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Master 1
I/ Ouvrages
- Dominique BUREAU et Horatia MUIR WATT, Droit international privé, Thémis droit
PUF, 2 tomes, 2007.
- Yvon LOUSSOUARM, Pierre BOUREL et Pascal de VAREILLES-SOMMIÈRES, Droit
international privé, 8e éd. Précis Dalloz, 2004.
- Bernard AUDIT,Droit international privé, Economica, 5e éd., 2008.
- Daniel GUTMANN, Droit international privé, Cours, 5e éd. Dalloz, 2007
- Jean DÉRUPÉ et Jean-Pierre LABORDE, Droit international privé, Mémentos 16e éd.
Dalloz, 2008.
- Françoise MONÉGER, Droit international privé, Objectif droit, 5e éd. Litec, 2009.
- Thierry VIGNAL, Droit international privé, Armand Colin, 2005.
- Hugues FULCHIRON et Cyril NOURISSAT, Travaux dirigé de Droit international privé,
Objectif droit, 3e éd. Litec, 2007.
- Sandrine CLAVEL, Droit international privé, Hyper Cours, Dalloz, 2009.
- Pierre MAYER et Vincent HEUZÉ,DIP, Domat, Montchrestien, 9e éd. 2007
- Bernard ANCEL et YvanLEQUETTE, Grands arrêts de la jurisprudence française de
droit international privé, Sirey, 5e éd., 2006.
- Henri BATIFFOL,Aspects philosophiques du droit international privé, Dalloz, 1956.
(rééd. 2002, présentation Y. Lequette)
- Henri BATIFFOL et Pierre LAGARDE, Droit international privé, LGDJ, t. I, 8e éd.,
1993, t. II, 7e éd., 1983.
- D HOLLEAUX,Jacques FOYERet G de GEOUFFRE DE LA PRADELLE, Droit international
privé, Masson, 1987.
II/ Encyclopédies
1. La loi
Par loi, on entend un texte de portée générale, impersonnelle et obligatoire, élaborée par une
autorité publique. Considérée par les juristes de tradition latine comme la source principale du
droit, elle n’a pas la même importance en DIP. Si son rôle est central dans les parties de la
matière que sont la nationalité, le droit des étrangers, il est plutôt secondaire en matière de
conflit de lois et de juridictions notamment en France et au Cameroun. Ainsi pendant
longtemps, le seul texte de loi en matière de conflit de lois était l’article 3 du code civil qui
se borne à indiquer les grandes lignes du règlement des conflits de lois à propos des statuts
réels et des statuts personnels.
En revanche, dans d’autres pays qui ont récemment légiféré en la matière tels que le Gabon, la
loi occupe une place déterminante depuis la réforme du Code civil Gabonais (cf. art. 25 à
77).On peut également citer le CPF du Bénin (art. 962-1016). La nécessité de codifier le DIP
s’impose. L’Avant-projet de code camerounais des personnes et de la famille s’y attèle.
En matière de conflit de juridictions, là encore les textes du code civil sont rares ( art. 14 et 15
sur la compétence des juges camerounais en présence d’une situation internationale, ou art.
27 et art. 71 à 77 du Code civil gabonais ; art. 962 à 972 du CPF béninois).
2. La jurisprudence
C’est à elle que l’on doit la plus grande partie des règles de DIP (à partir du seul art. 3 du c.
civ.), le législateur gabonais n’étant intervenu que très tardivement. Il s’agit surtout en cette
matière des décisions des tribunaux judiciaires. Il est certes vrai que les juridictions
administratives ont joué également un rôle dans la construction du droit de la nationalité et de
la condition des étrangers. C’est en usant de son pouvoir d’interprétation et en assumant son
obligation de juger malgré l’absence de texte que la JP a crée l’essentiel des règles applicables
en DIP.
L’évolution de la jurisprudence, du fait des revirements, apparait en dents de scie, ce qui
complique la tâche des interprètes. Il faut dire que cette œuvre jurisprudentielle a été facilitée
par une activité doctrinale importante.
3. L’influence de la doctrine
Son influence est grande surtout dans le droit des conflits où les textes ont été peu nombreux.
