Théorie pure du droit, op. cit. p. 13.

8
Nous ne reviendrons pas refaire l’histoire de l’antériorité de l’Etat et du droit, mieux encore
l’antériorité du droit privé par rapport au droit public. Ce débat étant vain et très large voire politique
et politisé, tendant à la démonstration factuelle de l’autorité dont se targuent les tenants de la
suprématie du droit public31.
S’il fallait néanmoins soulever cette antériorité, le Professeur HAURIOU Maurice souligne
que « le droit public se distingue du droit privé par les traits suivants : Le droit privé a pour objet
les relations sociales de la vie civile, commerciale et industrielle qui, actuellement, sont sous la
protection de l’Etat, mais qui à d’autres époques historiques, ont été sous la protection
d’organisation politiques d’une autre espèce : Clans, tribus, seigneuries féodales : le droit privé peut
donc se concevoir sans l’Etat. Au contraire, le droit public est le droit de l’Etat »32.
Le droit public est donc né avec l’Etat, et son objet se présente dans cet ordre officiel à travers
les normes encadrant le gouvernement et la police, « dont il faut voir en toute chose (…) la nécessité,
et quel doit en être l’usage : car c’est sur ce fondement qu’est établi tout ce qu’il y’a de règles du
droit public » comme le souligne DOMAT (J)33. MONTESQUIEU va même jusqu’à qualifier ce
droit de « droit politique », ceci pour faire ressortir les lois [lato sensu] qui régissent les rapports
entre les gouvernants et les gouvernés. A contrario, il qualifie le droit privé de « droit » ou plutôt de
« droit civil » pour rappeler qu’il s’agit du corps de normes qui encadrent les rapports entre les
différents citoyens de l’Etat. L’objectivité du droit public se vérifie donc à sa vocation à encadrer les
missions régaliennes qui gouvernent l’intérêt général dans l’Etat. C’est d’ailleurs cette affirmation
qui a motivé la naissance du droit public administratif devant le Tribunal des conflits français34.
Avant tout débat au fond, une précision quant à la place que nous consacrons aux
« Obligations internationales » qualifiées par d’autres de « droit international » est nécessaire. En
effet, il faut souligner que nous défendons la thèse du hard law, et que par conséquent, le pseudo
droit issu des recommandations ou des souhaits, ne peut être considéré comme étant le droit.
D’ailleurs, un ordre officiel est caractérisé par une validité constante et d’une efficacité courante. Ce
qui n’est pas observé avec le droit dit « international ». Deux aspects essentiels seront convoqués
pour appuyer cet argumentaire :
- Primo, le « droit international » repose sur le consentement des Etats. Ce qui implique
un processus de contractualisation pour sa mise en œuvre éventuelle. Ainsi, il sera observé de temps

31
CHEVRIER (G), « L’introduction et les vicissitudes du jus privatum et du jus publicum dans les œuvres des anciens
juristes français », Archive de philosophie du Droit, 1952, pp.5-77.
32
BIGOT (G), « La distinction du droit public et du droit privé au prisme de la doctrine du premier XIXème siècle »,
Université de Nantes, p.2.
33
DOMAT (J), Les lois civiles dans leur ordre naturel ; le droit public et legum delectus, Nouvelle édition revue, corrigée
et augmentée des troisièmes et quatrièmes livres de Droit Public, par M. Héricourt, Paris, Nicolas Gosselin, 1735, Tome
II, préface, p. V.
34
TC, 08 Février 1873, Affaire BLANCO, grands arrêts N°1.
9
à autre que ce qui prime dans les relations « juridiques » des Etats, seule le muscle de l’Etat le plus
puissant prévaut, tant sur le plan économique que militaire. Les normes très souvent édictées pour
garantir l’égalité à tous les « sujets de droit international » comme le rappelle la Convention de
Vienne de 1969 sont tout de suite ignorées. Vu cet état de fait, l’on ne saurait parler d’un droit en
bonne et due forme, mais plutôt d’une relation internationale déséquilibrée par un pseudo-droit.
Encore acceptable. L’on pourrait nous brandir que celles-ci sont encadrées par ces obligations
internationales, certes, mais dans le contexte de telles relations, les jeux de dupes et autres sont
permis, car il s’agit des intérêts privés de chaque Etat, et tous les stratagèmes peuvent à plusieurs
égards passer inaperçus ; un trompe l’œil « juridique » à ciel ouvert.
- Secundo, « à défaut d’un parlement mondial, les normes du droit international public
ne peuvent être adoptées que par consensus (…), aucun Etat ne peut être contraint à respecter une
obligation internationale contre sa volonté »35. Toutefois, il faut souligner qu’un certain nombre
d’orientations générales (les principes), regroupés sous le vocable jus cogens102, sont les seules
normes dont la valeur juridique devient impérative lorsque l’Etat les a intégrés et acceptés dans son
ordre juridique. Dans ce cas, sa charte constitutionnelle devient un fait, qui une fois exécutée en
violation de ces obligations internationales, sera considérée comme un fait internationalement illicite
commis soit par le laxisme de l’Etat en tant que justiciable international, ou alors ses plénipotentiaires
ou même encore tout individu sur son territoire : Il s’agit là du droit international dispositif36.
Toutefois, le caractère soft de ce fameux « droit international » réside dans son caractère dispositif,
qui donne la lassitude à chaque Etat de déroger aux corpus des normes des chartes de différentes
façons37, ce qui n’est pas possible avec le droit officiel ou le droit interne de l’Etat.
Par conséquent, il faut observer l’affirmation du droit public par apport au droit privé dans la
dimension objective de celui-ci. Il traitre de l’intérêt général, et par conséquent son corps de normes
est automatiquement spécial. Cette spécialité se vérifie au niveau de la nature de l’objet régit par ce
« droit », il s’agit des affaires publiques, celles qui concernent tous. Cette position a donc été affinée
dans la jurisprudence Blanco pour démontrer que lorsque l’Administration agit dans le cadre de ses
missions, le corps de règles qui est en mouvement à ce moment-là est objectif.
Ainsi, nous considérons le droit public dans le cadre de cette étude comme étant un système
hiérarchisé et globalement effectif de normes impératives régissant les affaires publiques ou plutôt
les affaires de l’Etat. Il ne reste qu’à ressortir les subdivisions du droit public financier camerounais.

35
Société Suisse de Droit International, « La Suisse et le Droit International », 2017, p.4, Ou normes
impératives du jus cogens.
36
Société Suisse de Droit International, « La Suisse et le Droit International », 2017, p.5.
37
Notamment avec le mécanisme des réserves.
10
b- La définition du droit douanier
Le concept « douanier » fait référence soit à un nom soit à un adjectif. Comme nom
« douanier » a pour signification selon le dictionnaire Larousse, « Un agent appartenant aux corps
de la douane, et chargé de la surveillance et de la vérification des marchandises qui entrent dans un
pays ou en sortent ». Il peut s’agir ici d’un fonctionnaire du ministère de l’économie et des finances,
recruté sur concours comme agent de constatation, contrôleur ou inspecteur des douanes et des droits
indirects. Ceci semble intéressant mais on va s’appesantir sur le volet qui suivra.
Comme adjectif « douanier » est synonyme de douane qui s’appréhende comme « une
administration chargée de percevoir les taxes imposées sur les marchandises exportées ou
importées », si on s’en tient à la définition du dictionnaire Larousse, qui évacue l’une des fonctions
ou mission de la douane qui est celle fiscale. Appréhender le mot douane amène à évacuer les
différentes missions qui concourent autour de ce vocable. Par ailleurs, en englobant la fonction qui
en découle lorsqu’on définit la douane, elle assure deux autres missions, économique et de police des
frontières38 qui méritent notre attention.
En effet, la douane assure une fonction fiscale, si on s’attarde au volume de perception fiscale
qu’elle enregistre encore dans certains pays et ses multiples attributs en matière fiscale. Il est sans
ignorer qu’en dehors des recettes douanières proprement dites, les services de douanes sont
également chargés de collecter tous les impôts fiscaux et parafiscaux qui frappent les marchandises
à l’importation taxe à valeur ajoutée ( T.V.A) ou à l’exportation39.
Quant à sa fonction économique, la douane regroupe deux aspects. L’administration douanière est
d’abord chargée traditionnellement d’assurer le respect de la règlementation des échanges extérieurs
résultent essentiellement du pouvoir qui lui est reconnu de contrôler l’ensemble des mouvements
internationaux des marchandises et de veiller au respect par les utilisateurs des diverses
réglementations auxquelles sont assujetties ces marchandises au franchissement des frontières. A cet
aspect s’ajoute au fil du temps une mission de promotion du développement économique, dont
l’importance s’est imposée aux Etats à la suite du processus de libéralisation des échanges et de
l’avènement des marchés communautaires comme la CEMAC.
La douane joue aussi un grand rôle dans la sécurité des Etats, elle effectue une mission de
police des frontières. A cet effet l’administration douanière effectue un certain nombre de missions
notamment, le contrôle du respect des décisions concernant l’hygiène, la santé, le contrôle sanitaire
des végétaux animaux et denrées alimentaires dont l’importation peut être prohibé. Le contrôle de
l’importation ou de l’exportation des marchandises et produits soumis à une règlementation
particulière (matériel de guerre, explosifs, produits pharmaceutiques, drogues, œuvres d’art etc.) La

38
NYAMA (J-M.), Droit douanier de la CEMAC, Cerfod, p.42-44.
39
NYAMA (J-M.), Op. Cit., p. 43.
11
surveillance de la pèche fluviale et maritime, le contrôle de l’arrestation aux frontières des personnes
recherchées par la police et enfin le contrôle du respect de la règlementation de l’émigration.
En somme la douane est une institution fiscale et de sécurité chargée notamment de la
perception des droits et taxes dus à l’entrée des marchandises sur un territoire, mais aussi de la
surveillance du territoire et de nombreuses missions sécuritaires. Autrement dit Le droit douanier,
l’institution douanière, l’entreprise ont ainsi à connaitre une pluralité de fonctions, de
règlementations qui ne se limitent pas seulement à la collecte de l’impôt et à la protection des
frontières. Lutte contre la fraude les trafics internationaux en tous genres, contre les fraudes, mais
aussi protection de la santé, de l’environnement, patrimoniale, participe aussi de l’action douanière ,
ce qui donne à celle-ci une dimension polysémique très particulière pouvant peut-être amener à
considérer que ce droit et cette administration ne s’inscrivent plus, ou plus de façon prédominante,
dans le cadre des fonctions financières et protectionnistes traditionnelles mais dans un domaine
sécuritaire, en particulier en matière de sécurité économique.
Alors appréhender le concept de « droit douanier » n’est pas chose facile cet exercice est
difficile par rapport au droit fiscal les spécialistes en la matière y parviennent difficilement40. Selon
les auteurs tels que BERR Jean Claude et TERMEAU Henry « à vrai dire, les difficultés commencent
dès qu’il s’agit de définir le droit douanier » ; « l’essentiel du droit douanier a trait au traitement
tarifaire des marchandises qui franchissent les frontières »41. Ici les auteurs tentent de définir le
droit douanier à partir de sa fonction fiscale sur des tarifs douaniers, sans oublier que ce droit va au-
delà des simples règles fiscales. Il peut s’avérer aussi protectionniste d’où le vocable répression. C’est
dans cette logique que le dictionnaire de l’encyclopédique des finances publiques l’appréhende
comme « ensemble de règles juridiques concernant la taxation des productions ainsi que la
répression des infractions préposées lors des mouvements internationaux de marchandises42». Il n’y
a pas une de définition du droit douanier dans le code des douanes mais simplement un énoncé de
principes et de généralités.
Le droit douanier est en fin de compte un ensemble de règles juridiques régissant l’entrée et
la sortie des marchandises sur un territoire douanier.43 On ajoute à cela l’aspect de la répression qui
est au centre de ces travaux de recherche et qui renvoie au contentieux. En rapport avec le thème
« la contrebande en droit douanier camerounais ». Il est évident que l’on soit en face du contentieux
étant donné que c’est la fonction contentieuse du juge qui sera mise en avant ici. Car la notion de

40
ALBERT (J-L.), Douane et droit de douanier, Question judiciaire du Professeur agrégé de droit des universités, édition
p. 10.
41
BERR (J-C.), TREMEAU (H.), Le droit douanier, communautaire et national, Economica, 2006, 7eme éd, 614 p p.
71.
42
NASSIET (J.), Dictionnaire encyclopédique de finances publiques, Economica, 1991, p .671.
43
ALBERT (J-L.), Douane et droit douanier questions judiciaires, Puf, 240p, p. 10.
12
juge peut ne pas seulement être rattachée à la fonction contentieuse mais dans ce cas de figure on
traite de sa fonction litigieuse.

B- Le cadre spatio-temporel et le champ scientifique

Nous présenterons d’abord le cadre spatio-temporel (1) ensuite le cadre scientifique (2).

1- Le cadre spatio-temporel
Il convient de mettre en lumière le cadre géographique et temporel du sujet.
En ce qui concerne le premier cadre, le champ géographique est le terrain dans lequel est
menée l’étude. Il peut s’agir d’un ou de plusieurs Etats ou plusieurs systèmes juridiques. Dans le
cadre de cette étude le champ géographique est le Cameroun, le terrain de réflexion dans lequel sera
mené cette étude au regard de l’intitulé de ce sujet. Ceci exclut une approche comparative même
comme cela semblera beaucoup plus intéressant d’évoquer les systèmes juridiques étrangers surtout
lorsqu’on sait que le droit douanier a des fondements communautaires il sera donc nécessaire
d’élargir le champ géographique dans la sous-région de la CEMAC.
Dans cette logique le système juridique de l’union douanière de la communauté économique
européenne servira de repère car il faut le dire surtout en ce qui concerne la France, son système
éRelativement au second cadre, qui traite des considérations de temps relatives.
À ce sujet, il est de toute évidence que la répréhension des infractions commises à la marge de la
législation douanière avant la création de la CEMAC se faisait par les juges nationaux. La création
de l’union douanière de la CEMAC avait apporté un grand changement avec la création d’une cour

de justice communautaire dont la compétence avait aussi été déterminée par le législateur
communautaire.
En outre, s’il fallait mener une étude purement centrée sur les dogmes, l’année de création de
la CEMAC 1994, aurait été la césure scientifique avec l’adoption d’un code douanier de la CEMAC,
héritage de la défunte UDEAC qui définit clairement la compétence de chaque juge en matière
douanière.

2- Le champ scientifique
Dans ce paragraphe il est question de délimiter scientifiquement ce travail pour le situer dans
un domaine et dans un champ disciplinaire bien déterminé. Ceci est une exigence fondamentale pour
éviter les transversalités dangereuses. Ainsi en droit public interne, les champs matériels qui s’offrent
aux apprenants sont au nombre de quatre à l’instar du droit constitutionnel, les droits fondamentaux,
le droit administratif et le droit public financier. Au-delà de ses origines socioculturelles et de ses
fondements sociologiques et idéologiques, en excluant ces sources matérielles de la recherche, Le

13
thème « la contrebande en droit douanier camerounais », se situe dans le droit public interne pour
être plus précis dans le domaine des finances publiques dont la matière est le droit et contentieux
douanier. Il s’agit d’un droit économique. C’est un secteur sensible, car il est nouveau et glissant où
la répression devrait être de rigueur, du fait que les infractions s’y commettent couramment au
détriment de l’ordre public économique, faisant quelque fois un manque à gagner au Trésor public.

PARAGRAPHE II : LA METHODE D’ETUDE


Il revient à présent de choisir la méthode qui permettra de mieux asseoir la conviction
euristique du thème. Le terme méthode vient du grec « méthodos » qui signifie « une route, voie
direction qui mène à un but ». Le terme méthode peut encore être considérer comme la démarche
organisée et rationnelle de l’esprit pour atteindre un objectif pour répondre à une problématique. Par
ailleurs, GRAWITZ Madeline et PINTO, définissent la méthode comme « un ensemble d’opérations
intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu’elle poursuit, les
démontre et vérifie ». En outre, dans l’optique d’une meilleure analyse on optera dans ces travaux de
recherche principalement pour la méthode juridique (A) même s’il semble loisible d’accorder une
certaine audience à des méthodes dites accessoires (B).

A- La méthode principale : la méthode juridique


La méthode envisagée ici est duale conformément à celle excipée par EISENMAN Charles,
à savoir la dogmatique (1) et la casuistique (2).

1- La dogmatique juridique
C’est la méthode qui consiste en la description, l’analyse et le commentaire des lois en vue de
leur mise en ordre. Schématiquement on peut donc dire que « la tache de la dogmatique consiste (…)
à répondre à la question : Quels comportements sont prescrits interdits ou permis par les normes du
droit en vigueur ? » en bref c’est l’exégèse des textes, l’herméneutique consistant à l’exploitation ou
la signification des textes. Les juristes restent partagés entre deux catégories, d’un côté, il y’a des
naturalistes (les défenseurs du droit naturel), qui selon le Professeur ONDOA Magloire « se
singularisent par le fait qu’ils considèrent le droit comme étant supérieur à l’Etat » et les positivistes
(les partisans du droit positif) qui considèrent que le droit est l’émanation de l’Etat. Après analyse
des deux écoles, il conclut qu’il n’y a « donc pas de droit en deçà et au-delà de l’Etat ». Cette réflexion
sera fondée sur la pensée positiviste, car il s’agira de prendre appui sur le contenu du droit
camerounais permettant de procéder à la mise en œuvre de la responsabilité de l’auteur en matière
douanière, afin d’appliquer les règles relatives à cette infraction ou faute. Ce qui permettra d’adopter
une méthode qui amènera à connaitre le domaine juridique en matière de contentieux douanier et
d’en faire la critique en vue d’une amélioration nécessaire dans le domaine.

14
2- La casuistique
Elle concerne principalement le commentaire de la jurisprudence, donc des jugements et des
arrêts. Le besoin se fait ressentir pour démontrer la concrétisation de la compétence du juge dans le
cadre de cette étude.

B- LES METHODES ACCESSOIRES


A la méthode juridique, il convient de considérer accessoirement d’autres comme la théorie
du droit (1) et l’histoire du droit (2).
1- La théorie générale du droit
La théorie générale du droit a pour objet de saisir le phénomène juridique par l’étude de sa
raison d’être, de ses concepts fondamentaux, de sa mise en œuvre, de ses instruments, de sa méthode.
En un mot, elle étudie l’ordre juridique dans sa globalité à travers son pourquoi ; et son comment.

2- La méthode historique
Le droit est toujours pour une grande partie issu du passé, bien que soumis à l’action
volontaire d’un peuple ou de ses organes, lors des choix que son évolution comporte ou l’expression
formelle que sa connaissance et son application suppose. L’histoire du droit consiste donc à rendre
intelligible le système juridique présent. En effet, le juriste est appelé selon les cas à concevoir, à
apprécier, à interpréter ou à appliquer les règles qui les ont précédées dans le temps, de reconstruire
la pensée du législateur ou du juge de l’époque. Des indications que la doctrine camerounaise n’est
pas toujours respectée.
Ici il s’agit d’une part de présenter la problématique et l’hypothèse (paragraphe 1) et d’autre
part d’élucider les axes et l’intérêt de l’étude (paragraphe 2).

SECTION 2 : L’OBJET DE L’ETUDE


Il sera question ici de présenter la revue de la littérature, l’intérêt (paragraphe I) et de formuler
la problématique de l’étude (paragraphe II).

PARAGRAPHE I : LA REVUE DE LITTERATURE ET L’INTERET

Afin de rester dans les canaux méthodologiques, il est primordial de faire une revue sélective
de la littérature (A) et de présenter par la suite l’intérêt du sujet (B).

A- La revue de la littérature
La revue de la littérature vise à faire le bilan de ce qui a été dit sur la question de recherche
« la contrebande en droit douanier camerounais ».
Dans cette partie les auteurs nationaux et internationaux traitent de la question de manière
directe d’autres le font de manière incidente.
15
La contrebande n’est pas une activité moderne. L’analyse de ce phénomène a commencé avec
des auteurs classiques et des ouvrages comme Les lois de Platon, Politique d’Aristote deux disciples
de Socrate, De l’esprit des lois de Montesquieu, etc. Ces auteurs ont exploré de manière générale
quelques problématiques comme le rôle des lois, du gouvernement et les punitions. Dans la pensée
économique, plusieurs des grands penseurs des siècles derniers se sont intéressés au sujet, tels que,
Smith, Marx, Pareto, Beccaria et Marshall, mais pendant quelques années, leurs contributions ont été
ignorées. Les composantes les plus importantes de cette revue de littérature sont les analyses du
crime, des organisations criminelles, de la violence et des politiques de dissuasion. En général, les
contrebandiers utilisent la violence contre d’autres agents comme les firmes légales, les syndicats,
les forces de police, etc., et agissent en relation avec des activités légales de manière marginale.
L’utilisation de la violence de manière occasionnelle peut-être expliquée par les besoins d’investir
en technologie militaire pour protéger leurs droits de propriété dans les marchés illégaux, ce qui a un
coût marginal peu important par rapport à leurs revenus44.
L’interdiction de quelques activités comme le trafic de personnes, le trafic de stupéfiants, le
trafic d’armes et de plusieurs autres trafics est la cause de l’échec ou, du moins, des pauvres résultats
des politiques de dissuasion du crime et de la violence. Ces politiques peuvent servir à augmenter les
profits des activités réalisés par les organisations criminelles.
les individus décident rationnellement de s’engager ou non dans des activités criminelles en
comparant l’utilité qu’ils reçoivent en poursuivant des activités honnêtes et celle obtenue de la
participation à des activités criminelles. Les activités criminelles sont moins attrayantes si la
probabilité de détection est élevée ou si la punition est très sévère. La combinaison entre les amendes
monétaires et des punitions (comme l’emprisonnement) peuvent aider à dissuader le crime de
manière optimale. Suivant la théorie économique, nous utilisons le concept de coût d’opportunité
dans l’analyse de la criminalité. Le coût d’opportunité d’obtenir des profits des activités légales est
la perte de profits de l’illégalité. Les criminels agissent en agent économique rationnel en prenant en
compte plusieurs facteurs comme les revenus qu’ils peuvent obtenir en travaillant dans la légalité,
les revenus qu’ils peuvent obtenir en travaillant dans les activités illégales et la probabilité d’être pris
et punis par la justice. Il est nécessaire de définir ce qu’est une activité illégale. Une activité est
illégale lorsqu’elle ne respecte pas la loi. Ces activités ne s’appuient pas sur la protection des lois
pour défendre les droits de propriété et faire valoir les contrats, ce qui fait que le marché des activités
illégales génère ses propres mécanismes. Quand les participants dans le marché souhaitent défendre

44
President's Commission on Law Enforcement and Administration of Justice, 1967.

16
leur propriété, dans la majorité des cas, ils ont recours à la violence45. Ces pratiques doivent être
sanctionnées devant les juridictions compétentes et cela pourra enrichir le contentieux.
Un auteur national46soutient que la compétence du juge en contentieux douanier se détermine
selon les règles de droit commun, en fonction de la nature des affaires qui mettent en cause le service
de la douane et du lieu de la commission de l’infraction. Les règles des procédures sont les même
que celles en droit commun et à une différence prête, celles propres aux instances douanières comme
la représentation en justice, les exploits et les actes de justice de même que la sauvegarde des droits
de l’administration douanière. En rapport avec cette analyse, les démonstrations de l’auteur serviront
de point d’appui pour déterminer la compétence des juges selon le type de contentieux dans lequel la
douane est impliquée.
Dans l’ouvrage d’AYASSA Alphonse, 47il ajoute que les litiges peuvent être réglés soit par
l’administration douanier à travers une transaction,48ou devant les tribunaux qui ne sont tout de même
pas spécifiés ici, en dehors des tribunaux répressifs49. En cas de gravité de l’infraction douanière ou
lorsque les litiges soulèvent des questions de principe ou présentent des points délicats à trancher ou
encore lorsque les contrevenants s’opposent à tout arrangement amiable. Dans le cadre de cette étude
ces outils et techniques serviront de repères pour mener à bien ces travaux de recherche.
Pour les auteurs internationaux, à l’exemple d’ BELFAYOL Eric, ce dernier met en avant la
juridiction pénale en matière de contentieux douanier.50 Selon l’auteur, la compétence du juge pénal
se délimite en fonction de la nature de l’infraction et selon le milieu ou le territoire du défendeur ou
le milieu dans lequel l’infraction s’est produite51.
Par ailleurs le célèbre ouvrage du professeur ALBERT Jean-Luc évoque la prise en compte
de la question prioritaire à la constitution52. En effet, selon l’auteur, les lois douanières faisaient
rarement de recours du contrôle de constitutionalité à postériori mais avec l’évolution de ce droit cela
est possible53. De plus il invoque la compétence de la juridiction communautaire sur des questions
douanières. « Le juge communautaire a régulièrement rappelé que l’intérêt communautaire

45
Al White, « Illegal market and the social costs of rent seeking », 1994 disponible en ligne www.atlantahils.org consulté
le 12 janvier 2022.
46
NYAMA (J-M.), Droit douanier de la CEMAC, Cerfod, p .501.
47
AYASSA (A.), Elément de droit douanier des procédures, et des techniques douaniers des pays membre de la CEMAC,
Connaissance et savoirs, p 470.
48
AYASSA (A.), Elément de droit douanier et des procédures, et des techniques douanières des Etats membre de la
CEMAC, connaissance et savoir, 470p, p. 433- 434.
49
AYASSA (A.), Op. Cit., p. 46.
50
BELFAYOL (E.), Contentieux pénal douanier, Economica, 277p et p. 237.
51
BELFAYOL (E.), Op. Cit., p 227.
52
ALBERT (J-L.), Puf, p. 61.
53
ALBERT (J-L.). Op.cit, p. 64.

17
s’inscrivait dans une mise en balance des intérêts des différentes parties concernées et de l’intérêt
général communautaire. » 54
L’ouvrage qui traite de la question de façon générale est celui de Dominique et SCHMIDT
Daniel55
Dans le cadre de cette étude les démonstrations de l’auteur permettront de ressortir
l’encadrement juridique de la contrebande en droit douanier dans une dimension autre que la
précédente. Tous ces ouvrages qui traitent de la question de prêt ou de loin de façon moins spécifique,
dans le cadre de ce travail serviront de guide et avec d’autres éléments plus précis en la matière,
permettront de justifier le thème.

B- L’intérêt de l’étude
L’intérêt de l’étude consiste en un certain apport de nos travaux au rayonnement de la
communauté scientifique. Dans cette lancée il parait plausible de renchérir en disant que l’intérêt
c’est le gain. Et un sujet est dit intéressant ou digne d’intérêt lorsqu’il apporte un plus au lecteur.
Ce faisant nos travaux présentent un double intérêt théorique (1) et pratique (2).
1- Intérêt théorique
Ici il s’agit de statuer sur l’apport intellectuel et scientifique qui doit être le nôtre tout au
long de ces travaux de recherche. En effet, la douane effectue plusieurs missions économique,
fiscale et de police des frontières. On constate aussi qu’elle est une administration dont les règles
sont de droit privé, public et communautaire. C’est ainsi que le contentieux douanier ou les autres
formes de contentieux dont la douane est impliquée font référence à une multiplicité de
compétences juridictionnelles en la matière, sous un autre angle il s’agit d’une sorte de désordre.
Mais les éclairages sur la question et sur le partage de compétence entre juge national et
communautaire en matière d’infraction douanière permettront que chaque juge puisse se
distinguer des autres en se fondant sur sa compétence. De plus, la possibilité d’un moyen de
dialogue entre ces derniers aboutira à la construction du droit communautaire. L’apport sera dans
ce cas didactique et édifiant sur la compétence des juges en droit douanier au Cameroun.

2- L’intérêt pratique
Ce dernier permettra de valoriser la thématique par rapport aux acteurs qui entrent en ligne
dans ce cadre d’étude. Ainsi ce travail entend interpeller au premier rang le juge du droit
douanier, les justiciables et même les personnels des douanes.

54
ALBERT (J-L.), Op. Cit. p 67.
55
SCHMIDT (D.) et SCHMIDT (D.), Le contentieux douanier et des changes, Dalloz, p 475.
18
En ce qui concerne le juge ce travail pourra lui être bénéfique dans la mesure où il est
complémentaire à la fonction du juge.
Pour ce qui est des justiciables, l’intérêt pour eux dans ces travaux est double, les modalités
de saisine du juge et les règles de procédure appliquées à ces derniers. La maitrise de ces deux
règles par un justiciable est un atout car il est dit « nul n’est censé ignorer la loi ». Bien que le
droit douanier soit pratiqué par plusieurs importateurs et exportateurs, ces derniers ne maitrisent
pas toujours les droits qui sont les leurs surtout en matière de contentieux. Dans le cadre de la
conduite des procédures contentieuses, ce travail permettra aux opérateurs économiques d’avoir
une bonne connaissance des voies de règlement des litiges. En d’autres termes une sorte de guide
pour le justiciable.
Quant aux personnels des douanes, ce sujet leur permettra de mieux maitriser les contours
de la notion de contrebande qui est aussi ancienne mais controversée et permettra davantage de
mieux appréhender les contrebandiers et de mieux s’outiller dans l’exercice den la mission fiscale
et de surveillance qui leur incombe. Ce qui pourra permettre une amélioration des recettes
douanières.

PARAGRAPHE II : LA FORMULATION DE LA PROBLEMATIQUE

Nous voici au cœur de l’analyse ou il s’agira d’exciper la question centrale (A) à laquelle on
tenterait d’esquisser des éléments de réponse (B).

A- La question centrale
La problématique est le questionnement sérieux constituant l’épine dorsale de tout travail de
recherche. Comme le souligne Michel BEAUD, «la problématique est une composante essentielle
dans le travail de préparation de la thèse. C’est l’ensemble construit, autour d’une question
principale, des hypothèses de recherche et des lignes d’analyses qui permettront de traiter le sujet
choisi »56. Il est alors question ici de dégager un ensemble d’interrogations qui gravitent autour du
problème scientifique suivant. Elle doit être cruciale, et essentielle dans l’entreprise euristique. Avant
l’élaboration d’une problématique autour de la thématique, « la contrebande en droit douanier
camerounais », il faut partir d’un constat que la contrebande est une infraction qui donne lieu à un
contentieux douanier. Avec la création de la CEMAC qui regroupe en elle une union douanière au
sein de la zone, l’UDEAC a innové d’une institution judiciaire qui veille au contrôle des activités de
ladite zone. On se demande alors si l’instauration d’une juridiction communautaire est juste
fantaisiste, si c’est juste une imitation des autres institutions de même nature, ou alors une vraie cour

56
BEAUD (M.), Larry de la thèse, Citroën, p. 32.
19
de justice qui remplacera les juridictions nationales sur des questions douanières, si les juridictions
nationales demeureront toujours les seules chargées des questions douanières. En outre, l’existence
de plusieurs organes chargés dudit contrôle juridictionnel en contentieux douanier ne sera pas
génératrice de conflits et par conséquent, source de désordre. L’analyse ci-dessus amène à se poser
la question suivante : comment le droit douanier camerounais encadre t’il la contrebande ? La
question mérite d’être posée et tout au long de ces travaux de recherche on apportera des esquisses
de réponses.

B - L’hypothèse
L’hypothèse d’une recherche est envisagée comme une réponse anticipée que l’on formule à
la suite de la question centrale de ladite recherche. C’est une affirmation à priori qu’il faut justifier à
postériori tout au long d’un travail de recherche.
A la question de savoir : comment le droit douanier camerounais encadre t’il la
contrebande ? Nous apporterons la réponse provisoire suivante : le droit douanier camerounais
encadre la contrebande de manière duale.
Pour soutenir notre hypothèse de travail, une construction bipartite sera mise en exergue dans
la démonstration : d’abord le droit camerounais catégorise les infractions douanières et qualifie la
notion de contrebande, ensuite il prévoit des sanctions à celle-ci.
La thématique de « la contrebande en droit douanier camerounais » est bâtie sur des axes
scientifiques.
Les axes de l’étude sont en d’autres termes les principales articulations de la présente
thématique. Autrement dit, ils permettent de mettre en exergue les grands points qui tendent à repartir
les compétences du juge en droit douanier au Cameroun.
Le droit douanier étant un droit communautaire car ses règles sont édictées par le législateur
communautaire. En principe le contentieux qui en découle devrait être réglé par la cour de justice
communautaire de la CEMAC. Par ailleurs, une partie de son contentieux est résolue par le juge
national pour moult raisons d’ordre politique. Il est donc nécessaire que chaque Etat se charge de
sanctionner les exactions qui sont faites dans son territoire. Encore mieux ils disposent des pensions
pour abriter des infracteurs. D’où le législateur communautaire attribut la compétence au juge
national.
En outre, cette étude sera axée autour du saisissement de la contrebande par le droit douanier
(Première partie), et des sanctions prévues pour cette infraction (Seconde partie).

20
PREMIERE PARTIE :
LE SAISISSEMENT DE LA CONTREBANDE
PAR LE DROIT DOUANIER

21
La douane est un concept lié à la localisation d’un territoire. Ce concept n’a de sens que dans
un contexte miné par les activités d’importation et d’exportation.
La contrebande est une infraction pénale qui porte gravement atteinte à l’ordre public
économique. En effet, non seulement elle affecte les recettes fiscales nationales, a des répercussions
sur l’industrie et le commerce national, mais elle met également en danger la sécurité nationale, porte
atteinte à la souveraineté et à la dignité de l’Etat, corrompt l’éthique sociale, engendre la corruption.
C’est donc une activité extrêmement dangereuse pour la stabilité économique de l’Etat.
La contrebande contribue à l’évasion de la surveillance douanière, l’évasion des taxes
exigibles, l’évasion de la gestion prohibitive ou restrictive d’entrée et de sortie par l’État. Au regard
de cela, les Etas cherchent à protéger leur économie en établissant des règles juridiques réglementant
l’entrée et la sortie des marchandises de leur territoire, et parmi les règles de procédure les plus
importantes qu’ils adoptent, il y a celles permettant de soumettre l’importation et l’exportation de
marchandises au contrôle et au paiement des droits et taxes, et il y a des Etats qui facilitent ces
procédures et certaines d’entre elles se durcissent en fonction de leur politique économique.
Le Cameroun a connu le premier cadre juridique pour protéger son économie après que la loi
française était en vigueur après l’indépendance. L’une des infractions les plus importantes traitées
par le CD, qui touche directement les marchandises, est le délit de contrebande. Ceci, en raison de
l’immensité du territoire camerounais et de la largesse de ses frontières avec le reste des pays voisins,
en raison de son impact direct sur l’économie affectant la santé du consommateur. Malgré les mesures
prises par la législation douanière pour mettre fin au phénomène de la contrebande, ce dernier a gagné
en prévalence et a pris des dimensions dangereuses, les contrebandiers étant regroupés en groupes
formant des gangs qui utilisent tous les moyens humains et matériels pour atteindre leurs objectifs.
Cet aménagement permet ainsi d’introduire le crime de contrebande dans le cadre du crime organisé
qui menace le système public, l’économie nationale et la santé publique.
Afin de maitriser la notion de contrebande pour mieux la combattre, il est donc primordial
pour nous de qualifier (Chapitre I) et de classifier (Chapitre II) cette notion au regard du droit
douanier.

22
CHAPITRE I : LA QUALIFICATION DE LA
CONTREBANDE PAR LE DROIT
DOUANIER

23
Parmi les juristes qui ont le plus travaillé sur le sujet du droit douanier, BERR Claude et
TREMEAU Henri ont défini la contrebande «comme l’importation ou l’exportation en dehors des
bureaux de douane, ainsi que comme toute violation des dispositions légales ou règlementaires
relatifs à la détention et, au transport des marchandises à l’intérieur du territoire douanier »57.Par
conséquent, selon la jurisprudence, toute entrée ou sortie de marchandises en dehors des bureaux
désignés pour le dédouanement des marchandises, et la violation des règles légales et réglementaires
réglementant la détention et le transport des marchandises à l’intérieur du territoire douanier
constituent de la contrebande.
Quant à M. HAFEZ Majd Magdy, il estime que la contrebande est un acte qui contredit les
règles fixées par le législateur concernant la réglementation de la circulation des marchandises à
travers les frontières. Ces règles sont « soit liées à la prévention de l’importation ou de l’exportation
de certaines marchandises, soit liées à l’imposition de taxes douanières sur les marchandises en cas
d’entrée ou de sortie du territoire de l’État, en plus d’éluder le paiement des taxes douanières. Toute
infraction aux règles impératives contraignantes contenues dans la loi douanière »58
Le phénomène de la contrebande est aussi long que controversé, il est probablement apparu
le jour même où la première taxe a été créée dans les régions frontalières ou sur les côtes. La
contrebande est à certaines périodes de l’histoire un élément économiquement structurant, au point
d’être un élément motivant des interventions étrangères, par des puissances visant à mieux contrôler
les flux des marchandises et des taxes. Selon la définition généralement admise par le petit Larousse
de 1983 « la contrebande est l’introduction ou la sortie et la vente clandestine de marchandises
prohibées ou soumises au paiement de droits de douane ou d’octroi ».
En ce qui concerne le présent travail, par extension, et comme il s’agit des mêmes réseaux, la
contrebande peut concerner les personnes, soit pour leur permettre d’entrer dans un pays qui leur est
fermé, soit pour leur permettre de sortir d’un pays qui leur est interdit. Le plus souvent, les biens
alimenteront un marché noir, tandis que les individus seront contraints au travail clandestin59.
Afin de mieux saisir ce fléau, il est important de préciser qu’il s’agit d’une infraction
douanière (Section I) et d’une infraction spécifique (Section II).

57
BERR (C.J.) ET TREMEAU (H.), Le Droit Douanier, Communautaire et National, 4ème éd., coll. Droit des Affaires
et de l’Entreprise, série: Études et Recherches, 1997, p 450.
58
HAFEZ Majd Magdy, Le crime de contrebande à la lumière de la jurisprudence et des dispositions de cassation, Le
Caire, 1984, p.85.
59
ONU, Rapport 2000 sur la criminalité transfrontalière.

24
SECTION I : UNE INFRACTION DOUANIERE
La contrebande est un phénomène à double sens, qui joue aussi bien à l’importation comme
à l’exportation, la contrebande est le résultat de deux grands types de contraintes auxquelles certaines
personnes cherchent à échapper soit : à des contraintes de rentabilité économique et à des contraintes
nées de l’existence de lois, des règlements et de quotas divers. Pour apprécier au mieux ce concept,
on présente ce qui est la criminalité : elle peut se définir comme « un ensemble d’actes criminels et
délictueux commis dans un milieu donné par un groupe donné à un moment donné »60. Or, un acte
criminel et délictueux est une infraction qui porte atteinte au bien-être d’autrui ou de la société et qui
déroge significativement aux normes socioculturelles qui dictent la conduite normale d’une personne.
Ainsi, on distingue plusieurs types d’activités criminelles. On a, par exemple, la criminalité financière
qui désigne les activités financières illégales, échappant aux lois des différents pays. On parle à ce
propos de « criminalité en cols blancs ». On a aussi la « cybercriminalité » qui renvoie à tous types
de délits perpétrés sur les systèmes et les réseaux informatiques. Ces différents crimes sont, le plus
souvent, mis en œuvre par des groupes criminels et s’opèrent à différentes échelles spatiales. En effet,
selon l’échelle, on peut par exemple parler de criminalité transnationale ou de criminalité
transfrontalière. Ainsi, la criminalité transnationale concerne des bandes criminelles organisées assez
stables et d’envergure internationale, dont les acteurs sont de diverses nationalités et les délits
perpétrés dans un État donné ont des répercussions dans un ou des États contigus à l’État attaqué. La
criminalité contrebandière peut être considérée comme un phénomène regroupant un ensemble
d’actes délictueux dont les auteurs et les répercussions vont au-delà des frontières d’États contigus.
Nous allons donc présenter son fondement juridique (paragraphe I) et sa constitution comme
infraction (paragraphe II).

PARAGRAPHE I : LE FONDEMENT JURIDIQUE


Une infraction est un comportement strictement interdit par la loi pénale et sanctionné par
une peine prévue par celle-ci. On distingue trois catégories d’infractions dont la nature détermine la
sanction qui lui est applicable : la contravention, le délit et le crime. Selon le vocabulaire juridique
CORNU Gerard, un fondement c’est « une valeur, référence de base sur laquelle repose une règle
[…] un système juridique »61. Les fondements (ou sources) sont plus ou moins multiples car si l’on
a une conception étroite du Droit62 alors on aura une vision limitée de ses fondements car ceux-ci se
réduiront à la loi uniquement ; à l’inverse si l’on a une conception large du Droit63 alors on aura une

60
Hafez Majd Magdy, Le crime de contrebande à la lumière de la jurisprudence et des dispositions de cassation, Le
Caire, 1984, p.85.
61
Cornu (G.), vocabulaire juridique, PUF, 2020, p.185.
62
si celui-ci se limite à un ensemble de règles générales, obligatoires et contraignantes.
63
Si celui-ci est vu dans l'ensemble de ses manifestations juridiques comme la jurisprudence ou la coutume.
25
vision large de ses fondements car ceux-ci incluront la coutume, la jurisprudence, la loi et la doctrine
notamment. Ainsi, le fondement juridique de la lutte contre la contrebande peut se trouver au niveau
international (A) et au niveau national (B).

A- Au niveau international
A ce niveau nous avons les conventions internationales qui font partie de la coopération
internationale.
Sur le plan international, les textes réglementant le contentieux douanier, sont étudiés, écrits
et publiés par diverses organisations. Ce n’est qu’après ratification de ces derniers par un Etat que
celui-ci les met en application dans son territoire. Dès lors, les ressources documentaires peuvent
être présentées suivant l’ordre ci-dessous :
Les accords internationaux, dans la pratique du droit international, le terme « accord » peut
indifféremment faire référence à une charte, une convention, un pacte, un traité ou un protocole. En
réalité, c’est tout engagement pris soit entre Etats, soit entre un Etat (ou plusieurs) et une organisation
internationale.
Les accords internationaux qui constituent une source supérieure de loi applicable en droit
douanier CEMAC. En principe, les autres sources doivent leur être conformes dès lors que les états
membres de la communauté les ont ratifiés. Dans cette catégorie, on peut citer Le traité du 28 juin
1961 réglant les relations économiques et douanières entre les Etats de l’Union Douanière
Equatoriale et la République du Cameroun, Le Protocole d’Accord de Fort-Lamy du 11 février 1964,
Le traité de l’UDEAC du 08 décembre 1964 à Brazzaville, Le traité de la CEMAC du 16 mars 1994
à N’Djamena, Les Accords du GATT de 1994, Les Accords de l’OMD (Organisation Mondiale des
Douanes), Les autres Accords de l’OMC (Organisation Mondiale du commerce) et la CJ de la
CEMAC Le traité instituant la CJC en application de l’article 2 de la convention instituant la CJC, la
cour veille au respect au respect du droit dans son interprétation et l’application du traité de la
CEMAC et des textes subséquents64
Le CD de la CEMAC, il a été adopté au lendemain du traité de Brazzaville de 1964 à travers
l’acte N° 8/65-UDEAC-37 du 14 décembre 1965. A ce moment on parle de « code des douanes de
l’UDEAC ». Le 16 mars 1994, la communauté UDEAC devient CEMAC avec entre autres effets, le
transfert du patrimoine, des droits mais aussi des obligations. Le CD devient alors « Code des
Douanes de la CEMAC ». Aujourd’hui, le CD de la CEMAC consiste en 425 articles discontinus en

64
Art. 1 de la convention régissante la communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, « la présente
convention, adoptée en application des dispositions du traité de la CEMAC détermine le statut, l’organisation, et le
fonctionnement de la compétence de la cour de justice institué à l’article 10 dudit traité. Au fin de cette convention il faut
entendre par –Union économique ou UEAC : Une Union Economique d’Afrique Central ». p. 2.

