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Droit Pénal Spécial

Semestre 4 – Professeur Loubna El Ouazzani Chahdi

Plan

La matière objet du cours est celle des incriminations, des valeurs protégées par la loi pénale, des enjeux
de la politique criminelle liés aux processus d'incrimination ainsi que des principes que la création des
incriminations doit respecter.

Les connaissances de base en droit pénal général sont supposées être connues. Elles seront mobilisées
dans le cadre des exposés et de l'évaluation notamment; Les faits justificatifs - Les excuses légales et leurs
effets sur la peine - Les circonstances aggravantes - Les immunités - Application de la loi pénale -
Tentative criminelle - Participation criminelle.

Le cours analysera un certain nombre d'infractions spécifiques en mettant en évidence plusieurs


problématiques : Pourquoi incriminer (Les processus d'incrimination et de décriminalisation), Comment
incriminer...

Introduction
Définition du DPS
Distinction entre les sciences criminelles
Sources du droit pénal spécial

Partie I : Les infractions portant atteinte aux biens


Chapitre I : Le vol
Section 1 : Définition
Section 2 : Conditions préalables
Section 3 : Élément matériel
Section 4 : Élément moral
Section 5 : Régime répressif

Chapitre II : L'abus de confiance


Section 1 : Définition
Section 2 : Conditions préalables
Section 3 : Élément matériel
Section 4 : Élément moral
Section 5 : Régime répressif

Chapitre III : L'escroquerie


Section 1 : Définition
Section 2 : Conditions préalables
Section 3 : Élément matériel
Section 4 : Élément moral
Section 5 : Régime répressif
Chapitre IV : Le blanchiment de capitaux
Section 1 : Définition
Section 2 : Conditions préalables
Section 3 : Élément matériel
Section 4 : Élément moral
Section 5 : Régime répressif

Partie II : Infractions diverses


Chapitre I : La corruption
Section 1 : Définition
Section 2 : Conditions préalables
Section 3 : Élément matériel
Section 4 : Élément moral
Section 5 : Régime répressif

Séance 1

Introduction
Définitions du DPS
- Le droit pénal spécial est une branche du droit pénal qui s'intéresse aux faits incriminés par la loi, en les
définissants en indiquant leurs éléments spécifiques ainsi que les modalités de la répression.

- Étude qui consiste à aborder les spécificités de chaque infraction pénale tant dans ses éléments
constitutifs que dans sa sanction ou dans les modalités de la répression.

- Le DPS est la branche des sciences criminelles qui traite la spécificité de chacune des infractions
incriminées dans un ordre juridiquement donné.

- De ces définitions on peut déduire que le droit pénal spécial a pour objet l'étude analytique des diverses
infractions envisagées une à une dans leurs éléments particuliers et dans les modalités de leur répression.

Distinctions entre le droit pénal spécial et autres sciences criminelles


- Le droit pénal spécial appartient tout comme le droit pénal général, au droit pénal de fond par
opposition à la procédure pénale ou droit pénal de forme.

- Il est difficile d'étudier le droit pénal spécial, sans maîtriser les notions de droit pénal général telles que
; La tentative, l'intention, le dol, l'élément matériel, l'élément moral, les excuses légales, les circonstances
aggravantes... Pareillement, on ne peut pas étudier le droit pénal général sans se référer aux infractions
elles-mêmes. Le DPG et le DPS sont donc complémentaires voire indissociables tout en s'opposant sur
leurs particularités.

- Le DPG est un résultat du DPS.


- Le droit pénal général apparaît comme le droit des théories générales relatives aux conditions
d'existence de toute infraction et aux conditions de l'intervention de la sanction pénale attachée à celle-ci.
Il s'applique à toutes les infractions. Ce dernier a une vocation universelle dans la mesure où il prétend
couvrir l'ensemble des incriminations par des règles qui fixe le cadre général de la répression pénale.

