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INTRODUCTION

1. PROBLEMATIQUE
La problématique est l’approche ou la perspective théorique que l’on décide
d’adopter pour traiter le problème posé par la question de départ. En d’autres termes, la
problématique est l’art, la science de poser les problèmes, bref, la problématique est un
questionnaire aboutissant à une fin. Elle désigne l’ensemble des problèmes dont les
éléments sont liés1.
WENU BECKER estime que la problématique d’un travail s’entend de
l’expression majeure qui circonscrit de façon précise et détermine avec l’absolue clarté les
dimensions essentielles de l’objet de l’étude que les chercheurs se proposent de mener2.
Comme substantif, le concept problématique désigne l’ensemble des
questions dans un domaine de science en vue d’une recherche de solution et désigne
aussi un ensemble d’idées qui spécifie la position du problème suscité par le sujet d’étude.
Ainsi, elle fournit au lecteur des éléments nécessaires pour justifier la recherche ; elle
représente un thème de recherche ou un problème spécifique rattachant à une question
générale et des informations nécessaires pour tenir l’augmentation qui sert à justifier cette
recherche3.
La République Démocratique du Congo, deuxième pays plus vaste d’Afrique
après l’Algérie et onzième au monde avec une superficie de 2.345.410 Km² et une
population aujourd’hui estimée à 100 millions d’habitants4 (classée au quinzième pays le
plus peuplé du monde), connaît un problème de gouvernance sanitaire tant dans des
milieux urbains que les milieux ruraux.

En RDC depuis le temps de la colonisation jusqu'à l'avènement de


l'indépendance, les soins de santé étaient gratuits pour toute la population en commençant
par le père jusqu'aux enfants. Ces soins constituaient un droit pour le citoyen et un devoir

1
SHOMBA K., Méthode de recherche en science sociales, Ed. PUK, Kinshasa, 1995, p.8.
2
WENU BECKER., Recherche scientifique théorie et pratique, Ed. PUK, Lubumbashi, 2006, pp.13-14.
3
LABANA L.A. et LOFEMBE, Initiation à la recherche scientifique : éléments de base, Ed. PUK, Kinshasa,
2007, p.12
4
https://fr.wikipedia.org/wiki/Republique_democratique_du_Congo, consulté le 07 octobre 2023 à 14 h30’.
2

pour l'Etat. Les ressources conséquentes étaient investies dans les hôpitaux et
dispensaires pour permettre à la population d'accéder aux services de santé de qualité.
Au fil des années, les travailleurs se sont vus devant une situation, celle de prendre en
charge la totalité des soins. Le taux d'accès aux soins de santé oscille entre 40 et 50%,
d'après une enquête démographique et de santé menée par l'Organisation Mondiale de la
Santé en 2007 et actualisée en 2009. En clair, plus de 30 millions des Congolais
n'accèdent pas à des soins de santé de qualité. A côté de ces chiffres, il faut ajouter le
délabrement des infrastructures sanitaires, construites pour la plupart à l'époque coloniale
et peu après l'accession de la RDC à l'indépendance5.
Le système de santé au Congo-Kinshasa fait face à de nombreux défis.
L'insécurité, la pauvreté et les difficultés logistiques empêchent de garantir des services
sanitaires de qualité.
Le système de santé publique de notre pays est loin d'être satisfaisant.
Malgré les efforts pour l’améliorer, les indicateurs sanitaires restent inquiétants dans le
pays. Les taux de mortalité infantile et maternelle sont extrêmement élevés alors que
l’espérance de vie est l’une des plus basses au monde.
La pauvreté des familles, la vétusté des infrastructures et le manque
d’équipements médicaux sont quelques-uns des facteurs qui ont contribué à l’état
défaillant des services de santé publique en RDC. Le pays souffre notamment d’une
pénurie de personnel médical marquée par des inégalités entre les grandes villes et les
zones rurales. Les formations sont limitées et de nombreux médecins et infirmières ne
reçoivent pas les outils nécessaires pour offrir des soins de qualité6.
"La santé n'est pas tout, mais tout est rien sans la santé", dit-on. La santé
est la pierre angulaire de tout processus de développement dans la mesure où elle
contribue au bien-être individuel et collectif et assure ainsi à tout système de
développement la plus précieuse des ressources à savoir le capital humain. De ce fait, la
santé joue un rôle économique et social indéniable. C'est pourquoi la production, la

5
CIBANGU, R. et TSHIMUNGU, F., Le système de santé de la République Démocratique du Congo. Système
de santé de la RDC et les perspectives d’amélioration, Editions Universitaires Européennes, Paris, 2022, 52 p.
6
CIBANGU, R. et TSHIMUNGU, F., Idem, 52 p.
3

distribution, le financement et la gestion des services de santé ont toujours été une
préoccupation des pouvoirs publics dans les pays du monde entier7. Et pourtant, cela ne
s'est pas toujours passé sans difficultés. De nos jours, de nombreux défis interpellent, à
des degrés divers, les systèmes de santé du monde entier, obligeant les pouvoirs publics
et autres décideurs à rechercher en permanence les mécanismes pouvant permettre de
les relever. Ces problèmes se posent généralement en termes de solidarité et d'efficience,
même si leur manifestation prend des formes variées suivant les régions du globe, selon
les pays et en fonction des systèmes de santé. Dans les pays développés, le principal
problème qui se pose est celui de l'explosion des coûts, la préoccupation majeure étant
de trouver les voies et moyens susceptibles de favoriser la maîtrise des coûts et de faire
progresser l'efficience.
En revanche, dans les pays en développement et principalement dans ceux
à faible revenu tels qu’en RDC, la crise du système de santé prend des dimensions
multiples. Cette crise est due non seulement à l'insuffisance et à la mauvaise gestion des
ressources disponibles, mais également à la faible croissance économique ainsi qu'à une
faiblesse des capacités institutionnelles. Tout cela a pour conséquence des systèmes de
santé peu performants, mal structurés et par conséquent incapables de relever les défis
majeurs de solidarité et d'efficience auxquels ils sont confrontés. Dans la plupart des pays
africains, l'Etat a été pendant longtemps le principal producteur des services sanitaires
ainsi que la principale source de financement du système de santé. Ce « double monopole
» de l'Etat s'explique par le fait que la santé a toujours été considérée comme un droit
individuel garanti à titre gratuit par l'Etat. Mais de nos jours, ce principe de gratuité des
services de santé est de plus en plus remis en cause : d'abord, pour des raisons liées à la
récession économique et donc aux restrictions budgétaires auxquelles ces Etats font face,
ensuite à cause du coût de plus en plus élevé des prestations sanitaires efficaces, et enfin
du fait de la démographie galopante qui entraîne dans ces pays un accroissement des
besoins en santé de la population. Face aux nouvelles contraintes, divers modes de
financement des services de santé sont envisagés à savoir : le paiement direct, le