26
prévision d’éventuels aménagements. L’édition commercialisée depuis 2003 se décline en douze
titres celui qui consacre la question du contentieux est le titre XII65. On y retrouve des éléments sur
la constatation des infractions, les poursuites, les procédures devant les tribunaux, les jugements,
contraintes et obligations, les responsabilités et solidarités et enfin, les dispositions répressives.
Et pour ce qui est des règlements émanant des organes de décision de l’Union Economique
de l’Afrique Centrale (UEAC), la CEMAC est constituée de quatre institutions au nombre desquelles
l’UEAC. Ce dernier est doté de plusieurs organes de décision qui s’expriment par voie de règlements,
d’actes et par consensus66.

B- Au niveau national
C’est l’ensemble des textes mobilisés sur le plan étatique afin de lutter contre le
phénomène de contrebande. La portée des textes au niveau national est limitée aux frontières de
l’Etats dans lequel ils sont signés car la contrebande est une infraction transnationale. En outre
le Cameroun ne disposant pas des juridictions spécifiques pour connaitre des contestations
douanières, les juridictions de droit commun sont compétentes en application des textes
ordinaires régissant la compétence du juge en contentieux douanier. On peut citer la loi
fondamentale précédée par celles plus anciennes67, ainsi que des textes législatifs et
réglementaires, La Loi n°2006/015 du 29 décembre 2006 portant organisation judiciaire, la loi
de 2016/004 régissant le commerce extérieur au Cameroun statut sur l’exécution des décisions
de justice et bien d’autre ? Ainsi le code pénal est la codification du droit pénal. Le code pénal
camerounais est l’une des lois qui définit le crime et la répression des infractions commises sur
le territoire du Cameroun ; il est la manifestation de la Loi n° 2016/007 portant code pénal. A
côté de celui-ci nous avons le code de procédure pénale émanant de la loi n° 2005/007 du 27
juillet 2005 portant code de procédure pénale et pour finir le code civil et de procédure civil.
L’organisation par l’Etat en ce qui concerne l’administration des douanes, prévoit
l’intervention de plusieurs services dans la surveillance des flux de marchandises à travers les
frontières terrestres.

65
Le règlement N° 13/99-UEAC-026-CM-02 du 18/08/99, portant règlement financier du Secrétariat Exécutif de la
communauté, Le règlement N° 12/01-UEAC-104-CM-07 portant adoption de modèles de demande et d’autorisation de
régimes douaniers économiques et L’acte N° 3/81-CD-1212 du 15 juillet 1981, fixant les conditions d’ouverture et de
Fonctionnement de boutiques sous douane dans les aéroports internationaux de l’union.
67
Loi n° 96/06 du janvier 1996 portant révision de la constitution du 02 juin 1972 modifiée et complétée par la loi N°
2008/001 du 14 avril 2008.

27
PARAGRAPHE II : LA CONSTITUTION DE L’INFRACTION
Il s’agit là des éléments constitutifs de l’infraction. Toutes les infractions comportent des
éléments constitutifs généraux qui sont au nombre de trois : un élément légal (A), un élément matériel
et un élément moral (B). Pour que l’infraction existe, il faut que ces trois éléments soient réunis.

A- LA VIOLATION DE LA LOI
Ici, nous parlerons de l’élément légal qui est la base textuelle à valeur législative prévoyant
l’infraction68. Il relève du principe de la légalité criminelle. Le code pénal consacre le principe nullum
crimen, nulla poena sine lege. Cela signifie que sans disposition légale, il n’y aura ni crime ni délit69.
Il s’agit ici du principe que l’on nomme la légalité criminelle, un principe majeur au sein du droit
pénal et de surcroit, pour ce qui concerne les éléments constitutifs d’une infraction.
Le principe de la légalité est un outil de travail très important dans le raisonnement de toutes
les disciplines juridiques. En droit pénal par exemple, le principe de la légalité est considéré comme
la clé de voûte de tout système judiciaire. Il est suivi du principe de l’interprétation stricte qui veut
qu’un fait qui ne réunit pas les éléments constitutifs d’une infraction (matériel et moral), même s’il
ressemble à celle-ci, ne soit pas retenue comme incrimination. Tout acte, surtout administratif doit
préalablement avoir comme support juridique une disposition réglementaire dans l’ordre juridique
préexistant. Le principe de la légalité évite donc l’arbitraire dans la prise des décisions. Il existe des
cas ou la légalité pourra être assouplie pour permettre à l’administration d’agir avec plus de vigueur
et de rapidité.
Le principe de légalité est considéré comme un fondement de la liberté individuelle et collective
contre l’arbitraire du législateur et du juge. Il s’impose d’une part au juge, en lui interdisant
d’assimiler à une infraction un fait qui ne correspond pas à ceux définis par les textes. Et d’autre part,
il s’impose au législateur, en l’obligeant à édicter des lois claires et précises et lui interdit de conférer
un effet rétroactif à une loi pénale plus sévère que l’ancienne.
La première est d’ordre politique : elle concerne le maintien de l’ordre et sa limitation à tout ce
qui est nécessaire à la vie paisible et ce, en limitant les actions de l’homme et ses comportements en
faveur de la société. La deuxième relève de la politique criminelle, qui veut que c’est la loi qui doit
déterminer ce qui est interdit de ce qui ne l’est pas, tout en exerçant une sorte de contrainte
psychologique sur la volonté humaine. Enfin la troisième est celle de la séparation des pouvoirs
politiques dans un état déterminé. Elle a été envisagée comme un partage des compétences attribuées
par l’état entre les différents organes spécialisés dans la législature, le gouvernement et
l’administration de la justice, visant ainsi à limiter l’arbitraire.

68
C. SAAS, S. LOVELLEC et V. GAUTRON, « Les sanctions pénales, une nouvelle distribution ? » in DANET J. (dir.),
La réponse pénale 10 ans de traitement des délits, Presses universitaires de Rennes, 2013.
69
Ibid.
28
Au-delà de son existence sur le plan national, « La règle nullum crimen, nulla poena sine lege »
est un principe fondamental garanti par les articles 5 et 8 de la Déclaration des droits de l’homme et
du citoyen. Ce principe de légalité et des peines va venir regrouper cinq idées différentes. Tout
d’abord, la prohibition du juge de créer le droit. Le juge ne peut punir un fait non prévu et non réprimé
par la loi pénale. Ce dernier est alors tenu de se référer aux textes pour les peines légalement pénales
d’une part et applicables de l’autre. Ensuite, le processus d’incrimination pénal suppose la nécessité
de traduire juridiquement les faits et de rechercher le texte qui leur correspond et leur est applicable.
Ces principes incluent aussi l’idée que si le crime n’est pas prévu dans la règle, l’application de la
peine est impossible70. Le juge doit en principe interpréter strictement la loi pénale dont il prend
source, à moins que cette règle vient affecter l’application de la loi pénale dans son cadre spatio-
temporel. Parmi les éléments constitutifs d’une infraction, l’élément légal offre une assurance
supplémentaire pour les justiciables. En effet, l’application de la loi pénale obéit à un chronogramme
légal préétabli.
La contrebande étant une infraction pénale, sa répréhension est prévue par le code pénal
camerounais et le CD CEMAC71. La contrebande constitue un délit de 1erclasse. Selon l’article 406
du CD CEMAC. Dans le CD, l’article 406 stipule que « la contrebande s’entent des importations ou
exportations en dehors des bureaux ainsi que toute violation des dispositions légales ou
règlementaires relatives à la détention et au transport des marchandises à l’intérieur du territoire
douanier ». Deux cas peuvent dès lors se présenter d’après l’auteur : soit qu’il y a eu erreur simple,
auquel cas la douane se contente de récupérer ce qui est dû au trésor public, mais ce contentieux peut
se conclure sans pénalité ; soit que les inexactitudes sont très volontaires et faites pour diminuer le
montant des taxes dues au trésor public72. Ce sont des cas de fraude caractérisée par la douane qui
non seulement récupèrera les sommes dues au trésor dont le paiement a été frauduleusement éludé,
mais qui est aussi habilitée à infliger aux contrevenants des amendes pouvant aller jusqu’à trente fois
le montant des droits.

B- LES AUTRES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’INFRACTION

L’élément matériel est constitué par l’acte en lui-même c’est-à-dire la commission de


l’infraction et l’élément moral qui correspond à l’intention coupable de l’auteur de l’infraction.

70
Cass. crim. 20 janv. 1975, Bull. crim. n° 36, JCP 1975, II, 18137 note C. Gavalda.
71
NYAMA (J-M.), Droit douanier de la CEMAC, « Les articles 329 et 330 du code des douanes reconnaissent à
l’administration des douanes le pouvoir de transiger ». p. 283.
72
THAMBWE MWAMBA, Conférence au Diner-débat de la jeune chambre économique, OFIDA, 1990, p.53, in
BUABUA WA KAYEMBE ( M.), Traité de droit fiscal zaïrois, Kinshasa, P.U.Z., 1993, pp.245-246.

29
Comme dit plus haut, l’élément matériel fait partie des éléments constitutifs d’une infraction.
Celui-ci porte sur la matérialisation des actions édictée par les textes, mais surtout sur l’intention
coupable de l’auteur de l’infraction. En effet, l’élément matériel est l’acte décrit par les dispositions
légales, qu’il s’agisse d’acte par omission, ou d’acte par commission, qu’il ait eu l’effet escompté ou
non, et ce qu’il soit survenu durant un moment ponctuel ou qu’il se prolonge dans le temps.
On distingue alors deux (02) types d’infractions : l’infraction matérielle et l’infraction formelle.
Pour la première, il y a infraction matérielle dès lors que le résultat dommageable représente une des
conditions de la réalisation matérielle de l’infraction. Par exemple « des importations ou exportations
en dehors des bureaux de douane » avec commercialisation.
Inversement, une infraction formelle ne nécessite pas de tel résultat. Même en cas de défaut du
résultat espéré par le délinquant, l’infraction subsiste et est punissable. C’est le cas de l’importation
et exportation hors des bureaux de douanes sans commercialisation ou vente.
En principe le droit pénal ne réprime pas les infractions pour le simple fait qu’il y a eu une
intention criminelle. Elles ne pourront être réprimées que lorsque leur commission aboutit à un
résultat « pas d’infraction sans activité matérielle », c’est-à-dire par un comportement pénal qui
révèle la faute pénale ou l’intention criminelle. C’est le comportement pénal déterminant un résultat
dommageable qui constitue l’élément matériel de l’infraction consommée, par contre le résultat
dommageable du comportement est différent lorsqu’il s’agit de l’infraction tentée.
S’agissant de l’infraction consommée, elle peut consister soit en la commission d’un acte
interdit par la loi, soit en l’omission d’un acte prescrit par la loi.
Pour ce qui est des infractions de commission, la majorité d’entre elles sont des infractions
dites matérielles, exemple : meurtre, vol, viol, diffamation, la contrebande…elles supposent pour leur
consommation trois conditions :
- Un acte positif contraire à la défense légale qui se traduit le plus souvent par une initiative
physique, exemple : le contrebandier et le voleur sont actifs.
- Un résultat dommageable qui peut être soit matériel (exemple : contournement des bureaux
de douanes) soit moral, (exemple : diffamation).
- Un lien de causalité entre l’acte et le résultat.
Comme elles peuvent être des infractions formelles qui sont réalisées par les seuls moyens
employés, indépendamment de leur résultat.
Concernant les infractions d’omission, certaines d’entre elles peuvent ne pas être assorties d’un
résultat positif, exemple : non révélation du crime consommé, non témoignage en faveur d’un
innocent poursuivi, omission de verser à l’échéance une pension alimentaire… Elles peuvent être
assorties d’un résultat, c’est ce qu’on appelle les infractions de commission par omission. Ce sont
des infractions d’abstention avec résultat positif direct, elles sont donc proches de l’infraction de

30
commission73, exemple : transport par ignorance des produits de contrebande. Le code pénal n’a
prévu aucune disposition générale consacrant cette notion. A part ces articles on ne rencontre que des
dispositions particulières dont l’objet n’est pas de réprimer une infraction de commission par
omission mais, un délit d’omission spécifique.
S’agissant de l’élément matériel de l’infraction tentée, c’est principalement l’infraction non
consommée, qui veut dire la tentative. En doctrine, la tentative oppose deux conceptions :
L’une est objective qui insiste sur la réalisation de l’infraction pour qu’elle soit réprimée et l’autre
est subjective, elle tient uniquement compte de l’intention criminelle74.
La tentative peut revêtir deux formes, elle peut être soit une tentative interrompue qui résulte
d’une faute d’exécution complète, comme elle peut être une tentative infructueuse qui résulte de la
non réalisation du but de l’infraction, et qui correspond à l’infraction impossible ou manquée. Pour
que la tentative au sens stricte soit incriminée, elle doit réunir certaines conditions qui sont
nécessaires à sa répression, il s’agit notamment :
- Du commencement de l’exécution qu’il ne faut pas confondre avec la consommation
définitive de l’infraction ;
- Ensuite il y’a le désistement involontaire qui doit être distingué du désistement volontaire
qui entraîne l’impunité ;
- Et enfin, il s’agit de l’intention coupable.
Pour ce qui est de sa répression, le principe est la répression de la tentative des infractions les
plus graves.
Pour qu’une action ou une abstention constitue une infraction punissable il faut que l’agent ait
commis une faute et que cette faute lui soit imputable, qui veut dire que l’agent auquel l’acte est
matériellement imputable ne sera coupable que s’il a commis une faute.
Sachant qu’il n y’a pas les mêmes degrés dans la culpabilité et que la faute génératrice de la
responsabilité pénale n’est pas toujours de la même intensité, il convient donc de faire la distinction
entre deux sortes de fautes :
- la faute intentionnelle, qui est une faute au niveau de laquelle le délinquant est non seulement
conscient de l’illégalité de son acte, mais il cherche à atteindre un but précis. Cette faute
intentionnelle peut se présenter soit sous forme d’une volonté criminelle générale, et c’est ce qu’on
appelle, le dol général qui se traduit par la conscience et la volonté de commettre une infraction, soit

73
LANGUIN (N.) et al, « Comment sanctionner le crime ? Une étude empirique dans les mentalités populaires en Suisse
romande », Archives de politique criminelle, vol. 25, no. 1, 2003, pp. 109-133.
74
SAAS (C.), LOVELLEC (S.) et GAUTRON (V.), « Les sanctions pénales, une nouvelle distribution ? » in DANET J.
(dir.), La réponse pénale 10 ans de traitement des délits, Presses universitaires de Rennes, 2013.

31
sous forme d’une intention précise, et c’est ce qu’on appel, le dol spécial qui se traduit par l’intention
de violer la loi de manière à produire un résultat dommageable précis75.
Parfois le dol général reste insuffisant pour déclencher la responsabilité pénale de l’agent, c’est
la raison pour laquelle dans de nombreuses infractions, la loi exige en outre un dol spécial ou
spécifique, parce qu’à défaut de cette intention précise exigée par la loi l’agent n’est pas punissable
sauf dans certains cas.
Le dol peut également se présenter sous différentes formes, exemple : le dol déterminé dont les
conséquences préjudiciables de l’infraction appréciées au moment de l’action, étaient nettement
prévues. Le dol aggravé qui suppose la préméditation antérieure à la commission de l’infraction…
- Il y’a également la faute non intentionnelle, au niveau de laquelle la faute trouve sa véritable
place, vu qu’elle englobe quelque chose non voulue vraiment et parfois elle suffit à déclencher la
responsabilité pénale. Au niveau de cette faute il peut s’agir soit d’une faute d’imprudence et de
négligence sans volonté criminelle, on les appelle aussi des infractions quasi-délictuelles, exemple :
le cas des infractions d’homicide involontaire et de blessures involontaires, soit d’une faute
contraventionnelle, qui est une faute nécessaire.
Comme dans les infractions quasi-délictuelles, la faute en matière contraventionnelle réside
dans une négligence, une imprudence ou une inobservation des règlements, et cette faute est
notamment différentes de la faute quasi- délictuelle pour deux raisons : d’abord parce qu’elle est
toujours punissable, et dans ce cas-là le ministère public est tenu d’attaquer une faute
contraventionnelle sans avoir à rechercher la faute intentionnelle ou non intentionnelle du suspect76.
En principe pour que toute infraction soit punissable, il faut que la faute soit mise au compte
de celui qui l’a commise, mais parfois cette condition ne peut pas exister, dans la mesure où il devient
difficile d’imputer la faute au suspect, vu qu’il existe quelques cas où ce dernier n’a pas toutes ses
facultés mentales au moment de la commission de l’infraction, chose qui peut entraîner soit son
exonération totale ou partielle. Exemple : le cas des mineurs âgés de moins de douze ans qui sont
considérés comme irresponsable par défaut de discernement.
La contrebande est une infraction imputable au suspect car une opération de contrebande
suppose au moins sept opérations élémentaires successives regorgeant tous les éléments constitutifs
de l’infraction qui se matérialisent, pour un produit par : la fourniture, la vente, le transport, l’achat,
la distribution, le conditionnement et la consommation finale.

75
MINKOA SHE (A.), Essai sur l’évolution de la politique criminelle au Cameroun depuis l’indépendance, Thèse de
Doctorat en droit, Université de Strasbourg, 1987, pp.29 et s.
76
LAZERGES (C.), Introduction à la politique criminelle, Collection Traité des Sc.Crim. l’Harmattan, 2000, p 141.

32
SECTION II : UNE INFRACTION SPÉCIFIQUE
Le terme infraction spécifique est emprunté au droit canadien et désigne un crime de mens rea77
d’intention qui est accompli avec un dessein particulier, avec comme objectif de réaliser une fin
particulière, par opposition à un crime d’intention générale où il n’y a aucune fin particulière78. La
contrebande est une infraction spécifique car elle est commise avec une fin bien connue, celle
d’échapper aux taxes douanières en créant des voies de contournement des bureaux de douanes. Il
est donc important de différencier la contrebande de la fraude (Paragraphe I) et de la contrefaçon
(Paragraphe II).

PARAGRAPHE I : DISTINCTION ENTRE LA CONTREBANDE ET LA


FRAUDE
Comme relevé plus haut, la contrebande concerne l’importation de biens de consommation et
l’exportation de produits en dehors des bureaux, ou de la violation des dispositions légales ou
réglementaires relatives à la détention et au transport des marchandises à l’intérieur du territoire
douanier. Certaines notions s’apparentent à elle c’est le cas de la fraude (A) qui présente une certaine
particularité (B).

A- LA NOTION DE FRAUDE
La fraude décrit le fait de masquer à la douane une partie des biens de consommation
importés79, afin d’alléger le paiement des taxes et droits de porte, souvent très élevés, auxquels ces
biens sont soumis. Cette fraude se traduit par une sous-facturation des valeurs ou des quantités, et
concerne donc des biens dont l’importation par les commerçants privés est libre, mais sur lesquels la
protection est forte.
La fraude est envisagée comme une transgression volontaire des normes. Ses modalités sont
variées. Ne pas payer ses impôts, dissimuler une partie de ses produits ou de son héritage, copier
secrètement des procédés de fabrication et vendre sous une marque usurpée, profiter des différences
nationales en matière d’impôt direct ou indirect pour s’enrichir ou bien encore fabriquer et vendre
des produits illicites, constituent différents types de fraudes qui se retrouvent dans toutes les périodes

77
Mens rea, du latin mens (esprit, pensée, disposition d’esprit) et reus-rea (accusé(e), mis(e) en cause), est une locution
juridique signifiant la culpabilité morale ou l'esprit criminel. La culpabilité morale d'un individu est un élément essentiel
d'un crime dans les juridictions de common law. Le test de la responsabilité criminelle d'un individu est exprimé par la
phrase latine : « Actus non facit reum nisi mens sit rea », ce qui signifie que l'acte de culpabilité ne rend pas un individu
criminel à moins que l'esprit de cet individu soit aussi coupable.
78
Barreau du Québec, Collection de droit 2019-2020, volume 13, Droit pénal - Infractions, moyens de défense et peine,
Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2020.
79
La fraude au Sénégal identification et évaluation Rapport de Mission Banque mondiale et ministère de la Coopération,
1991

33
de l’histoire et dans tous les pays, quelles que soient les configurations politiques, juridiques et la
situation économique80. La transgression des normes de fabrique, le contournement de l’impôt et de
la douane, l’appropriation illégitime d’une marque, les ventes d’armes, de drogues ou de
médicaments sans visa sont facilités par la mondialisation et par les techniques modernes de
communication, mais ces comportements n’ont pas attendu internet pour s’affirmer81.
Comme le soulignaient les « douaniers » BASTID et DEMUMIEUX : « La fraude est le nom
ordinaire des infractions aux lois et règlements divers que la douane est chargée de faire respecter.
La contrebande est sa forme la plus grave : elle consiste à faire franchir la frontière à des
marchandises, en dehors des bureaux de douane.82» Si la « fraude » est une notion courante, elle
présente une certaine ambiguïté car, parfois, elle renvoie à une incrimination particulière dans le
domaine fiscal.
À de multiples reprises dans les textes de droit comme dans ce travail, le mot de fraude apparaît
comme il en est d’usage dans le langage courant, sans rapport précis avec une situation juridique
particulière. Ce n’est bien évidemment pas le seul cas qui existe, quoiqu’il n’y ait pas toujours
coïncidence entre le langage courant et la langue du droit. Par exemple, si tout le monde comprend
de quoi l’on parle à propos des « paradis fiscaux » (notion qui n’est pourtant pas très précise), le
terme lui-même ne se retrouve pas en droit. Il faut plutôt faire un parallèle avec l’évasion fiscale.
Pour définir la fraude, il faut donc se référer à des notions générales. Par exemple : « Action
faite de mauvaise foi dans le but de tromper ou tromperie ou falsification punie par la loi. Délit de
fraude.83 » Cette définition du Robert est d’autant plus intéressante qu’elle montre que la notion
généraliste plus ancienne a laissé la place à une conception clairement liée au domaine spécifique du
droit.
Une autre définition est perceptible : Action révélant chez son auteur la volonté de nuire à
autrui (conjoint, cocontractant, copartageant, plaideur) ou de tourner certaines prescriptions légales
(fraude fiscale).84» Cette définition juridique du terme allie à la fois la définition ancienne présentée
par le Robert, mais en la cantonnant au domaine juridique et la définition moderne. Il faut ajouter
que les juristes prolongent la notion de fraude par ce qu’ils appellent la « fraude à la loi » : c’est-à-
dire la fraude à l’esprit de la loi qui consiste à appliquer la lettre des textes tout en voulant échapper

80
GUEX (S), Le scandale des fraudes fiscales et de la Banque Commerciale de Bâle. De l’une des causes possibles de la
chute du Gouvernement Herriot en décembre 1932, in F. Bourillon B. Touchelay et al. (éd.), Des économies et des
hommes. Mélanges offerts à Albert Broder, Paris, Éditions Bière, 2006, p. 45-55.
81
Jean-Luc Albert, « Faut-il conserver la spécificité douanière ? », RFFP n°113, fév. 2011, p. 234.
82
BASTID (J.) ET DEMUMIEUX (J.-P), Les douanes, Puf, coll. Que sais-je ? n°846, Paris, 3e éd., 1976, p.114.
83
J. REY-DEBOVE ET A. REY (dir.), Le Nouveau Petit Robert. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue
française, Paris, Le Robert, 2010, p. 1098.
84
S. Guichard et G. Montagnier (dir.), R. Guillien et J. Vincent, Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 14e éd.,
2003, p. 285.

34
à leur objectif. Par exemple, la convention franco-monégasque de 1963 prévoit que les résidents
fiscaux de nationalité française qui s’installent à Monaco continuent à payer au fisc français l’impôt
sur le revenu ; serait une fraude à la loi le fait d’être de nationalité française et de chercher à obtenir
par exemple la nationalité belge pour abandonner ensuite la nationalité française et pouvoir s’installer
à Monaco afin d’y échapper à l’impôt français sur le revenu85.
La fraude douanière est une violation des règles douanières mais l’évasion fiscale est « légale
» en ce qu’elle consiste à utiliser les textes pour échapper à l’impôt. Les spécialistes parlent de façon
plus euphémistique d’optimisation fiscale. En tant que telle, et sauf cas particulier, l’évasion n’est
pas une fraude et nécessite des textes spéciaux pour être poursuivie, spécialement l’évasion
internationale.
Il faut d’ailleurs clairement la86 distinguer d’un cas particulier de fraude que les services
douaniers peuvent rencontrer car elle peut être couplée à un délit douanier.

B- LA PARTICULARITE DE LA FRAUDE FISCALE


Contrairement à ce que le langage courant que nous venons d’observer peut laisser penser, il y
a deux types de « fraudes fiscales ». Habituellement, il arrive que l’on parle de fraude fiscale dans un
sens large, incluant l’évasion fiscale citée précédemment, pour qualifier ce que l’on pense être le
non-respect des règles fiscales.
En réalité, la fraude fiscale se limite à certains aspects de ces cas de non-respect des règles87,
comme le précise par exemple en France le conseil des prélèvements obligatoires :
« L’irrégularité, fiscale ou en matière de cotisations sociales, regroupe l’ensemble des cas où le
contribuable n’a pas respecté ses obligations, qu’il ait agi de façon volontaire ou involontaire, de
bonne foi ou de mauvaise foi. Il s’agit en fait de la traduction en français de l’expression non
compliance (cf. infra), telle qu’elle a été retenue par l’Organisation de Coopération et de
Développement Economique (OCDE).
« La fraude suppose un acte intentionnel de la part du contribuable, décidé à contourner la loi pour
éluder le paiement du prélèvement. Pour reprendre une définition utilisée par le conseil des impôts
en 1977, « il y a fraude dès lors qu’il s’agit d’un comportement délictuel délibéré ». La fraude est
donc un sous-ensemble de l’irrégularité.88»

85
Sur cette question du domicile fiscal, cf. la communication du professeur J. Malherbe, « Les frontaliers, la résidence
fictive ou contestée voire de l’expatriation fiscale », lors de la précédente journée d’étude « Des histoires de fraudes et
de frontières. Fraude et espaces transfrontaliers » du 2 novembre 2015 à Lille.
86
La fraude fiscale.
87
Cf. Code général des impôts.
88
Conseil des prélèvements obligatoires, La fraude aux prélèvements obligatoires et son contrôle, La documentation
française, Paris, mars 2007, p. 2.
35
La procédure applicable en matière de fraude fiscale n’est pas le sujet de cette contribution
mais il faut remarquer que techniquement, il n’y aura fraude fiscale (et donc sanctions) que si le juge
pénal le constate, sachant que l’administration fiscale dispose du monopole des poursuites, donc
qu’elle est la seule habilitée à estimer qu’une fraude fiscale mérite des poursuites pénales, car la
fraude fiscale n’est pas un acte ordinaire, c’est un délit pénal spécial.
Ceci étant dit, il faut remarquer :
- que la fraude fiscale correspondant aux cas de violation volontaire de la loi fiscale, cela
correspond bien à la mauvaise foi mise en avant dans la définition générale de la fraude avancée
précédemment par le dictionnaire le Robert. Dès lors, le langage courant est moins précis que cette
définition « ordinaire ».
- pour revenir au sujet, relatif au droit douanier, il y a fraude fiscale lorsque l’acte de fraude
douanière par comme la non-déclaration de marchandises , se double d’une volonté d’éluder l’impôt
exemple : le passage vers la Guinée d’espèces ou de métaux précieux en fraude de manière à
dissimuler au fisc de la matière imposable c’est-à-dire par exemple une part de patrimoine
normalement soumise à l’impôt de solidarité sur la fortune. Compte tenu du cadre transfrontalier de
la fraude qui nous réunit aujourd’hui, et qui renvoie logiquement au droit douanier, il s’agira de
fraude fiscale internationale.
Donc, hormis le cas où la fraude douanière se double d’une fraude fiscale, la notion renvoie à
une conception large des infractions aux règles douanières. La fraude douanière est une forme de
tromperie pratiquée par les importateurs pour échapper au paiement total ou partiel des droits et taxes
à payer.

PARAGRAPHE II : DISTINCTION ENTRE LA CONTREBANDE ET LA


CONTREFAÇON
Outre la fraude, il est également important d’opérer une distinction entre la contrefaçon et la
contrebande. Pour mieux le faire, il est important de définir en premier lieu la contrefaçon (A) et de
donner sa consécration textuelle (B).

A- LA DEFINITION DE LA CONTREFAÇON
Les douanes sont également chargées de lutter contre la contrefaçon. Mais si le CD considère
comme prohibées les marchandises contrefaisantes, il n’en donne pas de définition89.
La contrefaçon, ou marchandise contrefaite est une infraction qui ne relève pas d’une violation
des règles douanières mais constitue une infraction au droit de la propriété intellectuelle. Les douanes

89
NATAREL (E.) « Construction communautaire et mutations du droit national : le code des douanes français en question
», presses universitaires d'Aix-Marseille-PUAM, faculté de Droit et science politique, 2004, p. 174, n° 402
36
sont concernées par cette infraction parce que la lutte contre la contrefaçon nécessite une étroite
surveillance des frontières pour empêcher les marchandises contrefaisantes de pénétrer sur le
territoire national.
Le Lexique des termes juridiques définit la « contrefaçon » comme le « fait pour un autre que
le titulaire d’un droit de propriété intellectuelle ou son licencié d’exploiter ce monopole, portant ainsi
atteinte aux droits de son titulaire90 ». Le Comité Colbert91 précise que c’est « un acte qui porte
atteinte aux droits découlant d’un titre de propriété intellectuelle (marque, brevet, droit d’auteur). La
contrefaçon est aussi le terme généralement utilisé pour désigner un produit contrefait. Les marques
et les produits qui font l’objet d’une contrefaçon sont dits «contrefaits ».92 Cette contrefaçon est à la
fois un délit pénal (art. L 716-9 et L.716-10 du Code de la propriété intellectuelle) et un délit civil
entraînant une responsabilité devant les juridictions civiles pour attribuer des dommages intérêts (art.
L. 713-5 et L. 716-1 du Code de la propriété intellectuelle). Son originalité est que le délit pénal
renvoie au délit civil au lieu d’être spécifique93.
Les compétences de l’administration des douanes sont donc intimement liées à la question des
frontières et de leur franchissement. Étant donné qu’il s’agit de règles de droit, ces compétences
peuvent entraîner des sanctions qu’il importe d’étudier. Ces distinctions de vocabulaire ont donc des
conséquences.
En conclusion, la contrefaçon est la reproduction, l’imitation ou l’utilisation totale ou partielle
d’un objet ou d’une œuvre protégée par la propriété industrielle ou la propriété littéraire et artistique
sans l’autorisation de son titulaire. C’est un acte accompli frauduleusement en violation des droits de
propriété intellectuelle d’une personne. C’est un délit, et à ce titre elle fait l’objet d’une lutte acharnée
par diverses législations spécifiques ou qui consacrent les droits de propriété intellectuelle tant au
niveau mondial que national.

B- LA CONSECRATION DE LA CONTREFAÇON
Sur le plan national, certains États africains réunis au sein de l’Organisation Africaine de la
Propriété Intellectuelle (OAPI) ont confié la protection juridique des droits y afférents à cette
organisation. Celle-ci tient lieu de service national de la propriété industrielle pour chacun des dix-

90
GUICHARD (S) et MONTAGNIER (G) (dir.), Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 14e éd., 2003, p. 163.
91
Association fondée en 1954 par le parfumeur Jean-Jacques Guerlain, et dont l’objet est la promotion de l'industrie
française du luxe en France et à l'étranger.
92
Comité Colbert, La contrefaçon – notions essentielles, s.l. s.d., p.2, téléchargeable sur
http://www.comitecolbert.com/_porter-des-valeurs-communes_ethique.html?id=45&idc=20.
93
BONARD (H) et Bloret-Pucci (G) Fascicule, « Contrefaçon de marques de fabrique, de commerce ou de service »,
JurisClasseur Pénal des Affaires, Paris, Lexisnexis, 28 Octobre 2015, §. 1 et sq.

37
sept États membres94. Jusqu’au 14 novembre 2020, date de l’entrée en vigueur de l’Accord de Bangui
révisé le 14 décembre 2015 et de certaines de ses annexes seulement, l’ensemble de la propriété
intellectuelle de l’OAPI était régie par l’Accord de Bangui du 02 mars 1977 révisé le 24 février 1999.
Dans une optique de consolidation et de modernisation des acquis95, une nouvelle révision a eu
lieu. Les grandes nouveautés du nouvel accord de Bangui sont : l’ajout des États signataires, l’ajout
de nouveaux traités internationaux au préambule, l’élargissement des missions de l’OAPI et la
création d’un centre d’arbitrage et de médiation, la prorogation de la période transitoire pour les
PMA, l’Annexe VII relatif à la propriété littéraire et artistique obtient une force contraignante pour
les Etats membres, l’examen au fond des motifs de délivrance des Titres, l’instauration d’un régime
de copropriété détaillé pour tous les titres, la publication de toutes les demandes de Titres avant
l’enregistrement par l’organisation, l’harmonisation d’un contentieux par devant l’OAPI avant
l’enregistrement des Titres, la revendication de propriété devant le tribunal, la division des demandes
d’enregistrement de Titres, l’admission de nouveaux signes comme marque et de nouvelles
catégories de marques, une demande unique d’enregistrement pour des produits et services,
l’admission des indications géographiques transfrontalières, le régime de l’épuisement international
à tous les droits de propriété industrielle et le renforcement du dispositif de lutte contre la contrefaçon.
Toutes les innovations sont intéressantes, mais le renforcement du dispositif de lutte contre la
contrefaçon mérite une attention particulière. Les aménagements y relatif porte sur l’aggravation des
peines, la prise des mesures préventives et surtout le renforcement des moyens spéciaux de preuve
de la contrefaçon.
En ce qui concerne l’aggravation des peines, conformément à l’Accord ADPIC, les sanctions
pénales de la contrefaçon doivent être constituées de l’emprisonnement et/ou des amendes96. Il s’agit
là des peines principales en matière pénale. Chaque État membre doit les prévoir tout en se rassurant
qu’elles sont dissuasives et en rapport avec le niveau des peines appliquées pour des délits de gravité
correspondante. Ainsi en droit OAPI, suivant l’Accord de Bangui Révisé (ABR) : en matière de
brevet, la peine qui était d’une amende d’un million à trois millions de francs cfa et en cas de récidive
outre l’amende, un emprisonnement d’un à six mois97 est passée à un emprisonnement de un an à

94
Les 17 États membres de l’OAPI sont : Benin, Burkina Faso, Cameroun, République Centrafricaine, Congo, Côte
d’Ivoire, Gabon, Guinée, Guinée Bissau, Guinée Équatoriale, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad, Togo, Union des
Comores
95
Pour les acquis de la propriété intellectuelle dans l’espace OAPI lire : EDOU EDOU (P.), « Les acquis de la propriété
intellectuelle en Afrique – le rôle de l’OAPI », Revue Francophone de la Propriété Intellectuelle, Juin 2018, n°6, pp. 7-
16 ; DIOP (F.), « Les acquis en matière de propriété industrielle dans l’OAPI », Revue Francophone de la Propriété
Intellectuelle, Juin 2018, n°6, pp. 17-24.
96
Art. 61.
97
Art. 58 et art. 59, al.1, AB.

38
trois ans et/ou une amende de 5 millions à 30 millions de francs cfa98. En droit des marques, la peine
de la contrefaçon constituée d’une amende d’un à six millions de francs cfa et d’un emprisonnement
de trois mois à deux ans99, doublées en cas de récidive100 est modifiée à une amende de 5 millions à
30 millions de francs cfa et/ou d’un emprisonnement de trois mois à deux ans, doublées en cas de
récidive. En ce qui concerne les dessins et modèles industriels, il était prévu comme peine de la
contrefaçon, une amende d’un à six millions de francs cfa et en cas de récidive le juge a le choix
entre l’emprisonnement d’un mois à six mois et l’amende.
L’Accord de Bangui Révisé prévoit la peine d’un an à trois ans d’emprisonnement et/ou d’une
amende de 5 millions à 30 millions de franc cfa doublée en cas de récidive101. La nouvelle disposition
sur les sanctions pénales en droit d’auteur prévoit que la contrefaçon et les actes assimilés sont punis
d’un emprisonnement de trois mois à deux ans et/ou d’une amende de un million à dix millions de
francs cfa. D’une manière générale, on constate que le législateur OAPI a renforcé les sanctions
pénales pour lutter contre la contrefaçon. Toutefois on peut déplorer l’absence d’une totale
uniformisation de ces peines qui varient en fonction des matières et le fait qu’elles ne distinguent pas
la contrefaçon perpétrée à grande échelle, présentant des dangers pour les consommateurs et liée à
des réseaux criminels. Le législateur pourrait s’inspirer de ce qui est fait ailleurs, notamment en
France où il y a eu des innovations qui distinguent et renforcent les peines pour le délit de contrefaçon
en bande organisée et portant sur les marchandises dangereuses pour les consommateurs. La diversité
des droits de propriété industrielle ne doit pas nécessairement impliquer la diversité des sanctions en
fonction de ces droits. Une uniformisation des peines, variées plutôt en fonction des formes de
contrefaçon, à l’instar de ce qui est établie en France est souhaitée. Il existe des contrefaçons qui sont
tout aussi dangereuses pour les consommateurs telles celles des médicaments et celles qui ne le sont
pas du tout.
La réforme du droit pénal camerounais offre une nouvelle place à la lutte contre la contrefaçon.
La loi n° 2016/007 est venue refondre le droit pénal camerounais en intégrant, notamment, des
infractions pénales en cas d’atteintes aux droits de propriété intellectuelle. A côté de cela, l’article
405 du CD traite de manière répressive la contrefaçon.

98
Art. 71, ABR.
99
Art. 38, AB.
100
Art. 40, AB.
101
Art. 36 et 37, Annexe IV, ABR.
39
CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRE

La contrefaçon est prohibée au titre du CD et du Code de la Propriété Intellectuelle (CPI). Ces


marchandises sont prohibées au sens du CD. L’infraction relevée est réputée importation ou
exportation sans déclaration de marchandises prohibées au sens de l’article 428 du CD et réprimée
par l’article 414 dudit code. Pour les infractions constatées à la détention ou à la circulation, l’art.
215 du CD permet, pour les contrefaçons de marque, de dessin ou modèle, de droit d’auteur ou droit
voisin et de brevet ou certificat complémentaire de protection, d’exiger en tout point du territoire que
leur détenteur fournisse un justificatif attestant de la régularité de la situation de la marchandise sur
le territoire douanier de la communauté. En l’absence de justificatif valable, la marchandise
contrefaisante est réputée avoir été importée en contrebande (article 419 du CD). L’article 215 bis du
code des douanes permet aux agents des douanes de demander la production d’un justificatif attestant
de la régularité de la situation de la marchandise de contrefaçon de marque et de dessin ou modèle,
sur le territoire douanier (attestation d’introduction en conformité avec les prohibitions d’importation
ou d’exportation ou justificatif d’origine émanant d’une personne ou société régulièrement établie
sur le territoire douanier national). En l’absence de justificatif valable, la marchandise contrefaisante
est réputée avoir été importée en contrebande au sens de l’article 419 du CD. L’infraction douanière
est constatée par procès-verbal, et la marchandise est saisie102.
Les infractions douanières sont poursuivies par la douane, soit par la voie transactionnelle, soit
par la voie judiciaire. Dans la mesure où les infractions douanières de contrefaçon constituent aussi
des infractions au code de la propriété intellectuelle, poursuivies par le ministère public, les
poursuites douanières s’exercent souvent parallèlement aux poursuites de droit commun.

102
Article 419 du Code des Douanes.
40
CHAPITRE II : LA CLASSIFICATION DE
LA CONTREBANDE PAR LE DROIT
DOUANIER

41
La contrebande est une infraction douanière d’envergure internationale. La contrebande est
un délit réprimé par le CD. Il s’agit d’un délit qu’on constate notamment pour ce qui concerne les
produits de diverse nature. Le commerce de marchandises effectué en infraction aux lois fiscales et
douanières d’un Etat qui est soit formellement prohibé, soit assujetti à des droits particuliers
l’importation et l’exportation de ces marchandises. Par extension, on utilise le terme de contrebande
pour la marchandise frauduleuse elle-même. De nombreux Etats ont réalisé une entraide en vue de la
lutte et de la répression de certaines contrebandes (armes, tabac, alcool, viande). Le contentieux
douanier naît généralement à l’occasion du recouvrement d’une créance, ou de la constatation d’une
infraction douanière. Il englobe l’ensemble des règles relatives à la procédure de constatation et de
règlement des litiges portant sur l’interprétation des textes dont l’application et l’exécution
incombent partiellement ou en totalité à la douane.
La qualification des infractions douanières nécessite donc de se reporter aux descriptions
énumératives figurant dans ledit Code. Par ailleurs, le Code des douanes fait un usage abondant
de termes dont l’explicitation permettrait aux usagers du service de mieux appréhender certaines
infractions. Au nombre de celles-ci figurent les notions de marchandises prohibées ou fortement
taxées. Afin de mieux comprendre le phénomène de contrebande, il est primordial de différencier
la contrebande (Section I) par nature des autres formes de contrebande (Section II).

SECTION I : LA CONTREBANDE PAR NATURE


On peut également l’appeler la contrebande officielle. Ce type de contrebande consiste
essentiellement en l’importation ou l’exportation de marchandises en dehors des bureaux de douanes,
en d’autres termes la violation de l’article 403 du CD qui dispose que toute marchandise importée ou
réimportée ou destinée à être exportée ou réexportée doit être conduite auprès d’un bureau de douane
compétent pour y être soumise au contrôle douanier103. Afin de mieux cerner cette forme de
contrebande, attardons-nous d’abord sur sa consécration (Paragraphe I) ensuite sur sa matérialisation
(Paragraphe II).

PARAGRAPHE I : LA CONSECRATION
En Janvier 1994, sous la pression des institutions financières internationales, 14 pays
d’Afrique de l’Ouest et du Centre, ainsi que les Comores, dévaluaient leur monnaie, de 50% pour

103
DESTRAZ (S.), « Rémanence et renaissance d'une institution : de la contrainte par corps à la contrainte judiciaire »,
Dr. pénal oct. 2004, chron. p. 11.

