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CHAPITRE 6 : LES INFRACTIONS DOUANIERES

On entend par infraction douanière toute action, omission ou toute abstention qui viole
les lois ou règlements et qui passible d’une peine prévue par le code des douanes (article
300 du code des douanes). Cette définition fait apparaitre deux éléments principaux :
❖ L’élément matériel qui est le fait positif ou négatif,
❖ L’élément légal qui vicie le fait reproché par la contradiction entre le fait matériel et
les obligations légales ou réglementaires instituées par les différents textes en
vigueur.
La réunion de ces deux éléments donne naissance à une infraction qui sera qualifiée de
douanière lorsqu’une peine est prévue par le code des douanes.
SECTION 1 : DEROULEMENT DE L’INFRACTION DOUANIERE

On peut noter trois étapes :


1. LES ACTES PRÉPARATOIRES :

Ce sont les préliminaires qui visent à faciliter l’exécution de l’infraction. Ils ne sont pas
punissables mais quelques fois la loi les qualifie directement d’infractions (article 397
paragraphe2 du code des douanes).
2. LES ACTES D’EXECUTION

Ils constituent le fait matériel. La question qui se pose à ce niveau est celle de la
tentative, c'est-à-dire un début d’exécution qui n’est pas arrivé à terme ou une exécution
complète sans résultat.
❖ Dans le premier cas, lorsque l’interruption de l’exécution est involontaire, on
considère qu’il y a tentative ;
❖ Dans le second cas, malgré l’échec, l’existence de la tentative est retenue ; c’est le
cas notamment lorsqu’on est en présence d’une infraction manquée ou d’une
infraction impossible.
En matière de droit commun, la tentative de contravention (la plus petite infraction) n’est
pas punissable et celle de crime est toujours punissable. La tentative de délit est
punissable lorsque la loi en décide ainsi.
En matière douanière, la tentative de délit est considérée comme le délit lui-même et la
sanction est la même que celle du délit réalisé (article 384 du code des douanes). Il n’ya
pas de tentative de contravention.

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3. LES ACTES POSTERIEURES

Ils interviennent alors que l’infraction est déjà consommée. Ils ne sont pas punissables
sauf si la loi les transforme en infractions distinctes (la détention irrégulière de
marchandise).
SECTION 2 : LA CLASSIFICATION DES INFRACTIONS DOUANIERES
Les infractions douanières peuvent être classées selon plusieurs critères :
1. CRITÈRE DE LA NATURE DE L’INFRACTION

Il permet de distinguer : Les infractions instantanées et les infractions continues.


L’infraction instantanée est celle qui se réalise dans un laps de temps très court alors
que l’infraction continue laisse subsister la situation délictueuse pendant une période
plus ou moins longue. L’intérêt de la distinction se situe essentiellement au niveau de la
prescription (c’est l’écoulement d’un certain temps à partir duquel on ne peut plus saisir
la justice) dont la date de départ est celle de la commission de l’infraction pour les
infractions instantanées et celle de la fin de la situation d’infraction pour les infractions
continues.
2. CRITERES DU MOMENT DE LA CONSTATION

Il permet de distinguer : Les infractions flagrantes et les infractions non flagrantes. Une
infraction est dites flagrante lorsqu’elle est constatée au moment même où elle se
commet ou dans un temps très proche de celui où elle a été commise. Elle est non
flagrante dans le cas contraire.

La distinction est importante au regard de la procédure de constatation et les pouvoirs


dont disposent les agents dans l’un ou l’autre des cas (saisie, arrestation)

3. CRITERES DE LA GARANTIE :

A l’instar du droit commun, les infractions douanières sont qualifiées de contraventions


(les moyens graves) ou délits (les plus graves). Il n’a pas de crime en matière douanière.
On peu noter 5 classes de contraventions et 3 classes de délits (voir tableau portant sur
la classification des infractions)
A. LES CONTRAVENTIONS DOUANIÈRES

Une contravention douanière est une infraction portant sur la catégorie des marchandises
ni prohibées, ni fortement taxées, ni soumises à des taxes intérieures.

