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Master : Nouvelles tendances du droit international

Module : Droit international

La déconstruction structurelle du droit


international

Préparé par les étudiants : IBAHRINE Akram et KARRAKY Abdelhamid

Sous l’encadrement du professeur : KAIROUANI Ali

Année universitaire : 2021-2022


Plan

I-L’influence des acteurs sur la déconstruction structurelle du droit


international

A-De la contribution des nouveaux acteurs de la scène internationale à

l’élaboration de nouvelles normes

B-L’interaction entre l’ordre juridique interne et l’ordre juridique externe

II-Autres débats conduisant à la déconstruction structurelle du droit


international

A-Débat entre la fragmentation et l’unité du droit international

B-L’autonomie de l’ordre juridique communaitaire, un risque du

Développement du droit international


Introduction
On peut définir le droit international public comme l’ensemble des règles juridiques qui
régissent les rapports internationaux entre sujet indépendants « CPJI, affaire du Lotus, 7
Septembre 1927 ».

Les pères fondateurs de ce droit sont : Francisso de Vitoria « 1483-1546 » et Franciso


Suarez « 1548-1617 », théoriciens du droit naturel, Hugo Grotius «1583-1645 » dont
l’ouvrage ( Du droit de la guerre et de la paix ) a posé les bases du droit international.

Le droit international public a vocation à définir et régir la constitution de l’Etat, ses


compétences, les relations pacifiques entre les Etats, ainsi les relations internationales et la
coopération entre les Etats puisqu’il permet de nouer des relations pacifiques et de les
encadrer.

Les sujets principales du droit international sont les Etats, les Organisations
internationales, mais il y a des sujets appelés avant sujets secondaires à savoir les
Organisations non gouvernementales, les individus et les firmes multinationales.

Par rapport aux sources du droit international, l’article 38 du statut de la Cour


international de justice a déjà précisé clairement ces sources, à savoir les conventions
internationales, la coutume internationale, les principes généraux de droit reconnus par les
Etats, et puis il ajoute les arrêts de la CIJ ainsi la doctrine des publicistes les plus qualifiés
des différentes nations, alors que ces deux dernières sources sont considérées comme des
moyens auxiliaires de détermination des règles de droit.

Le droit international public a finalement trois grandes caractéristiques. Il est d’abord un


droit sans législation avéré. Cela veut dire que les Etats et les Organisations
internationales –qui en réalité ne sont que des associations d’Etats- en sont à la fois les
auteurs et les sujets. Ensuite, il est également un droit aux effets relatifs, ce qui signifie
que l’Etat, qui est le sujet principal du droit international, a d’une part le droit de refuser
et d’ignorer une règle de droit international en le ratifiant pas, et d’autre part la nécessité
du consentement de l’Etat pour être attrait devant la Cour internationale de justice. Et
enfin, il est un droit à portée variable, c'est-à-dire et d’une manière simple que son
insertion dans les ordres juridiques internes résulte du choix du système quel soit moniste
ou dualiste.

Problématique : Comment la déconstruction se manifeste dans la


structure du Droit International ?
I-L’influence des acteurs sur la déconstruction
structurelle du droit international

A-De la contribution des nouveaux acteurs de la scène


internationale à l’élaboration de nouvelles normes :
Le droit international est généralement défini comme l’ensemble des normes juridiques qui
régissent les rapports entre les Etats, ainsi leurs relations avec les Organisations
internationales et également les relations entre les Organisations internationales.

Pourtant, il y a une évolution concernant les acteurs du droit international, alors la société
internationale connait l’émergence de nouveaux acteurs principales, ainsi qu’il ya des
normes internationales qui apparaissent. C’est pour cela qu’on ne peut pas d’un
élargissement du droit international.

A coté des Etats et des Organisations internationales, il y des acteurs nouveaux à savoir
les individus, les sociétés multinationales et les Organisations internationales, et qu’il ne
faudrait surtout pas les percevoir comme des acteurs secondaires, car ils ne jouent plus les
seconds rôles sur la scène internationale.

Dans un premier temps, ces nouveaux acteurs ne furent que des objets du droit
international. Aujourd’hui, les individus, les sociétés multinationales et les Organisations
non gouvernementales sont au minimum des sujets dérivés du droit international sinon de
véritable sujets.

