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Notes Du Cours de Droit

International Privé
L2 Droit

LA FONDATION
2023
1

Introduction

1. Définition

Le DIP peut être définie comme une branche du droit qui a pour objet de
régir les rapports des personnes privées (physique ou morale) comportant un
élément d'extranéité. L'élément d'extranéité peut consister en en la nationalité
différente des parties, la conclusion à l'étranger d'un contrat, la situation à
l'étranger d'un bien.

En effet les rapports entre les personnes de pays différents peuvent être
rendus difficiles à cause du phénomène des frontières, c'est-à-dire de l'existence
de parts et d'autres de celles-ci, des États souverains qui ont leurs législations
propres, leurs autorités propres, leurs systèmes juridiques propres.

Ainsi pour permettre les relations entre les personnes de pays différents, il
faut jeter des ponts et ces ponts jetés grâce aux règles de DIP. Comme on peut le
remarquer, le DIP présente plusieurs intérêts.

2. Intérêts du cours

Pour ressortir l'intérêt de l'étude du DIP, il faut considérer les grands


compartiments du droit, c'est-à-dire les principales matières étudiées en droit, à
savoir les biens les actes juridiques et les personnes.

2.1 Les biens

On peut ressortir l'intérêt de l'étude du DIP en considérant la vente des biens


comportent un élément d'extranéité, c'est-à-dire la vente internationale. En effet
en droit purement interne, il est de principe que la vente est parfaite lorsqu'on
s'est convenu sur la marchandise et sur le prix, quoique le prix n’ait pas été payé
et la marchandise livrée1.

Cette règle n'est pas de mise dans une vente comportant un élément
d'extranéité, en effet il y a des pays qui prévoient que la vente internationale sera

1
Article 264 du décret du 30 juillet 1888 (communément appelé « Code Civil Livre III).

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parfaite le jour où le vendeur, l'industriel aura remis la marchandise au


transporteur qui joue le rôle de mandataire, non pas du vendeur mais de
l'acheteur.

D'autres pays prévoient une solution inverse en ce sens que la vente


internationale sera parfaite le jour où l'acheteur sera effectivement en possession
de la marchandise. D'où l'intérêt de connaître les règles de DIP régissent la
vente des biens comportant un élément d'extranéité.

Toujours s'agissant des biens on peut souligner l'intérêt de l'étude du DIP


en considérant les successions. En effet lorsqu'une personne décède et laisse les
biens dans un seul et même pays dont elle a la nationalité il n'y a pas matière à
DIP, mais la situation est autre lorsque le de cujus laisse les biens dans plusieurs
pays. Il faut alors faire appel au DIP.

2.2 Les actes juridiques

On peut également souligner l'importance de l'étude du DIP en considérant


les actes juridiques. De plus en plus, les actes juridiques (negotium) sont
négociés au niveau international. Le DIP fourni ainsi les règles devant régir les
actes juridiques comportant un élément d'extranéité.

2.3 Les personnes

Le droit fait la distinction entre les personnes physiques et les personnes


morales.

 S'agissant des personnes physiques : le DIP fournit les règles devant régir
l'entrée, le séjour, la circulation et l'établissement des étrangers sur le
territoire d'un État donné (voir la partie sur la condition des étrangers) ;
 S'agissant des personnes morales : observons que de plus en plus les
personnes morales s'établissent en dehors des États où elles ont été créées.
Le DIP fournit ainsi les règles applicables aux personnes morales créées à
l'étranger.

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3. Objet du DIP

L’objet du DIP ressort clairement de la définition de cette branche de droit à


savoir réglementer les rapports, les relations des personnes privées comportant
un élément d'extranéité.

Partant, la doctrine distingue deux conceptions de l'objet du DIP à savoir :


la conception large et la conception étroite.

3.1 Conception large de l'objet du DIP

C'est celle en vigueur en RDC. Dans cette conception le DIP a pour objet
l'étude des 4 matières ci-après :

 La nationalité ;
 La condition des étrangers ;
 Les conflits des lois ;
 Les conflits des juridictions (plus le conflit d’autorités).

3.2 Les conceptions étroites de l'objet du DIP

Dans les pays Anglo-saxon il existe une conception étroite de l'objet du DIP
en ce sens que le DIP a pour objet le conflit des lois et le conflit des juridictions.

En Italie et en Allemagne, il existe une conception trop étroite de l'objet du


DIP, dans ce sens que le DIP se limite à l'étude des conflits des lois.

4. Sources du DIP

En droit, principalement lorsqu'on parle des sources d'une branche du droit,


on fait référence aux matériaux, aux règles qui sont à la base de cette discipline.
S'agissant du DIP, on distingue entre les sources nationales et les sources
internationales.

4.1 Sources internes

D'entrée de jeu observons que le DIP au Congo est dominé par des sources
d'origine interne, des règles nationales. En effet les principales matières qui
forment le DIP sont régies par des règle d'origine interne, ainsi :

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 la nationalité est régie par la loi organique n° 04/024 du 12 novembre 2004


relative à la nationalité congolaise2.
 La condition des étrangers est régie par plusieurs textes d'origine interne dont
principalement l'ordonnance-loi n° 083/033 du 12 septembre 1983 relative à
la police des étrangers3 ;
 Les conflits des lois sont également régis par plusieurs textes d'origine interne
notamment la loi portant code de la famille (Ex : article 51), le code du travail
(article 6), le décret du 30 juillet 1888 relatif aux contrats des obligations
conventionnelles communément appelé code civil livre 3 (article 24) ;
 S’agissant des conflits de juridiction, le texte essentiel est la loi organique
n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et
compétences des juridictions de l'ordre judiciaire

4.2 Sources internationales

Sauf en matière commerciale avec les actes de l'OHADA, les sources


internationales sont rares en DIP. Il faut dès lors se garder de considérer
certaines conventions de la Haye comme source internationales du DIP. En effet,
certains spécialistes du DIP réunis au sein de la conférence de la Haye sur le DIP
conçoivent et proposent aux États des règles régissant les rapports des personnes
privés au niveau international. On peut ainsi citer par exemple :

 La convention de la Haye de 1930 sur les conflits positifs de nationalité4 ;


 La convention de la Haye sur la vente internationale5 ;
 La convention de 1993 sur l'adoption internationale6, etc.

Remarquons aussitôt que la RDC, notre pays n'est partie à aucune de ces
conventions. Somme toute et rappelons-le, le DIP demeure à ce jour au Congo
dominé par les règles d'origine interne et ce n'est que de façon très faible

2
Lien de téléchargement : https://droitcongolais.info/files/112.11.04-Loi-du-12-novembre-2004-sur-la-nationalite--
04-024-.pdf
3
Lien : http://leganet.cd/Legislation/Droit%20administratif/Immigration/OL.12.09.83.%20N83.033.htm
4
Lien : https://jusmundi.com/fr/document/treaty/en-convention-on-certain-questions-relating-to-the-conflict-of-
nationality-laws-convention-on-certain-questions-relating-to-the-conflict-of-nationality-laws-saturday-12th-april-
1930
5
Lien de téléchargement : https://uncitral.un.org/sites/uncitral.un.org/files/media-
documents/uncitral/fr/v1056998-cisg-f.pdf
6
Lien : https://www.hcch.net/fr/instruments/conventions/full-text/?cid=69

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qu'interviennent les règles d'origine internationale (droit de l'OHADA, la coutume


internationale).

5. Nature juridique du DIP

Lorsqu'on évoque la nature juridique d'une branche de droit, on cherche à


répondre à l'une des questions suivantes : s'agit-il d'une branche du droit public
? de droit interne ? ou de droit international ?

Avant de répondre à cette question, il sied de savoir d'où vient l'expression


« DIP ». Dans le monde francophone on attribue cette expression à un juriste
français du nom de Foelix, qui l’avait utilisé en 1843 en publiant son ouvrage
intitulé « traité de droit international privé ». En réalité Foelix avait emprunté
cette expression d'un auteur Américain du nom de Story, qui l'avait déjà utilisé
en 1839.

Pour Foelix, autant qu'il existe le Droit international public qui relève du
droit international et qui régit les rapports entre des États au niveau
international, il existe également le Droit international privé qui relève aussi du
droit international et régit les rapports des personnes privés au niveau
international.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le DIP, du moins au Congo ne


relève pas du droit international. Il n'est pas une branche de droit international
(voir problème de sources). Il s'agit de la projection du droit interne congolais au
niveau international (voir pour la compréhension, la différence entre droit
international pénal et droit pénal international qui est la projection du droit
interne au niveau international).

6. Plan du cours

Le plan de ce cours suit la conception large du DIP en vigueur au Congo. 4


matières seront ainsi étudiées :

 La nationalité ;
 La condition des étrangers ;
 Les conflits de lois ;
 Les conflits de juridictions (plus conflits d'autorités).

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Mais pour des raisons pédagogiques, les différents conflits seront étudiés
sous l'intitulé « Théorie des conflits ». D'où la division tripartite ci-après :

 Partie 1. La nationalité ;
 Partie 2. La condition des étrangers ;
 Partie 3. La théorie des conflits.

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Partie. 1 la nationalité

Cette Partie comprend deux titres : Le premier est relatif aux considérations
générales sur la nationalité (Titre.1) et le deuxième examine le droit congolais de
la nationalité (Titre. 2).

Titre. 1 Considérations générales sur la nationalité


Deux chapitres composent ce titre. D'une part il sera question de
circonscrire la notion de la nationalité (chapitre.1) et d'autre part d'analyser les
éléments constitutifs de la définition juridique de la nationalité (chapitre. 2).

Chapitre.1 Définition de la nationalité

La doctrine distingue généralement deux sens du mot nationalité. Un sens


sociologique (section. 1) et un sens juridique (section. 2).

Section. 1 Sens sociologique du mot nationalité

Au sens sociologique, et c'est l'étymologie même de ce mot, la nationalité est


définie comme le lien qui unit un individu à une nation ; nation entendu comme
l'ensemble de personnes ayant la même histoire, la même religion, la même race,
langue, tradition..., bref ayant « le vouloir vivre collectif ».

Quoique qu'intéressante, cette définition sociologique de la nationalité,


celle-ci demeure néanmoins critiquable pour les raisons ci-après :

 Il est souhaitable que la nationalité coïncide avec la nation, mais en pratique


cette coïncidence est rare, du coup la définition sociologique de la nationalité
convie à la remise en cause des limites géographique des États modernes ;
 La définition sociologique de la nationalité a été à la base des grands conflits
qu'a connu le monde, notamment la deuxième guerre mondiale avec Hitler
qui a prôné la race supérieure ;

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 La définition sociologique a été à la base de l'émiettement de certains


continents, notamment du continent européen avec la création des micro
États parfois non viables et qui pour la plupart ont disparu.

Section. 2 Sens juridique de la nationalité

En droit, la nationalité est définie comme le lien juridique qui unit un


individu à la population Constitutive d'un État.

L'appartenance à la population Constitutive d'un État, créant ainsi des


droits et des obligations réciproques entre l'Etat et l'individu. Cette définition a
l'avantage de ne pas remettre en cause les limites géographiques des États.

Un auteur a également défini la nationalité comme un lien spirituel et


politique qui unit un individu à la population Constitutive d'un État.

La nationalité est un lien spirituel pour signifier qu'elle est indépendante du


lieu où se trouve l'individu. On est le national d'un État quel que soit l'endroit où
on se trouve sauf changement de nationalité.

La nationalité est également un lien politique parce qu'elle est l'expression


de la souveraineté d'un État ; l'Etat disant de manière souveraine quels sont ses
nationaux.

Chapitre. 2 éléments de la définition juridique de la nationalité

Il ressort de la définition juridique de la nationalité deux éléments


principaux : d'une part il y a les sujets de la nationalité (section. 1) et d'autre
part il y a le lien de nationalité (section 2).

Section. 1 Les sujets de la nationalité

Ils sont au nombre de deux, à savoir : l'Etat qui donne la nationalité (§.1) et
l'individu qui reçoit la nationalité (§.2).

§.1 L’Etat, donneur de la nationalité

Certains principes admis universelles régissent l'Etat comme donneur de la


nationalité :

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 Seul l'Etat, personne morale de droit public, reconnu comme tel par les
autres États peut octroyer la nationalité : Il en découle que les
démembrements d'un État ne peuvent octroyer la nationalité. Ainsi il existe
la nationalité congolaise et non la nationalité Katangaise ; de même il existe
la nationalité Américaine (État fédéral) et non la nationalité Californienne
(État fédéré) ; il existe la nationalité Helvétique et non la nationalité de Vaud
ou de Bâle (des cantons Suisses)7.

 L'importance géographique des États n'est pas prise en considération


dans l'octroi de la nationalité : Il s'en suit que les petits États
géographiquement octroient leur nationalité de la même manière que les
grands États géographiquement. Ainsi il existe la nationalité congolaise
comme il existe la nationalité rwandaise ; il existe la nationalité française
comme il existe la nationalité monégasque ; on parle de la nationalité
italienne comme il y a la nationalité vaticane (nationalité fonctionnelle ou de
fonction, liée à la fonction donc, depuis les accords de « Latran »)8 ;

 La liberté reconnue aux États dans l'octroi de leur nationalité : Chaque


État demeure libre dans l'organisation de sa nationalité. Ce principe de liberté
est affirmé dans plusieurs instruments juridiques internationaux (art. 1 de
la convention de la Haye de 1930 sur les conflits positifs de nationalité) voire
par la jurisprudence internationale (affaire Nottebohm, Liechtenstein C/O
Guatemala CIJ avril 1955).

Cependant la liberté ainsi reconnue aux États n'est pas absolue ; elle connaît des
limites au regard d'une part de la coutume internationale (qui interdit aux États
en légiférant de créer l'apatridie), et d'autre part au regard des engagements
librement souscrits par les États sur le plan international.

C'est dans ce sens que l'article 2 de la loi congolaise du 12 novembre 2004 sur
la nationalité dispose que « la nationalité congolaise est reconnue, s’acquiert ou se
perd selon les dispositions fixées par la présente loi ». Le législateur reconnaît par
cette disposition sa liberté d'organiser la nationalité congolaise, mais en ajoutant
in fine de cet article « sous réserve de l’application des conventions internationales
et des principes de droit reconnus en matière de nationalité », ce même législateur
reconnaît que cette liberté n'est pas absolue.

7
Il s’agit des Etats fédérés de la confédération suisse. Il y en a 26 en tout.
8
Les accords de Latran son un ensemble de trois traités signés entre le Saint-Siège et l’Italie.

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§.2 L’individu, receveur de la nationalité (deuxième sujet du droit de la


nationalité)

Depuis l'abolition de l'esclavagisme, tout individu « peut » avoir une


nationalité. On ne peut clore ce point sur l'individu receveur de la nationalité
sans dire un mot sur la nationalité des personnes morales, des choses ou des
marchandises.

Techniquement parlant les personnes morales, les choses ou les


marchandises, n'ont pas la nationalité d'un État donné car lorsque l'on fait le
recensement de la population d'un État on ne comptabilise pas les personnes
morales, les marchandises et les choses.

