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LIMINAIRE OU INTRODUCTION

Dans cette partie liminaire ou introductive, nous allons, pour appréhender ce cours de D.I.P,
décrypter les concepts du DIP, déterminer son objet, c'est-à-dire préciser son contenu et la
technique de son étude.

I. OBJET DU DROIT INTERNATIONAL1

Le concept Droit International Public peut être abordé sous plusieurs primes : historique,
politique et juridique. Sous le prisme histo rique, le Droit International Public synonyme de
droit des gens est une science descriptive et chronologique de révolution des rapports
internationaux.

Sous le prisme politique, le Droit International Public amène son interprète à formuler des
jugements de valeur, à envisager le droit des gens comme le produit d'un milieu social
donne, comme la résultante des besoins d'un milieu social donne, comme la résultante des
besoins, des aspirations et des croyances d'une société et d'une époque déterminée.

Enfin, sous le prisme juridique, le Droit des gens est conçu comme l'ensemble des règles
applicables à la communauté ou à la société internationale, c'est-à-dire le Droit International
positif ; celui qui est effectivement suivi et appliqué par les Etats et les tribunaux
internationaux.

Dans ce sens, on peut imaginer plusieurs conceptions du Droit International Public. D'abord,
la conception nationale : ici l’interprète du Droit International Public se limitera à exposer la
pratique suivi en fait par un Etat donne dans ses relations internationales (par ex : p ratique
française, anglaise, russe, américaine, etc.), c'est-à-dire le prolongement du droit interne sur
l'extérieur.

Ensuite, la conception du droit intermédiaire : elle provient de la reconnaissance des règles


de droit par les Etats en l'absence d'un législateur commun. La reconnaissance d'une règle
juridique par deux Etats intéressés sur une même question, suffit à démontrer l'existence de
cette règle.

Enfin, la conception la plus simple et la plus courante, c'est la conception universelle du


Droit International Public d'après laquelle il n'existe qu'un seul droit international dans son
principe comme dans son contenu, sous réserve de l'existence d'un droit international
particulier résultant des conventions dérogatoires au droit général.

Par ailleurs, la conception du Droit International Public est tributaire des plusieurs facteurs
qui ont contribué à son développement.

Premièrement, le facteur historique en raison de l'ancienneté relative de ce droit. Son


apparition coïncide avec l'apparition des Etats indépendants qui se sont émancipés ou
soustraits de la tutelle des Empereurs ou Rois et de la papauté vers la fin du XVIème siècle. Le
Droit Romain a historiquement influencé la constitution du droit des gens au niveau des
concepts et des procédés techniques a l'instar du droit prive (cas des pleins pouvoirs dans le
mandat d'élaboration des traités comme les contrats de droit privé, stipulation pour autrui,
succession d'Etats à l'instar de la succession de droit privé, théorie de la responsabilité
internationale fondée sur la faute...).

Deuxièmement, le facteur géographique : plusieurs théories présentées par les géographes


contemporains ont exercé une influence évidente sur le développement de certaines
institutions du droit international.

1
Charles Rousseau, Droit international public, Tome I, Introduction et sources, Ed. Sirey, 1970.
2

Par exemple terrestre ou maritime, la frontière est le lien de contact avec l'extérieur,
l'étendue de la mer territoriale, la théorie du plateau continental qui provient du socle sous-
main qui prolonge le littoral, etc.

Troisièmement, le facteur politique : le droit des gens a toujours été contrarié dans son
développement par la combinaison du politique avec le juridique. II est le résultat de
l'altération et de l'érosion des principes du droit par des considérations d'intérêt et
d'opportunité 2. Ceci pose le problème de la distinction du droit international et de la science
des relations internationales.

L'un des critères de ligne de partage réside dans le caractère nécessairement utilitaire de
l'étude des relations internationales et dans l'esprit de recherche désintéressée du droit des
gens.

Le j uriste du droit international ne doit pas ignor er l'aspect politique des rapports
internationaux, mais il doit les situer à sa juste place.

Donc, l'étude du droit fait souvent appel à la méthode des sciences politiques et sociales.

Enfin, le facteur technique, les ingénieurs avec les inventions ont influencé le droit et surtout
les progrès. Ce sont des faits physiques, biologiques, psychologiques qui servent de base aux
constructions juridiques. Les constructions des juristes modernes ne peuvent rester
indifférentes aux étonnants progrès accomplis dans la connaissance des faits. Ex. : dans le
domaine spatial, maritime, extra-atmosphérique, interplanétaire, etc.

II. METHODE EN DROIT INTERNATIONAL PUBLIC

II s'agit d'un droit qui suppose la rigueur dans le vocabulaire et d ans la méthode. L’on ferra de
temps en temps appel aux termes qui ont trait à la science politique pour expliquer le droit
international. Qu'à cela ne tienne, l’on ne fera pas la science politique une discipline juridique.

Nous disons que la méthode en l'espèce, consiste à rechercher le contenu, la portée,


l'étendue d'une règle. Telles sont les préoccupations constantes que nous devons avoir dans
l'étude du droit international. Ce sont là les réflexes d'un juriste.

2
Charles Rousseau, op. cit., p. 18.
3

Ière PARTIE : ORDRE JURIDIQUE INTERNATIONAL

TITRE I : GENESE ET EVOLUTION DU DROIT INTERNATIONAL

CHAPITRE I : DEFINITION ET CARACTERISTIQUES DU DROIT INTERNATIONAL

Section 1 : Définition

De la civilisation d'où nous vient l'idée du droit, notamment la civilisation romaine, la notion
de droit a d'abord été civile "jus civile".

A l a naissance, J US GENT IUM, droi t des gens, ét ait considéré comme l e dr oit des
communautés à l’identité particulière et les rapports qui naissaient entre ces différentes
communautés portaient alors le nom de Droit des Gens.

Le terme droit international apparu vers le XVIIème Siècle chez les Anglo-Saxons, signifiait le
droit qui régit les rapports entre les Etats.

On a cru que la notion ou le vocable "Droit des Gens" allait disparaitre.

Le Professeur Georges Scelle, estime que l e terme Gens n'est pas à prendre de son sens
romain, c'est-à-dire comme une communauté allogène, mais dans son sens plus commun,
savoir individu.

Selon la conception de Georges Scelle, les sujets de droit international ne sont pas
s e u l e me n t l e s E t at s ma i s a u ss i l es i n di vi d u s , q u’ i l s 'a gi s s e d e s r a p po r t s d 'u n e
mê me communauté ou des communautés différentes. Le droit international fait penser
aux rapports interétatiques, au-delà des frontières.

Dans son sens original, le droit international a évolué ; il ne régit plus le seul sujet qu'est l'Etat.
Les organisations internationales sont aujourd'hui, en tant qu'organisations des individus,
sujets de droit international par rapport aux Etats. II y a donc actuellement, deux sujets de
droit international : Etats et Organisations internationales. Dès lors, le terme interétatique
cède le pas au droit international principalement.

Certains auteurs estiment que les individus, groupes d'individus, des groupes plus
importants concernent le droit international. L'individu ou les individus sont aujourd'hui
titulaires d'un certain nombre des droits attribués et reconnus par le droit international.

La société internationale malgré tout, demeure fondamentalement celle des Etats, et se


préoccupe du rôle que jouent les Etats dans la scène juridique internationale.

La société internationale est principalement interétatique. Elle voit apparaitre deux types
des rapports :

1. Les rapports entre Etats, (fondes sur les intérêts des Etats) ;

2. Les rapports entre individus ou groupes d'individus appartenant à des communautés


différentes, qui ne peuvent être régis que par le droit interne. C'est ainsi qu'est
apparu le droit international privé.

Le droit international prive a pour objet de régler les rapports des sujets internationaux par
les rapports de droit interne. Lorsque les individus des Etats différents entretiennent des
rapports, il est mal aise d'imaginer que leurs rapports soient conflictuels. Et lorsque les
conflits surviennent, c'est là qu'intervient le droit international pour permettre la résolution
des conflits nés entre individus des communautés différentes.
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Exemples :

1. Mariage entre deux personnes de nationalité différentes. En cas de conflit, de divorce


par exemple, quelle sera la loi applicable ? Faut -il appliquer la loi du tribunal
compétent ou le tribunal de l'Etat de séjour ?
2. Un camerounais vivant au Congo et ayant ses biens sur ce territoire. En cas de décès, on
se demande comment peut-on assurer la succession ? Est-ce le tribunal congolais ou
camerounais qui sera compétent pour statuer sur ce litige?

D'autres auteurs pensent qu'on ne peut limiter le droit international aux seuls rapports
public, privé, matière de souveraineté, etc. le tout peut être ramassé dans un autre terme "le
droit international (voir Gessip) : un ensemble des rapports qui se tissent dans la
communauté internationale soit entre individus, soit entre Etats".

Qu'à cela ne tienne, l’on appelle droit des gens, l a branche du droit, spécialement du droit
public, qui régit la société internationale ou les rapports de la société internationale. Le droit
international va donc refléter la réalité des rapports sociaux dans la société internationale
un moment donne.

Ici, nous sommes dans une société fondamentalement interétatique ; le droit international,
quelles que soit les modifications, les extensions, de meure principalement un droit
interétatique.

La composition de la société internationale est la suivante :

 Etats (ici les Etats sont inégaux eu égard au poids social, politique, économique, militaire,
etc.) ;

 Or gani sat i ons i nt er nati onal es ;

 G r o u p e me n t s pr i vé s ; e t c .

Ceci est une démonstration que la société internationale est une société hétérogène, peu
cohérente par la différence entre les Etats, les Organisations internationales et les
groupements.

P a r t a n t , d oi t -o n a l o r s p a r l e r d e l a s o ci ét é i n t e r n at i o n al e o u d e l a c o mmu n a u t é
internationale ? Les deux expressions sont utilisées indifféremment. La communauté
internationale fait penser à un degré d'intégration plus profonde que doi t atteindre la
société. (Voir GEME1NSHAFT, GESUESCHAFT).

Certains estiment que la société internationale est en voi e d'acquérir une conscience
communautaire plus profonde et qui a dépassé le niveau de la société. Il n'y a pas de
communauté à la base d'une société. Cependant, dans une communauté, il y a le vouloir vivre
collectif.

Pour ces auteurs donc, la communauté internationale peut être considérée comme une
entité juridique.

Dans la société il n'y a pas à la base la volonté de vouloir vivre comme une nation. Cette
société est politisée à outrance dans la mesure où chaque membre intervient en faveur de ses
intérêts. La société internationale est fondamentalement politique. Le droit lui-même en général,
ne peut pas ignorer le fait politique à telle enseigne qu'il détermine sa conduite. Le droit est
donc ponctue, aussi bien dans sa formation comme dans ses applications, par des faits
politiques. II y a malgré tout, l'existence d'un droit qui régente les faits qui apparaissent dans la
société. Pour revenir au droit international, c'est depuis des lustres que les gens contestent
5

cette appellation au profit du droit des gens.

Dans l'antiquité, l'on parlait du droit domestique qui régissait les citoyens, les personnes ou les
habitants d'un Etat. Mais avec le temps, ces citoyens sont entrés en contact avec d'autres qu'on appelait
les barbares. D’où l'impératif appel à un nouveau droit, droit des gens ou des nations.

Le terme nation signifie qu'on est assimile à un Etat, donc l orsqu'on parle des nations, on
vise les Etats, d’où la notion du droit des gens devait disparaitre au bénéfice du droit des
Etats.

Certains auteurs contestent le terme "gens", arguant qu'il ne peut être compris que comme les
latins le donnaient. Il doit être compris dans le sens de l'individu, qu'il s'agisse des rapports
entre citoyens d'un même Etat ou avec des citoyens d'autres Etats, on a affaire à des gens. En
d'autres termes, il s'agit des Etats ou des rapports interétatiques. On peut donc conclure cette
section en disant que le droit international public est constitué par l'ensemble des règles de
droit qui s'appliquent aux sujets de la société internationale c o m m e n o r m a l e m e n t a u x
E t a t s e t a u x o r g a n i s a t i o n s i n t e r n a t i o n a l e s e t exceptionnellement aux individus.

C'est donc l'ensemble de normes juridiques qui règlent les relations internationales, c'est-adire
des normes prescriptives, prohibitives ou permissives. Cet ordre normatif est facteur
d'organisation sociale qui exerce une double mission, savoir d'une part, réduire l'anarchie
dans les relations internationales et assurer la coexistence entre les Etats et d'autre part,
satisfaire les intérêts commun (voir CPJI dans l'affaire du Lotus, en 1927, cite par David
Ruzié, Droit international Public, 12eme Edition, Dalloz, 1996).

Section 2. Evolution de la terminologie et de la société internationale

La naissance des Etats entre les 16 eme et 17erne Siècle a permis le développement d'un droit
international public. C'est à partir d'un droit naturel qu'on va s'inspirer pour créer un droit
international. Le droit n'est plus à proprement parler un droit naturel. (Cfr Grotius-Hergo de
GROT, Justice hollandaise, de 1583 à 1645 dans son ouvrage écrit en 1625, intitule "De Jure
belli ac pacis ou droit de la guerre et de la paix").

Partant de l'idée du droit naturel, l'on extrait ce qui est théologique, l'on laïcise ce qui est
droit naturel et du système divin, alors nait un droit rationnel qui contient des normes qui
appartiennent à un ordre juridique. C'est ainsi que les Etats essayent pratiquement
d'adopter des règles, pactes, traites ou alliances pour résoudre certains problèmes.

Les Etats étant variés dans leur constitution, chaque Etat ayant des intérêts propres, il y a
présence des contradictions et avec les contradict ions surgissent des conflits. Il faut des
règles pour gérer ces conflits en prenant soin de ne pas laisser d'autres Etats se développer au
grand dam des autres. Il faut dès lors penser sauvegarder l’équilibre ainsi obtenu. (Cfr. Traite
de WESTPHALIE (du 14 au 24 oct. 1640) : ce traite pose des rèles qui fixent certains principes
qui sont à la base du Droit international des Etats. Ex. Egalite des Etats : par ce traité tous
les Etats sont devenus égaux.

Le cours de droit international est largement con stitue des aspects du droit de la guerre et
cela pour deux raisons :

1. Légitimité de la guerre : en effet, sous l'influence des idées chrétiennes, il a été admis de ne
pas reconnaître cette légitimité n'importe comment. Par conséquent, ne seront
considérées comme guerres justes toutes celles qui défendent la cause juste ;
2. D éf e nse des dr oi t s f ond a men t aux des Et at s d ont l e dr oi t à l 'e xi st enc e, l a
souveraineté des Etats qui doivent être respectés. C'est ainsi que le droit humanitaire va
développer la théorie de rendre la guerre humaine.
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Après la Révolution française, alors que l'idée du droit naturel disparaissait pour donner
naissance au positivisme, les Etats vont se préoccuper des problèmes modernes plutôt que
des interrogations morales. Ils vont focaliser leur attention sur l’équilibre général et la paix.
C'est la pacification des relations internationales. L'on peut donc dire que le Droit
international est un droit européen et son dada était de régir les rapports entre les Etats
européens.

Avec la Renaissance et le développement de la technologie, les Européens vont aller plus


loin : ils iront à la découverte et la conquête d'autres continents et des différentes parties
d'Afrique. Ces découvertes sont les résultats des recherches scientifiques que les souverains
vont confisquer pour en faire des extensi ons hégémoniques. En Amérique, par exemple, on
va assister à un dépeuplement du continent européen vers d'autres terres.

Le système de D.I va d'abord concerner l'Amérique où il va s'installer rapidement. Ces


colonies vont s'organiser comme des métropoles. Comme c'était le peuplement des
colonies, celles-ci vont assez vite s'émanciper et se développer. Elles vont adopter le droit
international européen parce que la population avait les mêmes origines, la même culture, la
même nature sociale, etc.

Essentiellement d'origine européenne, voilà qui facilite ('extension du droit international.


Dans d'autres parties du monde, Afrique et Asie, le droit international va s'étendre aussi non
comme un droit intériorisé naturellement, mais comme un droit imposé par les puissances
coloniales.

En effet, tout ce qui est de leur gestion interne dépendait de la puissance coloniale et, par
conséquent , ne participait pas au commerce juridique international. Colonisation de
peuplement en Amérique et clause coloniale ailleurs, c'est par ces deux mécanismes que le
droit international atteindra d'autres continents. II n'y a eu d'autres voies de révolution du
droit international par rapport à la société internationale.

Apres la 1 ère guerre mondiale, apparait la conception de l'Etat socialiste, ces Etats refusent de
participer à cette vision des choses. Ils quittent le champ de la société capitaliste pour avoir
leur propre formation socialiste. L'Etat socialiste va commencer à remettre en cause certaines
nor mes qui étai ent encore de mise j usque -l à, en acceptant que l e dr oit international est
nécessaire et qu'effectivement il existait entre les Etats, ils sont d'avis que ces règles ont été
édictées pour maintenir la suprématie des E.U sur le monde. Si ces règles sont issues d'une
même nature sociale, il n'est pas concevable qu'elles soient partout uniformes.

Section 3. Rapports entre droit international et droit interne

Le droit international est essentiellement un droit de coexistence. Les règles n'étant pas
uniformes d'un Etat à un autre, ainsi pour favoriser la paix dans leurs relations, les Etats vont
assurer la coexistence de leurs normes.

Avec la décolonisation, le droit international va être remis en question. C'est l’amorce du


mouvement des contestations né des Etats nouveaux qui remettent en cause les règles du
droit international qui leur ont été imposés. C'est pour dire que le droit international n'est
pas figé, mais évolutif. Même si le droit international ne change pas, son application évolue,
elle est dynamique et on assiste au mouvement de recentrage.

La société internationale n'est pas un état de nature, elle n'est pas une société asociale. Elle
n'est pas un ordre juridique équivalent à l'ordre juridique interne, ne serait -ce qu'au niveau
des rapports. L'objet de ces deux ordres est différent. Aussi, le droit né dans une telle société
ne peut-il être qu'un droit de coordination. Il se contente d'h armoniser les activités
étatiques. Il ne s'agit pas d'une communauté dans laquelle les intérêts ont été fusionnés.

En droit international, les sanctions ne sont pas les mêmes qu'en droit interne, telle la
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contrainte physique ou matérielle. Mais il ne faut pas nier l'existence de la société


internationale, ni celle du droit international, parce qu'il y a absence des sanctions pénales.
La société internationale comprend des règles, l'autorité qui les édicte, la présence d'un
juge.

La sanction juridique internationale est la mise en responsabilité des Etats. La responsabilité


des Etats elle-même sanctionnée par des obligations.

Il existe deux ordres juridiques :

 Interne ;

 International.

L'on se pose la question de savoir si entre eux, il existe un problème de s ubordination qui
ferait que l'un soit soumis à l'autre, étant donné que les deux coexistent ? Du point de vue
d'élaboration, l'ordre juridique interne diffère de l'ordre juridique international.

Cette question se pose en termes de doctrine où deux écoles s 'affrontent :

L'une estime que le droit ne peut être qu'un droit (dont) certains de ses normes sont
appelées à régir les rapports internationaux et d'autres, les rapports nationaux appelés à régir
soit les Etats, soit les individus entre eux ;

Pour l'autre, il existe deux droits distincts, le droit interne et le droit international régissant les
rapports différents.

Donc, l'on peut résumer ces trois sections en quatre périodes :

1 ere l'Antiquité : - prédominance du droit romain sur les barbares grâce au droit civil ;

- ensuite le droit barbare qui vient s'imposer au droit civil.

2 eme Moyen âge : - l'idée de l'institution du droit se dilue. Les rapports sont ceux de vassalité, de
féodalité et des rapports interpersonnels donc, non institutionnels qui ne permettent pas
d'évoquer un droit international ;

- le monde médiéval soumis à une seule autorité, la papauté (le pape contre le pouvoir
temporel du Roi) ;

- avec la séparation de ces deux mondes, les chefs temporels vont profiter de
l'émergence de ceux qui ne se réclament pas du médiéval ;

- l'Empereur jouit de l'autonomie vis-à-vis du Pape : tout le monde veut à cette époque
s'émanciper du Pape. Il en est ainsi de certains théologiens français, anglicans, etc.

3eme Renaissance : ici se pose l'idée de la naissance d'un corps des règles qui devait régir les
membres de la société internationale de toutes les souverainetés.

4 ème période du droit des gens : deux sens sont mis sur la sellette ; il s'agit d'une part, du sens
classique, et d'autre part, du sens du droit des individus appartenant à différentes
communautés.

Ceci nous amène aux caractères de la société internationale :

 elle est caractérisée par l'hétérogénéité (intérêt, facteur violence, politique) ;


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 elle est caractérisée aussi par la différence des rapports entre le droit interne et le
droit international quant aux individus ;

 elle a pour fonction essentielle de résoudre les questions au niveau international.

Section 4 : Caractères modernes ou actuels et division du Droit International

§1. Caractères du droit international

Les caractères du droit international font penser aux règles de ce droit.

Ces règles sont d'abord obligatoires, c'est -à-dire se distinguent de la courtoisie


internationale et de la morale internationale et des principes de Droit naturel.

 La courtoisie internationale suppose des usages de simple convenance et de


commodité ;
 alors que la morale internationale et les principes du droit naturel supposent des
règles idéales.

Celles-ci sont dénuées de caractère obligatoire.

Quant au droit international, ses règles étant obligatoires, elles font de lui un droit judiciaire
qui est appliquée par des organes juridiques qui sont la Cour internationale de Justice et les
autres juridictions militaires et actuellement la CPI. Les règles du droit international font de
lui aussi un droit politique appliqué par des organes d'orga nisations internationales de façon
souple. Exemple : Assemblée Générale des Nations Unies.

Ces règles sont ensuite fragmentaires au regard du domaine d'application et des conditions
d'élaboration :

- domaine d'application : elles ont régi les rapports diplomatiques, commerciaux, de guerre
et désormais elles régissent tous les domaines ;

- conditions d'élaboration : elles constituent l'expression de la souveraineté des Etats, c'est-à-


dire des règles conventionnelles et coutumières.

Ces règles sont en outre caractérisées par le principe du consensualisme étatique. Il faut
l'accord d'un Etat pour recourir à un juge international.

Enfin, ces règles sont caractérisées par l'absence des sanctions sociales organisées, car il n'y a
pas d'exécutif international.

D’où, en définitive, l'étiquette de doute collée au droit international : doute pragmatique qui
n'hésite pas à recourir à la force pour régler un différend et doute politique eu égard aux
relations entre les sujets de droit international quel que soit l'objet. L ’on essaye de passer
d'un droit diplomatique à un droit communautaire et d'un droit de coordination à un droit de
finalité grâce au communisme, à la décolonisation (voir Raymond ARON dans la paix et
guerre entre nations, Calman Levy 1962 ; l'Américain M.S MC Dougal dans son cours de
l'Académie de Droit international de la Haye , 1935, Bedjaoui, introduction à son droit
international, Bilan et perspectives, Pédone, 1991).

§2. Division du droit international

Cette division revêt trois aspects ou trois matières :

 traditionnelle : en ce sens que le Droit International P ublic porte sur le domaine de la


paix, de la guerre et de communications ;
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 géographique : on par le de Droit International Américain ; Droit international


Européen, droit International Africain ;

 o r i ent at i o n no u vel l e : D r oi t i nt er n at i on al Ec on o mi qu e, Dr oi t i n t er nat i o nal d u


développement notamment la lutte contre le sous-développement, la remise en
cause du Droit socialiste et le Droit islamique, etc.
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CHAPITRE II. FONDEMENT ET CARACTERE OBLIGATOIRE DU DROIT


INTERNATIONAL

Quel est l 'él é ment qui f ai t que l e dr oit i nt er nati onal pui sse s'i mposer aux ent i t és
indépendantes qui détiennent la souveraineté, la puissance de commander et de n'être
commandé par personne.

Des philosophes, historiens et juristes se sont lancés dans la recherche du caractère


obligatoire du droit international par des théories influentes. Par ailleurs, comment les Etats
entendent-ils effectivement se soumettre au droit international ?

Plusieurs écoles s'affrontent. Ces courants peuvent être regroupés en deux catégories:

1. celle qui fait appel au droit lui-même, à la souveraineté de l'Etat pour expliquer son
caractère obligatoire ;
2. celle qui cherche à situer le fondement du droit et son caractère obligatoire en
dehors des Etats et leur volonté.

De ces théories découlent des éléments qui constituent un faisceau d'explications du


fondement et du caractère obligatoire de ce droit.

Section 1. Ecoles des volontaristes

II s'agit de ceux qui cherchent le fondement et le caractère obligatoire dans la formation du


droit. La société internationale est une société interétatique, le droit régit donc les rapports
interétatiques. Des lors, il ne s'est jamais situé au-dessus des Etats, il n'a pas existé d'entité
pour élaborer le droit, pas de gouvernement mondial.

En l'absence de l'existence de cette entité mondiale supérieure à toute autre, l’on ne peut
déduire que de la volonté des Etats, c'est-à-dire du contour de volontés des Etats. Trois
courants apparaissent pour expliquer cette conception.

A) Il n'y a que la volonté de l'Etat qui compte (Cfr. théorie de l'autonomie de la volonté).
Jelinek estime, en effet, que les Etats étant souverains, jouissent de
l'autodétermination, c'est-à-dire peuvent s'organiser, s'autodéterminer, limitant ai nsi
l eur souver ai net é . Cett e aut odét er mi nat i on compor t e l a f acul t é de se soumettre à une
volonté obligatoire.

L’on peut reprocher à cette théorie l'idée que ce que les Etats n'interdisent pas leur est
permis. C'est-à-dire ce qui est illicite aujourd'hui pe ut devenir licite demain par voi e de
traité. Ce caractère obligatoire et fondamental peut trouver sa raison d' être dans la morale ou
l'éthique.

L'expression de volonté n'est pas liée 5 la circonstance quelconque : on ne juge pas la


vo l o n t é d 'u n e n o r me j u r i d i q u e p ar r a p p o r t à l a mo r a l e o u à l 'é t h i qu e , ni p a r l e s
circonstances. Il existe des secteurs propres au droit international.

B) Une autre théorie, c'est celle de Triepel : cette théorie fait appel à une autre
explication, le "Vereinbarung". Ici, la volonté commune n'est pas à confondre avec la volonté
concordante qui est individuelle, unilatérale. Chacun donne ses avis qui n'auront pas le
même objet pour les autres. Rappelez-vous la notion de la personne morale.

L'Etat n'est pas la somme de taus les membres qui le composent, mais secrète la volonté
commune qui veut l'existence de telle règle qui peut être à l'origine des normes obligatoires
pour la société. C'est plutôt la commune volonté des Etats qui secrète la norme commune
qui va fonder l'existence d'un droit international et par là son caractère obligatoire.
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C) Une troisième théorie, celle qui fait appel à une commune norme supérieure
développée essentiellement par ANZILLOTI, estime qu'il existe une norme supérieure acceptée
lorsque les Etats sont liés par leur propre volonté. Elle est acceptée comme étant
supérieure et cette norme n'est pas posée mais elle est "pacta sunt servanda" (les pactes ou
traités doivent être respectes). Les Etats doivent respecter leur volonté une fois qu'ils l'ont
exprimé et telle qu'ils l'ont créée. Cette règle ne trouve pas son origine en droit pose mais
ailleurs.

Hans Kelsen, qui est à la tête d'une école du droit, a été suivi par beaucoup des penseurs
vi ennoi s. Il a f ondé un genr e de vol ontar isme un peu ambi valent qui débouché sur
l'objectivisme. C'est le normativisme qui ne considère le droit qu'en lui-même, ne cherche le
fondement du droit qu'en lui-même. Il ne cherche pas le droit en dehors du droit.

SEIN SONN : c'est-à-dire que le droit ne s'apprécie qu'en lui-même et par lui-même. Le
"Pacta sunt servanda" du droit nature. En cherchant le fondement du droit par le droit lui-
même, Kelsen a abouti à l'existence d'une norme hypothétique. Kelsen estime que le droit
des traites est fonde par les coutumes. Tout le droit conventionnel repose sur le droit
coutumier qui est lui-même non écrit. Le normativisme qu'il fonde ne fait pas relever le droit coutumier
au rang d'une norme écrite.

Section 2. Ecole des objectivistes ou objectivisme (Cfr. ARISTOTE)

L'homme est un animal social qui ne peut vivre en dehors de la société et dès que la société
est née, il fait appel à des normes sociales. Les membres de la société doivent respecter le
droit qui relève de la nécessité sociale. C'est ce qui a fait la nécessité du respect de la norme
sociale.

A) Duguit pense que le droit en particulier relève de la nécessité sociale, c'est-à-dire par son
existence même, la société secrète des normes qui sont nécessaires pour sa survie. La
société qui a créé ces normes, est obligée de réagir à chaque fois que ces normes sont
violées. La société va s'organiser à faire naitre une autorité qui prendra en charge la
sanction. Celle-ci fait ressentir l'autorité.
B) Georges Scelle souligne en parlant du droit international, qu'il ne s'agit pas d'une
nécessité sociale mais bien plus d'une nécessité biologique liée à l 'instinct de
conservation de la société. Au plan interne ou international, c'est la société qui
secrète des règles.

D'après cette théorie, la société secrète un droit objectif, qui fait naitre la volonté des Etats et
qui s'impose à eux sans qu'il n'y ai t manifestation de la volonté. Le volontarisme
débouche sur la réalité du droit international parce que lié, à l'origine, à la volonté des Etats
qui ne se soumettent qu'aux Etats qui ont manifesté leur volonté.

Elle est objective parce que la société l'a voulu dans ce sens-là. Elle a une portée erga omnes. Cette
théorie objective ne nous permet pas d'expliquer pourquoi les traites ne lient que les parties.
Cette doctrine a ainsi invente la notion de traite-loi qui s'impose a taus.

Section 3. Ecole du droit naturel ou "jusnaturalisme"

Cette école se fonde sur l'inspiration du droit positif par un droit divin (naturel car celui -ci
renferme des valeurs morales divines). Ici, il respecte le droit naturel qui renvoie au droit
positif. II y a un droit naturel positif. Cette conception abandonne la conception divine pour
débaucher sur la théorie positive. Elle fait appel à un certain nombre des valeurs morales.

Le droit positif doit s'inspirer de ce droit, c'est-à-dire c'est le droit naturel qui fonde le droit
positif et celui -ci doit être respecte parce qu'il est conforme au droit nature! ; par
conséquent, il a un caractère obligatoire.
12

Ces théories ne font pas appel à la volonté des Etats. Si elles peuvent permettre de donner
naissance à l'idée de droit, elles ne permettent pas, cependant, d'expliquer pourquoi la
nome juridique a une force obligatoire. Toutes ces théories expliquent la naissance du droit
international mais ne permettent pas d'expliquer pourquoi la norme doit s'imposer et de
son caractère obligatoire.

Le droit international est un droit contradictoire. Le droit international a une fonction


i déol ogi que qui est celle de ré soudre les contr adi cti ons ; pour ce f air e, l e s Etat s
reconnaissent la légitimité d'une norme internationale dont ils sont les auteurs et que rien
n'expliquerait. Simplement, c'est un ensemble de valeurs qui constituent une consci ence
renouvelée de la communauté internationale. Voir Richard Zouch, anglais qui a écrit : "Jus
inter gentes" (droit entre nations) ; Bentham, 1780: "International law"; Wolf, "Jus
gentium" (droit des gens) dédie a son empereur ; Pufendorf, allemand, de 1663 à 1694, a
publié en 1668: De jure naturae gentium (droit de la nature et des gens).

Beaucoup d'auteurs conviennent d'une incise fondamentale : ce qu'on ne peut retenir les
valeurs morales internationales que dans la mesure de leur incorporation au droit positif.
Telle est {Incorporation des principes ci-après :

 le principe de bonne foi ;


 le principe de justice dans le règlement des différends ;
 les principes humanitaires reconnus par la jurisprudence Internationale (CIJ, détroit de
Corfou, Rec. 1949, etc.) ;
 le droit naturel de légitime défense ;
 La reconnaissance par la convention de Vienne de 1969 sur le droit des traites du jus
cogens, c'est-à-dire le droit réfléchi, qui contient les normes directement rattachées à la
morale, donc supérieures auxquelles aucune convention ne peut déroger.

Parallèlement à cette école, une doctrine s'est développée autour d'une pensée unique qui
préconise la représentation du droit international. Ces auteurs appelés monistes, concluent à
la primauté du droit international. En effet, dans ce système unique, il y a des rapports inter-
sociaux, c'est-à-dire le droit international et les normes internes.

Les normes internationales ont la priorité de la nécessité inter-sociale et les normes nées
d'elles priment également. Donc les normes internationales priment sur toute autre norme
nationale qui est contradictoire avec elle, la modifie ou l'abroge ipso facto. Mais cette
suprématie est relative et non absolue. Tous les tenants du m onisme ne débouchent pas
nécessairement sur la primauté du droit international. Aucune démonstration de cette
suprématie n'est faite.

Les autres sanctionnent la suprématie du droit interne d’où la diversité des conclusions chez
les monistes. En effet, un groupe estime qu'il existe deux ord res distincts parce qu'il ne
concerne pa s l es mêmes rapport s sociaux et n'ont pas l es mêmes suj et s de dr oit
international. Ce sont deux ordres irréductibles, par conséquent, ils ne peuvent déboucher
sur la primauté du droit international. Car les normes du droit international ne trouvent
application dans le droit interne que si ce dernier le réceptionne dans son ordonnancement
juridique interne, c'est le dualisme.

Chaque Etat qui s'engage dans les relations internationales sur base des normes librement
établies, doit les respecter car c'est lui-même qui a participé à leur élaboration. Si les deux
ordres s'ignorent, il est difficile de faire appliquer droit international.

Du point de vue du droit international, la logique est que le droit international ignore le droit
interne et celui-ci est un simple fait et cela trouve son fondement dans la jurisprudence
internationale. Celle-ci refuse la thèse selon laquelle, lorsqu'un Etat viole une norme de droit
international, il puisse évoquer son droit interne. Le droit international ignore à ce niveau le
13

droit interne.

La thèse dualiste aboutit à la reconnaissance du droit international. Dans la pratique, la


jurisprudence internationale, loin d'ignorer le droit interne, au contraire le consacre. La
reconnaissance de l'existence de ces deux or dres et les conflits internationaux dérivent de
('article 103 de la Charte des Nations Unies.

La tendance doctrinale aujourd'hui est d'attribuer la primauté au droit international, c'est-adire


la suprématie de la communauté internationale sur la compétence nationale des Etats. Cfr.
Article 215 de la Constitution consolidée du 18 fé vrier 2006 et article 54 de la
Constitution française du 04 octobre 1958. Un acte de droit interne, contraire au droit
international tombe sous le coup de la nullité.
14

TITRE II. FORMATION CONVENTIONNELLE DU DROIT INTERNATIONAL

Quelles sont les nécessités qui distinguent ou qui sous -tendent telle ou telle autre règle ? Les
différentes nécessités, préoccupations qui font naitre le droit international constituen t-elles les
sources du droit international ?

Quelles sont les modes d'élaboration, les techniques par lesquelles se forment les règles de
droit international ? Il faut se référer aux écrits par lesquelles les valeurs, les nécessités
sociales se transforment au droit positif.

Dans ces différentes règles, le droit positif tire pratiquement sa source des nécessités sociales.
Il est édicté par les Etats. De par leur origine, les normes du droit international proviennent des
Etats. L'intervention des Etats n’est pas seulement matérielle, elle est également manifeste au
niveau de la volonté. Ainsi, le droit positif apparait dès que la volonté des Etats est exprimée.
15

Chapitre 1. SOURCES DU DROIT INTERNATIONAL

L'on a toujours considéré qu'il existe un texte ou un arsenal de droit international qui énumère
les différentes sources formelles du droit international. Tel est le cas du traité de la Haye de
1917, applicable en matière d'arbitrage du droit maritime. Il fut complété par le statut de la
Cour Permanente de Justice Internationale (CPJI). L'article 38 du statut de cette Cour est repris
mot à mot par l'article 38 du statut de la Cour Internationale de Justice. Voici un petit faisceau
des sources :

1. Les conventions internationales générales ou particulières ;


2. La coutume internationale comme preuve d'une pratique générale reconnue par les
Etats ;
3. Les principes généraux du droit comprenant le statut de la CIJ reconnus par les nations
civilisées ;
4. Les décisions juridictionnelles ayant acquis l’autorité de la chose jugée, comme mode
auxiliaire de détermination de la règle de droit ;
5. La doctrine.
Au regard de ce qui précède, l'on peut dire que l'article 38 du statut de la CIJ s'est borne à
copier l'article 38 du statut de la CPJI sans tenir compte de révolution ultérieure de la société
internationale et du droit international. En effet, à côté de ces sources qui relèvent des Etats, ii
existe d'autres normes qui sont issues d'autres sujets de droit international, notamment les
Organisations internationales qui se sont développée et imposée à la vie internationale,
collaborant directement avec les Etats.

Les organisations internationales participent elles aussi à l’élaboration des normes qu'elles
soient des coutumes ou d'autres modes. Elles secrètent des normes internationales par la voie
des résolutions. Ainsi, à la liste de l'article 38, ii faut ajouter non seulement les actes
unilatéraux des Organisations internationales, mais aussi celles des Etats. II convient de noter
qu'une norme interne ou acte unilatéral peut devenir une source du droit international si elle a
été intégrée dans les mécanismes énumères par l'article 38 pour être incorporées dans l'ordre
juridique international.

Nonobstant leur variété, les sources du droit international coexistent et ne s'excluent pas. Un
groupe d'Etats peut recourir à la norme coutumière tout comme un autre peut s'accorder à
appliquer la norme écrite. II se peut qu'il y ait contradiction dans la manière : c'est de bonne
guerre, les normes peuvent provenir des mêmes sources tout comme elles peuvent provenir des
sources différentes, voilà qui peut susciter des conflits entre ces normes.

A la lumière de rémunération de l'article 38, il n'y a nulle part une hiérarchie entre ces
différentes sources de droit international. Le conflit devra donc se régler à chaque cas. Rien
ne permet de dire que le traité est supérieur à la Coutume. La coutume, elle aussi qui est
l'expression de la volonté supérieure des Etats, n'est pas non plus supérieure aux autres.
Moralité, il faut trouver une hiérarchie, l’on peut alors considérer les normes en fonction de
leurs origines : certaines normes sont locales ou régionales, d'autres sont universelles.

Cependant, il s'est posé un problème à partir de le Convention de Vienne sur le droit des tr aités
: les normes de "Jus cogens" rendent nulles les normes qui leur sont contraires. Les normes
impératives ne sont pas des sources particulières du droit international, elles sont comme les
autres sources formelles.

Au demeurant, toute norme de droit international ne peut procéder que des Etats. La
participation des Etats s'opère par la convention, soit par le traité soit la coutume. Le droit
international conclut que les normes impératives sont supérieures aux autres. II y a donc une
hiérarchisation entre les normes et non les sources.
16

Chapitre II. FORMATION DES SOURCES CONVENTIONELLES

L'étude de la formation des normes de droit international porte sur des sources matérielles et
des sources formelles (art. 38 susvisé), c'est-à-dire :

 Les conventions ;
 Les normes coutumières.

L'article 38 n'établit pas une hiérarchie entre les sources, avons -nous dit. Mais l'absence de
cette hiérarchisation n'exclut pas le conflit des sources et par conséquent les normes
conventionnelles. Quand on parle des sources conventionnelles, l'on pense aux traités
internationaux. Pendant très longtemps, la coutume internationale a réglé le problème
d'hiérarchie des règles.

Mais depuis que le traité est la source la plus importante, il s'est posé la nécessité de fixer les
règles par rapport aux traités. L'avantage des règles écrites est de garantir la sécurité juridique.
C'est la raison pour laquelle la Charte de l'ONU a confié à une mission des Nations Unies
(Commission du droit international) le soin de codifier au fur et à mesur e, la pratique
coutumière en normes écrites ou en droit de traite (Cfr. Nguyen Quoc Dinh, Patrick Daillier,
Main Pellet, Mathias Forteau, Droit International Public, 9 eme Edition, Paris LGDJ, 2008,
p.568).

La commission repose sur ('article 13 de la Charte des Nations Unies ; ses travaux ont débuté
en 1961 très précisément sur le droit des traités et au cours de cette session, on a abouti à
l'adoption de la convention du Vienne sur le droit des traités. Plusieurs volumes sont consacrés
aux travaux de la Commission. Avec 85 articles, le texte de la Convention de Vienne sur les
traités comporte toute la matière concernant les traites, il a été publié le 23 mai 1969.

Section 1. Notion de traité

Traditionnellement, le traite était défini comme un accord internat ional entre les Etats, qui
produit des effets de droit, et est régi par le droit international. L'article 2 de la Convention de
Vienne ajoute que le terme traité est un accord conclu par écrit, quelle que soit sa dénomination
particulière ; cet accord peut être consigné dans un document, dans deux ou plusieurs
documents. Le traité est donc nécessairement écrit, mais la question de sa dénomination est
sans intérêt :il peut s'agir d'un pacte, d'une charte, d'un protocole, d'un échange de lettres, d'une
convention, ainsi, il y a trois critères fondamentaux pour parler de traite :

1. il doit être écrit ;


2. les parties doivent être soit les Etats soit les organisations internationales ;
3. il doit être soumis au droit international.

Il s'agit donc d'un accord conclu par écrit entre Etats et régi par le droit international, qu’il soit
consigné dans un ou deux instruments connexes, quelle que soit sa dénomination particulière,
c'est-à-dire que les Etats concernés aboutissent à un concours de volonté. Pour ce faire, il y a
toute une procédure de négociation a l'issue de laquelle, l'on se met d'accord sur le texte qu'on
appellera "Traité". L'article 3 concerne les conventions non régis par la convention de Vienne,
qualifie de "traites verbaux", dont les particularités ne permettent pas des solutions stables.

Qui peuvent être parties au traité ?

L'objet de la Convention de Vienne est de régler les conventions interétatiques. Il existe


d'autres qui ne sont pas concernés par cette convention, exemple : traités conclus entre les
Organisations internationales et les Etats ou entre les Organisations internationales entre -elles.

La qualité de partie aux traités a été exclusivement réservée aux Etats. C'est à la naissance de
17

l'ONU que les Organisations internationales devinrent les suj ets de droit international.
L'Organisation internationale en général ne détient la personnalité juridique qu'au regard de la
spécificité pour la réalisation de son objet ou de son but. Chaque Organisation internationale
est sujet de droit international, mais elle ne se prévaut de cette qualité qu'en rapport avec son
objet et son but.

