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Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

INTRODUCTION

I – Définition et champs de la discipline

Bien que le programme officiel tel qu’il est décrit dans le cahier des charges des études
de licence ne se compose plus que matières de conflits de lois et de conflits de
juridictions, il est question dans notre propos de faire référence à la matière dans sa
globalité : le droit international privé (D.I.P).

Notre réflexion portera sur les termes usités pour désigner la matière (A), ce qu’elle
signifie, son objet (B) et son évolution historique (C).

A – La difficulté de définir une telle discipline

Le débat est grand, les définitions foisonnent, les appellations nombreuses et l’objet
de la discipline ne fait pas l’unanimité. L’expression « D.I.P » imputée à Story qui
l’utilisa, timidement, semble-t-il, pour la première fois dans son ouvrage «
commentaries on the conflict of law », fut introduite et vulgarisée en France par le
traité de droit international privé de Foelix (1843).

DIP est, de nos jours, une expression universellement employée. Une Critique majeure
lui est cependant faite, car, disent certains auteurs, cette discipline désigne une
branche du droit essentiellement nationale et, en réalité, étrangère au droit privé.

D’aucuns utilisent l’expression « droit privé international » : (D.P.I ou International


Private Law).

Les juristes anglo-saxons adoptent plutôt l’expression « conflict of laws » et réduisent


ainsi la matière essentiellement à une méthode de résolution de conflits de lois
lorsqu’existe un élément d’extranéité et qu’il y a lieu de choisir la loi applicable.

Cette définition restrictive prête le flanc à la critique pour la raison qu’elle ignore et
exclut du champ de la matière des disciplines ou titres fondamentaux telles que Le
conflit de juridictions, la condition des étrangers et la nationalité.

En définitive, dans la tradition française aussi bien dans les ouvrages français
classiques que ceux rédigés par la nouvelle génération des juristes internationalistes
privés, le droit international privé est conçu et traité dans sa signification extensive :
conflits de lois et conflits de juridictions, nationalité et conditions des étrangers.

Cependant, ce qui caractérise le DIP contemporain demeure son internationalisation


(multiplication des conventions internationales multilatérales) et sur le plan européen,
sa communautarisation dans le sens ou l’ordre juridique européen joue un rôle de plus
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en plus grandissant dans les règles internes et la jurisprudence des pays membres de
l’union européenne.

B. - Le droit international privé. : Une matière difficile

La difficulté du D.I.P résulte de sa particularité par rapport à toutes les autres


disciplines juridiques (1), de la complexité de ses mécanismes (2) et du fait que cette
branche du droit privé est relativement récente (3).

II – L’OBJET DU D.I.P.

La difficulté de cette matière apparaît, d’emblée, de l’analyse de son objet et des


concepts qu’elle recèle.

Lerebours-Pigeonnière considérait que le droit international est « une branche


autonome du droit qui réunit les règles du droit public et privé interne concernant la
nationalité, la condition des étrangers et le conflit des lois et des juridictions ».

Ressortant, surtout son caractère de droit public, J-P. Niboyet considérait que le droit
international privé « est la branche, appartenant actuellement, en principe, au droit
public national et assez exceptionnellement au droit des gens, qui se préoccupe de la
répartition internationale des individus, en vue de déterminer ensuite les droits dont
ils jouissent et de rechercher comment ils pourront les exercer sous l’empire des lois
compétentes, avec le concours des autorités ou des juridictions qualifiées ».

La définition de l’objet du droit international privé a évolué dans le sens de la


restriction. Cela résulte curieusement, d’abord, du constat du caractère diversifié des
matières susceptibles de composer le droit international privé et ensuite de l’abandon
de la référence au droit international public dans les définitions du droit international
privé dans les ouvrages les plus récents.

Ainsi certains auteurs considèrent -ils que le droit international privé est « ce droit qui
concerne les personnes privées quand elles sont confrontées au fait de l’existence dans
le monde de systèmes juridiques étatiques différents… ».

Dès lors un approfondissement de ladite analyse s’impose.

Si l’on retenait la définition qui nous est proposée par le professeur français P. MAYER
, selon laquelle « Le D.I.P est un droit spécial applicable aux personnes privées
impliquées dans des relations juridiques internationales »1, on pourrait en déduire trois
postulats.

1 P. Mayer. Droit international privé


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Le premier est lié à ce caractère de droit spécial (A), le deuxième a trait au caractère
privé (B) de la relation et le troisième concerne « l’internationalité » de cette relation.
(C)

A– Le D.I.P : un droit spécial

L’adjectif « spécial » évoque le fait que le droit international privé ne prend pas
nécessairement en charge le règlement intégral de la question juridique posée. Il ne
traite que les problèmes spécifiques directement liés au caractère international de
celle-ci. En d’autres termes, il cherche à travers la règle de conflit de lois à donner
une solution à un litige dans sa dimension première : la recherche de la loi applicable.

C’est, donc, presque toujours selon le droit commun applicable aux relations internes
de l’un des États avec lequel la relation juridique internationale est en rapport que
cette dernière est appréciée.

B – Un droit applicable aux personnes privées physiques et morales

Cela permet de distinguer le droit international privé du droit international public.

Néanmoins, il semble que dans certains cas, les personnes privées soient “sujets” de
droit international public. En effet dans le domaine de la protection internationale et
des droits humains, un individu peut déclencher à son profit les dispositions du droit
international public (convention, traité, etc.) .

Il en est ainsi du pacte international des droits civiques, civiles et politiques, de la


convention européenne des droits de l’homme du 4 novembre 1950, de la convention
pour la protection de certaines minorités ou des réfugies en général, etc.

Cependant le droit international public, même dans ces cas, a toujours pour objet
d’imposer des obligations aux Etats, alors qu’en droit international privé, le rôle de
l’État se borne à édicter des règles et à les appliquer.

C.- Impliquées dans les relations internationales

Il convient de préciser, l’expression « relation internationale » sur le plan subjectif


d’abord (a) et objectivement en second lieu (b).

1 - D’un point de vue subjectif

La relation internationale est celle qui présente à l’organe étatique qui l’examine (juge,
officier de l’état civil, notaire ou Adel, préfet ou fonctionnaire consulaire, etc.) un
élément d’extranéité ; c’est à dire un élément par lequel elle est en contact ne serait-
ce que partiellement avec un ordre juridique étranger1.

1 P. Mayer. Op.cit.
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Exemple : la relation entre deux époux marocains domiciliés en France, appréciée par
un juge français, est une relation internationale.

Par conséquent, une relation n’est susceptible de paraître « étrangère », au sens du


DIP, qu’à travers sa saisine par un juge d’un pays autre que celui dont elle est
originaire. : elle a donc été, par sa soumission à ce juge, internationalisée.

C’est une relation internationale subjective du fait que l’identité de l’élément


d’extranéité change selon le point de vue adopté. Ainsi pour le juge marocain, la
relation des deux marocains en France est internationale par le domicile et non par la
nationalité. Pour le juge français, la relation des deux marocains est internationale par
la nationalité.

2- D’un point de vue objectif

Est internationale, au contraire, la relation qui met en cause deux ou plusieurs pays,
par ses éléments intrinsèques. Sont, ainsi, objectivement internationales : la relation
matrimoniale entre un Marocain et une Française ou encore les héritiers marocains
d’une succession comprenant des immeubles en France.
Dans ces exemples, la relation internationale est objective car le rattachement à deux
ou plusieurs pays existe en soi, avant tout recours en justice ou toute saisine d’un
organe étatique quelconque. Ce rattachement est aisément constatable même par un
observateur extérieur à tout ordre juridique.

3 - La subjectivité suffit

Il faut et il suffit en effet pour que le droit international privé entre en jeu, que la
relation soit subjectivement internationale ; c’est à dire qu’elle présente, au juge ou
l’institution étatique saisis, un élément d’extranéité.

Cependant, l’intervention du droit international privé devient incontestable et plus


complète en raison du caractère objectivement international que présente,
éventuellement, la relation. Cette intervention sera d’autant plus certaine avant toute
saisine du juge, du fait même du caractère évident de l’élément d’extranéité que la
relation objet du litige présentera à tout observateur.

III. – Notions historiques sur le droit international privé

Avant que la matière n’ait reçu, pour la distinguer des autres disciplines juridiques,
l’expression « droit international privé », laquelle ne parait remonter qu’à un peu plus
d’un siècle (traité de Story 1834), les questions relatives à cette matière furent résolues
successivement par des procédés généraux dont l’évolution sera tracée sommairement
dans cette étude. Notons dès à présent que la terre d’Islam connut un système
différent.
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A - L’Antiquité ou la négation des droits des étrangers

L’idée principale réside dans le fait que L’étranger, sauf lorsqu’il jouit d’un statut
particulier, n’est pas un sujet de droit. Il ne bénéficie d’aucune protection. Cela résulte
de la combinaison de deux facteurs : le premier revêt un aspect religieux et le second,
réside dans l’aversion, déjà existante, à l’époque pour tout ce qui est étranger, différent
et donc provoque la suspicion et la crainte.

Les impératifs économiques (commerce) et politiques (alliances militaires) rendirent


les rapports avec les étrangers inévitables.

Deux mécanismes servirent à tempérer le principe de non-personnalité des étrangers


et à les protéger.

1.- Le système de patronage

Pour permettre à un étranger de s’impliquer dans la vie économique de la


communauté, on créa le système de patronage par lequel l’étranger est placé sous la
protection et la surveillance d’un citoyen : le proxène.

2.-Le système des traités.

Des cités qui entretiennent des rapports privilégiés peuvent conclure entre elles un
traité au profit de leurs ressortissants respectifs. En Grèce les traités « d’isopolitie »
permettent aux individus originaires de l’une des cités contractantes de jouir dans
l’autre de tout ou partie des droits reconnus aux citoyens de celle-ci.

Les romains considèrent aussi les étrangers comme esclaves ou comme ennemis, donc
sans possibilité d’avoir des liens juridiques avec eux en tant que personnes juridiques.
Avec l’hégémonie progressive de Rome sur le bassin méditerranéen, le problème des
conflits de lois devint inéluctable. Lorsqu’un litige opposait un romain à un pérégrin
(habitant d’une région conquise), c’est la juridiction du gouverneur qui en est saisie en
général et celle du « préteur pérégrin » à Rome en particulier .

C’est l’action du préteur pérégrin qui permit la formation à côte du « jus civile », d’une
nouvelle discipline : le « jus gentium ». (Droit des gens).

B- Le système de la personnalité des lois

Les invasions barbares donnèrent naissance au système de la personnalité des lois.


L’unité législative fut impraticable en raison de la coexistence de plusieurs peuples sur
un même territoire, ce qui aboutit par voie de conséquence à une coexistence de
plusieurs lois. Chaque peuple se voyait appliquer sa propre loi.
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C- Le système de la territorialité des lois

Le X° siècle vit s’unifier le droit privé et avec le système politique féodal, une pure
territorialité des lois. L’homme étant lié au sol, ses droits et ses obligations y sont
attachés.

