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Cours du Droit

International Privé
Introduction :
L’Homme par sa nature sociale tisse des relations avec d’autres personnes qui
viennent d’autres pays, et ayants un ordre juridiques différent.

Le Droit International Privé est l’ensemble des règles juridiques qui régissent les situations
comportant un élément d’extranéité. Les Droits nationaux des Etats ont naturellement
vocation à s’appliquer aux situations purement internes à cet Etat. En revanche, les règles
propres au Droit International Privé s’appliquent lorsque les éléments d’une situation
conduisent à la rattacher à plusieurs Etats.

Le Droit International Privé (DIP) s’intéresse tout d’abord aux personnes privées .il
n’appréhende pas les relations entre personnes publiques. Il est un ensemble des règles de
Droit qui visent à régler des situations privées dans lesquelles intervient un élément
d’extranéité, par ex : nationalité étrangère, domicile ou résidence à l’étranger…. C’est un
raisonnement préalable à l’application des règles. Dans ces exemples cités, l’existence d’un
élément étranger fait entrer en jeu des règles particulières dont la recherche et l’application
constituent l’objet du DIP.

 Le Droit International Privé ne donne pas de définition précise de l'extranéité :


seulement sait-on que la découverte, dans la relation de droit privé, d'un ou plusieurs
éléments d'extranéité, écarte l'application des règles substantielles de Droit interne au
profit des règles de Droit International Privé.
 L'extranéité - qu'elle soit réelle (regroupant l'ensemble des critères territoriaux fondés
sur une localisation géographique) ou personnelle (regroupant l'ensemble des critères
personnels fondés sur un lien de nationalité) - se présente en fait comme une limite
juridique au champ d'application dans l'espace de la loi du for (la loi du Tribunal saisi)
Par exemple , devant une juridiction française, une succession dans laquelle le défunt
et tous les héritiers sont français aura le caractère international si au moment du
décès, le défunt était domicilié hors de France. De même, un contrat passé au Maroc
entre deux marocains est un contrat international s’il a pour objet la vente ou la
location d’un immeuble situé à l’étranger. (le contrat s’il porte sur un objet à l’étranger
même s’ils sont du même pays, ils peuvent convenir de l’application d’une loi
étrangère).

Selon le Dictionnaire du Droit privé : « Le droit international privé est constitué par
l'ensemble des principes, des usages ou des conventions qui gouvernent les relations
juridiques établies entre des personnes régies par des législations d'États différents.

Des Accords internationaux définissent le statut, les droits des personnes physiques ou
morales lorsqu'elles ne se trouvent plus sur leur territoire national ou lorsque les conventions
qu'elles ont concluent entre elles mettent en cause des relations de nature internationale.
(exemple "Régimes matrimoniaux") »

A /Quatre branches constituent traditionnellement la matière de DIP :

 Les conflits des lois

 Les conflits des juridictions

 La condition des étrangers

 La nationalité

1- Les conflits de lois

Il ya conflit de lois lorsque le juge se trouve en présence d’une situation juridique,


susceptible d’être régie par plusieurs lois. Il s’agit de déterminer la loi applicable à une
situation juridique qui intéresse plusieurs Etats. Il s’agit de la partie du DIP permettant au juge
du for (le juge du tribunal saisi du litige) de déterminer la loi applicable au litige qui lui est
soumis et qui représente au moins un élément d’extranéité. C’est donc essentiellement un
problème d’option.
2 - Conflit de Juridictions :

Déterminer le tribunal compétent pour connaitre d’un litige présentant des attaches
avec plusieurs pays et aussi les effets internationaux des jugements.

En d’autres termes, Il ya conflit de juridictions toutes les fois qu'un litige pose un problème
d’extranéité et qu’il faut déterminer si le tribunal compétent est un tribunal marocain ou un
tribunal étranger. Il se pose dans tous procès du DIP, et est nécessairement préalable au conflit
de lois, car avant de déterminer la loi applicable, le juge doit nécessairement se prononcer sur
sa propre compétence.

Un litige présente un caractère international lorsque, par exemple, les parties sont de
nationalités différentes ou ne résident pas dans le même pays. Dans ce cas, les tribunaux de
plusieurs pays pourraient être compétents pour juger l'affaire, c'est ce qu'on appelle un conflit
de juridictions. Les règles de compétence internationale fixent des critères pour déterminer le
pays dont les tribunaux sont compétents pour juger ce litige.

3- Condition des étrangers

La condition des étrangers englobe par ailleurs, leur situation au regard du Droit
public, liberté d’entrée et de circulation, droits civiques et politiques et aussi activités
professionnelles et droits et obligations. Le problème de la condition des étrangers ou de la
jouissance de droits consiste à déterminer quelles doivent êtres les prérogatives dont peuvent
bénéficier des étrangers sur un tel territoire.

4- La Nationalité

La nationalité peut se définir comme un lien juridique qui unit une personne à un
Etat. Les règles relatives à la nationalité définissent les conditions dans lesquelles la
nationalité par exemple marocaine est attribuée à une personne à sa naissance, acquise ou
perdue après la naissance…
B / Les Sources du Droit International Privé :

Le DIP se présente comme un Droit national et le qualificatif international


trouve sa raison d’être dans l’objet de la matière, les relations entre particuliers sur la scène
internationale.

Le DIP est interne par ses sources : législation locale, jurisprudence, doctrine et la coutume.
Il est international dans son objet : réglemente les rapports des particuliers dans la scène
internationale.

Prg I / Sources Internes :

- La loi : Au Maroc le Dahir sur la condition civile des Français et des étrangers au Maroc

(DCC) du 1913 constitue la source principale du DIP, il constitue ainsi le premier code de
DIP, paru en langue française et traite essentiellement des conflits de lois.

- La Doctrine : De très nombreux auteurs, parmi les plus grands : Savigny, Mancini et Pillet

ont milité en faveur d’un véritable universalisme du droit international Privé. L’universalisme
est la Théorie selon laquelle le règlement des conflits de lois doit être universel, c’est-à-dire
répondre en tous lieux aux mêmes principes de solution.

Pour autant, le réalisme oblige à constater que chaque Etat a développé de façon autonome
son propre système de DIP et que, d’un Etat à l’autre, les règles de conflit différent
singulièrement dans leur forme et surtout dans leur contenu.

Prg II / Les sources internationales :

1- Les Traités Bilatéraux: notamment dans le domaine des conflits de juridictions, par
exemple des conventions relatives à l’exequatur : La convention Franco- Marocaine du
05/10/1957 et la convention Maroco-Tunisienne du 30/03/1952

2- Traités multilatéraux :

Sont des règles de valeur universelle; leurs vocation est de rassembler un grand nombre de
consentement aux mêmes solutions :
 Convention relative à l'aviation civile internationale, dite de Chicago signée le 7
décembre 1944.

 Convention pour l'unification de certaines règles relatives au Transport aérien


international, dite de Varsovie, signée le 12 octobre 1929.

 Protocole de La Haye, 18 septembre 1955

 Convention de Guadalajara, 18 septembre 1961.

 Convention complémentaire à la Convention de Varsovie,

 Protocole de Guatemala, 8 mars 1971,

 Convention pour l'unification de certaines règles relatives au transport aérien


international, dite de Montréal, signée du 28 mai 1999. Elle est entrée en vigueur le 4
novembre 2003 après avoir été ratifiée par 30 pays. cette convention s'inspire des
accords d’I.A.T.A du 31 octobre 1995 qui améliorent sensiblement les conditions
d'indemnisation dans les cas d'accidents aériens internationaux 1.

 La Conférence de La Haye de droit international privé :

Organisation qui a précisément pour but l'harmonisation des règles de DIP au niveau
mondial, a élaboré une trentaine de conventions internationales dont une vingtaine est
actuellement en vigueur et dont une grande partie porte exclusivement sur les règles :
de conflit de lois, par exemple en matière de loi applicable aux obligations alimentaires, aux
accidents de la circulation routière, à la responsabilité du fait des produits, aux
régimes matrimoniaux ou encore aux successions le Maroc a adhéré à cette conférence.

Au fil des ans, en accomplissant son mandat, la Conférence s’est peu à peu transformée en un
centre de coopération internationale judiciaire et administrative en matière de droit privé,
notamment dans les domaines de la protection de la famille et des enfants, de la procédure
civile et du droit commercial.

