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Jean-Pierre Famose
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SOMMAIRE
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L'ACQUISITION DES HABILETES MOTRICES
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Jean-Pierre Famose
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L’objectif de ce cours est d'examiner brièvement les idées essentielles qui émergent de la recherche
scientifique actuelle concernant l'acquisition des habiletés motrices. Nous nous attacherons, dans un premier
temps, à l'analyse du concept d’acquisition, concept large qui intègre dans une conception systémique les
processus d’apprentissage, de motivation, de volition et d’émotions ainsi que leurs interactions.
Nous consacrerons ensuite un large développement à l’analyse de l'habileté motrice afin de déterminer
ce qui est appris au cours du processus d'apprentissage. Nous nous efforcerons de montrer que lorsqu’on
acquiert une habileté motrice, on n'apprend pas un mouvement mais une solution motrice et que l'apprentissage
moteur n'est pas uniquement moteur mais aussi perceptif et décisionnel. Une analyse des processus de
motivation, de volition et des émotions ainsi que leur interaction avec ceux d’apprentissage sera alors proposée
et débouchera sur les théories récentes de l’apprentissage autorégulé qui intègrent l’ensemble de ces processus.
Nous nous intéresserons enfin aux implications pédagogiques de ces conceptions pour montrer que l'on
peut favoriser l'acquisition des habiletés motrices en intervenant, non pas sur les mouvements, mais sur les
caractéristiques objectives des tâches motrices.
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consacrer la partie suivante à la définition de l’apprentissage. C’est à partir de là que nous pourrons montrer
comment la motivation, la volition et les émotions interagissent avec lui.
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2.5. L’habileté motrice comme capacité de performance
Dans le cadre de l’apprentissage moteur on appelle habileté motrice cette capacité de performance.
Selon Guthrie (1957) "l'habileté motrice est la capacité acquise par apprentissage d'atteindre des résultats fixés
à l'avance avec un maximum de réussite et souvent un minimum de temps, d'énergie ou des deux". Cette
définition de Guthrie est importante car elle met bien en évidence la signification des termes utilisés. L'habileté
motrice est considérée comme étant le produit d'un processus d'apprentissage. Par ailleurs, cette définition
comporte, nous le verrons, des indications justes sur la nature de l'habileté, notamment l'orientation vers un but
et l'efficience. Par l'expression «habileté motrice» (l'habileté sportive étant une sous-catégorie de celle-ci), on
désigne habituellement le niveau de compétence ou de savoir-faire acquis par un pratiquant dans l'atteinte d'un
but particulier. Par exemple, toucher une cible, franchir une hauteur, etc. C’est le niveau de compétence ou de
savoir-faire acquis par un pratiquant dans une tâche particulière ou dans un groupe très limité de tâches.
Comme le souligne la définition de Guthrie, la notion d'habileté motrice sous-entend celle
d'apprentissage en ce sens qu'elle n'est acquise que progressivement. Même si, la mise en place d'une habileté
peut être favorisée par une ou plusieurs aptitudes individuelles - qui sont des caractéristiques stables et
permanentes des pratiquants peu modifiables par la pratique - l'organisation de structures nouvelles de mou-
vements est un résultat, un produit de l'apprentissage. Comme tout produit de l'apprentissage, l'habileté est une
transformation interne du pratiquant (Famose, 1984, a).
Puisque l'apprentissage moteur se déroule à l'intérieur de l'individu, l'habileté - produit de ce processus
d'apprentissage - n'est donc jamais directement observable. Elle se manifeste toujours par des comportements
spécifiques (des performances), une figure de gymnastique, un virage à ski, un tir réussi au panier, etc. Mais en
elle-même, elle n'est pas observable. L’erreur souvent faite en sport est de confondre l’habileté et les
mouvements pas lesquels elle se manifeste. Comme l’ont dit Leplat et Pailhous (1981): « L'habileté est au-delà
de ce qu'on observe, en arrière plan de ses manifestations comme ce qui les génère ». Ces transformations
internes, produites par le processus d'apprentissage, sont, essentiellement comme nous le verrons plus loin, des
connaissances, des schémas et des stratégies liées à toutes les fonctions de traitement de l'information.
L'habileté génère donc les comportements moteurs efficaces pour une tâche particulière ou pour un
groupe limité de tâches. Même dans ce cas, où le comportement moteur se limite à une action répétitive - par
exemple, un saut de cheval exécuté plusieurs fois de suite - on ne peut confondre l'habileté avec la manifestation
des différents mouvements exécutés car ceux-ci peuvent aussi être le produit d'autres facteurs: motivation,
fatigue...
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probable à une performance réussie (atteinte du but).
Pour Bernstein (1967), ce qui est appris, c'est la solution du problème que pose la tâche motrice et non le
mouvement qui en résulte. Le mouvement produit n'est que la conséquence de l'application de cette solution:
"Le processus d'entraînement en vue de l'acquisition de nouvelles habiletés motrices réside
essentiellement dans la recherche progressive de solutions motrices optimales aux problèmes posés. En
conséquence, la pratique, lorsqu'elle est envisagée de manière appropriée, ne consiste pas à répéter essai après
essai les moyens de la solution d'un problème moteur, mais dans le processus de résolution de ce problème par
des techniques qui sont modifiées et perfectionnées de répétition en répétition".
Le mouvement exécuté pour réussir la tâche motrice n'est jamais exactement le même d'un essai à l'autre.
Il est faux de prétendre qu'un seul et unique mouvement peut permettre d'atteindre le but de la tâche. Jamais on
ne réalise le même mouvement, jamais la même sensation kinesthésique ne peut être reçue.
Si l'on n'apprend pas un mouvement mais une solution motrice, quelle est la nature de cette solution?
Comment résout-on le problème posé par la tâche? En quoi consiste cette habileté, cette solution motrice? Nous
verrons par la suite en quoi consiste la nouvelle forme de coordination et de contrôle moteur qu'apporte la
solution motrice?
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motrice mais aussi les connaissances dont nous venons de parler font partie des moyens transmissibles qui
constituent la technique sportive.
Certes nous avons décrit plus haut qu'un pratiquant est habile s'il a organisé la séquence des gestes lui
permettant d'atteindre un résultat particulier. Cependant, une habileté motrice n'est pas simplement motrice. Il y
a en effet, une tendance marquée chez les techniciens à prêter trop d'attention à l'aspect moteur des différentes
habiletés en raison du fait que, dans les activités mettant en jeu des groupes musculaires importants la part du
mouvement est la plus manifeste. Pendant longtemps, les techniciens n'ont étudié que la partie visible du
mouvement, c'est-à-dire l'organisation gestuelle extérieure. Depuis quelques années, on n'attribue plus
uniquement l'efficacité du geste à cette seule organisation. On se préoccupe davantage des processus internes qui
sont responsables de son efficacité. Le geste est considéré comme l'aboutissement de toute une suite d'opérations
mentales qui vont déterminer sa réussite, sa validité. La description technique (cf. ci-dessus), centrée uniquement
sur l'exécution du mouvement, fait abstraction par exemple du rôle capital joué par la perception. Un joueur de
tennis, dès que son adversaire a frappé la balle, a recueilli des informations (bruit de la balle dans son tamis,
trajectoire, vitesse, éventuellement rotation de cette balle). Ces renseignements, rapidement captés et analysés,
vont lui permettre de se déplacer vers la trajectoire de la balle («où aller?»), et de réaliser la frappe au moment
optimal («quand frapper?»). Dans un temps extrêmement court, il devra décider, parmi tous les coups possibles,
celui pour lequel il est le mieux placé («comment frapper?») et renvoyer la balle dans le terrain de l'adversaire
pour le mettre, si possible, en difficulté («où et comment attaquer?»). Toutes ces décisions doivent être prises
très rapidement, sans oublier tous les autres processus qui vont organiser le mouvement (force, vitesse, préci-
sion) du point de vue musculaire.
On doit ainsi considérer que toutes les habiletés sont perceptivo-motrices ou plutôt psychomotrices.
Pourquoi rajouter ces préfixes perceptivo ou psycho? Tout simplement parce que la mise en œuvre des
habiletés motrices implique plus qu'une simple activité musculaire. L'activité musculaire représente le compor-
tement externe qui est observé. Derrière ce comportement, il y a un grand nombre d'activités internes mentales,
qui non seulement supervisent les commandes musculaires mais aussi supervisent les décisions sur comment,
pourquoi, où et quand se mouvoir. La mise en place d'une habileté motrice n'est donc pas seulement concernée
par le comportement observable mais est aussi concernée de manière fondamentale par les activités
psychologiques centrales qui, à la fois, guident et produisent ce comportement. Welford (1968) a écrit à ce
sujet: « Quoiqu'une distinction est communément faite entre habiletés sensori-motrices et mentales, cela est très
difficile à soutenir complètement. Toute performance mettant en jeu une habileté est mentale au sens où elle
exige perception, décision, connaissance et jugement. En même temps, toutes les habiletés exigent une sorte
d'activité coordonnée, manifeste, par les mains, les organes de la parole ou d'autres effecteurs ».
La distinction entre ces deux catégories d'habiletés repose donc plus dans le poids accordé à certaines
composantes que dans des différences de nature. « Dans les habiletés sensorimotrices les actions manifestes
(«overt») constituent clairement une partie essentielle de la performance et sans elles le but de l'activité comme
un tout disparaîtrait ».
«Dans les habiletés mentales, les actions manifestes jouent un rôle plus marginal, servant plutôt à donner
une expression à l'habileté qu'à en constituer la partie essentielle». Cette définition cognitiviste de l'habileté est
extrêmement importante et a, nous le verrons plus loin, des conséquences importantes pour l'analyse de celle-ci
et la constitution du programme d'enseignement. La tendance générale à n'analyser que le style du mouvement
sans prendre en considération les processus et les stratégies internes mises en œuvre par le pratiquant a amené
Knapp (1971) a proposé de n'utiliser le terme de technique que pour cet aspect de l'habileté: « Il serait donc
préférable de réserver le terme de technique à cet aspect de l'habileté. Nous entendons par là la configuration
des mouvements qui sont techniquement indispensables à une habileté particulière et qui constituent une partie
intégrante, mais non la totalité de cette habileté ».