La loi de la seigneurie s’appliquait à tous les biens situés sur le territoire (lex rei sitae),
à toutes les personnes qui y sont domiciliées (lex domicilii) et à tous les actes qui y
sont conclus.

En raison du système de l’économie fermée des seigneuries, les causes de conflits de


lois étaient peu nombreuses. Quand de tels conflits se posaient, ils étaient résolus en
même temps que le conflit de juridictions ; le juge saisi appliquait toujours sa propre
loi.

D – La naissance de la théorie des conflits de lois

C’est au moyen âge, en Italie, que les conflits de lois firent leur réelle apparition. Ce
pays fut donc le berceau du droit international privé. Trois ordres de facteurs ont été
favorables au développement de la matière.

1 – Des facteurs économiques

Ce fut sans doute l’importance du commerce et la prospérité des républiques qui ont
contribué à donner un essor considérable aux conflits de lois et à la recherche de leurs
solutions. Les commerçants, pour résoudre les conflits de lois nés des relations
commerciales, acceptent dans leur cité l’application de certaines institutions juridiques
des cités voisines.

2 – Des facteurs politiques

La féodalité fut bien profonde en Italie qu’en France. Les villes avaient soit conservé
leur souveraineté soit acquis leur indépendance beaucoup plutôt que les communes
en France. Chaque ville avait des statuts municipaux distincts. Les relations
commerciales donnèrent naissance à des conflits entre ces statuts municipaux.

3 – Des facteurs juridiques

Les statuts des différentes villes italiennes ne connaissaient pas de divergences


profondes : ils avaient une communauté d’origine constituée par le droit romain. C’est
dans ce milieu particulièrement favorable que devait prendre naissance la théorie des
conflits de lois dont la première expression scientifique fut la doctrine italienne des
statuts, bientôt suivie de la doctrine française, puis la doctrine hollandaise.

Ce sont ces trois écoles qui posèrent les jalons de la théorie des conflits de lois.
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E - Le DIP dans l’ordre juridique marocain

Comme pour toute réflexion sur toute discipline juridique dans notre pays, il y a lieu
de procéder à une analyse historique en prenant en considération les trois repères
chronologiques fondamentaux : l’Islam, le protectorat et l’indépendance.

1 - Au Maroc d’avant le protectorat

Comment l’extranéité se posait-elle en terre d’Islam et existe des concepts ou principes


juridiques en droit public islamique ?

a.- L’Islam et les problèmes d’extranéité

A l’aube de la constitution de la société islamique, les relations de la communauté


musulmane, expansionniste à cette époque, avec l’extérieur, était par la force des
choses, des relations de guerre. Il va se développer alors l’idée que ceux qui ont
combattu l’islam et ne sont pas des idolâtres, mais des gens du livre, ne peuvent,
avoir, après la victoire qu’une situation inférieure à celle d’un musulman.

Mais lorsque l’empire musulman s’est imposé, l’idée qu’on ne peut expulser ni
exterminer tous les chrétiens et tous les juifs est devenue une évidence. Ceux-ci, ne
voulant donc pas embrasser la religion musulmane et devenir musulmans à part
entière, jouiront, alors, au sein de la cité musulmane d’une situation particulière,
concrétisée dans cette institution appelée dhimma et qui est « un contrat par lequel la
communauté musulmane accorde hospitalité-protection aux membres des autres
religions révélées, à condition qu'eux-mêmes respectent la domination de l'Islam" .

La dhimma résulte, donc, d’une certaine méfiance. Elle traduit en même temps une
idée de protection et de sujétion.

La protection permit aux dhimmis d’être garantis dans leurs biens et dans leurs
personnes et la sujétion leur confère un statut inférieur à celui des musulmans en ce
sens qu’ils n’avaient ni les mêmes droits ni les mêmes obligations que les musulmans.

L’étranger de passage bénéficiant du régime de protection (aman), se voyait


également appliquer en matière personnelle et familiale un régime analogue à celui
des dhimmis. On peut, a-t-on affirmé, voir dans ce régime de droit commun de
l’étranger, la première réponse de l’Islam aux problèmes du droit international privé.

L’étranger non musulman, à l’instar du dhimmi, échappait au droit musulman pour ce


qui est de son statut familial. Mais les deux y restent soumis dans tous les autres
domaines.

En effet en Islam, le rattachement du statut personnel à la loi nationale est une règle
qui prévaut dans tous les cas.
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b – Droit international privé et quelques concepts de droit public islamique

L’un des concepts clés du droit public islamique est la notion d’Al Oumma. C’est la
totalité des fidèles, liés les uns aux autres par des liens non d’ethnie ou de race, mais
de religion. Le chef de cette Oumma est Allah. Il est le législateur unique et il n’existe
pas dans la théorie musulmane de place pour une souveraineté temporelle.

Il ne peut donc exister d’État souverain si celui-ci devait avoir le pouvoir de promulguer
une législation propre et laïque.

On peut raisonnablement penser que le Maroc terre devenue pleinement musulmane


depuis le 12ème siècle connaissait l’application de ces grands principes bien avant que
les puissances étrangères ne s’y intéressèrent, qu’elles n’y établirent un système de
privilèges et que la France n’y instaura son protectorat.

A vrai dire, il est difficile de parler, à cette époque, de méthode de droit international
privé moderne. En effet le Maroc terre d’Islam, tout au moins dans la zone chrâa,
ignorait le concept de nationalité. Seule la notion d’Oumma cimentée par le lien de
religion était utilisée par les jurisconsultes musulmans. L’existence de communautés
non musulmanes (chrétiens et juifs) a conduit sur le plan du statut personnel à un
pluralisme communautaire à base confessionnelle, juridiquement désigné par les
historiens par les termes d’autonomie législative et juridictionnelle des communautés
non musulmanes.

Dès le très haut moyen âge on assista à une prolifération de traités diplomatiques
conclus entre les princes musulmans et les États chrétiens relativement à l’organisation
de la relation avec l’étranger ; ce fut le passage d’une situation unilatéralement définie
et imposée par l’autorité musulmane (l’état de dhimmi : protégé) à un statut négocié.
On entrevoyait déjà le régime des capitulations.

A partir du XVI° siècle, les traités (ex. Traité du 9 décembre 1856 signé avec la grande
Bretagne), et spécialement les capitulations étendent la personnalité des lois bien au-
delà du domaine classique du statut personnel.

En effet, la reconnaissance aux consuls étrangers d’un pouvoir juridictionnel accentue


l’autonomie législative et juridictionnelle dont bénéficient désormais les étrangers en
ce sens qu’elle englobe non seulement le statut personnel mais aussi le patrimonial, le
contractuel, et même le pénal à l’exception de l’immobilier. Il y a donc, pratiquement,
absence de tout conflit de lois et le système des capitulations en se maintenant et en
s’élargissant « révélait les déficiences d’un système juridique qui n’était pas
suffisamment évolué pour garantir, par lui-même, à l’étranger l’application de sa loi
personnelle ».
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2 - Sous le protectorat

Avec le 19° siècle, la doctrine islamique cède le pas aux idées réformistes et
révolutionnaires. On assiste à la naissance du concept de Patrie (Watane). Le critère
religieux qui sert à distinguer les musulmans des non musulmans n’est plus opérant.
Il va faire place à un critère plus politique qui va englober aussi les musulmans que les
non musulmans dans un cadre qui n’est plus désormais religieux mais sociologique,
politique et territorial. L’augmentation de plus en plus importante du nombre des
étrangers au Maroc permet un développement massif des relations internationales.

Le protectorat français allait provoquer l’introduction, au Maroc comme dans le reste


du Maghreb, du modèle conflictualiste.

La spécificité de « la question marocaine » a créé les conditions rendant possible


l’instauration d’un système de droit international privé grâce à d’importantes réformes
judiciaires et législatives entraînant la modernisation du droit et de la juridiction.

La promulgation du dahir du 12 août 1913 réglementant la condition civile des français


et des étrangers (DCC), (œuvre de A. Geouffre de Lapradelle) est un fait majeur dicté
essentiellement pour engager les puissances étrangères à renoncer à leurs privilèges
capitulaires, en raison des garanties qui leurs étaient offertes. Le D.C.C. constituait à
l’époque le premier code de droit international privé paru en langue française.

Ce texte présente la grande originalité d’accorder une large compétence à la loi


nationale des étrangers : « il fut conçu pour sauvegarder les droits des français et des
étrangers ».

Doctrine et jurisprudence développent alors une conception absolue de la personnalité


des lois qui, poussée à l’extrême, aboutit à l’absence de lex fori en matière de statut
personnel, à une quasi- inexistence de l’ordre public, à la recherche de la qualification
dans la loi étrangère, à l’ignorance du renvoi , etc.

3 - Après l’indépendance : un droit international privé écrit

Dans les anciennes colonies et protectorats comme le Maroc, l’idée de Patrie sera
cimentée dans la lutte politique pour l’indépendance.

Le religieux passa au second plan : on ne revendique plus le rattachement à la Oumma


mais à la Nation, à l’État tel que le protectorat l’a dessiné : le jus religionis fait place à
d’autres critères : le jus sanguinis délimité lui-même par le jus loci. La nationalité est
devenue plus restreinte, plus juridiquement précise et géographiquement délimitée.

Avec la publication du dahir du 22 avril 1957, les tribunaux sont devenus exclusivement
marocains. Ils puiseront désormais les règles applicables aussi bien aux situations
internes qu’aux situations externes dans le seul code marocain de droit international
privé. Le droit international privé français est devenu à leur égard un droit étranger.
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Le texte de base demeure donc le dahir de 1913. Sa mise à jour a été le fait de la
jurisprudence et du législateur à travers certains textes particuliers. Une doctrine
autorisée a plaidé pour la normalisation de ce système.

Le début des années soixante-dix, l’immigration et flux de main d’œuvre et d’étudiants


marocains vers l’Europe occidentale et principalement la France et les pays du Benelux,
permirent les échanges socioculturels, la célébration de mariages mixtes et naissances
; ainsi que la création d’actes juridiques sur des territoires étrangers destinés à
produire des effets juridiques et à reconnaître des droits sur le sol national.

L’importance de plus en plus accrue du commerce extérieur s’ajoute à tous ces facteurs
qui permettent le développement de relations internationales privées au Maroc et par
voie de conséquence la renaissance de la discipline du droit international privé et la
mise en mouvement de la recherche par certains auteurs et juges marocains .

V. - Domaine du D.I.P.

Quatre matières importantes peuvent entrer dans l’orbe du droit international privé :
les conflits de lois, les conflits de juridictions, la condition des étrangers et la
nationalité.

Chacune de ces disciplines peut parfaitement être indépendante des autres et faire
l’objet d’un ouvrage particulier ou d’un cours annuel. La doctrine internationaliste n’est
pas unanime quant aux matières qui doivent composer le droit international privé.