- Contrairement au droit pénal général, le droit pénal spécial étudie distinctement les différentes
infractions prévues par la loi pénale, définit chacune d'elles de façon concrète et particulière.
Contrairement au droit pénal général qui a un caractère abstrait, on peut opposer le caractère concret et
casuistique du droit pénal spécial.

Sources du droit pénal spécial et évolution


La loi reste la seule source qui fournit l'incrimination et la sanction en vertu du principe de la légalité des
délits et des peines. Les lois en matière pénale sont davantage tributaires des engagements souscris
par l'État au plan interne et international.

Le Maroc a ratifié la majorité des instruments internationaux des droits de l'Homme. Les instruments
spécifiques relatifs à la protection de la femme et de l'enfant, les conventions de lutte contre le crime
organisé, les conventions de lutte contre le terrorisme, la lutte contre blanchiment de capitaux, la traite
des êtres humains... Ces engagements internationaux ratifiés par le Maroc ont été à l'origine des réformes
qu'a connues le Maroc depuis 2003. Ce processus de réformes vise l'harmonisation du droit internet avec
le droit international. C'est principalement l'objet de la loi 2403 qui a modifié plusieurs dispositions du
code pénal et qui a pour objet de renforcer la protection de l'enfant et de la femme.

D'autres modifications apportées au code pénal ;


- La loi 0703 promulguée par Dahir du 11 Novembre 2003 qui vient remplir le vide législatif qui existait
en matière de lutte contre un nouveau genre de criminalité relatif aux atteintes aux systèmes de
traitement automatisé des données.
- La loi 7903 portant suppression de la cour spéciale de justice.
- La loi 3800 complétant l'article 307 et qui vise la lutte contre la montée de la criminalité et agressions
contre les citoyens aux moyens d'armes blanches.
- La loi 4305 relative à la lutte anti-blanchiment.
- D'autres modifications ultérieures ont eu pour objet d'abroger certains articles très contestés
concernant l'avortement.

Avant 2011, les principes directeurs du droit pénal consacrés par la constitution étaient peu nombreux et
sans effets tangibles sur les dispositifs répressifs. La constitution de 2011 consacre le droit à la vie,
interdit la torture, les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre et de génocide. Elle condamne les
traitements inhumains ou dégradants et interdit les atteintes à l'intégrité morale ou physique des
citoyens. Les articles 21 et 25 même en cas d'atteinte à la sûreté de l'État ou de terrorisme, les traitements
inhumains ou dégradant ou attentatoires à la dignité humaine, la détention arbitraire ou secrète, la
disparition forcée...

Séance 2

Partie I : Les infractions portant atteinte aux biens


Les infractions contre les biens sont de deux catégories ; Les infractions dont l'élément matériel consiste à
détruire ou dégrader une chose (Incendie) Les infractions qui consistent non pas à s’attaquer à la
matérialité du bien mais à contester les droits juridiques qui s’exercent sur lui.

Chapitre I : Le vol
Le vol est la première des infractions prévues par le code pénal au chapitre des crimes et des délits contre
les biens. Une section 1ere lui est consacrée.

Section 1 : Définition
Article 505 du Code pénal : Quiconque soustrait frauduleusement une chose appartenant à autrui est
coupable de vol et puni de l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 200 à 500 dirhams.

Section 2 : Conditions préalables du vol


Certains éléments, objet de notre étude ne sont pas sur le même plan puisque certains préexistent à
l’infraction, il s'agit de la chose susceptible d'être volée et la propriété d'autrui. Ce sont les deux
conditions préalables qui doivent préexister à l’infraction.

 La chose ; Le vol ne peut avoir pour objet qu’une chose susceptible d’être soustraite ou
appropriée. Le terme chose désigne un objet concret susceptible d’appropriation. Il peut s’agir
d’argent, de véhicules, d'écrits... Quel qu’en soit sa nature, qu’il soit tangible ou non, incorporel
ou non (Eau, essence, gaz, électricité) Il s'agit donc de biens mobiliers, à l’exclusion des biens
immobiliers qu’il n’est matériellement pas possible de soustraire. En d'autres termes, tout objet
ayant une valeur matérielle ou moral peut faire objet de vol du moment qu'il y a une possibilité de
déplacer/soustraire/s'approprier cette chose.