Les acteurs non étatiques ont une part de plus en plus importante dans la vie
internationale. L’Etat n’est plus le passage obligé entre la sphère internationale et la
sphère interne. Les Organisations internationales, par exemple, multiplient les
destinataires du droit international public. Le droit international des Etats souverains
devient peu à peu celui du droit international des droits effectifs tels que le droit
international des droits de l’homme iu des biens communs qui peuvent être invoqués par
divers acteurs.

A coté de l’émergence de ces nouveaux acteurs, le droit international connait également


l’apparition de nouvelles normes juridiques telles que le principe de JUS COGENS, ainsi
LES OBLIGATIONS ERYA OMNES et puis la règle PACTA SUNT SERVANDA.

Tout d’abord, la convention sur le droit des traités deVienne établit qu’est nul tout traité
qui au moment de sa conclusion, est en conflit avec le JUS COGENS « Article 53 de la
convention ». De même, une nouvelle norme impérative d u droit international général
survient, tout traité existant qui est en conflit avec cette norme devient nul et prend fin
« Article 64 de la même convention ».
Parmi les règles, apparait l’idée de droit impératif. La commission du droit international a
regardé la pratique des Etats, les coutumes qu’ils ont codifié dans une convention de
codification, mais ils y ont aussi ajouté de nouvelles notions, comme le JUS COGENS ou
la norme impératif, mais cette notion n’est pas acceptée par tous les Etats, tel que ma
France qui a refusé de devenir partie à la convention de Vienne sur le droit des traités en
raison de la norme impératif.

Il y a d’autres règles qui s’imposent à tous mais qui ne sont pas supérieures. Ce sont LES
OBLIGATIONS ERYA OMNES (à l’égard de tous). On ne peut pas y déroger mais la CIJ
ne l’en reconnait pas de supériorité. Par exemple, le droit des peuples à disposer d’eux-
mêmes, comme l’affaire du TIMOR ORIENTAL pour laquelle la CIJ a rendu un arrêt en
1995. Ainsi ne peut forcer un Etat à aller devant la CIJ si cet Etat ne l’a pas reconnu,
puisque les Etats ne sont obligés que par ce qu’ils ont voulu.

