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Cours droit civil L2

Sous titre 2 : Les CONTRATS


Définition du contrat

 Selon l’article 63 de la LTGO : le contrat est la convention qui naît de l’accord


des volontés de deux ou plusieurs personnes
 Selon le code civil : le contrat est une convention par laquelle une ou plusieurs
personnes s’obligent avec une ou plusieurs autres à donner, à faire, ou à ne
pas faire quelque chose.

En passant un contrat, les contractants font naître librement du fait de leurs volontés
des obligations qui les engagent à condition que le contrat ait été valablement conclu. Dans
cette relation contractuelle, les juristes allemands ont distingués deux éléments : la SCHULD
et la HAFTUNG.

La SCHULD c’est l’obligation qui existe par l’engagement du débiteur de s’exécuter au


terme du contrat. En cas d’inexécution, le créancier peut demander devant l’autorité
compétente que le débiteur s’exécute ; c’est la HAFTUNG.

Chapitre 1 : la FORMATION et la


VALIDITE des contrats :
 Aux termes de l’article 123 de la LTGO : le contrat valablement conclu
s’impose aux parties au même titre que la loi.

Section 1 : La formation des contrats :


§ 1: Le préalable dans la formation
des contrats :
Il s’agit de la liberté des individus qui est une valeur essentielle reconnue dans les
dispositions législatives. En effet, chacun est le meilleur juge de ses intérêts. Lorsqu’il
s’engage volontairement, cela ne peut être que valable. Cette conception est désignée par
l’expression « principe de l’autonomie de la volonté »

A. Le principe de la liberté contractuelle :


Chacun est libre de conclure ou non un contrat. De même, chacun est libre de fixer
les conditions du contrat et de choisir son contractant.

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1. Le choix du contractant :
Les deux personnes qui forment le contrat sont le débiteur et le créancier. Ainsi avant
de former le contrat, chacun est libre de choisir son partenaire.

2. Le contenu du contrat :
Les contractants peuvent mettre dans leur contrat tout ce qu’ils veulent. Il n’y a pas
de dispositions législatives qui leurs dictent les conditions à mettre dans le contrat.

B. Les limites au principe de la liberté contractuelle  :


La liberté contractuelle ne peut aller à l’encontre de l’intérêt général. On ne peut, par
un contrat, déroger aux bonnes mœurs et à l’ordre public. Ainsi, la loi peut fixer des
restrictions à la liberté contractuelle. Il en est ainsi de l’obligation de conclure certains
contrats et de l’interdiction des clauses abusives.

1. Obligation de conclure certains contrats


Le respect de l’ordre public et de bonnes mœurs commandent aux législateurs
d’interdire, dans certaines circonstances, l’expression de la liberté contractuelle.

2. Interdiction des clauses abusives


Malgré le fait que les contractants peuvent librement mettre les structures ou les
conditions qu’ils veulent dans leur contrat, le législateur est intervenu pour la protection du
plus faible économiquement ou socialement. Ainsi, les règles sur les clauses abusives sont
impératives.

§ 2: Les conditions de formation des


contrats :
Le seul consentement suffit pour que le contrat soit conclu sauf dans les cas
particuliers et ainsi aucune formalité n’est nécessaire. La rédaction d’un écrit sert à assurer
une preuve en cas de litige.

L’article 64 alinéa 1er de la LTGO impose quatre (04) conditions de fond : le


consentement, la capacité de contracter, l’objet de l’engagement et la cause de cet
engagement.

L’alinéa 2 du même article prévoit une cinquième (5 ème) condition qui est de forme.
En effet, aux termes de cet article, la validité du contrat peut être subordonnée à
l’observation de la forme prévue par la loi.

A. Le consentement
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Il signifie que les parties doivent donner leurs volontés pour conclure un contrat. Ce
qui signifie que la volonté doit être saine et que les volontés doivent se rencontrer.

1. Les vices de consentement


Pour que le consentement soit valable, il doit être exempt de vices. La LTGO prévoit
quatre (04) vices de consentements : l’erreur, le dol, la violence et la lésion. La lésion n’est
pas un véritable vice de consentement même si la LTGO l’a placé parmi eux.

Aux termes de l’article 69, la volonté de chacun des contractants doit être exprimée
en connaissance de cause. Elle doit être libre, elle doit être émanée d’une personne saine
d’esprit.

a. L’erreur

C’est toute fausse représentation de la réalité et qui a conduit une personne à


contracter.

Selon l’article 70, l’erreur vicie la volonté lorsqu’elle est déterminante et porte sur un
élément essentiel du contrat ou considéré comme tel par les deux parties. L’erreur ne doit
pas être inexcusable.

b. Le dol 

C’est une tromperie ou manœuvre employée pour induire une personne en erreur
afin qu’elle contracte. Ainsi, le dol sert à provoquer l’erreur. Les éléments matériels du dol
sont donnés par l’article 77. Ce sont : les manœuvres frauduleuses, les allégations
mensongères, la réticence dolosive et l’exploitation de l’inexpérience manifeste du
contractant. A la différence de l’erreur qui est un phénomène interne, le dol se matérialise
dans un agissement.

Les conditions pour que le dol constitue le vice de consentement sont un peu
pareilles à celles de l’erreur mais, en plus, il faut aussi connaître le rôle joué par l’auteur du
dol.

c. La violence

C’est la contrainte exercée sur la volonté d’une personne pour l’amener à contracter.
Pour être un vice de consentement, la violence doit être déterminante, elle doit être injuste
et illégitime. Elle peut émaner d’un contractant ou d’un tiers.

d. La lésion

La lésion est le préjudice subi par une partie en cas de graves disproportions au
moment où le contrat a été conclu entre sa prestation et celle de son cocontractant. La
lésion n’est qu’une cause d’annulation ou de révision du contrat qu’exceptionnellement. En

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effet, au terme de l’article 79, la lésion causée par le défaut d’équivalence de la prestation
ne vicie le contrat que dans le cas prévu par la loi. Ces cas sont les suivants :

 Au profit de certains incapables lorsque leurs actes ne sont pas nuls de plein
droit, ils peuvent être annulés si la lésion est établie
 Vente d’immeuble ; s’il y a eu lésion de plus de 7/12 au détriment du vendeur
 Partage en cas de lésion plus ¼ au préjudice d’un cohéritier
 Contrat de prêt où l’intérêt conventionnel ne peut être supérieur au taux de
12% l’année

En principe, la lésion est sans effet, lorsque les parties ont conclu un contrat
aléatoire. Toutefois, les tribunaux admettent certains tempéraments notamment pour les
contrats aléatoires qui ont pour bases des contrats commutatifs. Dans certains cas, l’acte où
il y a lésion est rescindable. Dans d’autres cas, le contrat est maintenu mais le prix est révisé
pour faire disparaître la lésion.

2. La rencontre de volontés
Le consentement des parties résulte de la rencontre de leurs volontés. Aux termes de
l’article 81, le contrat se forme par la rencontre de volontés des contractants se manifestant
par l’acceptation d’une offre de contracter.

a. L’offre de contracter

On l’appelle aussi Pollicitation. C’est une manifestation d’une volonté unilatérale par
laquelle l’offrant ou le pollicitant fait connaître son intention de contracter. L’offre doit être
précise et contenir les éléments essentiels du contrat. Elle doit être aussi ferme.

Pour les modalités de l’offre, elle peut être expresse ou tacite et fait à une personne
déterminée ou Public. En principe, l’offre n’a pas force obligatoire par elle-même. Ainsi, le
pollicitant peut rétracter l’offre tant qu’elle n’a pas été acceptée. Toutefois, si la révocation
intervient abusivement, l’offrant en est tenu responsable. Il faut donc respecter un délai soit
fixé par l’offrant, soit le délai raisonnable apprécié par le juge compte tenu des
circonstances.

b. L’acceptation

C’est la manifestation de la volonté par laquelle une personne donne son


consentement à l’offre qui lui est faite. L’acceptation doit être pure et simple. Il faut que le
contenu de l’acceptation soit identique à celui de l’offre. Toutefois, l’identité peut ne pas
être parfaite. En effet, aux termes de l’article 87, dès que les parties sont d’accord sur les
clauses essentielles du contrat, celui-ci est réputé conclu, même si les clauses secondaires
sont réservées. Comme il s’agit d’une manifestation d’une volonté, l’acceptation ne doit pas
être entachée de vice. Comme l’offre, l’acceptation peut être expresse ou tacite mais les

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difficultés peuvent survenir en cas d’acceptation tacite car l’adage : « qui ne dit mot
consent » n’a aucune valeur juridique.

B. La capacité de contracter
La capacité c’est l’aptitude à être sujet de droit et d’obligation et à les exercer. La
capacité est la règle, l’incapacité l’exception.

1. Les différentes sortes d’incapacités


a. L’incapacité d’exercice

Sont privés de la capacité d’exercer leurs droits : les mineurs non émancipés et les
incapables majeurs.

 Les mineurs non émancipés sont représentés dans les actes juridiques par
leurs parents ou par un tuteur si les deux parents sont décédés.
 Les majeurs incapables sont représentés par un tuteur ou assistés d’un
curateur

b. L’incapacité de jouissance

Les condamnés à une peine afflictive, infamante ne peuvent pas faire des actes à titre
gratuit. De même, les médecins de peuvent pas recevoir de la part de leurs patients à titre
gratuit.