7
TABUTEAU, D. et BRAS, P.-L., Les assurances maladie, Ed. PUF, Paris, 2021, 128 p.
4

financement par les contributions (l'impôt), le recours aux aides extérieures (bilatérales et
multilatérales) et la mise en œuvre de plans d'assurance maladie.
Les employés de nombreuses entreprises à Kinshasa ne
bénéficient pas toujours d’un système d’assurance-maladie adéquat, ce qui entraîne des
conséquences néfastes pour leur bien-être et leur productivité. Une des principales
difficultés est l’accès limité aux soins de santé de qualité les travailleurs kinois, qui ont
souvent du mal à trouver des établissements de santé fiables et abordables pour se faire
soigner ; en plus les coûts élevés de soins médicaux peuvent rendre le traitement
inaccessible pour de nombreux employés. Ainsi, le défi majeur réside dans la couverture
assurance-maladie offerte par les employeurs. Des nombreuses entreprises à Kinshasa
ne proposent pas d’assurance santé et leurs employés ou l’offre est limitée en termes de
prestations. Cela expose les travailleurs à d’imprévus.
L’assurance maladie joue u rôle essentiel dans la protection de la
santé et la sécurité financière des travailleurs en RDC et la CNSS est chargée de la gestion
de l’assurance-maladie pour travailleurs du secteur formel. Cependant, malgré les efforts
déployés par la CNSS, plusieurs problèmes persistent en ce qui concerne l’efficacité et à
l’accessibilité de cette assurance-maladie dans l’univers professionnel Kinois. Et les défis
d’assurance-maladie précités se posent dans le milieu professionnel congolais en général
et à la CNSS en particulier.
Eu égard de ce qui précède, nous nous sommes posés les questions
suivantes :

 L'assurance maladie universelle est-elle envisageable en RDC ? Si oui sous


quelles conditions et suivant quelles modalités ?
 L'organisation actuelle du système de santé peut-elle garantir les prestations
nécessaires et répondre aux exigences requises dans le cadre d'une assurance
maladie universelle au sein de la CNSS ? Comment les maladies professionnelles
sont prises en charge au sein de la CNSS?
5

 Quels sont les obstacles potentiels à un tel projet ? Y a-t-il des mesures pour
contourner ces difficultés ? Et quel rôle peuvent jouer les pouvoirs publics dans la
mise en œuvre d'une telle initiative ?
2. HYPOTHESES
Tout problème posé mérite bien une solution ; tout chercheur qui pose un
problème est habité par une proposition de réponse au problème qu’il cherche à affirmer
après de profondes investigations.
L’hypothèse est alors la proposition des réponses à la question posée, elle
tend à formuler et à suggérer les procédés des recherches8.
Au regard des questions posées, nous soutenons les hypothèses suivantes :
1. Nous estimons que l'assurance maladie universelle est en passe d’être réalisée en
RDC en général et à la CNSS en particulier via le Conseil National de Couverture
Santé Universelle (CNCSU) qui a récemment lancé la gratuité de la maternité et de
soins de nouveau-nés à Kinshasa. Les conditions et les modalités sont définies.
2. Nous pensons que l'organisation actuelle du système de santé ne peut pas garantir
les prestations nécessaires et répondre aux exigences requises dans le cadre
d'une assurance maladie universelle dans le milieu professionnel congolais en
général et à la CNSS en particulier à cause notamment de nombreux défis. Et la
prise en charge des maladies professionnelles demeure partielle dans cette
entreprise.
3. Pour assainir le secteur sanitaire en dépit des textes légaux, il faut notamment
commencer justement par le redressement du comportement des agents et cadres
du Ministère de la Santé Publique et puis vulgariser les réglementations sanitaires
auprès de la population congolaise plus particulièrement ceux de milieux
professionnels. Et les obstacles sont nombreux. Pour contourner ceux-ci, l’Etat qui
joue un rôle central, doit appliquer une bonne gouvernance sanitaire.

8
GRAWITZ M., Méthode de recherche en sciences sociales, Ed. Dalloz, Paris, 1990, p.443.
6

3. METHODES ET TECHNIQUES
3.1. METHODE
De prime à bord nous aimerions affirmer que tout travail scientifique doit
s’orienter selon un certain cadre méthodologique. Pour ce faire, l’usage des méthodes et
techniques aide à matérialiser cette méthodologie de la recherche.
« Lorsque le chercheur entame sa rédaction, il lui convient non seulement
de limiter le sujet, mais aussi de choisir des procédures concrètes adaptées pour réunir et
traiter les informations requises. C’est le rôle dévolu à la méthode pour traiter les
informations et les techniques, outils d’appui à la première pour récolter ou rassembler les
mêmes informations. Cependant, il ne serait pas de bon aloi que le chercheur y recourt
sans en justifier ou en concrétiser l’usage. » 9
Il est dit de la méthode comme étant « l’ensemble des règles et des principes
qui organisent le mouvement d’ensemble de la connaissance, c’est-à-dire les relations
entre l’objet de recherche et le chercheur, entre les informations concrètes rassemblées à
l’aide des techniques et le niveau de la théorie des concepts. »10 En ce qui nous concerne,
nous avons utilisé la méthode d’analyse stratégique.
3.2. TECHNIQUES
« Les techniques sont l’ensemble des moyens et des procédés qui
permettent à un chercheur de rassembler des informations originales ou de seconde
main ».11
Concernant le sujet en étude, nous avons reconnu aux techniques
documentaires, l’interview libre et l’observation directe.

4.1.1. La technique documentaire

Elle met en présence les chercheurs d’une part et les documents supposés
contenir les informations recherchées d’autre part. Son usage nous a permis de récolter

9
BAENDE EKUNGOLA, Les normes de rédaction scientifique, Editions CEDI, Kinshasa, 2006, p.78
10
Jean OMASOMBO, Op.Cit, p.47
11
OMASOMBO Jean, Cours de Méthode de travail scientifique, Inédit, G1SPA, FSSAP, UNIKIN, 2002-2003
.
7

les données nécessaires pour la rédaction de ce travail, par la lecture des ouvrages
scientifiques, les travaux de nos prédécesseurs, des notes de cours.

4.1.2. L’interview libre

Le recours à cette technique comme procédé d’investigations scientifiques


nous a permis de recueillir les informations en communication verbale.

Nous avons posé des questions de précision et discuté avec notamment les
agents et cadres de la CNSS sur cette question d’assurance-maladie.

4.1.3. L’observation directe :

Cette technique nous a aidés d’appréhender certaines réalités concernant


la gouvernance sanitaire dans la ville de Kinshasa en général et de la CNSS en particulier.
Nous avons effectué des descentes dans cette entreprise publique congolaise.