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❖ Première classe de contravention :
Omission, inexactitude contenues dans le segment général de la déclaration en détail (le
droit douanier est formaliste), non tenue de répertoire annuelle (article 125 du code des
douanes), police du manifeste (article 70 : manifeste électronique, articles 74 et 76
manifeste papier, article 80 : lettre de voiture internationale, article 82 : manifeste
transport aérien) et relâches forcées (article 288). Ce sont des infractions n’ayant pas
pour but de diminuer le montant des droits et taxes à payer ou sur les prohibitions. Pour
cette classe une amende forfaitaire de 100 000 FCFA à 200 000 FCFA est applicable.
❖ Deuxième classe de contravention :
Déficit des colis déclarés, manifestés, transportés sous passavant (document douanier
permettant la circulation des marchandises du point d’entrée au point de sortie) ou sous
acquit à caution (déclaration comportant la caution d’une banque), déficit sur la quantité
de marchandises en régimes suspensifs, en magasins et aires de dédouanement et
entrepôt, rupture de scellés, altération des plombs, inexactitudes partielle ou totale des
engagements souscrits dans les acquits à caution et les déclarations soumissions
(engagement pris auprès de la section recevabilité de déclarer sans la facture ou le
certificat d’origine mais à régulariser dans un délai de 15 jours) , excédents sur le poids,
sur le nombre ou la mesure déclarée, inobservation totale ou partielle des obligations
prévues à l’article 150 du présent code des douanes (remplacement de l’acquit à caution
par des documents présentant les mêmes garanties),inobservation des interdictions ou
restrictions prévues à l’article 177 du présent code des douanes (marchandises exclues
et restriction de stockage), article 21 (marchandises prohibées), article 22 (prohibitions
relatives à la protection des marques), article 23 (propriété intellectuelle et des
indications d’origines), article 24 (prohibition d’ordre public, de sécurité publique,
protection de santé ou de la vie des personnes et des animaux, de moralité publique, de
préservation de l’environnement, de protection des trésor nationaux ayant une valeur
artistique, historique ou archéologique, du respect du droit de la concurrence, de défense
des consommateurs), infractions aux dispositions concernant l’exportation préalable ou
le drawback. Ce sont les irrégularités ayant pour but d’éluder ou de compromettre le
recouvrement d’un droit ou d’une taxe. Pour cette classe l’amende est égale au double

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des droits et taxes dus, éludés ou compris des marchandises sur le marché intérieur
(valeur de la marchandise + total droits et taxes à payer)
❖ Troisième classe de contravention :
Fausse déclaration tendant à obtenir indûment le bénéfice de la franchise (infraction de
l’article 260 du code des douanes : franchise douanière), absence de manifeste ou la non
représentation de l’original du manifeste, toutes omissions de marchandises dans les
manifestes ainsi que toutes différence sur la nature des marchandises manifestées. Ont
fait de contrebande ou d’importation sans déclaration lorsque l’infraction porte sur des
marchandises de la catégorie de celles qui sont ni prohibées, ni fortement taxées à
l’entrée, ni soumises à des taxes intérieures : fausses déclarations sur l’espèce, la valeur,
l’origine, les marchandises déclarées pou la mise à la consommation ou placées sous un
régime suspensif lorsqu’elle peut avoir pour but ou pour effet qu’un droit ou une taxe
quelque trouve éludé ou compromis, toute fausse déclaration dans la désignation du
destinataire réel et ou de l’expéditeur réel, présentation comme unité dans les manifestes
ou déclarations en détail de plusieurs balles ou autres colis fermés réunis de quelque
manière que ce soit. Pour cette classe l’amende est de 100 000 FCFA à 200 000 FCFA
avec confiscation des marchandises litigieuses.
❖ Quatrième classe de contravention :
Infraction de portée générale, contravention fourre tout. Pour cette classe l’amende est
égale à la valeur de la marchandise sur le marché intérieur avec confiscation de la
marchandise litigieuse.
❖ Cinquième classe de contravention :
Infractions aux articles 37, 47 (opposition aux fonctions) alinéas 1, 61, 67, 69, 72, 73,
54, 125, article 61 (contrôle des voyageur et de leurs bagages), article 67 (pour les
navires de la marine militaire), article 69 (manifeste électronique), article 73 (manifeste
papier), article 54 (droit de communication particulier à l’administration des douanes :
refus de communication de pièces et dissimulation), article 125 (inscription des
opérations dans les répertoires annuels), non respect des engagements souscrits dans le
cadre des procédures simplifiées de dédouanement (articles 120 et 121). Pour cette
infraction, l’amende est de 200 000 FCFA à 1000 000 FCFA. Une peine de prison selon
la technique de la pénalité par référence : 6 mois à 2 ans si la rébellion a été commise

