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COURS DE DROIT INTERNATIONAL PUBLIC

Notion de droit international

La notion de droit est généralement comprise comme un ensemble de normes,


ce qui ne constitue pas une définition satisfaisante en soi puisqu’un système
juridique possède une structure, c'est-à-dire une hiérarchie des normes,
des institutions, etc.

Le terme « international » renvoi à un concept allant au-delà du droit interne,


autrement dit il s’agit d’un droit régissant les rapports interétatiques.

Enfin, la notion de « public » nous permet de faire la distinction entre le droit


international public et le droit international privé

Pouvons-nous définir maintenant ce qu’est le droit international? Cela


n’est pas souhaitable en raison de l’imperfection inhérente à toute définition.
Retenons que le droit international est un droit créé essentiellement par
les Etats et qui est destiné à régir leurs rapports.

L’ORDRE JURIDIQUE INTERNATIONAL

Tout ordre juridique peut se définir comme un ensemble structuré de normes qui
s’adressent à des sujets déterminés, afin de leur permettre de vivre en société,
c’est-à-dire d’assurer leur coexistence et leur coopération.

Toutefois, l’ordre juridique n’est pas constitué exclusivement par des normes,
mais il est aussi et surtout une institution, c’est-à-dire un système cohérent
d’éléments aussi disparates que les règles juridiques, les personnes juridiques,
etc., dans un but d’organisation sociale. Ainsi, et comme il a été lucidement
affirmé : « le droit consiste avant tout cree dans l’installation et l’organisation
d’une entité sociale »

Conformément à cette esquisse de définition, l’ordre juridique international,


peut se définir comme : un ensemble de normes (le droit international public)
régissant les relations internationales entre des sujets déterminés que l’on
qualifie conséquemment de sujets de droit international.
Le problème existentiel du droit international
Le droit international public possède un problème « existentiel » car il
est nié par certaines branches des sciences sociales et juridiques. Leurs
objections, et les réponses que nous pouvons y apporter, sont les suivantes:

1. Première objection : les relations internationales sont régies par les


rapports de force.

2. Ce qui nous amène à la deuxième objection, à savoir celle qui veut

que même si les règles existent, elles ne sont pas forcément respectées.
Cette objection part de certains présupposés comme celui que le droit
international public ne sert à rien puisqu’il est toujours violé.

Cette objection est un peu paradoxale puisque la notion même de droit suppose
l’infraction.

3. La troisième est l’inexistence de sanctions malgré l’existence

de règles, autrement dit que chacun, les Etats, est à même de faire ce
que bon semble. Ceci n’est pas vrai, s’il n’y a pas de sanctions, dans le
cadre du droit international public, c’est qu’il n’y a pas de juge appliquant
le droit et un policier appliquant la sanction si il y a lieu (contrairement au droit
interne).

Or, il existe des juges sur le plan international comme la Cour


internationale de justice de La Haye.

 Mais cette dernière est simplement un pouvoir judiciaire mis à la

disposition des Etats, seuls aptes à juger s’ il est nécessaire d’y faire appel ou
non.

 Autrement dit, les juges de La Haye ne peuvent pas statuer d’office, ils

doivent y être appelés par les Etats. Nous pouvons dès lors nous poser la
question suivante: s’ il n’y a ni juges ni gendarmes en droit international
public est-ce que cela empêche le droit international public d’exister?

La réponse est non car ce qui définit l’existence du droit international public
c’est l’existence de l’obligation et non de la sanction. L’obligation fait
partie des raisons faisant que l’on n’enfreint pas le droit et de cette
nécessité sociale, pour les Etats, de s’accommoder d’un ordre juridique.

 En effet, ceux-ci n’existent pas dans un état de nature, ils ont


 donc besoin d’un certain ordre. Et si les sanctions existent

bien dans le droit international au travers d’organisations comme les Nations


Unies il n’existe pas de police ou de juge international.
Les Etats ont de toute façon la possibilité de prendre des mesures dites
d’autoprotection.

4. Une quatrième objection est celle que les Etats n’agissent pas

conformément au droit international. Cette affirmation est fausse, car il ne s’agit


que d’un aspect de la réalité. Dans la plupart des cas les Etats agissent
conformément au droit international. Si le droit international n’est pas
respecté, est-ce que cela veut forcément dire que le droit international n’existe
pas? Evidemment non. Le droit international possède une existence
juridique car il existe des obligations.

