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DROIT INTERNATIONAL PRIVE

GROUPE GENIE JURIDIQUE

TROISIEME ANNEE DE DROIT PRIVE

LES QUESTIONS D’EXAMEN DU PROFESSEUR

1- LES PARTIES PEUVENT-ELLES ECARTER D’UN COMMUN


ACCORD LA REGLE DE CONFLIT DE LOIS NORMALEMENT
COMPETENTE ?

Cet accord des parties est appelé ≪ accord procédural ≫ quant à l’application
au litige d’une loi déterminée. Dans un 1er arrêt (Civ.1, 19.04.1988, ROHO) la
Cour de cassation a décidé que les parties peuvent, en vertu d’un accord exprès
et pour les droits dont elles ont la libre disposition, demander l’application d’une
loi différente de celle désignée par la règle de conflit de lois.
Les parties au litige : la victime plaidait en France pour obtenir réparation sur le
fondement de la loi de 1985 sur les accidents de la circulation. Or, la règle de
conflit de lois désignait la loi de Djibouti. En l’espèce, le conducteur ne
s’opposait pas à la loi française. Une des compagnies d’assurance a fait un
pourvoi rejeté par la Cour de cassation au motif que pour les
Droits dont elles ont la libre disposition les parties peuvent demander
l’application de la loi française alors même que la règle de conflit de lois
désigne une loi étrangère. Ici, il n’y avait pas de convention mais les parties
s’étaient entendues sur la loi de 1985. Cette solution a été réaffirmée dans l’arrêt
Ste Hanover International (Civ, 06.05.1997). La Cour a admis la possibilité d’un
accord tacite pouvant résulter des conclusions concordantes des parties.

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Samuel K. EVLUI 92 86 09 40 / 79 81 71 23 TROISIEME ANNEE DE DROIT PRIVE – Semestre V
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2- L’OPERATION DE QUALIFICATION :
L’opération de qualification est l’étape fondamentale de mise en œuvre de la
règle de conflit de lois car elle constitue une transition entre la connaissance
théorique des règles de conflits de lois et leur application pratique aux faits du
litige.
Cette qualification comporte des difficultés communes (I) et particulières (II).

I- Les difficultés communes à toutes les opérations de qualification :


La qualification revient en DIP à s’interroger sur la nature juridique dominante
d’une question de droit et à l’intégrer en raison de cette dominante dans la
catégorie de rattachement correspondante.
L’opération de qualification n’est pas toujours aussi simple : certaines questions
de droit peuvent être atypiques, inhabituelles. Le problème de la qualification
sera plus aigu, en particulier, la difficulté de qualification est d’autant plus
grande que l’on s’éloigne du centre d’une catégorie de rattachement et que l’on
se rapproche de la frontière de différentes catégories de rattachement. Il y a 3
catégories de rattachement : Le fond des actes juridiques ; Les effets du
mariage ; Les successions.
Il existe un conflit de qualification lorsque le système du for et un autre système
avec lequel la situation a des rattachements qualifient différemment la question
de droit : il faut déterminer selon la loi de quel système juridique on appréhende
la question.
Ex. : l’affaire du mariage du Grec Orthodoxe (Arrêt Civ.1,22.06.1955,
CARASLANIS).
Un Grec Orthodoxe se marie civilement à Paris, peu après, son épouse,
française, demande le divorce devant les tribunaux français. M. Caraslanis
réplique en demandant reconventionnellement la nullité du mariage au motif que
le droit grec ne reconnait que le mariage religieux.

