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ECONOMIE NUMERIQUE

Plusieurs auteurs importants ont sérieusement mis en doute,


la capacité de la révolution numérique portée par l’internet
et les TIC en général à produire une nouvelle vague de
prospérité économique. Robert Solow fut le premier
à émettre un doute avec son paradoxe prononcé en 1987, «
les ordinateurs sont partout, sauf dans les statistiques de
productivité ». Solow l’a cru solutionné avec la progression
des gains de productivité à partir du début des années 1990
aux États-Unis après une phase ou la productivité se montrait
disproportionnelle aux investissements. Ainsi le problème
soulevé par le paradoxe de Solow serait donc que le progrès
technique porté par l’économie numérique serait un progrès
technique sans gains de productivité et promesse d’une
croissance soutenue sur une longue période.
Technologies de l’information et de la communication (TIC)
ou NTIC, nouvelle économie, nouvelles technologies,
économie électronique, économie digitale, sont des
dénominations utilisées pour décrire l’économie numérique.
L’économie numérique englobe les activités économiques et
sociales qui sont activées par des plateformes telles que les
réseaux internet, mobiles et de capteurs, y compris le
commerce électronique. En plein essor, l’économie
numérique est un secteur stratégique de l’économie et sa
contribution à la croissance des Etats est non négligeable. En
France, le numérique représente 5,5% de la valeur ajoutée
créée et son poids dans la contribution à la croissance est
plus important que celui des secteurs traditionnels.
Mais qu’est-ce que l’économie numérique ? Quel est son
impact sur la croissance ? Et a quels problèmes elle est
confrontée ?
I/ DEFINITION DE L’ECONOMIE NUMERIQUE
L’économie numérique résulte de l’utilisation répandue des
nouvelles technologies, d’usage général tout d’abord dans le
domaine de l’information et la communication ; néanmoins
elle s’est transformée en une technologie universelle qui a eu
des implications bien au-delà des technologies de
l’information et de la communication (TIC). Elle a eu un
impact sur tous les secteurs économiques, la croissance et la
productivité des Etats sans oublier l’environnement des
entreprises, les particuliers, les ménages et leur
comportement.
Même si la littérature est variée et riche il n’existe cependant
pas de définition exacte de l’économie numérique. En effet
elle ne se limite pas à un secteur d’activité particulier et
englobe des concepts très différents.
Selon « The Australian Bureau of Statistics » l'économie
numérique est : le réseau mondial des activités économiques
et sociales qui sont activées par des plates-formes telles que
les réseaux Internet, mobiles et de capteurs, y compris le
commerce électronique. Activées également par les efforts
pour atteindre l'efficacité et la productivité dans les processus
de production, les stocks et la gestion des connaissances.
L’INSEE l’assimile aux secteurs producteurs des TIC.
Elle est à l’origine des nouveaux secteurs innovants et a
rendu l’existence d’autres secteurs dépendants de celle-ci.
Elle regroupe le secteur des TIC, les secteurs utilisateurs et les
secteurs à fort contenu numérique, ces derniers ne
pourraient exister sans ces technologies.

