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Droit International Privé

Chapitre préliminaire
Section 1: Définition, domaine et objet du DIP
L’homme par sa nature sociale tisse des relations avec d’autres personnes qui viennent d’autres
pays, et ayants un ordre juridique différent.
Le Droit International Privé (DIP) est la branche du droit qui réglemente les rapports de droit
privé de caractère international, le DIP s’intéresse aux personnes privées et non aux personnes
publiques. Il s’agit de l’ensemble des règles juridiques qui régissent les situations comportant un
élément d’extranéité, par ex : nationalité étrangère, domicile à l’étranger…
Le droit national d’un Etat s’applique aux situations purement internes à cet État. En revanche,
les règles du DIP s’appliquent lorsque les éléments d’une situation conduisent à la rattacher à
plusieurs États.
Le DIP ne donne pas de définition précise de l’extranéité : mais on sait que l’existence d’un
ou plusieurs éléments d’extranéité, écarte l’application du droit interne et laisse la place au DIP.
□ L’extranéité : qu’elle soit réelle (càd l’ensemble des critères territoriaux fondés sur une
localisation géographique) ou personnelle (càd l’ensemble des critères personnels fondés sur un
lien de nationalité), elle se présente comme une limite juridique au champ d’application dans
l’espace de la loi du for.
Le DIP touche à l’ensemble des matières juridiques, délits, contrats, statut personnel, statut
réel, condition des étrangers…
A titre d’illustration:
Devant une juridiction française, une succession dans laquelle le défunt et tous les héritiers
sont français aura le caractère international si au moment du décès, le défunt était domicilié hors
de France.
Un contrat passé au Maroc entre deux marocains est un contrat international s’il a pour objet la
vente ou la location d’un immeuble situé à l’étranger. (le contrat s’il porte sur un objet à
l’étranger même s’ils sont du même pays, ils peuvent convenir de l’application d’une loi
étrangère).
L’accord est cependant loin d’être réalisé sur l’étendue exacte du DIP, les uns lui disputent le
droit du travail ou le droit fiscal considérés comme des matières de droit public, d’autres veulent
contrairement à la tradition en exclure le droit pénal.
Tel que présenté, le DIP semble mal dénommé malgré tout, le débaptiser ne serait pas facile car
l’expression « DIP » est bien enracinée dans les pays continentaux et aujourd’hui presque
universellement employée.
En résumé, il y a le milieu des relations humaines totalement marocain, et un autre où il y a au
moins un élément qui n’est pas marocain. Le domaine du DIP c’est donc ce milieu extra national
qui se manifeste à tout législateur national. Pour qu’il y ait DIP, il faut qu’il y ait un élément extra
national (externe) qu’on dit aussi d’extranéité ou international.
Les matières du droit international privé : Quatre matières peuvent constituer la trame du DIP:
 les conflits de lois ;
 les conflits de juridictions ;
 les conflits de nationalités ;
 et la condition des étrangers.

Les conflits de lois et les conflits de juridiction sont le premier procédé général des
solutions des problèmes du DIP ; La nationalité et la condition des étrangers forment le second
procédé, règle matérielle propre des relations privées internationales.
Conception extensive ou restrictive ?
Il s'agit de la conception la plus extensive, dans la mesure où certains auteurs adoptent une
position plus restrictive en limitant le droit international privé aux seuls conflits de lois.
Et entre les deux conceptions, restrictive et extensive, différentes combinaisons sont possibles.
La solution d'une question de DIP implique souvent l'intervention de plus qu'une matière. Et c’est
certainement la raison pour laquelle la thèse qui intègre les quatre matières dans le droit
international privé semble l'emporter.
1. Conflits de lois :
Il y a conflit de lois, toutes les fois qu’une situation juridique peut se rattacher à plusieurs pays,
et qu’il faut choisir entre les lois de ces différents Etats celle qui sera appliquée à résoudre cette
situation. C’est donc essentiellement un problème d’option.
Le procédé le plus général de solution des problèmes du DIP consiste non pas à les résoudre
directement par des dispositions législatives propres, mais à désigner la loi interne qui leur sera
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appliquée.
La nationalité des personnes impliquées, la localisation d'un bien ou le lieu d'avènement d'un
fait juridique peuvent imposer un choix entre différentes lois nationales, et dans le but de
répondre à la question de savoir quelle est la loi applicable à une situation donnée, que l'on fait
appel aux règles de conflit. Autrement dit, avant d'appliquer une loi, ou prononcer une décision, il
faut d'abord résoudre un problème de compétence : quel est l'État dont la loi est applicable ?
Illustration de l'idée :
Deux époux français domiciliés au Maroc veulent divorcer par consentement mutuel, Ont-ils le
droit de le faire ?
Pour répondre à la question, il faut d'abord savoir quelle est la loi applicable. Française, puisque
les deux époux se rattachent à la France de par la nationalité? ou marocaine, puisqu'il y a
rattachement au pays de par le domicile des concernés.
La règle de conflit de lois contenue dans l'article 9 du Dahir sur la Condition Civile des
étrangers « DCC » (12 août 1913) soumet les étrangers en matière de divorce aux conditions
fixées par leur loi nationale : « La condition civile des étrangers au Maroc est, quant à elle,
toujours organisée par un dahir de 1913. La conclusion d'un acte de mariage, de divorce ou
séparation de corps, entre parties étrangères s'effectue selon leur loi nationale (art. 8 et 9) »
Comme les époux ont la même nationalité, il faut donc appliquer la loi française.
Ainsi, on peut constater dans cet exemple que c'est la loi française qui a été appelée à régir la
relation, comme pour n'importe quelle autre situation du droit interne.
En matière délictuelle, c’est la loi du lieu de survenance qui doit être appliquée (ex : accident
survenu en France entre deux Marocains, c’est la loi française qui s’applique. Article 16 du DCC.
On désigne traditionnellement ce système de solution par l’expression de conflit de lois, parce
qu’il détermine les lois applicables à des relations privées internationales, i.e. des relations
patrimoniales ou extra patrimoniales présentant des contacts avec plusieurs pays et leurs lois
(l’exemple de l’accident survenant en France).
La situation juridique de l’espèce se trouve en contact avec la France et le Maroc. Le juge
marocain saisi doit-il appliquer à ce problème, de responsabilité civile extra contractuelle, la loi
française ou la loi marocaine ?
La question se pose parce que le juge saisi d’un litige comportant comme en l’espèce un aspect
international, n’applique pas forcément au fond du litige la loi de son pays qu’on appelle
d’ordinaire la Lex fori.
2. Conflits de juridictions :
Il y a conflit de juridictions toutes les fois qu’un litige pose un problème d’extranéité et qu’il
faut déterminer si le tribunal compétent est un tribunal marocain ou un tribunal étranger.
Il se pose dans tous procès de DIP, et est nécessairement préalable au conflit de lois car avant de
déterminer la loi applicable, le juge doit nécessairement se prononcer sur sa propre compétence.
Autrement dit, comme les lois de tous les pays concernés par le litige en question ont vocation à
s’appliquer, il est permis de penser également que leurs tribunaux sont compétents, il y a alors un
conflit de juridictions.
Trois questions font l'objet de la matière des conflits d'autorités et de juridictions.
1) La première est liée à la compétence des tribunaux de chaque pays, ainsi que du
fonctionnement des autorités et des juridictions.
2) La seconde se rapporte aux relations de coopération entre les États. Il s'agit de la coopération
entre les autorités et les juridictions à propos de situations impliquant l'intervention d'organes
appartenant à des États différents.
3) La troisième matière concerne la reconnaissance et la mise à exécution des actes publics et des
décisions judiciaires étrangers.
Donc, il y a conflit de juridictions chaque fois qu'un litige représentant un élément d'extranéité
oblige à déterminer, non pas la loi applicable, mais les tribunaux compétents. La désignation du
tribunal compétent se fait nécessairement avant de se poser des questions sur la loi applicable.
Illustration de l'idée :
Compétence des tribunaux marocains : les deux français de l'exemple précédent peuvent-ils saisir
les tribunaux marocains pour divorce ?
La réponse : est qu’en l'absence d'une disposition dans le DCC des étrangers, les tribunaux
marocains, en raison de leur compétence générale, peuvent être saisis à propos d'un divorce entre
étrangers.
Il y a une relation étroite entre les conflits de juridictions et les conflits de lois.
A souligner que : le conflit de juridiction exerce une influence indéniable sur le conflit de
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lois.
Il faut reconnaître que, de manière générale, la compétence juridictionnelle commande la
compétence législative, car chaque pays a son système national de droit international privé et
chaque juge n'applique jamais que sa propre règle de conflit.

