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Faculté des sciences juridiques économiques et sociales

Université Hassan 2. Casablanca

Droit international privé : S6 droit français

Eléments de corrigé du cas pratique de révision

(Cours de Mme MONJID)

La compétence internationale des juridictions marocaines

QUESTION DE DROIT : La question de la compétence internationale des


juridictions marocaines se pose dans ce cas pratique étant donné que le litige est
international et il implique des personnes privées.

MAJEURE : Le principe est que les règles ordinaires de compétence


d’attribution et territoriale prévues en droit interne dans le Code de procédure
civile sont censées applicables aux litiges présentant des éléments d’extranéité.
Les règles internes sont donc transposées au niveau international. Les tribunaux
marocains sont compétents sur le plan international dès lors que l’élément de
rattachement utilisé par une règle de compétence territoriale interne est réalisé
au Maroc.
 Il existe des règles générales prévues par l’article 27 du CPC qui
prévoient que la compétence territoriale appartient au tribunal du
domicile réel ou élu du défendeur ». Aussi, la compétence des tribunaux
marocains est établie si le défendeur n’ayant pas son domicile au Maroc y

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possède toutefois une résidence (art.27 al. 2). La résidence est le lieu où la
personne se trouve effectivement à un moment déterminé (art.520 CPC).
En cas de pluralités de défendeurs, le demandeur peut saisir à son choix le
tribunal du domicile ou de la résidence de l’un d’eux. Il suffit qu’un seul
d’entre eux soit domicilié au Maroc pour que les autres puissent être
attraits devant le juge marocain (art.27 al. 4).
 La compétence des tribunaux marocains est encore plus élargie même si
le défendeur n’a ni domicile ni résidence au Maroc. En effet, dans ce cas
l’article 27 al. 3 permet d’établir la compétence du tribunal marocain si le
demandeur y a son domicile ou sa résidence.
Par dérogation aux règles générales, l’article 28 prévoit d’autres règles de
compétence dans quelques matières spécifiques. (Donner quelques exemples à
titre d’illustration).

MINEURE : En l’occurrence, il s’agit de la matière commerciale notamment


une vente commerciale prévue par l’article 28. Dans ce cas précis, le demandeur
peut, à son choix, porter son action, soit devant le tribunal du domicile du
défendeur, soit devant celui dans le ressort duquel l’exécution devait être
effectuée.

SOLUTION : En l’espèce, le domicile de M. GANDI étant en Inde, M. Ali peut


saisir le juge marocain puisque la livraison a été prévue au Maroc (à Fès).

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La loi applicable au litige

QUESTION DE DROIT :
Lorsqu’un rapport de droit intéresse plusieurs Etats ou plusieurs territoires où
s’appliquent des règles juridiques différentes la question se pose de savoir quel
sera le droit applicable à la situation litigieuse.

MAJEURE :
La question de la loi applicable doit être résolue par le recours à la « méthode de
conflit de lois ». Le domaine d’application du conflit de lois est vaste car il
couvre tous les rapports de droit privé.
Il y a lieu à un conflit de lois lorsque quelques conditions sont réunies :
- Plusieurs ordres juridiques doivent être impliqués : le litige doit être
international,
- Plusieurs ordres juridiques doivent être en mesure d’apporter des
solutions au litige international,
- La relation litigieuse doit impliquer des personnes privées.
En présence d’un litige international, le juge doit appliquer une règle de conflit
pour déterminer la loi applicable (la méthode conflictuelle). Mais en réalité,
avant l’application d’une règle de conflit, le juge doit procéder par étapes. Dans
un premier temps il faut procéder à l’opération de qualification : il faut qualifier
la situation litigieuse c'est-à-dire classer la question de droit posée dans l’une des
catégories du DIP. La qualification selon la loi du for : Elle consiste à qualifier
selon les conceptions de la loi du juge saisi. C’est donc au regard des catégories
de droit interne que va s’opérer la qualification. On va ainsi utiliser les grandes
catégories retenues par le droit interne marocain (statut personnel, statut réel,
actes juridiques, délits..) et on va tenter de qualifier la situation litigieuse au
regard de ces éléments. Le rattachement est la deuxième étape du règlement du
conflit de lois. Il consiste à rattacher le problème de droit à un ordre juridique

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donné. Les critères de rattachement varient selon la nature du rapport de droit
envisagé :
Rattachement fondé sur le sujet du rapport de Droit : la nationalité et le
domicile (statut personnel).
Rattachement fondé sur l’objet du rapport de Droit : lieu de situation du
bien (statut réel).
Rattachement fondé sur la source du rapport de Droit : La source du rapport
de Droit est retenue particulièrement en matière d’obligations. La source
contractuelle ou extracontractuelle de la situation juridique détermine la loi
applicable qui sera respectivement celle du lieu de conclusion du contrat ou la
lex loci.

L’identification de la loi applicable : Dans tout rapport de droit ou situation


juridique, les éléments de rattachement peuvent se ramener aux catégories
suivantes :
- La personne : il y a deux moyens de la rattacher à un système juridique :
la nationalité et le domicile.
- La chose : c’est l’élément qui se localise le plus aisément au lieu de sa
situation matérielle (immeuble) ou juridique (port d’attache du navire).
- L’événement : Actes juridiques ou faits juridiques. Pour les faits
juridiques : lieu du fait dommageable, loi locale qui est la loi du lieu où ils
surviennent. Pour les actes juridiques : la loi d’autonomie.
Conformément à l’article 13 du DCCE, on distingue deux hypothèses : soit les
parties ont désigné la loi applicable à leur contrat soit cette désignation n’a pas
été faite.
 Le droit international privé consacre le principe fondamental de
l’autonomie de la volonté en matière contractuelle (art.13 du DCCE).
Autrement dit, les parties sont libres de choisir la loi applicable à leurs
relations en désignant la loi qui leur convient le plus qu’elle ait ou non

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un lien avec le contrat. Ce principe permet de donner une souplesse
certaine aux relations contractuelles internationales. La volonté des
parties devient ainsi le facteur de rattachement de la règle de conflit.
 En l’absence de choix par les parties de la loi applicable,
conformément à l’article 13 du DCCE le contrat sera régi par la loi du
domicile commun des parties. A défaut de domicile commun, le contrat
sera régi par leur loi nationale. A défaut de domicile commun et de
nationalité commune, c’est la loi du lieu où le contrat est conclu qui sera
applicable (locus regit actum).

MINEURE : En l’espèce, (La qualification retenue) la demande du plaideur


Ali concerne la non-conformité des tapis reçus à ceux commandés. Elle rentre
bien dans la catégorie des actes juridiques. Par conséquent, le rattachement sera
fondé sur la source du rapport de droit puisque le conflit concerne la matière des
obligations et des actes juridiques. Enfin, concernant la désignation de la loi
applicable : s’agissant d’un contrat, l’article 13 du DCCE est applicable. Les
parties n’ont pas choisi au préalable une loi applicable à leur litige. Elles n’ont
pas en l’espèce un domicile commun ni une nationalité commune (M. Gandi est
indien, M. Ali est marocain). Par conséquent, la loi applicable à leur litige sera
la loi du lieu de la conclusion du contrat.

SOLUTION : La loi marocaine est applicable à ce litige car c’est la loi du lieu
de la conclusion du contrat.

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