Sans être une autorité directe de création des règles, la doctrine a inspiré plusieurs
solutions jurisprudentielles. De nombreux arrêts empruntent directement les théories
doctrinales. On doit à la doctrine, l’affinement des concepts fondamentaux tels que l’effet
atténué de l’ordre public, la fraude à la loi ainsi que les réflexions sur les conflits et
qualifications ou les renvois (V. la formule de la localisation du contrat (pour déterminer la
loi applicable à défaut de choix express d’une loi par les parties) employé par la Cour de
cassation est empruntée au doyen BATIFFOL)
Les principaux modes d’expression écrite de la doctrine sont actuellement : les Traités et
Manuels (Niboyet ; Batifol et Paul Lagarde ; Yvan Loussouarm, Pierre Bourel et P. de
Vareilles-Sommières ; P. Mayer et Vincent Heuzé ; Dominique Bureau et Horatio Muir-
watt ; Bernard Audit ; Daniel Gutmann ; Pierre Courbe ; Françoise Monéger, Pierre
Meyer), les Encyclopédies et Juris-classeurs, les périodiques : Revue critique de DIP et le
Journal du DIP.
1. Les traités
Ce sont des accords conclus entre des Etats pour résoudre des difficultés nées des divergences
entre les législations. On les classe en deux catégories : les Traités bilatéraux (entre deux
Etats, plus facile à négocier mais accentuent la division du droit d’où la tendance des juges à
les considérer comme des règles d’exception soumises à interprétation restrictive. Fréquents
en matière de condition des étrangers) et les Traités multilatéraux (entre plusieurs Etats,
difficile à conclure car ils visent à des règles de valeur universelle ou pouvant être acceptées
par le plus grand nombre.
L’unification qu’ils réalisent concerne soit les règles de fond (ou règles matérielles traitant
directement le fond du droit, elle contribue au rapprochement des législations nationales et
excluent le conflit de lois : exemple, le Traité instituant une organisation et l’harmonisation en
Afrique du droit des affaires OHADA de 1993 (art 10 : « Les actes uniformes sont
directement applicable et obligatoires dans les Etats parties nonobstant toute disposition
contraire de droit interne antérieure ou postérieure » ; la Convention de Tananarive du 12
septembre 1961 sur la coopération en matière de justice (Cameroun, Centrafrique, Congo,
Gabon, Côte-d’Ivoire, Dahomey (actuel Bénin), Haute-Volta, Mauritanie, Niger, Sénégal et
Tchad) ; le Traité de Paris sur la propriété industrielle, le Traité de Bernes 1886 sur la
propriété littéraire et artistique ; la Convention de Vienne du 11 avril 1981 sur les contrats de
vente internationale de marchandises), soit les règles de conflit. (La Convention de Rome du
19 juin 1980 sur la loi applicable aux obligations contractuelles, transformée en Règlement
Rome I du 17 juin 2008)
L’unification des règles de conflit a été réalisée en grande partie sous l’égide de la Conférence
de la Haye de DIP instituée en 1883, avec aujourd’hui 96 Etats, avec des sessions plénières
tous les 4 ans.
2. La coutume internationale
C’est l’ensemble des règles non écrites de DIP que la plupart des Etats estiment devoir
respecter. Elle est parfois invoquée à l’appui de solutions largement retenue (par exemple la
compétence exclusive de chaque Etat pour ce qui est de sa propre nationalité, ou encore la
compétence de la lex rei sitae pour le statut réel).
On range également dans la coutume internationale, l’ensemble des contrats types et les
usages établis de façon spontanée par les auteurs du commerce international. Cet ensemble de
règles appelé lex mercatoria (la loi des marchands dont l’origine remonte au Moyen âge) joue
un rôle important dans la régulation des échanges internationaux.
Cependant, la nature de cette lex mercatoria est discutée en doctrine. Est-ce une véritable
source du DIP ? Sa portée reste limitée faute d’une réception par la loi ou la jurisprudence
internationale.
§1 La notion d’unilatéralisme
L’unilatéralisme est la doctrine qui prône une réglementation directe du rapport de droit,
en évitant de passer par le canal de la méthode bilatérale ou conflictuelle. Ainsi attribuer
à la règle de conflit un caractère unilatéral, c’est considérer que l’objet de cette règle est de
déterminer le champ d’application dans l’espace d’une loi et par conséquent de limiter son
objet à la seule désignation de la loi du for. La règle de conflit unilatérale est celle qui
détermine le domaine d’application d’une loi. On part de la loi (du for) pour définir son
champ d’application dans l’espace.
On doit à QUADRI d’avoir systématisé une théorie de conflit des lois fondée sur l’idée que
chaque Etat détermine tacitement le champ d’application de ces lois dans l’espace. Ce
champ variant en fonction du contenu de sa loi.