3. Condition des étrangers :


La distinction entre le national et le non national ouvre la voie à une condition spécifique à
l'étranger. Il s’agit des règles spécifiques imposant des devoirs, précisant des interdictions ou
édictant des permissions seront à l'origine de cette situation.
Il existe une ligne de démarcation entre les deux catégories de personnes (les nationaux et les non
nationaux). Non qu'il y’a rupture, mais la limite des droits et devoirs est plus au moins étroite
selon qu'on est national ou non-national.
Notons néanmoins qu'en la matière, le droit international impose aux États, dans leurs relations
réciproques, de se conformer à certaines normes minimales du droit des étrangers. Et dans ce
contexte, plusieurs traités internationaux garantissent aux étrangers la jouissance de droits
étendus. Ainsi, la distinction entre le national et le non-national prend en droit international privé
un intérêt particulier.
Au droit international privé, la condition des étrangers repose sur deux analogies avec le conflit
de lois :
1) La première est relative aux sources : les conflits de lois et la condition des étrangers sont
toutes les deux des matières coutumières et jurisprudentielles.
Même si la condition des étrangers tend depuis quelques années à se vêtir d'un aspect plus
réglementaire (en raison de l'évolution des relations internationales et du mouvement intense
des individus).
2) La deuxième se rapporte à la technique juridique : Même si la condition des étrangers
relève plutôt de la politique juridique que de la technique juridique à laquelle se rapporte les
conflits de lois, certains traits communs existent.
Certaines politiques de l'État sont influencées par la manière de concevoir les deux matières.
Suivant que l'on soumet l'étranger à sa loi nationale ou à la loi de son domicile, on contrarie, ou
au contraire, on facilite son assimilation et son intégration à son pays d'adoption.
Sur le territoire marocain :
Le problème de la condition des étrangers consiste à déterminer quelles sont les prérogatives
dont peuvent (ou ne peuvent pas) bénéficier les étrangers sur le territoire marocain.
Il s’agit de savoir si l’étranger est apte à la jouissance des droits au même titre que le national.
De plus, quand un étranger veut exercer un droit au Maroc, il faut déterminer selon quelle loi il
l’exercera, question de conflit de lois ; Mais également s’il est admis à la jouissance de ce droit,
question de conditions des étrangers.
La condition des étrangers englobe par ailleurs, leur situation au regard du droit public, liberté
d’entrée et de circulation au Maroc, droits civiques et politiques.
4. Conflits de nationalité :
La nationalité peut se définir comme l’ensemble des règles qui déterminent l’allégeance d’un
individu par rapport à un État. La nationalité est à l'origine de nombreux effets reconnus par le
droit international, et que tout État se définit notamment par sa population.
- Chaque État « exerce à l'égard de ses nationaux une compétence dite personnelle, reconnue
par le droit international. Celle-ci lui permet de prendre des mesures à leur égard où qu'ils se
trouvent : les nationaux ne cessent pas d'être soumis au pouvoir normatif de l'État du seul fait
qu'ils franchissent les frontières ».
Les règles relatives à la nationalité définissent les conditions dans lesquelles la nationalité
marocaine est attribuée à une personne à sa naissance, acquise ou perdue après la naissance.
L’existence d’une condition des étrangers signifie que si l’étranger est sujet de droit au Maroc, sa
vocation à la jouissance des droits n’a pas la même étendue que celle des Marocains, ils peuvent
faire l’objet notamment d’une expulsion discrétionnaire.
Trois branches du droit appréhendent la matière de la nationalité :
1) le droit public interne : détermine les conditions d'attribution, d'acquisition et de perte de la
nationalité;
2) le droit international : institue les critères de répartitions des personnes entre les différents
États;
3) et le droit international privé : s'intéresse aux situations qui se distinguent de celles du droit
interne public et de celles des rapports interétatiques.
La détermination de la nationalité de la personne impliquée dans un rapport de droit présentant
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un élément d'extranéité est indispensable pour la désignation de la loi applicable.
Pour conclure sur l’objet du DIP, remarquons que la tradition marocaine regroupe ainsi en
une même matière :
- la nationalité ;
- la condition des étrangers ;
- les conflits de lois ;
- et les conflits de juridictions.
Donne une réponse d’ensemble à la question de la situation juridique de l’individu dans les
relations privées internationales, elle étudie successivement :
- les sujets de droit (à travers la nationalité et la condition des étrangers) ;
- l’exercice des droits (les conflits de lois) ;
- et la sanction des droits (les conflits de juridictions).

Section 2 : L’évolution historique du DIP


A. Personnalité et territorialité des lois en Europe :
 Dans les plus importantes civilisations connues, l’étranger n’était pas sujets de droit: « les lois
de la cité ne lui sont pas applicables, il ne peut ni se marier, ni acquérir de propriétés, ni
demander aux tribunaux réparation des dommages qu’il subit ».
Ne confessant pas la même religion, l’étranger ne pouvait participer aux mêmes lois qui lui
permettent de jouir des mêmes droits. Mais grâce aux traités, l’étranger pouvaient néanmoins
déroger à cette réalité.
C'était le cas notamment du pérégrin à Rome (Homme libre, vivant à Rome sans toutefois être
citoyen romain). Celui-ci, de par le fait que la cité à laquelle il appartient a conclu un traité avec
Rome, était en mesure de jouir de certains droits dans ses relations avec les citoyens romains.
Il s'agissait là du jus gentium (droits minimums accordés aux étrangers) qui représentait un
ensemble de règles applicable à une catégorie de personnes soumises en principe à des lois
différentes.
Mais, étant donné que le jus gentium ne formait pas un système complet et répondait surtout aux

besoins du commerce, les lois pérégrines furent reconnues par les juristes romains. Ce qui a
ouvert la porte aux conflits entre droit romain et droit pérégrin. Et à l'occasion d'un litige, il
fallait déterminer le droit applicable, le droit romain ou le droit pérégrin.
Le juge détermine en fait l'étendue de chaque loi. Ces conflits étaient généralement résolus en
même temps que les conflits de juridictions.