Enfin, il y a la règle PACTA SUNT SERVANDA, alors que selon cette règle, tout traité
en vigueur lie les parties doit être exécuter par elle de bonne foi. S’il y a l’absence d’une
autorité supérieure pour dire le droit, il n’y a pas de sanction non plus.
B-L’interaction entre l’ordre juridique interne et l’ordre
juridique externe :
Parmi les phénomènes qui nous conduisent à la déconstruction du droit international, il
faut obligatoirement qu’on cite le phénomène de l’interaction entre l’ordre juridique
international et l’ordre juridique interne ce phénomène peut nous conduire à traiter
plusieurs questions qui conduisent à la déconstruction d’où l’affaiblissement du droit
international.
Quel qu’en soit le poids effectif dans les différentes traditions, l’approche exclusiviste peine
à rendre compte des dispositifs par lesquels les systèmes juridiques nationaux organisent
leurs relations avec le droit international. Ce sont les régimes de réception et de
reconnaissance de ce dernier. « Tout système juridique a ses règles de reconnaissance : c’est
précisément en cela qu’un système est juridique ». Ainsi, de nombreuses analyses
consistent à envisager le droit des relations externes à travers le prisme de la réception
nationale du droit international. Pareil prisme est donc introspectif : il s’agit de déterminer
comment le droit international affecte la réponse du droit à des questions internes. Il
convient alors d’envisager, d’une part, les mécanismes nationaux permettant à l’État de
s’engager et de donner effet à des obligations issues des traités internationaux, et, d’autre
part, le statut en droit interne du droit international coutumier, y compris les normes de
Jus Cogens. Ces deux questions relèvent du droit des relations externes, non pas seulement
parce qu’elles intéressent l’interaction entre droits national et international, mais parce
qu’elles impliquent les fonctions des organes de gouvernement dans un État
constitutionnel. Ainsi, les procédures de ratification et d’incorporation des traités en droit
interne concernent les rapports entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif. Le statut
du droit international coutumier au sein du système juridique national met en cause la
fonction du juge dans la mise en œuvre du droit international en tant que source du droit
applicable.
La façon dont les divers systèmes juridiques déterminent le statut et l’applicabilité de
normes du droit international n’est pas seulement tributaire de son adhésion ou non à une
approche exclusiviste – à savoir, si l’État se considère ou non comme « dualiste » (et si par
conséquent, l’application directe des normes non explicitement incorporées par le
parlement national est permise ou non). Comme on a pu l’observer, la distinction
traditionnelle monisme/dualisme, qui a trouvé son origine dans des débats théoriques sur
la nature du droit international, revêt une valeur limitée lorsqu’il s’agit de classer les
différents systèmes au regard des conceptions possibles du droit des relations externes, ou
encore d’explorer les implications normatives et politiques de celles-ci. Or, ce point est
particulièrement significatif dans le cas des droits de la tradition de common law, qui sont
traditionnellement perçus comme dualistes. Car, bien entendu, cette dernière qualification
ne permet pas de rendre compte de l’application directe du droit international coutumier
dans ces mêmes systèmes. Il faut alors se reporter au célèbre dictum de Blackstone : « Là
où il n’y a pas d’État de droit, le droit (international) est sanctionné par les autorités
publiques dans la seule mesure où il n’entre pas en conflit avec la loi locale. Mais en
Angleterre, le pouvoir royal ne peut introduire une loi nouvelle, ni abroger l’ancienne, de
sorte que le droit des nations (dès lors qu’une question se pose qui relève de son domaine)
est pleinement applicable par le canal de la common law et est considéré comme faisant
partie de la loi locale ».
Ce que veut dire le grand juriste ici, c’est que les juges ont une fonction spécifique au sein
de l’État constitutionnel en ce qui concerne la mise en œuvre du droit international
coutumier. Cette idée a été consacrée initialement dans des cas d’immunité souveraine et
diplomatique, qui mettaient donc en cause le droit des relations externes de l’État 34. Mais
elle donne lieu à un principe de portée plus générale, attesté par les diverses traditions
juridiques dualistes qui autorisent pourtant l’application directe du droit international
coutumier sans l’intermédiation du législateur interne. Cependant, on peut également dire
que la question du statut des traités internationaux au sein du droit national implique
tout autant la fonction du pouvoir juridictionnel. Par exemple, une disposition
constitutionnelle qui leur confère la valeur de « loi suprême » a des conséquences très
significatives non seulement pour l’identification des sources du droit dans l’ordre
juridique interne, mais également pour le pouvoir des juges de statuer sur la légalité des
normes émises par les autres organes de l’État. Ainsi, les règles générales régissant la
reconnaissance et la réception du droit international adoptées par un système donné
affectent les sources du droit applicable aux questions impliquant les relations externes
qui viennent devant les tribunaux, parce qu’elles déterminent dans quelle mesure ces
derniers peuvent mettre en œuvre des normes relevant de ce même droit. L’approche
internationaliste des relations externes revendique donc, potentiellement, une vocation à
réécrire de grandes parties du droit international substantiel qui sont directement
applicables dans l’ordre interne. Quoi qu’il en soit, la valeur d’une telle approche réside
essentiellement dans le fait qu’elle attire l’attention sur une dimension de la problématique
que la conception exclusiviste relègue dans un trou noir, en tant qu’elle n’intéresse pas
l’ordre juridique interne. Par ailleurs, elle inclut des règles du droit international qui
permettent ou qui commandent à l’État d’intégrer les intérêts des autres États. Enfin, elle
est conforme à la pratique des juges de divers systèmes lorsqu’ils appliquent directement le
droit international aux contentieux dont ils sont saisis.
Néanmoins, trop se concentrer sur la réception du droit international dans l’ordre
juridique interne peut conduire à laisser de côté d’importantes fonctions potentielles du
droit des relations externes. D’abord, celui-ci doit évidemment tenir compte du cadre
constitutionnel applicable : une juridiction nationale définit nécessairement sa propre
fonction par référence à celui-ci. Les théories constitutionnelles qui limitent le pouvoir des
juges de donner un effet direct au droit international ne peuvent être balayées d’un revers
de la main comme « des preuves des contraintes politiques pesant sur l’indépendance des