Cette méthode est séduisante par sa simplicité mais cette qualité est également son principal
défaut. En effet, le problème majeur de l’unilatéralisme vient de ce que cette méthode
s’appuie sur le postulat que les Etats peuvent naturellement se coordonner dans l’espace
international. Or, l’expérience montre qu’il s’agit d’une simple vue de l’esprit. Parfois, les
Etats se considèrent simultanément compétents pour appréhender une situation juridique, c’est
l’hypothèse où deux pays réclament l’application de leur loi au rapport juridique ; parfois ils
rejettent ou refusent leur compétence. Pourtant le juge saisi doit trancher sur la base de ces
éléments de la coordination nationale. On comprend que cette méthode de règlement de
conflit ait eu un succès limité en droit positif qui ne l’a réceptionné que pour résoudre des cas
très précis.
Le reproche adressé à la qualification lege fori serait sans doute fondé si le juge utilisant ce
procédé devait tout mesurer à la lumière de son propre droit interne. Or il n’en est rien.
D’abord au sein même de la qualification lege fori, la référence au droit interne du for n’est
pas exclusive, elle connaît des limitations (A) ; ensuite le principe de la qualification lege fori
ne recouvre pas toutes les qualifications, il souffre des exceptions (B).
Le rattachement est la seconde étape du règlement du conflit de lois. Il consiste, une fois la
qualification acquise, à rattacher le problème de droit à un ordre juridique donné.
L’existence du rattachement ne pose pas de problème en présence d’une règle bilatérale
classique : une fois classé dans une catégorie de DIP du for, la question de droit est
automatiquement soumise, grâce à l’élément de rattachement correspondant à cette
catégorie, à un ordre juridique donné. Mais trois facteurs sont susceptibles de gêner
l’application de ce principe : les conflits de rattachements (§1), l’évolution du facteur de
rattachement (§2) et les questions préalables (§3).
§1 Le conflit de rattachement
Ce conflit peut être illustré par trois exemples.
Premier exemple : le statut personnel. En matière de statut personnel, les pays se
répartissent entre ceux qui soumettent ce statut à la loi nationale, comme le Gabon,le
Cameroun, la France et ceux qui soumettent le statut personnel à la loi du domicile comme
l’Angleterre, le Canada.
Deuxième exemple : les successions. En droit gabonais tout comme en droit français et
camerounais, les successions font partie du statut réel, les immeubles sont soumis à la loi de
situation, leurs meubles à la loi du lieu du dernier domicile de défunt. Dans d’autres pays
notamment l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne, l’Avant-projet de code camerounais, les
successions sont rattachées au statut personnel et soumis à la loi nationale du défunt.
Troisième exemple : la nationalité des sociétés commerciales. En droit OHADA (Gabon,
Cameroun) et français, il y a rattachement à la loi du siège social qui peut être fixé, au choix
des associés, soit au lieu du principal établissement de la société, soit à son centre de
direction, en droit anglais, à la loi du pays d’incorporation de la société (loi du pays selon
laquelle la société a été constituée), en droit hollandais, à la loi du pays du siège social
statutaire.
Comment régler le conflit de rattachement ? S’agissant par exemple du statut personnel
d’un anglais domicilié en France, la règle de conflit française désigne la loi anglaise. Faut-il
s’arrêter à cette désignation et appliquer la loi interne anglaise, ou prendre en considération le
rattachement anglais à la loi du domicile, donc la règle de conflit anglaise ?Cette prise en
considération va opérer un renvoi à la loi française. C’est pourquoi la question du conflit
de rattachement est désignée par la question du renvoi.
Il existe deux types de conflit de rattachements : le conflit positif et le conflit négatif.
Il y a conflit positif lorsque plusieurs systèmes en raison des rattachements adoptés par leurs
règles de conflit de lois se considèrent compétents pour appréhender la situation. Chaque
règle de rattachement en présence donne compétence à sa propre loi. Exemple de conflit
positif : succession mobilière d’un italien qui décède au Gabon. Le juge gabonais va
appliquer la loi gabonaise, loi du dernier domicile du défunt ; le juge italien va appliquer la
loi italienne, loi nationale du défunt. Il n’ya pas harmonie des solutions du fait de la
différence du rattachement, mais la question du renvoi ne se pose pas.
Le conflit négatif par contre soulève d’immenses difficultés. Il ya conflit négatif
lorsqu’aucun des systèmes juridique en conflit ne retient sa compétence pour trancher le
problème de droit en cause. Chaque règle de rattachement attribue compétence à l’autre loi.