A. - la doctrine limitant le droit international privé aux seuls conflits de lois

C’est la doctrine restrictive. Soutenue principalement en Allemagne, elle fait du conflit


de lois l’objet exclusif du droit international privé. Pour comprendre cette théorie, il
faut d’abord définir la notion de « conflit de lois » (1), avant d’apprécier l’opportunité
de cette thèse. (2)

1 - Notion de conflit de lois

Il y a conflit de lois toutes les fois qu’une situation juridique pouvant se rattacher à
plusieurs pays, il faut choisir entre les lois de ces différents États, celle qui est appelée
à régir le rapport de droit considéré. Cette définition nous révèle, ainsi, qu’il s’agit
essentiellement d’un problème d’option de loi applicable.

C’est ainsi le cas pour un époux anglais résidant en France désirant divorcer au Maroc.

Doit –il être soumis à sa loi nationale, la loi de son domicile ou encore la loi marocaine
s’il s’avère qu’il s’agit d’un anglais musulman.
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C’est aussi le cas illustré par l’arrêt Rivière1.

Ces exemples montrent que, toutes les fois qu’une situation juridique peut être
rattachée à plusieurs pays et que les droits internes de ces différents pays donnent
des solutions différentes, il est indispensable avant de résoudre le problème au fond,
de déterminer la loi applicable.

2- Exposé de la thèse restrictive

L’économie de cette théorie est relative au fait que le droit international privé se limite
uniquement aux conflits de lois en raison de son particularisme.

D’abord quant aux sources : les conflits de lois trouveraient essentiellement leurs
sources dans la coutume et la jurisprudence. Ensuite, les règles de conflits de lois se
borneraient à déterminer la loi applicable sans trancher le litige au fond. Ce qui les
distingue des règles de conflits de juridictions se révèle principalement au niveau de
la méthode adoptée.

Pour résoudre un conflit de lois, il faut élaborer les catégories de rattachement, puis
faire entrer la situation juridique (le rapport de droit envisagé), dans l’une ou l’autre
de ces catégories de rattachement. C’est ainsi que l’on décide que :

- l’état et la capacité des personnes sont soumis à loi nationale du ou des intéressés.

- Les contrats sont soumis à la loi de l’autonomie de la volonté. .

- Le droit des biens à la lex rei sitae, c’est à dire à la loi du lieu où se trouve les biens.

B - La doctrine faisant entrer les conflits de juridictions dans le droit international privé

Cette thèse a trouvé un certain crédit dans les pays anglo-saxons. Elle a été soutenue
en France par Bartin et Pillet. Pour ses partisans, le droit international privé comprend
les conflits de lois et les conflits de juridictions.

1 - Notion de conflit de juridictions

Il y a conflit de juridictions toutes les fois qu’un litige posant un problème d’extranéité,
il faut déterminer si les tribunaux marocains sont ou non compétents.

Les conflits de juridictions se posent dans tout litige de droit international privé et sont
nécessairement préalables aux conflits de lois, car avant de déterminer la loi applicable,
le juge doit inévitablement se prononcer sur sa propre compétence.

1 Arrêt traité en TD
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2.- Exposé de la thèse

L’intégration des conflits de juridictions dans le droit international privé repose, d’une
part, sur les analogies existantes entre les conflits de lois et les conflits de juridictions
et d’autre part, sur l’interdépendance étroite de ces deux matières.

a.- Analogies existant entre les conflits de lois et les conflits de juridictions.

• Analogies sur le terrain des sources

Les conflits de lois ont la même principale source que les conflits de juridictions : la
jurisprudence. C’est cette dernière qui a élaboré la théorie des conflits de juridictions.
Notons cependant, qu’en ce qui concerne le Maroc, le droit conventionnel est
également indirectement source de conflits de juridictions.

• Analogies relatives à la méthode de raisonnement

La jurisprudence adopte, en la matière, le même raisonnement que celui suivi dans les
conflits de lois. Ne trouvant pas de règles dans les textes à appliquer, notamment, aux
étrangers, elle les recherche dans le droit judiciaire interne pour les transposer sur le
plan international.

b.- Interdépendance des conflits de lois et des conflits de juridictions.

Elle se manifeste par un double courant d’influence.

• Influence du conflit de juridictions sur le conflit de lois

Cette influence est normale puisque la solution du conflit de juridictions est


nécessairement préalable à celle du conflit de lois. Elle s’exerce sur la détermination
de la loi applicable, laquelle loi peut varier en fonction du juge saisi. Cela étant, le juge
saisi n’a pas l’obligation d’appliquer, automatiquement et sans possibilité d’option, sa
propre loi (lex fori), autrement, les conflits de lois disparaîtraient dès que le conflit de
juridictions aurait disparu.

Il n’en demeure pas moins que la compétence juridictionnelle commande la


compétence législative, car chaque pays à son système national de droit international
privé et chaque juge n’applique jamais que sa propre règle de conflit. De même,
chaque juge qualifie en fonction de sa propre loi et fait appel à sa propre conception
de l’ordre public.

• Influence du conflit de loi sur le conflit de juridictions

Cette influence se produit, car le juge, sans l’avouer, lie souvent conflit de lois et conflit
de juridictions. Dès le début, il envisage l’affaire dans son ensemble et se déclare
compétent suivant la loi qu’il aura à appliquer.
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c.- Les différences entre les deux catégories de conflits

Deux principales différences sont à souligner.

• Différence de nature entre la règle de conflit de lois et la règle de conflits de


juridictions

La règle de conflit de lois se borne à désigner la loi applicable sans résoudre l’affaire
au fond. La règle de conflits de juridictions est au contraire une règle substantielle, en
ce sens qu’elle ne se borne pas à désigner la loi applicable en vue du règlement du
problème de compétence juridictionnelle, mais tranche directement ce problème : le
tribunal marocain saisi de l’affaire se déclarant compétent ou non.

• Différence de caractère entre la règle de conflit de lois et la règle de conflit de


juridictions.

En matière de conflits de lois, marocains et étrangers sont traités sur le même pied
d’égalité. Il existe en ce domaine une caractéristique juridique. En revanche, les conflits
de juridictions présentent un aspect politique, notamment, par le jeu de la règle
découlant du dahir formant code des obligations et contrats (DOC) et du code de
procédure civile (CPC), qui permet à tout marocain défendeur ou demandeur dans un
procès qui l’oppose à un étranger, d’avoir recours à la justice marocaine .

Cela instaure indéniablement un privilège de juridiction fondé sur la nationalité.

En définitive et dans le fond, qu’il s’agisse de conflits de lois ou de conflits de


juridictions, le problème est le même : il y a lieu de savoir si la loi marocaine doit être
appliquée ou si le juge marocain doit se déclarer compétent.

C - Doctrine faisant entrer la condition des étrangers dans le DIP

1 –Définition

Il s’agit d’une question générale propre au droit international : celle de savoir si


l’étranger est apte à prétendre à la jouissance des droits au même titre que le national.
En d’autres termes, il s’agit de déterminer quelles doivent être les prérogatives dont
peuvent bénéficier les étrangers sur le territoire marocain. En raison de la mobilité de
plus en plus importante des individus et des familles, et cela pour des raisons diverses
(politiques, économiques, écologiques, etc.), plusieurs problèmes se posent aussi bien
sur le terrain purement administratif (droit d’entrée et de séjour) que sur celui des
droits publics (droit à la reconnaissance et à la protection de droits subjectifs en
général et civiques et politiques en particulier : droit de vote, droit d’exercer des
mandats électifs, etc.) ou des droits privés (droit de propriété, droit d’exercer l’activité
commerciale, etc.) .
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Ce problème qui se posait, il y a quelques années, au Maroc avec moins d’acuité que
dans les pays d’Europe occidentale, a tendance à devenir plus visible et plus
problématique.

Le Maroc, par sa situation géographique devient un pays de transit et d’immigration


clandestine, au-delà de sa vocation à accueillir une forte communauté estudiantine
étrangère.

2 - Exposé de la thèse

Les partisans de l’intégration de la condition civile des étrangers dans le droit


international privé relèvent l’existence d’analogies suffisantes pour justifier leur
coexistence au sein d’une même discipline.

a - Analogies sur le terrain des sources

Les deux matières ont une source coutumière et jurisprudentielle. Cependant, dans le
contexte juridique marocain les deux matières sont essentiellement d’origine législative
(Dahir sur la condition civile des étrangers et le code de la nationalité).

b -Analogies sur le terrain du raisonnement et de la technique juridique.

En matière de conflit de lois, le fait de soumettre un étranger, notamment en matière


d’état des personnes et de capacité, à la loi nationale ou à la loi de son domicile, est
une situation, pour le moins d’incertitude. En effet cela présente les mêmes risques
d’un traitement différentiel sur le terrain de la jouissance des droits. Les deux
problèmes sont donc étroitement liés et, pour cette raison, la condition des étrangers
relève du droit international privé.

D - Doctrine extensive faisant entrer la nationalité dans le droit international privé: la


conception française

1 - La nationalité : concept majeur en DIP

La nationalité en tant que matière, est définie comme l’ensemble des règles qui
déterminent l’allégeance d’un individu par rapport à un État . De prime abord, on peut
constater que la nationalité revêt un certain particularisme à trois niveaux.

a.- D’abord quant aux sources

La nationalité, contrairement aux règles de conflits et la condition des étrangers, a une


source strictement légale. Elle est réglementée par la loi dans ses moindres détails.
Elle est contenue dans le code de la nationalité (Dahir du 8 septembre 1958) .

b.- Ensuite sur le terrain du raisonnement et de la technique juridique


15
Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

Si son lien avec la condition des étrangers peut expliquer l’inclusion, notamment en
France de la nationalité dans le droit international privé, il n’empêche qu’il existe une
différence fondamentale entre les conflits de lois et la nationalité.

En effet, la règle de conflit est bilatérale en ce sens que le juge marocain, français,
algérien, etc., peut être amené à appliquer soit sa loi nationale (lex fori) soit une loi
étrangère. A l’opposé, les règles relatives à la nationalité sont unilatérales.

Autrement dit, le juge marocain peut déclarer qu’un individu est marocain mais il ne
peut attribuer à cet individu une nationalité étrangère déterminée. Seul le tribunal
étranger peut le faire.

c.- Enfin quant au fait que le lien de nationalité est un lien de droit public

Selon une jurisprudence française très célèbre : « la nationalité est une institution de
droit public et non de droit privé, car elle ne régit pas des rapports entre individus,
mais des rapports entre l’individu et l’État ».

Cette position correspond à l’évolution moderne de la notion de nationalité. En France,


cependant, la commission des « sages », dans son rapport sur la réforme du code de
la nationalité publié en janvier 1988, tend à restaurer le rôle de la volonté individuelle
en la matière.

2.- Discipline autonome mais nécessaire au fonctionnement du DIP

En dépit de ces différences fondamentales, un certain nombre de considérations,


justifie, semble-t-il, l’intégration de la nationalité en droit international privé,
notamment le fait que le contentieux de la nationalité relève des tribunaux judiciaires,
que la solution des conflits relatifs à l’état et la capacité des personnes soit liée aux
règles de nationalité et enfin que la condition des étrangers dérive de l’existence de la
notion de national et de nationalité (naturalisation, intégration, jus soli, jus sanguini,
etc.).

VI - LES SOURCES DU DIP

La réflexion sur les sources du DIP permet de constater l’existence d’un débat doctrinal
relativement à cette question (A) et sa singularité en droit international privé
marocain(B).