2. La sanction de l’incapacité
En cas d’incapacité, la sanction normale est la nullité relative de l’acte. Ainsi, seul le
mineur ou son représentant peut invoquer la nullité. Mais particulièrement pour les
mineurs, la nullité ici n’a pas d’effet rétroactif à son égard. En effet, le mineur ne doit pas
restituer la prestation qu’il a reçue qu’en cas d’enrichissement. Pour l’incapacité de
jouissance, la sanction est la nullité absolue.

C. L’objet valable
Le terme objet recouvre deux notions : l’objet du contrat et l’objet de l’obligation née
du contrat. L’objet du contrat est de faire naître des obligations ; et l’objet des obligations
est constitué par les prestations promises. La prestation est donc l’élément en l’absence
duquel les parties n’auront pas songé à former le contrat.

Aux termes de l’article 88 alinéa 1 er : « les obligations résultants d’un contrat ont pour
objet soit de fournir une prestation soit de s’abstenir d’une faculté »

1. Existence et détermination de l’objet

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Selon toujours l’article 88, l’objet doit être possible, elle peut être future aussi bien
que présente. Le contrat est donc nul lorsque, au moment de sa conclusion, la chose n’existe
pas ou la chose n’existe plus ou le contractant n’a pas le droit sur la chose qu’il veut céder.
Ainsi, le contrat est nul chaque fois qu’il y a impossibilité absolue d’exécuter la prestation.
De même, l’objet doit, selon toujours l’article 88, être déterminé ou déterminable. Souvent,
l’objet de l’obligation est un prix. Dans certains contrats, le prix sera ultérieurement
déterminé en fonction de certains éléments inconnus au moment où le contrat était conclu.
Dans d’autres contrats, le prix est déterminé dès la conclusion du contrat mais
exceptionnellement, il peut l’être plus tard par référence à des éléments objectifs
indépendants de la volonté des parties.

2. Licéité de l’objet ; respect de l’ordre Public et de bonne mœurs


Seules les choses dans le commerce peuvent faire l’objet de convention. Certaines
choses sont hors du commerce car la société trouve inadmissible qu’elles soient négociées.
De même, les conventions ne doivent pas porter atteinte à l’ordre Public ni aux bonnes
mœurs. L’ordre Public et les bonnes mœurs sont des notions très imprécises et variables
selon les époques.

D. Les causes du contrat


La cause a un caractère abstrait. Elle varie selon les types de contrats mais elle est la
même pour chaque type de contrat.

1. La cause dans la théorie classique :


Ici, la cause est une cause efficiente c'est-à-dire le fait qui explique l’engagement du
débiteur d’une manière générale et qui vaut pour tous les contrats de mêmes types.

Exemple : dans les contrats synallagmatique : la cause de l’obligation de chaque


contractant est l’obligation assumée par l’autre. Dans les contrats à titre gratuit, la cause est
l’intention libérale.

2. La cause dans la conception moderne


Ce sont les mobiles, c'est-à-dire les raisons pour lesquelles les parties contractent. Il
s’agit de la cause subjective.

3. Les conditions de la cause


La cause doit être morale et licite. La cause morale est celle qui respecte les bonnes
mœurs. Certaines règles dans la société ne sont pas toujours écrites, mais le juge doit tenir
compte de leur existence avant de prendre une décision. La cause licite c’est celle qui
respecte l’ordre Public. Pour apprécier la moralité et la licéité de la cause, les tribunaux
recherchent le motif principal c'est-à-dire le motif déterminant et convenu entre les parties.

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E. Les formes du contrat


En principe, les contrats sont consensuels c'est-à-dire qu’ils sont valablement conclus
en l’absence de toute formalité. Il suffit d’un simple échange de consentement. On appelle
ce principe le consensualisme. Toutefois, comme ce principe a été constaté trop rigoureux, il
y a eu des tempéraments et certaines formalités sont exigés selon les situations ou selon les
types de contrats.

1. Les formalités pour validité : « ad validicatem »


C’est une condition à la formation et à la validité même de l’acte. La sanction est la
nullité et l’interdiction de faire la preuve de l’acte par témoin. C’est donc une dérogation au
principe du consensualisme.

2. La forme de preuve : « ad probationem »


Pour les actes juridiques, les preuves doivent se faire, en principe, par un écrit. Mais à
la différence de la formalité « ad validicatem », le rôle de cette formalité est de faciliter la
preuve de l’acte juridique. C’est donc une atténuation au principe du consensualisme.

3. Les autres formalités


Elles peuvent être exigées et elles ont une incidence sur l’efficacité de l’acte à des
degrés divers. Ce sont :

 Les formalités habilitantes : qui sont pour la protection des incapables et les
absents.
 Les formalités de publicité : qui sont destinées à rendre l’acte opposable aux
tiers.
 Les formalités administratives : qui constituent des autorisations pour certains
actes par l’administration.
 Les formalités fiscales : qui sont prévues par l’administration fiscale.

Section 2 : La validité des contrats


Le contrat qui ne satisfait pas à toutes les conditions de formation est nul. La nullité
c’est l’anéantissement rétroactif de l’acte et qui sanctionne une imperfection concomitante
à sa formation. La nullité existe donc du seul fait de l’imperfection de l’acte avant toute
décision de justice. En effet, la nullité n’est pas automatique, elle doit être demandée en
justice et doit être prononcé par le juge. Il faut distinguer la nullité de certaines notions
voisines telles : l’inopposabilité, la caducité, la résolution ou résiliation.

§ 1: Les types de nullité

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Il y a deux (02) types de nullités : la nullité absolue et la nullité relative qui ont des
causes et régimes différents.

A. La nullité absolue :
Aux termes de l’article 101 alinéa 1 er de la LTGO : «  la nullité est absolue lorsqu’elle
sanctionne la violation d’une condition édictée dans l’intérêt général. Le contrat entaché de
nullité absolue n’est pas susceptible de confirmation ». Et l’article 103 dispose « à tout
moment de la procédure et même pour la première fois en cassation, la nullité absolue peut
être invoquée par toute personne justifiant d’un intérêt juridique ainsi que par le ministère
public, elle peut être également être soulevée d’office par le juge ».

B. La nullité relative
Selon la LTGO de l’article 101 alinéa 2 : la nullité est relative lorsqu’elle sanctionne la
violation des règles destinées à assurer la protection d’un intérêt privé.

La nullité relative ne peut être invoquée selon l’article 105 que par la personne dans
l’intérêt de laquelle était édictée la règle protectrice méconnue ou violée. Elle doit être
soulevée in limine litis. A la différence de la nullité absolue, la nullité relative est susceptible
de confirmation.

La confirmation est l’acte par lequel la personne qui peut invoquer la nullité fait
disparaître le vice ou l’irrégularité qui altérait un contrat et renonce à demander l’annulation
de celui-ci. La confirmation doit être faite en connaissance de cause après la cessation de
vice ou d’irrégularité. Comme tout acte juridique, la confirmation peut être expresse ou
tacite. La conséquence de la confirmation est la disparition rétroactive des vices ou
irrégularités mais il faut tenir compte des droits antérieurement acquis par les tiers. Dès que
les conditions requises pour la confirmation sont réunies, toute personne qui y a intérêt peut
sommer celle qui a le pouvoir de procéder à la confirmation d’avoir à prendre position, soit
elle confirme le contrat, soit elle agit en nullité. Aux termes de l’article 108 alinéa 2 : le
défaut de réponse ou d’action à l’expiration du délai qui ne peut être inférieur à 3 mois vaut
confirmation à l’égard de l’auteur de la sommation.

§ 2 : La prescription de la nullité


L’action en nullité est éteinte par prescription si elle n’est pas exercée dans un certain
délai. En matière de nullité, on peut utiliser le procédé de demander la nullité ou celui
d’attendre une action en exécution pour invoquer la nullité.

A. La prescription de l’action en nullité


Aux termes se l’article 109, l’action en nullité absolue est éteinte passé le délai
ordinaire de la prescription, l’action en nullité relative se prescrit par 5ans. Le point de

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départ du délai de prescription est le jour de la formation du contrat. Mais en cas


d’incapacité ou de violence, le délai ne court que du jour où l’incapacité ou la violence ont
cessé et dans le cas de dol et d’erreur, la prescription ne court que du jour où ils ont été
découverts.

B. La prescription de l’exception de nullité


Aux termes de l’article 111, tant que le contrat n’a pas été exécuté, la nullité peut
être opposée par la partie défenderesse à l’action de l’exécution. Alinéa 2, lorsque le contrat
a reçu exécution totale ou partielle sans que celui-ci puisse être considéré comme une
confirmation, l’exception se prescrit par le même temps que l’action en nullité. L’alinéa 1 er
de l’article 111 signifie que l’exception de nullité est perpétuelle.

§ 3 : les effets de la nullité


Le contrat est censé n’avoir jamais existé, tous ses effets disparaissent. Les nullités
sont impératives pour le juge c'est-à-dire que si les conditions sont réunies, le juge doit
annuler l’acte.