4. CHOIX ET INTERET DU SUJET


Ces dernières années, la question de l’assurance-maladie est notamment
au cœur du débat en République Démocratique Congo (RDC) en raison de ses
répercussions négatives sur la situation politique, sociale, culturelle, et économique du
pays. La prolifération des pratiques sanitaires en marge de la loi sont autant d’indicateurs
de l’inefficacité de la législation dans le secteur de la santé.
Le choix de ce sujet se justifie par le souci constant de voir une minimisation
des défis liés à l’assurance-maladie dans l’univers professionnel dans la ville de Kinshasa,
particulièrement à la CNSS.
Le souci et l’esprit qui nous animent sont de voir le gouvernement mettre en
place des politiques publiques sanitaires qui rendent faciles et accessibles les soins de
santé pour tous dans tous les milieux professionnels en général et celui de la CNSS en
particulier.Sur le plan scientifique, ce travail suscite un intérêt particulier dans la mesure
où il sert, dans une certaine mesure de banque des données pour les éventuels
8

chercheurs, hommes de science et professionnels des questions liées à la santé publique


(assurance-maladie).

Nous voulons aussi, sur le plan social, contribuer à travers ce travail


scientifique, à une possible solution parmi tant d’autres pour la promotion de l’assurance-
maladie dans tous les milieux professionnels en RDC.

5. DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE
Pour tout travail qui se veut scientifique, il est une exigence qu’il soit
circonscrit et délimité dans le temps et dans l’espace. Il n’est pas possible d’étudier tout à
la fois ou à partir d’un fait étudié de parcourir tous les éléments influents jusqu’aux
extrêmes limites de la terre et jusqu’au bout de temps.12
S’agissant de la dimension spatiale de ce travail, il faut mentionner que la
ville de Kinshasa constitue le cadre géographique de nos investigations mais nous allons
mettre beaucoup plus d’accent sur la Caisse Nationale de Sécurité Sociale.
Quant à la dimension temporelle, nous nous sommes plus penchés sur la
période allant de 2019 à nos jours.

6. SUBDIVISION DU TRAVAIL
Comme tout travail scientifique doit comporter un plan pur ne pas se perdre
dans ses idées, notre travail comporte trois chapitres hormis l’introduction et la conclusion :

- Le premier chapitre porte sur le cadre conceptuel et théorique ;


- Le deuxième présente la Caisse Nationale de Sécurité Sociale; et
- Le troisième et dernier évalue les activités de l’assurance-maladie au sein de la
CNSS.

12
REZSOHAZY, R., Théories et critique des faits sociaux, La renaissances du livre, Paris, 1971, p.68.
9

7. DIFFICULTES RENCONTREES
Tout chercheur dans son champ d’action se bute à des difficultés qui
empêchent l’aboutissement effectif de résultats. Pour ce qui nous concerne, nous pouvons
relever certaines difficultés telles que :

- Celles liées au temps, c’est-à-dire combiner les cours, le stage, le temps de


recherche et la rédaction dudit travail ;
- Celles liées aux finances et matériels qui sont dû à la conjoncture économique
difficile, caractérisée par une pauvreté extrême de la population, à l’occurrence
nous les étudiants;
- Celles liées au manque d’une documentation à jour.
10

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL

SECTION 1 : DEFINITION DES CONCEPTS


Il est une préoccupation incontournable pour tout chercheur de commencer
par définir ses notions théoriques de base comme instruments opérationnels en Sciences
Sociales. Il existe une complexité parce qu’elles sont avant tout vocabulaire, et de par sa
nature un mot est polysémique. D’où, il importe au chercheur de les clarifier en se basant
sur le contexte de son étude. En effet, notre travail nous oblige de définir les concepts ci-
après : défi, assurance, maladie et profession.

1.1. Défi
Le mot « défi » est substantif ou un nom masculin. Son apparition dans la
langue française récente. Dans les anciens textes, on retrouve toutefois des mots
apparentés comme « défiance » ou bien encore « défiement ». Un défi désigne l’action de
provoquer une autre personne en combat, d’induire une compétition. On parle par exemple
de « relever le défi » ou de « lancer le défi ». D’une manière générale, ce mot renvoie à
l’idée de défier, de provoquer quelqu’un ou quelque chose. Il peut aussi marquer le refus
de se soumettre à une autorité que celle-ci soit détenue par une personne physique, une
institution. Donc, il renvoie à l’idée de combat, de provocation, ou bien encore de
compétition. Plusieurs synonymes peuvent être associés à ce terme. Ainsi, lorsque l’on
défie quelqu’un ou qu’on le provoque (ex. : cette attitude est un défi), les synonymes
suivants peuvent être employés : provocation, fanfaronnade, bravade mais encore
challenge (mot anglais), gageure, crânerie ou menace. Un défi (ou challenge) est une
invitation à se mesurer à d’autres, par exemple dans un combat ou une compétition
sportive.
1.2. Assurance

Une assurance est un service qui fournit une prestation lors de la


survenance d'un événement incertain et aléatoire souvent appelé « risque ». La prestation,
11

généralement financière, peut être destinée à un individu, une association ou une


entreprise, en échange de la perception d'une cotisation ou prime13.
Par extension, l'assurance est le secteur économique qui regroupe les activités de
conception, de production et de commercialisation de ce type de service.
La définition la plus courante de l'opération d'assurance est celle de Joseph
HEMARD, juriste français et professeur en faculté de droit : « L'assurance est une
opération par laquelle une partie, l’assuré, se fait promettre moyennant une rémunération
(la prime ou cotisation) pour lui ou pour un tiers, en cas de réalisation d'un risque, une
prestation par une autre partie, l'assureur, qui prenant en charge un ensemble de risques,
les compense conformément aux lois de la statistique ».
Les assurances n'ont pas tous les mêmes fonctionnement. On peut opérer
plusieurs distinctions :
 Assurances de personnes / assurances de bien et de responsabilité.
 Assurances individuelles / assurances collectives.
 Assurances obligatoires / assurances facultatives.
 Assurances indemnitaires / assurances forfaitaires.
 Assurances en répartition / assurances en capitalisation14.
1.3. Maladie

La maladie est une altération des fonctions ou de la santé d'un organisme


vivant. On parle aussi bien de la maladie, se référant à l'ensemble des altérations de santé,
que d'une maladie, qui désigne alors une entité particulière caractérisée par des causes,
des symptômes, une évolution et des possibilités thérapeutiques propres.
Un ou une malade est une personne souffrant d'une maladie, qu'elle soit
déterminée ou non. Lorsqu'elle fait l’objet d'une prise en charge médicale, on parle alors
de patient(e).
La santé et la maladie sont liées aux processus biologiques et aux
interactions avec le milieu social et environnemental. Généralement, la maladie se définit

