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LA METHODE DE RESOLUTION
DES CONFLITS DE LOI
I- LA METHODE CONFLICTUALISTE :
- C’est un mécanisme de raisonnement ;
- C’est un travail strictement intellectuel ;
- Certaines nombres d’opérations intellectuelles.
Ces opérations sont :
A- La qualification ;
B- Le rattachement ;
C- Etablissement de la Teneur ;
D- Recherche du Droit applicable ;
E- Vérification de la conformité de la loi applicable à l’ordre public du for ;
F- Prévention de l’existence d’une fraude à la loi.
A- LA QUALIFICATION :
- Qualification de la situation juridique ; (ex : Une personne X prête de l’argent à une autre
personne Y : Y ne rend pas l’argent à X ➔ Est-ce un vol ? Non → C’est plutôt une escroquerie
ou un abus de confiance …)
- C’est une opération décisive : De quelle situation juridique il s’agit ? De quoi il s’agit ?
- La qualification n’est pas très claire en DIP marocain ;
- Cela sert à donner « une coloration » juridique de la situation matérielle ;
- Classer dans une catégorie juridique.
LES CATEGORIES JURIDIQUES :
o Statut personnel (mariage, adoption, succession, divorce …);
o Droits réels
o Responsabilités civiles
o Contrats
DEUX PHASES IMPORTANTES :
I- OBJETS DE LA QUALIFICATION (C’est la question de droit posé …)
II- RATTACHEMENT
CONVERGENCES DES SYSTEMES CONTEMPORAINS
I- SYSTEMES ANGLOSAXONS
II- SYSTEMES LATINS
III- LE SYSTEME MUSULMAN
LES GRANDES CATEGORIES DE RATTACHEMENT
1. PERSONNES
2. BIENS
3. ACTES
4. PROCEDURE
DIVERGENCE DES SYSTEMES CONFLICTUELS
I- LES FACTEURS DE RATTACHEMENT NE SONT PAS TOUJOURS LES MEMES ;
A- LE CONTENU DES CATEGORIES ;
1. Le statut personnel, est rattaché à :
✓ La nationalité, pour des pays comme : la France, la Belgique, l’Espagne, Le Maroc …) ;
✓ La confession, pour le Maroc ;
✓ Au domicile, pour les pays anglo-saxons (Grande Bretagne) ;
2. Les successions sont classées :
✓ Dans le statut personnel, (pour l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Maroc)
✓ Dans le Statut réel, en France.
3. Les prescriptions extinctives, sont qualifiées :
✓ De Procédure (pays anglo-saxons) ;
✓ De règle de fond (Allemagne, Italie …)
TERMINOLOGIE : CONFLIT DE RATTACHEMENT : LA THEORIE DE RENVOIE ; (ex : Un couple
anglais qui veut divorcer au Maroc → Le juge marocain les renvoie au juge anglais, puisque le Maroc rattache le statut
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personnel à la nationalité. Mais puisque l’Angleterre rattache le Statut personnel au Domicile, il les renvoie au juge
Marocain ???!!!...)
B- PROBLEME DE QUALIFICATION :
La même affaire peut être qualifiée différemment,
Exemple 1:
o Les juges français ne reconnaissent pas la polygamie et la répudiation ;
o Les juges marocains, ne reconnaissante pas l’adoption plénière …
Exemple 2 : Pour les formalités de mariages (La célébration):
o Au Maroc : Ces formalités sont qualifiés de conditions de fonds et sont soumis à la loi nationale
des époux (Conditions de fond = Consentement, capacité …);
o En France, C’est une condition de forme soumise au lieu de la célébrité (Lex loci Celebrationis)
(condition de forme = loi du lieu de la célébration).
C- L’INTERET DES QUALIFICATIONS
- Le même rapport juridique peut être qualifié différemment dans deux Etats ;
- Quand la qualification change, la règle de qualification change et par suite : la loi applicable
change ;
D- LES CONSEQUENCES DU CONFLIT DE QUALIFICATION
Exemple : Mariage de deux Grecs.
Au Maroc : Le mariage doit être célébré selon la loi grecque (la loi nationale des époux) ;
En France : Selon la forme locale : devant l’officier d’état civil→ Les règles de fond grecques et les
règles de forme française.
En DIP, on parle de décisions de blocage.
E- L’ORIGINE DE LA THEORIE DE QUALIFICATION
1. La qualification LEGE FORI (la loi nationale, la loi du for) ;
2. La qualification LEGE CAUSAE (la loi étrangère) ;
3. La qualification par référence à des concepts autonomes universels.
1. LA QUALIFICATION LEGE FORI :
- Chaque juge doit qualifier selon sa propre loi ;
- Principe adopté par le code civil du Québec : « La qualification est demandée au système juridique
du tribunal saisi … » « … Si le Tribunal ignore une institution juridique … la loi étrangère peut être
prise en considération »
- Les belges sont très en avance sur le reste de l’Europe, dans le domaine du droit (surtout en
criminologie et ses techniques …)
- En France, c’est toujours le lege fori (arrêt CARASLANIS 1955)
Trois arguments :
1er argument :
o La qualification lege fori est la conséquence inéluctable du caractère national des systèmes de
solutions des conflits de lois ;
o C’est la règle de conflit d’un droit interne qui désigne le droit étranger auquel elle offre la
compétence ;
2ème argument :
o La qualification est préalable à la solution du conflit de loi ;
o Le choix de qualification est intimement lié au sens de la règle de conflit ;
o Au niveau de la qualification, le juge ne fait pas d’efforts pour connaître la loi étrangère.
3ème argument :
o C’est le juge qui qualifie → Il est plus sûr de son propre système qu’il connaît et qu’il maîtrise.
2. LA QUALIFICATION LEGE CAUSAE :
Thèse dissidente défendue d’abord par DESPAGNET; Reprise par l’italien PACCIONI et l’allemand
WOLFE; Le juge demande la qualification au droit étranger éventuellement applicable au rapport de droit
faisant objet du litige. « L’AFFAIRE DU TESTAMENT DU HOLLANDAIS » : Un Hollandais vivant à
Paris, fait un testament olographe (oral).
• Pour la validité du testament : Quelle loi doit-on appliquer ?
• En France : le testament est valable. en Hollande : il ne l’est pas (doit être écrit)
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• Dans cette affaire les juges ont appliqué la loi hollandaise (la loi étrangère)
Mais, la doctrine majoritaire retient le lege fori.
3. LA QUALIFICATION PAR REFERENCE A DES CONCEPTS AUTONOMES
UNIVERSELS :
- C’est une thèse représentée par RABEL → Le juge ne doit pas être prisonnier de sa loi interne ;
- Cela suppose la maîtrise du droit comparé pour pouvoir en faire une affaire universelle.