Vol d'usage ; En principe la soustraction doit porter sur le bien meuble lui-même et non pas son
usage. Au Maroc, afin de mettre fin à toute ambigüité, le législateur a réprimé ce genre de vol dans
l’article 522 du code pénal. La poursuite n'a lieu que sur la plainte de la personne lésée, le retrait met
fin aux poursuites.

 Propriété d'autrui ; L’acte de la soustraction n’est qualifié de vol si la propriété de l’objet est
prouvée. A condition qu’il s’agisse d’une propriété absolue. Autrement dit, si l’objet est sous
copropriété, le copropriétaire qui soustrait la chose acquise en copropriété est considéré auteur de
vol (Art. 524)

Chose n'appartenant pas à autrui ; Ne peuvent constituer le délit de vol, les biens qui n’ont pas encore
fait l’objet d’une appropriation tel que le gibier, les poissons... qui sont res nullius. Le bien devient la
chose d’autrui lorsque le chasseur ou le pêcheur l’ont pris.

Chose délaissée ; Il s’agit de biens ayant fait l’objet d’une appropriation, mais qui ont ensuite été
abandonnées volontairement (Ex. Les choses jetées à la poubelle sont délaissées) La prise de
possession de ces objets ne constitue pas de vol.

Chose perdue ; Se distingue de la chose abandonnée dans la mesure où son maître conserve la volonté
de se comporter en propriétaire même s’il est momentanément et involontairement privé de la
détention de la chose (Voir art. 527)
Section 3 : L'élément matériel du vol
 La soustraction ; Au sens propre, soustraire c'est faire passer la possession d'un objet de la main
de son détenteur. Elle implique l'absence de consentement du propriétaire. Enlever/Retirer
quelque chose à quelqu'un contre son gré, ce qui implique, une contrainte pouvant aller jusqu'à la
violence ou un acte matériel commis à l'insu du détenteur, dans le bus d'entraîner un transfert de
possession.

Section 4 : L'élément moral


 Intention frauduleuse ; Le vol est une infraction intentionnelle. C'est une condition nécessaire de
l'existence du délit. La soustraction doit être frauduleuse. Autrement dit, l'auteur a conscience de
commettre une appréhension illicite, en se rendant maître de la chose contre le gré de son
propriétaire.

 Le mobile ; La cause impulsive et déterminante de l'acte criminel. Cette cause est variable
(Honorable, faim, cupidité...) En droit Marocain, le mobile n'influe pas sur l'existence de
l'infraction. Les mobiles servent souvent de base à l'attribution du bénéfice des circonstances
atténuantes.

Séance 3

Section 5 : Régime répressif


Le régime répressif c'est l'ensemble des facteurs qui influent sur la peine (Sanctions, circonstances
aggravantes, circonstances atténuantes, excuses légales...)

 Sanctions
- Le vol ordinaire est un délit correctionnel. Il est puni d'un emprisonnement d'un à cinq ans et d'une
amende de 200 à 500 dirhams.
- Le vol simple (Larcin) est un délit de police. Il est puni d'un emprisonnement d'un mois à deux ans et
d'une amende de 200 à 500 dirhams.
- Le vol commis avec une ou plusieurs circonstances aggravantes est qualifié de crime et est puni de 5 ans
à la réclusion perpétuelle. Les articles de 507 à 510 permettent la détermination de la sanction.
- Certains vols d’une infirme importante sont qualifiés de contraventions (Maraudage, cueillette et
consommation sur place de fruits d’autrui) La peine qui leur est prévue de 200 dirhams d’amende.

L'individualisation de la peine est un principe de droit pénal général qui permet une sentence atténuée
ou aggravée selon l'infraction, ses moyens, ses conditions, l'individu...