A - Sources internes et sources internationales : le débat doctrinal

Il existe deux catégories de sources en droit international privé : les sources internes
et les sources internationales. L’importance respective qu’on leur attribue dépend de
la conception que l’on se fait du droit international privé.
16
Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

Deux tendances se sont, cependant, depuis toujours, opposées : la tendance


universaliste et la tendance particulariste (ou nationaliste). Une troisième essaie de
concilier les deux précédentes, en alliant universalisme et particularisme.

1 - Les universalistes

On trouve à leur tête le Français Pillet, l’Italien Mancini et l’Allemand Savigny. Ces
juristes estiment qu’il est non seulement souhaitable, mais possible de parvenir à une
unification des règles de droit international privés communs à tous les États.

Ils affirment donc la primauté des sources internationales. L’unification ne pouvant se


réaliser que par des accords entre États.

2 - Les particularistes

Cette tendance est représentée principalement par le Français Niboyet (élève de Pillet).
Les particularistes nient la possibilité d’une unification du droit international privé.

Cette discipline étant une projection des droits internes sur le plan international et
puisque, par la force des choses, les droits internes sont différents, les projections sont
différentes. D’ailleurs si les droits internes étaient identiques, il n’y aurait pas de conflits
de lois et par conséquent pas de droit international privé.

Les particularistes sont donc nationalistes en ce sens qu’ils retiennent les sources
internes au détriment des sources internationales.

3 – La tendance doctrinale française contemporaine

Cette tendance s’est affirmée dans l’œuvre de H. Batiffol. Cet auteur s’efforce de
concilier le droit interne et le droit international. Les solutions qu’ils proposent sont
dictées souvent par le désir de respecter les ensembles législatifs et l’esprit
international. H. Batiffol observe la faiblesse des sources internationales en DIP en
raison, avance-t-il, de l’absence de toute force contraignante réelle en droit public
contrairement au droit privé.

De même, considère-t-il, que les conflits de DIP sont en réalité des conflits privés mais
contenant un élément d’extranéité ce qui ne modifie en rien leur nature ; les parties
dans la relation juridique saisiront presque toujours les juridictions internes (sauf en
cas d’arbitrage), lesquelles auront recours consciemment ou non aux sources internes.

Quoiqu’il en soit, le droit international privé marocain, comme toutes les autres
branches du droit, est très influencé par le système juridique français, car il donne la
primauté aux sources internes.
17
Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

B - les sources du DIP marocain

Le droit international prive marocain se caractérise, a-t-on dit, par la faiblesse de ses
sources internationales, mais néanmoins les conventions internationales existent. La
jurisprudence la plus importante et la plus significative est essentiellement issue du
protectorat. Quant à la doctrine, elle est encore jeune et en formation.

1.- Les sources internes

Les sources internes ou nationales en droit international privé marocain ne méritent


pas qu’on s’y attarde. Elles ne se distinguent guère, en effet, de celle des autres
branches de droit. Ce sont la loi (a), la jurisprudence (b) et dans une moindre mesure
la doctrine(c). L’importance de ces sources varie suivant les sujets du droit
international privé.

a.- La loi

La loi joue un rôle fondamental dans la réglementation des conflits de lois et conflits
de juridictions, et plus particulièrement de la nationalité et de la condition des
étrangers en raison du lien étroit de ces deux sujets avec la souveraineté de l’État.

• La nationalité

Cette matière détermine les éléments du peuple qui est l’une des composantes de
l’État. La nationalité est réglementée pour la première fois au Maroc par le Dahir du 6
septembre 1958 entré en vigueur le 1er octobre 1958 (art. 46 CMN), lequel a été
modifié et complété par les textes suivants :

Dahir n° 1-60-132 du 10 août 1960 complétant le dahir n° 1-58-250 du 6 septembre


1958 portant code de la nationalité marocaine ;

-Dahir n° 1-07-80 du 23 mars 2007 portant promulgation de la loi n° 62-06 modifiant


et complétant le dahir n° 1-58-250 du 6 septembre 1958 portant code de la nationalité
marocaine.

-Dahir n° 1-11-170 du 25 octobre 2011 portant promulgation de la loi n° 58-11 relative


à la Cour de cassation et portant modification du dahir n° 1-57-223 du 27 septembre
1957 relatif à la Cour suprême.
18
Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

Bibliographie relative à la nationalité

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Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

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20
Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

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française d'origine, thèse, Paris, 1944 ; Le Français d'origine dans l'Ancien droit
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Français ? Histoire de la nationalité française depuis la Révolution, Paris, 2002, Grasset.

• La condition des étrangers

C’est l’ensemble des règles régissant les droits et obligations des personnes ne faisant
pas, au sens juridique du terme, partie du peuple mais vivant cependant en son sein.
Textes très nombreux et épars. Difficiles à recenser avec précision. Citons, cependant,
à titre indicatif : le Dahir du 12 août 1913 sur la condition civile des français et des
étrangers au Maroc, le Dahir 2 mars 1973 sur la marocanisation de certaines activités,
dahir n°1-74-433 du 14 novembre 1974, publié au B.O le 11 décembre 1974 relatif au
Protocole de New York, le 20 avril 1970 et à la Convention de l’OUA régissant les
aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique le Dahir du 15 juin 1982 sur
les investissements industriels et parmi les textes les plus significatifs et récents. On
peut, aussi, citer le dahir du 11/11/2003 portant promulgation de la loi sur l’entrée
et le séjour des étrangers au Royaume du Maroc , à l’émigration et l’immigration
Irrégulières, le dahir n°1-08-90 du 20 octobre 2008 portant promulgation de la loi 37-
07 portant approbation, quant au principe, de la ratification du Royaume du Maroc de
l’Accord de coopération fait à Genève le 20 juillet 2007 entre le gouvernement du
Royaume du Maroc et le Haut-commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés , le
décret n°2-09-607 du 1er avril 2010 d’application de la loi sur l’entrée et le séjour des
étrangers au Royaume du Maroc, à l’émigration et l’immigration Irrégulières , la loi
n° 27-14 du 25 août 2016 relative à la lutte contre la traite des êtres humains et la
circulaire conjointe n°8303 du ministre de l'Intérieur et du ministre chargé des
Marocains résidant à l'étranger et des affaires de la migration.
21
Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

Signalons, enfin, que le Maroc a signé des accords de réadmission avec l’Allemagne
(1998), l’Espagne (1992), la France (1983), l’Italie (1998) et le Portugal (1999).

Bibliographie relative à la condition des étrangers

en Droit français et européen

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23
Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

la loi Pasqua ou esquisse d'une « nouvelle citoyenneté » ?, ibid. 1989. 617 ; Le nouveau
régime juridique des étrangers en France : changement et continuité, ibid. 1982. 25 ;
Le statut constitutionnel de l'étranger, LPA 15 mars 1991, p. 13 ; La réforme de la
condition des étrangers par les lois des 24 août et 30 décembre 1993 et par la loi
constitutionnelle du 25 novembre 1993, Rev. crit. DIP 1994. 1 . - D. VIGNES, La clause
de la nation la plus favorisée et sa pratique contemporaine ; problèmes posés par la
CEE, Rec. cours La Haye, t. 130, 1970-II, p. 207. - V. égal. Rép. Francescakis, Vo
Étranger. - V. aussi Rép. La Pradelle-Niboyet, Vo Étranger.

M. BOYON VAN DE KERKHOVE, Le statut des étrangers en droit français, thèse, Paris-
II, 1972. - O. CARMET, Étude critique de la distinction entre la condition des étrangers
et les conflits de lois, thèse, Paris-I, 1977. - R. HERNU, Principe d'égalité et principe
de non-discrimination dans la jurisprudence de la Cour de justice des Communautés
européennes, LGDJ 2003. - A. ILIOPOULOU, Libre circulation et non-discrimination,
éléments du statut de citoyen de l'Union européenne, Bruylant 2008. - M.-L.
MORANÇAIS-DEMEESTER, Les droits professionnels des étrangers non-salariés en
France, thèse, Paris-II, 1984. - S. SLAMA, Le privilège du national, Étude de la
condition civique des étrangers en France, thèse, Paris-X, 2003.

• Les conflits de lois

Contrairement à la majorité des États, au Maroc, la loi constitue la source principale


en matière de conflits de lois. Il s’agit du Dahir sur la condition civile des français et
des étrangers (D.C.C) du 12 août 1913) composé de 20 articles. Texte qui a servi de
modèle aux dahirs sur la condition civile édictés dans le protectorat espagnol en 1914
et dans la zone internationale de Tanger en 1925.

Le D.C.C, a-t-on dit, est principalement un code de conflits de lois. Il consacre, en


effet, à cette question les articles 3, 4, 5, 8 et de 9 à 18.

De même, l’art 2 du code de la famille constitue une source incontournable des conflits
de loi. Ce texte instaure les privilèges de religion et de nationalité et partant consacre
l’unilatéralisme comme fondement du système marocain des conflits de lois en matière
du droit international de la famille

• Les conflits de juridictions

La loi réglemente, aussi, principalement cette matière : les articles 19 et 20 du DCC et


430 du CPC organisent la procédure d’exequatur des jugements étrangers sur le
territoire national. De même, les articles 27 et 28 sont relatifs à la compétence
territoriale et l’article 128 du code de la famille établit un système de contrôle et
d’admission relatif à l’exécution des décisions de justice rendues en matière de
dissolution du mariage. En effet, l’alinéa 2 de l’art 128 dispose que : « les jugements
de divorce, de divorce judiciaire, de divorce par Khol’ ou de résiliation de mariage,
24
Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

rendus par les juridictions étrangères, sont susceptibles d'exécution s'ils sont rendus
par un tribunal compétent et fondés sur des motifs qui ne sont pas incompatibles avec
ceux prévus par le présent Code en vue de la dissolution de la relation conjugale. »

Ce texte prévoit le même principe pour les actes conclus à l'étranger devant les officiers
et les fonctionnaires publics compétents, après que ces jugements et actes aient
satisfait aux procédures légales relatives à l'exequatur, conformément aux dispositions
des Articles 430, 431 et 432 du code de procédure civile.

b. - La jurisprudence

La jurisprudence interne constitue une source très importante en droit international


privé. Elle est en principe établie par les juridictions judiciaires et son importance tient
essentiellement au fait que les questions à résoudre sont relatives au droit privé. Mais
qu’en est- il au Maroc ?

Il n’existait pas de jurisprudence marocaine, au sens strict, en droit international privé.

Sous le protectorat, les juridictions compétentes en la matière étaient les tribunaux


français au Maroc. Ils jugeaient comme les tribunaux français en France et appliquaient
les règles du droit français. Ces juridictions rendaient la justice au nom de la
souveraineté du protectorat et non au nom de celle du Maroc.

Cependant, il reste indéniable que la Cour d’Appel de Rabat a largement contribué à


l’évolution du droit international privé français, comme le montre le célèbre Arrêt
Rivière en date du 30 novembre 1948 confirmé par un arrêt de la cour de cassation en
date du 17 avril 1953.