AU MAROC, LA SITUATION EST INCERTAINE


-Pendant le Protectorat :
- La loi étrangère était appliquée (le lege fori) ;
- La Cadi était cantonné pour statuer dans les affaires du statut personnel ;
-La France appliquait au Maroc le lege causae, alors que dans son propre pays elle appliquait le lege fori.
C’était une dérogation à la pratique Internationale.
-Leurs arguments :
- Il n’avait pas à cette époque, de lege fori que l’on pouvait appliquer ;
- Le caractère confessionnel et non unifié des lois au Maroc.
-Mais en réalité, Les français voulaient à tout prix, empêcher l’application du droit musulman.
-Conséquences :
- LE LEGE FORI → Mauvaise application des lois étrangères ;
-Soutenue par la doctrine, la jurisprudence a favorisé le LEGE CAUSAE.
LE RATTACHEMENT
- Le juge interroge la règle de conflit appropriée sur la loi applicable ;
- MODALITES POSSIBLES DE LA REGLE DE CONFLIT DE LOIS :
- La R. de C. d lois ➔ Plusieurs facteurs de rattachement ;
- Conduit à la désignation de plusieurs lois applicables ;
- Quelle loi retenir en définitif ? Quelles sont les solutions possibles ?
- 1ère hypothèse : La R de C. de Lois est facultative : La règle de conflit désigne plusieurs lois ➔ Choisir
l’une d’entre elles… Art 10 du DCC ….
- 2ème hypothèse : La règle de conflits de lois est cumulative : Chacune des lois désignées par la règle de
conflit est appliquée séparément.
Là, le législateur favorise les conséquences de certaines institutions ou actes ; Distingue entre les règles
unilatéralistes et les bilatéralistes.
L’UNILATERALISME : Donne compétence à la loi du for et combats l’idée du conflit (Ex : le droit de
nationalité marocain, conditions de étrangers, conflits de juridictions ….);
En France : Art. 310 du code civil français « …Epoux français ou domicilié en France : Loi Française.
- Article 312 de la convention Franco marocaine (1975) : Répudiation des femmes marocaines vivant en
France → aucune chance d’appliquer une loi étrangère.
Au Maroc : Article 2 du code de la famille qui s’applique à :
1- A tous les Marocains, même ceux portant une autre nationalité ;
2- aux réfugiés, y compris les apatrides conformément à la convention de Genève du 28 juillet 1951
relative au statut des réfugiés ;
3- A toute relation entre deux personnes lorsque l’une d'elles est marocaine ;
4- A toute relation entre deux personnes de nationalité marocaine lorsque l’une d'elles est musulmane.
BILATERALISME : Règle neutre : peut appliquer la loi nationale ou la loi étrangère.
➔ Localisation des éléments de rattachement en présence : sont soumis à la loi du lieu de leur survenance
ou à la loi nationale.
➔ Exemple : Un allemand a un accident en Espagne → Le juge allemand applique la loi espagnole.
I- LA REGLE GENERALE EN MATIERE DE RATTACHEMENT (Au Maroc):
L’article 2 du code de la famille :
- Le principe : Le rattachement par la nationalité ;
- L’exception : Le rattachement résultant du statut de musulman ;
- L’exception : Le rattachement résultant du statut de réfugié.
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II- L’ETAT ET LA CAPACITE :


- Elle est soumise à la loi nationale des intéressés (En Grande Bretagne, elle est soumise à la loi du
domicile)
- Pour les apatrides ➔ C’est la loi du domicile ;
- A défaut de domicile connu ➔ Le LEGE FORI (Loi du juge saisi)

III- LE MARIAGE :
A- CONDITIONS DE FONDS
1- Les époux de même nationalité → Statut personnel → Loi nationale des époux (Les étrangers ne
peuvent plus se marier au Maroc : aucun texte de loi)
2- Epoux de nationalité différente :
Principe : Conditions de fond → Loi nationale
Conditions de forme → Loi de domicile
Pratique : Le statut du conjoint marocain est respecté → Le mariage est autorisé.
B- CONDITIONS DE FORME :
- Le juge marocain ne distingue pas entre conditions de fonds et de forme du mariage ;
- Au Maroc, on distingue entre fiançailles et mariage.
1- Célébration du mariage des étrangers au Maroc :
o Devant le consulat étranger
o Devant l’officier de l’état civil local si leur lois le leur permet (Dahir de 1915 sur l’Etat civil au
Maroc)
2- Le mariage entre marocains et étrangers :
o Obéit au droit marocain (Dahir du 04 Mars 1960) ;
o La célébration doit avoir lieu dans les formes prévues par la MOUDAWANA si le conjoint marocain
est musulman ou du droit hébraïque si le conjoint marocain est juif.
3- Le mariage entre marocains à l’étranger :
o Célébration selon la forme prévue par la MOUDAWANA ou le droit hébraïque ;
o L’article 14 de la MOUDAWANA permet aux marocains, désirant se marier à l’étranger de le faire
selon les formalités administratives locales du pays de résidence … à condition qu’il y’ait SADAQ
et la présence de deux témoins musulmans …

