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La matière objet du cours est celle des incriminations, des valeurs protégées par la loi pénale, des enjeux
de la politique criminelle liés aux processus d'incrimination ainsi que des principes que la création des
incriminations doit respecter.
Les connaissances de base en droit pénal général sont supposées être connues. Elles seront mobilisées
dans le cadre des exposés et de l'évaluation notamment; Les faits justificatifs - Les excuses légales et leurs
effets sur la peine - Les circonstances aggravantes - Les immunités - Application de la loi pénale -
Tentative criminelle - Participation criminelle.
Introduction
Définition du DPS
Distinction entre les sciences criminelles
Sources du droit pénal spécial
Séance 1
Introduction
Définitions du DPS
- Le droit pénal spécial est une branche du droit pénal qui s'intéresse aux faits incriminés par la loi, en les
définissants en indiquant leurs éléments spécifiques ainsi que les modalités de la répression.
- Étude qui consiste à aborder les spécificités de chaque infraction pénale tant dans ses éléments
constitutifs que dans sa sanction ou dans les modalités de la répression.
- Le DPS est la branche des sciences criminelles qui traite la spécificité de chacune des infractions
incriminées dans un ordre juridiquement donné.
- De ces définitions on peut déduire que le droit pénal spécial a pour objet l'étude analytique des diverses
infractions envisagées une à une dans leurs éléments particuliers et dans les modalités de leur répression.
- Il est difficile d'étudier le droit pénal spécial, sans maîtriser les notions de droit pénal général telles que
; La tentative, l'intention, le dol, l'élément matériel, l'élément moral, les excuses légales, les circonstances
aggravantes... Pareillement, on ne peut pas étudier le droit pénal général sans se référer aux infractions
elles-mêmes. Le DPG et le DPS sont donc complémentaires voire indissociables tout en s'opposant sur
leurs particularités.
- Contrairement au droit pénal général, le droit pénal spécial étudie distinctement les différentes
infractions prévues par la loi pénale, définit chacune d'elles de façon concrète et particulière.
Contrairement au droit pénal général qui a un caractère abstrait, on peut opposer le caractère concret et
casuistique du droit pénal spécial.
Le Maroc a ratifié la majorité des instruments internationaux des droits de l'Homme. Les instruments
spécifiques relatifs à la protection de la femme et de l'enfant, les conventions de lutte contre le crime
organisé, les conventions de lutte contre le terrorisme, la lutte contre blanchiment de capitaux, la traite
des êtres humains... Ces engagements internationaux ratifiés par le Maroc ont été à l'origine des réformes
qu'a connues le Maroc depuis 2003. Ce processus de réformes vise l'harmonisation du droit internet avec
le droit international. C'est principalement l'objet de la loi 2403 qui a modifié plusieurs dispositions du
code pénal et qui a pour objet de renforcer la protection de l'enfant et de la femme.
Avant 2011, les principes directeurs du droit pénal consacrés par la constitution étaient peu nombreux et
sans effets tangibles sur les dispositifs répressifs. La constitution de 2011 consacre le droit à la vie,
interdit la torture, les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre et de génocide. Elle condamne les
traitements inhumains ou dégradants et interdit les atteintes à l'intégrité morale ou physique des
citoyens. Les articles 21 et 25 même en cas d'atteinte à la sûreté de l'État ou de terrorisme, les traitements
inhumains ou dégradant ou attentatoires à la dignité humaine, la détention arbitraire ou secrète, la
disparition forcée...
Séance 2
Chapitre I : Le vol
Le vol est la première des infractions prévues par le code pénal au chapitre des crimes et des délits contre
les biens. Une section 1ere lui est consacrée.
Section 1 : Définition
Article 505 du Code pénal : Quiconque soustrait frauduleusement une chose appartenant à autrui est
coupable de vol et puni de l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 200 à 500 dirhams.