L’exemple du comportement d’anticipation-coïncidence, très fréquent en sport, va nous permettre
d’illustrer cette idée. L'anticipation-coïncidence est l'interception d'un objet en déplacement. Par exemple: pour
le joueur de tennis frapper une balle en mouvement ou bien pour le gardien de but saisir un ballon qui se dirige
vers sa ligne de but.
La capacité à réaliser, de manière efficace, ce type de tâches dépend d'au moins trois sous-catégories
d'habiletés:
1 - L'habileté à percevoir les caractéristiques de la trajectoire de l'objet à intercepter, afin de faire un
jugement exact concernant le moment et l'endroit de son arrivée et de désigner le point d'interception.
2 - L'habileté à programmer la réponse motrice afin d'intercepter l'objet en déplacement.
3 - L'habileté à exécuter correctement le mouvement d'interception nécessaire à la réalisation de la tâche.
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Pour ce qui concerne la perception de la trajectoire de l'objet, deux types de prédiction sont réalisés par
le pratiquant:
a - une prédiction concernant le lieu où sera intercepté l’objet en déplacement,
b - une prédiction concernant le moment d'arrivée de l'objet à cet endroit prédéterminé.
Ces prédictions seront d'autant plus difficiles à réaliser que la trajectoire de l'objet en déplacement sera
moins prévisible spatialement et temporellement.
Pour ce qui concerne la programmation du mouvement, deux types de paramètres sont associés au lieu et
au moment d'arrivée d'un objet soit: le paramètre spatial et le paramètre temporel. Deux types d'erreur
temporelle. Plus l'objet en déplacement sera petit et rapide (grandeur d'erreur permise d'ordre spatial et grandeur
d'erreur permise d'ordre temporel), plus cette programmation sera difficile.
La complexité d'une tâche d'anticipation-coïncidence peut donc varier soit en fonction de la quantité
d'incertitude spatiale et temporelle liée à la trajectoire de l'objet à intercepter, soit en fonction de la précision
requise du mouvement.
Ainsi, pour réussir, les mouvements doivent être en harmonie avec les caractéristiques principales de
l'environnement: l'amplitude du mouvement, sa force, sa vitesse, son « minutage », doivent être appropriés à la
situation dans laquelle s'est engagé le sujet. En vertu de quoi, l'apprentissage d'une habileté motrice doit englober
trois types d'apprentissage: l'apprentissage perceptif, l'apprentissage décisionnel, l'apprentissage effecteur.
L'apprentissage perceptif englobe la capacité à identifier les aspects critiques de la situation à laquelle il
faut s'adapter (par exemple, la position relative des partenaires et des adversaires).
L'apprentissage décisionnel est bipolaire: il comprend d'abord la capacité à sélectionner, en termes
d'analyse de la situation, une réponse a priori pertinente (exemple: garder ou passer la balle). Ensuite, après la
production de la réponse (exemple: la balle a-t-elle été interceptée ou non ?), la capacité à évaluer l'opportunité
de la réponse en termes de rétroaction.
L'apprentissage effecteur, enfin, concerne la capacité à exécuter le modèle de mouvement sélectionné,
d'une manière harmonieuse, efficace et coordonnée. L'activité musculaire représente le comportement externe
qui est observé. Derrière ce comportement, il y a un grand nombre d'activités internes mentales, qui non
seulement supervisent les commandes musculaires mais aussi supervisent les décisions sur comment, pourquoi,
où et quand se mouvoir. La mise en place d'une habileté motrice n'est donc pas seulement concernée par le
comportement observable mais est aussi concernée de manière fondamentale par les activités psychologiques
centrales qui, à la fois, guident et produisent ce comportement.
Cette définition psychomotrice de l'habileté est extrêmement importante et a, nous le verrons plus loin, des
conséquences importantes pour l'analyse de celle-ci et la constitution du programme d'entraînement. La
tendance générale à n'analyser que le style du mouvement sans prendre en considération les processus et les
stratégies internes mises en œuvre par le pratiquant a amené Knapp (1971) à proposer de n'utiliser le terme de
technique que pour cet aspect de l'habileté: «Il serait donc préférable de réserver le terme de technique à cet
aspect de l'habileté. Nous entendons par là la configuration des mouvements qui sont techniquement
indispensables à une habileté particulière et qui constituent une partie intégrante, mais non la totalité de cette
habileté».
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revue de ces modèles voir Famose (1976). Ce fonctionnement est, à nos yeux, parfaitement illustré, bien que de
manière caricaturale, par Gallwey (1974):
"C'est comme si le système nerveux ressemblait à un enregistrement de disque. Chaque fois qu'une
action est réalisée, une légère impression est faite dans les cellules microscopiques du cerveau, de la même
manière qu'une feuille tombée sur une plage de sable laissera une trace imperceptible. Lorsque la même action
est réalisée, le sillon devient légèrement plus profond. Après de nombreuses actions similaires, il y a un sillon
plus reconnaissable dans lequel le saphir ou le comportement semble tomber automatiquement. Le
comportement peut être alors considéré comme gravé".
La deuxième conception, certainement la plus actuelle affirme que ce qui est appris est une "solution
motrice". D'une répétition à l'autre, l'élève essaie, non pas de reproduire un mouvement ou une sensation
kinesthésique, mais d'apprendre à combiner les différents paramètres d'un mouvement, de façon à atteindre le but
proposé par la tâche. Autrement dit, l'habileté à atteindre un résultat fixé à l'avance est une solution motrice, en
ce sens que ce qui est appris est une méthode, une règle qui se perfectionne au fur et à mesure des essais. Le
mouvement en soi n'est pas l'objet de l'apprentissage mais en constitue la résultante. Cette conception est
avancée par les théories actuelles de l'apprentissage; notamment celle de Schmidt (1982) et les théories
écologiques de l'apprentissage (Fowler et Turvey, 1979).
Actuellement, il existe deux grandes approches de l'apprentissage moteur: la théorie du schéma de
Schmidt et l'approche écologique. Il nous semble opportun de les décrire brièvement, car la manière dont
chacune d'elle décrit ce qui est appris est fondamentale dans le débat qui nous occupe.
3.1. Ce qui est appris au niveau moteur selon les théories hiérarchiques
En fort contraste par rapport aux théories du conditionnement antérieures, les théories hiérarchiques du
contrôle moteur supposent que tous les aspects de la planification et de l'exécution des mouvements sont de la
seule responsabilité d'un ou de plusieurs centres corticaux qui représentent le niveau de commande le plus haut à
l'intérieur de la hiérarchie du système nerveux central. Cet exécutif cortical contient toute l'information
nécessaire pour l'action et la dirige vers les centres inférieurs à l'intérieur du système nerveux pour véhiculer les
mouvements prescrits. De plus, il est capable de coordonner et de réguler les mouvements avec ou sans référence
au feed-back sensoriel généré extérieurement.
3.2. Ce qui est appris au niveau moteur selon la théorie des systèmes
dynamiques
Dans les années plus récentes, une approche très différente de l'étude du contrôle moteur a émergé. Les
antécédents de cette nouvelle théorie des systèmes dynamiques (ou théorie des systèmes d'actions, comme elle
est aussi appelée) peuvent être retrouvés dans le travail antérieur de Bernstein (1967), un physiologiste russe qui
a beaucoup contribué à notre compréhension de la manière dont les mouvements sont contrôlés au niveau
neurologique, et au psychologue J.J. Gibson (1979), qui a étudié l'action au niveau d'analyse perceptive. Bien
qu’aucun de ces chercheurs ne soit vivant aujourd'hui, beaucoup de leurs idées ont été incorporées dans cette
théorie contemporaine du contrôle moteur par des théoriciens tels que Kelso, Kugler, Reed, Turvey, et autres
(Kelso & Tuller, 1984 ; Kugler & Turvey, 1987 ; Reed, 1982 ; Turvey, 1990).
La théorie des systèmes dynamiques diffère des théories hiérarchiques du contrôle moteur de deux
façons très importantes. D'abord, elle rétablit un rôle à l'environnement comme une source importante
d'information pour l'action. Elle fait ceci en se centrant sur la relation entre le pratiquant et l'environnement dans
lequel l'action est en train de prendre place. En fait, les avocats les plus forts de cette nouvelle théorie (Reed,
1982 ; Turvey & Carello, 1981 ; 1988) argumenteront que toute l'information pour l'action est disponible dans
l'environnement et peut être directement perçue par le pratiquant. Ainsi la planification des actions ne requiert
pas un traitement cognitif élaboré, du fait que l'information fournie par l'environnement est immédiatement
significative.
La seconde façon selon laquelle cette nouvelle théorie du contrôle moteur diffère des théories antérieures
est reliée à la manière dont l'action est réellement produite. Rappelons que dans les théories hiérarchiques du
contrôle moteur, un exécutif cortical, ou un centre de contrôle au niveau du cortex, était la principale source de
contrôle moteur. Les théoriciens des systèmes dynamiques ne croient pas qu'un tel mécanisme cortical, défini de
manière rigide, est seulement responsable pour contrôler l'action. Plutôt, ils argumentent que le comportement
moteur résulte de l'interaction de multiples sous-systèmes (neurologique, biologique, musculaire). Aucun
système n’a la priorité sur un autre ou est seulement capable de contrôler ou prescrire comment l'action se
déroulera. Le terme que les théoriciens des systèmes dynamiques appliquent à ce phénomène est l'auto-
organisation.