A. La règle normale en matière de nullité


Le contrat disparaît, et les parties ne doivent plus l’exécuter. Toutefois, comme le
contrat possède des clauses, ma nullité doit être la conséquence de la non observation des
clauses essentielles. S’il s’agit d’une clause accessoire, sa nullité ne s’étend pas au contrat
tout entier. Aux termes de l’article 112, le contrat étant par l’annulation rétroactivement
anéantit, les parties doivent autant que faire ce peut être remises dans le même état que si
elles n’avaient pas contracté et restitué leurs prestations respectives. L’acte est donc
anéanti, tant pour l’avenir que pour le passé.

B. Les difficultés d’application de la rétroactivité


La règle de la rétroactivité peut souffrir de quelques atténuations. En effet, certaines
situations ne peuvent pas obéir à cette rigueur de la restitution.

Premier cas : pour les contrats successifs :

Si un contrat à prestation successive est annulé en cours d’exécution, la nullité ne


jouera que pour l’avenir : on parle alors de la résiliation

Deuxième cas : le contractant de bonne foi

C’est celui qui ignorait le vice qui a causé l’annulation. Il a le droit de conserver les
fruits qu’il a perçus jusqu’au jour de la demande de la nullité.

Troisième cas : l’incapable ne doit restituer qu’en cas d’enrichissement.

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Quatrième cas : lorsque l’annulation est fondée sur une cause ou objet immorale, les
restitutions sont interdites.

Cinquième cas : à l’égard des tiers, l’annulation rétroactive peut avoir de graves
conséquences car nul ne peut transmettre plus de droit qu’il n’en a lui-même.

Plusieurs techniques sont donc utilisées pour permettre au tiers de conserver son
bien :

 Le sous-acquéreur d’un meuble s’il est de bonne foi peut se prévaloir de


l’article 2279 du code civil.
 Le sous-acquéreur d’un immeuble s’il est de bonne foi peut invoquer la
prescription acquisitive au bout de certains temps de possession.
 Dans certaines situations, la jurisprudence applique la théorie de l’apparence
qui permet de sauver le droit du tiers qui a commis l’erreur légitime.
 La nullité d’une société anonyme pour vice de constitution ou défaut de
publicité ne peut être invoquée par les associés à l’encontre des créanciers de
bonne foi.

§ 4 : Classification des contrats


Selon leur caractéristique, les contrats sont classés en plusieurs catégories et cette
classification a d’importantes justifications selon la catégorie du contrat.

A. Les différentes sortes de contrat


1. Classification fondée sur les conditions de la formation
Ici, on distingue le contrat consensuel du contrat formel.

Le contrat consensuel est formé par le seul échange des consentements et dans les
contrats formels, il y a le contrat réel et le contrat solennel. Le contrat réel nécessite, pour se
former, la remise matérielle de la chose, le contrat solennel nécessite la rédaction d’un écrit
pour se former et le plus souvent il s’agit d’un acte authentique.

2. Classification fondée sur le contenu du contrat


a. La réciprocité des obligations

On distingue le contrat unilatéral du contrat synallagmatique.

Dans le contrat unilatéral, une ou plusieurs personnes s’engagent envers d’autres


sans que ces dernières aient d’engagement.

Dans le contrat synallagmatique, les contractants s’obligent réciproquement les uns


envers les autres.

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b. Nature des obligations

Il y a le contrat de bienfaisance et le contrat à caractère onéreux.

Dans le contrat de bienfaisance appelé aussi contrat à titre gratuit, une partie
procure à l’autre un avantage gratuit.

Dans le contrat à titre onéreux, l’intention libérale est absente. Pour la détermination
des obligations, le contrat à titre onéreux peut se diviser en contrat commutatif et le contrat
aléatoire.

Dans le contrat commutatif, l’étendue des prestations à fournir est connue dès la
conclusion du contrat.

Dans le contrat aléatoire, la prestation dépend d’un évènement incertain.

c. Exécution du contrat

Il y a le contrat instantané et le contrat successif

L’exécution du contrat instantané se fait en un trait de temps, l’exécution du contrat


successif exige l’écoulement d’un certains laps de temps.

3. Classification fondée sur la personne des contractants


a. Le rapport de force entre les contractants

Ainsi, on distingue le contrat d’adhésion du contrat de gré à gré.

Dans le contrat d’adhésion, le contractant le plus faible peut adhérer ou non au


contrat ; c’est selon sa volonté.

Dans le contrat de gré à gré, il y a une libre discussion des clauses du contrat entre les
parties en principe à égalité.

b. L’importance déterminante de la personne

Il s’agit ici du contrat conclu, intuitu personae. Ce contrat est conclu en considération
des qualités personnelles du cocontractant.

B. Intérêt de la classification
L’intérêt de la distinction est important :

 Dans les contrats formels, si les conditions de forme ne sont pas respectées,
le contrat est nul de nullité absolue.
 Dans un contrat synallagmatique on exige, pour la formation, la règle du
double exemplaire et pour l’exécution, si l’un des contractants refuse

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d’exécuter son obligation, l’autre peut refuser à son tour d’exécuter la sienne
ou demander en justice la résolution du contrat.
 Dans les contrats unilatéraux : en matière de preuve, il suffit d’un exemplaire
de l’écrit soumis à une certaine formalité.
 Pour les contrats successifs : en cas de nullité, le contrat est résilié, ses effets
arrêtent de se produire seulement pour l’avenir.
 Dans un contrat conclu intuitu personae : l’erreur sur la personne entraine
plus facilement la nullité du contrat et le décès d’un contractant met fin au
contrat.

Chapitre 2 : Exécution du contrat et la


responsabilité contractuelle
Les personnes qui ont conclu un contrat s’engagent en vertu de la théorie de
l’autonomie de la volonté. Ainsi, celui qui ne respecte pas sa parole c'est-à-dire qui n’exécute
pas son obligation nuit à autrui et doit réparer le dommage qu’il a ainsi causé.

Section 1 : L’exécution des contrats


Aux termes de l’article 123, le contrat valablement conclu s’impose aux parties au
même titre que la loi. L’obligation d’exécuter pèse donc dur les parties qui ont voulu le
contrat. C’est la force obligatoire entre les parties. Cependant, l’inexécution peut survenir et
dans ce cas, les parties doivent résoudre leur contrat. En outre, comme les tiers n’ont pas
participé à la conclusion du contrat, à leur égard, ce contrat n’a qu’un effet relatif.

§ 1 : la force obligatoire


Elle est prévue par l’article 123.

A. Les parties concernées


Il y a trois catégories de personnes qui sont concernées par l’effet d’un contrat
valablement conclu. Il s’agit des contractants, du représenté et des ayants-cause universels
où à titre universel.

1. Les contractants
Ce sont les personnes qui ont conclu le contrat, c'est-à-dire les offrants et acceptants.
S’il y a défaut dans la conclusion du contrat, et que l’une des parties subie un préjudice, la
responsabilité n’est pas encore contractuelle mais délictuelle.

2. Le représenté
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Lorsque le contrat est conclu par l’intermédiaire d’un représentant légal ou


contractuel, celui sui est représenté doit exécuter le contrat. Selon les dispositions de la
LTGO, la représentation est le fait par une personne nommée représentant d’agir dans la
passation d’un acte juridique au nom et pour le compte d’une autre personne nommée
représenté dans des conditions telles que les effets de l’acte se réalise directement dans la
personne du représentée (article 132 LTGO).Le représenté peut donner des instructions plus
ou moins précises à son représentant mais de son côté le représentant doit personnellement
consentir au contrat et doit avoir la volonté de représenter. Par conséquent, le contractant
doit avoir connaissance de la qualité du représentant mais en plus, ce représentant doit
avoir le pouvoir d’engager les biens d’autrui. Aux termes de l’article 138, « il n’y a
représentation que pour les actes accomplis dans la limite du pouvoir accordé au
représentant ». Pour la validité de ce pouvoir, la loi impose des conditions spéciales ; ainsi, la
représentation conventionnelle doit faire l’objet d’un écrit et l’étendue du pouvoir du
représentant doit s’interpréter restrictivement. Le représentant qui a dépassé son pouvoir
doit être retenu responsable à l’égard de la personne avec qui il a contracté.

3. Les ayants-cause universels et à titre universel


Ce sont les héritiers de tout ou partie du patrimoine du défunt. Ils continuent la
personne du défunt sauf pour les contrats conclus « intuiti personae » et pour les contrats
viagers.

B. Portée de la force obligatoire


Cette portée concerne l’exécution et la modification des contrats.

1. Exécution du contrat
L’effet obligatoire est attaché aux obligations véritablement voulues par les parties.
Une question peut se poser en cas de simulation.

a. Les obligations des parties

L’alinéa 2 de l’article 123 dispose que les parties doivent exécuter le contrat de
bonne foi dans le sens qu’elles ont attendu lui donner. Les parties doivent donc montrer un
respect mutuel pour l’exécution de leur obligation. Ce respect se manifeste par l’obligation
de loyauté et l’obligation de coopération.