42
l’UEMOA et la CEMAC, et du tiers pour le dernier pays cité104. Censée résoudre de nombreux
problèmes socio-économiques, cette dévaluation a au contraire favorisé une accentuation de la baisse
du pouvoir d’achat des populations de ces ensembles régionaux. En effet, le pouvoir d’achat « est la
quantité de biens et services que l’on peut acheter avec une unité de salaire. Son évolution est liée à
celles des prix et des salaires. Si les prix augmentent dans un environnement où les salaires sont
constants, le pouvoir d’achat diminue »105. La contrebande est le transport illégal de marchandises.
Ces produits peuvent être légaux, comme l’alcool et le tabac, ou illégaux, comme les drogues et les
armes. Le trafic illégal d’immigrants est également une forme de contrebande. Les réseaux du crime
organisé exploitent les nouvelles possibilités et technologies, les différences entre les régimes de
réglementation nationaux et les liens entre les systèmes économiques, financiers et de transport
mondiaux à leur propre profit. Les profits tirés de la contrebande sont souvent utilisés pour financer
d’autres activités criminelles. Tous les niveaux de la société sont touchés par le trafic de marchandises
illicites. Par exemple, la contrefaçon nuit aux entreprises qui produisent et vendent des produits
légitimes, les gouvernements perdent des recettes fiscales provenant de produits fabriqués ou vendus
sur le marché noir, et les consommateurs sont menacés par des produits de qualité inférieure. Le trafic
d’êtres humains à des fins lucratives contrôle de plus en plus le flux de migrants à travers les
frontières. Les conditions de voyage sont généralement inhumaines et les accidents mortels se
produisent fréquemment.
Elle est interdite par le CD, le Code Pénal et certains textes régissant le secteur du commerce
au Cameroun.
Les infractions douanières peuvent être classées autour de cinq qualifications principales à
l’instar de la contrebande, les fausses déclarations, l’inexécution des engagements souscrits, les
importations et exportations sans déclaration et les oppositions aux fonctions. A l’exception de la
contrebande, qui est l’infraction douanière la plus grave et qui rentre dans les délits selon le degré de
gravité, les autres infractions énumérées plus haut sont des contraventions. Les importations et
exportations sans déclaration constituent des contraventions de 3e classe, L’inexécution des
engagements souscrits est au maximum passible de sanctions contraventionnelles de la 4e classe et
l’opposition aux fonctions est une contravention de la 5e classe.
Selon l’article 403 du CD, dans cette catégorie d’infraction, les délits sont les faits de
contrebande ainsi que tout fait d’importation ou d’exportation sans déclaration lorsque ces infractions
se reportent à des marchandises de la catégorie de celles qui sont prohibées ou fortement taxées, au

104
le Franc de la Communauté Financière Africaine (FCFA) : Union Économique et Monétaire Ouest Africaine -
UEMOA-(Mali, Bénin, Togo, Côte-d'Ivoire, Sénégal, Burkina-Faso, Niger et Guinée-Bissau) et Communauté
Economique et Monétaire des États de l'Afrique Centrale -CEMAC-(Gabon, Cameroun, Congo, Centrafrique, Tchad et
Guinée-Équatoriale).
105
NDOUTOUME NGOME, Les aspects géopolitiques et géostratégiques de l'exploitation pétrolière dans le Golfe de
Guinée, Thèse de doctorat, Université de Nantes, p. 267.
43
sens du CD, à l’entrée ou soumises à des taxes de consommation intérieure ou prohibées ou taxées à
la sortie.
Parlant des délits de deuxième classe, Il s’agit des délits de contrebande commis par une
réunion de trois individus et plus jusqu’à six inclusivement article 404 du code des douanes
Quant aux délits de troisième classe, ce sont les délits de contrebande commis par plus de six
individus, soit par trois individus ou plus un à dos d’un animal ou à un vélocipède, que tous portent
ou non des marchandises de fraude. Les délits de contrebande par aéronef, véhicule attelé ou
autopropulsé, par navire en embarcation de mer de moins de 100 tonneaux de jauge nette ou 500
tonneaux de jauge brute ou par bateau de rivière. La contrefaçon et l’exportation en contrebande des
produits de pêche dans les eaux nationales selon l’article 405 du CD.
La contrebande constitue un délit de 1ère classe. Selon l’article 406 du CD de la CEMAC. Selon
NWAMBA Thambwe , la fraude douanière de la contrebande se définit comme étant « une fraude
douanière lorsqu’une déclaration en douane a été déposée au bureau et qu’après vérification, il se
dégage que : l’espèce tarifaire est faussée pour payer les droits inferieurs ; les poids et quantités sont
minorés ».Dans le CD , l’article 406 stipule que « la contrebande s’entend des importations ou
exportations en dehors des bureaux ainsi que toute violation des dispositions légales ou
règlementaires relatives à la détention et au transport des marchandises à l’intérieur du territoire
douanier ». Deux cas peuvent dès lors se présenter d’après l’auteur : soit qu’il y a eu erreur simple,
auquel cas la douane se contente de récupérer ce qui est dû au trésor public, mais ce contentieux peut
se conclure sans pénalité ; soit que les inexactitudes sont très volontaires et faites pour diminuer le
montant des taxes dues au trésor public106. Ce sont des cas de fraude caractérisée par la douane qui
non seulement récupèrera les sommes dues au trésor dont le paiement a été frauduleusement éludé,
mais est aussi habilitée à infliger aux contrevenants des amendes pouvant aller jusqu’à trente fois le
montant des droits.
Toujours selon l’auteur, la contrebande c’est la fraude aggravée par l’absence de passage par
un bureau de douane ou par une absence de déclaration.
Pour DIDIER Wilfrid Jean et DENIS Jean-Bernard, la contrebande s’entend des importations
ou d’exportations en dehors des bureaux ainsi que de toute violation des dispositions légales ou
règlementaires relatives à la détention et au transport des marchandises à l’intérieur du territoire
douanier.
On entend par importation ou exportation frauduleuse toute importation ou exportation en
dehors des bureaux de douane ou par des routes légales fermées au trafic international, toute
importation ou exportation sans déclaration, ou toute soustraction des marchandises au paiement des

106
BOUILLART (C.), « Mutations d'un service public régalien, la Douane », 2002, Université de Lille 2.

44
droits ou à la vérification de quelques manières, que ce soit un détournement de destination
privilégiée107.
Le franchissement de la frontière étant par nature extrêmement rapide, l’incrimination de
contrebande trouve de ce fait un obstacle considérable à son établissement. Selon la législation
douanière, les marchandises prohibées à l’entrée ou fortement taxées ou soumises à des taxes de
consommation intérieure sont réputées avoir été introduites en contrebande, et les marchandises de
la catégorie de celles dont la sortie est prohibée ou assujettie à des droits sont réputées faire l’objet
d’une tentative d’exportation en contrebande dans quatre cas108.
Le premier cas, ces marchandises sont trouvées dans la zone terrestre du rayon sans être munies
d’un acquit de paiement, passavant (Titre d’exportation temporaire qui permet la réimportation en
franchise des droits et taxes) ou autre expédition valable pour la route qu’elles suivent et pour le
temps du transport, à moins qu’elles ne viennent de l’extérieur du territoire douanier par la route
conduisant directement au bureau des douanes le plus proche et soient accompagnées des titres de
transport et justification d’origine. Est ainsi coupable de tentative d’exportation des capitaux,
l’individu interpelé la nuit dans le rayon des douanes et porteur d’une mallette contenant une
importante somme d’argent.
Le drawback, cas des marchandises, même accompagnées d’une expédition portant
l’obligation expresse de la faire viser a un bureau de passage, qui ont traversé ce bureau sans que
cette obligation ait été remplie.
Le troisième cas, les marchandises ont été amenées au bureau aux fins de délivrance d’un
passavant et sont dépourvues des titres de transport, quittances ou factures exigées.
Quant au quatrième cas, il s’agit de la détention dans le rayon douanier.
Pour ces deux derniers auteurs, l’importation et l’exportation sans déclaration entrent dans la
catégorie de la contrebande comme indiqué ci-dessus ; tandis que pour DIDIER Wilfrid Jean, il s’agit
du deuxième type d’infraction douanière, qui assure la sanction d’une obligation douanière
fondamentale.
La contrebande par nature qui est encore la contrebande principale consiste donc à la
soustraction ou substitution en cours de transport de marchandises expédiées sous un régime
suspensif, l’inobservation sans motif légitime des itinéraires et horaires fixés ;
versements/embarquements frauduleux effectués dans l’enceinte du port ou sur les côtes, à
l’exception de ceux visés à l’article 412 du CD; fraude douanière relative au transport des
marchandises expédiées sous régime suspensif ; fraude tentée ou faite en dehors des bureaux et qui

107
MWAMBA THAMBWE, Conférence au Diner-débat de la jeune chambre économique, OFIDA, 1990, p.53, in
BUABUA WA KAYEMBE ( M.), Traité de droit fiscal zaïrois, Kinshasa, P.U.Z., 1993, pp.245-246.
108
JEAN DIDIER (W)., op.cit., p.209.
45
n’est pas spécialement réprimée, quant à la violation des dispositions législatives ou réglementaires
portant prohibition des exportations et réexportations ; dissimulation des marchandises des
importations ou exportations sans déclaration, au service des douanes ; marchandises trouvées dans
la zone terrestre du rayon sans les documents obligatoires, introduites en contrebande ou tentative
d’exportation en contrebande ; marchandises dont l’origine n’a pas été justifiée ou avec des
documents falsifiés ou inexacts.
En ce qui concerne le transport terrestre, la contrebande effective peut être faite par la
transgression de l’article 408 du code des douanes qui oblige que toutes les marchandises importées
par les frontières terrestres doivent être conduites aussitôt au bureau des douanes le plus proche du
lieu d’introduction, en suivant la route la plus directe désignée par arrêté. Elles ne peuvent dépasser
celui-ci sans autorisation. Toutefois, lorsqu’un poste de douanes existe au niveau du lieu
d’introduction, le conducteur est tenu de soumettre la déclaration au visa des agents des douanes 109.
Dans ce cadre, nous pouvons constater que l’élément caractéristique de la contrebande consiste en la
fuite du contrôle douanier. Ainsi, le passage des marchandises non masquées dans les lieux
spécialement aménagés, n’est pas considéré comme un fait de contrebande. La contrebande est liée
à la recherche d’une meilleure rentabilité économique .Tous les commerçants du monde recherchent
les meilleures conditions de prix possibles, tant à l’achat qu’à la vente. Peut-être même pourrait-on
dire que tout le monde est dans le cas. Toute personne qui, dans la vie de tous les jours, accepte une
fourniture quelconque sans facture, payée en liquide un peu moins cher que le prix indiqué, vient de
se faire le complice actif d’une opération de contrebande intérieure. Il est d’ailleurs intéressant de
noter que les anglo-saxons, avec le pragmatisme qui les caractérise, ont une compréhension beaucoup
plus large que les francophones du terme contrebande « qui recouvre toutes les opérations de
transport ou d’échange qui ne respectent pas scrupuleusement la loi ou les règlements. Pour eux, il
n’est nul besoin de passer une frontière, sinon celle de la loi, pour devenir contrebandier. Dans
l’acceptation française du terme, la contrebande suppose une opération internationale. La recherche
de la meilleure rentabilité économique consistera à tenter d’importer au côté le plus faible et
d’exporter au prix le plus fort, en échappant totalement ou partiellement aux droits et taxes nationaux.

PARAGRAPHE II : LA MATERIALISATION
Dans le CD, il est exigé à toutes les marchandises importées ou exportées la formalité d’une
déclaration en détail leur assignant un régime douanier ; et l’exemption des droits et taxes soit à
l’entrée, soit à la sortie, ne dispense pas cette obligation. A l’image de ce qui a été observé à propos
de la contrebande, les importations et exportations sans déclaration prennent non seulement la forme

109
DUPONT P., « Les Douanes françaises », 1913, T.III.
46
d’une infraction correspondante stricto sensu à ce concept, mais encore recouvrent une multitude
d’assimilations qui donnent à l’incrimination un aspect tentaculaire.
Ainsi, pour DIDIER Wilfrid Jean, des importations ou exportations sans déclarations sont donc
celles passant par des bureaux de douane sans déclaration en détail ou sous la couverture d’une
déclaration en détail non applicable aux marchandises présentées.
Ce sont assurément les assimilations communes aux importations et exportations sans déclaration
des marchandises prohibées, qui méritent le plus d’attention, ne serait-ce qu’en raison de l’abondant
contentieux dont elles ont fait l’objet110.
Effectuées sans les titres, sont également réputées effectuées en contrebande les opérations
énumérées par l’article 408 du CD à l’entrée ou fortement taxées ou encore soumises à des taxes de
consommation intérieure.
Sont également assimilées à des faits de contrebande, les infractions portant sur les
marchandises concernant le matériel de guerre, stupéfiants, marchandises dangereuses ou
contrefaites, bijoux, alcool, tabacs. Lorsque le document d’accompagnement ou justificatifs d’origine
de ces marchandises ne sont pas produits. Est également assimilé à la contrebande le fait de ne pas
produire les justificatifs d’origine des marchandises.
Le délit d’importation ou exportation sans déclaration est contenue dans l’article 409 du CD.
« Constituent des importations ou exportations sans déclaration ; les importations ou exportations par
les bureaux de douane, sans déclaration en détail ou sous le couvert d’une déclaration en détail non
applicable aux marchandises présentées ; les soustractions ou substitutions de marchandises sous
douane ». Dans la catégorie des délits d’importations et exportations assimilés à ceux sans
déclaration, on retrouve la fausse déclaration d’espèce tarifaire, La sous-évaluation ou la fausse
déclaration des valeurs, La fausse déclaration d’origine ou de provenance.
La fausse dénomination est une déclaration inexacte quant à la nature et aux conditions
d’utilisation de la marchandise ; les marchandises ont été déclarées totalement ou partiellement sous
une rubrique autre que celle assignée par le tarif, celle-ci conduisant à une taxation supérieure.
Ainsi l’importateur déclare au bureau des douanes comme provenant d’Italie un stock de
chemisettes fabriquées en Turquie et sur lesquelles il a fait apposer une étiquette portant le mot made
in Italie. Il y avait par ailleurs une fausse déclaration tombant aussi sous le coup de la disposition de
la fausse dénomination. L’inexactitude peut consister en une position inexacte ou sous une position
inexacte. En effet, l’article 412 du CD mentionne plus haut les fausses déclarations de la valeur ou
l’origine des marchandises ou dans la désignation du destinataire réel ou l’expéditeur réel, lorsque
ces infractions ont été commises à l’aide des factures, certificats ou tout autre document faux,
inexacts, incomplets ou non applicables. L’article 424 du CD lui, prévoit les pénalités sont liquidées

110
CLINQUART J., « Les juridictions d'exception en matière douanière sous le Premier Empire ».
47
sur la base du Tarif Général applicable à la catégorie la plus fortement taxée des marchandises de
même nature et d’après la valeur moyenne indiquée par la dernière statistique douanière.
La sous-évaluation ou la fausse déclaration des valeurs, Il y a sous-évaluation lorsque la déclaration
reprend une valeur inférieure à la réalité alors que la quantité et la nature de la marchandise sont
exactes ou conformes. A l’instar de la fausse déclaration de quantité, toute valeur reconnue supérieure
à 5% est passible d’une amende. En d’autres termes, le déclarant n’encourt aucune pénalité si la
différence des valeurs primitivement déclarées fait l’objet d’une récupération d’office. Cette règle
s’applique à l’importation comme à l’exportation111.
Quand le déclarant s’est conformé, c’est-à-dire, lorsqu’il a remis à la douane les factures et
qu’il a justifié de tous les frais supportés par les marchandises depuis le lieu de provenance jusqu’au
lieu d’introduction dans le pays, on établit un bulletin de sous-évaluation, qui a été remplacé par un
nouvel acte de procédure intitule : constat d’infraction et proposition de transaction. Ce formulaire
établi dans tous les cas d’utilisation des procédures qu’il remplace, à savoir pour la constatation des
infractions tels que la sous-évaluation, la fausse dénomination, la non déclaration, le manquant,
l’excèdent, ou autres infractions commises sans l’aide de faux et sans intention de fraude.
La fausse déclaration d’origine ou de provenance a pour but d’éluder une mesure de prohibition, de
contourner une restriction ou une mesure légale de contrôle, elle est passible de la confiscation des
marchandises et d’une amende égale au double de la valeur. En effet pour la plupart des cas les délits
douaniers sont réglés par le tribunal correctionnel et ils sont pour la majorité des délits de
contrebande.
Pour échapper totalement ou presque aux droits douaniers, les importateurs frauduleux
disposent de deux méthodes principales : la contrebande au sens traditionnel du terme et la
modification d’appellation. Elle est celle qui voit des marchandises franchir clandestinement une
frontière pour être ensuite vendues sous le manteau. La première marchandise de contrebande dont
on a beaucoup parlé dans les temps modernes est sans doute le thé. Par contre la marchandise qui,
depuis la dernière guerre, a été le plus souvent l’objet de contrebande est la cigarette. Le phénomène
de la contrebande est général et peut concerner n’importe quelle sorte de marchandises. En Colombie,
par exemple, l’industrie du tabac, la confection, les fabriques de chaussures et les maroquineries sont
des industries pratiquement ruinées par l’afflux de marchandises de contrebande. Celles-ci ont
représenté 84 % des achats de vêtements, et plus de 50 pourcents des achats de sacs ou de chaussures
des colombiens durant les trois premiers mois de 1996112.

111
BONNOT (M.), L'incarcération hors jugement, thèse, université de Montpellier, 2010.
112
RAVILLARD (P.), La répression des infractions douanières dans le Grand marché intérieur , Thèse publiée aux
éditions GLN-JOLY, 1992.
48
Elles consistent à transformer une marchandise qui ne l’est pas ou qui l’est moins et de la
faire ensuite entrer officiellement dans le pays. Exemple, un trafic de ce type, fort bien connu en
Afrique de l’Ouest était celui des voitures Peugeot assemblées dans l’usine de Kano, dans le nord du
Nigeria. Considérées comme des produits locaux, ces voitures étaient soumises au Nigeria à des
droits et taxes beaucoup plus faibles que dans les pays voisins qui eux, appliquaient parfois jusqu’à
200 pourcents de droits de douane. D’autres cas fréquents ou ces modifications interviennent
concernent les zones économiques pratiquant des méthodes protectionnistes.
Afin de conserver des prix de revient acceptables, mais en courant des risques moins
importants, les importateurs vont faire de fausses déclarations, modification d’appellation,
modification de qualité, modification de prix et déclaration de camouflage.
Comme acte de contrebande nous pouvons donc citer :
- Les exportations clandestines, C’est essentiellement dans les pays dont la monnaie n’est pas
totalement convertible que se produisent les opérations d’exportation par contrebande pour des
raisons économiques. La notion de convertibilité d’une monnaie n’est pas évidente pour la majorité
d’entre nous, habituée à ce que son argent ait partout la même valeur ou presque. Certes, de
nombreuses personnes ont pu faire l’expérience, souvent au cours de vacances dans des pays
étrangers, de certaines opérations clandestines de change dans la rue, qui, bien souvent d’ailleurs, ont
largement tourné à leur désavantage. Il faut cependant savoir que vivre avec une monnaie non
convertible, dont la valeur officielle est parfois très éloignée de sa valeur réelle, a longtemps été le
lot quotidien de plusieurs milliards de personnes.
- Le détournement de la loi, à l’importation, la contrebande vise dans ce cas, à éviter tout
contrôle aux marchandises faisant l’objet d’une interdiction pure et simple d’importation, ou étant
soit d’origine interdite, soit d’une authenticité discutable. Les principaux contrôles que suscite la
contrebande à l’exportation sont relatifs à des restrictions d’exportations ou à des vérifications de
destinations. Il y a également quelques restrictions quantitatives ou qualitatives, selon les cas. Les
entrées frauduleuses bravant des interdits sont de deux types ou de deux niveaux ; légaux ou
règlementaires113.
- Le détournement des prohibitions légales, c’est la contrebande visant à introduire des
marchandises prohibées de nature selon le type de prohibition qu’elle enfreint. Elle est nettement
criminelle lorsqu’elle enfreint des lois nationales visant à la protection de la santé publique ou de
l’environnement. Ceci concerne principalement les divers stupéfiants, les armes, et les munitions
dont nous ne parlerons pas ici, mais aussi les médicaments et certains produits alimentaires.

113
RIDEAU-VALENTINI S., Contribution à l'étude des particularismes de la matière pénale douanière , thèse 1999.
49
- Les réseaux d’introduction d’immigrés clandestins, C’est la forme de contrebande de
personnes destinée à approvisionner en une main d’œuvre à bas prix certaines entreprises des pays
développés qui ont des législations très strictes sur l’immigration.
- Les entrées de biens d’origine interdite, C’est la violation très souvent volontaire de
détourner un boycott ou un embargo sur des produits.
Les entrées de biens d’une authenticité douteuse, Ce sont les produits contrefaits. La
contrefaçon est la fabrication, la vente etc. de produits en violation des droits de propriété industrielle
ou intellectuelle. Elle se caractérise essentiellement par des actes de nature à créer une confusion
avec l’établissement, les produits ou les activités industrielles ou commerciales d’un concurrent ou
des indications ou allégations qui pourraient induire le public en erreur. Quant à la nature, au mode
de fabrication, aux caractéristiques, à l’aptitude, à l’emploi ou à la quantité des marchandises. Elle a
pris une importance considérable dans les affaires internationales et semble malheureusement bien
être l’une des conséquences négatives de nombreux transferts de technologie imprudents.
- Les exportations illégales, Elles consistent à échapper à des restrictions quantitatives.

Les raisons peuvent être l’application de quota, la protection du patrimoine national ou le respect de
traités ou accords internationaux, on peut inclure dans la catégorie des exportations illégales,
l’exportation d’animaux, de plantes protégées et d’œuvres d’art constitutives du patrimoine national
et pour lesquelles la demande étrangère est parfois extrêmement forte.
- La contrebande de billets ; blanchir l’argent sale, On blanchit de l’argent sale pour pouvoir le
réintroduire dans les circuits officiels pour l’utiliser librement. La contrebande de billets n’est qu’un
des moyens du blanchiment de l’argent sale, relativement un des plus simples. Il existe différentes
techniques pour redonner à des billets de provenance inconnue, une origine comptable et fiscale
officielle. Un des moyens est l’achat de billets de loterie gagnant ou de passer par des casinos, l’argent
devient ainsi un gain au jeu. Un autre est de monter des restaurants ou plus généralement des services
qui enregistrent des repas fictifs, ou plus généralement des achats en très grand nombre. Le restaurant
a une activité officielle minimale, pour être une devanture crédible114. L’argent sale réapparaît sous
la forme d’un chiffre d’affaires fictives que justifie l’acquisition d’actifs (les locaux et le fond du
restaurant), permet de rémunérer des hommes de main (serveurs fictifs). S’il subsiste des bénéfices,
ceux-ci seront assujettis à l’impôt et aussi définitivement et totalement blanchis. Mais dans bien de
cas, l’argent se situe en liquide à l’étranger et il faut trouver un moyen discret de le rapatrier. Le
blanchiment d’argent peut entrer dans la catégorie de la contrebande traditionnelle pour les nombreux
cas où il s’est précédé d’un transfert physique à travers une frontière.

114
AIRCADI (M.), « L'amélioration des rapports entre les citoyens et les administrations fiscales et douanières, Rapport
au Ministre de l'Economie, des finances et de la privatisation. » La Documentation française, 1986.
50
SECTION II : LES AUTRES FORMES DE CONTREBANDE

Il s’agit ici de la contrebande par assimilation (Paragraphe I) et de la contrebande par extension


(Paragraphe II).

PARAGRAPHE I : LA CONTREBANDE PAR ASSIMILATION


Elle consiste à l’importation ou l’exportation sans déclaration de marchandises passant par un
bureau de douane mais soustraites à la visite du service des douanes. Ainsi, leur dissimulation dans
des cachettes spécialement aménagées ou dans des cavités ou espaces vides pas normalement destinés
au logement de marchandises sont les pratiques des fraudeurs. C’est donc des importations et
exportations sans déclaration par nature en faisant des manœuvres ayant pour but ou pour effet de
mettre à la consommation ou d’exporter des marchandises en éludant le paiement des droits et taxes
ou l’application des formalités dont le service des douanes a la charge, même après le dépôt d’une
déclaration en détail115.
Exemple : Fausses déclarations ou manœuvres ayant pour but d’obtenir le remboursement
d’une exonération, d’un droit réduit ou un avantage quelconque attaché à l’importation ou à
l’exportation.
Vu le développement et la diversité des techniques et méthodes utilisées dans les opérations de
contrebande, ces infractions sont devenues de plus en plus difficiles à prouver.
De ce fait, le législateur a eu recours à l’établissement des présomptions de preuves par disposition
des lois. En lisant les textes du CD, nous pourrons distinguer entre deux types de faits de contrebande.
Les faits de contrebande ayant trait avec le rayon des douanes : La transgression des articles
1, 4 du code dispose que : sont interdites dans le rayon des douanes : La détention à des fins
commerciales ou la circulation des marchandises prohibées à l’importation pour lesquelles on ne peut
produire à première réquisition des agents des douanes, un document probant établissant la situation
régulière de ces marchandises vis-à-vis de la législation douanière.
La détention de marchandises prohibées à l’exportation non justifiée par les besoins normaux
du détenteur destinés à l’approvisionnement familial ou professionnel, le cas échéant apprécié selon
les usages locaux.
Les mêmes articles dans leur transgression disposent que : les marchandises prohibées ou
fortement taxées même régulièrement manifestées découvertes à bord des navires de moins de cent
(100) tonneaux de jauge nette ou de moins de cinq cents (500) rayons des douanes sont réputées à
faire l’objet d’une importation à la contrebande. Tonneaux de jauge brute, navigant ou se trouvant à

115
BERR (C-J.), Les sanctions douanières sont-elles disproportionnées ? , D. 1987, Chron. p. 119.
51
l’ancre dans la zone maritime du territoire douanier. Le transport ou la détention des marchandises
soumises à une autorisation de circuler, en transgression des articles 1, 5 du CD.
Les faits de contrebande ayant trait avec le territoire douanier : Cette catégorie de faits est liée
à la marchandise sensible à la fraude visée par l’article 3 du CD. La liste de ces marchandises a été
déterminée par l’arrêté du ministre chargé des finances. Ainsi, leur détention et leur transport à des
fins commerciales sont considérés comme des faits de contrebande sauf en cas de présentation d’un
document probant établissant la situation régulière de ces marchandises vis-à-vis des lois et
règlements que l’administration des douanes est chargée d’appliquer.

PARAGRAPHE II : LA CONTREBANDE PAR EXTENSION


Elle se traduit par toute violation des dispositions légales ou réglementaires relatives à la
détention et au transport des marchandises à l’intérieur du territoire douanier.
Une marchandise est un produit de l’activité humaine, direct ou indirect essentiellement
déterminé à être un support à la forme d’échange qu’on nomme achat (ou corrélativement, vente).
Cet échange s’opère au moyen de la marchandise. Exemple de marchandises : l’argent sur la base
d’un prix, parfois aussi appelé « valeur d’échange » ou « valeur marchande »116. On note à ce
sujet qu’il existe diverses théories économiques définissant une valeur des biens considérée,
parfois différente du prix. Les marchandises sont des biens matériels, des services ou des vertus
; en bref, tout ce qui s’échange contre de l’argent. Un sens plus restreint se réfère à des matières
et produits de base banalisés et standardisés, échangés et utilisés couramment en grandes
quantités (le terme anglo-saxon de « commodités ou produits de base » est parfois alors utilisé).
Exemple : Bourse des marchandises. Les deux facteurs de la marchandise : valeur d’usage
et valeur d’échange ou valeur proprement dite. (Substance de la valeur, Grandeur de la valeur.)
La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s’annonce
comme une « immense accumulation de marchandises ». L’analyse de la marchandise, forme
élémentaire de cette richesse, sera par conséquent le point de départ de nos recherches.
La marchandise est d’abord un objet extérieur, une chose qui par ses propriétés satisfait
des besoins humains de n’importe quelle espèce.117 Que ces besoins aient pour origine l’estomac
ou la fantaisie, leur nature ne change rien à l’affaire. Il ne s’agit pas non plus ici de savoir
comment ces besoins sont satisfaits, soit immédiatement, si l’objet est un moyen de subsistance,
soit par une voie détournée, si c’est un moyen de production. Les articles 20 et 21 du présent CD
définissent les marchandises comme étant tous les produits et objets de nature commerciale ou
non et d’une manière générale toutes les choses susceptibles de transmission et d’appropriation.

116
BERR (C-J.), Réflexions sur le contentieux douanier répressif, MOCI 1997, n° 1316-1317.
117
BOULOC (B.), « Droit communautaire et droit pénal douanier », Problèmes actuels de science criminelle P.U.A.M.
1993, p.9.
52
D’après cette définition, nous pouvons déduire qu’on ne peut appeler marchandise que les
produits et les objets qui peuvent être détenus d’une façon légale, ce qui implique l’exclusion
implicite des produits et objets qui ne répondent pas à cette condition telle que la drogue. Pour
répondre à cette problématique, la jurisprudence a considéré cette catégorie de produits comme
étant des marchandises en vue de résoudre les problèmes contentieux relatifs à ce type de
produits.
Chaque chose utile, comme le fer, le papier, etc., peut être considérée sous un double
point de vue : celui de la qualité et celui de la quantité. Chacune est un ensemble de propriétés
diverses et peut, par conséquent, être utile par différents côtés. Découvrir ces côtés divers et, en
même temps, les divers usages des choses sont une œuvre de l’histoire. Telle est la découverte
de mesures sociales pour la quantité des choses utiles. La diversité de ces mesures des
marchandises a pour origine en partie la nature variée des objets à mesurer, en partie la
convention. L’utilité d’une chose fait de cette chose une valeur d’usage. Mais cette utilité n’a
rien de vague et d’indécis. Déterminée par les propriétés du corps de la marchandise, elle n’existe
point sans lui. Ce corps lui-même, tel que fer, froment, diamant, etc., est conséquemment une
valeur d’usage, et ce n’est pas le plus ou moins de travail qu’il faut à l’homme pour s’approprier
les qualités utiles qui lui donne ce caractère. Quand il est question de valeurs d’usage, on sous-
entend toujours une quantité déterminée, comme une douzaine de montres, un mètre de toile, une
tonne de fer, etc. Les valeurs d’usage des marchandises fournissent le fonds d’un savoir
particulier, de la science et de la routine commerciale. Les valeurs d’usage ne se réalisent que
dans l’usage ou la consommation. Elles forment la matière de la richesse, quelle que soit la forme
sociale de cette richesse. Dans la société que nous avons à examiner, elles sont en même temps
les soutiens matériels de la valeur d’échange. La valeur d’échange apparaît d’abord comme le
rapport quantitatif, comme la proportion dans laquelle des valeurs d’usage d’espèce différente
s’échangent l’une contre l’autre, rapport qui change constamment avec le temps et le lieu. La
valeur d’échange semble donc quelque chose d’arbitraire et de purement relatif ; une valeur
d’échange intrinsèque, immanente à la marchandise, paraît être, comme dit l’école, une
contradiction. Considérons la chose de plus près118. Une marchandise particulière, un quarteron
de froment, par exemple, s’échange dans les proportions les plus diverses avec d’autres articles.
Cependant, sa valeur d’échange reste immuable, de quelque manière qu’on l’exprime, en x
cirage, y soie, z or, et ainsi de suite. Elle doit donc avoir un contenu distinct de ces expressions
diverses. Marx distingue dans la marchandise une valeur d’usage et une valeur d’échange. La
valeur d’usage d’un objet répond à un besoin, comme celui de l’estomac ou de la fantaisie. Elle

118
CARLI (P.), « Service national de douane judiciaire : officier de police judiciaire douanière ? Officier de douane ? »,
Les petites affiches 4/10/1999, n° 197, p. 4-9.
53
satisfait un besoin humain particulier. Sa nature, qu’il s’agisse d’un objet matériel ou d’un
service, ne change rien à l’affaire : du pain, une voiture, les soins d’une manucure, un polar, les
transports publics. Cette valeur d’usage est le résultat d’un travail particulier, concret. Le travail
d’un boucher qui coupe une entrecôte et celui d’un chirurgien qui opère une appendicite,
produisent des valeurs d’usage, mais ils ne peuvent être comparés et ne peuvent donc pas être
échangés. Les valeurs d’usages n’ont, a priori, aucune commune mesure ! Mais puisque les
marchandises sont vendues et achetées, elles doivent posséder quelque chose en commun, faute
de quoi il serait impossible de les comparer pour les échanger.
D’où vient donc cette substance commune ? Quelles sont les conditions qui rendent
possibles la comparaison et donc l’échange des marchandises ? C’est qu’elles sont le produit
d’un travail non pas concret, particulier, mais au contraire d’un travail abstrait. Ce que les
marchandises ont en commun, c’est la valeur d’échange et cette valeur est le résultat d’un travail
abstrait.
Si deux marchandises distinctes s’échangent sur le marché, c’est qu’il doit y avoir dans
ces deux objets un élément commun quantifiable, pertinent pour le marché, un commun
dénominateur. Comment cela se passe-t-il ? La société égalise à travers le marché deux dépenses
particulières de travail, donc met en rapport deux travaux concrets. Le marché établit dans quelle
proportion des marchandises ayant la même valeur abstraite, doivent s’échanger.
Supposons que trois heures de travail représentent la moyenne nécessaire pour produire
un pantalon et qu’il faut neuf heures pour produire une paire de basket (à qualification et données
techniques égales). L’égalisation par le marché consiste à établir une équivalence entre trois
pantalons pour une paire de baskets, de sorte que, indirectement, une heure de travail dans la
production de pantalons s’échangera bien contre une heure de travail pour les baskets.
Il faut introduire ici le concept du temps de travail socialement nécessaire. Si l’on calcule
le travail en heures, il ne s’agit pas simplement d’un temps naturel, mais d’un temps social. Le
temps doit être socialement nécessaire’, c’est-à-dire que l’on néglige le temps individuel, concret,
pour s’intéresser au temps dépensé en moyenne par les travailleurs. Celui qui produit 5 paires de
chaussures par jour, peut les vendre à un prix moindre que celui qui en produit une, sans
diminution de son revenu. La concurrence oblige le moins productif à suivre le plus productif.
Le marché établit une moyenne. Le travail n’est donc pas une catégorie purement physique, une
dépense concrète d’énergie par unité de temps, c’est une catégorie sociale119.
Nous devons également constater que le commun dénominateur des marchandises est en
réalité le travail indirectement social. Que se passe-t-il ? Les capitalistes ne décident pas
consciemment et à priori les produits dont la société a besoin. Il n’y a pas de plan économique.

119
DOBKINE (M.), « La création d'une nouvelle force de police judiciaire : la douane judiciaire », D. 2001, p. 1476.
54
Dans la société marchande, chaque entrepreneur produit pour le marché et c’est le marché qui
décide si le produit est utile, donc social, c’est-à-dire s’il est vendu. Dans le capitalisme, c’est le
marché qui décide après coup, indépendamment de la volonté humaine, si le travail dépensé à la
production d’une marchandise a été utile, donc sociale. Si les produits ne sont pas vendus, ce
travail a été du gaspillage, sans utilité sociale. Si les canons se vendent bien c’est qu’ils
représentent un travail social, tandis qu’un médicament préventif qui ne trouve pas d’acheteur
parce que l’État a dépensé son budget à l’achat de canons, représente un travail non social. Le
marché sanctionne ! Une crise de surproduction est l’expression de cette sanction sociale par la
main invisible du marché. L’échange a donc une fonction sociale : égaliser les travaux concrets
pour qu’on puisse les échanger. C’est donc par le marché, après coup, que se réalise l’allocation
du travail social dans une société fondée sur la propriété privée des moyens de production. De
là, les crises de surproduction, donc de gaspillage social.
Dans le capitalisme, la socialisation du travail se fait à travers le marché. Le marché ne
reconnaît pas le travail concret, particulier, mais seulement le travail abstrait, commun
dénominateur permettant l’échange des marchandises.

55
CONCLUSION DU SECOND CHAPITRE

Le Code des Douanes établit une classification particulière relative aux délits douaniers. La
douane constitue sans conteste une administration au caractère régalien très affirmé, dotée de moyens
d’action particuliers sur le plan juridique, notamment par l’étendue des pouvoirs de contrainte dont
elle dispose et des sanctions prononcées à l’encontre des fraudeurs, au cœur d’un arsenal légal
répressif spécifique et particulièrement efficace. La criminalité contrebandière peut être considérée
comme un phénomène regroupant un ensemble d’actes délictueux dont les auteurs et les
répercussions vont au-delà des frontières d’États contigus. Parmi les types d’activités contrebandières
identifiées dans la sous-région d’Afrique occidentale, il y a la contrebande de marchandises. Cette
forme de trafic est particulièrement marquée entre les différents pays de la sous-région Afrique
centrale. On entend par contrebande, « le transport illégal de marchandises ou de personnes, en
particulier au travers de frontières, ceci aux fins d’éviter de payer les taxes ou de faire entrer des
produits interdits dans un pays ou, inversement, d’en faire sortir malgré l’interdit. La contrebande
comporte plusieurs étapes : la fourniture, la vente, le conditionnement, le transport, l’achat et la
distribution ».

56
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

L’administration des douanes remplit une mission fiscale puisqu’elle perçoit, sur les produits
importés des pays tiers, les droits de douane fixés par le tarif douanier commun ainsi que les droits
antidumping. Pour le compte des recettes nationales, la douane est chargée de la perception de la taxe
intérieure sur les produits pétroliers, des taxes spéciales sur les moyens de transport (taxes à l’essieu,
droit annuel de navigation sur les navires, taxes sur certains aéronefs). En 1993, a été confié à la
douane le secteur des contributions indirectes : taxes sur la viticulture, les alcools, les tabacs, les
céréales, les spectacles, les appareils de jeux automatiques, la garantie des métaux précieux par la
perception des droits de circulation, de consommation. La douane a ensuite un rôle économique
puisqu’elle œuvre afin d’assurer le respect des accords commerciaux conclus par l’état avec les pays
tiers, c’est-à-dire les règles de contingentement de certains produits, le contrôle des marchandises
soumises à des restrictions de circulation, en raison de leur nature particulière (armement, biens
culturels, médicaments…). Elle connait concomitamment avec les juridictions compétentes des
infractions douanières telles que la contrebande qui a été qualifiée et classifiée dans cette première
partie. Il ne reste qu’à analyser ses moyens de répression.

57
SECONDE PARTIE :
LA REPRESSION DE LA CONTREBANDE

58
Bon nombre de personnes se demandent si la douane est une administration fiscale ou
administration économique et telle fut l’alternative qui pendant longtemps alimentait les controverses
à propos de la douane. Mettant l’accent sur l’aspect fiscal des techniques qu’elle utilise et soulignant
son appartenance au ministère chargé des finances, certains ne voulaient voir en elle qu’un collecteur
d’un impôt, tandis que d’autres, aux yeux desquels le droit de douane apparaissait avant tout comme
l’instrument de la protection, reconnaissaient à cette administration une vocation essentiellement
économique. Cette querelle parlait ci-haut, qui persistait depuis longtemps est aujourd’hui dépassée.

On serait même plutôt tenté de parler de polyvalence à propos de cette administration,


lorsqu’on observe la diversité des secteurs de l’action administrative auxquels s’étendent ses
attributions.120En d’autres termes, les missions confiées à l’Administration des Douanes puisqu’il
s’agit d’une administration, peuvent être complexes, même si à première vue, la première idée qui
vient à l’esprit donne à la douane un rôle fiscal de perception de taxes sur les marchandises qui
franchissent dans un sens ou dans un autre les frontières.

Cependant, ces fonctions se différencient, la Douane a un rôle multiple comme le souligne


Pierre BELTRAME « la douane est une administration paradoxale, en ce sens que son nom répond
mal à ses activités réelles...Les droits de douane ne représentent jamais que 4 % de ses
recouvrements. Les perceptions principales de la Douane aujourd’hui sont la fiscalité pétrolière et
la TVA à l’importation. Ainsi la Douane a-t-elle essentiellement un rôle fiscal »121. De toutes ces
attributions ou missions qui gravitent autour du vocable ou concept de douane s’ajoute qu’elle est
une administration de l’Etat disposant des prérogatives de puissance publique. La difficulté se
poserait sur la détermination des personnes habilitées à connaitre des litiges qui surviennent à la suite
ou au manquement des règles douanières sur le domaine national.

Par ailleurs, il est constaté qu’en réalité la procédure douanière est marquée par la volonté du
législateur de régler les procès douaniers d’une manière simple, rapide et peu coûteuse qui tient
compte en outre de la solvabilité présumée de l’administration des douanes surtout avec la quantité
énorme du travail qui sera enregistrée avec l’opérationnalisation du port en eau profonde de Kribi et
de la qualité de la créance douanière. Cependant le CD CEMAC n’ayant pas institué une procédure
entièrement spéciale, de caractère uniquement douanier, car il renvoie fréquemment aux règles de
droit commun. Le secteur économique étant plus complexe, il nécessite l’interdisciplinarité pour
solutionner les litiges y afférant.

120
BERR (C-J.) et TREMEAU (H.), Droit douanier, Paris, édition Economica, 1988, p.26.
121
BELTRAME (P.), La fiscalité en France, Paris, Hachette, 1993, p. 103.
59
Ces litiges naissent de commission des infractions comme la contrebande dont les auteurs doivent
être sanctionnés (Chapitre I) devant des juridictions compétentes (Chapitre II).

60
CHAPITRE I : LES SANCTIONS DE LA
CONTREBANDE

61
Comme le rappelle le doyen Albert122, la répression de la contrebande s’ancre très
profondément dans le droit de l’Ancien Régime. Sous la Révolution, la loi du 13 floréal an XI
l’assimile à un crime passible de la peine de mort en la considérant comme constitutive d’un « attentat
à la sûreté intérieure de la République ». Le professeur BERR123 précise que « du point de vue de
leurs éléments constitutifs, on peut distinguer les infractions douanières relatives aux marchandises,
aux formalités douanières, et des infractions diverses. En tête des premières figures la contrebande »
caractérisée par le transport de marchandises par-delà les frontières et sans respecter les règles
douanières. Il souligne que « de nombreux agissements sans rapport avec les précédents sont
également constitutifs de contrebande », comme ceux visés à l’article 417 al. 3.
Par exemple, alors que la définition de base de la contrebande implique d’éviter les bureaux
de douane, ce 3e alinéa y inclut les passages auxdits bureaux avec dissimulation de marchandises
C’est le cas par exemple d’un véhicule trafiqué contenant des marchandises prohibées (de la résine
de cannabis) dans des cachettes spécialement aménagées124.
Si la contrebande est bien évidemment le délit central, le plus visible, du droit douanier, il n’est pas
le seul. Claude J. Berr ajoute d’ailleurs que « les infractions relatives aux formalités douanières,
relativement fréquentes en pratique, sont en général aussi sévèrement réprimées que la contrebande125
». Il y a là au sein des infractions douanières la distinction entre les infractions « de campagne » (on
évite le bureau des douanes) et celles « de bureau » (on y fait passer des marchandises sans les
déclarer correctement). Les déclarations mensongères sont poursuivies autant que la contrebande.
Par exemple, le CD stipule que « constituent des importations ou exportations sans déclaration
: 1° Les importations ou exportations par les bureaux de douane, sans déclaration en détail ou sous
couvert d’une déclaration en détail non applicable aux marchandises présentées ». Il en va d’une
fausse déclaration d’origine, comme en 1985 et 1986, des autoradios déclarés importés de Singapour
alors que c’était du Japon, pour échapper aux mesures de contingentement qui affectaient alors les
produits originaires du Japon126.
Mais les douanes sont également chargées de réprimer les infractions à d’autres domaines
juridiques. Il en va ainsi du droit de la propriété intellectuelle.

122
Albert, (JL) V° « Contrebande », in J.-L. Albert,( J.-L). Pierre, D. Richer (dir.), Dictionnaire de droit fiscal et
douanier, Paris, Ellipses, coll. Dictionnaires de Droit, 2007, pp.124-125.
123
Berr, (CJ) Fascicule « Douanes », Rép. droit comm., Paris, Dalloz, 2015, §.141.
124
Cass. Crim., 24 juin 1985, req. n° 84-94955 : Bull. crim. 1985 n° 245. S. Detraz cite (fasc. précit. §.51), CA Douai,
4e ch. corr., 20 janv. 2005 à propos de la dissimulation d'héroïne dans un espace situé derrière la boîte à gants d'une
voiture.
125
BERR (CJ) et TREMEAU,(H) Le droit douanier communautaire et national, Paris, Economica, coll. Droit des
Affaires et de l’Entreprise, série : Études et Recherches, 7e éd, 2006, §.830, p. 446.
126
Crim. 7 juin 2000, no 99-84.486 P: Bull. crim. no 216; RTD com. 2000. 1033, obs. Bouloc.
62
SECTION I : LES SANCTIONS PRINCIPALES
Les procédures conduites en justice pour la répression des infractions douanières obéissent aux
règles posées par le code de procédure pénale. Par exception, le CD comporte des dispositions
spécifiques relatives à la mise en mouvement des poursuites. Ces dispositions concernent plus
particulièrement les règles de compétence des juridictions, le déclenchement des poursuites et le rôle
respectif de l’administration des douanes et du ministère public dans le déclenchement et l’exercice
des actions fiscales et pénales. Le CD prévoit que les litiges douaniers peuvent se régler de différentes
manières, sous le contrôle plus ou moins étroit du juge judiciaire. En effet, la douane dispose d’un
pouvoir discrétionnaire concernant le choix du mode de règlement des litiges, ce qui fait l’une des
particularités de la matière douanière. La répression des infractions prévues par le CD peut s’exercer
selon deux types de procédures. En fonction de la nature des faits répréhensibles et de leur caractère
de gravité, les infractions donnent lieu à l’engagement de poursuites en justice ou font l’objet d’une
sanction par voie transactionnelle.