Exemple de conflit négatif : Succession mobilière d’un Gabonais domicilié en Allemagne. Le
juge allemand va appliquer la loi gabonaise, loi nationale du défunt (la succession mobilière
rentre en Allemagne dans la catégorie statut personnel et est régit par la loi nationale). Le
juge gabonais va appliquer la loi allemande du dernier domicile du défunt (en droit
gabonais, la succession mobilière rentre dans la catégorie statut réel, comme en France, et
est rattaché à la loi du dernier domicile du défunt). On voit bien que la question du renvoi ne
se pose que pour les conflits négatifs. La question du renvoi est restée controversée en
doctrine (A) mais a reçu en droit positif gabonais une réponse claire (B).
A. La controverse doctrinale sur le renvoi
La question du renvoi fait intervenir toute conception d’ensemble du DIP d’où le débat
doctrinal qu’elle a suscité. Aux thèses développées par les auteurs hostiles au renvoi (1), on
opposera la thèse de leurs contradicteurs (2)
1. Les thèses hostiles au renvoi
Comme en matière de qualification, les successeurs de BARTIN ont eu tendance à envisager
le renvoi en termes de conflit de souveraineté. L’hostilité au renvoi se fonde sur l’idée que
l’Etat ne peut abandonner sa souveraineté en cédant devant les règles de conflit étrangères.
L’argument n’a pas convaincu. On a pu observer que le respect de la souveraineté nationale
peut certes expliquer que le règlement national du conflit ait un caractère définitif, l’impératif
du souverain étranger peut en sens inverse justifier le renvoi. D’un autre côté, le renvoi devait
être exclu parce qu’il pouvait conduire à un cercle vicieux du fait d’une succession de renvois.
Ainsi pour cette doctrine classique, de même que le conflit de qualification devait être réglé
par la loi du for, le conflit de rattachement devait également être réglé par le respect de la
règle de conflit du for. Dans le prolongement de cette critique, s’est développé un courant
favorable au renvoi.
2. Les thèses favorables au renvoi
Les auteurs favorables au renvoi ont d’abord mis en avant ses intérêts d’opportunité et de
simplification. Il faut observer que lorsque la loi étrangère renvoi au juge du for (cas du
renvoi au premier degré), celui-ci est bien heureux d’appliquer sa propre loi plutôt que celle
d’une Etat étranger. Cette approche pragmatique a été exprimée par la Cour de cassation dans
l’arrêt Soulié du 9 mars 1910 dans lequel la cour a annoncé : « qu’il n’ya qu’avantage à ce
que tout conflit se trouve supprimé et à ce que la loi française régisse, d’après ses propres
vues, des intérêts qui naissent sur son territoire » (cass. Req. 9 mars 1910, DP. 1. 1912, p.
262, rapp. Denis). Au-delà de l’intérêt du juge, c’est l’intérêt des parties qui se trouve respecté
puisqu’elles ont la garantie que le juge du for tranchera selon les mêmes règles que celles qui
auraient été appliquées dans le pays qui opère le renvoi, ce qui peut favoriser la circulation
internationale des décisions. C’est enfin la sécurité juridique qui gagne car l’application du
droit français par les juges est contrôlée par la Cour de cassation. Acceptant le renvoi à la
suite de la JP, la doctrine moderne l’a justifié par deux conceptions : le renvoi-règlement
subsidiaire (a) et le renvoi-coordination (b).
a- Le renvoi-règlement subsidiaire
Cette théorie encore appelée technique du renvoi désistement a été faite par LEREBOURS-
PIGEONNIERE. Elle repose sur l’idée que le refus de la loi étrangère désignée de se déclarer
compétente traduit une imperfection de la règle de conflit du for. Plus précisément, ce refus
de compétence du droit étranger oblige le for à élaborer une nouvelle règle de conflit que l’on
peut qualifié de subsidiaire en ce qu’elle ne joue que si le système étranger désigné par la
règle de conflit ordinaire refuse sa compétence.
Cette thèse encourt trois principaux griefs : en premier lieu, elle reste très incertaine sur le
contenu du règlement subsidiaire que le DIP du for doit mettre en place après que le droit
étranger a décliné sa compétence. En deuxième lieu, s’il fallait pour chaque règle de conflit
existante en prévoir une subsidiaire en cas de désistement cela accroitrait la complexité du
système de DIP. En troisième lieu, cette théorie est démentie par le droit positif. Il existe une
règle de conflit unitaire. Ces observations expliquent le succès de la théorie du renvoi-
coordination.
b- Le renvoi-coordination
Cette thèse développée par BATIFOL repose sur l’idée que le renvoi procède de la règle de
conflit française elle-même, laquelle prévoit l’éventualité de sa coordination avec les règles de
conflit de l’ordre juridique étranger désigné. Elle met en avant la nécessité de coordonner les
différents systèmes de DIP grâce à l’harmonisation des règles gabonaises et étrangères de
conflit. La thèse du renvoi-coordination est la seule à ne pas être démentie par la JP. Elle est
par ailleurs la plus apte à expliquer le renvoi au second degré en tant qu’il permet de combiner
les règles de conflit gabonaises et étrangères.