IV- LE DIVORCE :
A- CONDITIONS DE FONDS : On applique
❖ La loi nationale, si les époux sont de même nationalité ;
❖ La loi nationale de celui qui demande le divorce, pour les époux de nationalité différente ;
❖ Si une des lois ignore le divorce, la jurisprudence a toujours opté pour l’application cumulative des
lois en présence;
❖ Si l’une des parties est musulmane, on applique la loi musulmane.
B- LES EFFETS DU DIVORCE :
❖ La loi nationale des époux de même nationalité ;
❖ Pour les époux de nationalité différente : La dissolution est prononcée selon la loi autorisant le
divorce avec toutes ses conséquences.
❖ Pour la garde des enfants, il ya lieu d’appliquer la loi de l’enfant. Mais d’après une jurisprudence
établie→ Applique la loi du créancier d’aliments.

V- LA FILIATION :
L’établissement de la filiation, la preuve de la filiation et la relation entre les parents et leurs enfants
mineurs → soumis à la loi nationale de l’enfant.
VI- LE REGIME MATRIMONIAL :
- Si les époux établissent un contrat régissant le régime matrimonial → la loi nationale du mari au
moment de la célébration du mariage (art. 14 du DCC).
- En l’absence d’un tel contrat → La loi nationale du mari le jour du mariage (art. 15 du DCC)
 Tendance MACHISTE
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VII- LES SUCCESSIONS :


- Mobilières ou immobilières ➔ Loi nationale du défunt (décujus) ;
- Testament ➔ la loi nationale du testateur ;
- Défunt musulman ➔ sera soumis à la MOUDAWANA (Jurisprudence GIREL)
VIII- L’ADOPTION :
- Conditions et effets de l’adoption → Loi de l’adoptant (jurisprudence française) ;
- Forme de consentement et détermination des personnes ou autorités habilitées à consentir → Loi
personnelle de l’adopté ;

LES CONTRATS
A- LES CONDITIONS DE FORME DES ACTES JURIDIQUES :
1. LE PRINCIPE : On applique (aussi pour les actes unilatéraux) soit :
o La loi nationale commune des parties ;
o La loi marocaine ;
o La loi du lieu de conclusion.

2. LES EXCEPTIONS :
a- La primauté de la loi nationale :
- Exemple : Testament du hollandais → Application de sa loi nationale.
-Un arrêt de Rabat de 1920, a énoncé que le « LOCUS REGIM ACTUM » est mis en échec quand
la loi nationale des parties interdit telle ou telle forme.
b- La primauté de la loi locale :
Par respect à l’ordre public marocain, le législateur impose que la forme de l’acte respecte la loi
nationale. Exemple :
o Moyens de preuve de justice;
o Obligation des personnes illettrées (Obligation de présence d’un notaire art. 427 du DOC)
o Obligation de la forme écrite pour les actes qui traitent d’une valeur > 10.000,00 DH ;
o Toutes les présomptions locales sont irréfragables (art. 453 du DOC).
B- LES CONDITIONS DE FOND DES CONTRATS :
L’article 13 du DCC, stipule que les conditions de fond et les effets du contrat sont soumis à la loi
expressément ou tacitement choisie par les parties➔ Principe de l’autonomie de la volonté.

LE RENVOI
- Le droit étranger dont la loi est appliquée donne compétence à une autre loi → Règle du Ricochet.
LOI DU FOR

CONFLITS DE LOIS
LOI ETRANGERE ➔

RENVOIE A UNE AUTRE LOI


ETRANGERE
Exemple : Un anglais domicilié en France → La France (personnaliste) renvoie à la loi anglaise (loi
du domicile) qui renvoie à son tour à la loi française.
On parle de refus de renvoi → Application de la loi anglaise. Renvoi si on applique la loi française.
La règle de renvoi a trouvé son origine dans l’arrêt FORGO (C. de C. du 24/06/1878)
LES DIFFERENTS DEGRES DE RENVOI :
❖ Renvoi au 1er degré : Exemple 1 (anglais, domicilié en France) ;
❖ Renvoie au 2ème degré : La loi du For renvoie à un Droit étranger qui à son tour renvoie à un autre
droit étranger. Ex : 2 anglais vivant en Afrique, veulent divorcer.
LE RENVOI DANS LE DROIT MAROCAIN : Totalement ignoré sous le protectorat. Après
l’indépendance et avant le code de 2004 → Application du Droit musulman.
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MOTIFS DU REFUS DE L’APLLICATION DE TOUT OU PARTIE


D’UN DROIT ETRANGER
SECTION 1 : L’ORDRE PUBLIC
La notion de l’ordre public en DIP est presque universellement reconnue. Elle est toute fois
admise suivant une conception propre à chaque pays.
I- DEFINITION DE L’ORDRE PUBLIC :
-Peut être défini comme : l’ensemble des principes juridiques, politiques, éthiques et religieux, sur
lesquels repose une civilisation donnée.
-C’est un correctif exceptionnel, permettant d’écarter la loi étrangère normalement compétente, lorsque
les dispositions de cette dernière sont inadmissibles par le tribunal saisi. (Exemple : La bigamie et la
répudiation sont inadmissibles en France.)

