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Synthèse de textes

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TEXTE 1

Assez de caricatures sur l’expérimentation animale

Libération — 1 décembre 2017

A coup de techniques de communication très contestables (vidéos volées, puis assemblées, propos
coupés et déformés, slogans diffamatoires), certains groupuscules, déguisés en lanceurs d’alerte,
remettent en cause les bases de la biologie avec un aplomb sidérant. Plus grave encore, ils bénéficient
d’une écoute et de relais sans commune mesure avec ceux offerts aux scientifiques. A les écouter, les
grands organismes de recherche recruteraient des chercheurs à bac + 15 pour qu’ils s’adonnent à de la
vivisection, comme le faisait Claude Bernard au XIXe siècle.
Il existerait, selon ces nouveaux prophètes, d’extraordinaires méthodes alternatives à
l’expérimentation animale qui répondraient à toutes les questions touchant au vivant : de l’étude de la
vision aux maladies cardio-vasculaires en passant par la biologie du développement, le
fonctionnement du cerveau, les essais vaccinaux ou l’origine des mécanismes tumoraux. Les modèles
animaux ne serviraient à rien, si ce n’est à assouvir les pulsions mortifères de chercheurs sadiques. Ils
ne produiraient même que des données trompeuses. Assez de ces caricatures !
Comment en sommes-nous arrivés là ? La communauté scientifique porte sa part de responsabilité.
En refusant pendant longtemps de communiquer, elle a laissé le champ libre à ces affabulations. Tous
les sondages relatifs à l’expérimentation animale révèlent une méconnaissance importante des
Français sur l’encadrement réglementaire très strict et le recours aux différentes espèces animales
utilisées. Pour près d’un tiers des personnes interrogées, il n’y aurait aucune réglementation, alors
même que l’utilisation des animaux à des fins scientifiques est sans aucun doute un des secteurs les
plus réglementés et les plus contrôlés. La directive européenne 2010/63, transposée en droit français le
1er février 2013, fixe même pour objectif final le remplacement total des procédures appliquées sur les
animaux.
Sait-on qu’il est interdit, depuis 1986, d’utiliser un modèle animal s’il existe un modèle alternatif ?
Et obligatoire, depuis 2013, de justifier le modèle utilisé auprès d’un comité d’éthique ainsi que le
nombre d’animaux utilisés, dans le respect permanent de la règle des «3 R» («remplacer, réduire,
raffiner») ? Que les projets utilisant des animaux doivent être autorisés par le ministère chargé de la
Recherche ? Qu’il existe des structures de bien-être animal dans chaque établissement ? Que tous les
personnels de la recherche doivent suivre des formations relatives à l’éthique, à la règle des 3 R et au
bien-être animal ?
La recherche en 2017 n’a pas grand-chose à voir avec celle menée jusque dans les années 80. Les
pratiques ont évolué, allant de pair avec l’évolution des connaissances et de la place de l’animal dans
la société et notamment la meilleure compréhension de sa sensibilité (les animaux sont considérés
comme des êtres sensibles depuis 1976 dans le code rural), avec un tournant depuis la transposition de

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la directive européenne 2010/63. D’un champ d’application encore limité, le remplacement total de
procédures appliquées sur des animaux par des méthodes in vitro existe d’ores et déjà. Voilà plus de
vingt ans qu’un modèle de peau artificielle a été développé pour tester l’innocuité d’une substance sur
la peau. Mais son usage est limité : cette même peau artificielle, n’ayant ni vaisseaux sanguins, ni
nerfs, ni vaisseaux lymphatiques, ni poils ne pourra, en aucune manière, être utilisée pour comprendre
les mécanismes physiopathologiques d’une maladie auto-immune de l’épiderme ou d’un processus
tumoral de la peau.
L’expérimentation animale n’est pas une discipline en soi, elle est un maillon encore indispensable
d’une longue chaîne de méthodes expérimentales permettant de comprendre, soigner et guérir. Pour
comprendre le fonctionnement du cerveau, des neuroscientifiques ont recours à des cultures
cellulaires, des tissus sur lame, des modèles informatiques mais aussiau modèle animal le mieux
adapté à leur questionnement, qui peut être une mouche drosophile, un ver, un poisson ou une souris.
Certaines études seront faites sur des personnes. Chaque étape isolée apporte une contribution
limitée si elle n’est pas mise en perspective avec les autres. Chaque méthode apporte des informations
indispensables que les autres ne peuvent fournir. La liste est longue des découvertes et progrès
médicaux que nous devons aux modèles animaux (récompensés par 79 prix Nobel de médecine). Les
préoccupations de nos concitoyens sur le bien-être animal et la justification des animaux utilisés en
recherche sont légitimes. Il apparaît urgent de privilégier les échanges entre communauté scientifique,
associations de malades et grand public. Encourageons la transparence sur les pratiques réelles et non
fantasmées et couper court à ces campagnes diffamatoires insultantes envers les acteurs de la
recherche et qui désinforment les citoyens.