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Question : le mariage est-il valide car célèbre seulement civilement et non


religieusement ? (si nul, pas besoin de divorce).
Pour le droit français, cette question est une question qui relevé de la catégorie
de rattachement ≪ forme du mariage ≫, régie par la loi du lieu de célébration
du mariage qui en l’occurrence est la loi française.
Pour le droit grec, il est question du fond du mariage. La célébration religieuse
du mariage est une condition de fond quant à la validité du mariage et doit être
rattachée à la catégorie du statut personnel qui implique l’application de la loi
nationale du mari qui est la loi grecque.
La solution retenue a été que la qualification doit se faire selon la loi du for : ≪
lege fori ≫.
Les règles de conflit de lois sont nationales, le juge français doit appliquer la
règle de conflit de lois française. Lorsque cette règle de conflits de loi française
lui dicte d’appliquer la loi du lieu de célébration du mariage aux questions de
forme du mariage, il ne peut déterminer ce que sont ces effets que par rapport à
la LEX FORI.
Il convient de noter que le conflit de qualification n’existe que lorsque la
qualification commande la détermination de la loi applicable et non pas
lorsqu’elle intervient dans l’application de la loi étrangère désignée par la règle
de conflit de lois.

II- La difficulté de qualification de l’institution étrangère :


Le juge français doit qualifier une situation fondée sur une institution juridique
étrangère qui n’a absolument aucun équivalent en droit français. L’affaire de la
succession du maltais dite affaire BARTHOLO, (Civ.1, Alger, 24.12.1889)
permet de comprendre les difficultés relatives à la qualification lorsque des
institutions étrangères sont en cause.

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Un couple de maltais s’est marié à Malte où il a établi son premier domicile


matrimonial. Le mari émigre en Algérie où il décède. Il y avait acquis un certain
nombre d’immeubles. Sa femme prétendait exercer sur ces immeubles le droit
de la carte du conjoint pauvre c'est-à-dire la possibilité d’avoir un droit
d’usufruit sur le quart des biens de l’autre conjoint, droit que ne connait pas le
droit français. A l’époque, en France, le conjoint n’héritait pas du conjoint
défunt. Le problème ici était de qualifier le droit de cette carte du conjoint
pauvre car inexistant en droit français. Dans ce cas, deux hypothèses sont
envisageables :
Dans la première, on prend en considération la règle du régime matrimonial.
Dans ce cas, c’est la loi du premier domicile conjugal qui s’appliquerait, c'est-à-
dire la loi maltaise.
Dans la seconde hypothèse, on décide de faire prévaloir la règle du droit
successoral qui postule que c’est la loi du lieu de situation de l’immeuble qui
doit être appliquée, en d’autres termes, loi française. Il convient sur ce dernier
point de rappeler qu’à l’époque, l’Algérie était une colonie française.
On constate qu’en fonction de l’hypothèse adoptée, on n’aboutit pas au même
résultat.
Dans le cas précité, la Cour d’appel d’Alger énonce que ≪ dans le droit maltais,
cette carte du conjoint est considérée comme une conséquence du mariage, donc
comme un élément du régime matrimonial, et non pas comme une règle de droit
successoral ≫ et permet ainsi à Mme
Bartholo de bénéficier de la carte de conjoint.
Le résultat est tout autre dans l’affaire STROGANOFF (TGI, Seine,
12.01.1966).
Dans cette affaire, M. Stroganoff est un ancien lieutenant de l’armée russe
contraint d’émigrer en France pendant la révolution Bolchevique. Il laisse en
Russie une grande collection de tableaux classes au rang de ≪ Majorat ≫ une
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institution qui considère que les meubles deviennent indissociables de