1
L'International Air Transport Association (I.A.T.A.) siège à Montréal et à Genève. Cette association de
caractère privé est le groupement corporatif mondial de la plupart des compagnies aériennes de ligne, qui
coordonnent leurs activités tout en demeurant, dans la majorité des cas, concurrentes.
Résumé de Séance n° 3 et n°4 et n° 5 du
Cours de Droit International Privé

La Nationalité Marocaine

La nationalité est ici le lien de rattachement de l’individu à l’état, cet Etat étant envisagé
comme une entité organisée, on parlera ici de nationalité de droit .On a put définir la
nationalité de droit comme l ‘appartenance juridique d’une personne à la population
constitutifs de l’état, cette notion de nationalité de droit à des conséquences tant dans l’ordre
interne que dans l’ordre externe

Les sources de la Nationalité :

A) Sources internes:

 Dahir de 06/09/1958

 Dahir 23 mars 2007 portant promulgation de la loi n° 62-06 modifiant et


complétant le dahir 6 septembre 1958 portant code de la nationalité marocaine.

B) Sources Internationales:

 Les traités ou accords internationaux ratifiés et publiés

Les dispositions relatives à la nationalité marocaine sont fixées par la loi et, éventuellement,
par les traités ou accords internationaux ratifiés et publiés. Les dispositions des traités ou
accords internationaux ratifiés et publiés prévalent sur celles de la loi interne (Article premier
du code de la nationalité)

Lorsqu'à l'occasion d'un litige, il y a lieu à interprétation de dispositions de conventions


internationales relatives à la nationalité, cette interprétation doit être demandée par le
ministère public, à la requête du tribunal saisi, au ministre des affaires étrangères.
L'interprétation donnée par ce ministre s'impose aux tribunaux. Elle est publiée au Bulletin
officiel. (Article 36 prg 3et4 du code de la nationalité)

1
Nationalité et code de la famille :

Le champ d’application du code de la famille est fixé, en sa relation avec la nationalité,


conformément aux dispositions de l’article 2 de la loi n° 70-03 portant code de la famille
promulguée par le dahir n° 1-04-22 du 12 Hija 1424 (3 février 2004). (Article 3 du code de la
nationalité)

Chapitre I : Attribution et acquisition de la Nationalité Marocaine

La nationalité marocaine peut être attribuée à l’individu dès sa naissance, c’est « la


nationalité d’origine ». Elle peut s’acquérir également après sa naissance en cours
d’existence on parle alors de « la nationalité acquise ou dérivée ».

Section I : L’attribution de la Nationalité Marocaine d’origine

La nationalité marocaine d’origine est celle que l’individu acquière sans aucune
manifestation de volonté. L a détermination de la nationalité marocaine d’origine peut obéir à
deux facteurs :

 La filiation

 Le lieu de naissance

Cette nationalité d’origine repose soit sur le lien de filiation qui existe entre l’intéressé
au moment de sa naissance et celui qui va lui transmettre sa nationalité. Le rattachement à un
père marocain ou une mère marocaine est suffisant pour transmettre la nationalité dans le
cadre d’une union légitime.

L’article 6 du code de la nationalité parle de la nationalité par la filiation parentale ou par


la filiation paternelle: « Est Marocain, l’enfant né d’un père marocain ou d’une mère
marocaine ».

Soit aussi selon le lieu de naissance en conformité avec les dispositions de l’article 7 du
code de la nationalité : « Est Marocain, l’enfant né au Maroc de parents inconnus. Toutefois,

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l'enfant né au Maroc de parents inconnus sera réputé n'avoir jamais été Marocain si, au
cours de sa minorité, sa filiation est établie à l'égard d'un étranger, et s'il a, conformément à
la loi nationale de cet étranger, la nationalité de celui-ci.

L’enfant de parents inconnus trouvé au Maroc est présumé, jusqu'à preuve du contraire, né
au Maroc ».

Section II : L’acquisition de la nationalité marocaine :

Sous Section 1 : Les modes d’acquisition de la nationalité Marocaine :


L’acquisition de la nationalité Marocaine se fait soit par le bien fait de la loi ou par la
naturalisation.

 Le Bienfait de la loi :

1- Acquisition de la nationalité marocaine par la naissance et la résidence au


Maroc.
2- Acquisition de la nationalité marocaine par La Kafala
3- Par le biais du mariage

 La Naturalisation

Paragraphe 1 / Le Bienfait de la loi :

 1- Acquisition de la nationalité marocaine par la naissance et la résidence au


Maroc :

Acquiert la nationalité marocaine si, dans les deux ans précédant sa majorité, il déclare
vouloir acquérir cette nationalité, tout enfant né au Maroc de parents étrangers qui y sont eux-
mêmes nés postérieurement à la mise en vigueur du présent dahir, à condition d’avoir une
résidence habituelle et régulière au Maroc (article 9)

Le même article ajoute que, acquiert la nationalité marocaine, si elle déclare opter pour celle-
ci, toute personne née au Maroc de parents étrangers et ayant une résidence habituelle et

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régulière au Maroc, dont le père lui-même est né au Maroc, lorsque ce dernier se rattache à un
pays dont la fraction majoritaire de la population est constituée par une communauté ayant
pour langue l’arabe ou pour religion l’Islam et appartenant à cette communauté.

 2- Acquisition de la nationalité marocaine par la Kafala (prise en charge) :

Selon l’article 9 du code de la nationalité : toute personne de nationalité marocaine ayant


pendant plus de cinq années, la kafala (la prise en charge) d’un enfant né en dehors du Maroc
de parents inconnus, peut présenter une déclaration aux fins d’acquisition de la nationalité
marocaine par l’enfant.

L’enfant soumis à la Kafala, répondant aux conditions ci-dessus et dont le Kafil n’a pas
présenté de déclaration après la fin des cinq années, peut présenter personnellement sa
déclaration aux fins d’acquisition de la nationalité marocaine durant les deux années
précédant sa majorité.

 3- Acquisition de la nationalité marocaine par Le mariage

La femme étrangère qui a épousé un Marocain peut, après une résidence habituelle et
régulière au Maroc du ménage depuis cinq ans au moins, souscrire, pendant la relation
conjugale, une déclaration adressée au ministre de la justice, en vue d’acquérir la nationalité
marocaine. La fin de la relation conjugale n’a aucun effet sur la déclaration qu’elle a déposée
avant ladite fin. (Article 10)

Le ministre de la justice statue sur la déclaration dans un délai d’un an à compter de la date de
son dépôt. Le fait de ne pas statuer dans ledit délai vaut opposition.

L’acquisition de la nationalité prend effet à compter de la date du dépôt de la déclaration.


Demeurent néanmoins valables les actes passés conformément à la loi nationale antérieure de
l’intéressée avant l’approbation du ministre de la justice.

La femme étrangère qui a épousé un Marocain antérieurement à la date de mise en vigueur du


présent code, pourra acquérir la nationalité marocaine dans les mêmes conditions que celles
fixées par l'alinéa ci-dessus, lorsque le mariage qu'elle a contracté n'a été ni annulé, ni dissous
au moment de la souscription de la déclaration

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Paragraphe B / La Naturalisation :

La naturalisation est l’acquisition d’une nationalité ou d’une citoyenneté par un individu


qui ne la possède pas par sa naissance.

La naturalisation est en principe un acte souverain de l’État qui l’accorde. Les critères que le
candidat à la naturalisation doit remplir sont définis dans le droit national, parfois dans
un traité bi-ou multilatéral. Il doit généralement justifier d’une durée minimale de séjour sur le
territoire de l’État dont il demande la nationalité et y être enregistré comme résident
permanent. Certains États, n’admettant pas la double nationalité, exigent qu’il renonce aux
autres nationalités.

1) Conditions de la naturalisation:

Selon l’article 11 du code de nationalité : l’étranger qui formule la demande d’acquisition


de la nationalité marocaine par la naturalisation doit justifier qu’il remplit les conditions
fixées ci-après :

 1° - avoir une résidence habituelle et régulière au Maroc pendant les cinq années
précédant le dépôt de sa demande, et résider au Maroc jusqu’à ce qu’il soit statué sur
cette demande;

 2° - être majeur au moment du dépôt de la demande;

 3° - être sain de corps et d’esprit;

 4° - être de bonne conduite et de bonnes mœurs et ne pas avoir fait l’objet de


condamnation pour :

 - Crime;

 - Délit infamant;

 - Actes constituant une infraction de terrorisme;

 - Actes contraires aux lois de la résidence légale au Maroc;

 - Ou actes entraînant la déchéance de la capacité commerciale.

 Non effacés dans tous les cas par la réhabilitation;


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 5° - Justifier d’une connaissance suffisante de la langue arabe;

 6° - Justifier de moyens d’existence suffisants.

Est créée une commission chargée de statuer sur les demandes de naturalisation, dont la
composition et les modalités de fonctionnement sont fixées par l’administration. La
naturalisation est accordée par décret pris en conseil de cabinet dans ces cas. Art 11.

La naturalisation de faveur (dérogations) :

Aux termes de l’article 12, il Peut être naturalisé, l’étranger dont l'infirmité ou la maladie a
été contractée au service ou dans l'intérêt du Maroc et l’étranger qui a rendu des services
exceptionnels au Maroc ou dont la naturalisation présente un intérêt exceptionnel pour le
Maroc.