Pour la première, elle signifie que le contractant doit exécuter ses obligations
notamment le débiteur, malgré les difficultés qui peuvent s’élever. Il doit s’abstenir de toute
fraudes dans l’exécution du contrat c'est-à-dire qu’il ne doit empêcher l’autre partie de
retirer le bénéfice normal du contrat par des manœuvres.de son côté, le créancier a aussi
une obligation de loyauté c'est-à-dire qu’il doit s’abstenir de toute manœuvre pour rendre
impossible l’exécution du contrat. L’obligation de coopération quant à elle consiste en la

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franchise des contractants dans une collaboration pour l’exécution des obligations. Elle peut
aussi signifier obligation de renseignement de la part des contractants.

Exemple : le contractant a une obligation de faciliter l’exécution du contrat par son


partenaire.

b. La volonté réelle des parties

L’interprétation du contrat appartient au juge. C’est l’opération par laquelle le juge


précise le sens du contrat en cas de lacune, d’ambiguïté ou de contradiction. Le juge doit
donc rechercher ce que les parties ont voulu faire. Le principe fondamental est la recherche
de la commune intention des parties. Le juge doit donc rechercher l’intention commune et
non l’intention d’une partie sinon ce sera rechercher un vice de consentement. En effet, la
volonté réelle des parties est supérieure à la volonté déclarée. Cependant, la déclaration de
volontés reste le moyen essentiel pour trouver la commune intention des parties. Lorsque le
texte est clair, le juge ne peut pas refuser son application. La volonté déclarée est donc
présumée refléter la volonté interne. En cas de difficulté dans l’interprétation du contrat, le
juge peut faire appel à la loi, à l’équité ou à l’usage. Le recours à la loi est une démarche en
vue de rechercher la volonté des contractants. En effet, en matière contractuelle, la plupart
des lois sont interprétatives de volonté. De même, l’usage est considéré comme une règle
supplétive à laquelle les parties sont sensé s’être référées. L’équité est un moyen
d’interprétation qui doit être utilisé en dernier. C’est un critère d’interprétation plus difficile
à justifier c’est pourquoi le législateur est intervenu et a prévu une règle fondée sur l’équité
dans l’article 126 de la LTGO aux termes duquel, dans le doute, la convention s’interprète en
faveur du débiteur.

c. La simulation

C’est le fait de souscrire une convention apparente dont les effets sont modifiés ou
supprimés par une autre convention destinée à rester secrète. La simulation suppose la
réunion de trois conditions :

 Le mensonge doit être concerté entre les parties.


 L’acte secret doit être contemporain de l’acte apparent.
 L’acte apparent ne doit pas révéler l’existence de l’accord secret.

Entre les parties, l’acte secret appelé contre-lettre produit ses effets s’il est valable. A
l’égard de tiers, la contre-lettre n’a pas d’effet mais ils peuvent s’en prévaloir s’ils en
bénéficient l’avantage. L’action par laquelle les tiers demandent à établir la réalité est
appelée action en déclaration de simulation. Par principe, la simulation n’est pas en elle-
même la cause de nullité de l’acte. Si l’acte secret est valable, c’est qu’il a réussi les
conditions de validité des contrats.

2. La modification du contrat

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Cours droit civil L2

a. Modification pour les parties

Le principe est posé par l’alinéa 3 de l’article 123 qui dispose que les parties ne
peuvent révoquer le contrat ou le modifier que de leur consentement mutuel ou pour les
causes que la loi autorise. Ainsi, le contrat ne peut être défait que par un nouvel accord,
c'est-à-dire un nouveau contrat qui n’a pas d’effet rétroactif mais parfois, la révocation
unilatérale est autorisée dans certaines situations :

 Elle a été prévue par les parties dans le contrat lui-même.


 Le contrat conclu par les parties est prévu pour une durée indéterminée.

En effet, tout accord à exécution successive qui a été conclu pour une durée
indéterminé peut être résilié unilatéralement.

b. Modification pour le juge

Le juge ne peut qu’interpréter le contrat. La modification et l’extinction lui sont


impossibles. Le juge ne peut modifier le contrat au motif que l’équilibre économique a
changé. C’est le problème de l’imprévision.

L’imprévision est à distinguer du cas de force majeure. Dans le cas de force majeure,
l’exécution devient impossible mais en cas d’imprévision, l’exécution est seulement
beaucoup plus difficile. Aussi, il y a modification quand les parties demandent au juge de
changer certains termes car il y a eu une circonstance exceptionnelle qui change les
situations. La solution est donc jurisprudentielle, elle a été formulée en 1876, la cour de
cassation interdisait au juge de modifier le contrat, la justification est le souci de sécurité des
transactions. Mais par exception, les cas sont prévus dans lesquels la modification est
possible, il en est ainsi des exceptions conventionnelle et légale.

Les exceptions conventionnelles prévoient que les parties peuvent modifier le


contenu de leur contrat en cas de changement de circonstance économique qui survient en
cours d’exécution. Il s’agit ici de rédiger une clause d’échelle mobile ou une clause de
révision.

c. La modification pour le législateur

La modification est impossible pour le législateur en application du principe de la non


rétroactivité des lois. Mais dans quelque cas limités, le législateur a institué une procédure
de révision ou de résiliation des contrats pour cause d’imprévision.

 La faculté de révision des loyers dans les baux commerciaux en fonction des
évolutions des usages
 Les rentes viagères peuvent faire l’objet d’une majoration judiciaire si
l’équilibre se trouve bouleversé par suite de circonstances nouvelles.

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Cours droit civil L2

 Le legs permet au donataire ou légataire grevé d’inaliénabilité de l’affaire


supprimer par le juge.

§ 2 : L’inexécution du contrat


L’inexécution du contrat entraine des obligations, celui qui n’a pas obtenu ce qui
devait lui être fourni dispose de plusieurs possibilités qui diffèrent selon la nature du contrat.

A. Le cas général
Le créancier peut demander l’exécution forcée du contrat ou une réparation.

1. L’exécution forcée
C’est une exécution en nature. Le débiteur défaillant doit remplir son obligation, il
peut être incité à le faire par le juge. Ce dernier fixe une somme à verser par jour avant
l’exécution : c’est ce qu’on appelle astreinte. Lorsque le débiteur continue à ne pas exécuter
ses prestations, le juge peut ordonner l’exécution par un tiers ou par la force.

2. La réparation des préjudices


Lorsque la prestation en nature ne peut pas être obtenue, le créancier peut
demander le versement d’une somme d’argent en compensation. C’est ce qu’on appelle
exécution par équivalent.

B. Le cas particulier des contrats synallagmatiques


Le contrat synallagmatique produit une obligation réciproque pour les deux parties.
Ainsi, si l’une des parties n’exécute pas son obligation, l’autre partie ne trouve plus de
justification de son engagement. Elle a trois mesures à sa disposition qui lui permettent de
ne pas exécuter sa prestation : la première est la suspension du contrat, la seconde est la
résolution du contrat, et le troisième est l’inexécution du contrat due à la force majeure.

1. La suspension provisoire du contrat


Lorsque les obligations synallagmatiques doivent être exécutées simultanément, un
contractant peut refuser d’exécuter sa prestation car l’autre partie n’exécute pas la sienne.
C’est l’exception d’inexécution exige trois conditions pour son application : l’obligation
inexécutée doit être exigible, les obligations doivent être d’une importance similaire et
l’inexécution est seulement provisoire.

Par la suite, l’inexécution de l’obligation de l’autre partie est seulement suspendue. Si


le débiteur exécute, l’exception tombe. Dans le cas contraire, l’inexécution devient définitive
et le cocontractant peut mettre fin au contrat.

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Cours droit civil L2

2. La résolution du contrat
Dans cette situation, l’inexécution est fautive.

a. Les cas concernés par la résolution

La résolution concerne tous les contrats synallagmatiques sauf la rente viagère et le


contrat aléatoire. Certains contrats unilatéraux sont aussi concernés tel le prêt à usage et le
gage.

b. Les effets

Il y a disparition rétroactive du contrat sauf pour les contrats à exécution successive.


Il y a donc une restitution des prestations déjà exécutées éventuellement. Il peut y avoir des
dommages et intérêts qui compenseront les préjudices causées par l’inexécution. Par
principe, la résolution est judiciaire mais exceptionnellement, elle peut être conventionnelle
c'est-à-dire prévue par une clause résolutoire expressément stipulée dans le contrat.

3. Les théories du risque


En cas de force majeure, le débiteur qui n’a pas pu exécuter son obligation n’est pas
tenu responsable. Il est alors libéré de son obligation. On se demande alors si le créancier est
également libéré de ses propres obligations ou est-ce qu’il doit les exécuter. Il faut faire la
distinction entre deux sortes de contrat. Pour les contrats synallagmatiques non translatifs
de propriété, la charge du risque pèse sur le débiteur de l’obligation inexécutée, con
créancier est donc libéré de sa propre obligation. Pour les contrats translatifs de propriété, la
charge du risque de perte de la chose objet du contrat pèse sur le propriétaire. Si l’acquéreur
est devenu immédiatement propriétaire, il doit payer le prix et supporter ainsi le risque de
perte. Au cas contraire, le transfert de propriété sera retardé jusqu’à la livraison et pour la
chose de genre, l’acheteur est libéré de payement du prix.

Aux termes de l’article 175 de la LTGO, « en toute circonstance, le créancier lésé est
subrogé dans les droits et actions nés au profit du débiteur à raison du fait ayant entraîné
l’inexécution ».