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par moins de 6 personnes (article 187 du code pénal) ; 2 à 5 ans si la rébellion a été
commise par plus de 6 personnes (article 186 du code pénal) ; 1 à 3 mois en cas
d’outrage (article 196 du code pénal)
B. LES DÉLITS DOUANIERS :

Un délit douanier est une infraction portant sur la catégorie des marchandises prohibées,
fortement taxées ou soumises à des taxes intérieures. On a la contrebande ou
l’importation sans déclaration
❖ La contrebande :
Une contrebande est une importation en dehors d’un bureau de douane. C’est donc le
viol des règles de conduite et de mise en douane. Ce sont entre autres les
transbordements frauduleux et toute détention de marchandises dans le rayon des
douanes sans documents justificatifs. La catégorisation des délits de contrebande dépend
de l’utilisation ou pas de moyens de transport.
o Première classes : Sans utilisation de moyens de transport
Pour cette classe, l’amende est égale à la valeur de l’objet de fraude sur le marché
intérieur et des peines d’emprisonnement de 3 mois à 3 ans.
o Deuxième classe : Utilisation de moyens de transport
Pour cette classe, l’amende est égale à la valeur de l’objet de fraude sur le marché
intérieur et confiscation du moyen de transport et des peines d’emprisonnement de 6
mois à 5 ans.
❖ L’importation sans déclaration :
Une importation sans déclaration est une importation en l’absence d’une déclaration en
détail ou une importation sous le couvert d’une déclaration en détail non applicable à la
marchandise. Les fausses déclarations de valeurs, d’origine et d’espèce découlent
souvent d’une importation sans déclaration. La catégorisation des délits d’importation
sans déclaration dépend de la valeur de la marchandise.
o Délit de première classe : Marchandise dont la valeur inférieure à 5.000.000 FCFA
Pour cette classe, l’amende est égale à la valeur de l’objet de fraude sur le marché
intérieur et des peines d’emprisonnement de 3 mois à 3 ans.

o Délit de deuxième classe : Marchandise dont la valeur supérieure à 5.000.000 FCFA

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Pour cette classe, l’amende est égale à la valeur de l’objet de fraude sur le marché
intérieur et des peines d’emprisonnement de 6 mois à 5ans.
o Délit de troisième classe : Délit informatique
Pour cette classe, l’amende est égale de 10 000 000 FCFA à 20 000 000 FCFA et des
peines d’emprisonnement de 5 à 10 ans.

SECTION 3 : DEFINITIONS SUITE LA CLASSIFICATION DES INFRACTIONS

1. DROIT COMPRIS OU DROIT ELUDE

Un droit est compris ou éludé lorsqu’une déclaration en douane comporte une ou


plusieurs mentions inexactes ayant pour but ou pour effet de faire apparaitre un montant
de droits et taxes à verser inférieur à ce qui est réellement dû.
Il ya droit compris lorsque l’inexactitude est découverte au moment de la vérification
des déclarations et avant que le montant des droits est été pris en recette. Il ya droit
éludé lorsque l’inexactitude est découverte après la vérification et la prise en recette des
droits et taxes.
2. MARCHANDISES FORTEMENT TAXEES (Article 7 du code des douanes)
« Sont considérées comme fortement taxées, les marchandises dont le droit de douane inscrit
au tarif minimum d’importation égale ou excède 20%, s’il s’agit de droit ad valorem ou
représentant plus de 20% de la valeur s’il s’agit de droit spécifique »
3. MARCHANDISES PROHIBEES (Article 21 du code des douanes)
« Sont considérées comme prohibées toutes marchandises dont l’importation ou l’exportation
est interdite à quelles que titres que se soient (prohibition absolue) ou soumises à des
restrictions, à des règles de qualités ou de conditionnement ou à des formalités particulières
(prohibition relative)
4. CONTREBANDE (Article 393 du code des douanes)
Au sens strict, la contrebande s’étend des importations ou exportations en dehors d’un bureau
de douane. Sont aussi considérés comme contrebande :
❖ La violation des dispositions légales et réglementaires relatives à la détention et au transport
des marchandises à l’intérieur du territoire douanier
❖ Les transbordements frauduleux (chargement de moyens de transport autorisé par
l’administration des douanes et sous la surveillance d’un agent des douanes)