PARAGRAPHE I : LES SANCTIONS RELEVANT DE L’AUTEUR DE


L’ACTE
En contentieux répressif, les diverses peines édictées par le CD frappent toutes les personnes
qui ont participé à la fraude, soit directement comme auteurs, soit indirectement comme complices
ou intéressés. Ces personnes, dites « pénalement responsables », subissent individuellement les
peines corporelles et privatives de droits auxquelles elles ont été condamnées. Pour obliger les
personnes à s’acquitter des pénalités pécuniaires, l’Administration dispose de la contrainte par corps.
Celle-ci ne peut être exercée à l’égard des personnes civilement responsables. Les personnes
pénalement responsables sont : les auteurs, les intéressés et les complices.
L’efficacité de la répression des infractions douanières tient non seulement à la variété des
sanctions prévues par le CD, mais également aux mécanismes de mise en œuvre de ces sanctions127.
Le particularisme de droit douanier semble moindre en ce qui concerne la poursuite des infractions
douanières que dans le domaine de la qualification des infractions ou surtout de la
responsabilité. En effet, pour l’essentiel, la mise en œuvre des sanctions, c’est à dire la poursuite des
infractions et leur jugement relèvent du droit commun de la procédure pénale. Cependant, si les
juridictions et les règles de procédure pénale ne sont pas spécifiques, il ne faut pas minimiser le rôle
fondamental de la douane dans l’exercice de la poursuite des infractions douanières, qui témoigne
également des pouvoirs exorbitants du droit commun qui lui sont confiés en ce domaine. De la

127
DOBKINE M., « La douane judiciaire, premier bilan d'une police thématique (nouvelles observations sur l'article 28-
1 du Code de procédure pénale), D. 2002, n° 44, p. 3285.
63
commission d’une infraction douanière naissent à la fois l’action fiscale, l’action publique et
éventuellement une action en recouvrement des droits et taxes.
En droit pénal général, selon la classification tripartite des infractions en droit commun, en
application de l’article 21 du Code Pénal, « sont qualifiés de délits, les infractions punies d’une peine
privative de liberté ou d’une amende lorsque la peine privative de liberté encourue est supérieure à
10 jours et n’excède pas 10 ans ou que le maximum de l’amende est supérieur à 25 000 francs… ».
En droit douanier les délits douaniers sont de trois classes et prescrite dans les articles 403, 404 et
405. Comme délits douanier on peut avoir la contrebande et ses effets, l’importation ou exportation
sans déclaration.
Les intéressés à la fraude passibles de peines délictuelles sont ceux qui ont participé comme
intéressés d’une manière quelconque à un délit de contrebande ou à un délit d’importation ou
d’exportation sans déclaration, sont passibles des mêmes peines que les auteurs de l’infraction et, en
outre, des peines privatives de droit édictées par l’article 417 du Code des Douanes. Ces personnes
sont solidaires des peines pécuniaires prononcées. Elles peuvent être condamnées même si l’auteur
de l’infraction n’est pas poursuivi dès lors que le fait principal est établi.
L’auteur de l’infraction est soit celui qui commet ou est réputé avoir commis l’acte punissable,
soit celui qui s’abstient d’exécuter des obligations légales128. Si plusieurs personnes participent d’une
manière directe et immédiate à la perpétration de l’acte coupable ou s’abstiennent d’exécuter les
obligations légales, elles sont dites coauteurs de l’infraction. Les articles 380 à 385 du Code des
Douanes prévoient, en matière de responsabilité pénale, des dispositions spéciales en ce qui concerne
les détenteurs de marchandises de fraude, les transporteurs publics, les capitaines de navires et
commandants d’aéronefs, les déclarants et les soumissionnaires.
Le détenteur de marchandises de fraude est réputé responsable de la fraude en application de
l’article 380 alinéa 1 du CD CEMAC. La responsabilité pénale du détenteur est encourue par le seul
fait de la découverte des objets de fraude sans que l’Administration des Douanes soit tenue d’établir
à sa charge un acte de participation à la fraude.
C’est au détenteur qu’incombe la preuve de non-contravention qui, en règle générale, ne peut
résulter que de la justification d’un fait précis de force majeure.
En droit, pour être considéré comme détenteur, il suffit d’avoir la possession même précaire,
des marchandises de fraude ; il importe peu que le détenteur n’ait ni la possession civile, ni la
propriété des marchandises.
On parle de présomption de détention, lorsque les auteurs de la fraude ne peuvent être identifiés,
une présomption de détention joue dans les cas ci-après, si les marchandises sont trouvées en dépôt

128
DOUCET (J.-P)., « Le contrôle par le juge des référés de l'exercice de la contrainte par corps », Gaz. Pal. 1994, doctr.
p. 395.
64
dans une propriété privée, est réputée détenteur la personne qui a la jouissance légale des lieux
(propriétaire, locataire, sous-locataire, gardien…) ; cette personne ne peut dégager sa responsabilité
pénale que par la preuve d’un cas précis de force majeure. Si des marchandises sont détenues, en
cours de circulation, est réputée détenteur la personne qui les transporte.
Par ailleurs, les cas où les marchandises sont découvertes soit à corps, soit dans les bagages
restés sous la garde d’un voyageur, le préposé à la conduite est réputé pénalement responsable des
marchandises trouvées dans sa voiture. Il est exonéré de la responsabilité pénale en cas de force
majeure. Cependant la loi admet, pour les transporteurs publics, une cause spéciale d’exonération de
responsabilité.
Ceux-ci ne sont pas considérés, eux et leurs agents, comme contrevenants lorsque, par une
désignation exacte et régulière de leurs commettants, ils mettent l’Administration en mesure
d’exercer utilement des poursuites contre les véritables auteurs de la fraude en application de l’article
380 alinéa 2 dudit code129.
Pour les déclarants, ils peuvent être responsable si les irrégularités relevées dans les
déclarations ou s’ils sont responsables des omissions, inexactitudes et si sauf leur recours contre leurs
commettants précité dans l’article 383 du CD CEMAC. Il en est ainsi même si le signataire s’est
conformé rigoureusement aux instructions de son mandant, même si la fausseté de la déclaration
n’est reconnue qu’à posteriori, même si la déclaration n’est inexacte que par suite de l’inapplicabilité
de certains documents que le signataire croyait authentiques et valables. La responsabilité pénale qui
pèse sur le signataire des déclarations ne saurait être écartée en raison de sa bonne foi, mais en ce qui
concerne les conséquences pécuniaires, la loi reconnaît au signataire la possibilité d’un recours contre
ses commettants.
Il n’existe pas de cause spéciale d’exonération pour le déclarant. En particulier celui-ci ne peut
se prévaloir de l’excuse de force majeure.
Les Commissionnaires en Douane agréés quant à eux, leur mission ne consiste pas seulement
à rédiger les déclarations et à présenter les marchandises conformément aux instructions de leurs
commettants. Ils ont l’obligation de veiller à ce que les déclarations soient exactes après avoir
effectué les vérifications nécessaires. Les commissionnaires en Douane agréés sont responsables des
opérations en douane effectuées par leurs soins. Toutefois les peines d’emprisonnement ne leur sont
applicables qu’en cas de faute personnelle en application de l’article 384 alinéa 2 dudit code.
La Responsabilité des soumissionnaires en douane est mise en cause s’il y’a l’inexécution des
engagements souscrits, sauf leur recours contre les transporteurs et autres mandataires. A cet effet,
le Service auquel les marchandises sont représentées ne donne décharge que pour les quantités à
l’égard desquelles les engagements ont été remplis dans le délai et les pénalités réprimant l’infraction

129
Article 380 du C.D.
65
sont poursuivies au bureau d’émission contre les soumissionnaires et leurs cautions. Ils bénéficient
de la cause de non imputabilité. Le soumissionnaire est déchargé de sa responsabilité pénale
lorsqu’il justifie s’être trouvé dans l’impossibilité de satisfaire à ses engagements par suite d’un
événement qu’il ne pouvait ni prévoir, ni conjurer, tel vol des marchandises constaté par un jugement
condamnant les voleurs.
La loi prévoit deux catégories de peines qui portent sur la personne du délinquant il s’agit des
peines privatives de liberté, les peines privatives de droits.
• Emprisonnement ou la servitude pénale.
La peine de servitude pénale ou d’emprisonnement en droit douanière présente les
mêmes caractéristiques par rapport à ceux du droit commun répressif. Elle est règlementée par les
articles 18 du nouveau Code pénal Camerounais le nouveau pénal Camerounais la définie comme
une peine principale130. Dans l’article 367 du code des douanes de la CEMAC. Sa durée va d’un mois
minimum pour les délits de première classe à trois ans pour les délits de troisième classe. Mais la
dispense de peine peut être prononcée par le tribunal dans les conditions de droit commun. La prison
est entrée dans les législations pénales comme un remède infaillible au problème de la criminalité.
Aujourd’hui, elle n’a plus ce prestige, et si elle est toujours maintenue, c’est moins pour ses bienfaits
que par la difficulté à lui trouver une peine de remplacement. En effet les termes des articles 382
alinéa 2 et 85 alinéa 2 du code des douanes, les peines d’emprisonnement encourues par les
commandants de navires de commerce ou de guerre ou des aéronefs militaires ou commerciaux et
les commissionnaires en douane agrées ne leur sont applicables qu’en cas de faute personnel. Par
contre les règles générales posées par les articles 88 et 89 du code pénal en matière de récidive et de
qualité de fonctionnaire du délinquant sont aussi applicables en cas de condamnation à une peine
d’emprisonnement.
Il s’agit de la contrainte par corps le CD statue sur cette peine dans son article 362 alinéa 2 «
les jugements et arrêts portant condamnation pour infraction aux lois de douanes sont outre exécutés
par corps ». De ce fait tout individu condamné pour contrebande est, nonobstant appel ou pourvoi en
cassation, maintenu en détention jusqu’à ce qu’il se soit acquitté du montant des condamnations
pécuniaires prononcées contre lui. Cette disposition permet de maintenir en détention, jusqu’à
paiement complet des pénalités fiscales, la personne condamnée pour délit douanier 131.
• Les peines privatives de droits
Ce sont les peines judiciaires d’abord. Aux termes de l’article 416 du CD CEMAC, en sus
des sanctions prévues par le code, ceux qui sont jugés coupables d’avoir participé comme intéressés
d’une manière ou d’une autre quelconque à un délit de contrebande ou à un délit d’importation ou

130
Article 18 CP.
131
Article 362 du CD.
66
d’exportation sans déclaration sont déclarés incapables d’être électeurs ou élus aux chambres de
commerce et aux tribunaux de commerce tant aussi longtemps qu’ils n’auront pas été relevés de cette
inaptitude.
A cet effet le Procureur Général envoie au Directeur Général des Douanes des extraits de
jugement correctionnel devenus définitifs ou des arrêts de la cour relative à ces individus et assure
leur publicité par affichage dans les auditoires, bourses et places de commerce et insertion dans les
journaux conformément aux dispositions du Code de Commerce.
A ces peines s’ajoutent de l’amande pénale, la confiscation, et l’astreinte.

PARAGRAPHE II : LES INFRACTIONS EMANANT DU NOMBRE


D’AUTEUR ET DU MODE OPERATOIRE
Ici il s’agit de la sanction concernant les délits douaniers autres que celui de première classe.
Parlant des délits de deuxième classe, Il s’agit des délits de contrebande commis par une réunion de
trois individus et plus jusqu’à six inclusivement article 404 du CD. S’agissant des délits de troisième
classe, ce sont les délits de contrebande commis par plus de six individus, soit par trois individus ou
plus un à dos d’un animal ou à un vélocipède, que tous portent ou non des marchandises de fraude.
Les délits de contrebande par aéronef, véhicule attelé ou autopropulsé, par navire en embarcation de
mer de moins de 100 tonneaux de jauge nette ou 500 tonneaux de jauge brute ou par bateau de rivière.
La contrefaçon et l’exportation en contrebande des produits de pêche dans les eaux nationales selon
l’article 405 du CD.
L’intérêt à la fraude est une modalité spéciale de complicité propre à la législation douanière.
Les personnes intéressées à la fraude peuvent être passibles de peines délictuelles ou de peines
contraventionnelles132.
Les intéressés à la fraude passibles de peines délictuelles sont ceux qui ont participé comme
intéressés d’une manière quelconque à un délit de contrebande ou à un délit d’importation ou
d’exportation sans déclaration ; ils sont passibles des mêmes peines que les auteurs de l’infraction et,
en outre, des peines privatives de droit édictées par l’article 417 du Code des Douanes. Ces personnes
sont solidaires des peines pécuniaires prononcées. Elles peuvent être condamnées même si l’auteur
de l’infraction n’est pas poursuivi dès lors que le fait principal est établi.
Le fait constitutif d’intérêt peut être postérieur au fait principal punissable.
Il n’est pas nécessaire qu’il y ait eu participation matérielle à l’opération frauduleuse et il
importe peu que le fait constitutif ait été commis dans le territoire douanier ou à l’étranger. En matière
d’intérêt à la fraude, l’excuse de bonne foi ne peut être retenue sauf dans les cas prévus à l’article
387 (2) du Code des Douanes où la connaissance coupable est nécessaire. Les intéressés ne peuvent

132
Article 405 du CD.
67
être exonérés de toute responsabilité pénale que s’ils peuvent exciper d’un cas de force majeure.
L’intérêt à la fraude ne peut, en outre, être imputé à celui qui a agi en état de nécessité ou par suite
d’erreur invincible en application de l’article 387 alinéas 3 du CD CEMAC.
Sont réputés intéressés à la fraude au sens de la loi douanière les entrepreneurs, membres
d’entreprise, assurés, bailleurs de fonds, propriétaires de marchandises et, en général, ceux qui ont
un intérêt direct à la fraude en application de l’article 387, alinéa 2 (a) du CD. Les Intéressés par
coopération à l’exécution du plan de fraude, sont ceux qui ont coopéré d’une manière quelconque à
un ensemble d’actes accomplis par plusieurs individus agissant de concert, d’après un plan de fraude
arrêté, pour assurer le résultat poursuivi en commun prévu dans l’article 387 alinéa 2 (b) du CD
CEMAC, ainsi que les intéressés par agissements susceptibles de faciliter l’impunité des fraudeurs.
Ce sont ceux qui ont, sciemment, couvert les agissements des fraudeurs ou tenté de leur procurer
l’impunité précité dans l’article 388 du CD CEMAC133.
Pour les acheteurs ou détenteurs de marchandises de fraude, il s’agit de ceux qui ont sciemment
acheté ou détenu, même en dehors du rayon, des marchandises provenant d’un délit de contrebande
ou d’importation sans déclaration en application de l’article 387, alinéa 2 (c) du code des douanes de
la CEMAC.
Pour ce qui est des intéressés à la fraude passible de peines contraventionnelles, ce sont ceux
qui ont acheté ou détenu, même en dehors du rayon, des marchandises importées en contrebande ou
sans déclaration, en quantité supérieure à celle des besoins de leur consommation familiale, sont
passibles des sanctions contraventionnelles de la 4ème classe.
Ces dispositions s’appliquent aux personnes qui ne peuvent, comme dans l’article 387
paragraphe 2 (c) du Code des Douanes, être convaincues d’avoir agi sciemment et seulement dans le
cas où l’importance des marchandises dépasse les besoins de leur consommation familiale. Ces
personnes se trouvent ainsi désolidarisées des auteurs de la fraude.
Les dispositions du Code Pénal relatives à la complicité sont applicables en matière de douane.
La complicité de droit commun, qui nécessite toujours la connaissance coupable, n’est invoquée que
lorsque les faits qui la constituent matériellement ne peuvent caractériser « l’intérêt » à la fraude au
sens de la loi douanière.
Parmi toutes une diversité des sanctions prévues par le CP, notamment les sanctions
corporelles, les sanctions privatives de liberté, les sanctions restrictives de liberté ou de droit, les
peines prévues par le droit douanier sont puisées dans la catégorie des sanctions patrimoniales que
nous analysons dans le point suivant.
Il s’agit de l’amande pénale, la confiscation, et l’astreinte.

133
Article 387 du CD.
68
• L’amande pénale
L’amende constitue la forme essentielle des peines pécuniaires. Elle a l’avantage de ne pas être
corruptrice c’est à dire connaitre la prison et de conserver son effet afflictif malgré sa réitération
alors que la valeur intimidante et afflictive s’émoussent vite ; elle peut être proportionnée à la gravite
de la faute si le maximum légal est assez élevé ; d’ailleurs certaines amendes sont proportionnelles,
et se trouve adapté et particulièrement à la répression des infractions inspirées par un mobile de lucre
; enfin elle est très avantageuse pour le trésor public alors que l’exécution des peines privatives de
liberté coûte très cher à l’Etat.
L’amende est l’obligation pour le condamné de payer à l’Etat, à titre de sanction pénale, une
somme d’argent nettement distincte des dommages intérêts qui sont alloués à la victime en réparation
de son préjudice, l’amende pénale s’oppose aussi à l’amende fiscale et à l’amende.
Prononcée contre les héritiers après l’acte du délinquant. ; mais en tant que mesure de
réparation, elle échappe en principe au sursis, au non cumul des peines, aux circonstances atténuantes,
elle peut donner lieu à une transaction proposée par l’administration.
L’amende douanière a un caractère impératif, d’où la censure de toute décision ne mentionnant
aucune pénalité dans son dispositif134. Cette caractéristique, qui fait plutôt songer à la peine, n’est
pas vraiment incompatible avec l’aspect réparateur de préjudice de l’amende douanière ; la fraude
douanière, quelle que soit son importance, cause toujours un dommage à l’administration.
Sachant que la sanction consiste à payer au Trésor public une certaine somme d’argent, le
montant est fixé en fonction de la valeur des marchandises litigieuses ou des droits français.
L’amende est fixée dans les limites d’un minimum ou d’un maximum.
Lorsque la pénalité est fonction de la valeur de la marchandise, cette valeur est représentée par
le cours du marché intérieur pour les marchandises d’exportation. Par contre, pour les marchandises
d’importation, il faut y ajouter le montant des droits et taxes.
Lorsque les objets de la fraude ont été endommagés avant d’être saisis, la valeur à retenir, pour
le calcul des pénalités est celle représentée sur le marché intérieur par lesdits objets en bon état.
Le terme droit fraudes est le terme générique qui recouvre les droits compromis et les droits
éludés. II y a droits compromis lorsque l’exactitude de certaines mentions de la déclaration est
découverte au moment de la vérification des marchandises. Il y a droits éludés lorsque l’inexactitude
de non perçu après la vérification et la prise en recette de droits et taxes résultant des mentions
inexactes portées sur la déclaration. L’amende douanière revêt un double caractère à savoir : civil et
pénal

134
IHADADENE RESKI A., « La mise en mouvement de l'action publique en matière fiscale », Rev. sc. crim. 1994, p.
279.
69
En ce qui concerne le caractère civil il y a lieu de retenir que le Trésor public qui subit un
préjudice du fait ou du chef de l’infraction ne donne lieu qu’à une amende unique quel que soit le
nombre des auteurs de cette infraction. Ensuite, les amendes se cumulent lorsque le contrevenant est
responsable pour plusieurs infractions.
Du point de vue de caractère pénal, puisqu’il y a trouble à la vie de la société, il faut
naturellement punir l’auteur de l’infraction. De ce principe découle les conséquences suivantes :
application du principe de la personnalité des peines ; le respect du principe de la rétroactivité des
droits et taxes, l’amende douanière doit être inscrite au casier judiciaire ; et la possibilité pour le juge
d’appliquer une contrainte par corps.
• La confiscation
Elle consiste dans l’attribution à l’Etat de toute propriété des biens appartenant ou non aux
prévenus qui ont été utilisés par eux pour commettre une infraction douanière. Elle a donc un
caractère réel. Elle ne peut être prononcée que par un tribunal. Le service de douane ne peut saisir
l’objet sauf le cas de saisie des pièces à conviction et celui de saisie pour sureté des pénalités, que
lorsque cet objet est passible de confiscation. La saisie est alors une mesure conservatrice et
préparatoire de la confiscation qui sera ultérieurement prononcée par le juge saisi les litiges pénaux.
La confiscation au profit de l’Etat joue un rôle cardinal en droit pénal douanier. Elle est une
mesure d’une redoutable efficacité, frappant non seulement les marchandises de fraude mais aussi
les moyens de transport et les objets servant à masquer la fraude135. Cette efficacité est redoublée si
on sait que la confiscation, qui opère normalement en nature, n’est pas systématiquement cantonnée
à cette forme. La confiscation en valeur peut présenter des intérêts pour l’administration, notamment
si les objets de fraude ne se prêtent guère à la négociation, ayant subi par exemple une forte
dépréciation ou étant de commerce difficile.
Dans l’hypothèse où l’administration termine le litige par voie de transaction, elle pourra donc
exiger dans ce cas en lieu et place de la confiscation l’abandon des objets confisqués. Lorsque les
objets susceptibles de confiscation ne peuvent être saisis, ou lorsqu’ayant été saisis, la douane en fait
la demande, le tribunal peut substituer à la confiscation en nature d’une condamnation pécuniaire
représentant la valeur de ces objets.
La confiscation connait diverses modalités, soit la confiscation en nature ou confiscation réelle
qui touche l’objet même de la fraude ; soit la confiscation par équivalence, dans le cas où l’objet ne
peut pas être présentée.136 Dans ce cas, on procède par la saisie fictive.

135
KLETZEN (A.), « La place de l'administration des douanes dans la régulation des DEFT » Questions pénales,
CESDIP, coll. Études et Données Pénales, Bulletin d'information, janv. 2003-XVI-1.
136
LEBLOIS-HAPPE (J.), « De la transaction pénale à la composition pénale (loi n° 99-515 du
23 juin 1999 », JCP 2000, I, p.198.
70
Quant aux caractères juridiques de la confiscation, il en résulte une mesure de sureté lorsqu’elle
tend à retirer du marché les marchandises prohibées, les produits dangereux, les produits faisant
l’objet d’une concurrence déloyale, de fausse marque d’origine ou de fausse marque de production
ou de fabricant. Notons aussi que la confiscation a un caractère mixte de pénalité et de réparation
comme celui de l’amende.
• L’astreinte
Par rapport à l’amende, l’astreinte est une sanction qui a pour objet d’amener celui à qui elle
est appliquée à obtempérer à un ordre ou une instruction pris en application de la loi. Cette mesure
peut s’appliquer aux personnes sujettes au droit de communication à présenter leurs livres de
commerce et tous documents aux agents enquêteurs. Pour l’application de ce dispositif, est
considérée comme ayant refusé de communiquer, la personne qui, 48 heures après y avoir été requise,
ne s’est pas exécutée. Toute contestation sur l’exigibilité ou le calcul de l’astreinte doit être portée,
dans les dix jours, devant le président du tribunal de 1ère instance compétent territorialement et
statuant en la forme du référé. Le montant total de l’astreinte est, sauf le recours ci-dessus prévu,
liquidé et recouvré comme en matière de droits de douane.

SECTION II : LES SANCTIONS COMPLEMENTAIRES

Si certaines peines complémentaires peuvent être perçues comme des peines principales, elles
s’ajoutent généralement à la peine principale. Elles doivent être spécialement prévues pour
l’infraction en cause. Les peines complémentaires peuvent être obligatoires ou facultatives (le juge
ne sera alors pas obligé de la prononcer). Mais peu de peines complémentaires sont en réalité
obligatoires ; parmi celles-ci, on peut citer l’interdiction de certains droits civiques. Plus nombreuses,
les peines facultatives relèvent notamment de l’interdiction du territoire, ou de séjour ; on peut aussi
prononcer l’interdiction d’exercer son activité professionnelle.

PARAGRAPHE I : LES SANCTIONS CONSERVATOIRES


Ce sont des mesures conservatoires137 C’est-à-dire une disposition par laquelle, dans l’attente
d’une décision définitive, un juge saisi par le suspect, décide de placer un bien du débiteur sous-main
de justice afin d’assurer l’efficacité des mesures d’exécution qui seront prises une fois les délais de
recours passés ou les recours épuisés138.

137
Cuniberti (G.), Les mesures conservatoires portant sur des biens situés à l'étranger, Paris, LGDJ, 2000.
138
Pescatore (P.), « Les mesures conservatoires et les référés », Société française de droit international, Colloque de
Lyon, 1986, p.101.
71
A- L’assignation à résidence et l’interdiction de séjour
C’est une mesure de restriction des libertés : il s’agit de limiter les déplacements d’un individu
et éventuellement de surveiller ses fréquentations. En temps normal, l’assignation à résidence est
prononcée par le juge d’instruction, ou le juge des libertés et de la détention, comme alternative à un
emprisonnement à l’encontre d’une personne mise en examen ou condamnée à une peine inférieure
à deux ans.
L’autorité judiciaire, « gardienne de la liberté individuelle », est exclusivement139 compétente
pour empêcher toute arrestation ou détention arbitraire ; de même que l’office du juge judiciaire qui
doit veiller à ce que les « atteintes portées à l’exercice de cette liberté doivent être adaptées,
nécessaires et proportionnées aux objectifs poursuivis ». A cet égard, le commentaire de la décision
renvoie à une jurisprudence constante du Conseil Constitutionnel au terme de laquelle la garantie
conférée par l’article 66 de la Constitution ne s’applique qu’en cas de « privation » de liberté140,
complétée par une autre jurisprudence en vertu de laquelle, en matière de police administrative, le
juge administratif est compétent pour se prononcer sur les mesures prises en matière de prévention
des atteintes à l’ordre public141.
A ce stade, la personne doit résider dans la zone fixée par la décision du juge ; il doit exister à
son égard « des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pour la
sécurité et l’ordre public », exigence faisant ressortir le caractère de « police administrative » de la
mesure selon le Conseil Constitutionnel ; l’assigné doit pouvoir résider dans une agglomération ou à
proximité immédiate d’une agglomération on suppose que cette exigence vise à ce que l’assigné
jouisse des commodités minimales à même de garantir un quotidien décent ; enfin, une telle mesure
ne peut avoir pour effet de créer des camps où seraient détenues les personnes assignées à résidence.
Cette dernière exigence incite donc à un examen circonstancié et une mise en œuvre individualisée
d’une telle mesure. Au total, le Conseil Constitutionnel déduit de cet encadrement que tant par leur
objet que par leur portée, les dispositions précitées ne comportent pas de privation de liberté et donc
n’impliquent « a priori »142.
La peine d’interdiction de séjour est prescriptible, tant en matière criminelle qu’en matière
correctionnelle. Hormis les cas d’interruption ou de suspension de la prescription, l’interdiction de
séjour prononcée en matière correctionnelle se prescrit conformément aux dispositions générales de
l’article 764 du Code de Procédure Pénale. Cette interdiction judiciaire est dite « de séjour », car elle

139
Certains voudraient introduire une exception à cette compétence de principe, au profit du juge administratif, dans
l’hypothèse de « mesures de police administrative impérieusement nécessaires afin de protéger la nation contre une
menace grave pour l’ordre public ou la sécurité publique », tribune du député Guillaume L’arrivé parue dans Le Monde,
21.12.2015.
140
Cons. const. 16 juin 1999, n° 99-411 DC. Commentaire, p. 14.
141
Cons. const. 23 juillet 2015, n° 2015-713 DC. Commentaire, p. 14.
142
Cons. const., 9 juin 2011, n° 2011-631 DC. Commentaire p. 15.
72
interdit au condamné de se rendre dans le périmètre d’un territoire défini par le juge, le mot « séjour »
étant pris dans son sens de « lieu où l’on demeure pendant un certain temps ».

B- La suspension du permis de conduire et le retrait du passeport.


La suspension du permis de conduire quelle que soit sa catégorie est une sanction qui peut
être décidée par un juge , on parle alors de suspension judiciaire. Elle consiste à empêcher une
personne de conduire un véhicule pour lequel le permis est obligatoire, pendant une durée
variable selon les situations. La suspension judiciaire sanctionne une infraction au code de la
route. La suspension du permis peut être assortie de sursis : dans ce cas, le permis est retiré au
conducteur seulement s’il commet une nouvelle infraction dans le délai de 5 ans.
Si la sanction est confirmée, elle est notifiée par les forces de l’ordre (police ou
gendarmerie) à l’issue du délai d’appel et le conducteur est invité à leur remettre son permis, s’il
ne l’a pas déjà remis à l’administration en cas de suspension administrative préalable. Il reçoit
alors un exemplaire de l’imprimé récépissé qui lui sera nécessaire pour récupérer son permis. La
suspension entraîne pour la même durée et dans les mêmes conditions la suspension de tout autre
permis de conduire dont il est titulaire. Conduire un véhicule en étant sous le coup d’une
suspension judiciaire du permis de conduire est passible de 2 ans d’emprisonnement
conformément au Code Pénal. Elle peut ou non être précédée d’une suspension administrative.
Le passeport d’un citoyen peut également être saisie, suspendu ou annulé s’il est avéré
que ce passeport est utilisé pour des fins de contrebande.

PARAGRAPHE II : LES SANCTIONS DEFINITIVES


Ce sont des sanctions différentes des sanctions conservatoires elles interviennent
généralement en cas d’une activité grave de contrebande. Il peut s’agir de l’interdiction d’exercer
l’activité (A) ou de la fermeture de l’établissement (B).

A- L’interdiction d’exercer la profession ou l’activité

Il s’agit là d’une déchéance suite à une faute professionnelle grave. Les déchéances sont
des interdictions qui interviennent a posteriori pour sanctionner le commerçant qui a fait preuve
d’indignité ou d’incompétence. En ce qui concerne le commerçant, l’article 10 de l’Acte
Uniforme OHADA relatif au droit commercial général énumère 3 séries de cas dans lesquels le
commerçant est déchu du droit de faire commerce.
Premièrement, il s’agit des personnes qui ont fait l’objet d’une interdiction générale,
définitive ou temporaire, prononcée par une juridiction de l’un des États-parties au Traité
OHADA, que cette interdiction ait été prononcée comme peine principale ou comme peine

73
complémentaire143. Certaines de ces interdictions judiciaires sont de droit. Tel est le cas de la
faillite personnelle du commerçant qui entraîne de plein droit l’interdiction générale de faire le
commerce pendant une durée comprise entre trois à dix ans.
Par ailleurs, les individus ayant fait l’objet d’une condamnation définitive à une peine
privative de liberté pour crime de droit commun, ou à une peine d’au moins trois mois
d’emprisonnement non assortie de sursis pour un délit contre les biens, ou une infraction en
matière économique et financière sont également déchus de droit d’accomplir des actes de
commerce144. Le législateur a en effet estimé que dans l’intérêt du commerce, il est préférable
que les auteurs de ces crimes et délits soient écartés des professions commerciales. L’interdiction
prend cours à compter du prononcé de la décision définitive de condamnation145.
Pour finir, l’article 10 alinéa 3 de l’Acte Uniforme relatif au droit commercial général
prévoit que la personne qui fait l’objet d’une interdiction prononcée par une juridiction
professionnelle ne peut plus exercer une activité commerciale. Dans ce cas, l’interdiction ne
s’applique qu’à l’activité commerciale considérée puisqu’une interdiction générale d’exercer le
commerce ne peut être prise que par un juge de l’ordre judiciaire146.
L’interdiction à titre temporaire d’une durée supérieure à 5 ans ainsi que l’interdiction à
titre définitif peuvent être levées à la requête de l’interdit par la juridiction qui a prononcé
l’interdiction. La requête ne sera cependant recevable qu’à condition qu’un délai de cinq ans se
soit écoulé à compter du jour du prononcé de l’interdiction147.
Pour le commerçant frappé de faillite, l’interdiction prend fin par la réhabilitation dans les
conditions et les formes prévues par l’Acte uniforme portant organisation des procédures
collectives d’apurement du passif. Les sanctions en cas de non-respect des interdictions prévues
à l’article 10 de l’Acte uniforme relatif au droit commercial sont énoncées à l’article 12 de ce
même acte. Il s’agit, d’une part, de l’inopposabilité aux tiers de bonne foi des actes accomplis en
violation de la déchéance et, d’autre part, de l’opposabilité de ces actes à l’interdit lui-même148.
Puisque la bonne foi est toujours présumée, il appartient à celui qui invoque l’irrégularité de
l’acte passé de démontrer que le tiers avait connaissance de l’irrégularité au moment de la
conclusion de l’acte149.

143
Article 10 al. 4 de l'Acte uniforme révisé portant sur le droit commercial géné.
144
KUATE TAMEGHE (S.), « Sortie de la cour du roi Pétaud : à propos de l'interdiction d'exercer la profession
commerciale dans l'Acte uniforme OHADA relatif au droit commercial général », R.D.I.D.C., 2006/2, p. 121.
145
BIA (B.), « La qualité de commerçant en droit congolais et en droit issu de l'OHADA », www.ohada.com, p. 12.
146
Article 11 de l'Acte uniforme révisé portant sur le droit commercial général.
147
Article 11 de l'Acte uniforme révisé portant sur le droit commercial général.
148
KUATE TAMEGHE (S.), « Sortie de la cour du roi Pétaud : à propos de l'interdiction d'exercer la profession
commerciale dans l'Acte uniforme OHADA relatif au droit commercial général », R.D.I.D.C., 2006/2, p.127.
149
KUATE TAMEGHE (S.), « Sortie de la cour du roi Pétaud : à propos de l'interdiction d'exercer la profession
commerciale dans l'Acte uniforme OHADA relatif au droit commercial général », R.D.I.D.C., 2006/2, p.127.
74
B- La fermeture d’un établissement à titre définitif et l’exclusion des marchés

Les actes issus des établissements de commerce conformément au droit OHADA doivent
être des actes de commerce. Les actes entachés passibles de violations de la loi peuvent s’ils sont
d’une gravité considérable amener à la fermeture de l’établissement. C’est la raison pour laquelle
il faut savoir distinguer acte de commerce et acte civil.
La distinction entre les actes de commerce et les actes civils revêt une importance
considérable compte tenu du fait que les actes de commerce font l’objet d’un régime juridique
tout à fait distinct, notamment en matière de preuve. En ce qui concerne la compétence, l’article
13 du traité de l’OHADA attribue au tribunal de première instance et aux cours d’appel
l’application des actes uniformes. Le tribunal de première instance, qui est une juridiction de
droit commun, est dès lors compétent pour connaître des contestations entre commerçants ainsi
que celles relatives aux actes de commerce150. Lorsqu’il est saisi de tels litiges, le tribunal fera
application des règles commerciales151.
Le droit commercial reconnaît en outre la validité des clauses compromissoires, c’est-à-
dire les clauses insérées dans un contrat, par lesquelles les parties s’engagent à recourir à
l’arbitrage pour les différends qui pourraient survenir entre elles152. Cela s’explique par le fait
que l’arbitrage joue un rôle important dans le dispositif juridique et institutionnel de
l’OHADA153.
Contrairement au droit civil où la preuve est réglementée, les actes de commerce se
prouvent par tous moyens de droit, même par voie électronique, à l’égard des commerçants154.
Le principe est donc celui de la liberté de la preuve et ce quelle que soit la valeur de l’objet de
l’acte. Même en présence d’un écrit, la preuve peut être faite contre les mentions de cet écrit par
tous moyens de droit. Il n’est pas non plus exigé que l’écrit ait une date certaine ou qu’il y ait un
commencement de preuve par écrit155.
Lorsqu’il s’agit d’un acte mixte, c’est-à-dire d’un acte conclu entre un commerçant et un
particulier, l’acte sera considéré comme commercial dans le chef du commerçant et civil dans le

150
Article 13 du Traité relatif à l'harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (traité OHADA).
151
ADIDP (R.), « Le domaine d'application de la commercialité par accessoire dans les systèmes O.H.A.D.A. et français
», R.D.I.D.C., 2006/1, p. 14.
152
Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou (Burkina Faso), Jugement n° 074/2008 du 09 avril 2008, Affaire :
Sobitraf c/ Banque Of Africa (BOA), www.ohada.co.
153
PEDRO SANTOS (A.), ETYADO TOE (J.), OHADA, Droit commercial général, Bruylant, Bruxelles, 2002, p. 76.
154
ISSA-SAYEGH (J.), « Présentation des dispositions sur le droit commercial général », www.ohada.com, p.2 ; Article
5 al. 1er de l'Acte Uniforme révisé portant sur le droit commercial général.
155
Cour Commune de Justice et d'Arbitrage (CCJA), Arrêt n° 053/2005 du 15 décembre 2015, Affaire : Société COTE
D'IVOIRE CEREALES c/ Société SHANNY CONSULTING, www.ohada.com

75
chef de l’autre partie. Dans ce cas, les règles de preuve seront déterminées en fonction de la
qualité du demandeur. La preuve est libre si l’action est dirigée contre le commerçant par un non
commerçant et soumise aux règles du droit civil si elle est dirigée par un commerçant contre un
non-commerçant156. L’article 5 de l’Acte Uniforme relatif au droit commercial prévoit à cet égard
que tout commencement de preuve par écrit autorise le commerçant à prouver par tous moyens
contre un non-commerçant157.
Par ailleurs, l’article 18 de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général dispose que
les obligations nées à l’occasion de leur commerce entre commerçants, ou entre commerçants et
non-commerçants, se prescrivent par cinq ans si elles ne sont pas soumises à des prescriptions
plus courtes158.

156
Cour d'Appel de Daloa, Arrêt n° 257 de l’Affaire : M. DRAMERA BAKARY c/ BERTHE BAKARY,
www.ohada.com ; Tribunal de Grande Instance de Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), Jugement n°320 du 11 septembre
2002, Monsieur O.T. c/ Monsieur A.B, www.ohada.com.
157
Article 5 al. 2 de l'Acte Uniforme révisé portant sur le droit commercial généra.
158
Cour d’appel de Ouagadougou, Chambre commerciale (Burkina Faso), arrêt n° 038 du 19 juin 2009, Société des
Grands Travaux du Faso (SGTF) SARL c/ Société Générale des Banques au Burkina (SGBB), www.ohada.com ;
Article 18 al. 1er de l'Acte uniforme révisé portant sur le droit commercial général.

76
CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRE

L’action publique en matière douanière est l’action exercée par le ministère public
tendant au prononcé des peines, au sens pénal, prévues en répression des infractions douanières.
Par peines159, on entend les peines d’emprisonnement prévues par le code des douanes et les
peines privatives de droit prévues aux articles 432 et 432bis du Code des Douanes. En matière
douanière, l’action pour l’application des peines reste l’action publique de droit commun.
La première difficulté relevant de l’étude du contentieux douanier est celle de la
détermination de la juridiction compétente pour recevoir l’examen de la poursuite douanière.
Dans cette matière de la détermination de la compétence des juridictions, comme pour l’ensemble
du droit pénal douanier, les règles du contentieux répressif douanier résultent de dispositions
spécifiques, à ce titre, elles sont d’interprétation stricte. En cas de conflit entre une loi douanière
et une disposition de droit commun, c’est la loi douanière qui s’impose par application du
principe « specialia generalibus derogant ». Par contre, en cas de silence de la loi douanière, ce
sont les dispositions de droit commun qui s’appliquent. La jurisprudence a permis également
d’éclairer considérablement le régime spécifique de la conduite de l’action en droit pénal
douanier.

159
Cass. crim. 5 janv. 1967, Bull. crim. n° 9.
77
CHAPITRE II : LA JURIDICTION COMPETENTE EN
MATIERE DE CONTREBANDE

78
Selon CLIQUENNOIS Maurice, tous les juges sont susceptibles à l’égard de l’activité
économique : « le juge constitutionnel pour définir le cadre de référence, le juge administratif, le juge
de droit commun de l’action de l’administration qui jalonne la vie économique, le juge judiciaire,
juge de droit commun des affaires, mais aussi le juge d’une partie du contentieux, du contrôle ».
Dans le cadre de cette étude, l’analyse se basera sur le juge administratif et le juge judiciaire.
La question de la compétence du juge constitutionnel ne sera pas soulevée bien que cela aurait été
intéressant. Les autorités juridictionnelles qui feront l’objet de cette étude sont de l’ordre judiciaire
et de l’ordre administratif. Pour déterminer la compétence de chaque juge on procèdera à la méthode
de répartition des compétences entre les deux autorités.
La séparation des autorités administratives et judiciaires tire son origine de la séparation des
pouvoirs instituée en France par la loi des 16 et 24 Août 1790 et le décret du 16 Fructidor qui,
interdisaient aux tribunaux de l’ordre judiciaire de connaître des litiges intéressant l’administration,
et les actes émis par le pouvoir exécutif ou législatif. La loi des 16 et 24 Août 1790 disposait en son
article 13 que, « Les fonctions judiciaires sont distinctes et demeurent toujours séparées des fonctions
administratives. Les juges ne pourront, à peine de forfaiture, troubler de quelque manière que ce soit
les opérations des corps administratifs, ni citer devant eux les administrateurs pour raison de leurs
fonctions ». Elle a suivi une évolution qui a permis qu’à l’époque actuelle, la théorie n’est ni de
séparation totale, ni de confusion totale de pouvoirs. Elle est plutôt celle de collaboration entre les
pouvoirs. Celle-ci se pratique en France sous la troisième, la quatrième puis la cinquième République
qui connaissent officiellement le régime parlementaire, qui de ce fait, favorise les jeux partisans mais
qui permet, également, une certaine progression de la garantie des droits fondamentaux par
l’organisation de l’exercice d’un grand nombre des libertés publiques, la proclamation et
l’organisation des libertés sociales et économiques, le développement du contrôle juridictionnel160.
En fait, la constitution et les lois camerounaises accordent la compétence matérielle aux
tribunaux administratifs pour connaître des litiges qui mettent en cause l’administration en

générale, il existe cependant quelques exceptions, c’est-à-dire certaines matières administratives


réservées aux juridictions de l’ordre judiciaire. Il est reconnu au juge de l’ordre judiciaire,

160
MATSOPOULOU H., « La censure par la Cour européenne des droits de l'homme du dispositif français applicable
aux perquisitions fiscales », RSC 2008, chron. p. 598.
79
d’intervenir dans certains cas constituants des litiges en matière administrative. Ceci est une
exception au principe selon lequel l’activité administrative doit être soumise au juge de l’ordre
administratif.
Cependant lorsque l’action administrative s’exerce dans les mêmes conditions que celle d’une
personne privée, elle est à la fois régie par le droit privé et soumise à la compétence judiciaire. Ainsi,
la loi permet au juge de l’ordre judiciaire d’intervenir dans la détermination des dommages et intérêts,
étant donné que les juridictions d’ordre administrative ne doivent intervenir que pour le contrôle de
la régularité ou l’irrégularité de l’acte administratif ainsi que pour celui de l’opportunité et de
l’inopportunité de l’acte.
D’où, le juge de l’ordre judiciaire en général sera compétent en matière d’activité à gestion
privée, en matière de protection des droits et libertés individuels ainsi que pour le cas d’application
des lois spéciales. Mais le transfert des compétences n’a eu ni pour objet, ni pour effet de changer la
nature des litiges et du droit applicable : les juridictions judiciaires appliquent des solutions de droit
public.
Sous ces auspices fondamentaux se pose donc la question de savoir comment va s’articuler la
répartition des compétences juridictionnelles en matière douanière, entre un juge judiciaire gardien
de la propriété individuelle, et un juge administratif auquel ressortit généralement la compétence pour
apprécier les actes issus des prérogatives de puissance publique ? La difficulté ne s’arrête pas à ce
niveau lorsqu’on sait que le juge judiciaire peut être un juge civil ou pénal161.
En outre, La distinction entre juge « civil » et « pénal » fait référence aux deux fonctions
essentielles de la justice : trancher les conflits, d’une part, sanctionner les infractions, d’autre part.
Le point commun entre les juridictions civiles et les juridictions pénales, c’est qu’elles appartiennent
toutes au pouvoir judiciaire, ce sont toutes des juridictions judiciaires et non des juridictions
administratives.
Dans la pratique camerounaise, le contentieux douanier est obtenu en principe par voie
transactionnelle et exceptionnellement par voie de poursuite judiciaire. S’agissant des voies de
poursuite, on distingue les poursuites par voie d’action en justice si l’administration des douanes peut
saisir les juridictions compétentes pour faire juger les infractions, soit par procès-verbal dûment
rédigé, soit alors par voie d’enquête ; on peut également les poursuivre par voie de contrainte
douanière. Ici, l’administration douanière peut se dispenser des tribunaux et décider de faire usage
de la force pour rentrer dans ses droits afin de recouvrer ses créances sans avoir besoin d’engager
une action en justice. L’idée est que l’administration des douanes est fondée à régler ses litiges à
l’amiable sans faire recours à la justice. Le refus de transiger de l’une des parties entraine le règlement
du contentieux douanier devant les tribunaux. L’administration possède à cet effet une action pour la

161
NEEL (B.), « Le contentieux fiscal et douanier fait-il place au hasard », Gaz. Pal. 2001, p. 216.
80
poursuite devant les tribunaux répressifs des infractions aux lois et règlements de douanes. En matière
de contentieux civil douanier, une action devant les tribunaux d’instance est ouverte à la partie
demanderesse.