Mais sur le plan du droit on parle de la nationalité des personnes morales,


des marchandises ou des choses pour désigner le siège social, l'origine ou le droit
qui s'applique à ces personnes morales.

Section. 2 Le lien de nationalité (deuxième élément constitutif de la


nationalité)

Il s'agira ici d'examiner les circonstances qui sont à la base de la naissance


de ce lien, point de départ de la nationalité (§.1) et celles qui sont à la base de
son extinction : fin ou perte de la nationalité (§ .2).

§.1 Point de départ du lien de la nationalité

Le lien de la nationalité peut naître à la naissance d'une personne (A.)


comme après sa naissance c'est-à-dire au cours de son existence (B.).

A. Nationalité de naissance
Comme le nom l'indique, c'est la nationalité que l'individu reçoit dès sa
naissance. La nationalité de naissance est également appelée « nationalité
d'origine ».

Deux critères sont généralement retenus par les États pour octroyer leur
nationalité d'origine ou de naissance. Il s'agit du Jus soli et du jus sanginis.

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 Avec le jus sanginis : l'enfant reçoit la nationalité par le sang de ses parents
(aussi appelée nationalité de filiation), eux-mêmes nationaux d'origine ;
 En revanche par le jus soli : l'enfant reçoit à la naissance la nationalité du
pays, du territoire de naissance (Gabon, États-Unis).

Parfois, certains pays, comme la RDC mélangent ces deux critères pour
octroyer leur nationalité d'origine. Certains auteurs ont préconisé l'un ou l'autre
critère.

Retenons cependant qu'il n'y a pas de meilleur critère, chaque État adopte
l'un ou l'autre critère selon ses intérêts. Ainsi les Etats-Unis ne seraient pas la
première puissance mondiale s’ils n'avaient pas adopté le jus soli. De même,
l'Afrique du Sud ne serait pas la première puissance Africaine si elle n'avait pas
adopté le jus sanginis. Tout est donc question des intérêts de chaque État.

B. Nationalité âpre la naissance


Il s'agit de la nationalité que l'individu reçoit après sa naissance, c'est-à-dire
au cours de son existence. La nationalité après la naissance est également
appelée « nationalité adventis », nationalité acquise, nationalité d'acquisition ou
encore nationalité dérivé.
Ainsi un individu peut acquérir la nationalité d'un État soit parce qu'elle
veut acquérir une autre soit parce qu'il n'a pas de nationalité du tout.

Quatre circonstances sont généralement retenues par les États pour


octroyer leur nationalité d'acquisition. Il s'agit de : la naturalisation, la naissance
et résidence sur le territoire d'un État, le mariage et le changement de
souveraineté.

1. Acquisition par naturalisation : La naturalisation peut être définie comme


l'acquisition de la nationalité d'un État à titre de faveur. Aliis verbis il s'agit
de l'octroi par un État de sa nationalité à un étranger à titre de faveur. Comme
on peut le remarquer, la naturalisation présente deux caractères. D'une part
elle est une faveur et non un droit pour l'étranger, et d’autre part il s'agit
d'une faveur qui doit être sollicitée ;

2. Acquisition par naissance et résidence sur le territoire d'un État : Un


individu peut également acquérir la nationalité d'un État parce qu'il est né
sur le territoire de cet État et il y réside pendant un certain temps. Observons
que l'acquisition de la nationalité d'un État par la naissance et la résidence

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ne doit pas être confondue avec le jus soli, cela pour les deux raisons ci-après
:

 Avec le jus soli l'enfant a la nationalité d'origine alors qu'avec la naissance et


la résidence il a la nationalité d’acquisition ;
 Avec le jus soli la naissance seule suffit pour que l'enfant ait la nationalité
d'un État alors qu’avec la naissance et résidence, outre la naissance l'individu
ou l'enfant doit y demeurer pendant un certain temps pour avoir la nationalité
d'un État.

3. Acquisition par le mariage : Ce mode d'acquisition suppose que l'Etat


concerné autorise le mariage mixte, c'est-à-dire le mariage entre un national
et un étranger ;

4. Acquisition par changement de souveraineté : Un individu peut également


obtenir la nationalité d'un État en cas de changement de souveraineté. Ce
mode d’acquisition de la nationalité intervient toutes les fois qu’un territoire
est détaché d’un pays, il se pose alors un problème pour la population de ce
territoire, celui des conséquences de l’annexion sur la nationalité des
habitants.

Exemple : Russie/Ukraine/Crimée.

§.2 Perte de la nationalité

Généralement un individu peut perdre la nationalité d'un État de 3 manières :


 Soit par l'acquisition volontaire d'une nationalité étrangère : perte
volontaire de la nationalité ;
 Soit parce que l'individu a commis une faute : ici la nationalité lui est
retirée à titre de sanction (déchéance de la nationalité) ;
 Ou encore par la suite de la survenance de certains événements : En effet
certains États prévoient la possibilité de retirer la nationalité à leurs
nationaux notamment à cause d'une résidence prolongée à l'étranger ou
parce que son national s'est marié à un étranger. On parle alors de « congé
de nationalité ».

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Titre. 2 Le droit congolais de la nationalité


Ce titre comprend 6 chapitres :

 Évolution historico législative du droit congolais de la nationalité ;


 Sources et traits caractéristiques du droit congolais de la nationalité ;
 Attribution et Acquisition de la nationalité congolaise ;
 Autorités compétentes, preuve et contentieux en matière de nationalité
congolaise ;
 Perte et recouvrement de la nationalité congolaise ;
 Conflit de nationalité en droit congolais.

Chapitre. 1 Évolution historico législative du droit congolais de la


nationalité

On ne peut bien étudier l'évolution législative de la nationalité congolaise


(section. 2) sans au préalable justifier les raisons de la présence massive des
populations d'expression " Kinyarwanda” à l'est du Congo (section. 1).

Section. 1 Migration et transplantation des populations d'expression


Kinyarwanda à l'Est du Congo

La question de la nationalité est l'une des causes de la guerre ayant déchire


l'Est du Congo. On ne peut donc bien comprendre le droit congolais de la
nationalité sans dire un mot sur la présence des populations d'expression
Kinyarwanda à l'est de la RDC.

Un auteur belge, Henry Hoeben, cite trois causes justifiant la présence de


ces populations à l'Est de la RDC. Il y a d'abord les grandes famines qui
frappèrent le Rwanda en 1905 et 1952. Ensuite, il faut reconnaître que le Rwanda
et le Burundi (Urundi) sont des pays à forte densité (en recherche de terres).
Enfin et surtout, il faut mentionner le besoin de la main d'œuvre au Congo belge.

En effet à l'issue de la première guerre mondiale l'Allemagne vaincu se voit


retirer ses colonies en Afrique (Convention de Saint Germain 1919 : deuxième
partage de l'Afrique9). La Belgique, puissance colonisatrice au Congo belge se voit

9
Lien de téléchargement : https://treaties.un.org/doc/publication/unts/lon/volume%208/v8.pdf

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confier le Rwanda et l'Urundi. C'est donc sous la colonisation belge qu'il faut
surtout situer la migration de plusieurs rwandais et burundais vers le Congo.

En effet pour faire face aux besoins de la main d'œuvre au Congo belge, les
colons belges avaient mis en place une institution mieux connue sous le nom de
la MIB (mission d'immigration des Banyarwanda). La MIB qui avait débuté ses
activités entre 1936 et 1937 va ainsi faciliter la migration de plusieurs rwandais
et burundais pour venir travailler dans les mines, routes, industries et
plantations du Congo.

À côté de ces trois causes citées par cet auteur, il faut ajouter deux autres
causes :

 Honnêtement il faut reconnaître qu'il existe des Hutu et des Tutsi


congolais ;
 Il faut également mentionner la victoire en 1959 du parti royaliste
"PARMEHUTU" aux élections législatives : Cette victoire va favoriser
(provoquer) l'exode de plusieurs Tutsi vers les pays limitrophes au Rwanda
dont la RDC.

Section.2 Évolution législative de la nationalité congolaise (droit congolais


de la nationalité)

Il faut distinguer deux périodes, celle d'avant l'indépendance (§.1) et celle


depuis l'indépendance (§. 2).

§.1 Législation congolaise sur la nationalité avant l'indépendance

Trois textes ont régi la nationalité congolaise pendant la colonisation :

 Il y a d'abord le décret du 27 décembre 1892 relatif à la nationalité congolaise.


Il s'agit là du tout premier texte ayant organisé la nationalité dans notre
pays ;
 Il y a ensuite l'arrêté du secrétaire d'Etat du 9 mars 1901 relatif à la
naturalisation des indigènes congolais ;
 Enfin il y a le décret du 21 juin 1904 sur la nationalité des indigènes
congolais.

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§.2 Législation sur la nationalité depuis l'indépendance

La Loi fondamentale est silencieuse sur la question de la nationalité. La


première référence à la nationalité congolaise après l'indépendance est faite à
l'article 6 de la Constitution du 1 août 1964 dite Constitution de Luluabourg10.

Aux termes cet article est congolais toute personne « dont un des ascendants
est ou a été membre d'une tribu ou d'une partie de tribu établi, sur le territoire du
Congo avant le 18 octobre 1908 ». Avec cette Constitution, la date-critère, la
date-référence pour avoir la qualité de congolais est octobre 1908.

Il faut mentionner également le décret-loi du 13 mars 1965 relatif à la


déclaration acquisitive de la nationalité congolaise11. Ce décret concernait les
individus qui avaient une nationalité étrangère lors de l'indépendance (ou à
l'indépendance). Ils avaient 12 mois pour faire la déclaration d'acquisition de la
nationalité congolaise.

Mais le véritable texte qui va organiser la nationalité congolaise après


l'indépendance, et en application de l'article 6 de la Constitution précitée, est le
décret-loi du 18 septembre 1965 portant loi organique sur la nationalité
congolaise. Malheureusement ce décret-loi ne sera pas appliqué car quelques
mois seulement il y eu le coup d'Etat du président Mobutu du 24 novembre 1965.
La Constitution est suspendue, le parlement est dissout. Mobutu dirige le pays
par ordonnance (exécutif) et ordonnance-loi (parlement).

Lors de meeting au stade tata Raphaël, Mobutu sollicita 5 ans pour remettre
de l'ordre dans le pays. En 1970 il annonce la tenue des élections législatives, la
question de la nationalité ressurgit car il fallait savoir si les transplantés
Rwandais et Burundais pouvaient être électeurs ou éligibles.

Pour répondre à cette question, il a été mis en place au sein du Bureau


politique du Parti-État une commission chargée d'examiner la question. Cette
commission était présidée par monsieur Mafuta Kinzola, Delvaux. À l'issue de
ses travaux, la commission conclut que les transplantés Rwandais et Burundais
avaient bel et bien la qualité de congolais.

S'appuyant sur cette résolution, le président Mobutu pris une ordonnance-


loi à article unique. Il s'agit de l'ordonnance-loi n°71-020 du 26 mars 1971 dont

10
Lien de téléchargement : https://www.droitcongolais.info/files/1.04.-Constitution-du-1er-aout-1964.pdf
11
Lien de téléchargement : http://citizenshiprightsafrica.org/wp-content/uploads/1965/03/DRC-Decret-loi-du-13-
mars-1965-.pdf

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l'article unique disposait « les personnes originaires du Ruanda-Urundi établies


au Congo à la date du 30 juin 1960 sont réputés avoir acquis la nationalité
congolaise à la date susdite »12.

Il convient de remarquer que lorsque Mobutu prend cette ordonnance-loi il


a comme directeur de cabinet monsieur Bisengimana, lui-même fils de réfugié
Tutsi de 1959. Quelques mois seulement après l'ordonnance-loi de 1971 sera
contestée par la classe politique. Ainsi le Conseil législatif, parlement de l'époque,
va voter la loi n°1972-002 du 5 janvier 197213 que MOBUTU promulgua.

En 1978, le Conseil législatif vota une loi encore plus sévère vis-à-vis des
transplantés que MOBUTU refusa de promulguer. En 1980 Mobutu annonce la
création d'un organe important du parti-État : le Comité central.

La question de la nationalité rebondit car il fallait désigner les membres


selon les quotas provinciaux. Pour exclure définitivement les transplantés, le
Conseil législatif, parlement de l'époque vota une loi qui sera promulguée. Il s'agit
de la loi n°1981/002 du 29 juin 1981 relative à la nationalité zaïroise14.

Selon cette loi, est zaïrois « toute personne membre d'une tribu ou d'une
partie de tribu établie au Congo à la date du 1 aout 1885 ». Avec donc cette loi
la date-critère, la date-référence pour avoir la qualité de congolais est
l'année 1885. C'est dans ce contexte qu'intervient la première grande guerre de
l'Est du Congo et la chute du régime Mobutu.

Arrivé au pouvoir, le président Laurent-Désiré Kabila promet de trouver


solution à cette question de la nationalité mais, contre toute attente il prit le
décret-loi n°197 du 29 janvier 1999 modifiant et complétant la loi de 1981
précitée mais en réalité le président LD Kabila n'avait rien modifié ni complété. Il
se limita à remplacer les mots « Zaïre » par RDC et « Zaïrois » par Congolais. Dans
ce décret la question de fond, la date critère est demeurée 1885.

C'est dans ce contexte qu'intervient la deuxième grande guerre de l'Est du


Congo et l'assassinat du président LD Kabila. Pour mettre fin à la guerre qui
déchirait le pays, les protagonistes congolais se retrouvèrent à Lusaka (Zambie)
puis à Sun City (Afrique du Sud).

12
Lien : https://citizenshiprightsafrica.org/rdc-ordonnance-loi-n-71-020-du-26-mars-1971-relative-a-lacquisition-
de-la-nationalite-congolaise-par-les-personnes-originaires-du-rwanda-urundi-etablies-au-congo-a-l/?lang=fr
13
Lien : https://www.refworld.org/cgi-bin/texis/vtx/rwmain?page=printdoc&docid=3ae6b4e022
14
Lien : https://www.refworld.org/docid/3ae6b5b4c.html

La Fondation
17

Parmi les résolutions qui seront adoptées, l'une concernera la question de


la nationalité. Il s'agit de la résolution n° DUC/CPR/03 de Sun City. Aux termes
de cette résolution, est congolais toute personne membre d'un des groupes
ethniques se trouvant sur le territoire de ce qui est devenu la RDC au 30 juin
1960. Il en est de même de toutes les nationalités qui se sont trouvés sur le
territoire de la RDC au 30 juin 1960.

Plus tard, cette résolution sera coulée en disposition constitutionnelle dans


la Constitution de la transition du 5 avril 2003 et dans les autres qui vont s'en
suivre.

Actuellement, la nationalité congolaise est régie par la loi organique


n°04/024 du 12 novembre 2004 relative à la nationalité congolaise. Désormais
la date-critère, la date-référence pour être reconnu congolaise est le 30 juin
1960.

Chapitre. 2 Sources et traits caractéristiques du droit congolais de la


nationalité

Section. 1 Sources du droit congolais de la nationalité

En matière de la nationalité l'on distingue entre les sources nationales et les


sources internationales.