Malgré son émergence récente comme une théorie viable du contrôle moteur, l'approche des systèmes
d'actions (ou systèmes dynamiques) a déjà contribué beaucoup à notre compréhension de la manière dont les
mouvements sont contrôlés. D'abord, elle a souligné la relation entre le pratiquant et l'environnement dans la
planification et le contrôle de l'action. Selon cette théorie, les actions sont façonnées par les intentions du
pratiquant et par les contraintes imposées par l'environnement. Ensuite, la plus grande responsabilité offerte au
niveau spinal et squelettique rend mieux compte de notre capacité à produire un certain nombre de
configurations hautement sophistiquées de coordination (tels que la locomotion) sans le besoin de guidage
cortical. Troisièmement, le rôle plus grand joué par les centres de contrôle inférieurs fournit un mécanisme pour
les ajustements posturaux automatiques qui accompagnent un certain nombre de mouvements volontaires. La
modification réflexe des actions sur la base de feed-back sensoriel est aussi rendue possible par ce mécanisme de
contrôle de niveau inférieur.
Bien qu’à première vue, la théorie des systèmes dynamiques du contrôle moteur paraisse apporter un fort
contraste avec les théories antérieures, les idées exprimées dans cette théorie sont similaires à beaucoup de celles
qui seront couramment développées par les psychologues et les chercheurs en neurosciences. Ces nouvelles
théories sont souvent appelées théories du traitement parallèle distribué ou théorie des réseaux neuronaux. D'une
manière réminiscence au principe d'auto organisation qui caractérise les cadres de travail des systèmes
dynamiques, ces théories alternatives distribuent aussi les responsabilités pouvons produire une action en parmi
un certain nombre de centres nerveux autonomes (Grossberg & Kuperstein, 1986 ; Rumelhart, McClelland, &
PDH Research Group, 1986). De plus, comme les centres nerveux décrits dans les théories hiérarchiques, ces
centres ne sont pas restreints aux cortex mais sont distribués à travers les niveaux sous corticaux, spinal, et même
musculo squelettique du système nerveux (Pew, 1984). Le test empirique pour ces théories alternatives du
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contrôle moteur est encore dans ses premiers stades, mais il offre l'espoir de combler le trou entre les
explications psychologiques et neurologiques de comment les mouvements sont organisés.
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Les exemples du tir au pistolet et de l'équilibre sur les mains illustrent bien comment l'élève résout ce
problème des degrés de liberté. Les muscles ne sont pas contrôlés individuellement mais sont fonctionnellement
reliés à d'autres muscles afin de former un système autonome, une structure de coordination. Ce qui n'était
auparavant qu'un agrégat de nombreux degrés de liberté devient un système à degrés de liberté réduits.
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4.1. Ce qui est appris selon les théories cognitives
Pour effectuer les opérations perceptives et décisionnelles, le pratiquant s’appuie sur une base de
connaissances. Les connaissances acquises comme résultat du processus d'apprentissage pour accomplir ces
opérations sont de nature différente. Il s'agit notamment des connaissances procédurales, des connaissances
déclaratives. Il est important de préciser ici que ces connaissances peuvent revêtir des appellations différentes
dans les programmes d’EPS au Lycée : savoir faire tactique, informations sur l’activité, etc.
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qui s’approche sans que des règles conditionnelles soient déjà stockées en mémoire? Comme nous l’avons noté
dans le chapitre 5, voir simplement la balle de football qui s’approche est insuffisant pour définir la nature de
l’acquisition.
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mobilisables en présence d'une situation prévisible ou d'une situation reconnue comme familière. Il y gagne
alors en rapidité d'intervention, en efficacité de réponse et en économie de moyens.
L'analyse la plus poussée du concept d'adaptation est, à notre avis, celle qui a été proposée par
Sommerhoff (1950, 1969), voir à ce sujet Jonhson et Turvey (1980). Selon cet auteur, on ne peut pas décrire et
comprendre le processus d'adaptation d'un individu (ou d'un animal) sans faire référence de manière explicite
aux problèmes auxquels il doit faire face quotidiennement dans ses rapports avec l'environnement. Etre adapté
signifie être capable d'atteindre une série de buts, autrement dit d'obtenir des effets, indispensables au maintien
de l'équilibre avec celui-ci. Prenons l'exemple de la survie. Elle est le but ultime de l'animal. Cependant, pour
survivre dans son milieu, celui-ci doit nécessairement atteindre un certain nombre de sous-buts, variables selon
les différentes espèces et indispensables à l'atteinte de ce but ultime. Il doit, par exemple, être capable d'obtenir
de la nourriture, d'éviter les prédateurs, de se déplacer dans l'espace, de s'orienter, d'acquérir une compagne,
prendre soin de ses petits, etc. Dans tous ces cas, l'animal est confronté à des buts à atteindre, lesquels
contribuent au but principal qui est sa survie éventuelle et sa reproduction.
Parler d'adaptation, c'est donc dire que l'individu (ou l'animal) doit résoudre toute une série de problèmes
survenant dans son interaction avec l'environnement. Chacun d'eux est caractérisé par un effet particulier à
obtenir. Confronté à ces problèmes, il doit trouver des solutions et ainsi s'adapter. L'apprentissage est le
processus à court terme grâce auquel il y parvient.
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dans l'environnement de la classe, l'aide ou l'empêche dans sa résolution de problème moteur. Toutes ces
données peuvent permettre d'évaluer les habiletés adaptatives de l'élève.
5.4. L’intensité
L’intensité avec laquelle ressources et processus sont mis à contribution, constitue la deuxième
condition indispensable à un niveau de “mise en fonction”, permettant une adaptation de l’organisme. Bien que
cette notion soit connexe à celle de répétition, elle enrichit cette dernière par l’importance qu’elle accorde à
l’investissement énergétique du sujet. En effet, si pour parvenir à bout d’un problème moteur d’une difficulté
optimale le sujet a besoin de plusieurs répétitions pour éprouver puis automatiser différentes solutions, il lui faut
également puiser de manière intensive dans ses potentialités; en d’autres termes fournir une certaine quantité
d’effort.
Pour conclure cette partie, nous retiendrons de l’apprentissage moteur que c’est un processus cognitif
d’adaptation à un problème moteur, dont le résultat s’exprime par une modification durable du comportement.
La mise en oeuvre d’un problème moteur repose sur la confrontation de l’individu à une tâche de difficulté
optimale, sur la répétition de la situation, et sur un niveau d’investissement permettant une mise à
contribution suffisante des processus et des ressources engagés par le sujet.
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6. Qu’est-ce que la motivation ?
Comme pour l’apprentissage, la motivation peut être caractérisée soit comme un produit soit comme un
processus (Winne & Marx, 1989). Lorsqu’elle est considérée comme un produit ou comme un état, la motivation
fait référence à la volonté des élèves de s'engager dans une tâche et de persévérer dans elle. À chaque moment
particulier, les élèves ont un niveau de motivation dont ils font l'expérience et qui influence leur choix, leur
effort, et leur persévérance concernant une activité particulière. Par exemple, les élèves peuvent faire
l'expérience d'être intéressé, de se sentir confiant, ou de vouloir maîtriser une activité. La motivation peut aussi
être considérée comme le processus ou comme les processus qui rendent compte du niveau de motivation des
élèves ou du comportement dirigé vers un but (Pintrich & Schunk, 2002). À partir de cette perspective, la
motivation ne fait pas simplement référence à un état final mais aussi aux moyens par lesquels cet état est
déterminé, et plus généralement aux processus cognitifs qui gouvernent le choix des élèves, l'effort et la
persévérance (Winne & Marx, 1989). Par exemple, la motivation inclura les processus qui rendent compte pour
un élève d'être intéressé, de se sentir auto efficace, ou de vouloir maîtriser une tâche et l'impact de ces états sur le
comportement des élèves. À l'intérieur de cette discussion, le terme motivation est utilisé largement pour faire
référence à la fois au niveau de motivation des élèves ainsi qu'aux processus qui rendent compte de ce niveau de
motivation.
6.1.1. Le choix
La focalisation sélective de l’attention, l’orientation vers telle ou telle direction parmi d’autres, la
sélection d’un acte moteur, sont des manifestations comportementales qui traduisent un choix réalisé par le sujet.
Dans le domaine de la recherche, cette notion est très souvent utilisée comme variable dépendante de la
motivation. La sélection d’une activité sportive et le rejet d’autres, l’orientation préférentielle vers une forme
d'entraînement particulière, le choix de tâche spécifique, etc... sont autant d’illustrations de cette variable
comportementale. Posé en terme de choix d’un niveau de difficulté de tâche, ce problème de direction du
comportement a des conséquences importantes pour l’apprentissage moteur. Si l’on propose, dans une leçon
d’éducation physique, une situation d’apprentissage permettant à l’élève de choisir librement la difficulté de la
tâche (la hauteur de franchissement en saut par exemple, ou un élément gymnique), le niveau sélectionné - qui
traduit par ailleurs les aspirations particulières de l’enfant concerné - est déterminant pour ses acquisitions. En
effet, nous avons défini l’apprentissage, dans le chapitre précédent, comme un processus d’adaptation à un
problème d’une difficulté optimale. Or il n’est pas rare de voir certains élèves choisir délibérément des niveaux
de difficulté qui ne soient pas optimaux (trop faciles ou démesurément difficiles).
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6.1.2. La persévérance
Elle se caractérise par le maintien du comportement dans une direction identique. Dans ce cas,
l’individu fait preuve d’acharnement, d’opiniâtreté face à la difficulté et aux obstacles rencontrés. A l’inverse,
l’abandon rapide, le renoncement et l’esquive d’une confrontation à un problème quelconque illustrent la
conduite d’une personne peu persévérante. Dans le domaine sportif, les charges d’entraînement accumulées par
les athlètes de haut niveau, comme les nageurs, par exemple, les longues heures passées sur les routes par les
marathoniens, ou par opposition l’abandon de l’alpiniste en plein milieu de la voie, témoignent de l’expression
de cette forme particulière de la motivation. A l’école, les élèves peuvent rester concentrés et actifs pendant
longtemps, réaliser de nombreux essais, ou alors fuir la difficulté et abandonner la situation proposée dès que
celle-ci devient trop contraignante. Nous savons tous que l’acquisition d’une habileté motrice complexe ne se
fait souvent qu’au terme d’une longue période, parfois pénible, parsemée de réorganisations, d’arrêts
momentanés, voire de régressions temporaires. Dès lors, la persévérance, mesurée par exemple en nombre de
répétitions ou en quantité de temps dans la tâche, est fondamentale pour l'apprentissage.
