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CHAPITRE I : L’IMPORTANCE DU DROIT DE LA SOCIÉTÉ INTERNATIONALE

Le droit de la société internationale se place comme l’ensemble des normes


contraignantes à l’égard des acteurs des relations internationales, principalement les États et
Organisations internationales. Pour connaître son importance, il suffit d’en analyser le
fondement (Section 1) et ses caractères (Section 2).

Section 1 : Le fondement du droit de la société internationale

« La formation du droit international n’obéit pas à la logique centralisée, unilatérale


et hiérarchisée des ordres juridiques internes. Elle suppose à l’inverse la rencontre de
volontés égales et indépendantes »1. Cela renseigne l’importance ou la place centrale
qu’occupe en droit international la notion d’engagement international de l’État ou de sa
volonté tout simplement. Mais pour certains auteurs, la volonté n’est pas toujours le
fondement du droit de la société internationale.

Ainsi, dans la doctrine classique, il existe deux grands courants qui s’opposent. Au
moment où le premier met l’accent sur le volontarisme, le second se situe en dehors du
volontarisme, notamment l’objectivisme.

Le courant volontariste considère que droit de la société internationale a sa source dans


l’expression d’une volonté. Cela signifie, en d’autres termes, que le droit international repose
nécessairement sur la volonté de l’État. Cette conception du droit international a fait l’objet de
plusieurs déclinaisons et a également fait l’objet d’un certain nombre de cas jurisprudentiels.
Au nombre de trois, on retrouve les tendances doctrinales suivantes :
1. la théorie de l’autolimitation : chère à Georg Jellinek2, cette tendance considère que
l’État ne peut être lié par le droit que s’il y consent.
2. la théorie de la Vereinbarung : défendue par Heinrich Triepel3, cette déclinaison
s’appuie sur le point de vue selon lequel le droit international naît de la fusion des
volontés étatiques en une volonté.

1
COMBACAU (Jean) et SUR (Serge), Droit International Public, 12e édition, Paris, L.G.D.J., 2016, p. 41.
2
De nationalité allemande, Georg Jellinek (né à Leipzig – Saxe – le 16 juin 1851 et mort à Heidelberg – Prusse,
Allemagne – le 12 janvier 1911) est un éminent philosophique et juriste. Il est notamment connu dans le monde
juridique francophone pour être à l'origine d'une définition de la souveraineté qui serait la faculté de pouvoir
disposer de la "compétence de la compétence" (Kompetenz-Kompetenz).
3
Heinrich Triepel fut un juriste allemand (né en 1868 à Leipzig et décédé en 1946). Il fut l'un des plus grands
penseurs du droit international public. Il est le fondateur de la doctrine dualiste, théorie qu'il expose en 1899 dans
son œuvre magistrale, Landesrecht und Völkerrecht (Droit international et droit interne).
3. la doctrine positiviste : soutenue par Dionisio Anzilotti4, cette démarche fait de
l’expression de la volonté de l’État est nécessaire du point de vue formel.

Le courant objectiviste, à l’inverse, met l’accent sur des éléments objectifs. À l’instar
de la conception volontariste, on retrouve ici trois tendances de la vision objectiviste. Il s’agit
de :
1. la théorie du droit naturel : cette position philosophique estime que la raison
naturelle impose certaines règles aux relations humaines, même en dehors de toute
autorité sociale. Ces règles s’imposent aux États dans leurs relations mutuelles.
2. la théorie normativiste : chère à Hans Kelsen5, cette tendance soutient qu’il existe une
norme fondamentale d’où découlent toutes les règles de droit.
3. l’école sociologique : défendue par Georges Scelle6, cette déclinaison soutient que la
règle de droit positif a son origine dans le fait social : elle est un mode de
constatation de la conscience collective.

Section 2 : Caractères du Droit International Public

Les caractères du droit de la société internationale sont à situer à trois niveaux :

1. Les règles : elles caractérisent par leur force obligatoire. Appréhendé dans le sens
d’un droit positif, le droit de la société internationale se distingue à la fois de la
courtoisie internationale (usages suivis à titre de simple convenance et pour des
raisons de commodité) et de la morale internationale, et se compose de règles qui
s’imposent aux États et OI, telle une loi au niveau nationale à l’égard des individus,
même si la pratique distingue un droit « judiciaire » d’un droit « politique ».

2. Le consentement : il signifie la volonté de l’État quant à l’existence d’une norme et


son application à son endroit. Le consentement occupe donc une place centrale en
4
Dionisio Anzilotti (né le 20 février 1867 à Pescia en région de Toscane) est juriste, spécialiste du droit
international et diplomate italien. Il est sans conteste l’un des internationalistes les plus connus de la discipline.
Devenu professeur ordinaire en 1906, il obtient la chaire de droit international de l’Université de Rome en 1911,
où il restera jusqu’en 1937. Fondateur de la Rivista di diritto internazionale en 1906, il y est très actif, au moins
jusqu’à ce que ses fonctions à la Cour permanente de Justice internationale l’accaparent, à partir de 1921.
5
Hans Kelsen (11 Octobre 1881 à Prague – 19 avril 1973 à 1973 à Orinda en Californie) est un juriste austro-
américain. Fils d’une famille juive de Bohème et de Galicie, il est, dans le domaine du droit, à l’origine de la
« théorie pure du droit » et fondateur du normativisme et du principe de la hiérarchie des normes.
6
Georges Scelle (19 mars 1878 à Avranches – 08 Janvier 1961) est un juriste et professeur de droit français.
Auteur du pacifisme juridique et spécialiste du droit international, il fut membre de la Commission du droit
international des Nations unies. Il est l’auteur de nombreux et importants écrits sur la nécessité d’une fédération
européenne propre à conjurer les périls d’une nouvelle catastrophe mondiale (guerre mondiale).
matière de droit international, tant dans la formation de cette branche du droit public
que dans la saisine du juge.

3. Les sanctions : en l’absence d’un pouvoir centralisé, l’application du droit


international dépend du pouvoir propre des États intéressés, à la fois auteurs et sujets
de la règle de droit. Ici, on retrouve les sanctions étatiques (les « représailles » ou
légitime défense) et les sanctions des OI (embargo, intervention militaire, etc.).

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