 Les invasions barbares (Peuples nomades dont la base de l'État était constituée plutôt par la
population que par le territoire) donnèrent naissance à un nouvel système, les Barbares
apportèrent leurs propres lois après l'envahissement du monde romain.
Le principe permettait d'appliquer à chacun sa propre loi nationale. La loi applicable va donc
dépendre de l'origine de la personne.
Quid de la territorialité des lois ?
Le 10ème siècle a connu d'autres développements en ce qui concerne les conflits de lois.
L'existence d'un pouvoir central puissant sous Charlemagne a fortement influencé la solution
des conflits. Une seule et unique loi est appliquée sur chaque territoire, quels que soient les
personnes impliquées dans le rapport juridique.
Le système féodal a fait que sur chaque territoire une seule loi est appliquée quels que soient
les personnes, les biens ou les actes. La territorialité des lois va donc se substituer au système de
la personnalité.
Par conséquent, la lex rei sitae (la loi où la propriété est située) pour les biens, la lex domicilii
pour les personnes, étaient devenues la règle.
En appliquant des lois territoriales, la place des conflits de lois a été restreinte. Et même
quand un conflit surgissait, il était résolu en même temps que le conflit de juridiction.
« Cependant, ce fut au Moyen Age que les conflits de lois firent leur apparition. Mais ils
naquirent dans un pays qui ne connaissait la féodalité que de façon très superficielle : l'Italie. Les
villes marchandes de l'Italie du Nord furent donc le berceau du droit international privé comme
elles avaient été du droit commercial ».
Différents facteurs, économiques, politiques et juridiques ont favorisé le développement de
cette branche du droit en Italie :
Économiques: pour les commerçants, il était nécessaire de favoriser les relations commerciales
tout en optant respectant les lois des cités voisines.
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Politiques: en conservant leur souveraineté, les villes italiennes avaient engendré la naissance
des conflits de lois.
Juridiques: les divergences entre les statuts des villes italiennes offraient la possibilité de dégager
des solutions satisfaisantes pour les différentes parties.
Si les italiens se sont intéressées aux conflits entre les statuts de villes, et les français aux
conflits entre coutumes de provinces différentes, les hollandais, quant à eux, se sont placés
directement sur le plan international.
Le développement du commerce extérieur des Pays-Bas a expliqué l'intérêt porté aux conflits
internationaux. Nombreux sont les auteurs hollandais qui ont été à l'origine du développement de
la matière. L'on peut citer les noms de Paul Voet (1610-1677), et Jean Voet (1647-1714).
Le développement des relations privées internationales au 19 ème siècle, suite à l'essor
économique, a été favorable à la formation d'un DIP propre à chaque État.
B. Les personnes dans le système musulman :
1. Spécificités du système musulman : le rôle et la place de la religion musulmane permettent
au système musulman de se distinguer des autres systèmes.
« vu que dans les civilisations romaine et grecque les droits de l'individu sont déterminés selon
qu'il appartient ou qu'il n'appartient pas à la Cité, dans le monde musulman, ces mêmes droits
sont déterminés selon que la personne est ou n'est pas musulmane ».
La possibilité de jouir de certains droits est donc tributaire de l'appartenance religieuse de
l'individu. De même certaines obligations sont édictées selon qu'on est musulman ou non.
L'appartenance à la religion musulmane détermine les droits et les obligations des musulmans
et des non musulmans, en fonction d'un nombre de règles contenues dans les sources du droit
musulman :
 Le Coran, la Souna et les doctrines orthodoxes: le Coran et la Souna, gestes, dires et silences
du prophète, constituent les sources principales du droit musulman.
A ces sources fondamentales, il convient d'ajouter les travaux des jurisconsultes musulmans en
matière juridique, en particulier ceux des fondateurs des quatre écoles orthodoxes : Malékite,
Chaféite, Hanafite et Hanbalite.
 Les traités: l’Islam n’a pas exclu la possibilité de conclure des traités avec les non musulmans, à
condition qu’ils ne soient pas en guerre contre l’Islam.
De nombreux traités ont été passés par les musulmans en temps de guerre. Ces traités conclus
étaient scrupuleusement respectés par les Khalifes musulmans, même en temps de guerre.
Le système musulman a également été marqué par le principe de la division du monde en
deux parties: le « dar el Islam » et le « dar el Harb »:
- Le dar el Islam est représentée par les régions placées sous domination musulmane. Au sein de
dar el Islam, la personne possède tous les droits reconnus aux musulmans par les lois islamiques.
- Le dar el Harb représente quant à elle les régions non soumises à I'Islam.
L'appartenance à la communauté musulmane confère à la personne établie sur un territoire
musulman de nombreux droits et privilèges.
QUID des non musulmans en terre d’islam?
A côté des musulmans, trois autres catégories de personnes étaient établies en terre d'Islam:
Les dhimi, les polythéistes, les moust’amen.
2. Les conflits dans le droit musulman :
a. Primauté de la loi musulmane :
L'étendue de l'empire musulman a généré différents types de conflits de lois.
Il va sans dire que « la doctrine prépare la jurisprudence ».
Seulement, l'on sait que l'achèvement de la construction doctrinale musulmane n'a été que vers le
14ème siècle. Ce qui a constitué un facteur, parmi d'autres, pour maintenir l'application sur les
territoires conquis des systèmes déjà mis en place.
La question qui se pose est de savoir si la loi musulmane s'applique lorsqu'un musulman
est opposé à un non musulman.
En matière civile : si un litige oppose un musulman à un non musulman, le juge musulman
est compétent et applique sa propre loi. La règle trouve son origine dans des dispositions
coraniques.
En matière délictuelle, c'est également la loi musulmane qui s’applique, mais de façon inégale
selon que le coupable est musulman ou dhimi (ex : si un dhimi tue ou frappe un musulman, il lui
sera appliqué la peine du talion. Par contre, le musulman coupable d'un méfait sur la personne
d’un dhimi ne se verra appliquer que des peines pécuniaires ou d'emprisonnement. Il devra
seulement payer la « diya », et si le délit est involontaire il payera seulement la moitié de
l'indemnité qui serait due.
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b. Conflit entre deux lois non musulmanes :
Une deuxième situation peut se présenter. Il s'agit des litiges pouvant opposer deux dhimis, mais
soumis au juge musulman. Quelle serait la position de celui-ci et quelle loi devra-t-il appliquer ?
Le juge musulman est-il compétent ?
Nul n'ignore qu'en principe, les infidèles échappent à la juridiction du juge musulman. Le
principe de la personnalité des lois a été poussé à son paroxysme. Chacun devrait se soumettre à
l’une ou l'autre juridiction selon son appartenance religieuse.
Ceci étant, estimé que « le juge musulman ne peut décliner sa juridiction, car, par le contrat
de dhima, l'Islam s’est engagé à rendre justice à tous. C'est une obligation pour le Kadi de
retenir sa compétence ».
Une fois la compétence acceptée, le juge musulman appliquera, selon les malékites, la loi des
parties.
* L'on peut à cet égard déceler le principe de l'autonomie de la volonté. Càd que les parties sont
libres de convenir l’application d’une autre disposition que la loi musulmane.
Dans ce cas, le juge est tenu de l'écarter.
c. Conflit entre deux rites musulmans :
Les lois en présence étant sur un pied d'égalité, quel serait le rite applicable, parmi les quatre:
orthodoxes Hanafite, Malékite, Chaféite et Hanbalite, si leurs dispositions entrent en conflit les
unes les autres ?
« Les jurisconsultes musulmans n’ont pas examiné la question. C’est seulement à partir des
18ème et 19ème siècles qu’une solution de fortune a été apportée, reposant sur le choix des
parties ».
Section 3 : Les sources du DIP
Le DIP est un droit propre à chaque État. Le qualificatif international trouve sa seule raison
d’être dans l’objet de la matière, il est interne par ses sources, et il est international dans son
objet.
Le DIP découle de deux sources, les sources internes et les sources internationales :
A. Les sources internes :
1. La loi :
a. En droit français :
La loi joue un rôle important en matière de nationalité et de condition des étrangers mais
beaucoup moins en matière de conflit de lois. Les textes relatifs aux conflits de juridictions sont
très rares.
b. Certains États d’Europe de l’Est et de l’Ouest :
Certains États d’Europe de l’Est et de l’Ouest ont codifié leur DIP (la Tchécoslovaquie, la
Pologne, la Hongrie, la Suisse, le Portugal et l’Autriche).
c. Des règles codifiées existent dans de nombreux États Arabo-musulmans :
Le Code civil égyptien, et algérien contiennent des dispositions relatives aux conflits de lois.
d. Au Maroc :
Le DCC du 12/08/1913 constitue la source principale du DIP, comme il constitue le premier
Code de DIP. Paru en langue française, il traite essentiellement des conflits de lois.
- Pour ce qui est des conflits de juridictions, citons le Dahir du 24/04/1959 modifiant celui
du 04/04/1956 relatif au fonctionnement des juridictions de droit commun, la loi 26/01/1965, loi
d’unification, d’arabisation et de marocanisation, le Code de procédure civile de 1974.
- Quant à la nationalité, elle est entièrement régie par le dahir du 06/09/1958 toujours en
vigueur.
2. La jurisprudence :
en France, ce sont les tribunaux judiciaires qui ont eu la charge d’élaborer un système de DIP et
continuent d’en combler les lacunes, la loi joue en France un rôle fondamental.
Cette même jurisprudence imprègne tous les systèmes juridiques des autres pays qui ont plus ou
moins hérité du droit français.
Au Maroc : des lacunes et anomalies ont été constatées dans le DCC, lequel laisse sous silence
certains conflits de lois. le DCC ne réglemente que les situations juridiques sises ou nées au
Maroc, alors que normalement les dispositions du DCC doivent guider les tribunaux aussi bien
pour les situations internes que pour les situations externes.
3. La doctrine : joue un rôle particulièrement important.
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B. Les sources internationales :
1. Les traités bilatéraux :
Les traités bilatéraux apparaissent surtout dans le domaine des conflits de juridictions. Il existe
aussi et depuis longtemps également des traités bilatéraux dans le domaine de la condition des
étrangers.
2. Les traités multilatéraux :
Leur grand obstacle est la difficulté de rassembler un grand nombre de consentements.
3. La jurisprudence des juridictions internationales :
Elle constitue elle aussi une source du DIP notamment en matière de nationalité et de condition
des étrangers.
a. L’institution la plus importante est la C.I.J :
L’avis du 07/02/1923 intervenu dans un différend entre la France et l’Angleterre au sujet de
décrets français sur la nationalité en Tunisie et au Maroc énonce qu’en matière de nationalité,
les états ne sont liés les uns vis-à-vis des autres par aucune obligation autre que celles qui
résultent des traités.
En matière de condition des étrangers, la cour a décidé que l’expropriation sans indemnités
est contraire au droit commun international ce qui implique que les États ne sont pas libres de
traiter comme ils veulent les étrangers (arrêt du 25/05/1926 relatif à l’expropriation d’une usine
allemande par la Pologne affaire Chorzów).
b. La juridiction arbitrale :
Les relations d’affaires sont développées du fait des relations commerciales internationales. La
pratique s’est tournée vers l’arbitrage de droit privé dans les contrats internationaux. Il existe des
organismes permanents spécialisés dans l’arbitrage international.
De nombreuses sentences déjà rendues ont fini par dégager un certain nombre de règles
communes et spécifiques au commerce international, on parle alors de Lex Mercatoria (solution
des conflits de commerce international, conçue par la pratique sans faire appel aux dispositions
nationales).
Chapitre II : Les règles de conflit de lois
L'intervention de l'élément étranger oblige l'organe étatique auquel est soumis le cas à désigner la
loi applicable en raison d'une relation particulière pouvant la lier à ce cas.
- Si le litige n'est pas international : le problème du juge consiste à puiser dans la panoplie des
règles marocaines celle qui a vocation à régir la question de droit telle qu'elle se présente.
- Si le litige est international : il faut d'abord résoudre une question préalable : déterminer si la
loi du for ne doit pas être écartée au profit d'une loi étrangère ou, dans l'hypothèse où la loi du for
ne serait pas concernée, laquelle des lois en concours doit être appliquée.
Une situation n’est donc abordée à partir des règles de conflit de lois que si certains
éléments sont réunis:
1/ Le rapport de droit en question se rattache à plusieurs États :
La nationalité des personnes impliquées, la situation d'un bien ou le lieu d'avènement du litige...
sont autant de facteurs pouvant être à l'origine du rattachement de la situation à plusieurs ordres
juridiques.
2/ Les divergences entre les systèmes juridiques est également un élément indispensable
pour l'existence du conflit des lois :
Si les États adoptent les mêmes règles, la question de la loi applicable n'aura plus une incidence
majeure sur la solution du litige. Sur le fond, la solution serait la même indépendamment de la loi
appliquée.
3/ La volonté d'une coordination entre systèmes juridiques divergents :
Chaque État doit accepter l'application d certaines règles étrangères sur son territoire. Un
minimum de tolérance s'impose.
I. Évolution des conflits de lois :
Ayant pour vocation de régir les relations privées internationales, le conflit de lois est néanmoins
réglementé par des règles nationales qui diffèrent d'un pays à l'autre.
L'objectif est de faire coexister des ordres juridiques étatiques distincts à partir d’un esprit de
solidarité initié par des règles nationales.
Née en Italie, avant de se développer en Occident, la méthode conflictuelle ne peut être comprise
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qu'après une présentation de son histoire avant de s’intéresser à son introduction au Maroc.