§.1 Sources nationales

 Au sommet il y a la Constitution du 18 février 2006 (article 10) ;


 Ensuite il y a la loi organique du 12 novembre 2004 n°04/024 relative à la
nationalité congolaise ;
 Il y a lieu aussi de mentionner l'arrêté ministérielle n°261/CAB/MIN/J /2006
du 4 juillet 2006 portant mesures d'application de certaines dispositions de
la loi de 2004 relative à la nationalité congolaise15 ;
 Enfin il y a lieu de mentionner également la doctrine et la jurisprudence mais
leur apport est faible.

15
Lien : https://www.refworld.org/docid/4a1a99022.html

La Fondation
18

§.2 Sources internationales

La RDC a accepté de se lier à certains textes juridiques internationaux se


rapportant à la question de la nationalité. On peut notamment citer :

 L'article 15 de la déclaration universelle des droits de l'homme du 10


décembre 1948 qui dispose « toute personne a droit à une nationalité. Nul ne
peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit de changer de
nationalité »16 ;
 Dans le même sens l'article 3 de la déclaration des droits de l'enfant du 20
novembre 1959 dispose que « l'enfant a droit, dès sa naissance, à un nom et
à nationalité »17 ;
 Par ailleurs l'article 24 du Pacte international relatif aux droits civils et
politiques dispose que « tout enfant a le droit d'acquérir une nationalité »18 ;
 Dans le même sens l'article 7 de la convention des nations unies relative aux
droits de l'enfant du 20 novembre 1989 dispose que « l'enfant est enregistré
aussitôt sa naissance et a dès celle-ci le droit (...) d'acquérir une nationalité
(…) »19.
Que remarque-t-on ?

On remarquera que les textes juridiques internationaux non contraignants,


des simples déclarations, des textes juridiques qui relèvent du soft law, du droit
mou consacrent « un droit à la nationalité » au profit de l’individu. Il s'agit d'un
simple vœu, souhait.

On remarquera aussitôt que les textes juridiques internationaux


contraignant, c'est-à-dire ceux qui appellent des sanctions dans le chef des États
en cas de leur violation consacrent plutôt « le droit d'acquérir une nationalité »,
c'est-à-dire le droit de solliciter, le droit de demander la nationalité d'un État et
cette demande peut être rejetée. Les États demeurent à ce jour jaloux de leur
nationalité.

16
Lien de téléchargement :
https://www.ohchr.org/sites/default/files/UDHR/Documents/UDHR_Translations/frn.pdf
17
Lien de téléchargement : https://www.humanium.org/fr/wp-content/uploads/declaration-droits-enfant-
1959.pdf
18
Lien de téléchargement : https://www.eods.eu/library/UN_ICCPR_1966_FR.pdf
19
Lien de téléchargement : https://www.refworld.org/cgi-
bin/texis/vtx/rwmain/opendocpdf.pdf?reldoc=y&docid=50a627c72

La Fondation
19

À tout le moins s'il existe un droit à la nationalité, celui-ci n'existe qu'au


profit des nationaux d'origine.

Section.2 Traits caractéristiques du droit congolais de la nationalité

En réalité ce sont les grandes options arrêtées par le législateur congolais


en matière de la nationalité, à savoir : la nationalité congolaise est une et
exclusive (§.1) ; l'égalité de traitement de tous les congolais d'origine (§.2) et la
nationalité congolaise est régie par une loi organique (§.3).

§.1 Unicité et exclusivité de la nationalité congolaise

D'abord la nationalité congolaise est « une » pour signifier que les


appartenances provinciales ne peuvent être considérées comme des nationalités.
Aliis verbis il n'existe pas de sous nationalité Au Congo (voir l'histoire du pays :
nationalité Katangaise avec Tshombe; nationalité Kasaienne avec Kalonji et
tentative de nationalité orientale avec Gbenuye).

Ensuite la nationalité congolaise est « exclusive » pour signifier qu'on ne


peut détenir concurremment la nationalité congolaise avec une autre nationalité.
La détention de la nationalité congolaise exclue toute autre nationalité et vice
versa.

§.2 Égalité de traitement de tous les congolais d'origine

Le droit congolais de la nationalité est également caractérisé par la


consécration de l'égalité des droits et des obligations de tous les congolais
d'origine.

Il en est de même de toutes les nationalités qui se sont trouvées sur le


territoire de la RDC au 30 juin 1960. Par toutes les nationalités, il faut
entendre les transplantés Rwandais et Burundais (voir les travaux
préparatoires de Sun City).

La Fondation
20

§.3 La nationalité est régie par une loi organique

C'est-à-dire par une loi qui complète la Constitution, la loi qui régit une
matière qui en principe devrait être organisée dans la constitution.

Chapitre. 3 Attribution et Acquisition de la nationalité congolaise

Le législateur congolais utilise l'expression « attribution » pour désigner la


nationalité d'origine (section. 1) et l'expression « acquisition de la nationalité »
pour désigner la nationalité d'acquisition (section 2).

Il existe donc au Congo d'une part la nationalité d'origine ou les congolais


d'origine, et d'autre part la nationalité d'acquisition ou congolais d'acquisition. Si
tous sont des congolais, la différence entre les congolais d'origine et les congolais
d'acquisition réside au niveau de la jouissance des droits.

Ainsi selon l'article 72 de la Constitution, seul un congolais d'origine peut


être président de la République ; de même seul un congolais d'origine peut être
président de l'assemblée nationale ou du sénat, dit l'article 111 de la même
Constitution.

Section. 1 Attribution de la nationalité congolaise

La question posée ici est de savoir qui est congolais d'origine. Il existe 3
sortes de congolais d’origine :

 Le congolais d’origine par appartenances ;


 Le congolais d’origine par filiation ;
 Le congolais d’origine par présomption de la loi.

§.1 Congolais d'origine par appartenance (art.6 de la loi de 2004 sur la


nationalité)

Est congolais d'origine par appartenance toute personne membre d'un des
groupes ethniques établis au Congo à la date du 30 juin 1960. Il en est de même
de toutes les nationalités qui se sont trouvés sur le territoire du Congo à la date
du 30 juin 1960.

La Fondation
21

§.2 Congolais d'origine par filiation (art.7 de la loi de 2004 sur la nationalité)

En droit on entend par filiation, le lien juridique qui uni un enfant à son
père (filiation paternelle ou paternité) et à sa mère (filiation maternelle ou
maternité).

Est donc congolais par filiation toute personne liée par un lien de filiation
soit à son père soit à sa mère ou à ses deux parents, tous congolais d'origine.

§.3 Congolais d'origine par présomption de la loi (art. 8 et 9 de la loi de 2004


sur la nationalité)

Ici il y a lieu de distinguer 4 sous catégories :

 Est congolais d'origine par présomption de la loi l'enfant nouveau-né trouvé.


Toutefois cet enfant sera réputé n'avoir jamais eu de nationalité congolaise si
au cours de sa minorité sa filiation est établie vis-à-vis d'un étranger ;
 Est congolais par présomption de la loi l'enfant né au Congo des parents
apatrides ;
 Est congolais par présomption de la loi l'enfant né de parents « étrangers »
mais dont la loi nationale des parents ne reconnaît pas la transmission de la
nationalité par filiation naturelle (c’est-à-dire hors mariage) ;
 Est congolais d'origine par présomption de la loi l'enfant né de parents
étrangers mais dont la loi nationale (des parents) ne consacre que le jus soli.

NB : Comme on peut le remarquer, le législateur congolais a retenu deux critères


pour accorder la nationalité congolaise d'origine. Il y a d'abord le critère de
principe, le jus sanginis (appartenance et filiation) et le critère d'exception, le
jus soli (congolais par présomption de la loi).

Section. 2 Acquisition de la nationalité congolaise

Il s'agit de savoir comment une personne peut devenir congolais.

Selon la loi de 2004, il existe 5 modes d'acquisition de la nationalité


congolaise (art. 10) :

 Par naturalisation ;
 Par option ;

La Fondation
22

 Par adoption ;
 Par le mariage ;
 Et par la naissance et résidence au Congo.

NB : À côté de ces cinq modes, il existe un sixième mode d'acquisition non prévu
par la loi sur la nationalité de 2004 mais résultant de l'interprétation d'une
disposition de la Constitution. Il s’agit de l’acquisition de la nationalité congolaise
par changement de souveraineté.

§.1 Acquisition de la nationalité congolaise par naturalisation

La loi de 2004 a supprimé la distinction qui existait entre la petite


naturalisation et la grande naturalisation.

Selon l'article 11 de la loi de 2004, peut acquérir la nationalité congolaise


par naturalisation l'étranger « qui a rendu d’éminents services à la République
Démocratique du Congo, ou à celui dont la naturalisation présente pour la
République Démocratique du Congo un intérêt réel à impact visible ».

§.2 Acquisition de la nationalité congolaise par adoption (art. 17)

En droit congolais de la nationalité, l'enfant « mineur » étranger adopté par


un congolais acquiert de plein droit c'est-à-dire automatiquement la nationalité
congolaise.

§.3 Acquisition de la nationalité congolaise par option

Opter c'est choisir entre plusieurs possibilités.

Selon le droit congolais de la nationalité, peut acquérir la nationalité


congolaise par option l'individu qui se retrouve dans l'une des trois situations ci-
après (art. 13) :

 L'enfant dont l'un des parents a eu la nationalité congolaise ;


 L'enfant légalement adopté par un congolais ;
 L'enfant dont l'un des parents a acquis ou recouvré la nationalité.

La Fondation
23

Lorsque cet enfant aura atteint 18 ans, dans les six mois qui suivant sa
majorité il a le droit de choisir entre la nationalité congolaise et la nationalité
étrangère (art.17 al. 2). C'est ce qu'on appelle l'option.

§.4 Acquisition de la nationalité congolaise par le mariage

Selon l'article 18 de la loi sur la nationalité, le mariage ne produit aucun


effet automatique sur la nationalité. Aliis verbis l'étranger qui se marie à un
congolais n'acquiert par automatiquement la nationalité congolaise.

Cependant l'article 19 de la loi sur la nationalité a introduit une exception.


L'étranger peut acquérir la nationalité congolaise par le mariage lorsque les trois
conditions cumulatives suivantes sont réunies :

 Que le mariage ait duré 7 ans ;


 Pas d'interruption pendant ces 7 années ;
 Qu'au moment de l'introduction de la requête le conjoint congolais conserve
encore sa nationalité.

§.5 Acquisition de la nationalité congolaise par le naissance et résidence au


Congo

Un étranger peut également acquérir la nationalité congolaise parce qu'il est


né au Congo et y réside pendant un certain temps. En effet selon l'article 21 de
la loi sur la nationalité, un étranger né au Congo peut, à sa majorité, solliciter
par écrit la nationalité congolaise. Il ne s'agit pas de jus soli.

§.6 Acquisition de la nationalité congolaise par changement de souveraineté

Rappelons que ce mode d'acquisition n'est pas prévu dans la loi de 2004
sous examen. Il résulte de l'interprétation de l'article 214 de la Constitution qui
prévoit que le peuple congolais consulté par référendum peut accepter
l'adjonction (annexion) d'un territoire étranger au Congo.

Il en résulte que si par référendum une telle adjonction est acceptée, la


population du territoire annexé devra acquérir la nationalité congolaise, sauf
hypothèse de renonciation à cette dernière.

La Fondation
24

NB : Avant d'examiner la possibilité pour un étranger d'acquérir la nationalité


congolaise par l'un des cinq modes prévus par la loi de 2004, la même loi exige
que l'étranger qui sollicite la nationalité congolaise remplisse d'abord les
conditions cumulatives prévues à l'article 22 qui sont au nombre de 8:

 L'étranger doit être majeur ;


 Introduire une requête individuelle (sauf pour les enfants mineurs
accompagnés de leurs parents);
 Renoncer à toute nationalité étrangère ;
 Être de bonne conduite, vie et mœurs ;
 Stage : avoir résidé au Congo pendant 7 ans avant l'introduction de la
requête ;
 Savoir parler l'une des langues congolaises ;
 Ne s'être pas livré par le passé à des activités incompatibles avec les
intérêts du Congo ;

 N'avoir pas été condamné par les juridictions tant nationales


qu'étrangères à certains crimes tels que :
 Haute trahison ;
 Atteinte à la sûreté de l’Etat ;
 Crimes de guerre, crimes de génocide, crimes contre l’humanité, crimes
d’agression ;
 Crimes de terrorisme, assassinat, meurtre, viol, viol des mineurs et
pédophilie ;
 Crimes économiques, blanchiment de capitaux, contrefaçon, fraude fiscale,
fraude douanière, corruption, trafic d’armes, trafic de drogue.

Chapitre. 4 Autorités compétentes, preuve et contentieux en matière de la


nationalité

Section. 1 Autorités compétentes en matière de la nationalité congolaise

Plusieurs autorités interviennent dans l'octroi de la nationalité congolaise


mais la loi de 2004 sur la nationalité a reconnu des compétences particulières
au ministre national de la justice en matière de la nationalité.

Ainsi, toutes les demandes d'acquisition ou de renonciation de la nationalité


congolaise sont introduites auprès de cette autorité. De même, selon la même loi,
le ministre national de la justice est la seule autorité habilitée à délivrer le

La Fondation
25

certificat de nationalité. Mais à côté de cette autorité interviennent plusieurs


autres autorités politico-administratives.

Ainsi par exemple, s’agissant de la naturalisation la demande est introduite


auprès du ministre national de la justice ; elle est examinée au gouvernement ;
il faut un avis de l'assemblée nationale et in fine il faut une ordonnance du chef
de l'Etat accordant la naturalisation.

Remarquons que la loi de 2004 a également reconnu compétence au pouvoir


judiciaire en l'octroi de la nationalité congolaise. Il découle en effet de l'article 12
de la loi sur la nationalité que le nouveau congolais, c'est-à-dire l'individu qui
vient d'acquérir la nationalité congolaise, peut jouir de sa qualité de congolais
qu'après avoir prêté serment de fidélité à la RDC devant la Cour d'appel de sa
résidence.

Section.2 Preuve de la qualité de congolais

Selon l'article 42 de la loi de 2004 sur la nationalité, la preuve par excellence


de la qualité de congolais est faite par production du certificat de nationalité.
Mais en pratique un individu peut également prouver de sa qualité de congolais
en dehors du certificat de nationalité.