Les traités conclus par exemple par l'Etat de la Cité de Vatican avec d'autres Etat s'appellent
des "CONCORDATS", et cela en vertu de la spécificité de cet Etat lorsqu'il signe un accord
avec un sujet de droit international.

Le traité est régi par le droit international. Cette précision est importante car les règles
auxquelles il est soumis, sont du droit international. Toutefois, le traité n'est pas d'autre part
régi exclusivement par le droit international du fait que son accomplissement, son application
dépend du droit interne.

Chaque Etat s'engage solennellement considérant qu'il est dorénavant soumis à l'application de
ce traité. Cette procédure par laquelle l'Etat s'engage fait l'objet de dispositions
constitutionnelles, donc du droit interne. L'hypothèse d'un accord principal et d'un accord
additif suppose que le traité peut être consigné dans un ou plusieurs documents. On réserve
certaines appellations à certains accords de moindre importance : c'est le cas de Protocole
d'Accord, etc. Lorsque des institutions juridiques qui sont proches de conclure des traités mais
qui ne sont pas régis par le droit international, concluent un accord avec une ONG, par exemple
la Commission internationale de la Croix-Rouge, le droit applicable à ce genre d'accord est
nécessairement le droit interne.

Section 2. Classification des traités

 Du point de vue national, dans la recherche de circonscrire les notions dans la doctrine, en
tenant compte de la manière des traités (objet), il y a lieu de citer deux traités : traité -loi et
traité-contrat.

- Traité-loi : cette notion apparait à la naissance des traités bilatéraux entre Etats à la
différence des traités traditionnels, de contenu abstrait et général, et avec des obligations
synallagmatiques. Les Etats n'ont pas tiré les conséquences qui s'imposaient. La
conséquence juridique qui en découlait était qu'elle était une loi abstraite à caractère
général et impersonnel.

Le traité-loi avait une volonté générale et absolue et les règles contenues dans ce traité
concernaient tout le monde. En définitive les traités -loi posent des règles de droit générales et
objectives. Tandis que les traités-contrats engendrent des prestations réciproques à charge des
parties. Quelle que soit la matière, le traité a une portée limitée ou un pouvoir limité. Dans tous
les cas, il convient de noter que cette distinction n'a plus d'importance juridique aujourd'hui. En
effet, convention générale ou spéciale, la distinction concerne plutôt l'extension du traité.

 Du point de vue formel : on distingue les traités bilatéraux des traités multilatéraux. Entre
les deux, on peut établir des catégories :

- Traités bilatéraux : entre deux Etats ;

- Traités multilatéraux : restent ouverts à tous les Etats ;

- Traités plurilatéraux : concerne plusieurs Etats mais restent fermés à eux -seuls.

Il sied de mentionner que la différence entre les deux traités n'est pas manifeste quant à la
formation et la procédure.
18

Traites interétatiques : sont des traités entre les organisations internationales et les Etats ou
entre les organisations internationales entre-elles. Cette distinction n'a pas non plus
d'importance juridique. L'article 5 de la Convention de Vienne de 1969 prévoyait déjà une
différence de régime.

II est néanmoins important de tracer un distinguo entre les traités normatifs et les traites
constitutifs d'accord : les traités normatifs sont ceux qui établissent des normes tandis que les
traités constitutifs sont ceux régissent l'organisation qu’ils créent ou qui constituent
l’organisation. Quelle que soit la classification par la doctrine, le traité produit les mêmes
effets juridiques.

Section 3. Négociation des traités

Toute procédure par laquelle les Etats élaborent les traités et par lesquelles ils expriment leur
volonté et s'engagent à les respecter constitue la négociation. Toutes ces procédures ne sont pas
régies par le droit international, d'autres relèvent du droit interne de chaque pays. En voici les
Etapes :

- négociation ;
- engagement à être lié par le traité (à partir de quelle période ?) ;
- entrée en vigueur, date à laquelle est liée l'application effective du traite.

§1. Négociation

Nous nous contenterons ici de donner les règles générales en laissant la particularité au
domaine diplomatique.

C'est au cours de la négociation que les Etats échangent, discutent et précisent les termes du
texte à utiliser avant que l'on ne passe a d'autres phases. La négociation est une phase très
technique qui exige la présence des experts a cote des négociateurs. Les Etats commenceront
par se mettre ensemble et, pour ce faire, des prises de contacts sont indispensables. Chaque
Etat intéresse doit manifester son consentement à venir négocier le traité .

C'est pourquoi, chaque constitution détermine un organe donné ou habilité ainsi que son
pourvoir à conclure les traités. A l'époque ancienne, ce pouvoir appartenant au prince. Il est
passé aujourd'hui entre les mains de l'exécutif.

-Dans un régime présidentiel, ce pouvoir est dévolu au chef de l'Etat et dans un régime
parlementaire, au Premier ministre. Mais ce ne sont pas ces autorités qui vont aller négocier.
Elles vont déléguer des représentants à qui elles remettent des lettres de pleins pouvoirs : ces
lettres sont signées par les autorités compétentes prévues par la constitution pour négocier.

En République Démocratique du Congo, l'engagement de l'Etat à être lié est de la compétence


de l'exécutif. En effet, si selon les termes de l'article 213 de la constitution consolidée du 18
février 2006 : « le Président de la République négocie et ratifie les traites et accords
internationaux », les prescrits de l'article suivant, c'est-à-dire l'article 214, disposent en
substance que c'est au Gouvernement qu'incombe le pourvoir de conclure les accords
internationaux non soumis à ratification.

Le problème se pose en cas de contestation lorsqu'on passe à la vérification des lettres de


pleins pouvoirs, c'est-à-dire savoir si les autorités mandatées sont revêtues du pouvoir de
représentation. Une fois vérifiée et que les représentants ont donné la preuve de leur mandat,
on passe alors à l'élaboration du contenu du texte.

II en fut le cas pendant la crise congolaise en 1960, avec la révocation du premier ministre
Patrice LUMUMBA par le président Joseph KASA VUBU, et vice versa. A l'ONU, deux
19

délégations se présentèrent : l'une du président de la République KASA VUBU, l'autre du l er


ministre LUMUMBA. Quelle était celle qui détenait les lettres de pleins pouvoirs ?
Heureusement que pour I'ONU, les règles sont plus simples car le règlement intérieur prévoit
qui doit signer les pleins pouvoirs. C'est le représentant du Président KASA VUBU qui a été
reconnu.

II en fut également le cas lorsqu'en 1991, deux ministres se présentèrent, au nom de la


République du Zaïre, auprès de l'Organisation Mondiale de la Santé à Genève : l'un était
envoyé par le l er ministre BIRINDWA, et l'autre par le l er ministre TSHISEKEDI. Cet état des
choses fut consécutif au dualisme de l'Exécutif a cette époque, entre le gouvernement mis en
place par le président MOBUTU, et celui issu de la Conférence nationale souveraine.

En tout état de cause, le problème relatif aux négociations des trait és est réglé par la
Convention de Vienne en son article 7. Au Cours des débats, sont avancés et présentes des
propositions, des contre-propositions, des amendements à adopter au fur et à mesure. L'on
exige également qu'il y ait une adoption globale, c'est également l'organe compétent qui doit
adopter le texte.

Tout dépend du traité et l'organe principal concerne au sein même de l'organisation est l'organe
compétent qui adopte le texte ; il interviendra également à l'autre étape ou les Etats vont se
mettre d'accord ou s'associer. En réalité, chaque délégation apporte les propositions et les
amendements de son pays. D’où la nécessite d'avoir des amendements écrits. Lorsque les
dispositions sont acceptées, l'on passe à une autre phase qui est l'adoption en deu x phases.

A. L'adoption

L'adoption se fait en deux phases :

 Arrêt du texte ;
 Authentification du texte.

a) Arrêt du texte

A ce stade, tout le monde est fixé sur le texte, tout le monde est d'accord et des lors le texte ne
peut être modifié. II y a en cette matière une pratique courant connue sous le nom de
compromis global ou package, c'est-à-dire que chaque délégation peut donner un accord
provisoire sur les dispositions de tout en privilégiant un compromis dans l'ensemble. Lorsqu'on
n'est pas d'accord sur telle ou telle autre disposition du texte, on se réserve en attendant que les
discussions aboutissent avant de s'engager. Mais dès que l'arrêt du texte est fai t, on ne peut
plus le modifier.

b) Authentification du texte

L'authentification du texte se fait par la signature du texte. Ici, le texte devient irrévocable.
Chaque délégué partira avec le même entendement et la même substance. A la place de la
signature, on peut se contester de proposer ou d'apposer les initiales des noms des délègues des
Etats en attendant la procédure solennelle. Pour les accords en forme simplifiée, il faut une
signature étant donné que la procédure solennelle n'est pas exigée. La signature du texte donne
une solennité au traité. Cependant, tout Etat qui a signé peut refuser de s 'engager plus tard des
lors qu’il aura constaté un mal entendu profond.

B) Portée juridique de l'adoption

En règle générale, la signature sert a authentifier le texte. Dans certains accords, elle signifie
l'engagement de l'Etat à être lié. Dans un accord e n forme simplifiée, la seule signature engage
l'Etat à être partie au traité mais avec certaines circonstances. Car l’on peut considérer qu'une
situation nouvelle est née dans ce cas, à cause de sa signature, il y a un point de non -retour.
20

Les signataires doivent éviter tout comportement de nature à vider le texte de sa substance. Ils
ne peuvent agir comme si le texte n'existait pas. Chaque Etat se sent normalement lié par les
différentes clauses du texte même si cela n'est pas l’engagement juridique. Chacu n des Etats
signataires jouit de certains droits, notamment lorsque le traité prévoit le dépôt de
l'enregistrement. La seule signature n'engage pas l'Etat, et par conséquent, il n'en est pas lié
jusqu'à l'accomplissent des formalités internes. Dans ce cas, l’on se contente du paraphe ou de
la signature ad referendum, c'est-à-dire signature donnée à condition d'être confirmée par les
autorités compétentes.

C) Texture du traité ou présentation du traité

a) Préambule

Le préambule comprend l'énonciation des parties au traité ; en fait, on énumère les différents
Etats parties. Ces différentes parties au traité sont dénommées "Hautes Parties Contractantes".

L'énumération se fait par l'énonciation des organes au nom desque ls la négociation a été menée
et cela se fait par ordre alphabétique. Il y a donc aucune hiérarchie. L'on peut aussi recourir à
l'alternative, c'est-à-dire sur l'exemplaire destiné à chaque Etat commence l'organe ou le nom
de l'autorité compétente, ensuite viennent les autres Etats en ordre alphabétique.

L'exposé des motifs fait partie du préambule. Ici on énonce le but, l'objet du traité, on énonce
les motivations, les bases morales et la politique du traité, la philosophie du traité.
Généralement, concernant les constitutions, on a fini par accorder aux préambules une valeur
juridique, une force obligatoire. En matière de droit international, le préambule a une force
obligatoire.Il1 pourra servir à un moment donné d'interprétation des obligations des Etats (cfr.
Affaire des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui -ci, 1984). Les
arbitres internationaux y recourent donc le plus souvent.

b) Dispositif

Ces sont les différents articles qui constituent le contenu (Cfr. Traite de Versai lles avec 440
articles, de MONTEGO BAY avec 340 articles, etc.). Les articles varient donc d'un traité à un
autre. Ils peuvent être disposés ou regroupés, cela relève de la pratique diplomatique car dans
ce domaine, il n'existe aucun ordonnancement juridiq ue contraignant. (Ex. Regroupement en
titres, chapitres, ou en parties et chapitres...).

C) Clauses finales

Ces clauses indiquent les problèmes particuliers qui se posent au traité :

 procédure d'engagement ;
 entrée en vigueur ;
 langue qui fait foi pour le texte ;
 ratification ;
 Conditions de notification.
Lorsqu'il s'agit d'un traité bilatéral, les deux langues font foi et des qu'il y a un problème, on le
résout par les procédures internationales.

Pour les traités multilatéraux, on désigne les langues qui font foi ; pour l'ONU, cinq langues
sont retenues qui sont : le Français, l'Anglais, le Russe, l'Espagnol, le Chinois. On indique donc
quelle est la langue qui fait foi ou les langues qui font foi.

§2. Consentement à être lié

C'est la procédure à l'issue de laquelle chaque Etat qui a participé à l'élaboration du texte
devient partie au traité relativement à l'objet. Même si la Convention de Vienne indique la
21

forme de cette procédure, dans sa mise en œuvre, elle dépend essentiel lement du droit interne,
précisément du droit constitutionnel.

L'engagement s'obtient par la ratification. Mais aujourd'hui on parle de l'approbation, de


l'acceptation, etc. ces différentes procédures ont la même signification. Par l'acceptation,
l'engagement, l'approbation, la ratification, l'Etat est lié, il s'engage. Le pouvoir d’engager
l'Etat est attribué aux institutions qui ont le pouvoir de conclure le traité.

Ici, l'Etat notifie aux autres Etat l'instrument d'engagement relativement à l'objet. Cela se passe
simplement dans un traité bilatéral.

Le problème de la ratification étant lié à l'autorité compétente pour engager l'Etat, des lors,
il se pose le problème de la souveraineté. Selon cette logique, cela reviendrait au Parlement.

Mais la composition du Parlement ne rend pas prompte cette procédure et d'autres matières
délicates ne peuvent faire l'objet des débats parlementaires.

On a donc estimé que pour certains traités énumérés limitativement par la constitution, il sera
érigé une autorisation du parlement.

Selon la Constitution congolaise, en particulier, une loi autorise la ratification. Cela permet au
Parlement de faire un contrôle a priori et de disposer d'un droit de regard. (Cfr. Article 215 de
la constitution consolidée du 18 février 2006).

A cause de ces longues difficultés liées à la ratification, les choses ont pu être abrégées. Ces
longues procédures ont été simplifiées. Aussi l'exécutif a pensé à s'émanciper du parlement en
privilégiant la signature. Tel est le cas dans un traité en forme simplifiée où seule la signature
suffit. Exemple : les accords américano-soviétiques SALT II 1979 ; aux USA, les Etats fédérés
sont associés à tous les problèmes auxquels l'Etat fédéral s'engage pour que soient pris en
considération leurs intérêts ; le Sénat approuve les accords internationaux négocies et signés
par le Président. Pour s'émanciper ou se départir de ce contrôle, l'Etat fédéral par son
administration a pu soustraire bon nombre de préoccupations qui relèveraient du sénat. En
définitive, la Convention de Vienne prévoit toutes ces procédures de vérification.

§3. Entrée en vigueur

Lorsque la ratification est intervenue et que l'Etat a donné son engagement à être lié, le traité
n'entre quand même pas en vigueur. En effet, lorsqu'il y a plusieurs p arties, tous les Etats ne
ratifient pas au même moment. Bien plus, tous les Etats ne ratifient pas non plus. Donc on ne
peut avoir simultanément l'engagement de tous les Etats. Aussi, seul le traité prévoit lui -même
les conditions de son entrée en vigueur.

Pour les traités plurilatéraux, l'on demande l'unanimité. Or tous les Etats ne sont pas tenus à
s'engager, et par conséquent, à être partie au traité, donc c'est une question d'opportunité
politique. Dans les traités multilatéraux, on prévoit un certain n ombre de ratifications pour son
entrée en vigueur.

L'application du traité et son entrée en vigueur peuvent être séparées. Cela semble simplifié
pour le traité qui est déjà en vigueur et qui est appliqué par un certain nombre d'Etats. La
Convention de Vienne qui avait prévu 35 ratifications est entrée en vigueur un mois après la
35 eme ratification (voir P. Marie Martin, les textes de droit de l'espace, PUF, que sais -je ?
n°2730, 1993).

Mais il y a aussi des entrées en vigueur provisoires. L'exemple égalemen t de l'entrée en vigueur
le 1 er mars 1999 de la convention sur l'interdiction de l'emploi des mines antipersonnel car 65
Etats sur les 132 l'ont ratifie, sauf les Etats -Unis, la Russie, la Chine et l'Inde. Tandis que la
Convention du 05 décembre 2000 sur la lutte contre la corruption, la minimalité économique
22

transactionnelle, le blanchiment d'argent, etc. signe en Italie par 121 pays membres des Nations
Unies est entrée en vigueur après 40 signatures.

Section 4. Application du traité et ses problèmes

C'est ici que se posent les problèmes liés aux traités multilatéraux. Le terme adhésion est
réservé aux Etats qui n'ont pas participé aux négociations, mais qui manifestent plus tard le
désir de devenir parties au traité signé et qui est déjà entré en vigueur.

Il y a des traités dont la matière n'intéresse au départ que certains Etats. Tel est le cas de
l'emploi de certaines armes. En effet, connaissant le danger de la prolifération des armes, les
Etats producteurs et non vendeurs des armes, vont pousser les aut res Etats à adhérer à leur
traité par crainte que ceux-ci pourront plus tard acquérir ces armes et en produire ; et aussi
parce que les Etats intéressés tiennent à obtenir un grand nombre d'adhérents pour sa mise en
vigueur. Ainsi, on parle des traites fermes, c'est-à-dire seuls peuvent devenir parties les Etats
qui ont pris part à la négociation et signé le traité (par exemple : Accords sur le contrôle
d'armement entre EU et l'ex URSS) et les autres sont ouverts. (Cfr. traités multilatéraux). Alors
les traités semi-ouverts sont ceux qui soumettent l'adhésion à une procédure d'admission.
Exemple traité constitutif d'Organisations Internationales. En définitive, seul le consentement
des Etats est important.

De même, dans la procédure de ratification, l'exécutif qui a le pouvoir de signer le traité peut
se trouver en difficulté d'application car le Parlement peut ne pas se sentir dans l'obligation de
ratifier le traité, c'est une question d'opportunité politique. Lorsqu'un Etat estime que l'une ou
l'autre disposition du traité ne lui convient pas, cet Etat peut exprimer ses réserves, tout comme
le parlement peut à son niveau refuser de ratifier. La base d'un traité est donc le consentement
ab ovo, comme in fine de l'Etat ; quid alors de la réserve ?

Section 5. Reserve

La matière de réserve fait l'objet de la Convention de Vienne dans ses articles 19, 21, 22 et 23.
Une réserve peut être exprimée au moment de la signature du traité par tout Etat qui estime que
telle ou telle autre disposition ne peut lui être appli quée. La règle fondamentale en matière de
traité est l’égalité des parties. La signature du traité suppose que l'on veut obtenir au -delà de
ses inconvénients, l'adhésion la plus large possible a une règlementation c'est -à-dire obtenir le
plus grand nombre des parties au traité.

Ainsi, une réserve qui n'appartient pas à la liste énumérée limitativement par le traité, doit être
acceptée. Au demeurant, une réserve s'entend d'une déclaration unilatérale, quel que soit son
libellé ou sa désignation, faite par un Etat quand il signe, accepte ou approuve un traité ou y
adhère, par laquelle il vise à exclure ou à modifier l'effet juridique des certaines dispositions du
traité dans leurs applications à son égard (voir P. Marie Martin, Droit international Public,
Paris, Masson, p.229).

En général, si le traité est muet, sans préjudice de la Convention de Vienne en la matière, une
réserve n'est pas acceptable si elle est incompatible avec l'objet et le but du traité. Il faut aussi,
au niveau de la procédure, que la réserve soit modifiée ou exprimée valablement et clairement.

Ainsi, on ne peut pas imposer à un Etat, une disposition qui ne lui convient pas. Les Etats
peuvent rejeter une partie du traite ; autant ils ont la possibilité d'objecter sur un traite, autant
ils ont la possibilité d'émettre des réserves. L'Etat réservataire est considéré comme partie au
traité.

A l'époque de la Société des Nations, même pendant les périodes inter guerres, la pratique
interaméricaine adoptée par la Convention de Vienne sur le droit des traites, paraissait quelque
peu mitigée. Aujourd'hui, on estime qu'un Etat réservataire est partie au traité, mais la
disposition relative à la réserve ne lui est pas opposable dans les rapports avec d'autres Etats.
23

Si l'Etat objectant considère que l'Etat réservataire ne fait pas partie au traite, l’interprétation
semblerait trop extensive car ('objection ne signifie pas interdiction. Qu'à cela ne tienne, en cas
de conflit d'interprétation, on va se confier aux organes et procédures traditionnelles en cette
matière. Exemple : la Convention contre la répression du crime de génocide signé en 1949, a
connu deux réserves sur la compétence de la Cour internationale de Justice (voir Avis
consultatif du 28 mai 1951, Rec. p.15, 5) et sur le non extension automa tique de la convention
aux territoires non autonomes. Un grand nombre d'Etats n'était pas d'accord sur ces deux
réserves.

La réserve est acceptable pour autant qu'elle ne soit pas incompatible avec l'objet et le but du
traite. Exemple : Protocole de Genève de 1925 sur ('interdiction de l'emploi a la guerre de gaz
asphyxiant et des moyens bactériologiques, la France a émis des réserves en cas d'emploi de ce
gaz par un des belligérants. Elle se déclarait libérée. Beaucoup ont émis la même réserve.
D’où, l'inutilité du traité.

Par ailleurs, un élément qui montre que la réserve a été facilitée et pour éviter que la réserve ne
soit toujours une source de conflit, on la soumet à une procédure particulière : tout Etat
objectant peut retirer son objection, tout Etat réservataire peut retirer sa réserve. La réserve ne
doit pas être confondue avec les déclarations interprétatives. Celles -ci permettent à un traité de
s'écarter de la teneur du texte dont il est partie : on interprète ici en se rapprochant davantage
d'un principe général contraire au droit interne du traité. Dans ce sens la réserve est préférable
car elle est prévue dans le texte (voir P.M Martin, Op.cit., p.229 et s).

Ainsi, la réserve a pour effet de consommer le traité de sorte que certaines disposition s feront
partie de tout dispositif du traité et que d'autres s'en réserveront pour que le traité soit valide et
applicable.
24

Chapitre III. LA VALIDITE DU TRAITE

Avant l'avènement de l'ONU, la validité d'un traité était subordonnée à la réalisation d'une
condition technique, savoir aucun traité ne pouvait devenir obligatoire tant que la procédure
d'enregistrement et de la publication n'aurait pas eu lieu. Cette pratique a été poursuivie mais
assouplie.

L'enregistrement est fait par les parties au Secrétariat général de l'Organisation et la


publication est faite par le secrétaire général de l'Organisation lui -même. A ce jour, cependant,
l'enregistrement et la publication ne sont plus une condition obligatoire pour la validité du
traité. Mais les traités doivent être enregistrés et publiés.

C'est pourquoi, l’on est arrivé à la procédure de dépôt du traité. Les parties au traité sont libres
de choisir le dépositaire. Parfois, c'est l'Etat dans lequel s'est déroulée la négociation qui reste
dépositaire du traité.

En règle générale, c'est le Secrétaire général de l'Organisation qui reste le dépositaire du traité.
Qu'à cela ne tienne, les conditions juridiques de validité du traité se rapportent l'objet du traité
et à l'expression du consentement des parties.

Section 1. Licéité de l'objet du traité

L'objet du traité doit être licite, c'est-à-dire conforme à l'ordre public. Insister sur la licéité du
traité revient à dire que l'on a accepté la notion de l'ordre public international, une notion
complexe à cerner car il semble difficile d'affirmer que la communauté et les sujets sont soumis
à un même ordre juridique public international.

Le concept d'ordre public peut faire appel à plusieurs éléments politiques, moral, tranquillité et
la salubrité du régime en place, de l'idéologie dominante. Et dans un concept de monopartisme
dominant tel que volt souvent en Afrique, l'on peut penser à la conception d'un individu.

Cette conception s'est introduite difficilement et dans le cadre de la société internatio nale,
l'ordre public coïncide donc avec les principes du Droit International General. Ainsi, un objet
illicite est une norme qui va à l'encontre d'une norme impérative du droit international.

Section 2. Condition d’expression du consentement d'un Etat

Les conditions d’expression du consentement d'un Etat doivent être soignées de manière à ne
pas mettre en cause le consentement de cet Etat. Aujourd'hui, il faut que l'authenticité et
l'intégrité du consentement ne soient entachées de vices. Car certains vices de consentement
emportent ou entrainent son annulabilité. En droit international, en dépit de la conception
volontariste, à partir du moment où toutes les phases d'élaboration sont exécutées et le
consentement donne, le traite est valable.

Contester un traité à cause du vice de consentement crée une sorte d'insécurité juridique et
donc l'insécurité de l'ordre public international. Les dispositions du Traité relatives à la nullité
sont prévues à la section 5 de la Convention de Vienne, intitu lée "de la nullité du traité". Les
articles 46 à 53 et 64 indiquent que les conditions dans lesquelles les consentements des Etats
sont considérés comme irréguliers donc non valables, d'une part, et d'autre part, violent le traité
et donc, le Jus cogens.

Quand bien même une procédure violerait la constitution d'un Etat, l'on peut traditionnellement
considérer que le consentement a été valablement donné du fait que les Etats au traité ne sont
pas dépositaires du droit international.

La Convention de Vienne, en son article 46, reconnait la validité d'un traité dont le
consentement a été donné en violation ou au mépris du droit constitutionnel d'un Etat, à moins
25

que le consentement ne soit pas valable. Le consentement donne au mépris de son droit
constitutionnel interne importe peu, sauf en cas de violation manifeste d'une règle
fondamentale. L'alinéa 5 indique ce qu'il faut entendre par une violation manifeste.

Si le pouvoir du mandataire avait été restreint, le consentement donné par celui -ci, rend
('engagement valable sauf si la restriction avait été faite aussi aux autres Etats. Ici, on voit si
l'Etat va contester ou non sa bonne foi. La violation du négociateur, c'est -à-dire de son mandat
n'entraine pas la nullité du consentement.

Mais la corruption, l'erreur, la contrainte, le dol, etc. donnent en effet, lieu à une contestation
du consentement donne. Dans ces conditions, le traité continu pour les autres parties et l'Etat
victime se retire en évoquant la corruption de son négociateur. L'usage de la force, la contrainte
physique, des actes contraires au principe de non recours à la force permettent à l'Etat victime
de se retire en estimant que son consentement n'a pas été valablement donné.

Toutefois, le fait qu'un Etat ait été contraint à donner son contentem ent n'affecterait en rien le
consentement du moment que la contrainte ou le recours à la force n'était pas interdite. Telle
est la quintessence de l'article 53 de la Convention de Vienne relatif au conflit d'une norme
impérative du droit international général "Jus cogens" qui existe ab initio.

Par ailleurs, l'article 64 parle d'un traité déjà en vigueur alors que survient une norme
impérative postérieure, ce traité est nul et s'éteint. La nullité de l'article 64 ne concerne pas
seulement l'avenir des traites, c'est-à-dire le traité n'est pas seulement nul dès lors que survient
une norme impérative du droit international général, mai s dès le jour de sa conclusion.

Section 3. Extension de nullité

Le vice de consentement emporte la nullité par l'Etat victime. C 'est donc une nullité relative.
Le droit international n'est pas rigide dans la distinction entre nullité absolue et nullité relative.
Si une seule disposition est en contradiction avec l'objet et le but du traité, la nullité est totale.

Mais il existe des nuances entre le traité bilatéral et le traité multilatéral. Dans le premier cas,
la nullité est totale alors que dans le deuxième, cela dépend de chaque situation a l'exception de
la norme du Jus cogens.
26

Chapitre IV. EFFETS DES TRAITES

Ce chapitre sera traité en quatre sections :

 Règle fondamentale ;
 Relativité des effets ;
 Traités dits objectifs ;
 Résolution des organisations internationales.

Section 1. Règle fondamentale

Tout traité valable et entré en vigueur lie les parties (Pacta sunt servanda) et ces dernières
doivent l’exécuter de bonne foi. L'Etat ne peut évoquer son droit interne pour s'absoudre du
traité ou pour justifier la non-application, sous réserve des pouvoirs de son délégué. L'article
26 de la Convention de Vienne, complété par l'article 27 précise les dispositions relatives à
l'obligation d'exécution des traités de bonne foi. Cette obligation signifie que les Etats doivent
poser tous les actes internes nécessaires pour faire produire au traite tous ses effets.

Etant donné que tous les traités ne sont pas d'application immédiate, la Convention exige que
les Etats prennent des mesures d'exécution (loi, ordonnance, décret, arrêté) pour ainsi permettre
aux bénéficiaires du traité d'exiger des effets. De même, si l'Etat ne prend pas des mesures
d'exécution, il viole le traité, c'est-à-dire les dispositions particulières des articles 26 et 27 de
la Convention. S'il est vrai que le traité lie les Etats, est -il également vrai qu'il peut lier les
Etats tiers et à quelles conditions ?

Les régies des effets du traité à l’égard des Etats sont prévus par les articles 34 à 38 de la
Convention de Vienne. Le principe qui s'en dégage est le suivant : "un traité ne crée ni
obligation, ni droit dans le chef d'un Etat tiers sans son consentement" .

A regard des tiers, le traité est une chose étrangère. A contrario, la constitution prévoit que le
traité peut créer des obligations et des droits qu'avec le consentement de cet Etat tiers. Quel en
est le contenu, quelle est la portée des effets à regard des Etats tiers ? Une prise de position sur
les principes de droit, notamment l’égalité des Etats s'impose.

Section 2. Relativité des effets des traités

Le traité ne produit ses effets qu'à l’égard des Etats qui le concluent. Cependant , si dans un
traité une partie a émis des clauses de réserve, la question se pose de savoir si celles -ci peuvent
lier l'Etat tiers. En principe, non. L’on a constaté depuis lors que certains Etats se retrouvent
concernés par les effets d'un traité signé entre deux autres Etat s. Selon l'article 34 de la
Convention de Vienne, cette situation ne peut se produire sans la volonté de l'Etat concerne.

L'article 35 de la même Convention précise que cet Etat doit avoir donné son consentement
explicite. Quant à l'article 36, il précise qu'il s'agit d'un traité qui produit des droits et ses
obligations contre l'Etat non signataire du traité. En dehors de cette situation générale, il existe
deux cas où des traités s'appliquent à des Etats non signataires :

- La clause de la nation la plus favorisée ;


- La stipulation pour autrui.

- La clause de la nation la plus favorisée

Cette clause, pratiquée avant la codification du droit des traités, a existé pendant l'accord du
GATT, puis a la CNUCED. Cette clause consiste en ce que deux Etats contractants prévoient
delà par une clause primitive que l'un d'eux, avec ou sans conditions, avec ou sans réciprocité,
27

bénéficiera de tous les contrats avantageux que l'autre pourrait accorder à un Etat tiers à leur
traite.

Exemple : A et B concluent entre eux un traité relatif aux tarifs douaniers sur les produits
importes réciproquement de leurs deux territoires. Ils prévoient dans ce traité une clause selon
laquelle si A conclu un traité avec C et qu'il concède certains avantages (par exemple tarif
réduit), B bénéficiera aussi de ces avantages ou facilités sans condition.

Donc, c'est par cette clause appelée " clause de la nation la plus favorisée" que des traités
peuvent créer des droits au profit d'Etats tiers dans le respect de leur souveraineté et sans porter
atteinte à la conception contractualise (Cfr. Nguyen Quoc Dinh, Patrick Daillier et Allain
Pellet, "Droit International Public", 3eme Ed, LGDJ, 1987, p.432).

- La stipulation pour autrui

II s'agit d'une procédure reconnue par les articles 34, 35 et 36. Ici deu x Etats contractants
acceptent dans leur traité de créer des droits à l’égard d'un Etats tiers ou des Etats tiers.
Cependant, par rapport au droit interne, le consentement de l'Etat tiers bénéficiaire doit être
manifeste.

Ce consentement est-il obligatoire ? La jouissance du droit en sa faveur se situe à quel moment


? A la conclusion du traité ou à l'expression de son consentement ? Cette kyrielle de questions
démontre les limites de la transposition du droit interne sur le droit international. , Dans
d'autres situations, la volonté de l'Etat tiers n'est pas exigée. Pour ce faire, on peut utilement se
référer à l'article 36 précité pour comprendre ces situations.

1 er cas : Un accord qui crée un Etat nouveau ou qui accorde l'indépendance à un Etat. La
jurisprudence internationale a reconnu ces Etats. Exemple : cas de zones franches, affaire
opposant la France et la Suisse au regard du traité de Versailles et le traité de Vienne de 1815
en faveur de la Suisse.

La Cour Permanente de Justice internationale a rejeté les prétentions de la France qui arguait
que la Suisse n'était pas partie au traité.

2eme cas : Cas de fixation des frontières entre les Etats, de fixation du statut d'un. Etat : ce
statut ou cette frontière s'oppose à tous les Etats, même ceux qui n'ont pas pris part à l'accord.

On est donc en face d'une situation de fait, un fait objectif. Tous les Etats sont amenés à
constater le statut juridique qui donne à un Etat son indépendance. La fixation des frontières
entre deux Etats ne peut être remise en cause par un autre Etat. C'est une situation de fait qui
s'impose.

Il ressort des dispositions de l'article 37 que l'exigence du consentement de l'Etat tiers est
moins rigoureuse dans le cas des traités créateurs de droits à son profit que dans ceux des quels
naissent des obligations à sa charge. II s'agit d'une présomption de consentement dans le
premier cas, une fiction juridique qui a pour seul objet de satisfaire les partisans de cette thèse.

Qu'en est-il du cas d'un statut ou d'un accord de neutralité d'un Etat ?

Ici, un Etat choisit son statut, l'on se pose la question de savoir dans quel cas ce statut
s’imposerait-il aux Etats tiers ? Deux hypothèses sont envisagées :

D'abord, neutralité signifie que lorsqu'il y a guerre entre deux Etats, aucun autr e Etat ne doit
s'engager à intervenir dans l'un des deux Etats. Les Etats tiers sont en l'espèce neutres :
intervenir dans l'un d'eux, équivaudrait à une agression pure et simple.

Par ailleurs, lorsqu'un Etat est conventionnellement reconnu comme neutre, t out Etat qui
28

intervient dans cet Etat viole manifestement notamment la Charte de I'ONU, car cet Etat est
neutre au regard de la convention internationale.

Section 3. Traités dits "Objectifs"

Ces traités proviennent de l'objet essentiel des actes concertés dont les grandes puissances
tentaient d'obtenir le respect par l'ensemble des Etats. Ces puissances cherchaient à établir un
véritable droit objectif, de vrais statuts politiques dont les effets se font sentir en dehors même
du cercle des parties contractantes. Ces traités concernent les matières telles que les canaux ou
les fleuves internationaux, la neutralité, la démilitarisation de certains espaces ou territoires.

Les canaux et les fleuves internationaux sont assimiles a la Haute Mer et des lors, sont r égis
par la règle traditionnelle de liberté de navigation reconnue à tous les Etats du monde. C'est en
vertu des règles traditionnelles coutumières (la liberté de navigation en haute mer) que les Etat
tiers, en vertu de cette liberté donc, peuvent naviguer librement.

Certaines situations s'imposent aux Etat parce que ce sont des faits objectifs que l’on constate.
Donc les Etats tiers constatent simplement et s'y conforment. Exemple : cas de la province du
Cabinda en Angola, si l'Angola et le Cabinda signent un arrangement sur la frontière qui les
sépare, cet arrangement ou convention s'impose objectivement et les Etats tiers ou tous les
autres Etats du monde constatent purement et simplement.

Exemple : neutralité de la Suisse : huit Etats européens se sont r encontrés et ont consacré la
neutralité de la Suisse. Tous les Etats sont tenus de respecter ce statut (Acte de Vienne de 1815

Le critère de l'effectivité prédomine dans ces situations. L'article 38 de la Convention de


Vienne reconnait le fait qu'une règle conventionnelle devenue coutumière va pouvoir
s'appliquer aux Etats qui ne font pas partie de la convention. Les Etats tiers sont liés par la
règle matérielle, mais dès qu'elle devient coutumière, les parties au traité sont liées à cette
règle à double titre :

 En tant que règle conventionnelle ;


 En tant que règle coutumière.

Les Etats tiers sont donc liés à cette règle par la coutume qu'elle engendre.

Quant aux Organisations Internationales, leurs actes constitutifs sont des traités qui s'imposent
non seulement aux Etats membres mais aussi aux tiers. Lorsque l'acte constitutif fait naitre une
Organisation internationale, comme c'est un fait objectif, d'autres Etats non membres, c'est -à-
dire des Etat tiers, sont obligés de traiter avec cette organisation et de la considérer comme de
sujet de droit international. II en fut ainsi de l'avis comte Bernadotte.

En 1949, la Cour Internationale de Justice avait émis un avis consultatif sur la réparation des
dommages en faveur de l'ONU contre Israël. L'avis était requ is par I'ONU pour le compte du
comte Bernadotte, sujet suédois. L'Etat d'Israël a accepté de se conformer à cet avis. Les Etats
membres d'une Organisation internationale ne traitent pas individuellement avec les Etats tiers
mais bien par le biais d'une commission qui s'en charge et les Etats n'apposent que leurs
signatures.

L'article 2, alinéa 6 de la Charte propose que les Etats doivent respecter le principe et le but de
I'ONU. Celle-ci doit tout mettre en œuvre pour que le contenu, le but et les objectifs ne soient
pas vides de leur quintessence par les Etats membres. Lorsque le Conseil de sécurité adopte par
exemple une attitude coercitive, sanctionnant un Etat, les Etats non membres doivent s'abstenir
de réduire à néant la décision de I'ONU. II ne s'agit pas d'une obligation mais d'une
recommandation.
29

Section 4. Les résolutions des organisations internationales

Les résolutions des Organisations internationales sont adoptées par un vote, un processus
majoritaire qui entre en vigueur pour les Etats membres . L'organisation fera tout pour que ces
résolutions soient opposables aux Etats non membres, Etats tiers.

Lorsque deux Etats sont parties au traité successif et qu'en cas d'incompatibilité, l'un est
reconnu subordonné, c'est le traité reconnu supérieur qui prévaudra (article 30 de la Convention
de Vienne). Il existe une règle qui applique cette solution. C'est le cas des traités
conventionnels.

Lorsqu'il existe des contradictions entre la Charte et les autres traités, l'article 103 de la Charte
stipule l'alignement sur la Charte.

En cas d'existence des deux traités successifs et qu'il n'y a aucune hiérarchie, les deux traités
sont valables si le traité postérieur ne vient pas modifier le traité antérieur.

Il est possible que les traités se succèdent et que q uelques pays soient parties aux deux traités,
ici on applique la solution ci-dessus, et si les autres parties ne sont parties au seul deuxième
traité ici les rapports sont réglés par le traité commun.
30

Chapitre V. L'INTERPRETATION DES TRAITES

La destination naturelle d'une règle de droit international et, en l'espèce, d'un traité, est de
s'appliquer aux rapports internationaux en vue desquels cette règle a été édictée. Cependant, les
auteurs de ces règles ne peuvent prévoir à l'avance toute hypothèse possible soumise à l'empire
de ces règles. D’où le recours à des formules générales. Ainsi, cette formulation sera fonction
des divers degrés par le truchement de l'abstraction et de la conceptualisation. Si l'approche en
soi s'impose et offre en plus des garanties sérieuses contre les discriminations, mêmes
involontaires, elle crée en revanche une tâche supplémentaire pour ceux qui doivent les
appliquer. Car les règles étant générales, il est rare qu'elles règlent automatiquement tous les
cas concrets.

Pour dissiper ces contradictions et imprécisions, l'on recourt à l’interprétation des dispositions
et clauses du traité.

L'interprétation consiste à dégager le sens exact et le contenu de la règle applicable dans une
situation donnée. Deux questions se posent : qui peut interpréter et comment interpréter ?

Section 1. Compétence d'interprétation

En droit international, il n'existe pas un organe juridique qui se voit attribuer naturellement la
compétence d'interpréter. C'est ainsi que dans un traité, ce sont les parties qui ont le pouvoir
d'interpréter. Et si les contradictions persistent, c'est le juge international qui est habilité à
préciser le sens de la clause et ce, de manière à l'appliquer dans le cas d'espèce. Et ce sont les
parties qui saisissent le juge international en vertu de l'article 36 du Statut de la Cour
internationale de Justice qui dispose que la Cour est compétente d'interpréter les traités
internationaux. Cette compétence ne ressort pas expressément de la Charte.

Si les parties elles-mêmes interprètent le traité, on parle de l'interprétation authentique. Cela se


fait par celui qui a le pouvoir de modifier ou de supprimer les clauses à interpréter. Exemple :
les diplomates

Mais si l'interprétation est le fait d'une volonté autre que les parties, on parle de l'interprétation
non-authentique.

Techniquement, les deux procédés ne donnent pas les mêmes garanties. En outre, une autre
différence et que les deux personnes qui interprètent sont différentes. La force obligatoire
résultera du fait que les parties entendent s'y soumettre.

Les parties étant des Etats égaux et souverains, elles -mêmes pourront préciser ce qu'elles ont
voulu dire ou ce qu'elles ont voulu comme engagement. Cependant dans ce cas, les Etats sont
juges et parties et l’objectivité de l'interprétation n'est pas garantie.

C'est pourquoi, le recours à une autorité extérieure, juge situe en dehors du conflit peut donner
une interprétation objective, même si la volonté des Etats peut susciter des problèmes. Il s'agit
là d'une question de compétence, d'expérience de la vie des relations internationales.

Les interprétations authentiques et non-authentiques ne sont pas seulement réservées aux traités
car la pratique juridique admet que soit laissé au législateur d'interpréte r la loi, d'en donner le
portée même.

Section 2. Moyens d'interprétation

Il y a d'abord le texte lui-même du fait que le texte à interpréter s'y trouve inclus.
Parallèlement, le texte ne doit pas être lu de manière séparée en isolant certaines dispositions .

En effet, le texte doit être pris dans son ensemble et aussi au regard des normes qui concourent
31

à régler la même matière. Le contexte pour une clause suppose l'ensemble du traite et des
normes qui existent en dehors du texte, il faut également élargir l e contexte du texte à
interpréter.

Il y a ensuite des moyens auxiliaires : il s'agit des travaux préparatoires auxquels on recourt en
deuxième ressort à interpréter. Les travaux préparatoires peuvent être frappés de confidentialité
ainsi que le climat qui a permis la négociation du traité. Quelles sont les règles
d'interprétation?