Article 12 : « Peut être naturalisé, nonobstant la condition prévue au paragraphe 3 de l’article


11, l’étranger dont l'infirmité ou la maladie a été contractée au service ou dans l'intérêt du
Maroc. Peut être naturalisé nonobstant les conditions prévues aux paragraphes 1, 3, 5 et 6 de
l’article 11, l’étranger qui a rendu des services exceptionnels au Maroc ou dont la
naturalisation présente un intérêt exceptionnel pour le Maroc ».

Acte de naturalisation :

La naturalisation est accordée par dahir, dans les cas prévus à l'article 12. Elle est accordée
par décret pris en conseil de cabinet dans tous les autres cas.

L'acte de naturalisation pourra, à la demande de l'intéressé, modifier les noms et prénoms de


ce dernier.

Sur simple production de l'acte de naturalisation par l'intéressé, l'officier de l'état civil
rectifie sur ses registres les mentions du ou des actes, relatives à la naturalisation et,
éventuellement, aux nom et prénoms du naturalisé.

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2) Retrait de l’acte de la naturalisation :

2-1 ) Retrait pour cause d’irrégularité :

Lorsqu'il apparaît postérieurement à la signature de l'acte de naturalisation que l'intéressé


ne remplissait pas les conditions requises par la loi pour pouvoir être naturalisé, l'acte de
naturalisation peut être rapporté par décision motivée, dans la même forme que celle en
laquelle il est intervenu et dans le délai d'un an à partir du jour de sa publication (Article 14) :

 On découvre ultérieurement que l’une des conditions légales faisait défaut et que la
cause de l’irrégularité ait existé antérieurement.

 Le retrait doit avoir lieu dans le délai d'un an à partir du jour de la publication de l’acte
de naturalisation.

 La décision doit être prise dans la même forme que celle en laquelle il est intervenu.
Soit par Dahir soit par Décret.

2-2 ) Retrait pour cause de fraude :

Lorsque l'étranger a sciemment fait une fausse déclaration, présenté une pièce contenant
une assertion mensongère ou erronée ou employé des manœuvres frauduleuses à l'effet
d'obtenir la naturalisation, l'acte peut être rapporté dans la même forme que celle en laquelle il
est intervenu. L'intéressé dûment averti, a la faculté de produire des pièces et mémoires dans
le délai de trois mois à compter du jour où il a été invité à le faire (Article 14) :

 Acte a été pris à la suite d’une fraude commise par l’intéressé par exemple fausses
déclarations, emploi des manouvres frauduleuse ….

 L’intéressé doit être invité à produire des pièces et des mémoires justificatifs dans un
délai de 3 mois à compter du jour où il a été invité à le faire.

 La décision de retrait doit être prise dans la même forme que celle en laquelle il est
intervenu

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2-3 ) Les effets de retrait:

Lorsque la validité des actes passés antérieurement à la publication de la décision de retrait,


était subordonnée à la possession par l'intéressé de la qualité de Marocain, cette validité ne
peut être contestée pour le motif que l'intéressé n'a pas acquis la nationalité marocaine.
L’acte de retrait à un effet rétroactif: l’intéressé est censé n’avoir jamais été marocain
(modification du nom, actes …).

Sous Section 2 : Effet de l'acquisition :

 Effet individuels :
La personne qui a acquis la nationalité marocaine jouit à dater du jour de cette acquisition de
tous les droits attachés à la qualité de Marocain, sous réserve des incapacités prévues à
l'article 17 du présent code ou dans les lois spéciales

Article 17: Incapacités spéciales au naturalisé : L'étranger naturalisé est soumis aux
incapacités suivantes pendant un délai de cinq ans :

 1° II ne peut être investi de fonctions publiques ou de mandats électifs pour l'exercice


desquels la qualité de Marocain est nécessaire ;

 2° II ne peut être électeur lorsque la qualité de Marocain est exigée pour l'inscription
sur les listes électorales.

 Il peut être relevé en tout ou partie des incapacités prévues ci-dessus, par dahir ou par
décret pris en conseil de cabinet, suivant que la naturalisation a été accordée par dahir
ou par décret.

 Effet collectif :
 Les enfants mineurs de personnes qui acquièrent la nationalité marocaine en vertu de
l'article 9 du présent code (Acquisition de la nationalité marocaine par la naissance et
la résidence au Maroc et par la Kafala ) deviennent Marocains en même temps que
leur auteur.

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 Les enfants mineurs non mariés de la personne réintégrée, lorsqu'ils demeurent
effectivement avec cette dernière, recouvrent ou acquièrent de plein droit, la
nationalité marocaine.

 L'acte de naturalisation peut accorder la nationalité marocaine aux enfants mineurs


non mariés de l'étranger naturalisé. Toutefois, les enfants mineurs naturalisés qui
étaient âgés de seize ans au moins lors de leur naturalisation ont la faculté de renoncer
à la nationalité marocaine entre leur dix-huitième et leur vingtième année.

Chapitre II : La perte et la déchéance de la nationalité Marocaine :

Le code de la nationalité marocaine distingue la perte proprement dite de la déchéance:

 La Perte de la nationalité est applicable à tous les nationaux sans distinction et qui
suppose en principe la volonté de l’intéressé qui préfère une autre nationalité à la
nationalité marocaine.

 La Déchéance est applicable seulement à ceux qui ont acquis la nationalité marocaine
à l’exclusion des marocains d’origine. La déchéance est imposée à l’intéressé c’est
une sanction de certains actes.

Section I: La Perte :

Sous Section 1 / les Cas de perte la nationalité marocaine (article 19):

 1° - le Marocain majeur qui a acquis volontairement à l'étranger une nationalité


étrangère et est autorisé par décret à renoncer à la nationalité marocaine;

 2° - le Marocain, même mineur, qui ayant une nationalité étrangère d'origine est
autorisé par décret à renoncer à la nationalité marocaine;

 3° - la femme marocaine qui épousant un étranger, acquiert, du fait de son mariage, la


nationalité du mari et a été autorisée par décret préalablement à la conclusion du
mariage, à renoncer à la nationalité marocaine;

 4° - le Marocain qui déclare répudier la nationalité marocaine dans le cas visé à


l'article 18 du présent code;
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 5° - le Marocain qui, remplissant une mission ou occupant un emploi dans un service
public d’un Etat étranger ou dans une armée étrangère, le conserve plus de six mois
après l’injonction qui lui aura été faite par le gouvernement marocain de le résigner,
lorsque ladite mission ou emploi est contraire à l’intérêt national.

 L’enfant issu d’un mariage mixte et considéré marocain du fait de sa naissance d’une
mère marocaine peut exprimer sa volonté de conserver uniquement la nationalité de
l’un de ses parents par déclaration présentée au ministre de la justice entre sa dix-
huitième et sa vingtième année. Art 19

Sous Section 2 / Date d’effet de la perte : Art 20

La perte de la nationalité marocaine prend effet à compter de :

 1° - la date de la publication du décret qui autorise l’intéressé à renoncer à la


nationalité marocaine, pour le 1 cas ; 2 cas et 5 cas de l’article 19.

• 2° - la date de la conclusion de l’acte de mariage pour la femme marocaine qui


acquiert la nationalité de son mari étranger par le mariage; (3 cas Art 19)

 3° - la date de la déclaration souscrite valablement par l’intéressé et adressée au


ministre de la justice, pour la personne qui acquiert la nationalité marocaine
conjointement avec l’un de ses parents en vertu du même acte de naturalisation et qui
était âgé de 16 ans au moins lors de sa naturalisation (le 4 cas art 19).

Sous Section 3 / Effet collectif de la perte :

 La perte de la nationalité marocaine étend de plein droit ses effets aux enfants mineurs
non mariés de l'intéressé, lorsqu'ils demeurent effectivement avec ce dernier, dans les
cas prévus aux paragraphes 1°, 2° et 4° de l'article 19 ci-dessus.

 Dans le cas prévu au paragraphe 5° de l'article 19 précité, la perte ne s'étend à ces


enfants que si le décret le prévoit expressément.

NB que La réintégration permet à une personne, qui a perdu la nationalité d’origine, de la


retrouver pour l'avenir.

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Pour qu'on puisse parler de réintégration, il faut, évidemment, que l'intéressé ait possédé,
dans le passé, la nationalité marocaine comme nationalité d'origine, il doit ensuite faire une
demande au ministère de la justice et enfin obtenir un décret de réintégration en vertu de
l'article 15 de notre code de la nationalité : « La réintégration dans la nationalité marocaine
peut être accordée par décret à toute personne qui, ayant possédé cette nationalité comme
nationalité d'origine, en fait la demande. Sont applicables en matière de réintégration, les
dispositions prévues à l'article 14 du présent code ».