L'article 146 garantit l'appréciation des circonstances atténuantes au juge. Les articles 152 et 153 du
Code pénal expriment le régime des circonstances aggravantes. Les articles 511, 512, 513, 514, 515 et 516
définissent les concepts utilisés par le législateur pour aggraver la peine.

 Exemples d'immunité en matière de vol


- L'article 534 du code pénal fait bénéficier de cette immunité les époux, les ascendants aux préjudices de
leurs enfants ou autres descendants.
- L'article 535 vise les vols commis par des descendants au préjudice de leurs ascendants ou entre parents
ou alliés jusqu'au quatrième degré. Ils ne peuvent être poursuivis que sur plainte de la personne lésée et
le retrait de la plainte met fin à la poursuite sauf si une condamnation irrévocable a déjà été prononcée.

Article 548 du Code pénal : Ces immunités et restrictions à l'exercice de l'action publique édictées par
les articles 534 à 536 sont applicables au délit d'abus de confiance prévu à l'article 547.

 Exemples de circonstances aggravantes


Art. 507
- Le vol commis avec usage d'arme ou de véhicule motorisé. Punis par la réclusion perpétuelle.
- Les circonstances aggravantes sont relatives aux moyens de l'infraction.
Art. 508
- Le vol commis sur les chemins publics ou des véhicules de transport des voyageurs, qualifié de crime et
punis de la réclusion de vingt à trente ans.
- La circonstance aggravante est relative au lieu de l'infraction.
Art. 509
- Le vol commis la nuit/avec violences ou menaces de celles-ci/avec effraction/impliquant deux ou
plusieurs personnes... Le législateur prévoit la peine de la réclusion de dix à vingt ans pour les vols
incluant au moins deux des circonstances aggravantes citées.
- Les circonstances aggravantes sont relatives au moment de l'infraction et/ou les conditions de
commission de l'infraction.
Art. 517, 518, 519, 520, 521, 527...
- Visent des vols spécifiques.
- La circonstance aggravante est relative à la nature de la chose objet du vol.

Le législateur a fait bénéficier certaines personnes d'une immunité familiale. Il ne s'agit ni d'un fait
justificatif ni d'une excuse absolutoire mais d'une immunité d'un caractère spécial qui interdit
l'exercice de l'action publique et qui oblige le juge à déclarer la poursuite irrecevable. Ces soustractions
commises dans le cadre de la famille ne peuvent donner lieu qu'à des réparations civiles.

Séance 4

Chapitre II : L'abus de confiance


Section 1 : Définition
Commettre un abus de confiance consiste à abuser d'une situation préalablement constituée au terme de
laquelle une chose a été remise volontairement à l'auteur à charge de la représenter/restituer... Pour la
chose d'autrui, la détention est fondée, il n'y a donc ni soustraction ni fraude. Celui-ci en avait la
détention à titre précaire et auquel une mission particulière était confiée n'a pas rempli celle-ci et a
profité de la confiance qui lui a été faite pour donner à la chose une destination qui n'était pas voulu par
le propriétaire. C'est le cœur même de l'expression "Abus de confiance"

Article 547 du Code pénal : Quiconque de mauvaise foi détourne ou dissipe au préjudice des
propriétaires, possesseurs ou détenteurs, soit des effets, des deniers ou marchandises, soit des billets,
quittances, écrits de toute nature contenant ou opérant obligations ou décharges et qui lui avaient été
remis à la condition de les rendre ou d'en faire un usage ou un emploi déterminé, est coupable d'abus de
confiance et puni de l'emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de 200 à 2000 dirhams.

Section 2 : Conditions préalables


A la différence du vol, la remise du bien est licite. Cette remise est volontaire et constitue la condition
préalable de l'abus de confiance. L'idée prédominante qui est ici est celle d'un changement frauduleux de
destination de la chose que le législateur appelle détournement ou dissipation.