Parmi les signataires : Jules Hoffmann Prix Nobel de médecine (2011),


Margaret Buckingham Médaille d’or du CNRS, professeure à l’Institut Pasteur, membre de l’Académie des
Sciences, Philippe Sansonetti Professeur à l’Institut Pasteur, et au Collège de France, membre de l’Académie des
Sciences, André-Laurent Parodi Président honoraire de l’Académie nationale de médecine et de l’Académie vétérinaire de
France, Pascal Barbry CNRS, président du Conseil scientifique de vaincre la mucoviscidose, Thierry Philip Président de
l’Institut Curie, José-Alain Sahel Directeur de l’Institut de la vision, membre de l’Académie des
Sciences, Alexis Brice Directeur de l’Institut du cerveau et de la moelle, Angela Sirigu CNRS, directrice de l’Institut des
sciences cognitives, Eric Vivier Directeur du Centre d’immunologie de Marseille-Luminy, Jean-Philippe Pin Directeur de
l’Institut de génomique fonctionnelle de Montpellier, Pierre-Olivier Couraud Président du Conseil scientifique de l’Inserm,
directeur de l’Institut Cochin, Jean-Paul Borg Directeur du Centre de recherche en cancérologie de
Marseille, Claude Leclerc Professeur à l’Institut Pasteur, directeur d’unité à l’Institut Pasteur -
Inserm, Daniel Choquet CNRS, directeur de l’Institut interdisciplinaire de neurosciences, membre de l’Académie des
Sciences, Guillaume Masson CNRS, directeur de l’Institut de neurosciences de la Timone, Claire Gavériaux-
Ruff Professeure d’université, Philippe Hantraye CNRS, Stéphane NoselliCNRS, directeur de l’Institut de
biologie, Thierry Galli Inserm, directeur de l’Institut neurosciences et psychiatrie, Alfonso Repressa, Inserm, directeur de
l’Institut de neurobiologie de la Méditerranée, Gilles Blancho Néphrologie et Immunologie clinique.

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TEXTE 2
Expérimentation animale : pour plus de transparence… et plus de contraintes
Par André Ménache, Vétérinaire et conseiller scientifique de l’association Antidote Europe. —
Libération, 7 décembre 2017
Le grand public soutient la recherche sur les animaux à condition qu’elle apporte des avancées
réelles pour la santé humaine. Mais il est clair que la majorité des citoyens, n’ayant pas de
formation scientifique, fait confiance aux chercheurs quand ils affirment que l’expérimentation
animale demeure incontournable. Cependant, la société du XXIe siècle mérite une plus grande
transparence, la recherche biomédicale publique étant largement subventionnée par les
contribuables.
L’utilisation de modèles animaux constitue le paradigme actuel de la recherche biomédicale. Il est
donc évident que si la quasi-totalité des chercheurs (y compris les lauréats du prix Nobel) se focalisent
sur des animaux plutôt que sur les données humaines, les avancées biomédicales seront attribuées aux
expériences sur des animaux, même si la découverte aurait pu se faire sur du matériel humain
(exemples : l’ADN humain, la radiographie, le cathétérisme cardiaque).
Le public n’est pas dupe mais il est peu informé. Que dirait-il en ayant connaissance des faits
suivants: l’organisme de l’Union européenne (le Centre européen pour la validation des méthodes
alternatives, ou Ecvam) chargé d’évaluer de nouvelles méthodes pour remplacer l’expérimentation
animale fonctionne avec un budget dérisoire, ne lui permettant de valider que deux nouvelles
méthodes par an. Par ailleurs, le délai lié au processus de validation a comme conséquence que la
nouvelle méthode s’avère dépassée par d’autres technologies avant même d’avoir été mise en œuvre.
Dans les cas où il existe bien une méthode dite «alternative», la directive 2010/63/UE relative à
l’utilisation des animaux à des fins scientifiques n’impose pas l’utilisation de ces méthodes.
Citons l’article 4 de cette directive : «Les Etats membres veillent, dans toute la mesure du possible,
à ce que soit utilisée, au lieu d’une procédure, une méthode ou une stratégie d’expérimentation
scientifiquement satisfaisante, n’impliquant pas l’utilisation d’animaux vivants» ; et ensuite la charte
nationale portant sur l’éthique de l’expérimentation animale stipule dans son article 5 : «Les méthodes
et techniques visant à supprimer ou à réduire au strict minimum les atteintes aux animaux doivent être
systématiquement recherchées. Le développement et la promotion de ces méthodes et techniques
doivent être largement favorisés.»
Il s’agit là plus d’une recommandation que d’une obligation. Il n’existe, par ailleurs, aucune
sanction, ni aucun dispositif administratif, pour obliger les chercheurs à appliquer une méthode
alternative validée, donc disponible. Ayant siégé dans plusieurs comités d’éthique, je constate un
manque flagrant de représentants du grand public ainsi que de représentants des associations de
protection animale. Même si ces personnes n’ont pas forcément de formation scientifique, elles
peuvent se référer ponctuellement à des experts indépendants extérieurs. Cette formule contribuerait à
une meilleure transparence.
Enfin, si les 400 signataires de l’article publié le 1er décembre sont honnêtes en se réclamant de la
transparence, je les invite à soutenir la création d’une commission d’enquête parlementaire. Le but de
cette enquête serait de rassembler des experts scientifiques des deux côtés pour débattre de ce sujet de
façon approfondie. Les conclusions de cette enquête devraient aboutir à des recommandations pour
faire évoluer les lois qui exigent encore la pratique d’essais sur des animaux

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