 Système de conflits de lois au Maroc :


Avant le protectorat, au Maroc, en tant que pays musulman, on se référait à la religion pour la
distinction entre les individus.
Aux musulmans, le juge musulman appliquait la loi musulmane, mais la situation va changer à
partir du 17ème siècle.
Le Maroc, comme la plupart des pays d'Islam, est devenu un pays de capitulation.
Le régime des capitulations a permis à l'étranger de jouir d'un privilège de législation et d’un
privilège de juridiction. Celui-ci est justiciable de tribunaux consulaires qui lui appliquent le droit
de son pays d'origine.
En l'absence d'un justiciable marocain, les litiges étaient en fait réglés par des étrangers qui
appliquent des lois étrangères.
Par contre, si un sujet du Sultan est impliqué, le litige a relevé, jusqu’au 18 ème siècle, de la justice
du Cadi.
Au 19ème siècle, c'est le déséquilibre des forces qui a régné dans les relations du Maroc avec les
pays européens.
Sur le plan juridique, du principe de la compétence du tribunal du défendeur. Le marocain
demandeur est donc obligé de porter son action devant le consul du pays du défendeur étranger.
C'est dire combien est délicate la position du marocain dans son propre pays.
De manière générale, l'on peut dire que le système des conflits de lois s’est caractérisé, durant
la période du protectorat, par une absence totale de certaines spécificités de la société marocaine
(surtout l’écartement de l’Islam en tant que donnée fondamentale du for).
 QUID des conflits de lois après l'indépendance ?
L'évolution du système peut se résumer dans les points suivants :
- Aucun texte n'est venu remplacer le DCC de 1913 en dépit de l'élaboration de plusieurs projets
de réforme. Le système des conflits de lois est inachevé, son évolution est lente ; il traîne encore
des contradictions en dépit du souci de couper avec l'héritage du protectorat.
La soumission de l'étranger musulman aux règles de la moudawana et l’introduction du privilège
de religion et du privilège de nationalité.