La chose ; Le vol ne peut avoir pour objet qu’une chose susceptible d’être soustraite ou
appropriée. Le terme chose désigne un objet concret susceptible d’appropriation. Il peut s’agir
d’argent, de véhicules, d'écrits... Quel qu’en soit sa nature, qu’il soit tangible ou non, incorporel
ou non (Eau, essence, gaz, électricité) Il s'agit donc de biens mobiliers, à l’exclusion des biens
immobiliers qu’il n’est matériellement pas possible de soustraire. En d'autres termes, tout objet
ayant une valeur matérielle ou moral peut faire objet de vol du moment qu'il y a une possibilité de
déplacer/soustraire/s'approprier cette chose.
Vol d'usage ; En principe la soustraction doit porter sur le bien meuble lui-même et non pas son
usage. Au Maroc, afin de mettre fin à toute ambigüité, le législateur a réprimé ce genre de vol dans
l’article 522 du code pénal. La poursuite n'a lieu que sur la plainte de la personne lésée, le retrait met
fin aux poursuites.
Propriété d'autrui ; L’acte de la soustraction n’est qualifié de vol si la propriété de l’objet est
prouvée. A condition qu’il s’agisse d’une propriété absolue. Autrement dit, si l’objet est sous
copropriété, le copropriétaire qui soustrait la chose acquise en copropriété est considéré auteur de
vol (Art. 524)
Chose n'appartenant pas à autrui ; Ne peuvent constituer le délit de vol, les biens qui n’ont pas encore
fait l’objet d’une appropriation tel que le gibier, les poissons... qui sont res nullius. Le bien devient la
chose d’autrui lorsque le chasseur ou le pêcheur l’ont pris.
Chose délaissée ; Il s’agit de biens ayant fait l’objet d’une appropriation, mais qui ont ensuite été
abandonnées volontairement (Ex. Les choses jetées à la poubelle sont délaissées) La prise de
possession de ces objets ne constitue pas de vol.
Chose perdue ; Se distingue de la chose abandonnée dans la mesure où son maître conserve la volonté
de se comporter en propriétaire même s’il est momentanément et involontairement privé de la
détention de la chose (Voir art. 527)
Section 3 : L'élément matériel du vol
La soustraction ; Au sens propre, soustraire c'est faire passer la possession d'un objet de la main
de son détenteur. Elle implique l'absence de consentement du propriétaire. Enlever/Retirer
quelque chose à quelqu'un contre son gré, ce qui implique, une contrainte pouvant aller jusqu'à la
violence ou un acte matériel commis à l'insu du détenteur, dans le bus d'entraîner un transfert de
possession.
Le mobile ; La cause impulsive et déterminante de l'acte criminel. Cette cause est variable
(Honorable, faim, cupidité...) En droit Marocain, le mobile n'influe pas sur l'existence de
l'infraction. Les mobiles servent souvent de base à l'attribution du bénéfice des circonstances
atténuantes.
Séance 3
Sanctions
- Le vol ordinaire est un délit correctionnel. Il est puni d'un emprisonnement d'un à cinq ans et d'une
amende de 200 à 500 dirhams.
- Le vol simple (Larcin) est un délit de police. Il est puni d'un emprisonnement d'un mois à deux ans et
d'une amende de 200 à 500 dirhams.
- Le vol commis avec une ou plusieurs circonstances aggravantes est qualifié de crime et est puni de 5 ans
à la réclusion perpétuelle. Les articles de 507 à 510 permettent la détermination de la sanction.
- Certains vols d’une infirme importante sont qualifiés de contraventions (Maraudage, cueillette et
consommation sur place de fruits d’autrui) La peine qui leur est prévue de 200 dirhams d’amende.
L'individualisation de la peine est un principe de droit pénal général qui permet une sentence atténuée
ou aggravée selon l'infraction, ses moyens, ses conditions, l'individu...
L'article 146 garantit l'appréciation des circonstances atténuantes au juge. Les articles 152 et 153 du
Code pénal expriment le régime des circonstances aggravantes. Les articles 511, 512, 513, 514, 515 et 516
définissent les concepts utilisés par le législateur pour aggraver la peine.