L’existence du droit international


Droit international et obligation

Le droit international est caractérisé par l’existence de conséquences


juridiques en cas de non respect des règles de ce droit. Autrement dit, il
y a toujours des conséquences juridiques prévues par le droit
international. Ces dernières pouvant être de nouvelles obligations, comme la
réparation ou la sanction, si l’une d’elles n’est pas respectée. Ces nouvelles
obligations subsistent même si les Etats ne les respectent pas. Nous touchons là
au problème fondamental du droit international public qui est dû à la nature de
ce système juridique qui a pour sujet la communauté internationale qui est,
par définition, décentralisée et composée d’entités souveraines (pour la
plupart). Il n’existe donc pas d’autorité susceptible de constater, à tout
moment, si telle ou telle règle du droit international est respectée ou
non par un Etat. Il s’agit du problème de la constatation.

Droit international et sanction


Qui décide de la conséquence d’une infraction? Ce sont les Etats eux-
mêmes et cela pose le problème de la détermination de la sanction. Ces
deux problèmes, celui de la constatation et celui de la détermination de la
sanction, sont consubstantiels de la nature du droit international public, à savoir
un droit s’appliquant à des Etats souverains. Du point de vue du droit interne,
nous pourrions affirmer que le droit international public est « primitif »,
dans le sens où il n’existe pas d’institutions centralisées faisant office de
législatif, d’exécutif et de juridique. Mais le droit interne est un type de droit
qui possède une hiérarchie et le droit international public régit un autre type
de société que lui. Ce dernier a donc besoin d’un autre type de droit et
d’organisation.

La structure du système juridique international

Droit de coordination et non de subordination

Nous sommes tous des sujets de droit et participons, en démocratie, à la


formation du pouvoir politique. Mais en droit international les sujets, les Etats,
ne sont pas en situation de subordination car il s’agit d’entités
souveraines. Tous les Etats sont égaux d’un point de vue juridique, le droit
international est donc un droit de coordination. Les sujets  principaux du droit
international sont à la fois les créateurs, les « législateurs », et les
destinataires, les « citoyens », des normes. Ceci explique que le droit
international possède une structure horizontale. A l’heure actuelle, le droit
international devient de plus en plus un droit institutionnel comme l'illustre
l’ONU.

Droit international classique et droit international contemporain

Le droit international classique, conçu essentiellement au 19ème


siècle, est un droit restreint et fermé basé sur la notion du domaine
réservé qui protège totalement l’Etat de ce qu’il peut faire à l’intérieur
de son territoire. Ce droit permet aussi le colonialisme puisqu’il s’agit d’un
droit s’appliquant aux nations dites « civilisées » qui prévoit un recours
légitime à la force et qui consacre la conquête comme moyen licite d’étendre
son territoire.

Le droit international contemporain prévoit, parmi ses principes


fondamentaux, celui de l’autodétermination appliqué à toute la
communauté internationale. Un autre des piliers de ce droit interdit le
recours à la force pour régler des problèmes. Ainsi, grâce à ce droit, le
domaine réservé d’un Etat a fortement diminué, permettant un meilleur regard
sur le respect des droits de l’homme par exemple.

Pour conclure, et en simplifiant quelque peu, nous pouvons dire que le


droit international classique est un droit de coexistence alors que le
droit international contemporain est un droit de coopération.
PARTIE I : LES SUJETS DU DROIT INTERNATIONAL
A. INT ROD UCTION : LA NOTION D E SUJET

Définition : La personnalité juridique interne se définit comme l’« aptitude à


être titulaire de droits et assujetti à des obligations qui appartient à toutes
les personnes physiques et dans des conditions différentes aux personnes
morales ».

Si l’on se réfère au droit international, on peut qualifier de « sujet de droit


international » une entité lorsqu’elle « a capacité d’être titulaire de droits et
de devoirs internationaux et qu’elle a capacité de se prévaloir de ces droits
par voie de réclamation internationale ».

Eu égard à cette définition, il existe des sujets incontestés de l’ordre juridique


international à savoir les États, les organisations internationales (ci-après O.I.) et
Et les individus dans le cadre des droits de l’hommes.

B. L’ÉT AT SOUVERAIN : SUJET DE BASE DE L’ORDRE


JURIDIQUE INTERNATIONAL

1) Les éléments constitutifs de l’État

"L'Etat comme personne de Droit international doit réunir les conditions


suivantes :

I. Population permanente.
II. Territoire déterminé.
III. Gouvernement.
IV. Capacité d'entrer en relations avec les autres Etats."