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Tableau 1. - Interactions entre variables comportementales et critères d’efficience de l’apprentissage
INTENSITE ADAPTATION
ET A UN
DIRECTION PROBLEME
MOTEUR
VARIABLES CONDITIONS
COMPORTEMENTALES D'ADAPTATION AU
PROBLEME MOTEUR
Dweck (1986) et Famose (1991) les ont définis - en regroupant deux séries d’indicateurs
comportementaux qui traduisent des orientations motivationnelles opposées - en termes de comportement
adaptatif ou de comportement non adaptatif face à l’apprentissage.(voir le tableau 2 récapitulatif)
- Un comportement adaptatif caractérise la conduite d’un élève propice aux acquisitions. Si les
conditions d’apprentissage lui permettent le libre choix de la difficulté de la tâche, il sélectionne celle qui peut le
faire progresser, c’est à dire celle qui lui pose un problème optimal (ni trop facile, ni trop difficile). Il est
persévérant, s’acharne face à la difficulté, réalise de nombreuses tentatives. Il investit des efforts considérables,
et peut être amené à demander des conseils à son professeur. Enfin, il reste motivé par la situation, et peut
reproduire la tâche en dehors du contexte initial d’apprentissage
- Un comportement non adaptatif peut se définir en opposition aux descriptions précédentes. Dans ce
cas, tous les indicateurs observables convergent vers une conduite de non apprentissage, voire même de rejet de
celui-ci (on parle dans ce cas “d’impuissance apprise”). Éviter la difficulté, fournir peu d’effort, abandonner
précocement au moindre échec, faire le pitre, développer une forte aversion pour la situation, ou “sécher”
volontairement un cours, sont des conduites qui, on en conviendra aisément, ne sont pas opportunes pour les
acquisitions.
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Tableau 2. - Comportements motivationnels adaptatifs ou non adaptatifs vis à vis de l’apprentissage
MOTIVATION APPRENTISSAGE
VARIABLES COMPORTEMENT COMPORTEMENT
COMPORTEMENTALES ADAPTATIF NON ADAPTATIF
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Un des principaux composants de la confiance en soi est le jugement des élèves sur la possession ou non
des habiletés ou des aptitudes nécessaires à l’accomplissement d’une tâche à un niveau donné. Ainsi, la
confiance en soi décrit les perceptions des élèves des chances qu’ils se donnent d’accomplir une tâche
particulière ou d’un type de tâches et pas nécessairement leur niveau objectif de compétence (voir Famose
Guérin, 2002). Les élèves qui se croient capables de réussir font preuve d’une motivation optimale, même s’ils
ont précédemment expérimenté des difficultés ou s’ils ont reçu des feed-back indiquant un échec. La confiance
en soi peut aussi influencer le choix des élèves de s’engager plus tard vers l’acquisition d’habiletés similaires.
De plus, la recherche a montré que la confiance en soi fait partie intégrante de la capacité des élèves à
autoréguler leur apprentissage ainsi que leur utilisation des stratégies d’apprentissage cognitives. Par exemple, la
confiance en soi d’un élève peut se refléter lorsqu’il rencontre une série de problèmes en escalade et qu’il
s’interroge sur la manière dont il peut les résoudre correctement, et ainsi sur ses chances de parvenir au sommet.
De plus, elle a été évaluée à un niveau plus général en demandant aux élèves quelle confiance ils ont de pouvoir
accomplir avec succès les tâches dans différents domaines mais sans faire référence à une quelconque tâche
particulière ou à une série de problèmes. Malgré ces différences dans la manière dont elle est évaluée, la
confiance en soi peut être utilisée pour comprendre plusieurs processus reliés à l’apprentissage autorégulé
comprenant: 1)le choix des activités des élèves; 2)la difficulté des buts qu’ils sélectionnent, et 3)la persévérance
et le niveau d’engagement cognitif dont ils font preuve tandis qu’ils poursuivent ces buts.
1°) Le choix des activités
L’anticipation par un élève de son incapacité à faire face avec succès à une tâche et l’affect négatif
associé à cette anticipation (cf. plus loin) incitent les élèves à éviter les situations vis-à-vis desquelles ils ont une
basse confiance en soi. Autrement dit, ils évitent les tâches pour lesquelles ils doutent d’eux-mêmes parce qu’ils
s’attendent à échouer sur de telles tâches et parce qu’ils veulent éviter l’affect négatif associé à cet échec. Par
exemple, un élève qui pense être très mauvais en gymnastique évitera les cours de gymnastique, et même quand,
en cours de gymnastique, il peut éviter de participer activement parce qu’il associe la participation avec l’échec,
la frustration et la honte. Inversement, les élèves s’engagent plus facilement dans les tâches ou dans les activités
pour lesquelles ils ont un haut sentiment d’efficacité personnelle parce qu’ils anticipent le succès, une efficacité
accrue, et un affect positif qui résultera de cet engagement.
2°) La difficulté des buts
Ensuite, la confiance en soi peut être associée au niveau de difficulté ou de challenge inhérent aux buts
que se fixent les élèves pour les tâches scolaires (Schunk, 1990). Normalement, plus un élève perçoit de manière
favorable ses habiletés (c’est-à-dire une confiance en soi supérieure) plus il se fixera des buts qui sont au-delà de
son niveau actuel de compétence. En comparaison, les élèves qui ont des croyances moins positives sur leur
probabilité d’accomplir une tâche avec plein succès (c’est-à-dire, basse confiance en soi) se fixeront des buts
conservateurs ou plus faciles. Pour ces élèves il y a beaucoup trop de risques à se fixer des buts qui sont
supérieurs et qui sont perçus comme étant au-delà de leurs capacités. D’après Schunk, les élèves se fixent des
buts en se basant sur les résultats qu’ils croient être capables d’atteindre. Ceux qui ont une haute confiance en
soi, par définition, se croiront plus capables que ceux qui doutent d’eux-mêmes. Autrement dit, les élèves avec
une plus grande confiance en soi se fixent des buts qui leur posent plus de défi que les élèves ayant une faible
confiance en soi. Il y a cependant une réciprocité causale : la confiance en soi influence certes les buts de la
tâche que se fixent les élèves, mais à l’inverse les buts influencent en retour la confiance en soi. Schunk (1990) a
montré par exemple que les buts lointains, les buts vagues, et les buts qui sont plus difficiles produisent une
auto-efficacité diminuée qui rappelons-le participe à la confiance en soi.
3°) La persévérance
Troisièmement, la confiance en soi des élèves affecte leur persévérance dans leurs tentatives d’atteindre
leurs buts. Les élèves ayant une confiance en soi supérieure persévèrent plus longtemps que ceux qui doutent
(Bandura, 1986).
Une des raisons pour expliquer cette relation positive entre la confiance en soi et la persévérance sur une
tâche sportive repose en partie sur les attributions différentielles que les élèves à basse et haute confiance en soi
font généralement lorsqu’ils sont confrontés à un échec ou à un succès. Weiner (1986) a défendu l’idée que les
élèves confrontés à un échec, ou à un succès inattendu, génèrent des attributions, c’est-à-dire des causes, pour
expliquer ces résultats inattendus, et que la nature de ces attributions influence l’engagement futur des élèves sur
cette tâche et aussi leur affect. Les attributions consécutives à un échec qui font référence à des raisons stables,
incontrôlables, internes telles que l’habileté sont associées à un désengagement, à un affect négatif et à
l’impuissance apprise (Weiner, 1986). Les attributions consécutives à un échec qui font référence à des causes
instables, contrôlables et internes telles que l’effort ou une mauvaise stratégie conduisent à des résultats scolaires
35
plus positifs et des affects plus positifs (Weiner, 1986). En revanche, les attributions à l’habileté lorsque les
élèves rencontrent le succès occasionnent plus de résultats scolaires et affectifs adaptatifs que les attributions à
l’effort. Les élèves avec une haute confiance en soi, parce qu’ils ont de hautes perceptions de leur habileté
évoquent moins comme cause une basse habileté quand ils sont confrontés à l’échec. En comparaison, les élèves
ayant une basse confiance en soi n’auront pas de hautes perceptions de leur habileté pour les protéger d’évoquer
celle-ci comme attribution et donc doivent plus probablement attribuer leur difficulté à une basse habileté et
comme conséquence se désengager ultérieurement de la tâche (Schunk, 1990). Il y a donc une relation positive
entre la confiance en soi et les attributions à l’habileté. Les attributions à l’habileté pour le succès élèvent la
confiance en soi (voir Famose, 2001). Schunk (1984), par exemple, a fourni à des groupes d’enfants d’écoles
élémentaires travaillant sur des problèmes de soustraction des feed-back d’habileté, d’effort, d’habileté et
d’effort, ou aucun feed-back. Dans cette étude, le groupe d’élèves qui a reçu un feed-back d’habileté lorsqu’ils
réussissaient a manifesté un plus grand sentiment d’auto-efficacité que chacun des trois autres groupes.
Covington a montré, de son côté, que les élèves ayant une plus grande auto-efficacité attribuent plus
probablement leur échec à un manque d’effort. Pour résumer, la confiance en soi est positivement associée au
choix des activités par les élèves, à leur fixation de buts à l’intérieur de ces activités et à leur niveau de
persévérance sur ces activités.
Savoir comment la connaissance métacognitive influence le niveau de confiance en soi des élèves du fait
que celle-ci est associée à l’apprentissage autorégulé, fournira aussi une lumière sur la relation entre la
connaissance métacognitive et l’apprentissage autorégulé (voir plus loin).