L’article 547 énumère l’objet de l’abus de confiance et précise que ces choses ont été remises et
acceptées à charge de les rendre, de les restituer, de les représenter ou d’en faire un usage déterminé.

Section 3 : Élément matériel


Pour l’abus de confiance, c’est le détournement ou la dissipation.
- Dissiper peut être détruire, détériorer, vendre la chose, donner ou abandonner.
- Détourner, c’est donner à la chose une destination qui n’était pas celle prévue.

Enfin qu’il s’agisse de détournement ou dissipation, le délit résulte de ce que l’agent se comporte en
maître de la chose et s’attribue vis-à-vis d’elle un pouvoir juridique qui ne lui appartient pas.

L’abus de confiance étant défini par la loi comme étant le fait de détourner au préjudice d’autrui donc il
faut qu’il y ait préjudice effectif. Toutefois, il n’est pas nécessaire que le détournement ait profité
personnellement au coupable.

Section 4 : Élément moral


La personne qui commet cette infraction doit avoir agi intentionnellement et avoir conscience de
commettre un délit. Concrètement, l’intention suppose la connaissance par l’intéressé de la précarité de
sa possession et de la prévisibilité du résultat dommageable sur le véritable propriétaire du bien, par son
comportement constitutif d’abus.

Section 5 : Régime répressif


 Sanctions
Art. 547
- La première sanction prévue pour l'abus de confiance est l'emprisonnement de six mois à trois ans et
d'une amende de 120 à 2000 dirhams.
- Si le préjudice subi est de faible valeur, la sanction est l'emprisonnement d'un mois à deux ans et
l'amende de 120 à 250 dirhams.
- La tentative n’est pas punissable en raison de l’absence de toute disposition.

 Exemples d'immunité en matière d'abus de confiance


- L'article 534 du code pénal fait bénéficier de cette immunité les époux, les ascendants aux préjudices de
leurs enfants ou autres descendants.
- L'article 535 vise les abus de confiance commis par des descendants au préjudice de leurs ascendants ou
entre parents ou alliés jusqu'au quatrième degré. Ils ne peuvent être poursuivis que sur plainte de la
personne lésée et le retrait de la plainte met fin à la poursuite sauf si une condamnation irrévocable a
déjà été prononcée.

Article 548 du Code pénal : Ces immunités et restrictions à l'exercice de l'action publique édictées par
les articles 534 à 536 sont applicables au délit d'abus de confiance prévu à l'article 547.
 Exemples de circonstances aggravantes
Art. 549
- L'abus de confiance commis par un adel/séquestre/curateur/administrateur judiciaire à l'occasion de
leurs fonctions, par un administrateur/employé/gardien d'une fondation pieuse au préjudice de celle-ci ou
par un salarié/préposé au préjudice de son employeur/commettant. La peine est l'emprisonnement d'un à
cinq ans et l'amende de 120 à 5 000 dirhams.
- La circonstance aggravante est relative à la qualité de l'auteur de l'infraction.
Art. 550

Séance 5

Chapitre III : L'escroquerie


Section 1 : Définition
L’escroquerie constitue un délit original c'est aussi une appropriation frauduleuse mais sans emploi de
violence. Elle est souvent qualifiée de délinquance astucieuse. L’escroquerie diffère du vol dans la mesure
où pour celui-ci, c’est la notion de la soustraction qui est importante. Alors qu'en matière d’escroquerie
c’est la notion de tromperie qui est prédominante.

Article 540 du Code pénal : « Quiconque, en vue de se procurer à un tiers, un profit pécuniaire illégitime,
induit astucieusement en erreur une personne par des affirmations fallacieuses, ou par la dissimulation
de faits vrais, ou exploite astucieusement l'erreur où se trouvait une personne et la détermine ainsi à des
actes préjudiciables à ses intérêts pécuniaires ou à ceux d'un tiers, est coupable d'escroquerie et puni de
l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 500 à 5 000 dirhams.
La peine d'emprisonnement est portée au double et le maximum de l'amende à 100 000 dirhams si le
coupable est une personne ayant fait appel au public en vue de l'émission d'actions, obligations, bons
parts ou titres quelconques, soit d'une société, soit d'une entreprise commerciale ou industrielle. »

Section 2 : Conditions préalables


 Le bien susceptible d'être escroqué

Section 3 : Élément matériel


 La tromperie ; L'article 540 donne des exemples de celle-ci tels qu'induire astucieusement une
personne par des mensonges.