juges », car « l’interprétation judiciaire du droit international n’est pas seulement une
courroie de transmission de ce dernier en direction du peuple ». En effet, un droit des
relations externes doit pouvoir justifier quand et pourquoi le droit international doit être
reçu et quelle fonction il est appelé à remplir au sein de l’ordre juridique d’accueil.
De plus, les règles de reconnaissance qui permettent d’appliquer ou de prendre en
considération le droit international dans les droits nationaux remplissent un rôle bien plus
ample que la conduite des relations externes, car les traités internationaux recouvrent
désormais une très grande partie de l’activité humaine. Les contextes dans lesquels les
autorités nationales doivent en tenir compte atteignent profondément tous les recoins de
l’ordre juridique. On peut donc dire que l’influence du droit international dans l’ordre
interne est tentaculaire et affecte des questions qui sont, par ailleurs, purement internes.
Elle a bien entendu des conséquences sur l’ensemble du processus d’interprétation
judiciaire. À cet égard, la mise en œuvre du droit international par les organes nationaux
est susceptible à son tour d’enrichir le développement de celui-ci. Par conséquent,
l’approche internationaliste embrasse bien davantage que les questions qui, à l’intérieur
des systèmes nationaux, se rapportent à l’exercice du pouvoir de l’État dans ses rapports
avec les autres et qui constituent la question centrale du droit des relations externes. Ces
dernières problématiques doivent donc être désagrégées des autres, plus larges, relatives
aux rapports entre droits international et national.
Ce phénomène d’interaction peut nous conduire à traiter la question du pluralisme
juridique, ceux qui étudient le droit international public et le droit international privé
n’ont historiquement pas prêté beaucoup d’attention au pluralisme juridique – bien qu’il y
ait certainement eu des exceptions (par exemple, Kingsbury, 1998) –et ce, parce que
l’accent a été traditionnellement mis sur les relations interétatiques. En effet, le droit
international a généralement insisté sur les traités bilatéraux et multilatéraux entre et au
sein des États, les activités des Nations Unies, les décisions des tribunaux internationaux
et (de façon quelque peu plus controversée) les normes auxquelles les États ont obéi
pendant assez longtemps pour qu’elles puissent être qualifiées de coutumières. Il s’agissait
d’un univers juridique gouverné par deux principes directeurs. Selon le premier, le droit
était considéré comme résidant uniquement dans les actes d’entités officielles, sanctionnées
par l’État. En vertu du second, le droit était vu comme une fonction exclusive de la
souveraineté de l’État.
Les deux principes se sont cependant affaiblis avec le temps. Le développement d’une
conception des droits de l’homme internationaux après la Seconde Guerre mondiale a
transformé les individus en acteurs du droit international possédant leurs propres droits à
l’encontre de l’État. Ces habilitations individuelles mises à part, les chercheurs en sont
venus plus récemment à reconnaître la myriade de façons dont les prérogatives des États-
nations se trouvent limitées par les acteurs transnationaux et internationaux. Alors que
F.-A. Mann (1984, p. 20) pouvait affirmer avec assurance, en 1984, que « les lois vont aussi
loin, mais pas plus que la souveraineté de l’État qui les fait entrer en vigueur », beaucoup
d’internationalistes ont soutenu, au moins depuis la fin de la guerre froide, qu’une vue
aussi étroite relative à la manière dont le droit opère sur le plan transnational est inexacte.
Ainsi, les vingt dernières années ont vu une attention accrue se porter sur les importants
bien que parfois incomplets processus de développement de la norme internationale
(Berman, 2005, pp. 488-89). De tels processus poussent inévitablement la doctrine à
prendre en compte les revendications de compétence transnationales qui se chevauchent et
qui sont émises par les États-nations, ainsi que les normes formulées par les organes
internationaux, les organisations non gouvernementales (ONG), les sociétés
multinationales et les groupes industriels, les communautés indigènes, les terroristes
transnationaux, les réseaux d’activistes, etc
La privatisation des normes internationales et aussi une question découlant de ce
phénomène d’interaction, pour traiter cette question on site ici l’exemple de la politique
comptable de l’union européenne. Jusqu’à 2002, l’Union Européenne s’appuyait sur une
politique d’harmonisation des cadres comptables par voie de directives, ce qui laissait in
fine une certaine latitude aux Etats-Membres pour préserver leurs traditions nationales. A
cette harmonisation lente et approximative, un Règlement de 2002 a substitué, pour
l’élaboration des comptes consolidés des sociétés cotées, une unification rapide et
contraignante. Les Etats-Membres doivent désormais faire appliquer les normes émises
par l’IASB (« International Accounting Standards Board »), organisme privé sur lequel
l’Union Européenne ne dispose d’aucun moyen de contrôle institutionnel.
L’Union Européenne ne s’est pas contentée de centraliser les choix sur la teneur des
normes comptables, elle les a aussi privatisés. Or ces normes ne sont pas neutres. En
régissant l’évaluation et la présentation des états financiers des entreprises, par exemple le
profit que l’on peut faire apparaître (Richard, 2005) ou la liste des informations à
divulguer, elles conditionnent largement ce que l’on voit des firmes et comment on le voit.
Dans le cas des firmes multinationales la fonction des normes comptables est d’autant plus
essentielle que seuls les comptes consolidés permettent de prendre la mesure des activités,
du pouvoir et de la richesse d’acteurs qui opèrent au travers d’une multitude de marques
et d’entités juridiques. La dimension éminemment politique de ces normes, largement
occultée à la fin du vingtième siècle, a été brutalement rappelée par la décision de l’Union
Européenne d’adopter les normes de l’IASB.
Ce phénomène peut ainsi nous conduire à un désordre mondial à travers un aspect de
globalisation prédatrice. La globalisation prédatrice et l'idéologie qui la sous-tend, qu'on
aime appeler l'idéologie panéconomique, entraînent d'importantes conséquences négatives
pour le droit international et particulièrement pour les droits humains et leur réalisation
universelle. Cette idéologie et sa mise en œuvre érigent les « lois du marché » en loi
suprême et réduisent homo sapiens à homo oeconomicus, à un facteur ou, si l'on veut être
un peu plus optimiste, à un acteur économique, à un consommateur et participant au
marché. La vision globale des droits humains indivisibles est perdue de vue ; nous assistons
à une érosion des dimensions sociale et culturelle des droits humains.