Article 548 du Code pénal : Ces immunités et restrictions à l'exercice de l'action publique édictées par
les articles 534 à 536 sont applicables au délit d'abus de confiance prévu à l'article 547.
Le législateur a fait bénéficier certaines personnes d'une immunité familiale. Il ne s'agit ni d'un fait
justificatif ni d'une excuse absolutoire mais d'une immunité d'un caractère spécial qui interdit
l'exercice de l'action publique et qui oblige le juge à déclarer la poursuite irrecevable. Ces soustractions
commises dans le cadre de la famille ne peuvent donner lieu qu'à des réparations civiles.
Séance 4
Article 547 du Code pénal : Quiconque de mauvaise foi détourne ou dissipe au préjudice des
propriétaires, possesseurs ou détenteurs, soit des effets, des deniers ou marchandises, soit des billets,
quittances, écrits de toute nature contenant ou opérant obligations ou décharges et qui lui avaient été
remis à la condition de les rendre ou d'en faire un usage ou un emploi déterminé, est coupable d'abus de
confiance et puni de l'emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de 200 à 2000 dirhams.
L’article 547 énumère l’objet de l’abus de confiance et précise que ces choses ont été remises et
acceptées à charge de les rendre, de les restituer, de les représenter ou d’en faire un usage déterminé.
Enfin qu’il s’agisse de détournement ou dissipation, le délit résulte de ce que l’agent se comporte en
maître de la chose et s’attribue vis-à-vis d’elle un pouvoir juridique qui ne lui appartient pas.
L’abus de confiance étant défini par la loi comme étant le fait de détourner au préjudice d’autrui donc il
faut qu’il y ait préjudice effectif. Toutefois, il n’est pas nécessaire que le détournement ait profité
personnellement au coupable.
Article 548 du Code pénal : Ces immunités et restrictions à l'exercice de l'action publique édictées par
les articles 534 à 536 sont applicables au délit d'abus de confiance prévu à l'article 547.
Exemples de circonstances aggravantes
Art. 549
- L'abus de confiance commis par un adel/séquestre/curateur/administrateur judiciaire à l'occasion de
leurs fonctions, par un administrateur/employé/gardien d'une fondation pieuse au préjudice de celle-ci ou
par un salarié/préposé au préjudice de son employeur/commettant. La peine est l'emprisonnement d'un à
cinq ans et l'amende de 120 à 5 000 dirhams.
- La circonstance aggravante est relative à la qualité de l'auteur de l'infraction.
Art. 550
Séance 5
Article 540 du Code pénal : « Quiconque, en vue de se procurer à un tiers, un profit pécuniaire illégitime,
induit astucieusement en erreur une personne par des affirmations fallacieuses, ou par la dissimulation
de faits vrais, ou exploite astucieusement l'erreur où se trouvait une personne et la détermine ainsi à des
actes préjudiciables à ses intérêts pécuniaires ou à ceux d'un tiers, est coupable d'escroquerie et puni de
l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 500 à 5 000 dirhams.
La peine d'emprisonnement est portée au double et le maximum de l'amende à 100 000 dirhams si le
coupable est une personne ayant fait appel au public en vue de l'émission d'actions, obligations, bons
parts ou titres quelconques, soit d'une société, soit d'une entreprise commerciale ou industrielle. »
Les moyens frauduleux ; Ces moyens peuvent être constitués par trois actes énumérés
limitativement par l'article 540 ; Les affirmations fallacieuses. La dissimulation de faits vrais. Le
fait d'exploiter astucieusement l'erreur où se trouvait une personne.
La remise de la chose
Article 541 du Code pénal : Les immunités et restrictions à l'exercice de l'action publique édictées par
les articles 534 à 536 sont applicables au délit d'escroquerie prévu au premier alinéa de l'article 540.
Circonstance aggravante
Art. 540
- La peine d'emprisonnement est portée au double et le maximum de l'amende à 100 000 dirhams si le
coupable est une personne ayant fait appel au public en vue de l'émission d'actions, obligations, bons
parts ou titres quelconques, soit d'une société, soit d'une entreprise commerciale ou industrielle.