 Les moyens frauduleux ; Ces moyens peuvent être constitués par trois actes énumérés
limitativement par l'article 540 ; Les affirmations fallacieuses. La dissimulation de faits vrais. Le
fait d'exploiter astucieusement l'erreur où se trouvait une personne.

 La remise de la chose

 L'existence d'un préjudice

Section 4 : Élément moral


C'est l'intention frauduleuse ; La conscience de réaliser un acte frauduleux selon la loi et la connaissance
du caractère illicite des moyens utilisés.

Section 5 : Régime répressif


 Sanctions
Art. 540/542
- La première sanction prévue pour l'escroquerie est l'emprisonnement d'un à cinq ans et une amende de
500 à 5 000 dirhams.

 Exemples d'immunité en matière d'escroquerie


- L'article 534 du code pénal fait bénéficier de cette immunité les époux, les ascendants aux préjudices de
leurs enfants ou autres descendants.
- L'article 535 vise les escroqueries commises par des descendants au préjudice de leurs ascendants ou
entre parents ou alliés jusqu'au quatrième degré. Ils ne peuvent être poursuivis que sur plainte de la
personne lésée et le retrait de la plainte met fin à la poursuite sauf si une condamnation irrévocable a
déjà été prononcée.

Article 541 du Code pénal : Les immunités et restrictions à l'exercice de l'action publique édictées par
les articles 534 à 536 sont applicables au délit d'escroquerie prévu au premier alinéa de l'article 540.

 Circonstance aggravante
Art. 540
- La peine d'emprisonnement est portée au double et le maximum de l'amende à 100 000 dirhams si le
coupable est une personne ayant fait appel au public en vue de l'émission d'actions, obligations, bons
parts ou titres quelconques, soit d'une société, soit d'une entreprise commerciale ou industrielle.

Séance 6

Chapitre IV : Blanchiment de capitaux


Section 1 : Définition
Le dispositif de lutte anti blanchiment s’est construit en deux étapes ; La loi 43-05 promulguée par dahir
n°1-07-79 du 17 Avril 2007 et publiée au bulletin officiel n°5522 du 3 Mai 2007 relative à la lutte contre le
blanchiment d’argent. Et en 2011, une autre loi n°13-10 promulguée par dahir n°1-11-02 le 20 Janvier
2011.

Ces deux lois ont été introduites au Code pénal articles 574-1 à 574-7. Ce dispositif vient concrétiser les
engagements du Maroc sur le plan international à savoir la convention de Vienne de 1988 et la
convention de Palerme de 2000 relative à la lutte contre le crime organisé. En effet, le caractère
transnational complexe de l’infraction de blanchiment de capitaux implique une coopération
internationale entre les pays pour lutter contre le crime organisé, contre le terrorisme et son financement
et donc lutter contre le blanchiment de capitaux. C’est dans ce cadre que la plupart des pays dont le
Maroc, ont intégré cette infraction dans leur ordre interne afin d’incriminer cette infraction.

Le dispositif anti-blanchiment a mis en place deux régimes ;


Un régime préventif : Qui préconise des mesures de vigilance, de veille, et des procédures imposées à des
organismes et des professions juridiques réglementées (Les personnes assujetties) afin de lutter, de
prévenir, et détecter, de déclarer et de dénoncer aussi des opérations de blanchiment de capitaux.
Un régime répressif : D’incriminations et de sanctions applicables à l’infraction.