SECTION I : LA JURIDICTION NATIONALE

Le règlement des litiges douaniers peut s’effectuer selon le degré de gravité de l’infraction
par une action en répression (paragraphe I) ou de non répression (paragraphe II) des infractions
douanières.

PARAGRAPHE I : LA JURIDICTION REPRESSIVE


Les infractions à la réglementation en matière économique sont nombreuses en ce sens que,
le secteur économique regroupe plusieurs domaines tels que : le domaine fiscal, douanier, bancaire,
agricole etc. Dans le cadre de cette étude, c’est la répression des infractions économiques douanières
qui constituent l’ossature de ce travail. Il s’agit du contentieux douanier répressif.
Le vocable répression peut signifier « une action de réprimer, de punir » ou alors « l’action
d’exercer des contraintes graves, des violences sur quelqu’un ou un groupe afin d’empêcher le
développement d’un désordre »162. Cette action est exercée sur autrui afin de prendre des mesures
punitives contre ceux qui sont jugés contrevenir aux règles, aux lois ou aux options d’un
gouvernement, d’une société ou à la morale ; le fait d’empêcher par la violence un soulèvement
collectif. Les juridictions chargées de mettre en œuvre cette action dans le cadre de cette étude sont
les tribunaux répressifs.
En effet, Le contentieux douanier répressif désigne l’ensemble des litiges ayant pour objet
l’interprétation ou l’application du droit douanier. Toute infraction douanière doit être poursuivie et
réprimée. Le moyen normal d’obtenir le châtiment de l’infracteur est de le poursuivre devant les
tribunaux. Mais les juges ne peuvent prononcer la peine prévue par la loi que lorsqu’ils sont
convaincus de l’existence de l’infraction et de la culpabilité des prévenus, c’est-à-dire si l’infraction
est juridiquement prouvée Ainsi, pour prouver une infraction, il est nécessaire de réunir au préalable
les divers éléments de conviction qui seront soumis aux juges163. C’est à cet objet que répond la
constatation de l’infraction. De ce fait, l’ensemble des formalités qui s’imposent au service depuis la
découverte de l’infraction jusqu’à l’obtention du châtiment du prévenu constitue : « la procédure de
répression douanière », qui comprend trois éléments, à savoir La constatation, c’est-à-dire les

162
PAIRE (G.), « Les saisies douanières échappent-elles à la compétence du juge de l'exécution », Les petites affiches,
29/04/1994, n° 77 p. 21-22.
163
PANNIER (J.) et DEHAPIOT (P.), « Les pouvoirs d'investigations des agents des douanes. Deuxième partie : le droit
de visite des personnes en matière de stupéfiants », Gaz. Pal. 1992, 2, doctr. p. 558.
81
formalités à accomplir lors de la découverte de l’infraction et la réunion des divers éléments de preuve
(A), La preuve, c’est-à-dire l’examen critique de la valeur probante de la constatation et enfin les
poursuites, c’est-à-dire l’exercice devant les diverses juridictions, de l’action en répression des
infractions (B)

A- Les formalités procédurales


Selon la nature du litige, le contentieux douanier se divise en « contentieux répressif » ayant
pour objet la répression des infractions douanières et en « contentieux civil » qui concerne les autres
litiges douaniers. Celui qui nous intéresse ici est le contentieux répressif. Les formalités ou les
moyens qui permettent à l’administration ou au ministère public de saisir le juge pour sanctionner les
infracteurs peuvent être regroupés en deux catégories. D’abord le fondement de la compétence du
juge à partir des infractions dont il est habileté à connaitre et ensuite les parties au procès et la
détermination des peines.
Le juge pénal en droit douanier est la personne ou l’institution chargée de réprimer les
infractions douanières. Il est compétent par attribution des règles nationales et communautaires de la
CEMAC pour connaître des litiges douaniers. Il peut être de police contraventionnelle ou
correctionnelle. C’est devant lui que s’exerce l’action publique et l’action fiscale lorsque vient
s’ajouter au simple recouvrement des droits qui ont été fraudés par telle ou telle opération douanière.
L’infraction quant à elle est définie comme étant tout acte ou abstention qui viole les lois ou les
règlements, lorsque ceux-ci ont été pris en vertu d’une délégation exprimée par la loi, et qui est
frappée d’une peine par le CD.
Les règles de compétence de la juridiction répressive se déterminent comme celle du droit
commun en fonction de la nature des affaires qui mettent en cause le service de la douane. Il s’agit
de la matière dont le juge peut connaitre et du lieu de commission de l’infraction douanière en
d’autres termes la compétence territoriale.
Le juge répressif n’est pas compétent pour connaitre de toutes les infractions douanières. Il se
partage cette compétence avec les autres juridictions dont civile et administrative. Par ailleurs pour
démontrer sa compétence il faudrait d’abord déterminer le type d’infraction dont il peut connaitre.
Déterminer l’infraction douanière ici revient à la catégoriser, c’est-à-dire la définir avec précision,
ou encore de la caractériser sans ambiguïté.
En droit pénal général, l’infraction pénale est le fait d’enfreindre une prescription de la loi
pénale. C’est-à-dire on considère qu’il a eu infraction lorsqu’une injonction de la loi pénale n’ait pas
été respectée. Cette inobservation de la loi pénale doit se manifester par un signe extérieur du
comportement, tantôt positif, c’est-à-dire une action tantôt négative c’est-à-dire une omission. Il

82
faudrait aussi que celui qui a agi ou ne pas agir, ait été en pleine possession de ses facultés mentales
et conscient c’est-à-dire n’ait pas été contraint ou dément164.
Certains auteurs comme VIDAL George et MAGNOL Joseph ajoutent à cette définition de
l’infraction un quatrième élément appelé élément injuste, en exigeant que le comportement reproché
n’ait pas été exceptionnellement autorisé ou toléré par la loi. D’autre au contraire, simplifient la
définition de l’infraction en excluant l’élément moral qu’ils estiment étranger à la constitution
morphologique de l’infraction. Ils appréhendent l’infraction comme étant « tout action ou omission
que la société interdit sous peine d’une sanction pénale » c’est le fait de l’homme qui en raison du
trouble social qu’il provoque, justifie l’application à son auteur de peines et de mesures de sûreté.
Dans cette définition l’acte peut être soit une action soit une abstention. Selon les principes généraux
du droit, repris dans la Constitution, l’infraction doit être prévue par la loi. Il en est de même de sa
sanction.
Au final, l’infraction douanière ne va pas sans doute loin de celle du droit pénal général en ce
sens qu’elle est définie comme étant une violation d’une loi douanière ou d’une des dispositions
règlementaires prise pour son application, et qui est frappée d’une peine par la législation douanière.
Ainsi selon le préambule de la constitution de la République du Cameroun « Nul ne peut être
poursuivit, arrêté ou détenu que dans les cas et selon les formes déterminées par la loi ». Les tribunaux
répressifs sont compétents en fin de compte pour connaitre des infractions principales dont les
contraventions douanières et les délits de douanes. La qualification de Ces infractions se fait selon le
caractère de gravité. La distinction des contraventions et de délits permet de résoudre la question de
la compétence matérielle des tribunaux répressifs. Les contraventions sont jugées par les tribunaux
de police alors que les délits sont de la compétence des tribunaux correctionnels.

 Les infractions jugées par la police


Le tribunal de police est une juridiction du premier degré, statuant à juge unique, il juge les
contraventions. Il représente la formation pénale du tribunal d’instance au Cameroun. Selon l’article
334 du CD CEMAC « les tribunaux de police connaissent des contraventions douanières et de toutes
les questions douanières soulevées par voie d’exception ». Cet article prévoit que les tribunaux de
police sont en principe compétents pour connaitre des contraventions douanières et de toutes les
questions douanières soulevées par voie d’exception à l’instar d’une illégalité d’un arrêté ou d’un
avis aux importateurs.
Les contraventions douanières, sont regroupées en cinq classes selon les dispositions de
l’article 395 du CD « Il existe cinq classes de contraventions douanières… ». Ce sont des infractions
qui ne comportent pas de peine de prison et qui ne sont sanctionnées que par des réparations

164
PRADEL (J)., « Un exemple de restauration de la légalité criminelle : le régime des interceptions de communication
émises par la voie des télécommunications », D. 1992, chron. p. 49.
83
pécuniaires telles que les amendes et des confiscations. Une dénomination de ces infractions est
nécessaire après avoir énuméré leur classe.
En effet les infractions douanières peuvent être classées autour de cinq qualifications
principales à l’instar de la contrebande, les fausses déclarations, l’inexécution des engagements
souscrit, les importations et exportations sans déclaration et les oppositions aux fonctions. A
l’exception de la contrebande, qui est une infraction douanière la plus grave et qui rentre dans les
délits selon le degré de gravité, les autres infractions énumérées plus haut sont des contraventions.
Les importations et exportations sans déclaration constituent des contraventions de 3e classe,
L’inexécution des engagements souscrits est au maximum passible de sanction contraventionnelles
de la 4e classe et l’opposition aux fonctions est une contravention de la 5e classe.
Toute infraction aux dispositions des lois et règlements de douane lorsque cette irrégularité
n’est pas plus sévèrement réprimée par le CD article 397 du CD « est passible d’une amende de 50
000 à 200 000 Francs CFA »
L’alinéa 2 tombe, en particulier sous le coup du paragraphe précédent « Toute omission ou
inexactitude portant sur des indications que les déclarations doivent contenir lorsque l’irrégularité
n’a aucune influence sur l’application des droits ou prohibition. Toute omission d’inscription aux
répertoires ».
Toute infraction aux dispositions des lois et règlements que l’administration des douanes est
chargée d’appliquer, lorsque cette irrégularité a pour but ou pour résultat d’éluder ou de
compromettre le recouvrement d’un droit ou d’une taxe quelconque à condition qu’elle ne soit pas
spécialement réprimée par le CD.
Les contraventions de troisième classe sont au nombre de trois. Il s’agit des déficits dans le
nombre des colis déclarés, manifestés ou transportés sous passavant de transport avec emprunt du
territoire étranger ou de la mer ou sous acquit-à-caution, des déficits dans la quantité des
marchandises placées sous un régime suspensif, la non-représentation des marchandises placées en
entrepôt privé ou en entrepôt spécial, l’inobservation totale ou partielle des obligations prévues à
l’article, la présentation à destination, sous scellé rompu ou altéré, des marchandises expédiées sous
plombs ou cachets de douane, l’inexécution ou partielle des engagements souscrits dans les acquit-
à-caution et soumissions, les excédents sur le poids, le nombre ou la mesure déclarés. L’alinéa 3 de
l’article 400 du CD stipule que « Sont également sanctionnées des peines contraventionnelles de
troisième classe toutes infractions compromettant le recouvrement des taxes de port ». Dans l’alinéa
4 il s’agit de toutes les infractions aux dispositions des lois et règlements concernant l’exportation
préalable ou le drawback lorsque ces irrégularités ne sont pas plus sévèrement réprimées par le
présent Code.
Les contraventions de 4e classe sont citées selon les dispositions de l’article 401 du code des
douanes. Il s’agit de la contrebande ainsi que tout fait d’importation ou d’exportation sans déclaration
84
lorsque l’infraction porte sur des marchandises de la catégorie de celles qui ne sont ni prohibées ou
fortement taxées à l’entrée, ni soumises à des taxes de consommation, ni prohibées ou taxées à la
sortie.
Réprimé sur les dispositions de l’article 402 du CD, toute infraction aux dispositions des lois
et règlements que le service des douanes est chargé d’appliquer lorsque cette irrégularité se rapporte
à des marchandises de catégorie de celles qui sont prohibées à l’entrée ou à la sortie et qu’elle n’est
pas spécialement réprimée par le présent code165.
En outre, le tribunal d’instance qui est la police judiciaire est compétente en matière de
contraventions douanières de première, deuxième, troisième, quatrième et cinquième classes, le
tribunal correctionnel par ailleurs connait des infractions douanières qualifiées de délits.
Le tribunal correctionnel est un tribunal qui statue en première instance en matière pénale sur
les infractions qualifiées de délits commises par un majeur.
L’article 335 du CD stipule à ce sujet que « les tribunaux correctionnels connaissent de tous
les délits de douane et de tous les questions douanières soulevées par voie d’exception »166. Il pose
quant à lui le principe d’une compétence du tribunal correctionnel pour les délits douaniers et pour
toutes les questions douanières soulevées par voie d’exception ainsi que pour les contraventions
douanières connexes aux délits douaniers ou à un délit de droit commun.
Sous d’autres cieux en France par exemple la cours d’assises et le tribunal pour enfants sont
compétents respectivement en matière de délit douanier accessoire à un crime de droit commun et
les mineurs âgés de plus de treize ans sont pénalement responsables. Le droit douanier en la matière
suit les règles du Code pénal. Pour plus d’éclairage on évoquera une dénomination des infractions
qualifiées de délits ainsi qu’une étude approfondie de l’infraction de contrebande.

 Les infractions qualifiées de délits de douane


En droit pénal général, selon la classification tripartite des infractions en droit commun, en
application de l’article 21 du code pénal, « sont qualifiés de délits, les infractions punies d’une peine
privative de liberté ou d’une amende lorsque la peine privative de liberté encourue est supérieur à 10
jours et n’excède pas 10 ans ou que le maximum de l’amende est supérieur à 25 000 franc… » . En
droit douanier les délits douaniers sont de trois classes et prescrite dans les articles 403, 404 et 405.
Comme délits douaniers on peut avoir la contrebande et ses effets, l’importation ou exportation sans
déclaration. Dans ce paragraphe l’analyse sera basée sur la dénomination des délits douaniers.
Selon l’article 403 du CD Dans cette catégorie d’infraction le délit sont les faits de
contrebande ainsi que tout fait d’importation ou d’exportation sans déclaration lorsque ces infractions
se reportent à des marchandises de la catégorie de celle qui sont prohibées ou fortement taxées, au

165
Article 402 du CD.
166
Article 335 du CD.
85
sens du CD, à l’entrée ou soumises à des taxes de consommation intérieures ou prohibées ou taxées
à la sortie.
Parlant des délits de deuxième classe, Il s’agit des délits de contrebande commis par une
réunion de trois individus et plus jusqu’à six inclusivement article 404 du CD.
Quant aux délits de troisième classe, ce sont les délits de contrebande commis par plus de six
individus, soit par trois individus ou plus un à dos d’un animal ou à un vélocipède, que tous portent
ou non des marchandises de fraude. Les délits de contrebande par aéronef, véhicule attelé ou
autopropulsé, par navire en embarcation de mer de moins de 100 tonneaux de jauge nette ou 500
tonneaux de jauge brute ou par bateau de rivière. La contrefaçon et l’exportation en contrebande des
produits de pêche dans les eaux nationales selon l’article 405 du CD.

 Dénomination des autres infractions douanières


Dans cette catégorie on regroupe les délits de contrebandes et assimilés, le délit d’importation
et exportation sans déclaration ou assimilé et le concours d’infractions.
La contrebande constitue un délit de 1ère classe. Selon l’article 406 du CD CEMAC. Selon
NWAMBA Thambwe la fraude douanière de la contrebande se définit comme étant « une fraude
douanière lorsqu’une déclaration en douane a été déposée au bureau et qu’après vérification, il se
dégage que : l’espèce tarifaire est faussée pour payer les droits inferieurs ; les poids et quantités sont
minorés ». Dans le CD, l’article 406 stipule que « la contrebande s’entent des importations ou
exportations en dehors des bureaux ainsi que toute violation des dispositions légales ou
règlementaires relatives à la détention et au transport des marchandises à l’intérieur du territoire
douanier »167.
Deux cas peuvent dès lors se présenter d’après l’auteur : soit qu’il y a eu erreur simple, auquel
cas la douane se contente de récupérer ce qui est dit au trésor public, mais ce contentieux peut se
conclure sans pénalité ; soit que les inexactitudes sont très volontaires et faites pour diminuer le
montant des taxes dues au trésor public. Ce sont des cas de fraude caractérisée par la douane non
seulement récupèrera les sommes dues au trésor dont le paiement a été frauduleusement éludé, mais
est aussi habilitée à infliger aux contrevenants des amendes pouvant aller jusqu’à trente fois le
montant des droits
Toujours selon l’auteur, la contrebande c’est la fraude aggravée par l’absence de passage par
un bureau de douane ou par une absence de déclaration.
Pour DIDIER Jean Wilfrid et DENIS Jean-Bernard, la contrebande s’entend des importations
ou d’exportations en dehors des bureaux ainsi que de toute violation des dispositions légales ou

167
L’article 406 du CD.
86
règlementaires relatives à la détention et au transport des marchandises à l’intérieur du territoire
douanier.
On entend par importation ou exportation frauduleuse toute importation ou exportation en
dehors des bureaux de douane ou par des routes légales fermées au trafic international, toute
importation ou exportation sans déclaration ou toute soustraction des marchandises au paiement des
droits ou à la vérification des quelques manières que ce soit détournement de destination
privilégiée168.
Le franchissement de la frontière étant par nature extrêmement rapide, l’incrimination de
contrebande trouve de ce fait un obstacle considérable à son établissement. Selon la législation
douanière, les marchandises prohibées à l’entrée ou fortement taxées ou soumises à des taxes de
consommation intérieure sont réputées avoir été introduites en contrebande, et les marchandises de
la catégorie de celles dont la sortie est prohibée ou assujettie à des droits sont réputées faire l’objet
d’une tentative d’exportation en contrebande dans quatre cas.
Le premier cas, ces marchandises sont trouvées dans la zone terrestre du rayon sans être
munies d’un acquit de paiement, passavant (Titre d’exportation temporaire qui permet la
réimportation en franchise de droits et taxes) ou autre expédition valable pour la route qu’elles suivent
et pour le temps du transport, à moins qu’elles ne viennent de l’extérieur du territoire douanier par la
route conduisant directement au bureau de douane le plus proche et soient accompagnées des titres
de transport et justification d’origine. Est ainsi coupable de tentative d’exportation des capitaux
l’individu interpelé la nuit dans le rayon des douanes et porteur d’une mallette contenant une
importante somme d’argent.
Le drawback cas, des marchandises, même accompagnées d’une expédition portant
l’obligation expresse de la faire visée a un bureau de passage, qui ont traversé ce bureau sans que
cette obligation ait été remplie.
Le troisième cas, les marchandises ont été amenées au bureau aux fins de délivrance d’un
passavant et sont dépourvues des titres de transport, quittances ou factures exigées.
Quant au quatrième cas, il s’agit de la détention dans le rayon douanier.
Pour ces deux derniers auteurs, l’importation et l’exportation sans déclaration entrent dans la
catégorie de la contrebande comme indiqué ci-dessus ; tandis que pour DIDIER Wilfrid J, il s’agit
du deuxième type d’infraction douanière, qui assure la sanction d’une obligation douanière
fondamentale.
Dans le CD, il est exigé a toutes les marchandises importées ou exportées la formalité d’une
déclaration en détail leur assignant un régime douanier ; et l’exemption des droits et taxes soit à
l’entrée, soit à la sortie, ne dispense pas cette obligation. A l’image de ce qui a été observé à propos

168
SCHOËN (G.), « La confiscation en matière douanière », Les petites affiches 2002, n°218, p. 26.
87
de la contrebande, les importations et exportations sans déclaration prennent non seulement la forme
d’une infraction correspondante stricto sensu à ce concept, mais encore recouvrent une multitude
d’assimilations qui donnent à l’incrimination un aspect tentaculaire.
Ainsi, pour DIDIER Wilfrid Jean, des importations ou exportations sans déclarations sont
donc celles passant par des bureaux de douane sans déclaration en détail ou sous la couverture d’une
déclaration en détail non applicable aux marchandises présentées.
Ce sont assurément les assimilations communes aux importations et exportations sans
déclaration des marchandises prohibées, qui méritent le plus d’attention, ne serait-ce qu’en raison de
l’abondant contentieux dont elles ont fait l’objet.
Effectuées sans les titres, sont également réputées effectuées en contrebande les opérations
énumérées par l’article 408 du CD l’entrée des marchandises fortement taxées ou encore soumises à
des taxes de consommation intérieure169.
Sont également assimilés à des faits de contrebande les infractions portant sur les marchandises
concernant, le matériel de guerre, stupéfiants, marchandises dangereuses ou contrefaites, bijoux,
alcool, tabacs. Lorsque le document d’accompagnement ou justificatifs d’origine de ses
marchandises ne sont pas produits. Est également assimilé à la contrebande le fait de ne pas produire
les justificatifs d’origine des marchandises.
Le délit d’importation ou exportation sans déclaration, est contenu dans l’article 409 du CD.
« Constituent des importations ou exportation sans déclaration ; les importations ou exportations par
les bureaux de douane, sans déclaration en détail ou sous le couvert d’une déclaration en détail non
applicable aux marchandises présentées ; les soustractions ou substitutions de marchandises sous
douane ». Dans la catégorie des délits d’importations et exportations assimilés à ceux sans déclaration
on retrouve, la fausse déclaration d’espèce tarifaire, La sous-évaluation ou la fausse déclaration des
valeurs, La fausse déclaration d’origine ou de provenance.
La fausse dénomination est une déclaration inexacte quant à la nature et aux conditions
d’utilisation de la marchandise ; les marchandises ont été déclarées totalement ou partiellement sous
une rubrique autre que celle assignée par le tarif, celle-ci conduisant à une taxation supérieure.
Ainsi l’importateur déclare au bureau des douanes comme provenant d’Italie un stock de
chemisettes fabriquées en Turquie et sur lesquelles il a fait apposer une étiquette portant le mot made
in Italie. Il y avait par ailleurs une fausse déclaration tombant aussi sous le coup de la disposition de
la fausse dénomination. L’inexactitude peut consister en une position inexacte ou sous une position
inexacte. En effet, l’article 412 du CD mentionne plus haut les fausses déclarations de la valeur ou
l’origine des marchandises ou dans la désignation du destinataire réel ou l’expéditeur réel, lorsque

169
L’article 408 CD.
88
ces infractions ont été commises à l’aide des factures, certificats ou tout autre document faux,
inexacts, incomplets ou non applicables.
L’article 424 du CD lui, prévoit les pénalités qui sont liquidées sur la base du Tarif Général
applicable à la catégorie la plus fortement taxée des marchandises de même nature et d’après la valeur
moyenne indiquée par la dernière statistique douanière170.
La sous-évaluation ou la fausse déclaration des valeurs, Il y a sous-évaluation lorsque la
déclaration reprend une valeur inférieure à la réalité alors que la quantité et la nature de la
marchandise sont exactes ou conformes. A l’instar de la fausse déclaration de quantité, toute valeur
reconnue supérieure à 5% est passible d’une amende. En d’autres termes, le déclarant n’encourt
aucune pénalité si la différence des valeurs primitivement déclarées fait l’objet d’une récupération
d’office. Cette règle s’applique à l’importation comme à l’exportation.
Quand le déclarant s’est conformé, c’est-à-dire, lorsqu’il a remis à la douane les factures et
qu’il a justifié de tous les frais supportés par les marchandises depuis le lieu de provenance jusqu’au
lieu d’introduction dans le pays, on établit un bulletin de sous-évaluation, qui a été remplacé par un
nouvel acte de procédure intitulé : constat d’infraction et proposition de transaction. Ce formulaire
établi dans tous les cas d’utilisation des procédures qu’il remplace, à savoir pour la constatation des
infractions tels que la sous-évaluation, la fausse dénomination, la non déclaration, le manquant,
l’excèdent, ou autres infractions commises sans l’aide de faux et sans intention de fraude.
La fausse déclaration d’origine ou de provenance a pour but d’éluder une mesure de
prohibition, de contourner une restriction ou une mesure légale de contrôle, elle est passible de la
confiscation des marchandises et d’une amende égale au double de la valeur. En effet pour la plupart
des cas les délits douaniers sont réglés par le tribunal correctionnel et ils sont pour la majorité des
délits de contrebande.
• Concours d’infractions
Cette hypothèse est règlementée par l’article 425 du CD CEMAC qui stipule que « Tout fait
tombant sous le coup de dispositions répressives distinctes édictées par le présent code doit être
envisagé sous la plus haute acception pénale dont il est susceptible ». En droit commun, il est dit que
« lorsque le même fait constitue plusieurs infractions, la peine la plus forte sera seule prononcée »171,
dans ce cas on peut avoir un concours idéal ou bien un concours réel des infractions.
Il y a concours idéal lorsque l’infracteur, dans un seul acte, accompli plusieurs infractions.
Dans ce cas il n’y a pas de pénalité mais on retient la qualification pénale la plus forte aussi. En raison
de l’unité de l’intention délictueuse, plusieurs infractions de même nature pénale mais séparées par
le temps ou le lieu, peuvent être considérées comme ne formant qu’une seule infraction et ne devant

170
Article 424 du CD.
171
L’article 425 du CD.
89
être sanctionnées par une seule peine. A titre d’exemple, Le même fait constitue plusieurs infractions.
Le fait qu’une personne qui garde chez elle des armes commet l’infraction de recel et celle de
détention illégale d’armes il s’agit du délit complexe ou concours idéal proprement dit.
Quand il y a plusieurs faits différents et de nature pénale différente peuvent également être
considérée comme n’appelant qu’une sanction, en raison de l’unité de conception et de but, en raison
du fait qu’ils entrent dans un même plan délictueux, un même plan d’activité criminelle. Tel est le
cas du faux en écriture commis pour masquer un dénouement.
Le concours matériel d’infraction ou concours réel d’infraction est prévue par l’article 425
alinéa 2 du CD « En cas de pluralité de contraventions ou de délits douaniers, les condamnations
pécuniaires sont prononcées pour chacune des infractions dûment établie ». Il y a concours réel
d’infraction lorsque l’infracteur commet successivement et à un certain intervalle de temps deux ou
plusieurs infractions. Dans ce cas, il y aura des condamnations pécuniaires encourues par chacune
des infractions constatées. Toutefois, la somme des servitudes pénales à temps et des amendes
cumulées ne pourront dépasser le double de maximum de la peine la plus forte. Le principe est qu’il
y a l’indépendance des infractions et donc cumul des pénalités.
En somme, la compétence matérielle du juge pénal se fonde sur les contraventions et délits
de douanes ainsi que des contraventions connexes, accessoires ou se rattachant à un délit de douane
ou de droit commun, dont le concours des infractions. Par ailleurs, la détermination de la compétence
matérielle du juge pénal ne définit pas totalement sa compétence. Pour que le juge répressif connaisse
du contentieux douanier il faudrait aussi déterminer sa compétence territoriale comme en droit
commun.

B- La poursuite
Le particularisme du droit douanier peut sembler ici moins accusé que dans le domaine de
constatation des infractions, de la détermination des sanctions ou dans celui de la responsabilité. En
effet, la procédure en matière de poursuite relève pour l’essentiel du droit commun : le jugement des
poursuites se déroule selon les principes analogues à ceux du code de procédure pénal. L’absence de
juridictions spécialisées oblige à recourir aux mêmes organes juridictionnels à savoir ministère
public, juridiction d’instruction et de jugement. Les voies de recours ne présentent quant à elles
aucune particularité profonde. Dans la partie réservée à la répression des infractions douanières.
Le ministère public tout comme l’Administration douanière peuvent être amenés à engager
des poursuites devant toutes les catégories de juridictions répressives, devant le tribunal d’instance
ou correctionnel. En effet, l’efficacité de la répression des infractions ne se mesure pas uniquement
à l’importance et à la variété des sanctions prévues par le Code des Douanes. C’est également au
niveau de la mise en œuvre de ses sanctions que se manifeste la volonté de répression du législateur.
Il sera évalué ici le mode de saisine des juridictions pénales et la mise en œuvre des poursuites.
90
Pour procéder au règlement judiciaire des litiges en matière de douane et d’impôts indirects,
l’Administration dispose de trois voies : la poursuite par voie de plainte, la citation directe et la
poursuite en cas de flagrant délit.
La plainte est le mode de poursuite le plus usité. Elle est élaborée sur la base du procès-verbal
de saisie de la marchandise litigieuse, du procès-verbal d’audition ou du procès-verbal de constations
établi lui-même sur la base des documents compromettants régulièrement saisis.
La plainte est élaborée à l’intention du parquet auprès du tribunal compétent. Elle reprend les
noms, prénoms, filiation ou raison sociale (en cas de personne morale) des auteurs, coauteurs ou
complices et des personnes intéressées à la fraude, date et lieu de naissance, nationalité, profession
ainsi que l’adresse ou siège social (en cas de personne morale). Dans sa première partie, la plainte
reprend un exposé sommaire des faits, tels qu’ils ressortent du procès-verbal établi.
Dans sa seconde partie, elle reprend la qualification des infractions relevées. Enfin, elle
comporte la demande faite au Ministère Public d’ordonner la poursuite du délinquant ou du
contrevenant et l’enrôlement de l’affaire et d’informer l’Administration de la date de la première
audience afin de lui permettre de déposer en temps opportun ses conclusions.
Pour les affaires présentant une connexité avec les délits de droit commun, il est fait mention
dans la plainte de cette connexité avec un rappel, le cas échéant, de la référence du texte de droit
commun transgressé. Les pièces à joindre impérativement à la plainte sont, l’original du procès-
verbal avec deux copies certifiées conformes à l’original dudit procès-verbal ou la Procédure de
police qui constitue les pièces maîtresses du dossier ; les documents compromettants éventuellement
saisis ; la déclaration en douane en cas de souscription de celle-ci. La plainte est déposée auprès du
parquet contre accusé de réception, consistant en l’apposition, sur l’un des exemplaires, du cachet du
tribunal assorti de la date de dépôt de la plainte.
La citation directe constitue un procédé expéditif qui permet de réaliser une économie de
temps et de formalités. Elle est employée dans les cas qui n’exigent pas une instruction préparatoire
et qui présentent la preuve irréfutable de la commission de l’infraction. La citation directe constitue
la saisine en vue d’amener le tribunal à se prononcer sur la culpabilité d’un prévenu nommément
désigné et l’existence d’une infraction parfaitement établie en application de l’article 290 du CPP qui
stipule que « le tribunal de premier instance est saisi, soit par ordonnance de renvoi du juge
d’instruction, ou par arrêt de la chambre de contrôle de l’instruction soit par citation directe.. .»172.
La citation directe prend forme d’un acte solennel, établi et notifié au délinquant ou au
contrevenant en personne, pour lui demander d’assister à l’audience du jugement de son cas. Elle est
établie à l’adresse du président du tribunal compétent. L’avantage de ce procédé de saisine réside
dans le fait que la présence du prévenu à l’audience est obligatoire et qu’en cas d’absence injustifiée

172
L’article 290 du CD.
91
ou de silence, le jugement est réputé contradictoire et n’est pas par conséquent susceptible
d’opposition. Sur le plan formel, la citation directe doit comporter la désignation claire et précise du
jour, de l’heure et du lieu de l’audience d’une part et l’exposé des faits, la catégorie des infractions
relevées, la date et le lieu de leur commission ainsi que les textes applicables d’autre part.
L’inobservation de tout ou partie de ce formalisme expose l’acte à la nullité.
En cas de flagrant délit, le prévenu qui aura été gardé à vue sera déféré au Parquet à l’appui
de la plainte avant l’expiration du délai de la garde à vue. Le Parquet procède alors à l’interrogatoire
du prévenu et le présente à l’audience dans les délais réglementaires comme cela a été précité dans
l’article 298 « toute personne arrêtée en flagrant délit est déférée devant le procureur de la république
qui procède comme il est dit à l’article 114 du même code »173.
En cas de crime flagrant connexe une infraction douanière (par exemple le faux et usage de
faux), le prévenu est présenté devant le procureur général et la plainte de l’administration est déposée
soit auprès dudit magistrat soit auprès du juge d’instruction. Dans ce dernier cas, il y a lieu de se
rapprocher du juge chargé de l’instruction du dossier dans le but de s’assurer que l’instruction
engagée n’a pas révélé de nouveaux éléments concluant à la commission d’autres délits ou
contraventions douaniers, auquel cas une plainte additive ou complémentaire sera élaborée.
Une fois l’audience fixée, l’administration doit préparer ses demandes qui sont élaborées sous
forme de conclusions rédigées à l’attention du président du tribunal compétent. Les conclusions
doivent reprendre les faits tels que cités dans la plainte avec la référence aux textes transgressés ainsi
que les dispositions répressives sanctionnant les infractions constatées en respectant les règles
générales ci-après : En cas de concours de plusieurs infractions douanières, les condamnations
pécuniaires prévues pour chacune des infractions doivent être requises.
Lorsque plusieurs auteurs, coauteurs, complices et personnes intéressées à la fraude sont
impliquées dans une même infraction douanière, il y a lieu de réclamer contre eux la solidarité pour
toutes les condamnations pécuniaires réprimant ladite infraction. En effet, toutes les personnes
condamnées pour un même fait sont tenues solidairement des confiscations ou des sommes en tenant
lieu, des amendes et des peines.
Toutefois, lorsqu’il s’agit d’infractions aux régimes économiques en douane, la solidarité des
cautions bancaires et des sociétés d’assurance est limitée aux seuls droits et taxes dus et dans la limite
des sommes qu’elles ont cautionnée.
Lorsque pour une même infraction, certains parmi les auteurs, coauteurs ou complices ont été
appréhendés en flagrant délit, présentés et poursuivis et que d’autres participants au même délit ne
sont appréhendés ou découverts qu’ultérieurement, il y a lieu lors de l’établissement de la seconde
procédure de poursuite de requérir la condamnation de ces derniers pour le délit en cause et se

173
L’article 4298 du CD.
92
contenter pour les condamnations encourues de demander au tribunal d’établir la solidarité avec les
premiers responsables de l’infraction et ce, afin d’éviter un rejet de la procédure entamée.
Les conclusions peuvent être déposées avant la date de la première audience au greffe où une
décharge sera exigée. Elles peuvent être déposées le jour de la première audience entre les mains du
président.

PARAGRAPHE II : LES JURIDICTIONS NON REPRESSIVES


Les tribunaux nationaux des deux ordres, judiciaire et administratif peuvent être amenés à
connaitre des litiges douaniers, à l’initiative de l’administration ou du redevable. Dans l’ordre
judiciaire, les juridictions répressives ont une compétence de principe pour connaitre des infractions
douanières. Par ailleurs le juge civil peut aussi connaitre des litiges douaniers dans le cadre non
répressif.
En effet, le contentieux douanier civil concerne l’ensemble des contestations relatives à
l’application des lois douanières autres que celles qui n’entrainent pas la mise en œuvre de sanctions
d’ordre pénal. A la différence des poursuites pénales qui ne peuvent être engagées que par
l’administration des douanes seule ou conjointement avec le ministère public, les affaires civiles
peuvent être engagées tant par l’administration que par le redevable.
Le droit camerounais en matière de répartition des compétences entre les juridictions de
l’ordre administratif et celle de l’ordre judiciaire est manifesté dans le domaine douanier. Cela est à
l’image de la complexité même de l’opération douanière qui met en présence une administration et
des usagers mais qui repose également sur des rapports de droit privé. Dans ces conditions, les règles
de compétence applicables aux litiges douaniers échappent à toute systématisation théorique. D’une
part, la compétence des juridictions judiciaires peut être considérer comme une compétence de droit
commun, la part réservée au contentieux administratif restant exceptionnelle. D’autre part, au sein
même des juridictions judiciaires, la répartition des litiges entre juridictions répressives et civiles
obéit à des règles originales.
Traitant des tribunaux compétents ratione materiae en matière de douane, le Code des
Douanes consacre trois articles 334, 335 et 336 respectivement aux tribunaux de police, aux
tribunaux correctionnels et aux tribunaux d’instance174. Si les juridictions pénales, tribunaux de
police et tribunaux correctionnels se voient confier le traitement des infractions douanières, c’est à
la juridiction civile, le tribunal d’instance, qu’est attribuée la connaissance « des constatations
concernant le paiement, la garantie ou le remboursement des créances de toute nature recouvrées par

174
Articles 334, 335 et 336.
93
l’administration des douanes et des autres affaires de douane n’entrant pas dans la compétence des
juridictions répressives ».
Il ne faut pas, cependant, penser que l’ensemble du contentieux douanier échappe aux
juridictions administratives. Ne constitue « une affaire de douane » au sens de l’article 357 bis du
CD175, que celle qui relève des attributions exclusives de l’administration des douanes. Le législateur
communautaire a cependant souhaité également inclure certains litiges relevant des missions que la
douane exerce pour le compte d’autres administrations, qui « seront jugées comme en matière de
douane », ce qui dicte ainsi la désignation de la juridiction compétente. Tel est le cas notamment de
la législation relative aux relations financières avec l’étranger et certaines matières particulières du
droit maritime. La diversité des missions confiées à la douane, par nature extrêmement variées rend
parfois délicat le choix du juge compétent pour assurer le contrôle des décisions prises par cette
administration dans l’exercice de ses diverses missions.