Cette pratique était dictée par le souci de protéger les ressortissants français et ceux
des États ayant renoncé à leurs privilèges. Ainsi pourrions-nous citer le cas dans lequel
la cour d’appel de Rabat a reconnu valable le mariage d’une française célébré en
France en la seule forme de l’état civil, alors que le statut de son conjoint de nationalité
bulgare exigeait une célébration religieuse.

La cour déclara que la célébration du mariage en France a pour effet de soumettre le


statut conjugal à la compétence législative française (et non à l’art 11 du D.C.C).

Après l’indépendance, une jurisprudence marocaine timide en DIP a vu le jour, mais


ne s’est pas totalement affranchie de la tutelle du protectorat en raison du maintien
du dahir de 1913 en vigueur.

La cour suprême devenue cour de cassation établie aujourd’hui une jurisprudence tout
à fait indépendante fondé sur des principes issus de la doctrine islamique classique
mais surtout du nouveau code de la famille .
25
Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

Certains arrêts de l’ancienne cour suprême ont fait couler beaucoup d’encre et susciter
de vifs débats entre conservateurs et modernistes et la nouvelle haute juridiction
instaurée par la constitution de 2011 semble aller dans le même sens .

c. - La doctrine

Le même raisonnement peut être observé au sujet de la doctrine. Durant le protectorat


l’activité doctrinale était essentiellement française. Les auteurs français tels que,

P.Leris, L. Renault, Grunbaum Baller, Lerebours Pigeonniere, E. Audinet, G.


Delapradelle, Aquaviva, E. Larcher, et d’autres, se contentaient d’interpréter et justifier
les textes mis au point par le protectorat. Ils ne se souciaient guère des exigences d’un
droit international privé marocain.
Les deux auteurs les plus contemporains de la société marocaine actuelle et qui y ont
vécu et œuvré pour la construction du travail doctrinal en langue française :

P. Decroux et J. Deprez, consacrèrent leurs travaux à une critique objective du droit


international privé marocain en lui reconnaissant l’effectivité dont il fut privé sous le
protectorat.

Après l’indépendance, on assiste à la naissance d’une doctrine nationale qui exprime


ses opinions dans un certain nombre d’études publiées dans certaines revues
juridiques et ouvrages, principalement, en langue arabe.

En réalité, on retrouve en matière de doctrine marocaine, les mêmes clivages qui


marquent la société marocaine dans son ensemble : les auteurs conservateurs,
arabophones généralement, attachés à la tradition marocaine construite sur le socle
religieux et qui conçoivent et interprètent le DIP, et plus particulièrement, celui de la
famille, dans une perspective de défense du statut de musulman et de sa
reconnaissance de manière universelle. Ils envisagent le DIP comme une exigence de
respect du statut musulman quel que soit les atteintes qu’il porte aux droits
fondamentaux et les préjudices qu’il occasionne à la femme et à l’enfant. Les deux
constantes qui fondent leur doctrine, notamment, en DIP sont les privilèges de religion,
d’abord et celui de nationalité ensuite.

Les auteurs représentant ce courant doctrinal conservateur sont à titre indicatif : MM.
Nasser Matioui Machkouri1, El Fakhouri2, Chafaii3, El Kachbour4.

D’autres auteurs spécialistes du DIP mais œuvrant pour la thèse de la coordination des
systèmes de DIP sans adopter une position tranchée et claire quant à la nécessité
d’arrimer le système juridique marocain en général et celui du DIP en particulier à
l’universalisme devant inspirer les systèmes de DIP de la famille, sont peu nombreux :

1 Professeur à la faculté des sciences juridiques économiques et sociales de Fès


2 Professeur à la faculté des sciences juridiques économiques et sociales d’Oujda
3 Professeur à la faculté des sciences juridiques économiques et sociales de Marrakech
4 Professeur à la faculté des sciences juridiques économiques et sociales de Casablanca
26
Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

On peut citer le Doyen Abderrazak Moulay Rchid1, les professeurs Mohamed Loukili2
et khalid El Berjaoui3, notamment.

Enfin, une troisième tendance est celle des modernistes attachés à la philosophie du
respect des droits fondamentaux et à son application sans restriction au droit de la
famille et au DIP de la famille. Cette tendance fut remarquablement développée par
le professeur Layachi Messaoudi4 dans son article « Grandeurs et limites du droit
musulman au Maroc 5», mais aussi par Fatna Serhane6 et Malika Benradi7 . Nous
nous insérons dans cette dernière tendance doctrinale car il nous semble que l’on ne
peut penser le droit en général et le droit international privé en dehors de la
philosophie du respect des droits fondamentaux et de l’universalisme. Les humains
sont égaux en droit et en dignité et la spécificité d’un système ne peut être évoquée
lorsque les règles que l’on prétend appliquer en son nom sont discriminatoires vis-à-
vis des femmes et des enfants.

C’est ce que nous enseigne la jurisprudence de tous les pays de l’Europe de l’ouest qui
sont confrontés à ces lois et institutions venant de pays du sud et que leurs ordres
publics en droit international privé refusent de reconnaître .

2 - Les sources internationales

Il est à priori, tout à fait logique de s’interroger sur l’éventualité de l’existence de


sources internationales, voir leur importance dans une matière qui a trait à des
questions qui recèlent des éléments d’extranéité. Si les traités demeurent sans doute
une source possible du droit international privé, la jurisprudence, le droit comparé et
la doctrine internationale contribuent de façon considérable au développement de la
matière. En cette matière peut-être plus qu'en toute autre, a -t-on affirmé, doctrine et
jurisprudence ont su s'allier et parfois s'affronter pour ériger un corps de règles
répondant aux rigueurs de la théorie et aux exigences de la pratique. D'où le titre du
fameux cours dispensé en 1992 à l'Académie de La Haye par B. Oppetit : « Le droit
international privé, droit savant ».

a.- Les traités diplomatiques

L’expression « traité » s'entend d'un accord international conclu par écrit entre États
et régi par le droit international, qu'il soit consigné dans un instrument unique ou dans

1 Professeur à la faculté des sciences juridiques économiques et sociales de Rabat Agdal et Ancien doyen de la faculté des
sciences juridiques économiques et sociales de Rabat Souissi
2 Professeur à la faculté des sciences juridiques économiques et sociales de Rabat Agdal
3 Professeur à la faculté des sciences juridiques économiques et sociales de Rabat Souissi.
4 Professeur à la faculté des sciences juridiques économiques et sociales de Fès
5 Revue internationale de droit comparé. Année 1995. 47-1 pp. 146-154…
6 Professeur à la faculté des sciences juridiques économiques et sociales de Casablanca
7 Professeur à la faculté des sciences juridiques économiques et sociales de Rabat Agdal
27
Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

deux ou plusieurs instruments connexes, et quelle que soit sa dénomination


particulière.

• Traités et droit international privé

Il s’agit bien entendu des traités réglementant les intérêts des particuliers. Leur but en
DIP est de résoudre les difficultés nées des divergences entre les législations, internes,
lesquelles, peuvent se manifester dans les différents domaines du droit international
privé.

Sur le plan international régional, on a pu relever, au sujet de l’importance des traités


en DIP, un double constat : « d'une part, la multiplication des textes d'origine
législative, de l'autre, le développement des conventions internationales, sous
l'impulsion d'organisations, toujours plus nombreuses, vouées, pour exister, à produire
des normes et à se concurrencer. Ce qui n'était au départ qu'une intuition devint une
réalité, non seulement en raison de l'efflorescence de ces lois et traités, mais
également à cause de l'émergence de ce qui ne constituait alors qu'un épiphénomène,
à savoir l'éclosion du droit international privé communautaire. »

Les expressions « ratification », « acceptation », « approbation » et « adhésion »


s'entendent, selon le cas, de l'acte international ainsi dénommé par lequel un Etat
établit sur le plan international son consentement à être lié par un traité (art 2.1.b de
la convention de Vienne).

En matière de nationalité, les traités ont pour but d’éviter les conflits négatifs
(risque d’apatridie) et les conflits positifs (problèmes posés par la double allégeance
résultant de la double ou la plurinationalité) de nationalité.

En matière de condition des étrangers, ils permettent de réduire les différences


de traitement faites dans les divers pays signataires entre l’étranger et le national.

Le Traité de Maastricht , à titre d’exemple, instaure une citoyenneté européenne et


affirme le droit des citoyens à séjourner dans n'importe quel État de l'Union. Le droit
de vote et d'éligibilité aux élections municipales et européennes est reconnu à tout
ressortissant d'un État membre résidant dans un autre État membre. Par ailleurs, tout
citoyen bénéficie désormais sur le territoire d'un pays tiers où son pays n'est pas
représenté, de la protection de l'ambassade ou du consulat d'un État membre.

Les traités relatifs aux conflits de juridictions poursuivent un double but. Ils
peuvent tendre à donner une solution uniforme aux règles de compétence
internationale ou à faciliter l’exécution internationale des jugements et des sentences
arbitrales.

En matière de conflits de lois, les traités peuvent se borner à essayer d’unifier


la solution même du conflit des lois dans les États signataires. Ils peuvent élaborer une
28
Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

loi uniforme régissant au fond les relations internationales. L’inconvénient est que cette
législation internationale se superpose aux législations internes et qu’il est parfois
difficile de déterminer leurs champs d’application respectifs.

L’importance que peuvent avoir les traités en droit international privé est cependant
limitée par leur rareté relative dans le domaine des relations privées et par la primauté
donnée aux sources internes. La difficulté d’établir un droit international privé universel
conforte cette conclusion et la position des particularistes.

• Traités et droit interne

Différentes questions surgissent dès que l’on tente d’examiner les rapports entre une
convention, un traité et un droit ou une législation interne. Elle ont trait à la force
obligatoire des traités internationaux en tant qu’une des sources du droit international
privé marocain, à la nature du traité ou texte international en général : s’agit-il d’un
contrat ou d’une loi ?

Il est question de rapports entre États et non entre États et individus et la règle est
que le traité est une convention entraînant des obligations réciproques à la charge des
États contractants. Chacun des signataires est obligé de respecter loyalement les
termes du traité, et toute loi interne contraire au traité est en principe inopposable à l
’État contractant.

• Effets des traités en droit interne

Quelle est la nature du traité dans les rapports de chacun des États contractants et de
ses ressortissants ? Le traité exerce nécessairement une incidence sur le droit interne
toutes les fois qu’il n’est pas identique à la loi interne. Le traité peut-il alors être
considéré comme une loi supérieure aux lois internes ?

Il y a lieu, avant d’examiner cette question dans l’ordonnancement juridique, constater


les effets des traités de l’union européenne sur le DIP des États membres et la relation
de ces derniers avec les États tiers comme le Maroc.

• Le droit de l’union européenne et ses effets sur les traités signés par les États
membres de l’Union avec des États tiers

Les textes du conseil de l’Europe

Il s’agit d’abord du protocole n° 7 additionnel à la convention européenne des droits


l’homme et des libertés fondamentales relatif à l’égalité entre époux. Ce texte a été
signé par la France le 22 novembre 1984.