L'objectif étant de clarifier le texte, les règles seront les suivantes :

 1 ère règle : se limiter au sens primaire, ordinaire des mots et en même temps, donner au
texte un sens qui ne débouche pas sur des contradictions, aberrations par rapport à
l'objet et au but. Le sens primaire, ordinaire ne doit pas être contradictoire, ni vider le
texte de toute sa substance ;
 2eme règle : la logique. Il faut que le sens primaire, ordinaire d es mots soft cohérent et
logique avec le contenu de l'objet et du but du traité. Il doit donner un sens unique au
texte ;
 3 eme règle : l'effet utile. L'interprétation ne doit pas seulement être logique mais elle
doit aussi déboucher sur un effet utile. C'est-à-dire que l'interprétation n'est pas donnée
et demandée pour elle-même, mais pour éclairer la volonté des parties. Elle doit aboutir
a l'application effective de la clause.

Concernant l'interprétation authentique, les parties la font de manière collect ive mais aussi
individuelle. Et si les autres parties approuvent cette interprétation, le problème ne se pose pas.
C'est une preuve que chaque Etat a confirmé ses engagements. L’inconvénient majeur, pour les
parties qui n'approuvent pas l'interprétation individuelle est que les parties vont exiger une
interprétation collective. Ainsi, la déclaration interprétative peut être jointe au traite.

Cette déclaration peut intervenir postérieurement ; cela est difficile parce qu'elle appelle des
nouvelles négociations et s'accompagnent souvent de la modification des certaines clauses du
traite pour les adapter aux circonstances nouvelles. Aliis verbis, la pratique ultérieure ou
postérieure d'interprétation signifie qu'un accord postérieur d'interprétation collective donne
souvent lieu à la modification et à l'adaptation du traité aux nouvelles circonstances.
32

Chapitre VI. TERMINAISON ET EXTINCTION DES TRAITES

Section 1. Terminaison des traités

Tous les traités connaissent des modifications au cours de leur vi e, sauf si le traité lui-même
l'interdit et selon les accords de volonté. Lorsqu'il s'agit des traités multilatéraux, surtout si le
nombre des parties est très important, on accepte qu'une partie des membres prenne l’initiative
et que les autres en examinent la portée avant d'aboutir à la modification. Cet amendement
entrera en vigueur après son adoption et sa signature par les parties.

Les Etats qui ne seront pas liés par la volonté de la modification ne seront pas liés au traité
modifié. Donc on aura une partie qui va respecter l'amendement et une autre qui continuera à
être lié par le traité initial du fait que le traité amendé n’est pas appelé à abolir ou abroger le
traité antérieur.

Traditionnellement, l'on avait accepté que le traité puisse être modifi é par la pratique ultérieure
des Etats. En revanche, la pratique contraire au traité n'emportait pas l'acceptation des autres
parties. L’on a vu dans certains cas, des pratiques acceptées par les Etats pour modifier le
traité. L'article 27, §4 de la Charte des Nations Unies prévoit que les décisions de fond .sont
adoptées à la majorité qualifiée et que l'abstention de l'un des membres permanents ne pose
aucun problème.

Aux termes des articles 10 et 11 de la Charte de l'ONU, il est établi que si l'Assemblée générale
peut débattre de toutes les questions et prendre des mesures nécessaires, notamment de
coercition que prévoit la Charte, la tâche du règlement revient au Conseil de sécurité. C'est à
travers la Résolution ACHESON que les attributions relatives aux mesures précitées, ont été
transférées à l'Assemblée générale en ce qui concerne le maintien de la paix. La Résolution
ACHESON a eu donc à modifier, à amender les dispositions de cette matière.

Section 2. Extinction des traités

Comme tout acte juridique, un traité prend fin par abrogation, sa désuétude, etc. En droit
international, la démarche est plus complexe. II est impossible de concevoir un traité perpétuel.

D'autres traités sont conclus sans détermination de durée et, à tout moment, les parties peuve nt
se mettre d'accord pour mettre fin au traite. La volonté des Etats sera accomplie selon la
procédure prévue par le traité.

Généralement, le traité renferme certaines clauses qui permettent de déterminer sa fin. Ce


sont des clauses résolutoires ; elles peuvent être implicites, explicites, ou plus précises.
Néanmoins, le traité fixe le terme par la durée. Il est impossible que la clause résolutoire se
fonde sur une circonstance ou un fait qui, lui -même met fin au traite. Exemple : le Pacte de
Varsovie avait prévu qu'il prendrait fin dès qu'un pacte général de sécurité sera signé.

Ainsi, le traité peut prendre fin par lui-marne ou par l'expression postérieure de la volonté des
Etats parties. En dehors de causes d'extinction du traité dues à la volonté des pa rties, le traité
s'éteint par la survenance des circonstances ou des faits qui rendent impossible l'exécution. Il
en est ainsi du cas de force majeure.

L'inexécution d'un traité par une partie peut être invoquée par d'autres parties pour se soustraire
elles-mêmes de leurs obligations vis-à-vis de cette, partie-la. Pour évoquer l’inexécution de
l'autre partie, la Convention de Vienne dispose que celle -ci doit se fonder sur l'objet et sur la
substance.

Ex. : changement des circonstances traditionnellement si les circonstances qui ont donné lieu
au traite, a sa conclusion et a ('engagement des parties changent fondamentalement, on peut
accepter que le traite prenne fin. D’où l'expression "REBUS SIC STANTIBUS", les traités sont
33

conclus et demeurent, toutes choses restant égales par ailleurs.

L'inexécution n'est pas automatique : les Etats doivent constater le changement des
circonstances, pour mettre ensemble fin au traite. On se demande si clans le cadre d'un traité
bilatéral, on peut recourir au retrait que Von qualifie de dénonciation ? Par prévention et pour
éviter une instabilité juridique, il est prévu la procédure de retrait dans le traité. C'est une
dénonciation régulière et réglementée car prévue dans le traite lui -même. La dénonciation ou le
retrait est un acte de procédure accompli unilatéralement par les autorités compétentes des
Etats parties qui désirent se défier de leurs engagements.

Dans le cas des traités multilatéraux qui ne prévoient pas la dénonciation et la procédure, la
Cour Internationale de Justice prévoit qu'il faut un préavis de 12 mois de manière à ne pas
affecter très brusquement la vie du traité. Dans un traité multilatéral, on parle de retrait et non
de dénonciation.

Le traité prend fin aussi par la réalisation de son objet : une fois l'objet réalisé, le traité n'a plus
de raison d'être et il prend fin. D'autres clauses sont liées à la validité du traité, notamment le
vice de consentement, la règle impérative du droit international qui entre en conflit avec le
traité existant.

Enfin, il y va-t-il des traités qui, par nature, n'acceptent pas d'extinction. Possible ! II en est
ainsi des :

- traités fixant les frontières ;

- traités de paix.

Quant aux traités d'alliance, ils prennent fin avec la réalisation de l'objet d'alliance. Les traités
sur la protection des droits de l'homme, des droits des prisonniers en temps de guerre ne
prennent pas fin. (Cfr. article 54 à 64 de la Convention de Vienne).
34

TITREIII. SOURCES NON-CONVENTIONNELLES

Ce sont des supports des normes internationales qui ne sont pas dus à l'accord des Etats
exprimé dans un autre traité. Il s'agit de la coutume internationale et des principes généraux du
droit.

Chapitre I. LA COUTUME INTERNATONALE

Comment se forme la coutume et lorsqu'elle existe, dans quelles conditions est -elle opposable ?
La doctrine classique estime qu'elle ne s'oppose qu'a certains Etats, alors que certains autres
pensent qu'elle s'oppose à tous les Etats.

Section 1. Formation de la coutume

Elle procède de l'existence d'une pratique générale d'un certain nombre de faits qui se sont
succédé dans les circonstances qui ont fini par devenir des actes de la société internationale.

La pratique fait appel à une répétition des faits, c'est -à-dire que pendant un certain temps, les
Etats se comportent de la même façon à propos d'une même situation. Il y a donc un élément de
répétition d'actes et des faits. Et finalement, ces faits deviennent des références qui constituent
le fondement de ce support. Il ne s'agit pas d'un acte mais de l'accumulation d'actes identiques
qui comportent une durée. L'identité d'actes de comportement répétés pendant une durée de
temps définit la coutume internationale. Elle ne s'applique pas à un Etat, mais a plusieurs Etats.

La répétition et la durée sont-elles vraiment nécessaires dans l'établissement d'une coutume


internationale ?

Certaines circonstances ont fait relativiser la durée ou laps de temps et la répétition d'actes et
des faits de manière que d'autres Etats puissent aussi s'y référer, c'est-à-dire étendre ces actes
d'un Etat a un autre. Aujourd'hui, l'extension est facile avec le développement de la nouvelle
technologie de l'information, notamment l'internet, qui peuvent rapprocher les Etat en un clin
d'œil. Ainsi, parle-t-on de plus en plus de la coutume unanime.

Section 2. Opposabilité de la norme coutumière

Le terme général est à opposer aujourd'hui au terme particulier, individuel d'Etat. Le fondement
de la coutume repose sur l'article 38 du Statut de la Cour internationale de Justice où l'on peut
lire : « la coutume internationale comme preuve d'une pratique générale, accepté comme étant
le droit », le terme général signifiant unanime, c'est-à-dire la pratique de tous les Etats.

L'usage de ce terme s'explique en opposition au particulier, a l'individuel. Ce terme révèle que


c'est toute la communauté des Etats qui est concernée par la pratique qui trouve son fondement
dans la nécessité sociale. Selon la doctrine dominante et constante, l'expression "étant acceptée
comme droit", cela signifie que les Etats s'y conforment et ont le sentiment que ce faisant, ils
se conforment à une norme qui préexistait au comportement de l'Etat. Et celui -ci en se
comportant de la sorte, sait qu'il s'agit d'une règle juridique qu'il ne faut pas v ioler.

La doctrine classique va qualifier l'élément psychologique, la relation entre l'Etat et la norme


juridique. L'Etat ne joue aucun rôle dans la transformation d'un usage en norme juridique ou en
règle juridique. C'est une conviction psychologique que de se conformer à une règle. Quant à
savoir qu'elle en est l'origine, cela procède d'une nécessité sociale.

Une autre partie de la doctrine estime que l’opinio juris" est plutôt une attribution par les Etats
d'un caractère obligatoire et juridique à un usa ge. Dans ce sens, la formation de la coutume fait
appel à la volonté des Etat. II ne s'agit pas d'une action psychologique. La doctrine considéré
cela comme une conception des volontaristes car c'est une nécessité sociale et c'est aussi une
nécessite des accords des autres Etats, C'est la conviction du droit.
35

En définitive, la différence entre l'accord et la coutume réside dans le fait que dans la coutume
internationale, l'accord est tacite et dans la convention, l'accord est exprès, écrit. L'opinio juris
est à la base d'un accord tacite,

 Exemple 1 : lire l‘Affaire du droit de passage sur le territoire indien devant la Cour
permanente de Justice internationale qui opposa le Portugal a l'Inde. le Portugal avait le droit
de passage sur la mer indienne. Ceci permettait au Portugal de traverser l'Inde et d'atteindre ses
territoires. II s'était créé une coutume entre le Portugal et l'Inde relative à la navigation en cet
espace maritime. Donc l'Inde ne pouvait pas violer cette coutume ou ce droit de passage. Mais
par la suite, l'Inde estimera qu'il ne peut exister une coutume qu'entre deux Etats. La CPJI,
clans son dictum (sentence) déclarera que rien n'empêche qu'une coutume se crée entre deux
Etats, régionalement ou localement. Une pratique locale continue finit par créer des droits et
des obligations.

 Exemple 2 : Affaire Haya de la Torre entre le Pérou et le Colombie clans laquelle on évoque
le droit d'asile comme coutume locale. La Cour internationale de Justice en 1950, non
seulement reconnut la coutume locale régionale, mais aussi a confirmé que cette coutume
existe et est acceptée lorsque l'Etat ne la rejette pas. La coutume est opposable à un Etat qui l'a
acceptée. Cette pratique doit être constante et non isolée : les traités multilatéraux font des
exemples concrets des coutumes codifiées.

Enfin, il convient de signaler qu'il n'existe pas des cas, même de tendance où un Etat rejette
une coutume et qu'on la lui impose. La coutume répond au principe de la relativité d'une règle
internationale.
36

Chapitre II. LES PRINCIPES GENERAUX DU DROIT

L'article 38 du Statut de la Cour Internationale de Justice au point c) dispose : "les principes


généraux de droit reconnus par les nations civilisées". A l'instar de la coutume, devant un cas,
l'interprète doit rechercher l'existence et la portée de la règle internationale dans des
comportements ou les emprunter a d'autres ordres juridiques, en particulier nationaux. Les
principes généraux sont reconnus par les nations étatiques, par des sociétés organisées en Etats.

Toutes les nations non civilisées sont vouées a la domination des nations civilisées pour les
amener à un état de civilisation suffisant afin qu'ils arrivent à se gouverner eux -mêmes.

Pour votre édification, l'article 22 du Pacte de la Société des Nations avait organisé trois piliers
de mandat ou de régime qui était considéré comme civilisés à ce moment -là :

 les peuples suffisamment organises, soumis au Mandat 1;

 les peuples en voie d'organisation avec obligation de les émanciper : Mandat 2 ;

 les peuples pour lesquels les puissances n'ont aucune obligation mais le pouvoir de les
administrer dans la perspective de les amener à l'indépendance (Protectorat).

Section 1. Sources autonomes et supplétives

Les principes généraux de droit sont donc des sources autonomes ou secondaires par rapport
aux traites et coutumes internationales. Pour le savoir, il s'impose de comprendre leur
formation et caractère obligatoire.

Peuvent être considérés comme principes généraux de droit, ceux issus des systèmes nationaux
des Etats et reconnus par les nations civilisées.

Ne peuvent donc être appliqués dans les rapports internationaux que les principes communs
aux Etats civilisés qui seront transposés en droit international pour trancher les conflits
internationaux. Cette vision n'était pas acceptée par les "Socialistes". C'était là l'intelligence de
l'article 22.

Cependant, avec le temps, l’on a admis que seuls ne peuvent être acceptés que les principes
résultant du droit international et non résultant des Etats s'imposant à d'autres. Comme tels, ce
sont des sources directes autonomes. Mais la conception traditionnelle soutient qu'ils n'existent
que par le mécanisme de la coutume ou de la convention.

En fait, les principes généraux de droit international peuvent être soit co nventionnels, soit
coutumiers. Dans ces conditions, il n'y a pas de différence entre les traités, les normes
coutumières et les principes généraux, à moins qu'ils aient un caractère spécifique auquel cas,
ils coïncident ou se rapprochent du Jus cogens :

 les principes doivent naitre directement du droit international et des rapports entre les
Etats,
 ils doivent procéder du mécanisme conventionnel et coutumier ;
 ils doivent coïncider dans leur énumération et caractère avec le jus cogens.

Section 2. Quelques catégories des principes généraux

II existe plusieurs catégories des principes généraux. En voici quelques exemples consacrés par
la jurisprudence Internationale :
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a) Principes rattachés à la conception du droit :

 Abus du droit au principe de la bonne foi ;


 Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude ;

b) Principes de caractère contractuel transposés à la matière des traités :

 principe de l'effet utile ;


 principes relatifs au vice de consentement et à l'interprétation ;
 force majeure ;
 prescription libératoire ;

c) Principes relatifs au contentieux de responsabilité :

 principe de la réparation intégrale du préjudice ;


 intérêts moratoires ;
 exigence de lien de cause à effet entre le fait générateur de la resp onsabilité et le
préjudice subi;

d) Principes de procédure contentieuse :

 nul ne peut être juge et partie ;


 égalité des parties ;
 respect du droit de la défense ;

e) Principes du respect des droits de l'individu :

 protection des droits fondamentaux ;


 protection spécifique des droits des agents publics.

f) Principes portant sur le régime des actes juridiques :

 principes relatifs à l'effet international des actes juridiques ;


 principes relatifs au retrait des actes administratifs créateurs des droits ; etc.

Si le recours à certains principes devient rare, certains domaines nouveaux nécessitent


cependant leur recours grâce au enveloppement économique et à la création de plus en plus des
organisations internationales.

Ainsi, l'analogie est utilisée pour recourir aux modèles étatiques. Exemple : pour le règlement
des assemblées parlementaires, droit des contrats, etc.

Enfin, l’équité sert toujours de source au droit international tel qu'il ressort du paragraphe 2 de
l'article 38 de la Cour Internationale de Justice qui donne au juge la faculté de statu er « ex
aequo et Bono ». Mais certains perçoivent une contradiction fondamentale entre les structures
de la société internationale, fondée sur la souveraineté de l'Etat et la liberté reconnue au juge.
Tout dépend de l'accord des parties. Néanmoins, elle es t considérée comme une source
complémentaire.
38

Chapitre III. LE JUS COGENS

Le jus cogens ne doit pas être considéré comme une source particulière. Il est un corps de
règles impératives du droit international. En droit interne, les normes impératives répo ndent
d'un ensemble de valeurs supérieures à l’égard desquelles le législateur ne peut adopter des
règles contraires. La société tend vers la cohésion au point que les Etats sont obligés d'exécuter
la volonté commune. Les valeurs supérieures forment en droit interne, une sorte de creuset,
source de normes.

L'équité, la jurisprudence, la renaissance de l'identité de la société internationale, le respect des


personnes, de la société internationale, ont constitué le sujet de normalisation du droit
international. Elles sont consacrées par les articles 53 et 64 de la Convention de Vienne et ces
normes ne sont pas clairement définies ; mais l'article 55 en donne quelques éléments relatifs à
certaines de leurs valeurs.

D’où, la question : « comment une norme de droit international acquiert-elle un caractère


impératif, face auquel même la volonté concertée des Etat ne peut rien ? »

 D'abord, ces normes impératives ne sont pas totalement contraires à la volonté des Etats
car elles sont attribuées ou conçues par la communauté Internationale dans un
ensemble.
 Ces normes sont attachées à l'identité des Etats, aux principes de l'égalité et au respect
de cette égalité, et de la souveraineté des Etats.
 Ces règles n'obéissent et ne peuvent être modifiées que par la volonté des Etats.
 Elles ne peuvent être modifiées que par une règle impérative.

Ainsi, elles ne sont pas très différentes des principes généraux. Ce sont des principes qui
apparaissent soit à travers une convention, soit à travers une coutume et qui s'imposent
impérativement, aucun Etat ne pouvant y déroger.

En définitive, l'article 53 définit la norme impérative ou le Jus cogens comme suit : « c'est une
norme acceptée et reconnue par la communauté Internationale des Etats dans son ensemble en
tant qu'une norme à laquelle aucune dérogation n'est permise et qui ne peut être modifiée que
par une nouvelle norme du droit international général ayant le même caractère».

Et l'article 53 d'ajouter : « est nul tout traité qui, au moment de sa conclusion, est en conflit
avec une norme impérative du droit international général ». Ceci apparait clairement comme
une véritable hiérarchie des normes et de catégorie.

Ici, les Etats ont tenu à affirmer l'existence d'une communauté juridique universelle fondée sur
les valeurs propres devant lesquels tous ses membres doivent s'incliner. Cette norme entraine
des obligations erga omnes, c'est-à-dire a regard des tous les Etats, même si ceux-ci ne sont
signataires, à la différence avec les obligations contractuelles. Cependant, le critère en tre la
norme impérative et non impérative est difficile à établir. La réponse à cette question a
constitué ce que l'on appelle "aporie du droit international" (impasse ou incertitude logique,
insécurité).

D’où, la Commission du droit international a laissé à la pratique des Etats et aux tribunaux le
soin de procéder à leur détermination.

Sir Hersh Lauterpacht a donné une piste en disant : « est nul tout traité ou toute disposition
d'un traité dont l'expression suppose un acte que le droit international con sidère comme illicite
lorsque cette situation a été constatée par la Cour Internationale de Justice ». Exemple : l'acte
d'agression, le génocide, l'atteinte aux droits fondamentaux de la personne humaine
(esclavage), la discrimination raciale. Sur le plan politique, le jus cogens correspond au nouvel
ordre mondial.
39

Chapitre IV. MODES DE FORMATION VOLONTAIRES

En bordure des actes concertés, conventionnels, la pratique et la jurisprudence internationale


reconnaissent l’existence et la contribution à la formation du droit international, d'autres
catégories d'instruments juridiques. II s'agit des actes juridiques qui se distinguent des traités
soit par leur caractère unilatéral, soit par leur autonomie par rapport au droit des traités. Leur
normativité étant souvent contestée, peut-on les considérer comme les sources formelles
internationales

 Exemples : - les déclarations collectives des puissances sur les traités créant des
situations objectives telles que les proclamations des Alliés après la capitulation sans
condition de l'Allemagne en 1945, considérées comme conventionnelles par les Etats
parties, mais actes unilatéraux pour les autres Etats.

- la déclaration égyptienne du 24 avril 1957 relative au régime du Canal de Suez, déclaration


de respecter le régime du Canal, doit-elle être perçue comme un acte unilatéral ou un traité ?

Par définition, un acte unilatéral est un acte imputable à un seul sujet de droit international.
Certains auteurs affirment que les actes unilatéraux peuvent être sources de droit international,
a l'exemple d'acte de reconnaissance ou d'adhésion. Or l’adhésion et la reconnaissance sont
prévues par des mécanismes conventionnels internationaux. Elles n e produisent pas
d'obligations à l’égard des Etats tiers sans leur consentement.

En définitive, ne peuvent être considérées comme sources du droit international que les actes
qui produisent des obligations a regard des tiers, c'est -à-dire sans leur consentement.

Les actes du droit international s'imposent aux Etat, en créant des obliga tions indépendamment
de la volonté des Etats. Ils sont prévus dans les actes constitutifs des Organisations
internationales.

Pour qu'une résolution crée des obligations dans le chef des Etats, il faut que l'acte ait un
caractère obligatoire. II s'agit par exemple des résolutions qui fixent les budgets d'une -
organisation, qui fixe le vote des membres.

L'on distingue les actes unilatéraux autonomes des actes unilatéraux liés à une prescription
conventionnelle ou coutumière, les actes autonormateurs des actes hétéronormateurs.

 Actes autonomes : des actes qui n'ont pas de lien avec un traite ou une coutume
notification, protestation (cas des pêcheries norvégiennes acceptées par la Cour
Internationale de Justice sur l’opposabilité à sa mer territoriale).
 Actes unilatéraux liés à une prescription conventionnelle ou coutumière, c'est -à-dire
tirés d'une convention ou d'une coutume : acte d'adhésion, de dénonciation, de retrait ou
de réserve.
 Actes autonormateurs : déclarations comportant elles -mêmes obligation d'être lie.
Exemple : opposer une politique d'indemnisation des entreprises étrangères aux Etats
d'origine en s'appuyant sur des résolutions n'ayant pas codifié la coutume.

Quid des décisions et des recommandations des organisations internationales qui créent d es
obligations aux destinataires ?

 Une décision est un acte unilatéral autoritaire, c'est -à-dire acte émanent d'une
manifestation de volonté de l'organisation, imputable donc à celle -ci et qui crée des
obligations à la charge de ses destinataires. Exemple : décision du Conseil de sécurité.
40

 Une recommandation est un acte qui émane en principe, d'un organe


intergouvernemental et qui propose à ses destinataires un comportement donné.
Souvent, elle n'a pas de force obligatoire. Dans la décision, c'est plus le f acteur de la
supranationalité qui facilite l'exécution et l'intégration. La recommandation est une
prière.

Quels sont les moyens qui permettent de déterminer les règles de droit

En somme, il s'agit des moyens dont se sert la Cour Internationale de Justice pour appliquer les
règles de droit : cela se fait par le recours à la jurisprudence, à la doctrine, aux consultations
juridiques. La doctrine en droit international revêt deux acceptions : position des acteurs sur
une question et position des auteurs ou des sociétés savantes : doctrine Monroe, Escobar, etc.
Ce sont des moyens auxiliaires de détermination des règles de droit.
41

PARTIE II. RAPPORTS INTERNATIONAUX OU RELATIONS ENTRE LES SUJETS


DE DROIT INTERANTIONAL

Notre deuxième partie du cours s'articulera autour des cinq titres :

 Le cadre juridique et les mécanismes des relations internationales ;


 La responsabilité internationale des Etats et les conflits internationaux ;
 Le règlement des conflits ;
 La limitation du recours à la contrainte ;
 Le régime international des espaces.
42

TITRE I. CADRE JURIDIQUE ET MECANISMES DES RELATIONS


INTERNATIONALES

L'étude de l'Etat étant laissé au droit constitutionnel enseigné en début de graduat, nous
pouvons nous permettre d'aborder les rapports internationaux.

En effet, alors que l'empire englobe ou impose sa volonté à plusieurs territoires ou pays
conquis, l'Etat vie en relation ou en coopération avec d'autres entités étatiques, qu’il accepte
comme existant et jouissant des mêmes droits que lui. L'Etat ne pouvant vivre en autarcie, le
droit international se présente comme une symbiose de la dialectique de souveraineté et de
l'égalité. En plus de cette dialectique, s'ajoute celle de l'indépe ndance et de l'interdépendance

Chapitre I. CADRE JURIDIQUE DES RELATIONS INTERNATIONALES

Les rapports internationaux se caractérisent par les deux aspects fondamentaux : la paix et la
guerre. II y a des règles sur la paix et d'autres sur la guerre.

Les relations conflictuelles entre les Etats arborent des formes très variées qui vont des conflits
armes que l'on qualifie de situation de guerre, guerre larvée ou latente comme la guerre froide,
à la coexistence pacifique.

D'une part, ii existe des règles qui visent à empêcher ou à prévenir et à limiter les guerres.
Mais de plus en plus, la prévention des conflits tend à prendre le pas sur la réglementation du
déroulement de ces conflits. Donc, la prévention des conflits est une situation intermédiaire
entre la paix et la guerre.

Trois critères des règles vont régir les rapports internationaux :

 les règles générales dans les rapports entre les Etats ;


 les règles de prévention de conflit ;
 les règles pendant les conflits.

Tel est le cadre dans lequel se meuvent les rapports internationaux. En d'autres termes, le droit
international constitue le cadre juridique naturel des relations internationales, quand bien même
ces relations relèveraient d'autres systèmes juridiques tels que les droits nationaux, le droit
transnational régissant l'essentiel des relations transfrontières des personnes privées. Ces droits
ont un caractère résiduel.

Enfin, les relations internationales sont géographiquement situées ou organisées: Occident,


Nord-Sud, Sud-Sud, etc.

Les communications entre les Etats et entre leurs ressortissants ne sont pas non plus
limitées aux territoires étatiques terrestres, elles empruntent d'autres voies, maritime,
aérienne ou extra-atmosphérique auxquelles s'appliquent des régimes juridiques spécifiques.
L'application de ces différentes règles requiert des moyens ou certains mécanismes.
43

Chapitre II. MECANISMES GENERAUX DES RELATIONS INTERNATIONALES

A l'instar de tout système juridique, le droit international détermine les principes que ses sujets
sont tenus de respecter dans leurs rapports et les procédures à suivre. II établit également Ila
sanction des comportements contraires à ces prescriptions ou principes.

Le droit international est compose d'un corps des règles d'action ou d'abstention applicables
aux Etats et qui tirent leur fondement sur les principes de souveraineté et d’égalité.

Par ailleurs, il existe des formes et procédures pour l'élaboration des règles (droit des sources)
et de moyens de concertation pour le règlement commun de leurs problèmes.

Le droit international actuel ne reconnait que la règle traditionnelle de la responsabilité


étatique comme seule sanction générale et pacifique des violations des principes de ce droit.
Ces mécanismes se résument dans les relations diplomatiques et consulaires, et la
responsabilité internationale que ces relations suscitent. Cependant, avant d'entrer relation, il
faut avoir reconnu l'Etat ou son gouvernement. Un survol rapide de la notion de reconnaissance
s'impose.

Section 1. Reconnaissance

1) Définition

C'est un acte par lequel un Etat constatant l'existence des certains faits (Etat nouveau,
gouvernement, une situation, un trait& etc.) déclare ou admet implicitement qu'il les considère
comme des éléments sur lesquels seront établis ses rapports juridiques, cela avec les modalités
explicites ou implicites que peut comporter cette reconnaissance.

II y a deux moments : - cognitif, de constatation, et

- intentionnel, celui de la volonté de considérer l'objet comme légitime.

2) Aspects de la reconnaissance

La reconnaissance revêt deux aspects : reconnaissance d'Etat et de gouvernement.

a) Reconnaissance d'Etat

C'est un acte par lequel un ou plusieurs Etats constatent l'existence sur un territoire déterminé
d'une société humaine politiquement organisée, indépendante de tout autre Etat, capable
d'observer les prescriptions du droit international, et manifestent en conséquence leur volonté
de la considérer comme membre de la communauté internationale.

Elle peut être de « jure », c'est-à-dire définitive et plénière, ou provisoire et limitée à certains
rapports juridiques.

b) Reconnaissance de Gouvernement

La plus fréquente, la reconnaissance du nouveau gouvernement d'un Etat déjà reconnu est l'acte
libre par lequel un ou plusieurs Etats constatent qu'une personne ou un groupe de personnes
sont en mesure d'engager l'Etat qu'ils prétendent représenter, et témoignent de leur volonté
d'entretenir avec elle des relations. Elle peut être de jure ou provisoire ou limité à certains
rapports.

Deux doctrines s'opposent à ce sujet :


44

 légitimiste ou de la légitimité, défendue par Tobar (Ministre Equatorien des affaires


étrangères) fondée sur les mécanismes constitutionnels d'accession au pouvoir ;
 effective ou de l'effectivité soutenue par Estrada (Ministre mexicain des affaires
étrangères dans les années 1930) fondée sur l'existence effective du pouvoir quel que
soit le mode d'accès au pouvoir. (Lire à ce sujet Andende A., La reconnaissance d'un
Etat ou d'un gouvernement en droit international, expérience des pays africains des
années 90, Kinshasa, Ed. CEDI, Dec.1998).

C) Effets de la reconnaissance

L'acte de reconnaissance a une signification politique. C'est un prélude à l'ouverture des


relations diplomatiques. La reconnaissance permet à l'Etat reconnu de jouer un rôle sur le plan
international, se confirmer et se conforter, de passer des accords, de conclure des engagements,
de solliciter de l'aide et l'assistance. Bref, cela entraine la reconnaissance de l'existence d'un
Etat et son fonctionnement en droit international.

Section 2. Compétence des Etats en droit international

II convient de prime abord de noter que l'Etat est un phénomène à la fois politico -social et
juridique. Sous l'angle politico-social, ('existence de l'Etat requiert les trois éléments
traditionnels que sont un territoire, une population et un pouvoir politique organise. Cependant,
sous ('angle juridique, l'existence de l'Etat se fonde sur un caractère suprême à nul autre pareil,
savoir la "SOUVERAINETE". Il s'agit donc du statut pour une entité de n'avoir, au -dessus
d'elle, aucune autre autorité ou puissance supérieure.

De ce critère découle l'indépendance de l'Etat dans l'organisation de tous ses rouages


politiques. Cette indépendance ainsi conçue, emporte l'exclusivité, l'autonomie et la plénitude
des compétences de l'Etat.

§1. La détermination des compétences

En règle générale, les compétences étatiques sont tributaires :

- soit d'une convention bilatérale ou multilatérale d'Etats ou à travers un cadre juridique de


concertation, en l'occurrence dans le cadre d'une organisation internation ale. Il en a été le
cas lorsqu'en 1991, le Conseil de sécurité de l'ONU prit des résolutions pour délimiter la
compétence étatique de l'Irak sur notamment des armes nucléaires et bactériologiques ;
- soit d'un acte unilatéral, mais conformément au droit inte rnational (ex. : la délimitation de
la mer territoriale avec la Convention de la mer).

Une fois déterminées, les compétences de l'Etat vont s'exercer sur ses nationaux ou qu'ils se
trouvent, sur ses services publics et surtout sur ('ensemble de son territo ire. les trois
compétences personnelle, matérielle et territoriale.

A. Compétence personnelle de l'Etat

David RUZIE définit la compétence personnelle de l'Etat comme : « le pouvoir reconnu celui-
ci d'agir a regard de ses nationaux se trouvant à l'étranger en leur donnant des ordres, en
réglant leur statut personnel et en exerçant vis-à-vis d'eux sa protection ». C'est la notion de
la protection diplomatique.

De cette définition découle la liberté de chaque Etat de déterminer les règles d'attribution de sa
nationalité. Néanmoins, cette liberté ne peut nullement soustraire l'Etat de certains principes
généraux du droit international.
45

B. Compétence de l'Etat à raison de ses services publics

Dans ses contacts avec l'étranger, l'Etat étend l'exercice de son action sur le territoire d'autres
Etats à travers notamment ses services publics. Ces derniers permettent également a l'Etat de
pouvoir défendre ses intérêts à l'étranger. En droit international, tout Etat est libre d'organiser
sa défense d'après ses besoins, ses moyens, sa politique, sauf respect d'obligations
internationales notamment limitant les armements.

Il en ainsi lorsque pour des raisons de défense nationale, l'Etat est appelé ou parfois est amené
à stationner ses troupes sur le territoire d'un autre Etat. D ans ces cas précis, il est impérieux de
noter que le droit international soumet le stationnement des troupes a une autorisation préalable
de l'Etat de séjour.

Un partage de compétence se dégage sur le terrain, entre l'Etat du drapeau qui assure la
discipline et la sécurité de ses troupes, et l'Etat de séjour.

Il sied de constater que le principe de droit international a été battu en brèche par la réalité
de la situation a l'Est de la République Démocratique du Congo vers les années 90, sous la
présidence de Laurent Désiré KABILA, où des troupes étrangères du Rwanda, de l'Ouganda et
du Burundi ont investi une partie considérable du territoire congolais, à l'origine au nom de
leur droit de poursuite et de la recherche d'une certaine sécurité des régions fronta lières entre
eux et la République Démocratique du Congo, contre la volonté de celle -ci.

Par ailleurs, la pratique internationale des Etats admet que ceux -ci puissent exercer des
compétences a regard des puissances tierces, notamment en cas de guerre ou de crise profonde,
en assurant par exemple le contrôle de la navigation neutre dans la région, de l'observation des
sanctions économiques ou d'aider à la mise en place des zones de sécurité susceptibles de
désamorcer une guerre entamée.

Ici également, un tel Etat est appelé toujours à observer une neutralité en veillant à ce que ses
agents diplomatiques et consulaires n'interviennent pas, par leurs contacts et déclarations, dans
les affaires intérieures de l'Etat de séjour et respectent les lois de celui -ci.

C. La compétence territoriale de l'Etat

La compétence territoriale de l'Etat consiste en « son pouvoir juridique d'agir dans l'espace qui
constitue son territoire » et ce, dans tous les domaines de la vie nationale.

L'Etat peut par exemple réglementer ses services d'immigration, c'est-à-dire l'entrée et le séjour
des étrangers sur son territoire, évidemment en tenant compte des engagements internationaux
(cas de visa).

Cependant, il convient de noter la tendance actuelle vers l'universalité de la compétence pén ale
de l'Etat qui est de plus en plus aujourd'hui appelé à s'immiscer dans les affaires n'intéressant
pas directement sa souveraineté. Il s'agit là d'une incidence d'établissement de la Cour Pénale
Internationale qui demande a tout Etat de contribuer à la répression de certaines infractions
internationalisées les plus graves comme le génocide, les crimes contre l'humanité, les crimes
de guerre, les crimes d'agression.

En tout état de cause, la souveraineté territoriale d'un Etat est en principe générale et exclusive.
Générale parce qu'elle s'étend sur tous les domaines de la vie nationale, et exclusive parce
qu'elle ne peut être partagée avec un autre Etat.

Néanmoins, il n'est pas exclu qu'un Etat qui engage sa responsabilité Internationale voie sa
souveraineté limitée par l'immixtion des autres Etats ou d'une organisation Internationale dans
les affaires intérieures. Il est possible de noter a ce propos, la quasi mise en "tutelle" de l'Irak
depuis 1991 dans l'exploitation des ressources pétrolières par les e ffets des Résolutions 706 et
46

708, et son industrie d'armement nucléaire par la Résolution 715 du Conseil de sécurité de
l’ONU, après l'annexion du Koweït en 1990 de triste mémoire.

Consécutivement à la notion de la compétence territoriale que nous venons d 'examiner


brièvement, il nous revient à présent de dire un mot sur les modes d'acquisition du territoire,
tout en faisant d'ores et déjà un distinguo entre l'acquisition d'un territoire non encore
approprie et d'un territoire déjà approprie.

§2. L'établissement des compétences

Au stade actuel de la civilisation planétaire, il n'est plus l'ombre d'aucun doute que les modes
d'acquisition d'un territoire non encore approprié à ce jour se révèlent être réalité historique,
tant il est vrai que la doctrine dominante en droit international est d'avis qu'il n'existe plus de «
terra nullius » ou de « terre sans maitre » qui ne fasse pas l'objet d'une réglementation
internationale. Même les régions polaires ne sont pratiquement plus susceptibles de
revendication de tout genre car d'une manière ou d'une autre, ces régions ne peuvent faire
l'objet d'une occupation effective à ce jour. Même l'espace extraatmosphérique est à ce jour
régentent. II est soumis au régime de ('internationalisation négative (non -appropriation et
liberté d'utilisation : Accord du 18.12.1979 sur les corps célestes ou Traité de 1967).

Ainsi nous empressons-nous d'analyser l'hypothèse d'établissement des compétences


territoriales à travers l'acquisition d'un territoire aux dépens d'un Etat préexistan t.

A ce sujet, soulignons que le droit international retient quatre procédées d'acquisition :

 la cession : il s'agit d'un procédé conventionnel entre Etats a l'occasion de la


rectification du trace des frontières pour diverses raisons ;
 la décision d'une organisation internationale : il en été le cas lors du partage de la
Palestine en 1947 et du sort des colonies italiennes en 1950, décides par l'ONU ;
 la création d'un Etat nouveau, par voie de détachement : ce procédé a servi l'époque de
la décolonisation ;
 la conquête ou "debellatio" : ce procédé consiste en l'acquisition d'un territoire à la
suite d'une victoire de guerre. II implique donc que la guerre ait pris fin, sinon l'on
parle que d'une occupation. Deux tentatives de "debellatio" connues demeurent celles
de l'Allemagne en 1945 et du Koweït par l'Irak en 1990. Peut -on y ajouter le cas de
('invasion de la République Démocratique du Congo par le Rwanda, l'Ouganda et le
Burundi en 1998 ?

En définitive, il faut reconnaitre que si le statut international de l'Etat reconnait a celui-ci des
compétences pour exprimer sa souveraineté, il est établi en droit international qu'un Etat est
responsable des conditions dans lesquelles il exerce lesdites compétences.

Section 3. Théorie de la succession

L'on distingue deux sortes de succession : la succession d'Etats et la succession de


gouvernements. Quand bien même celle-ci ne poserait pas de problèmes eu égard au principe
de l'identité de l'Etat en mutation politique, i subsiste quand même certaines questions liées a u
changement de gouvernement dans des situations particulières (coup d'Etat, dénonciation des
traites, etc.).

La succession d'Etats est définie comme une substitution d'un Etat (Etat successeur) à un autre
(Etat prédécesseur) dans l'exercice des compétence s internationales sur un territoire, c'est-à-
dire sa responsabilité dans les relations internationales. C'est le cas d'une mutation territoriale
telle que l'annexion, la fusion, la succession (David RUZIE, Op.cit., 19 6me Ed. DaIloz, 2004).
47

Nonobstant quelques dispositions constitutionnelles, les décisions jurisprudentielles et les


engagements unilatéraux, ii n'existe pas des règles générales précises dans les temps sur la
succession. C'est pourquoi, la Commission du droit international a entrepris la codifi cation du
droit international en faisant le distinguo entre la succession aux traites et la succession aux
droits et obligations issues des sources autres que les traites. D’où la conclusion de la
Convention sur la succession d'Etats en matière de biens, a rchives et dettes de l'Etat.

Ainsi, mû par le développement, le nouveau droit va s'appuyer sur la seule volonté de l'Etat
successeur, ce droit le rend prééminent dans une succession à la suite d'une indépendance. Pour
le cas de l'Afrique, l'option a été de rendre intangibles les frontières héritées de la colonisation.

§1. La succession aux traités

Entrée en vigueur en 1966, la Convention de 1978 entraine plusieurs hypothèses avec des
règles différentes, même si certains principes s'appliquent à toutes les situations.

1. Principes valables a toutes les situations de succession.

- Maintien en vigueur de certains traites : tels que les traites territoriaux (fixant les frontières
ou les voies de communication (ex. Affaire de la frontière maritime entre Guinée / Guinée
Bissau). Les traites-lois conclus dans l'intérêt de la société ou la communauté internationale
alors que pour les traites-contrats, la pratique est contradictoire.

- Non-transmission des traites politiques tels que ceux de garantie, d'alliance, sur la neutralité,
l'arbitrage, assistance mutuelle, etc. ceci d'après la pratique internationale. Les difficultés
d'apprécier la nature d'un traits ; exemple : traité d'extradition politique ou assistance technique
ou juridictionnelle. La Convention de 1978 interdit toute atteinte à la souveraineté permanente
sur les richesses et ressources naturelles.

2. Distinctions des situations

- Succession concernant une partie du territoire sur base du principe de la variabilité des
limites ou des frontières mouvantes :

a) Les traités de l'Etat prédécesseur cessent d'être en vigueur

b) Les traités de l'Etat successeur s'appliquent, sauf l'exception déclarée.

- Unification ou sécession d'Etats, c'est le principe de la continuité des traités. En cas


d'admission dans les Organisations internationales, on distingue le cas de sécession où seule la
nouvelle entité demande l'admission, ou la dissolution où la demande d'admission est exigée de
toutes les anciennes composantes.

- Etats nouvellement indépendants. Deux faits s'imposent : la pratique de la décolonisation et


la Convention de 1978.

a) Pratique de la décolonisation : c'est la liberté de l'Etat successeur qui a prévalu sur le souci
de ne pas bouleverser les relations juridiques quand bien même une certaine continuité s e
manifestait dans le chef de la population. C'est la technique de la table rase. Pas de succession
aux obligations. D'autres Etats ont pensé à un temps de réflexion en examinant les traités au
cas par cas.

b) Convention de 1978 : celle-ci a consacré la pratique de la décolonisation en mettant en


exergue le principe de l’autodétermination fondé sur le principe de la table rase.
48

§2. La succession aux droits et obligations issus de sources non conventionnelles

La Convention de 1983 va relayer celle de 1978 sur la succession aux biens, archives et dettes
d’Etat.

3. Succession en matière de responsabilité internationale

Principe : il n’y a pas de succession en la matière et le changement de régime politique n ’a


point d’impacts sur la responsabilité internationale d’un Etat.