37
(par exemple, « je suis généralement peu doué et je ne peux rien y changer »). Lorsqu’il sera à nouveau placé
dans une situation compétitive et s’il fait encore l’expérience d’un échec, il attribuera probablement celui-ci aux
mêmes causes, même s’il peut y avoir des raisons très différentes (par exemple, son adversaire était beaucoup
plus fort que lui).
Selon Seligman, les différences individuelles dans les modes d’explications optimistes ou pessimistes
sont en rapport avec le sport. La seule différence entre le sportif optimiste et le sportif pessimiste est que le
premier, confronté à des difficultés, au lieu de baisser les bras, se relève et repart à l'attaque. Cette capacité de
rebond lui permet de réaliser tout son potentiel dans le sport. Cet auteur émet à ce propos trois idées essentielles.
1) D'abord, et toutes choses étant égales par ailleurs, c'est le sportif au mode d'explication le plus
optimiste qui gagne, et ce parce qu'il s'acharne généralement plus que les autres, surtout face à un défi ou à la
suite d'une défaite.
2) Ensuite, il en va de même des équipes. Les travaux de Seligman l’on conduit à affirmer qu'une équipe,
c'est-à-dire une entité collective, peut avoir, elle aussi, un mode d'explication pessimiste ou optimiste. Et cette
disposition d'esprit influence ses résultats. Il a montré qu’à compétence équivalente, la plus optimiste des deux
équipes l'emporte logiquement sur son adversaire.
3) Enfin, le sportif dont le mode d'explication passe du pessimisme à l'optimisme doit connaître une
amélioration nette de ses performances dans des conditions de forte concurrence.
38
apprentissage ou bien est-elle donnée une fois pour toutes à la naissance comme la couleur des yeux. Cette
croyance sur la nature de l’habileté, appelée universel de la cognition est déterminante dans le choix des
orientations de but.
42
exemple, on peut avoir échoué du fait d’un travail insuffisant, cependant la colère (plutôt que la culpabilité et
l’autoréprimande) est expérimentée si l’échec est pensé être dû à un biais de l’enseignant. » (p. 303)
9.1.2. L’élève doit être capable de gérer ses émotions: les stratégies de contrôle
émotionnel:
1°) le coping
Le coping correspond aux capacités de faire face aux émotions, notamment au stress. C’est un
ensemble de stratégies grâce auxquelles un élève gère les émotions qui découlent d’une tâche très exigeante pour
lui.
2°) Classification du coping
Avant de considérer la relation entre les différentes stratégies de coping et le fonctionnement efficace
d’un élève dans les APS, il est nécessaire de décrire rapidement comment les stratégies de coping sont
généralement catégorisées. Il y a deux dimensions principales pour classifier le coping.
La première met l’accent sur la centration du coping: soit approcher le problème et faire des efforts actifs
pour le résoudre, soit essayer d’éviter le problème et se centrer principalement sur la gestion des émotions qui lui
sont associées.
a) Le coping d’approche
En général, les individus qui s’appuient plus sur les stratégies de coping d’approche, telles que la
résolution de problèmes et la recherche d’informations tendent à mieux s’adapter aux menaces de la situation.
b) Le coping d’évitement
En revanche, le coping d’évitement tel que abandonner, est généralement associé avec la détresse
psychologique - particulièrement lorsque l’ajustement est évalué au-delà de la période de crise initiale. Du fait
que le coping centré sur les émotions concerne souvent la fantaisie orientée vers l’évitement et le blâme de soi, il
corrèle aussi souvent avec plus de dépression. Il a été démontré que les efforts pour gérer des sentiments
déplaisants par la résignation et l’abandon peuvent accroître la détresse et ainsi amplifier des problèmes futurs.
En général, les élèves qui s’appuient plus sur les stratégies de coping d’approche, telles que la résolution
de problèmes et la recherche d’informations tendent à mieux s’adapter aux menaces de la situation.
La seconde dimension met l’accent sur la méthode de coping que les élèves emploient; c’est-à-dire, si
une réponse concerne des efforts principalement cognitifs ou principalement comportementaux.
Ces deux dimensions ont été combinées pour développer une conceptualisation plus intégrée du coping.
Il y a d’une part l’orientation de l’élève par rapport à un stresseur et la séparation du coping en domaines
43
d’approche et d’évitement, et d’autre part la division de ces deux domaines en catégories qui reflètent le coping
cognitif et le coping comportemental. Par conséquent, il est proposé quatre catégories fondamentales de
processus de coping: approche-cognitive, approche-comportementale, évitement-cognitif et évitement-
comportemental.
Le tableau 2.1 liste huit sous-types de coping à partir de l’inventaire des réponses de coping qui évaluent
ces quatre catégories fondamentales de stratégies de coping.
Tableau 2-1 Quatre catégories fondamentales de stratégies de coping avec huit sous-types de coping associés.
Catégories fondamentales SOUS-TYPES DE COPING
de coping
Analyse logique (« Penser à différentes manières de traiter avec le
Approche cognitive problème »)
Réévaluation positive (« Penser à la manière dont on peut beaucoup mieux
faire que les autres individus ayant des problèmes similaires »)
Recherche d’un guidage et d’un support (« Parler avec un ami sur le
Approche comportementale problème »)
Prendre une action de résolution de problème (« Faire un plan et le
suivre »)
Evitement cognitif (« Essayer d’oublier le problème global »)
Evitement cognitif Acceptation résignée (« Perdre espoir que les choses ne seront jamais les
mêmes »)
Recherche de récompenses alternatives (« Chercher à s’impliquer dans de
Evitement comportemental nouvelles activités »)
Décharge émotionnelle (« Hurler ou crier pour évacuer la pression »)
45
supposent qu’il y ait un quelconque critère ou standard (appelés aussi but ou valeur de référence) par rapport
auquel des comparaisons sont faites afin d’évaluer si le processus doit se continuer ou si un type quelconque de
changement est nécessaire. L’exemple est l’action d’un thermostat pour chauffer ou refroidir une maison. Une
fois que la température désirée est fixée (le but, critère ou standard), le thermostat enregistre la température de la
maison (processus d’enregistrement) et puis tourne les unités de chauffage ou d’air conditionné (contrôle et
processus de régulation) sur ON ou OF pour atteindre et maintenir le standard. D’une manière parallèle,
l’exemple général pour l’apprentissage suppose que les élèves peuvent fixer leur standard ou but pour progresser
dans leur apprentissage, enregistrer leur progrès vers ces buts, et puis adapter et réguler leurs cognition,
motivation et comportement pour atteindre ces buts.
46
apprentissage. La phase de la réalisation, ou du contrôle volitionnel, implique les processus qui surviennent
pendant les efforts d’apprentissage et affectent la concentration et la réalisation. La phase autorégulatrice est
l’auto-enregistrement. La dernière phase de l’apprentissage autorégulé, l’autoréflexion, implique les processus
qui surviennent après les efforts d’apprentissage et influencent les réactions de l’apprenant à cette expérience.
Ces autoréflexions, en fait, influencent l’anticipation concernant les efforts d’apprentissage ultérieurs,
complétant ainsi le cycle autorégulateur.
La fixation de but, le choix des buts, et l’effort vers le but sont des aspects essentiels du comportement
dirigé vers un but parce que ces processus relient les buts au plan d’action. Une première distinction essentielle
est faite entre la fixation de but et l’effort vers le but. Kuhl (1984) a décrit le processus de prise de décision sur
quel but adopté comme « motivation » et utilisé le terme « volition » pour faire référence à la phase où le choix a
été fait et où l’individu initie et exécute les actions qui conduisent à l’atteinte du but. Un modèle actuel
(Heckhausen et Gollwitzer, 1987; Gollwitzer, 1990) va au-delà de la distinction conceptuelle entre la fixation de
but et d’effort vers le but et fournit un cadre de travail cohérent pour boucher le trou entre motivation et volition.
Quatre phases ont été distinguées, à savoir, les phases pré-décisionnelles, pré-actionnelles, actionnelles, et post-
actionnelles. Ces phases sont séparées par des points de transition particuliers, à savoir, prendre une décision,
déclencher l’action, et percevoir les résultats de l’action réfléchir au pourquoi de ce résultat.
Pendant la phase pré-décisionnelle ou motivationnelle, les élèves traduisent leurs besoins, attentes, et
volontés en intentions. Ils pèsent la faisabilité et la désirabilité (Heckhausen et Gollwitzer, 1987), en d’autres
termes, les attentes de résultats et les attentes résultats conséquences des buts alternatifs, utilisant leurs propres
critères (voir aussi Winne, 1997; Winne et Perry, 2000, ce volume). Ils font un choix parmi des buts alternatifs
qui conduisent à une intention de but. Ce choix représente un saut d’un état d’incertitude sur le but à un
engagement vers un état final désiré (cf. Gollwitzer, 1990).
47
Elle consiste à se parler à soi-même et se dire comment procéder pendant une tâche d’apprentissage.
L’utilisation extensive de l’autoverbalisation permet d’enseigner aux élèves de s’autoréguler de manière plus
efficace.
3°) Le processus d’imagerie.
L’efficacité de l’imagerie (c’est-à-dire former des images mentales) a été démontrée comme une
technique puissante pour favoriser l’apprentissage.
4°) Le processus d’auto-expérimentation.
Il consiste à tester et expérimenter différentes stratégies pour progresser vers le but.
50
Tableau 2: Croisement des phases et des processus du cycle autorégulateur avec les différents domaines de
l’autorégulation.