Bien que le monde soit de plus en plus affecté globalisation prédatrice la communauté
internationale ne par cette dispose pas des instruments et cadres institutionnels pour faire
face et apporter des solutions aux problèmes et défis véritablement globaux auxquels
l'humanité est confrontée, tels que la menace d'armes et de tactiques de destruction
massive, la militarisation de la politique, le fossé qui se creuse entre riches et pauvres, la
dégradation de l'environnement et les menaces pesant sur les générations futures. Face à
ces défis, la communauté internationale ne semble pas avoir de stratégie cohérente. Au
contraire, nous assistons à un développement incohérent, schizophrénique et chaotique du
droit international. Différents secteurs de droit se développent, séparés par des cloisons
étanches, dans des silos. On parle beaucoup de « mainstreaming » des droits humains, mais
en réalité certains secteurs du droit, notamment le droit international du commerce, des
finances et de la propriété intellectuelle se développent d'une manière qui affecte
négativement d'autres domaines du droit, notamment le droit international des droits
humains.
On constate également une privatisation croissante de ce que l'on appelle - encore - le droit
international public ; on citera comme exemple la place de plus en plus importante de
l'arbitrage en droit du commerce international. Par ailleurs, on observe avec inquiétude
une tendance vers ce que j'ai appelé la privatisation des institutions internationales.
L'exemple le plus flagrant est l'Union Internationale des Télécommunications (UIT) dans
laquelle siègent, à côté des États membres, les « sector members », c'est-à-dire les grandes
entreprises actives dans le domaine des technologies de l'information et de la
communication. De plus en plus, les grands intérêts économiques et financiers réclament
une place à la table des grandes institutions internationales, évidemment dans le but
d'infléchir leur politique.
Pour montrer une autre forme du désordre on site l’arrêt sur le plateau continental de la
mer du nord et le fait qu’un Etat n’accepte pas une coutume, et ne ratifie pas une
convention, Ces affaires, concernant la délimitation du plateau continental de la mer du
Nord entre le Danemark et la République fédérale d’Allemagne et entre les Pays-Bas et la
République fédérale d’Allemagne, ont été soumises à la Cour par voie de compromis. Les
Parties demandaient à la Cour de dire quels étaient les principes et règles de droit
international applicables et elles s’engageaient à procéder ensuite aux délimitations sur
cette base. Par ordonnance du 26 avril 1968, la Cour, constatant que le Danemark et les
Pays-Bas faisaient cause commune, a joint les deux instances. Par arrêt du 20 février
1969, elle a dit que les délimitations en cause devraient s’opérer par voie d’accord entre les
Parties et conformément à des principes équitables, de manière que chaque Partie
obtienne les zones de plateau continental constituant le prolongement naturel de son
territoire sous la mer, et elle a indiqué des facteurs à prendre en considération à cette fin.
Elle a rejeté la thèse selon laquelle ces délimitations devaient s’opérer d’après le principe
de l’équidistance défini par la convention de Genève de 1958 sur le plateau continental.
Elle a considéré en effet que la République fédérale n’avait pas ratifié cette convention,
que le principe de l’équidistance n’était pas un élément inhérent à la conception
fondamentale du plateau continental et que ce principe ne constituait pas une règle de
droit international coutumier.
II-Autres débats conduisant à la déconstruction
structurelle du droit international