II. Méthodes de solution des conflits de lois :


Dès lors qu’un rapport de droit présente un ou plusieurs éléments d’extranéité et qu’il est donc
rattaché à plusieurs systèmes juridiques, il se pose un problème d’option.
Le choix n’est pas arbitraire et ne dépend souvent ni de la volonté du juge ni de la volonté des
parties.
Le DIP a pour but de réglementer les rapports internationaux de droit privé, son champ
d’application suppose la présence concurrente de plusieurs lois appartenant à des États différents.
La solution n’est pas l’élimination arbitraire de quelques-unes d’entre elles au profit d’une seule
mais l’agencement le plus rationnel pour garder au DIP la mission qui est la sienne, i.e.
La coopération judiciaire et juridique internationale :
La branche des conflits de lois a pour but de déterminer le droit applicable aux situations
juridiques non homogènes.
On parle de conflit de lois en présence d'une question de droit qui se trouve en contact avec
pluralité d'ordres juridiques. Les ordres ont tous vocation à régir la situation, et contiennent une
règle substantielle susceptible de lui apporter une réponse.
Le conflit de lois peut être résolu par le recours à diverses méthodes.
L'une d'elles, et probablement la plus usitée, est la « méthode conflictuelle » ou « méthode de
conflits de lois » au cours des dernières décennies, celle-ci a néanmoins vu se dresser devant elle
d'autres procédés de résolution des conflits: méthode de la règle matérielle, lois d'application
immédiate, théorie des droits acquis.
Dans le domaine où joue la méthode conflictuelle classique, l’État n’attache aucun intérêt
particulier à voir s’appliquer la loi du for ou une loi étrangère.
Dans les autres cas, l’État pose des règles qui doivent impérativement s’appliquer.
Cette catégorie de règles matérielles est dénommée lois de police qui sont définies comme des
lois dont l’observation est nécessaire pour la sauvegarde de l’organisation politique, sociale ou
économique du pays.
□ En résumé donc, le point de départ de la règle de conflit est la prise en considération
des différentes lois susceptibles d’être appliquées.
La question que l’on se pose est la suivante : quelle est la loi à appliquer à telle relation ?
Pour les lois d'application immédiate en se pose plutôt la question inverse, quelles sont les
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relations qui tombent sous le coup de telle loi ?

A. Méthode de la règle matérielle :


L’expression règles matérielles ou règles substantielles traduit l’idée fondamentale suivante :
□ Il s’agit de règles régissant directement le fond du droit, elles s’appliquent directement aux
rapports de droit envisagés sans passer par la méthode de désignation d’une règle substantielle
interne par une règle de conflit.
« Elle consiste en l'existence de dispositions matérielles réglant directement les relations
internationales, sans passer par une autre règle dont la fonction serait de désigner la loi
applicable ».
Une règle matérielle de DIP est donc une règle spécialement destinée aux relations
internationales, une règle spécifique conçue pour un problème international. Il s’agit là d’un
procédé relativement rare, on le retrouve surtout dans le domaine du C.I.
- Le juge dans l’ordre duquel se trouve une règle matérielle propre aux relations internationales,
doit l’appliquer automatiquement à l’exclusion de toute règle étrangère sans se soucier de savoir
quel est l’ordre juridique compétent.
- C’est la solution expressément adoptée par exemple par la convention de La Haye portant loi
uniforme en matière de vente internationale d’objets mobiliers corporels du 15 juin 1955 dont
l’art. 90 dispose : « les frais de délivrance de la chose sont à la charge du vendeur, tous les
frais postérieurs à la délivrance sont à la charge de l’acheteur ».
A titre d’illustration :
« La perte ou la détérioration des marchandises survenues après le transfert à risques de
l'acheteur ne libère pas celui-ci de son obligation de payer le prix, à moins que ces
évènements ne soient dus à un fait du vendeur ».
L'efficacité de la méthode suppose la mise en place dans chaque État d'un code des relations
civiles et commerciales internationales qui éliminerait toute référence à des droits étrangers.
Tâche qui n'est certainement nullement envisageable en raison de la complexité et de la difficulté
du procédé. C’est pourquoi l’on a opté pour l’adoption, par traité, de règles matérielles
uniformes.
B. Les lois d’application immédiate :
Le recours à ce procédé de réglementation en DIP consiste à appliquer, à une hypothèse
internationale, des dispositions du droit interne.
Il existe en effet des cas où l’application des lois internes doit nécessairement avoir lieu bien qu’on
devrait prendre en considération des problèmes de la vie internationale.
Par exemple : le législateur marocain a prévu la semaine de 40h de travail, si cela ne s’appliquait
qu’aux employeurs nationaux, la loi n’atteindrait pas son but. Les employeurs étrangers
chercheraient notamment des employés qui travailleraient plus de 40h pour le même salaire.
On peut dire que le critère de distinction est la volonté ou l’intérêt de l’Etat à voir
s’appliquer ou non sa propre loi en vue d’un but déterminé.
C. La méthode conflictuelle :
Toutes les fois qu'un tribunal a à connaître d'un litige comportant un élément d'extranéité
susceptible pour cette raison de se rattacher à deux ou plusieurs pays, il doit consulter sa propre
règle de conflit, son propre système de DIP et déterminer ensuite la loi applicable par référence à
cette règle de conflit de lois.
La règle de conflit présente trois caractéristiques :
1) Le problème de conflit de lois est essentiellement un problème d'option, un problème de
choix entre plusieurs rattachements possibles ; (par ex. Un divorce est demandé par une
personne contre son conjoint de nationalité différente devant les juridictions marocaines).
Ces juridictions feront-elles applications de la loi du mari, de loi de l'épouse ou de la loi du
Maroc ?
Il résulte de ceci que l a règle de conflit est en principe une règle bilatérale qui peut donner
indifféremment compétence à l'application d'une loi locale ou d'une loi étrangère.
2) Chaque État a son propre système de solution de conflit de lois ;
3) Enfin, la règle de conflit désigne comme loi applicable, une loi interne, la loi du pays qui
a le rattachement le plus important avec le rapport de droit en cause.
 Fondement de la méthode : C'est la méthode la plus utilisée aujourd'hui.
Elle a été largement appliquée par les tribunaux depuis des siècles. Elle repose sur les règles de
conflit du for, qu'elles aient été dégagées par la jurisprudence, ou consacrées par la loi.
La mise en pratique de la méthode suppose l'existence d'un rapport de droit qui se rattache à deux
ou plusieurs ordres juridiques.
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Différentes lois doivent avoir vocation à s'appliquer en raison d'un lien particulier avec la
situation juridique.
En ce sens, la méthode offre les mécanismes permettant de faire un choix entre les différentes
lois en concurrence ? i.e., elle détermine la loi applicable parmi toutes celles qui ont une
prétention légitime à s'appliquer.
Dans un rapport de droit interne, le choix se fait entre des règles substantielles de l'ordre
juridique interne.
A propos d'une relation internationale, le choix se fait entre des droits étrangers, ou un droit
étranger et les règles du for.
Ceci étant, si, par exemple, le juge (ou plus généralement un organe étatique) est appelé à
trancher un litige à propos d'une relation présentant un élément d'extranéité, il doit faire un choix
entre les différentes lois invoquées par les parties.
Mais, de quoi dispose-t-il pour trancher ?
- Le juge doit en fait se référer à sa propre règle de conflit, faire appel à son propre système de
DIP. i.e., il doit savoir si dans le corps de règles de son droit interne, il y aurait une disposition
qui oblige à écarter la loi du for au profit d'une loi étrangère.
Dans ce cas, le juge est en mesure de substituer à la règle de droit interne une disposition d'un
autre ordre juridique si elle a été déclarée compétente.
La méthode conflictuelle consiste donc à faire un choix entre différentes règles ayant toutes un
lien objectif avec le rapport de droit envisagé.
La méthode repose sur une technique particulière et propre au DIP.
Celle-ci est contenue dans ce qu'on appelle « règle de conflit » ou « règle de rattachement ».
La technique repose sur un procédé de raisonnement propre à la matière.
Exemple de règle de conflit : « si le juge doit résoudre une question relative au divorce et à la
séparation de corps, il doit appliquer la loi nationale des époux ».
La première question que doit se poser un juge est relative à la détermination de la nature du
rapport de droit qui lui est soumis.
Il doit dégager ce rapport à partir du cas posé et de la demande des parties. De quoi s'agit-il, un
mariage, un divorce, filiation délit... ?
La réponse lui permettra de ranger le rapport de droit dans l'une des catégories de rattachement.
Cette première étape se réalise en faisant application de la théorie des qualifications.
Celle-ci permet de dégager la nature du rapport de droit, et par là-même, de répondre à la
question de savoir dans quelle catégorie doit-on l'intégrer.
On détermine en fait l'objet ou le rapport de droit à qualifier, et puis on passe à la phase
suivante, i.e. le classement de ce rapport dans l'une des catégories de DIP.
Dans notre exemple, l'objet de la règle ou le rapport de droit se rapporte au « divorce et la
séparation de corps ».
La théorie de la qualification rattachera l'objet à l'une des catégories de rattachement, en principe
le statut personnel.
Une fois l'objet précisé « divorce et séparation de corps », et la catégorie connue « statut
personnel », le juge se dirige vers sa propre règle de conflit pour poser la question suivante:
Pour tel rapport de droit, classé dans telle catégorie, quelle est la loi applicable ?
La réponse à la question permettra de faire le lien entre l'objet et l'un des ordres juridiques.
L'élément désigné par la règle de conflit du for pour faire ce lien d'appelle « élément de
rattachement » ou « facteur de rattachement ».
Il peut s'agir de la nationalité, du domicile, de la résidence habituelle, de la loi du lieu de
conclusion du contrat...Ce facteur permet de rattacher le rapport de droit à un ordre juridique.