§ 3 : L’effet relatif des contrats envers


les tiers
Le principe est posé par l’article 129 aux termes duquel, les contrats ne produisent
d’effet qu’entre les parties contractantes. Les tiers ne sont donc pas tenus par les contrats,
mais ils peuvent être concernés selon la volonté des parties.

A. Notion des tiers 

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Cours droit civil L2

Ici, on prend en considération trois catégories des tiers :

 Les ayants-cause à titre particulier : ce sont ceux qui ont acquis un ou


plusieurs droits déterminés.
 Les créanciers chirographaires : ce sont les créanciers qui ne bénéficient pas
d’une sureté pour garantir le recouvrement de leur créance.
 Les tiers pénitus extraneï : ce sont les tiers proprement dits. Ils ne sont ni
parties, ni ayants- cause, ni créanciers chirographaires.

Pour la première catégorie des tiers en principe, les contrats conclus par leurs
auteurs, leurs sont opposable. Exceptionnellement, la loi impose la transmission des droits
et obligations à un ayant-cause à titre particulier dans les situations suivantes : en cas d’un
immeuble loué, l’acquéreur est tenu de respecter le bail, de même, l’acquéreur d’une
entreprise est lié par le contrat de travail en cours.

Pour la deuxième catégorie, les créanciers chirographaires sont considérés comme


des tiers par rapport au contrat conclu par leur débiteur. Mais, si ce contrat diminue leurs
droits de gage général, ils bénéficient de certaines prérogatives pour leur protection.

B. Les effets du contrat à l’égard des tiers :


1. Pour l’ayant cause à titre particulier :
Pour les contrats constitutifs du droit réel, ils sont tenus des obligations qui en
résultent. Par contre, pour les contrats établissant des droits personnels, ils ne sont pas en
principe tenus des obligations sauf pour certains contrats par lesquels l’acquéreur du bien
est tenu d’exécuter les prestations.

2. Pour les créanciers chirographaires :


Ils ne sont pas tenus des obligations assumées par le débiteur mais ils subissent les
conséquences, le contrat passé du débiteur qui affecte leur droit de gage général. Par
conséquent, ils peuvent exercer l’action oblique ou l’action Paulienne.

3. Pour les tiers pénitus extraneï :


Ils ne sont jamais tenus des obligations ; toutefois, le contrat conclu peut être source
d’obligation pour les tiers mais le principe est que le contrat leur est opposable.

C. Les exceptions
Dans deux circonstances, le contrat peut produire des effets à l’égard des tiers. Il
s’agit de la stipulation pour autrui et de la promesse de porte-fort.

1. La stipulation pour autrui

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Cours droit civil L2

Elle est prévue par l’article 148 aux termes duquel, « la stipulation pour autrui est un
contrat par lequel une personne appelé stipulant obtient d’une personne appelé
promettant, l’engagement de fournir une prestation ou de s’abstenir d’une faculté au profit
d’un tiers bénéficiaire étranger à ce contrat et qui n’y est pas représenté ».

a. Condition pour la stipulation pour autrui

Etant un contrat, la stipulation pour autrui doit obéir aux conditions générales de
validité des actes juridiques. Le promettant est le débiteur du stipulant en raison d’une
opération préalable soit à titre onéreux soit à titre gratuit. Mais vues ses particularités, la
stipulation pour autrui est régie par des règles qui lui sont spéciales. Il en est ainsi de
l’intention de stipuler pour autrui et de la détermination ou la désignation du tiers
bénéficiaire. Pour la première règle, le stipulant doit être en connaissance de cause qu’il va
créer un droit pour le tiers bénéficiaire ce qui a pour conséquence que la stipulation pour
autrui peut être faite au profit d’une personne future ou au profit d’une personne
actuellement indéterminée mais qui sera déterminable lors de l’échéance. Pour que la
stipulation pour autrui produise tous les effets désirés par les parties, il faut que le
bénéficiaire accepte expressément ou tacitement et qu’il n’y ait pas eu de révocation de la
part du stipulant.

b. Les effets de la stipulation pour autrui

 Rapport entre le stipulant et le promettant

Il s’agit d’un rapport contractuel. Le stipulant peut exiger du promettant l’exécution


de l’obligation.il peut aussi demander la résolution du contrat avec des dommages et
intérêts.

 Rapport entre le promettant et le tiers bénéficiaire

Le tiers bénéficiaire a le droit direct contre le promettant. C’est un droit qui est né
immédiatement dans son patrimoine. Il a donc une action directe contre le promettant pour
contraindre ce dernier à l’exécution. Il peut aussi demander des dommages et intérêts.

 Rapport entre le stipulant et le tiers bénéficiaire

Les héritiers du stipulant comme ses créanciers n’ont pas de droit sur la prestation du
promettant car le bénéficiaire est directement titulaire de la créance à l’encontre du
promettant.

stipulant
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Cours droit civil L2

Contrat : exécution
Inexécution Intention libérale ou
 exécution d’une obligation
Résolution

Restitution des prestations

Promettant Tiers bénéficiaire

Obligation d’exécuter pour


le promettant
Droit direct du tiers
bénéficiaire envers le promettant

2. La promesse de porte-fort (promesse du fait d’autrui)


C’est un contrat qui va faire naître une obligation au détriment du tiers. Selon la
LTGO, on peut se porter-fort pour un tiers capable ou non en promettant le fait de celui-ci
(article 157). Le promettant est obligé mais le tiers ne l’est pas tant qu’il ne donne pas son
consentement. L’objet de l’engagement de porte-fort est donc l’engagement du tiers.

a. Les conditions de la promesse de porte-fort

La promesse de porte-fort est un contrat, il faut donc la capacité de s’engager de la


part du promettant. L’acte doit être soumis à une inscription comme condition de forme. Il
faut donc une mention expresse de la clause de promesse de porte-fort.

b. Les effets de la promesse de porte-fort

Le promettant est tenu d’une obligation de résultat. Le tiers est rétroactivement


engagé dès le jour où le contrat de porte-fort a été conclu. Aux termes de l’article 159 « si le
tiers capable ou devenu tel ratifie l’engagement pris pour lui celui qui s’est porté-fort est
libéré » et selon l’article 160, s’il refuse de le ratifier, le contrat est anéanti et l’obligation du
promettant se résout en dommages et intérêts, sauf exécution par le porte-fort.

§ 4 : Les modes d’exécution


Il y a deux sortes de mode d’exécution : le mode normal qui est le paiement, et des
procédés dans lesquels le débiteur ne s’exécute pas alors que le paiement se fait.

A. Le mode normal d’exécution

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Cours droit civil L2

C’est l’exécution volontaire prévue par l’article 328 aux termes duquel le paiement
est l’accomplissement par le débiteur de la prestation qui est à sa charge. C’est l’exécution
d’une obligation quelque en soit l’objet remise d’une somme d’argent, remise d’une chose
ou une exécution d’une prestation quelconque. Le paiement peut être pur et simple ou avec
subrogation.

1. Paiement pur et simple


a. Parties

Celui qui effectue le paiement s’appelle le SOLVENS. En principe, le solvens est le


débiteur mais peut être aussi toute personne intéressée au paiement et même un tiers
quelconque qui rend service au débiteur. Le créancier ne peut refuser le paiement sauf dans
le cas d’obligation de faire qui aurait un caractère personnel. Le solvens doit être
propriétaire de la chose donnée en paiement et capable d’aliéner. Si le solvens n’est pas
propriétaire de la chose, la nullité du paiement peut être invoquée par le créancier ou par le
solvens. Par contre, si le solvens est incapable, la nullité de paiement ne peut être invoquée
que par lui-même. Exceptionnellement, le paiement d’une somme d’argent ou autres choses
qui se consomment par l’usage ne donne pas lieu à remboursement lorsque le créancier l’a
consommé.

Celui qui reçoit le paiement c’est l’ACCIPIENS. Normalement, le paiement doit être
fait au créancier ou à son représentant ou au cessionnaire de la créance. Lorsque l’accipiens
n’avait pas droit au paiement, il est tenu de le restituer. Le débiteur n’est pas pour autant
libérer. Toutefois, dans certaines situation, le paiement fait à un tiers qui n’aurait pas
pouvoir de le recevoir est quand même libératoire. D’abord, si le paiement est ratifié par le
créancier ; ensuite, si le créancier a profité du paiement et enfin si le paiement a été fait de
bonne foi à un créancier apparent. Le créancier doit être capable de recevoir le paiement, à
défaut, le paiement n’est pas valable sauf si le débiteur prouve que la chose payée a tourné
au profit du créancier.

b. Objet

Concernant l’objet du paiement, les règles sont posées par l’article 328 alinéa 2 : le
débiteur doit payer la chose même qui fait l’objet de la dette. Si le créancier accepte en
paiement autre chose que ce qui était dû, il y a dation en paiement : c’est l’opération par
laquelle le débiteur transfère la propriété d’une chose à son créancier qui accepte de la
recevoir à la place et en paiement de la prestation due. Le débiteur doit payer la totalité de
la dette, le créancier peut refuser un paiement partiel sauf si le juge accorde un délai de
grâce. Spécialement pour le paiement d’une somme d’argent, le débiteur n’est tenu de
payer que la somme même dont les parties ont convenues : c’est le principe du nominalisme
monétaire.