La JP s’est toujours montrée favorable au renvoi depuis les arrêts Forgo du 24 juin 1878 et
du 22 février 1882 (GA n° 7 et 8) et l’est restée en dépit des critiques de la doctrine (1). C’est
seulement son domaine qui a été réduit (2).
1. L’acceptation du renvoi
Il existe deux types de renvoi : le renvoi au premier degré et le renvoi au second degré.
Le renvoi au premier degré : renvoi à la loi du for. Il ya renvoi au premier degré lorsque la
loi désignée par la règle de conflit gabonaise renvoie à la loi du for. Exemple. Le cas d’un
Anglais domicilié au Gabon. Le juge gabonais devant régler une question de capacité
concernant cet anglais, appliquera la règle de conflit gabonaise (loi nationale) et désignera
donc la loi anglaise. La loi anglaise ayant un autre rattachement (la loi du domicile) renverra à
loi gabonaise, loi du for.
Le renvoi au second degré : renvoi à une loi d’un pays tiers. Il ya renvoi au second degré
lorsque la loi désignée par la règle de conflit renvoie à une autre loi que celle du for.
Exemple : le cas d’un Anglais domicilié au Danemark. Le Danemark a la même règle de
conflit que la loi anglaise, application de la loi du domicile en matière de statut personnel. Le
juge gabonais, qui devra régler la question d’un Anglais au Danemark, appliquera la règle de
conflit gabonaise (loi nationale, donc loi anglaise) ; la loi anglaise désigne la loi du domicile,
loi danoise. Cette loi ayant le même rattachement, il n’y aura pas d’autre renvoi.
La loi étrangère désignée par la règle de conflit peut être évincée soit lorsque son application
heurte l’ordre public du juge du for (§1), soit lorsque les circonstances de l’espèce font
apparaître une fraude à la loi (§2).
§1 L’exception d’ordre public
L’un des nombreux apports de l’arrêt Lautour suscité réside dans son approche de la notion
d’ordre public international. Il s’agit de contrôler in concreto que l’application de la loi
étrangère désignée par la règle de conflit ne conduit pas à un résultat incompatible avec les
valeurs fondamentales du for. Et en DIP gabonais, c’est l’article 30 du Code civil qui fixe ce
principe en ces termes : « ne sont pas applicables au Gabon toutes les dispositions des
législations étrangères qui heurtent l’ordre public ».
Cependant, l’éviction de la loi étrangère doit demeurer exceptionnelle. Elle constitue en effet
une entorse au principe de la neutralité de la règle de conflit qui veut qu’une loi étrangère soit
déclarée applicable indépendamment de son contenu. Le respect nécessaire de l’OPI conduit à
mettre en œuvre un mécanisme d’exception dont on précisera le fonctionnement (B) et les
effets (C) après avoir défini le contenu (A).
A. Le contenu de l’ordre public en DIP
Le contenu de l’ordre public en DIP sera mieux cerné en envisageant d’une part la notion (1)
et d’autre part de le distinguer des notions voisines (2).
1. La notion d’ordre public international
Le terme OPI est discuté. De fait, l’ordre public tel qu’on l’envisage en DIP n’est pas un
véritable ordre public international c’est-à-dire commun à toutes les nations. C’est plutôt un
ordre public du for autrement dit de source interne. C’est pourquoi certains auteurs suggèrent
de parler d’ordre public au sens du DIP. Toutefois, l’ordre public en DIP est défini par la
doctrine et la JP comme un correctif exceptionnel permettant d’écarter la loi étrangère
normalement compétente, lorsque cette dernière contient des dispositions dont l’application
est jugée inadmissible par le tribunal saisi.
L’ordre public est relatif parce qu’il varie dans l’espace et dans le temps. Il traduit la
représentation des valeurs fondamentales que se fait à un moment donné un ordre juridique
particulier. Ceci explique par exemple que la monogamie soit considérée comme un principe
fondamental dans de nombreux pays occidentaux et qu’elle n’en soit pas de certains pays
africains comme le Cameroun, le Sénégal ou inversement que l’hétérosexualité soit un
principe fondamental dans certains pays africains et n’en soit pas dans les pays occidentaux.