Section 2 : Conditions préalables


L’infraction de blanchiment étant une infraction de conséquence qui consiste de détenir, de dissimuler,
d’acquérir… Pour que l’infraction de blanchiment existe, le législateur a énuméré dans l’article 574-2
une liste d’infractions donnant lieu au blanchiment de capitaux. Autrement dit, il faut qu’il y’ait une
infraction déjà consommée (Ex. Trafic de stupéfiants, trafic d’être humain, abus de confiance,
escroquerie...) et dont le produit sera blanchi.

Section 3 : Élément matériel


Il peut revêtir plusieurs formes et c’est pour cette raison que le législateur a énuméré la majorité des
opérations de blanchiment de capitaux dans l’article 574-1.

Section 4 : Élément moral


C'est une action commise intentionnellement et en connaissance de cause.

Section 5 : Régime répressif


 Sanctions
Art. 574-3
- La peine principale prévue pour le blanchiment de capitaux est prévu par l'article en distinguant les
personnes physiques (Qui sont passible d’un emprisonnement de 2 à 5 ans et d’une amende de 20 000 à
100 000 dirhams) des personnes morales (Qui sont passibles d’une amende 500 000 à 3 000 000 dirhams)
- La tentative de blanchiment de capitaux est punissable.

 Circonstances aggravantes
Art. 574-4
- Les peines d'emprisonnement et les amendes sont portées au double ;
1. Lorsque les infractions sont commises en utilisant des facilités que procure l'exercice d'une
activité professionnelle.
2. Lorsque la personne se livre de façon habituelle aux opérations de blanchiment.
3. Lorsque les infractions sont commises en bande organisée.
4. En cas de récidive (Commission des faits dans les cinq ans suivant une décision ayant acquis la
force de la chose pour l'une des infractions prévues à l'article 574-1)

 Peines complémentaires
Art. 574-5
- La dissolution de la personne morale.
- La publication, par tous moyens appropriés, des décisions de condamnation.
- L'interdiction temporaire ou définitive d'exercer, directement ou indirectement, une ou plusieurs
professions/activités/arts à l'occasion de l'exercice desquels l'infraction a été commise.

Séance 7
Partie II : Infractions diverses
Chapitre I : La corruption
Section 1 : Définition
Article 248 du Code pénal : "Est coupable de corruption et puni de l'emprisonnement de deux à cinq ans
et d'une amende de 2.000 à 50.000 dirhams quiconque sollicite ou agrée des offres ou promesses, sollicite
ou reçoit des dons, présents ou autres avantages, pour :
1° Etant magistrat, fonctionnaire public ou étant investi d'un mandat électif, accomplir ou s'abstenir
d'accomplir un acte de sa fonction, juste ou non, mais non sujet à rémunération ou un acte qui, bien
qu'en dehors de ses attributions personnelles, est, ou a pu être facilité par sa fonction;
2° Etant arbitre ou expert nommé soit par l'autorité administrative ou judiciaire, soit par les parties,
rendre une décision ou donner une opinion favorable ou défavorable;
3° Etant magistrat, assesseur-juré ou membre d'une juridiction, se décider soit en faveur, soit au
préjudice d'une partie;
4° Etant médecin, chirurgien, dentiste, sage-femme, certifier faussement ou dissimuler l'existence de
maladies ou d'infirmités ou un état de grossesse ou fournir des indications mensongères sur l'origine
d'une maladie ou infirmité ou la cause d'un décès.
Lorsque la somme est supérieure à 100.000 dirhams, la peine est de cinq ans à dix ans de réclusion et
5.000 à 100.000 dirhams d'amende."

Section 2 : Conditions préalables


 La qualité du corrompu ; Les personnes susceptibles de se rendre coupables des infractions de
corruption passive que celles en direction desquelles sont dirigées les agissements de corruption
active commis par des particuliers doivent présenter la qualité de "personnes exerçant une
fonction publique". Il en existe trois catégories :
1. Les personnes dépositaires de l'autorité publique.
2. Les personnes chargées d'une mission de service public.
3. Les personnes investies d'un mandat électif.