On peut retenir quatre hypothèses (situations) :

 Cas où la nationalité peut être prouvée par un « acte juridique », en


l'occurrence « l'acte de naissance » : cette hypothèse concerne les congolais
d'origine. En effet un individu peut prouver de sa qualité de congolais en
brandissant l'acte de naissance comportant le nom de son parent congolais ;

 Cas où la nationalité résulte des faits matériels : L’individu peut prouver


sa nationalité en s’appuyant sur des faits matériels qui établissent sa filiation
avec un de ses parents qui est congolais. L’article 636 du code de la famille
règle cette question en prévoyant que la preuve de la paternité peut se faire
par des titres de famille, des registres et papiers domestiques, des lettres du
père et de la mère, des actes publics et même privés émanant d’une partie
engagée dans la contestation ou qui a intérêt. Ainsi un individu peut
prouver sa qualité de congolais en brandissant des actes privés comme une
lettre d'amour ;

La Fondation
26

 La nationalité résulte de certains actes (autres que l'acte de naissance) :


Ainsi un individu peut prouver de sa qualité de congolais en brandissant
l'ampliation (double en forme authentique d'un document administratif)
d'une décision accordant la nationalité, ainsi l'individu peut brandir
l'ordonnance accordant sa naturalisation ou l'arrêté de recouvrement de la
nationalité congolaise ;

 Cas où la nationalité résulte de la production d'une carte d'élève ou


d'étudiant, d'affiliation à la sécurité sociale ou encore de témoignage :
On retrouve ce mode de preuve dans la loi organique n°04/028 du 24
décembre 2004 portant l'identification et l'enrôlement des électeurs
République Démocratique du Congo20.

En effet, il résulte de cette loi qu'un individu peut également prouver sa


qualité d'électeur, par ricochet de congolais, en brandissant sa carte d'élève ou
d'étudiant, ou une attestation d'affiliation à la sécurité sociale (art.10). De même
un tel individu peut recourir au témoignage de certaines personnes majeures
pour attester de sa qualité de congolais (al. 2).

Section. 3 Contentieux en matière de la nationalité

La question de la nationalité peut soulever deux problèmes. D'une part celui


relatif à la question de la qualité de congolais et d'autre part celui relatif à la
légalité des décisions administratives prises par les autorités en matière de la
nationalité.

§.1 S'agissant de la première question

La loi de 2004 est silencieuse s'agissant de la question de savoir quel est le


tribunal compétent pour trancher les litiges concernant le statut ou la qualité de
congolais d'un individu. Remarquons tout de suite qu'il s'agit là d'une question
se rapportant à l'état des personnes. À ce sujet l'article 110 de la loi organique
de 2013 prévoit que les contestations se rapportant au statut des personnes sont
de la compétence du tribunal de paix.

20
Lien de téléchargement : https://www.droitcongolais.info/files/111.12.04-Loi-du-24-decembre-2004_-portant-
identification-et-enrolement-des-electeurs-en-RDC--2004.pdf

La Fondation
27

En des termes simples c'est le tribunal de paix qui demeure compétent pour
répondre à la question de savoir si un tel individu a ou non la qualité de
congolais. Il s'en suit que si une telle question est soulevée devant un autre juge
que le juge du tripaix, elle y constitue une question préjudicielle qui oblige le juge
saisi à suspendre l'examen du fond et à renvoyer cette question devant le juge
du tripaix.

§.2 S'agissant de la deuxième question

Comme dit supra, il s'agit ici de la question de la législation des décisions


prises par les autorités administratives en matière de la nationalité, il va de soi
que cette question concerne le contentieux administratif en matière de la
nationalité, et est de la compétence de la compétence des juridictions
administratives qui ont à leur tête le Conseil d'Etat.

Chapitre. 5 Perte et recouvrement de la nationalité congolaise

D'entrée de jeu, l’on peut observer que l'intitulé du chapitre 4 de la loi sur
la nationalité congolaise est peu heureux. En effet ce chapitre est ainsi intitulé
« de la perte », « de la déchéance » et « du recouvrement » de la nationalité
congolaise.

En réalité la déchéance est une facette de la perte de la nationalité. Ainsi ce


chapitre aurait dû être intitulé de la manière suivante : de la perte (section.1) et
du recouvrement (section. 2) de la nationalité congolaise.

Section. 1 Perte de la nationalité congolaise

La loi de 2004 a prévu 2 manières de perdre la nationalité congolaise : soit


volontairement (§.1) soit par déchéance (§.2). Mais à côté de ces deux causes de
perte on peut ajouter une troisième non prévue par la loi précitée mais qui résulte
de l'interprétation de l'article 214 de la Constitution : perte par changement de
souveraineté (§.3).

§.1 Perte volontaire de la nationalité congolaise

La Fondation
28

Un individu peut perdre volontairement la nationalité congolaise de deux


manières soit par l'acquisition volontaire d'une autre nationalité (A.) soit par la
répudiation de la nationalité congolaise (B.).

A. Parte par acquisition volontaire d'une nationalité étrangère (art.26) : Il


s'agit ici de la conséquence du principe de l'unicité et de l'exclusivité de la
nationalité congolaise prévue à l'article premier de la loi de 2004 sur la
nationalité et à l'article 10 de la Constitution.

B. Perte par répudiation de la nationalité congolaise : Il s'agit ici des


hypothèses de la nationalité par option. Dans les six mois suivant sa majorité,
un individu peut répudier la nationalité congolaise au profit d'une autre
nationalité (art.17 al. 2).

§.2 Perte par déchéance de la nationalité congolaise

Ici l'individu perd la nationalité congolaise parce qu'il a commis une faute.
La nationalité lui est retirée à titre de sanction.

Remarquons tout de suite qu'en droit congolais la déchéance de la


nationalité ne frappe pas les congolais d'origine, c'est-à-dire si l'individu dont
il est question a été étrangers avant de devenir congolais. C'est ce qui ressort de
l'article 28 de la loi sur la nationalité qui dispose « la déchéance est encourue :

 Si l’étranger qui a bénéficié de la nationalité d’acquisition a toutefois conservé


sa nationalité d’origine ;
 S’il a acquis la nationalité congolaise par fraude, par déclaration erronée ou
mensongère, par dol, ou sur présentation d’une fausse pièce contenant une
assertion mensongère ou erronée ;
 S’il s’est rendu coupable de corruption ou de concussion envers une personne
appelée à concourir au déroulement de la procédure tendant à acquérir la
nationalité congolaise ».

Selon l'article précité, les causes de la déchéance de la nationalité congolaise


sont notamment la fraude, corruption, fausse déclaration, non renonciation à la
nationalité étrangère.

La Fondation
29

§.3 Perte par changement de souveraineté

Ce mode de perte de la nationalité congolaise n'est pas prévu dans la loi sur
la nationalité de 2004, mais on peut le déduire de la lecture de l'article 214 de la
Constitution qui prévoit que le peuple congolais peut être consulté par
référendum de la cession d'une partie du territoire congolais.

Il en résulte que si le peuple congolais, consulté par référendum, accepte


une telle cession la population du territoire cédé perdra automatiquement la
nationalité congolaise, sauf hypothèse de renonciation à la nouvelle nationalité
étrangère.

Section. 2 Recouvrement de la nationalité congolaise

Le recouvrement est l'action de recouvrer c'est-à-dire de récupérer. Il existe


deux manières (façons) de récupérer ou recouvrer la nationalité congolaise. En
effet un individu qui avait perdu la nationalité congolaise peut la récupérer (la
recouvrer).

On distingue donc entre les recouvrements par déclaration (§.1) et le


recouvrement par ordonnance (§.2).

§.1 Recouvrement par déclaration

Ce recouvrement concerne l'individu qui au départ était « congolaise


d'origine » qui par la suite a perdu la nationalité congolaise et qui veut enfin la
récupérer (art. 32).

Par simple déclaration (écrite) l'impétrant s'adresse au ministre national de


la justice et manifeste son désir de récupérer la nationalité congolaise En
annexant les éléments prévus par la loi de 2004 sur la nationalité congolaise.

Cependant, le gouvernement peut s’opposer à la récupération de la


nationalité congolaise par l’impétrant pour indignité (art. 33).

§.2 Recouvrement par ordonnance

Ce recouvrement concerne l'individu qui a été étranger et qui a acquis la


nationalité congolaise et par la suite l'a perdu et qui veut la récupérer. En

La Fondation
30

pratique l'impétrant introduit sa demande auprès du ministre de la justice ; sa


demande est examinée au gouvernement ; il faut un avis de l'assemblée nationale
et à la fin il faut une ordonnance du chef de l'Etat, d'où l'appellation
« recouvrement par ordonnance ».

Soulignons aussi que selon la loi, l'individu concerné par cette hypothèse
doit remplir les 8 conditions prévues à l'article 22 de la loi sur la nationalité (voir
la partie sur l’acquisition de la nationalité congolaise).

NB 1 : Dans les deux cas du recouvrement, le gouvernement peut s'opposer à la


récupération de la nationalité par l'impétrant.

NB 2 : La décision du recouvrement produit ses effets à la date de l'introduction


de la demande (rétroactivité).

Chapitre. 6 Conflits de nationalités

On distingue deux type de conflit de nationalité à savoir : le conflit positif de


nationalité (section.1) et conflit négatif de nationalité (section. 2)

Section. 1 Conflit positif de nationalité

En droit de la nationalité, on parle des conflits positifs de nationalité


lorsqu'un individu se retrouve en possession de plus d'une nationalité. C'est donc
l'hypothèse de bi ou de pluri nationalité.

Comme on peut le remarquer le conflit positif de nationalité présente


plusieurs intérêts, surtout pour l'individu qui se retrouve ainsi avec plusieurs
nationalités, donc plusieurs protections diplomatiques ; la facilité de circulation
internationale justifiée par la détention de plusieurs passeports ; l’accroissement
des droits puisque dans chaque Etats l’individu a le statut de national.

Mais le conflit positif de nationalité présente également des inconvénients


pour l'individu, notamment : la multiplicité des charges fiscales, politiques,
administratives, sociales, etc.

La Fondation
31

Vis-à-vis de l'Etat le conflit positif soulève surtout le problème de l'allégeance


de l’individu, le problème de la sécurité de l'Etat qui autorise la pluri nationalité21.

Le législateur congolais a pris une série de mesures pour résoudre le conflit


positif de nationalité, notamment :

 En instituant l'unicité et l'exclusivité de la nationalité congolaise ;


 En prévoyant que l'enfant nouveau-né trouvé perde rétroactivement la
nationalité congolaise si au cours de sa minorité sa filiation est établie vis-à-
vis d'un étranger (art. 8);
 En prévoyant les hypothèses de la nationalité par option.

Section. 2 Conflit négatif de nationalité

On parle de conflit négatif de nationalité lorsqu'un individu se retrouve sans


nationalité. Les conflits négatifs de nationalité sont donc l'équivalent de
« l'apatridie ».

Comme on peut le remarquer le conflit négatif ne présente que des


inconvénients pour l'individu qui se retrouve ainsi sans nationalité donc sans
protection diplomatique.

Ainsi le législateur congolais a pris une série de mesures pour résoudre les
conflits négatifs de nationalité, notamment :

 En prévoyant les 4 hypothèses de la nationalité d'origine par présomption de


la loi (art. 8 et 9) ;
 En donnant la possibilité à un enfant mineur apatride adopté par un
congolais d'acquérir automatiquement la nationalité congolaise ;
 En donnant la possibilité à un apatride qui se marie à un congolais d'acquérir
la nationalité congolaise lorsque les conditions de l'article 19 sont réunies22.

21
En ce que l’individu peut être cause d’atteinte à la sécurité intérieure dans le sens que l’individu peut être amené
à défendre les intérêts d’un Etat lesquels peuvent être en conflits avec les intérêts de l’autre Etat dont il a
également la nationalité.
22
Cet article prévoit à son alinéa premier que « l’étranger ou l’apatride qui contracte le mariage avec un conjoint de
nationalité congolaise peut, après un délai de 7 ans à compter du mariage, acquérir la nationalité congolaise par
décret délibéré en Conseil des Ministres sur proposition du Ministre de la Justice et Garde des Sceaux, à condition
qu’à la date du dépôt de la demande, la communauté de vie n’ait pas cessé entre les époux et que le conjoint
congolais ait conservé sa nationalité ».

La Fondation
32

Partie. 2 La condition des étrangers

Comme la première celle-ci comporte également deux titres. D'une part la


condition des étrangers personnes physiques (Titre.1) et d'autre part la condition
des étrangers personnes morales (Titre. 2)

Titre.1 Condition des étrangers personnes physiques

Chapitre. 1 Considérations générales

Deux sections composent ce chapitre. La première est relative à la notion,


au problème de terminologie ainsi qu’à la question des personnes physiques
concernées (section.1) et la deuxième se focalise sur l'évolution législative de la
condition des étrangers en droit congolais (section. 2).

Section. 1 Notion, problème de terminologie et les individus concernés par


la condition des étrangers

§. 1 Notion et problème de terminologie

La condition des étrangers peut être définie comme l'ensemble des règles
organisant d'une part le droit des étrangers sur le territoire d'un État donné, et
d'autre part celles organisant l’entrée, la circulation, le séjour et l'établissement
des étrangers sur le territoire d'un État donné.

En des termes simples, la condition des étrangers renferme deux séries de


règles. D'une part celles relatives à la jouissance des droits par les étrangers sur
le territoire d'un État et d'autre part celles relatives à la police des étrangers.

Cependant en lieu et place de l'expression « condition des étrangers »


certains auteurs préfèrent avec raison l'intitulé « problème de jouissance de
droit » car, estiment-ils, la question étudiée ici ne concerne pas uniquement les
étrangers mais peut également concerner les nationaux d'un État mais qui
résident à l'étranger.

La Fondation
33

§.2 Individus concernés par la condition des étrangers personnes physiques

Comme l'individu l'expression même, « la condition des étrangers » concerne


tout naturellement en premier chef l'étranger, et selon l'article 1 de l'ordonnance-
loi du 12 septembre 1983 relative à la police des étrangers23, est étrangers toute
personne qui n'a pas la nationalité congolaise.

Il en découle qu'est étrangers non seulement le national d'un État étranger


au Congo mais il faut y inclure également les apatrides. Est apatride l'individu
qui n'a la nationalité d'aucun État.

 Les apatrides font l'objet d'une réglementation internationale. Deux


instruments juridiques internationaux régissent le statut des apatrides, la
convention du 28 septembre 1954 qui détermine les droits fondamentaux des
apatrides24, cette convention recommande en son article 12 de soumettre le
statut d'un apatride à la loi de son domicile ; à côté il y a la convention du 30
août 1961 qui oblige les États à prévenir les cas d'apatridie et à réduire
l'apatridie25.

Au nombre des étrangers, il faut également inclure le réfugié. Comme


l'apatride, le réfugié fait également l'objet d'une réglementation internationale. Il
s'agit de la Convention de Genève du 28 juillet 1951 relative au statut de réfugié
26 telle que complétée par son protocole du 31 janvier 196727.