l’immeuble qui les contient. M. S meurt en France. Nait une dispute entre
héritiers quant à la destination de la succession et la loi applicable.
Certains héritiers affirment que ≪ les tableaux sont des meubles, par conséquent
soumis à la loi du dernier domicile du défunt≫ c'est-à-dire à la loi française.
D’autres soutiennent que ≪ le majorat a transformé les tableaux en immeubles
les soumettant à la loi du lieu de situation de l’immeuble ≫ c'est-à-dire à loi
russe.
Pour le Tribunal de grande instance, dans la décision précitée, c’est à la loi
française qu’il y a lieu de recourir pour déterminer si les objets sont des biens
meubles ou immeubles et en déduire la loi qui régit leur dévolution (Car) il n’est
pas possible de qualifier les biens successoraux selon la loi de leur situation sous
peine de donner compétence a cette loi alors qu’il s’agit de déterminer laquelle
est compétente.
Pour cette juridiction, il en résultait que la loi russe affectant les objets d’art
garnissant le
Palais Stroganoff a un majorat perpétuel pouvait certes être prise en compte lors
de la phase d’analyse précédant le classement dans les catégories du for mais
qu’à supposer même que les caractères de cette affectation permettent
d’assimiler les objets litigieux a des immeubles, cette qualification ne pouvait
être retenue en l’espèce, car, abrogée en 1918, la législation tsariste n’étant plus
en vigueur lors de l’ouverture de la succession.
Certes, la France n’avait pas encore à l’époque reconnue le régime soviétique.
Pour le
Tribunal, le défaut de reconnaissance d’un gouvernement étranger ne permet pas
au juge français de méconnaitre les dispositions qui émanent de celui – ci des
lors qu’il exerce un pouvoir effectif sur son territoire.

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En conséquence, en application de la loi française, le Tribunal a décidé que la loi


française était applicable. Ce jugement a été confirmé par la Cour d’appel et la
Cour suprême.

3- LE JUGE DOIT-IL D’OFFICE APPLIQUER LA REGLE DE


CONFLIT DE LOIS ?

Il y a lieu de distinguer selon que les parties invoquent l’existence de la loi


étrangère ou non.

Dans la première hypothèse, lorsqu’une des parties (voire les deux) invoque
l’application d’une loi étrangère. Alors le juge doit, de façon contradictoire a
l’égard des parties, vérifié si, en application de la règle de conflit de lois du for,
cette loi étrangère est ou non, la loi compétente.
Dans la seconde hypothèse, lorsqu’il existe des éléments d’extranéité, mais
qu’aucune des parties n’invoque l’application d’une règle de conflit étrangère
(volontairement ou non), la
Jurisprudence a été hésitante.

I- Les solutions de la jurisprudence : arrêt BISBAL :


Faits : les époux Bisbal, espagnoles, habitaient en France. Ils ont demandé le
divorce au juge français (En 1959 : la règle n’existait pas). La loi applicable était
celle de la nationalité commune des époux. La loi espagnole prohibait le
divorce. Les époux Bisbal, devant le tribunal français, ont fondé leur prétention
sur la seule loi française en demandant un divorce aux torts partages. Le
Tribunal d’instance a applique la loi française et prononce le divorce.

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Le procureur a fait un recours dans l’intérêt de la loi, et la CA a reforme le


jugement au motif que le tribunal aurait dû appliquer la loi espagnole compte-
tenu de la règle de conflit des lois.
Les époux se sont pourvus en cassation. L’arrêt d’appel a été casse au motif que
« l’autorité de la règle de conflit de lois doit varier selon qu’est désignée comme
compétente la loi française ou la loi étrangère ». Lorsque la règle de conflit de
lois désignait la loi française, elle avait un caractère d’ordre public de sorte que
le juge devait l’appliquer d’office. Lorsqu’ une loi étrangère était désignée
(affaire BISBAL), le juge était libre d’appliquer d’office ou non la règle de
conflit de lois qui n’avait pas un caractère d’ordre public.
MOTULSKY a vivement critique la solution retenue en estimant que « la règle
de conflit de lois est une règle de droit qui appartient à l’ordre juridique du juge
saisi, et à ce titre, elle s’impose comme toute autre règle de droit au juge ». La
distinction entre règle impérative et règle supplétive n’a pour lui pas
d’importance pour le juge, car toutes les règles s’imposent à lui, a l’inverse des
parties.
La jurisprudence BISBAL pouvait amener les parties à aller voir un juge plutôt
qu’un autre en raison de la faveur d’un juge pour l’application ou non d’une loi.