4. Droits de réclamation sur base d’acte illicite.

Principe : un Etat Z (successeur) ne peut faire valoir les réclamations d’un ancien de l’Etat X
avait déjà épousé la cause de son ressortissant avant la sécession ;

Exception : cas particulier de réparation par indemnisation de crimes contre l’humanité (ex.
Accord RFA — Israël).

b) Obligation issues d’actes illicites.

Principes : un Etat Y ne peut se retourner contre un Etat Z (successeur) ayant succédé à l ’Etat
X (cédant) à propos d’actes illicites imputables à ce dernier.

2. Succession au domaine public

a) Le domaine de l'Etat cédant passe à l'Etat acquéreur car il s'agit des biens destines a l'usage
du public (la population qui n'a pas changé)

b) Ceci n'est pas nécessairement valable pour les biens des autres collectivités publiques (à
examiner au cas par cas).

c) Le transfert se fait à titre onéreux dans certains cas et à titre gratuit pour les Etats
décolonises.

d) En cas d'éclatements d'Etats, c'est le critère territorial, c'est -à-dire localisation des biens, qui
est retenu pour les biens immobiliers.

3. Succession en matière d'archives

- Le principe de la succession est acquis pour les archives de gestion techniques ou des
administrations.

- Pas de succession aux archives de souveraineté, c'est-à-dire celles émanent des autorités
représentants la souveraineté de l'Etat prédécesseur.

- La Convention de 1983 &tend la notion des archives de l'Etat prédécesseur, transférables sans
compensation.

4. Succession aux dettes publiques

Selon la Convention de 1983 très restrictive, aucune succession des dettes d'Etat n'est en
principe possible pour un Etat nouvellement indépendant. Elle se limite aux dettes
interétatiques et non des particuliers.

On distingue les dettes d'Etats des dettes de régime.


49

1. Le sort des dettes d'Etat

Ce sont celles contractées dans l'intérêt général de la collectivité installée sur le territoire cédé.

- L'Etat successeur hérite d'une partie de la dette publique générale du territoire concerne sur
base du choix du critère de répartition aux dettes (superficie, population, etc.) ou la faculté
contributive sur base du critère fiscal ou d'importance de l'actif transféré.

- L'Etat successeur hérite de l'intégralité des dettes localisées dans l'intérêt exclusif du
territoire cédé.

- Le cas de l'ex Union Soviétique où le principe d'engagement solidaire a été assuré

2. Le sort des dettes de régime

Ces sont celles contractées dans l'intérêt d'une certaine forme politique. Elles ne sont pas en
principe transmises (dettes d'asservissement ou odieuses).

3. Le changement de nationalité

Principe : l'Etat successeur accorde sa nationalité aux habitants du territoire cédé.

Exception : - dans l'intérêt de l'acquéreur, il peut le refuser aux éléments hostiles ou procéder à
des transferts de population.

- dans l'intérêt de la population, une faculté d'option est laissée aux habitants de se prononcer.

- cas des personnes morales : en principe, la succession n'a pas d'effets sur leur nationalité
d'après une exigence jurisprudentielle (française). Par souci d'éviter le cas d'apatride, en
principe, c'est la nationalité de l'Etat successeur ; à défaut, l'on prévoit un accord à ce sujet.

4. Le respect des droits acquis

Le principe est le respect des droits acquis mais son domaine d'applica tion est variable :

- droits privés restent acquis ;


- respect des concessions (droits mixtes d'où concilier la souveraineté du successeur et les
droits du concessionnaire);

- les exportations et nationalisations s'opposent au respect des droits acquis avec indemnité
équitable.

5. Le sort de la législation

En principe, le système juridique de l'Etat successeur s'applique sauf si l’opportunité suscite le


maintien de la législation antérieur.

Section 4. Relations diplomatiques et consulaires

Les relations diplomatiques et consulaires ente les peuples existent depuis les temps
immémoriaux. Elles se sont développées avec révolution du droit des gens.

Depuis l'apparition de l'Etat, la pratique nous apprend que le critère le plus sûr de la
souveraineté d'un Etat est le fait d'entretenir effectivement des relations diplomatiques et
consulaires par le truchement de ses propres agents sur pied d’égalité. Il est représenté auprès
de ces Etats, auprès des organisations internationales et participent à leurs activités : la Cour
50

Internationale de Justice considère les relations diplomatiques comme un édifice juridique


patiemment construit par l’humanité au cours des siècles et dont la sauvegarde est essentielle
pour la sécurité et le bien être d'une communauté internationale aussi compl exe que celle
d'aujourd'hui (Cfr. affaire du Personnel diplomatique et consulaire américain à Téhéran, 1980).

L'aspect juridique essentiel de ces relations résulte de leur mécanise qui crée un exercice
concurrent des compétences de deux Etats sur un même t erritoire. Un service public national
place sous la direction d'un Etat est établi et fonctionne sur le territoire d'un autre Etat,
l'atteignant ainsi dans son pouvoir le plus fort, dans sa souveraineté territoriale.

Le problème devient crucial avec la coexistence des Etats à régimes politiques, économiques et
sociaux tout à fait différents, d'où le risque des pressions des Etats forts sur les faibles.

La diversité des sujets de droit international accroit encore cette problématique. Par
exemple, l'Etat de siège d'une organisation internationale doit tolérer la présence sur son
territoire des missions accréditées auprès de cette organisation internationale. Qu'à cela ne
tienne, le ministère des affaires étrangères demeure le centre et la plaque tournante de
l'organisation de la problématique de ces relations diplomatiques et consulaires (article 41,
section 2 de la Convention de Vienne du 18 avril 1961). Les rapports internationaux
s'organisent et se réalisent à travers ces services au nom de l'Exécutif.

En tout état de cause, la problématique de base est la même : savoir concilier le principe de la
souveraineté territoriale avec les exigences des relations internationales. Certains voient en
cela l'irréalisme de toute conception absolue de souveraineté. Le dr oit des relations
internationales est en définitive régi par la Convention de Vienne (1961 et 1964).

1. Droit de légation

Le droit international classique reconnait aux Etats souverains le droit de légation qui revêt
deux aspects :

 droit de légation active, c'est-à-dire d'envoyer des représentants diplomatiques auprès


des Etats étrangers. Ces représentants étant accrédités auprès de ceux -ci, l'Etat qui
envoie est designs "Etat accréditant" ;
 droit de légation passive, c'est-à-dire celui de recevoir les représentants accrédites
auprès d'eux ; il est désigné "Etat accréditaire".

Les Etats participent aux activités des organisations internationales par le biais des missions
diplomatiques permanentes ou spéciales, qui dépendent du Ministère des Affaires Etrangèr es,
et lui-même de l'organe exécutif.

La représentation des mouvements de libération est difficile : il n'existe pas de véritable droit
de légation à leur profit. Ces mouvements sont autorisés à ouvrir les bureaux officiels ou non
qui bénéficient de certains privilèges, immunités et facilités garantis aux missions
diplomatiques. Tout se fait au cas par cas. Leur statut est assimilé à celui des missions
reconnues par l'Etat de siège. Il sied de signaler que les chefs des missions du saint siège
auprès des Etats portent le titre de "Nonces ou internonces". Sur le plan historique, il y a lieu
de retenir que la Convention de Vienne est le véritable code des relations diplomatiques.

L’établissement des relations internationales entre Etats et l'envoi des missions diplomatiques
permanentes se fait par consentement mutuel. Il n'existe pas d'obligation de légation passive en
ce sens qu'un Etat n'est pas en droit d'exiger qu'une autre reçoive ses ressortissants.

Par ailleurs, si aucun Etat n'a l'obligation d'entreteni r des relations diplomatiques ou
consulaires avec un autre Etat, des lors qu'il le fait, il doit se soumettre aux obligations
impératives de la Convention de Vienne.
51

Pour les Etats fédéraux, tout dépend des attributions et de la répartition des compétences .

Comme à leur établissement, la rupture des relations diplomatiques est un acte


discrétionnaire de l'Etat qui se traduit par la décision unilatérale de celui -ci de fermer la
mission. Cette mesure étant grave, elle ne peut intervenir qu'en dernier ressort. Elle est
précédée des mesures moins radicales (expulsion, rappel du chef). En cas de guerre entre deux
Etats la rupture est automatique.

En cas de rupture, l’'ex Etat accréditant confie la protection de ses intérêts dans l'ex Etat
accréditaire à la mission des Etats tiers.

L'accréditation du chef de mission se fait par la présentation de ses lettres de créance auprès de
l'Etat accréditaire.

Hormis le cas de mandat, la fonction de tout membre du personnel diplomatique prend fin dans
l'Etat accréditaire si celui-ci le déclare "persona non grata" et demande le rappel de son
personnel.

II existe des accréditations doubles, multiples et des représentations communes, c'est -à-dire
plusieurs Etats accréditent la même personne . Tandis que les accréditations doubles ou
multiples signifient qu'une même personne représente son Etat auprès de deux ou plusieurs
juridictions, ce regroupement est fondé sur des considérations économiques ou financières.

II existe trois classes de chefs de mission :

 Ambassadeurs ou Nonces ;

 Envoyés, Ministres ou Internonces ;

 Chargé d'affaires.

Les membres du personnel diplomatique ont la qualité de diplomate. Les fonctions de la


mission ou de la représentation sont les suivantes :

 représenter l'Etat accréditant auprès de l'accréditaire ;


 protéger les intérêts de l’accréditant auprès de l’accréditaire ;
 négocier avec le gouvernement de l'Etat accréditaire
 s'informer par tous les moyens licites des conditions de révolution des évènements de
l'Etat accréditaire et par rapport à son gouvernement ;
 promouvoir des relations amicales et développer les relations économiques, culturelles,
scientifiques entre les deux Etats.

La liste n'est pas exhaustive.

§2. Privilèges et immunités

Les agents de la mission diplomatique se trouvent dans une situation particulière car ils
constituent les moyens pour l'Etat accréditant d'exercer une mission de service public sur le
territoire de l'Etat accréditaire. D’où, il faut leur reconnaître des garanties exceptionnelles
permettant ou facilitant l'accomplissement de cette mission. Ces facilités sont appelées
"privilèges et immunités".

A titre d'exemple, les immunités juridictionnelles sont des atteintes à la souveraineté de l'Etat
accréditaire et s'imposent à lui. Néanmoins, il importe de noter que les privilèges dépendent du
droit interne de l'Etat accréditaire qui a pleine compétence pour les octroyer à l'Etat
accréditant.
52

La Convention de Vienne distingue les deux notions en assouplissant leur portée. Leur
fondement est le droit international : trois théories l'expliquent, fondées sur la fiction juridique.

1. Extraterritorialité ou exterritorialité l'agent diplomatique qui agit à l'étranger est


considéré comme n'ayant pas quitté le territoire de son propre Etat et à ce titre, il exerce
ses propres fonctions. Ses locaux sont traités de la même façon. Mais cette notion est de
plus en plus battue en brèche.
2. Caractère représentatif de l'agent diplomatique et de la mission diplomatique : en tant
que représentant de l'Etat accréditant, il bénéficie des privilèges et immunités. En
respectant leur dignité et leur indépendance, l'Etat accréditaire respecte en même temps
la dignité, l'indépendance et la souveraineté de l'Etat accréditant et son chef qui les
envoie.
3. Exercice indépendant de la fonction diplomatique : les privilèges et immunités sont
fondés sur les nécessités de l'exercice indépendant de la fonction diplomatique. Ici,
l'accent est mis à la fois sur le caractère représentatif et sur le fonctionnalisme des
privilèges et immunités.

Ex. : 1) liberté des communications officielles.

Permettre et protéger la fibre communication de la mission pour toutes fins officielles. Ex.
immunité de la valise diplomatique (ne pas ouvrir, ni retenir), secret et inviolabilité de la
correspondance officielle.

2) Inviolabilité des locaux, des biens de la mission et des diplomates : ne pas porter atteinte
aux locaux de la mission et prendre des mesures pour les protéger et prévenir les atteintes.

 Les locaux de la mission sont inviolables : la Cour Interna tionale de Justice a condamné
Téhéran le 24 mai 1980 sur cette base (occupation de l’Ambassade des Etats -Unis
d'Amérique à Téhéran, en Iran).
 La protection des biens meubles, archives et documents de la mission ainsi que ses
moyens de transports.
a) Inviolabilité personnelle : protection de l'agent diplomatique.
b) Immunité juridictionnelle : l'agent en exercice ou non, jouit de l'immunité
juridictionnelle absolue, pénale, civile et administrative.
 Les privilèges et immunités s'étendent aux membres de la famille sauf s'ils sont des
ressortissants de l'Etat accréditaire.
 Les exceptions fiscales et franchises douanières sont reconnues sauf exceptions par le
pays accréditaire.
 Le personnel administratif en est également bénéficiaire.
 Le personnel de service dans l'exercice de leurs fonctions, à l'exclusion de leur famille.

Notons pour clore ce point que l'institution consulaire concerne les postes essentiellement
administratifs mais installés à l'étranger. A ce titre, les postes consulaires bénéficient des
privilèges et immunités comme les missions diplomatiques.

Chaque chef de poste consulaire est muni d'une "Iettre de provision" de son Etat d'envoi. Avant
d'exercer, il lui faut une autorisation de l'Etat de résidence. Cette autorisation s'appelle
"Exequatur" (comparable à l'exequatur en matière de jugement international).
53

Section 5. Notion d'Organisations internationales

1. De la définition

Plusieurs définitions sont formulées pour préciser le caractère volontaire et manifeste qui sous -
tend la création d'une Organisation internationale. Voici un éventail de la doctrine en cette
matière.

Selon René Claude Smouth, une OI est définie comme un ensemble structuré des participants
appartenant à des pays différents, coordonnant leur action en vue d'atteindre des objec tifs
communs.

Le lexique des relations internationales définit « une organisation internationale ou


intergouvernementale comme une association d'Etats, établie sur la base d'un traité
interétatique appelé selon le cas, Charte, Statut, Constitution, Acte co nstitutif, etc. et doté
d'organes permanents chargé de la réalisation des buts de l'organisation.

Gérard Cornu, au travers de son Vocabulaire juridique, la définit comme une collectivité
composée d'Etats, établie de façon permanente et dotée d'une volonté distincte de celle de ses
membres. C'est à travers de ces définitions que l’on peut tirer, du concept Organisation
internationale, quelques caractéristiques.

2. Caractéristiques des OI

Pour ne pas être spéculatif, on aurait bien voulu voir l'instrument juridique qui crée une OI
préciser quelles doivent en être les caractéristiques. Faute d'un tel document, on recourt à la
pratique pour en déterminer.

Dans tous les cas, on voit d'abord qu'une OI est constituée exclusivement d'Etats. Le
caractère évolutif du droit international a intégré outre les Etats, d'autres sujets de droit
international mais de manière très sélective. Ainsi dans la participation à la composition, on
compte aujourd'hui aussi les Organisations internationales elles -mêmes. On y exclu donc les
particuliers, individus ou groupes sociaux, soient -ils. Mais on ne peut non plus négliger parfois
le rôle très important que ces particuliers jouent dans le processus d'élaboration des décisions
des organes des Organisations Internationales.

L'Organisation internationale est créée sur base d'un Acte constitutif. Nous venons de l'évoquer
ci-haut, cet acte peut comporter diverses appellations. Au fond, il n'y aura Organisation
Internationale que si cet acte constitutif est un traité international.

Les OI sont caractérisées par la spécialité. Les OI sont certes, une émanation de la volonté des
Etats. Cependant, il faut dissocier les buts qu'elle poursuit à celui des Etats qui le constitue.
Ainsi, il doit revêtir d'une autonomie financière et ses animateur s doivent être placés dans les
conditions analogues de celles des Etats pour qu'il puisse exercer en toute indépendance leur
fonction.

Ainsi, l'Organisation avoir la capacité normative. Il sera très difficile à une Organisation
d'atteindre ses buts si jamais elle ne peut prendre des décisions qui n'ont un impact
considérable sur ses composantes. A ce stade, on peut distinguer différentes types
d'organisations internationales.

§3. Typologie des Organisations Internationales

De prime abord, il y a lieu de signaler que dans le jargon juridique, le terme "Organisation
internationale" s'emploi avec plusieurs autres notions voisines. On entend parler des
Organisations non gouvernementales (ONG), des établissements publics internationaux, des
institutions internationales, institutions spécialisées du système des Nations Unies, etc.
54

Dans une démarche de catégorisation, que toutes ces notions sont des personnes morales. Le
point de démarcation entre toutes ces personnes et les ONG est que cette dernière est toujours
personne morale de droit privé, c'est-à-dire relevant du droit interne d'un Etat, quelle que soit
l'influence qu'il peut avoir au niveau des organisations internationales ou des Etats. Les
établissements publics en revanche, est une entreprise publique ou un service public crée par
deux ou plusieurs Etats en vue de réalisation d'un besoin d'intérêt général.

En ce qui concerne les institutions internationales, il faut distinguer le sens générique du sens
technique qu'il peut revêtir. Génériquement, une institution internationale est une structure
permanente qui peut elle-même être une organisation internationale ou comme un organe d'une
organisation internationale. Techniquement, une institution internationale est une invention de
l'esprit qui consiste à l'organisation d'une activité internationale. Ainsi, on peut faire allusion à
la "Conférence internationale", à la protection diplomatique, à la responsabilité internationale,
etc.

Enfin pour ce qui est des institutions spécialisées du système des Nations Unie s, il s'agit tout
d'abord des Organisations internationales, mais qui ont été créé pour remplir une mission
spécifique au bénéfice de la communauté internationale. A titre d'exemple, on peut citer
l'Organisation internationale du travail, l'Organisation mo ndiale de commerce, l'Organisation
des Nations pour l’éducation, la Science et la culture, la liste n'est pas exhaustive.

En définitive, la typologie des organisations internationales se rapporte soit au domaine


d'activité, soit au rôle général assigné. Ce domaine d'activité peut être général, c'est-à-dire
poursuivant un but non seulement politique mais aussi économique, social, etc. Ainsi dans un
angle spatial, ces organisations peuvent être à vocation universelle ou régionale.

Quant au rôle général assigné, on distingue les organisations de coopération ou de


coordination, des organisations d'intégration. La différence entre les deux se trouve au niveau
de la portée des actes qu'elles adoptent. C'est le caractère de l'immédiateté permettant aux actes
des organisations d'intégration de s'appliquer directement dans les Etats sans un mécanisme de
réception quelconque.
55

TITRE II. THEORIE DE LA RESPONSABILITE INTERNATIONALE DES ETATS ET


DES CONFLITS INTERNATIONAUX

Chapitre I. EVOLUTION DU PRINCIPE

Le droit international, disions-nous, est corps des règles, et en cela, connait un certain nombre
de principes qui militent ou tendent à écarter son application. Plusieurs fois, l'on a constaté des
limites à l'application du droit international ; des limites dans le temps, dans l'espace et au
niveau des personnes, d'où l'application des règles ratione loci, ratione personae, etc.

Exemple : - déclaration de principe : l'application des rentrée en vigueur de la règle de droit


international.

- règle de non-rétroactivité : pas en droit international.

Même si l'Etat n'est plus le seul acteur ou sujet de droit international, mais ce sont les Etats qui
interprètent et qui déterminent la portée des règles internationales, et son application est faite
par les organes qui les représentent dans la structure internationale. Aussi, suivant l'objet, les
règles de droit international sont appliquées par les tribunaux nationaux et particuliers.

A cote des Etats, les institutions internationales appliquent les traites et les con ventions et
doivent respecter leurs statuts.

Par ailleurs, révolution du droit international a permis de découvrir l’avancée des individus,
des sociétés privées, des ONG sur la scène internationale. Le droit des gens leur a assuré et leur
apporte protection à travers les Etats par le fait de l'incorporation.

Donc, tout ordre juridique suppose que les sujets de droit engagent leur responsabilité lorsque
leurs comportements portent atteinte aux droits et intér êts des autres sujets de droit.

II en est ainsi de la société internationale, où en vertu de la souveraineté, l'Etat détermine


librement ses décisions et se heurte à une liberté égale des autres Etats. La responsabilité
internationale apparait comme le mécanisme régulateur capital et nécessaire des rappor ts
réciproques des Etats.

Si la fameuse maxime "le roi ne peut mal faire" a été longtemps la caractéristique de la
puissance publique dans l'ordre international, le principe de la responsabilité des Etats est aussi
vieux que celui de l’égalité comme l'affirme à juste titre Charles de Visscher clans la phrase :
« il est le corollaire obligé de leur égalité », vous avez des droits, vous devez avoir des
devoirs ou des obligations. Exemple : Affaire Barcelona Traction entre la Belgique et l'Espagne
: faillite d'une société canadienne dans le secteur électrique en Espagne et qui util isait
beaucoup de fonctionnaires belges.

Bien que le principe soit accepté, le régime juridique de la responsabilité a connu une évolution
lente. En effet, les principales règles coutumières sur la responsabilité sont apparues dans la
seconde moitié du XlX ème siècle a la faveur du recours plus fréquent à l'arbitrage qui était
tombé en veilleuse.

Précisément à cause de son essence coutumière, ce droit destiné à concilier les intérêts
divergents et volontés autonomes des Etats, est très controversé et confus de sorte qu'il remplit
imparfaitement son rôle. La tentative de codification n'a pas abouti.

Aussi à défaut d'un texte de portée générale sur la responsabilité, se contente -t-on en droit
positif des solutions conventionnelles en cas de litiges particuliers .
56

Exemples :

 Convention IV de la Haye de 1907 sur la responsabilité à raison des actes commis par
les forces armées en campagne ;
 Conventions relatives au transport des matières nucléaires de Bruxelles, du 25 mai 1962
et de Vienne du 19 mai 1963 ;
 Les traités du 27 janvier et du 29 mars 1972 sur la responsabilité pour dommages
résultant du lancement de satellites ;
 Convention de Bruxelles du 29 novembre 1969 relative à la réparation des dommages
de pollution de la mer par les hydrocarbures.

Quant aux organisations internationales, elles sont aussi susceptibles d'engager leur
responsabilité internationale ou chercher la réparation des préjudices subis par leurs agents ou
par elles-mêmes du fait surtout des Etats.

Elément de répression ou de sanction d'un manquement au droit, mais aussi facteur d'équilibre
entre intérêts légitimes mais contradictoires et divergents, la responsabilité internationale ne
repose pas sur la faute.

Sa mise en œuvre suppose la preuve d'un dommage imputable à un sujet du droit interna tional
et supports par un autre sujet de droit international.

Grace aux fictions juridiques, le droit coutumier a préservé le privilège des sujets classiques de
droit international au point que l'enseignement de la responsabilité se résumait à l'idée de
réparation. La prédominance d'une certaine neutralité des violations de droit. Au lieu de
dénoncer et de sanctionner les violations de droit, l'on se contente de corriger. Cette conception
n'a pas favorisé l'éloignement de l'illicéité comme fondement exclusi f de la responsabilité.

Exemple : agression de la République Démocratique du Congo à l'Est du pays. La communauté


internationale est arrivée timidement à dénoncer, sans toutefois sanctionner.
57

Chapitre II. NOTION DE RESPONSABILITE INTERNATIONALE ET CONFLITS


INTERNATIONAUX

II sera question de la notion de responsabilité et du contentieux que cela entraine. La


responsabilité internationale est la sanction normale de la violation du droit international -
classique, notamment le droit interétatique.

En effet, le droit public primitif, à plusieurs égards, ignore presque systématiquement les
sanctions contre les actes juridiques et reconnait souvent et uniquement les sanctions contre les
sujets eux-mêmes, c'est-à-dire les Etats, de tel sorte que le contentieux international est
normalement un contentieux d'indemnisation et non d'annulation.

Ce qu'on appelle délit international est un acte par lequel un sujet de droit international
méconnait une règle de droit international et cause un dommage. Ce manquement fait naitre a
la charge du sujet qui l'a commis une responsabilité et une obligation de réparer. Et l'obligation
de réparer un principe de droit international. Quid de la nature du contentieux international et
de ses conséquences ?

Le contentieux existe à ce jour en droit international particulier et dans certaines organisations


internationales. Le système le plus connu du contentieux d'annulation est celui de la
Communauté Européenne qui a inspiré en même t emps la création du CEPGL (supranationalité
et intégration).

Le contentieux pénal était jusqu'à lors pratiquement ignoré par le droit des gens à l'exception
du "Tribunal de Nuremberg", le "tribunal sur le massacre en Bosnie" et plus près de nous, "le
Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie et pour le Rwanda" pour juger les auteurs
de génocide. II faut signaler ici la création en juillet 1998 en Italie de la Cour Pénale
Internationale de justice qui a suppléé ce vide de contentieux pénal.

L'application d'un tel droit est tout à fait en harmonie avec la souveraineté sacro -sainte des
Etats. La théorie de la responsabilité internationale est construite sur une base d'une doctrine
ou d'une jurisprudence abondante. La cour Internationale de Justice a eu à l'affirmer dans
l'affaire du phosphate marocain en 1938 où elle s'était expliquée en ces termes : « s'agissant
d'un Etat décrit comme contraire à un Etat, la responsabilité de cet Etat doit être engagée.
Cette responsabilité est fondée sur le principe de l'égalité souveraine des Etats. C'est l'autorité
effective sur un territoire et non à la souveraineté sur un titre ».

La responsabilité est une institution entre Etats souverains, une institution qui partage les Etats,
qui peut intéresser une organisation internationale et la Cour Internationale de Justice a
reconnu à I'ONU un droit de réclamation comme attribue de sa personnalité internationale.
Exemple : Affaire des dommages subis par le personnel des Nations Unies en Palestine. A ce
titre, l'ONU peut exercer la protection personnelle pour ses fonctionnaires de la même manière
qu'un Etat exerce une protection diplomatique pour ses nationaux.
58

Chapitre III. CONDITIONS DE LA RESPONSABILITE INTERNATIONALE

Ce chapitre s'articule autour des faits qui permettent de déterminer la responsabilité de l'Etat
coupable de manquement aux règles de droit international.

La responsabilité en droit international est établie à la suite d'un manquement aux règles de
droit international et du dommage que ce manquement c ause à un autre Etat. A ce propos ; il
faut distinguer deux faits :

1° le fait générateur ;

2° le dommage qui en résulte.

Section 1. Le fait générateur

Cette question fait l'objet d'un débat doctrinal, débat qui repose pratiquement sur des
malentendus, des quiproquos. Pour certains, la responsabilité repose sur une faute des sujets de
droit international, mais la majorité s'oppose à cette conception.

Pour les premiers, la faute est caractérisée par un consentement marqué d'une intention
malveillante. Tandis que pour d'autres, la faute est un manquement au droit international, en
tant que tel, la faute est le fondement habituel de la responsabilité internationale.

Mais la Commission de droit Internationale parle, pour éviter toute équivoque, de l'acte, du
fait, du comportement illicite et définit ainsi ce manquement : « tout fait internationalement
illicite d'un Etat engage sa responsabilité internationale». Ainsi le fondement de droit commun
de la responsabilité internationale est l'illicéité. Quels sont les principes généraux en matière de
manquement ?

1) Un Etat répond des actes et des faits internationalement illicites. Un acte ou un fait est
internationalement illicite lorsqu'il constitue un manquement (violation) à une règle de droit
international, à l'origine conventionnelle ou coutumière c'est-à-dire :

Un comportement consistant en une action ou une omission (abstention) attribuable à un Etat ;

Ou encore un comportement qui constitue une violation d'une obligation internationale.

La jurisprudence internationale, reconnaissant clairement la primauté du droit international sur


le droit interne, admet qu'un acte interne légal est néanmoins illicite s'il est contraire à une
règle internationale. Ce principe est d'origine coutumière et est reconnue par une jurisprudence
abondante. (Cfr. Affaire du détroit de Corfou : dans son arrêt du 09 avril 1949, la Cour
Internationale de Justice a considéré que la responsabilité de l'Albanie était engagée parce
qu'elle n'avait pas notifié la présence des mines dans les eaux de ce détroit international tandis
que celle du Royaume-Uni l'était parce qu'elle avait procédé de son chef au déminage dans les
eaux territoriales albanaises).

2) Un manquement à une obligation Internationale considéré comme expression de la légit ime


défense. Celle-ci (légitime défense) est une institution de droit national reconnue par la
coutume Internationale. La légitime défense intervient dans l'application du droit pénal, il faut
pour ce faire une violence juste, c'est-à-dire lorsqu'un Etat porte atteinte à la règle
fondamentale du respect d'un autre Etat notamment :

 la violation du territoire d'un Etat : la tendance générale admet la légitime défense que
si elle se présente comme une réponse à un acte illicite (Cfr. Article 51 de la Charte de s
Nations Unies relatif à légitime défense collective) ;
59

 l'exception de représailles, lorsqu'un Etat riposte à un manquement du droit émanant


d'un autre Etat destiné à exercer une pression sur l'Etat étranger ou lorsqu'un Etat utilise
un droit pour gêner un autre Etat.

L'institution du droit international a donné aux représailles la définition suivante : « mesures de


contrainte dérogatoires prise par un Etat à la suite d'un acte illicite commis à son préjudice
par un autre Etat et ayant pour but d'imposer à celui-ci un dommage au droit international ».

Les représailles ne sont pas considérées comme illicites si elles se fondent, sous certaines
considérations, sur un acte contraire au droit et sur l'impossibilité d'obtenir satisfaction par
d'autres moyens. Cependant, il faut dans le cas d'espèce, une sommation infructueuse ; il faut
aussi une proportion à tel acte illicite auquel les représailles ont pour but de répondre. Les
représailles peuvent être :

 politiques ;
 économiques ;
 juridiques (exemple de la loi d'Amato de 1996, loi américaine contre les entreprises
étrangères investissant à Cuba) ;

Toutefois, il convient de souligner que les Nations Unies, au terme de l'article 2, §3 de sa


Charte, considérèrent les représailles armées comme illicites.

D'autres exceptions font l'objet de discussion en doctrine ; il s'agit de :

 l'exception de souveraineté ;
 l'exception de l'Etat de nécessite.

Par ailleurs, la notion de responsabilité de l'Etat peut entrainer l'engagement d'un Etat en cas de
faute même pour des cas isolés. En effet, l'Etat a l'obligation juridique de protéger les individus
établis sur son territoire. Sa responsabilité sera établie en cas de faute dont l'Etat se serait
rendu coupable.

Dans ce combat doctrinal entre les internationalistes sur la théorie de la responsabilité, il


semble que la responsabilité en droit international est objective, c'est -à-dire pas dans le sens
d'un risque mais dans le sens d'établir un dommage subi par l'auteur, peu importe le caractère
fautif, peu importe aussi que l'Etat ait agi dans son territoire. Exemple : génocide, apartheid,
esclavage, etc.

Section 2. Cause de justification ou d'exclusion ou d'illicéité en droit international

Il existe des exceptions en droit international pour justifier le manquement susceptible de


responsabilité juridique internationale. Ces exceptions sont reconnues aussi dans les systèmes
juridiques nationaux. (Cfr. Convention de Vienne sur les traités).

A ce sujet, l'on peut citer l'exemple de la sentence arbitrale de 1912 entre la Turquie et l'ex -
URSS. Cependant, la Turquie connaissant des difficultés économiques, a évoqué l'exception de
non-paiement. La responsabilité de la Turquie n'a pas été engagée du fait de non -paiement.

En effet, l'évènement ou ces évènements constituent entre autres ce qu'o n appelle la force
majeure et le cas fortuit (évènement extérieur imprévu) qui dispense de l'application de son
obligation en droit international.

L'article 61 de la Convention de Vienne consacre la force majeure comme cause justificative de


la violation du droit international. II existe d'autres, selon les prescrits de l'article 60 sur la
violation de traité ; Exemple :
60

 l'état de nécessité ;
 le consentement de la victime ;
 le fait qu'un Etat ait pris un engagement de protection envers un autre : c'est un exercice
du droit de souveraineté ;
 la détresse.

Section 3. Manquement d'un droit par un Etat : responsabilité ou imputabilité du


dommage causé

Le terme imputabilité équivaut à l'attribution à un sujet de droit international d'un fait


internationalement illicite. Le manquement qui engendre la responsabilité internationale est le
fait de l'Etat, sujet de droit international. En règle générale, on attribue à l'Etat le fait d'une
personne ou d'un groupe de personnes qui participent à son organisation, c'est -à-dire l'Etat à
travers ses organes. Et le terme organisation signifie ici et ne peut du reste signifier autre chose
que l'organisation que l'Etat se donne lui-même dans son droit interne.

Sur le plan international, on considère comme fait de l'Etat, le fait de l'organe ou d'un groupe
de personnes que l'ordre national considéré comme formant un organe, c'est -à-dire engageant la
responsabilité internationale de l'Etat.

La responsabilité Internationale d'un Etat est engagée par les organes administratifs, légis latifs,
juridictionnels ainsi que par des subdivisions politiques qu'un Etat donne aux Etats fédères
comme les provinces, quels que soit le degré de leur autonomie et par les instructions dans le
domaine économique, social, scientifique, etc. ceci dépend d e révolution qu'un Etat connait au
cours de son histoire.

Ainsi, la responsabilité Internationale d'un Etat peut être donc engagée par exemple par un
organe qui agit en son nom. Il y a lieu de mentionner que la responsabilité de l'Etat s'étend
d'une manière empirique, c'est-à-dire tous les organes constitués peuvent engager la
responsabilité d'un Etat.
61

Chapitre IV. NATURE DES RESPONSABILITES

Cette nature concerne successivement les faits de l'organe législatif, des actes administratifs,
juridictionnels, des particuliers.

Section 1. La responsabilité du fait de l'organe législatif

La responsabilité du fait des lois a été déclarée par la Cour Permanente de Justice
Internationale en 1926, à propos des intérêts allemands dans la Silice, en ce s termes :

 les lois sont des simples manifestations de la volonté et de l’activité de l'Etat ;


 ce sont des faits qui peuvent engager la responsabilité de l'Etat si une loi promulguée
viole le droit international ou si l'organe législatif n'édicte pas de loi nécessaire ou
néglige le projet de loi nécessaire au droit international ;
 ou si l'Etat qui a des obligations internationales ne prend pas des lois pour faire
respecter ses engagements.

II importe peu que les lois contraires au droit international s'ap pliquent aux ressortissants de
l'Etat. Toute loi qui viole une obligation internationale de l'Etat est susceptible d'entrainer sa
responsabilité et même si son application n'est pas discriminatoire vis -à-vis des nationaux.

Exemple : un Etat qui procède à des nationalisations : celles-ci peuvent frapper les nationaux et
les étrangers.

Peut-on considérer que la responsabilité de l'Etat n'est pas engagée du fait qu'elle concerne tout
le monde ?

L'obligation peut être bafouée par les nationaux, mais le droit in ternational est très regardant à
l’égard de l'indemnisation des étrangers qu'il garantit. Cette indemnisation se détermine par
référence au droit international et non au droit interne édicté et modifié à sa guise.

Section 2. La responsabilité du fait des actes administratifs

Cette responsabilité ne soulèverait pas de difficultés si l'Etat n'avait pas tendance à les imputer
à leurs auteurs.

a) Le cas des autorités administratives

Il s'agit des services, violences commis par des agents, des prestations arbitr aires, etc.,
accomplis par tout agent ; tous ces faits engagent la responsabilité internationale de l'Etat.

L'activité administrative et les services administratifs constituent le domaine par excellence où


se constate le mauvais fonctionnement qui entraine la responsabilité de l'Etat, surtout à l’égard
des étrangers. Ne bénéficiant pas d'une protection adéquate, les étrangers peuvent en être
victimes. La Cour Internationale de Justice a condamné le 24 mai 1980, l'Etat d'Iran pour
inaction, c'est-à-dire pour absence de protection suffisante des étrangers qui se trouvaient sur
son territoire, dont les diplomates et consuls américains.

D'autre part, il convient de signaler la condamnation, le 31 janvier 2001, de l’un de deux


prévenus libyens dans l'Affaire de l'attentat de Lockerbie. Cet agent étant reconnu coupable, la
responsabilité de l'Etat libyen peut être établie sauf si la Libye prouve qu'elle reste civilement
responsable pour dommages et intérêt avec action récursoire (276 morts). Cette condamnation a
été prononcée par le juge écossais à la Haye. Bien des années plus tard, après plusieurs
investigations, le Gouvernement libyen a fini par accepter de verser une somme convenue à la
famille de chaque victime, s'exonérant ainsi de sa responsabilité internatio nale.
62

Par ailleurs, il arrive aussi que l'Etat cocontractant modifie unilatéralement les clauses d'une
convention conclue avec les étrangers se trouvant sur son territoire.

L'Etat a aussi la responsabilité des démembrements qui ne jouissent pas d'une perso nnalité
juridique internationale :

- Communauté sous Mandat (SDN) ;


- Communauté sous Tutelle (ONU) ;

La responsabilité des communautés sous mandat relevait de la SDN.

L'Etat est aussi responsable pour le cas d'un fonctionnaire qui a dépassé ses compétences, q ui
agit "ultra petita": ici l'Etat a une action récursoire contre le fonctionnaire.

Les actes commis par le fonctionnaire en excès de pouvoir engagent la responsabilité de l'Etat
lorsqu'ayant agi sous couvert de leur fonction, les auteurs ont accomplis un acte qu'un étranger
pouvait considérer comme anormal. Il en est de même lorsque la victime était dans
l'impossibilité de se soustraire à l'acte ; l'exemple de l'étranger torturé par un huissier.

L'abstention ou l'action par un organe administratif entraine la responsabilité de l'Etat s'il


méconnait ses obligations internationales.

Section 3. La responsabilité du fait des actes juridictionnels

Cette responsabilité résulte d'une défaillance dans l'organisation et dans le fonctionnement de


l'appareil ou de l'organe judiciaire. Il en ainsi du manquement d'un Etat à son devoir à l’égard
d'un traité, d'une coutume, des principes généraux du droit.

Le cas classique est le déni de justice qui signifie le fait pour le pouvoir constituant ou
législatif ne confère guerre au juge la compétence de rendre justice aux étrangers.

Au sens strict, il est le fait du juge lui-même qui use de sa compétence d'une manière
incompatible avec le standard minimum reconnu aux étrangers par les traités : il peut s'agir
d'un refus d'accès aux tribunaux, de la violation des droits fondamentaux de la défense, du
retard abusif de l'administration de la justice, du contenu d'un jugement inspiré par la méfiance
ou l’hostilité à l’égard des ressortissants d'un Etat donné ; il peut s'agir de la d éfectuosité du
jugement ; il peut s'agir du manque de diligence dans la poursuite d'un délinquant.

Cependant, l'Etat est irresponsable d'une erreur de droit si le tribunal l’a commise de bonne foi.
Il en est ainsi d'une fausse interprétation ayant causé pr éjudice.

Section 4. Responsabilité du fait des particuliers

En cas de guerre civile, la responsabilité de l'Etat peut être engagée. En règle générale, l'Etat
territorial n'est pas tenu responsable des dommages causés par ses nationaux ou aux étrangers
du fait que ces derniers ne soient pas ses agents et n'ayant pas agi sous ses ordres. Le fait
générateur de la responsabilité est le manquement de l'Etat à l'obligation de protéger les
étrangers et non les individus. Si l'Etat n'est pas impliqué dans un acte commis par un
particulier, ipso facto, sa responsabilité est dégagée.

L'obligation de protection pesé sur l'Etat et la protection des étrangers sur son territoire engage
sa responsabilité : il doit empêcher que l’étranger soit victime des exactions des nat ionaux, il
doit réprimer ce genre d'actes.
63

Section 5. Responsabilité individuelle

Dans cette section seront examinés les cas de responsabilité individuelle pour crime de guerre,
guerre civile, insurrection ainsi que la position de la jurisprudence intern ationale par rapport au
droit commun.

En règle générale, l'Etat n'est jamais responsable des faits des particuliers car leurs actes ne
peuvent lui être attribués :

- les particuliers supportent donc eux-mêmes les conséquences des faits internationalement
illicites qu'ils commettent ;
- il en va autrement si le particulier agit en tant que fonctionnaire de fait ou à l’instigation de
l'Etat, auquel cas il est assimilé à un organe de l'Etat ;
- autre exception : en cas de négligence de l’Etat.

§1. Cas de responsabilité individuelle pour crime de guerre

Le crime de guerre ou le crime de droit des gens est consacré par la convention internationale
et par la coutume internationale. Tout auteur d’un crime de droit des gens est pours uivi sur le
plan international.

§2. Cas de responsabilité de l’Etat en cas de guerre civile ou en cas de gouvernement


sécessionniste

A ce stade, il semble qu’il faille distinguer des solutions de droit commun de celles contenues
dans les conventions internationales.

a) Droit commun

Les solutions dégagées par la jurisprudence internationale varient selon les dommages subis par
la victime.

En principe, la jurisprudence admet l’irresponsabilité de l’Etat, mais :

 lorsque le dommage résulte des mesures prises par les autorités gouvernemen tales ou
des mesures spéciales contre les étrangers, il y a responsabilité de l’Etat.

Exemple : en cas de pillage, meurtres des étrangers en dehors de tout combat, il y a


responsabilité de l’Etat ;

 lorsque les agissements sont les faits des sécessionnistes ou des rebelles ; ici le
problème est controversé. En effet, il peut s’agir des mercenaires qui opèrent de
connivence avec les rebelles, pour poser des actes sur le territoire d’un Etat. Ces
agissements ne sont pas attribués à cet Etat et n’engagent null ement sa responsabilité
sauf si cet Etat a eu la possibilité d’empêcher ces actes coupables et ne l’a pas fait ;
 quid des mouvements insurrectionnels ? Il faut appliquer les solutions préconisées en
cas d’agissement des sécessionnistes ou des rebelles ; c’est-à-dire si les autorités
insurrectionnelles ont acquis la qualité de sujet de droit international.

Toutefois, il s’agit d’une situation provisoire parce que l’issue d’une insurrection peut se solder par un
échec.
64

b) Position de la jurisprudence internationale face aux insurrections : il y a deux hypothèses :

Quid, si les insurrections sont victorieuses ?

L’Etat répond des actes des insurgés, en considérant que les révolutionnaires victorieux étaient censés
représenter l’opinion nationale ou les aspirations profondes de la nation et l’Etat doit y répondre.
Exemple : « Rébellion amorcée et menée à l’Est de la RDC avec Laurent Désiré Kabila en 1997 qui
aboutit à la prise de pouvoir de l’AFDL ».

Quid si les insurgés sont vaincus ?