Section II: Déchéance :

Toute personne qui a acquis la nationalité marocaine peut en être déchue (article 22) :

 1° - Si elle est condamnée :

 Soit pour attentat ou offense contre le Souverain ou les membres de la famille


royale;

 soit pour un acte qualifié crime ou délit contre la sûreté intérieure ou extérieure de
l’Etat ;

 Soit pour acte constituant une infraction de terrorisme;

 Soit pour acte qualifié crime, à une peine de plus de cinq ans de réclusion ;

 2° - Si elle s'est soustraite à ses obligations militaires;

 3°- Si elle a accompli au profit d'un Etat étranger des actes incompatibles avec la
qualité de Marocain ou préjudiciables aux intérêts du Maroc.

La déchéance n’est encourue pour l’un des faits reprochés à l’intéressé et visés ci-dessus,
que si ce fait s’est produit dans un délai de dix ans à compter de la date de l’acquisition de la
nationalité marocaine.

Elle ne peut être prononcée que dans le délai de cinq ans à compter de la date du jugement

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Procédure de déchéance

La déchéance est prononcée par Dahir lorsque la nationalité marocaine a été conférée par
dahir. Dans tous les autres cas, elle est prononcée par décret pris en conseil de cabinet.

La déchéance ne peut être prononcée qu'après que l'intéressé a été informé de la mesure
envisagée contre lui et mis à même de présenter ses observations.

Chapitre III : La Preuve de la Nationalité :

Charge de la preuve ; La charge de la preuve en matière de nationalité devant les


tribunaux de première instance incombe à celui qui, par voie d'action ou d'exception, prétend
que lui-même ou une autre personne a ou n'a pas la nationalité marocaine.

Preuve de la nationalité d'origine (article 32)

Lorsque la nationalité marocaine est revendiquée à titre de nationalité d'origine, elle peut être
prouvée par tous moyens, et, notamment, par possession d'état. La possession d'état de
national marocain résulte d'un ensemble de faits publics, notoires et non équivoques,
établissant que l'intéressé et ses parents se sont comportés comme des Marocains et ont été
regardés comme tels tant par les autorités publiques que par les particuliers.

Preuve de la nationalité acquise

 Dans le cas où l'acquisition de la nationalité marocaine résulte d'un Dahir ou d'un


décret, la preuve de la nationalité marocaine doit être faite par la production de
l'ampliation ou d'une copie officielle, délivrée par le ministre de la justice, du Dahir ou
du décret qui l'a conférée.

 Dans le cas où l'acquisition de la nationalité marocaine résulte d'un traité, la preuve


doit être faite en conformité de ce traité.

Certificat de nationalité

La preuve de la nationalité peut être faite par la production d'une attestation de nationalité
marocaine délivrée par le ministre de la justice ou par les autorités judiciaires ou
administratives désignées par lui à cet effet.

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Preuve de la perte et de la déchéance (article 34)

 La perte de la nationalité marocaine s'établit dans les cas prévus aux paragraphes 1°,
2°, 3° et 5° de l'article 19 par la production de l'acte ou d'une copie officielle de l'acte
d'où la perte est résulter.

Lorsque la perte de la nationalité marocaine résulte d'une déclaration de répudiation


dans le cas prévu à l'article 18 ci-dessus, la preuve en est faite par production d'une
attestation délivrée par le ministre de la justice, constatant que la déclaration de
répudiation a été valablement souscrite.

 La déchéance de la nationalité marocaine s'établit par la production de l'acte ou d'une


copie officielle de l'acte qui l'a prononcée.

Preuve judiciaire (article 35)

En tout état de cause, la preuve qu'une personne a ou n'a pas la nationalité marocaine, peut
être faite par la production d'une expédition de la décision judiciaire qui, à titre principal, a
tranché définitivement la question.

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Résumé de la Séance n° 6 et n° 7 du
Cours de Droit International Privé

DAHIR SUR LA CONDITION CIVILE DES FRANÇAIS ET DES


ÉTRANGERS AU MAROC DE 1913
Dahir (9 ramadan 1331) sur la condition civile des Français et des étrangers
dans le Protectorat français du Maroc (B.O. 12 septembre 1913)

Le Dahir sur la condition civile des Français et des étrangers (DCC) constitue en réalité le
code du DIP marocain il a été par suite inexactement dénommé : les règles relatives à la
condition des étrangers au Maroc, personnes physiques et personnes morales. N’occupe en
effet que quelques articles du début du Dahir, article 1; 2; 6 ; tous les autres articles sont
relatifs aux conflits de lois, sauf les deux derniers articles 19 et 20 qui ont trait à l’exéquatur,
il s’agit donc principalement d’un code de conflits de lois.

Le DCC est l’œuvre de Geouffre de Lapradelle, à l’époque c’est un professeur de la


faculté de Droit de Paris.

Le DCC du 12 août 1913 a servi de modèle, a même été en grande partie copié pour la
rédaction du DCC de 1914 en zone espagnole, et pour le DCC de 1924, en zone de Tanger.

Plan Du Dahir sur la condition civile des étrangers au Maroc de 1913 :

Le DCC comprend Vingt articles, qui peuvent se répartir en trois parties:

1 - Condition civile des étrangers (art 1-2-6)


Nous rappellerons simplement que le Dahir énonce à cet égard deux règles fondamentales:
Les étrangers, Personnes physiques comme personnes morales, sont placés sur un pied
d’égalité juridique, en ce qui concerne l’exercice des droits privés. Ces droits sont en principe
tous ceux qui leur sont connus par leur loi nationale dans leur pays d’origine.

1
2 – Conflits de lois :

A) Pour les conflits de lois intéressant le statut personnel, la loi nationale a été retenue de
préférence à toute autre, si aucune impossibilité ne s’y est opposée. Exemple:

ART 3 – L’état et la capacité des étrangers sont régis par leur loi nationale respective.

ART 8- Le droit de contracter mariage est réglé par la loi nationale de chacun des époux.

ART 9 - le droit de demander le divorce est également fixé par loi nationale de chacun des
époux

ART 15 : En l'absence de contrat, les effets du mariage sur les biens des époux, tant
immeubles que meubles, sont régis par la loi nationale du mari au moment de la célébration
du mariage.

B) Les articles 10 et 13 édictent les règles de conflit relatives aux formes. Aux conditions de
fond et aux effets des contrats, l’article 13 énonce notamment le principe de l’autonomie de la
volonté.

C) les articles 16 et 17 édictent une règle admise dans presque tous les systèmes juridiques de
DIP, concernant les règles applicables aux biens et aux obligations délictuelles, à savoir la
soumission à la loi locale:

 Les obligations délictuelles nées au Maroc sont régies par la loi locale;

 Les biens, meubles et immeubles, situés au Maroc sont régis par la loi locale.

3-Exéquatur:
Les articles 19 et 20 sont relatifs à l’exéquatur des jugements étrangers.

2
Section I : L’état et la capacité:

Si les marocains sont régis à l’étranger par leur statut personnel les étrangers sont régis ou
soumis au Maroc à leur propre statut personnel.

Cette référence à la loi personnelle n’a fait que consacrer les privilèges dont bénéficiaient
les ressortissants des puissances étrangers au Maroc. C’est l’article 3 du DCC qui avait
consacré cette solution: «L'état et la capacité des Français et des étrangers sont régis par leur
loi nationale ».

Cette règle de conflit n’a fait que consacrer les engagements du Maroc vis-à-vis des autres
puissances étrangères elle reflète aussi l’adoption par le législateur de l’époque des solutions
conventionnelles notamment les conventions de la Haye en DIP.

Le juge marocain est dans l’obligation d’appliquer la loi personnelle sans que les parties le
lui en demandent car il s’agit d’une règle d’ordre publique.

En matière d’état et de capacité, la jurisprudence marocaine depuis l’époque du protectorat


et jusqu’au no jours applique d’une manière ferme les dispositions de l’article 3.

Section II : Nationalité Multiples et Apatride :

Dans les articles 4 et 5 le DCC édicte certaines règles pour déterminer le statut personnel
des personnes à nationalités multiples, ou sans nationalité.

Article 4 : Au cas où une personne aurait simultanément au regard de plusieurs Etats


étrangers, la nationalité de chacun d'eux, le juge saisi d'un litige détermine le statut
personnel applicable.

En ca de nationalité multiple, l’article 4 donne au juge saisi d’un litige, le pouvoir pour
déterminer le statut personnel applicable : le juge doit rechercher quelle est effectivement
parmi, les diverses nationalités de l’intéressé, celle qui répond à sa véritable réalité juridique.
Cette liberté n’est pas absolue, compte tenu des règles qui régissent les conflits de lois au
Maroc, si la nationalité marocaine est en cause, le tribunal marocain doit faire prévaloir cette
nationalité (privilège de Nationalité Marocaine).