II- FONCTIONS DE L’ORDRE PUBLIC :


A- Fonction d’élimination de certaines lois étrangères :
On peut éliminer des lois étrangères, parce qu’elles commandent une solution injuste et contraire :
o Au droit naturel (ex : Esclavage, racisme …);
o A des règles religieuses ;
o Aux fondements d’une civilisation donnée.
B- Fonction de défense de certains principes :
L’ordre public a pour fonction d’assurer la défense des principes, qui constituent les fondements d’une
civilisation donnée (ex : en France, la laïcité, la monogamie, la liberté de confession … au Maroc : valeurs
fondées sur la religion telles : légitimité du lien entre homme et femme, légitimité de la descendance et la
religiosité du statut personnel…)

III- DOMAINE DE L’ORDRE PUBLIC :


A- Omniprésence de l’ordre public :
L’impact de l’ordre public est plus intense dans le statut personnel, mais son application est aussi,
fréquente dans les autres domaines. ..
B- principe de l’actualité de l’ordre public :
Généralement, le juge doit tenir compte de l’ordre public dans son état actuel et non au moment de la
constitution de la situation.
C- Les domaines de l’ordre public en DIP et en droit interne :
L’ordre public interne : Ses règles sont relatives à des dispositions légales s’imposant aux
ressortissants du pays dans lequel elles sont en vigueur.
L’ordre public international : C’est un ensemble de principes ou de solutions substantielles.(ex : le
principe de la religiosité du mariage au Maroc).
Il en résulte 2 conséquences :
o L’ordre public international est plus étroit que l’interne ;
o L’expression « Lois d’ordre public est à proscrire ».

IV- CONDITIONS DU DECLENCHEMENT DE L’EXCEPTION DE L’O.P. :


A- N’entraîne pas toujours l’éviction de la loi étrangère :
L’ordre public n’est en principe, menacé que si les fondements de la société dont laquelle vit le juge,
devant appliquer la loi étrangère, sont en jeu. (ex : action exercée par une citoyenne française contre son ancien
concubin, pour obtention de la garde des enfants et pension alimentaire → ne doit pas être rejetée par le juge).

B- Le respect des droits acquis :


Selon la théorie des droits acquis, il suffit de constater puis de consacrer l’existence d’un droit subjectif
né à l’étranger, sans avoir à rechercher le droit objectif applicable. Exemple : La France n’accepte pas
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la polygamie, sur son sol, même si la loi personnelle de l’étranger le permet. Mais, il y a exception
quand il s’agit des droits acquis, exemple : La cour de C. a admis que la seconde épouse d’un tunisien,
dont le mariage a été célébré en Tunisie, invoque sa qualité d épouse légitime et réclame une pension
alimentaire.

V- LES EFFETS DE L’EXCEPTION DE L’ORDRE PUBLIC :


On peut parler de deux effets : l’un négatif et l’autre positif
1- Effet négatif : Consiste à écarter la loi étrangère, dès lors qu’elle est déclarée contraire à l’OP ;
2- Effet positif : Là, on procède à la substitution de la loi étrangère par la loi du for. Cette substitution
peut être partielle ou totale. Ex : On peut écarter une loi étrangère relativement l’établissement de
la filiation et l’appliquer pour les effets de la filiation.
L’ordre public est donc un ELEMENT PERTURBATEUR, qu’il faut utiliser avec modération.

VI- L’ORDRE PUBLIC EN DIP MAROCAIN : La notion de l’ordre public en DIP marocain, se trouve
dans le domaine des contrats et d’exequatur. Pour le statut personnel, le DIP a connu une certaine
évolution.
A- LE PROTECTORAT OU LA NEGATION DE L’ORDRE PUBLIC :
Pendant les premières années du protectorat, les juristes français ont nié l’existence d’un ordre public
local. Cette négation a été appuyée par le DCC. Donc l’OP marocain ne devait ni pouvait écarter les
lois étrangères.
B- VERS UNE RECONNAISSANCE DE L’OP MAROCAIN :
La doctrine, ainsi que la jurisprudence du protectorat ont cependant évolué vers une solution plus
nuancée de la reconnaissance de l’OP marocain.
1- La doctrine française du protectorat et l’OP marocain : En 1932, M. LERIS a fait allusion pour
la première fois, à l’existence d’un OP marocain, pouvant faire échec, éventuellement, aux lois
étrangères normalement compétentes, en matière de statut personnel. Cette opinion a été approuvée
plus tard par G. de LAPRADELLE. Puis, on considéra qu’il était possible de retenir la déclaration
universelle des droits de l’homme de 1948, comme éléments de base à l’édification de cet OP.
2- La jurisprudence du protectorat et l’OP marocain : La jurisprudence a été relativement
abondante sous le protectorat, relativement à cette question délicate de l’OP.
a- L’ébauche d’une jurisprudence : Trois décisions importantes aideront à illustrer la position de
la jurisprudence relativement à l’OP :
-1ère décision : Rendue par le Tribunal Mixte de Tanger en 1926 (liquidation de la succession d’un
ressortissant russe) → Le tribunal appliquera la législation tsariste au lieu de la russe, du fait que
cette dernière s’oppose à l’ordre public marocain ;
-2ème décision : Rendue par le Tribunal de Casa en 1927 (Divorce entre deux citoyens de l’ancienne
URSS)→ Le tribunal rejeta le moyen tiré par la conjointe de sont seul désir de divorcer, parce qu’il
est contraire à l’OP.
-3ème décision : Rendue par la Cour Suprême de 1927 → La Cour refusa de reconnaître la
compétence des officialités ecclésiastiques aux fins de prononcer la séparation de corps des
espagnols catholiques, au nom de la souveraineté de l’Etat et de la territorialité de l’ordre
juridictionnel. (un autre arrêt a été rendu dans ce sens, en 1982).

b- La portée d’une telle jurisprudence : Les textes fondamentaux de notre pays rappellent que le
Maroc est un royaume arabe et musulman, que l’islam est la religion officielle de l’Etat. Rien ne semble
interdire de faire coïncider l’ordre public marocain avec l’OP Islamique (La cour suprême avait prononcé la
nullité d’un testament fait par un français à sa concubine au motif qu’il est « contraire à l’OP et aux bonnes
mœurs islamiques ».