De sorte que c’est au juge de dire à chaque fois si la loi étrangère est ou non contraire à
l’ordre public. C’est lui qui appréciera à un moment donné l’état de l’opinion dans l’ordre du
for afin de déterminer si oui ou non la loi étrangère doit être évincée. L’intervention de l’OPI
est ainsi abandonnée à la discrétion des juges et liée à leur jugement sur la valeur du contenu
de la loi étrangère. Néanmoins les Nations et les Etats s’accordent à ranger dans l’ordre public
un ensemble de principes considérés comme universels tels que l’interdiction de l’esclavage,
la prohibition des discriminations raciales.
2. Distinction ordre public en DIP, ordre public interne et lois de police.
L’OPI doit être distingué de certaines notions voisines : l’ordre public et les lois de police.
L’OP interne recouvre l’ensemble des dispositions qui revêtent un caractère impératif dans le
sens de l’article 6 du code civil applicable au Cameroun (art. 8, al. 5, C.civ. gab) puisque ceux
qui s’y trouvent soumis ne peuvent en écarter l’application par convention. Il renvoie donc à
la distinction traditionnelle entre règles supplétives de volonté et règles impératives ou
d’ordre public. Mais cet ordre public n’entretient de relation qu’avec l’ordre interne. Dès lors
qu’une situation est internationale, c’est à l’POI qu’i convient de recourir. Et l’OPI n’inclut
pas toutes les dispositions impératives du droit interne. Il ne vise selon la formule de l’arrêt
Lautour que « les principes de justice universelles considérés dans l’opinion française
comme de valeur internationale absolue ». Le domaine de l’OPI est plus limité que celui de
l’OP interne.
L’OPI s’oppose également aux lois de police qui elles interviennent en amont avant le
déclenchement de la méthode conflictuelle. Le juge doit l’appliquer sans prendre en
considération l’élément d’extranéité du litige et sans mettre en œuvre la règle de conflit.
B. Le fonctionnement de l’exception d’ordre public
L’OPI fonctionne sur la base d’un mécanisme d’exception et son application est
circonstanciée. Le terme exception indique que l’intervention de l’OPI ne joue que pour faire
échec à l’application de la loi étrangère dont la compétence de principe n’est pas mise en
cause. Le contrôle de la conformité à l’OPI n’intervient donc qu’à posteriori. Il s’opère in
concreto.
Mais en cas d’admission de l’exception peut se poser le problème de la combinaison des
dispositions issues de la loi étrangère et de celles issues de la loi du for. La réponse est liée à
l’étroitesse des liens qu’entretient la situation juridique avec le for.
Si les liens sont étroits, les exigences imposées au titre de l’ordre public peuvent être
renforcées : c’est l’ordre public de proximité ou ordre public plein. En revanche, si les
liens sont lâches, les exigences imposées au titre de l’ordre public peuvent être assouplies :
c’est l’effet atténué de l’ordre public. Cette solution a été consacrée par l’arrêt Rivière du
17 avril 1953 (GA n° 26). Il s’agissait d’un divorce prononcé selon la loi étrangère qui
admettait le divorce par consentement mutuel. Un tel divorce n’aurait pas pu être prononcé en
France, la loi étrangère aurait été déclaré contraire à l’ordre public mais cet ordre public était
atténué s’agissant de la reconnaissance en France du divorce : « en effet, la réaction à
l’encontre d’une disposition contraire à l’ordre public n’est pas la même suivant qu’elle met
obstacle à l’acquisition d’un droit en France ou suivant qu’il s’agit de laisser se produire en
France les effets d’un droit acquis, sans fraude, à l’étranger et en conformité de la loi ayant
compétence en vertu du DIP français ». Mais c’est surtout dans l’arrêt Munzer du 7 janvier
1964 que la formule « effet atténué de l’ordre public » a été consacré.
Mais un autre danger s’est vite signalé à la doctrine qui a vu le risque d’application erronée de
l’effet atténué de l’ordre public, notamment lorsque les intéressés domiciliés en France ne se
rendaient dans leur pays d’origine dans le seul but de faire naître la situation à l’étranger. La
cour de cassation invoque très souvent la fraude pour s’opposer à la reconnaissance de telles
situations. La fraude est l’autre forme d’éviction de la loi étrangère désignée par la règle de
conflit.