A- La juridiction administrative
Au regard des règles du droit administratif, la compétence des tribunaux de l’ordre
administratif en matière douanière se trouve limité. En effet, le CD CÉMAC ne précise pas
expressément les matières qui relèvent de la compétence des juridictions administratives. Ainsi, on
peut conclure que, chaque État de la CÉMAC ayant son organisation de la justice, les juridictions
administratives pourront intervenir en matière douanière au regard de leur compétence générale.
Sachant que la douane bénéficie d’une partie de la puissance publique. En effet, l’administration
douanière bénéficie des prérogatives autrement dit d’autres moyens de règlements des litiges
douaniers dont le recours hiérarchique et la transaction douanière.
En outre, le contentieux administratif douanier peut se régler en dehors de toute action devant
les tribunaux répressifs, mais par voies de règlement à l’amiable. Le droit de transaction prévu par
l’article 350 du CD est la faculté pour l’administration de fixer les sanctions à un niveau inférieur
aux pénalités légalement encourues.
Pour plus d’éclaircit l’analyse de cette section sera focalisée bien qu’il s’agisse ici de la
question du juge administratif en matière de douane mais il faudrait d’abord évacuer le règlement
des infractions ou litiges douaniers à l’amiable par l’administration avant de démontrer proprement
dite de la compétence du juge administratif en matière douanière. Les juridictions judiciaires et
administratives peuvent être amenées à connaître des litiges douaniers à l’initiative de
l’administration ou du redevable. Les tribunaux de l’ordre judiciaire ont une compétence de principe
en la matière. Les tribunaux administratifs peuvent, dans les cas où les litiges mettent en cause
l’action du service ou la responsabilité administrative, être compétents. Toutefois, dans le cas des

175
Article 357 bis du code des douanes.
94
litiges relatifs à l’espèce, l’origine, la valeur, la quantité ou le poids des marchandises, les recours
administratifs constituent un préalable à la saisine des tribunaux, de ce recours ressortira soit un
arrangement ou bien un contrat signé entre l’administration et le requérant il s’agit de la transaction
douanière.
Le droit de transiger est conféré à l’administration des douanes par l’article 224 al 1 du CD.
Les éléments essentiels de la transaction sont ceux qui fondent ce mécanisme. Pour qu’il ait
transaction en matière douanière, il faut nécessairement la réunion de ces trois éléments, à savoir,
une situation contentieuse, l’intention des parties de mettre fin au litige, des concessions réciproques.
Le règlement transactionnel des infractions douanières est constaté par un écrit qui, suivant sa forme,
est dénommé transaction ou soumission contentieuse. Les actes transactionnels doivent indiquer : la
date, le nom, la qualité et domicile des parties, l’exposé des faits, la reconnaissance de l’infraction,
Les offres faites par le ou les contrevenants, Sûreté destinée à assurer l’exécution de l’acte
transactionnel, Condition résolutoire au profit de l’Administration, et enfin la signature.
La date qui doit être écrite en toute lettre est celle à laquelle l’acte est établi. L’acte ne doit
jamais être antidaté. Le Nom, prénom, grade et domicile, c’est-à-dire le bureau ou le poste des agents
qui ont constaté l’infraction. L’exposé des faits doit permettre de déterminer sans ambiguïté l’objet
de l’acte. Il compte, les faits litigieux, la date et le lieu où l’infraction a été commise, la perception
de l’infraction, la description des marchandises et la mention du contrevenant reconnaissant
l’infraction commise par lui ou commise en son nom et qui lui est reprochée176. Ces offres sont
concrètes dans la transaction. Par contre, dans la soumission contentieuse, le souscripteur déclare
s’en rapporter ultérieurement à la décision de l’Administration des Douanes relative aux suites
pécuniaires et s’engage à payer, à première réquisition les sommes que l’Administration jugera
devoir réclamer jusqu’à concurrence du montant intégral des pénalités légalement reconnues. Le
montant des frais est indiqué dans l’acte. Il est à remarquer que tous les frais sont remboursés par le
contrevenant.
L’exécution des engagements souscrits dans une soumission contentieuse est garantie par une
caution. En effet, la réalisation des conditions d’une transaction est assurée par le versement immédiat
du montant des sommes mises à la charge du contrevenant.
Toutes les transactions non encore approuvées sont des actes provisoires. En conséquence,
elles doivent stipuler expressément qu’en cas de rejet par l’autorité supérieure, les clauses provisoires
du contrat seront considérées comme non avenues et que les parties rentreront respectivement dans
leurs droits comme ils existaient au moment de la signature de la convention. Après la formule de
clôture, l’acte transactionnel doit être revêtu de la signature du contrevenant et celle de l’agent des

176
VIALA (A.), « Le régime des visites domiciliaires en matière fiscale et douanière », Gaz. Pal.
1990, 1, doctr. p. 229.
95
Douanes qui l’a rédigé. Sous peine de nullité et de sanctions, il est formellement interdit au Service
des Douanes de faire signer au contrevenant des formules de transactions ou de soumission
contentieuse non encore remplies ou incomplètement rédigées. Les actes transactionnels sont établis
en autant d’originaux qu’il y a de parties ayant un intérêt distinct ; un des originaux est gardé par le
Service des Douanes et les autres remis aux intéressés. La rédaction en autant d’originaux que des
parties ayant un intérêt, dispense des formalités d’enregistrement et exige certaines mentions
obligatoires (reconnaissance de l’infraction, noms, qualités et domiciles des parties, signatures, etc.)
La transaction en matière douanière est soumise en principe aux articles 2044 et suivants du
code civil. Ainsi la transaction se présente comme le contrat par lequel l’Administration des Douanes
et l’auteur d’une infraction conviennent, suivant la définition même de l’article 2044 du code civil
de terminer une contestation née ou de prévenir une contestation à naître177. En principe, seule la
volonté active et exprimée peut faire naître une transaction douanière. Il peut tout simplement s’agir
de l’œuvre d’une volonté unilatérale, celle de l’Administration des Douanes dictant amicalement sa
loi au contrevenant. Le contrat n’acquiert sa force obligatoire à l’égard de l’adhérent qu’à partir du
moment où ce dernier a donné son consentement. La transaction douanière obéit, dès lors, pour
l’essentiel au droit commun contractuel dont elle constitue une application remarquable, tant en ce
qui concerne sa conclusion que son exécution.
Pour ce qui est de la conclusion de la transaction, la transaction est un contrat, ce qui implique
un acte de volonté, ce contrat est établi par les autorités habilitées à transiger.
Le contrat est un accord de volonté entre deux ou plusieurs personnes en vue de produire des
effets de droit. L’originalité de la transaction douanière, c’est qu’elle se repose sur la volonté des
parties au contrat, c’est-à-dire le contrevenant qui accepte de payer les droits et taxes compromis ou
éludés et l’administration des douanes qui atténue ainsi la sanction encourue178. L’Administration
des Douanes, en prêtant ainsi assistance pour l’atténuation des sanctions encourues, collabore
généreusement comme s’il s’agissait d’un contrat de « gré à gré » entre les parties. L’efficacité de
cette collaboration suppose, bien entendu, que le Service des Douanes et le contrevenant jouent une
certaine complémentarité de par leur volonté réciproque.
En définitive, les transactions ont, entre les parties, l’autorité de la chose jugée en dernier
ressort et ne peuvent être attaquées pour cause d’erreur de droit ni pour cause de lésion. Ainsi,
l’analyse de cette partie évoque que la transaction est un mode de règlement amiable des litiges
douaniers. Mais en cas de non satisfaction sur le montant du contrevenant sera-t-il contraint à

177
Article 2044 du code civil.
178
ROBERT (J.-H.), « l'alternative entre les sanctions pénales et les sanctions administratives »,
AJDA, numéro spécial, Les sanctions administratives, 20 octobre 2001.
96
transiger ou bien il pourra faire un autre recours ? La deuxième partie de ce travail sera concentrée
là-dessus.
Il peut arriver que des contrevenants demandent la révision d’une transaction lorsque le
montant de celle-ci leurs parait élevé. Bien entendu on se base sur la place importante que
l’administration occupe dans le déroulement de la transaction et le rôle des fonctionnaires
hiérarchiques compte tenu de l’affaire. Il s’en suit de se demander si certaines autorités de l’ordre
administratif peuvent être appelés à intervenir après la procédure de transaction si elle ne satisfait pas
le contrevenant. Il est constaté que l’administration des douanes est très structurée et homogène. Elle
a en outre été mentionnée du droit d’évocation de l’autorité supérieur qui permet à cette dernière
d’évoquer directement une affaire relevant de la compétence subalterne. Pour justifier cela, entre
autres, le recours hiérarchique en ait la raison. Il est normal que le contrevenant puisse adresser à
l’autorité supérieure une demande, lorsqu’il n’est pas satisfait de la décision rendue par l’autorité
subalterne. En fait les décisions administratives relatives aux transactions doivent pouvoir faire
l’objet de demandes en diminution des amandes transactionnelles mises à la charge des délinquants.
La compétence du juge administratif est limitée mais elle existe tout de même. Les
Juridictions administratives connaissent, à titre exclusif le contrôle de la responsabilité de
l’administration dans l’organisation du service des douanes, au contrôle de la légalité des actes
administratifs individuels et au contentieux de la responsabilité de l’Etat pour faute des agents de
douanes dans l’exercice de leur mission lorsque les fautes sont entièrement détachables du service.
Conformément aux règles générales de répartition des compétences entre les deux ordres de
juridictions, la compétence des tribunaux de l’ordre administratif en matière de compétence
douanière demeure limitée Les juridictions administratives connaissent explicitement au CD
CEMAC des litiges mettant en cause les poursuites exercées contre les agents des douanes pour des
fautes des agents se rattachant au service, non détachables de l’exercice de leurs missions, ainsi que
les litiges portant sur le statut des fonctionnaires des douanes et les litiges douaniers impliquant
l’examen de la légalité d’un acte administratif.
Les recours contentieux sont les recours portés devant le juge et se distinguent des recours
administratifs qui portés devant les autorités administratives. Ces recours administratifs peuvent être
gracieux, s’ils sont adressés à l’autorité administrative qui a pris la décision ou adopté le
comportement qui a provoqué le litige ; ces recours sont hiérarchiques lorsqu’ils sont formés devant
le supérieur hiérarchique de l’autorité administrative. Parmi les recours contentieux, les deux plus
importants sont le recours pour excès de pouvoir et le recours de pleine juridiction.

B- La juridiction civile
Les tribunaux civils connaissent du contentieux douanier civil constitué essentiellement par
des contestations relatives à la perception des droits de douane ou des impositions diverses, à des
97
oppositions à contrainte ou à des mesures conservatoires prises par l’administration ils ne connaissent
pas de la contrebande. Le juge d’instance est compétent pour tous les litiges qui naissent sans qu’il y
ait infraction, à l’occasion de l’application du tarif des douanes : contrairement à la règle de droit
commun qui limite sa compétence selon l’importance des sommes en jeu, il statue, en matière
douanière, quel que soit le montant des sommes concernées. On étudiera ici le champ de compétence
de la juridiction civile et les parties au procès puis suivra le régime de réparation des dommages et
intérêts179.
Les juridictions civiles peuvent être compétentes en matière douanière à la fois, en ce qui
concerne des engagements transactionnels, mais également dans des matières relevant par nature de
la matière civile telle que définie par le Code des douanes. Le champ territorial de la compétence des
juridictions civiles obéit là encore aux règles de droit commun.
Lorsqu’elles sont jugées à titre principal, les contestations concernant le paiement, la garantie
ou le remboursement des créances de toute nature recouvrées par l’administration des douanes, ainsi
que les autres affaires de douane n’entrant pas dans la compétence des juridictions répressives, sont
du ressort des tribunaux d’instance. Lorsqu’une infraction est dépourvue de tout caractère de gravité,
l’administration peut se limiter à exercer des recours devant les juridictions civiles.
En matière non répressive, il faut rappeler par ailleurs, que les questions douanières soulevées
par voie d’exception relèvent de la compétence des juridictions répressives saisies des poursuites,
qui examinent également les questions civiles.
Ressortissent donc à la compétence du tribunal d’instance toute contestation concernant
l’assiette et le recouvrement des droits ainsi que les actions en responsabilité engagées par les
redevables contre l’État en raison de faits afférents à des opérations d’assiette ou de recouvrement.
Logiquement, la juridiction civile connaît également des avis de mise en recouvrement des douanes
pour la perception de la dette douanière180.

 La contestation d’un avis de mise en recouvrement et contestation à la fin de


confiscation.
La procédure de l’avis de mise en recouvrement est le mécanisme de garantie et de
recouvrement forcé dont dispose l’administration des douanes pour le recouvrement de ses créances
de toute nature, c’est à dire le recouvrement des sanctions fiscales et des droits et taxes éludés. Il
s’agit du contentieux de recouvrement qui comprend tous les litiges qui ont exclusivement trait à la

179
PRALUS M., « L'ombre portée du nouveau Code pénal (l'incidence des dispositions générales du nouveau Code
pénal sur le droit pénal qui lui est extérieur », JCP 1994, I, 3741.
180
PRADEL J., « Une consécration du « plea-bargaining » à la française : la composition pénale », D. 1999, chron. p.
379.
98
perception de l’impôt, soit que le redevable refuse d’acquitter les droits et taxes liquidés par
l’Administration, soit qu’il réclame le remboursement de droits et taxes qu’il estime indûment perçus.
En cas de refus d’acquittement des droits et taxes, deux moyens s’offrent à l’administration ;
si elle possède un titre suffisant, elle décerne contrainte ou un avis à tiers détenteur en application de
l’article 366 CD, et le litige civil naît de l’opposition à contrainte fait par le débiteur du trésor qui se
présente à l’instance comme demandeur. Par contre, si elle n’a pas de titre suffisant, l’administration
doit agir comme demanderesse en intentant une « action en paiement des droits ».
En ce qui concerne les litiges relatifs au remboursement des droits et taxes payés à tort, le
redevable est demandeur en l’instance qui se dénomme « action en remboursement de droits » ou «
action en répétition de l’indu ».
En cas de contestation de la créance, le destinataire d’un avis de mise en recouvrement émis
par la douane peut utiliser un recours gracieux prévu par l’article 346 du CD, à la suite de ce recours
gracieux peut porter l’examen de son litige à la connaissance du tribunal d’instance.
De même, l’administration des douanes peut demander au tribunal d’instance sur simple
requête la confiscation en nature des objets saisis sur des inconnus ou sur des individus qui n’ont pas
fait l’objet de poursuites en raison du peu d’importance de la fraude, même si la requête se rapporte
à plusieurs saisies faites séparément ; le juge d’instance statue sur la demande par une seule
ordonnance.
 Le contentieux civil par nature et affaires de douanes ne faisant pas partir de la
compétence du juge répressif.
Par contentieux civil par nature, on entend, tout d’abord, la procédure de saisie conservatoire
instituée au profit de la douane en effet, l’Administration est responsable du fait de ses employés
dans l’exercice pour raison de leurs fonctions seulement, sauf son recours contre eux ou leurs
cautions181.
Les litiges qui tendent à obtenir de l’Administration des Douanes la réparation du préjudice
causé par ses agents, donnent lieu à des instances dénommées « actions en dommages intérêts ». Ces
litiges rentrent normalement dans le « contentieux administratif », mais, par exception, les actions en
dommages intérêts sont soumises aux règles du contentieux douanier lorsqu’elles sont accessoires à
une contestation relative à l’impôt ou à la répression des infractions douanières. En vertu de ces
principes, les règles du contentieux douanier sont notamment applicables en cas de demandes
d’indemnités fondées : sur le refus de délivrance des acquis de paiement ou à caution, congés ou
passavants, sur le refus de décharge des acquis à caution lorsque les formalités prescrites par lesdits
acquits ont été remplies, sur une saisine non fondée et enfin sur le préjudice résultant de poursuites
abusives ou d’actes irréguliers se rattachant à une procédure judiciaire pour délit de douane.

181
art. 389 C.D.
99
La seconde matière relevant de la compétence du juge civil est l’action en confiscation
exercée contre la succession de l’auteur d’une infraction. Le principe de la personnalité des peines
qui interdit de poursuivre en justice l’auteur d’une infraction après son décès ou d’engager une
procédure contre ses héritiers s’applique en matière douanière. Une juridiction doit donc constater
l’extinction de l’action publique en cas de décès du prévenu en cours d’instance. Cependant, le CD
prévoit que des poursuites peuvent être engagées devant le juge d’instance afin de permettre la
confiscation des objets de la fraude douanière ou d’un équivalent en valeur dans la succession. Ainsi,
dans l’hypothèse où l’auteur d’une infraction douanière décède avant l’intervention d’un jugement
définitif ou d’une transaction, l’administration des douanes peut exercer devant le juge d’instance
une action contre la succession tendant au prononcé de la confiscation des objets passibles de cette
sanction, à savoir ceux sur lesquels porte la fraude, ou si ceux-ci n’ont pas pu être saisis, la
condamnation au paiement d’une somme égale à leur valeur. Lorsque l’auteur d’une infraction
douanière décède après un jugement définitif ou une transaction, le recouvrement des amendes et
confiscation peut également être demandé au tribunal d’instance.
Par ailleurs, le principe de la responsabilité pénale personnelle et donc l’extinction des
poursuites en cas de décès du prévenu ne s’applique pas à l’action exercée en vue d’obtenir le
paiement des droits et taxes éludés ou compromis, qui n’ont pas le caractère d’une sanction pénale
mais sont une créance civile destinée à réparer le préjudice causé au Trésor public.
Enfin, l’autorisation de vendre aux enchères certains biens dans les conditions fixées par
l’article 389 du CD relève également de la compétence du tribunal d’instance. Les affaires de douanes
n’entrant pas de la compétence du juge pénal. Outre ces domaines, le champ du contentieux civil
douanier s’étend aux « autres affaires de douane n’entrant pas dans la compétence des juridictions
répressives ». Leur contour est alors plus délicat à tracer en raison notamment de l’imprécision du
terme. On peut cependant affirmer que, lorsqu’aucune disposition légale ne vient affirmer clairement
la compétence, deux conditions sont nécessaires pour qu’un litige soit considéré comme une affaire
de douane : que l’administration des douanes y soit partie, que la solution du litige implique
nécessairement l’application ou l’interprétation d’une règle de droit douanier. Autrement dit, ne peut
constituer une affaire de douane que celle dans laquelle la douane est impliquée au titre des
attributions qu’elle a reçues de manière exclusive182. Ce qui exclut du contentieux douanier les litiges
nés de l’action de la douane au titre des missions dont elle est chargée pour le compte d’une autre
administration.
En effet, le contentieux des autres affaires de douane n’englobe pas toutes les contestations
dans lesquelles l’Administration des Douanes est partie, mais seulement les litiges qui se rattachent

182
CADIET L., note sous Cass. ass. plén. 5 avril 1996, JCP 1996, II, 22676, Rapport Conseiller
Y. Chartier,
100
à une question douanière proprement dite, tels que, les actions en annulation ou en interprétation des
transactions douanières ; les actions en validité ou en mainlevée de saisie conservatoire douanière;
les litiges nés à l’occasion de mesures conservatoires ou d’actes d’exécution à fins de recouvrement
de droits ou de pénalités et, notamment des contestations sur le rang du privilège de l’Administration
; et enfin les demandes en restitution de marchandises constituées en dépôt de Douane. Pour conclure,
selon la nature du litige, le juge civil peut connaitre du contentieux en recouvrement, du contentieux
de la responsabilité et les autres affaires de douanes n’entrant de la compétence du juge répressif. Le
juge de l’instance est aussi tenu par des exigences de lieu pour statuer sur le fond du litige.

SECTION II : LA JURIDICTION COMMUNAUTAIRE

La cour de justice communautaire est une institution supranationale, indépendante des Etats
membres, des Organes et des autres Institutions de la Communauté, elle est l’Institution
juridictionnelle de la CEMAC, chargée d’assurer le respect des dispositions des traités et des
conventions subséquentes par les Etats membres, les Institutions et Organes de la Communauté qui
se veulent harmonisés par ladite communauté. Institution judiciaire interne à la CEMAC, la Cour de
Justice est une juridiction hybride car elle n’est considérée ni comme une juridiction internationale
stricto sensus, ni comme une juridiction étatique. Elle est instituée par le Traité de la CEMAC, l’une
des Institutions qui témoignent la volonté de sacraliser le droit communautaire, en veillant à son
respect effectif et en sanctionnant le non-respect.
En effet, les gouvernements des Etats membres se sont résolus à donner une impulsion
nouvelle et décisive au processus d’intégration en Afrique centrale par une harmonisation accrue des
politiques et des législations de leurs Etats. Sa création a traduit ainsi l’idée selon laquelle « Seul le
respect du droit et des obligations incombant aux Etats membres de la CEMAC peut permettre son
fonctionnement dans l’intérêt de celle-ci comme dans celui de chacun des Etats membres » d’une
part, et d’autre part « Qu’il est essentiel que le droit communautaire découlant des traités et
conventions soit appliqué dans les conditions propres à garantir la mise en place d’une jurisprudence
harmonisée ». Selon le CD CEMAC, les Etats membres veillent à promouvoir la sécurité juridique
et judiciaire, et à renforcer l’Etat de droit, alors que la Cour de Justice communautaire veille au
respect des droits et obligations qui découlent du Traité et des Actes pris en vertu du Traité. Ils
adhèrent au Traité de l’OHADA (l’Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires en
Afrique). Ils garantissent l’application des procédures et des arrêts de la Cour Commune de Justice
et d’Arbitrage de cette Institution Régionale. Ils adaptent leur droit national et leur politique judiciaire
aux règles et dispositions de l’OHADA. Dans l’ensemble, il sera question de redéfinir la compétence
de la cour en matière douanière (Paragraphe I) et de démontrer les enjeux d’une telle institution pour
les juridictions nationales. (Paragraphe II).
101
PARAGRAPHE I : LA COMPETENCE DE LA COUR EN MATIERE DE
CONTESTATION
Le droit communautaire ne se limite pas seulement aux traités qui constituent le droit
originaire ou primaire. Il comprend aussi toutes les règles établies en application de ces traités il
s’agit du droit dérivé. C’est dans ce droit dérivé que le juge communautaire fonde sa compétence en
rapport avec les contestations douanières. En outre, pour démontrer la compétence du juge
communautaire en légalité et en interprétation (A) en matière douanière il est de bonne méthode de
démontrer la souveraineté des Etats membres de la CEMAC et actes qui les lient et qui fondent cette
compétence (B).

A- Le fondement de la compétence de la Cour


Excepté les actes communautaires dérivés qui relèvent de la compétence du juge
communautaire on regroupe aussi les organes de la communauté, si on s’en tient seulement au droit
douanier, l’institution qui a la charge est l’union économique d’Afrique central (UEAC). La Cour de
justice de la CEMAC assure le respect du droit dans l’interprétation et l’application des traités.
Les textes communautaires dérivés relatifs à la réglementions douanière sont des actes pris
en application des traités. En d’autres termes, la matière dans laquelle le juge communautaire devrait
statuer en rapport avec les questions douanières. Il peut s’agir ici des règlements, les décisions ou
encore les directives. C’est au niveau des techniques douanières que la pénétration du droit
communautaire se manifeste dans toute son ampleur, par l’élaboration et la mise en vigueur des
règlements et directives qui constituent le droit communautaire positif. A l’instar dans le domaine
des douanes. La décision à la différence du règlement et de la directive qui a une portée générale, la
décision ne s’adresse qu’aux destinataires qu’elle désigne. Ces derniers peuvent être des Etats ou un
ou plusieurs particuliers. Contrairement au règlement, elle ne pose pas une règle de droit
immédiatement applicable. Seront développer ici comme texte communautaire les règlements
communautaires et les directives.
L’article 41 du traité de la CEMAC prévoit cinq types d’actes de droit dérivé à l’instar des
actes additionnels, les actes communautaires, les directives communautaires, les décisions, les
recommandations et les avis. Les actes règlementaires communautaires qui constituent l’épine
dorsale ce paragraphe sont stipulés dans l’alinéa 2 du traité de la CEMAC « les règlements ont une
portée générale. Ils sont obligatoires dans tous leurs éléments et sont strictement applicables dans
tous les Etats membres ». En fait lorsqu’un règlement entre en vigueur il se substitue à la législation
nationale. Le règlement communautaire se caractérise par trois éléments dont sa portée est générale,
il est obligatoire dans tous ses éléments et enfin directement obligatoire.

102
On parle de portée générale du règlement communautaire, car il tient au fait que cet acte n’a
pas de destinataire nommément désigné. En d’autres termes, elle dispose d’une portée à la fois
générale mais également obligatoire.
Pour appréhender la portée obligatoire du règlement, une fois que le règlement est entré en
vigueur, il ne requiert pas de mesure communautaire ou nationale d’exécution afin d’être applicable
dans tout Etat. C’est un acte qui se suffit à lui-même.
Quant à son application directement dans tous les Etats, le règlement communautaire est un corolaire
à la caractéristique précédente dans la mesure où une fois qu’il est en vigueur, il s’applique
directement à la fois aux autorités nationales, mais également et surtout aux particuliers. Il s’agissait
des caractères d’un règlement communautaire quels sont des actes qui se rapportent aux règlements
communautaires relatifs aux questions douanières ? Il s’agit des règlements qui définissent le
territoire douanier de la CEMAC, et les tarifs.
En effet le règlement qui est important car regroupe en lui beaucoup de dispositions qui sont
de la compétence du juge communautaire celui n°05/01-UEAC-097-CM-06 du 03 aout 2001 portant
révision du Code des Douanes de la Communauté Economique de l’Afrique Centrale (CEMAC).
L’acte portant révision du Code des Douanes de la CEMAC établit en nombre simple conformément
aux dispositions de l’article 7 de l’acte n° 8/65-UDEAC-037 du 14 décembre 1965 du conseil des
chefs d’Etat de l’U.D.E.A.C., comportent des discontinuités ménagées en prévision d’éventuels
remaniements. Dans le présent code on regroupe dans l’article 1 la délimitation du territoire douanier
ainsi que les pouvoirs tarifaires à l’exemple des tarifs douaniers, l’origine des marchandises, et la
valeur des marchandises. Qu’en est –il des directives ?
Les directives interviennent en vue d’harmoniser les législations nationales. A la différence
du règlement communautaire, elle est un acte à caractère individuel elle a des destinataires biens
précis. L’article 43 alinéa 3 stipule « Les directives lient tout Etat membre destinataire quant aux
résultats à atteindre tout en laissant aux autorités nationales la capacité en ce qui concerne la forme
et les moyens ». Elle fait apparaitre une modalité de législation à double détente du niveau
communautaire et le niveau national.
Au niveau communautaire, la directive fixe un cadre général d’harmonisation. En d’autres
termes, les objectifs à atteindre par les Etats membres.
Au niveau national, il renvoie à la transposition de ce cadre national. En d’autres termes,
chaque Etat membre est tenu de mettre en œuvre en l’adoptant les objectifs fixés par la directive dans
son cadre juridique interne. La directive fixe une obligation de résultat aux Etats membres. Cette
dernière se traduit par le fait que les Etats membres sont obligés de transposer dans un délai prescrit
par la directive. Ceci implique que les Etats ont la liberté quant au choix de l’instrument de
transposition. En droit interne il peut s’agir d’une loi soit d’un décret, ou soit une ordonnance.

103
Les directives sur l’harmonisation de des techniques douanières sont aussi mise en œuvre ici
et découlent de la compétence du juge communautaire. Il s’agit des directives sur la conduite en
douane, sur le transit communautaire, franchise douanière ainsi que le régime suspensif.

B- La matérialisation de la compétence de la Cour


La cour est capable de connaitre du Recours de la légalité et celui de l’interprétation
Le premier recours est encore appelé le contentieux en appréciation de validité. Comme une
compétence générique de la Chambre judiciaire de la CJ CEMAC, le contrôle de légalité est un
principe posé tant dans le traité, la Convention régissant la Cour que dans l’Acte additionnel portant
statut de ladite chambre selon l’article 4 du traité.
En effet, « la Chambre judiciaire connaît, (…) de tous les cas de violation des traités de la
CEMAC et des Conventions subséquentes…, » toute partie pouvant à l’occasion d’un litige soulever
l’exception d’illégalité d’un acte juridique d’un Etat membre ou d’un organe de la CEMAC,
Régulièrement saisie, la Chambre judiciaire « contrôle la légalité des actes juridiques déférés à sa
censure ».
Le recours en appréciation de la légalité des actes contraires aux règles de la CEMAC peut se
faire les requérants peuvent faire soit un recours direct soit un recours préjudiciel.
Tous les cas de violation des textes communautaires peuvent faire l’objet d’un recours direct
devant le juge communautaire, qu’il s’agisse d’un texte communautaire ou d’un texte national. Par
ailleurs, l’exception d’illégalité peut être soulevée à l’occasion de tout litige, quel que soit le
demandeur : Etat membre, organe ou Institution communautaire, personne physique ou morale, dès
lors qu’il présente un intérêt certain et légitime Article 24 de la Convention régissant la Cour.
La nécessité d’un recours en appréciation de la légalité d’un acte communautaire peut
s’imposer dans le cadre d’une procédure judiciaire nationale dans laquelle le droit communautaire
est invoqué. Dans ce cas, l’appréciation de la légalité sera faite dans le cadre d’un renvoi préjudiciel
du juge national saisi vers le juge communautaire article 27 de la convention régissant la cour de
justice de la CEMAC.
Le recours de l’interprétation des actes communautaires est beaucoup plus étendu que celui
de la légalité, le contentieux de l’interprétation des actes communautaires apparaît comme
l’instrument véritable de l’harmonisation de la jurisprudence communautaire en vue d’une
application uniforme du droit communautaire dans toutes la Communauté. Elle est l’instrument
favorisant la lutte contre la disparité des jurisprudences devant les juridictions nationales appelées à
appliquer le droit communautaire article 5 du traité précité.
Article 4 de la Convention régissant la CJ. CEMAC : « Dans son rôle juridictionnel, la Cour
de Justice est juge, en dernier ressort, du contentieux de l’interprétation des Traités, Conventions et
autres actes juridiques de la CEMAC ».

104
Dans le même sens : Article 48 de l’Acte additionnel portant règles Statut de la Chambre
judiciaire de la CJ /CEMAC : « La Chambre connaît notamment en dernier ressort des recours directs
ou préjudiciels en interprétation des actes juridiques, des traités, conventions et autres textes
subséquents de la CEMAC (…) ».
Dans la partie réservée en interprétation, la juridiction nationale peut faire un recours
préjudiciel en principe ou le recours direct par défaut.
Selon l’article 27 de la Convention régissant la Cour de justice communautaire, le recours
en interprétation doit en principe être exercé par la voie du renvoi préjudiciel :
Article 27 « La Chambre Judiciaire statue à titre préjudiciel sur l’interprétation du Traité de la
CEMAC et des Textes subséquents, sur la légalité et l’interprétation des Statuts et des actes des
Organes de la CEMAC, quand une juridiction nationale ou un organisme à fonction juridictionnelle
est appelé à en connaître à l’occasion d’un litige (…) ».
Afin de faire triompher l’interprétation des actes communautaires, le législateur a prévu un
recours direct exceptionnel. C’est l’article 19 de la Convention régissant la CJ/CEMAC qui en révèle
la quintessence : si les règles régissant le recours préjudiciel sont mises en échec devant une
juridiction nationale, aboutissant à une interprétation erronée des traités et autres actes
communautaires, alors, le secrétaire exécutif, tout autre organe de la CEMAC ou toute personne
physique ou morale peut en référer à la Cour. Elle se doit alors de rendre un arrêt donnant les
interprétations exactes qui s’imposeront certes à toutes les juridictions des Etats membres dans la
Communauté,
Quand a la décision du juge, tant que garante de l’uniformisation de la jurisprudence
communautaire, la Cour est seule investie de la mission fondamentale de « délivrer de l’acte juridique
communautaire obscure, sujet d’un doute, la seule interprétation authentique ». Aussi les arrêts en
interprétation sont-ils rendus en dernier ressort, non pas qu’il existe une autre juridiction de premier
ressort, mais pour marquer l’exclusivité de la compétence de la Cour en matière d’interprétation.
La Cour de Justice ne dispose d’aucun pouvoir pour invalider ou annuler les décisions des
juridictions nationales quand bien même l’application du droit communautaire est compromise. Elle
ne dispose non plus du pouvoir de trancher le litige qui a inspiré l’interprétation du droit
communautaire. Le litige est tranché exclusivement par la juridiction nationale même lorsque le
dénouement de celui-ci requiert l’application d’une ou plusieurs normes communautaires. La Cour
fournit juste les indications sur le droit communautaire au juge national, lesquelles indications ce
dernier est tenu de se conformer.

105
PARAGRAPHE II : L’EXISTENCE D’UN CONFLIT EN MATIERE
D’APPLICATION DE LA NORME COMMUNAUTAIRE
Le renvoi préjudiciel permet au juge communautaire et plus particulièrement à la Cour de
Justice de la CEMAC presque exclusivement compétente en ce domaine d’assurer l’unification du
droit communautaire dans l’ensemble des Etats membre en fournissant des interprétations ou des
appréciations de validités qui s’imposeront aux Etats à l’exception des cas où elle reconnait l’acte
valide, pour lesquels l’arrêt a une autorité relative de chose jugée et non absolue. Par ce biais, la
procédure de l’article 234 du Traité établissant les Communautés Européennes se trouve également
mis au service des principes de primauté et d’effet direct du droit communautaire ainsi qu’au service
des justiciables dont il assure une protection en garantissant la correcte application et interprétation
des actes communautaires.
Procédure de juge à juge qui instaure donc un dialogue entre les juges nationaux et
communautaire, permettant l’accomplissement de l’œuvre communautaire, de la construction
communautaire, le renvoi préjudiciel a été si efficace, notamment grâce à une coopération volontaire
des juges nationaux, que le traité de Nice s’est vu contraint de conférer au Tribunal de Première
instance la possibilité de connaitre certaines catégories de recours préjudiciels afin de soulager la
Cour de Justice des Communautés Européennes submergée par l’afflux des demandes restant
néanmoins le principal acteur communautaire dans le dialogue avec les juges nationaux.
Au cours d’un contentieux, tout moyen tiré du droit communautaire doit recevoir une réponse,
sauf pour le juge national à courir le risque d’un déni de justice. Le renvoi préjudiciel arrive fort à
propos pour lui donner l’opportunité d’interroger le spécialiste quant au moyen de droit
communautaire invoqué. Le juge national dans la CEMAC doit pouvoir donner sa pleine efficience
au renvoi préjudiciel dans l’intérêt individuel des parties, mais aussi dans l’intérêt collectif de la
jurisprudence communautaire. Dans le contexte du jeune droit de l’Afrique centrale, il peut d’autant
tant plus recourir à cet instrument de coopération juridictionnelle qu’il est édifié quant à son domaine
(A) et maîtrise la procédure ( B) qui lui permet en posant une question préjudicielle, d’obtenir une
réponse à même d’harmoniser la jurisprudence communautaire.

A- La nature de la question préjudicielle


L’objectif d’uniformisation émane de celui d’intégration, qui est également juridique. Le droit
communautaire ou le droit douanier doit être identiquement appliqué dans tous les Etats membres.
Par ses deux branches complémentaires, l’interprétation et l’appréciation de validité ou de légalité,
le mécanisme préjudiciel y aboutit. La question préjudicielle en interprétation permet au juge national
de solliciter du juge communautaire la détermination exacte du sens d’un acte communautaire. Dans
une question préjudicielle en appréciation de validité, le juge national interroge le juge

106
communautaire sur la conformité au droit communautaire d’une règle de droit nationale ou
communautaire, ou d’une pratique administrative existant dans la communauté.
Les principes fondamentaux du droit communautaire tels qu’ils se sont développés au fil de
la jurisprudence communautaire, font l’objet, à juste titre, d’une véritable théorie générale du droit
communautaire « à défaut d’être commune, elle (la norme communautaire) cesse d’exister et il n’y
a plus de communauté » .C’est dans cette logique que l’on évoquera, bien que la jurisprudence issue
du juge communautaire en zone CEMAC en matière douanière soit rare on devrait s’attarder un temps
soi peut à cette dernière. Il convient d’examiner à présent dans quelle mesure la jurisprudence rendue
par la cour de justice communautaire intéresse le contentieux douanier tant répressif que civil.
Le renvoi préjudiciel est beaucoup plus un mécanisme de coopération entre les juges qu’un moyen
de conflit. Le principe de la primauté du droit communautaire sur le droit national, a été prononcé
par la CJCE183. En 1964 en affirmant dans l’arrêt rendu énonce que « le transfert opéré par les Etats
de leur ordre juridique interne au profit de l’ordre juridique communautaire, des droits et obligations
correspondant aux dispositions du traité, entraine une limitation définitive de leurs droits souverains,
contre laquelle ne saurait se prévaloir un acte unilatéral ultérieur incompatible avec la notion de
communauté ». Ce principe a été repris en zone CEMAC. « A défaut d’être commune, elle, la norme
communautaire cesse d’exister et il n’y a plus de Communauté ». L’instauration d’une Communauté
fondée sur le droit est intrinsèque à l’idée même d’intégration : « la norme communautaire doit
prévaloir sous peine de cesser d’être commune (…) ». Le domaine de la coopération préjudicielle,
en couvrant tant le droit communautaire primaire que le droit communautaire dérivé, permet de
prendre en compte, dans l’objectif d’uniformisation, l’ensemble du droit communautaire en vigueur.
Ce droit fait partie intégrante de l’ordre juridique national, et est créateur de droits et d’obligations
pour l’ensemble des personnes physiques et morales de cet espace. Il convient ici de rappeler que
deux principes centraux expliquent fondamentalement que tout texte de droit communautaire puisse
être invoqué devant le juge national, afin d’assurer l’effectivité d’un droit « commun » issu de la

183
En plus d’être le premier recours préjudiciel de la C.J.C.E comme cela a été dit, l’arrêt VAN GEND AN LOOS du 5
février 1963 entré dans le patrimoine jurisprudentiel de la Communauté européenne en posant pour la première fois le
principe de l’effet direct des règles communautaires, qu’une jurisprudence évolutive a par la suite encadré. Ainsi, c’est
dans l’arrêt SIMMENTHAL rendu en 1978 que le juge donne une réelle latitude à ce principe : « l’applicabilité directe
(...) signifie que les règles du droit communautaire doivent déployer la plénitude de leurs effets, d’une manière uniforme
dans tous les Etats membres, à partir de leur entrée en vigueur et pendant toute la durée de leur validité» et «ces
dispositions sont une source immédiate de droits et d’obligations pour tous ceux qu’elles concernent, qu’il s’agisse des
Etats membres ou de particuliers qui sont parties à des rapports juridiques relevant du droit communautaire». C.J.C.E., 9
mars 1978, SIMMENTHAL, Aff. 106/77, rec. p. 629.

107
CEMAC : le principe de l’effet direct et le principe de primauté du droit communautaire qui traduit
une collaboration entre les deux ordre de juridiction184.
Les principes de l’immédiateté, de l’effet direct et de la primauté du droit communautaire sur le droit
national font du premier non seulement partie intégrante du dernier, mais consacrent aussi la primauté
de la norme communautaire sur toute norme nationale contraire.
Les attributions communautaires des juridictions nationales se trouvent encadrées à travers la
compétence préjudicielle de la Cour de Justice. Cet encadrement de la compétence des juridictions
nationales apparaît au service non seulement de l’unité du droit communautaire, mais également au
service de la protection juridictionnelle des particuliers.
En permettant à la Cour de connaître à titre préjudiciel de la légalité de toutes les normes
communautaires, le mécanisme de coopération judiciaire par le biais du renvoi préjudiciel devient
une condition de l’unité du droit communautaire, et, avec l’obligation de renvoi qui pèse sur les
juridictions statuant en dernier ressort, ce renvoi élève la Cour de Justice en garante de l’unité du
droit communautaire devant les juridictions nationales.
La compétence préjudicielle de la Cour de Justice de la CEMAC : condition de l’unité de
droit communautaire. La compétence préjudicielle de la Cour de Justice est une condition première
de l’unité du droit CEMAC. Si l’interprétation de ce droit était abandonnée à la multitude de juges
nationaux, on se trouverait inévitablement face à une multitude d’interprétations divergentes et
contraires, alors que c’est une exigence inhérente à l’existence d’un marché commun que le droit qui
en régit l’institution et le fonctionnement revêtisse en tout lieu de ce marché, une signification et une
portée identique201(*). Or, la multiplicité des juridictions nationales appelées à appliquer le droit
communautaire crée le risque que cette exigence ne soit satisfaite.
La compétence préjudicielle de la Cour de Justice de la CEMAC semble à cet égard être une
condition de l’unité du droit communautaire. Mais, ce rôle est d’autant plus renforcé qu’il pèse sur
les juridictions nationales statuant en dernier ressort une obligation de renvoi. La Cour de Justice est
ainsi une garantie de l’unité du droit communautaire.
La Compétence préjudicielle de la Cour de Justice de la CEMAC : garantie de l’unité du droit
communautaire. Le législateur communautaire a consacré dans la Convention qui régit la Cour de
Justice le mécanisme de coopération judiciaire entre la Cour de Justice et les juridictions nationales.
Il s’agit sans doute de garantir l’unité du droit communautaire dans toute la zone CEMAC. Il a de

184
Ces principes fondamentaux du droit communautaire tels qu’ils se sont développés au fil de la jurisprudence
communautaire, font l’objet, à juste titre, d’une véritable théorie générale. V, dans ce sen RIDEAU (J.), Droit
institutionnel de l’Union et des Communautés européennes. Op. cit. p. 101. CHEVALLIER (B.), La primauté et l’effet
direct du droit communautaire, les développements de la jurisprudence récente. Visite des Magistrats de la Cour de
cassation. 27 juin 2005. Bulletin d'information n° 624 du 01/08/2005. Lire aussi : BIPELE KEMFOUEDIO (J.), Droit
communautaire d’Afrique centrale et Constitutions des Etats membres : la querelle de la primauté, Annales de la faculté
des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université de Dschang. Tome 13, 2009, p. 109 et sv.
108
même déterminé devant quelle juridiction le renvoi est obligatoire et devant quelle autre il est
facultatif.
Lorsqu’une question préjudicielle est soulevée devant une juridiction nationale qui statue en
premier ressort seulement, la faculté accordée à cette dernière de renvoyer ou non est compensée par
le fait que les justiciables qui estiment que le droit communautaire serait mal interprété, ont la faculté
de saisir la juridiction supérieure, qui sera tenue de solliciter l’interprétation de la Cour de Justice si
elle statue en dernier ressort.
Aux termes de l’article 17 de la Convention régissant la Cour de Justice, « la Chambre
Judiciaire statue à titre préjudiciel sur l’interprétation du traité CEMAC et des textes subséquents,
sur la légalité et l’interprétation des statuts et des actes des organes de la CEMAC, quand une
juridiction nationale ou un organisme à fonction juridictionnelle est appelé à en connaître à l’occasion
d’un litige.
En outre, chaque fois qu’une juridiction nationale ou un organisme à fonction juridictionnelle
saisi de question de droit ci-dessus doit statuer en dernier ressort, il est tenu de saisir préalablement
la Chambre Judiciaire. Cette saisine devient facultative lorsque la juridiction nationale ou
l’organisme à fonction juridictionnelle doit statuer à charge d’appel ». Outre la garantie de l’unité du
droit communautaire, le juge de la CEMAC s’emploie également à garantir la protection des
particuliers. Que dire sur la procédure ?
Interpréter veut dire non seulement éclairer le contenu matériel des dispositions du droit
douanier, mais aussi en déterminer la portée et définir tout ce qui caractérise leur mode opératoire et
leurs effets. Cette interprétation par le canal du renvoi préjudiciel vise à protéger les particuliers d’une
interprétation erronée du juge national. Elle participe indirectement au contrôle de la conformité de
la norme nationale au droit communautaire par la Cour de Justice. Saisi d’un recours préjudiciel, le
juge communautaire peut être amené à interpréter les articles du CD CEMAC et son additif ainsi que
tous les actes additionnels adoptés par la conférence des chefs d’Etats. En outre, les statuts des
organes de la CEMAC ainsi que son droit dérivé peuvent faire l’objet d’interprétation. La compétence
de la chambre judiciaire en la matière est posée par les articles 17 et 18 de la convention régissant la
cour de justice. Plusieurs méthodes d’interprétation existent.
La méthode d’interprétation systématique, qui est une méthode relativement simple. Le juge
se réfère au contexte juridique pour interpréter une notion qui, isolée, resterait ambiguë. Cette
méthode permet de dégager dans quelle direction privilégiée s’oriente l’effort interprétatif du juge.

B- La procédure du recours préjudiciel


La procédure du renvoi préjudiciel sera engagée par une demande préjudicielle dont
l’initiative est déterminée par le juge national, qui représente la nature même de ce mécanisme
juridictionnel. La saisine préjudicielle mérite de toute évidence une attention particulière,

109
spécialement au regard de la question à poser, tout comme l’arrêt rendu à l’issue de la procédure,
dont la portée est à la mesure des objectifs visés cet instrument de recours.
Le recours préjudiciel doit nécessairement émaner d’une juridiction nationale ou d’un
organisme à fonction juridictionnelle. Il permet de renforcer la protection des droits garantis aux
ressortissants de la Communauté. La collaboration qu’institue le renvoi préjudiciel impose au juge
national l’obligation de respecter le rôle de la Cour de Justice qui consiste à donner une opinion qui
doit faciliter l’administration de la justice. Le renvoi a aussi pour but d’éviter l’apparition des
divergences de jurisprudence préjudiciable à l’unité du droit communautaire dans la mesure où les
traités ont confié la responsabilité de l’essentiel de l’application du droit communautaire aux
juridictions nationales qui, conformément au principe de l’autonomie procédurale des Etats, sont
normalement appelées à se prononcer les premières sur son interprétation et sur sa validité. Procédure
incidente à une principale, l’opportunité du renvoi oblige la juridiction saisie de l’instance principale
à surseoir à statuer avant de saisir la Cour d’une demande en interprétation ou en appréciation de
validité.
Si les parties au litige principal ne sont pas appelées à intervenir directement, elles pourront
cependant profiter de cette procédure pour faire valoir les droits que leur procure l’ordre juridique
communautaire.
La question demeure tout de même sur le fait de savoir si une juridiction arbitrale pourrait
saisir la Cour de Justice de la CEMAC d’un recours préjudiciel. Cette question ne trouve pas de
réponse dans la Convention qui régit la Cour, Mais, la CJCE a dégagé dans deux arrêts les critères
d’une juridiction apte à la saisir d’un renvoi. Il n’est pas cependant nécessaire que tous ces critères
soient cumulativement remplis pour procéder à la qualification de juridiction.
Une fois les critères de juridiction nationale réunis, l’opportunité de la demande de renvoi
appartient à celle-ci qui peut la refuser malgré la demande de l’une des parties, ou qui peut l’introduire
malgré l’opposition d’une partie. Les juridictions nationales disposent à la fois du monopole et de la
liberté d’appréciation de l’exercice du recours préjudiciel. Mais cette liberté est limitée s’il s’agit
d’une juridiction statuant en dernier ressort : le recours peut donc être facultatif ou obligatoire.
Le renvoi est facultatif quand la juridiction nationale statue sous réserve d’appel. C’est le cas
des décisions de justice susceptibles de recours ordinaires. Il en est ainsi quand la juridiction nationale
statue en premier ressort seulement. Le juge apprécie la pertinence d’une invocation du droit
communautaire et la nécessité de résoudre le litige dont il est saisi d’une réponse de la cour de justice
aux questions que cette invocation soulève. Il peut choisir de renvoyer ou non selon qu’il estime que
l’intervention de la cour est pertinente ou non.
Si le renvoi était obligatoire pour l’ensemble des juridictions, la durée des instances nationales
aurait été allongée de façon exagérée et la Cour aurait inutilement été encombrée et si le renvoi avait
au contraire toujours été facultatif, la Cour n’aurait pu remplir son rôle d’uniformisation du droit
110
communautaire. Le fait que le renvoi soit tantôt facultatif, tantôt obligatoire est une solution de
compromis entre ces deux solutions. Il s’agit tout d’abord d’éviter de surcharger la cour face à une
future prolifération des questions préjudicielles maladroites ou superflues qui alourdiraient l’emploi
de temps des juges de la cour. La faculté de renvoi tient aussi compte de l’intérêt des justiciables, qui
nécessite en effet la saisine de la Cour toutes les fois que son intervention est indispensable à la
solution du litige.
Mais il faut éviter dans la mesure du possible, les recours trop longs et coûteux devant les
juridictions supérieures, qui seront tenues de procéder à un renvoi préjudiciel qu’il aurait été
préférable d’exercer lors de l’examen de l’affaire en première instance.
Les juridictions nationales ne sont pas autorisées à invalider un acte communautaire.
Lorsqu’une question de validité ou d’interprétation leur est posée alors qu’elles statuent en dernier
ressort, elles pourront simplement accorder un sursis à exécution de l’acte en cause et à la seule
condition de le subordonner à un renvoi préjudiciel. Il s’agit d’assurer une application uniforme du
droit communautaire d’une part et d’autre part de respecter la nécessaire cohérence du système qui
attribue compétence exclusive à la Cour pour annuler un acte communautaire. Le refus d’une
juridiction nationale de procéder à un renvoi alors qu’elle est tenue constitue un manquement au sens
de l’article 16 de la convention régissant la cour de justice de la CEMAC.
Toutefois, l’obligation de renvoi disparaît dans certains cas notamment quand la juridiction
qui statue en référé et dont la décision n’est pas susceptible de recours à condition que les parties
puissent, par la suite soumettre leur différend à un tribunal appelé à se prononcer sur le fond et qui
pourra toujours procéder au renvoi. Le renvoi n’est pas aussi obligatoire si la réponse que la Cour
pourrait apporter est sans incidence sur la solution du litige. Si la question qui devrait être posée au
juge communautaire est matériellement identique à une question ayant déjà fait l’objet d’une décision
à titre préjudiciel dans une affaire analogue, la saisine de la Cour n’est plus obligatoire. Les
juridictions nationales disposent toutefois la liberté de saisir la Cour, si elles estiment sa réponse
nécessaire à la solution du litige, soit pour tenter d’obtenir un revirement de jurisprudence, soit plus
simplement en cas de difficulté d’interprétation ou d’exécution d’un arrêt précédent. Le renvoi
préjudiciel porté devant le juge communautaire aboutit à la prise d’une décision dont le juge national
ne peut occulter le caractère de la chose jugée. Dans le déroulement de la procédure on peut avoir la
recevabilité du recours et la portée de la décision du juge.
La cour admet la recevabilité des recours formulés en termes généraux, lui laissant le soin de
statuer dans les limites de sa compétence. Si la demande contient des éléments qui ne sont pas de la
compétence de la cour, ou si elle est imparfaitement formulée, il appartient à la cour de déterminer
les points dont elle peut connaitre sur la base de l’article 17 du traité de la CEMAC.