PHASES DU CYCLE AUTO-RÉGULATEUR
PHASE PRE- PHASE POST-DECISIONNELLE
DECISIONNELLE
DOMAINE POUR ANTICIPATION REALISATION ENREGISTRE- AUTO-
LA PLANNIFICA-TION ET CONTRÔLE MENT REFLECTION
REGULATION ET ACTIVATION VOLITIONNEL
Fixation du but cible
Décomposition but-
sous-but
Planification
stratégique Sélection et Conscience Jugements cognitifs
Activation de la adaptation des métacognitive et Attributions
connaissance antérieure stratégies cognitives enregistrement de la
COGNITION concernant le contenu d’apprentissage cognition
de l’activité
Activation de la
connaissance
métacognitive
Perception de la
difficulté de la tâche
51
Facteurs contextuels
Le développement des stratégies autorégulatrices est affecté par le contexte expérimenté par l'apprenant -
comprenant le contexte social fourni par les pairs, les parents, et les enseignants ainsi que les gouvernements
d'apprentissage créé à l'intérieur de la classe, de l'école et de la maison (Puustinen & Pukkinen 2001).
L'apprentissage autorégulé est moins probable dans les situations fortement structurées lorsque les buts sont
fixés par les autres, telles que les situations de classe dans lesquelles l'enseignant dicte les expériences
d'apprentissage. Les conditions qui favorisent l'apprentissage autorégulé sont les opportunités pour apprendre, le
besoin perçu de l'élève pour apprendre, les buts chargés affectivement, et les contextes qui soit favorisent
l'autonomie soit sont naturelles.
Selon Zimmermann (2000), l'habilité à s’autoréguler est développée principalement à travers la
cognition sociale (Bandura, 1986). L'enfant observe d'abord l'autorégulation présentée par les parents, les pairs et
les enseignants suffisamment étroitement qu'il est capable de discerner les caractéristiques importantes des
stratégies. Puis l'enfant imite ces stratégies selon le guidage d'un autre, développant donc l'habileté à contrôler
ses émotions, ses états motivationnels, ses stratégies cognitives, et sa performance et son comportement dans des
conditions structurées. Lorsque l'enfant manifeste ces stratégies auto régulatrices de manière indépendante, il a
atteint le niveau de contrôle de soi. Au niveau le plus avancé, l'enfant généralise les stratégies d'autorégulation à
des situations nouvelles et diverses.
Un tel apprentissage survient habituellement de manière incidente sans instruction directe ou délibérée.
Lorsque un enfant est exposé à des modèles positifs, ceci peut travailler très bien. Cependant, beaucoup d'élèves
sont régulièrement exposés à des modèles de pauvre contrôle de soi et de pauvre autorégulation (par exemple,
des parents avec mauvais contrôle émotionnel, ou des pairs avec des mauvaises habiletés d'études). Ces
expériences produisent des stratégies d'apprentissage non adaptatives, et des interventions dans lesquelles les
élèves sont directement enseignés des stratégies auto régulatrices efficaces sont nécessaires.
Autres facteurs
Un dysfonctionnement dans l'autorégulation relative aux habiletés d'apprentissage peut aussi être un
produit d'élèves étant réactifs plutôt que proactifs dans leur approche d'études, leur manque d'intérêt dans un
sujet particulier ou un trait telles que d'inaptitude à l'apprentissage. De plus, un dysfonctionnement de
l'autorégulation apparaît souvent lorsque un élève se déplace de contexte fortement structuré à des contextes qui
dépendent de l'autorégulation.
L’apprentissage autorégulé est enseignable. Du fait que les élèves peuvent apprendre à devenir des
apprenants autorégulés, les enseignants peuvent enseigner de façon à aider les élèves à le devenir. Un grand
nombre de stratégies éducatives spécifiques existent pour y parvenir. L’idée la plus importante à garder à l’esprit
est que les stratégies pour l’apprentissage autorégulé peuvent être enseignées dans tous les types de contextes de
classe. Elles peuvent être enseignées dans des cours séparés ou dans des programmes ou dans des études
générales et des programmes d’apprentissage d’habileté, et ils peuvent être enseignés en sciences, en science
sociale et en EPS.
53
caractéristiques objectives : soit frapper un ballon rapide dont la trajectoire est prédictible, soit envoyer un
ballon peu rapide mais présentant une grande incertitude. Les conditions environnementales sont aussi
constituées par les forces extérieures telles que la pesanteur, la résistance de l'air, les forces de réaction, de
frottement, etc., ainsi que par tout ce qui constitue l'environnement matériel, les surfaces de support, les
instruments utilisés, etc. Dans cette catégorie entre aussi la position du corps au début de la tâche, notamment si
celui-ci est immobile ou en déplacement; des prescriptions quant à la procédure gestuelle à mettre en oeuvre
pour atteindre le but: lancer à deux mains, sauter en rouleau ventral, etc.
b) Des buts proches au service de buts lointains. Quelques buts sont à long
terme, comme, par exemple, pour un élève passer dans la classe supérieure. Ils ne peuvent pas être atteint en
quelques jours voire en quelques semaines ou plusieurs mois. D’autres sont à court terme ou buts plus proches,
tels qu’obtenir telle performance lors d’un contrôle en gymnastique. La recherche psychologique a montré que
les élèves qui se fixaient des buts proches sont plus capables d'enregistrer leurs progrès vers ces buts et de
réguler leurs comportements. Les définitions des buts à long terme évolueront tout au long de la carrière au
collège et au lycée. Les élèves n’ont pas besoin de se préoccuper dès maintenant d'avoir des buts à long terme
très spécifiques. Cependant, ils ont besoin d'avoir des buts à cours terme ou but proximaux spécifiques. Cette
54
fixation de buts proches non seulement rend la tâche plus gérable, mais elle augmente la confiance et la
motivation. D’où ces autres principes :
1) On doit demander aux élèves de se fixer de manière hebdomadaire des buts de cours proximaux, afin
qu’il puissent les enregistrer régulièrement.
2) demander aux élèves de penser à la fois à des buts à long terme et à des buts proches. Ils peuvent se
fixer quelques buts à long terme par exemple une performance en fin de cycle puis essayer de penser à quelques
buts plus proches qui les aideront à atteindre ses buts à long terme.
3) Il faut aider les élèves à transformer quelques-uns des buts lointains en buts proximaux, ou buts à
court terme, qui puisse être accompli à l'intérieur de quelques jours ou une semaine. Briser la tâche en buts plus
petits et plus proches de telle sorte quelle permet d’accomplir ses tâches et de les réussir pleinement.
Bien sûr, pour les tâches scolaires spécifiques, les buts proximaux seront à très court terme et pertinent à
l’activité. Par exemple, dans un cycle d’athlétisme, les élèves peuvent se fixer une performance à atteindre en fin
de cycle puis bénéficier de la fixation de buts proximaux en se fixant des performance de temps à réaliser chaque
semaine afin de rendre la tâche plus gérable. Ces buts proximaux plus petits sont beaucoup plus faciles à
accomplir que d’essayer d’accomplir un but final. Quelques buts servent de sous buts pour d'autres plus larges ou
plus généraux. Ainsi, tel élève peut vouloir obtenir un A sur son contrôle en mathématique parce que c'est un
sous buts pour avoir la moyenne générale. Et bien sûr, avoir une haute moyenne générale est un sous but pour
obtenir d'être admis en classe préparatoire, qui lui permettra d'atteindre son but de carrière plus large de devenir
un médecin et d'avoir une carrière réussie.
La recommandation générale que l’on peut faire est de manipuler en premier lieu la difficulté du but
pour permettre aux élèves d’enregistrer d’abord des progrès et de leur demander ensuite de maintenir le niveau
de performance atteint malgré une augmentation de la difficulté des conditions de réalisation.
55
1°) Apprendre aux élèves à se donner des buts et des consignes qui soient clairs
Pour susciter une motivation à apprendre, les buts doivent présenter une caractéristique fondamentale
(cf. Famose, Sarrazin et Cury, 1999) : ils doivent être clairs et concrets. Un but ne doit pas être vague, il doit
préciser un niveau explicite de performance à atteindre pour guider efficacement l’activité des élèves. Pourtant
beaucoup d’enseignants utilisent des formulations vagues du type “ fais de ton mieux ” ou “ il faut que tu
t’améliores ”. Dans le cycle général de l’autorégulation, il est difficile d’enregistrer ses résultats par rapport à des
buts qui sont vagues. Si un élève a un de but de « bien faire » en EPS au collège, qu’est-ce que cela signifie ?
Comment saura-t-il quand il a atteint ce but ? Même un but plus proximal tels que « bien faire en athlétisme » est
encore vague et le progrès vers ce but est difficile à enregistrer. Plusieurs études ont montré que les élèves ne
faisaient pas de leur mieux quand on leur disait d’essayer de le faire ! La raison provient du fait qu’un but vague
peut être traduit par l’élève en une grande variété de résultats à atteindre. En revanche, des buts plus spécifiques
qui comprennent des comportements mesurables ou manifestes sont plus facilement enregistrés. Par exemple,
bien faire en EPS peut être défini de manière plus spécifique, telle que, «j’essayerai de franchir telle distance au
saut en longueur ». Ceci est facilement mesurable et spécifique bien que un peu à long terme.
Pour que le but soit clair il est nécessaire de respecter plusieurs points :
a) Fixer des buts en termes de résultats mesurables. Les buts “ quantitatifs ”
sont efficaces car ils spécifient clairement le résultat que doit atteindre le sportif : “ soulever telle charge, x fois,
x séries, avec x secondes de récupération ” ; “ courir 1000 mètres à 12 km/heure ”, etc. Dans le cas des habiletés
complexes, le but peut porter sur les sous-composantes de l’habileté : par exemple, le nombre de réussites à la
réception de service en volley, sur “ x ” tentatives.
b) Utiliser un système de points. Quand l’activité sportive fait appel à une
pluralité d’habiletés sous-jacentes, une autre manière intéressante d’établir des buts précis consiste à utiliser un
système de points (cf. Famose, Sarrazin et Cury, 1999). Chacune des actions importantes du jeu est codée, et
correspond à une certaine valeur. Par exemple, le joueur reçoit la balle (= 1 pt), il tire de manière opportune (2
pts), il marque (3 pts), il récupère la balle à l’adversaire (2 pts), etc. Ce même type de fonctionnement peut aussi
être utilisé avec une équipe.
2°) Le média de présentation. Concrétiser les buts en “ aménageant le milieu ”.