3- La position du projet de réforme du DCC : Le dernier projet de réforme du DCC, fait référence
à l’OP. Il prévoit dans son article 2 que « l’Etat et la capacité de l’étranger en résidence au Maroc,
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sont régis par sa loi nationale, à moins qu’elle ne soit contraire à l’OP ou qu’elle ne garantisse aux
marocains, résidant sur le territoire du pays dont l’étranger est ressortissant, la réciprocité ». ce
projet protège le statut marocain, lequel privilégie la religion islamique.

SECTION 2 : LA FRAUDE A LA LOI


- La fraude corrompt tout « FRAUS OMNIA CORROMPIT » ;
I- LA NOTION DE LA FRAUDE A LA LOI :
- C’est l’utilisation volontaire d’une règle de conflit de loi, dans le but d’échapper à l’application de
la loi normalement compétente → « C’est le déplacement volontaire du facteur de rattachement
en vue de substituer une loi applicable à une autre ».
- La théorie de la fraude à la loi a été illustrée dans l’affaire BAUFFREMENT → Une princesse
française avait acquis la nationalité allemande dans le seul but d’échapper à la loi française
prohibant le divorce à cette époque → La cour de cassation s’est fondée sur la fraude pour
prononcer l’indissolubilité du premier mariage et rejeter tout cet artifice.
II- LES CONDITIONS D’EXISTENCE DE LA FRAUDE A LA LOI :
A- UTILISATION VOLONTAIRE DE LA FRAUDE A LA LOI :
La manœuvre consiste en la modification du facteur de rattachement qu’utilise la règle de conflit
de lois pour désigner tel ou tel droit étranger. La fraude à la loi ne se conçoit que dans les statuts
dont les parties sont à même de modifier le facteur de rattachement utilisé.
- Pour le statut personnel, il est possible de modifier : la nationalité, le domicile, la résidence …
- Pour le statut réel, il est possible de modifier la localisation des meubles (ce qui est impensable
pour les immeubles).

B- L’INTENTION D’ELUDER LA LOI NORMALEMENT APPLICABLE :


Dans la conception classique : Il faut démontrer l’intention des parties ou de l’une d’elles
d’échapper à la loi normalement applicable ;
Certains auteurs : considèrent qu’il suffit de démontrer qu’il ya eu simulation de l’élément
d’extranéité.
C- LA NATIONALITE DE LA LOI DONT L’APPLICATION EST ELUDEE :
Dans la conception classique : La sanction de la fraude est limitée aux cas où l’application à la
loi du for est éludée.
Certains auteurs : Pensent que la théorie de la fraude à la loi, doit également intervenir même
quant l’application de la loi étrangère est éludée. Mais en pratique, il paraît que les juges sont plus
tolérants envers ceux qui optent pour la loi du for au détriment de la loi étrangère.

III- SANCTIONS DE LA FRAUDE :


Depuis l’arrêt de Bauffrement, la sanction normale de la fraude est l’inopposabilité de l’acte
obtenu frauduleusement.

RECONNAISSANCE ET EXECUTION
DES JUGEMENTS ETRANGERS AU MAROC
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Lorsqu’un jugement est rendu par une juridiction marocaine, son exécution ne suscite pas de difficultés
particulières, il suffit qu’il soit passé en force de chose jugée (décision définitive et/ou épuisement des voies
de recours), pour que cette juridiction procède soit de son propre chef, soit à al demande du bénéficiaire, à son
exécution car il est prononcé au nom du Roi représentant la souveraineté la souveraineté marocaine.
Cependant, un lorsqu’il s’agit d’un jugement étranger, c’est différent, puisque celui-ci est prononcé au
nom d’une souveraineté étrangère et la force publique marocaine ne saurait agir sur un ordre étranger.
D’où, les jugements étrangers, pour pouvoir être reconnus et exécutés au Maroc, doivent suivre une
procédure prévue à cet effet par le droit marocain. Les jugements marocains, pour être recevoir exécution à
l’étranger, sont soumis à des conditions posées par le droit étranger.

I- L’EXEQUATUR ET LES JUGEMENTS ETRANGERS AU MAROC :


A- LES CONDITIONS DE L’EXEQUATUR :
1- L’évolution historique de l’exequatur :
a- Sous le protectorat : Les règles d’exequatur différaient selon la juridiction ayant prononcé la décision
judiciaire et la nationalité des personnes concernées. Ainsi :
o Les tribunaux consulaires étrangers rendus au Maroc pour les non nationaux ;
o Les tribunaux de France, pour les étrangers bénéficiant du régime de capitulations ;
o Les tribunaux non chérifiens, pour les ressortissants non marocains ;
o L’exequatur des décisions rendus hors du Maroc à l’encontre de l’ex-banque d’Etat du Maroc, et des
cas spéciaux d’exequatur dans la zone de Tanger.
b- L’art 290 de l’ancien code de procédure civile : Les règles gouvernant la procédure d’exequatur
étaient contenues dans les dispositions de l’art. 290 du dahir relatif à la procédure civile de 1913 et
l’art. 19 du DCC.
L’art.290 → Les jugements rendus par les tribunaux étrangers et les actes reçus par les fonctionnaires
et officiers publics ou ministériels étrangers ne sont susceptibles d’exécution au Maroc que s’ils ont
été exécutoires du dahir du 12 août 1913, sans préjudice des dispositions contraires qui pourraient
exister dans les conventions diplomatiques.
L’art.19 du DCC → et relativement à l’exécution au Maroc, exige l’exécution d’une seule
condition : la réciprocité (ce qui constitue un échange équilibré et mutuel). Aucune révision sur le
fond des dits jugements n’est possible.
c- Depuis la réforme du code de procédure civile :
La réforme de 1974 a remis en cause le système hérité du protectorat, puisqu‘il a UNIFIE le régime de
l’exequatur. L’article 430 (1) et 431 (2) posent les conditions applicables à tous les jugements étrangers
sous réserve, des conditions particulières prévues par les conventions internationales conclues par le
Maroc avec les Etats étrangers. Les conditions de l’exéquatur :
o La compétence des tribunaux étrangers ;
o La compétence du droit applicable au fond du litige ;
o La régularité des jugements étrangers ;
o La non contrariété à l’ordre public marocain ;
o D’autres conditions particulières prévues par certaines conventions.