Séance 6
Ces deux lois ont été introduites au Code pénal articles 574-1 à 574-7. Ce dispositif vient concrétiser les
engagements du Maroc sur le plan international à savoir la convention de Vienne de 1988 et la
convention de Palerme de 2000 relative à la lutte contre le crime organisé. En effet, le caractère
transnational complexe de l’infraction de blanchiment de capitaux implique une coopération
internationale entre les pays pour lutter contre le crime organisé, contre le terrorisme et son financement
et donc lutter contre le blanchiment de capitaux. C’est dans ce cadre que la plupart des pays dont le
Maroc, ont intégré cette infraction dans leur ordre interne afin d’incriminer cette infraction.
Circonstances aggravantes
Art. 574-4
- Les peines d'emprisonnement et les amendes sont portées au double ;
1. Lorsque les infractions sont commises en utilisant des facilités que procure l'exercice d'une
activité professionnelle.
2. Lorsque la personne se livre de façon habituelle aux opérations de blanchiment.
3. Lorsque les infractions sont commises en bande organisée.
4. En cas de récidive (Commission des faits dans les cinq ans suivant une décision ayant acquis la
force de la chose pour l'une des infractions prévues à l'article 574-1)
Peines complémentaires
Art. 574-5
- La dissolution de la personne morale.
- La publication, par tous moyens appropriés, des décisions de condamnation.
- L'interdiction temporaire ou définitive d'exercer, directement ou indirectement, une ou plusieurs
professions/activités/arts à l'occasion de l'exercice desquels l'infraction a été commise.
Séance 7
Partie II : Infractions diverses
Chapitre I : La corruption
Section 1 : Définition
Article 248 du Code pénal : "Est coupable de corruption et puni de l'emprisonnement de deux à cinq ans
et d'une amende de 2.000 à 50.000 dirhams quiconque sollicite ou agrée des offres ou promesses, sollicite
ou reçoit des dons, présents ou autres avantages, pour :
1° Etant magistrat, fonctionnaire public ou étant investi d'un mandat électif, accomplir ou s'abstenir
d'accomplir un acte de sa fonction, juste ou non, mais non sujet à rémunération ou un acte qui, bien
qu'en dehors de ses attributions personnelles, est, ou a pu être facilité par sa fonction;
2° Etant arbitre ou expert nommé soit par l'autorité administrative ou judiciaire, soit par les parties,
rendre une décision ou donner une opinion favorable ou défavorable;
3° Etant magistrat, assesseur-juré ou membre d'une juridiction, se décider soit en faveur, soit au
préjudice d'une partie;
4° Etant médecin, chirurgien, dentiste, sage-femme, certifier faussement ou dissimuler l'existence de
maladies ou d'infirmités ou un état de grossesse ou fournir des indications mensongères sur l'origine
d'une maladie ou infirmité ou la cause d'un décès.
Lorsque la somme est supérieure à 100.000 dirhams, la peine est de cinq ans à dix ans de réclusion et
5.000 à 100.000 dirhams d'amende."
La qualité du corrupteur ; Tous tiers (Personne physique ou morale) Ce sont eux qui, en
intervenant auprès d'une personne exerçant une fonction publique, font figure de corrupteur en
sollicitant l'accomplissement ou l'abstention d'un acte de la fonction ou facilité par elle. Ils
peuvent également, au lieu de prendre l'initiative, se contenter de céder aux sollicitations émanant
d'une personne chargée d'une fonction publique.
Le but des manœuvres corruptrices ; Le délit de corruption ne sera constitué que s'il existe un lien
de causalité entre les choses offertes ou agrées et les actes ou abstentions attendus. Ces manœuvres
corruptrices doivent avoir pour but précis d'accomplir ou de s'abstenir d'accomplir soit des actes
de la fonction, de la mission ou du mandat, soit des actes facilités par cette fonction, cette mission
ou ce mandat.