 On retrouve également au niveau régional, c'est-à-dire continental, une


réglementation du statut de réfugié. On peut citer, en Amérique latine la
déclaration de Carthagène de 198428. En Afrique il y a la convention de l'OUA

23
Lien : http://www.leganet.cd/Legislation/Droit%20administratif/Immigration/OL.12.09.83.%20N83.033.htm
24
Lien de téléchargement: https://www.unhcr.org/ibelong/wp-content/uploads/Convention-relative-au-statut-
des-apatrides_1954.pdf
25
Lien de téléchargement : https://www.unhcr.org/ibelong/wp-content/uploads/Convention-sur-la-
r%C3%A9duction-des-cas-dapatridie_1961.pdf
26
Lien de téléchargement : https://www.unhcr.org/fr/4bea748d6.pdf
27
Lien de téléchargement : https://www.droitcongolais.info/files/0.115.01.67-Protocole-du-31-janvier-
1967_Statut-des-refugies.pdf
28
Lien : https://www.unhcr.org/fr/about-us/background/4b14f4a5e/declaration-carthagene-refugies-adoptee-
colloque-protection-internationale.html

La Fondation
34

du 10 septembre 1969 régissant certains aspects propres au problème des


réfugiés en Afrique29 ;

 Sur le plan national, il existe également un texte régissant le statut du


réfugié. Il s'agit de la loi n°021/2002 du 16 octobre 2002 régissant le statut
de réfugié en RDC30.
Selon la convention de 1951, pour être reconnu réfugié l'individu doit remplir les
quatre conditions cumulatives ci-après :

 Être en dehors de son pays d’origine ;


 Craindre avec raison d'être persécuté ;
 Cette crainte doit être basée sur l'un des cinq motifs ci-après :
1. À cause de sa race ;
2. À cause de sa nationalité ;
3. À cause de sa religion ;
4. À cause de son appartenance à un groupe social ;
5. À cause de ses opinions politiques.

 Ne pouvoir ou ne devoir se réclamer de la protection de son État.

Il ressort des différentes conditions ci-haut examinées qu'il sied de ne pas


confondre un réfugié et un demandeur d’asile ; un réfugié et un exilé politique ;
un réfugié et un déplacé.

Le demandeur d'asile est l'individu qui est dans la procédure d'acquisition


du statut de réfugié ; ce statut peut ne pas lui être accordé.

L'exilé politique est l'individu qui a fui son pays à cause de ses opinions
politiques ou de son appartenance à un groupe politique. Tout exilé politique
n'est pas nécessairement un réfugié.

Enfin le déplacé est l'individu qui a fui sa résidence, sa zone d'habitation à


cause d'une calamité ou d'un conflit. Lorsque cet individu se retrouve en dehors
des frontières de son pays il est appelé « déplacé externe » ; lorsqu'il se retrouve
à l'intérieur des frontières de son pays il est appelé « déplacé interne ».

29
Lien de téléchargement : https://www.refworld.org/cgi-
bin/texis/vtx/rwmain/opendocpdf.pdf?reldoc=y&docid=488f08be2
30
Lien de téléchargement : https://www.refworld.org/pdfid/3f5363f22.pdf

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35

NB : Par une résolution de l'assemblée générale des nations unies, le haut


commandement pour les réfugiés (HCR) a également reçu mandat pour s'occuper
des personnes déplacées.

Section. 2 Évolution historico législative de la condition des étrangers

L'on doit distinguer deux périodes ici, celle d'avant l'indépendance et celle
depuis l'indépendance.

§.1 Avant l'indépendance

Tout part de l'acte de Berlin qui avait reconnu la liberté de circulation, de


commerce et de navigation sur le bassin du Congo. En effet, en contrepartie de
la reconnaissance de l'EIC comme État, le roi Léopold 2 avait reconnu la liberté
de navigation et de commerce aux ressortissant des États ayant reconnu l'EIC
comme État.

La convention de Saint Germain du 10 sept 1919 n'avait pas modifié cet état
des choses, seulement elle avait soumis cette liberté de navigation et de
commerce au respect de l'ordre et de la tranquillité publique.

Toujours sous la colonisation, il y a lieu de citer aussi les différents décrets


coordonnés par l'arrêté royal du 22 avril 1958 sur la police des étrangers au
Congo belge.

§.2 Depuis l'indépendant

Remarquons que la loi fondamentale et la constitution du 1 août 1964 sont


silencieuses sur la condition des étrangers.

Sous la première République, deux textes méritent toutefois d'être signalés.


Il s'agit de la circulaire n°1 du 20 août 1960 et de la circulaire n°3 du 5 janvier
1962 qui précisent les mesures applicables au personnel de l'ONU au Congo
(ONUC).

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36

On peut également citer les décret-loi du 19 août 1964, du 17 mai et du 19


septembre 1965 relatifs à l'indésirabilité des ressortissants de certains pays
limitrophes.

Sous la deuxième République, qui commence officiellement avec le coup


d'Etat du président Mobutu le 24 novembre 1965, le premier texte qui organise
la police des étrangers est l'ordonnance-loi n°67/02 du 2 avril 1967 sur la police
des étrangers. Ce texte a été plusieurs fois modifié.

Actuellement le principal texte relatif à la condition des étrangers est


l'ordonnance-loi n°83-033 du 12 septembre 1983 relative à la police des
étrangers (on peut également y inclure les différents textes ci-après : celui
organisant la police des frontières, la DGM...).

Chapitre. 2 La condition des étrangers en droit positif congolais

Comme nous l'avons dit précédemment, l'expression « condition des


étrangers » renferme en réalité deux séries de règles, celles relatives à la
jouissance des droits par les étrangers sous le territoire d'un État (section. 1) et
celles relatives à la police des étrangers (section.2).

Section.1 jouissance des droits par l'étranger au Congo

S'agissant des droits dont jouissent les étrangers, il y a lieu de distinguer


entre les droits civils ou droits privés (§.1), les droit publics au sens strict ou
droits politiques (§.2) et les droits publics au sens large ou libertés publiques
(§.3).

§.1 Droits civils ou droits privés

Par droits civils ou droits privés, on fait allusion aux droits résultant des
rapports entre les particuliers. On peut donc y inclure le droit à la propriété, le
droit de commercer, le droit de se marier, le droit au travail, à la succession., aux
biens, etc.

La question est dès lors de savoir si l'étranger qui se trouve au Congo jouit
de la plénitude des droits civils. La réponse à cette question doit être nuancée et
cela pour les deux raisons ci-après :

La Fondation
37

 Première raison : d'abord il faut noter que des lois particulières peuvent
exclure l'étranger de la jouissance de certains droits civils ou privés. Ainsi par
exemple en RDC l'exercice du petit commerce est en principe réservé aux
nationaux ; la priorité d'embauche est accordée aux congolais ; selon l'article
80 de la loi dite foncière seul les congolais jouissent de la concession
perpétuelle.
 Deuxième raison : l'article 50 de la Constitution pose 3 conditions pour que
l'étranger jouisse de droits civils au Congo :

 La réciprocité : c'est-à-dire les mêmes droits doivent également être reconnu


aux congolais dans le pays de l'étranger ;
 L'étranger doit résider régulièrement au Congo ;
 L'étranger doit respecter les lois et règlements du Congo.

§.2 Droits publics au sens strict ou droits politiques

La doctrine moderne et les législations contemporaines saucissonnent les


droits politiques en 3 compartiments, à savoir : Les droits politiques
fondamentaux, les droits politiques dérivés et les droits politiques
complémentaires.

 Les droits politiques fondamentaux : sont ceux qui se rapportent à


l'électorat et à l'éligibilité ;
 Les droits politiques dérivés : sont ceux qui sont liés à la qualité de citoyen
c'est-à-dire aux droits d'être consulté à l'occasion de la prise de décision
concernant la cité ;
 Enfin les droits politiques complémentaires : se rapportent notamment au
droit d'accéder à certains documents administratifs ou de recourir à un
médiateur.

Remarquons aussitôt qu'en droit congolais, il n'est pas fait de distinguo


entre les différents compartiments des droits politiques. Aux articles 11 et 50 de
la Constitution, il est tout simplement précisé qu'au Congo l'étranger ne jouit pas
de droits politiques.

La Fondation
38

§.3 Droits publics au sens large ou libertés publiques

Sauf les exceptions établies par la loi, les étrangers jouissent de mêmes
libertés publiques que les congolais.

Section. 2 La police des étrangers au Congo

L'expression « police des étrangers » renferme les règles relatives à l'entrée


des étrangers au Congo (§.1), à leur séjour, circulation et établissement (§.2) et
enfin à leur sortie (§.3).

§.1 Entrée des étrangers au Congo

Pour entrer au Congo, la loi exige de l'étranger d'être en possession de


certains documents (A.) et de remplir certaines conditions particulières (B.).
Cependant l'étranger qui n'a pas de documents requis ou qui ne remplit pas les
conditions exigées, fera l'objet d'une mesure d'éloignement : le refoulement (C.).

A. Document exigés pour entrer au Congo

Trois documents sont exigés de l'étranger pour entrer sous le territoire


national à savoir : un passeport en cours de validité, un carnet international de
vaccination et un visa d'entrée.

1. Un passeport : Le passeport peut être défini comme un document officiel


délivré par un État à ses citoyens en vue de certifier de leur identité et pour
les besoins de passage aux frontières.

En RDC les passeports sont régis par le décret n°09/10 du 30 mars 2009
portant réglementation de l'octroi des passeports nationaux en RDC31. Ce décret
distingue 4 types de passeport nationaux, à savoir :
 Le passeport ordinaire ;
 Le passeport diplomatique ;
 Le passeport de service ;
 Et le passeport de pèlerin.

31
Lien : https://www.leganet.cd/Legislation/Droit%20Public/D.09.10.30.03.2009.htm

La Fondation
39

L'étranger qui veut entrer au Congo doit être muni de son passeport délivré
par les autorités de son pays. Cependant certaines personnes sont dispensées de
passeport pour entrer au Congo notamment les demandeurs d'asile et les
ressortissants des pays limitrophes. Il en est de même des enfants étrangers âgés
de moins de 15 ans à la condition que leur identité soit indiquée sur le passeport
de l'ascendant ou tuteur qui les accompagne.

2. Le carnet international de vaccination : L'étranger qui veut entrer au


Congo doit prouver avoir été vacciné contre la variole et la fièvre jaune. Depuis
le 14 octobre 2022, par un communiqué de la DGM, il est recommandé aux
étrangers de prouver qu'ils ont été vaccinés contre la Covid 19. Ce document
est également exigé des congolais qui se rendent à l'étranger ou qui vienne de
l'étranger.

3. Le visa d'entrée : Le visa d'entrée est généralement présenté sous la forme


d'un autocollant apposé sur l'une des pages de passeport. Il s'agit d'une
autorisation d'entrée et non d'un droit d'entrée.

En droit congolais on distingue les différents types de visa d'entrée ci-après


:

 Le visa de voyage ou visa touristique : délivré à un étranger qui vient au


Congo pour un court séjour. Sa durée est de 1 à 6 mois maximum. Il peut
être prorogé à la DGM mais pour une durée ne dépassant pas 6 mois ;
 Visa de transit : délivré à un étranger qui transite par le Congo pour un pays
tiers ;
 Visa volant : ce type de visa est délivré à un étranger se trouvant sur le
territoire d'un État où la RDC n'a pas de représentation diplomatique.
L'impétrant, par correspondance, s'adresse au directeur général de la DGM
en annexant les documents exigés par la loi et en indiquant le poste frontière
d'entrée. En cas de réponse positive, l'étranger se présente à la frontière où il
lui est délivré le visa d'entrée ;
 Le visa aéroportuaire : comme son nom l’indique, c’est celui qui est délivré
au port. Ce type de visa est également délivré aux invités du gouvernement.

NB 1: Le visa d'entrée ne donne pas droit à l'étranger d'exercer une activité


lucrative ou professionnelle au Congo.

La Fondation
40

NB 2 : Certaines personnes sont dispensées de visa d'entrée. Il en est ainsi


notamment des enfants mineurs étrangers de moins de 15 ans à la condition que
leur identité soit indiquée dans le passeport de leur ascendant qui les
accompagne. Il en est de même du personnel navigant des lignes aériennes ou
maritimes faisant escale en RDC à la condition qu’ils soient porteurs d'une
licence ou d'un certificat de navigation.

NB 3 : Le visa d'entrée peut être à une ou plusieurs entrées (donné avec une ou
plusieurs entrées en ce que le nombre est mentionné).

B. Autres conditions pour entrer :

Outre les 3 documents principaux cités ci-haut, l'étranger doit remplir


certaines conditions :

 Avoir les moyens de subsistance suffisants ou être pris en charge par


une personne physique ou morale au Congo ;
 Ne pas être sous la dépendance d'un souteneur ou proxénète ;
 Ne pas être sur la liste des indésirables.

En effet le ministère de l'intérieur et services (ANR, DGM etc.) détiennent la


liste de personnes considérées comme indésirables au Congo.

C. Mesures d'éloignement : refoulement

L'étranger qui se trouve « à la frontière » mais qui n'a pas de documents


requis ou ne remplit pas les conditions exigées sera refoulé. Aliis verbis le
refoulement peut être définit comme une mesure d'éloignement qui frappe
l'étranger se trouvant à la frontière mais qui n'a pas de documents requis ou ne
remplit pas les conditions exigées.

La mesure est prévue à l'article 13 de l'ordonnance-loi n° 83-033 du 12


septembre 1983, et est prise par un agent migration. Cependant la doctrine est
divisée s'agissant de la possibilité de recours contre cette mesure par les
étrangers.

La Fondation
41

Mais remarquons aussitôt que la grande majorité de cette doctrine voire la


jurisprudence internationale (CIJ affaire Diallo, RDC contre la Guinée) considère
qu'il s'agit là d'une mesure sans recours.

§.2 Séjour et établissement des étrangers au Congo

A. Séjour et établissement : Principe

L'étranger qui se trouve sur le territoire national est libre d'y circuler sous
la couverture de son passeport et de son visa. Cependant certaines zones peuvent
être interdites de circulation par les étrangers. Ainsi l'étranger qui veut y circuler
doit être muni d'un « Sauf Conduit » de circulation (art. 12 de l'ordonnance-loi
de 1983) délivré par le ministre de l'intérieur ou en province par le gouverneur
de province.

On appelle « sauf conduit » de circulation l'autorisation délivrée par le


ministre de l'intérieur ou le gouverneur de province, de circulation aux étrangers
dans des zones où la liberté de circulation des étrangers est limitée

B. Visa d'établissement

L'étranger qui se trouve au Congo et qui désire s'y établir doit solliciter et
obtenir de la DGM un visa d'établissement. Il existe plusieurs types de visa
d'établissement en droit congolais à savoir :

 Visa d'établissement ordinaire (VEO) : Délivré à un étranger exerçant une


profession libérale ou de commerçant au Congo. Sa durée de validité est de 3
ans renouvelable ;
 Visa d'établissement de travail (VET) : Délivré à un étranger bénéficiaire
d'un contrat de travail. Pour ce visa l'étranger doit au préalable avoir la carte
de travail pour étrangers (ONEM). Sa durée de validité de 1 à 2 ans ;
 Vise d'établissement de travail spécifique (VETs) : Délivré à un étranger
qui vient au Congo pour un travail bien spécifique. Sa durée de validité est
de 1 an renouvelable ;
 Visa d'établissement pour études (VEE) : Délivré à un étranger inscrit
régulièrement dans un établissement d'enseignement reconnu au Congo ;
 Visa d'établissement permanent (VEP) : Délivré à un étranger justifiant
d’un séjour ininterrompu au Congo d'au moins 15 ans ;

La Fondation
42

 Visa d'établissement pour missionnaire (VEM) : Délivré à un étranger


membre d'une congrégation religieuse reconnue par le ministère ayant le
culte dans ses attributions (ministère de la justice);
 Visa d'établissement pour conjoints étrangers (VECe), appelé aussi visa
matrimonial : Délivré à un étranger marié à un congolais et qui désire
s'établir au Congo.