(1) Article 430 : Les décisions de justice rendues par les juridictions étrangères ne sont exécutoires au Maroc qu'après avoir été revêtues
de l'exéquatur par le tribunal de première instance du domicile ou de la résidence du défendeur ou, à défaut, du lieu où l'ex écution
doit être effectuée. Le tribunal saisi doit s'assurer de la régularité de l'acte et de la compétence de la juridiction étrangère d e laquelle
il émane. Il vérifie également si aucune stipulation de cette décision ne porte atteinte à l'ordre public marocain.
(2) Article 431 : Sauf dispositions contraires contenues dans des conventions diplomatiques, la demande est formée, par voie de requête,
à laquelle sont jointes :
1° Une expédition authentique de la décision ;
2° L'original de la notification ou de tout autre acte en tenant lieu ;
3° Un certificat du greffe compétent constatant qu'il n'existe contre la décision ni opposition, ni appel, ni pourvoi en cass ation ;
4° Eventuellement, une traduction complète en langue arabe des pièces énumérées ci-dessus certifiée conforme par un
traducteur assermenté.
Le jugement d'exéquatur est rendu en audience publique .
Les conditions de fond de l’exequatur :
a- La compétence juridictionnelle : Aux termes de l’article 430 du CPC, un jugement étranger, ne
peut recevoir exécution au Maroc que s’il a été rendu par un tribunal étranger compétent. Mais,
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d’après quelle loi la compétence du tribunal étranger doit- elle être appréciée ? Il existe plusieurs
types de compétence :
• La compétence générale de juridiction étrangère : C’est la compétence de la justice du pays
étranger duquel émane le jugement que l’on cherche à exequaturer. Mais, cette compétence doit
être appréciée par le droit du juge de l’exequatur, c'est-à-dire le juge marocain (unanimité de la
doctrine et de la jurisprudence).
• La compétence spéciale ou interne : Après avoir constaté la régularité de la compétence
internationale, le juge doit vérifier si le tribunal qui a rendu la décision était bien compétent dans
son pays. A signaler que pour résoudre un conflit international de compétence, on applique le
droit marocain. Et c’est la compétence spéciale qui vérifie la compétence d’attribution et la
compétence territoriale.
• La compétence exclusive des tribunaux marocains : Là, les tribunaux étrangers sont
incontestablement incompétents et leurs jugements ne peuvent être exequaturés au Maroc.
• La compétence facultative ou incompétence totale des tribunaux marocains : Là, les
tribunaux étrangers sont compétents et peuvent être exequaturés au Maroc.
b- La compétence législative :
-La solution en France : Depuis l’arrêt MUNZER, les jugements étrangers ne peuvent être
exequaturés que si la loi qui a été appliquée au litige était bien la loi désignée par la règle française de conflit
de loi. Ex : deux français domiciliés en Angleterre divorcent. Le juge anglais a prononcé sa décision selon le
droit anglais. Ce jugement n’a pas été insusceptible d’exécution en France, car le juge anglais n’a pas appliqué
la compétence d’après la loi française.
-Le problème au Maroc : L’article 430 du CPC est muet sur cette question. Il se borne à exiger «la
régularité des jugements étrangers». Cette expression vise-t-elle la compétence législative ? L’absence de
jurisprudence concernant cette question ne facilite pas la tâche de dégager des solutions claires et définitives.
Cependant, il est à supposer que les tribunaux marocains refuseraient d’exequaturer les décisions
étrangères, où le droit international marocain n’a pas été appliqué pour désigner la loi compétente. Ce qui nous
ramène à la notion de l’ordre public.