L’article 5 de ce protocole comporte des dispositions relatives à l’égalité entre époux :


« Les époux jouissent de l’égalité de droits et de responsabilités de caractère civil entre
29
Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

eux et dans leurs relations avec leurs enfants au regard du mariage, durant le mariage
et lors de sa dissolution […] ».

Cet article 5 a été utilisé à de maintes reprises par les juges français pour faire échec
à la reconnaissance d’institutions étrangères patriarcales telles que la répudiation,
signe le plus évident de l’influence du droit européen . Mais, en réalité, c’est la
convention européenne des droits l’homme et des libertés fondamentales, dans son
ensemble, qui est susceptible d’exercer une influence beaucoup plus large sur la mise
en œuvre des conventions franco-marocaines .

De plus en plus nombreux sont les textes européens susceptibles d’avoir une
influence, en matière familiale, sur le contenu de l’ordre public en droit international
privé des États membres du Conseil de l’Europe et indirectement sur les lois et
décisions judiciaires des États tiers.

On peut citer la convention européenne sur l’exercice des droits de l’enfant du 25


janvier 1996, entrée en vigueur en France le 1er janvier 2008, dont l’objectif est
d’accorder des droits procéduraux dans l’intérêt supérieur de l’enfant et à en faciliter
l’exercice, la convention du conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la
violence à l’égard des femmes et la violence domestique du 11 avril 2011 dont l’objectif
est de combattre toutes les formes de violences à l’égard des femmes et la violence
domestique et de réaliser l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.

L’article 32 de cette convention porte notamment sur les conséquences civiles des
mariages forcés : « Les Parties prennent les mesures législatives ou autres nécessaires
pour que les mariages contractés en ayant recours à la force puissent être annulables,
annulés ou dissous sans faire peser sur la victime une charge financière ou
administrative excessive ».

Et, enfin, la convention européenne de Luxembourg sur la reconnaissance et


l’exécution des décisions en matière de garde des enfants et de rétablissement de la
garde des enfants du 20 avril 1980.

Droit international privé et droit de l'Union européenne


Jean-Sylvestre BERGÉ
Delphine PORCHERON
Gustavo VIEIRA DA COSTA CERQUEIRA
Répertoire de droit européen. Avril 2017
----------------------------------------------------------

1. L’Union européenne, un nouveau contexte.

- Le droit de l'Union européenne s'offre comme un nouveau contexte juridique dans


lequel se déploient dorénavant massivement les constructions du droit international
privé. S'ajoutant aux contextes nationaux préexistants, aux différents environnements
30
Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

internationaux ou transnationaux préétablis, l'Union européenne est de nature à


bouleverser profondément la substance et les conditions de mise en œuvre du droit
de la condition des étrangers, des conflits de lois, des conflits de juridictions et de la
reconnaissance des décisions, actes et situations nés à l'étranger. Les changements
induits par l'émergence de ce nouveau cadre juridique de référence européen sont loin
d'avoir livré l'ensemble de leurs manifestations. Les trois générations de droit européen
qui se sont jusqu'à ce jour succédé ne suffisent pas à éclairer toutes les zones d'ombre
que laissent subsister les deux grands espaces juridiques de l'Union européenne que
sont l'espace du marché intérieur et l'espace de liberté, de sécurité et de justice. Mais
le mouvement est en marche, qui laisse entrevoir des jeux dialectiques dont on peut
raisonnablement penser qu'ils sont aujourd'hui bien établis.

2. Jeux dialectiques entre le droit international privé et le droit européen. - Ces rapports
dialectiques mettent en scène, au premier niveau, une confrontation des méthodes et
des solutions du droit international privé et du système juridique de l'Union européenne
(V. infra, nos 3 s.). Une approche historique commande de distinguer les trois grandes
étapes qui ont marqué une européanisation du droit international privé (V. infra, nos
3 s.). La question des compétences de l'Union européenne à légiférer dans ce domaine
doit également être posée (V. infra, nos 19 s.). Reste la question cruciale des méthodes
: l'irréductibilité des deux matières du droit européen et du droit international privé
laisse entrevoir un jeu croisé d'influence de l'une sur l'autre (V. infra, nos 30 s.). Au
second niveau, la construction du droit international privé à une échelle européenne
doit être réexaminée (V. infra, nos 62 s.). La présence d'un juge européen (V. infra,
nos 63 s.) et le mouvement de codification européenne (V. infra, nos 112 s.) sont de
nature à expliciter les transformations qui sont actuellement à l'œuvre.

Le Maroc est membre de la communauté internationale, en ce sens qu’il a adhéré à la


convention de Vienne sur le droit des traités, signée à Genève le 23 - 05 – 1969.

• Les dispositions internes relatives aux traités

La nouvelle constitution marocaine du 2011 comporte des dispositions relatives au


droit international, à l’instar des constitutions précédentes et notamment celle de 1996.

Extraits du préambule de la constitution du 29 juillet 2011

Se fondant sur ces valeurs et ces principes immuables, et fort de sa ferme volonté
de raffermir les liens de fraternité, de coopération, de solidarité et de partenariat
constructif avec les autres Etats, et d’œuvrer pour le progrès commun, le Royaume du
Maroc, Etat uni, totalement souverain, appartenant au Grand Maghreb, réaffirme ce
qui suit et s’y engage :

- œuvrer à la construction de l’Union du Maghreb, comme option stratégique ;


31
Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

- approfondir les liens d’appartenance à la Oumma arabe et islamique, et renforcer les


liens de fraternité et de solidarité avec ses peuples frères ;

- consolider les relations de coopération et de solidarité avec les peuples et les pays
d’Afrique, notamment les pays subsahariens et du Sahel ;

- intensifier les relations de coopération, de rapprochement et de partenariat avec les


pays du voisinage euro- méditerranéen ;

- élargir et diversifier ses relations d’amitié et ses rapports d’échanges humains,

Economi²ques, scientifiques, techniques et culturels avec tous les pays du monde ;

- renforcer la coopération Sud-Sud…

• Déclaration symbolique de l’attachement du Maroc à la légalité internationale

Le préambule de la constitution du 29 juillet 2011 rappelle avec force que : « Mesurant


l’impératif de renforcer le rôle qui lui revient sur la scène internationale, le Royaume
du Maroc, membre actif au sein des organisations internationales, s'engage à souscrire
aux principes, droits et obligations énoncés dans leurs chartes et conventions
respectives ; il réaffirme son attachement aux droits de l’Homme tels qu’ils sont
universellement reconnus, ainsi que sa volonté de continuer à œuvrer pour préserver
la paix et la sécurité dans le monde… »

Plus loin, le préambule exprime un principe majeur en droit international public et


privé, quoique en le limitant quelque peu, qui est celui d’ «accorder aux conventions
internationales dûment ratifiées par lui, dans le cadre des dispositions de la
Constitution et des lois du Royaume, dans le respect de son identité nationale
immuable, et dès la publication de ces conventions, la primauté sur le droit interne du
pays, et harmoniser en conséquence les dispositions pertinentes de sa législation
nationale. »

La constitution de 2011 affirme avec plus de solennité l’attachement du Maroc au droit


international et maintient les dispositions de l’ancienne constitution, en ce sens que «
le Roi signe et ratifie les traités » (art 55 al 2.Constit). Cependant, les traités de paix
ou d’union, ou ceux relatifs à la délimitation des frontières, les traités de commerce ou
ceux engageant les finances de l’Etat ou dont l’application nécessite des mesures
législatives, ainsi que les traités relatifs aux droits et libertés individuelles ou collectives
des citoyennes et des citoyens, ne peuvent être ratifiés qu’après avoir été
préalablement approuvés par la loi. C'est-à-dire par le parlement. (Art 55 al 2.Constit).

Le Roi peut soumettre au Parlement tout autre traité avant sa ratification. Si la Cour
Constitutionnelle, saisie par le Roi ou le Président de la Chambre des Représentants
ou le Président de la Chambre des Conseillers ou le sixième des membres de la
première Chambre ou le quart des membres de la deuxième Chambre, déclare qu'un
32
Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

engagement international comporte une disposition contraire à la Constitution, sa


ratification ne peut intervenir qu'après la révision de la Constitution”. (art 55 al 4).

La Maroc, on l’a souligné, a signé de multiples traités aussi bien dans le cadre
d’organismes internationaux comme l’ONU, la FAO, l’OMS, l’OMC, etc., qu’avec des
pays avec lesquels il entretient, outre des relations diplomatiques classiques (traités
bilatéraux), des relations privilégiées de coopération et d’échanges économiques,
culturelles ou militaires (France, Belgique, Tunisie, plusieurs Etats africains, Conseil de
coopération du golfe, Chine populaire, Etats Unis d’Amérique, etc.).

• L’exécution des traités

Les conventions ou traités régulièrement ratifiés, (c’est à dire approuvé par un acte
émanant du Roi), sont rendus exécutoires au Maroc par Dahir, lequel est publié au
B.O. La ratification vaut promulgation. Le contrôle de la cour suprême s’exerce sur le
traité comme sur la loi.

• L’Interprétation des traités

La doctrine n’est pas unanime au sujet de l’interprétation des traités. Certains auteurs
reconnaissent la compétence en la matière aux tribunaux, d’autres la leur refusent. Au
Maroc aucune disposition n’est venue réglementer la question.

La seule disposition ayant trait au sujet réside dans l’art 36 du code de la nationalité
marocaine. En effet l’alinéa 3 de cet article prévoit que lorsque, à l’occasion d’un litige,
il y a lieu à interprétation de dispositions d’une convention internationale, relatives à
la nationalité marocaine, cette interprétation doit être demandée par le ministère
public, à la requête du tribunal saisi, au ministère des affaires étrangères.
L’interprétation donnée par le ministre s’impose aux tribunaux et est publiée au bulletin
officiel. Cette solution constitue également une règle générale non écrite en droit
Français.

• Les conflits entre un traité et une loi interne

A la différence de la France, de l’Algérie et de la Tunisie, l'art 31 de la constitution


marocaine ne mentionne pas que les traités ont une autorité supérieure à celle des lois
internes.

L’article 55 de la constitution française du 5 octobre 1958 dispose que « les traités ou


accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité
supérieure à celle des lois sous réserve pour chaque accord ou traité de son application
par l’autre partie ».
33
Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

S’agissant du Maroc, la lecture de cette problématique est, généralement, analysée en


deux phase : la période avant la constitution de 2011 et celle d’après l’entrée en
vigueur de cet important texte.

L’argumentation développée avant la réforme constitutionnelle de 2011

La doctrine essaie, en effet, à travers un certain nombre d’éléments de faire ressortir


la tendance marocaine relative à la question des rapports entre droit international et
droit interne. Il s’agit du discours royal, de certains textes législatifs et de la
jurisprudence.

Le discours royal

Feu S.M. le roi Hassan II avait affirmé, sans équivoque, la primauté des accords
internationaux sur le droit interne dans les termes suivants « … nous constatons ici du
point de vue juridique que la souveraineté a des limites dès qu’il s’agit de problèmes
bilatéraux ou multilatéraux à caractère international… ».

