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Sarita Kudumula cobaye malgré elle

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les membres du jury, si je prends la parole devant
vous aujourd hui c‘est pour accuser l‘expérimentation médicale. Comme des millions de Français, je
consomme des médicaments mais j‘gnorais jusque-là que certains de ces remèdes qui soignent nos maux
ont pu, avant d arriver dans nos pharmacies, être testés sur des individus vulnérables dont les droits
fondamentaux ont été violés.
Ainsi, parce que dans les pays riches, cela est devenu cher et compliqué, plus de la moitié des essais
cliniques mondiaux sont délocalisés vers des pays émergents moins regardants et soucieux de l éthique et
de la protection des personnes qui prêtent leur corps à la recherche. Il faut pourtant l‘admettre, aucun
progrès médical n‘aurait pu être accompli s‘il n‘avait été testé un jour sur l‘homme, Sur qui pouvons-nous
prendre le risque de tester des médicaments dont nous ignorons tous les effets? Rien ne laissait présager
que Sarita Kudumula, une jeune fille en bonne santé scolarisée dans une école pour filles, deviendrait un
matin du mois de janvier 2010 un sujet de recherche biomédicale, plus précisément dans la région reculée d
Andhra Pradesh en Inde , que le laboratoire instigateur a élu domicile, le temps de son expérimentation que
les parents de Sarita apprennent que leur fille avait été enrôlée dans une étude médicale par son directeur d
école .Une première autopsie a suggéré que Sarita s était suicidée, une conclusion que ses parents ont
toujours refusé d accepter. Une enquête ultérieure menée par le gouvernement fédéral indien a finalement
écarté la thèse du suicide sans pour autant imputer la mort des adolescentes à ces vaccinations
Quelles que soient les causes scientifiques exactes de la mort de Sarita, une chose est néanmoins certaine :
c est que ni son père, ni sa mère n ont été informés que leur enfant prenait part à une expérimentation
médicale au sein même de son école. C est du moins ce que proclame l article 7 du Pacte international
relatif aux droits civils et politiques au terme duquel «il est interdit de soumettre une personne sans son
libre consentement à une expérience médicale ou scientifique», la Déclaration d Helsinki dispose que «si l
objectif premier de la recherche médicale est de générer de nouvelles connaissances, cet objectif ne doit
jamais prévaloir sur les droits et les intérêts des personnes qui y sont impliquées». En dépit de toutes ces
garanties, une enfant a été en véritable cobaye dont je dénonce aujourd hui la mort prématurée. Ce petit
rongeur élevé pour être un animal de laboratoire, désigne par extension un sujet d expérience scientifique.
Pourquoi cette école qui aurait dû être la clé de son émancipation et d un avenir meilleur a finalement été le
théâtre d une expérimentation médicale macabre ?
les expérimentations médicales contraintes menées sur des enfants vulnérables constituent des
traitements inhumains et dégradants et une atteinte à la dignité humaine .
L‘union européenne a récemment interdit l‘expérimentation des produits cosmétiques sur les
animaux, mais qu‘en est-il des cobayes humains du tiers monde? Ceux-là ne méritent-ils pas toute notre
attention? Ces êtres humains : hommes, femmes, enfants, qui risquent leur santé et leur vie pour le progrès
de la médecine
Naima Haoulia

Maitre Haoulia , avocat à Marseille , intervient pour tous contentieux liés , notamment , au droit de la santé , au
droit du travail ou au droit de la famille

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