13
HEMARD, J., Théorie et pratique des assurances terrestres, t. 1, Société du recueil Sirey, Paris, 1924, p. 73.
14
https://fr.wikipedia.org/wiki/Assurance consulté le 10 ocyobre 2023 à 14h30’.
12

comme une entité opposée à la santé, dont l'effet négatif est dû à une altération ou à une
désharmonisation d'un système à un niveau quelconque (moléculaire,
corporel, mental, émotionnel…) de l'état physiologique ou morphologique considérés
comme normal, équilibré ou harmonieux. On peut parler de mise en défaut de
l'homéostasie15.
Les termes maladie et malade proviennent du latin male
habitus signifiant qui est en mauvais état.
Ce terme est unique en français, italien et espagnol, alors que l'anglais et
l'allemand disposent de doublons tels que illness et disease, Erkrankung et Krankheit qui
expriment des distinctions particulières de sens.
Il n'existe pas de terme commun désignant la maladie dans le groupe
des langues indo-européennes, on note l'existence de nombreux synonymes dont la
signification étymologique appartient à quatre champs sémantiques :
1. la faiblesse, la perte de force, l'incapacité à travailler ;
2. la difformité et la laideur ;
3. la gêne, le trouble, le malaise ;
4. la souffrance et la douleur.
Le concept initial d'état morbide ou de maladie s'appuie sur un critère objectif
(incapacité de fournir un travail pour soi ou pour la société), et un critère subjectif (de la
gêne ou indisposition à la douleur aiguë). Ce concept n'est pas socialement neutre, car il
implique un jugement moral et esthétique : il y a la maladie, mais aussi le mal, le mauvais,
et le laid.
En français, les termes « maladie » et « malade » sont utilisés de façon
indistincte pour signifier « avoir une maladie » (reconnue par un médecin), « être malade »
(se sentir mal), « être un malade » (être reconnu comme tel par l'entourage ou la société).
L'anglais utilise trois termes, plus ou moins interchangeables, mais en principe utilisés le
plus souvent dans un contexte spécifique. Disease se rapporte à une perturbation

15
ADAM, P. et HERZLICH, P., Sociologie de la maladie et de la médecine, Ed. Armand Colin, Paris, 2014, 128
p.
13

biomédicale, objectivée par une maladie reconnue par un médecin, dans le cadre
d'une pathologie référencée (nosologie).
Illness se rapporte à l'expérience vécue, personnelle et intime, de la maladie : « je me
sens, ou je suis, malade ».
Sickness se rapporte à la perception de la maladie dans le cadre de l'entourage non-
médical (social ou culturel) : «je suis un malade» (reconnu comme tel).

1.4. Profession

La profession, du latin professio, onis traduit comme la « déclaration,


déclaration publique, action de se donner comme », est l'activité exercée par une personne
dans un domaine. Cette activité procure un salaire, une rémunération, des revenus à celui
qui l'exerce. Il constitue également un rôle social au sein de la société.
Par extension, la profession est inhérente à un secteur d'activité particulier.
On parle ainsi de profession juridique, politique, médicale et de magistrature.
Certaines professions sont strictement réglementées, c'est-à-dire que leur
exercice n'est pas libre et sont spécialement organisées par une loi et
des règlementations qui en fixent les modalités d'accès et la déontologie16.
Au Moyen Âge et dans l'Ancien Régime, les professions étaient organisées
en corporations soumises selon les cas à des serments ou des règlements royaux.
Pendant la Révolution française, dans un souci de supprimer des intérêts intermédiaires
qui pouvaient s'interposer entre l'intérêt de l'individu et l'intérêt général, le décret
d'Allarde (2 et 17 mars 1791) a supprimé les corporations, puis la loi Le Chapelier (14 juin
1791) a interdit les regroupements professionnels et la grève17.
La différence entre profession et métier n'est pas claire. La distinction
classique entre métier et profession est l'attribution d'une dominante manuelle au premier
et une dominante intellectuelle au second (avocat, médecin par exemple). Le terme
profession a néanmoins pris un sens beaucoup plus large de nos jours et se confond

16
LOCHOUARN, D., La Profession, approche juridique de la notion, Thèse de doctorat en droit privé, Lyon III,
1998.
17
Idem.
14

fréquemment avec la notion de métier. Profession semble maintenant définir le métier que
l'on exerce, que l'on professe à un moment donné. On peut donc avoir plusieurs métiers,
c'est-à-dire plusieurs savoir et savoir-faire, mais n'en professer qu'un seul.
D'après le sociologue Olivier Couard, une profession est « un métier
socialement organisé et reconnu »18.

SECTION 2 : NOTIONS SUR L’ASSURANCE-MALADIE


L’assurance maladie est un dispositif chargé d'assurer un individu face à
des risques financiers de soins en cas de maladie, ainsi qu'un revenu minimal lorsque
l'affection prive la personne de travai19.
Dans la plupart des pays occidentaux, une grande part de l'assurance
maladie est prise en charge par l'État. C'est d'ailleurs une des composantes
fondamentales de la sécurité sociale, et un devoir de l’État selon la Déclaration universelle
des droits de l'homme de 1948.
Un système d'assurance maladie public peut être géré par un organisme
d’État, délégué à des organismes privés ou être mixte.
Le fonctionnement, comme toutes les autres assurances, est fondé sur la
mutualisation du risque : chaque personne cotise, et en échange, elle est remboursée
selon un barème fixé.
Pour un système d'assurance maladie public, la prime d'assurance payée
par l'assuré ne suit pas forcément les règles de l'assurance pure, et elle peut ne pas être
fondée sur le risque seul. En effet, le système public remplit à la fois une fonction
d'assurance pure et une fonction de répartition dans lequel les plus aisés payent
l'assurance des plus défavorisés.
Jusqu'au XVIIIe siècle, les protections contre les risques de la vie sont
assurées le plus souvent par la richesse personnelle, la solidarité locale (familiale,
villageoise) ou professionnelle (guildes, jurandes) et la charité. On connaît néanmoins