Il y a irresponsabilité de l’Etat dans ce sens que le gouvernement est considéré déchargé des actes posés
par les insurgés à cause de leur qualité de rebelles. Normalement, là où il y a une autorité durable et
effective, il ne peut y avoir d’insurrection.

§3. Préjudice subi ou dommage

La responsabilité pour manquement au droit international demeure théorique ou platonique si le fait


internationalement illicite de l’acte, mais il est bien la condition de mise en œuvre de la responsabilité.

1. Critère du dommage

Un manquement peut ne porter préjudice aux droits d’aucun sujet de droit ou ne porter préjudice qu’à
certains sujets de droit. Dans ce cas, il n’y a pas de responsabilité car aucun sujet de droit international ne
peut invoquer un dommage.

Dans l’autre seuls les sujets lésés peuvent engager la responsabilité de l’auteur du fait illicite. En effet, le
droit international ignore l’action populaire, c’est-à-dire la possibilité pour tout sujet de droit de faire
établir la responsabilité de tout autre sujet qui a enfreint la légalité internationale : il faut prouver l’intérêt
de l’action et don droit violé.

Ensuite, le dommage, pour être invoqué, doit nécessairement être individualisé. Seuls les sujets capables
de prouver individuellement le préjudice subi peuvent engager une action.

On distingue le préjudice direct du préjudice indirect. Le préjudice direct découle nécessairement de


l’acte illicite (lien de cause à effet), alors que l’indirect est l’accessoire du préjudice direct dont le lien est
rompu par des aléas de fait ou des facteurs juridiques.

Exemple : contrat d’assurance

On distingue aussi le préjudice matériel du préjudice moral. On parle d’un préjudice matériel lorsqu’il y
a dégradation d’une chose en relation de propriété ou de possession avec la victime. Le préjudice
consiste en l’amochage ou des souffrances subies par l’intellect de la victime, résultant de l’acte illicite.

Enfin, on distingue le préjudice immédiat qui est subi par l’Etat du préjudice médiat qui est subi par un
particulier et dont la réparation transite par l’Etat pour atteindre son ressortissant (Cfr. Protection
diplomatique).

§4. Réparation

L’obligation de réparer tout manquement au droit, présente un caractère d’automaticité. La Cour


Permanente de Justice Internationale l’a exprimé en ces termes : « la Cour constate que c’est un principe
de droit international, voire une conception générale du droit, que toute violation d’un engagement
comporte l’obligation de réparer ».
65

A côté de l’obligation de réparer, il y a la faculté de réparer à titre gracieux.

Exemple : les Etats-Unis ont indemnisé à titre gracieux selon l’argumentation officielle, les pêcheurs
japonais qui avaient subi des rayonnements à la suite d’essais nucléaires.

a) La réparation par la remise des choses en l’état ou « restitituo in integrum » : effacer le fait
illicite et rétablir autant que possible la situation dans son « prestin » état.

Exemple :

 reconstruction d’un immeuble ;


 libération d’une personne victime de sa détention arbitraire.
b) La réparation par équivalence est l’indemnisation ou le paiement d’une indemnité. Ce que
Grotius consacre quand il dit : « l’argent est la mesure de la valeur des choses ».
c) La réparation morale, c’est la satisfaction par regrets ou excuses exprimés par l’auteur du
dommage.

Exemple : par accord conclu en 1986 grâce à la médiation du Secrétaire Général des Nations Unies, la
France a présenté formellement des excuses à la Nouvelle-Zélande à la suite du sabotage en 1985 d’un
navire étranger se trouvant dans un port néo-zélandais par des agents secrets français ; en même temps,
une indemnisation élevée a été versée (Affaire Rainbow Warrior).

d) La réparation par des sanctions internationales : boycott, embargo, interdiction de survol de


l’espace aérien, rupture des relations diplomatiques, gel des biens ou des avoirs de l’Etat ou des
personnes publiques ciblées sous l’autorisation de Conseil de sécurité des Nations Unies
(Chapitre VII de la Charte ; recours à la force ou à la contrainte internationale).
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TITRE III. REGLEMENT DES CONFLITS INTERNATIONAUX

L'article 1er de la Convention pour le règlement des conflits internationaux, signée a la Haye le 18
octobre 1907, dispose : « en vue de prévenir autant que possible le recours à la force dans les rapports
entre les Etats, les puissances contractantes conviennent d'employer taus leurs efforts pour le règlement
pacifique des différends internationaux»

L'interdiction de l'emploi de la force dans les relations internationales est hissée ainsi au niveau d'une
norme impérative de valeur absolue (voir les articles 2 et 33 de la Charte des Nations Unies et la
Déclaration relatives aux principes du droit international touchant les relations internationales et la
coopération entre les Etats, votée pour l'Assemblée des Nations-Unies le 24 octobre 1970).

Tous les Etats aux termes de ce texte, doivent régler pacifiquement leurs différends internationaux avec
d'autres Etats par les moyens pacifiques, de telle manière que la paix et la sécurité internationales ne
soient pas mises en danger. Les Etats doivent recourir aux divers modes de règlement pacifique des
différends. Ces efforts ont un caractère universel.

Tout différend dont la prolongation est susceptible de mettre la paix et la sécurité internationales en
danger doit être réglé par ces vols. Mais les Etats sont libres de recourir à ces différents modes qui sont
: la négociation, l'enquête, la médiation, la conciliation, l'arbitrage ou le règlement judiciaire. Les Etats
doivent savoir que c'est la paix qui sert la justice et la justice qui sert la paix.

La limite de la liberté du choix des Etats traduit la complexité des modes et les étapes successives au
regard de la négociation diplomatique. D'où le distinguo entre les différends politiques et les différends
juridiques. De ce distinguo, on dégage des procédés juridiques bases sur le droit, des procédés
politiques bases sur les arguments d'opportunité. Tout compte fait, les procédés juridiques semblent
emporter l'adhésion des doctrinaires car plus clairs et de portée moins contestable. D'o6 les deux volets
du règlement des conflits, à savoir :

 Le règlement non juridictionnel ;

 Le règlement juridictionnel.
67

Chapitre I. LE REGLEMENT NON JURIDICTIONNEL

II sera question ici respectivement de la négociation diplomatique, de ['intervention des tiers, et du


règlement par les organisations internationales, cas de I'ONU.

Inscrit dans le cadre interétatique, le règlement pacifique a été retenu dans le Pacte de la SDN. Mais la
pratique Internationale a fait intervenir les tiers dans le règlement, ce qui a valu à ce mode de règlement
une institutionnalisation progressive.

Section 1. Négociation diplomatique

Celle-ci se réalise dans le cadre des procédés interétatiques. La technique la plus ancienne du règlement
est la négociation. Elle met en présence les Etats directement en litige. La négociation diplomatique
suppose avant tout ('obligation de négocier.

a. Fondement de la négociation diplomatique

Degré minimum de l'obligation de régler pacifiquement les différends internationaux, l'obligation de


négocier a un fondement coutumier. Cependant le rappel ou la précision de cette obligation peut se faire
par vole de traite. C'est le fondement conventionnel.

b. Fonction de l'obligation de négocier (diplomatiquement)

La négociation directe entre Etats en conflit constitue la technique de droit commun, elle trouve
application en toute circonstance, même sans texte. Selon la Cour permanente de Justice internationale,
le règlement judiciaire n'est qu'un succédané au règlement direct et a ('amiable de ces conflits entre les
parties (Cfr. affaire des zones franches entre le France et la Suisse a la Cour permanente de Justice
Internationale en 1929).

La négociation intervient soit comme préalable nécessaire à une procédure complexe, en amont d'un
procédé de règlement (exemple : arbitrage), soit en vue de faciliter l'achèvement de la procédure, en
aval d'un autre mode (le règlement juridictionnel).

c. Portée de ('obligation de négocier (diplomatiquement)

L'obligation de négocier n'est jamais purement formelle mais sa portée est susceptible de degrés :

 d'abord il y a le degré minimal : entamer les négociations ;

 ensuite, les poursuivre autant que faire se peut pour arriver à des accords. Les tiers doivent être
en mesure de prouver la bonne foi des parties à entamer les négociations, c'est donc une
obligation conditionnelle ou liée ;

 enfin, il y a des degrés supérieurs : les parties doivent tenter de mettre en œuvre les principes de
droit équitables.

La Cour internationale de Justice l'a fait remarquer dans l'Affaire du plateau continental en déclarant :
« les parties ont l'obligation de se comporter de telle manière que la négociation ait un sens ; ce qui n'est
pas le cas lorsque l’une d'entre elles campe sur sa propre position sans envisager aucune modification ».

Bien qu'elle n'implique pas l'obligation d'aboutir à une solution concertée, l'obligation de conclure
repose nécessairement sur un fondement conventionnel. Si tel est le cas on parle de négociation
"bloquée", c'est-b-dire cette négociation entre parties doit être conduite, de la part d'une partie, avec le
souci de devenir membre a une convention internationale.

Exemple : affaire du Sud-Ouest africain sous mandat de I'ONU confiée à l'Afrique du Sud l’obligation
sanctionnée c'est-à-dire a la fin des négociations, se conformer aux conventions internationales : libérer
68

le territoire).

d. Modalités de négociation diplomatique

La négociation peut être bilatérale ou multilatérale. Elle consiste en des conversations concertées et
débouche soit sur l'acceptation concertée d'une solution soit sur la constatation de l'échec.

La négociation peut avoir un objet large : régler un différend mais aussi prévenir ou désamorcer des
situations potentiellement conflictuelles. Grace à cet objet large, la technique de la négociation reste un
des instruments privilégiés de la stabilité de la société internationale.

La personnalité des négociateurs varie : les conversations peuvent être le fait d'hommes politiques,
notamment les chefs d'Etats, chefs des Gouvernements, Ministres des Affaires Etrangères, ou le fait des
simples agents publics spécialisés (Ambassadeurs, autres diplomates à cause de leur fonction normale)
ou encore le fait des experts charges d'une négociation déterminée (diplomatie ad hoc). Pour plus de
chance et d'objectivité, il est courant de faire appel à des tiers. A ce sujet, on parle souvent de
conférence ou de congres. Exemple : conférence de Genève de 1954 et de 1969 sur l'Indochine et le
Laos.

Section 2. L'intervention des tiers

Ce mode est caractérise par une gradation des formes d'intervention. II est toujours possible
aux parties à un litige de faire appel, au départ ou au cours de la négociation, aux Etats ou
organes d'Organisations dans le but de faciliter celle-ci. L'intervention vise soit à faciliter la négociation
soit à garantir le respect de la solution négociée. L'intervention des tiers revêt trois formes

A. Bons offices et médiations

D'origine coutumière, ces deux modes ont été codifies par les conventions de la Haye du 29 juillet 1899
et du 18 octobre 1907.

Les bons offices désignent l'intervention d'une tierce puissance qui juge "bon d'offrir" son entreprise
pour faire cesser un litige entre deux Etats, ou qui est invite à le faire par l'un ou les deux Etats en
conflit. C'est le degré le plus modeste de l'intervention. Le tiers n'intervient pas directement, sa -Cache
est terminée dès que les protagonistes acceptent de se rencontrer et entament la négociation.

Exemple 1 : Bons offices des Etats-Unis dans le conflit frontalier entre la France agissant pour le
compte du Cambodge alors sous son protectorat, et la Thaïlande en 1946.

Exemple 2 : L'Afrique du Sud avec Nelson Mandela entre Kabila et Mobutu sur le navire sud-africain
UTENIQUA en mai 1997.

Quant à la médiation, bien qu'elle consiste aussi à mettre en présence les protagonistes d'un conflit, elle
propose des bases des négociations et intervient dans le déroulement de la négociation pour rapprocher
les vues.

Exemple : médiation des Etats-Unis entre l'Egypte et Israël pour la conclusion des accords de camp
David en 1978 et le traité de paix de 1978 et le traité de paix de 1979. Médiation du président CILUBA
de la Zambie dans le conflit de la RDC dans le cadre de la SADEC (février 1999).

La différence entre les deux modes réside essentiellement dans l'étendue des tâches confiées au
médiateur qui est autorisé à suivre et à guider la négociation jusqu'à son aboutissement.

Les caractères communs : ils sont confondus dans la pratique de sorte qu'une mission réussie des bons
offices incite les parties à accepter une offre de médiation pour la conduite des négociations. En outre,
par définition, une médiation inclue les bons offices.
69

Ensuite, les deux modes sont menés par des représentants des gouvernements tiers, indépendants ou
représentants d'organisations non gouvernementales avec préférence pour les indépendants. Ils peuvent
être individuels ou collectifs selon qu'ils sont désignés par un Etat ou une organisation internationale,
ou par un groupe d'Etats.

L'offre peut néanmoins être refusée ou acceptée par l'un ou l'autre Etat en litige (acte peu amical). En
définitive, on y recourt souvent car ces modes respectent les souverainetés des Etats en conflit.

b. Enquête internationale

Moyen de règlement non juridictionnel, l'enquête consiste dans une recherche portant sur des faits
présentés comme à l'origine d'un litige, en vue de constater leur matérialité, leur nature, les
circonstances qui les accompagnent, et dans la fourniture d'un rapport aux parties.

Cette mission est confiée à un organe collectif appelé "commission d'enquête".

C’est une procédure facultative et son rapport est dénué de tout caractère obligatoire. L'enquête étant
limitée, elle est complémentaire des procédés de la négociation ou du règlement juridictionnel ou
arbitral. Sa crédibilité dépend de la rapidité du rapport.

Elle trouve son fondement dans la Convention de la Haye de 1907 et récemment dans l’article 90 du
premier Protocole additionnel de 1977 aux Conventions de Genève de 1949 sur le droit humanitaire
dans les conflits armes internationaux ?

c. Conciliation internationale

La conciliation consiste à faire examiner un différend par un organe préconstitué ou accepté par les
parties à l'occasion d'un litige, qui fera à celles-ci des propositions en vue d'un arrangement. Dérivée de
l'enquête, elle devra étudier le litige dans tous ses aspects pour pouvoir établir une solution.

Elle repose toujours sur un accord préventif qui organise la conciliation, ou sur un accord conclu aux
fins d'un différend déjà ne (article 15 de l'Acte général d'arbitrage de 1928).

En raison de la diversité des solutions, il est possible de dégager un "droit commun" de la compétence
des commissions de conciliation. Par ailleurs, à cause de procédure contradictoire, elle ressemble fort à
une instance internationale.

Ce mode a paru aux Etats comme un compromis satisfaisant malgré sa faible densité d'application :
pendant le Pacte de la SdN, beaucoup se refusaient à y recourir. Mais après 1945, son application est
devenue importante.

Exemple :

 La commission de conciliation franco-siamoise (Cambodge à travers la France et la Thaïlande


sur le règlement du contentieux territorial en 1947) ;

 La conciliation belgo-danoise sur le règlement en 1952 d'incidents maritimes su revenu à Anvers


en mai 1940;

 La commission de conciliation sur la délimitation du plateau continental entre l'Islande et l’ile


norvégienne de Jean Mayen en vertu d'un accord du 28 mai 1980.

Section 3. Le règlement non-juridictionnel par les organisations internationales (ONU)

En créant les premières organisations internationales, les Etats leur avaient assigné comme finalité
principales le maintien de la paix en particulier par l'apaisement et la prévention des tensions
internationales. C’étaient donc des moyens de règlement pacifique des différends.
70

Les particularités du fonctionnement des Organisations internationales ont infléchi la portée des
procédures interétatiques (atteinte au principe du consentement mutuel).

L'on a assisté au recours aux procédures internes des organisations par la création des organes ad hoc.

Aujourd'hui, l’Intervention des organisations internationales en raison des facilités de leur cadre, de
leur relative neutralité, de l'étendue de leur objet et de leur arbitrage pour prévenir les conflits d'intérêts
et pour les apaiser, a une portée évidente et considérable. En outre, l'indépendance des intérêts constitue
ou renforce davantage leur intervention sur le plan régional ou universel.

§1. Du Pacte de la Société des Nations a la Charte des Nations Unies

En dépit de son échec par rapport à sa mission principale, savoir éviter les conflits armes, le Pacte de la
SDN s'en tenait aux techniques de règlement pacifique instituées. Les techniques tenaient à la
coexistence d'Etats souverains et à la juxtaposition d'Etats d'inégale puissance. Ses deux organes
principaux, en l'occurrence l'Assemblée et le Conseil, avaient théoriquement des compétences
concurrentes (saisine simultanée).

Un seul Etat pouvait susciter l'intervention du Conseil, mais cette intervention butait contre la
souveraineté des Etats sur les recommandations dépourvues de caractère contraignant (Articles 12 a 5
du Pacte). Certains observateurs reconnaissent que le bilan de la SdN n'était pas di négatif

Exemple : Affaire sino-japonaise (29/01/1932) ;

Affaire du Laetitia entre la Colombie et le Pérou en 1933 ;

Affaire du Gran Chaco entre la Bolivie et le Paraguay du 31 mai 1934 (problème de terrain) etc.

Les procédures de l'article 15 se rapportaient aux commissions de conciliation et les rapports étaient
approuvés à l'unanimité.

Quelques faiblesses du système :

 L'unanimité des membres pour le vote du rapport ;

 La représentation ad hoc de l'une des parties au conflit non membre du Conseil aux débats.

§2. Compétences au niveau des Nations Unies (ONU)

a) Sur le plan organique, l'intervention se fait au niveau de deux organes :

 Assemblée générale ;

 Conseil de Sécurité.

Mais la primauté revient à l'organe restreint au lieu de l’égalité à l'époque de la société des Nations.

- II convient au niveau de l'ONU de souligner la consécration de la prépondérance des grandes


puissances par rapport à la société des Nations.

- Par ailleurs, il y a lieu également de relever l'octroi des compétences particulières au secrétaire
général des Nations Unies.

b) Sur le plan matériel : l'Assemblée et le Conseil sont habilité à statuer tant sur les différends que sur
les situations, sans définir leur contenu.

Selon la doctrine :
71

- Le différend est une contestation dans laquelle on ne peut pas faire abstraction de l'individualité des
parties en cause (notion subjective). Le différend s'appuie sur les parties litigantes

- Tandis que la situation est une notion objective en tant que circonstance détachable du
comportement des Etats qui y sont impliqués et susceptible d'être envisagée indépendamment de ce
comportement (Article 1, 11, 12, 34, 35, et 99, etc., de la Charte des Nations Unies).

Mais il est souvent difficile de faire le distinguo car tout différend crée une situation dangereuse même si
l'inverse n'est pas nécessairement vrai.

Par ailleurs, les différends graves relèvent de l'ONU, ceux qui menacent la paix et la sécurité
internationales. Ensuite, le différend doit être international pour être recevable par l'ONU, c'est-à-dire
ne pas relever de la compétence exclusive de chaque Etat. Enfin, la Charte favorise aussi l'accès des
Etats non membres car la paix est indivisible.

c) Autres différences ou rapprochements

 Les fonctions des organes sont identiques ainsi que leurs pouvoirs. Mais le Conseil de sécurité
des Nations Unies prend des décisions, actes obligatoires par rapport au Conseil de la Société
des Nations limite aux recommandations.

 Enfin, c'est la règle majoritaire qui prévaut aux Nations Unies par rapport à l'unanimité dans la
Société des Nations.

§3. Procédures de règlement par les organes des Nations Unies

II y a prééminence du Conseil de sécurité pour des raisons d'efficacité et de rapidité, de non-


subordination hiérarchique du Conseil à l'Assemblée et des limitations des compétences de l'Assemblée.

 Le droit de saisine est reconnu a tout Etat membre, partie ou non à un différend, implique ou
non dans une situation, auprès du Conseil. Cette saisine a un caractère d'office.

 Même un Etat non membre de I'ONU peut aussi saisir le Conseil sous certaines conditions
strictes.

 Même l'Assemblée peut attirer l'attention du Conseil en cas d'incitation des Etats. La saisine a
des effets divers : le Conseil est libre d'examiner au pas le différend ;

 II faut une inscription à l'ordre du jour en cas d'acceptation sans veto des membres permanents.

A. Modalités d'intervention du Conseil de sécurité

1° D'abord il fait appel à tous les moyens non juridictionnels par des recommandations. Pour ce faire, il
fait ouvrir une enquête ordinaire pour connaitre la matérialité des faits.

Exemple : En 1977 à propos des attaques des mercenaires au Benin ; en 1981 à propos d'une attaque de
l'aéroport de Seychelles, où une enquête spéciale a été ouverte pour arriver à qualifier les faits.

A ce stade, le Conseil agit comme médiateur par le truchement d'une commission intergouvernementale
ou des personnalités. Exemple : commission de conciliation dans l'Affaire du Congo (Zaïre) en 1960.

2° II invite les parties à recourir à un mode de règlement déterminé ;

3° II peut aussi créer des organes subsidiaires ou organes ad hoc qui lui sont directement subordonnés,
en fonction des circonstances et des exigences spécifiques de chaque affaire. Exemple de la MONUC en
RDC 2000, la mission d'observation ou de surveillance du Représentant spécial du Secrétaire général
des Nations Unies pour procéder aux élections libres en Namibie en vue de ['accession à l'indépendance.
72

En définitive, la création des organes étant une question, elle doit être soumise au veto des membres
permanents.

b. Assemblée générale

C'est plus un forum, une tribune politique qu'une instance de règlement. Elle a des compétences
concurrentes intéressant la sécurité et la paix. Elle peut attirer ['attention du Conseil sur des situations
dangereuse pour la paix ou recommander des propositions propres pour ajuster spécifiquement une
situation (article 11, 12 et 14). Mais les compétences de l'Assemblée sont limitées par la Charte (art 12)
pour éviter le parallélisme absolu avec le Conseil.

Dans la pratique, l'Assemblée contourne ces limitations par les contours de la commission intérimaire.
Mais la Résolution 377 (V) du 03 décembre 1950 appelée Union pour le maintien de la paix ou
Résolution Dean ACHESON, du nom de son instigateur, le Secrétaire d'Etat américain de l'époque, a
permis de contourner ou de dépasser ('article 12 de la Charte, lorsque la paix est menacée ou même
dans d'autres cas et que la procédure est bloquée par le jeu des vetos au sein du Conseil de sécurité.

Dans l'exercice de sa compétence, l'Assemblée fait faire usage de tous modes de règlement pacifique.
Elle s'associe au Conseil dans le cadre de la résolution Acheson. Exemple : l'affaire de la Palestine en
1980 et de la Namibie en 1981. Elle recommande aussi le recours aux moyens pacifiques et peut créer
les organes subsidiaires.

c. Le Secrétaire général de I'ONU

Selon ['article 99 de la Charte: le Secrétaire général peut attirer ('attention du Conseil de sécurité sur
toute affaire qui, à son avis, pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité
internationales ». Donc, il peut déclencher l'intervention du Conseil en cas de carence des Etats.

Alors que le Secrétaire général de la Société des Nations était purement administratif, celui des Nations
Unies est une véritable autorité internationale permanente et peut prendre des initiatives. On peut citer
parmi les plus actifs : Dag Hammarskjold, Perez de Cuellar, B. Boutros Ghali et Koffi Annan avec
l'affaire du contrôle par des envoyés de I'ONU sur les sites stratégiques irakiens en 1988. II a obtenu le
prix Nobel de la paix pour I'ONU en 2001.

II exerce aussi des fonctions diplomatiques sur base du mandat lui confie par les deux organes. II reste
malgré tout dans une position stratégique même sans habilitation, il fait souvent les bons offices (en
1974 entre l'Irak et l'Iran) et la médiation.

Section 4. Rapports entre l'ONU et les organisations régionales

L'article 52 reconnait expressément la comptabilité des accords constitutifs des organisations régionales
vis-à-vis de la Charte. Les membres des Nations Unies qui concluent des tels accords, doivent faire leurs
efforts pour régler pacifiquement, par les moyens de ces accords, les différends d'ordre local avant de
les soumettre au Conseil de sécurité de I'ONU.

Toutefois, il n'y pas d'hiérarchie de mécanisme existants, ni une répartition des compétences selon un
critère matériel. Mais la compétence du Conseil reste générale. Exemple : un différend entre deux Etats
de régions différentes, et puis les Etats sont libres de choisir l'instance qui leur parait efficace. Donc,
tout dépend du Conseil : il peut envoyer une affaire ou l'examiner directement.

Par ailleurs, les organisations régionales peuvent toujours utiliser les modes de règlement pacifiques
classiques, négociation, bons offices, etc. Les organisations les plus connues sont l'Union Européenne
(UE) en Europe, l'Organisation des Etats Américain (OEA) en Amérique, l'Union Africaine (UA) en
Afrique, ('ASEAN en Asie.

Dans ces organisations, il est prévu des commissions de médiation, mais les organisations ont aussi la
possibilité de saisir le Conseil. Dans le cadre des compétences dévolues aux organisations régionales et
73

sous-régionales, il a été tiré un pacte régional d'assistance mutuelle entre les pays de l'Afrique centrale,
à Yaoundé le 25 février 1999. II assure le relais entre le Conseil de sécurité et le mécanisme de l'UA, de
prévention des conflits (pays ayant participé : Cameroun, la RDC, le Congo Brazzaville, le Tchad, le
Burundi, le Gabon). Cette réunion a été qualifiée de réunion sur la sécurité régionale en Afrique
centrale.

Section 5. Organisations internationales à compétence technique

II s'agit des organisations économiques. En effet, l'objet spécifique des différends économiques, les
particularités du droit international applicable, l'importance de la réciprocité et de la continuité dans les
relations économiques internationales incitent à confier la responsabilité du règlement des tels
différends à des organes propres à des organisations spécialisées plutôt qu'aux mécanismes classiques.
Ici, on procède par des notifications, des consultations et des conciliations. Ces conciliations s'opèrent
par les groupes spéciaux ; "les panels", composes d'experts.

Tels sont les cas du GATT, devenus depuis 1986, I'OMC (Organisation Mondiale du Commence), de
I'OMI (Organisation Maritime Internationale), de l'OACI (Organisation de l'Aviation civile
Internationale).
74

CHAPITRE II. REGLEMENTJURIDICTIONNEL

Les procédés juridictionnels et arbitraux conduisent à des solutions imposées aux Etats en litige par des
tiers. Les conditions fondamentales à réunir portent sur la décision qui se dégage.

 C'est une décision fondée sur des considérations juridiques ;

 C'est une décision prononcée par un organe indépendant des parties en litige ;

 C'est une décision qui fait suite à une procédure contradictoire et garantissant les droits de la
défense et l’égalité des parties.

Quelle différence avec le règlement juridictionnel interne ?

1° Les justiciables principaux sont les Etats (différents des individus) ;

 le droit de saisine des individus est exceptionnel sur le plan international ;

 la souveraineté des Etats freine le rapprochement entre les deux règlements.

2° Le caractère facultatif de la justice internationale (obligatoire au point de vue interne) ; il faut le


consentement de toutes les parties ;

3° L'importance de la justice institutionnalisée

 La justice institutionnalisée équivaut à un règlement juridictionnel stricto sensé assure par des
organes permanents ;

 Alors que la justice non institutionnalisée équivaut à l'arbitrage.

Retenons que le qualificatif judiciaire a été abandonné au profit de juridictionnel car l'un est plus
restreint que l'autre. Qu'à cela ne tienne, les deux modes sont sur un pied d’égalité, mais les Etats sont
libres de choisir.

4° La distinction entre les différends justiciables et les différends non justiciables tient à la nature du
litige :

 les conflits juridiques entrainent les différends juridiques justiciables ; les conflits politiques
entrainent les différends non justiciables ;

 les conflits juridiques portent sur les divergences d'interprétation du droit ; les conflits
politiques portent sur l'opposition d'intérêts, d'enjeux, d'opportunité ;

 les conflits juridiques portent sur la solution du droit positif alors que les conflits politiques
portent sur la révision, l'abrogation du droit en vigueur.

Mais le conflit politique interétatique concerne rune ou l'autre catégorie, et la Cour internationale de
Justice est toujours compétence pour le connaitre. Enfin, la justiciabilite dépend de la volonté des
parties et cela entraine la liberté de choix ou du recours a ('arbitrage ou à la juridiction permanente.

Section 1. Arbitrage

Ce mode va de l'Antiquité (Conflits religieux) jusqu'à la Convention de la Haye (article 37) en passant
par le Moyen-Age (papauté et empire), Etats modernes, esprit pratique des anglo-saxons, la guerre de
sécession aux Etats-Unis (Affaire de ('Alabama) et la société des Nations.

Pour la petite histoire de l'Alabama, le gouvernement des Etats-Unis reprochait au Royaume Uni d'avoir
manqué au devoir de neutralité pendant la guerre de sécession en permettant aux navires des insurges
75

sudistes dont le plus redoutable et dévastateur était l'Alabama, de s'équiper et de se ravitailler au


Royaume Uni. Le litige a été soumis à l'arbitrage par la Convention de Washington de 1871.

II faut noter que le recours à l'arbitrage implique ('engagement de se soumettre de bonne foi a la
sentence. Donc, l'arbitrage suppose :

 Une faculté pour les Etats mais obligatoire et permanent ;

 Un compromis d'arbitrage, c'est-à-dire celui se fonde sur les Conventions dont l'objet
précisément porte sur le recours au compromis : c'est la technique de la clause compromissoire.
Elle peut être spéciale (pour les litiges d'application et d'interprétation du traité) ou générale
(pour tous les litiges possibles).

Quand l'étendue, tout différend est justiciable si telle est la volonté des parties : conflits politiques ou
juridiques. Mais ces traités d'arbitrage peuvent être assortis des réserves. Exemple : litige a compétence
nationale.

§1. Conclusion d'un compromis

Le recours effectif à l'arbitrage suppose la détermination de la composition de l'organe, les règles de


fonctionnement et les pouvoirs de cet organe. L'accord spécifique nécessitant le recours à l'arbitrage
s'appelle "compromis d'arbitrage". Pour garantir la désignation des arbitres ou d'un surarbitre,
l'intervention des tiers est souhaitable.

§2. Contrôle de l'arbitrabilité

Pour éviter l'impasse due à la qualification des litiges visés par l'engagement d'arbitrage, les Etats
acceptent de soumettre le conflit sur l'arbitrabilité à un juge ou un arbitre. Ainsi, on désigne ou on
constitue l’organe arbitral chargé de statuer sur le fond.

Confirmant une coutume bien établie, tous les textes généraux sur l'arbitrage reconnaissent le droit des
parties de créer elles-mêmes le tribunal ou subordonnent à leur accord l'intervention d'un tiers pour
faciliter la mise en place de cet organe.

§3 Structure de l'organe arbitral

1. L'existence d'un arbitre unique, formule ancienne de l'arbitrage par un chef de l'Etat a
été abandonné au profit du choix des experts (jurisconsultes, diplomates, magistrats,
etc.)

2. L'arbitrage par la commission mixte d'origine anglo-saxonne revêt une forme paritaire
des représentants ressortissants appelés commissaires nationaux des pays parties au
conflit, désignés pour assurer la neutralité. Mais les commissaires nationaux peuvent
aussi provenir des Etats tiers au litige.

3. Le tribunal collégial : actuellement les parties établissent un organe comprenant trois à


cinq membres majoritaires et un membre par partie ou deux arbitres nationaux et un
neutre.

§4. Pouvoir de l'organe arbitral

1° Compétence de sa compétence, c'est-à-dire il peut trancher une contestation entre les parties portant
sur l'étendue de sa compétence qui dérive du compromis d'arbitrage. Cfr. article 9 de la Convention de
droit international : « le tribunal arbitral, juge de sa compétence, dispose du pouvoir d'interpréter les
compromis et les autres instruments sur lesquels cette compétence est fondée ». Donc, il interprète le
compromis qui lui donne la compétence d'arbitrer.
76

2° Détermination du droit applicable, comme juge, l'arbitre doit statuer selon le droit même en cas de
non directive de droit applicable (le non liquet n'est pas accepté).

3° Pouvoirs spéciaux :

 Le pouvoir d'amiable composition c'est-à-dire solution transactionnelle. C'est la conciliation


obligatoire ;

 Le règlement ex aequo et bono ;

 Le règlement d'intérêts.

Fort de ses compétences et de la saisine unilatérale, l'on a tenté d'institutionnaliser l'arbitrage, la


création de la Cour Permanente d'Arbitrage (CPA) sous la convention de la Haye de 1899 et du projet
de la Cour de justice d'Arbitrage s'inscrivent dans ce cadre, mais sans grand succès.

La procédure arbitrale se déroule conformément aux règles de procédure établies par les parties dans le
compromis d'arbitrage ou autres instruments conventionnels qui lient les parties.

La sentence arbitrale est la clôture de l'instance par une décision pénale d'arbitres :

 Elle doit obligatoirement être motivée ;

 Elle est obligatoire, c'est-à-dire dotée de l'autorité de la chose (sentence définitive) relative ;

 Elle a un caractère non exécutoire, c'est-à-dire sa mise en œuvre repose sur la bonne foi des
Etats (pas d'exécution forcée).

Le recours est toujours possible et le refus est rare. Exemple de l'Affaire du canal de Beagle entre
l'Argentine et le Chili, l'Argentine a refusé d'appliquer la sentence du 22 avril 1977 qui donnait
satisfaction au Chili. L'Argentine reprochait au tribunal d'avoir déformés les thèses, d'avoir statue ultra
petit et d'avoir adoptés un raisonnement non contradictoire. Le tribunal, le 08 mars 1978, à protestes
contre cette attitude et grâce à la médiation du Saint-Siège, l'Argentine s'est inclinée.

Ces voies de recours sont :

Recours en interprétation (même tribunal). Ex. dans l'Affaire du plateau continental de la mer d'Iroise
entre la France et le Royaume-Uni, une sentence du 14 mars 1978 à interprétés celle du 30 juin 1977.
Dans une autre affaire, celle de la sentence arbitrale du 31 juillet 1989 entre le Sénégal et la Guinée-
Bissau relative à la délimitation de leurs territoires maritimes, la Guinée-Bissau a demandé à la Cour
internationale de Justice de déclarer que la sentence était frappée d'inexistence et accessoirement
frappée de nullité absolue. Dans son arrêt rendu le 12 novembre 1991, la Cour à rejeté à l'unanimité la
première demande et a la majorité de 11 voix contre quatre, pour la seconde, déclarant la sentence
valable et obligatoire pour les deux parties.

 Recours en révision (même tribunal en cas des faits nouveaux).


 Recours en appel ou en reformation : on peut annuler une sentence
 pour excès de pouvoir ;
 pour avoir statue "ultra petita" ou pour vice de forme ou corruption de l'arbitre.
Section 2. Règlement par une juridiction permanente

Les phénomènes de juridiction permanente et d'organisations internationales sont intimement liés. La


permanence de la juridiction s'est faite sous les auspices des organisations internationales.

En 1945, les Etats réunis a San Francisco pour élaborer la Charte des Nations Unies, ont décidé de créer
une nouvelle juridiction universelle après les tentatives des Cours Permanentes Administratives et la
Cour Internationales des Parties. La création de la Cour internationale de Justice, organe principal de
77

l'Organisation des Nations Unies et incluse dans sa Charte, elle est donc le corollaire d'une organisation
politique de la société internationale.

§1. La Cour Internationale de Justice

Le principe de la création d'une juridiction permanente à compétence générale avait été accepté dès août
1944 à la conférence de Dumbarton Oaks (EU). Un comité des juristes présidé par J. Basdevant propose
de ne pas maintenir la Cour permanente de Justice internationale instituée par le Pacte de la Société des
Nations le 16 décembre 1920, pour des raisons politiques et techniques (exclusion des Etats ex. ennemis
de toute coopération internationale, le renouvellement des juges dépendant de la décision des organes de
la Société des Nations en déliquescence).

Le Statut de la Cour internationale de Justice a été adopté en même temps que le Statut des Nations
Unies a San Francisco. Mais les Etats communistes étaient réfractaires au règlement juridictionnel
international ainsi que les Etats du tiers monde.

Du point de vue du fonctionnement et de l'organisation, la Cour internationale de Justice est permanente


et le siège est à la Haye comme l’y a été la Cour permanente de Justice internationale.

A. Composition et élection

Composé de 15 membres, la Cour est un corps de magistrats indépendants, élus sans égard à leur
nationalité, parmi les personnes jouissant de la plus haute considération morale et qui réunissent les
conditions requises pour l'exercice, dans leurs pays respectifs, de plus hautes fonctions judiciaires ou qui
sont des jurisconsultes possédant une compétence notoire en matière de droit international.

Ils ne sont pas agents gouvernementaux, ils jouissent des immunités semblables à celles des agents
diplomatiques en principe sans autre activité professionnelle. Ils prennent l'engagement solennel
d'exercer leurs attributions en toute impartialité et en tout conscience.

Elus pour neuf ans, ils sont rééligibles et se renouvellent par tiers tous les trois ans. Ils sont élus
séparément par l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité et le critère reste la répartition
géographique équitable.

II existe aussi des juges ad hoc par rapport aux juges permanents de la Cour internationale de Justice. Ils
sont des juges occasionnels, pour un litige déterminé et leur mandat prend fin avec le procès qui a motivé
leur nomination. Exemple : Feu Professeur BAYONA ba MEYA, ancien et premier doyen de la faculté
de droit de l'Université Protestante au Congo désigné juge ad hoc dans l'affaire du Sahara occidental en
1977-1978.

B. Fonction contentieuse de la Cour

De prime abord, il y a lieu de signaler qu'il s'agit des compétences contentieuses de la Cour. Elles se
fondent sur trois critères :

1° La compétences ratione personae de la Cour conduit à savoir qui a qualité pour la saisir.

 d'abord, seuls les Etats ont qualité pour se présenter devant la Cour (article 34 du statut de la
Cour Internationale de Justice), c'est-à-dire Etats membres et non membres (article 93 de la
Charte des Nations Unies) ;
 ensuite, les particuliers par l'entremise de leurs Etat (protection diplomatique) ;
 enfin, les organisations internationales ne comparaissent pas comme demandeur ou défendeur,
mais la possibilité de collaborer leur est reconnue (demande des avis). II ne s'agit ici de la
compétence consultative de la Cour.

2° le principe de la juridiction facultative de la Cour, c'est-à-dire que les Etats ne sont soumis à la
78

juridiction de la Cour pour un litige donné que pour autant qu'ils y consentent. C'est différent d'une
fonction consultative qui aboutit à un avis sans force obligatoire. Donc c'est par le compromis que l'on
saisit la Cour.

En plus du compromis, la volonté de se soumettre à la Cour peut résulter de tout acte concluant,
notamment du comportement de l'Etat défendeur postérieurement à la saisine de la Cour. C'est ce qu'on
appelle le 'forum prorogatum".

3° l'exception de juridiction obligatoire : la juridiction de la Cour est obligatoire soit par le consentement
conventionnel, soit par la rencontre des deux consentements unilatéraux. Cela s'opère à travers les
accords attributifs de compétence ces accords ou engagements peuvent être spéciaux, c'est-à-dire résulte
d'une clause spéciale incluse dans un traité ou généraux c'est-à-dire prévus dans les traités en général.
Cela s'opère aussi à travers des clauses d'option ou facultative de juridiction obligatoire. Mais les
réserves sont toujours possibles.

C. Procédure devant la Cour

Les sources des règles sont établies par le Statut de la Cour et les compétences par le règlement qu'elle
peut adopter. Elles échappent aux consentements des Etats.

Ces règles sont à mi-chemin entre l'arbitrage et le règlement juridictionnel interne : la fonction du
jugement, la procédure par défaut, la procédure d'intervention, l'instruction écrite, les débats oraux, les
enquêtes, les expertises, la pratique de l'estoppel (bonne foi), la radiation d'une affaire du rôle de la Cour,
etc.

D. Pouvoirs de la Cour

La Cour est juge de sa propre compétences, c'est-à-dire en cas de contestation sur le point de savoir si la
Cour est compétente, c'est la Cour elle-même qui décide, qui statue, qui le démontre, qui interprète. Les
Etats pensent objecter par des exceptions préliminaires sur l’incompétence ou l'irrecevabilité de la
requête.

La Cour peut fixer des mesures conservatoires par ordonnances. Mais les Etats répugnent souvent ces
ordonnances, à l'exemple de l’Iran qui n'a pas tenu compte de l'ordonnance du 15 décembre 1979 dans
l'Affaire du personnel diplomatique et consulaire des Etats-Unis d'Amérique à Téhéran et a même
accentué son comportement délictueux. Il en est ainsi de la résistance de la Libye de livrer les
ressortissants dans l'affaire contre les EU (Affaire de l'avion américain explosé sur Lockerbie en Ecosse).

La Cour doit appliquer le droit international, c'est-à-dire statuer conformément au droit international.
Mais la Cour a aussi des pouvoirs spéciaux :

- avec l'autorisation des parties, statuer ex aequo et bono ;


- donner des directives ;

- rendre des arrêts sur des cas concrets et non de jugement déclaratoire (hypothé tique).

E. Arrêt de la Cour

II est adopte à la majorité des juges présents (avec possibilité de la prépondérance de la voix du président
en cas de partage).

L'arrêt a une forme tripartite :

1. individualisation de l'affaire (composition de la Cour, des parties, des faits, etc.) ;

2. exposé des motifs ;


79

3. Dispositif (décision).

 L'arrêt est de portée obligatoire et définitive (autorité de la chose jugée).


 L'arrêt revêt la possibilité d'une exécution forcée.

La cour peut être consultée : c'est la fonction consultative. L'exemple de l'affaire du Sahara
Occidental, à travers laquelle des questions neutres lui ont été posées, notamment : « le
Sahara Occidental était-il, au moment de la colonisation par l'Espagne, un territoire sans maitre (res
nullius) ? Cette consultation est réservée aux organisations internationales et les avis consultatifs y
afférents n'ont pas de portée obligatoire (opinion).

§2. La Cour Pénale Internationale (CPI)

Son intérêt réside dans le fait qu'elle est le fruit de la volonté récurrente des Etats. Au sortir de la
deuxième guerre mondiale, caractérisée par des exactions les plus inhumaines qui ont choqué la
conscience universelle, deux tribunaux militaires internationaux de Nuremberg (Accord de Londres du
08 août 1945) et du Moyen-Orient, ou de Tokyo (Déclaration du général MAC ARTHUR du 19 janvier
1946), pour juger les criminels nazis et nippons.

Plus près de nous, des violations généralisées du droit international humanitaire en Bosnie-Herzégovine
entre 1991 et 1992, ainsi, ce qu'il est convenu d'appeler génocide rwandais en 1994, constituent des
évènements qui ont déterminé le Conseil de sécurité de l'ONU d’instituer les tribunaux pénaux
internationaux pour l'ex-Yougoslavie (Résolution 80) et. D'Arusha pour le Rwanda (Résolution 955 du
08 novembre 1994). II est aujourd'hui scientifiquement honnête de reconnaitre dans la création de ces
deux derniers tribunaux

jalon important dans la marche vers l'institutionnalisation d'une cour criminelle universelle permanente.