II/ LES IMPACTS DE l’ECONOMIE NUMERIQUE


1- Les avantages
L’économie numérique est à l’origine de la croissance :
a- La contribution directe et indirecte
A travers ses contributions directes et indirectes. En effet En
termes de contribution directe, l’économie numérique
permet l’augmentation de la productivité des salariés. Une
bonne formation des salariés à l’utilisation du numérique en
entreprise augmente leur productivité, notamment grâce à la
possible d’automatisation des tâches, qui conduit à un gain
de temps, à une amélioration de processus, à une
augmentation des échanges et à une optimisation de
l’organisation. Cette réorganisation entraine l’amélioration de
la productivité du travail, un déterminant majeur de la
croissance économique. Quant a la contribution indirecte,
l’économie numérique permet de réaliser des gains de
productivité et permet aux autres agents de bénéficier des
externalités. En effet, les forts gains de productivité des
secteurs producteurs peuvent conduire à une baisse de prix
de production et de ventes de biens et services numériques,
ce qui a un effet sur la dynamique des prix et donc sur
l’inflation. Plus les prix sont faibles et plus les secteurs
utilisateurs vont être incités à investir dans des produits
numériques dans le but d’accroitre leur productivité. La
productivité globale des facteurs dépend également de la
large diffusion des innovations numériques dans l’ensemble
de l’économie. En effet l’innovation numérique a des
externalités de « réseau », plus les innovations numériques
sont largement diffusées et adoptées, plus les bénéfices
seront importants (effet d’apprentissage). Ainsi leur diffusion
permet à l’ensemble d’autres secteurs économiques de
gagner en innovation et productivité également. Et en plus,
cela permet la création de nouveaux emplois malgré la
destruction de certaines (destruction créatrice de
Schumpeter ). Ainsi, En France l’économie numérique est un
secteur stratégique dont le poids est substantiel et
représente un facteur de croissance. La valeur ajoutée du
numérique ramenée au PIB français s’est élevée à 5,5% soit
113 milliards d’euros, sa contribution au PIB est estimée
supérieure à celles de certains secteurs traditionnels comme
l’agriculture (2%) et les services financiers (4,8%). L’économie
numérique et les secteurs qui la composent ont contribué à la
croissance du PIB français en moyenne entre 2010 et 2013 à
la hauteur de 13%. De plus, Selon le rapport Mc Kinsey
France : en termes d’emploi direct le numérique emploie
3,3% de la population active en France et crée de manière
quasi-équivalente des emplois indirects ou induits (emplois
générés par les activités numériques dans des secteurs
utilisateurs des biens et services numériques).

b- Contribution dans les autres secteurs

Autres gains qualitatifs du numérique sont dus à l’adoption


et à l’émergence d’innovations organisationnelles dont le but
est d’augmenter les performances des entreprises par
l’amélioration des processus ou l’optimisation de
l’organisation. En effet ces innovations organisationnelles
réduisent les coûts administratifs, les coûts de transaction,
augmentent le bien-être au travail et par conséquent la
productivité. Le numérique ne se résume pas à une simple
question d'outils technologiques. Il s'agit également d'un
puissant levier de transformation organisationnelle capable
d'apporter des gains qualitatifs significatifs aux entreprises.
Il permet aux entreprises de gagner en flexibilité, d’utiliser de
nouvelles méthodes automatisées permettant donc de
réduire les couts administratifs et couts de transaction,
d’améliorer la productivité et le bien être des salaries dans
l’entreprise mais aussi renforcer la créativité et l’innovation
engendrant donc la croissance dans l’économie grâce aux
gains découlant. C’est le cas d’Amazon géant du e-commerce
qui utilise l’intelligence artificielle pour automatiser de
nombreux processus métier ce qui lui permet de réduire ses
couts et d’améliorer son efficacité.

2- -Inconvénient de l’économie numérique sur la


croissance économique

Forte des multiples avantages qu’elle procure aux entreprises


et à la société, la transformation numérique est
généralement perçue et vécue de façon positive. Néanmoins,
sous l’effet d’une prise de conscience de ses impacts
croissants, l’évolution du numérique interroge. Les
inquiétudes se focalisent sur son empreinte
environnementale et sa faculté à transformer le quotidien
des populations ainsi que le contexte de travail des salariés
dans les entreprises.
a/ la polarisation des emplois
La recherche dans le domaine du machine Learning, c’est-à-
dire des capacités d’apprentissage des machines, semblent
augmenter largement les probabilités d’automatisation des
activités humaines. De ce fait, l’économie numérique favorise
les emplois des plus qualifiés au détriment des moins
qualifiés. Elle contribue à la destruction de certains emplois
surtout ceux dont le caractère répétitif ou routinier. En effet,
les métiers routiniers, qui correspondent à l’essentiel des
professions intermédiaires dans la distribution des revenus,
se raréfient du fait de l’automatisation. Ces emplois sont
exercés par un segment de la main d’œuvre particulièrement
nombreux. Ce sont les travailleurs des classes moyennes,
pour la plupart salariés, ceux-là mêmes qui sont au cœur du
modèle social et dominent monde du travail français.
b/ Création d’inégalités
L’économie numérique participe au creusement des
inégalités. En effet, l’économie numérique crée
principalement deux catégories d’emplois : d’une part, des
emplois bien rémunérés, à dimension managériale ou
créative, requérant une qualification élevée, d’autre part, des
emplois peu qualifiés et non routiniers, largement concentrés
dans les services à la personne, qui sont peu rémunérés car
leur productivité reste faible. La part des emplois
intermédiaires va donc se réduire fortement tandis les parts
des emplois peu et très bien rémunérés va augmenter. Par
exemple, BMW a complètement automatisé en 2020
certaines de ses usines, réduisant considérablement, les
ouvriers dans ces usines.
c/ La dégradation de l’environnement
Les technologies numériques consomment des ressources
naturelles et de l’énergie tout au long de leur cycle de vie : à
toutes les étapes de leur chaine de
développement/fabrication/ transport jusqu’à l’utilisateur
final et dans leurs usages. Une fois en fin de vie, elles sont
sources de déchets polluants. Ces impacts négatifs affectent
le bilan carbone de tous les acteurs du numérique, mais
également celui des consommateurs et des utilisateurs.