3
On pourra citer dans ce sens un arrêt de la cour de Suprême du Maroc en date 4 juillet
1962. ( G.T.M 1962 P. 109) : La cour suprême a jugé, à l’égard d’une personne née à Oran
d’un père marocain et d’une mère française, qu’au Maroc, depuis l’indépendance, une loi
étrangère notamment la loi française, ne peut avoir le moindre effet en ce qui concerne la
nationalité des sujets marocains; que cette personne, au regard des autorités marocaines n’a
donc que la seule nationalité marocaine et qu’étant de confession Israélite, elle relève en
matière de statut personnel de la seule juridiction rabbinique.

Article 5 : « A défaut de nationalité connue, l'étranger est soumis en tout ce qui concerne son
état et sa capacité, à la loi française ».

En dehors du fait que cet article ne répond plus à la réalité du Maroc depuis l’indépendance
du pays, ledit article renvoie en matière de loi applicable pour l’état et la capacité à propos de
l’étranger apatride à la loi française.

Les tribunaux marocains depuis l’indépendance font plutôt application de la loi marocaine
sous réserve de la convention de Genève du 28/07/ 1951 relative au statut de réfugiés et en
conformité avec les dispositions de l’article 2 du code de la famille marocain.

Selon l’article 2 du code de la famille marocain : Les dispositions du présent Code


s’appliquent :

 1) à tous les Marocains, même ceux portant une autre nationalité ;

 2) aux réfugiés, y compris les apatrides conformément à la convention de Genève du


28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés ;

 3) à toute relation entre deux personnes lorsque l’une d'elles est marocaine ;

 4) à toute relation entre deux personnes de nationalité marocaine lorsque l’une d'elles
est musulmane.

 Les Marocains de confession juive sont soumis aux règles du statut personnel
hébraïque marocain.

NB : Ils doivent être soumis aux dispositions du DCC, les étrangers non musulmans et
non juifs. (TBI de casa Anfa dans un jugement de 20/01/1994).

4
Section III : Le Mariage :

Le Mariage en DIP Marocain est réglementé par :

 Le DCC dans les articles 8 et 11.

 Le Dahir du 04/09/1915 sur l’état civil.1

 Le Dahir du 04/03/1960 relatif au mariage entre marocains et étrangers.

 Code de la famille

A/ Le mariage des étrangers au Maroc :

Les Conditions de Fond, Art 8 du DCC : Le droit de contracter mariage est réglé par la
loi nationale de chacun des futurs époux. Cette règle telle que énoncée par l’article 8 est une
illustration de la règle générale de l’article 3 en vertu de laquelle les étrangers sont soumis, en
ce qui concerne l’état et la capacité à leur loi nationale.

Parmi les conditions de fond à prendre en considération en matière de mariage, on peut citer
La Capacité, le consentement, les empêchements au mariage, l’existence d’un mariage
antérieur...Toutes ces questions sont réglées par la loi nationale des futurs époux. La
jurisprudence marocaine est toujours restée fidèle à ce principe.

Au niveau d’application

 Si les deux époux ont la même nationalité, la loi nationale qui détermine les
conditions de fond sera unique.

 Par contre s’ils sont de nationalités différentes, ces conditions de fond seront
déterminées par leurs 2 lois respectives (application cumulative)

Les Conditions de Forme sont des Formalités à remplir par les époux selon l’article 11 :
Les Français et les étrangers ne peuvent se marier que suivant les formes admises par leur loi

1
NB que L’état civil au Maroc est, de nos jours, régi par la loi no 37-99 relative à l'état civil telle
qu'adoptée par la Chambre des représentants et la Chambre des conseillers .Elle a été
promulguée par le Dahir no 1-02-239 du 3 octobre 2002.
5
nationale ou suivant celles qui seront déterminées ultérieurement pour l'état civil dans le
protectorat français.

Au-delà de la formulation de cet article qui ne correspond plus à la réalité du Maroc


contemporaine, ledit article précise que la loi applicable en matière de détermination des
formes du mariage est:

 La loi Nationale

 Ou la loi locale sur l’état civil (en l’occurrence la loi Marocaine).

N.B que l’Art 11 n’a donné la primauté ni à la loi nationale de l’époux ni à l’épouse par
conséquent la jurisprudence a considéré que la célébration restait valable si elle a été faite
selon la loi nationale de l’un ou l’autre des futures époux.

La jurisprudence n’a pas opté pour une application cumulative des conditions de forme des
lois nationales du futurs époux.

B / Le mariage entre marocains et Français : Convention Franco- Marocaine de 1981

Selon l’article 6 de cette convention : Les conditions de forme du mariage sont régies par la
loi de celui des deux Etats dont l'autorité célèbre le mariage.

Chaque Etat peut décider que le mariage dans l'autre Etat entre des époux qui possèdent tous
deux sa nationalité sera célébré par ses fonctionnaires consulaires.

Le mariage sur le territoire français entre un époux de nationalité marocaine et un époux


de nationalité française doit être célébré par un officier de l'état civil compétent selon la loi
française. Pour la validité de cette union au regard de la loi marocaine, les fonctionnaires
consulaires marocains compétents procèdent, après justification de la célébration, à
l'enregistrement de ce mariage.

Le mariage sur le territoire marocain d'un époux de nationalité marocaine et d'un époux de
nationalité française ne peut être célébré par les Adouls que sur présentation par l'époux
français du certificat de capacité matrimoniale, délivré par les fonctionnaires consulaires
français. Les Adouls célèbrent le mariage selon les formes prescrites par le statut personnel du
futur époux de nationalité marocaine. Le magistrat avise immédiatement du mariage les
fonctionnaires consulaires français compétents.

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On conclut donc que :

 Si le Mariage est célébré en France : ce mariage doit être d’abord célébré devant
l’officier d’état civil français ensuite enregistré au consulat marocain.

 Si le Mariage est célébré au Maroc : le mariage ne peut être célébré par les Adouls
que sur présentation par l’époux français du certificat de capacité matrimoniale
délivré par le consulat Français.

C / Le mariage des marocains à l’étranger :

Ni le DCC ni Dahir de 1960 ne prévoient les conditions de forme de mariage des


marocains à l’étranger. Le nouveau code de la famille ; consacre la soumission de l’acte
juridique au lieu où il a été rédigé. (Article 14 et 15 du code de la famille)

Selon les dispositions de l’article 14 du code de la famille : « Les marocains résidant à


l’étranger peuvent contracter mariage, selon les formalités administratives locales du pays de
résidence, pourvu que soient réunies les conditions du consentement, de la capacité, de la
présence du tuteur matrimonial (Wali), le cas échéant, et qu’il n’y ait pas d'empêchements
légaux ni d'entente sur la suppression du Sadaq (la dot) et ce, en présence de deux témoins
musulmans et sous réserve des dispositions de l’article 21 ci-dessous ».

Les marocains, ayant contracté mariage conformément à la législation locale du pays de


résidence, doivent déposer une copie de l'acte de mariage, dans un délai de trois mois courant
à compter de la date de sa conclusion, aux services consulaires marocains du lieu
d'établissement de l'acte.

En l'absence de services consulaires, copie de l’acte de mariage est adressée dans le même
délai au ministère chargé des affaires étrangères. Ce ministère procède à la transmission de
ladite copie à l’officier d’état civil et à la section de la justice de la famille du lieu de
naissance de chacun des conjoints. Si les conjoints ou l’un d’eux ne sont pas nés au Maroc, la
copie est adressée à la section de la justice de la famille de Rabat et au procureur du Roi près
le tribunal de première instance de Rabat (article 15 du code de la famille).

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D / Le Divorce entre marocains et Français : Convention Franco- Marocaine de 1981

Un certain nombre d’époux Franco-marocains ou Marocains, domiciliés en France, vont


avoir à se poser les questions suivantes :2

 Le juge français est-il compétent pour prononcer le divorce lorsque les deux époux
sont tous de nationalité marocaine ou franco-marocaine et ont contracté mariage au
Maroc ?
 Doit-on saisir un tribunal français ou bien un tribunal marocain ?
 Quelle est la loi qui s’applique à leur divorce ? La loi française ou la loi marocaine ?
 La décision prise par une juridiction marocaine s’appliquera-t-elle sur le sol français ?

Depuis l’entrée en vigueur en 1983 de cette convention, Convention Franco- Marocaine de


1981, la question de la compétence de la juridiction et de loi applicable au divorce entre les
deux États est réglée par cette convention.