Les textes législatifs

Plusieurs textes législatifs reconnaissent sans équivoque la primauté du droit


international par rapport au droit interne. On peut citer, à titre d’exemple, les dahirs
suivants :

- Dahir du 6 septembre 1958 portant code de la nationalité marocaine qui affirme,


clairement, la supériorité du traité sur la loi interne (art 2 al 2).

- Dahir du 8.11.1958 sur l’extradition dont l’art 1er stipule que « … sauf dispositions
contraires résultant des traités, les conditions, la procédure et les effets de l’extradition
sont déterminés par les articles suivants… ».

- Décret royal portant loi du 19 décembre 1968 relatif à l’organisation du barreau et à


l’exercice de la profession d’avocat et surtout son article premier qui stipule que « les
avocats inscrits au barreau établi dans la circonscription de chaque tribunal régional
forment un ordre des avocats, doté de la personnalité civile et qui, sous réserve des
dispositions contraires des conventions internationales auxquelles le Maroc a souscrit
(…) est soumis aux règles ci-après transcrites » .

- Dahir portant loi du 2.03 1973 relatif à l’exercice de certaines activités prévoit dans
son article premier que « sous réserve de l’effet des conventions internationales
dûment publiées ; les activités dont la liste sera arrêtée par décret ne pourront être
exercées que par des personnes physiques ou morales marocaines à compter d’une
date qui sera fixée pour chaque secteur groupe de secteurs, par décret pris sur
proposition du ou des ministres intéressés » .
34
Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

- Dahir du 8 novembre 1979 portant promulgation de la loi du 5 juin 1979 relative à


l’organisation des barreaux et à l’exercice de la profession d’avocat qui abroge et
remplace le décret royal du 19 décembre 1968 qui prévoit dans son article 8-1° que «
tout candidat à la profession d’avocat doit être de nationalité marocaine, sous réserve
des dérogations prévues par les conventions internationales dûment ratifiées par le
royaume du Maroc… ».

La jurisprudence

En matière de traités et accords internationaux, la jurisprudence est floue. En effet


tantôt elle soumet la règle interne à la règle Internationale, tantôt elle refuse de le
faire. Elle n’accepte pas, plus, de contrôler la conformité d’un traité à la constitution.

De ce fait a-t-on affirmé, elle crée la confusion dans les sources du droit et leur
hiérarchie. Elle s’est néanmoins, clairement exprimée pour la supériorité des traités
aux lois dans l’affaire de la veuve Ecoffard contre la Compagnie Air France.

En effet, le tribunal de première instance de Rabat a, en effet, décidé dans un jugement


rendu le 14 avril 1964 que : « ... le droit international est hiérarchiquement supérieur
au droit interne et l’emporte sur celui-ci en cas de conflit, tout particulièrement lorsqu’il
s’agit d’un accord multilatéral de droit privé ».

La cour d’appel de Rabat a adopté la même attitude dans deux cas relatifs à l’inscription
au barreau de Casablanca de deux ressortissants français. En effet, la cour a
respectivement, le 15 mai 1969 et le 16 décembre 1969, fait clairement prévaloir la
convention judiciaire franco-marocaine sur les lois internes organisant la profession
d’avocat.

Depuis l’entrée en vigueur de la constitution de 2011

La question nous semble réglée, aujourd’hui, dans la nouvelle constitution adoptée en


2011. En effet , le préambule de la constitution de 2011 exprime un principe majeur
en droit international public et privé, quoique en le limitant quelque peu, qui est celui
d’ «accorder aux conventions internationales dûment ratifiées par lui, dans le cadre
des dispositions de la Constitution et des lois du Royaume, dans le respect de son
identité nationale immuable, et dès la publication de ces conventions, la primauté sur
le droit interne du pays, et harmoniser en conséquence les dispositions pertinentes de
sa législation nationale. »

Ce préambule clôt, à notre sens, le débat relatif au rapport entre droit interne et droit
international, tout au mois dans son aspect technique d’une manière claire : pour qu’un
texte international puisse produire effet en droit interne marocain, il faut qu’il soit, au
préalable, ratifié par le Maroc. Et à priori la ratification ne portera, aux termes du
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Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

préambule, que sur les textes qui soient conformes à la constitution, à « l’identité
nationale immuable !? »(terme non juridique) et après leur publication au bulletin
officiel.

b - Les différents traités

Il existe deux sortes de traités : les traités multilatéraux ou plurilatéraux et les


conventions bilatérales.

• Les traités multilatéraux

Il en existe plusieurs catégories.

Traités multilatéraux tendant à l’unification des règles de fond

Leur but est d’établir des règles objectives directement applicables aux relations
internationales privées sans soulever de problème de conflits ; c’est à dire que les États
signataires les intègrent dans leurs législations internes et leurs juridictions les
appliqueraient comme les règles d’origine interne.

En matière de transport

- L’union de Berne du 14 octobre 1890, révisée à plusieurs reprises, régit les transports
internationaux de marchandises, de voyageurs et de bagages par chemins de fer.

- L’union de Varsovie de 1929 complétée par celle de Madrid, ainsi que la convention
de Chicago de 1945 relative aux transports aériens.

En matière de propriétés incorporelles

- L’union de Paris révisée à Bruxelles en 1948 sur la propriété intellectuelle.

- L’union de Berne révisée à Londres en 1930 sur la propriété industrielle

En matière de titres de crédit

Deux conventions principales signées à Genève : la première en 1930 sur la lettre de


change et le billet à ordre et la seconde en 1931 relativement au chèque.

En matière de vente

C’est principalement la convention de Vienne du 11 avril 1980 relative aux contrats de


vente internationale de marchandises.

Traités multilatéraux tendant à l’unification des règles de conflit

La tentative la plus importante en ce domaine a été faite par la conférence de droit


international de la Haye, réunie pour la première fois en 1883 sous l’égide du
gouvernement des Pays-Bas.
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Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

Cette conférence donna naissance à plusieurs conventions, dont notamment celles de


1896 sur la procédure civile, de 1902 sur le mariage, le divorce et la séparation de
corps et de 1905 sur la procédure civile, les effets du mariage, l’interdiction, les
successions et le testament.

Les conférences reprirent après la seconde guerre mondiale, ce qui a donné naissance
à plusieurs conventions relatives aux obligations alimentaires, à la loi applicable en
matière de protection des mineurs, à la signification et notification des actes à
l’étranger en matière civile et sociale, à l’adoption, etc.

Traités multilatéraux relatifs à la compétence judiciaire et l’exécution des


jugements étrangers et l’arbitrage

On peut citer principalement :

La convention des Nations Unies du 9 juin 1958 sur l’exécution des jugements
étrangers.

La Convention de la banque mondiale du 20 mars 1965 sur l’arbitrage entre un


État et une personne physique étrangère en matière de conflits dans le domaine des
investissements.

D’autres tentatives d’élaboration des traités multilatéraux ont été faites et les
principales réalisations étrangères sur ce point sont :

L’union panaméricaine : Congrès de Lima de 1877 et congrès de Montevidéo


1889 aboutissant à la signature de deux conventions relatives aux conflits de lois.

Mais c’est en 1928 que la conférence adopta un véritable code de droit international
privé : Code Bustamante, composé de 437 articles formant un véritable corpus et
destiné à être appliqué à quinze États d’Amérique centrale et du sud.

L’union scandinave

Cinq pays scandinaves à savoir, la Norvège, la Suède, le Danemark, la Finlande et


l’Islande ont également tenté d’unifier leurs droits, notamment, par la signature entre
1931 et 1943 de cinq conventions tendant à donner des solutions uniformes aux lois
relatives au mariage, à la tutelle, aux pensions alimentaires, la faillite et l’exécution
des jugements.

Le Benelux : les pays du Benelux : Belgique, Pays bas et Luxembourg ont


également entrepris un effort d’unification du droit international privé depuis 1950.

Union Européenne : Maastricht

Signé le 7 février 1992 par les représentants des douze États membres de la
Communauté européenne, le traité de Maastricht ou traité sur l'Union européenne
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Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

marque une nouvelle étape dans la création d'une union. Il est entré en vigueur après
ratification des Parlements nationaux. En vertu du nouveau traité, la Communauté
économique européenne cède officiellement la place à la Communauté européenne,
intégrée dans une nouvelle entité : l'Union européenne.

L’un des piliers du traité de Maastricht concerne la justice et les affaires intérieures :
les questions frontalières telles que la politique d'asile, l'immigration, les questions
criminelles transfrontalières comme le terrorisme, la toxicomanie, et la coopération
judiciaire en matière civile, pénale et dans le domaine douanier.

Convention du 19 juin 1980 sur la loi applicable aux obligations contractuelles.

Plus récemment, on a mesuré l’importance du droit communautaire en matière de droit


international privé en classant les textes qui en émane en trois grandes catégories :

1ère catégorie: les règlements contenant des règles de compétence directe ou des
règles de circulation des actes et décisions: le règlement Bruxelles I bis, le règlement
TEE du 21 avril 2004 et le règlement du 27 novembre 2003.

2ème catégorie: les règlements envisageant plus spécifiquement des règles de conflit
de lois: le règlement du 17 juin 2008 sur la loi applicable aux obligations contractuelles,
dit « règlement Rome I »,le règlement du 20 décembre 2010 sur la loi applicable au
divorce et à la séparation de corps

3ème catégorie: les règlements mêlant règles de compétence et règles de conflit de


lois: le règlement Obligations alimentaires du 18 décembre 2008, le règlement du 4
juillet 2012 sur la compétence, la loi applicable, la reconnaissance des décisions,
l’acceptation des actes authentiques et la création d’un certificat successoral.

On y ajoutera les deux règlements importants suivants : le règlement no 1259/2010


du 20 décembre 2010 mettant en œuvre une coopération renforcée dans le domaine
de la loi applicable au divorce et à la séparation de corps (Règlement dit « Rome III
») et le Règlement. (UE), n° 650/2012, 4 juill. 2012 relatif aux successions
internationales.

• Traités bilatéraux.

Ces traités lient deux États seulement. Ils sont plus aisés à conclure et à mettre en
œuvre car leur négociation est plus facile à mener. Ils permettent également de cerner
de plus près les nécessités juridiques des deux États, et de ce fait mieux équilibrer les
intérêts en présence. De même, la dénonciation de ces traités est plus facile que celle
des traités multilatéraux.

Cependant l’inconvénient majeur est la pluralité des règles juridiques. Le Maroc est lié
par plusieurs traités relatifs à la compétence judiciaire, à l’exécution des jugements
étrangers et aux sentences d’arbitrage.
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Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

Ce sont là des domaines dans lesquels les traités jouent un rôle capital en raison du
lien de ces matières avec la souveraineté. Ce qui nécessite leur réglementation sur le
plan international et cela à partir de négociations et d’accords.

Le Maroc a signé de nombreux traités en la matière depuis le protectorat. On peut


citer à cet égard : le traité Franco-marocain de 1957 relatif à la coopération judiciaire
et l’exécution des jugements révisé en 1965 et 1981, la convention Franco-marocaine
du 10 août 1981 relative aux statuts des personnes et de la famille et à la coopération
judiciaire .