Reprenant l'exemple, le rapport de droit « divorce et séparation de corps », intégré à la


catégorie «statut personnel » par le biais du procédé de la qualification, se rattache par recours au
facteur de rattachement qu'est la nationalité, à l'ordre juridique du pays dont les époux ont la
nationalité. Différents éléments sont donc indispensables pour l'existence de la règle de conflit :
l'objet de droit ; la catégorie de rattachement ; le facteur de rattachement et la loi applicable.
La règle de conflit peut revêtir différentes formes, on distingue :
 Règle de conflit principale ou subsidiaire :
- la principale est celle qui donne en principe la solution (ex: au statut personnel, on applique la
loi nationale commune).
- La subsidiaire intervient quand la principale ne peut pas fonctionner (ex. le divorce d'époux
ayant des nationalités différentes, si la nationalité commune fait défaut, on prévoit l'application
d'une règle subsidiaire, telle la loi nationale du demandeur).
 Règle de conflit simple et règle de conflit double ou multiple : la règle de conflit simple
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retient un critère de rattachement unique. La règle double ou multiple retient plusieurs éléments
de rattachement. A ce propos, on distingue la règle de conflit qui a un rattachement alternatif ou
cumulatif, et celle qui a un rattachement auxiliaire ou conditionnel:
a) Rattachement alternatif : deux ou plusieurs facteurs de rattachement qui interviennent
alternativement. Les facteurs sont placés sur un pied d'égalité.
b) Rattachement cumulatif : prise en compte de deux rattachements de manière simultanée.
c) Rattachement auxiliaire : règle de conflit avec deux facteurs de rattachement. Le deuxième
facteur n'est pris en considération que si le premier débouche sur un résultat. (ex: Convention de
Genève sur la lettre de change: pour apprécier la capacité, on se réfère à la loi nationale de la
personne. Si celle-ci est déclarée incapable, elle sera néanmoins considérée comme capable au
cas où elle aurait signé la lettre sur le territoire d'un pays où il serait déclaré capable. C'est le
deuxième facteur qui a joué, à savoir la loi du pays sur le territoire duquel la lettre a été signée.
d) Rattachement conditionnel : la règle de conflit retient un rattachement de principe, mais qui
ne peut fonctionner que si on prend en considération un autre rattachement. (ex: « en cas de
mariage entre étrangers, les causes du divorce seront régies par la loi du for », mais la règle de
conflit ajoute « à moins que la loi de l’époux ne s’y oppose ».
1. Intérêt de la méthode :
Dans son application, la méthode conflictuelle repose sur une idée directrice, à savoir la
recherche de l’esprit du droit international privé en s’attardant sur « sa raison d’être ».
Les objectifs de la règle de conflit recèlent le souci de préserver les relations de droit privé du
danger de leur morcellement ou fractionnement en raison de la division du monde en pays
souverains.
2. Conflits de qualification :
Le conflit de qualifications est représenté par la divergence constatée entre la qualification par
référence aux catégories du for et celle qui se réfère aux catégories des systèmes juridiques.
Le concept « qualification » se réfère lui-même à une opération qui permet de dégager l'identité
du rapport de droit posé. Cette opération consiste à préciser les faits en vue de dégager leur
nature: tel fait est-il un vol, une escroquerie... ?
- Le problème spécifique au DIP se rapporte plutôt au conflit de qualifications qu'au procédé
susceptible de déterminer la nature d'une institution.
N’est certainement pas rare que des systèmes juridiques donnent une qualification différente à
une même institution, et l'intègrent de ce fait dans des catégories différentes. Ce qui peut avoir
des conséquences importantes.
- Le DIP repose sur la distinction entre différentes catégories de rattachement.
Donc, il est indispensable, avant de désigner la loi applicable à une institution, de
déterminer d'abord à quelle catégorie appartient-elle ?
- Il s'agit de dire si l'institution appartient au statut personnel, au statut réel, des successions..., ou
de décider si le rapport de droit relève de la forme ou du fond.
Ce qui fait surgir la question de savoir par référence à quel système juridique faut-il qualifier
l'institution.
Faut-il qualifier par recours aux règles du for ou à celles d'un des ordres juridiques
concernés par le rapport de droit ?
Pour déterminer la loi applicable, il faut résoudre préalablement le conflit de
qualifications.
Déterminer la loi de qualification renvoie au souci de répondre à la question de savoir par
référence à quel système juridique la qualification doit se faire.
Plusieurs courants doctrinaux s'opposent à ce niveau.
a. Controverse doctrinale :
i. Qualification lege fori :
La thèse est fondée sur l'idée que chaque juge doit qualifier en se référant à sa propre loi , la loi
du for. Le juge marocain fera appel aux concepts de son droit interne. Le juge français à ceux du
droit français, le juge tunisien à ceux du droit tunisien.
N'ayant pas défini des catégories de rattachement spécifiques aux situations internationales, le
juge qualifie donc suivant la lex fori, et si le droit étranger propose une qualification différente, il
doit céder devant la loi du for.
La doctrine a présenté trois arguments en faveur da la qualification lege fori:
1- la qualification lege fori s'accommode avec le caractère national de conflits de lois : si la
règle de conflit marocaine doit désigner la loi étrangère compétente, il est normal qu'elle délimite
le domaine d'application de cette loi.
2- Le deuxième argument se rapporte à la place de la qualification dans le processus de
résolution d'un conflit de lois : dans la mesure où la question de la qualification se pose
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préalablement à la solution du conflit, il n'y a pas de raison pertinente pour faire appel à la loi
étrangère.