21
Cours droit civil L2

Toutefois, le système de dépréciation monétaire a rendu nécessaires des dérogations


conventionnelles :

 Dans les contrats qui s’échelonnent dans le temps, les parties ont souvent
recours à divers clauses d’indexation qui font varier le montant de l’obligation
en fonction d’un élément de référence appelé « indice ». l’indice peut être
l’or, le coût de l’or, le coût d’une monnaie étrangère mais on peut aussi
accepter comme indice certaines valeurs économique comme le coût de la
construction.
 Le paiement doit être effectué en espèce et en monnaie ayant cours légal.
Toutefois, certains paiements peuvent être faits par chèque barré non-
endossable ou par virement.

c. Moment et lieu

 Moment du paiement 

Aux termes de l’article 334, le paiement doit être fait au jour fixé par l’acte
générateur de l’obligation. Ainsi, pour la créance pure et simple, le paiement est
immédiatement exigible. En cas de paiement par chèque, le débiteur est réputé avoir
acquitté sa dette à la date où le chèque a été reçu par le créancier et sous réserve
d’encaissement.

 Lieu de paiement

Selon l’article 333, le paiement doit être fait au lieu déterminé par l’acte générateur
de l’obligation. Si le lieu n’est pas déterminé, il doit être fait au domicile du débiteur ou, s’il
s’agit d’une dette de corps certain et déterminé, au lieu où cette chose se trouvait au
moment de la naissance de l’obligation. En cas d’incident dans le paiement c'est-à-dire le
créancier refuse le paiement alors que le débiteur veut se libérer, ce dernier doit recourir à
la procédure des offres réelles et de consignation. Cette procédure se fait en trois étapes :

 Le débiteur fait des offres réelles par l’intermédiaire d’un officier public. Il
présente la chose au créancier.
 Si le créancier refuse, le débiteur se dessaisit de la chose et la consigne.
 Si le créancier persiste dans son refus, le débiteur doit faire rendre un
jugement qui déclare les offres et la consignation «  bonnes et valables », ce
jugement le libère totalement de sa dette.

2. Le paiement avec subrogation


C’est une modalité de paiement qui permet au « solvens » d’exercer à son profit les
droits du créancier. On dit alors que le solvens est subrogé dans le droit du créancier appelé
subrogeant. Le paiement avec subrogation peut être conventionnel ou légal.

22
Cours droit civil L2

a. Pour la subrogation conventionnelle 

Elle peut être consentie par le débiteur ou par le créancier. Celui qui veut payer sa
dette emprunte à un tiers et le subroge, c’est la subrogation consentie par le débiteur. Mais
elle peut être aussi consentie par le créancier c'est-à-dire que le créancier qui veut être payé
immédiatement s’adresse à un tiers qui lui verse le montant de la créance à condition d’être
subrogé dans les droits du créancier contra le débiteur. La subrogation consentie par le
débiteur doit obéir aux conditions de validité suivantes : l’acte d’emprunt et la quittance
délivrés par le créancier doivent être conclus par acte authentique. Cet acte doit indiquer
que les deniers empruntés sont utilisés pour payer l’ancienne dette ; de même, la quittance
doit constater que le paiement a été fait avec le denier emprunté.

b. Pour la subrogation légale

Ici, la subrogation a lieu au profit de celui qui étant tenu, avec d’autres ou pour
d’autres, au paiement de la dette avait l’intérêt de l’acquitter. Les personnes tenues avec
d’autres sont codébiteurs solidaires ou les débiteurs tenus indivisiblement. Les personnes
tenues pour d’autres sont les cautions ainsi que les tiers détenteurs d’un immeuble
hypothéqué.

c. Les effets de la subrogation :

C’est que le créancier est payé et en cela la subrogation est une modalité de
paiement et le solvens se substitue au créancier. Par ce fait, la créance avec ses accessoires
lui est transmise. Aux termes de l’article 347, la subrogation emporte au profit du subrogé
cession de la créance avec toutes ses accessoires et actions jointes, ainsi, le créancier
subrogé pourrait se voir opposer par le débiteur les mêmes moyens de défense que ceux
qu’il aurait pu opposer à son créancier initial : c’est la règle de l’opposabilité des exceptions.

B. Les modes particuliers d’exécution


Il s’agit d’exécution involontaire c'est-à-dire que le paiement se fait malgré le
débiteur.

1. La compensation
C’est le mode d’extinction de deux obligations ayant pour objet de l’argent ou des
choses fongibles lorsque deux personnes deviennent respectivement créancière et débitrice
l’une de l’autre.

L’extinction de l’obligation est totale si les deux sont de même montants ; sinon, elle
est partielle et se produit à concurrence du plus faible. La compensation aboutie à une sorte
de double paiement abrégé et forcé. Le juge ne fait que vérifier que les conditions étaient
bien remplies. En effet, elle s’opère de plein droit si certaines conditions sont réunies. Les

23
Cours droit civil L2

deux obligations réciproques doivent exister entre les mêmes parties, porter sur les choses
tangibles ou de l’argent, être liquides, exigibles et certaines.

2. La confusion
Aux termes de l’article 374 lorsque les qualités de créancier et de débiteur d’une
même obligation quelque en soit la nature, l’objet ou la cause sont réunis dans la même
personne, il y a confusion et l’obligation se trouve ainsi éteinte. Pour certains, la confusion
entrainerait simplement une impossibilité d’exécution, c'est-à-dire une paralysie de
l’obligation. Toutefois, ce qui est sûre c’est que l’extinction a le caractère absolu et définitif.
Il y a des cas où la confusion laisse subsister partiellement l’obligation. Exemple : lorsqu’une
dette est solidaire et que la confusion se produit entre le créancier et l’un des débiteurs
solidaires, la créance ne s’éteint que pour la part de ce débiteur qui pourra réclamer le
restant à ses codébiteurs.

3. La novation
Aux termes de l’article 355 la novation est la substitution d’une obligation nouvelle à
une obligation antérieure valable qui se trouve ainsi éteinte.

La novation doit respecter certaines conditions :

 D’abord, il faut une substitution d’une obligation à une autre et les deux
obligations doivent être valables.
 Il faut une intention de nover « animus novandi »

En effet, la substitution d’une obligation doit être voulue. Aux termes de l’article 356,
la novation ne se présume pas et ne résulte que de la volonté clairement exprimée par les
parties qui doivent être capables de contracter. La novation peut se faire soit par
changement de créancier soit par changement de débiteur soit par changement d’un
élément important de l’obligation.

La novation entraine l’extinction de la première obligation avec ses accessoires et


garanties et une création d’une obligation nouvelle qui se substitue à l’ancienne. L’obligation
nouvelle ne bénéficie pas des suretés qui garantissaient l’obligation ancienne.

Section 2 : La responsabilité contractuelle


Aux termes de l’article 177 an cas d’inexécution totale ou partielle d’une obligation
contractuelle ou d’inexécution tardive, le débiteur doit réparer le préjudice causé de ce fait
au créancier.

§ 1 : Conditions de la responsabilité


contractuelle et mise en œuvre
24
Cours droit civil L2

A. Condition de la responsabilité contractuelle


Ce sont celles de toute action en responsabilité c'est-à-dire un dommage, une faute,
et un lien de causalité. La responsabilité suppose l’inexécution du contrat et un dommage
qui en résulte.

1. Le fait générateur
Il s’agit d’une faute du débiteur, c'est-à-dire une inexécution qui est faite de
mauvaise foi. Toutefois, l’article 177 prévoit une exécution partielle et une exécution tardive.

a. La nature du fait générateur

La faute du débiteur peut être un défaut total d’exécution, une exécution partielle,
une exécution défectueuse ou une exécution tardive. La nature peut être une faute
intentionnelle ou une faute lourde.

b. La preuve de la faute du débiteur

La preuve de l’inexécution incombe au créancier. Elle diffère selon qu’il s’agit de


l’obligation de moyen ou de l’obligation de résultat. L’article 179 fait la différenciation entre
ces deux obligations. Le débiteur d’une obligation de résultat est responsable de préjudice
du découlant de l’inexécution de celle-ci par le seul fait que le résultat prévu au contrat n’a
pas été atteint. Le débiteur d’une obligation de moyen est responsable du préjudice
découlant de son défaut de prudence ou de diligence dans l’exécution du contrat dont il
n’avait pas garanti le résultat. Ainsi, pour l’obligation de moyen, la charge de la preuve de la
faute pèse sur le créancier et dans les obligations de résultat ; il y a une présomption de
faute du débiteur résultant de l’inexécution.

2. Les dommages réparables


Le dommage résulte du défaut d’exécution que ce soit totale ou partielle, ou du
retard dans l’exécution. Il peut être corporel, matériel ou moral. Mais il doit être certain,
direct et prévisible.

a. Le dommage direct

Pour qualifier un dommage de direct, il faut un lien de causalité du dommage avec


l’inexécution.

Le créancier peut réclamer la réparation de la perte éprouvée et du gain manqué.