Par exemple, une tâche peut être présentée oralement, sous forme abstraite, ou sous forme de métaphore
(fait le serpent) mais dans ce cas l'information peut être transitoire. Un autre moyen de concrétiser le but
consiste à l’inscrire matériellement dans l'environnement. Dans ce cas, il est permanent et continuellement
disponible. (cf. Famose, Sarrazin et Cury, 1999). Famose, Hebrard et Vives ont proposé, il y a quelques années,
une forme de pédagogie dans laquelle cette clarification du but peut être obtenue par un aménagement matériel
du milieu. La fonction de cet aménagement est d'inscrire concrètement le but de l'habileté dans l'environnement.
Prenons un exemple dans le domaine du ski. Supposons que nous voulions faire réaliser à des élèves une courbe
de virage régulière dans la neige. Ce but peut être prescrit de manière verbale abstraite. Mais dans ce cas, il peut
être ambigu dans la mesure où diverses interprétations de la régularité de la courbe sont possibles. Si nous
dessinons au contraire, avec de la couleur, une courbe régulière sur la neige et demandons aux élèves de la
suivre, désormais le but devient clair pour eux : ils doivent rester en contact avec la trace dessinée. Ce but va
mobiliser les sous-routines nécessaires à son accomplissement.
Inscrit dans le milieu le but est moins soumis à interprétation que lorsqu’il est exprimé de manière
verbale. Par exemple, les enfants sautent significativement plus loin en longueur quand ils doivent atteindre une
marque dessinée du sol (“ saute jusqu’à la ligne ”) que lorsqu’ils essayent de “ sauter le plus loin possible ”. Plus
le but est concret, inscrit matériellement dans le milieu, plus la performance est élevée.
On peut résumer tout ce qui précède par une formule générale : l'éducateur doit jouer sur la tâche et
non sur les comportements da pratiquant. Il joue sur la tâche en clarifiant le but par aménagement
matériel et en simplifiant ou complexifiant les conditions de réalisation.
11.4.2. Choisir des activités pour lesquelles les élèves estiment avoir une marge
de progression importante
Si l’enseignant veut élever la valeur de l’accomplissement d’une activité, encore faut-il que les élèves
aient le sentiment que leurs opportunités d’apprendre et de progresser soient grandes. Or toutes les APSA
n’offrent pas les mêmes perspectives d’apprentissage et de progrès. Des travaux (Sarrazin, Biddle, Famose,
Cury, Fox & Durand, 1996) ont montré que les élèves avaient des représentations différentes quant à leur marge
de progrès dans différentes APSA, ainsi que sur les déterminants du succès dans celles-ci (A savoir, s’il faut
surtout “ être doué ” et/ou s’il faut surtout “ travailler ” pour réussir). Par exemple, la gymnastique est une
activité où une majorité d’élèves estiment à la fois qu’ils progresseront peu, et qu’il faut être “ doué ” pour
réussir. C’est aussi l’activité où les élèves se sentent moins bons et où ils rapportent poursuivre le moins des buts
de maîtrise. Par opposition, le basket est l’activité où les élèves estiment que leur marge de progrès est
importante. De plus, la réussite dans cette activité n’est pas perçue comme liée à un don particulier, mais comme
dépendante du travail fourni. En définitive, il est important - dans la mesure du possible - de programmer des
APSA pour lesquelles les marges de progrès sont importantes plutôt que celles où la progression est difficile
parce que la réussite est fortement liée à des “ prédispositions naturelles ” (triple saut plutôt que longueur; course
de haies plutôt que sprint plat, etc.).
11.4.3. Choisir des activités qui ont une pertinence et une utilité sur le plan
personnel et culturel
Cette condition vise toujours à améliorer la perception de la valeur d'une activité. Il est important que les
élèves perçoivent que les activités proposées comblent certains de leurs besoins.
1°) Les activités devraient enseigner les choses qui valent la peine d’être étudiées.
Les étudiants ne sont pas motivés pour apprendre quand ils sont engagés dans des activités qu’ils estiment
inutiles ou sans signification; par exemple, des activités qu’ils maîtrisent complètement (course sans autre
objectif que courir pour courir ; tâches assignées simplement pour occuper le temps plutôt que pour accomplir
des objectifs d'instruction valables). Dans toutes les tâches prescrites - même les plus routinières comme la
course longue - l’élève doit percevoir des opportunités d’apprendre quelque chose.
2°) Les activités devraient avoir une pertinence culturelle. Dans certaines régions, il
y a des APSA qui sont plus “ inscrites ” dans le patrimoine culturel de la région (rugby ou pelote basque, dans le
sud-ouest ; basket dans certaines villes ; football dans d’autres ; etc.). Il est alors judicieux de programmer ces
activités, quand elles ont un intérêt éducatif équivalent à d’autres APSA (au niveau de l’éducation motrice, la
pelote basque peut apporter autant que le tennis de table ou le badminton).
3°) Les enseignants ne doivent pas oublier de conserver une certaine équité sexuelle
dans les activités qu’ils programment. Pour que les filles ne se sentent pas continuellement “ exclues ”, il est
important qu’elles aient le sentiment de pratiquer des activités qui sont conformes à leur rôle sexué. De plus,
cette programmation d’activités ou de modalités plus féminine peut être tout à fait conforme à un objectif
général de “ suppression des inégalités sexuelles ”, d’apprentissage de la tolérance et de la citoyenneté
57
11.5. L’origine de la tâche
Il s’agit ici de la possibilité offertes aux élèves de choisir ou non parmi plusieurs tâches possibles d’un
niveau de difficulté équivalente ou différente. Cette suggestion est directement liée à la motivation et concerne
plus particulièrement le besoin d’autodétermination des élèves. Pour Deci (1975, 1980) et Hackman et Oldham
(1980), l'autonomie de l’élève est une variable critique dans la détermination de la motivation pour une activité
donnée. Il s’agit du degré selon lequel il est libre et indépendant de déterminer quand et comment accomplir une
tâche ou une activité. L'autonomie est importante aux yeux des élèves parce qu'elle leur permet de percevoir le
succès dans l'accomplissement d'une tâche ou d'une activité comme un résultat de leurs propres efforts et
habiletés. L’opérationnalisation de cet objectif d’autonomie renvoie aux notions d’autorité et de contrôle perçu
dans la classe.
L’autorité fait allusion au degré de participation de l’élève à la prise de décision liée aux apprentissages.
On peut considérer soit (1) que l’enseignant décide de tout, tout seul (activité, but, contenu, etc.) soit (2) qu’il
partage ce “ pouvoir ” en laissant aux élèves des opportunités de choisir des activités, des buts à atteindre, et les
contenus. Les travaux de Deci et de Vallerand montrent tous que le fait de laisser des opportunités de choix aux
élèves augmente leur sentiment d’autonomie, qui de manière subséquente améliore la motivation pour l’activité.
Ces travaux constituent une caution théorique (et scientifique) solide à plusieurs objectifs clairement affichés par
l’institution scolaire : soutenir l’autonomie et responsabiliser les élèves.
Cependant, la notion de climat de contrôle de la classe précise davantage comment cette autonomie doit
être envisagée dans le cadre de l’apprentissage autorégulé en classe. La structure de contrôle de la classe a
souvent été définie en termes d'une seule dimension allant du contrôle de l'enseignant (à savoir les méthodes
employées par l'enseignant pour diriger et superviser les processus de la classe et de maintenir un contrôle sur
l'apprentissage), à l'autonomie des élèves (à savoir les opportunités offertes aux élèves de faire des choix et de
prendre des décisions dans la classe. Les études du contrôle perçu ont maintenu que ceci n'était pas
nécessairement le cas puisque c'est la signification perçue de l'environnement de la classe plutôt que
l'environnement en tant que tel qui est le facteur important lorsqu’on étudie les résultats des élèves. La notion de
contrôle perçu de la classe n'est pas en effet déterminée par le degré selon lequel elle offre soit l'autonomie soit
elle est contrôlante. Plutôt, il est déterminé par le degré de relation entre le contrôle de l'enseignant et les
opportunités pour un apprentissage autorégulé accordé aux élèves (contrôle de l'élève).
11.5.2. Sur quoi doivent porter les possibilités de choix des élèves ?
Les tâches auxquelles les élèves de lycée et collège sont confrontés doivent être structurées de manière à
ce qu’elles leur fournissent des opportunités pour l’autorégulation. Les élèves doivent avoir un choix et un
contrôle quelconque sur leur apprentissage. Le choix et le contrôle sont très importants pour favoriser une
orientation de maîtrise chez les élèves. La fourniture de choix et de contrôle ne signifie pas que l’enseignant
abandonne son pouvoir de décision en terme du contenu de cours ou même en terme de la structure des examens
ou autre assignement de cours. Plutôt, il y a des stratégies qui permettent aux élèves quelques prises de décision
et quelques contrôles sur leur travail bien que maintenant l’intégrité du contenu du programme. Le choix des
buts à l’intérieur d’une liste prescrite d’activité permet aux élèves un contrôle quelconque sans produire des
domaines sélectionnés au hasard. Il y a aussi d’autres stratégies éducatives qui permettent aux élèves choix et
contrôle sur leur apprentissage comme par exemple les tâches semi-définies.
Un point important doit être souligné néanmoins, inciter les élèves à participer au processus de prise de
décision n’est pas synonyme de “ laisser faire ”. L’élève doit toujours avoir une idée claire des limites à
respecter.
Les choix offerts aux élèves peuvent porter :
1°) Sur les APSA (c’est souvent le cas pour le brevet des collèges et le
baccalauréat) ;
59
2°) Sur les buts à atteindre. La fixation de but, dont nous avons parlé
précédemment n’est pas suffisante en soi. Il ne suffit pas de fixer des buts difficiles et concrets pour que “ par
magie ”, les élèves fassent des efforts. Il faut aussi que l’élève puisse lui-même se fixer des buts à atteindre et
qu’il s’engage à les atteindre. Pour cela, il peut être nécessaire de négocier les buts fixés avec certains élèves.