18
« Dire son métier, Les écrits des animateurs, sous la direction de Olivier Douard Collection «Débats
jeunesses» », Agora débats/jeunesses, vol. 33, no 1, 2003 sur https://fr.wikipedia.org/wiki/ consulté le 23 octobre
2023.
19
TABUTEAU, D. et BRAS, P.-L., Les assurances maladie, Ed. Que sais-je?, Paris, 2021, 128 p.
15

plusieurs cas de sociétés privées qui, au XVIIe siècle en Espagne, offraient à leurs salariés
le remboursement des frais médicaux pour eux et leurs familles.
Au XIXe siècle, la Révolution industrielle concentre les populations dans les
villes où la solidarité locale ne peut plus jouer, et le nombre d'accidents du travail
augmente. De plus se développe un mouvement intellectuel et scientifique, qui promeut la
prévoyance individuelle (à l'origine des assurances privées), les sociétés d'assurance
mutuelle qui apportent la prévoyance collective et la notion de « dette sacrée » apportée
par la Révolution française dont l'article 21 de la Déclaration des droits de l'homme et du
citoyen de 1793 reconnaît pour chaque citoyen le droit à l'assistance et à la protection
sociale, donnant naissance à la sécurité sociale.
Ces nouvelles conceptions sont appliquées en Prusse où Otto von
Bismarck, souhaitant un État fort, développe le premier système d'assurances sociales
obligatoires avec les projets de loi sur l'assurance contre les accidents du travail et
l’assurance-maladie sociale adoptés en 1883 et 188420.
L'assurance maladie peut prendre deux formes différentes :
 soit il s'agit simplement d'une assurance financière : l'individu est assuré pour un risque
(l'accident, la maladie), et ses soins (rémunération des praticiens, coût des produits
et médicaments, prothèses, orthèses…) sont remboursés selon le barème ;
 soit l'organisme assureur constitue un réseau de soins : il contacte des praticiens,
fournisseurs.... L'assurance achète une sorte d'abonnement à ce réseau de soins et le
revend à l'usager ; dans sa forme la plus extrême, l'assuré n'a pas le choix de son
praticien, du moins s'il veut bénéficier de la gratuité des soins ou de leur
remboursement.
On peut avoir une coexistence de ces deux modèles.
L'assurance maladie peut être un organisme purement étatique (public), ce
qui peut être uniquement des assureurs privés ou bien on peut avoir un système mixte :
l'usager dispose d'une assurance publique et peut contracter une assurance privée auprès

20
TABUTEAU, D. et BRAS, P.-L., Op.cit., 128 p.
16

d'une compagnie ou mutuelle d'assurance (appelée « complémentaire santé » en France),


qui complète le remboursement ou fournit un accès à un réseau de soins complémentaire.
On constate que les pays ayant adopté un système purement privé et
concurrentiel sont également ceux pour lesquels les dépenses sont les plus élevées. Ainsi,
alors que les pays développés dépensent en moyenne 10 % de leur PIB dans leur système
de soins, les États-Unis en dépensent 14 % et la Suisse 13 %. Néanmoins, dans un
système d'assurance en concurrence, les assurés choisissent le niveau de dépense qu'ils
souhaitent par rapport au niveau de couverture santé qu'ils souhaitent. Le niveau de
dépense dans un système en concurrence révèle donc le niveau de dépense souhaité par
les consommateurs. Dans un système public, l'État fixe le niveau des dépenses et rationne
l'usage des services de santé pour les limiter (par exemple, médecin traitant en France).
La comparaison des niveaux de dépenses entre systèmes publics et systèmes en
concurrence est donc biaisée du fait qu'il s'agit de systèmes non comparables dans leur
usage21.
L’assurance maladie est aussi un système de protection sociale qui vise à
garantir l’accès aux soins médicaux à prendre en charge les frais de santé des individus
en cas de maladie, d’accident ou de maternité. Elle est généralement basée sur un
système de cotisation ou de contributions financières régulières, prélevées sur les salaires,
et peuvent être complétée par des cotisations de l’employeur.
L’assurance maladie permet aux assurés de bénéficier du remboursement
total ou partiel des frais médicaux engagés, tels que consultation chez le médecin, les
médicaments, les examens complémentaires, les hospitalisations et les soins dentaires
ou optiques. Elle contribue ainsi à faciliter l’accès aux soins, réduire le poids financier que
peuvent représenter ces dépenses pour les assurés22.
Selon les pays, l’assurance maladie peut être gérée par un organisme
public, parapublic, privé. Elle peut fonctionner sous plusieurs formes au types, tels que
l’assurance maladie obligatoire, qui impose l’adhésion à tous les citoyens aux résidents

21
TABUTEAU, D. et BRAS, P.-L., Op.cit., 128 p.
22
Idem, 128 p.
17

d’un pays ou l’assurance maladie complémentaires, qui permet de couvrir les frais non
pris en charge par l’assurance de base. Elle est considérée souvent comme un pilier
essentiel de système de protection sociale, visant à garantir l’accès aux soins pour tous,
indépendamment de leur situation financière au de leur état de santé. Elle contribue ainsi
à préserver la santé et le bien être des individus tout, en limitant l’impact économique de
dépenses de santé sur les ménages.
Elle fonctionne selon les principes suivants :
a) Affiliation : les individus doivent s’affilier à une assurance maladie en inscrivant auprès
de l’organisme responsable, qui peut être public (sécurité sociale) au privé (comme une
compagnie d’assurance). Cela implique souvent le paiement de cotisation régulière,
prélevées sur les salaires ou les revenus.
b) Remboursement : lorsqu’un assuré bénéficie des soins médicaux, il doit généralement
avancer le frais et conserver les justificatifs. L’assurance maladie examine ensuite la
demande et procède au remboursement total partiel des frais engagés en fonction des
règles et des barèmes prévus.
c) Tiers payant : dans certains cas notamment pour les médicaments ou les consultations
médicales, le système des tiers payant peut être utilisé. Cela signifie que l’assuré n’a
pas besoins d’avancer les frais, car le professionnel de santé directement rémunérée
par l’assurance maladie.
d) Liste des actes remboursables : les assurances maladies établissement
généralement une liste d’actes médicaux et de dépenses de santé qui sont
remboursables ; cela peut-être inclure les consultations chez le médecin généraliste ou
spécialiste, les examens radiologiques, interventions chirurgicales, etc. Les
remboursements sont souvent effectués selon le pourcentage défini par exemple 70%
du tarif de convention pour les consultations médicales.
e) Contrôle des dépenses : les assurances maladies peuvent mettre en place des
mécanismes de contrôle de dépenses, afin de maitriser le coût de santé. Cela peut
18

prendre la forme de tarif limites sur de remboursement de restriction sur certains actes
médicaux de gestion générique23.
N.B : Le fonctionnement exact de l’assurance maladie peut varier d’un pays à l’autre, en
fonction de la politique nationale et des règlementations en vigueur.
Il existe différentes formes d’assurances maladie qui varient selon les pays
et les systèmes de santé voici quelques-unes des principales formes d’assurances
maladie :
 Assurance maladie publique ;
 Assurance maladie privée ;
 Assurance maladie obligatoire ;
 Assurance maladie universelle complémentaire.
- Assurance maladie publique : dans des nombreux pays, il existe un système
d’assurance maladie publique financé par l’Etat. Cela peut prendre la forme d’une
sécurité sociale, où les cotisations sont prélevées sur le salaire et les employeurs
contribuent également les prestations de santé sont ensuite fournies par des prestations
publics ou privés.
- Assurance maladie privée : certains pays ont un système d’assurance maladie
principalement privée ou les individus doivent souscrire une assurance auprès des
compagnies privées. Ces assurances peuvent être à but lucratif ou à but non lucratif et
offrent une gamme de plans et de couvertures différents en fonction des besoins des
individus.
- Assurance maladie obligatoire : dans certains pays l’assurance maladie est
obligatoire pour tous les citoyens. Cela signifie que chaque individu est tenu de
souscrire une assurance maladie auprès d’une compagnie privée, soit en s’enfilaient à
une assurance maladie publique.
- Assurance maladie universelle : certains pays mettent en place un système
d’assurance maladie universelle, où tous les citoyens ont droit à une couverture santé