Toutefois, la différenciation entre préjudice direct et préjudice indirect est parfois délicate.

b. Le dommage certain

25
Cours droit civil L2

Il faut que le dommage existe avec certitude. Par conséquent, un préjudice


simplement éventuel n’est pas réparable.

c. Le dommage prévisible

Le débiteur n’est tenu de réparer que le dommage qu’il avait pu prévoir lors de la
conclusion du contrat. Par exception, la réparation s’étend au dommage imprévisible lorsque
l’inexécution provient d’un dol du débiteur.

3. Le lien de causalité
C’est un rapport de cause à effet entre l’inexécution du contrat et le dommage. Ce
lien est exclu en cas de dommage indirect, de dommage imprévisible et d’une cause
étrangère.

B. La mise en œuvre de la responsabilité


Le créancier qui veut faire valoir ses droits doit procéder en deux étapes :

1. La mise en demeure
Il y a dispense de mise en demeure si l’obligation ne peut plus être exécutée ou si une
clause du contrat le prévoit. La mise en demeure c’est l’acte par lequel le créancier somme
le débiteur d’exécuter sin obligation.

a. Les formes de la mise en demeure

Aux termes de l’article 188, le créancier ne peut poursuivre la réparation des


préjudices subits qu’après avoir mis le débiteur en demeure d’exécuter sin obligation
devenu exigible.

Alinéa 2, sauf lorsque la loi en dispose autrement, la mise en demeure n’est soumise
à aucune forme spéciale. Ainsi, la mise en demeure peut être une simple lettre
recommandée, une sommation, un commandement ou une citation en justice.

b. Les effets de la mise en demeure

Après la mise en demeure, la carence du débiteur est établie, par conséquent, à dater
de la mise en demeure, le créancier peut réclamer des dommages et intérêts ou des intérêts
en retard. Il peut demander aussi, soit la résolution du contrat, soit l’exécution forcée et si
l’obligation a pour objet un corps certain, les risques de la force majeure sont à la charge du
débiteur.

2. L’action en justice
Le créancier saisit le tribunal compétent pour obtenir réparation.

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Cours droit civil L2

a. Les parties à l’action

Celui qui fait l’action en justice c’est le demandeur. En principe, il s’agit du créancier,
de son représentant ou de ses héritiers. Et l’autre partie à l’action est le défendeur : c’est le
débiteur qui n’a pas exécuté son obligation.

b. Compétence du tribunal

Le principe pose par le code de procédure civile est que le tribunal compétent
territorialement est celui du domicile du défendeur. Mais par exception, selon toujours le
code, par mesure de commodité ou de facilité de preuve, le tribunal compétent peut être
aussi celui du lieu où se trouve l’objet du contrat ou celui du lieu de la conclusion du contrat.

c. La preuve

Il faut que le créancier ait subi un dommage car l’inexécution n’entraine pas de plein
droit une obligation de réparation. En général, l’inexécution, surtout si elle est totale, fait
présumer le dommage. Le créancier doit seulement prouver le montant mais parfois cette
inexécution ne fait pas présumer le dommage, le créancier doit alors apporter la preuve d’un
dommage particulier. En cas de retard dans l’inexécution, le créancier devra prouver le
dommage s’il s’agit d’une somme d’argent.

§ 2 : l’étendue de la responsabilité et


les exonérations
Le principe de l’autonomie de la volonté a des conséquences sur l’étendue de la
responsabilité. En effet, l’article 180 que les parties peuvent étendre ou limiter par avance,
leur responsabilité contractuelle. Et aux termes de l’article 3 de la LTGO, l’obligation peut
être pure et simple ou affectée de certaines modalités.

A. Les clauses contractuelles


Dans les clauses du contrat, les parties peuvent prévoir une aggravation de la
responsabilité mais aussi, elles conviennent d’exécuter leur contrat de leur façon.

1. Les clauses aggravantes de la responsabilité


Par une telle clause, le débiteur s’engage à réparer les dommages découlant de la
force majeure en général ou de certains cas de force majeure. On appelle cette obligation,
obligation de garantie.

2. Les modalités en matière contractuelle


Le rapport d’obligation entre débiteur et créancier peut présenter un certain nombre
de modalités. Parmi ces modalités, il y a le terme et la condition

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Cours droit civil L2

a. Le terme

C’est un évènement futur mais certain et dont dépend l’exigibilité ou la durée de


l’obligation. Il y a deux catégories de terme : le terme certain et incertain, le terme suspensif
et extinctif.

Dans la plupart des cas, le terme résulte de la convention des parties. Il peut être
stipulé dans l’acte ou résulter de la nature de l’obligation. Le terme a pour effet d’éteindre
l’obligation ou de la suspendre. Ainsi, à l’échéance du terme, soit il y a extinction de
l’obligation soit il y a exigibilité de l’obligation.

b. La condition

C’est un évènement futur mais incertain et dont dépend l’existence même de


l’obligation. Souvent, la condition concerne la création de l’obligation, elle est alors dite
suspensive. Souvent, la réalisation de la condition entraine la disparition de l’obligation, elle
sera appelé condition résolutoire. La condition doit être possible et licite. Elle doit être aussi
extérieure à la volonté du débiteur. Il faut distinguer trois types de conditions :

 La condition casuelle qui dépend du hasard.


 La condition mixte qui dépend à la fois de la volonté d’une partie et de celle
d’un tiers.
 La condition potestative qui dépend exclusivement de la volonté d’une partie.

A la différence du terme, les effets de la condition sont automatiques et en principe


rétroactifs. Ils diffèrent c'est-à-dire selon que la condition est suspensive ou résolutoire.

B. L’exonération de la responsabilité
Elle est prévue par l’article 178 aux termes duquel « le débiteur est exonéré de toute
responsabilité s’il prouve que l’inexécution provient du fait de son créancier ». Alinéa 2, « il
en est de même en cas de force majeure ou d’intervention d’un tiers présentant ce caractère
dès lors que ces évènements ne sont pas imputables au débiteur et qu’ils sont antérieures à
toute mise en demeure »

1. Le fait du créancier
Qu’il soit fautif ou non, le fait du créancier exonère totalement le débiteur lorsqu’il a
été la cause exclusive de son dommage. Cependant, la faute du créancier peut seulement
avoir concours avec celle du débiteur ou d’un tiers à la réalisation du dommage. Le débiteur
est alors partiellement exonéré et un partage de responsabilité est prononcé.

2. La force majeure

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Cours droit civil L2

Parfois, on distingue le cas fortuit de la force majeure mais en général, la


jurisprudence n’opère pas cette différentiation. La force majeure peut être un évènement de
la nature, le fait d’un tiers ou le fait de l’Administration. Pour être qualifié de cause
d’exonération, l’évènement doit être imprévisible, insurmontable et extérieur au débiteur. A
la suite d’un évènement qualifié de force majeure, le débiteur est libéré de son obligation
mais si l’impossibilité d’exécution n’est que momentanée, l’obligation du débiteur n’est pas
éteinte mais son exécution est seulement suspendue.

§ 3 : la réparation
Il doit y avoir réparation lorsqu’il est prouvé que le dommage est certain, direct et
prévisible et qu’il y a un lien de causalité entre le dommage réparable et l’inexécution de
l’obligation contractuelle.

A. La réparation par l’obtention de dommages et intérêts


On parle de dommages et intérêts quand il faut rétablir le déséquilibre subi par le
créancier et qui constitue son préjudice.

1. Mode de réparation
En matière contractuelle, la réparation s’effectue en principe sous la forme d’une
indemnité pécuniaire. Une réparation en nature est possible seulement dans certaines
circonstances. Il en est ainsi pour le cas du créancier d’une obligation de ne pas faire qui
peut exiger que ce qui a été fait en contravention à l’engagement soit détruit. Si le débiteur
refuse, le créancier peut se faire autoriser par la justice à détruire l’ouvrage au frais du
débiteur. De même, le créancier d’une l’obligation de faire inexécuté peut être autorisé par
justice à la faire exécuter par un tiers au dépend du débiteur.

2. Les dommages et intérêts


La réparation du préjudice consécutif à l’inexécution du contrat ou à une exécution
défectueuse donne lieu au versement de dommages et intérêts compensatoires. Ces
dommages et intérêts sont destinés à compenser le préjudice découlant de l’inexécution
totale ou exécution défectueuse. La date de l’évaluation du dommage est le jour de
jugement définitif de condamnation. De l’autre côté, la réparation du préjudice consécutif à
un retard d’exécution donne lieu au versement des dommages et intérêts moratoires. Les
intérêts moratoires sont dus du jour de la mise en demeure ou du jour où la loi les fait courir
de plein droit. Mais quelquefois, le créancier est tenu de justifier un préjudice spécial, c’est
le cas des dommages et intérêts supplémentaires qui sont prévus par l’article 193 aux
termes duquel en cas de retard dans l’exécution d’une obligation de payer une somme
d’argent, le créancier a le droit d’exiger des débiteurs, outre les intérêts moratoires, des

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Cours droit civil L2

dommages et intérêts compensatoires pour tout préjudice supplémentaire même s’il résulte
du seul retard à moins que dans ce dernier cas, le débiteur ne prouve sa bonne foi.