II- L’abandon de la jurisprudence BISBAL :


La Cour de cassation, sensible aux critiques doctrinales va reformer sa
jurisprudence par l’arrêt Civ.1, 11.10.1988 dans l’arrêt Mlle REBOUH.
Mlle R. cherchait à faire une action en recherche de paternité naturelle, action
rejetée en application de la loi française. Elle était algérienne ( cf a. 311-14 CC),
c’est la loi nationale de la mère au moment de la naissance de l’enfant qui est
applicable, c'est-à-dire, la loi algérienne. La haute juridiction casse l’arrêt
d’appel au motif que la Cour d’appel n’avait pas recherche d’office quelle suite
devait être donnée à l’action en application de la loi algérienne qui est la loi

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personnelle de la mère. Elle oblige ainsi le juge a relever d’office le conflit de


loi même s’il désigne une loi étrangère. (Civ.1, 18.10.1988, Mme SCHULE :
confirme l’arrêt Mlle REBOUH). Les juges du fond ont opposé une résistance
sur l’application systématique des règles de conflit de lois, amenant la Cour de
cassation a revenir partiellement sur sa jurisprudence.
Par les arrêts Ste COVECO, (Civ.1, 04.12.1990), et MASSON,
(Civ.1,10.12.1990), la Cour de cassation a décidé que le juge n’était pas tenu de
soulever d’office l’application de la règle de conflit de lois dans deux cas
déterminés :
 Lorsque la matière litigieuse est une matière dans laquelle les parties ont
la libre disposition de leurs droits, c'est-0-dire, lorsque les droits sur
lesquels les conventions des parties peuvent avoir une influence.
- Lorsque la règle de conflit de lois est issue d’une convention.
Cette position de la Cour de cassation n’est pas exempte de critiques. Dans
deux arrêts de la 1ere Chambre civile de la C.cass rendus le 26 mai 1999, Civ.1,
26.05.1999, Ste Mutuelle du Mans et Civ.1, 26.05.1999, ELKHBIZI (ou
BELAID), la Cour de cassation considère que le seul critère à prendre en compte
pour l’efficacité du juge est la disponibilité ou non-disponibilité de la matière
litigieuse.
Lorsque les parties ont la libre disposition de leurs droits dans la matière
litigieuse le juge n’est pas tenu de soulever d’office l’application de la règle de
conflit de lois.
Lorsqu’elles n’ont pas la libre disposition de leurs droits, le juge doit soulever
d’office l’application de la règle de conflit de lois.
A titre de rappel, les matières dans lesquelles les droits sont indisponibles sont
celles ou les manifestations de la volonté des personnes privées sont totalement
dépourvues d’effet ou n’ont d’effet que si elles sont approuvées par une autorité

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juridique. La solution dominante en définitive est de retenir la qualification


d’après la loi du for, c'est-adire, du juge saisi.

4- LES CRITERES DE RECONNAISSANCE DES LOIS DE POLICE :


Le critère formaliste : le législateur a pris soin d’exprimer que la règle de droit
était une loi de police qui doit s’appliquer impérativement aux relations
internationales, c’est le critère le plus simple.
Le critère finaliste : c’est un critère utilise lorsque le critère formaliste ne
fonctionne pas.
Le juge du for va considérer que telle règle de droit est une loi de police, parce
qu’elle vise un objectif précis en relation avec le territoire du for.

5- LE REGIME DES LOIS DE POLICE


Le juge du for doit-il aussi appliquer les lois de police étrangères ?

Le juge du for a l’obligation d’appliquer prioritairement les lois de police du for


car elles lui sont impératives. Ces lois de police neutralisent le mécanisme du
conflit de loi. Le juge du for, lorsqu’il constate l’existence d’une loi de police du
for, n’a plus à rechercher la règle de conflit de loi applicable.