§2 La fraude à la loi
En DIP, la théorie de la fraude à la loi tend à écarter par une manipulation artificielle la règle
de conflit du for. C’est l’arrêt Bauffremont du 18 mars 1878 (GA n° 6) qui a fondé en JP la
théorie de la fraude à la loi. En l’espèce, la princesse de Bauffremont devenue française par
son mariage, s’était fait naturalisé allemande pour faire convertir la séparation de corps
obtenue devant une juridiction française en divorce et se remarier avec un autre prince. La
cour de cassation décida que : « la demanderesse avait sollicité et obtenu cette nationalité
nouvelle non pas pour exercer les droits et accomplir les devoirs mais dans le seul but
d’échapper aux prohibitions de la loi française ». En DIP gabonais, le principe est consacré
par l’article 31 du Code civil gabonais en ces termes : « Nul ne peut se prévaloir d’une
situation juridique créée en application d’une loi étrangère qui n’a pas été rendue
compétente que par une fraude à la loi gabonaise ». La constitution de la fraude à la loi
implique la réunion de certains éléments (A) et entraîne des sanctions (B).
A. Les éléments de la fraude à la loi
Il existe deux éléments : un élément matériel (1) et un élément psychologique (2).
1. L’élément matériel : l’utilisation volontaire des règles de conflit
L’élément matériel résulte en général d’une altération du facteur de rattachement. Ainsi la
fraude à la loi n’est envisageable que pour les seuls les règles de conflit admettant un critère
de rattachement sous l’influence de la volonté des parties. C’est le cas des matières du statut
personnel, le rattachement étant soit la nationalité soit le domicile. L’affaire princesse de
Bauffremont est l’exemple type d’une fraude à la loi réalisée par changement de nationalité.
Quant à la loi du domicile, la fraude est encore plus facile, déménager étant plus simple que
changer de nationalité. C’est le cas également du statut réel mobilier dans lequel la fraude
peut consister dans le déplacement d’un meuble (transport d’un meuble d’un pays à un autre
modifie la compétence législative), ou le changement de la qualification du bien en
transformant un immeuble en meuble.
En revanche, la fraude est moins aisée dans les matières contractuelles en raison du libre
choix par les parties de la loi applicable, et sauf l’hypothèse susmentionnée, elle est
impossible en matière immobilière dans la mesure où la volonté des parties est sans influence
sur le lieu de situation du bien, inamovible par définition.
2. L’élément moral : l’intention frauduleuse
Toute personne qui change l’élément de rattachement ne commet pas nécessairement une
fraude A l’intention matériel doit s’ajouter un élément intentionnel Il n’y aura fraude que si la
modification apportée au facteur de rattachement est destinée à écarter la loi normalement
applicable. Dans l’affaire princesse de Bauffremont le changement de nationalité apparaît
frauduleux car il a été réalisé « dans le seul but d’échapper aux prohibitions (du divorce) et de
la loi française ».
L’existence de l’intention frauduleuse est laissée à l’appréciation souveraine des juges du
fond. Pendant longtemps, seules les fraudes à la loi française ont été sanctionnées. Mais
aujourd’hui les juges français n’hésitent pas à sanctionner la fraude à la loi étrangère. Par
exemple, lorsqu’un époux québécois se rend à Reno au Nevada pour obtenir un divorce qu’il
n’aurait pas pu obtenir à Québec, le juge français saisi peut constater la fraude (arrêt Giroux
c/ Dame Chatrand du 11 juillet 1977, Rev. Crit. DIP 1978, p. 149, note B. Audit).
B. La sanction de la fraude à la loi
En doctrine, la question se pose de savoir quelle est la portée exacte de la sanction devant
frapper la fraude lorsque celle-ci se réalise par un acte juridique : L’acte doit-il être
simplement déclaré inopposable au juge français ou doit-il être annulé ? La naturalisation de
la princesse de Bauffremont est-elle nulle ou simplement inopposable ? En DIP, la réponse
n’est pas évidente puisqu’il convient de en considération l’Etat étranger concerné. Par
exemple, le juge du for n’a pas le pouvoir d’annuler une naturalisation prononcée à l’étranger,
il ne pouvait seulement déclarer que cette naturalisation ne produirait pas d’effets en France.
La sanction de la fraude à la loi étrangère est donc en principe l’inopposabilité.