3- Les problèmes auxquels l’économie numérique est


confrontée

L’économie numérique est confrontée à bon ombre de défis


en France.
D’abord, Les barrières à l’entrée entravent la venue de
nouvelles entreprises dans les marchés qui ont pour
principale fcs l’innovation et la maîtrise du numérique. En
effet, Une barrière à l’entrée désigne le fait que les conditions
de marché limitent ou rendent impossibles l’entrée de
nouvelles firmes sur le marché. Ces barrières à l’entrée sont
très souvent, dans ce cadre, le coût de la R&D qui est trop
élevé. Et même les quelques rares entreprises qui arrivent à
financer leur R&D, sont calquées par les entreprises
concurrentes, ce qui crée une entrave aux entreprises
désireux d’investir dans ce domaine.
Ensuite, La main d’œuvre, en dépit de la bonne réputation de
la France pour ses écoles de mathématiques et ses écoles
d’ingénieurs, les « spécialistes TIC » ne représentent que
2,8 % de l’emploi. Surtout que, les enquêtes de l’OCDE
révèlent des compétences relativement faibles de la main
d’œuvre française dans ce domaine, ce qui complique
l’investissement dans le numérique, la mise en œuvre des
changements organisationnels qui lui sont liés et
l’appropriation de ces technologies par les salariés.

4- Quelques solutions pour réduire les inconvénients et


les obstacles auxquels fait face l’économie
numérique

D’abord, l’Etat doit investir dans l’éducation pour former dans


des spécialités favorisant le développement du numérique.
De plus, il doit allouer des fonds ou subventions pour soutenir
les entreprises innovantes ou même pour encourager les
autres entreprises à innover. Par ailleurs, il doit redéployer la
protection sociale pour qu’elle couvre mieux les individus
exposés aux risques rendus plus critiques par la transition
numérique. Il doit également développer des infrastructures
conséquentes non seulement pour renforcer l’attractivité du
pays pour attirer des investisseurs étrangers, mais aussi pour
permettre aux entreprises locales de faire de la recherche et
développement. Il doit revoir juridiquement la protection des
brevets pour permettre au moins aux entreprises qui
innovent de rentabiliser ses coûts de la R&D et en tirer profit
avant qu’un concurrent ne copie l’idée.
De plus, le numérique ne doit pas seulement réfléchir en
termes de productivité économique mais également en
termes d’efficacité environnementale. Considéré comme un
outil de développement économique, il doit venir s’intégrer
au cœur des stratégies et des modèles d’affaires des
entreprises pour devenir un vecteur de la transition
écologique. Elles peuvent ouvrir l’accès à des pratiques de
production plus efficientes qui génèrent des économies
d’énergie ou apportent de la flexibilité et de l’efficacité à
l’industrie en réduisant ses externalités négatives. Par
exemple, Tesla a adopté stratégie de production de véhicules
100% électrique, ce qui réduit considérablement les
émissions de CO2 de l’entreprise ainsi que de ses
consommateurs.
5- Conclusion

L’essor de l’économie numérique touche les sphères sociales,


économiques, politiques et culturelles. L'économie
numérique contribue directement ou indirectement à la
croissance économique par ses apports tant au niveau de
l’amélioration de la productivité qu’au niveau des innovations
de produits et de procédés. Cependant, cette économie
numérique modifie structurellement la répartition des
emplois entre peu qualifiés, intermédiaires et très qualifiés et
est confronté à plusieurs problèmes qui entrave son
développement en France.

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