111
La cour ne prend pas en considération les motivations du recours ni l’importance de ses effets
pour solutionner le litige national. Elle ne rejette pas non plus une question préjudicielle qui, dans un
procès analogue, aurait donné lieu à une décision.
La compétence du juge communautaire n’est pas exclusive. Elle a aussi des limites. Cette
limitation est basée sur un double principe. D’abord interdiction faite au juge communautaire de
substituer au juge national, en fait il n’apprécie pas les faits de l’espèce. Il ne juge pas la recevabilité
de l’action devant la juridiction nationale ou de la compétence de celle-ci. Il ne lui appartient pas de
qualifier une disposition nationale spécifique en vue de l’application du droit communautaire, mais
plutôt d’interpréter le droit communautaire afin de permettre à la juridiction nationale d’appliquer
correctement la règle de droit communautaire à la disposition nationale.
Ensuite, la compétence de la cour ne s’applique qu’aux règles de droit communautaire. Elle
n’a pas à statuer sur l’interprétation ou la régularité du droit national, même au regard du droit
communautaire, mais se limite à fournir au juge national les moyens de juger sur cette compatibilité.
En fait, les juridictions nationales sont liées par les décisions de la cour de justice. La
juridiction qui s’estimerait insatisfaite, pourrait saisir à nouveau la cour. L’arrêt préjudiciel est source
par excellence de droit communautaire. Le principe de primauté et le principe de l’effet direct,
sollicités aujourd’hui comme des évidences juridiques en droit de la CEMAC comme de l’UEMOA,
sont une création d’arrêts préjudiciels du juge communautaire européen. C’est ainsi que l’autorité de
ces arrêts s’étend non seulement à la juridiction requérante, mais également à l’ensemble des
administrations et juridictions nationales de la Communauté.
L’unité d’interprétation du droit communautaire qui constitue l’objectif essentiel du renvoi
préjudiciel serait gravement compromise si les arrêts de la Cour de Justice ne s’imposaient pas au
juge national185 . Mais, la question de savoir si les arrêts préjudiciels bénéficient d’une autorité
absolue ou simplement d’une autorité relative a longtemps divisé la doctrine et même la
jurisprudence. Qu’il s’agisse des décisions préjudicielles en interprétation ou en appréciation de
validité, la thèse défendue par l’avocat général LAGRANGE Maurice s’oppose à celle développée
par TRABUCCHI Alberto186.

185
Art. 18 de la convention régissant la cour de justice de la CEMAC, « Les interprétations données par la Chambre
Judiciaire en cas de recours préjudiciel s'imposent à toutes autorités administratives et juridictionnelles dans l'ensemble
des Etats membres. L'inobservation de ces interprétations donne lieu au recours en appréciation de légalité au sens de
l'article 4 de la Convention ».
186
TRABUCCHI (A.), L’effet « Erga Omnes » des décisions préjudicielles rendues par la CJCE, R T D E, 1974, p. 65.
112
CONCLUSION DU SECOND CHAPITRE

En définitive, il était question de faire une étude approfondie sur la juridiction compétente du
en matière de contentieux douanier matière regorgeant la contrebande. Il ressort que le contentieux
douanier peut se régler soit à l’amiable par l’administration douanière, ou soit devant les tribunaux.
La partie qui semble intéressante ici est celle du règlement des litiges douaniers devant les tribunaux.
Il peut se faire dans les deux ordres de juridictions judiciaire ou administrative. La contestation devant
les juridictions judiciaires est répartie selon les dispositions du CD CEMAC en fonction de la gravité
des infractions. Qu’elles soient des contraventions, des délits ou infractions connexes, cela relève de
la compétence du juge pénal, qui semble détenir une compétence de principe. Par ailleurs, les
tribunaux non répressifs plus précisément civils, ont une compétence sur le recouvrement des
créances et le remboursement et sur les contestations douanières qui ne relèvent pas de la compétence
du juge pénal. Quant aux juridictions administratives, elles ont une compétence limitée à la lumière
des faits car le contentieux douanier est fondé sur les infractions donc la compétence est détenue par
les juridictions judiciaires en raison de la gouvernance des règles de droit privé dont regroupe ce
droit. Le droit douanier bien que son contentieux soit réglé par le juge national cela n’exclut pas que
la cour de justice communautaire soit compétente sur des questions qui ne relèvent pas de la
compétence du juge national. Les questions d’interprétation et de la légalité des actes
communautaires douanières. Il est sans ignorer que les règles douanières sont d’ordre
communautaire. Apres analyse, il ressort que la compétence de la cour se définie de deux façons. Il
y’a d’abord les actes qui découlent de la compétence du juge il s’agit de la matière ainsi que les
différents types de contentieux suivant lesquels le juge communautaire peut statuer. En ce qui
concerne les actes, la cour de justice communautaire de la CEMAC est habileté à connaitre des actes
communautaires dérivés dont les règlements, les directives les recommandations et les avis. Quant à
la manière de juger, le juge communautaire statut sur le recours en interprétation ou en légalité. La
personne habileté à introduire le recours est le juge national, il s’agit d’une réclamation préjudicielle
devant le juge communautaire. Il ressort également que la nature du mécanisme de renvoi préjudiciel
est plus une sorte de collaboration entre les deux juges qu’une sorte de mécanisme conflictuel. Il
instaure le dialogue entre le juge national et le juge communautaire. Pour que le renvoi préjudiciel
soit recevable, l’initiative peut être prise à la demande du requérant ou de l’administration mais seul
le juge national peut saisir la juridiction communautaire. Dans d’autres circonstances certaines
institutions détiennent cette compétence pour pouvoir saisir le juge communautaire pour un recours
de renvoi préjudiciel.

113
CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE

L’originalité du droit CEMAC en matière de répartition des compétences entre les juridictions
de l’ordre administratif et celle de l’ordre judiciaire et communautaire est manifeste dans le domaine
douanier. Cela est à l’image de la complexité même de l’opération douanière qui met en présence
une administration et des usagers mais qui repose également sur des rapports de droit privé. Dans ces
conditions, les règles de compétence applicables aux litiges douaniers échappent à toute
systématisation théorique. D’une part, la compétence des juridictions judiciaires peut être considérée
comme une compétence de droit commun, la part réservée au contentieux administratif restant
exceptionnelle. D’autre part, au sein même des juridictions judiciaires, la répartition des litiges entre
juridictions répressives et civiles obéit à des règles originales.
Les poursuites en matière douanière sont donc divisées entre action publique et action fiscale,
avec le cas échéant deux autorités de poursuite, le ministère public et la douane. Ce qui n’est pas sans
conséquence sur l’exercice des voies de recours. Cependant, les poursuites douanières peuvent se
heurter à des obstacles rendant impossibles leur exercice. La notion d’obstacles aux poursuites
recouvre celle de causes d’extinction des actions qui peuvent naître de la commission d’une infraction
douanière, l’action fiscale et l’action publique. Les différentes causes d’extinction de l’action
publique sont prévues spécifiquement par le Code de Procédure Pénale.
Concernant la matière douanière, et les obstacles « à l’action en répression des infractions
douanières », l’action publique et l’action fiscale sont traitées de manière identique bien que
demeurent des particularités dans le régime de certaines causes d’extinction de l’action fiscale
douanière. Peuvent être cependant isolées les causes particulières d’extinction de l’action fiscale, qui
ne sont pas propres au droit douanier, telles que la transaction, en raison de son importance en matière
douanière et l’acquiescement, qui est une cause spécifique d’extinction de l’action fiscale.

114
CONCLUSION GENERALE

115
Parvenu au terme de notre étude qui portait sur la contrebande en droit douanier camerounais,
nous retenons que la contrebande consiste dans l’importation ou l’exportation en dehors des bureaux,
ou de la violation des dispositions légales ou réglementaires relatives à la détention et au transport
des marchandises à l’intérieur du territoire douanier. Cependant elle peut prendre diverses formes.
Les versements ou embarquements frauduleux dans les ports
Le fait de procéder à des versements ou embarquements frauduleux dans les ports ou sur les
côtes constitue un acte de contrebande. Cependant, ce n’est pas le cas, pour les importations sans
déclaration de marchandises prohibées.
En outre le fait de soustraire ou de substituer en cours de transport des marchandises qui sont
sous un régime suspensif constitue de la contrebande, ou l’inobservation sans motif légitime des
itinéraires et horaires fixés. C’est également le cas lorsqu’il y a des manœuvres qui ont pour but ou
pour résultat d’altérer ou de rendre inefficaces les moyens de scellement, de sûreté ou d’identification
et, d’une manière générale, toute fraude douanière relative au transport de marchandises expédiées
sous régime suspensif. Aussi, la violation des règles d’exportation ou de réexportation peuvent dans
certains cas, constituer des faits de contrebande. C’est notamment le cas, lorsque l’exportation ou la
réexportation s’effectue en violation du paiement des droits ou taxes, ou de l’accomplissement de
formalités particulières lorsque la fraude a été faite ou tentée en dehors des bureaux.
L’absence de déclaration de marchandises importées ou exportées qui passe par un bureau de
douane constitue un acte de contrebande. C’est le cas, lorsqu’il y a une dissimulation des
marchandises dans des cachettes spécialement aménagées ou dans des cavités ou espaces vides qui
ne sont pas normalement destinés au logement des marchandises. L’absence d’accomplissement des
formalités administratives et fiscales liées à un régime douanier suspensif constitue un acte de
contrebande. C’est notamment le cas, lorsqu’il existait une obligation expresse de faire viser les
marchandises par le bureau de douane de passage. Cela vaut tant pour les importations, que pour les
exportations. L’importation ou l’exportation des marchandises visés dans le Code des Douanes sont
réputées avoir été importées en contrebande en l’absence des justificatifs nécessaires. C’est
notamment le cas, lorsqu’il y a une impossibilité à justifier l’origine, de présenter l’un des documents
prévus par les articles précédemment cités, ou si les documents présentés sont faux, inexacts,
incomplets ou non applicables.
Le Code des Douanes prévoit un certain nombre de règles concernant l’importation ou
l’exportation de certaines catégories d’animaux. C’est notamment le cas, pour les animaux compris
dans la zone comprise entre la frontière terrestre du territoire douanier et une ligne située à deux

116
kilomètres en deçà de la ligne des bureaux et brigades de douane les plus rapprochés de l’étranger.
Ainsi, ces situations nécessitent la réalisation de formalités douanières Cela se fait par le biais d’un
compte ouvert du bétail. Par ailleurs, le défaut de réimportation des animaux envoyés au pacage à
l’étranger, constitue une exportation en contrebande.
Les relations entre l’administration des douanes et l’autorité judiciaire ont longtemps été
empreintes d’une grande méfiance qui se traduisait par la limitation des pouvoirs des juges. L’époque
est révolue où ils ne pouvaient « sous peine d’en répondre en leur propre et privé nom, modérer ni
les droits ni les confiscations et amendes, non plus qu’en ordonner l’emploi au préjudice de
l’Administration ». Pour autant, le juge n’a pas recouvré en la matière toute la latitude dont il dispose
en droit commun. Le particularisme du droit pénal douanier s’exerce tant dans la faculté laissée au
juge d’atténuer la sanction douanière, que de l’aggraver. L’importation ou l’exportation des animaux
en violation des règles douanières du compte ouvert du bétail.
Avec cette étude sur la contrebande, la spécificité de l’action de l’administration des douanes
n’est plus à démontrer. La conception douanière de l’infraction est très éloignée de celle du droit
commun, y subsiste la problématique de la distinction entre répression proprement dite et réparation
des intérêts civils. De là découle la question de la nature des sanctions douanières, réparatrices ou
répressives et l’oscillation entre régime des peines et celui des sanctions fiscales. Ensuite,
contrairement à ce que l’on peut observer avec la plupart des autres administrations spécialisées, et
notamment à l’inverse de ce qui se passe en droit fiscal général, par exemple, le droit douanier
n’opère pas de distinction entre des situations différentes : la moindre irrégularité commise par un
opérateur économique constitue une infraction, alors même qu’elle peut être commise sans mauvaise
foi et relève ainsi d’un traitement par des sanctions fiscales ou pénales. Le droit douanier rejoint donc
dans son fondement même la matière pénale.

117
ANNEXE

118
EXTRAITS DU CODE DES DOUANES CEMAC

119
Chapitre II
POURSUITES
Section 1 – DISPOSITIONS GENERALES

Article 317

Tous délits et toutes contraventions prévues par les lois et règlements sur les douanes
peuvent être poursuivis et prouvés par toutes les voies de droit alors même qu’aucune saisie
n’aurait pu être effectuée dans le rayon des douanes ou hors de ce rayon ou que les marchandises
ayant fait l’objet d’une déclaration n’auraient donné lieu à aucune observation.
A cet effet, il peut être valablement fait état, à titre de preuve, des renseignements,
certificats, procès-verbaux et autres documents fournis ou établis par les autorités des pays
étrangers.

Article 318
1 – L’action pour l’application des peines est exercée par le ministère public.

2 – L’action pour l’application des sanctions fiscales est exercée par l’administration des
douanes ; le ministère public peut l’exercer accessoirement à l’action publique.

Article 319

Lorsque l’auteur d’une infraction douanière vient à décéder avant intervention d’un
jugement définitif ou d’une transaction, l’administration est fondée à exercer contre la
succession une action tendant à faire prononcer par le tribunal d’instance la confiscation des objets
passibles de cette sanction ou, si ceux-ci n’ont pu être saisis, la condamnation au paiement d’une
somme égale à la valeur desdits objets et calculée d’après le cours du marché intérieur à l’époque
où la fraude a été commise, dans les conditions prévues dans le présent Code.
Toutefois, seul le service des douanes est compétent pour mener des enquêtes aux fins
d’établir les manquements en respect de la réglementation douanière.

Article 320
Le Procureur de la République ou le magistrat qui en remplit les fonctions est tenu de faire
d’office toutes les poursuites nécessaires pour découvrir les entrepreneurs, assureurs et,
généralement, tous les intéressés à la contrebande.

120
SECTION 2 – POURSUITES PAR VOIE DE CONTRAINTE

1er – Emploi de la contrainte

Article 321

Le directeur et les chefs de bureau des douanes peuvent décerner contrainte pour le
recouvrement des droits et taxes de toute nature que l’administration des douanes est chargée de
percevoir, pour le paiement des droits, amendes et autres sommes dues en cas d’inexécution des
engagements contenus dans les acquits-à- caution et soumissions, et, d’une manière générale, dans
tous les cas où elle est en mesure d’établir qu’une somme quelconque lui est due.
Article 322
dessus.
Article 323

Les contraintes sont décernées par le comptable compétent ou ses préposés pour non-
paiement des droits et taxes de douane et dans tous les autres cas par l’administration des douanes.
2 § 2 Titres

Article 324
La contrainte doit comporter copie du titre qui établit la créance.
Article 325.
1 – Les contraintes sont visées sans frais par le juge d’instance.

2 – Les juges ne peuvent, sous quelque prétexte que ce soit, refuser le visa de toutes
contraintes qui leur sont présentées, sous peine d’être, en leur propre et privé nom, responsables
des objets pour lesquels elles sont décernées.

Article 326
Les contraintes sont signifiées dans les conditions prévues à l’article 339 ci

après.

SECTION 3 – EXTINCTION DES DROITS DE POURSUITE ET DE REPRESSION

1er – Transaction
Article 327

1 – Les personnes poursuivies pour infraction douanière peuvent être admises à transiger.
2 – La transaction peut intervenir avant ou après jugement définitif.

3 – Dans le second cas, la transaction laisse subsister les peines corporelles.

121
Article 328

1 – Le droit de transaction en matière d’infractions douanières est exercé de


façon différente selon que les infractions :
- sont ou paraissent préjudiciables à plusieurs Etats ;
Il peut être également décerné contrainte dans le cas prévu à l’article 66
- sont préjudiciables à un seul Etat.

2 – Dans le premier cas, il est exercé par le Conseil des Ministres de l'UEAC lorsque le
litige porte sur des sommes supérieures à 250.000.000 de francs de droits éludés ou compromis ou
à 500.000.000 de francs de valeur s’il n’y a pas de droit compromis ; par le Secrétaire Exécutif de
la CEMAC lorsque :

- le litige porte sur des sommes inférieures à ces maximas ;


- l’infraction a été commise par un ou des voyageurs et n’a pas donné lieu aux
poursuites judiciaires ;

- l’infraction doit être sanctionnée par une amende de principe.


3 – Dans le second cas, il est exercé par le Ministre de l’Etat considéré lorsque le litige
porte sur des sommes supérieures à 50.000.000 de francs de droits éludés ou compromis ou à
300.000.000 de franc de valeur s'il n'y a pas de droits compromis, et par le Directeur National
des Douanes lorsque :
- le litige porte sur des sommes inférieures à ces maximas ;
- l’infraction a été commise par un ou des voyageurs et n’a pas donné lieu aux
poursuites judiciaires ;
- l’infraction doit être sanctionnée par une amende de principe.
§ 2. – Prescription de l’action

Article 329

L’action du service des douanes en répression des infractions douanières se prescrit dans
les mêmes délais et dans les mêmes conditions que l’action publique en matière de délits de droit
commun.
§ 3 – Prescription des droits particuliers de l’administration
et des redevables

A. – Prescription contre les redevables

122
Article 330
Aucune personne n’est recevable à former, contre l’administration des douanes, des
demandes en restitution de droits et de marchandises, trois ans après le paiement des droits ou le
dépôt des marchandises.

Article 331

L’administration des douanes est déchargée envers les redevables, trois ans après chaque
année expirée, de la garde des registres de recettes et autres de ladite année, sans pouvoir être tenue
de les représenter, s’il y avait des instances encore subsistantes pour les instructions et jugements
desquelles lesdits registres et pièces fussent nécessaires.

B. – Prescription contre l’administration


Article 332

L’administration des douanes est non recevable à former aucune demande en


paiement des droits, trois ans après que lesdits droits auraient dû être payés.

C. – Cas où les prescriptions de courte durée n’ont pas lieu


Article 333

1 – Les prescriptions visées par les articles 330, 331 et 332 ci-dessus n’ont pas lieu et
deviennent trentenaires quand il y a avant les termes prévus, contrainte décernée et signifiée,
demande formée en justice, condamnation, promesse, convention ou obligation particulière et
spéciale relative à l’objet qui est répété.
2 – Il en est de même à l’égard de la prescription visée à l’article 332 lorsque c’est par un
acte frauduleux du redevable que l’administration a ignoré l’existence du fait générateur de son
droit et n’a pas pu exercer l’action qui lui comptait pour en poursuivre l’exécution

123
CHAPITRE III

PROCEDURE DEVANT LES TRIBUNAUX

SECTION 1 – TRIBUNAUX COMPETENTS EN MATIERE DE DOUANE

§ 1er – Compétence ‘’Ratione Materiae’’


Article 334

Les tribunaux de police 1 connaissent des contraventions douanières et de


toutes les questions douanières soulevées par voie d’exception.

Article 335

1 – Les tribunaux correctionnels connaissent de tous les délits de douane et de toutes les
questions douanières soulevées par voie d’exception.
2 – Ils connaissent pareillement des contraventions de douane connexes, accessoires
ou se rattachant à un délit de douane ou de droit commun.

Article 336

Les tribunaux d’instance 2 connaissent des contestations concernant le paiement


ou le remboursement des droits, des oppositions à contrainte et des autres affaires de douane
n’entrant pas dans la compétence des juridictions répressives.

§ 2 – Compétence ‘’Ratione Loci’’

Article 337

1 – Les instances résultant d’infractions douanières constatées par procès- verbal


de saisie sont portées devant le tribunal dans le ressort duquel est situé le bureau de douane
le plus proche du lieu de constatation de l'infraction.

2 – Les oppositions à contrainte sont formées devant le tribunal d’instance,


dans le ressort duquel est situé le bureau de douane où la contrainte a été décernée.

124
3 – Les règles ordinaires de compétence en vigueur dans chaque Etat membre sont
applicables aux autres instances.
SECTION 2 – PROCEDURE DEVANT LES TRIBUNAUX DE POLICE
ET LES TRIBUNAUX D’INSTANCE

§ 1er – Citation à comparaître

Article 338
1 République Centrafricaine et République du Congo : Tribunal d’Instance

2 République Gabonaise : Tribunaux de Grande Instance.

Dans les instances résultant des contraventions aux lois et règlements douaniers, la
citation à comparaître devant le tribunal peut être donnée par le procès- verbal qui constate une
contravention ; pour les autres instances, la citation est donnée conformément aux dispositions du
code de procédure civile.
§ 2 – Jugement

Article 339

1 – Au jour indiqué pour la comparution, le juge entend la partie si elle est présente et est
tenu de rendre de suite son jugement.

2 – Si les circonstances nécessitent un délai, celui-ci peut, sauf le cas prévu par l’article
314 ci-dessus, excéder trois jours et le jugement de renvoi doit autoriser la vente provisoire
des marchandises sujettes à dépérissement et des animaux servant au transport.

3 – Lorsqu’un jugement a été rendu par défaut, la partie défaillante peut y faire
opposition dans les trois jours de la signification qui lui a été faite.

§ 3 – Appel des jugements rendus par les juges d’instance

Article 340

1 – Tous jugements rendus par les juges d’instance en matière douanière sont susceptibles,

quelle que soit l’importance du litige, d’appel devant la cour d’appel (1)

125
2 – L’appel doit être notifié dans les huit jours qui suivent la signification du jugement,
sans citation préalable ; après ce délai, il n’est point recevable et le jugement est exécuté purement
et simplement ; la déclaration d’appel contient assignation devant la cour d’appel dans les délais
fixés par les textes en vigueur.

§ 4 – Signification des jugements et autres actes de procédure

Article 341.

1 – La signification à l’administration des douanes est faite à l’agent qui la


représente.

2 – Les significations à l’autre partie sont faites à la personne ou à son domicile, si elle en
a un, réel ou élu, dans le lieu de l’établissement du bureau, sinon au maire de la commune ou à
défaut, à l’autorité régionale ou locale du lieu.

SECTION 3 – PROCEDURE DEVANT LES JURIDICTIONS


CORRECTIONNELLES
(1) Dans la République Gabonaise : devant la Cour de cassation.

Article 342.
Les dispositions de droit commun sur l’instruction des flagrants délits devant les
tribunaux correctionnels sont applicables dans le cas prévu par l’article 307 ci-dessus

Article 343.
La mise en liberté provisoire des prévenus résidant à l’étranger et arrêtés pour délit de
contrebande doit être subordonnée à l’obligation de fournir un cautionnement garantissant le
paiement des condamnations pécuniaires.
Article 344.

Les règles de procédure à suivre en matière de citations, jugements, oppositions,


appels et significations sont celles en vigueur dans l’Etat où a été constatée l’infraction.
SECTION 4 – POURVOIS EN CASSATION
Article 345.
Les règles en vigueur dans chaque Etat membre concernant les pourvois en cassation en
matière civile et en matière criminelle sont applicables aux affaires de douane.

126
SECTION 5 – DISPOSITIONS GENERALES

§ 1er – Règles de procédure communes à toutes les instances

A. - Instruction et frais

Article 346.

En première instance et sur l’appel, l’instruction est verbale, sur simple mémoire et sans
frais de justice à répéter de part et d’autre.

B. - Exploits

Article 347.

Les agents des douanes peuvent faire en matière de douane tous exploits et autres actes
de justice que les huissiers ont coutume de faire ; ils peuvent toutefois se servir de tel huissier que
bon leur semblera, notamment pour les ventes d’objets saisis, confisqués ou abandonnés.

§ 2 – Défenses faites aux juges

Article 348.

1 – Les juges ne peuvent, à peine d’en répondre en leur propre et privé nom, modérer ni
les droits ni les confiscations et amendes, non plus qu’en ordonner l’emploi au préjudice de
l’administration.
2 – Il leur est expressément défendu d’excuser les contrevenants sur l’intention.

Article 349.

Il ne peut être donné mainlevée des marchandises saisies qu’en jugeant définitivement le
tout, sous peine de nullité des jugements et des dommages et intérêts de l’administration.
Article 350.

Il est défendu à tous les juges, sous les peines portées par l’article 325 ci- dessus, de
donner contre les contraintes aucune défense ou surséance, qui seront nulles et de nul effet
sauf les dommages et intérêts de l’administration.

127
Article 351.
Les juges des tribunaux et leurs greffiers ne peuvent expédier des acquits de paiement
ou à caution, congés, passavants, réceptions, ou décharges des soumissions, ni rendre aucun
jugement pour tenir lieu des expéditions.
§ 3 – Dispositions particulières aux instances résultant
d’infractions douanières

A. – Preuves de non-contravention

Article 352.

Dans toute action sur saisie, les preuves de non-contravention sont à la charge du saisi.

B. – Action en garantie

Article 353.

1 – La confiscation des marchandises saisies peut être poursuivie contre les conducteurs
ou déclarants sans que l’administration des douanes soit tenue de mettre en cause les
propriétaires quand même ils lui seraient indiqués.

2 – Toutefois, si les propriétaires intervenaient ou étaient appelés en garantie par ceux sur
lesquels les saisies ont été faites, les tribunaux statueraient, ainsi que de droit, sur les interventions
ou sur les appels en garantie.
C. – Confiscation des objets saisis sur inconnus et des minuties

Article 354.

1 – L’administration des douanes peut demander au tribunal d’instance (1), sur une simple
requête, la confiscation en nature des objets saisis sur des inconnus ou sur des individus qui n’ont
pas fait l’objet de poursuites en raison du peu d’importance de la fraude.
2 – Il est statué sur ladite demande par une seule ordonnance, même sir la requête se
rapporte à plusieurs saisies faites séparément.

128
D. – Revendication des objets saisis

Article 355.

1 – Les objets saisis ou confisqués ne peuvent être revendiqués par les propriétaires, ni le
prix, qu’il soit consigné ou non, réclamé par les créanciers même privilégiés, sauf leur recours
contre les auteurs de la fraude.

2 – Les délais d’appel, de tierce opposition et de vente expirés, toutes


répétitions et actions sont non recevables.
E. – Fausses déclarations
Article 356.

Sous réserve des dispositions de l’article 126 ci-dessus, la vérité ou fausseté des
déclarations doit être jugée sur ce qui a été premièrement déclaré.

129
CHAPITRE IV

EXECUTION DES JUGEMENTS, DES CONTRAINTES ET DES


OBLIGATIONS EN MATIERE DOUANIERE

SECTION 1 – SURETES GARANTISSANT L’EXECUTION

§ 1er – Droit de rétention


Article 357.

(1) République Gabonaise : Président du Tribunal de Grande Instance.

Dans tous les cas de constatation d’infraction douanière flagrante, les moyens de transport et les
marchandises litigieuses non passibles de confiscation peuvent, pour sûreté des pénalités
encourues, être retenus jusqu’à ce qu’il soit fourni caution ou versé consignation du montant
desdites pénalités.

§ 2 – Privilèges et hypothèques ; subrogation

Article 358.

1 – L’administration des douanes a, pour les droits, taxes, confiscation, amende et restitution,
privilège et préférence à tous les créanciers sur les meubles et effets mobiliers des redevables, à
l’exception des frais de justice et autres frais privilégiés, de ce qui est dû pour six mois de loyer
seulement, et sauf aussi la revendication dûment formée par les propriétaires des marchandises en
nature qui sont encore emballées.

2 – L’administration a pareillement hypothèque sur les immeubles des


redevables mais pour les droits et taxes seulement.

3 – Les contraintes douanières emportent hypothèque de la même manière et aux mêmes conditions
que les condamnations émanant de l’autorité judiciaire.

Article 359.

1 – Les commissionnaires en douane agréés, les commissionnaires de transport, les transporteurs


et les établissements bancaires qui ont acquitté pour un tiers des droits, taxes ou amendes de

130
douane, sont subrogés au privilège de la douane quelles que soient les modalités de recouvrement
observées par eux à l'égard de ce tiers.

2 – Toutefois, cette subrogation ne peut en aucun cas être opposée aux administrations des Etats
membres.

SECTION 2 – VOIES D’EXECUTION

§ 1er – Règles générales

Article 360.

1 – L’exécution des jugements et arrêts rendus en matière de douane peut avoir lieu par toutes
voies de droit.
2 – Les jugements et arrêts portant condamnation pour infraction aux lois de douane sont, en outre,
exécutés par corps.

3 – Les contraintes sont exécutoires par toutes voies de droit, sauf par corps. L’exécution des
contraintes ne peut être suspendue par aucune opposition ou autre acte.

4 – Lorsqu’un contrevenant vient à décéder avant d’avoir effectué le règlement des amendes,
confiscations et autres condamnations pécuniaires prononcées contre lui par jugement définitif ou
stipulées dans les transactions ou soumissions contentieuses acceptées par lui, le recouvrement
peut en être poursuivi contre la succession par toutes voies de droit, sauf par corps.

5 – Les amendes et confiscations douanières, quel que soit le tribunal qui les a prononcées, se
prescrivent dans les mêmes délais que les peines correctionnelles de droit commun et dans les
mêmes conditions que les dommages-intérêts.

§ 2 – Droits particuliers réservés à la douane

Article 361.

L’administration des douanes est autorisée à ne faire aucun paiement en vertu des jugements
attaqués par les voies d’opposition, d’appel ou de cassation, à moins qu’au préalable ceux au

131
profit desquels lesdits jugements ont été rendus n’aient donné bonne et suffisante caution pour
sûreté des sommes à eux adjugées.
Article 362.

Lorsque la mainlevée des objets saisis pour infraction aux lois, dont l’exécution est confiée à
l’administration des douanes, est frappée de recours par jugements contre lesquels une voie de
recours est introduite, la remise n’en est faite à ceux au profit desquels lesdits jugements ont été
rendus que sous une bonne et suffisante caution de leur valeur. La mainlevée ne peut jamais être
accordée pour les marchandises dont l’entrée est prohibée.

Article 363.

Toutes saisies des droits et taxes, faites entres les mains des comptables, des chefs des bureaux
des douanes ou en celles des redevables envers l’administration des douanes, sont nulles et de nul
effet ; nonobstant lesdites saisies, les redevables sont contraints au paiement des sommes par eux
dues.
Article 364.

Dans le cas d’apposition de scellés sur les effets et papiers des comptables, les registres de recettes et
autres de l’année courante ne doivent pas être renfermés sous les scellés. Lesdits registres sont
seulement arrêtés et paraphés par le juge qui les remets à l’agent chargé du bureau des douanes par
intérim, lequel en demeure garant comme dépositaire de justice, et il en fait mention dans le procès-
verbal d’apposition, soit même avant jugement.

Article 365.

1 – Dans les cas qui requerront célérité, le juge d’instance (1) pourra, à la requête de
l’administration des douanes, autoriser la saisie, à titre conservatoire, des effets mobiliers des
prévenus soit en vertu d’un jugement de condamnation, soit même avant jugement ;
2 – L’ordonnance du juge sera exécutoire nonobstant opposition ou appel. IL
pourra être donné mainlevée de la saisie si le saisi fournit une caution jugée suffisante.

3 – Les demandes en validité ou en mainlevée de la saisie sont de la


compétence du juge d’instance.

132
Article 366.

Tous dépositaires et débiteurs de deniers issus des redevables et affectés aux privilèges
visés à l’article 365 ci-dessus sont tenus, sur la demande qui leur est faite, par le juge de payer
tout ou partie des sommes dues. La saisie des produits des droits et taxes de douane entre les
mains des comptables et autres responsables des douanes est nulle et de nul effet. Les redevables
envers l’administration des douanes sont contraints au paiement des sommes par eux dues
nonobstant lesdites saisies.
Les quittances des comptables chargés du recouvrement des créances privilégiées
susvisées pour les sommes légitimement dues leur sont allouées en compte.

Les dispositions du présent article s’appliquent aux gérants, administrateurs, directeurs ou


liquidateurs des sociétés pour les dettes de ces sociétés constituant une créance douanière
privilégiée.
§ 3 – Exercice anticipé de la contrainte par corps

Article 367.

Tout individu condamné pour contrebande est, nonobstant appel ou pourvoi en cassation,
maintenu en détention jusqu’à ce qu’il ait acquitté le montant des condamnations pécuniaires
prononcées contre lui ; cependant, la durée de la détention ne peut excéder celle fixée par la
législation relative à la contrainte par corps.
§ 4 – Aliénation des marchandises saisies pour infraction aux lois de douane
(1) République Gabonaise : Tribunal de Grande Instance.

A. – Vente avant jugement des marchandises périssables et des moyens de transport

Article 368.

1 – En cas de saisie de moyens de transport dont la remise sous caution aura été offerte
par le procès-verbal et n’aura pas été acceptée par l’autre partie, ainsi qu’en cas de saisie d’objets
qui ne pourront être conservés sans courir de risque de détérioration, il sera, à la diligence de

l’administration des douanes et en vertu de la permission du juge d’instance (1) le plus voisin ou
du juge d’instruction, procédé à la vente par enchères des objets saisis

133
2 – L’ordonnance portant permis de vendre sera signifiée dans le jour à la partie
adverse conformément aux dispositions de l’article 341 paragraphe 2 ci-dessus, avec déclaration
qu’il sera immédiatement procédé à la vente, tant en l’absence qu’en présence, attendu le péril en
la demeure.
3 – L’ordonnance du juge d’instance ou du juge d’instruction sera exécutée
nonobstant opposition ou appel.
4 – Le produit de la vente sera déposé dans la caisse de la douane pour en être disposé
ainsi qu’il sera statué en définitive par le tribunal chargé de se prononcer sur la saisie.

B. – Aliénation des marchandises confisquées ou abandonnées par transaction

Article 369.
1 – La confiscation s'entend du transfert à l'Etat de la propriété des marchandises saisies
ou abandonnés à la suite d'un dépôt de douane ou par voie de jugement.

2 – Les objets confisqués ou abandonnés sont aliénés par le service des douanes
lorsque le jugement de confiscation est passé en force de chose jugée ou, en cas de jugement par
défaut, lorsque l’exécution provisoire a été ordonnée par le jugement de confiscation, ou après
ratification de l’abandon consenti par transaction.

3 - Toutefois, les jugements et ordonnances portant confiscation de marchandises saisies


sur des particuliers inconnus, et par eux abandonnées et non réclamées, ne sont exécutés que huit
jours après leur affichage à la porte extérieure du bureau des douanes ; passé ce délai, aucune
demande en répétition n’est recevable.

Article 370.
(1) République Gabonaise : Tribunal de Grande Instance.

L’administration des douanes procède elle-même à l’aliénation, avec publicité et


concurrence, des objets confisqués pour infraction aux lois et règlements dont elle assure
l’application ou qui lui sont abandonnés par transaction.

134
Article 371.

1 – L’adjudication a lieu, en principe, aux enchères verbales ; elle peut être également
réalisée par voie de soumissions cachetées ou par tout autre procédé comportant la concurrence.

2 – Toute adjudication est précédée d’une publicité en rapport avec l’importance


des objets à aliéner ; les adjudications sont portées à la connaissance du public dix jours au moins
avant leur date, et par voie d’affichage. Elles peuvent faire l’objet d’annonces dans la presse ou de
communiqués radiodiffusés.

3 – Pour des motifs de défense nationale, d’utilité publique ou d’opportunité, la


concurrence peut être limitée dans les conditions fixées dans chaque Etat par le
Gouvernement.

Article 372.
1 – Le service des douanes fixe la date et le lieu de l’adjudication en tenant compte,
notamment, de la nature, des quantités et de l’emplacement des objets à vendre.
2 – Les objets à vendre sont, en principe, triés et groupés par catégories identiques ou
analogues.
Article 373.
1 – L’adjudication est effectuée par le chef du bureau des douanes ou par son
représentant.
2 – L’administration des douanes peut, toutefois, faire appel au concours
d’officiers ministériels.
Article 374.
1 – A défaut d’offres ou enchères suffisantes, les objets sont retirés de la vente.
2 – Faute de paiement comptant, les objets sont revendus sur-le-champ à la
folle enchère de l’adjudicataire.
3 – Les lots adjugés et payés dont le preneur n’aura pas effectué l’enlèvement dans les
délais impartis seront, après mise en demeure, adressés à l’intéressé, soit placés sous le régime
du dépôt de douane, soit, en cas de danger d’incendie ou de gêne, laissés à la seule
appréciation de l’administration des douanes, détruits ou envoyés dans une décharge publique
aux frais et risques des adjudicataires.
4 – Les adjudications doivent être constatées par des procès-verbaux.

135
Article 375.

1 – L’administration des douanes est habilitée à consentir, pour des considérations de


défense nationale, d’utilité publique ou d’opportunité, des cessions amiables, tant à des particuliers
qu’à des services publics.
2 – Les cessions amiables ne peuvent être réalisée à titre gratuit ou à un prix inférieur à la
valeur vénale des objets.
3 – L’administration des douanes est, toutefois, autorisée :
a) à faire don à des hôpitaux, hospices ou autres établissements de
bienfaisance des marchandises d’une valeur inférieure à 500.000 Francs .
b) à céder aux musées nationaux, gratuitement ou à un prix inférieur à leur valeur vénale,
les objets de caractère historique, artistique ou documentaire, susceptibles d’être
classés dans le domaine public.

4 – Les cessions amiables, autres que celles visées à l’alinéa a) du paragraphe 3 ci-dessus
doivent être, préalablement à leur réalisation, autorisées par le Gouvernement de l’Etat intéressé
et sont constatées au moyen de soumissions ou de procès-verbaux de cession.

Article 376.
1 – Les marchandises sont aliénées, libres de tous droits et taxes perçus par la douane,
avec faculté pour l’adjudicataire ou le cessionnaire d’en disposer pour toutes les destinations
autorisées par la législation et la réglementation en vigueur.

2 – Les marchandises vendues après exposition sont acquises dans l’état où elles se
trouvent et telles qu’elles se poursuivent et comportent, sans garantie aucune de la part de
l’administration des douanes et sans qu’aucune réclamation puisse être admise pour quelque cause
que ce soit, notamment pour défaut de qualité, de poids, de mesure, de nombre ou d’erreur dans
la dénomination de la marchandise, dans sa consistance ou dans sa composition.

3 – Les marchandises vendues aux enchères sont libres de toutes autres prestations
dont seraient redevables leurs propriétaires initiaux. Toute opposition à leur enlèvement expose
son auteur à des poursuites judiciaires à la diligence de l'administration des douanes.

136
Article 377.
1 – L’administration des douanes peut faire procéder à la destruction des marchandises
sans valeur vénale et des denrées impropres à la consommation, des produits nuisibles à la santé
publique et des objets susceptibles de porter atteinte aux bonnes mœurs ou à l’ordre public.

2 – Les destructions doivent être constatées par des procès-verbaux.

Article 378.

Sous peine des sanctions édictées par le code pénal, les agents préposés aux ventes ne
peuvent s’immiscer directement ou indirectement dans l’achat ni accepter aucune rétrocession des
objets dont la vente leur est confiée.

SECTION 3 – REPARTITION DU PRODUIT DES AMENDES ET


CONFISCATIONS

Article 379.

Les conditions dans lesquelles le produit des amendes et confiscations est réparti
sont déterminées par chaque Etat.

137
CHAPITRE V : RESPONSABILITE ET SOLIDARITE
SECTION 1 - RESPONSABILITE PENALE

§ 1er - DETENTEUR

Article 380.
1 – Le détenteur de marchandises de fraude est réputé responsable de la

fraude. 2 – Toutefois, les transporteurs publics ne sont pas considérés, eux et leurs

préposés ou agents, comme contrevenants lorsque, par une désignation exacte et régulière de leurs
commettants, ils mettent l’administration en mesure d’exercer utilement des poursuites contre les
véritables auteurs de la fraude.

§ 2 – Commandants de navires et d’aéronefs


Article 381.

1 – Les commandants de navires, bateaux, embarcations et les commandants d’aéronefs


sont réputés responsables des omissions et inexactitudes relevées dans les manifestes et, d’une
manière générale, des infractions commises à bord de leur bâtiment.

2 – Toutefois, les peines d’emprisonnement édictées par le présent Code ne sont


applicables aux commandants des navires de commerce ou de guerre ou des aéronefs militaires ou
commerciaux qu’en cas de faute personnelle.
Article 382.
Le commandant est déchargé de toute responsabilité :

a) dans le cas d’infraction visée à l’article 410, paragraphe 2 ci-après, s’il administre la
preuve qu’il a rempli tous ses devoirs de surveillance ou si le délinquant est découvert
;
b) dans le cas d’infraction visée à l’article 410, paragraphe 3 ci-après, s’il justifie
que des avaries sérieuses ont nécessité le déroutement du navire et à condition que
ces événements aient été consignés au journal de bord avant la visite du service
des douanes.

138
§ 3 - Déclarants

Article 383.

Les signataires des déclarations sont responsables des omissions, inexactitudes et autres
irrégularités relevées dans les déclarations, sauf leur recours contre leurs commettants.

§ 4 – Commissionnaires en douane agréés


Article 384.

1 – Les commissionnaires en douane agréés et les transporteurs agréés sont


responsables des opérations en douane effectuées par leurs soins.

2 – Les peines d’emprisonnement édictées par le présent Code ne leur sont applicables
qu’en cas de faute personnelle.

§ 5 – Soumissionnaires

Article 385.

1 – Les soumissionnaires sont responsables de l’inexécution des engagements


souscrits, sauf leur recours contre les transporteurs et autres mandataires.

2 – A cet effet, le service auquel les marchandises sont représentées ne donne décharge
que pour les quantités à l’égard desquelles les engagements ont été remplis dans le délai, et les
pénalités réprimant l’infraction sont poursuivies au bureau d’émission contre les
soumissionnaires et leurs cautions.