23
TABUTEAU, D. et BRAS, P.-L., Op.cit., 128 p.
19

de base, qu’elle que soit leur situation économique ou leur statut social. Ce type
d’assurance vise à garantir un accès équitable aux soins de santé pour tous.
- Assurance maladie complémentaire : dans de nombreux pays, l’assurance maladie
complémentaire est proposée en complément de l’assurance complémentaire peut-être
souscrite volontairement par les individus afin de bénéficier d’une meilleure couverture
pour certains types de soins, tels que les soins dentaires, l’optique ou la médecine
alternative.
Il sied de noter que chaque pays a son propre système d’assurance maladie
avec des différences dans les mécanismes de financement de prestataires, de services
au niveau de couverture. Les systèmes d’assurance maladie peuvent également évoluer
au fil du temps, pour répondre aux besoins changeants des populations.

SECTION 3 : BREVE PRESENTATION DE LA VILLE DE KINSHASA


3.1. Panorama de la ville de Kinshasa
La Ville de Kinshasa, ancienne Léopoldville jusqu’en 1966, est la capitale et
la plus grande de la ville de la République Démocratique Congo(RDC). Elle a à la fois le
statut administratif de ville et de province.
Située sur la rive sud du fleuve Congo au niveau du pool Malebo, elle fait
face à la capitale de la République du Congo, Brazzaville. Elle est la ville province la plus
peuplée du pays avec une population de plus 10 millions habitants, et, elle est également
la plus grande ville d’Afrique subsaharienne et la deuxième agglomération d’Afrique
subsaharienne derrière celle de Lagos. C’est une ville multiethnique.
Kinshasa forme une entité administrative à statut particulier et joue le rôle
de centre administratif, économique et culturel de la République Démocratique du Congo.
Elle s’étend sur plus de 30 km de l’Est à l’ouest et sur plus de 15 km du nord au sud. Ses
habitants sont appelée les kinois.
Une partie importante de la superficie de la région de Kinshasa est rurale,
couverte d’une savane herbeuse parsemée d »arbustes. La commune rurale de Maluku,
la partie orientale de la province, occupe à elle seule 79% du territoire. De fait, c’est une
ville de contrastes importants, avec des secteurs résidentiels et commerciaux chics, des
20

Universités, et taudis (logement misérable, malpropre) informes coexistant côte à côte, et


donc aussi de vastes Zones « rurales » envahissant parfois la ville au point de retrouver
maraichers et élevages en ville.
3.1.1. Aspect historique, Géographique et Démographique 24
L’Afrique centrale possède des traces d’occupation humaine remontant au
premier millénaire avant notre ère. Les siècles précédents la colonisation voient des
peuples bantous s’installer dans la région du moyen et bas Congo, précédemment
exclusivement occupée par les Pygmées. Différents tribus et peuples composent la
nouvelle population. Au niveau du pool Malebo, les Tio (ou Téké) peuplent la rive droite
(nord) du fleuve et des peuples assimilés aux Téké (Humbu et Mfinu) peuplent la rive
gauche (sud). La région voit la traite d’esclaves et le commerce d’ivoire enrichir le peuple
Téké, alors érigé en royaume.
Dés le XVIe ou XVIIe siècle, la région du pool devient une vrai plaque
tournante entre le bassin du fleuve et les régions côtières. Des légumes des Amériques
sont aussi introduits à l’intérieur du continent grâce au commerce et les esclaves (le plus
souvent des vaincus dans différents conflits) partent vers Loango, l’embouchure du fleuve
et au sud du royaume Kongo. Les Bobangis, parfois appelés Bangala (gens du fleuve),
occupaient la majeure partie du commerce avec la région équatoriale en navigant le fleuve
et ses rivières jusqu’aux villages tékés du pool.
Au cours des XVIIIe et XIXe siècles des pécheurs et surtout des
commerçants tékés venus du nord installent des marchés et des villages au sud du pool
Malebo et sur le plateau qu’on nommera plus tard le plateau des batéké ces villages sont
des colonies car les tékés se limitent à la pèche et au commerce. Les tribus de la région,
Humbu et Mfinu, étaient considérées comme les propriétaires de ce coté du fleuve. Au fil
du temps, les colons tékés poussent la population locale plus loin des rives, vers l’intérieur
des collines. Les principaux villages tékés de la rive sud étaient Nsasa avec prés de 5000
habitants, Ntambo avec moins de 3000 habitants.

24
BOURGUIGNON, F., Contribution à la connaissance préhistorique de la plaine de Kinshasa et de ses environs,
Mémoire de licence, UNAZA, Lubumbashi, 1972.
21

Lemba, parmi une multitude de petits villages humbus, était la capitale


marchande et politique des Humbus, avec environ 300 habitants. Les marchés du fleuve
voyaient des caravanes d’esclaves porteurs d’huile, d’amandes, la palme, d’arachides, de
sésame et d’ivoire aller et venir.
Henry Morton Stanley atteint pour la première fois le site de la vile au niveau
de Ntambo le 12 mars 1878 lors de sa traversée d’est en ouest du continent africain. En
1881, il signa le «traité de l’amitié » avec un chef téké, Ngaliema, obtenant ainsi le droit
d’établissement à l’emplacement de l’actuel commune de Kintambo, sur les bords de la
baie de Ngaliema, et il chargea le capitaine Charles-Marie de Braconnier d’y fonder un
poste qu’il baptisa plus tard Léopoldville (Léopoldstad en néerlandais) en l’honneur de son
commettant Léopold II de Belgique. Stanley avait choisi l’endroit ou le fleuve Congo
devenait navigable en direction de l’amont.25
Le site spécieux et facile à défendre était déjà peuple de 66 villages
antérieurs à Staley avec une population totale estimée à 30.000 habitants Staley fonda
aussi une autre station, celle-ci prés du hameau de Kinshasa (nshasa signifiant «
marché»), avec l’accord du chef Ntsuvila. Ce village donna son nom à la ville actuelle, se
dressant, avec le village de Mpumba, là ou aujourd’hui se trouve le quartier des affaires.26
En 1898, Léopoldville fut reliée par le rail) Matadi. Son importance
économique en fut accrue et pourtant, en 1910, on y dénombrait à peine 10.000 habitants.
En 1929, elle hérita de la fonction de centre administratif assumée jusque-là par Boma,
par la mise en application de l’arrêté royal du 1er juillet 1923. A cette époque, Léopoldville
est confinée aux communes de Kitambo et de la Gombe actuelle développées autour de
la baie de Ngaliema, ensuite apparurent les communes de Kinshasa, de Barumbu et de
Lingwala. Dans les années 1930, la majorité des logements pour les employés de la
chanic, la Filstisaf et l’Utex Africa.
Léopoldville ne devint juridiquement une ville que le 25 juin 1941 (avec 5 000
hectares et 53 000 habitants), depuis 1923, elle était seulement un «district urbain». Par