Toutefois, pour les lois de police étrangères, il existe un vaste débat doctrinal.
Pour le courant oppose, on a pendant longtemps fait valoir que les lois de police
étrangères seraient des lois de droit public donc non applicables. Le juge du for
n’aurait pas à protéger les intérêts fondamentaux des Etats étrangers.

Pour le courant favorable, les lois de police traduisent la défense d’intérêts


fondamentaux de l’Etat. Au regard de la coopération internationale, cette
défense sera d’autant plus efficace si les juges étrangers y coopèrent aussi. Cet

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argument est lié au principe de réciprocité. Si l’Etat du for souhaite que ses
intérêts soient respectés à l’international, il doit avoir une politique de
réciprocité pour être crédible.

6- LES CONFLITS DE NATIONALITE

Chaque Etat ayant le pouvoir exclusif d’octroyer sa nationalité, il en résulte


qu’un individu peut avoir plusieurs nationalités (I), ou n’en avoir aucune (II).

I- Le cumul de nationalité
Sur le principe, il est fréquent qu’un individu ait plus d’une nationalité. La
nationalité acquise de par son Etat de naissance ou encore par sa filiation. En
plus de cette nationalité, il peut en avoir une autre, soit par une naturalisation
après mariage, ou encore, par un acte de souveraineté lorsqu’il remplit les
conditions de l’Etat qui octroie la nationalité. Ex. des sportifs et des athlètes.
Le concours de nationalités a souvent été à l’origine de litiges, notamment en ce
qui concerne la loi applicable dans certaines situations de fait. Il ressort de
l’appréciation de la jurisprudence que deux séries d’hypothèses sont prévues
pour régler les conflits de lois et de
Juridiction ainsi soulevées par le problème du cumul de nationalités.
1. En cas de conflit de nationalités étrangères
La doctrine sur ce point est controversée : certains auteurs, voyant dans le conflit
de nationalité une question de droit font prévaloir tantôt la nationalité de leur
idéal, tantôt la nationalité du for.
Par contre, d’autres font prévaloir la volonté de l’individu en cause ou tiennent
compte de
L’ordre chronologique dans lequel les nationalités ont été attribuées, ou du
domicile.

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La Convention de la Haye de 1930, suivie par la Cour de justice de la Haye


retient la notion de nationalité effective et ou active en application de l’article 5
de ladite convention qui dispose que « Dans un Etat tiers, l’individu possédant
plusieurs nationalités devra être traité comme s’il n’en avait qu’une ; cet Etat
pourra, sur son territoire, reconnaître exclusivement parmi les nationalités que
possède tel individu, soit la nationalité du pays dans lequel il a sa résidence
habituelle, principale, soit la nationalité de celui auquel il apparaît d’après les
circonstances, comme se rattachant le plus en fait »
Cette position est en fait celle adoptée par la doctrine10 et la jurisprudence11
dominantes. Cette solution comporte une part de pragmatisme qui laisse a
l’appréciation souveraine des juges du fond les éléments à retenir pour trancher
la question de la nationalité à prendre en considération. Ces éléments sont divers
: le domicile, la langue couramment parlée, le passeport détenu par l’individu,
ses principaux centres d’intérêts personnels et professionnels notamment sont
apprécies.

II- Le conflit entre la nationalité de l’Etat et une nationalité


étrangère.

Sans qu’une telle solution fasse l’unanimité, il ressort de la jurisprudence et de


la doctrine dominante que dans l’hypothèse ou la nationalité de l’Etat entre en
conflit avec une nationalité étrangère, la loi du ≪ for ≫ prévaut.
En effet, certains auteurs penchent pour une attitude plus pragmatique, les
critères de détermination de la nationalité étant fonction soit des problèmes
poses au juge soit des résultats recherches. Ils sont confortés en ce sens par des
décisions de la haute juridiction française qui paraissent s’éloigner de celles
privilégiant la loi du for.