NB : Le visa d'établissement donne à l'étranger d'exercer une activité


professionnelle en RDC

C. Mesures d'éloignement : renvoi et expulsion

L'étranger qui se trouve à « l'intérieur » des frontières nationales peut faire


l'objet de deux mesures d'éloignement, à savoir le renvoi et l'expulsion.

1. Le renvoi : Il s'agit d'une mesure d'éloignement qui frappe l'étranger se


trouvant sur le territoire national mais qui n'a pas de document requis ou
dont les documents ont expiré. La mesure est prise par un officier de
migration. Et il s'agit d'une mesure susceptible de recours.

Cette mesure est prévue à l’article 14 de l’ordonnance-loi de 1983. Cependant


cette mesure soulève la question son applicabilité, son invocabilité, de son
opposabilité à l'égard de l'étranger. En effet dans la version promulguée de
cette ordonnance-loi, cette mesure est prévue mais dans la version publiée
au journal officiel, il est juste mis un trait à côté de l'article 14, ce qui soulève
le problème de son opposabilité.

2. L'expulsion : La mesure d'expulsion est prévue à l'article 15 de l'ordonnance-


loi de 1983. Il s'agit d'une mesure d'éloignement qui frappe l'étranger qui se
trouve sur « le territoire national » mais dont la présence compromet ou
menace de compromettre l'ordre et la tranquillité publique. Il s'agit d'une
mesure susceptible de recours.

La Fondation
43

§.3 Sortie des étrangers

L'étranger qui se trouve au Congo peut mettre fin à son séjour ad nutum
c'est-à-dire à tout moment.

L'étranger qui quitte le Congo pour un pays tiers doit prouver la régularité
de son séjour au Congo, en même temps démonter, remplir toutes les conditions
exigées pour rentrer dans le pays étranger. À la sortie il est apposé sur l'une des
pages de passeport de l'étranger, le « visa sortie », généralement sous la forme
d'un sceau (cachet).

Par ailleurs l'étranger détenteur d'un visa d'établissement et qui quitte le


Congo avec l'intention d'y revenir, peut solliciter et obtenir de la DGM « un visa
sortie et retour » (VSR). Sa durée de validité est 7 mois à partir de la 1ère sortie
ou encore 11 mois pour les professions libérales ou philanthropiques.

L'intérêt du VSR est qu'il dispense l'étranger de visa d'entrée en cas de retour
au Congo, à la condition que ce retour se situe pendant la durée de validité du
visa d'établissement32.

NB 1 : À côté des principales mesures d'éloignement ci-haut examinées


(refoulement, renvoi et expulsion), il existe d'autres mesures non prévues par
l'ordonnance-loi de 1983 mais résultant des différentes décisions du DG de la
DGM. On peut citer :

 La reconduction à la frontière ;
 Le refus d'embarquement ;
 Le débarquement ;
 La mise en quarantaine, etc.

Outre les mesures d'éloignement sus mentionnées, l'ordonnance-loi de 1983


a prévu les sanctions d'amende ou d'emprisonnement contre toute personne qui
violerait la loi sur la police des étrangers. Il en est ainsi de tout étrangers qui se
retrouvait sur le territoire national sans documents requis ou de tout étrangers
ou congolais qui violerait la loi sur la police des étrangers (voir les articles 21 à
23 de l'ordonnance-loi de 1983).

32
Question possible : différents types de visa organisés par la police des étrangers au Congo : 3 types (grandes
catégories) : d'entrer, d'établissement et de sortie.

La Fondation
44

Titre. 2 Condition des étrangers personnes morales


Certaines questions examinées s'agissant des personnes physiques ne
seront pas abordées s'agissant des personnes morales. Seront ainsi exclus,
notamment le problème d'entrée au Congo, le problème de visa, le problème de
circulation.

S'agissant des personnes morales, l'étude de la condition des étrangers porte


sur les deux questions ci-après : d'une part celle de la reconnaissance dans un
État donné des personnes morales créées à l'étranger (chapitre. 1) et celle de
l'établissement dans un État donné des personnes morales créées à l'étranger
(chapitre. 2).

Chapitre.1 Reconnaissance au Congo des personnes morales créées à


l'étranger.

En droit On distingue entre les personnes morales internationales


(Section.1), les personnes morales nationales publiques (Section.2) et les
personnes morales nationales privées (Section.3).

Section. 1 Les personnes morales internationales

On distingue deux types de personnes morales internationales : les


personnes morales internationales publiques et les personnes morales
internationales privées.

Les personnes morales internationales publiques sont générales l'émanation


de la volonté des États de l'ONU. Il en découle que sur le territoire d'un État, une
personne morale internationale publique ne peut solliciter la reconnaissance de
la personnalité morale auprès de cet Etat membre.

À côté il y a mes personnes morales internationales privés, qui sont


l'émanation de l'initiative des personnes privés mais qui ne veulent se réclamer
de la nationalité d'un État donné (Amnesty internationales, Fifa, médecin ou
avocat sans frontières, croix rouge, Fédération internationale des droits de
l'homme).

Il est de principe que les personnes morales internationales privés doivent


solliciter la reconnaissance de leur personnalité auprès de l'Etat membre où elles
veulent exercer leurs activités.

La Fondation
45

Section.2 Personnes morales nationales publiques

Les personnes morales nationales publiques ont à leur tête l'Etat. Ainsi
lorsqu'un État est reconnu comme tel par les autres, ces derniers ont l'obligation
de reconnaître la personnalité morale que cet État accorde à ses
démembrements, entreprises ou services publics.

Section. 3 Personnes morales nationales privés

S'agissant de la recherche de la personnalité morale des personnes privés,


la doctrine a été pendant longtemps divisée entre la théorie de fiction et la théorie
de réalité.

 Selon les tenants de la théorie de fiction : Sne personne morale n'existe


pas, ainsi lorsqu'elle est créée par un État, elle l'est selon les besoins de l'Etat
créateur, en conséquence les autres États ne sont pas tenus de reconnaître
la personnalité morale ainsi créée ;
 À côté il y a les tenants de la théorie de réalité : Selon cette théorie,
lorsqu'une personne morale est créée par un État, elle devient une réalité sur
la scène juridique en conséquence les autres États sont tenus de reconnaître
la personnalité morale ainsi créée.

Quelle est la tendance en droit congolais ?

En droit congolais, on remarque que c'est la théorie de fiction qui prédomine


pour les personnes morales étrangères commerçantes, et c'est la théorie de
réalité qui prédomine pour les personnes morales étrangères non commerçantes
notamment les ONG.

Chapitre. 2 Établissement au Congo des personnes morales créées à


l'étranger

Section.1 S'agissant des personnes morales internationales publiques

La Fondation
46

Si les personnes morales internationales publiques n'ont pas besoin de


solliciter la reconnaissance de leur personnalité morale auprès de l'Etat membre
où elles veulent exercer leurs activités, elles doivent néanmoins solliciter le droit
de s'y établir par le biais des « accords de siège ».

Aliis verbis on appelle accords de siège l'accord conclu entre une OI et l'Etat
sur le territoire duquel cette OI veut s’établir, prévoyant notamment les facilités
d'ordre administratif, pénal, fiscal etc.

Section. 2 Personnes morales nationales publiques

Lorsqu'un État, ses démembrements, ses entreprises ou services publics


agissent avec les personnes privées, ils pourront être soumis aux mêmes
obligations que les personnes physiques ou morales privés agissant dans le
même domaine.

Ainsi, par exemple, un État étranger possédant des maisons en location au


Congo sera soumis aux mêmes taxes et impôts (sauf dérogation) que les
personnes physiques ou morales privés exploitant dans le même domaine.

Section. 3 Personnes morales privés

Nous laisserons de côté les personnes morales commerçantes (sociétés


commerciales) qui font déjà l'objet d'un enseignement, le droit des sociétés. Nous
allons donc nous limiter aux personnes morales non commerçantes, les ASBL.

En RDC les ASBL sont régies par la loi n°004/2001 du 20 juillet 2001
portant dispositions générales applicables aux associations sans but lucratif et
aux établissements d'utilité publique33.

Selon l'article 1 de cette loi, une ASBL est une association qui ne se livre pas
à des opérations industrielles ou commerciales, si ce n'est de « façon accessoire »,
et qui ne cherche pas à procurer à ses membres un gain matériel. Selon cette loi
une ONG n'est qu’une forme particulière de ASBL mais ayant pour finalité le
développement culturel, social et économique des communautés locales (art. 35).

33
Lien : http://www.leganet.cd/Legislation/Droit%20Public/loi0042001.20.07.2001.asbl.htm
Lien de téléchargement :
https://www.humanitarianlibrary.org/sites/default/files/2013/07/Loi_sur_les_ASBBL_French.doc

La Fondation
47

La loi de 2001 sous examen a facilité la procédure d'obtention de la


personnalité morale pour les ASBL, la demande est introduite auprès du ministre
national ayant dans ses attributions le secteur d'activité de l'ASBL. En province
la demander est introduite auprès du gouvernement de province.

La réponse positive (par arrêté) vaut autorisation provisoire de


fonctionnement, personnalité morale provisoire. Par la suite les membres
représentants de l'association doivent solliciter la personnalité morale définitive
auprès du ministre national de la justice, seule autorité habilitée en droit
congolais d'octroyer la personnalité morale aux associés nationales congolaise.

Ayant la personnalité morale, l’ASBL ou l'ONG devient une personne


différente de ses membres. À ce titre :

 Elle survit à ses membres ;


 Elle peut ester en justice ;
 Elle peut recevoir les libéralités (code de la famille 837 al. 2) ;
 Elle peut avoir un patrimoine différent de celui de ses membres.

Par ailleurs les personnes morales étrangères ne peuvent exercer leurs


activités au Congo qu'après l'autorisation du président de la République (art. 30).

L'article 36 de la loi de 2001 donne 3 conditions pour qu'une ONG soit


enregistrée auprès du Ministère ayant dans ses attributions le secteur d’activités
visé :

 Se conformer aux dispositions de l’article 434 ;

34
Quid dispose: « La requête en obtention de la personnalité juridique, dûment signée par les membres effectifs
chargés de l’administration ou de la direction de l’association, est adressée, en double exemplaire, contre récépissé,
au Ministre de la Justice sous-couvert du Ministre ayant dans ses attributions le secteur d’activités visé. Elle doit être
accompagnée :
a) d’une liste indiquant les noms, les post-noms, les prénoms, le domicile ou la résidence de tous les membres
effectifs de l’association. Cette liste est signée par tous les membres effectifs qui seront chargés de l’administration
ou de la direction de l’association ;
b) d’une déclaration signée par la majorité des membres effectifs indiquant les noms, professions et domicile ou
résidences de ceux qui, à un titre quelconque, sont chargés de l’administration ou de la direction de l’association ;
c) des statuts de l’association notariés et dûment signés par tous les membres effectifs chargés de l’administration
ou de la direction de l’association ;
d) des certificats de bonne conduite, vie et mœurs de tous les membres effectifs chargés de l’administration ou de la
direction de l’association ;
e) d’une déclaration relative aux ressources prévues par l’association en vue de réaliser l’objectif qu’elle s’assigne.
Cette déclaration doit être renouvelée à la fin ou au début de chaque semestre, sous peine d’application de l’article
19.

La Fondation
48

 Être animée de préoccupations humanitaires ;


 Circonscrire dans ses statuts les secteurs d’intervention choisis dans le cadre
de la politique nationale de développement économique, social et culturel.

L’article 37 donne 4 conditions pour qu'une ONG étrangère exerce ses


activités au Congo, à savoir :

 Avoir une représentation en République Démocratique du Congo ;


 Conclure un accord-cadre avec le Ministère ayant le plan dans ses
attributions ;
 Produire une attestation de bonne conduite, vie et mœurs pour le personnel
expatrié dûment légalisée par l’Ambassade ou le Consulat de la République
Démocratique du Congo dans le pays où se trouve le siège ;
 Utiliser la main d’œuvre locale à concurrence de 60% au minimum.

Cette requête est signée par tous les membres effectifs chargés de l’administration ou de la direction de
l’association ».

La Fondation
49

Partie.3 Théorie des conflits


Comme les deux premières parties, celle-ci comprend également deux
titres : le premier traite des conflits des lois et le deuxième des conflits des
juridictions auxquels on ajoute les conflits d'autorités.

Titre.1 Conflit des lois

4 chapitres composent ce titre :

 Considérations générales sur les conflits des lois ;


 Mise en œuvre des conflits des lois ;
 Les règles des conflits des lois ;
 Application de la loi étrangère compétente

Chapitre 1. Considérations générales sur les conflits des lois

En Deux sections nous allons étudier la notion et solution des conflits des
lois (section.1) et les questions de vocabulaire (section.2).

Section.1 Notion et solution des conflits des lois

§.1 Notion

Les conflits de lois peuvent être définis comme une partie du droit
international privé qui a pour finalité de déterminer la loi, la législation applicable
lorsque dans un litige ou un rapport juridique, plusieurs lois, plusieurs
législations sont susceptibles d'application.

Cependant il sied de souligner que l'expression « conflits des lois » ne doit


pas être prise au pied de la lettre (littéralement). Cette expression ne signifie
nullement qu'il y a plusieurs législations en présence qui se confrontent mais
signifie plutôt que la solution prévue en droit congolais n'est pas nécessairement
la même que celle prévue dans les autres législations dans le litige ou le rapport
juridique.

La Fondation
50

Les conflits de lois sont également appelés en doctrine « conflits de


compétence législative ».

§.2 Solution des conflits de lois

Pour résoudre les conflits de lois, les États recourent généralement à deux
solutions. D'une part le recours aux règles matérielles ou substantielles et
d'autre part ils recourent aux règles de conflit.

En DIP et spécialement en matière de conflits de lois, on appelle règles


matérielles, les règles qui donnent directement solution à un litige ou un rapport
juridique comportant un élément d'extranéité sans recourir à la méthode
conflictuelle propre du DIP.

On retrouve généralement ces règles dans des conventions régissant les


rapports des personnes privés. Observons cependant que ces conventions sont
rares. Voilà pourquoi les États recourent généralement à la deuxième solution, à
savoir le recours aux règles de conflit.

En droit international privé, on appelle règles de conflit, les règles


contenues dans la législation de chaque États et ayant pour finalité de donner
solution à un conflit (ou un litige) ou un rapport juridique comprenant un
élément d'extranéité.

Généralement les règles de conflit sont contenues dans un recueil appelé


code de droit international privé.

Section. 2 Question de vocabulaire

Certains concepts, certaines expressions utilisées en droit international


privé n'ont pas la même signification que leur donne le langage courant. Ces
concepts sont généralement présentés sous la forme de locutions latines.