Article Premier de la Convention sur les droits et devoirs des Etats (Montevideo,
26 décembre 1933)

Le territoire

Définition : Le territoire est le support matériel de l’État, l’étendue


géographique qui circonscrit le champ d’application des compétences
souveraines de l’État.
i) Zones sur lesquelles l’État dispose de la souveraineté :
 Territoire terrestre : c’est-à-dire le sol mais aussi le sous-sol et les eaux
comprises à l’intérieur des frontières ;
 Territoire maritime comprenant les eaux intérieures et la mer territoriale (art.
2 § 1 de la Convention des N.U. sur le droit de la mer du 10 décembre 1982
Convention de Montego Bay) ;
 Territoire aérien : espace atmosphérique suradjacent aussi bien au territoire
terrestre qu’au territoire maritime tels que définis ci-dessus.

ii) Zones sur lesquelles l’État dispose de « droits souverains » ou d’une «


juridiction fonctionnelle » :
 Le plateau continental (arts. 76 et ss. de la Convention de Montego Bay) :
droits souverains ;
 La zone contiguë (arts. 33 et ss. de la Convention de Montego Bay) :
juridiction fonctionnelle ;
 La zone économique exclusive (Z.E.E.) (arts. 55 et ss. de la Convention de
Montego Bay) : droits souverains ou juridiction fonctionnelle selon les
domaines ;

iii) Zones non susceptibles de faire l’objet d’une appropriation étatique


mais sur lesquelles les États jouissent d’une (relative) liberté d’utilisation :
 La haute mer (art. 89 de la Convention de Montego Bay) ;
 L’espace extra-atmosphérique (art. 2 du Traité sur les principes régissant les
activités des États en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-
atmosphérique y compris la lune et les autres corps célestes).

La population

Définition : La population d’un État stricto sensu est la masse des individus
rattachés à cet État de façon stable par un lien juridique, le lien de nationalité.
L’État dispose d’une compétence discrétionnaire et exclusive quant aux règles
qui régissent l’octroi de la nationalité et son contenu juridique. Mais on utilise,
en règle générale, soit séparément soit conjointement, deux critères :
 Critère du ius sanguinis (aussi qualifié de critère de la filiation) ;
 Critère du ius soli.

Le gouvernement

Définition : Détenteur du pouvoir politique, le gouvernement se définit comme


la « forme juridique du pouvoir politique. Ce sont les pouvoirs publics,
l’organisation politique et administrative qui assurent la gestion de l’État et qui,
régis par le droit interne, diffèrent de ce fait, d’un État à l’autre ».

2) L’élément distinctif de l’État : la souveraineté

Dans la célèbre affaire de l’île de Palmas, l’arbitre Max HUBER souligna que :
« La souveraineté dans les relations entre États, signifie l’indépendance.

L’indépendance, relativement à une partie du globe, est le droit d’y exercer à


l’exclusion de tout autre État, les fonctions étatiques».
Ce passage permet d’identifier les deux attributs essentiels de la souveraineté à
savoir :
 la plénitude, et
 l’exclusivité.
Ces critères permettent de distinguer un véritbale Etat d'un Etat "fantoche"
(Mandchoukuou, RTCN,Ossétie du Sud, Abkhazie, Transnistrie, etc), ainsi que
d'un Etat de facto (Somaliland).

3) La reconnaissance internationale de l’État

Définition : « La reconnaissance d’un État nouveau est l’acte libre par lequel un
ou plusieurs États constatent l’existence sur un territoire déterminé d’une société
humaine politiquement organisée, indépendante de tout autre État existant,
capable d’observer les prescriptions du droit international et manifestent en
conséquence leur volonté de la considérer comme membre de la Communauté
internationale »

Les effets de la reconnaissance d’État

 Théorie déclarative ;
 Théorie constitutive.

Les formes de la reconnaissance d’État


 Reconnaissance de iure, reconnaissance de facto ;
 Reconnaissance expresse, reconnaissance tacite ;
 Reconnaissance prématurée, reconnaissance tardive ;
 La problématique de la reconnaissance conditionnelle.

Des notions d’obligation de reconnaissance ou de non reconnaissance


 Obligation de reconnaissance : la doctrine LAUTERPACHT ;
 Obligation de non reconnaissance : la doctrine STIMSON.
Art. 1 de la Résolution de l’Institut de Droit International, « Reconnaissance des
nouveaux États et des nouveaux gouvernements », 1936, texte accessible à
l’adresse internet suivante : http://www.idi-iil.org/.
4) Continuité de l’État et reconnaissance de gouvernement

Principe : « Les États survivent à leurs gouvernements ». En d’autres termes, le


changement de gouvernement n’affecte en aucun cas l’existence de l’État qui
continue donc à être lié par les engagements internationaux des gouvernements
précédents.
En ce qui concerne la reconnaissance de gouvernement deux doctrines sont à
souligner :

       La doctrine Estrada: Si un bouleversement ou changement violent a lieu


au sein d’un Etat, les autres Etats doivent s’abstenir de reconnaître ou de ne
pas reconnaître le nouveau gouvernement car il s’agirait d’une ingérence
dans les affaires intérieures de l’Etat;

       La doctrine Tobar: Il ne faut pas reconnaître un gouvernement issu de


procédures non-constitutionnelles.

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