I). La détermination du tribunal compétent :

L’article 11 de la Convention précitée énonce que : « La dissolution du mariage peut être


prononcée par les juridictions de celui des deux États sur le territoire duquel les époux ont
leur domicile commun ou avaient leur dernier domicile commun.
Toutefois, au cas où les époux ont tous deux la nationalité de l’un des deux États, les
juridictions de cet État peuvent être également compétentes, quel que soit le domicile des
époux au moment de l’introduction de l’action judiciaire ».

Tout d’abord, il ressort de cet article que la juridiction compétente est celle où les époux ont
leur domicile commun ou avaient leur dernier domicile commun.
Ensuite, lorsque les époux ont tous deux la nationalité de l’un des deux États, la juridiction de
cet État peut être compétente.

2
Maître Ali CHELLAT Avocat au Barreau de RENNES Docteur en Droit, « LE DIVORCE ENTRE ÉPOUX FRANCO-
MAROCAIN » https://www.village-justice.com/articles/divorce-franco-marocain-lumiere-convention-franco-
marocaine-jurisprudence,37343.html

8
En fait, pour les époux Franco-marocains, mariés en France ou au Maroc, il y a des situations
où le tribunal français est compétent et dans d’autres où la compétence relève du tribunal
marocain.

1er cas : Les époux sont domiciliés en France et de nationalité Franco-marocaine. Ils ont
contracté mariage devant les autorités marocaines. Ils doivent saisir le juge aux affaires
Familiales français d’une requête de divorce en se fondant sur les dispositions de l’article ci-
dessus. En effet, le tribunal français est compétent lorsque les époux, quelque soit leur
nationalité, ont leur domicile en France.

2ème cas : Les époux sont domiciliés en France et de nationalité Franco-marocaine. Ils ont
leur domicile commun en France. L’époux de nationalité marocaine a saisi la juridiction
marocaine d’une demande en divorce. En cas de désaccord entre les époux sur la juridiction
saisie, le juge marocain ne pourra prononcer le divorce dont il est saisi. L’autre époux
défendeur peut refuser le divorce à l’étranger et invoquer le privilège de la juridiction
française fondée sur son lieu de domicile commun en France et sur sa nationalité française.

3ème cas : Si les époux ont tous les deux une double nationalité (française et marocaine) et
leur domicile habituel en France, les juridictions de l’Etat français et de l’Etat marocain dont
les époux ont tous deux la nationalité sont compétentes pour connaître les demandes en
divorce des deux époux, quelque soit le lieu de leur domicile au moment de l’introduction de
leur action (Cour d’Appel de Rennes 6ème Ch., 29 mars 2011, N° : 10/03649).

4ème cas : Si les époux sont de nationalité marocaine et d’accord pour saisir le tribunal
marocain et avaient leur domicile commun ou leur dernier domicile commun en France, le
juge marocain pourra prononcer le divorce dont il est saisi en se fondant sur les dispositions
de l’article 11 Alinéa 2 de la Convention franco-marocaine du 10 août 1981 :
« Toutefois, au cas où les époux ont tous deux la nationalité de l’un des deux États, les
juridictions de cet État peuvent être également compétentes, quel que soit le domicile des
époux au moment de l’introduction de l’action judiciaire ».3

3
Maître Ali CHELLAT Avocat au Barreau de RENNES Docteur en Droit, « LE DIVORCE ENTRE ÉPOUX FRANCO-
MAROCAIN » https://www.village-justice.com/articles/divorce-franco-marocain-lumiere-convention-franco-
marocaine-jurisprudence,37343.html

9
II) La loi applicable en matière de divorce :

Une fois la juridiction compétente déterminée, le juge compétent doit examiner qu’elle est la
loi applicable en matière de divorce. L’article 9 de cette convention dispose que : « La
dissolution du mariage est prononcée selon la loi de celui des deux Etats dont les époux
ont tous deux la nationalité à la date de la présentation de la demande.

Si à la date de la présentation de la demande, l’un des époux a la nationalité de l’un


des deux Etats et le second celle de l’autre, la dissolution du mariage est prononcée
selon la loi de l’Etat sur le territoire duquel les époux ont leur domicile commun ou
avaient leur dernier domicile commun ».

Il ressort de l’article 9 alinéa 1 de la convention précitée que lorsque les époux


sont domiciliés en France, de nationalité marocaine et avaient leur domicile ou dernier
domicile commun en France, le juge français est compétent et a pour obligation
d’appliquer d’office sa règle de conflit de lois, car il sera en présence d’un élément
d’extranéité : la nationalité marocaine des époux.

Dans ce cas, la prudence s’impose sur l’application de l’article adéquat au divorce


demandé lors de la présentation de la demande. La loi marocaine devra être appliquée
aux époux et ne peut être écartée que si elle est manifestement incompatible
avec l’ordre public international.

Dans le même sens, les époux sont domiciliés en France et de nationalité marocaine.
L’un des époux a saisi la juridiction marocaine et l’autre a saisi la juridiction
française. La réponse se trouve dans l’article 11 alinéa 3 de la Convention précitée qui
prévoit que si une action judiciaire a été introduite devant une juridiction de l’un des
deux Etats et si une nouvelle action entre les mêmes parties est portée devant le
tribunal de l’autre Etat, la juridiction saisie en second lieu doit surseoir à statuer à la
condition que les deux actions aient le même objet. (Cass. Civ.1, 28 mars 2006, N° :
04-20362).4

4
Maître Ali CHELLAT Avocat au Barreau de RENNES Docteur en Droit, « LE DIVORCE ENTRE ÉPOUX FRANCO-
MAROCAIN » https://www.village-justice.com/articles/divorce-franco-marocain-lumiere-convention-franco-
marocaine-jurisprudence,37343.html

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Le conflit de compétence entre juridictions se règle au profit de la juridiction saisie
en premier lieu, le juge français saisi d’une procédure de divorce doit apprécier sa
propre compétence internationale. Cette compétence s’apprécie à la date du dépôt de la
requête en divorce. Le juge saisit en second devra se dessaisir au profit du juge saisi en
premier (Cass. Civ.1, 14 avril 2010, N° : 09-66717).5

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Maître Ali CHELLAT Avocat au Barreau de RENNES Docteur en Droit, « LE DIVORCE ENTRE ÉPOUX FRANCO-
MAROCAIN » https://www.village-justice.com/articles/divorce-franco-marocain-lumiere-convention-franco-
marocaine-jurisprudence,37343.html

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Annexe
Dahir (9 ramadan 1331) sur la condition civile des
Français et des étrangers dans le Protectorat
français du Maroc (B.O. 12 septembre 1913)

Article Premier : Les Français jouissent, dans le protectorat français du Maroc, de


tous les droits privés qui leur sont, en France, reconnus par la loi française.

Article 2 : Les étrangers jouissent, dans le protectorat français du Maroc, des mêmes
droits privés que les Français, sans conditions ou restrictions autres que celles
résultant de leur loi nationale.

Article 3 : L'état et la capacité des Français et des étrangers sont régis par leur loi
nationale.

Article 4 : Au cas où une personne aurait simultanément au regard de plusieurs Etats


étrangers, la nationalité de chacun d'eux, le juge saisi d'un litige détermine le statut
personnel applicable.

Article 5 : A défaut de nationalité connue, l'étranger est soumis en tout ce qui


concerne son état et sa capacité, à la loi française.

Article 6 : Les sociétés civiles ou commerciales sont assimilées aux personnes


physiques.

Article 7 : La nationalité d'une société est déterminée par la loi du pays dans lequel a
été établi, sans fraude, son siège social légal.

Article 8 : Le droit de contracter mariage est réglé par la loi nationale de chacun des
futurs époux.

12
Article 9 : Les Français et les étrangers ont le droit de demander le divorce ou la
séparation de corps, aux conditions fixées par leur loi nationale.

Article 10 : Les actes juridiques passés dans le protectorat français du Maroc par des
Français ou des étrangers sont, quant à leur forme, valables, s'ils sont faits suivant
les prescriptions, soit de la loi nationale des parties, soit de la loi française, soit de la
législation édictée pour le protectorat français, soit enfin des lois et usages locaux.

Article 11 : Les Français et les étrangers ne peuvent se marier que suivant les
formes admises par leur loi nationale ou suivant celles qui seront déterminées
ultérieurement pour l'état civil dans le protectorat français.

Article 12 : Le contrat de mariage est valable, quant à la forme, s'il a été conclu
suivant la loi nationale de chacun des futurs époux ou à défaut, suivant les
prescriptions imposées aux Français en France par la loi française.

Article 13 : Les conditions de fond et les effets des contrats sont déterminés par la
loi à laquelle les parties ont eu l'intention expresse ou tacite de se référer.
Si la détermination de la loi applicable, dans le silence des parties, ne ressort ni de la
nature de leur contrat ni de leur condition relative, ni de la situation des biens, le
juge aura égard à la loi de leur domicile commun, à défaut du domicile commun, à
leur loi nationale commune, et, si elles n'ont ni domicile dans le même pays, ni
nationalité commune, à la loi du lieu du contrat.