3 - Le droit comparé

Les rédacteurs du dahir relatif à la condition civile des français et des étrangers au
Maroc, se sont largement inspirés du droit comparé lors de l’élaboration de ce texte.
La doctrine marocaine est unanime pour affirmer la subordination du droit international
privé marocain au droit conventionnel international antérieur à son élaboration .

Ainsi, par exemple, le contenu de l’art 10 du DCC sur la forme des actes fut emprunté
à l’art 11 de la loi d’introduction au code civil allemand. De même, l’art 19 sur
l’exécution des jugements sans révision au fond, sous condition de réciprocité, fut
inspiré de l’art 328 du code allemand de procédure civile.

L’art 17 sur le régime des biens est, semble-t-il, le fruit des articles 10 du code civil
espagnol et de l’art 77 Code civil italien. Enfin l’article 16 sur les obligations nées d’un
délit ou quasi-délit, est une reproduction de l’art 78 du projet de loi belge de 1887.

4 - La jurisprudence internationale

La jurisprudence internationale en DIP est assez faible par rapport à celle produite en
droit international public. Elle est l’œuvre de la cour internationale de justice de La
Haye fonctionnant sous l’égide des Nations Unies, connue sous le nom de cour
permanente de justice internationale (C.P.J.I) entre les deux grands conflits mondiaux.

Seules, cependant, quelques décisions rendues par cette juridiction internationale


concernent le DIP dont certaines sont devenues classiques.

a.- En matière de nationalité

On peut citer l’avis du 7 février 1923 relatif au conflit entre la France et l’Angleterre à
propos du décret 5 sur l’acquisition de la nationalité en Tunisie et au Maroc. La cour a
reconnu la suprématie de la loi française et affirmée qu’en matière de nationalité les
États ne sont tenus par aucune obligation autre que celles résultant des traités.

Dans l’Affaire Nottebohm relative à l’attribution de la nationalité par naturalisation, la


Cour internationale de justice a énoncé comme principe que les actes unilatéraux qu’un
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Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

État est en droit de prendre à cet effet ne sont opposables aux États tiers que s’ils sont
conformes à certains principes qui relèvent du DIP.

Nottebohm

(Liechtenstein c. Guatemala)

Dans cette affaire, le Liechtenstein demandait au Gouvernement du Guatemala


redressement et réparation pour des mesures contraires au droit international que ce
gouvernement aurait prises contre M. Friedrich Nottebohm, ressortissant du
Liechtenstein. Le Guatemala a soulevé une exception d'incompétence, mais la Cour l'a
rejetée dans son arrêt du 18 novembre 1953. Dans un deuxième arrêt, en date du 6
avril 1955, la Cour a déclaré irrecevable la demande du Liechtenstein pour des motifs
ayant trait à la nationalité de M. Nottebohm. Seul le lien de nationalité entre un Etat
et un individu donne à l'Etat le droit d'intenter une action internationale au nom de cet
individu. M. Nottebohm, à l'époque ressortissant allemand, s'était établi au Guatemala
en 1905 et avait continué à y résider. En octobre 1939, c'est-à-dire après le
déclenchement de la seconde guerre mondiale, pendant un voyage en Europe, il avait
obtenu la nationalité du Liechtenstein. En 1940, il était retourné au Guatemala et y
avait repris la direction de ses affaires jusqu'en 1943, date de son éloignement par
mesure de guerre. Sur le plan international, l'octroi de la nationalité ne peut entraîner
la reconnaissance par d'autres Etats que s'il coïncide avec l'existence de liens
authentiques entre l'individu et l'Etat qui lui accorde sa nationalité. La nationalité de
M. Nottebohm ne se fondait notamment sur aucun lien antérieur véritable avec le
Liechtenstein. Le but unique de sa naturalisation était de lui permettre d'obtenir le
statut juridique de ressortissant neutre en temps de guerre. Pour ces motifs, le
Liechtenstein n'avait pas qualité pour épouser sa cause et introduire en son nom une
action internationale contre le Guatemala.

b- En matière de condition des étrangers

L’arrêt n° 7 de la CPJI, du 25 mai 1926 relatif à l’expropriation rappelle le principe


international de la protection de la propriété privée.

c- En matière des conflits de lois.

Dans son arrêt du 12 juillet 1929, la CPJI déclare : « les règles de DIP peuvent être
commues à plusieurs États et même établies par des conventions internationales ou
des coutumes et dans ce dernier cas avoir le caractère d’un vrai droit international
régissant des rapports entre des États. Mais, à part cela, il y a lieu de considérer que
lesdites règles font partie du droit interne »

d- En matière de conflit de juridictions.


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Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

Dans son arrêt du 27 août 1952 La CIJ a eu notamment à se prononcer sur l’étendue
du privilège de juridiction capitulaire dont les Etats Unis prétendaient faire bénéficier
leurs ressortissants au Maroc et qui, du reste, leur était effectivement appliqué.

La cour de la Haye a précisé l’étendue de la compétence de la juridiction consulaire


américaine en décidant : - qu’en matière civile, la juridiction consulaire américaine
n’était plus compétente que pour connaître des procès entre nationaux ou protégés
américains. - Qu’en matière pénale, le consul des Etats Unis avait le droit d’assister
aux débats et au prononcé du jugement dans toute instance pour assassinat, meurtre
ou coups et blessures commis, soit par un ressortissant américain, sur un marocain,
soit par un marocain sur un américain.

5 - La doctrine internationale

Il est difficile d’apprécier une telle source et notamment en raison du fait que les
auteurs et penseurs du DIP sont des personnes physiques appartenant à une nation
d’une part et en même temps du fait de l’absence d’un organe ou organisme
international chargé de recherches en DIP comme c’est le cas, pour le droit
international public.

Relativement à cette discipline, en effet, une commission des Nations Unies est
chargée de codifier et enrichir la matière, et un institut de droit international existe et
regroupe les meilleurs spécialistes dans ce domaine.

Cela étant, la doctrine internationale a joué, néanmoins, un rôle indéniable dans


l’évolution du DIP. Depuis longtemps, les opinions et thèses de différents auteurs ont
franchi les frontières de leurs États. Aujourd’hui, les obstacles qui pouvaient gêner les
débats doctrinaux sont levés grâce aux sessions organisées chaque été par l’Académie
du DIP à la Haye et qui réunissent les spécialistes d’origine diverse en droit
international privé.

Ce qui est tout à fait instructif et bénéfique pour les législateurs et les juges.

En définitive on peut citer comme courants doctrinaux internationaux dans un ordre


chronologique :

L’école italienne ancienne ou les Post- glossateurs : (Bartole 1314 - 1357) (Balde
1327 - 1400) : cette école a élaboré le processus du conflit de lois comme moyen de
réglementation des relations internationales et des principales règles de rattachement.

La doctrine française du XVI°s: Ch. Dumoulin (1500-1566) et B. D’Argentré


(1519-1590) : le premier a en mis en exergue le régime des qualifications à propos du
régime matrimonial et dégagea la notion de coutume du premier domicile matrimonial.
Le second, ardent défenseur du particularisme, développa le dogme du territorialisme
et érigea en principe absolu la négation des conflits de lois.
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Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

La doctrine hollandaise de la courtoisie XVII° s : Paul et jean Voet. C’est la


notion de comitas ou l’idée de courtoisie internationale qui permet au juge dans
l’application de sa règle de conflit, de faire place à la coutume étrangère, le législateur
local n’a aucune obligation juridique d’admettre la loi étrangère, s’il le fait c’est au nom
d’un principe de courtoisie internationale.

La doctrine historique allemande ou le principe de la communauté de droit :


Savigny (1779). Selon cette doctrine, il faut rechercher quels sont, dans les législations
internes, les principes généraux communs, afin de tenter de les ériger en principes
internationaux.

L’école italienne nouvelle et le principe des nationalités : Mancini 1817 – 1888.


Dans la vie internationale, considèrent cet auteur et ses partisans, les individus doivent
être régis en tous lieux par leur loi nationale.

Cela rappelle curieusement la situation du musulman qui doit rester soumis, tout au
moins en ce qui concerne son statut personnel et là ou il se trouve, aux règles du droit
islamique.

La doctrine française du particularisme et territorialisme : Vareilles – sommières.


Chaque État est indépendant et est libre de faire ce qu’il lui plaît, d’ou l’importance de
la lex fori et de lex rei sitae.

Dans la même tendance doctrinale, Bartin affirme que le DIP est une projection du
droit civil interne sur le plan international et Niboyet considère que « l’objet de la règle
française de conflit de lois doit être la défense des intérêts français : aucun droit
international prive solide ne peut être envisagé sans partir de cette base réaliste qu’est
le territoire » .

La tendance doctrinale française contemporaine : Henri Batiffol, principal


représentant de cette école, appelle à la conciliation des ensembles législatifs et l’esprit
international et à la coordination des différents systèmes juridiques.

6 - La coutume internationale

La coutume, pour qu’elle constitue une source du droit, en général, suppose l’existence
de deux éléments : un élément matériel, c’est à dire des faits et comportements qui
se répètent sur un laps de temps plus ou moins long et un élément psychologique,
c’est à dire la croyance d’un groupe d’individus en son caractère obligatoire.

Or, cela est-il possible en DIP ?

Les principes de droit naturel international qui ont été dégagés en ces matières sont
généralement conçus de façon différente dans chaque État de sorte qu’ils n’ont pas
été réglementés et sanctionnés par une coutume internationale.
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Introduction au Droit International Privé 2021 A. OUNNIR

Même lorsque certains de ces principes sont communs à plusieurs États, il apparaît
que, faute d’une conscience universelle de leur nécessité, ils ne fondent en fait qu’un
droit positif de caractère interne, qui n’a d’autorité qu’au regard de cet État.

En définitive, même lorsqu’ils adoptent des règles identiques, l’absence de sentiment


d’obligation internationale empêche l’existence d’une coutume internationale
proprement dite. Ainsi par exemple en ce qui concerne les conflits de lois en matière
de statut personnel.

Les États de l’Europe continentale à tendance latine soumettent le statut personnel à


la loi nationale alors que dans les pays anglo-saxons, il est soumis à la loi du domicile.

Néanmoins, certains principes, font cependant l’unanimité et sont respectés par tous
les États : le droit des biens immeubles est gouverné par le principe de la lex rei sitae
: loi du lieu de la situation du bien. La procédure relève de la lex fori ( loi du juge) et
les actes ou les faits juridiques sont soumis a la loi du lieu de l’acte (lex loci actus).

S’agissant des conflits de juridictions, la coutume internationale établit la règle de la


compétence du tribunal du domicile du défendeur et reconnaît l’immunité judiciaire et
exécutive aux diplomates étrangers etc.

Relativement à la condition des étrangers, la coutume donne également naissance à


quelques principes généreux tels que le traitement humain minimum, l’interdiction des
discriminations et l’indemnisation en cas de nationalisation ou d’expropriation.

Enfin, la nationalité demeure, en raison de sa sensibilité, un domaine exclu du champ


de la coutume et réglementée par des textes juridiques internes.

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