Les plus courantes sont les suivantes :

 Lex nationalis (loi nationale) : dans le langage courant lorsque l'on dit que
le juge ou l'autorité saisie applique la loi nationale, cela revient à dire que
cette autorité applique la loi de son pays. Mais en matière de conflits de lois,
lorsque l'on dit que l'autorité applique la loi nationale, cela signifie qu'il
applique la loi nationale des parties indiquées dans le litige ou le rapport

La Fondation
51

juridique. Ainsi par exemple, selon l'article 6 du code du travail ou l'article


24 du CCL3, la capacité est soumise à la loi nationale ;

 Lex personnalis (loi personnelle) : c'est l'équivalent de la lex nationalis ;

 Lex loci actus : cette expression signifie que le fond, le contenu d'un rapport
ou d'un litige est soumis à la loi du lieu où l'acte est passé ;

 Locus regit actum : cette expression signifie que la forme des actes entre
personnes privés est soumise à la loi du lieu où l'acte est passé ;

 Lex fori (la loi du for) : c'est la loi du juge ou de l'autorité saisie. En DIP
certaines questions sont soumises à la lex fori, notamment la procédure
devant les cours et tribunaux ; la qualification est en principe soumise à la
lex fori ;

 Lex rei sitae : la loi de la situation du bien. Cette expression signifie que la
succession, les droits sur les biens sont soumis à la loi du lieu où ces biens
sont situés ;

 Autor regit actum (littéralement, l'auteur régi l'acte) : cette expression


signifie que les autorités étrangères établissent, les documents publics au
profit des personnes privées conformément à leur profession, à leur
institution ou aux lois de leur pays.

Par « autorités étrangères » il faut entendre les autorités publiques


congolaise exerçant leur profession à l’étranger, les autorités publiques des
pays étrangers exerçant leur profession au Congo ou encore les autorités des
institutions internationales exerçant leur profession au Congo.

Ainsi lorsque le consul congolais en Belgique établi un acte de naissance au


profit d'un enfant congolais né en Belgique, il l'établira selon la forme et le
fond prévus en droit congolais. De même lorsque le consul français à
Kinshasa établi un acte de mariage de deux français mariés à Kinshasa, il
établira selon la forme et le fond prévus en droit français.

La Fondation
52

Enfin l'orque le fonctionnaire du haut-commissariat pour les réfugiés (HCR)


établi un acte de naissance au Congo, d'un enfant réfugié né au Congo, il
l'établira selon la forme et le fond prévus par son institution, le HCR.

En DIP, et spécialement en matière de conflits de lois, l’on dit que dans ces
différentes hypothèses les autorités publiques étrangères établissent les actes
publics au profit des personnes privés en respectant ou conformément à la
règle « actor regit actum ».

 Lex contractus : la loi du contrat, loi de l'autonomie de la volonté ;


 Lex loci delicti commsisi (la loi du lieu de la commission du délit) : cette
expression signifie que les faits juridiques (délits, quasi délit et quasi
contrats) sont soumis à la loi du lieu où ils surviennent.

Chapitre. 2 Mise en œuvre des règles de conflit

La mise en œuvre des règles de conflit suppose de passer de la théorie à la


pratique. Il s'agit de chercher et de trouver la loi congolaise ou étrangère
compétente pour régler le rapport juridique ou le conflit sous examen.

En principe le raisonnement pour trouver solution à un litige ou un rapport


juridique comportant un élément d'extranéité passe par les quatre étapes ci-
après :

 Dans les rapports ou les litiges sous examen, y a-t-il un élément d'extranéité
?
 De quoi s'agit-il ? (Problème de qualification) ;
 Le juge ou l'autorité congolais est-il compétent ?
 Quelle est la loi applicable ?

Ce raisonnement apparemment facile peut se buter à certaines difficultés.


On peut retenir quatre séries de difficultés :

 Problème de localisation des droits ou de l'efficacité internationale des droits


;
 Problème de qualification ;
 Problème de rattachement ;
 Problème de renvoi.

La Fondation
53

Section.1 problème de localisation des droits ou de l'efficacité


internationale des droits

Dans la recherche de la loi applicable, il convient de savoir distinguer l'étape


de la création d'un droit et celle de l'efficacité internationale des droits.

En effet la création d'un droit peut être refusée sur le territoriale d'un État
donné parce que ce droit est contraire à l'ordre public du for (du juge ou autorité
saisie), mais il peut arriver que ce droit soit créée régulièrement à l'étranger et
que la personne se prévale des effets de ce droit sur le territoire de l'Etat où sa
création a été refusée parce que ces effets ne dérangent pas trop les mœurs
locales. C'est ce qu'on appelle en DIP, en conflit des lois, « l'effet atténué de
l'ordre public ».

Exemple 1 : Un sénégalais ne peut se présenter devant l'OEC congolais et


solliciter la célébration de son second mariage avec sa deuxième femme
sénégalaise (la bigamie est une infraction au Congo).

Mais ce sénégalais peut régulièrement célébrer ce second mariage au Sénégal et


une fois de retour au Congo, cette seconde épouse ainsi que les enfants à naître
auront respectivement les statuts d'épouse légale et des enfants nés dans le
mariage car la Bigamie quoiqu’érigée en infraction au Congo est néanmoins
tolérée et ne dérange pas trop les mœurs locales.

Exemple 2 : Un congolais et une congolaise ne peuvent se présenter devant l'OEC


belge à Bruxelles et demander la célébration de leur mariage sous la condition
du versement de la dot. En Belgique, dot égal prix d'achat de la femme, donc
infractions.

Mais ces deux congolais peuvent venir au Congo et célébrer leur mariage devant
l'OEC congolais en versant la dot. Une fois de retour en Belgique, ce mariage avec
dot sera considéré comme valide car le versement de la dot quoique contraire à
l'ordre public en Belgique, est néanmoins accepté lorsque le versement a lieu en
dehors de la Belgique au nom du respect de la coutume africaine.

La Fondation
54

Section. 2 Problème de qualification

En droit, qualifier c'est donner la nature juridique des faits qui sont
présentés.

En principe la qualification est lex fori, c’est-à-dire qu'il appartient à


l'autorité saisie de qualifier les faits qui lui sont présentés selon la loi de son
pays.

Lorsque la qualification se trouve dans une convention, on se réfère alors à


la qualification contenue dans la convention. Mais lorsque la convention est
muette on se réfère alors aux qualifications nationales c'est-à-dire des États
parties.

On distingue aussi entre les conflits de qualification qui visent les cas où
deux ou plusieurs législations impliquées donnent chacune de qualifications
différentes à un litige ou un rapport juridique ; et le concours des qualifications,
qui est une situation dans laquelle un même litige, un même rapport juridique
est qualifié différemment dans une même législation.

Section. 3 Problème de rattachement

Une autre difficulté qu'on peut rencontrer dans la recherche de la loi


applicable est celle liée au rattachement.

En DIP, en matière de conflits de lois le rattachement peut être défini comme


une opération intellectuelle qui consiste à rattacher un litige, un rapport
juridique donné à la législation d'un État donné.

Le rattachement s'effectue par le biais de ce qu'on appelle les indices ou les


facteurs de rattachement. Aliis verbis on appelle indices ou facteurs de
rattachement, les éléments qui permettent de rattacher un litige ou un rapport
juridique comportant un élément d'extranéité à la législation d'un État donné.
Ainsi :

Exemple 1 : Article 24 CCL3 ou 6 Code du travail, dispose que l'état et la capacité


sont soumis à la loi nationale des parties.

On appelle donc « état et capacité », les indices ou facteurs de rattachement. Si


dans un rapport juridique ou un litige, il est question de trouver la loi applicable
à un projet de contrat entre un Gabonais et un Congolais, on soumettra la

La Fondation
55

capacité du Congolais à la loi congolaise et la capacité du Gabonais à la loi


gabonaise.

Exemple 2 : Les droits sur les biens sont soumis à la loi du lieu où ces biens se
trouvent. On appelle « droit sur les biens », les indices ou facteurs de
rattachement. Donc si ces biens sont situés en Angola, c’est le droit angolais qui
s'applique.

Exemple 3 : La forme est soumise à la loi du lieu où l'acte est passé (locus regit
actum).

On appelle « forme », indices ou facteurs de rattachement. Ainsi si les époux


congolais résidant en Afrique du Sud veulent divorcer devant le juge Sud-africain,
c'est la procédure prévue en droit Sud-africain qui s'appliquera.

Cependant le rattachement peut aussi soulever certaines difficultés, soir


parce qu'il est impraticable soit parce qu'il y a urgence. Il est alors conseillé de
recourir aux « théories supplétives de rattachement » qui sont au nombre de
deux, à savoir : le recours au rattachement subsidiaire ou la suppléance de la lex
fori.

1. Le rattachement subsidiaire : Il y a recours au rattachement subsidiaire


lorsque le rattachement principal faisant défaut, on recourt alors à un
rattachement qui, tout en respectant l'esprit et la lettre du rattachement
principal, le remplace (le rattachement subsidiaire est celui qui remplace le
rattachement principal tout en respectant son esprit et sa lettre).

Exemple 1 : Le mariage entre un congolais et un apatride : il est question


d'apprécier leur capacité à contracter mariage.

Selon l'article 24 CCL3 on appréciera les capacités des parties selon leurs lois
nationales, hors l'apatride n'a pas de nationalité. Le rattachement principal est
dès lors impossible pour l'apatride. L'article 12 de la convention de 1954 sur
l'apatridie recommande de recourir au rattachement subsidiaire : la loi du
domicile de l'apatride.

Exemple 2 : Mon père, ce grand industriel, vient de décéder et a laissé des biens
à la haute mer. Le rattachement principal faisant défaut (loi de la situation du

La Fondation
56

bien), il est conseillé de recourir au rattachement subsidiaire (loi du dernier


domicile du défunt).

2. Suppléance de la lex fori : Il est conseillé au juge ou à l'autorité saisie


d'appliques sa loi nationale, la lex fori, en cas de défaut de rattachement,
d’une part lorsqu'il y a urgence et d'autre part lorsque tout rattachement est
impraticable.
2.1 En cas d'urgence : Lorsqu'il y a urgence, il est recommandé au juge ou à
l'autorité saisie de rattacher le litige ou le rapport juridique lui soumis à la lex
fori. Cependant ce rattachement doit demeurer provisoire. In fine, le juge ou
l'autorité saisie doit appliquer la loi compétente.

Exemple 1 : Projet de divorce devant le juge du tripaix de Kinshasa Gombe entre


deux papou (habitants de Papouasie) : Ainsi dans ce cas le juge peut recourir à
l'article 560 du code de la famille qui autorise à ce dernier de prendre des
mesures provisoires pendant la procédure de divorce se rapportant notamment
à la garde des enfants ou à la résidence séparée des époux.

2.2 Absence de tout rattachement : Lorsque tout rattachement, principal et


subsidiaire, fait défaut il est recommandé au juge ou à l'autorité saisie de
rattacher le litige ou le rapport lui soumis à la lex fori.

Exemple 1 : Projet de mariage entre un congolais et un apatride sans domicile


ou résidence.

Exemple 2 : Mon père, ce grand industriel, est mort et a laissé des biens à la
haute mer mais il n'avait pas de domicile ou de résidence connue.

Section.4 Problème de renvoi

Une autre difficulté dans la recherche de la loi applicable est celle liée au
renvoi. En matière de conflits de lois, on appelle renvoi ce mécanisme qui consiste
pour une législation désignée compétente par les règles de conflit du for (du juge
ou de l'autorité saisie) de se déporter (se déclarer incompétente) au profit d'une
autre législation (la loi congolaise déclare compétente la loi Gabonaise mais la loi
gabonaise dit qu'elle n'est pas compétente, mais c'est plutôt la loi d'un autre pays
qui est compétente).

La Fondation
57

Exemple : Monsieur Tshibangu, de nationalité congolaise, veut se marier avec


mademoiselle Monica, de nationalité britannique. Les deux candidats au mariage
sont âgés de 18 ans et sont domiciliés à Kinshasa.

Il est à noter qu'en droit britannique l'âge pour se marier est fixé à 21 ans.

L'OEC congolais peut-il célébrer un seul mariage ?

Un tel mariage sera célébré car on est ici en présence de l'hypothèse renvoi. En
effet l'article 24 du code civil livre 3 soumet la capacité à la loi nationale des
parties. Hors selon le code de DIP britannique, la capacité est soumise à la loi de
domicile. Monica étant domiciliée en RDC, on appréciera sa capacité à se marier
selon la loi congolaise.

Une histoire célèbre est citée par le spécialiste francophone du DIP pour
illustrer la notion de revoit : c'était l'affaire FORGO.

FORGO est un jeune bavarois (habitant de la Bavière), arrivé en France à


l'âge de 4 ans avec sa mère. Il est enfant unique et naturel. De son vivant,
FORGO a accumulé plusieurs biens meubles et immeubles mais n'a pas eu
d'enfants. Il décède à l'âge de 60 ans, à sa mort un conflit éclate entre les
collatéraux (cousins, cousines, neveux, oncles, tantes...) de FORGO et
l'administration française des domaines.

En effet, nous sommes à une époque où en France les collatéraux n'héritent


pas. Ainsi pour l'administration française des domaines, les biens de FORGO
laissés en France après sa mort, c'est-à-dire la succession FORGO devrait tomber
en déserrance, ce que contestent les collatéraux de FORGO.

En effet selon le code de DIP français de l’époque, les droits sur la succession
sont régis par la loi du dernier domicile du défunt. Et FORGO ayant résidé en
France pendant 56 ans, sa succession devrait être régi par le droit français qui
ne classe pas les collatéraux parmi les héritiers.

Cependant, contre toute entente, le premier juge français saisi décida qu'à
sa mort FORGO n'avait pas de domicile en France. Et s'il fallait trouver son
domicile c'est en Bavière, et en droit bavarois les collatéraux héritent.

Plus tard l'administration française se pourvois en cassation et le deuxième


juge français saisi décida qu'effectivement à sa mort FORGO n'avait pas de
domicile en France mais le raisonnement tenu par le premier juge n'est pas

La Fondation
58

conforme en DIP en matière de conflits de lois. En effet lorsque la loi du for (du
juge ou de l'autorité saisie) déclare compétente une loi étrangère, « la porte
d'entrée obligatoire » est constituée des règles de conflit de la législation étrangère
désignée. Hors, selon les règles de conflit bavaroise (« les droits sur les biens tant
meubles qu'immeubles sont régis par la loi du pays de leur situation »).

La succession de FORGO se trouvant en France, c'est donc le droit français


qui s'applique. Il s'en suit que cette succession tombe en déserrance, les
collatéraux de FORGO n'héritent pas. C'est là le mécanisme de renvoi : le droit
français désigné compétent le droit bavarois, mais ce dernier se décline et déclare
compétent une autre loi, ici la loi de la situation du bien (le droit français).

Que retenir de cette affaire ? Deux leçons :

 Le mécanisme de renvoi ;
 Cette affaire nous renseigne sur la notion de domicile en DIP, le domicile de
l'étranger.