Article 14 : La validité intrinsèque d'un contrat de mariage et ses effets sont régis
par la loi nationale du mari au moment de la célébration du mariage ou, s'il a été
conclu au cours du mariage, par la loi nationale des époux au moment du contrat.
La même loi décide si, et dans quelle mesure, les époux ont la liberté de se référer à
une autre loi. Lorsqu'ils s'y sont référés, c'est cette dernière loi qui détermine les
effets du contrat de mariage.

Article 15 : En l'absence de contrat, les effets du mariage sur les biens des époux,
tant immeubles que meubles, sont régis par la loi nationale du mari au moment de la
célébration du mariage. Le changement de nationalité des époux ou de l'un d'eux
n'aura pas d'influence sur le régime des biens.

Article 16 : Les obligations nées d'un délit ou quasi-délit sur le territoire du


protectorat français du Maroc, sont régies par la législation du protectorat.

Article 17 : Les biens, soit meubles, soit immeubles, situés dans le protectorat
français du Maroc, sont régis par la législation du protectorat.

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Article 18 : La dévolution héréditaire des meubles ou des immeubles situés dans le
protectorat français du Maroc est soumise à la loi nationale du défunt, en ce qui
concerne la désignation des successibles, l'ordre dans lequel ils sont appelés, les
parts qui leur sont attribuées, les rapports, la quotité disponible et la réserve.
La même règle s'applique à la validité intrinsèque et aux effets des dispositions
testamentaires.

Article 19 : Les jugements rendus à l'étranger par les tribunaux des puissances qui
auront renoncé à leur privilège de juridiction dans le protectorat français du Maroc
seront déclarés exécutoires sans révision au fond, sous la seule condition de la
réciprocité.

Article 20 : En cas de faillite déclarée hors du protectorat français du Maroc, le


syndic, curateur ou autre administrateur de la faillite, dûment nommé conformément
à la loi du pays où la faillite a été déclarée, peut sans que l'exequatur préalable soit
nécessaire, prendre ou requérir toutes mesures conservatoires ou d'administration
concernant la faillite mais il ne sera procédé à des actes d'exécution qu'autant que
l'exequatur aura été obtenu.

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Résumé de la Séance n° 8 du
Cours de Droit International Privé

Conflit des lois

Il ya conflit de lois lorsque le juge se trouve en présence d’une situation juridique,


susceptible d’être régie par plusieurs lois. Il s’agit de déterminer la loi applicable à une
situation juridique qui intéresse plusieurs Etats.

On parle ici de la règle de conflit qui est une règle abstraite et indirecte c'est-à-dire qui ne
donne pas directement la solution au conflit en question. Mais oriente le juge vers la loi
applicable, précisons aussi que la règle de conflit de loi est une règle neutre c'est-à-dire
qu’elle se désintéresse du contenu de la règle substantielle à appliquer.

La question ici est comment réglementer l’exercice des droits dans la vie internationale.

La méthode : déterminer, parmi les divers pays intéressé par la situation juridique envisagée ;
celui dont la loi s’applique. Exemple : pour régler les conséquences d’un accident de la
circulation survenu en Espagne entre deux Marocains, il ya au moins le choix entre la loi
espagnole et la loi marocaine. Cette méthode est caractéristique du conflit des lois elle
s’oppose à la méthode de solution directe rarement utilisée en dehors des conventions
internationales : par exemple, établir un règlement spécial des accidents de la circulation en
régime international.

Toutefois, qu’un tribunal à connaitre d’un litige comportant un élément d’extranéité


susceptible pour cette raison de se rattacher à deux ou plusieurs pays, il doit : Consulter sa
propre règle de conflit et déterminer ensuite la loi applicable par référence à cette règle de
conflit de lois.

Section I / Interprétation des règles de conflit

Pour pouvoir appliquer une règle de conflit, il faut d’abord lever quelques incertitudes liées à
sa structure particulière. Une règle de conflit se présente comme faisant application à un

1
rapport de droit d’une législation désignée par un point de rattachement exemple la capacité
est régie par la loi de la nationalité de l’intéressé.

L’incertitude peut affecter chacun de ces trois éléments :

 Définition du rapport de droit ou du point de rattachement;

 sens et portée de rattachement;

 changement du point de rattachement.

Parmi les divers problèmes ainsi posés; deux ont surtout retenu l’attention:

 Problème de qualification.

 Problème du renvoi.

Sous Section I / Problème de qualification.

Le problème de qualification a été mis en lumière par Bartin et Kahn. Comment donc
qualifier le rapport de Droit qui fait l’objet de la règle de conflit lorsque les systèmes
juridiques en conflit adoptent des qualifications différentes ?

En DIP la qualification consiste à rechercher à quelle catégorie juridique se rattache la


situation internationale, qui suscite un conflit de lois. Il peut s’agir de savoir si les faits
concernent le statut personnel, le statut réel ou encore la forme des actes. La qualification est
une opération essentielle puisqu’elle permet de déterminer, parmi les règles de conflit du for
(règles de conflit du tribunal saisi de l’affaire), celles qui désigneront la loi applicable.

La résolution de conflit de lois est donc une démarche intellectuelle entre trois
étapes faisant intervenir un rattachement des faits juridiques à une catégorie, ensuite un
facteur pour enfin désigner la loi applicable, chacune de ces étapes fait naître en pratique trois
difficultés.

2
1-Le problème de conflit de qualification : lorsqu’il s’agit pour le juge de rattacher la
situation des faits à une catégorie juridique inconnue. (Car il y a des cas qui sont inconnue par
le juge, par exemple le mariage des homosexuels pour le juge marocain).

2-Le problème de conflit de rattachement : Ce problème se pose dans deux cas :

Soit lorsque plusieurs systèmes juridiques en raison de leur propre règle de conflit l’estiment
compétents pour connaître (ou juger) la situation en cause: c’est ce qu’on appelle le conflit
positif de rattachement.

Soit lorsque aucun des systèmes juridiques ne s’estime compétent pour résoudre les litiges :
c’est le conflit négatif de rattachement c'est-à-dire dans cette hypothèse, on parle de renvoi.1

Le conflit de qualification :

Le premier rôle du juge est d’opérer une qualification juridique des faits. Cette étape est
essentielle puisqu’elle doit permettre de rattacher les faits à une catégorie juridique donnée.

1-Importance de qualification en DIP.

La qualification en DIP a une importance immense car la qualification conditionne la


Solution du conflit de loi en DIP. En effet la qualification c’est mettre un nom juridique ou
une classification juridique sur un fait donné par exemple : quand le juge qualifie du statut
personnel il le soumet automatiquement à la loi nationale. Quand il s agit d un contrat il le
rattache au lieu de l établissement du contrat (pour ce qui concerne notamment les conditions
de forme, tout en respectant l’autonomie de la volonté des parties au niveau de la loi
applicable en cas de litige su le fond du contrat).2

1
La Qualification en Droit International Privé ( https://www.ladissertation.com/Divers/Fiche-de-
Cours/La-qualification-en-droit-international-priv%C3%A9-312634.html)
2
IBID

3
2-La spécificité de Qualification en DIP

Envisagée en tant que telle, la qualification n’est pas un procédé de raisonnement propre au
DIP elle est inhérente à tout raisonnement juridique. Les autres disciplines la connaissent et
l’utilise ainsi en Droit civil. Le juge est appelé a rechercher si un contrat est une vente ou
location. En Droit pénal le juge peut être amené à s’interroger sur le point de savoir si une
infraction c’est de l’escroquerie ou un abus de confiance ou un abus de biens sociaux. De telle
classification sont des préalables nécessaires à la détermination du régime de contrat ou de
l’infraction. Mais le problème qui se pose ce n’est pas le problème spécifique du DIP qui est
le problème de qualification mais c’est le problème du conflit de qualification.3

3-Problème de qualification.

Le conflit de qualification est représenté par la divergence constatée entre la


4
qualification par référence aux catégories du juge du for et celles qui se réfère aux
catégories de systèmes juridiques avec lesquels on a un rapport de Droit ou du point de
contact.

Saisi du litige, le juge doit qualifier juridiquement les faits pour déterminer la catégorie de
rattachement à laquelle ils appartiennent. Cependant, eu égard au particularisme juridique de
chaque Etat cette étape est délicate puisque certaines institutions étrangères sont inconnues
par le droit du for (le Droit du tribunal saisi de l’affaire).

La question est donc de savoir selon quel concept juridique le juge doit opérer la
qualification est ce que selon ses propres règles juridiques, ou selon ceux de l’Etat où né le
conflit.