En effet, ('adoption le 17 juillet 1998, du Statut de Rome instituant la Cour Pénale Internationale par les
Etats participant à la Conférence diplomatique des plénipotentiaires des Nations Unies constitue le
couronnement d'une volonté de la communauté internationale de se doter d'une telle juridiction. Dans les
lignes qui suivent est examiné le régime juridique de la CPI.

§1. Régime juridique de la CPI

Ayant son siège à la Haye, au Pays-Bas, la CPI, aux termes de l’article 4 du Statut de Rome, la
personnalité juridique internationale susceptible de lui permettre d'agir dans le champ du droit
international. Elle a également la capacité juridique qui lui est nécessaire d'exercer ses fonctions et
accomplir sa mission. A cet effet, la Cour jouit, sur l'ensemble du territoire des Etats parties, ainsi que le
territoire d'autres Etats qui ont accepté » sa compétence sur une affaire précise, des privilèges et
d’immunité nécessaires à l’accomplissement de sa mission.

§2. Organisation de la Cour

Selon l'article 34 du statut de Rome, les organes de Ia Cour sont :

- La Présidence ;
- Une section d'appel, une section de première instance, une section préliminaire ;
- Le Bureau du procureur ;
- Le Greffe.
 La Présidence est composée du Président, d'un premier et d'un second Vice-président, élus par
l'Assemblée des Etats Parties au Statut, pour un mandat de 3 ans renouvelable une seule fois.
Elle est chargée des fonctions que lui confère le statut et de la bonne administration de la Cour, à
l'exception du Bureau du Procureur.
80

 Chaque section est animée par des juges élus par l'Assemblée des Etats Parties au Statut pour 3
ans ; sur la base de leur compétence, de leur expérience et de leur spécialité en droit pénal, en
procédure pénale et en droit international.
 Dirigé par un Procureur élu par l'Assemblée des Etats Parties au Statut pour un mandat de 9 ans
non renouvelable, le Bureau du Procureur est chargé de recevoir tout renseignement dûment
étaye concernant les crimes relevant de la compétence de la Cour, de les examiner, de conclure
les enquêtes et de soutenir l'accusation devant la Cour. le procureur a toute l'autorité sur la
gestion de l'administration de son bureau.
 Le Greffe est responsable des aspects non judiciaires de l'administration et du service de la Cour.
Il est dirigé par un greffier élu par les juges pour un mandat de 5 ans renouvelable une fois.

Quel est alors le droit applicable par le CPI ?

§3. Le droit applicable

Au regard des prescrits de l'article 21 du Statut de Rome, la CPI applique :

- Evidemment toutes les dispositions du statut de Rome, ainsi que tous les éléments des crimes
relevant de sa compétence ;

- Les traités applicables et les principes et règles du droit international ;

- Les principes généraux du droit dégagés par la Cour à partir des lois nationales compatibles avec le
statut de Rome ;

La jurisprudence de la Cour.

Dans tous les cas, il importe de souligner que l'application et l'interprétation de toutes les règles de droit
telles qu'énumérées supra doivent être compatibles avec les droits de l'homme internationalement
reconnus, car la compétence de la Cour en dépend.

§4. La compétence de la Cour

La compétence de la Cour se fonde sur le principe de "subsidiarité", c'est-à-dire que le statut de Rome
retient les juridictions pénales nationales comme principales, tout en permettant à la Cour d'intervenir
lorsque les Etats omettent d'agir, soit par impossibilité matérielle, soit par mauvaise volonté.

Par ailleurs, il est impérieux de noter que les crimes relevant de la compétence de la Cour sont
imprescriptibles, étant donné qu'il s'agit des crimes de portée internationale et qui heurtent la conscience
de l'humanité. En tout état de cause, la compétence de la Cour revêt plusieurs aspects : matériel,
personnel, territorial, voire temporel.

 Compétence "rationae materiae"

Les prescrits de l’article 5 du Statut de Rome limitent la compétence de la Cour aux crimes les plus
graves qui touchent la conscience de l'ensemble de la communauté internationale. Il s'agit du crime de
génocide, des crimes contre l'humanité, des crimes de guerre et, sous certaines réserves, des crimes
d'agression.

 Compétence "ratione personae"

En vertu du Statut de Rome, la Cour n'est compétente qu'a regard des personnes physiques, sans aucune
distinction fondée sur la qualité officielle, en particulier la qualité du Chef de l'Etat, de membre de
gouvernement ou d'un chef militaire. Néanmoins, cette responsabilité pénale individuelle n'affecte en
rien la responsabilité des Etats en droit international, même si la moralité des Etats est écornée à travers
81

la poursuite de leurs animateurs.

 Compétence "ratione loci"

La Cour peut exercer ses fonctions sur le territoire de tout Etat partie au statut de Rome. Cependant, un
Etat qui n'est pas partie au Statut peut accepter la compétence de la Cour par une déclaration déposée
auprès du greffier de la Cour à l’égard d'un crime précis.

 Compétence "ratione temporis"

La compétence de la CPI se limite aux crimes énumères à l'article 5 du Statut et commis après l’entrée en
vigueur de celui-ci.

§3. Autres juridictions : juridictions spécialisées

Juridictions administratives : elles connaissent des litiges de fonction publique Internationale.

Juridictions non administratives : connaissent des contentieux à la fois interétatiques, entre Etats et
l'organisation lui rattachée ou entre particuliers et les Etats, etc.

Exemples :

- Tribunal du droit de la mer ;


- Cour européenne des droits de l'homme ;
- Cour interaméricaine des droits de l'homme ;
- Cour de justice de communautés européennes ;
- Cour africaine des droits de l'homme.
- Juridictions administratives :
- Tribunal administratif de l'OIT ;
- Tribunal administratif de Nations Unies (TANU) sur le statut des fonctionnaires de l'ONU, etc.
82

TITRE IV. RECOURS A LA CONTRAINTE OU LA FORCE (SECURITE INTERNATIONALE)

Ce titre a pour objet de définir ce que l'on entend par la force, notamment la guerre dans les rapports
internationaux, l'intervention des tiers pendant la guerre et les statuts des neutres et des belligérants
pendant les hostilités.

Chapitre I. DROIT DE LA GUERRE

La survenance des conflits dans les relations internationales nécessite l'élaboration de certaines normes
afin que le conflit ne soit pas conduit ne n'importe quelle manière. L'état de conflit ou de guerre est donc
une activité. Il a un contenu matériel et un contenu formel.

Du point de vue formel, cette activité a été réglée par des normes quant à son ouverture, son
déroulement et ('usage des certaines armes. La notion de guerre a un contenu juridique assez précis. C'est
une situation ou une activité qui produit des effets sur le plan de droit (mort, destruction des biens, de
l'environnement qu'il faille réparer). Malheureusement, dans les relations internationales, ce terme est
utilisé pour des situations qui n'ont rien avoir avec les armes. Exemple : en cas de la guerre des étoiles,
etc.

Son contenu matériel est complètement galvaude. Aujourd'hui, le mot n'a plus de signification d'entant :
il signifie recours à la force. La conception actuelle est beaucoup plus large et plus rigoureuse : le recours
au conflit arme. Alors qu'autrefois, c'était une activité règlementée, aujourd'hui, c'est une activité
interdite.

A la place du mot guerre, l’on parle de recours à la force ou recours à la contrainte. ,Au départ, le droit
ne considérait pas cette activité comme normale car relevant de la souveraineté de chaque Etat et que le
droit international ne pouvait réglementer.

L'on s'est rendu finalement compte que l'humanité subissait par le fait de la guerre des pertes encornes,
des misères, des affres de toute sorte, etc. C'est pourquoi, l'on essaie de tempérer les cas de survenance,
d'endiguer les conséquences sociologiques de la guerre par l'apparition d’une certaine façon de la notion
d'humanisation de la guerre.

Avec l'extension de l’idée de droit comme ensemble de règles destinées à régler la vie internationale, on
va chercher à sublimer ou à privilégier le droit comme moyen de règlement de la guerre. C'est ainsi que
nait l'idée de recours par les Etats à la limitation de la compétence de l'Etat en ce domaine.

Les deux guerres mondiales vont ressusciter la conscience de ('interdiction de la guerre sauf dans le cas
de l’intérêt commun. Les Etats n'y recourent plus comme mécanisme de droit dans la mesure où elle est
limitée au cas de l'intérêt général.

Section 1. Recours à la guerre comme activité étatique normale

Alors que l'idée de droit est venue compléter la force morale par la sanction en droit interne,
essentiellement la sanction pénale, cette règle ne peut être de mise en droit international dont les sujets
sont les Etats et les Organisations Internationales.

Pourtant, les Etats qui ont le monopole de la contrainte sur le plan interne devraient également exercer la
contrainte en droit international. De l'antiquité jusqu'à la deuxième moitié du XlX ème siècle, en passant
par le Moyen-âge, le recours à la force a toujours été considéré comme lie à la souveraineté des Etats
pour défendre leurs intérêts dans un sens comme dans l'autre.

Les Etats étaient libres d'enclencher la guerre et d'en fixer les buts. line foil enclenchée, ils choisissent les
armes appropriées et pour atteindre leurs objectifs. Donc, il n'y avait pas de réglementation, au moins
commune.

L'arrivée des pères de l'Eglise comme Thomas d'Aquin, a développé l'idée de la condamnation de la
83

guerre, de sorte qu'il ne pouvait y avoir une attitude indifférente entre les belligérants un peu comme
dans jungle.

Il s'en est dégagé la notion de la guerre juste et de la guerre injuste. Les théologiens transposent cette
conception au niveau du Droit International ; ils considèrent comme guerre juste celle enclenchée ou
engagée pour une revendication juste. Elle est juste et légitime. En revanche, celle qui s'appuie sur des
causes injustes, sont considérées comme injuste et devraient être condamnées (ex : exploitation sans
autorisation des ressources naturelles Etats ou se servant de la guerre pour y arriver).

Pour VATTEL, une guerre juste est celle qui répond à certaines conditions notamment la déclaration
préalable, toute guerre annoncée a l'avance. C'est la situation qui prévalait entre le XVll ème et XVIIIème
siècle où la guerre ne pouvait être enclenchée sans être annoncée ni être engagée par surprise. C'est bien
cela la réglementation.

Grotius dans son ouvrage "Jus belli" a essayé de réglementer la guerre en préconisant qu'il faut d'abord
déclarer la guerre avant d'ouvrir les hostilités. Mais cette notion de guerre juste ou injuste est dépassée.
Car il est difficile d'admettre que dans une guerre, it y ait la morale. C'est la thèse défendue par Henri
Boniface dans "Atlas des relations internationales, 1997, Hatiers".

Aujourd'hui, on peut parler du droit des conflits armes. La 1ère réglementation date de la guerre de
Crimée en 1859 qui se termine par la déclaration de Paris dans laquelle l'on s'expose un certain nombre
de règles ou tout au moins apparaissent deux règles :

1° des règles sur le droit humanitaire ;

2° des règles relatives à la neutralité.

Telles sont les préoccupations des conflits armés sur le plan classique.

Section 2. Naissance et évolution du droit humanitaire

Une certaine dichotomie s'observe entre la guerre juste et la guerre injuste, et marque ainsi un certain
progrès car on ne pouvait recourir à la guerre n'importe comment. C'est le début de l'humanisation de la
guerre ; le "casus belli".

 Jusque-là, rien n'avait entamé le sort des parties à la guerre, pas de limite dans leur conduite ou
dans le choix des armes à utiliser, les bâtiments civils, etc.
 Rien ne déterminait le sort des belligérants à l’égard des malades, des blesses, des prisonniers,
etc.

A partir de la déclaration de Paris après la guerre de Crimée, la Convention de Genève de 1864 est
adoptée sous pression genevoise ma se trouvait Henri Dunant qui en 1662, avait publié un livre intitulé
"Souvenirs de Solferino" et qui se transforma en 1882 en Comité International de la Croix Rouge (CICR,
appelé jadis comité de Genève). L'évolution et l'enrichissement du droit de la guerre se feront désormais
par la Croix Rouge internationale. Cette publication est suivie en 1868 de la déclaration de Strasbourg
qui vient renchérir les lois antérieures, notamment les lois et la coutume de la guerre maritime. Ensuite
en 1874, c'est la déclaration de Bruxelles qui fait la distinction entre les combattants et les non
combattants.

Le droit des conflits armes va connaitre un développement prodigieux avec les résultats de, la conférence
de Bruxelles : l'ouverture des hostilités, le statut de neutralité, le recours au gaz asphyxiant, le langage
des ballons ; cette conférence a étoffé les lois et coutume de la guerre maritime et de la guerre sur la
terre, et a réglé l'emploi des ballons dans la guerre.

En 1911, pendant la guerre entre la Turquie et l'Italie, l'utilisation de l'aviation dans la guerre a été
également réglementée. Les Conventions de Londres de 1923, 1925 et 1929, améliorent le contenu de
ces règles : elles prévoient que ces règles seront d'application entre parties au conflit que lorsqu'elles ont
84

été ratifiées. Cette amélioration et la systématisation de ces règles seront observées entre la première et la
deuxième guerre mondiale.

Aujourd'hui, la quintessence de ces règles se trouve dans la Convention de Genève de 1949 auxquels se
sont ajoutés des protocoles d'accords ; c'est donc un renforcement du droit humanitaire depuis 1949.

Aussi, se pose-t-on la question à quelle forme de conflit s'applique ce droit ? Toutes ces règles
s'appliquent aux conflits armes internationaux. Il faut qu'il y ait des opérations militaires et des sujets de
droit international, donc a l'exception des émeutes intérieures, guerres de sécessions ou conflit entre un
Etat fédéral et un Etat fédéré.

En revanche, un conflit entre membres d'une confédération est considéré comme international. Les
conflits internes sont exclus. Mais qu'ils soient internes ou internationaux, les effets sont les mêmes sur
le plan économique, humanitaire, etc.

L'extension de l'application des règles aux mouvements de libération a été admise parce que ceux-ci ont
un caractère international. Le protocole n°1 de la Convention de Genève, adopté en 1977 avait pour
application d'étendre l'application aux conflits armes internes ou internationaux, aux guerres de libération
coloniale, a la guerre contre la domination raciale.

Suite à l'action considérable des Médecins sans Frontières ou Médecins du Monde, par des soins
d'urgence à la population frappée aussi bien par des catastrophes naturelles que par des conflits armes
(Soudan, Mexique, Afghanistan, Arménie, etc.), à l'initiative de la France, a été adopté le 8 décembre
1988, une résolution relative au nouvel ordre humanitaire international et prévoyant l'assistance
humanitaire aux victimes de catastrophes naturelles et situations d'urgence du même ordre. Cette
résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies invite tous les Etats qui ont besoin d'une assistance
humanitaire à faciliter à une Organisation non Gouvernementale ou Intergouvernementale, l'accès aux
victimes.

Cette résolution est similaire à celle adoptée par l'institut du droit international, ONG de codification,
lors de sa session de Compostelle en 1989. Cette évolution consacre ce que l'on appelle "Droit
d'assistance humanitaire" qui vide quelque peu le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures
d'un Etat souverain. Ainsi, le droit international humanitaire prend l'allure d'une norme impérative (Jus
cogens).

Le droit classique, droit des conflits armes s'occupait traditionnellement du statut de neutralité : lorsqu'un
conflit éclate, un Etat peut se déclarer neutre à propos ou à l'occasion d'un conflit armé. L'Etat qui se
déclarait en permanence n'avoir égard ou affaire à ce conflit, tombait dans neutralité perpétuelle ou
permanente.

II y a une neutralité permanente et neutralité occasionnelle. Le statut de neutralité permanente est garanti
par un document international et revêt un caractère juridique, alors que le statut de neutralité
occasionnelle s'acquiert à la seule déclaration par l'Etat concerné. Exemple de neutralité permanente : la
Suisse, la Suède, le Luxembourg. Pour la Suisse, sa neutralité est d'ordre historique. Elle refusait jusqu'il
y a peu de temps, d'être membre des Nations si ce n'est que récemment en mars 2004.

Section 3. Contenu du statut de neutre

Qu'il s'agisse de la neutralité permanente ou occasionnelle, il existe un certain nombre d'obligations :

1° obligation d'abstention : l'Etat neutre s'abstient de prendre part à un conflit arme, refuse de devenir
belligérante ;

2° obligation d'impartialité : l'Etat neutre doit demeurer effectivement neutre. II doit traiter les deux
belligérants dans des conditions d’égalité. II n'accepte ou ne peut accepter des rapports avec l'un des
belligérants pour le servir. Cette obligation est tacite. II peut rejeter son état de neutralité, c'est-à-dire
peut entrer en guerre en abandonnant son statut de neutralité.
85

Cette obligation est tacite aussi parce que la notion de la guerre est à ce jour totale, c'est-a-dire il y a
beaucoup de paramètres difficiles à respecter. Un neutre permanent dont le statut est garanti
juridiquement, ne peut abandonner son statut.

Lorsqu'une liste des produits de contrebande de guerre est fournie à un des belligérants par un Etat
neutre, l'Etat en question a le droit de poursuite. C'est ce qu'on appelle état de crise, l'Etat neutre a violé
ses engagements.

Section 4. Le statut des belligérants a regard de l'Etat neutre

Le respect de la souveraineté et l’intégrité territoriale d'un Etat neutre doivent être garantis pendant la
guerre : cet Etat ne peut servir de point de transit ou de point de départ. Si les belligérants violent la
neutralité, ils ne peuvent plus demander à l'Etat neutre de garder sa neutralité (légitime défense).

Dans l'Affaire de ('Alabama CAINS en 1870, pour rechercher un arbitrage, en 1872, la sentence arbitrale
garantissait les obligations des neutres et de belligérants vis-à-vis d'eux-mêmes. Ce statut de neutre pose
un certain nombre de problèmes :

Lorsqu'un Etat neutre est agressé, peut-il exercer une action de légitime défense ?

Peut-on se déclarer neutre lorsque l'ONU décide d'une action pour s'opposer à une action coercitive dans
l’intérêt commun ?

Dans le premier cas, l'Etat peut très bien observer l'attitude de bienveillance à l’égard de l'agression et
même réagir sans qu'il ne vole sa neutralité violée. Dans le deuxième cas, pour le Conseil de sécurité,
seuls les Etats non membres peuvent adopter le statut de neutre.

Les belligérants ont également à l’égard des Etats neutres l'obligation de respecter l'Etat de neutralité.
Les droits des Etats neutres sont souvent fragilisés et amènent parfois à l'annexion ; il en fut ainsi à
l'annexion de la Belgique par l'Allemagne pendant la première guerre mondiale.
86

CHAPITRE 2. INTERDICTION OU LIMITES DU RECOURS A LA FORCE

La première tentative dans ce domaine, très limité dans sa portée et sa substance, est donnée par la
conférence de la Haye et, des lors, la plupart des interventions consacraient la conduite de la guerre
maritime.

Section 1. Epoque de la Société des Nations

La limitation du recours à la force dépend de certaines circonstances selon la 2ème convention de la Haye
de 1907. Quant à la convention de Drago-Porter, elle interdit le recours à la force pour le recouvrement
des dettes contractuelles sur le territoire d'un Etat par un autre comme il était de coutume entre les Etats
de contraindre un Etat à payer par la force ses dettes vis-à-vis d'un autre. En 1902, l'Italie, l'Allemagne et
le Royaume-Uni avaient soumis le Venezuela a des bombardements pour le contraindre à payer ses
dettes.

Pour l'Amérique latine, cette pratique consistait en une tentative pour les Etats occidentaux d'intervenir
dans les Etats américains. Mr Drago, au cours de la Convention de la Haye, initie un projet d'interdiction
de recouvrement coercitif en 1902. Faute de ne pas pouvoir recouvrer ses créances, il faut donc que le
débiteur accepte le recours à une décision arbitrale de sorte que s'il rejette le principe, l'Etat créancier est
en droit de recourir au règlement coercitif pour recouvrer sa créance.

C'est autant dire que déjà à cette époque, le droit international interdisait aux Etats de recourir à la
guerre. C'est ainsi que dans le Pacte de la Société des Nations, un ensemble de dispositions tendaient non
à interdire, du moins à démontrer que le recours à la force était reconnu comme illicite. Les articles 10 à
16 du Pacte de la Société des Nations en constituent les références.

En cas d'agression ou en cas de menace d'agression, le Conseil a compétence de décider ce que doit être
la conduite (article 10). Voici ces principes :

a) La guerre d'agression est considérée comme illicite car elle porte atteinte l'indépendance
politique et à la souveraineté des Etats ;
b) L'article 12 demande aux Etats de régler leurs différends par des moyens pacifiques. A cet effet,
un délai de 3 mois était accordé pour que des tentatives de règlement pacifiques aboutissent ;
c) Donc est illicite tout recours à la force qui interviendrait avant l'expiration de 3 mois (article 13);
d) Les Etats doivent se conformer à la convention, c'est-à-dire les Etats s'engagent à ne pas recourir
à la guerre, à la force, contre un Etat qui se conforme à la décision de l'arbitre, du juge ou du
Conseil de la Société des Nations.

Ainsi, toutes les situations non énumérées ici sont des situations licites pour lesquelles les Etats
pourraient faire recours à la force. II va de soi qu'une riposte a une agression armée demeure licite.

L'article 13 ajoute que le recours à la force exercé par un Etat à l'encontre d'une partie qui rejette le
règlement arbitral est compréhensible. Cependant, l'article 15 disposait que tout Etat partie aux
différends est tenu de respecter les rapports du Conseil lorsque ceux-ci sont adoptés à l'unanimité des
membres. Tout recours a la guerre est illicite. Quant à l'article 16, il organise des mesures de contrainte
économiques et dynamiques contre les Etats qui recouraient à la force de manière illicite. Puisque la
riposte collective n'est pas facile à mettre en jeu à cause de la solidarité fragile des Etats.

Toutefois, il subsiste beaucoup de cas ou le recours à la guerre est considéré comme illicite et d'autres où
il est licite. Les désastres qu'on va enregistrer feront évoluer la situation. En voici la tentative.

Le Pacte Briand-Kellog adopté le 27 août 1928. II s'agissait au départ d'établir entre les EU et la France
un traité d'arbitrage. Mais au cours des discussions, Briand propose que le traité soit complété par des
dispositions d'engagement mutuel de ne pas recourir à la guerre. Et le gouvernement américain propose
que le traité soit ouvert à d'autres Etats. Au moment de sa signature, quinze Etats seront acquis et
actuellement près de 65 Etats font partie du Pacte Briand-Kellog ou Pacte de la renonciation à la guerre.
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Ce traité n'a que trois articles clés. C'est un traité laconique.

Somme toute, il y a là un progrès important : non seulement il y a condamnation du recours à la force,


mais aussi l'on renonce à la guerre comme instrument de règlement de politique nationale. L'on ne se
contente pas de limiter le recours à la force dans un cas seulement, mais on le condamne et on y renonce.

Malgré quelques constats timorés dans l'énoncé du texte, il se dégage le principe selon lequel ces sont les
Etats eux-mêmes qui renoncent. C'est donc un principe d'origine volontaire et non juridique, grâce au
Pacte général de renonciation à la guerre ou Pacte Briand-Kellog.

Le Pacte Briand-Kellog ne comportait pas de riposte collective comme à l'époque de la Société des
Nations, et donc on ne pouvait appliquer le Pacte de Ia Société des Nations aux Etats non membres
comme les EU, qui pourtant initiateurs ne l'avaient pas signé

Le Pacte n'ayant pas prévu des mécanismes pratiques de la riposte collective et des
mécanismes pratiques de limiter la guerre, est donc resté lettre morte en dépit de sa tentative intéressante.
Le recours à la force ou à la guerre ne pourrait être toléré qu'en cas d'intérêt commun.

Section 2. Système des Nations Unies

II découle du système des Nations Unies une interdiction du recours à la force par des expressions claires
et plus systématiques. L'article 2 paragraphe 4 de la Charte dispose en substance "interdiction du recours
à la force, à la menace contre l’indépendance politique des Etats et à toute manière incompatible avec le
but de l'organisation".

Dans révolution de cette notion, Von peut noter que les textes les plus importants qui sont venus
compléter les dispositions de la Charte sont bel et bien : « la Résolution 2625 adoptée en 1970 et la
Résolution 3314 adoptée en 1974 » respectivement à la 25eme et la 38eme session de l'Assemblée Générale
sur les relations amicales et la coopération entre les Etats conformément à la Charte.

L'on a vu à travers ces résolutions, expliquer le contenu, la portée des différents principes du non recours
à la force. La Résolution 3314 définit l’agression armée pour savoir dans quels cas précis telle
organisation ou tel membre peut dans tel ou tel autre cas recourir à la force. C'est en combinant ces
différentes résolutions avec la Charte que l’on conclut que ces textes demeurent des références
d'interprétation du sens de recours à la force.

La Résolution 2625 énumère un certain nombre des cas considérés comme illicites au regard du recours
à la force armée :

1° le recours direct à la force par un Etat, par ses propres moyens qui, porte atteintel’intégrité du
territoire, occupe ou envahit ou encore bombarde un autre Etat ;

2° le recours indirect a la force lorsqu'un Etat encourage les éléments d'une guerre civile, lorsqu'un Etat
encourage la force d'un autre Etat contre un pouvoir, l'envoi des mercenaires dans un autre Etat : c'est
une intervention indirecte d'un Etat (occupation militaire sans titre, d'un territoire et sans accord, le
maintien au-delà des termes prévus sans l'accord ; etc.).

Donc, selon la déclaration de 1970 (Résolution 2625), le recours à la force contraire aux buts et objectifs
des Nations Unies est considérée comme illicite. Dans quels cas la Charte permet-elle ou autorise-t-elle
le recours à la force, c'est-a-dire quels sont les cas considérés comme licites ?

Le recours à la force pour l’intérêt commun de l’humanité et la paix nécessaire :

1° lorsqu'elle est décidée collectivement pour rétablir ou maintenir la paix, en cas de menace à la paix,
rupture de la paix et acte d'agression tels que prévus par l'article 39 de la Charte;

2° lorsqu'un Etat est obligé de se défendre contre une agression armée en légitime défense (article 51) ;
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cette agression doit être armée et la légitime défense doit être proportionnelle ; c'est le chapitre 7 qui
parle des recours à la force et de la légitime défense. Le droit de légitime défense ne peut être exercé que
dans la mesure où le Conseil de sécurité a un droit de regard.

Quant à la légitime défense collective, d'après certains auteurs, elle suppose qu'il y a eu un concert
préalable entre les Etats qui viennent au secours de l'autre.

En effet, selon l'article 51, la légitime défense est un droit naturel de l'Etat agressé et un droit naturel n'a
pas besoin d'être réglementé. Ainsi, quelles que soient la clarté et la panoplie des dispositions qui
interdisent le recours à la force, celui-ci est quand même une réalité vivante.

La compétence de déclencher ou d'autoriser la riposte collective revient au Conseil de sécurité. II peut


décentraliser son action au niveau régional à laquelle il veillera (article 34). Le Conseil a le pouvoir de
constater qu'il y a menace à la paix, rupture de la paix ou acte d'agression et décider sur les sanctions
économiques militaires : un comité d'Etat-major sera organisé sous l'égide du Conseil mais la création de
l'armée de l'ONU est restée lettre morte (article 43).

L'ONU a fini par monter une organisation qui est en marge de ses dispositions, qui a permis de mener
des actions militaires, opérations qualifiées d’opérations de maintien de la paix ou une opération
d'interposition ou de police internationale (Chapitre 7).

Les Nations Unies y recourent pour stabiliser la paix là où elle serait menacée, rompue ou en cas d'acte
d'agression. Quelle différence y a-t-il entre les forces qui se créent et les opérations de l'ONU ?

Les forces sont les moyens de coercition destinés à contraindre un Etat par des moyens politiques à
mettre fin au recours à la force illicite. Tandis que les opérations ou missions d'interposition sont des
missions d'enquête, de police, d'observations, d'interposition entre les belligérants, pour apaiser la paix
menacée. C'est pourquoi certains internationalistes auraient souhaité que les opérations de maintien de la
paix puissent relever du chapitre 6 et non du chapitre 7 de la Charte qui organise l'emploi de la force.

Section 3. Valeur juridique de la force ou des opérations de l'ONU

Le chapitre 7 de la Charte est place dans le cadre des mesures obligatoires que peut prendre
le Conseil. L'opération qu'il décide s'impose à l'Etat en question et à tous les Etats membres
en vue d'assister le Conseil pour éviter d'entraver l'action entreprise. Il va utiliser les moyens militaires
de concert avec quelques Etats à la disposition desquels il met cet arsenal en vue de réaliser cette
opération.

Les opérations de maintien de la paix sont placées sous le signe du consentement : aucun Etat n'est
juridiquement oblige d'appliquer la résolution du maintien de la paix ; l'un des Etats peut se retirer
librement ou y rester sans que le Conseil ne réagisse : ce fut le cas de l'Egypte et l'Israel, où l'Egypte
menaça les troupes des Nations Unies. La guerre éclata quelques jours après le retrait des Nations Unies.

Ce qu'il faut aujourd'hui pour l'ONU, c'est de réaliser les opérations de maintien de la paix et non des
opérations de coercition d'autant plus que les conditions prévues par les articles 43 et 45 n’ont pas été
remplies soumis, à savoir :

 création d'un comité d'Etat-major ;


 création d'une armée des Nations Unies.

Section 4. Compétence du Conseil de sécurité et Exercice en cas d'action

Le Conseil fonctionne conformément à l'article 27 de la Charte relatif aux conditions des décisions et de
vote en cas d'une action.

La décision doit être prise par un certain nombre des membres auxquels il faut ajouter les 5 membres
permanents. Néanmoins, un membre permanent peut également opposer son veto. Dans ce cas, l’on
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débouche au blocage et la décision ne passe pas.

Ainsi, aux termes des articles 10, 11 et 12, l'Assemblée générale étant une assembles où tous les Etats
sont censés être présents, elle peut faire la recommandation dans le sens d'entreprendre une action et, si
tel est le cas, elle est tenue de transférer l'affaire au Conseil de sécurité. C'est pourquoi un palliatif a été
trouvé à travers la Résolution ACHESON ou Résolution 3377 qui permet à l'Assemblée de contourner
les limites de ses pouvoirs par rapport au Conseil lorsque la paix est menacée ou même dans d'autres cas.

En effet, il s'avère que les décisions de l'Assemblée générale ont plus d'effets que celles du Conseil de
sécurité (beaucoup plus de coloration de subjectiviste dans le chef du Conseil), alors qu'une décision de
l'Assemblée emporte l'assentiment de tous les membres.

Le cas du blocus de la Chine où la décision de l'Assemblée générale a eu des effets beaucoup plus larges
alors que le boycott ou l'embargo contre la Rhodésie du Sud, aujourd'hui Zimbabwe, décidé par le
Conseil n'a pas donné les effets escomptes. Beaucoup d'Etats avaient continue à aider le régime rebelle
de Salisbury, entre autres l'Afrique du Sud, le Portugal, etc.

Moralité : l’efficacité du droit international réside plus dans le progrès, dans révolution plutôt que dans la
sanction pas de sanction au départ, bonne foi des Etats, ensuite des sanctions, des contraintes donc
renforcement des règles). Pour ce faire, la gestion interne est également une donnée importante et
indispensable pour le maintien de la paix Internationale.

Retenons que l'opération de maintien de la paix est une action coercitive et nécessité la présence
physique de l'ONU aux lieux des combats comme VIRALLY le souligne. Normalement, cette opération
devrait être temporaire. Ainsi, grâce à la Résolution ACHESON, une tentative de création d'une force
"FONUI" (Force Internationale d'Urgence des Nations Unies chargée de surveiller les hostilités dans le
canal de Suez en 1950) a été réalisée contre la France et le Royaume-Uni. Ensuite, dans l'ex Congo-
Beige par l'ONUC en 1964. Ce sont là des mesures coercitives.

Mais ces forces sont des organes subsidiaires du Conseil de sécurité ou de l'Assemblée générale. Le cas
congolais est une preuve de la multiplication des conflits mi- internationaux, mi- internes qui ont
favorisé l’élargissement des forces des Nations Unies. Il en a été ainsi au Chypre en 1964, puis en 1973
au Proche-Orient.

Ces forces doivent être multinationales ; en plus de l'interposition, des visent le désarmement des
belligérants. Et ces forces opèrent avec le droit de veto ou avec consensus. Le désarmement signifie la
diminution du volume absolu, en nombre d'armes et en puissance de feu, des armements des Etats. II est
partiel ou total, c'est-à-dire limite ou non. D’où le Traite sur le désarmement nucléaire ou la non-
prolifération nucléaire de 1968, signé a Moscou, Londres et Washington. Les deux grandes techniques
du désarmement sont :

1. la démilitarisation, c'est-à-dire exclusion de toute activité militaire dans un milieu ou zone


donnée ;
2. la dénucléarisation, c'est-b-dire retrait des armes nucléaires d'un territoire ou d'un espace donne
ou interdiction de la présence d'armes de ce type dans certains endroits (Espaces, Antarctique,
voir accords dit SALT I et II en 1972, 1974 et en 1979 entre les EU et l'ex URSS, négociation
sur la limitation des armements stratégiques).

Mais de plus en plus, les forces des Nations Unies visent l'humanitaire, donc la protection des civils, ex :
FORPRONU en ex-Yougoslavie. Et cas d'échec, les Etats prennent des contremesures unilatérales. Ce
sont des mesures de rétorsion contre un comportement légal mais inamical d'un autre Etat. C'est un
message à un autre Etat pour lui faire modifier son comportement. Ex : Refus de recevoir une équipe
d'enquête ou de secours des autres Etats, exigence des visas aux autorités de cet Etats.
90

TITRE V. LES AUTRES DOMAINES DU DROIT INTERNATIONAL

Sous-titre I. REGIME INTERNATIONAL DES ESPACES

Les caractéristiques de transport et de communication internationaux, les besoins de la recherche


scientifique, les nécessites militaires ont, de tout temps, conduit les Etats à revendiquer l'accès libre à des
zones étendues de l'espace terrestre et surtout maritime. La même préoccupation se pose pour les espaces
aériens et extra-atmosphériques. D’où la notion de domaine public.

Si celui-ci est très individualisé et réglementé en droit interne, en droit international, aucune autorité n'est
revêtue de la gestion de ce domaine. Ainsi la doctrine parle soit de "res communis", c'est-à-dire régime
de l'appropriation commune, soit de "res nullius", c'est-à-dire, dont l'exploitation est à la discrétion de
chaque Etat susceptible de l'assurer. Mais le régime international apparaît comme une juxtaposition des
divers régimes entre la concurrence des compétences étatiques et la compétence exclusive des Etats.

Exemples :

 Non-appropriation et liberté d'accès et d'exploitation pour chaque Etat en respectant les autres;
 Non-appropriation et gestion collective ;
 Non-appropriation mais droits exclusifs réservés à un Etat (Zone économique exclusive, plateau
continental et zone contiguë) ;
 Souveraineté nationale avec droit d'accès.

Le critère de délimitation des espaces est finalement matériel, car fondé sur la nature des espaces :

- Communications routières et ferroviaires (espace terrestre);


- Fleuves et canaux internationaux (espace fluvial et lacustre); Mer (espace maritime) ;
- Air et espaces extra-atmosphérique (espace aérien et extraatmosphérique).
91

CHAPITRE I. COMMUNICATIONS ROUTIERES ET FERROVIAIRES

Ce chapitre porte essentiellement sur le continent africain à cause de sa situation particulière par rapport
aux pays développés dans ce domaine.

Sur le plan terrestre, l'Afrique développe une coopération nécessitant une attention particulière. C'est l'un
des objectifs de la Charte de l'UA qui met un accent sur l'indépendance des Etats pour rattraper son
retard dans ce domaine par rapport aux autres continents. En règle générale, le régime est le même.

Section 1. Les routes

Elles sont régies par les conventions internationales, c'est-à-dire accords, pactes, déclarations conjointes
entre Etats qui régissent les communications internationales par routes. Voici quelques conventions
similaires :

1. Conventions

Conventions de Paris et de Genève de 1931, 1939 et 1941 sur le transport routier et automobile, charger
d'harmoniser les législations internationales dans le domaine de l'unification et de signalisation ; de la
simplification des formalités douanières, de l'unification des règles sur la responsabilité civile (assurance
obligatoire).

En somme, ces accords ont un objet technique : établir une liaison entre routes nationales et faciliter
l'usage du commerce international.

Ex : - Accord de Saint-Paul de Luanda ente la Belgique et le Portugal en 1927 pour la circulation par
routes vers le territoire portugais.

- Protocole d'accord de Gisenyi entre le Burundi, le Rwanda et l'ex-Zaïre (CEPGL).

2. Routes transafricaines

L'axe Mombasa-Lagos inachevé, du Kenya, en passant par l'Ouganda, la RDC, la RCA ; la Cameroun
jusqu'au Nigeria, long de 6285 Km, soit 49% a bitumer, avec des bretelles dans ces pays et autres
(Tchad, Gabon, Guinée Equatoriale) est une réalisation d'une des résolutions de la Commission
Economique pour l'Afrique (CEA) (voir Charte de l'OUA).

Une institution appelée Autorité de la Route Transafricaine a été créée en 1979 à Kinshasa pour gérer ce
projet. Elle était dirigée par un directeur général désigné à Bangui en 1980.

La route transafricaine constitue la base de l'intégration africaine conformément à la Déclaration de la


Conférence sud-sud de mars 1977 et au Plan de Lagos, 20% ont été consacres aux routes et transports.

L'autorité est composée des membres de droit et des membres associés et à une personnalité civile :

a) Membres de droit : pays traversés par la route ;


b) Membres associes : pays desservis par les diverses bretelles ;
c) Le personnel jouit des immunités sur les territoires des Etats membres. Son siège est à Bangui et
les langues de travail sont le français et l'anglais. Pour la compétence, voir les statuts de cette
Autorité.

Section 2. Les voies ferrées

La collaboration entre Etats africains est intense en matière ferroviaire : les voies ferrées constituent un
moyen de politique d'intégration grâce à la pénétration commerciale.
92

1. Conventions ferroviaires

Au XIXème siècle, en 1870 et en 1952 à Berne, puis à Paris de 1906 à 1908 et à Rome en 1934 ont été
signées certaines conventions qui ont pour objet :

1. le souci de coordonner le réseau dans différents domaines ;

2. la limitation des formalités pour des facilités ;

3. l'établissement des gages internationaux ;

4. l'échange et l'utilisation et réciproque du matériel roulant ;

5. la collaboration tarifaire eu égard à la liberté de tarification par Etat assorti de réciprocité.

2. Organismes internationaux

II s'agit des organismes qui gèrent les voies ferrées :

 Organisme gouvernemental : U.I.C (Union Internationale des Chemins de fer basé à Genève) ;
 Organisation non gouvernementale : Union Internationale de Wagon.

En Afrique, les voies ferrées accompagnaient ('exploitation coloniale à la fin du XVIIIème siècle. La
disparité technique et géographique des réseaux ferroviaires sur nos jeunes Etats a conduit à la création
de l'UAC (Union Africaine des Chemins de Fer) dont le siège est à Kinshasa. Les organes sont les
mêmes que ceux de l'Autorité de la route transafricaine.

(Pour de plus amples détails, cfr Cours de Droit International de la Communication et d'autres
dispositions de l'UA, Plan de Lagos et des dispositions sous-régionales et libérales).
93

CHAPITRE II. FLEUVES ET CANAUX INTERNATIONAUX

Leur caractéristique essentielle est double : ils servent à la navigation internationale tout en faisant partie
intégrante du territoire terrestre de l'Etat ou des Etats qu'ils traversent. D’où la concurrence entre le
principe de la souveraineté territoriale de l'Etat riverain et celui des nécessites du commerce
international, c'est-à-dire de la liberté des communications.

Section 1. Fleuves internationaux

Ils présentent des intérêts évoluant avec le développement de la technique ; ils servent à l'irrigation, à la
pêche et aux limites entre les Etats, aux usages industriels. Ces utilisations sont régies soit par le droit
interne soit par des règles particulières aux fleuves qui traversent ou baignent différents Etats
(Convention ou coutume).

§1. Notion

Est national, le fleuve qui prend sa source et court jusqu'a l'embouchure d'un même Etat. C'est son
domaine fluvial, véritable droit étatique de surintendance ou de propriété. Il peut empêcher les navires
étrangers.

Le Traite de Versailles a nationalisé les fleuves allemands : Elbe, Oder, Imen à la fin de la première
guerre mondiale en 1919 et les a soumis aux organismes des Etats riverains. Constituée en 1922, la
commission d'Elbe est dénoncée par l'Allemagne en 1936. Durant cette dénonciation, la liberté de
navigation était consacrée (Cfr. Convention de Barcelone de 1921).

On désigne sous le nom de fleuves internationaux, des cours d'eau qui dans les parties navigables,
séparent ou traversent les territoires dépendants de plusieurs Etats et servent avant tout à la navigation
commerciale.

.Ex : fleuve Congo : fleuve international pour la partie du Pool Malebo et de l'embouchure.

La différence entre les fleuves qui séparent des territoires contigus ou qui traversent deux ou plusieurs
Etats s'inspire des conventions internationales sur l'utilisation des fleuves qui arrosent plusieurs
territoires dépendant des souverainetés différentes. Ces fleuves obéissent à des règles particulières qui
forment un régime d'internationalisation. Donc, on distingue la navigation des autres utilisations de ces
eaux.

A l’instar de la mer, le régime juridique du fleuve a connu des bouleversements à cause des droits des
Etats de fonder le développement sur le bassin fluvial.

§2. Régime juridique de la navigation internationale

 D'abord il y a multitude de conventions ;


 Ensuite, ii y a réception de certains principes et des conventions.

La source en matière de communication fluviale est conventionnelle. Pour les Etats, c'est de réserver les
tronçons du fleuve aux nationaux et de soumettre les étrangers à des paiements spéciaux.

En Europe, l'internationalisation part de 1815 au Congrès de Vienne et tous les pays signataires
accédaient à l'utilisation. L'acte de Berlin de 1885 internationalise les fleuves Congo et Niger. Les
fleuves chinois ont aussi fait l'objet des dispositions après leurs indépendances.