A-Débat entre la fragmentation et l’unité du droit


international :
Un large débat s’est développé à l’occasion des recherches sur la fragmentation à propos
de la possibilité de considérer encore le Droit international comme ordre juridique unitaire.

Pour certains, la fragmentation ne constituerait qu’un élément technique, capable de


favoriser ou d’impulser le développement du Droit international. Ils se fondent
principalement sur le fait que le pluralisme normatif, institutionnel, juridictionnel et
systémique suscités en droit par la mondialisation poursuit les objectifs de maintien de la
paix et de la sécurité internationale telles que prévu au chapitre 10 de la charte des
Nations Unies, et dans le même temps, permettent le développement et l’enrichissement
du Droit international. Par contre, il y a d’autres qui pensent que la prolifération des
tribunaux, la diversification des sources du Droit international sont à l’origine de
l’augmentation des risques de chevauchements de compétences entre juridictions au
détriment d’une application plus objective de la justice internationale et de l’unité
d’ensemble du système juridique international, ce qui contribuerait à effriter l’unité du
droit international et lui enlèverait tout son sens.

C’est pour cela la majorité des juristes, aujourd’hui, s’accordent à dire que le droit
international se fragmente, et qui devient de plus en plus complexe du fait de la diversité
de ses sources, en émergeant le concept droit mondialisé.

Cependant, la fragmentation ne saurait rien d’autre qu’une division continue du Droit


international en branches régionales ou spécialisées : une division qualifiée de pluralisme
juridique.

De ce fait, il est permis de souhaiter avec Emmanuelle Jouannet dans son ouvrage « le
droit international », que cette pluralité nouvelle soit bénéfique à tous et non pas le signe
d’un grand bazar international qui ne serait profitable qu’aux plus puissants de ce jeu
désorganisé, autrement dit, que soit conservé la fonction sociale première du droit
international qui est d’imposer des limites au libre déploiement des souverainetés étatiques
ainsi que des puissances transnationales et mondiales de tous ordres .

Généralement, la vision du pluralisme juridique semble aujourd’hui être au centre de deux


forces opposées, l’une poussant vers une fragmentation du droit international et l’autre
vers une inter-connectivité et une cohérence entre les ordres juridiques. Comme ces forces
interagissent, un nouvel ordre juridique international émerge. Il n’est complètement
fragmenté, ni complètement unitaire. Selon cette vision, cet ordre nouvel doit être décrit
comme pluraliste, alors que selon la théorie de pluralisme juridique, l’ordre juridique est
une entité qui se conduit selon les normes, mais qui conduit les normes elles-mêmes.