En effet en droit purement interne, le domicile est défini comme le principal


établissement d'une personne, le centre de ses affaires. Mais en DIP et
spécialement s'agissant d'un étranger, le domicile n'est pas seulement son
principal établissement, encore faut-il que le territoire sur lequel se trouve
l'étranger l'autorise à y résider (visa d'établissement). Allis verbis on peut
supposer qu'à sa mort FORGO n'avait pas de visa d'établissement.

Chapitre. 3 les règles de conflit congolaises

Lorsque le code civil livre premier de 1895 a été abrogé et remplacé en 1987
par code de la famille, l'article 915 de ce code de la famille avait maintenu en
application le titre II du code civil livre premier de 1895. Ce titre II contenait un
certain nombre d'articles comportant les règles de conflit congolaises. Certains
doctrinaires qualifiaient d'ailleurs ces règles de « petit code de DIP congolais ».

Curieusement et certainement par erreur, cet article 915 du code de la


famille a été abrogé lors de la réforme du code de la famille le 15 juillet 2016, ce
qui a privé le droit congolais de ses principales règles de conflit.

Toutefois, actuellement on trouve ça et là certaines règles de conflit dans les


différents textes de loi éparpillés du droit congolais. On peut citer notamment
l'article 24 du code civil livre 3, l'article 6 du code du travail, l’article 71 du code

La Fondation
59

de la famille, les articles 119, 120, 121, 147, 148 de la loi organique de 2013
organisant les juridictions de l'ordre judiciaire.

De même, de plus en plus, le juge ou l'autorité saisie recours à des principes


généraux de droit exprimés sous la forme de locutions latines étudiés dans la
partie vocabulaire.

Chapitre. 4 Application de la loi étrangère compétente

Même lorsque la loi étrangère compétente, c'est-à-dire appelée à régir un


litige où un rapport juridique est connu, il peut encore se présenter certaines
difficultés liées d'une part à la question de ma preuve de cette loi étrangère
compétente (section.1) et d'autre part à la nécessité d'éviction de cette loi
étrangère compétente (section.2).

Section.1 Preuve de la loi étrangère comme

La question est posée de savoir qui du juge ou des parties doit apporter la
preuve de la loi étrangère compétente. La réponse est qu'il appartient au juge de
rechercher la loi étrangère compétente.

Le juge peut recourir à l'expertise. En pratique il recourt à ce qu'on appelle


« le certificat de coutume » : il s'agit d'attestations émanant des autorités
étrangères et renseignant sur le contenu du droit étranger impliqué.

Enfin, le juge peut aussi solliciter la contribution des parties, mais ce


recours doit demeurer limité à cause des risques de fraude.

Section.2 Éviction de la loi étrangère compétente

Même lorsque la loi étrangère compétente est connue, le juge ou l'autorité


saisie (juge ou autorité du for) peut se trouver dans la nécessité de l’évincer, de
l'écarter. L'éviction est donc l'action d'évincer.

En effet la loi étrangère déclarée compétente par les règles du for (du juge
ou de l'autorité saisie) peut être évincée, écartée dans deux cas : d’une part
lorsque cette loi étrangère est contraire à l'ordre public du for (§.1) et d'autre part
lorsqu'il y a fraude à la loi (§.2).

La Fondation
60

§.1 L'exception de l'ordre public en DIP

Rappelons que la loi étrangère compétente peut être écartée lorsqu'elle se


trouve contraire à l'ordre public du juge ou de l'autorité saisie.

En DIP, et spécialement en matière de conflits de lois, on peut définir l'ordre


public comme l'ensemble des principes considérés comme fondamentaux dans
un pays donné et à un moment donné.

Comme on peut le remarquer l'ordre public en DIP présente deux caractères


: d'une part il est relatif et d'autre part il est variable. La variabilité de l'ordre
public signifie que ce qui était d'ordre public dans un État par le passé ne l'est
pas nécessairement à ce jour (aujourd’hui) et ne le serait pas nécessairement
dans l'avenir. Il faut donc se placer in concreto pour apprécier l'ordre public dans
un État.

La relativité de l'ordre public signifie que ce qui est d'ordre public dans un
État donné (État A) ne l'est pas nécessairement dans autre État (État B). Ainsi le
mariage homosexuel conforme à l'ordre public en Afrique du Sud et contraire à
l'ordre public en RDC.

Ainsi par exemple, l'officier de l’état civil congolais (l'OEC) saisi d'un projet
de mariage entre un congolais âgé de 25 ans et une malienne âgée de 16 ans,
quoique selon l'article 24 du code civil livre 3 la capacité est soumise à la loi
nationale et qu'en droit malien le mariage des filles de 15 ans soit légal, l'OEC
congolais écartera la loi malienne compétente et ne célébrera un tel mariage car
cette loi est contraire à l'ordre public congolais.

§.2 Fraude à la loi

La loi étrangère compétente peut également être écartée lorsqu'il y a fraude


à la loi.

Le DIP est le domaine d'élection de fraude à la loi en ce sens que les individus
ont tendance d'aller chercher à l'étranger ce qui leur est refusé et interdit dans
leur propre pays.

La fraude à la loi suppose en DIP la réunion de 3 éléments : légal,


intentionnel et matériel.

La Fondation
61

 L'élément légal : c’est la disposition éludée, la loi violée ;


 L'élément matériel : c’est la manœuvre frauduleuse ;
 L'élément intentionnel : c'est l'intention frauduleuse.

Le juge ou l'autorité saisie doit écarter la loi étrangère compétente lorsqu'il


constate qu'il y a fraude à la loi. Une affaire célèbre est citée par les spécialistes
de DIP pour illustrer la fraude à la loi : c'est l'affaire de Bauffremont.

De quoi s'agit-il ? Il s'agit d'une princesse belge mariée à un prince français,


le prince de Bauffremont.

Par le mariage, la princesse a acquis la nationalité française. Plusieurs


années plus tard leur mariage chavira et la princesse, sentit le besoin de divorcer
mais nous sommes à une époque où en France le divorce n'existe pas ; la
princesse ne pouvait que recourir à la séparation des corps, ce qui ne l'arrangeait
pas. Elle décida alors de se rendre à Saxe altembourg où elle divorça et se remaria
aussitôt.

Revenu en France, la princesse revendiqua son nouveau statut d'ancienne


épouse au prince de Bauffremont et réclama sa part de biens conformément à la
dissolution du régime matrimonial lors du prononcé de divorce prononcé à Saxe
altembourg.

En réponse les autorités françaises décidèrent que malgré le divorce


prononcé à l'étranger, aux yeux du droit français, la princesse de Bauffremont
demeure toujours mariée au prince de Bauffremont. Aliis verbis en cas de fraude
à la loi la sanction est l'inopposabilité.

La Fondation
62

Titre.2 Conflit de juridictions et conflit d'autorités

Chapitre. 1 Conflit de juridictions

Deux sections composent ce chapitre. D'une part il sera question des


considérations générales sur les conflits de juridiction (section.1) et d'autre part
il sera question du contenu des conflits de juridictions en droit congolais (section.
2).

Section. 1 Considérations générales

§.1 Notions

Les conflits de juridictions peuvent être définis comme une partie du DIP
qui a pour objet d'une part de déterminer dans quels cas les juridictions
congolaises (le juge), peuvent être compétentes, et d'autre part dans quels cas les
décisions de justice rendues à l'étranger concernant les personnes privées
peuvent produire leurs effets au Congo.

Comme on peut le remarquer, les conflits de juridiction ne sont pas des


véritables conflits (comme les conflits de lois). En effet il n'y a pas deux ou
plusieurs juridictions nationales et étrangères qui se disputent la compétence
(comme dans les conflits de lois), mais il s'agit de règles unilatérales de chaque
État, déterminant dans quels cas ses juridictions peuvent être compétentes
lorsque dans un litige il y a un élément d'extranéité.

Quoiqu'il ne s'agisse pas de véritables conflits, l'expression « conflits de


juridictions » est néanmoins consacrée tant par la doctrine que par les
législations.

§.2 Solution des conflits de juridictions

La procédure devant les cours et tribunaux d'un État est soumise à la lex
fori. En des termes simples, la procédure est celle du juge saisi.

La Fondation
63

Section. 2 Contenu des conflits de juridictions en droit congolais

Il ressort de la définition donnée ci-haut que les conflits de juridictions


renferment deux séries de règles. D'une part celles relatives à la compétence du
juge congolais (§.1) et d'autre part celles relatives aux effets au Congo des
décisions de justice rendues à l'étranger (§.2).

§.1 Compétente du juge congolais

La question qui est posée ici est celle de savoir dans quels cas le juge
congolais peut être compétent lorsque dans un litige il y a un élément
d'extranéité. La réponse est donnée aux articles 147 et 148 de la loi organique
n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et
compétences des juridictions de l'ordre judiciaire35.

L'article 147 de cette loi cite 11 cas dans lesquels les étrangers peuvent être
assignés devant le juge congolais, notamment :

 S'ils ont un domicile ou une résidence en République Démocratique du Congo


ou y ont fait élection de domicile ;

 En matière immobilière si l'immeuble est situé en République Démocratique


du Congo (lex rei citae) ;
 Si l'obligation qui sert de base à la demande est née, a été ou doit être
exécutée en République Démocratique du Congo ;

 Si l'action est relative à une succession ouverte en République Démocratique


du Congo (lex rei citae) ;

 S’il s'agit d'une demande en validité ou en main- levée de saisie-arrêt formée


en République Démocratique du Congo ou de toutes autres mesures
provisoires ou conservatoires ;

 Si la demande est connexe à un procès déjà pendant devant un Tribunal de


la République Démocratique du Congo ;

35
Lien : https://leganet.cd/Legislation/Droit%20Judiciaire/LOI.13.011.11.04.2013.htm
Lien de téléchargement : https://legalrdc.com/wp-
content/uploads/2020/03/Loi_organique_juridictions_de_lordre_judiciaire.pdf

La Fondation
64

 S’il s'agit de faire déclarer exécutoires en République Démocratique du Congo


les décisions judiciaires ou les sentences arbitrales rendues ou les actes
authentiques passés en pays étrangers ;

 S’il s'agit d'une contestation en matière de faillite, quand la faillite est ouverte
en République Démocratique du Congo ;

 S’il s'agit d'une demande en garantie ou d'une demande reconventionnelle,


quand la demande originaire est pendante devant un tribunal de la
République Démocratique du Congo ;

 Dans les cas où il y a plusieurs défendeurs dont l'un a son domicile ou sa


résidence en République Démocratique du Congo ;

 En cas d'abordage ou d'assistance en haute mer ou dans les eaux étrangères,


quand le bâtiment contre lequel des poursuites sont exercées, se trouve dans
les eaux congolaises au moment où la signification a lie

Par ailleurs, l'article 148 de la même loi ajoute que hormis les 11 cas cités
à l'article 147 ci-haut, l’étranger peut également être assigné devant le juge
congolais si le demandeur a son domicile au Congo.

§.2 Effets au Congo des décisions de justice rendues à l'étranger (effets


internationaux des jugements)

Il est question ici de répondre à la préoccupation de savoir dans quels cas


un jugement rendu à l'étranger concernant les personnes privées peut produire
ses effets au Congo.

En effet comme toute décision de justice rendu sur le plan interne, la


décision de justice rendue à l'étranger comporte également en elle trois forces :
la force probante, la force obligatoire et, sous certaines conditions la force
exécutoire.

 La force probante signifie que la décision de justice rendue à l'étranger sert


de preuve aux parties impliquées ;
 La force obligatoire signifie que la décision rendue à l'étranger lie les parties
à autorité de la chose jugée.

La Fondation
65

 S’agissant de la force exécutoire, c'est-à-dire la force de contrainte sur les


personnes et d'exécution sur les biens, la décision de justice rendue à
l'étranger ne peut être exécutée au Congo que si la personne qui s'en prévaut
a obtenu, du TGI (pour les matières civiles), du TRITRAV (pour les matières
de travail) et du TRICOM (pour les matières de commerce) un jugement
d'exequatur. Aliis verbis on peut définir le jugement d'exequatur comme celui
qui est rendu par le TGI, TRITRAV ou le TRICOM, autorisant que soit exécuté
au Congo la décision de justice concernant les personnes privées rendue à
l'étranger.

L'article 119 de la loi organique n°13/011 -B du 11 avril 2013 portant


organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l'ordre judiciaire
cite cinq conditions cumulatives pour qu'une décision de justice rendue à
l'étranger produise ses effets au Congo :

 Que cette décision de justice ne soit pas contraire à l'ordre public


congolais ;
 Que les expéditions (copies authentiques des jugements) qui en sont
produites remplissent toutes les conditions nécessaires à leur
authenticité ;
 Que cette décision ait été coulée en force de la chose jugée ;
 Que les droits de la défense ait été respectés ;
 Que le juge étranger ne soit pas uniquement compétent vis-à-vis de son
national.

L'article 120 de la loi organique précitée cite les conditions d'exequatur des
sentences arbitrales.

Chapitre. 2 Les conflits d'autorités

Deux sections composent ce chapitre, première est relative à la notion et à


la solution des conflits d'autorités (section. 1), et la deuxième traite de l'exécution
au Congo des actes publics dressés (établis) à l'étranger (section.2).

Section. 1 Notion et solution

§.1 Notion

La Fondation
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Les conflits d'autorités peuvent être définis comme une partie du DIP qui a
pour objet de déterminer dans quels cas les autorités étrangères peuvent être
compétentes dans un rapport juridique comportant un élément d'extranéité
d'une part, et d'autre part dans quels cas les actes publics établis à l'étranger
peuvent être exécutés au Congo.

Comme pour les conflits de juridictions et contrairement aux conflits de lois,


les conflits d'autorités ne sont pas de véritables conflits, il s'agit de règles
unilatérales établis par le législateur de chaque État et déterminant dans quels
cas ces autorités peuvent être compétentes, sans référence aux législations
étrangères.

Quoiqu'il ne s'agisse pas de véritables conflits, l'expression « conflits


d'autorités » est néanmoins consacrée par la doctrine et les législations.

§.2 Solution des conflits d'autorités

Les conflits d'autorités obéissent à la règle autor regit actum (voir la partie
vocabulaire).

Section. 2 Exécution au Congo des actes établis à l'étranger

Comme pour les décisions de justice rendues à l'étranger (documents)


établis à l'étranger au profit des personnes privées, « sauf les actes qui n'appellent
pas exécution sur les biens ou contraintes sur les personnes » (Ex : actes de
naissance), doivent également obtenir exequatur pour être exécutés au Congo.

L'article 121 de la loi organique de 2013 précitée cite deux conditions


cumulatives pour que les actes publics établis à l'étranger obtiennent exequatur
au Congo :

 Que ces actes n'aient rien de contraire à l'ordre public congolais ;


 Que d'après la loi du pays où ils ont été établis, qu'ils remplissent toutes les
conditions nécessaires à leur authenticité.

La Fondation
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LA FONDATION

LA FONDATION est une association d’étudiants composée de :

 AKALEFA Louange

 BARUANI Benjamin

 BOMBELOSANDA Gradi

 FUNGA Martin

 IBULA Jérémie

 KABEMBA John

 KATUMBA Lionel

 MULENGA Styvie

 WANI Daniel

La Fondation

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