La convention qui régit les fleuves internationaux est signée en 1971 prévoit les principes de
collaboration et leur étendue :
94

1) Liberté de navigation au profit des Etats riverains ou au profit des ressortissants étrangers ;
2) Egalite de traitement qui renforce la libéralisation en matière fluviale admise en 1909.

Mais en général, ('administration du fleuve relève des Etats riverains (entretien, police, taxation, sous
réserve du respect des tiers).

En Europe, le fleuve internationalise est place sous l'autorité d'une commission internationale.

§3. Attribution des commissions fluviales

Ces commissions s'occupent :

 de la coordination des Etats souverains;


 de l'établissement des règles de navigations ;
 du contrôle de ces règles ;
 du règlement officiel des différends entre Etats ;
 de la fixation des quittances, etc.

Le règlement des différends se fait pacifiquement par la commission qui agit en véritable tribunal.

§4. Etendue des principes

Cela va de la liberté de navigation des Etats riverains et aussi des tiers, de l'usage du fleuve à certains
degrés, jusqu'aux opérations commerciales. La liberté implique donc une égalité de traitement. On
entend par là instaurer un domaine public et même les Etats non riverains font partie de la commission.

L'Acte de Berlin prévoyait la liberté de commerce et la liberté de navigation. Ici la liberté consacrée est
absolue au point qu'il est interdit à un Etat riverain de lever une taxe pour empêcher l'accessibilité (cfr.
Convention de Barcelone).

Mais la libéralisation du XIXème siècle est confrontée à des graves difficultés des 1939 (Affaire Chine
entre la Grande-Bretagne et la Belgique devant la juridiction internationale qui établit que la volonté des
Etats signataires ne va pas à l'encontre des Etats riverains). Donc, l'internationalisation dépend de la
volonté des Etats.

§5. Utilisation des fleuves pour la pêche et l'industrie

Les conventions en matière de pêche sont rares. La plupart se réfèrent a l'exercice de la pêche séparant
les Etats contigus. Il y a des textes qui prévoient la copropriété des Etats contractants.

Les eaux du fleuve international constituent du point de vue hydraulique, une source de plus en plus
précieuse, En 1991, l'institution du droit international public à la session de Madrid a adopté des
dispositions fondées sur le principe de l'interdépendance entre Etats séparés par un même cours d'eau ou
par les Etats traversés par un fleuve.

Sur le plan de la jurisprudence internationale, on dégage une communauté de droits et une communauté
d'intérêts entre les Etats riverains. D'après Charles Rousseau, "un fleuve unit plus qu'il ne sépare"; il a
recommandé une utilisation raisonnable et équitable des eaux fluviales, un accord préalable entre Etats
intéressés étant nécessaire.

Selon la doctrine, le bassin fluvial semble l'emporter sur l'usage international. Ainsi, la convention de
Genève en 1923 dispose :

1. tout Etat conserve la liberté d'exécution sur son territoire des travaux hydraulique ;
2. les Etats doivent procéder en commun aux études internationales exigées par la mise en valeur
des forces hydrauliques ;
95

3. les Etats concernés doivent procéder en partie sur leur territoire et en partie sur le territoire des
autres Etats ;
4. les Etats doivent conclure un accord avant les travaux. Cette convention n'a reçu que 29
ratifications.

La conférence des Nations Unies en 1977 a repris les mêmes principes, ainsi que l'Institut de droit
international à Strasbourg. Même les règles de la conférence d'Helsinki ou des règles Helsinki, l'ont
préconise d'une manière doctrinale.

Un différend fluvial opposait le Botswana à la Namibie, les deux parties au différend en revendiquaient
la propriété. Mais la Cour a statué le 14 décembre 1999 en faveur de la gestion et l'exploitation commune
du fleuve. La leçon qui s'en dégage est que les deux parties se réjouissent d'avoir recouru à la Cour
internationale de Justice et d'avoir réglé leur litige à l'amiable plutôt que par la force.

En ce qui concerne le fleuve Congo, le communiqué conjoint qui a sanctionne la 10 erne session de la
grande commission mixte, la République Démocratique du Congo — République du Congo à
Brazzaville le 30 décembre 2000 a préconisé de faciliter la navigation dans les eaux internationales du
Congo et la ratification d'un accord instituant un régime fluvial uniforme, créant la Commission
internationale du Bassin du Congo-Ubangi-Sanga, "CICOS" en sigle (Cfr Bulletin de liaison, Ministère
des Affaires intérieures, Police Nationale Congolaise, RDC n° 007 octobre 2000).

Section 2. Canaux internationaux

Comme les détroits, les canaux internationaux ou interocéaniques sont des voies de communication
maritime et internationales qui relient deux mers libres. Alors que les détroits sont des voies naturelles,
les canaux sont des voies artificielles creusées sur le territoire d'un Etat.

En principe, c'est la souveraineté de l'Etat qui s'applique, mais les canaux situés sur les grandes routes
internationales et qui présentent une importance spéciale pour la navigation en temps de paix ou de
guerre sont dotés d'un régime conventionnel.

Ces conventions prévoient la liberté de passage :

 la liberté de passage est devenue une coutume, mais les modalités d'exercice ne sont pas les
mêmes. Quelques canaux internationaux soumis à ce régime

1. Canal de Suez : travaux effectués par Ferdinand de LESSEPS de 1859 à 1869(creusement de l'isthme).

 D'abord il y avait application du droit interne, c'est-à-dire égyptiens mais avec liberté de passage
;
 Ensuite ce fut le régime international par la Convention de Constantinople en 1888 dénoncée par
l'Egypte en 1956 ;
 Aujourd'hui, c'est le régime international de Constantinople (liberté de passage sans
discrimination, respect de la souveraineté de l'Egypte par l'intervention politique, fixation des
droits de péage, affectation d'une part de redevances à l'amélioration du canal, règlement du
contentieux par l'arbitrage).
2. Canal du Panama (entre Angleterre et Etats-Unis) : soumis d'abord au régime conventionnel entre
1901 et 1903 qui préconisaient la liberté de passage : puis, des droits étendus ont été reconnus aux
Etats-Unis : construction, monopole 0 perpétuité, intervention militaire contre versement de 10
millions de dollars et un loyer annuel de 250.000 $ US au Panama.

Le régime conventionnel de 1977 prévoit le transfert de la gestion au Panama mais avec un monopole
des Etats-Unis sur le plan de la défense jusqu'à l'an 2000.
96

Apres le1er janvier 2000, c'est la restitution à la souveraineté du Panama avec liberté contrôlée de
passage.

3. Canal de Kiel construit par les Allemands sous l'empereur Guillaume (1885-1895). C'est le régime
interne.

Après 1919, c'est l'internationalisation du canal avec ouverture à tous les Etats mais l'Allemagne garde
certaines mesures de réglementation policières, douanières, sanitaires, d'exploitation, etc. par le Traite de
Versailles. Il est dénoncé par l'Allemagne en 1936 mais remis en vigueur en 1945 : consécration de la
liberté de passage.

Enfin, les lacs obéissent aux mêmes règles que les fleuves et canaux internationaux : convention
internationale entre les Etats concernes.
97

CHAPITRE III. COMMUNICATON MARITIME (MER)

La mise à jour des nouvelles sources maritimes fut accompagnée de caractère épuisable des richesses de
la mer. L'exploitation des richesses maritimes expose la mer à la pollution avec des conséquences
désastreuses.

Ainsi, le droit de la mer étant intéressé aux communications, la richesse maritime va influencer ce droit
sur le plan du contenu, de l'abondance, du partage et de la conservation. On aura donc le droit de la
surface et le droit du contenu des océans. II faut pour ce faire protéger la mer, les sols et les sous-sols
contre la pollution.

Le droit de la mer aura pour fonction de régir l'ensemble des activités humaines dans un espace donne de
la mer. La Convention de Genève de 1958 sur le droit de la mer est une codification de ce droit par
quelques puissances sans la participation de tous.

Tandis que la Convention de Montego Bay de 1982 a tenu compte de la diversité des Etats qui doivent
tous participer à ce droit :

 le caractère universel du droit de la mer ;


 la reconnaissance des réalités sociologiques ;
 son aspect socio-politique, c’est-à-dire préserver les intérêts des Nations et de leurs peuples.

Section 1. Définition de la mer

D’après les géographes, c'est l'ensemble des espaces d'eau salée (aspect physique). Au regard du droit
international, ces espaces d'eau salée ne constituent la mer qu'à la condition qu'ils soient une
communication libre et naturelle sur toute l’étendue du globe (à l'exclusion de tout ce qui est fermé,
même salé).

Le droit de la mer concerne aussi le sol et l'espace aérien sur-jacent. Le droit de la mer s'intéresse aussi
aux engins et installations artificiels, fruits de la technologie moderne non assimilables aux navires.

1) Un navire est un engin flottant, apte à naviguer en mer. La Cour de cassation française définit les
bâtiments de mer, tous ceux, quelles que soient leurs dénominations et dimensions, qui avec ornement et
équipage qui leurs sont propres, remplissent un service spécial et suffisent à une industrie particulière.
Tel est l'avis de Gidel.

Selon la Convention de Londres de 1972, c'est tout engin ou tout appareil, de quelle que
nature que ce soit, y compris les engins sans tirant d'eau et les hydravions utilisés ou susceptibles d'être
utilisé comme moyens de transport sur l'eau. C'est donc juridiquement une chose, un bien meuble, avec
une identité et une nationalité.

2) On distingue les navires d'Etat (et) des navires privés. Dans les navires d'Etat, on distingue ceux à
des fins commerciales ou non, notamment les navires de guerre.

D'après la Convention de 1982, par navire de guerre, il faut entendre tout navire qui fait partie des forces
armées d'un Etat et porte les marques extérieurs distinctes des navires militaires de sa nationalité, qui est
place sous le commandement d'un officier de marine au service de cet Etat et inscrit sur la liste des
officiers ou un document équivalent, et dont l'équipage est soumis aux règles de discipline militaire.

3) Installations et ouvrages, Iles artificielles : la distinction se situe entre les Iles artificielles et les
installations et les ouvrages destinés à l'exploitation des ressources économiques et les autres
installations.
98

• Du point de vue du droit public, on distingue à titre principal les structures flottantes, assimilables aux
navires et les structures fixes. C'est plus le critère technologique que pratique qui est déterminant.

La notion de la mer a évolué : lion est parti de la notion de route vers les préoccupations commerciales.
Moult organismes créés dans ce domaine portent sur les aspects économiques de la mer (pêche,
environnement, crédits 0 la construction navale) jusqu'en 1945 et les règles étaient coutumières.

La codification intervient après la deuxième guerre mondiale en 1958 avec quatre conventions sur la mer
territoriale, la haute mer, la pêche et la conservation des ressources biologiques et le plateau continental.

Une remise en cause du droit de la mer est observée en 1960 avec l'arrivée des Etats du tiers-monde,
cherchant à protéger leurs importantes ressources des océans en pétrole.

La troisième conférence des Nations Unies sur le droit de la mer se tint en 1973 et se clôtura avec la
Convention de Montego Bay le 10 décembre 1982. Cette convention prévoit la mise en place de
l'Autorité Internationale des fonds-marins. Parmi les opposants à la convention, il y a les Etats-Unis.

Section 2. Sources du droit de la mer

La caractéristique du droit de la mer est la coexistence des règles d'origine diverses :

 la coutumière d'abord ;
 les traités et les conventions par la suite et ceux-ci portent sur diverses objets : pollution,
sécurité, conservation d'espèces déterminées ;
 enfin, la codification des conventions.

La convention de Genève (1958) et celle de Montego Bay sont presque identique sur plusieurs points. La
convention sur le droit de la mer constitue un amalgame de régimes juridiques applicables aux espaces :

 Tantôt sur la mer ;


 Tantôt sur les sols et les sous-sols ;
 Tantôt sur les fonds marins ;
 Enfin sur les eaux sur-jacentes.

Bref, révolution porte sur une double patrimonialisation :

1° pouvoirs de l'Etat riverain sur les espaces marins adjacents a ses cotes ;

2° fonds marins et ses ressources situées au-delà des juridictions nationales déclarés patrimoines
commun de l'humanité.

§1. Zones maritimes sous juridiction nationale

Selon la Cour d'Arbitrage dans l'affaire du canal de Beagle, « il existe un principe général de droit en
vertu duquel, en l'absence des dispositions expresses en sens contraire, une attribution de territoire doit
ipso facto entrainer l'attribution des eaux dépendantes du territoire attribue ». C'est la consécration de la
théorie de la proximité ou de la continuité.

Le sort des eaux adjacentes aux cotes suit celui du territoire terrestre. Cette notion couvre la zone
contiguë, la zone économique exclusive, le plateau continental et les eaux archipélagiques, les eaux
intérieures et la mer.

Mais il faut reconnaitre aux tiers dépourvus du droit de passage et de participation, le droit a
l'exploitation des ressources.
99

A. Eaux intérieures : elles correspondent à celles baignant les cotes de l'Etat et situées en deçà de la
ligne de base de la mer territoriale, c'est-à-dire les ports, rades, baies historiques, etc.

Ici, c'est le régime de la souveraineté de l'Etat riverain qui y est applicable. Pour les navires prives : c'est
la liberté d'accès sauf en cas exceptionnel à des fins commerciales. Pendant leur séjour, ils sont soumis à
cet Etat.

Pour les navires d'Etat utilises à des fins non commerciales, les conditions d'accès sont strictes, sauf en
cas de péril. Mais pendant le séjour, ils sont soumis à la souveraineté de l'Etat de pavillon. Une infraction
en cas de descente à terre est poursuivable par l'Etat côtier. Pour les Etats sans littoral, ils ont un droit
d'accès mais sont contrôlés par les Etats côtiers : droits d'accès et liberté de transit mais contrôlés
strictement.

B. Eaux archipélagiques : est l'espace marin inclus à l'intérieur d'un périmètre établi par l'archipel
(Indonésie et Philippine). Leur régime juridique s'étend à leur sol ; sous-sol, ainsi qu'à l'espace aérien
sur-jacent. Sa délimitation obéit aux critères ci-après :
 tracé des lignes de base archipélagiques droites devant reliés les points extrêmes de l’île ;
 longueur ne dépassant pas 100 miles marins ;
 tracé ne s'écartant pas du contour général de l'archipel.

C'est la souveraineté de l'Etat archipel qui s'applique sur les eaux, le sol et le sous-sol, l'espace aérien de
l'archipel. Cette souveraineté est limitée, les droits des Etats voisins devant être protégés.

C. Mer territoriale : elle est constituée par la zone maritime adjacente aux eaux intérieures sur laquelle
s'étend la souveraineté de l'Etat. L'Etat côtier y exerce des compétences exclusives du point de vue
économique et de police. Mais le respect du droit des tiers est garanti.

 Le droit de passage inoffensif, c'est-à-dire le fait de naviguer dans la mer territoriale aux fins de
traverser sans entrer dans les eaux intérieures ou de se rendre dans celles-ci ou de le quitter sans
incident, ni entrave ;
 Les règles applicables aux différents navires sont applicables ici.

a) Sa largeur

La liberté de mer s'est imposée au XVIIème siècle et, dès lors, fut consacrée l'idée de
souveraineté de l'Etat côtier sur une frange maritime le long de ses côtes, pour des raisons de sécurité et
sous réserve d'un contrôle effectif depuis ses cotes. C'est l'idée de Bynkershoek traduit comme suit : « le
pouvoir de l'Etat finit là où finit la force de ses armes ». Donc la largeur dépendait de la portée du
Canon. Ainsi, Galiani a proposé de la fixer à 3 mille marins (1mille marin = 1852 mètres).

Au nom de la considération non plus stratégique mais économiques, certains ont prétendu étendre leur
mer territoriale jusqu'à 200 milles marins, d'autres se contentent de 12 milles marins (africains et
asiatiques) : le combat entre les douze milistes et les trois milistes se solda par l'adoption de 12 milles (12
milles marins).

La Convention sur le droit de la mer dispose : « tout Etat a le droit de fixer la largeur de sa mer
territoriale ; cette largeur ne dépasse pas 12 milles marins mesures à partir des lignes de base établies
conformément à la Convention ».

b) Sa délimitation

La règle de 12 milles est une maxime mais pose le problème de son point de départ. Chaque Etat a le
droit de délimiter extérieurement sa mer territoriale par une ligne parallèle à la ligne de base. Le tracé de
base s'effectue suivant deux méthodes :
100

 soit fixer la ligne de base à la basse mer le long de la cote conformément aux cartes marines à
grande échelle. Mais les résultats sont compliqués car toutes les cotes ne sont pas droites ;
 soit fixer selon la ligne de terre, c'est-à-dire une ligne d'eau tracée conformément à la méthode
des lignes de base droites reliant des points appropriés, constitués par des reliefs les plus
marques vers le large.

Mais il y a des conditions :

1) Cette règle n'est admissible que si la cote est profondément échancrée ou s'il existe un chapelet
immédiatement le long des côtes ;
2) Le tracé des lignes ne doit pas s'écarter sensiblement de la direction générale des côtes et ses
étendues de mer suffisamment rattachées aux eaux intérieures ;
3) Les lignes de base ne doivent pas couper la mer territoriale d'un autre Etat ou d'une zone
économique exclusive ;
4) Le tracé retenu doit faire l'objet de publicité de la part de l'Etat côtier.

Ce ne sont que des directives que les Etats se doivent d'appliquer avec modération pour la définition de
la mer territoriale entre Etats a cotes adjacentes ou faciales, l'extension de la mer territoriale est interdite
sauf accord contraire entre eux, au-delà de ligne médiane dont tous sont équidistants des point les plus
proches des lignes de base à partir desquelles est mesurée la largeur de la mer territoriale de chacun des
deux Etats.

Donc, le principe de l'équidistance et de la ligne médiane prévalent dans le cas d'espèce sauf en cas de
circonstances spéciales (ex : existence des titres historiques, présence d'îles ou de chenaux navigables ou
une forte concavité de la côte).

Quant aux lacs, les baies ou les golfes, les embouchures du fleuve, ils sont soumis à un régime
particulier. Souvent, il est appliqué le principe de ligne médiane sauf quand c'est le rectiligne. Ils sont
soumis en outre aux mêmes règles que les fleuves internationaux du point de vue de leur régime
juridique.

En ce qui concerne le détroit, défini comme une portion de mer resserrée entre deux terres, il doit mettre
en communication une zone maritime au la navigation est fibre (haute mer) et une autre zone présentant
le même caractère ou la mer territoriale. Il doit servir à la navigation internationale, sur le plan juridique,
c'est la continuité sur une route maritime internationale. Le droit international s'intéresse plutôt aux mers
territoriales limitrophes. Ils sont soumis au droit de passage inoffensif et au droit de passage de transit.
Mais les Etats riverains restent compétents pour contrôler le règlement de passage.

En dehors des règles générales, ii existe des régimes conventionnels signés entre Etats pour des raisons
stratégiques et historiques.

Ex : Détroits tures (Bosphore et Dardanelles), détroit de Gibraltar, détroit Magellan, détroit de Corfou,
etc.

D. Zones contiguës

Le concept a été reconnu lors de la Conférence de la société des Nations de 1930 et confirme en 1958.
L'idée est que dans une portion de mer "contigüe" a la mer territoriale, l'Etat riverain devrait conserver
certains pouvoirs exclusifs mais limites. Donc c'est une zone de transition dont la fonction est d'atténuer
le contraste entre le régime de la haute mer et celui de mer territoriale. Son régime juridique se
caractérise par le contrôle de l'Etat côtier, nécessaire en vue de prévenir les infractions a ses lois et de
primer les infractions à ces mêmes lois. II ne s'agit pas d'une souveraineté territoriale.
101

E. Zone économique exclusive

C'est le résultat d'un compromis inégal entre les Etats côtiers et les Etats tiers. Ces compromis leur
confèrent des droits souverains en matière économique sur des vastes espaces marins adjacents à leur
mer territoriale. L'objectif de l'occupation de cette zone est de réserver aux nationaux l'exploitation des
ressources halieutiques d'une zone particulièrement poissonneuse.

Sa délimitation s'étend jusqu'à 200 milles marins de ligne de base. Son régime se caractérise par une
originalité, c'est-à-dire un équilibre entre le régime de la navigation et les droits souverains de l'Etat
côtier sur les ressources de la zone économique exclusive.

 Tous les Etats y jouissent des libertés étendues (navigation, survols, pose des câbles, pipelines,
etc.).
 Les Etats jouissent du droit d'exploitation des ressources économiques.

Quant aux zones de pêche, c'est l'application du principe "qui peut le plus peut le moins !". Si on peut
créer une zone économique exclusive, on peut aussi se créer une zone de pêche même à 200 milles.

F. Plateau continental

Il désigne la plate-forme bordant sous la mer les continents, s'inclinant en pente douce et s'arrêtant à
l'endroit (Au l'eau qui la recouvre atteint une profondeur de 200 mètres en moyenne. On l'appelle aussi,
seuil continental ou socle continental mais le talus ou pente continentale est la pente raide par laquelle le
plateau rejoint les fosses abyssales. Mais le plateau couvre aussi des richesses naturelles, végétâtes et
animales (huitres, mollusque, pétrole, charbon, fer, etc.).

C'est la déclaration du président américain Truman qui consacré l'aspect juridique du plateau continental,
déclaration reconnaissant unilatéralement des droits aux Etats côtiers en 1945.

La Cour Internationale de Justice en 1969 reconnut ce droit comme un prolongement naturel du territoire
sous la mer (Affaire du plateau continental entre la Lybie et la Tunisie en 1984).

Par ailleurs, retenez que l'Ile Maurice a aussi au début du mois de février 2001, saisi les Nations Unies
pour obtenir la reconnaissance de l'indépendance de son espace maritime, précisément son plateau
continental jusqu'à 200 milles marins, afin d'exploiter les richesses dans sa zone exclusive.

Son étendue va jusqu'à 200 milles marins de ligne de base et ne peut s'étendre au-delà de 350 milles
marins. Pour les Etats dont les côtes sont adjacentes ou se font face, la délimitation doit être
conventionnelle. Mais cette délimitation doit produire un résultat équitable, c'est-à-dire tenir compte de
la configuration générale des côtes et de toute caractéristique spéciale ou habituelle notamment :

 La structure physique et géologique du plateau ;


 L'unité de gisement et les ressources naturelles des zones du plateau en cause ;
 La largeur des façades maritimes des Etats en cause ;
 La frontière terrestre entre les parties.

Son régime juridique : d'abord les droits souverains de l'Etat côtier, exclusifs, inhérents et
conventionnels, ensuite le respect des droits des Etats tiers.

§2. Zones maritimes non soumises à la juridiction nationale

Les zones sont caractérisées par la non appropriation étatique, car ce sont des "res communis", dont tous
peuvent jouir sans s'en approprier. On distingue les fonds marins, c'est-à-dire la zone et la haute mer.
102

A. La haute mer

Avant les grandes découvertes, la mer était considérée comme un objet de souveraineté des Etats
riverains. La liberté s'imposa vers le XVIIe siècle. Deux thèses s'affrontent à ce sujet :

Pour Grotius, la mer est libre, "mare liberum", "mare clausum" thèse de Selden défendue par la
souveraineté britannique pour ses vastes conquêtes. Mais c'est la liberté des mers qui a triomphé dès
1969 en effet, il était admis que la liberté de la haute mer est indispensable à l'établissement de la
domination européenne sur le reste du monde et apparaitre comme corollaire de la liberté de commerce.

1° Caractéristique de la haute mer :

Liberté de la haute mer : le principe de liberté est la conséquence de l'absence de souveraineté territoriale
des Etats ; aucun Etat ne peut légitimement prétendre soumettre une partie quelconque de la haute mer à
sa souveraineté. Cette liberté se décompose en :

 Liberté de navigation ;
 Liberté de survol ;
 Liberté de pêche ;
 Liberté de poser des câbles et des pipe-lines sous-marins ;
 Liberté de construire les îles artificielles ;
 Liberté de la recherche scientifique.

En temps de guerre, c'est la liberté des belligérants de se battre entre eux qui prime sur celle de non
belligérants puisque ceux-ci ne peuvent, en temps de guerre, jouir de leur liberté que sous réserve de
contrôle de belligérants.

En cas de conflit entre les Etats sur leur liberté à utiliser la haute mer, la solution est d'abord
interne. Ainsi dans l'Affaire Lotus, la Cour permanente de Justice internationale a reconnu la faculté pour
l'Etat, victime d'un abordage en haute mer, d'appliquer ses propres règles pénales.

Mais à l'heure actuelle, l'utilisation privative de la haute mer se pose avec acuité et le plus souvent de
façon abusive (essais nucléaires). L'utilisation pacifique est garantie par le droit la répartition en cas de
dommage.

Compétence de l'Etat du pavillon en haute mer : le navire étant assimilé au territoire d'un Etat, la
compétence de l'Etat du pavillon est une manifestation de sa compétence territoriale. Cette compétence
est plénière et exclusive.

Affaire du Lotus : le 2 août 1926, le paquebot français Lotus aborde le vapeur charbonnier turc Bozkourt
en haute mer, au large de la mer Egée. Celui-ci coule et huit ressortissants turcs périssent. Le Lotus fait
escale le lendemain à Constantinople : l'officier des quart français, de service au moment de l'abordage
demande à terre par les autorités locales turques, est arrêté et condamné à 80 jours et 22 livres turques
d'amende par les tribunaux turcs.

La France proteste et saisit la Cour Permanente de Justice Internationale par compromis du 12 octobre
1926. Pour la France, seule la compétence de l'Etat du pavillon s'imposait. Pour la Turquie, il y a
compétence concurrente de l'Etat du pavillon et de l'Etat du navire abordé. La Cour a donné raison à la
Turquie. Mais les conventions de Genève et de Montego Bay ont rejeté cette solution au profit de l'Etat
du pavillon.

Compétence des Etats tiers : lorsqu'ils acceptent l'exception à l'exclusivité de la loi du pavillon, tout acte
de l'autorité à l’égard d'un navire étranger leur est interdit.

Compétence aussi des organisations internationales en vertu des règles expresses ou conventionnelles,
mais pas de compétence répressive. Cette compétence de police s'opère comme suit :
103

1° l'approche du navire ;
2° la reconnaissance et l'enquête du pavillon (vérification des documents de bord) ;
3° la visite et l'inspection après arraisonnement ;
4° le détournement ;
5° la saisie et ('immobilisation ;
6° la confiscation ;
7° la destruction en cas de danger d'un navire.
L'exercice de cette compétence vise:
• la légitime défense pour la protection des intérêts fondamentaux.

Exemple : Affaire du Virginius, navire américain contre le Tornado, navire espagnol. L'américain
transportait des insurgés cubains et britanniques, et furent arrêté par Tornado et exécution sommaire ;

 le respect de certaines règlementations de l'Etat côtier. Ex : droit de poursuite sous certaines


conditions, semonce, proportionnalité ;
 la protection de l'environnement : les normes applicables en cette matière ont beaucoup évolué ;
de 1945 à ces jours, beaucoup de conventions sur la pollution ont été adoptées. La compétence
sur l'environnement est repartie entre les Etats. La non protection ou préservation entraine la
responsabilité d'un Etat du fait des dommages de pollution ;
 la sécurité des communications, notamment :
 pour la navigation. Exemple : convention sur la sauvegarde de la vie humaine en mer (SOLAS)
de 1948, amendée en 1981;
 pour la navigabilité du navire et les règles applicables aux équipages :
 Inspection avant navigation ;
 Conduite par un capitaine et des officiers qualifies et connaissant les règles applicables ;
 Pour la piraterie : tous les Etats ont droit de contrôler les navires suspects ;
 Pour la police de télécommunications (importance des mass medias),
 l'exploitation et la protection des ressources de la haute mer : protection de la pêche et des
pêcheurs et leurs engins ;
 les considérations humanitaires :
 la traite des esclaves est interdite. Les Etats doivent prévenir et réprimer ces actes ;
 le trafic illicite des stupéfiants et des substances psychotropes : exclusivité des pouvoirs de
police de l'Etat du pavillon (convention de 1982).

B. Zone

La zone est considérée comme patrimoine commun de l'humanité. Comme le déclarait l'Assemblée
générale de l'ONU en 1930, Mr Prado, représentant de Malte « le fond des mers et des océans situes au-
delà des limites de la juridiction nationale, devrait être exclu la lois à l'appropriation nationale et de la
libre utilisation. Elle est caractérisée par :

 la consistance, comprend les fonds marins et leur sous-sol, elle est circonscrite par les limites
extérieures de leurs plateaux continentaux ;
 les principes applicables, c'est-à-dire l’internationalisation positive qui suppose :
 la non-appropriation ;
 l'utilisation pacifique (pas d'installation de placement d'arme nucléaire au-delà de 12 milles
marins) ;
 l'exploitation dans l'intérêt de l'humanité (répartition équitable des avantages de ces richesses),
cfr. Convention sur le droit de la mer, article 140.
104

1° Mécanismes institutionnel

La Convention de Montego Bay a prévu une Autorité internationale des Fonds Marins, dotées des
pouvoirs de décision très étendus et comprenant un organe opérationnel original : "entreprise". A côté de
l'Autorité internationales, il existe aussi le tribunal international du droit de la mer.

2° Règles d'exploitation

Les activités de la zone sont menées par l'entreprise en association avec l'Autorité par les Etats parties ou
entreprises d'Etat ou personnes physiques ou morales de ces Etats, etc. Ces activités se font suivant le
travail approuve par l'Autorité. La détermination des bénéficiaires des avantages tires de la zone doit être
équitable (surtout pour les pays en développement).

La prise en compte des intérêts des pays en développement par rapport à leurs matières premières doit
rester de mise. L'existence d'une commission préparatoire pour les investissements est nécessaire. Il s'est
tenu à Libreville le 26 novembre 1999 une conférence sur la gestion des mers en vue d'une exploitation
judicieuse des ressources de la mer.

3° Règlement des différends

Les différends concrets portant sur les activités menées dans la zone sont soumis à la chambre de
l'Autorité. Mais cette chambre peut aussi donner des avis consultatifs sur les matières de droit. Il faut
rioter la création d'un Observatoire africain de recherche et de gestion de ressources côtières sur la côte
ouest africaine. A cet effet, un séminaire a été organisé à Kinshasa en date du 27 février 1999 qui a réuni
les experts de la Côte d'Ivoire, de l’Angola et de la RDC à côté des certains ministres.
105

CHAPITRE IV. AIR ET ESPACE EXTRA-ATMOSPHERIQUE

L'espace extra-atmosphérique intéresse le droit international depuis que les activités humaines y ont été
rendues possibles par les progrès techniques. A l'initiative de Fauchilles, se basant sur le premier essai de
montgolfière en 1783, de planeur en 1856 et d'aéronef en 1890, une partie de la doctrine avait soumis a
('air le statut analogue à la mer, c'est-à-dire souveraineté territoriale de l'Etat sous-jacent sur une partie de
faible hauteur, et au-delà, le régime de liberté comme a la haute mer.

Ensuite après Spoutnik avec Y.A Gargarine en 1961 et l'Alunissage avec Apollo XI, i l a été admis que
l'espace était insusceptible d'appropriation.

Pour fixer les règles applicables, la pratique s'est orientée vers un critère fonctionnel, c'est-à-dire que
l'applicabilité des règles dépend de l'objet de l'activité justifiant la navigation et des caractéristiques de
celle-ci. Donc, sont soumises au droit aérien, les activités qui prennent appui sur l’air et au droit de
l'espace extra-atmosphérique, celles qui n'utilisent ni l'oxygène de l'air comme carburant, ni les courants
atmosphériques.

Section 1:Espace aérien

La réglementation de l'espace aérien a connu une grande évolution.

1. La Convention de Paris de 1919: ces règles sont d'origine doctrinale (cfr le ballon avec Fauchille).
Les règles sur ('aviation internationale interviennent à partir de 1909 avec la traversée de la Manche
de Bleriot. La première Convention internationale portant réglementation de la navigation aérienne
est ouverte à la signature à Paris le 13 octobre 1919.
2. Les actes de Chicago de 1944 et les conventions postérieures constituent la 2ème vague de la
réglementation, notamment par la traversée de l'Atlantique par Lindesberg ; sont alors règlementés :
 l'aviation civile internationale ;
 le transit des services aériens internationaux ;
 le transport aérien international.
3. Enfin, se pose le problème de droit privé : la conclusion des contrats de transports aériens et la
responsabilité pour dommages causés à la surface, et même les interférences illicites (trafics non
règlementés).

§1. Statut juridique de l’espace aérien


C’est la souveraineté de l’Etat sous-jacent : les hautes parties contractantes reconnaissent qu’une
puissance a la souveraineté complète et exclusive sur l’espace atmosphérique au-dessus de son
territoire (cfr. Convention de Chicago de 1944). A l’inverse de la navigation maritime, l’Etat est
libre de réglementer et même d’interdire le survol de son territoire et toute violation est une
atteinte à sa souveraineté. Mais le droit de riposte n’est pas illimité, il faut tenir compte de la vie
des personnes à bord.

Il n’y a pas de délimitation verticale, c’est-à-dire pas de limite géographique entre l’air et
l’espace. La raison véritable réside dans la défense des intérêts de la sécurité internationale. La
distance ne joue aucun rôle protecteur.

Il n’y a pas non plus délimitation latérale, c’est le régime de la liberté comme en haute mer. Au-
dessus de la haute mer, les règles en vigueur seront les règles établies par l’Organisation de
l’Aviation Civile Internationale, en matière de vol et manœuvre des aéronefs.
106

§2. Régime de la navigation aérienne

a) Définition

Selon la Convention de Chicago qui tient compte de l’élément de résistance de l’air, l’aéronef
est un appareil capable de se soutenir dans l’atmosphère grâce aux réactions de l’air autrement
que par les réactions de l’air contre la surface de la terre. L’accent est mis seulement sur le
milieu où il évolue. C’est donc un engin destiné au transport commercial ou non commercial des
personnes, des marchandises, du courrier, etc. On distingue les aéronefs d’Etats des aéronefs
privés ou civils. C’est la fonction qui permet de les distinguer. Les aéronefs d’Etats sont ceux
qui sont utilisés dans les services militaires, de douane ou de police. Les autres sont des aéronefs
civils.
b) Quant à la nationalité

Tout objet a la nationalité de son propriétaire. Chaque Etat définit les conditions d’octroi de la
nationalité ou de son pavillon. La liberté de décision des Etats est limitée par le principe du lien
de rattachement effectif : il doit exister un lien substantiel entre l’Etat et l’aéronef (article 5 de la
Convention de Genève de 1958). Pour les engins spaciaux, le lien de rattachement est fourni par
la formalité de l’immatriculation dont la responsabilité incombe à l’Etat de lancement.

On ne peut avoir qu'une nationalité et une seule. Elle ne peut changer que sous certaines garanties du
sérieux de l'opération. Les aéronefs civils ont une nationalité et une seule, celle de l'Etat sur le registre
duquel ils ont été immatriculés.

c) Le principe de la liberté de l'air

C'est la liberté du survol dans l'espace aérien international par les aéronefs. En dépit de la suprématie
technique des Etats-Unis, la Convention de Chicago parle de la liberté contrôlée. Fort de cette
conception, on distingue :

1. les aéronefs civils n'assurant pas un service de transport commercial qui bénéficient du droit de
passage grâce à deux libertés :

 Liberté de transit sans escale et liberté de faire des escales non commerciales ;
 L'Etat concerne peut interdire le survol de certaines zones ou par certains engins ;

2. les aéronefs assurant un service de transport commercial non régulier qui jouissent de deux
libertés précitées ainsi que le privilège de l'escale commerciale aux conditions de l'Etat
concerne;

3. Les aéronefs assurant un service de transport commercial régulier sous réserve de l'adhésion des Etats
concernés aux accords consécutifs à la Convention de Chicago (sur le transit de transport aérien
international), qui jouissent de trois libertés en sus des libertés classiques :

 droit de débarquer des passagers, courriers, marchandises dans l'Etat de la nationalité de l'aéronef
;
 droit de d'embarquer des passagers, des marchandises, etc., à destination de l'Etat de la
nationalité de l'aéronef ;
 droit d'embarquer et débarquer des passagers, marchandises, etc., à destination ou en provenance
de tout Etat contractant ;
 le droit de faire des réserves est toujours possible.
107

4. Les aéronefs assurant le cabotage, c'est-à-dire un service commercial par des vols intérieurs d'un
point à un autre du territoire d'un même Etat, qui doivent obtenir la nationalité de l'Etat où se fait le
cabotage. Pour les autres, les conditions sont strictes ;
5. Les aéronefs d'Etats qui ne jouissent pas de piano d'aucune liberté classique, réservée aux civils.
Pour les aéronefs publics ou militaires, il faut une autorisation. En cas d'autorisation, ils jouissent de
l'immunité.

d) L'OACI (Organisation de l'Aviation Civile Internationale)

A l'instar de la Convention de Paris qui créa en 1919 la Commission Internationale de la Navigation


Aérienne, la Convention de Chicago de 1944 a institué I'OACI qui a pour tâche :

 de veiller à l'application correcte du régime de la navigation aérienne ;


 de poursuivre l'effort d'uniformisation des normes et des procédures pour la sécurité et la
technique.

Organisation intergouvernementale plénière est composée d’une Assemblée avec ses fonctions
classiques habituelles (budgets, défenses, amendement de la Convention). Les fonctions principales sont
exercées par le Conseil. Exemple : nomination du secrétaire général et les membres des commissions
techniques.

Nonobstant les liens étroits avec l'AOCI, l'IATA, Association Internationale des Transporteurs Aériens
est une organisation non gouvernementale (ONG). Elle joue le rôle de coordination en matière tarifaire.
Ceci se fait à travers les conférences de trafic. Autres fonctions de l'OACI :

 assistance technique (construction d'aérodromes et contrôle) ;


 établissement des services spéciaux (réglementation et règlement des litiges par ses annexes,
appelées standards et méthodes) ;
 conclusion des accords par le Conseil.

C'est le Conseil qui statue en matière de règlement des différends et un appel est possible devant un
tribunal d'arbitrage ad hoc ou devant la Cour Internationale de Justice. Exemple : l'Inde contre le
Pakistan qui avait saisi le Conseil contre la décision de survol de son territoire. Linde a soumis le
problème à la Cour.

Section 2. Espace extra-atmosphérique

1. Evolution de la réglementation

Le coup d'envoi des activités spatiales part du lancement du premier Spoutnik soviétique en 1957.
Depuis lors, les activités sont légion : rencontre des vaisseaux, exploration de la lune, lancement des
satellites civils et militaires, surveillance des territoires survoles, repérage des ressources naturelles
terrestres et maritimes, radiodiffusion, télédiffusion, transmissions téléphoniques, météorologie,
observation astronomiques, expériences scientifiques, guerre des étoiles, etc.

Les activités spatiales au départ duopole (URSS-EU), sont étendues aux groupes d'Etats. L'occasionnel
devient permanent, d’où la nécessité d'avoir le droit de régir ces activités. La propulsion par fusée aux
navettes va au-delà de l'atmosphère. Ce qui dépasse la Convention de Chicago. C'est la naissance du
droit positif atmosphérique.

L'Assemblée crée le comité des utilisations pacifiques de l'espace extra-atmosphérique par des
Résolutions 1348 (XIII) et 1472 A (XIV). Une série des textes est élaborée à cette fin. En 1961:
l'adoption de la première résolution sur la liberté de l'espace. En 1963: déclaration sur les principes
juridiques régissant les activités des Etats en matière d'exploitation et d'utilisation de l'espace extra-
atmosphérique.
108

Un traité sur les activités extra-atmosphériques, la lune et les autres corps célestes est signé à Londres,
Moscou et Washington le 26 janvier 1967. Le droit de l'espace se raffermit à partir de 1966 notamment :

 par l'Accord sur le sauvetage des astronautes, leur retour et la restitution des objets lances sans
l'espace extra-atmosphérique du 22 avril 1968 ;
 par la convention sur la responsabilité internationale pour les dommages causés par des objets
spatiaux du 29 mars 1972 ;
 par l'Accord régissant les activités des Etats sur la lune et les autres corps célestes du 18 février
1979.

Beaucoup d'organismes s'intéressent désormais à ces activités comme la FAO, l'OMI, ('UNESCO. En
outre, à côté des traités à vocation universelle, il existe des accords régionaux et bilatéraux. Exemples :
URSS — EU.

2. Statut juridique de l'espace extra-atmosphérique

A l'exception de la lune et des autres corps célestes, l'espace extra-atmosphérique est déclaré "patrimoine
commun de l’humanité. Il est soumis en général au régime d'internationalisation négative, caractérisée
par deux principes :

 la non-appropriation et la liberté d'utilisation. Mais des revendications des Etats ne sont pas
exclues surtout pour les Etats situés à l’équateur à l’égard de l'orbite géostationnaire ;
 on appelle « orbite géostationnaire », celle sur laquelle peut être place un satellite de telle
manière qu'il apparaisse fixe à un observateur se trouvant sur la terre. Elle est à environ 36.000
Km au-dessus de l’équateur terrestre ;
 certaines Etats l'ont considéré comme une ressource naturelle rare pour les télécommunications
par satellites et qu'il importait d'en conserver la maitrise : il s'agit de la déclaration du Brésil, de
la Colombie, du Congo, de l'Equateur, de l'Indonésie, le Kenya, de l'Ouganda et la RDC le 3
décembre 1976, qui ont proclamé leur souveraineté sur celle-ci.

Mais elle a été rejetée par le reste de la communauté internationale. Néanmoins, l'Assemblée s'en
préoccupe comme une ressource naturelle limitée. La non-appropriation de l'espace extra-atmosphérique
entraine la liberté de son utilisation pour les Etats sans distinction et .sur une base de stricte égalité
(Traite de 1967). Ce traité interdit l'anarchie. Aussi, impose-t-il :

 Une utilisation pacifique de l'espace : le placement des armes classiques est acceptables ;
 Une interdiction de procéder à des essais d'armes nucléaires ;
 Une exploration et utilisation de l’espace extra-atmosphérique, de la lune et autres corps célestes
pour le bien et dans l'intérêt de tous les pays. Elles sont l'apanage de l'humanité toute entière.

II y a lieu de mentionner qu'il existe des particularités du statut de la lune et des autres corps célestes. Par
corps célestes, il faut entendre des objets naturels et sages se trouvant dans l'espace extra-atmosphérique
tels que les planètes et leurs satellites, les astéroïdes, les comètes, les météorites et les étoiles. Ils sont
régis par l'Accord du 18 décembre 1979 qui ne considère que ceux à l'intérieur du système solaire.