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❖ Les irrégularités relevées lors du transport de marchandises expédiées sous un régime
suspensif le plomb doit rester intact.
❖ Sont aussi considérés comme contrebande malgré le passage par un bureau les importations
avec dissimulation des marchandises dans des cachettes spécialement aménagées ou
endroits qui ne sont pas normalement destinés à les recevoir.
5. CONCOURS D’INFRACTION
Il y a concours d’infraction lorsqu’on se trouve devant deux ou plusieurs possibilités de
qualification par rapport à une ou plusieurs situations délictueuses. Le concours peut être idéal
ou réel.
a. Concours idéal d’infraction
C’est le cas lorsqu’un même fait matériel est susceptible de deux ou plusieurs qualifications.
Dans un pareil cas, c’est la qualification la plus élevée qui est retenue quand il s’agit de deux
ou plusieurs infractions douanières. Exemple : Fausse déclaration d’espèce ou de valeur
entrainant une importation sans déclaration.
b. Concours réel d’infraction :
Il s’agit de deux ou plusieurs infractions représentées par des faits matériels différents qui sont
constatées en même temps. Exemple : Fausse déclaration d’espèce ou d’origine sur un même
article. Le concours peut concerner des infractions douanières ou des infractions douanières et
de droit commun.
6. IMPORTATION ET EXPORTATION SANS DÉCLARATION (article 396 du code des douanes)
Au sens strict, ce sont des importations ou des exportations passant par le bureau en l’absence
de déclaration en détail ou sous le couvert d’une déclaration en détail non applicable aux
marchandises présentées.
Au sens large, ce sont les différentes situations qui sont directement assimilées par la loi à des
importations sans déclaration ou exportations sans déclarations qui sont légalement qualifiées
d’importations sans déclaration ou d’exportation sans déclaration pour assurer une meilleure
lutte contre la fraude. Dans ce dernier cas, malgré la qualification, il ya toujours une déclaration.
7. FAUSSE DECLARATION
Lorsqu’une déclaration est inexacte dans une ou plusieurs de ses mentions mais reste applicable
à la marchandise à laquelle elle se rapporte, il y’a fausse déclaration. La fausse déclaration peut
être sur la valeur, l’origine, l’espèce, la quantité, le nombre de colis, le destinataire ou
l’expéditeur réel et d’une manière générale sur toutes les énonciations de la déclaration.
8. INFRACTIONS PLUS SEVEREMENT REPRIMEES

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Cette expression résulte de l’article 412 du code des douanes qui dispose que tout fait tombant
sous le coup de dispositions répressif distinctes édictées par le présent code doit être envisagées
sous la plus haute acceptation (qualification) pénale dont il est susceptible.
9. INFRACTIONS PLUS SPECIALEMENT REPRIMEES
C’est une règle de qualification qui fait passer en priorité les dispositions qui sont les plus
spécifiques lorsqu’une situation d’infraction parait devoir relever de deux ou plusieurs articles
(article 386 du code des douanes et 388)
CAS PRATIQUE N° I
Des agents en service de barrage avec appui motocycliste dans le rayon des douanes voient
arriver de l'étranger un véhicule et font signe au conducteur de s'arrêter, ce dernier refuse
d'obtempérer. Les agents engagent une poursuite à moto et arrêtent le véhicule à 3 km plus loin.
La visite du véhicule amène la découverte de 10 bandes de tissus contenant chacune 100 pièces
de 30 yards de basin riche pour lesquels aucune justification de détention et de circulation n'est
produite. La valeur de la marchandise est de 10.000 FCFA par yard. Les droits et taxes sont de
48,28% dont 20% pour le droit de douane. Les tissus importés sont soumis à l'obligation de
marquage. La valeur du véhicule est de 5 millions.
TRAVAIL A FAIRE
1. Qualifier l'infraction, dire les pénalités applicables et calculer le montant de l’amende

s’il y’a lieu

CAS PRATIQUE N° II
Une déclaration en détail de mise à la consommation C100 est déposée au bureau de douane
Dakar port Nord par M. Diop, un employé de la société Sénégal transit, commissionnaire en
douane agrée. La déclaration est signée par M. Fall, chef de transit. L'importateur propriétaire
des marchandises est Mlle Mame Diarra Ndiaye. La vérification de la déclaration a permis de
constater les faits suivants : il ya une fausse déclaration de valeur entrainant un droit compris;
les marchandises sont soumises à des droits et taxes de 67% dont 20% de droits de douane. La
valeur déclarée est de 15 millions alors que la valeur réelle est 30 millions.
TRAVAIL A FAIRE
1. Qualifier l'infraction, dire les pénalités applicables puis calculer le montant de

l’amende s’il y’a lieu

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