Parmi les exemples classiques utilisés pour l’illustration du problème de qualification :

 Le Testament du Hollandais.

 Le Mariage du Grec Orthodoxe

3
La Qualification en Droit International Privé ( https://www.ladissertation.com/Divers/Fiche-de-
Cours/La-qualification-en-droit-international-priv%C3%A9-312634.html)
4
IBID
4
a / Le Mariage du Grec Orthodoxe 1955

Un Grec orthodoxe épouse civilement une femme de nationalité française en France sans
célébration religieuse. La femme française ayant présenté une demande en divorce devant
les tribunaux français, Caraslanis (l’époux) avait reconventionnellement sollicité l’annulation
du mariage pour défaut de la célébration religieuse. L’union matrimoniale échoue et se pose le
problème de la validité de ce mariage.

La validité du mariage dépend de la loi applicable et celle-ci dépond de la qualification de la


célébration religieuse, on constate que :

Qualification de la Elément de rattachement Loi applicable


célébration religieuse
La loi du lieu de la célébration c’est donc la loi française.
Elle s’agit d’une règle de
forme du mariage
Ou d’une règle du fond du La loi nationale c’est donc la loi Grecque
mariage

Selon La cour de cassation dans son arrêt du 22 juin 1955 rejette le pourvoi formé par
Caraslanis contre l’arrêt d’appel l’ayant débouté de sa prétention. « La question de savoir
si un élément de célébration du mariage appartient à la catégorie des règles de forme ou à
celle des règles de fond devait être tranchée par les juges français suivant les conceptions
de droit français, selon lesquelles le caractère religieux ou laïc du mariage est une
question de forme ».

b/ Le Testament du Hollandais 1859

Un Hollandais fait, en France, un testament olographe en faveur d’un français, il décède


Ses héritiers hollandais contestent la validité de cette disposition testamentaire car la
législation on vigueur en Pays-Bas interdit de tester en la forme olographe, même à
l’étranger. Or la loi française, quant à elle, admet la validité d’un tel testament.

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L art 992 du code civil hollandais interdit aux hollandais de tester en la forme olographe.
Il considère que cette prohibition vaut même en dehors des frontières des pays bas. Par contre
le droit français ne manifeste aucune hostilité à l’encontre du testament olographe. Qui
constitue pour ces pays la variété la plus utilisée du testament.

Selon la problématique qui se pose, l’hollandais qui rédige (teste) en France un


testament sous la forme olographe. Est-ce qu’il est valable en hollande ? Et la deuxième
problématique qui se pose, est ce que ce testament relève de la loi française qui le valide ou
la hollandaise qui l’annule. La encore la réponse est dictée par la qualification.

La loi applicable dépond de la qualification de que l’on donne à la possibilité de tester en la


forme olographe :

Qualification Elément de rattachement Loi applicable


La forme Olographe est une La loi du lieu de la rédaction c’est donc la loi française.
question de forme
Ou elle s’agit d’une Question La capacité c’est donc la loi nationale
du fond hollandaise

Si l’on considère le caractère olographe de testament comme une question de forme,


dans ce cas le juge doit appliquer la loi française en vertu de la règle locus regit actum c'est-
à-dire la loi du lieu de la rédaction de l`acte.

Si au contraire on analyse l’interdiction ou l’admission de la forme olographe en une


règle de capacité (règle de fond), la loi hollandaise est compétente à titre de la loi nationale de
testateur. En résume le droit français considère qu’il s’agit d’une question de forme. Et le
droit hollandais considère que c’est une question de capacité. La qualification étrangère
conduisait ainsi à déclarer le testament nul, et la qualification française à le tenir pour valable,
d’ou la nécessite de déterminer suivant quelle loi la qualification doit être donnée.

Sous Section II Problème de Renvoi (Le problème de conflit de


rattachement) :

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Ce problème trouve sa source dans un conflit de rattachement dû à la diversité des solutions
de conflit selon les pays.

 Conflit positif : plusieurs Etats affirment chacun la compétence de leur propre loi.

 Conflit négatif un Etat décline la compétence qu’un autre lui attribue.

Le conflit positif prend place lorsque chaque autorité saisie applique la règle de conflit du for
qui conduit à appliquer sa loi interne : autrement dit, plusieurs systèmes juridiques, en raison
du rattachement adopté respectivement par leurs règles de conflit, se considèrent
matériellement compétents pour appréhender une situation.

Exemple : Cas du Français domicilié en Angleterre et qui pose une question de statut
personnel.

Solution : Le juge anglais, s’il est saisi, appliquera la loi anglaise, car sa règle de conflit de
lois retient la loi du domicile comme élément de rattachement. Le juge français, en revanche,
appliquera la loi française, puisque sa règle de conflit de lois adopte pour élément de
rattachement la nationalité.

En revanche, l’hypothèse d’un conflit négatif pose des difficultés plus sérieuses, et peut être
résumée ainsi : chaque règle de conflit désigne comme compétente la loi d’un autre système
juridique impliqué par la situation internationale, autrement dit aucun des systèmes juridiques
en présence ne se reconnaît matériellement compétent.

A titre d’exemple, on présente généralement le problème de la capacité d’un Anglais


domicilié en France.

Solution Si le juge français est saisi, il fait application de la loi nationale, par conséquent
anglaise. En revanche Si la question est posée au juge anglais, il fera application de la loi du
domicile, donc de la loi française

Que doit faire le juge français ? Appliquer directement la loi interne anglaise désignée par
la règle de conflit française et donc ignorer la règle de DIP anglais. Ou au préalable
interroger ce dernier afin de vérifier s’il accepte la compétence du droit matériel anglais, et le

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cas échéant tenir compte de son refus, c’est-à-dire du renvoi qu’elle opère? Faut-il tenir
compte des solutions étrangères de conflit ?

En cas de conflit positif, la réponse est généralement négative. Mais en cas de conflit négatif,
elle peut être affirmative: c’est le problème de renvoi

On trouve, au fondement de la théorie du renvoi, des traces très nettes d’unilatéralisme,


puisqu’elle repose sur l’idée essentielle qu’il ne devrait pas être possible d’appliquer une loi
étrangère , même désignée par notre règle de conflit, si cette loi ne veut pas s’appliquer à la
situation considérée.

La théorie préconise donc de consulter la règle de conflit de l’Etat désigné par la règle de
conflit du For. en d’autres termes. Il s’agit ici de la prise en considération des règles de
conflit étrangères.

Prg I Renvoi à la loi du juge saisi ou renvoi au premier degré.

Un tribunal français est saisi d’une question d’état ou de capacité concernant un Anglais
domicilié en France: Selon le DIP français, la loi compétente est la loi nationale, c’est-à-dire
la loi anglaise. Mais selon le DIP anglais, la loi compétente est la loi du domicile, c’est-à-
dire la loi française, le Droit anglais renvoie donc au droit français la compétence que celui-
ci lui attribue. Le juge français doit-il accepter ce renvoi? La réponse est affirmative puisque
le Droit Française admit le renvoi, à partir de l’affaire Forgo 24 juin1878.

Résumé : le renvoi au premier degré correspond donc à l’hypothèse dans laquelle la règle
de conflit du for désigne un droit étranger, ce dernier considère comme compétente la loi
interne du tribunal saisi .C’est donc la loi matérielle du For (la lex fori) qui va s’appliquer au
fond du litige.

Cas pratique :
M. Omar, de nationalité Sénégalaise, et Mme Nadia, de nationalité du Niger, se sont
mariés en Niger où ils ont vécu trois ans avant de venir s’installer en Sénégal.

Apres deux ans supplémentaires de vie commune, Mme Nadia décide d’intenter une
action en divorce devant les tribunaux sénégalais. Quelle loi régira le divorce, sachant qu’en

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Sénégal, la règle de conflit applicable en matière de divorce désigne la loi du premier
domicile commun des époux, tandis qu’en Niger , la règle de conflit applicable en matière de
divorce désigne la loi de la nationalité commune des époux, ou à défaut celle du domicile
actuel des époux ?

Prg II Le renvoi à la loi d’un pays tiers ou renvoi au second degré.

L’hypothèse de départ est toujours la même : la règle de conflit du for désigne une loi
étrangère. Or, les règles de conflit de cet ordre juridique étranger désignent la loi d’un Etat
tiers. Il y a donc renvoi de l’ordre juridique étranger à une loi tierce. Si celle-ci se reconnaît
compétente, alors c’est un renvoi au second degré.

Exemple : Un tribunal Français est saisi d’une question de capacité concernant un Anglais
domicilié au Danemark. Selon le DIP français, la loi compétente est la loi nationale de
l’intéressé (la loi Anglaise). Mais le DIP Anglais donne compétence à la loi du domicile,
c’est-à-dire la loi Danoise. Il ya renvoi du Droit Anglais au Droit Danois.

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