§ 6 – Complices
Article 386.

1 – Les dispositions du code pénal relatives à la complicité sont applicables en matière


de douane.
2 – Les complices sont passibles des mêmes peines que les auteurs du délit ou de la
tentative de délit.

139
§ 7 – Intéressés à la fraude
Article 387.

1 – Ceux qui ont participé comme intéressés d’une manière quelconque à un délit de
contrebande ou à un délit d’importation ou d’exportation sans déclaration sont passibles des mêmes
peines que les auteurs de l’infraction et, en outre, des peines privatives de droits édictées par
l’article 417 ci-après.
2 – Sont réputés intéressés :
a) les entrepreneurs, membres d’entreprises, assureurs, assurés bailleurs de fonds, propriétaires de
marchandises et, en général, ceux qui ont un intérêt direct à la fraude ;
b) ceux qui ont coopéré d’une manière quelconque à un ensemble d’actes accomplis par un certain
nombre d’individus agissant de concert, d’après un plan de fraude arrêté pour assurer le
résultat poursuivi en commun ;

c) ceux qui ont sciemment, soit couvert les agissements des fraudeurs ou tenté de leur procurer
l’impunité, soit acheté ou détenu, même en dehors du rayon, des marchandises provenant
d’un délit de contrebande ou d’importation sans déclaration.

3 – L’intérêt à la fraude ne peut être imputé à celui qui a agi en état de nécessité
ou par suite d’erreur invincible.
Article 388.

Ceux qui ont acheté ou détenu, même en dehors du rayon, des marchandises importées en
contrebande ou sans déclaration, en quantité supérieure à celle des besoins de leur consommation
familiale, sont passibles des sanctions contraventionnelles de la 4° classe.

SECTION 2 - RESPONSABILITE CIVILE

§ 1er - Responsabilité de l'administration


Article 389.

L'administration des douanes est responsable du fait de ses employés dans l'exercice et
pour raison de leurs fonctions seulement, sauf son recours contre eux ou leurs cautions.

140
Article 390.

Lorsqu'une saisie opérée en vertu de l'article 298 paragraphe 1 ci-dessus n'est pas fondée,
le propriétaire des marchandises a droit à un intérêt d'indemnité à raison de 1 % par mois de la
valeur des objets saisis, depuis l'époque de la retenue jusqu'à celle de la remise ou de l'offre qui lui
en a été faite.

§ 2 - Responsabilité des propriétaires des marchandises

Article 391.

Les propriétaires des marchandises sont responsables civilement du fait de leurs employés
en ce qui concerne les droits, taxes, confiscations, amendes et dépens.

§ 3 - Responsabilité solidaire des cautions

Article 392.
Les cautions sont tenues, au même titre que les principaux obligés, de payer les droits et
taxes, pénalités pécuniaires et autres sommes dues par les redevables qu'elles ont cautionnés.

SECTION 3 – SOLIDARITE
Article 393.
1 – Les condamnations prononcées contre plusieurs personnes pour un même fait de
fraude sont solidaires, tant pour les pénalités pécuniaires y compris celles tenant lieu de
confiscation que les dépens.
2 – Il n’en est autrement qu’à l’égard des infractions aux articles 62 paragraphes
1, et 71, paragraphe 1 ci-dessus qui sont sanctionnées par des amendes individuelles.

Article 394.
Les propriétaires des marchandises de fraude, ceux qui se sont chargés de les importer ou
de les exporter, les intéressés à la fraude, les complices et adhérents sont tous solidaires et
contraignables par corps pour le paiement de l’amende, des sommes tenant lieu de confiscation et
des dépens.

141
CHAPITRE VI DISPOSITIONS REPRESSIVES

SECTION 1 – CLASSIFICATION DES INFRACTIONS DOUANIERES


ET PEINES PRINCIPALES

§ 1er – Généralités

Article 395.
Il existe cinq classes de contraventions douanières et trois classes de délits douaniers.

Article 396
Toute tentative de délit douanier est considérée comme le délit même.
§ 2 – Contraventions douanières
A. – Première classe
Article 397.
1 – Est passible d’une amende de 50.000 à 200.000 Francs CFA toute infraction aux
dispositions des lois et règlements que l’administration des douanes est chargée d’appliquer lorsque
cette irrégularité n’est pas plus sévèrement réprimée par le présent Code.

2 – Tombent, en particulier, sous le coup du paragraphe précédent :


a) Toute omission ou inexactitude portant sur des indications que les déclarations doivent
contenir lorsque l'irrégularité n’a aucune influence sur l’application des droits ou prohibitions.
b) Toute omission d’inscription aux répertoires.
B. – Deuxième classe
Article 398.
Ceux qui ont acheté ou détenu, même en dehors du rayon, des marchandises importées en
contrebande ou sans déclaration, en quantité supérieure à celle des besoins de leur consommation
familiale, sont passibles des sanctions contraventionnelles de la 4° classe.

Article 399.
Est passible d’une amende de 500.000 à 2.000.000 Francs CFA :
a) tout refus de communication de pièces ou d’opérations dans les cas prévus
aux dispositions des article 76 et 116 ci-dessus ;

142
b) toute infraction aux dispositions des articles 55, paragraphe 3, 62, paragraphe 1, 71, 80,
81, 82, 83, 88 paragraphe 1, 146, 147 et 292 ci- dessus ou aux dispositions des décisions
prises pour l’application de l’article
17 bis du présent Code ;

c) toute infraction aux dispositions des articles 112 à 115 ci-dessus, notamment celle
commise par :

- toute personne qui, ayant fait l’objet d’une suspension, d’un retrait de l’agrément ou de
l’autorisation de dédouaner prévus respectivement aux articles 113 et 114 ci-dessus, continue
soit à accomplir pour autrui les formalités de douane concernant la déclaration en détail des
marchandises, soit à bénéficier directement ou indirectement de tout ou partie des
rémunérations de la nature de celles définies à l'article 118 ci-dessus ;
- toute personne qui prête sciemment son concours en vue de soustraire aux effets du retrait
ou de la suspension de l’agrément ceux qui en auraient été atteints.

d) toute inexactitude ou omission dans les énonciations des éléments de la déclaration sur la valeur
prévue à l'article 110.

C. – Troisième classe
Article 400.

1 – Est passible d’une amende égale au triple des droits et taxes éludés ou compromis,
sans préjudice du paiement des droits et taxes exigibles, toute infraction aux dispositions des
lois et règlements que l’administration des douanes est chargée d’appliquer lorsque cette
irrégularité à pour but ou pour résultat d’éluder ou de compromettre le recouvrement d’un droit ou
d’une taxe quelconque et qu’elle n’est pas spécialement réprimée par le présent Code.
2 – Tombent, en particulier, sous le coup des dispositions du paragraphe précédent, les
infractions ci-après quand elles se rapportent à des marchandises de la catégorie de celles qui sont
passibles de droits ou taxes :

a) les déficits dans le nombre des colis déclarés, manifestés ou transportés sous
passavant de transport avec emprunt du territoire étranger ou de la mer ou sous
acquit-à-caution ;
b) les déficits sur la quantité des marchandises placées sous un régime suspensif ;

143
c) la non-représentation des marchandises placées en entrepôt privé ou en entrepôt
spécial

d) l’inobservation totale ou partielle des obligations prévues à l’article 150 ci- dessus ;
e) la présentation à destination, sous scellé rompu ou altéré, de marchandises expédiées sous
plombs ou cachets de douane ;
f) l’inexécution totale ou partielle des engagements souscrits dans les acquits- à-caution et
soumissions ;
g) les excédents sur le poids, le nombre ou la mesure déclarés.
3 – Sont également sanctionnées des peines contraventionnelles de la 3è classe toutes infractions
compromettant le recouvrement des taxes de port.
4 – Sont également punies des peines prévues au paragraphe 1 ci-dessus toutes
infractions aux dispositions des lois et règlements concernant l’exportation préalable ou le
drawback lorsque ces irrégularités ne sont pas plus sévèrement réprimées par le présent Code.
D. – Quatrième classe
Article 401.

Est passible d'une amende égale à la valeur des marchandises :


1. tout fait de contrebande ainsi que tout fait d’importation ou d’exportation sans
déclaration lorsque l’infraction porte sur des marchandises de la catégorie de celles
qui ne sont ni prohibées ou fortement taxées à l’entrée, ni soumises à des taxes de
consommation, ni prohibées ou taxées à la sortie ;
2. toute fausse déclaration dans l’espèce, la valeur ou l’origine des marchandises
importées, exportées ou placées sous un régime suspensif lorsqu’un droit de douane
ou une taxe quelconque se trouve éludé ou compromis par cette fausse déclaration ;
3. toute fausse déclaration dans la désignation du destinataire réel ou de
l’expéditeur réel ;
4. toute fausse déclaration dans la désignation, à l’importation, de l’Etat de mise en
consommation et, à l’exportation, de l’Etat d’origine des marchandises ;

5. toute fausse déclaration tendant à obtenir indûment le bénéfice de la franchise prévue


aux paragraphes 1 et 2 de l’article 276 du présent Code ainsi que toute infraction aux
dispositions des textes pris pour application de cet article;

6. tout détournement de marchandises non prohibées de leur destination privilégiée ;

144
7. la présentation comme unité dans les manifestes ou déclarations de plusieurs
balles ou autres colis fermés, réunis de quelque manière que ce soit ;

8. l’absence du manifeste ou la non-représentation de l’original du manifeste ; toute


omission de marchandises dans les manifestes ou dans les déclarations sommaires
; toute différence dans la nature des marchandises déclarées sommairement.

E. – Cinquième classe
Article 402-.

1 – Est passible d’une amende égale au triple de la valeur des marchandises, toute
infraction aux dispositions des lois et règlements que le service des douanes est chargé d’appliquer
lorsque cette irrégularité se rapporte à des marchandises de la catégorie de celles qui sont prohibées
à l’entrée ou à la sortie et qu’elle n’est pas spécialement réprimée par le présent Code.
2 – Tombent, en particulier, sous le coup des dispositions du paragraphe précédent les
infractions visées à l’article 400 paragraphe 2 ci-dessus lorsqu’elles se rapportent à des
marchandises de la catégorie de celles qui sont prohibées à l’entrée ou à la sortie.

§ 3 – Délits douaniers

A. – Première classe
Article 403.

Sont passibles de la confiscation de l’objet de fraude, de la confiscation des moyens de


transport, de la confiscation des objets servant à masquer la fraude et d’une amende égale au
double de la valeur de l’objet de fraude d’un emprisonnement pouvant s’élever à un mois,
tout fait d’importation ou d’exportation sans déclaration lorsque ces infractions se rapportent à des
marchandises de la catégorie de celles qui sont prohibées ou fortement taxées à l’entrée, ou
soumises à des taxes de consommation, ou prohibées ou taxées à la sortie.

B – Deuxième classe

Article 404.
Sont passibles des sanctions fiscales prévues à l’article précédent et d’un

145
emprisonnement de trois mois à un an, les délits de contrebande commis par une réunion de
trois individus et plus jusqu’à six inclusivement, que tous portent ou non des marchandises de
fraude.
C – Troisième classe
Article 405.
Sont passibles de la confiscation de l’objet de fraude, de la confiscation des moyens de
transport, de la confiscation des objets servant à masquer la fraude, d’une amende égale au
quadruple de la valeur des objets confisqués et d’un emprisonnement de six mois à trois ans :

1. les délits de contrebande commis soit par plus de six individus, soit par trois individus
ou plus à dos d’animal ou à vélocipède, que tous portent ou non des marchandises
de fraude ;
2. les délits de contrebande par aéronef, par véhicule attelé ou autopropulsé, par navire
ou embarcation de mer de moins de 100 tonneaux de jauge nette ou par bateau de
rivière.
3. La contrefaçon
4. L’exportation en contrebande des produits de la pêche dans les eaux
nationales.
§ 4 - Contrebande

Article 406.
1 – La contrebande s’entend des importations ou exportations en dehors des bureaux ainsi
que de toute violation des dispositions légales ou réglementaires relatives à la détention et au
transport des marchandises à l'intérieur du territoire douanier.

2 – Constituent, en particulier, des faits de contrebande :

a) la violation des dispositions des articles 86, 87 paragraphe 2, 89 paragraphe


1, 92 paragraphe 1, 94, 97, 99, 100, 283 et 289 ci-dessus ;

b) les versements frauduleux ou embarquements frauduleux effectués soit dans l’enceinte


des ports, soit sur les côtes, à l’exception des débarquements frauduleux visés à
l’article 413, 1°, ci-après ;
c) les soustractions ou substitutions en cours de transports de marchandises expédiées sous un
régime suspensif, les manœuvres ayant pour but ou pour résultat d’altérer ou de rendre
inefficaces les moyens de scellement, de sûreté ou d’identification et, d’une manière
146
générale, toute fraude douanière relative au transport de marchandises expédiées sous un
régime suspensif ;

d) la violation des dispositions, soit législatives, soit réglementaires, portant prohibition


d’exportation ou de réexportation ou bien subordonnant l’exportation ou la réexportation au
paiement des droits ou taxes ou à l’accomplissement de formalités particulières, lorsque la
fraude a été faite ou tentée en dehors des bureaux et qu’elle n’est pas spécialement réprimée par
une autre disposition du présent Code.

3 – Sont assimilées à des actes de contrebande, les importations ou exportations


sans déclaration lorsque les marchandises passant par un bureau de douane sont soustraites
à la visite du service des douanes par dissimulation dans des cachettes spécialement aménagées
ou dans des cavités ou espaces vides qui ne sont pas normalement destinés au logement de
marchandises.
Article 407.
Les marchandises de la catégorie de celles qui sont prohibées à l’entrée ou fortement
taxées ou soumises à des taxes de consommation, sont réputées avoir été introduites en contrebande
et les marchandises de la catégorie de celles dont la sortie est prohibée ou assujettie à des droits,
sont réputées faire l’objet d’une tentative d’exportation en contrebande dans tous les cas
d’infraction ci-après indiqués :

1. lorsqu’elles sont trouvées dans la zone terrestre du rayon sans être munies d’un acquit
de paiement, passavant ou autre expédition valable pour la route qu’elles suivent
et pour le temps dans lequel se fait le transport à moins qu’elles ne viennent de
l’intérieur du territoire douanier par la route qui conduit directement au bureau de
douane le plus proche, et soient accompagnées des documents prévus par l’article 283,
paragraphe 2 ci- dessus ;

2. lorsque, même étant accompagnées d’une expédition portant l’obligation expresse


de la faire viser à un bureau de passage, elles ont dépassé ce bureau sans que ladite
obligation ait été remplie ;

3. lorsque, ayant été amenées au bureau dans le cas prévu à l’article 284 paragraphe
2 ci-dessus, elles se trouvent dépourvues des documents indiqués à l’article 283
paragraphe 2 ;

147
4. lorsqu’elles sont trouvées dans la zone terrestre du rayon en infraction à l’article
290 ci-dessus.
Article 408.

1 – Les marchandises visées à l’article 291 ci-dessus, sont réputées avoir été importées en
contrebande, à défaut de justifications d’origine ou si les documents présentés sont faux, inexacts,
incomplets ou non applicables.

2 – Elles sont saisies en quelque lieu qu’elles se trouvent et les personnes visées
aux paragraphes 1 et 2 de l’article 291 sont poursuivies et punies conformément aux dispositions
des articles 403 à 405 ci-dessus.

3 – Lorsqu’ils auront eu connaissance que celui qui leur a délivré les justifications
d’origine ne pouvait le faire valablement ou que celui qui leur a vendu, cédé, échangé ou confié
les marchandises n’était pas en mesure de justifier de leur détention régulière, les détenteurs et
transporteurs seront condamnés aux mêmes peines et les marchandises seront, saisies et
confisquées dans les mêmes conditions que ci-dessus, quelles que soient les justifications qui
auront pu être produites.
§ 5 – Importations et exportations sans déclaration

Article 409.
Constituent des importations ou exportations sans déclaration :

1. Les importations ou exportations par les bureaux de douane, sans déclaration


en détail ou sous le couvert d’une déclaration en détail non applicable aux
marchandises présentées ;
2. Les soustractions ou substitutions de marchandises sous douane.

Article 410.

Sont réputés faire l’objet d’une importation sans déclaration :

1. les marchandises déclarées pour le transport avec emprunt du territoire étranger


ou de la mer, pour l’exportation temporaire ou pour l’obtention d’un passavant

148
de circulation dans le rayon, en cas de non-représentation ou de différence dans la
nature ou l’espèce entre lesdites marchandises et celles présentées au départ ;
2. les objets prohibés ou fortement taxés à l’entrée ou passibles de taxes de
consommation, découverts à bord des navires se trouvant dans les imites des ports
et rades de commerce, indépendamment des objets régulièrement manifestés ou
composant la cargaison et des provisions de bord dûment
représentées avant visite ;

3. toutes les marchandises soumises à des restrictions de tonnage par des décisions prises en
application de l’article 17 ci-dessus, ainsi que les armes, munitions, poudres et explosifs
détenus par les passagers ou l’équipage ou encore compris dans l’équipement du navire, mais
en quantité excédant ce qui est strictement nécessaire pour la défense du bord, découverts à
bord des navires de moins de 100 tonneaux de jauge nette ou de 500 tonneau
de jauge brute, naviguant ou se trouvant à l’ancre dans la zone maritime du rayon des douanes.

Article 411.

Sont réputés importés ou exportés sans déclaration les colis excédant le nombre
déclaré.

Article 412.

Sont réputés importations ou exportations sans déclaration de marchandises prohibées


:

1. toute infraction aux dispositions de l’article 51 paragraphe 3 ci-dessus, ainsi que le fait
d’avoir obtenu ou tenté d’obtenir la délivrance de l’un des titres visés à l’article 51 paragraphe
3 précité, soit par contrefaçon de sceaux publics, soit par fausses déclarations ou par tous autres
moyens frauduleux ;

2. toute fausse déclaration ayant pour but ou pour effet d’éluder l’application des
mesures de prohibition. Cependant, les marchandises prohibées à l’entrée ou à la sortie qui ont
été déclarées sous une dénomination faisant ressortir la prohibition qui les frappe ne sont point
saisies : celles destinées à l’importation sont renvoyées à l’étranger, celles dont la sortie
est demandée restent dans le territoire douanier ;

149
3. les fausses déclarations dans l’espèce, la valeur ou l’origine des marchandises ou
dans la désignation, soit du destinataire réel ou de l’expéditeur réel, soit de l’Etat de mise à la
consommation ou d’origine, lorsque ces infractions ont été commises à l’aide de factures,
certificats ou tous autres documents faux, inexacts, incomplets ou non applicables ;

4. les fausses déclarations ou manœuvres ayant pour but ou pour effet d’obtenir, en tout
ou partie, un remboursement, une exonération, un droit réduit ou un avantage quelconque
attaché à l’importation ou à l’exportation ;
5. le fait d’établir, de faire établir, de procurer ou d’utiliser une facture, un certificat ou tout
autre document entaché de faux permettant d’obtenir ou de faire obtenir indûment, dans le
territoire douanier ou dans un pays étranger, le bénéfice d’un régime préférentiel prévu, soit
par un traité ou un accord international, soit par une disposition de la loi interne, en faveur de
marchandises sortant du territoire douanier ou y entrant ;

6. les fausses déclarations ou manœuvres et, d’une manière générale, tout acte ayant pour
but ou pour effet d’éluder ou de compromettre le recouvrement des droits prévus à l’article 12
ci-dessus ;
7. le fait pour un importateur de priver, en tout ou partie, un destinataire privilégié du
bénéfice de la tarification réduite ou de l’exonération totale réduite ou une exonération totale
lors du dédouanement.

Article 413.

Sont réputés importations sans déclaration de marchandises prohibées :

1. le débarquement en fraude des objets visés à l’article 410 paragraphe 2 ci- dessus ;
2. la naturalisation frauduleuse des navires ;

3. l’immatriculation dans les séries normales d’automobiles, de motocyclettes ou


d’aéronefs sans accomplissement préalable des formalités douanières ;

4. le détournement des marchandises prohibées de leur destination privilégiée.

Article 414.

150
1 – Est réputée exportation sans déclaration de marchandises prohibées, toute infraction
aux dispositions soit législatives, soit réglementaires, portant prohibition d’exportation et de
réexportation ou bien subordonnant l’exportation ou la réexportation au paiement de droits, de
taxes ou à l’accomplissement de formalités particulières lorsque la fraude a été faite ou tentée par
les bureaux et qu’elle n’est pas spécialement réprimée par une autre disposition du présent code.

2 – Dans le cas où les marchandises ayant été exportées par dérogation à une prohibition
de sortie, à destination d’un pays déterminé, sont après arrivée dans ce pays, réexpédiées sur
un pays tiers, l’exportateur est passible des peines de l’exportation sans déclaration s’il est
établi que cette réexpédition a été effectuée sur ses instructions, à son instigation ou avec sa
complicité, ou encore s’il est démontré qu’il en a profit ou qu’il avait connaissance de la
réexpédition projetée au moment de l’exportation.

SECTION 2 – PEINES COMPLEMENTAIRES

§ 1er – Confiscation
Article 415.

Indépendamment des autres sanctions prévues par le présent Code, sont confisqués
:
1. les marchandises qui ont été ou devaient être substituées dans les cas prévus aux articles
400, paragraphe 2a, 406, paragraphe 2c et 409 paragraphe 2° ci-dessus ;

2. les marchandises présentées au départ dans le cas prévu par l’article 410
paragraphe 1° ci-dessus ;

3. les moyens de transport dans le cas prévu par l’article 71 paragraphe 1 ci- dessus.

§ 2 – Astreinte
Article 416.

1 – L’astreinte est une pénalité spéciale infligée au débiteur d’une obligation pour
refus de s’exécuter.

151
2 – Indépendamment de l’amende encourue pour refus de communication dans les
conditions prévues aux articles 76 et 116 ci-dessus, les contrevenants doivent être condamnés à
représenter les livres, pièces ou documents non communiqués sous une astreinte de 100.000 Francs
au minimum par chaque jour de retard. Cette astreinte commence à courir du jour même de la
signature par les parties ou de la notification du procès-verbal dressé pour constater le refus
d’exécuter le jugement régulièrement signifié ; elle ne cesse que du jour où il est constaté, au
moyen d’une mention inscrite par un agent de contrôle sur un des principaux livres de la
société ou de l’établissement, que l’administration a été mise à même d’obtenir la communication
ordonnée.
§ 3 – Peines privatives de droits

Article 417.

1 – En sus des sanctions prévues par le présent Code, ceux qui sont jugés coupables
d’avoir participé comme intéressés d’une manière quelconque à un délit de contrebande ou à un
délit d’importation ou d’exportation sans déclaration sont déclarés incapables d’être électeurs ou
élus aux chambres de commerce et aux tribunaux de commerce, tant et aussi longtemps qu’ils
n’auront pas été relevés de cette incapacité.

2 – A cet effet, le Procureur Général envoie au directeur des douanes des extraits des
jugements correctionnels devenus définitifs ou des arrêts de la Cour relatifs à ces individus et assure
leur publicité par affichage dans les auditoires, bourses et places de commerce et insertion dans les
journaux, conformément aux dispositions du code de commerce.

Article 418.

1 – Quiconque sera convaincu d’avoir abusé d’un régime suspensif pourra, par décision
de l’autorité nationale compétente, être exclu du bénéfice dudit régime et être privé de la faculté
du transit et de l’entrepôt, ainsi que de tout crédit de droits.
2 – Celui qui prêterait son nom pour soustraire aux effets de ces dispositions ceux qui
en auraient été atteints encourra les mêmes peines.

SECTION 3 – CAS PARTICULIERS D’APPLICATION DES PEINES

§ 1er – Confiscation

152
Article 419.

Dans les cas d’infraction visés aux articles 410 paragraphe 2° et 413 paragraphe 1°
ci-dessus, la confiscation ne peut être prononcée qu’à l’égard des objets de fraude. Toutefois, les
marchandises masquant la fraude et les moyens de transport ayant servi au débarquement et à
l’enlèvement des objets frauduleux sont confisqués lorsqu’il est établi que le possesseur de ces
moyens de transport est complice des fraudeurs.
Article 420.
Lorsque les objets susceptibles de confiscation n’ont pu être saisis ou lorsque, ayant été
saisis, la douane en fait la demande, le tribunal prononce, pour tenir lieu de la confiscation, la
condamnation au paiement d’une somme égale à la valeur représentée par lesdits objets et
calculée d’après le cours du marché intérieur à l’époque où la fraude a été commise.
§ 2 – Modalités spéciales de calcul des pénalités pécuniaires

Article 421.
Lorsqu’il n’est pas possible de déterminer le montant des droits et taxes réellement exigibles ou la
valeur réelle des marchandises litigieuses, en particulier dans les cas d’infraction prévus par les
articles 400, paragraphe 2a, 407 paragraphe 2c, 409, paragraphe 2° et 410 paragraphe 1° ci-dessus,
les pénalités sont liquidées sur la base du Tarif Général applicable à la catégorie la plus fortement
taxée des marchandises de même nature et d’après la valeur moyenne indiquée par la dernière
statistique douanière disponible.
Article 422.
1 – En aucun cas, les amendes, multiples de droits ou multiples de la valeur,
prononcées pour l’application du présent code ne peuvent être inférieures à 100.000
Francs CFA par colis ou à 50.000 Francs par colis ou à 1000.000 Francs par tonne ou
fraction de tonne s’il s’agit de marchandises non emballées.
2 – Lorsqu’une fausse déclaration dans la désignation du destinataire réel a été constatée
après enlèvement des marchandises, les peines prononcées ne peuvent être inférieures à 1000.000
Francs par colis s’il s’agit de marchandises non emballées.

Article 423.

Lorsque le tribunal a acquis la conviction que des offres, propositions d’achat ou de vente
ou conventions de toute nature portant sur les objets de fraude ont été faites ou contractées à un

153
prix supérieur au cours du marché intérieur à l’époque où la fraude a été commise, il peut se fonder
sur ce prix pour le calcul des peines fixées par le présent code en fonction de la valeur desdits
objets.
Article 424.

Dans les cas d’infraction prévus à l’article 410, paragraphe 4° ci-dessus, les pénalités sont
déterminées d’après la valeur attribuée pour le calcul du remboursement, l'exonération, du droit
réduit ou de l’avantage recherché ou obtenu si cette valeur est supérieure à la valeur réelle.

§ 3 – Concours d’infractions
Article 425.
1 – Tout fait tombant sous le coup de dispositions répressives distinctes édictées
par le présent code doit être envisagé sous la plus haute acception pénale dont il est susceptible.

2 – En cas de pluralité de contraventions ou de délits douaniers, les condamnations


pécuniaires sont prononcées pour chacune des infractions dûment établies.
Article 426.

Sans préjudice de l’application des pénalités édictées par le présent code, les délits d’injures, voies
de fait, rébellion, corruption ou prévarication et ceux de contrebande avec attroupement et port
d’armes sont poursuivis, jugés et punis conformément au droit

154
BIBLIOGRAPHIE

155
I- OUVRAGES

A- OUVRAGES GENERAUX

1. AZEMA Jacques et GALLOUX Jean Christophe, Droit de la propriété industrielle, 6e


édition, Dalloz, n° 697. 212 p
2. BEAUD Michel, L’art de la guerre, option. Citroën 2008, 220.p
3. CARPENTIER Vincent, Guide pratique du contentieux douanier, Litec 2e édition 2015,
p.410.
4. CARRE DE MALBERG Raymond, Contribution à la théorie générale de l’Etat, 2003,
p.1526.
5. CARRIERE J, Droit international économique,3eme édition, Paris, Librairie Générale de
Droit et de Jurisprudence, 1990.
6. CAVARE Leduc, Le droit international public positif, tl, Paris, A. Peclone, 1973.
7. FAVRET Jean-Marc, L’essentiel du contentieux communautaire, précité, p. 32.
8. GLAVINIS PANAYOTIS, Les litiges relatifs aux contrats passés entre organisations
internationales et personnes privées, Travaux et recherches à l’université de paris 2, Panthéon
Assas, préfacé par PHILIPPE FOUCHARD, LGDJ, Col. Droit, 1990.
9. KELSEN Hans, Théorie pure du droit, op. cit. p. 13.
10. LUCAS André et Henri-Jacques LUCAS, Traité de la propriété littéraire et artistique, Litec,
3 éd. 2006, n°984.
11. MONTESQUIEU, La fonction juridictionnelle, la fonction législative et la fonction
exécutive.
12. NJEUFACK TEMGWA René, Le renouveau du cadre institutionnel-décisionnel au sein de
la C.E.MA.C. : vers une Communauté plus dynamique ? Annales de la faculté des sciences
juridiques et politiques. Université de Dschang (Cameroun), Tome 8, 2004.
13. POLLAUD-DULIAN Frédéric, Droit de la propriété industrielle, Montchrestien, 1999,
n°733.
14. POLLAUD-DULIAN Frédéric, Le droit d’auteur, Economica, 2005, n° 1211.
15. SALIN Pascal,Libre-échange et protectionnisme,Paris, Presses Universitaires de France,
1991.

156
B- OUVRAGES SPECIALISES
1. ALBERT Jean-Luc, Douane et droit douanier question judiciaire, PUF
2. AYASSA Alphonse, Elément de droit douanier, procédure et techniques douanier des pays
membre de la CEMAC
3. NEEL Brigitte, Les pénalités fiscales et douanières, Paris, Économica, 1989, p.424.
4. CASTAGNEDE Bernard, Précis de fiscalité international 4e édition mise à jour, PUF p. 637
5. SOULARD Christophe SOULARD, Guide pratique du contentieux douanier, Paris,
Lexisnexis, coll. Procédures, 2eéd., 2015, p.409.
6. BEER Claude J. et TREMEAU H., Introduction au droit douanier, Paris, Dalloz, coll.
Connaissance du droit, 1997, p. 100.
7. BEER Claude J. BERR et H. TREMEAU, Le droit douanier communautaire et national,
Paris, Economica,coll. Droit des Affaires et de l’Entreprise, série : Études et Recherches, 7e
éd,. 2006, p 100.
8. CONSEIL DES PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES, La fraude aux prélèvements
obligatoires et son contrôle, La documentation française, Paris, mars 2007, 329 p.
9. BELFAYOL Eric, Le contentieux pénal douanier, Paris, Economica, Pratique du droit, 2016,
p 280.
10. BASTID Jean et DEMUMIEUX Jean Pierre, Les douanes, Paris, Puf, Que sais-je ? n°846,
3e éd., 1976, p 128.
11. PANNIER Jean, Les abus de la présomption de contrebande du Code des douanes, Dr.
pén.2009, étude 12.
12. ALBERT Jean- Luc, Douane et droit douanier, Préface de L. Saïdj, Paris, Puf, coll.
Questions judiciaires, 2013, p. 240.
13. FEDIDA Jean- Marc, Le contentieux douanier, Paris, PUF, Que sais-je ?, 2001, p.128.
14. KAMTO Maurice, Droit Administratif Processuel, n°37.
15. NIQUEGE Sylvain, L’infraction pénale en droit public, l’HARMATTAN.
16. NNA ZE Bayard, Les procédures douanières au Cameroun, Coll., Guide, éd. Sopecam.
17. NYAMA Jean-Marie, Droit douanier de la CEMAC, cerfod, édition 2003, p.283.
18. NZAKOU André) Droit fiscal et douane applique TOM1 professeur à l’IPE MEAUX
(France) et a l’ESSEC (Douala).
19. PANNIER Jean, Recueil de jurisprudence douanier (1990-2010), Economica, 2010.
20. BÉQUET Paul, Contrebande et contrebandiers, PUF, Que sais-je ? 2e éd., 1972, p. 128.
21. GASSIN Raymond (dir.), Études de droit pénal douanier, Paris, Puf, coll. Annales de la
Faculté de droit et de sciences économiques d’Aix-en-Provence, 1968, p.250.
22. SCHMIDT (Daniel) et SCHMIDT (Dominique), Contentieux douanier et des changes,
Dalloz. 122
157
II- ARTICLES
1. NEEL Brigitte, « L’intérêt à la fraude », JCP G 1990. I. 3448.
2. CHAPUS René, « Qu’est-ce qu’une juridiction ? La réponse de la jurisprudence
administrative », In recueil d’étude en hommage à Charles Eisenman, Paris, Cujas, 1977
3. CHEVALLIER Jacques, « Droit, Ordre, institution » in revue de droit, 10, 1989
4. CHEVALLIER Jacques, « fonction contentieuse et fonction juridictionnelle », in Mélanges
Michel Stassinopoulos, Paris, L.G.D.J., 1974
5. BERR J. Claude, Fascicule « Douanes », Répertoire de droit commercial, Paris, Dalloz, janv.
2015.
6. BRUN Celine, et OPPELT-REVENEAU Marthe-Elisabeth, « Améliorer le contentieux
de la contrefaçon : du souhaitable au Possible », Propr. ind. Juin 2004.
7. GOHIN (Olivier), « Qu’est qu’une juridiction pour le juge français ? », In Revue
pouvoirs, n°9, 1989
8. KENFACK (Jean), « Le juge camerounais à l’épreuve du droit communautaire et de
l’intégration économique », Juridis périodique n° 63, juillet-août-septembre 2005.
9. BONNARD Hervé et Gaëlle BLORET-PUCCI, Fascicule « Contrefaçon de marques de
fabrique, de commerce ou de service », JurisClasseur Pénal des Affaires, Paris, Lexisnexis,
28 Octobre 2015.
10. ALBERT Jean-Luc, « Faut-il conserver la spécificité douanière ? », RFFP n°113, fév. 2011,
pp.225-234.
11. ALBERT Jean-Luc, « Le droit douanier : un droit global ? », Rev. Gestion et Fin. publ. n°3-
2016, pp. 3-10.
12. BERTOCCO Joël, « La responsabilité pénale douanière, 1e partie : les auteurs d’infractions
douanières », AJP 2012, p. 644.
13. BERTOCCO Joël, « La responsabilité pénale douanière, 2e partie : Les complices
d’infractions douanières et les intéressés à la fraude douanière » AJP 2013, p. 35.
14. GUARDIA De Monique, « Un droit pénal très spécial : le droit pénal douanier », La semaine
juridique. Doctrine, Paris, a.49(1974), 2652.
15. DETRAZ Stéphane, « Fascicule n°10 : Douanes. - Infractions. Sanctions. Responsabilité »,
JurisClasseur Droit Pénal des Affaires, Paris, Lexisnexis, 28 Janvier 2016.

158
III- TEXTES
1. Code Civil.
2. Code de Procédure Civil.
3. Code de Procédure Pénal.
4. Code des Douanes Communautaires, règlement (CEE) n° 2913/ 92 du Conseil du 12 octobre
1992, modifié, ED ENCYCLOPEDIE DOUANIERE.
5. Code des Douanes de la CEMAC.
6. Code Général des Impôts de 2017.
7. Code Pénal Camerounais.
8. Convention régissant l’Union Economique de l’Afrique centrale (UEAC).
9. Convention régissant la cour de justice communautaire de la (CEMAC).
10. Décret du 30 décembre 1912 portant régime financier des colonies.
11. KAMTOH (Pierre), La mise en œuvre du droit communautaire dans les Etats membres de la
CEMAC. Exposé. IDEF. Site internet IDEF.
12. L’ordonnance du 04 octobre 1961.
13. L’ordonnance n°72 / 06 du 26 aout 1972 fixant l’organisation de la cour suprême.
14. La constitution du 1er septembre 1961, celle du 02 juin 1972, et celle du 18 janvier 1996 du
Cameroun.
15. Le décret n°59-83 du 4 juin 1959 portant réforme du contentieux administratif et création du
tribunal d’Etat.
16. Loi du 19 novembre 1965 modifiant l’ordonnance de 1961.
17. Loi n°2006 / 022 du29 décembre 2006, fixant l’organisation et le fonctionnement des
tribunaux administratifs.

IV- THESES ET MEMOIRES

1. LEVOA AWONA Serge-Patrick, Les compétences juridictionnelles dans l’espace OHADA


et l’espace CEMAC. Thèse, Université de Yaoundé II. 2009,
2. NCHOUWAT AMADOU, Juge et l’évolution du droit administratif au Cameroun, Thèse de
doctorat université de Yaoundé II SOA 1993/1994,432p.
3. ROZNN CREN, Poursuites et sanctions en droit pénal douanier, thèse de doctorat université
de Panthéon –Assas, novembre 2011.
4. Sébastien JEANNARD, Les transformations de l’ordonnancement juridique douanier en
France, Thèse Paris 1, Préface de M. Bouvier, Paris, LGDJ, coll. BFPF, tome 52, 2011,
p.490.
5. LEVOA AWONA, Les compétences juridictionnelles dans l’espace OHADA et l’espace
CEMAC. Thèse, Université de Yaoundé II. 2009.
159
6. GUIMDO DOGMO Bernard Raymond, Le juge administratif et l’urgence : recherche sur la
place de l’urgence dans le contentieux administratif Camerounais, Thèse de Doctorat d’Etat
en droit public, Université de Yaoundé II-SOA, 2003-2004.
7. AKONO OMGWA SEDENA ARNAUD, L’apport du juge administratif au droit fiscal au
Cameroun, thèse de doctorat université de Yaoundé II Soa.
8. BOB BOBUA KAPUKU, Université libre des pays des grands lacs, Droit de mémoire, de la
répression en droit douanier.
9. NTOLO NZEKO AUBRAN DONADONI, Le juge de droit commun du contentieux
administratif au Cameroun, université de Yaoundé II Soa.
10. Indemnisation du préjudice par le juge administratif en contentieux administratif, université
de Yaoundé II Soa.

V- DICTIONNAIRES

- Lexique des termes juridiques.


- Dictionnaire de l’encyclopédique de sociologie et de théorie du droit.
- Dictionnaire Larousse.
- Dictionnaire du Vocabulaire juridique.
- Dictionnaire encyclopédique des finances publiques.
- Le Nouveau Petit Robert.

160
TABLE DES MATIERES

161
AVERTISSEMENT ..................................................................................................................... i

DEDICACE ................................................................................................................................. ii

REMERCIEMENTS .................................................................................................................. iii

SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES ........................................................................ iv

RESUME ...................................................................................................................................... v

ABSTRACT ................................................................................................................................. vi

SOMMAIRE ...............................................................................................................................vii

INTRODUCTION GENERALE..................................................................................................1

SECTION 1 : LE CADRE DE L’ÉTUDE.................................................................................5


PARAGRAPHE I : LE CADRE THEORIQUE ...........................................................................5
1- La définition de la contrebande ..............................................................................................6
2- Explication du concept droit douanier ...................................................................................7
a- Le terme droit .........................................................................................................................8
b- La définition du droit douanier ............................................................................................11
PARAGRAPHE II : LA METHODE D’ETUDE .......................................................................14
SECTION 2 : L’OBJET DE L’ETUDE ......................................................................................15
PARAGRAPHE I : LA REVUE DE LITTERATURE ET L’INTERET ...................................15
PARAGRAPHE II : LA FORMULATION DE LA PROBLEMATIQUE ................................19

PREMIERE PARTIE : ..............................................................................................................21

LE SAISISSEMENT DE LA CONTREBANDE PAR LE DROIT DOUANIER ....................21

CHAPITRE I : LA QUALIFICATION DE LA CONTREBANDE PAR LE DROIT


DOUANIER ................................................................................................................................23

SECTION I : UNE INFRACTION DOUANIERE ................................................................25


PARAGRAPHE I : LE FONDEMENT JURIDIQUE ..............................................................25
A- Au niveau international ......................................................................................................26
B- Au niveau national .............................................................................................................27
PARAGRAPHE II : LA CONSTITUTION DE L’INFRACTION ..........................................28
A- LA VIOLATION DE LA LOI ...........................................................................................28
B- LES AUTRES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’INFRACTION..............................29

SECTION II : UNE INFRACTION SPÉCIFIQUE ...............................................................33


PARAGRAPHE I : DISTINCTION ENTRE LA CONTREBANDE ET LA FRAUDE ...........33
162
A- LA NOTION DE FRAUDE .................................................................................................33
B- LA PARTICULARITE DE LA FRAUDE FISCALE .........................................................35
PARAGRAPHE II : DISTINCTION ENTRE LA CONTREBANDE ET LA
CONTREFAÇON .....................................................................................................................36
A- LA DEFINITION DE LA CONTREFAÇON......................................................................36
B- LA CONSECRATION DE LA CONTREFAÇON .............................................................37
CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRE ...........................................................................40

CHAPITRE II : LA CLASSIFICATION DE LA CONTREBANDE PAR LE DROIT


DOUANIER ................................................................................................................................41

SECTION I : LA CONTREBANDE PAR NATURE ............................................................42


PARAGRAPHE I : LA CONSECRATION................................................................................42
PARAGRAPHE II : LA MATERIALISATION ........................................................................46

SECTION II : LES AUTRES FORMES DE CONTREBANDE ..........................................51


PARAGRAPHE I : LA CONTREBANDE PAR ASSIMILATION .............................................51
PARAGRAPHE II : LA CONTREBANDE PAR EXTENSION .................................................52
CONCLUSION DU SECOND CHAPITRE .................................................................................56
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE .............................................................................57

SECONDE PARTIE : LA REPRESSION DE LA CONTREBANDE .....................................58

CHAPITRE I : LES SANCTIONS DE LA CONTREBANDE ................................................61

SECTION I : LES SANCTIONS PRINCIPALES .................................................................63


PARAGRAPHE I : LES SANCTIONS RELEVANT DE L’AUTEUR DE L’ACTE ...............63
PARAGRAPHE II : LES INFRACTIONS EMANANT DU NOMBRE D’AUTEUR ET DU
MODE OPERATOIRE ...............................................................................................................67

SECTION II : LES SANCTIONS COMPLEMENTAIRES .................................................71


PARAGRAPHE I : LES SANCTIONS CONSERVATOIRES ...............................................71
A- L’assignation à résidence et l’interdiction de séjour ............................................................72
B- La suspension du permis de conduire et le retrait du passeport. ..........................................73
PARAGRAPHE II : LES SANCTIONS DEFINITIVES .........................................................73
A- L’interdiction d’exercer la profession ou l’activité ..............................................................73
B- La fermeture d’un établissement à titre définitif et l’exclusion des marchés ......................75
CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRE ...........................................................................77

CHAPITRE II : LA JURIDICTION COMPETENTE EN MATIERE DE


CONTREBANDE .......................................................................................................................78

163
SECTION I : LA JURIDICTION NATIONALE ..................................................................81

PARAGRAPHE I : LA JURIDICTION REPRESSIVE .......................................................81


A- Les formalités procédurales .................................................................................................82
B- La poursuite..........................................................................................................................90
PARAGRAPHE II : LES JURIDICTIONS NON REPRESSIVES ............................................93
A- La juridiction administrative ................................................................................................94
B- La juridiction civile ..............................................................................................................97

SECTION II : LA JURIDICTION COMMUNAUTAIRE .................................................101


PARAGRAPHE I : LA COMPETENCE DE LA COUR EN MATIERE DE
CONTESTATION ....................................................................................................................102
A- Le fondement de la compétence de la Cour .........................................................................102
B- La matérialisation de la compétence de la Cour ...................................................................104
PARAGRAPHE II : L’EXISTENCE D’UN CONFLIT EN MATIERE D’APPLICATION DE
LA NORME COMMUNAUTAIRE .........................................................................................106
A- La nature de la question préjudicielle ...................................................................................106
B- La procédure du recours préjudiciel .....................................................................................109
CONCLUSION DU SECOND CHAPITRE .............................................................................113
CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE ..........................................................................114

CONCLUSION GENERALE ..................................................................................................115

ANNEXE ..................................................................................................................................118

BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................155

TABLE DES MATIERES ........................................................................................................161

164
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