 La qualité du corrupteur ; Tous tiers (Personne physique ou morale) Ce sont eux qui, en
intervenant auprès d'une personne exerçant une fonction publique, font figure de corrupteur en
sollicitant l'accomplissement ou l'abstention d'un acte de la fonction ou facilité par elle. Ils
peuvent également, au lieu de prendre l'initiative, se contenter de céder aux sollicitations émanant
d'une personne chargée d'une fonction publique.

Section 3 : Élément matériel


 L'activité matérielle délictueuse ;
1. La nature des actes corrupteurs. Le fait de "solliciter ou d'agréer" des avantages.
Solliciter ou proposer c'est formuler une demande ou une offre d'avantages, directement
ou par personne interposée, selon que le corrompu ou le corrupteur prend l'initiative de la
démarche. Agréer ou céder c'est accepter l'offre ou la sollicitation émise, selon la
circonstance, par le corrompu ou le corrupteur. Cet accord qui scelle une rencontre de
volonté entre deux protagonistes est souvent désigné sous le nom, très imagé, de pacte de
corruption.
2. La proposition du corrupteur. "les offres, promesses, dons, présents ou avantages
quelconques". Cette énumération très large englobe des avantages directs (Biens en
nature, sommes d'argent, octroi d'un prêt ou ouverture d'une ligne de crédit, exécution
d'un travail gratuit, ristourne…) ou des avantages indirects (Acquittement d'une dette,
embauche d'un proche…) parfois obtenus grâce à l'intervention d'un tiers. De bonne foi,
ce tiers échappe à toute sanction, de mauvaise foi, il pourra être poursuivi en tant que
coauteur ou complice.
3. Disparition de l'exigence de l'antériorité du pacte corrupteur. Le mécanisme de la
corruption est toujours identique, il comporte la conclusion d'un pacte entre le corrupteur
et le corrompu, pacte qui porte sur les moyens de la corruption acceptés ou offerts par le
corrupteur et sur la contrepartie qui en est attendue du corrompu. Jusqu'à fort
récemment, les délits de corruption active et passive supposaient l'antériorité de l'offre ou
du don par rapport à l'acte ou à l'abstention sollicitée. L'infraction est désormais
caractérisée même si l'agent a déjà accompli un acte qu'il ne s'agit plus que de
récompenser. Cependant il est toujours nécessaire d'établir l'existence de ce pacte, cet
accord de volonté.

 Le but des manœuvres corruptrices ; Le délit de corruption ne sera constitué que s'il existe un lien
de causalité entre les choses offertes ou agrées et les actes ou abstentions attendus. Ces manœuvres
corruptrices doivent avoir pour but précis d'accomplir ou de s'abstenir d'accomplir soit des actes
de la fonction, de la mission ou du mandat, soit des actes facilités par cette fonction, cette mission
ou ce mandat.

Section 4 : Élément moral


La corruption est une infraction institutionnelle. Elle requiert la démonstration d'un dol spécial, au-delà
du dol général, consistant en la recherche d'un but déterminé à savoir soit provoquer l'accomplissement
ou le non-accomplissement par l'agent public d'un acte de sa fonction (Pour le corrupteur), soit accepter
d'accomplir ou de ne pas accomplir un acte de sa fonction (Pour le corrompu).

Section 5 : Régime répressif


 Sanctions ;
Art. 248
- La corruption est punie de l'emprisonnement de deux à cinq ans et une amende de 2 000 à 50 000
dirhams.
- Elle est punie de cinq ans à dix ans de réclusion et 5 000 à 100 000 dirhams d’amende, lorsque la somme est
supérieure à 100 000 dirhams.
Art. 249
- La corruption est punie d'emprisonnement d'un à trois ans et d'une amende de 5 000 à 50 000 dirhams lorsqu'elle
est commise par un employé ou préposé salarié ou rémunéré sous une forme quelconque sans le consentement de
son patron.

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