B. La fixation des dommages et intérêts


Les dommages et intérêts, dans la plupart des cas, sont fixés par les autorités
judiciaires mais il y a des cas où les parties fixent elles-mêmes la réparation en cas de
défaillance de l’une d’entre elles.

1. Fixation des dommages et intérêts


Selon l’article 192, à défaut du taux fixé par le contrat seul, l’intérêt légal est exigible.
Lorsqu’une somme d’argent n’est pas versée à l’échéance, le préjudice est évalué au taux de
l’intérêt légal. Dans la plupart des cas, c’est le juge qui apprécie le préjudice subi après le
contrôle des caractères de ce préjudice.

2. Fixation des dommages et intérêts par les parties


Lors de la conclusion du contrat, les parties ont fixé leur réparation. La réparation
peut se faire, d’abord, par l’existence des clauses limitatives de responsabilité. Aux termes
de l’article 180 : sauf dans les cas où la loi l’interdit, les parties peuvent étendre ou limiter
par avance leur responsabilité contractuelle. La seconde façon de fixer la réparation est
l’existence de la clause pénale. Une clause pénale permet aux parties de fixer à l’avance les
dommages et intérêts ou les évaluer forfaitairement. Elle est prévue par l’article 182 aux
termes duquel on peut, par clause pénale écrite, s’engager au paiement d’une réparation
forfaitaire en cas d’inexécution d’une obligation. Toutefois, que ce soit pour les clauses
limitatives de responsabilité ou pour les clauses pénales si elles présentent un caractère
abusif, les règles frappant des clauses abusives leur sont applicables. Spécialement pour la
clause pénale, le juge a un pouvoir souverain de modérer ou d’augmenter la peine qui avait
été convenue si elle est manifestement excessive ou dérisoire. Le juge fixe souverainement
les chiffres mais le montant du préjudice reste un planché s’il réduit la peine ou un plafond
s’il l’augmente.

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Cours droit civil L2

Table des matières


Sous titre 2 : Les CONTRATS............................................................................................1
Chapitre 1 : la FORMATION et la VALIDITE des contrats :..........................................1
Section 1 : La formation des contrats.....................................................................1
§ 1: Le préalable dans la formation des contrats :...........................................1
A. Le principe de la liberté contractuelle :...................................................1
1. Le choix du contractant :......................................................................2
2. Le contenu du contrat :........................................................................2
B. Les limites au principe de la liberté contractuelle :.................................2
1. Obligation de conclure certains contrats.............................................2
2. Interdiction des clauses abusives.........................................................2
§ 2: Les conditions de formation des contrats :...............................................2
A. Le consentement......................................................................................2
1. Les vices de consentement..................................................................3
a. L’erreur...................................................................................................................3
b. Le dol......................................................................................................................3
c. La violence..............................................................................................................3
d. La lésion..................................................................................................................3
2. La rencontre de volontés......................................................................4
a. L’offre de contracter...............................................................................................4
b. L’acceptation...........................................................................................................4
B. La capacité de contracter.........................................................................5
1. Les différentes sortes d’incapacités.....................................................5
a. L’incapacité d’exercice............................................................................................5
b. L’incapacité de jouissance.......................................................................................5
2. La sanction de l’incapacité...................................................................5
C. L’objet valable..........................................................................................5
1. Existence et détermination de l’objet..................................................5
2. Licéité de l’objet ; respect de l’ordre Public et de bonne mœurs........6
D. Les causes du contrat...............................................................................6
1. La cause dans la théorie classique :......................................................6

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Cours droit civil L2

2. La cause dans la conception moderne.................................................6


3. Les conditions de la cause....................................................................6
E. Les formes du contrat...............................................................................7
1. Les formalités pour validité : « ad validicatem ».................................7
2. La forme de preuve : « ad probationem »...........................................7
3. Les autres formalités............................................................................7
Section 2 : La validité des contrats..........................................................................7
§ 1: Les types de nullité....................................................................................7
A. La nullité absolue :...................................................................................8
B. La nullité relative......................................................................................8
§ 2 : La prescription de la nullité......................................................................8
A. La prescription de l’action en nullité........................................................8
B. La prescription de l’exception de nullité..................................................9
§ 3 : les effets de la nullité................................................................................9
A. La règle normale en matière de nullité....................................................9
B. Les difficultés d’application de la rétroactivité........................................9
§ 4 : Classification des contrats......................................................................10
A. Les différentes sortes de contrat...........................................................10
1. Classification fondée sur les conditions de la formation...................10
2. Classification fondée sur le contenu du contrat................................10
a. La réciprocité des obligations...............................................................................10
b. Nature des obligations..........................................................................................11
c. Exécution du contrat.............................................................................................11
3. Classification fondée sur la personne des contractants....................11
a. Le rapport de force entre les contractants...........................................................11
b. L’importance déterminante de la personne.........................................................11
B. Intérêt de la classification......................................................................11
Chapitre 2 : Exécution du contrat et la responsabilité contractuelle.......................12
Section 1 : L’exécution des contrats.....................................................................12
§ 1 : la force obligatoire.................................................................................12
A. Les parties concernées...........................................................................12
1. Les contractants.................................................................................12

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Cours droit civil L2

2. Le représenté......................................................................................12
3. Les ayants-cause universels et à titre universel.................................13
B. Portée de la force obligatoire................................................................13
1. Exécution du contrat..........................................................................13
a. Les obligations des parties...................................................................................13
b. La volonté réelle des parties.................................................................................14
c. La simulation.........................................................................................................14
2. La modification du contrat.................................................................14
a. Modification pour les parties................................................................................15
b. Modification pour le juge......................................................................................15
c. La modification pour le législateur........................................................................15
§ 2 : L’inexécution du contrat.........................................................................16
A. Le cas général.........................................................................................16
1. L’exécution forcée..............................................................................16
2. La réparation des préjudices..............................................................16
B. Le cas particulier des contrats synallagmatiques...................................16
1. La suspension provisoire du contrat..................................................16
2. La résolution du contrat.....................................................................17
a. Les cas concernés par la résolution.......................................................................17
b. Les effets...............................................................................................................17
3. Les théories du risque........................................................................17
§ 3 : L’effet relatif des contrats envers les tiers.............................................17
A. Notion des tiers......................................................................................17
B. Les effets du contrat à l’égard des tiers :...............................................18
1. Pour l’ayant cause à titre particulier :................................................18
2. Pour les créanciers chirographaires :.................................................18
3. Pour les tiers pénitus extraneï :..........................................................18
C. Les exceptions........................................................................................18
1. La stipulation pour autrui...................................................................18
a. Condition pour la stipulation pour autrui.............................................................19
b. Les effets de la stipulation pour autrui.................................................................19
2. La promesse de porte-fort (promesse du fait d’autrui).....................20
a. Les conditions de la promesse de porte-fort........................................................20

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b. Les effets de la promesse de porte-fort................................................................20


§ 4 : Les modes d’exécution...........................................................................20
A. Le mode normal d’exécution.................................................................20
1. Paiement pur et simple......................................................................21
a. Parties...................................................................................................................21
b. Objet.....................................................................................................................21
c. Moment et lieu.....................................................................................................22
2. Le paiement avec subrogation...........................................................22
a. Pour la subrogation conventionnelle....................................................................23
b. Pour la subrogation légale....................................................................................23
c. Les effets de la subrogation :................................................................................23
B. Les modes particuliers d’exécution........................................................23
1. La compensation................................................................................23
2. La confusion........................................................................................24
3. La novation.........................................................................................24
Section 2 : La responsabilité contractuelle...........................................................24
§ 1 : Conditions de la responsabilité contractuelle et mise en œuvre..........25
A. Condition de la responsabilité contractuelle.........................................25
1. Le fait générateur...............................................................................25
a. La nature du fait générateur.................................................................................25
b. La preuve de la faute du débiteur.........................................................................25
2. Les dommages réparables..................................................................25
a. Le dommage direct...............................................................................................25
b. Le dommage certain.............................................................................................26
c. Le dommage prévisible.........................................................................................26
3. Le lien de causalité.............................................................................26
B. La mise en œuvre de la responsabilité...................................................26
1. La mise en demeure...........................................................................26
a. Les formes de la mise en demeure.......................................................................26
b. Les effets de la mise en demeure..........................................................................26
2. L’action en justice...............................................................................27
a. Les parties à l’action.............................................................................................27
b. Compétence du tribunal.......................................................................................27

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Cours droit civil L2

c. La preuve..............................................................................................................27
§ 2 : l’étendue de la responsabilité et les exonérations................................27
A. Les clauses contractuelles......................................................................27
1. Les clauses aggravantes de la responsabilité.....................................27
2. Les modalités en matière contractuelle.............................................28
a. Le terme................................................................................................................28
b. La condition..........................................................................................................28
B. L’exonération de la responsabilité.........................................................28
1. Le fait du créancier.............................................................................28
2. La force majeure.................................................................................29
§ 3 : la réparation...........................................................................................29
A. La réparation par l’obtention de dommages et intérêts.......................29
1. Mode de réparation...........................................................................29
2. Les dommages et intérêts..................................................................29
B. La fixation des dommages et intérêts....................................................30
1. Fixation des dommages et intérêts....................................................30
2. Fixation des dommages et intérêts par les parties............................30
Table des matières........................................................................................................31

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