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7- L’APATRIDE
La situation de l’apatride est souvent la conséquence d’une perte de la
nationalité, d’une déchéance. Dans des circonstances exceptionnelles, l’individu
peut n’avoir, a sa naissance, aucune nationalité.
La situation de l’apatride n’a pas laissé la communauté internationale
indifférente. Ainsi, des conventions existent, qui régissent la situation de ce
dernier au plan international. A la convention de la Haye précitée, il convient
d’ajouter celle de New York du 28 septembre 1954. La convention de Genève
sur le statut des refugies du 28 juillet 1951 comporte également des dispositions
relatives aux apatrides.
Par ailleurs, des dispositions de droit interne de certains pays permettent d’éviter
cette situation. Par exemple, il ressort de la loi française sur la nationalité que
toute personne née sur le sol français de parents inconnus est de droit, de
nationalité française. De même, la perte de la nationalité française est
conditionnée par l’acquisition d’une nationalité étrangère.
Relativement à la loi applicable aux apatrides en cas de conflit de lois, la
doctrine et la jurisprudence dominante optent pour la prévalence de la loi du
domicile ou de résidence de ce dernier.

8- LA PERTE DE LA NATIONALITE
La perte de la nationalité peut intervenir à l’initiative de l’Etat (I) ou de
l’individu dans des circonstances particulières (II).

I- A l'initiative de l'Etat
La perte automatique de la nationalité est habituellement liée à l'acquisition
volontaire d'une autre nationalité, mais elle peut aussi se produire quand une
personne vit à l'étranger et n'a plus de contact avec son pays d'origine.

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La nationalité peut aussi être perdue par révocation. Elle intervient dans cette
hypothèse dans les cas suivants : acquisition de la nationalité à la suite d'une
conduite frauduleuse, par fausse information ou par dissimulation d'un fait
pertinent ; engagement volontaire dans des forces militaires étrangères ;
comportement portant un préjudice grave aux intérêts essentiels de l'Etat. Elle
peut aussi intervenir lorsqu'il est établi, pendant la minorité d'un enfant, que les
conditions ayant entrainé l'acquisition de plein droit de la nationalité ne sont plus
remplies ou encore lorsque, par l'adoption, un enfant acquiert la nationalité
étrangère de l'un ou de ses deux parents adoptifs

II- A l’initiative de l’individu


La plupart des pays permettent à leurs ressortissants de renoncer à leur
nationalité à condition que cela ne les rende pas apatrides. Les Etats parties
peuvent également stipuler dans leur législation interne que la renonciation peut
uniquement concerner les ressortissants résidant habituellement à l'étranger.
En outre s'ajoutant à ces conditions, certains pays exigent que le postulant ne
soit pas sous le coup de poursuites pénales, et que la renonciation ne porte pas
atteinte aux intérêts de l'Etat, ou encore que cette personne n'ait plus
d'obligations légales envers les autorités nationales, ni d'impôts impayés.
L’essentiel en définitive, est que les conditions dans lesquelles intervient la perte
de la nationalité ne révèlent pas un abus caractérise en contradiction avec les
dispositions conventionnelles internationales dont il ressort comme principe
directeur que le droit à la nationalité est un droit fondamental.

9- LA NOTION DE LOI DE POLICE :


Les lois de police et de sûreté obligent tous ceux qui habitent le territoire. Même
si la relation est internationale, les lois de police et de sureté s’appliquent à tous

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ceux qui habitent sur le territoire du for : le droit français ne supporte pas
l’intervention d’une loi étrangère dans ces hypothèses.
L’auteur, FRANCESCAKIS, a défini les lois de police comme des règles de
droit dont l’observation sur le plan international est voulue par un Etat afin de
sauvegarder son organisation politique, sociale ou économique. Les lois de
police révèlent l’existence de politiques législatives tellement importantes
qu’elles ne souffrent aucune remise en cause sur le territoire national : elles sont
internationalement impératives pour un Etat.

BONNE CHANCE A TOUS

AVEC DIEU TOUT EST POSSIBLE

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