B-L’autonomie de l’ordre juridique communautaire, un


risque du développement du droit international :
Pour mieux percevoir la portée de l'action d'une juridiction telle que la Cour de justice
de Luxembourg au regard de la cohérence du droit international, on affirme l'autonomie
de l'ordre juridique par rapport au droit international, la Cour soustrait au champ
d'application des règles du droit international général le système juridique spécifique
constitué par l'ordre juridique communautaire, et en ce sens, on est en présence d'un
facteur d'affaiblissement ou d'émiettement du droit international.
La proclamation de l'autonomie du droit communautaire, aussi bien par rapport au droit
international général que par rapport au droit interne des États membres de l'Union
européenne, est un thème classique de la jurisprudence de la Cour de justice sur lequel il
est inutile d'insister. L'évolution de la jurisprudence de la Cour s'est dans le sens de
l'affirmation solennelle, suivie d'ailleurs par une réitération quasi-incantatoire visant à la
construction d'un mythe juridique, de l'autonomie ou de la spécificité du droit
communautaire par rapport au droit international public. On en connaît tous les jalons
célèbres.
Selon l'arrêt Van Gend en Loos, la Communauté constitue un nouvel ordre juridique de
droit international au profit duquel les États ont limité, bien que dans des domaines
restreints, leurs droits souverains ».
La formulation pouvait être jugée discutable sur le plan théorique, si on aborde les choses
en termes kelséniens, puisque soit que le droit communautaire est une branche du droit
international et donc il n'est pas autonome, soit il est autonome et ne peut plus
logiquement être considéré comme un sous-ensemble du droit international.
Mais dès l'année suivante, la Cour de justice va couper, selon la formule habituellement
retenue, le cordon ombilical qui retenait le droit communautaire dans l'orbite du droit
international. Selon l'arrêt Costa c. ENEL,
(...) à la différence des traités internationaux ordinaires, le traité de la C.E.E. a institué un
ordre juridique propre, intégré au système juridique des Etats membres lors de l'entrée en
vigueur du traité et qui s'impose à leurs juridictions.

Dès lors, il est clair que le droit communautaire est conçu comme par essence distinct du
droit international.
Comment cette autonomie se manifeste-t-elle? On sera tenté de mettre en évidence
certaines expressions à caractère ponctuel de cette affirmation d'indépendance par rapport
au droit international général, avant de montrer qu'elles portent témoignage d'un esprit
plus global.
Au titre des illustrations particulières, on peut souligner par exemple que la Cour de
justice a toujours refusé d'admettre la révision coutumière des traités constitutifs. De ce
point de vue, si l'on compare l'Avis consultatif sur la Namibie avec la jurisprudence de la
Cour, la solution est radicalement différente. Selon la Cour inter nationale de Justice,
La procédure suivie par le Conseil de Sécurité qui est demeurée inchangée après
l'amendement apporté à l'article 27 de la Charte en 1965 a été généralement acceptée par
les membres des Nations Unies et constitue la preuve d'une pratique générale de
l'Organisation.
Inversement, pour la Cour de justice des Communautés européennes, une simple pratique
ne peut prévaloir sur les normes du traité et les règles relatives à la formation des volontés
des institutions communautaires sont établies par le Traité et ne sont pas à la disposition
des États membres et des institutions, à supposer même qu'il s'agisse d'une pratique
généralement acceptée par les États.
De même, à la différence des juridictions internationales, le juge communautaire refuse
d'accepter la caducité des obligations conventionnelles par désuétude. Même chose dans le
fait de refuser la transposition des règles du droit des traités fondées sur la réciprocité,
telles que l'exception d'inexécution par l'autre partie ou l'estoppel, ou encore dans le refus
d'appliquer mécaniquement les règles de compatibilité des obligations conventionnelles
successives, telles qu'elles sont formulées par l'article 30 de la Convention de Vienne sur le
droit des traités. On peut mentionner égale ment le fait que le juge communautaire
n'hésite pas à écarter des normes plus substantielles telles que les règles sur la nationalité
des personnes physiques la jurisprudence Nottebohm, bien connue, donne lieu à une
application très étrange par la Cour de justice dans l'affaire Micheletti (14), où il est refusé
qu'un État s'op pose à l'attribution de la nationalité par un autre État membre, alors
même que la seconde nationalité serait une nationalité fictive ou artificielle au sens de la
jurisprudence de la Cour internationale de Justice.
Cette réticence à transposer directement dans l'ordre juridique communautaire une règle
de droit international pourrait aussi être illustrée par un exemple hautement significatif :
le Tribunal de première instance des Communautés européennes, alors qu'il aurait pu se
fonder sur le principe de bonne foi, tel qu'il est codifié sur ce point par les articles 18 et 27
de la Convention de Vienne sur le droit des traités, a préféré condamner une atteinte à
l'objet et au but d'un traité entre sa signature et son entrée en vigueur sur la base du
principe communautaire de confiance légitime. De même, la Cour s'abstient en règle
générale d'examiner si les conditions du droit international des traités, et notamment celles
de l'article 46 de la Convention de Vienne, sont réunies avant de prononcer la nullité de
l'acte par lequel la Communauté a conclu un accord avec un pays tiers. On peut évoquer
également les sanctions prononcées à l'égard des Etats membres qui maintiennent des
relations conventionnelles avec des pays tiers établies antérieurement à leur adhésion à
l'Union européenne, ou encore celles qui frappent les Etats membres qui concluent de
nouveaux accords avec des États tiers en violation des compétences internationales de la
Communauté.
Plus globalement, l'attitude du juge communautaire à l'égard du droit des gens peut être
illustrée par la position classiquement retenue par la jurisprudence concernant la
construction des principes généraux du droit communautaire. S'il est vrai que la Cour de
justice accepte d'emprunter certains principes généraux du droit à l'ordre international, cet
appel ne se traduit jamais par une application directe et automatique, mais intervient à
l'issue d'un processus de sélection et de filtrage destiné à sauvegarder l'autonomie de l'ordre
juridique communautaire.
Certes, il ne s'agit pas de dire que la jurisprudence de la Cour de justice est en contradiction
avec l'ensemble des règles du droit international public, mais plutôt de constater qu'existe
une tendance jurisprudentielle à interpréter les règles du droit international public dans un
sens qui protège au maximum l'autonomie de l'ordre juridique communautaire, ou comme
on l'a dit, dans un sens qui vise à assurer une prééminence de la logique communautaire » .
N'encourt-on pas alors ce fameux risque d'émiettement du droit international du fait de
l'interprétation autonome qui en est donné par les juridictions régionales telles que la Cour
de justice des Communautés européennes? N'est-t-il pas dans ces conditions paradoxal
d'affirmer que le droit international sort renforcer de la création et du développement du
système juridique communautaire?
Conclusion
On pose la question suivante dans notre conclusion : comment développer le droit ?