Autre question : faut-il admettre que l’inopposabilité s’applique à l’ensemble de l’acte
frauduleux ou seulement à la conséquence frauduleuse qui était le but de l’acte ? Dans
l’exemple de la princesse de Bauffremont, est-ce la naturalisation en entier qui est
inopposable ou uniquement le divorce et le remariage, le changement de nationalité
produisant ses autres effets ? La cour de cassation estime que l’inopposabilité concernait la
totalité de l’acte.
§1 Les fondements des règles de compétence judiciaire internationale
Les objets de ces deux compétences sont très différents. Dans la compétence
juridictionnelle, le juge se demande s’il est compétent pour régler le litige. Dans la
compétence législative, il recherche la loi applicable au contentieux qui est déféré. De même
les critères mis en œuvre sont distincts. D’une part, en matière de conflit de loi, un critère
unique par catégorie est retenu car il est impossible de soumettre la résolution du problème à
plus d’une loi. A l’inverse, il n’ya aucun inconvénient à donner compétence à plusieurs ordres
juridictionnels en laissant aux plaideurs le soin de faire leur choix. D’autres part, la nationalité
constitue toujours un critère de compétence juridictionnelle tandis qu’elle n’est admise
comme élément de rattachement dans la compétence législative que dans le domaine du statut
personnel.
Cette dissociation entre la compétence juridictionnelle et la compétence législative signifie en
pratique que le juge camerounais peut valablement appliquer une loi étrangère, et qu’un juge
étranger peut valablement appliquer le droit camerounais.
Cette question se pose à la lumière des catégories du droit interne. En droit judiciaire interne,
il existe deux catégories de règles de compétence : les règles de compétence d’attribution
(déterminent la compétence des juridictions en fonction de la nature de l’affaire, par exemple
juridictions civiles pour les litiges à caractère civil, juridictions administratives pour le
contentieux administratifs) et les règles de compétence territoriale (déterminent le lieu où
sera tenu le procès, par exemple domicile du défendeur). Qu’en est-il pour un litige
comportant un élément extranéité ? Les règles qui déterminent la compétence internationale
doivent-elles être assimilées à des règles de compétence d’attribution ou à des règles de
compétence territoriale ? Une partie de la doctrine représentée par BARTIN proposa de traiter
la compétence judiciaire internationale comme se rapportant à la compétence d’attribution. En
effet, il s’agit de déterminer si, en général, les juridictions d’un pays sont compétentes pour
connaître d’un problème international donné. Par exemple, un choix doit être effectué entre
l’ordre juridictionnel camerounais et les tribunaux étrangers. Ce n’est qu’en second temps,
une fois connu l’ordre juridique compétent, que se pose un problème similaire à celui de la
compétence territoriale interne puisqu’il faudra alors dire quelle juridiction gabonaise est
spécialement compétente, s’il s’agit du tribunal de Porto Novo ou de Libreville . Malgré ses
qualités, cette approche n’a pas été retenue en doctrine et en jurisprudence. Deux objections
ont été avancées : d’une part, la compétence d’attribution se fonde sur la nature du litige. Or,
le fait de savoir qu’il s’agit d’un procès en filiation plutôt que dans un procès commercial est
sans incidence pour déterminer l’ordre juridictionnel compétent ; d’autre part, les seuls
critères de compétence qu’il est possible de retenir à l’échelon international sont ceux
qui permettent une localisation du litige tel que le domicile de défendeur, le lieu de
situation d’un immeuble. C’est pourquoi, il est admis que la compétence judiciaire
internationale se détermine par transposition des règles de compétence territoriale
interne.
Les règles de compétence judiciaire internationale n’ont pas un caractère obligatoire. Les
parties ont la possibilité d’y déroger les clauses d’attribution de juridiction (A) ou par une
clause compromissoire (B).
A. Les clauses attributives de juridiction (l’élection de for)
Dans les relations internationales, les clauses attributive de juridiction encore appelées
« élection de for », sont très fréquentes. Les parties choisissent ainsi la juridiction qui leur
semblent la plus adéquate pour trancher un éventuel différend. La licéité de ces clauses est
admise mais assortie de certaines conditions.
B. Les clauses en matière d’arbitrage
Il en existe deux types : la clause compromissoire qui est incluse dans le contrat et prévoit le
recours à l’arbitrage au cas où un différend existerait entre les partie. Le compromis qui
intervient après un différend, les parties se mettent alors d’accord pour soumettre celui-ci à un
arbitre et non à un juge. Comme pour les clauses attributives de juridiction, la liberté des
parties n’est pas totale, il faut que soient respectées les règles impératives du droit
camerounais et l’ordre public international. C’est à propos de l’arbitrage que la cour de
cassation a énoncé plusieurs règles matérielles.