25
LHOBO LWA DJUGU DJUGU, Histoire Politique du Congo, Cours inédit, G1 SPA, FSSAP, UNIKIN, 2005-
2006.
26
LHOBO LWA DJUGU DJUGU, op.cit.
22

la même occasion, elle devient capitale de la colonie, chef lieu de la province du Congo-
Kasaï et du district du moyen Congo.
Elle était divisée en deux zones : la zone urbain avec Léo II, Léo-Ouest,
Kalina, Léo-I ou Léo-Est, et de Ndolo ; et la zone indigène au sud. La croissance de la ville
commence en 1945 avec la fin du travail forcé qui permet aux populations noires
d’augmenter. Arrivent alors de nombreux paysans de la campagne à la recherche d’un
emploi, s’entassant dans les cases de la Zone indigène. La ville commerce alors à se
peupler majoritairement de Bakongo. Dans les Années 1950, les cités planifiées de
Lemba, Matete, et une partie de Ndjili furent aménagées pour loger les employés de la
zone industrielle de Limite. En 1954, la ville ouvre la première université de la colonie,
l’Université lovanium.27
La ville compte 11 communes et 6 zones annexes en 1957 : les communes
de Kalamu, Dendale (actuelle commune de Kasa-vubu), saint Jean (actuelle Lingwala),
Giri-Ngiri, Kitambo, limite, Bandalungwa, Léopoldville (actuelle Gombe), Barumbu,
Kinshasa et Ngaliema ; et les zones annexes de Lemba, Binza, Makala, Kimwenza,
kimbanseke et Kingasani.
Les zones annexes de Ndjili et Matete sont ajoutés. Avec l’émeute de janvier
1959 l’indépendance politique se profile, les élections municipales, parlementaires ou
présidentielles donnent lieu à des tensions ethniques qui nécessitent l’intervention de la
force publique. Les Bakongos reportent néanmoins les élections municipales et
présidentielles. La guerre civile qui suit l’indépendance en 1960 renforce l’immigration des
balubas. Avec la prise de pouvoir du Marechal Mobutu, en 1965 le lingala devient la langue
régionale enseignée à coté du français. La ville change officiellement de nom en 1966, de
Léopoldville à Kinshasa.
En 1968, elle est dotée du statut de région au même titre que les autres
régions du pays et le nombre de communes passe à 24. Les dix nouvelles communes
sont : Bumbu, Kimbanseke, Kisenso, Makala, Maluku, Masina, Mont-Ngafula, Ngaba,

27
DIMANDJA ONENE, L’apport des cinq chantiers dans le développement de la RDC : cas de la ville de
Kinshasa, TFC, FSSAP, UNIKIN, 2007-2008.
23

N’sele et Selembao. La loi du 5 janvier 1975 en fit la huitième Région de la République(le


Kivu a été scindé depuis), avec la réaction des nouveaux organes administratifs. En 1945,
la capitale du Congo belge abritait 100 000personnes.
A l’indépendance, en 1960, Léopoldville comptait 400 000 âmes, ce qui en
faisait la plus grosse agglomération d’Afrique centrale. Quinze ans plus tard, après que la
ville eut reçu le nom de Kinshasa en 1966, sa population avait déjà franchi le cap des 2
millions. Elle a crû de manière considérable, passant donc de 500 000 habitants à la fin
des années 1960, à 4787 000 en 1998. Les dernières estimations selon le recensement
administratif de 2009 sont à 10 076 099 habitants. Selon les estimations, elle pourrait
atteindre plus de 12 millions d’habitants en 2015(se hissant ainsi parmi les 30 plus grosses
agglomérations mondiales).
3.1.2. Cadre géographique
La ville-province s’étend sur une surface de 9965 km2 composée d’un grand
plateau (plateau du Kwango), d’une chaine de collines (monts Ngaliema, Amba, Ngafula),
d’une plaine et de marécages au bord du pool Malebo. La plaine est la partie la peuplée
et s’étend en forme de croissant de la baie de Ngaliema à l’Est jusqu’au plateau du Kwango
à l’Ouest du pool Malebo. Les variations annuelles de température dans la région de
Kinshasa sont d’environ 13 degrés Celsius. Le climat est de nature équatoriale (chaud et
humide), composé d’une saison des pluies de 8 mois. La saison sèche est de mi-mai à
mi-septembre. Le reste de l’année est relativement pluvieux surtout aux alentours de mars
ou novembre.
Plusieurs rivières de diverses dimensions traversent les plaines de la ville-
province, généralement prenant source dans les collines, coulant du sud vers le Nord, pour
se jeter dans le fleuve Congo. Des lacs de tailles réduites. Comme le lac Ma vallée et le
lac Vert, y sont aussi localisés.
24

Tableau n02. Moyennes de Température et des récitations.

Mois Min. (oc) Max. (oc) Pluie (mm)


Janvier 21 31 135
Février 22 31 145
Mars 22 32 196
Avril 22 32 196
Mai 22 31 159
Juin 19 29 8
Juillet 18 27 3
Août 18 29 3
Septembre 20 31 30
Octobre 21 31 119
Novembre 22 31 222
Décembre 21 30 142
Source : Agence Nationale de Météorologie et de télédétection par Satellite (METTELSAT,
2023).
3.2. Organisation politico-administrative de la ville de Kinshasa
3.2.1. Organisation Politique
L’organisation politico-administrative actuelle de la ville province de
Kinshasa est l’œuvre du Décret- loi no 082 du 02 juillet 1998 portant organisation territoriale
et administrative de la République de Démocratique du Congo tel que modifié et complété
par le Décret- loi no 018/2001 du 28 septembre et par la loi no08/012 du 31 juillet 2008,
portant principes fondamentaux relatifs à la livre administration des provinces.28
Dans cet acte ou texte réglementaire, il est reconnu à la ville de Kinshasa le
double statut de la province et de la capitale de la République Démocratique du Congo
siège des institutions de République. La Ville de Kinshasa est une entité administrative

28
Décret loi no081 du 21 juillet 1998 portant organisation et administrative de la République Démocratique du
Congo.
25

décentralisée dotée de la personnalité juridique propre distincte de celle de l’Etat.