3- Le juge au moment de la qualification n'est pas encore certain de la loi qui sera déclarée
compétente : le rattachement juridictionnel offre dès lors la seule certitude au moment de la
qualification.
ii. Qualification lege causae :
La qualification lege causae fait appel au droit étranger éventuellement applicable au rapport de
droit concerné. C'est par référence au système juridique auquel appartient l'institution que la
qualification se fait. Une adoption sera donc considérée selon les concepts de l'ordre juridique qui
l'a instituée, et non par référence aux catégories du droit marocain.
iii. Qualification par référence à des concepts autonomes et universels :
C'est l'œuvre particulièrement de Rabel. La doctrine repose sur l'idée que le juge ne devrait pas
être prisonnier de la qualification par référence à une loi déterminée, « mais devrait dégager, par
l'utilisation de la méthode comparative… ».
Elle récuse la référence aux concepts du droit interne, pour édifier, selon une méthode
comparative, des catégories de rattachement universelle.
Pratiquement, il est difficile de concevoir une application sans faille de la doctrine. Ce n'est pas
sans raison que certains auteurs ont considéré que « la conception de Rabel relève du domaine
de l'utopie ».
Une telle démarche supposerait que, d'une part, le juge ait les informations suffisantes sur
l'ensemble des systèmes juridiques étrangers, ce qui est pratiquement, si pas impossible, au
moins presque irréalisable, d'autre part, il faudrait revoir l'édifice après chaque modification
d'une législation nationale.
iv. Conflit de qualifications en droit marocain :
La jurisprudence marocaine sous le protectorat était bien établie pour la qualification lege
causae. Différents arguments ont justifié cette position:
La qualification lege causae évite la dislocation du statut personnel.
Le défaut d'une lex fori en matière de statut personnel plaide également en faveur d'une
qualification lege causae. Les règles de statut personnel applicable au Maroc se base sur
l'appartenance confessionnelle.
Le Maroc n’a pas élaboré librement ses règles de conflit. Il a dû prendre en considération les
engagements internationaux pris à ce propos.
La qualification lege fori n'évince pas complètement la loi étrangère, même quand on qualifie par
référence à la loi du for, un détour par la loi étrangère s'impose parfois.
C'est le cas notamment quand l'institution étrangère est inconnue du droit local. Dans ce cas,
pour ranger la situation dans l'une des catégories de rattachement, on est obligé de passer par la loi
qui l'a instituée. La phase d'analyse se fait en fait lege causae. Il ne peut en être autrement.
Seule la deuxième phase, celle du jugement, est soumise à la loi du for.
Le juge n'aurait pu avoir une idée sur la portée du «quarte du conjoint pauvre » sans passer
par la loi maltaise.
v. Catégories et facteurs de rattachement :
On a vu que la règle de conflit se compose de l'objet, de la catégorie de rattachement, du
facteur de rattachement et de la loi applicable.
L'objet est l'ensemble des données présentées au juge.
La loi applicable se détermine, quant à elle, à partir du lien crée par le facteur de rattachement
entre l'objet et un des systèmes juridiques en présence.
L'on s'intéressera plus particulièrement, à l'une des principales catégories de rattachement en
DIP, à savoir le statut personnel, et au débat sur le choix entre la nationalité et le domicile en
tant que facteur de rattachement dans les matières intégrées au statut personnel.
b. Catégories de rattachement :
La méthode conflictuelle repose sur la division de la matière privée internationale en catégories,
appelées également concepts de rattachement. Ces concepts existent déjà en droit interne.
Le caractère international du rapport de droit leur procure néanmoins une dimension particulière
en DIP. Les principales catégories de rattachement sont connues aujourd'hui. On connaît leur
signification. Des divergences apparaissent toutefois entre les systèmes juridiques quant à leur
contenu et les matières qu'elles englobent.
i. Les actes juridiques :
Il s'agit des actes à caractère patrimonial. Une distinction est faite entre les règles régissant la
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forme et celles régissant le fond.
- En application de la règle locus regit actum, la forme de ces actes est régie par la loi du lieu de
leur passation. Le fond et les effets sont soumis à la loi désignée par les parties.
- La loi d'autonomie a également constitué un fondement pour la passation des actes (l’art. 13 du
DCC). Elle offre aux parties une marge de manœuvre plus importante.
La conception moderne dite de la localisation objective du contrat est l'œuvre de Batiffol. Celui-
ci considère que « les parties ont seulement la liberté de localiser leur contrat, et c'est le juge
qui en déduit la loi applicable ».
Le DIP consacre le principe fondamental de l’autonomie de la volonté en matière contractuelle
(art. 13 du DCCE). En l’absence de choix par les parties de la loi applicable, conformément à
l’art. 13 du DCCE le contrat sera régi par la loi du domicile commun des parties.
A défaut de domicile commun, le contrat sera régi par leur loi nationale.
A défaut de domicile commun et de nationalité commune, c’est la loi du lieu où le contrat est
conclu qui sera applicable, locus regit actum.
ii. Les faits juridiques :
Il s'agit de faits matériels qui entraînent des conséquences juridiques. L'obligation est le plus
souvent la conséquence d'un délit.
La loi du lieu de la survenance du fait générateur de l'obligation (lex loci delicti) est applicable à
ce niveau.
Au Maroc, pour les délits et les quasi-délits, la loi applicable aux délits et quasi-délits est la loi
du lieu où le délit a été commis, la lex loci delicti (l’article 16 du DCCE).
iii. Le statut réel :
La catégorie englobe les biens meubles et les biens immeubles. Le principe universellement
consacré en la matière est l'application aux biens immeubles de la loi du lieu de leur situation: lex
rei sitae, qu’ils soient situés au Maroc ou à l’étranger.
iv. Le statut personnel :
La notion de statut personnel englobe différents éléments permettant d'identifier et de qualifier la
personne individuellement et dans sa relation avec autrui, qu'elle soit familiale ou contractuelle.
De la naissance au décès, l'identification et la situation personnelle de tout un chacun s'établit.
La notion de statut personnel a été largement utilisée par les législations des pays dont le droit
familial est étroitement lié au droit musulman. Elle est moins utilisée en DIP qu'en droit interne.
En droit marocain :
La catégorie du statut personnel intègre toutes les relations concernant la personne. Elle englobe
de manière extensive toutes les règles juridiques qui régissent la situation individuelle et
familiale des individus : elle concerne : l’état et la capacité des personnes, le mariage, le
divorce, la filiation et la succession.
Le rattachement du statut personnel varie selon les États entre la loi nationale et la loi du domicile.
En droit marocain, le rattachement appliqué en matière de statut personnel est celui de la loi
nationale.
 L’état et la capacité :
La loi applicable en matière d’état et de capacité est la loi nationale (Art. 8 du DCCE).
 Le mariage : ses conditions de fond sont soumises à la loi nationale de chacun des futurs
époux (Art. 8 du DCCE).
Ses conditions de forme:
Le mariage n’est valable que lorsque la célébration est conforme à la loi nationale des intéressés
(Art. 11 du DCCE).
Trois hypothèses sont à distinguer :
- Le mariage des étrangers au Maroc : doit être fait auprès des autorités consulaires des pays
dont relèvent les époux, conformément à leurs lois nationales respectives (Art. 12 du DCCE).
- Le mariage entre marocain à l’étranger : doit être célébré selon la forme prévue par le Code
de la famille devant les autorités consulaires marocaines à l’étranger.
- Le mariage entre marocains et étrangers : n’est valable que s’il est conclu conformément au
droit marocain applicable au conjoint marocain.
 Le divorce :
La loi nationale des époux est applicable en matière de divorce (art. 9 du DCCE).
 La filiation :
L’établissement de la filiation, la preuve, la relation entre les parents et leurs enfants mineurs sont
soumis à la loi nationale de l’enfant.