Une manière d’y arriver est de passer un contrat de performance, dans lequel les élèves effectuent un contrat
formel pour un certain niveau d’effort ou de performance. Cette négociation active enseignant-élève donne à
l’élève le sentiment de participer au processus de prise de décision (cf. Famose, Sarrazin et Cury, 1999) ; c’est la
pédagogie du contrat.
3°) La manière dont les élèves peuvent ou doivent réaliser la tâche.
Les consignes sur la manière de réaliser la tâche peuvent être présentes ou absentes et être de différents
types (par exemples, "fléchit les jambes, mets tes bras en avant...vs, débrouilles-toi pour trouver comment
parvenir à atteindre ce but...") et plus ou moins directives en terme de ce que les élèves "doivent faire" (par
exemple faites d'abord un résumé..." vs. "Vous pouvez considérer les principaux points avant de ...").
Le principe prescriptif le plus difficile à faire admettre aux éducateurs physiques est celui qui concerne la
réalisation motrice. Il faut pourtant comprendre que la responsabilité d'organiser la configuration des
mouvements, en vue de l'atteinte d'un résultat spécifique, appartient au pratiquant et à lui seul.
Certes l'éducateur peut et doit fournir un guidage d'une nature très générale sur la forme du mouvement. Mais
étant donné les configurations morphologiques particulières de chaque individu et la diversité individuelle des
sous-routines provenant des apprentissages antérieurs, il est naïf de croire qu'une forme de mouvement, décrite
dans ses moindres détails par l'éducateur permettra une réalisation efficace de la tâche pour chacun d'entre eux.
On obtiendra plutôt une très grande diversité de résultat.
Il semble de plus en plus certain que le rôle de l'éducateur doit consister à mettre en place des situations
pédagogiques sollicitant au maximum chez le pratiquant, la construction active des habiletés. L'enseignement
des habiletés motrices ne doit plus viser à imposer un mode de réalisation de l'habileté par explications verbales
et démonstration de modèles gestuels (série de sous-routines) issue de l'observation de la pratique des
champions. En vérité, un entraînement efficace doit s'efforcer de placer les pratiquants face à des tâches où les
constructions qu'ils font naturellement et inévitablement sont facilitées au maximum. Les tâches que nous
appelons semi définies (Famose. 1990) permettent de localiser l'attention du pratiquant sur le but à atteindre et
de lui laisser la liberté d'organiser de lui-même la séquence gestuelle qui lui permettra d'atteindre le but.
Contrairement à la pédagogie traditionnelle, qui cherche à faciliter l'acquisition d'une habileté motrice en
présentant un modèle de mouvement sous forme d'explications ou de démonstrations et en demandant une
reproduction fidèle de cette forme, les principes actuels d'intervention pédagogique qui découlent des analyses
précédentes vont dans un sens tout à fait différent. La facilitation de l'acquisition de l'habileté repose sur une
information claire et précise sur le but à réaliser et sur une non-spécification des mouvements à mettre en œuvre.
Spaeth résume parfaitement en une phrase la logique de l'intervention de l'éducateur. «Le rôle de l'éducateur ne
peut pas être celui d'un dictateur d'une forme de mouvement mythique, universelle idéale. La responsabilité
principale de l'éducateur est au contraire d'aider celui qui apprend en clarifiant le but».
Gentile (1972) a montré que l'enseignement traditionnel qui découle de l'analyse technique, loin de clarifier
le but de l'habileté, entraîne au contraire une confusion de buts. En effet, l'éducateur en fournissant des informa-
tions et des consignes sur ce que doit être la forme du geste, rend par la même occasion le but de l'habileté
obscur au pratiquant. Il semble pourtant évident que la tâche première de l'éducateur devrait consister à
spécifier quel est le problème à résoudre ou quelle est la nature du résultat à obtenir. Souvent dans la pratique,
c'est l'inverse qui se produit. L'éducateur ayant pour lui-même une compréhension claire du but, suppose que le
pratiquant a la même compréhension. En conséquence, dans sa présentation, il insiste plus particulièrement sur
la configuration motrice à réaliser. Il passe rapidement d'une vague mention du but à une description verbale du
mouvement généralement accompagnée de démonstration dans l'intention de favoriser la mise en place d'un
plan moteur efficace. Ce mode d'intervention produit une confusion de BUT.
Le pratiquant pense que le résultat à produire est de se mouvoir de la manière décrite par l'éducateur. Ainsi
c'est le style du mouvement tel qu'il a été spécifié par l'enseignant mouvement morphocinétique - et non la
conséquence du mouvement en termes de résultats à produire qui devient le but de l'élève.
Arnold (1985) n'est pas tendre avec ce type de pédagogie : « Prenons le cas d'un élève qui possède
parfaitement la technique de certains gestes mais n'atteint pas l'objectif: rate le panier en basket, frappe au-
delà de la ligne de fond au tennis, perd le ballon en football. Si l'éducateur s'évertue à lui dire que le geste était
bon, qu'il réussira mieux une prochaine fois, etc. Il perpétue le mythe de la forme de mouvement idéale et perd
sa crédibilité, puisque le pratiquant sait de toute façon que son geste n'est pas bon dans la mesure où il n'a pas
60
atteint son objectif ».
Comme nous l'avons signalé plus haut, il y a seulement un cas dans lequel une forme exacte du mouvement
peut être prescrite, c'est lorsque le but est de mouvoir conformément à des standards imposés extérieurement
comme dans la gymnastique ou le plongeon. Dans ce cas le résultat qui doit être produit est une forme de
mouvement particulière. D'un moyen utile pour une fin. le mouvement devient une fin en lui-même. Dans ces
circonstances particulières, il est évident que l'éducateur doit présenter sous forme de démonstrations ou
d'explications le modèle du mouvement à reproduire.
«Or, pour toutes les activités qui nécessitent autre chose que la démonstration d'une technique particulière, il
importe avant tout de faire coïncider caractéristiques du mouvement et caractéristiques environnementales,
etc.».
Pour toutes les autres habiletés dans lesquelles la configuration du geste est seulement un moyen de produire
un résultat particulier, l'éducateur sportif doit admettre qu'insister de manière injustifiée sur la forme du
mouvement peut avoir pour conséquences une confusion du but chez le pratiquant.
L'éducateur doit accepter l'idée que chaque organisation de mouvement qui atteint le but et satisfait aux
conditions régulatrices environne mentales est une habileté. Si la forme lui semble mauvaise, il doit alors
modifier le but ou les caractéristiques de la tâche.
61
11.7. Le contenu de la tâche.
Il s'agit ici des recommandations concernant la façon de concevoir ou de choisir une tâche afin de
solliciter à la fois les différents types de but sollicité dans les APS mais aussi les différentes ressources
particulières du sujet: opérations cognitives, connaissances, aptitudes, habiletés, etc. Ces ressources sont
mobilisées par les élèves pour faire face aux demandes de la tâche. Les recommandations porteront ici sur
l'utilisation de différents systèmes de classification des tâches motrices. Voir à ce propos Famose (1990)
62
L’enseignant doit aider les élèves à ne pas se juger trop sévèrement lorsqu’ils font des erreurs. Il faut
pour cela leur montrer l’importance de l’erreur dans le processus d’apprentissage, et les aider à faire la
distinction entre erreur et faute ou incompétence. Il faut arriver à faire comprendre qu’il est possible de faire des
erreurs, sans pour autant être incompétent
Apprentissage Apprentissage
d'une nouvelle d'une nouvelle
habileté habileté
motrice Apprenti ssage motrice Apprenti ssage
facilité au non facilité
maximum (aucun
(transfert transfert
Aucune
Maîtrise positif) positif)
maîtrise
antérieure
antérieure
d'une habileté
d'une habileté
motrice
motrice
prérequise
prérequise
Figure 5 : Représentation de la théorie d’une unité fonctionnelle de hiérarchie d’apprentissage.
D’après Singer et Dick, 1974.
Une telle analyse révèle habituellement que les habiletés moins complexes servent de «préalable immédiat»
ou encore de «pré-requis» et peuvent à leur tour être décomposées en d'autres habiletés encore plus simples.
Ce processus constitue ce que l'on appelle depuis Gagné (1977) une hiérarchie d'apprentissage laquelle n'est ni
plus ni moins qu'un organigramme des habiletés pré-requises à une habileté plus complexe qui doit être
acquise.
L'unité fonctionnelle de base d'une hiérarchie d'apprentissage est une paire d'habiletés motrices : l'une
subordonnée à l'autre ou encore l'une servant de pré-requis à l'autre. Comme on peut le voir sur la figure 5, on
peut théoriquement prédire que l'habileté pré-requise - qui a été préalablement acquise et maîtrisée - facilitera
63
l'apprentissage de l'habileté située à un niveau plus haut et à laquelle elle est en rapport. Au contraire si
l'habileté pré-requise n'a pas été maîtrisée antérieurement, Il n'y aura aucune facilitation de l'apprentissage de
l'habileté d'un niveau supérieur. Cette dernière condition ne signifie pas que l'habileté supérieure ne puisse pas
être apprise, mais simplement qu'un groupe de pratiquants réalisera en moyenne cet apprentissage beaucoup
moins facilement.
Cela a pour conséquence que la combinaison d'habiletés pré-requises dans le but de former une nouvelle
habileté plus complexe doit se produire dans un ordre convenable. Ainsi la «combinaison » qui constitue la
nouvelle habileté implique l'apprentissage, suivant un ordre précis, d'habiletés plus simples dont elle est
composée.
12. Conclusions
Dans ce cours nous sommes efforcés de montrer que l’acquisition des habiletés motrices était un
processus complexes qui sollicitait de nombreux autres processus. La théorie qui rend le mieux compte
actuellement de ce processus complexe est celle de l’apprentissage autorégulé. Des recommandations pratiques
pour favoriser ce processus complexes sont issues d’une analyse des différentes variables de la tâche.
66
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