Conformément à la constitution de la République Démocratique du Congo, Kinshasa est
une ville qui a statut de province. Elle est la capitale de la République Démocratique du
Congo.
Dans les articles 195 de ladite constitution, les organes de la province sont :
 L’Assemblée provinciale (organe délibérant) ; et
 Le gouvernement provincial (organe exécutif).
A) Assemblée provinciale
Elle est l’organe délibérant de la province. Elle délibère dans le domaine des
compétences réservées à la province et contrôle le gouvernement provincial ainsi que les
services publics provinciaux et locaux.
B) Gouvernement provincial
Est un organe exécutif composé d’un gouverneur, d’un vice gouverneur et
des Ministres Provinciaux.
Le gouvernement de la ville province de Kinshasa est au même titre que
ceux de différentes Provinces de la République Démocratique du Congo élu avec son vice
Gouverneur au second degré par les députés provinciaux puis reconnu par une
ordonnance du Président de la République.
L’autorité de la ville Province de Kinshasa étant à la fois représentant du
Gouvernement Central et autorité locale, elle assume à ce titre la responsabilité du bon
fonctionnement des services publics de l’Etat dans la ville et la bonne marche de
l’administration de la juridique en statuant par voir d’arrête. Les Ministres Provinces sont
désignés par le Gouverneur au sein ou dehors de l’Assemblée Provinciale. La composition
du gouvernement provincial tient compte de la responsabilité provinciale.
Le nombre de Ministres provinciaux ne peut dépasser dix. Avant d’entrer en
fonction, Gouvernement présente à l’Assemblée provinciale le programme de son
Gouvernement. Lorsque ce programme est approuvé à la majorité absolue des membres
qui composent l’Assemblée provinciale, celui-ci investi les ministres.29

29
Constitution du 18 février 2006, art. 195-198.
26

C) Organisation Administrative
Administrativement, la ville de Kinshasa est divisée en 4 districts, 24
communes et 326 quartiers. Que nous allons présenter dans le tableau ci-dessous.
Tableau no3. Les communes de la ville de Kinshasa et leurs Quartiers
Communes Nombre des Communes Nombre des
Quartiers Quartiers
 Bandalungwa 7  Barumbu 9
 Bumbu 13  Gombe 10
 Kalamu 18  Kinshasa 7
 Kasa-vubu 7  Kintambo 8
 Makala 14  Lingwala 9
 Ngiri-Ngiri 8  Mont- 16
Ngafula
 Selembao 18  Ngaliema 21
 Kisenso 17  Kimbanseke 30
 Lemba 15  Maluku 19
 Limete 14  Masina 21
 Matete 13  Ndjili 13
 Ngaba 6  N’sele 16
Source : Division Urbaine de l’Hôtel de ville de Kinshasa (2023).
3.3. Attributions du gouvernement provincial de la ville de Kinshasa
Comme pour toute autre province, la constitution de la République
Démocratique du Congo du 18 février 2006 dans son article 204 stipule que : sans
préjudice des autre dispositions de la présente constitution, les matières suivantes sont de
la compétence exclusive des provinces :
 Le plan d’aménagement de la province ; -La coopération inter-province ; -La fonction
publique : -La fonction publique provinciale et locale ; -L’application des normes régissant
27

l’état civil ; -Les finances publiques provinciales ; -La dette publique provinciale ; -Les
emprunts intérieurs pour les besoins des provinces ; -La délivrance et la conservation des
titres immobiliers dans le respect de la législation nationale ; -L’organisation du petit
commerce frontalier ; l’organisation et le fonctionnement des services publics,
établissements et entreprises publiques provinciaux dans le respect de la législation
nationale ; -Les travaux et marchés publics d’intérêt provincial et local ; - l’acquisition des
biens pour les besoins de la province ; - l’enseignement maternel, primaire, secondaire,
professionnel et spécial ainsi l’alphabétisation des citoyens, conformément aux normes
établies par le pouvoir central :
 L’établissement des peines d’amende ou de prison pour assurer le respect des édits en
conformité avec de la législation nationale ; - les communications intérieures des
provinces ; - les impôts, les taxes et les droits provinciaux et locaux, notamment l’import
foncier, l’impôt sur les revenus locatifs et l’impôt sur les véhicules automoteurs : - la fixation
des salaires minima provinciaux, conformément à la législation nationale :
 L’affectation du personnel médical, conformément au statut des Agents de carrière des
services publics de l’Etat, l’élaboration des programmes d’assainissement et de compagne
de lutte contre les maladies endémo-épidémiques conformément au plan national :
l’organisation des services d’hygiènes et prophylaxie provinciale, l’application et le contrôle
de la législation médicale curative, des services philanthropiques et missionnaires, des
laboratoires médicaux et services pharmaceutiques, l’organisation et la promotion des
soins de santé primaires ;
 L’élaboration des programmes miniers, minéralogiques, industriels, énergétiques
d’intérêt provincial et leur exécution conformément aux normes générales du planning
national ; - l’élaboration des programmes agricoles et forestiers et leur exécution
conformément aux normes du planning national, l’affectation du personnel agricole, des
cadres conformément aux dispositions du statut des agents de carrière des services
publics de l’Etat, l’application de la législation nationale concernant l’agriculture, la forêt, la
chasse, et la pèche ainsi que l’environnement, la conservation de la nature la capture des
28

animaux sauvages, l’organisation et le contrôle des compagnes agricoles, la fixation des


prix des produits agricoles :
 L’affection en province du personnel vétérinaire, conformément au statut des agents de
carrière des services publics de l’Etat : l’élaboration des programmes de compagne de
santé animale et l’application des mesure de police sanitaire vétérinaire, notamment en ce
qui concerne les postes frontaliers et quarantaine ;
 L’organisation des campagnes de vocation contre les maladies azootiques,
l’organisation des laboratoires, cliniques et dispensaires de la provenderie ainsi que
l’application de la législation nationale en matière vétérinaire, l’organisation de la
promotion de santé de base ; - le tourisme, le patrimoine historique, les monuments
publics et les parcs d’intérêt provincial et le local ; - l’habitat urbain et rural, la voire et les
équipements collectifs provinciaux et locaux ; l’inspection des activités culturelles et
sportives provinciales ; - l’exploitation des sources d’énergie non nucléaire et la production
de l’eau pour les besoins de la province ; l’exécution des mesures du droit de résidence et
d’établissement des étrangers, conformément à la loi ; - l’exécution du droit coutumier ; -
la planification provinciale.30

30
Constitution, op.cit. Art.204.

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