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 Les successions :
Les successions relèvent de la loi nationale du défunt (art. 18 du DCCE).

c. Facteurs de rattachement :
Quelques éclaircissements à propos de la nationalité, du domicile et de la résidence habituelle,
avant de s’intéresser à la controverse à propos du choix de la nationalité ou du domicile en tant
que facteur de rattachement pour le statut personnel.
i. Nationalité :
Pour définir la nationalité, de nombreux auteurs se sont référés aux éléments de peuple,
géographie, race, langue, religion, etc.
Concept d'origine européenne, la nationalité, au sens contemporain, sera introduite dans les pays
arabo-musulmans avec la formation des États au sens moderne.
Elle est le résultat de la transformation de l'élément religieux qui distinguait la « umma
islamiya » en « un critère plus politique, qui va faire place aussi bien aux musulmans
qu'aux non-musulmans, dans un cadre qui n'est plus désormais religieux mais politique,
sociologique et territoriale ».
ii. Domicile :
La conception du domicile varie selon les pays et se caractérise par une certaine imprécision de
ses termes, elle se conçoit également à partir d'une distinction entre le domicile interne et le
domicile international.
- L’élément matériel : déterminé par l'établissement de la personne.
- L’élément psychologique : conçu à travers l'intention de s'installer dans un lieu.
Le mouvement des individus complique la recherche du domicile international. Il est difficile
de désigner le lieu d'établissement stable de certaines personnes qui vivent dans un pays tout en
gardant des attaches permanentes et réelles avec un autre.
La distinction traditionnelle entre le « domicil of origine » et le « domicil of choice » a été
maintenue. Si le premier est attribué à la naissance en faisant naître une relation particulière
entre un individu et un territoire (la volonté de la personne n'intervient pas à ce niveau), le second
est déterminé en fonction de l'intention de la personne concernée.
Ceci étant, comme pour la nationalité, la règle de conflit peut également désigner le domicile
comme facteur de rattachement. La loi du domicile sera alors compétente.
Par conséquent, entre autres tâches, le juge aura à déterminer le véritable domicile des parties,
ce qui n'est pas toujours évident.
iii. Résidence habituelle :
Plus récent que les deux premiers, le concept de résidence habituelle n'a pris toute son
importance dans les matières touchant au statut personnel que dans la deuxième moitié de ce
siècle.
Il a été admis que par la notion de résidence habituelle, « on entend désigner un lieu où s'exerce
un séjour réel relativement stable».
Deux éléments ressortent de cette définition : le fait du séjour réel et la stabilité ou la
continuité pendant un certain temps.
d. Éléments perturbateurs :
L’intervention de certains éléments peut influencer le fonctionnement normal de la règle de
conflit. Il en est ainsi de l’ordre public, du renvoi et de la fraude à la loi.
i. L’ordre public :
Lorsque le contenu de la loi étrangère s'avère incompatible avec des conceptions fondamentales
du for, la loi étrangère peut être écartée au nom de l'ordre public. Le juge peut refuser de mettre
en application la loi étrangère désignée par la règle de conflit.
L'exception d'ordre public constitue donc une limite à la réception de la loi étrangère contenant
des dispositions choquantes qui heurtent nos conceptions religieuses, sociales ou juridiques.
Exemple: le juge peut refuser de retenir une loi consacrant un empêchement au mariage fondé sur
la race ou la couleur.
Dans tous les systèmes juridiques, le juge saisi d'un litige présentant une relation transfrontière
peut faire jouer l'exception d'ordre public pour évincer la loi étrangère.
(Chaque juge se place au niveau des concepts de base de son ordre juridique ou social pour
évaluer la contrariété de la loi étrangère aux conceptions fondamentales du for).
Exemple: un juge marocain peut refuser une union conjugale en dehors du mariage.
Dans ces situations, le juge raisonne comme suit : par recours à sa propre loi (règle de conflit), il
détermine la loi compétente. Il constate ensuite que cette loi (par hypothèse étrangère) est
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contraire à l'ordre public marocain. Enfin, il écarte la loi étrangère et lui substitue la loi du for.
Il s'agit d'une exception à l'application de la loi étrangère qui intervient pour protéger les
fondements religieux, politiques, culturels, économiques, sociaux et moraux d'un pays.

Ceci dit, si l'ordre public permet d'écarter la loi étrangère, alors au profit de quelle loi ?
Différentes propositions ont été faites à ce niveau :
Certains ont estimé que l'éviction de la loi étrangère doit se faire au profit de la loi du for.
D'autres ont estimé qu'il faut écarter uniquement les dispositions choquantes de la loi étrangère.
Un troisième groupe a proposé de remplacer la loi étrangère écartée par une loi du même système
juridique, mais moins choquante pour le juge du for.

ii. Le renvoi :
Le renvoi trouve sa source dans le contact entre des systèmes juridiques distincts. Il puise sa
raison d'être dans la différence des règles de DIP des État.
Le renvoi est un mode de raisonnement qui permet de prendre en compte ce que veut la loi
étrangère, désignée par la règle de conflit d'un État, à propos de sa propre application. La loi
désignée par la règle de conflit donne alors compétence à une autre loi.
Exemple: S'agissant de déterminer le statut personnel d'un anglais domicilié au Maroc, la règle
de conflit marocaine désigne la loi nationale, loi anglaise.
Mais, la règle de conflit anglaise retient comme critère de rattachement le domicile et désigne
ainsi la loi marocaine.
Évidement le problème n'apparaît pas si la règle de conflit du for et celle du pays qu'elle désigne
sont identiques.
Exemple: S'agissant de déterminer le statut personnel d’un français domicilié au Maroc, la règle
de conflit marocaine désigne la loi nationale, loi française, et l’art. 3 du code civil français retient
comme critère de rattachement la loi nationale.

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