Cet accord préconise ('utilisation pacifique de ces espaces : interdiction d'y placer des objets porteurs
d'armes nucléaires ou de destruction massive. Un contrôle est assuré par les représentants des autres
Etats.

La lune et les corps sont aussi l'apanage de l'humanité toute entière. D’où il faut une mise en valeur
méthodique des ressources de la lune, leur gestion rationnelle et leur répartition équitable.
109

3. Régime des activités spatiales

Les libertés de l'espace sont les libertés organisées et s'exercent dans le cadre des principes qui
règlementent :

 D'abord la compétence de l'Etat d'immatriculation à l'image de celle de l'Etat du pavillon sur ces
navires;
 Ensuite l'obligation de coopération et d'assistance mutuelle en tenant dument compte des intérêts
correspondants des autres Etats. Exemple : assistance aux astronautes car ils sont des "envoyés
de l'humanité" dans l'espace extraatmosphérique ; •-
 Enfin, responsabilité de chaque Etat internationalement des activités spatiales menées à partir de
son territoire. Il doit y veiller.

L'on distingue aussi la responsabilité absolue objective de l'Etat du lancement pour


dommage à la surface de la terre ou en vol et la responsabilité relative si le
dommage est imputable à la faute de l'Etat ou des personnes dont il doit réparation.

Il est prévu des mécanismes de règlement des différends. Selon la convention de 1972, en cas d'échec
des négociations
110

Sous-titre II. LE DROIT INTERNATIONAL DE L'ENVIRONNEMENT

A la controverse sur le sens à accorder précisément au terme "environnement", il s'est ajouté depuis
quelques années très proches de nous, celle de savoir si l'environnement pouvait connaitre des mutations
simplement par le fait de l'homme. Ainsi dans cette partie, trois points vont nous intéresser :

- La définition de l'environnement et du Droit International de l'Environnement ;


- L’évolution historique du Droit International de l'Environnement ;
- Les sources du Droit International de l'Environnement.
111

Chapitre I. LA DEFINITION DE L'ENVIRONNEMENT ET DU DROIT INTERNATIONAL DE


L'ENVIRONNEMENT

Section 1. Définition de l'environnement

D'après le dictionnaire universel, on entend par environnement : «l'ensemble des éléments (biotiques ou
abiotiques) qui entourent un individu ou une espèce et dont certains contribuent directement à subvenir à
ses besoins». On voit donc à la suite de cette définition, que substantiellement, l'environnement est tout
ce qui est visible, invisible et qui dans une large mesure entoure une espèce sur terre ou au-delà, quelle
que soit son utilité. Dans cette optique, on peut se demander clairement quels seront les éléments
constitutifs proprement-dits de l'environnement ?

Alors même qu'on situe la naissance du droit international autour du XVIème et XVIIème S. le Droit
International de l'Environnement, lui ne fait son apparition qu'à la moitié du XXème S. Et pour le savoir, il
fallait attendre que les sujets de droit international adoptent certains instruments ou reconnaissent
clairement certaines normes comme s'imposant à eux, évoquant ainsi ce qu'ils devraient mettre à la
charge des obligations qui leur incombe.

Au sein du Conseil de la Communauté des Etats Européens (CEE) par exemple, on peut lire aux termes
d'un acte adopte en juin 1967 que c'est : « l'eau, l'air et la terre ainsi que les liens qu'ils entretiennent
entre eux ou avec quelques organismes vivants que ce soit » qui constituent l'environnement (lire Article
2, Directive du Conseil du 27 juin 1967, JO L, N° 196, 16 juin 1967). A la lumière de cette définition, on
peut voter deux choses : le caractère naturel d'une part, et d'autre part, l'accent qui semble être mis
beaucoup plus sur la vitalité de ce faut entendre par environnement.

En 1972 à Stockholm, la communauté Internationale adoptera la Déclaration des Nations Unies sur
l'Environnement aux termes de laquelle il sera dit dans le préambule que : « L'homme est à la fois
créature et créateur de son environnement, qui assure sa subsistance physique et lui offre la possibilité
d'un développement intellectuel, moral, social et spirituel ». C'est autant dire que par environnement,
même les choses inanimées, obtenues artificiellement par l'intelligence de l'homme doivent aussi être
considérées comme l'environnement, sinon comme faisant partie de l'environnement si seulement on
veut garder la pensée traditionnelle. L'intégration des éléments tels que l'homme lui-même, ou les choses
inventées par lui concourent donc à son épanouissement au point qu'aujourd'hui, la communauté
internationale arrive à sanctionner sévèrement les atteintes à l'environnement.

Dans la quête d'une constitution plus ou moins large des éléments que peut comporter l'environnement,
pour nous permettre d'en avoir au finish une définition, la Convention sur la responsabilité civile pour
des dommages résultant d'activités dangereuses pour l'environnement adopte par le Conseil de l'Europe
le 21 juin 1993 prévoit en son article 2 que : « l'environnement comprend : les ressources naturelles
abiotiques et biotiques, telles que l'air, l'eau, le sol, la faune et la flore, et l'interaction entre ces mêmes
facteurs ; les biens qui composent l'héritage culture! ; et les aspects caractéristiques du paysage ».
Ainsi, la protection de l'environnement peut s'étendre le plus largement possible jusqu'à faire un net
distinguo entre les concepts tels que "patrimoine commun de l'humanité", "patrimoine culturel de
l'humanité", "patrimoine mondial".

Section 2. Définition du Droit International de l'environnement

Le droit international — avons-nous dit tout au début de ce cours — est une branche du droit comportant
des règles juridiques s'appliquant sur les sujets de la société internationale comme normalement aux
Etats et Organisations Internationales et exceptionnellement aux individus. Dans les relations du Droit
International de l'Environnement cependant, on aura remarqué que cette dimension trilogique des sujets
persiste ; d'ailleurs, on soutient même que c'est à l'avènement de ces nouvelles branches du droit
international que l'individu a été reconnu ainsi. Mais pour revenir à la définition du Droit International de
l'Environnement, il ne pourra être dévoilée qu'à partir du moment où on aura déterminé au préalable ses
implications, c'est-à-dire les différentes forces qui interagissent pour l'établissement de normes juridiques
de l'environnement, le but pour lequel elles sont adoptées, voir les mécanismes d'application.
112

Au tout début de l'ère d'industrialisation, des déclarations que l'on croirait alarmistes ont plus ou moins
caractérisé la civilisation humaine. D'abord des controverses interminables entre les scientifiques, puis
les revendications des autochtones exposés aux effets néfastes des bouleversements du climat, et la prise
de conscience des Etats soit par eux-mêmes ou par l'intermédiaire des institutions qu'ils créent, ont
permis à ce que des mesures soient prises pour la préservation et la protection de l'environnement.

Dans le jargon internationaliste, on silt qu'il n'y pas que les Etats qui sont les seuls forces qui y
interagissent ; les Organisations internationales, les individus, les Organisations Non Gouvernementale
(ONG), les groupes sociaux, etc., sont notamment les différents acteurs des relations internationales. A
ce stade, on peut se demander si le Droit International de l'Environnement est reste traditionnel à
l'élaboration des normes du droit international, savoir ne mettre l'accent que sur la participation exclusive
des Etats, ou qu'il a évolué en prenant en compte la participation des autres acteurs internationaux.

Il n'y a pas de doute que le DIE est aussi entré dans la nouvelle dynamique du droit international général
qui implique, pour la prise des décisions, des acteurs internationaux dont le statut de sujet de droit
international est encore — peut-être — en phase prénatale. Pour preuve, lors du sommet mondial pour le
développement durable qui s'est tenu à Johannesburg en 2002 on a compté près de 50 000 qui sont
venues participer pour le compte des ONG. Pendant les préparatifs de la COP21 en France, 10 000
jeunes ont participé à des ateliers et des conférences sur le climat dit « COP21 », et mêmes parmi les
quelques 40 000 au moins qui ont participé à cette même COP21, on notera la présence non seulement
des négociateurs, mais aussi des entreprises, ONG, journalistes et autres acteurs de la société civile (lire
COP21 (Conférence sur le climat de Paris)///www.connaissancedesenergies.org).

A l'article 19 de la Convention de 1994 sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement
touchés par la sécheresse et/ou la désertification on peut lire :

« 1. Les Parties reconnaissent l'importance du renforcement des capacités c'est-à-dire du renforcement


des institutions, de la formation et du développement des capacités locales et nationales pertinentes —
pour lutter contre la désertification et atténuer les effets de la sècheresse. Elles s'emploient à
promouvoir, selon qu’il convient, le renforcement des capacités:

(a) grâce à la pleine participation de la population locale à tous les niveaux, en particulier au
niveau local, tout spécialement des femmes et des jeunes, avec la coopération d'organisations
non gouvernementales et locales;

(b) en renforçant les capacités de formation et de recherche au niveau national dans le domaine de
la désertification et de la sécheresse ;

2. Les Parties coopèrent les unes avec les autres et par l'intermédiaire des organisations
intergouvernementales compétentes, ainsi qu'avec des organisations non gouvernementales, pour
entreprendre et appuyer des programmes de sensibilisation et d'éducation du public dans les pays
touches Parties et, lorsqu'il y a lieu, dans les pays non touches Parties (...) ».

Au tout récent Accord de Paris sur le Climat adopté le 12 décembre 2015, on petit lire dans son
préambule la conscience des parties que : « les changements climatiques sont un sujet de préoccupation
pour l'humanité toute entière et que, lorsqu'elles prennent des mesures face à ces changements, les
Parties devraient respecter, promouvoir et prendre en considération leurs obligations respectives
concernant les droits de l'homme, le droit à la santé, les droits des peuples autochtones, des
communautés locales, des migrants, des enfants, des personnes handicapées et des personnes en
situation vulnérable et le droit au développement, ainsi que l'égalité des sexes, l'autonomisation des
femmes et l'équité entre les générations ». Dans cette optique, l'article 12 dispose : « Les Parties
coopèrent en prenant, selon qu'il convient, des mesures pour améliorer l’éducation, la formation, la
sensibilisation, la participation du public et l'accès de la population à l’'information dans le domaine des
changements climatiques, compte tenu de l'importance que revêtent de telles mesures pour renforcer
l'action engagée au titre du présent Accord ».
113

Comparativement au droit international général, le Droit International de l'Environnement est aussi


composé quasiment des mêmes sources, mais comportant certaines particularités. Ces particularités
reposeraient notamment sur une démarche processuel pour aboutir à une règle ; dépendant dans certains
cas à une question d'opportunité politique des Etats pour être ou non partie à une convention.

Par ailleurs, le DIE implique aussi un vocabulaire beaucoup plus exigent que le Droit International
General. L'utilisation des termes tels que la "biotique" ou "abiotique", "écologie", "écosystèmes", "gaz à
effet de serre" sont devenus usuels a notre langage certes, mais ils ne relèvent pas à proprement parler du
vocabulaire du juriste. D’où la nécessité de faire appel à d'autres sciences pour aboutir à l'établissement
des textes juridiques du droit de l'environnement. Qu'à cela ne tienne, l'élaboration desdits textes reste
largement l'apanage du seul juriste. II ne reviendra plus qu'à leur destinataire, les Etats, les Organisations
Internationales ou les particuliers, soit d'appliquer ou d'en faire leur en vue de veiller à une protection et
préservation commune de l'environnement.

C'est ici l'occasion de souligner toute la difficulté d'application que connait le Droit International de
l'Environnement. S'il est possible de veiller à la protection de l'environnement dans les pays dits
"industrialisés", étant donné les moyens technologiques, financiers, politiques ou éducationnels dont ils
possèdent, cela n'est toujours pas le cas des pays dits "en voie de développement". Mais on ne peut pas,
en revanche nier qu'il existe effectivement des règles — contraignantes ou non soient-elles — de Droit
International de l'Environnement et qu'il est fait mention d'une application appropriée.

Au bas mot, le Droit International de l'Environnement peut-être défini comme un ensemble de


règles juridiques élaborées par des procédés complexes applicables dans les rapports entre sujets
de droit international ayant pour objectif la préservation, la gestion et la protection de ce qui
constitue l'Environnement.
114

Chapitre II. EVOLUTION HISTORIQUE DU DROIT INTERNATIONAL DE


L'ENVIRONNEMENT

Section 1. Les actes précurseurs au Droit International de l'Environnement

C'est pour vivre en paix, dans le respect mutuel entre Etats que la nécessité d'élaborer un certain nombre
des règles juridiques s'est posé au sein de la communauté internationale. Il n'est pas faux que le Droit
International de l'Environnement, faisant partie du Droit International General poursuive aussi ce même
objectif. Mais puisqu'il s'agit d'un droit nouveau, on peut s'interroge sur l'objectif spécifique qui serait à
la base de l'établissement des normes en Droit International de l'Environnement ?

Au tout début du XXème s. des initiatives sur lesquelles portent aujourd'hui les domaines de préservation
et de protection de l'environnement ont été prises. C'est le cas notamment la Convention pour la
protection des oiseaux utiles à l'agriculture adoptée le 19 mars 1902. Cette convention entrée en vigueur
3 ans après fera l'objet des fronderies sans fins à cause. de son approche beaucoup plus utilitariste que
protectrice de l'environnement. Faire allusion aux seuls oiseaux utiles a l'agriculture abandonnait a toute
sorte des pratiques tous ceux qui étaient soit nocifs ou inutiles à l'agriculture, oubliant ainsi leur rôle
parfois important à l'écosystème. Toutefois, des avancées considérables seront obtenues au début des
années 1950 à travers l'adoption de la Convention internationale pour la protection des oiseaux, en dépit
de son article 6 qui disposait que : « Les oiseaux commettant des méfaits vis-à-vis de l'agriculture
peuvent, de manière dérogatoire et locale, être combattus ». Même si cette convention souffrira des
ratifications, il n'eut aucun doute que la marche vers la protection de l'environnement est engagée,
d'emblée, au détriment des intérêts simplement économiques, qui devait s'imposer exclusivement.

Une vague de conventions s'en suivra en ce début du XXème S. Cette vision mondiale sur l'environnement
ne se serait certainement pas clairement défini si une évolution, quoi que zigzagante ou tâtonnante, ne
s'était élevée au sein de la communauté internationale. On le retrouvera certainement dans les travaux qui
ont sanctionne la Conférence de Stockholm, mais c'est déjà en 1933 que pour protéger certaines espèces
d'animaux sauvages, un Accord sera signé à Londres relative à la conservation de la faune et de la flore à
l'état naturel. Un Accord de même genre a été conclu, mais cette fois-là pour les pays d'Amérique en
1940.

Apres la deuxième guerre mondiale, on s'intéressera encore à d'autres secteurs clés à la protection de
l'Environnement, le secteur maritime notamment ; d’où la Convention de Londres de 1954 pour la
prévention de la pollution des eaux de la mer par les hydrocarbures. Dans le domaine climatique, on peut
faire référence au Traité de Moscou de 1963 interdisant les essais d'armes nucléaires dans l'atmosphère,
l'espace extra-atmosphérique et sous l'eau ; la liste n’est pas exhaustive.

Un peu plus loin dans cette partie réservée au Droit International de l'Environnement, nous évoqueront
une caractéristique particulière des règles qui s'y produisent : celle de se forger lentement mais surement
dans la société par la répétition d'actes ponctuels ayant acquis une crédulité au sein des nations qui
composent la communauté internationale. Et pour les rendre effectives, lt a fallu l'intervention d'un bon
nombre d'institutions, les organes des Organisations internationales, et surtout le juge international.

A titre illustratif, dans un arbitrage entre les Américains et les Canadiens dans l'Affaire de la Fonderie de
Trail en 1941, il a été décidé : « qu'aucun Etat n'avait le droit d'utiliser son territoire ou de permettre
son utilisation de sorte que des émissions causent des dommages au territoire d'un autre Etat, ou à la
propriété d'individus sur ce territoire » (Fonderie de Trail, 11 mars 1941, ON U; Recueil des sentences
arbitrales, tome II, V, 1965). Dans l'Affaire du Detroit de Corfou devant la Cour internationale de Justice
en 1949, la Cour a condamné l'attitude de l'Albanie qui aurait pu sauver les navires britanniques si
seulement il prenait les précautions d'informer les autres Etats des effets néfastes sur l'environnement.
Aucun Etat ne peut donc utiliser son territoire de manière contraire à l'intérêt des autres Etats (Detroit de
Corfou (Royaume-Uni c. Albanie), cruet, Recueil CIJ, 1049, p4). En 1996, un Avis consultatif de la CIJ a
reconnu ('existence d'une obligation générale imposant aux Etats d'assurer que les activités menées dans
les limites de leur juridiction et sous leur contrôle respectent l'environnement des autres Etats ou des
régions échappant à toute juridiction nationale (Licéité de la menace ou de l'emploi d'armes nucléaires, 8
juillet 1996, § 29). Ceci dit, quels sont les actes qui ont consacré véritablement la politique universelle de
115

l'environnement ?

Section 2. Les actes de politique universelle sur la protection et la préservation de l'Environnement

Lorsqu'une prise de conscience gagnait les populations du monde sur les activités de l'homme dans
l'environnement, des conventions seront certes, conclues entre les pays d'Europe ou d'Afrique, mais le
moment déterminant a été la Convocation de la Conférence de Stockholm qui s'est tenue entre le 5 et le
16 juin 1972, pour aboutir — comme on le sait avec la pratique Internationale lorsqu'il faut consacrer des
normes sur des secteurs quelques peu controversés — à une Déclaration sur l'environnement. Même si
elles ne sont pas revêtues de portée obligatoire, leur portée morale n'en reste pas moins celle qui produit
au finish une norme coutumière. Qu'à cela ne tienne, c'est le contenu principiel de ladite déclaration qui
servira d'orientation tant politique, juridique que social des actions à entreprendre pour la préservation et
la protection de l'environnement, et cela pour deux décennies.

La Déclaration de Stockholm sur l'environnement peut donc être résumée de la manière suivante :

Le premier principe énonce le droit fondamental de l'homme (...) à de bonnes conditions de vie dans un
environnement de qualité permettant de vivre dans la dignité et le bien-titre. Par ailleurs, il responsabilise
solennellement l'homme protéger et à améliorer l'environnement pour les générations présentes et
futures. Quoi que controverse, on peut dégager là un objectif de développement durable.

Les principes 18 à 20 mentionnent les instruments de planification de la politique internationale de


l'environnement et de gestion par les institutions nationales, le recours à la science et à la technologie,
l’échange d'informations et, enfin, l'enseignement et l'information en matière d'environnement.

Le principe 21 cristallise davantage la règle selon laquelle les Etat ont le devoir de faire en sorte que les
activités menées dans les limites de leur juridiction ou sous leur contrôle ne causent pas de dommages à
l'environnement dans d'autres Etats ou dans des régions ne relevant d'aucune juridiction nationale.

Et pour finir, la Déclaration prohibe l'utilisation des armes nucléaires et autres moyens de destruction
massive.

Au-delà de la Déclaration, la Conférence a arrêté aussi un "Plan d'action pour l'environnement"


comprenant au total 109 résolutions qui se répartissent dans plusieurs domaines de l'environnement.

Comme prévu, un domaine va intéresser au plus haut point la communauté internationale. Toujours sous
l’égide des Nations Unies, l'option sera prise d'organiser 20 ans après Stockholm, une autre Conférence
sur le climat, cette fois-là axée beaucoup plus sur l’émission des certains polluant dans l’atmosphère qui,
sans doute, font mincir la couche d'ozone, conciliant le tout avec l'objectif de développement durable.

En 1992, il se donc tiendra à Rio de Janeiro en 1992 la Conférence mondiale sur l'environnement et le
développement durable qui ouvrit à la signature deux textes de portée contraignante : « La Convention
des Nations Unies sur les changements climatiques » et « la Convention sur la diversité biologique ». La
Convention sur les changements climatiques commence d'abord par reconnaitre que les changements
climatiques sont un phénomène dû à l’activité de l'homme dans l'atmosphère. Et pour pallier ce
problème, un cadre de négociation a été mis en place depuis 1995 dénommé « Conférence Of Parties »
évaluant ainsi les progrès réalisés dans ce secteur.

Il s'en suivra, à partir de la COP3 (1997) au Japon, une série de textes dont le protocole de Kyoto qui
malgré son caractère contraignant, ne sera pas ratifié par les Etats-Unis pourtant se trouvant au 2eme rang
des plus grands émetteurs des gaz à effet de serre dans la planète. Dans l'optique de limiter le
réchauffement climatique à un seuil plus has qu'au début de l'ère industriel, la COP15 tenue à
Copenhague en 2009 en fera un objectif capital. Maintenir le Climat en-dessous de 2°C’est le résultat
majeur obtenu à travers un accord lors de ces assises. Malheureusement, cet accord présentera des grands
défauts pour n'avoir pas prévu des mécanismes contraignants pour son application. L'Accord de Doha
sous la COP 18 en 2012 ne viendra que reconduire le Protocole de Kyoto pour la période 2013-2020.
Enfin, le grand succès doit être attribue à la COP21 tenue à Paris qui aura abouti à l'Accord sur le climat
116

qui se fixe comme objectif de contenir l'élévation de la température moyenne de la planète nettement en
dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels (article 2 de l'accord), prévoyant aussi un
mécanisme pour faciliter la mise en œuvre et promouvoir le respect des dispositions dudit Accord et en
promouvoir le respect (article 15). Toutefois, beaucoup d'observateurs restent encore sceptiques quant à
ce caractère contraignant que l'on tente de reconnaitre à l'accord. On aurait bien voulu voir qu'il n'y ait
pas seulement un Comité qui fonctionne d'une manière qui est transparente, non accusatoire et non
punitive, mais que chaque violation de l'Accord soit clairement désignée et que des sanctions s'en
suivent. La création par exemple d'une juridiction internationale serait peut-titre le plus attendu. Jusque-
là, on a comme l'impression que l'application de l'accord et son respect repose largement sur la bonne foi
des Etats ; une attitude qu'ils doivent bien prouver.
117

Chapitre III. LES SOURCES DU DROIT INTERNATIONAL DE L'ENVIRONNEMENT

De prime abord, par sources du droit, on entend l'ensemble de procédés qui concourent à l'établissement
d'une règle juridique. En droit international cependant, ('analyse de ses sources porte généralement sur
l'article 38 du Statut de la Cour international de Justice. On peut ajouter à cela d'autres sources des lors
qu'ils entrent -dans les mécanismes du même article 38 du Statut. Tout en esquissant les particularistes
qui relèvent essentiellement de la branche de droit sous-examen, il y a lieu de signaler que c'est la même
démarche avec le Droit International General qui sera empruntée.

Du point de vue théorique, il n'y a aucun doute que notre étude doit se focaliser d'abord sur les sources
conventionnelles du Droit international de l'Environnement (§2), mais tenant compte de son caractère
dynamique et évolutif, il serait plutôt de bon aloi de partir par les autres sources restantes : les sources
non-conventionnelles (§1).

§1. Les sources non-conventionnelles du Droit International de l'Environnement

Pour tout observateur averti, catégoriser un certain nombre des sources du Droit International de
l'Environnement comme "non-conventionnelles" ne serait pas loin d'être considérée comme une
appréhension erronée de ce domaine. Comme on a eu à le remarquer ci-haut, la plupart d'actes qui sont
adoptes dans cette partie du droit international requièrent, pour une adhésion massive, une prise de
décision avec comme fondement le consensus, qui ne doit pas être confondu malgré tout à l'unanimité.
Quelle que soit la portée de l'instrument que l'on obtiendra, on sait que c'est à la suite d'un processus
d'évaluation minutieusement planifié dans le temps qu'on s'accorde pour agréer une norme internationale
dans le secteur de l'environnement. Qu'à cela ne tienne, à l'intérieur des sources non-conventionnelles,
nous pouvons distinguer celles qui sont "valeur non normative" des celles qui sont à "valeur normative".

Section 1. Les sources à valeur non normative

La protection de l'environnement — comme on l'a dit ci-dessus a commencé à être au centre des
préoccupations de la communauté Internationale déjà au début du XXème S. Cependant, il est très difficile
de fixer la naissance du Droit International de l'Environnement à cette période. En fait, la systématisation
de ce secteur n'aura véritablement connu sa matérialisation qu'en 1972 lorsqu'il sera organisé la
Conférence de Stockholm en Suède. Dès lors, c'est en se servant quasiment des Résolutions des
Organisation internationales ou des Déclarations issues des Conférences internationales que l’on obtient
les sources à valeur non normative.

Tantôt elles sont dénommées "Résolutions", tantôt "Recommandations" ou alors


"Décisions". Dans des systèmes régionaux — qui ne nous intéresse pas dans la présente étude on parle
même encore de "directives"; celles-ci s'appliquant immédiatement dans les Etats, dans la mesure où
elles ne sont soumis à aucun acte de réception. Nous rayons dit dans la première partie de ce cours, la
dénomination des actes unilatéraux des Organisations internationales reste encore imprécise jusqu'à ce
jour, et c'est peut-titre pour cette raison que même leur valeur juridique peine à être déterminée aussi.
Qu'à cela ne tienne, la Cour internationale de Justice estime qu' : « il serait en effet inexact de supposer
que, parce qu'elle possède en principe le pouvoir de faire des recommandations, l'Assemblée générale
est empêchée d'adopter, dans des cas déterminés relevant de sa compétence, des résolutions ayant le
caractère de décisions ou procédant d'une intention d'exécution » (conséquences juridiques pour les
Etats de la présence continue de l'Afrique du Sud en Namibie (Sud-Ouest africain) nonobstant la
résolution 276 (1970) du Conseil de sécurité, avis consultatif C.I.1. Recueil 1971, p.50)).

II ressort donc de cette analyse que les actes unilatéraux des Organisations internationales ne revêtent pas
un caractère contraignant a priori. Toutefois, la précaution serait de les examiner au cas par cas.
Certaines d'entre elles ne comporteraient que des simples vœux, des prières, ou des exhortations, tandis
que d'autres vont dans le sens des véritables impositions ; comme c'est le cas de la plupart des
Résolutions du Conseil de sécurité. Bref, dans l'analyse des actes unilatéraux des Organisations
internationales, c'est le contenu qu'il faut privilégier au détriment du contenant.

Pour revenir aux Résolutions des Organisations internationales — le cas précisément ici des Nations
118

Unies — et aux Déclarations des Conférences internationales, notre étude se basera, dans une approche
empirique, sur les actes pris autour des années 1970, jusqu'à ce jour.

Dans cette perspective, deux textes majeurs ont souvent été considéré comme le socle de toute la
politique environnementale mondiale de notre ère. II s'agit de la Déclaration de Stockholm de 1972 et de
celle de Rio adoptée en 1992.

Lorsqu'il fut décidé, par le biais des Résolutions 2398 (XXIII) et 2581 (XXIV) en 1968 et 1969, de
convoquer une Conférence mondiale dans le but de fixer quelques principes de politique générale sur
l'environnement humain, on notera que le groupe de travail intergouvernemental dont il fut confié la
tâche de rédiger une déclaration pour ce faire par le Comité préparatoire, connaitra des situations
d'impasse de haute envergure. En rédigeant la déclaration donc, il fallait prendre le soin de concilier, le
consensus à trouver entre taus les membres et le caractère d'un contenu qui n'irait pas dans le sens des
dispositions contraignantes pour les parties. Le 16 juin 1972, la Conférence adoptera enfin par
acclamation le document et renvoya le texte à l'Assemblée générale. Au cours des débats tenus à la
Deuxième Commission de cette dernière, plusieurs pays ont émis des réserves sur certaines dispositions
mais n'ont pas fondamentalement remis en cause la déclaration elle-même. Ce fut notamment le cas de
l'Union des Républiques socialistes soviétiques et de ses alliés, qui avaient boycotts la Conférence de
Stockholm. Finalement, l'Assemblée générale a pris acte « avec satisfaction » du rapport de la
Conférence de Stockholm, y compris de la Déclaration, par 112 voix contre zéro, avec 10 abstentions
[lire résolution 2994 (XXVIII 1972].

Tel qu’il était prévu d'observer une période de 20 ans pour évaluer les efforts fournis par les Etats face à
l'orientation générale arrêtée par à Stockholm, les Nations Unies décidèrent de Convoquer la Conférence
des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement (CNUCED) étant donné que cette fois-ci,
l'option était de concilier désormais le développement des nations a la protection et la conservation de
l'environnement. Dans cette optique, le projet de charte de la Terre, d'abord défendu par un groupe
d'experts juridiques de la Commission mondiale de l'environnement et du développement (CMED)
plaidant pour un texte détaillé de nature conventionnelle, n'a pas été retenu notamment parce qu'il a été
rejeté par le Groupe des 77 et de la Chine au motif qu’il était déséquilibré et qu'il privilégiait
l'environnement par rapport au développement. Malgré tout ce blocage, la Déclaration sera quand même
adoptée 0 Rio en 1992, et transmise à l'Assemblée générale qui par sa Résolution 47/190 du 22 décembre
1992, l'aura non seulement intégrée dans son arsenal de texte relatif à l'environnement, mais aussi
demande instamment que soient prises les mesures requises pour y donner effectivement suite. Ce qui
sera d'ailleurs pris en compte dans les différents actes qui seront adopté& plus tard dans le domaine
environnemental.

.En substance, on notera pour chacune des déclarations, un texte contenant d'abord un préambule et 26
principes pour ce qui est de la Déclaration de Stockholm et 27 pour la Déclaration de Rio. On le sait
déjà, ces deux textes adoptés à l'occasion de conférences, diplomatiques par essence, ne sont pas
juridiquement contraignants. Néanmoins, ils comportent des dispositions qui, au moment de leur
adoption, ont été perçues soit comme une émanation du droit international coutumier existant, soit
comme préfigurant des normes futures.

L'environnement, un instrument utile à seul l'homme ou à toute espèce vivante sur la planète ? Un
environnement saint, un droit fondamental de tout être humain ? Et puisqu'il faut quand même vivre
épanoui, est-il possible de concilier un développement actuel qui ne remet pas en cause l'existence des
générations futures ? L'économie générale des principes 1, 2, voir 5 de la Déclaration de Stockholm et le
principe 1 de la Déclaration de Rio porte apparemment sur les différentes préoccupations relevées ci-
haut ; savoir : le caractère utilitariste de l'environnement et le droit fondamental qu'il doit représenter
pour l'homme. Plusieurs discussions se sont engagées surtout pour ce deuxième caractère, et un grand
nombre d'Etats se refusent encore de créer un tel droit.

Si l'on délimite précisément les frontières entre les Etats, cela permet à ce que les limites de leur
souveraineté soient aussi clairement précisées. Cependant, l'activité de ['Etat peut entrer en collision avec
l’air ou ('eau qui font fi de nos frontières. A cet effet, tant dans la Déclaration de Stockholm (principe 2)
que dans celle de Rio (principe 21), il a été affirmé l'obligation de précaution pour un Etat de ne pas
119

procéder à des activités sur son territoire, qui dégraderait l'environnement d'un autre Etat ou des zones
relevant d'aucune juridiction nationale. Si à Stockholm certains pays remettaient encore en cause
l'appartenance de cette obligation au droit coutumier, il ne fait aujourd'hui plus de doute que ladite
obligation fait partie du droit international général. D'abord dans son avis consultatif sur la licéité de la
menace ou de l'emploi d'armes nucléaires puis, plus récemment, dans l'arrêt qu'elle a rendu en l'affaire
relative à des usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay, la Cour internationale de Justice a reconnu
expressément que cette obligation était une règle coutumière du droit international. De plus, dans l'arrêt,
elle a confirmé clairement que l'obligation de prévention de l'Etat relevait du principe de diligence
requise.

En cas de dégradation de l'environnement constate par un Etat, il est une obligation pour celui-ci de
prendre des mesures de précaution pour en estomper les effets. II n'est pas faux que ce principe énonce
exclusivement dans la Déclaration de Rio en son principe 15 a longtemps connu des interprétations
diverses au point d'être carrément remis en cause par bon nombre d'Etats, les Etats-Unis au premier plan.
Toutefois, ce principe tend être à incorporer dans une approche du droit international coutumier tel que
l'a affirmé la Chambre pour le règlement des différends relatifs aux fonds marins du Tribunal
international du droit de la mer dans un avis consultatif rendu en 2011.

Lorsqu'on affirme qu' : « Etant donne la diversité des rôles joues dans la dégradation de l'environnement
mondial, les Etats ont des responsabilités communes mais différenciées », doit-on y déduire un lien de
cause à effet entre les nations développées et l'état de l'environnement ? A Rio, les Etats-Unis ont tenu à
déclarer qu'ils n'acceptaient « aucune interprétation du Principe 7 qui impliquerait la reconnaissance [..]
de leur part [...] de toute diminution de la responsabilité des pays en développement en vertu du droit
international ». C'est la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques qui
viendra nuancer ce principe en y ajoutant en son article 3 alinéa 1, des « capacités respectives » des Etats
selon leur stade de développement. Ainsi, dans un avis consultatif de 2011 où il analysait la portée des
obligations d'un Etat au regard du droit international de l'environnement, le Tribunal international du
droit de la mer a refusé d'attribuer une valeur juridique particulière au statut de pays en développement et
a, au contraire, affirme que « c'est le niveau de capacités [..] dont dispose un Etat donne [...] qui est
déterminant dans une situation particulière ».

Outre ces actes, on note aussi l'adoption d'autres textes toujours de portée non obligatoires tels que les
plans d'action. Ils sont la traduction des principes proclames dans les déclarations en propositions
concrètes. Ils correspondent aussi à la nécessité de prendre en compte la planification à long terme et les
effets des mesures devant être adoptées. Le premier programme d'action en la matière, le « Plan d'action
pour l'environnement » adopté par la Conférence de Stockholm sur l'environnement (1972), a largement
orienté le développement de l'action internationale. Le second programme d'action, l'Agenda 21, a été
adopté par la Conférence de Rio de 1992.

Section 2. Les sources à valeur normative

La coutume ou les principes généraux du DIE (lire à propos Alexandre KISS, Introduction au droit
international de l'environnement, 2eme Ed., PNUE, 2006).

La coutume non écrite constitue une autre méthode de création du droit international. Le comportement
uniforme des Etats à travers le temps a créé la preuve de l'existence d'une pratique générale acceptée
comme étant le droit. Les auteurs parlent généralement de deux éléments constitutifs du droit coutumier
international. Ils définissent la pratique générale comme l'élément matériel de ces règles. Le fait que les
Etats les acceptent comme étant du droit montre qu'ils sont convaincus, lorsqu'ils agissent conformément
à de telles règles, d'appliquer le droit. On appelle cela « l'élément psychologique ».

Cette distinction est importante. Parler de règles de droit coutumier international dans un domaine aussi
nouveau que celui du droit international de l'environnement peut sembler surprenant car le
développement d'un tel élément prend souvent des décennies, voire des siècles. Cependant, à
l'acceptation par les Etats peut se substituer la pratique générale qui consiste en une série de
comportements uniformes. On considère souvent que la répétition d'un principe ou d'une règle donnes
dans une série d'instruments internationaux permet la naissance d'une règle de droit coutumier
120

international, que ces répétitions aient lieu dans des instruments obligatoires ou non.

Les décisions judiciaires peuvent jouer un rôle important dans le développement ou la reconnaissance
des règles de droit coutumier. Le principe fondamental dans les relations bilatérales en matière
d'environnement a pour origine une sentence arbitrale de 1941 rendue dans l'affaire de la Fonderie de
Trail. La sentence déclare qu'aucun Etat n'a le droit d'user de son territoire ou d'en permettre l'usage de
manière à ce que des fumées provoquent un préjudice sur le territoire d'un autre Etat ou portent atteinte
aux propriétés des personnes qui s'y trouvent. Le principe a été introduit dans la Déclaration de
Stockholm qui l'a élargi en affirmant que les Etats ont le devoir de faire en sorte que les activités
exercées dans les limites de leur juridiction ou sous leur contrôle ne causent pas de dommages à
l'environnement dans d'autres Etats ou dans des régions ne relevant d'aucune juridiction nationale.

Une. série d'instruments internationaux, obligatoires et non obligatoires, reprend le même principe, qui
est aussi répété dans la Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement (1992) et approuve
par l'Avis consultatif de la Cour internationale de justice du 8 juillet 1996. L'Assemblée générale des
Nations Unies a demandé à la Cour de se prononcer sur la compatibilité de la menace ou de l'emploi
d'armes nucléaires avec les règles et principes pertinents du droit international. La Cour a considéré que
son devoir était d'identifier les règles et principes existants et de les appliqués à l'espèce. Apres avoir
examiné les règles applicables, la Cour a déclaré que le principe faisait désormais partie du droit
coutumier international.

Toutefois, le règlement judiciaire international des différends, qui n'est pas obligatoire et dépend de
l'acceptation des Etats concernes, n'est pas souvent utilise, surtout dans le domaine de l'environnement,
en dépit de nombreuses dispositions conventionnelles encourageant les Parties contractantes à soumettre
leurs différends à l'arbitrage ou à la Cour internationale de justice. Même si les décisions des tribunaux
nationaux sur des questions internationales de caractère environnemental sont prises en compte, la
contribution de la jurisprudence au développement du droit international de l'environnement est toujours
loin de couvrir l'ensemble du domaine.

Un exemple caractéristique de l'émergence d'un principe de droit coutumier international par une vole
différente est celui du devoir de l'Etat d'informer les autres pays des catastrophes écologiques qui
peuvent les menacer. Le principe a d'abord été formule en 1974 dans un texte non obligatoire adopté par
une organisation régionale d'Etats industrialises, l'Organisation de coopération et de développement
économiques. Il est apparu au niveau mondial en 1978 dans les Principes relatifs aux ressources
partagées rédigés par le PNUE. On le retrouve aussi dans de nombreux textes obligatoires, en particulier
sur les relations entre pays voisins concernant, entre autres, la pollution des rivières.

En 1982, l'article 198 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer l'a formulé de façon
catégorique :

« Tout Etat qui a connaissance de cas où le milieu marin est en danger imminent de subir des dommages
ou a subi des dommages du fait de la pollution, en informe immédiatement les autres Etats qu'il juge
exposés à ces dommages ainsi que les organisations internationales compétentes ».

Le même principe existe également en matière de pollution atmosphérique. Une Convention' de 1986 sur
la notification rapide d'un accident nucléaire susceptible de causer des dommages dans d'autres pays a
confirmé que 'obligation d'information était devenue une règle générale de droit coutumier. La
Déclaration de la Conférence de Rio va également dans le même sens.

Cet exemple illustre la création de règles de droit coutumier international dans le domaine de la
protection de l'environnement. Il montre également l'importance du rôle des instruments non obligatoires
dans ce processus.
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Chapitre IV. LES SOURCES CONVENTIONNELLES

Le droit international de l'environnement consiste aujourd'hui principalement en des règles établies sous
forme de traites. De nombreux traites — leur nombre est estimé à plus de 700 — formulent de telles
règles. Au moins 250 d'entre eux sont entièrement consacres a la protection de l'environnement, alors
que d'autres ne contiennent que quelques dispositions relatives à l'environnement. Néanmoins, de telles
règles peuvent être importantes. Un grand nombre de traités relatifs aux eaux frontalières — traités pour
la plupart bilatéraux ou adoptes par des Etats qui partagent une rivière ou un bassin fluvial — ne
contiennent qu'une ou quelques dispositions relatives à l'environnement.

Parmi les importantes conventions internationales ayant une portée mondiale, on peut mentionner, par
exemple, la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (1982) qui contient une partie sur la
pollution marine et une série d'articles sur d'autres problèmes environnementaux. Dans le traite de 1967
sur les principes régissant les activités des Etats, en matière d'exploration et d'utilisation de l'espace
extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes, seul l'article IX a trait à
l'environnement : il a pour but de protéger la Terre de la pollution provenant de l'espace et à protéger
l'espace de la contamination. L'accord de Marrakech du 15 avril 1994 établissant ('Organisation mondiale
du commerce n'aborde la question de l'environnement que dans son Préambule, en expliquant les
motivations des Parties contractantes. D'après le Préambule, les Parties tiennent compte « de l'utilisation
optimale des ressources mondiales conformément aux objectifs du développement durable, cherchant à
la fois à protéger et préserver l'environnement et à améliorer les moyens pour atteindre ce but ». L'accord
de Marrakech contient aussi une décision sur le commerce des services et l'environnement qui devrait
mener à l'élaboration d'une politique spécifique dans ce domaine. Comme nous l'avons mentionné ci-
dessus, quasiment tous les traites multilatéraux importants adoptes depuis la Conférence de Rio
contiennent des principes plus ou moins développés relatifs à la protection de l'environnement.

De nombreux principes peuvent être observes dans les traites sur l'environnement. Certains instruments
sont mondiaux et contiennent des normes destinées à régir la communauté internationale dans son
ensemble. Par exemple, les Conventions de Londres de 1972 et 1973 relatives à la pollution des mers et
la Convention de Washington sur la réglementation du commerce international des espèces menacées
(1973) ont une vocation universelle. Toutefois, la plupart des traites sur l'environnement ont une
couverture régionale. La Commission économique des Nations Unies pour ('Europe, qui compte pour
membres tous les Etats européens, ainsi que le Canada et les Etats-Unis, a adopté d'importants accords
relatifs à la gestion et à la protection des ressources en eau ainsi qu'à la pollution atmosphérique
transfrontière à longue distance, tandis qu'une série de traites relatifs à la protection de la mer dans
différentes régions du monde — la Méditerranée, les Caraïbes, la mer Noire, le Golfe persique, la mer
Rouge, etc. — était rédigée avec l'aide du PNUE, un organe subsidiaire de l'Assemblée générale des
Nations Unies. II est aujourd'hui possible d'affirmer qu'une réglementation internationale à portée
mondiale a été établie dans trois secteurs traditionnels de l'environnement : la mer, avec la Convention de
Montego Bay sur le droit de la mer (1982), les ressources naturelles, avec la Convention de Rio sur la
diversité biologique (1992) et la Convention de New York sur le droit relatif aux utilisations des cours
d'eau internationaux à des fins autres que la navigation. Dans les trois cas, on peut considérer que les
traités internationaux sur l’environnement préexistant, que ce soit au niveau mondial ou régional, sont
désormais intégrés dans des systèmes généraux.

Reste maintenant à développer un traite-cadre général sur la protection de l'environnement mondial qui
codifierait les règles internationales dans ce domaine. Cela signifie que les règles et les normes sur
l'environnement généralement acceptées, qu'elles soient prescrites par des traités multilatéraux ou par la
coutume internationale, devraient être incluses dans une convention internationale multilatérale à portée
générale.

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