2- La non contrariété des jugements étrangers à l’OP marocain : L’article 430 in fine stipule : « …..
il vérifie également si aucune stipulation de cette décision ne porte atteinte à l'ordre public marocain ».
Cet article ne définit pas la notion de l’ordre public.
a- L’OP est il un OP islamique ? : Contrairement à la période du protectorat, la notion de l’OP
marocain, connaît un retour vers le droit et la morale islamique (discours de BAHNINI, le plaidoyer
de Alla Fassi et écrits de jeunes juristes tel A. My Rachid et d’autres). Ce courant doctrinal ne
considère que les principes de l’Islam « …constituent au Maroc l’essentiel de l’ordre public
international … ». La jurisprudence va dans le même sens, surtout en matière de statut personnel, qui
recouvre les principales institutions juridiques et sociales qui constituent le socle et les fondements de
la famille et de la société musulmane. Telles :
-La légitimité et la paternité de la descendance : Au Maroc, le mariage ne peut être conçu que par
un lien légitime aux yeux de la loi musulmane malékite (doit réunir les conditions prévues par le code de la
famille (art. 14). Par contre, le concubinage n’est pas reconnu au Maroc et ne produit aucun effet soit entre les
parties mais non plus pour les enfants, issus de cette union.
-Les relations hors mariage : Le TPI de Casablanca (décision rendue le 23/11/1962) a refusé
d’exequaturer une décision d’un tribunal allemand accordant une pension alimentaire à une femme qui avait
mis au monde une enfant né de ses relations avec un marocain musulman, car le droit musulman ne reconnaît
pas la paternité naturelle.
-La tutelle et l’adoption : Le juge marocain refusera toujours d’exequaturer une décision étrangère
confiant la tutelle d’un enfant marocain musulman à un non musulman (fût-il sa mère) ou reconnaissant les
effets d’une adoption plénière à l’égard de l’adoptant ou de l’adopté de nationalité marocaine.
-La paternité : Le droit marocain ne reconnaît que la filiation légitime. Et l’enfant qui n’est d’une
union légitime est supposé avoir pour père le mari de la mère. « L’analyse du sang et les test d’ADN sont
contraires à la loi marocaine et à la tradition musulmane» et « La fille est née dans le délai légal de la
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grossesse, qui est une année après le divorce, a pour père le mari de la mère » décision de la cour d’appel
d’El Jadida puis de la C. suprême.
Cette affaire soulève un obstacle majeur auquel se heurtent les avocats marocains. Celui de la non
application des peines et jugements prononcés par les juridictions européennes → ce qui donne l’image d’une
justice de moyen âge coupée du monde entier, ce qui n’est pas totalement vrai. Mais ces cas même isolés,
portent préjudice au système judiciaire marocain. Bien que le Maroc ait signé et ratifié deux importantes
conventions :
✓ Convention d’aide mutuelle judiciaire, d’exequatur des jugements, signée depuis 1957, avec la
France ;
✓ Convention signée en 1981 avec la France, qui précise « la disposition des deux pays à exécuter
les décisions de justice prononcées par les deux pays ».
Et même la commission mixte franco marocaine, qui est chargée de trancher les litiges concernant les
bi-nationaux, connaît des difficultés majeurs quant à l’application des décisions émis en France. (Ex : Vente
d’un immeuble contre une rente viagère ou une clause pénale forfaitaire, qui sont contraires au droit
musulman).
Il y’a aussi le mariage à l’étranger (art. 14 du code de la famille) qui bien qu’il permet aux marocains
de se marier devant un officier public étranger, il exige la non suppression du Sadaq et la présence des deux
témoins musulmans.
b- Les effets de l’intervention de l’ordre public : Lorsqu’un jugement étranger est contraire, il est
rejeté. Mais, en matière d’exequatur, c’est « l’effet atténué de l’ordre public» qui doit être pris en
considération. Puisque le problème ne se situe pas au stade de la création des droits mais celui de leur
efficacité internationale.
❖ Cas de jugement d’une affaire internationale au Maroc : Là, l’OP intervient avec force, pour
écarter toute loi étrangère, jugée choquante et contraire aux principes religieux, moraux et
éthiques, fondateurs de la civilisation marocaine. Il s’agit donc de l’ordre public d’éviction ou de
substitution.

❖ Cas d’exécution d’un jugement étranger : Là, l’OP produit un effet atténué, puisqu’il s’agit
uniquement de faire reconnaître au Maroc, des droits déjà acquis à l’étranger. Certains auteurs
considèrent que le refus de reconnaître ces droits serait injuste et une négation de l’évidence. Mais
la question demeure entière quant à la reconnaissance d’un certain nombre de droits dus à
l évolution des mœurs, à la notion de famille et aux droits et aux libertés individuelles.

3- La régularité des jugements étrangers : L’article 430 stipule : «….le tribunal saisi doit s’assurer de
la régularité de l’acte…» Que signifie l’expression « régularité de l’acte » ? : Un jugement définitif ?
(a) et le respect des règles de procédure et principalement des droits de défense à l’étranger (b).
a- Le caractère définitif et exécutoire de la décision étrangère :
Pour qu’un jugement soit exequaturé au Maroc :
➢ Il doit acquérir l’autorité de la chose jugée
➢ et qu’il devienne susceptible d’exécution dans le pays où il a été rendu.
Ces deux caractères de la décision étrangère sont appréciés d’après la loi de l’Etat devant la
juridiction duquel elle a été rendue. D’ailleurs, l’art. 431, exige une attestation du greffe du tribunal
étranger, qui certifie que celle-ci est devenue définitive et insusceptible de voies de recours.
b- Le respect des droits de défense : Le juge marocain doit s’assure que le jugement étranger a été
rendu à la suite d’une procédure régulière. Cette régularité et déterminée en égard avec la loi du juge
étranger. Toutefois, les tribunaux marocains doivent s’assurer de certaines exigences de loyauté et
d’équité imposées par la loi tels : La citation des parties, leur représentation… La jurisprudence
marocaine, même sous protectorat a toujours veillé au respect des droits de la défense.

B- LA PROCEDURE DE L’EXEQUATUR :
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1- Le tribunal compétent : Depuis la réforme de 1974, c’est le TPI qui est compétent des demandes
d’exequatur. Seulement, pour les sentences arbitrales étrangères, seul le Président du TPI est habileté
à les revêtir d’exequatur.
Pour al compétence territoriale : C’est le Tribunal du domicile de la personne contre la quelle on
cherche à exécuter le jugement (le défendant). Mais, les parties peuvent y déroger par un accord : Le
bénéficiaire du jugement peut en commun accord avec la partie condamnée, saisir un tribunal autre
que celui du domicile de celle-ci.
2- L’action en exequatur :
a- Le principe : L’action en exequatur oppose les parties à l’action principale à l’issue de laquelle,
le jugement a été rendu. Le demandeur de l’exequatur est souvent, celui qui a obtenu gain de
cause au procès intenté à l’étranger. Le défendeur est très souvent, celui qui a perdu le procès à
l’étranger.
b- L’exception : Parfois c’est la personne condamnée à l’étranger qui trouve intérêt à demander
l’exequatur du jugement au Maroc. (Ex : Une française qui a été condamnée au divorce en France,
peur demander exequatur eu Maroc, dans le but de s’y remarier).
c- Les applications : Il n’est pas nécessaire d’assigner en instance d’exequatur tous ceux qui
n’étaient partie du litige. On peut diriger l’action de l’exequatur contre un seul des défendeurs à
l’étranger. Mais, il est interdit de diriger l’action contre des personnes qui n’étaient pas partie au
procès initial, sauf s’il s’agit des ayants cause à titre universel.
3- La demande reconventionnelle d’exequatur : Après une longue hésitation, la jurisprudence a
assuré qu’il était possible de demander l’exequatur sous forme de demande reconventionnelle.
4- Les pièces à fournir à l’appui à la demande d’exequatur : (Voir l’article 431 du code de la
procédure civile)

C- L’EXEQUATUR EN PRATIQUE : Dans la pratique, le système d’exequatur connaît des


dysfonctionnements. A parts les problèmes de conflits de juridictions et de l’ordre public, il existe deux
autres obstacles majeurs :
1- le manque d’information de la part des autorités consulaires : Plusieurs requêtes ont été rejetés
en raison du défaut d’un document essentiel : le certificat du greffier du tribunal étranger compétent
constant qu’il n’existe contre cette décision aucune opposition, ni appel ni pourvoi en cassation.
Les attestations délivrées par les autorités consulaires dans ce sens ont toujours été rejetées –> Des
femmes déclarées divorcées en Hollande, en Belgique, en Allemagne, se sont retrouvées dans
l’impossibilité d’avoir ce statut au Maroc, à cause du défaut de ce document à leurs dossiers.
2- Les dysfonctionnements dans les services des tribunaux :
a- Sur la notion d’exequatur : Le 1er problème est celui de la conception qu’on certaines
juridictions marocaines de la famille, de la procédure même de l’exequatur. Pour elles, examiner
une demande d’exequatur ne signifie point de rejuger l’affaire entre les mêmes parties, pour les
mêmes motifs. Surtout que l’article 340 se borne à exiger deux choses : « La régularité du
procès » et que le juge doit vérifier qu’ « aucune stipulation de cette décision ne porte atteinte à
l’OP marocain ».
b- La longueur de la procédure : C’est aux services du greffe que l’on doit le ralentissement de
la procédure de l’exequatur, ils rallongent inutilement le délai nécessaire à l’exécution effective
de l’exequatur et font ainsi attendre des justiciables qui ne disposent justement pas de temps.

II- LES EFFETS DE L’EXEQUATUR : La décision étrangère vêtue de l’exequatur par les tribunaux
marocains, acquiert l’autorité de la chose jugée (A) et la force exécutoire (B).
A- L’AUTORITE DE LA CHOSE JUGEE : Le code de procédure civile marocain est muet sur ce sujet.
Pourtant, il est incontestable que le jugement revêtu de l’exequatur acquiert sur le territoire marocain,
l’autorité de la chose jugée, de sorte qu’il serait impossible de rejuger la même affaire entre les mêmes
parties au Maroc.
Qu’en est- il de la date exacte à laquelle le jugement étranger acquiert l’autorité de la chose jugée ?
Il paraît que c‘est la date à laquelle le jugement marocain de l’exequatur devient définitif : Le jugement
marocain est susceptible de toutes les voies de recours admises au Maroc.
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Selon la doctrine, les droits et obligations reconnus par ce jugement étranger à la partie bénéficiaire
commencent à courir à partir de la date du prononcé du jugement étranger, à l’étranger.
En France, c’est le contraire. En principe, le jugement d’exequatur ne produit pas un effet rétroactif,
en ces sens que l’autorité de la chose jugée à l’étranger ne remontera pas en France au-delà du jugement
français.
B- LA FORCE EXECUTOIRE : L’octroi de l’exécution est la finalité même de l’exequatur. La décision
marocaine de l’exequatur permet à la décision étrangère de produire les mêmes effets que si elle avait été
rendue par une juridiction marocaine. Le jugement marocain d’exequatur organise et ordonne l’exécution
conformément à la loi marocaine, c'est-à-dire aux voies d’exécution prévues par le code de la procédure
civile. (Ex : La contrainte par corps a été appliquée au Maroc, suite à l’exécution d’une décision
étrangère, pour une dette contractuelle, même si le droit étranger ignorait cette procédure et qu’elle était
contraire au Pacte des droits civils et politiques ratifié par le Maroc (CA de Fès le 17/05/1966).
C- LES EFFETS DU JUGEMENT ETRANGER INDEPENDANTS DE L’EXEQUATUR : La
doctrine et la jurisprudence, en France comme au Maroc, reconnaissent au jugement étranger, des effets
indépendamment de l’exequatur. D’après l’article 418. 2° : « Sont également authentiques : 2° les
jugements rendus par les tribunaux marocains et étrangers, en ce sens que ces derniers peuvent faire foi
des faits qu’ils constatent, même avant d’avoir été rendus exécutoires » → Le jugement étranger peut
donc servir de preuve en cas de besoin.
Il est également admis que les jugements d’état et de capacité produisent leurs effets dans exequatur, sauf
pour les opérations de saisie sur les biens ou de contrainte sur les personnes, auquel cas, l’exequatur est
nécessaire.
1- Le jugement étranger est un fait objectif incontournable : Le juge marocain doit prendre en
considération le jugement étranger, et ne peut en tout cas l’ignorer, puisqu’il produit quelques effets.
Ex : Une personne poursuivie pour polygamie, peut présenter le jugement étranger ayant prononcé
le premier divorce avant le deuxième mariage, pour exclure sa responsabilité pénale. Le jugement
étranger peut aussi constituer la preuve de l’interruption de la prescription.

2- La force probante du jugement étranger : Le jugement étranger est un moyen de preuves non
négligeable (art. 418. 2°).

D- LES EFFETS RESULTANT DE CERTAINS JUGEMENTS :


En France : Les jugements relatifs à l’état et à la capacité des personnes (le non, domicile, nationalité,
état matrimonial, filiation capacité …), sont dotés de l’autorité de la chose jugée, sans qu’ils soient
exequaturés (appuyé par la doctrine et la jurisprudence Françaises : Affaire BUKLEY).
Au Maroc : En l’absence d’une jurisprudence bien établie, on peut avancer qu’en absence d’exequatur,
les jugements relatifs à l’état et à la capacité des personnes, produisent des effets mais n’acquièrent pas
l’autorité de la chose jugée. Mais cela n’empêche, que ces jugements subissent un contrôle identique à
celui prévu de l’exequatur, sans toutefois être revêtus de la formule exécutoire.

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