Ce problème soulève une question intéressante et de caractère général, qui mérite d'être
mentionnée (même si on ne peut y apporter de réponse) dans ce contexte. Quelle est la
meilleure manière de développer le droit: élaborer de nouvelles dispositions sous la forme
d'un traité liant les parties ou rédiger une déclaration (non obligatoire) de principes
généraux dont l’applicabilité est considère comme toute naturelle? La démarche fondée sur
une déclaration générale a fait ses preuves en tant qu'étape préliminaire dans l'élaboration
définitive d'un instrument juridique. Le problème est toutefois légèrement différent,
semble-t-il, lorsqu'une situation est déjà couverte par des dispositions juridiques, même de
manière insuffisante. Quelles seront alors la valeur et l'efficacité d'une déclaration qui
entre en concurrence avec des dispositions juridiques obligatoires ? II faut tout mettre en
œuvre pour éviter l'affaiblissement du droit existant, avec ses dispositions complexes liées
a des questions spécifiques et avec son dispositif d'application. La question est de savoir si
une déclaration générale n'est pas susceptible d'inciter les gouvernements à déroger a leurs
obligations spécifiques et concrètes aux termes des traites et a adopter des principes
généraux qui leur laissent forcement une plus grande liberté d'action. Les principes
généraux ne sont-ils pas plus facilement écartes que le droit avec ses procédures
d'application concrètes? Ne court-on pas le risque de voir des gouvernements s'abriter
derrière des principes généraux — plus facilement respectes étant donne leur caractère
général — afin de se soustraire a des obligations spécifiques découlant des traités ?
Référence bibliographies
1-OUVRAGES :

 Delas. O, Côté. R, Leuprecht. P, Les juridictions internationales : complémentarité ou


concurrence ?, édition Bruylant, Bruxelles, 2005, p, 64-69
 Deyra. M, Droit international public, Gualino édition EJA, Paris, 2007, p, 22-23, 135-144
 Kolb. R, Théorie du jus cogens, édition graduate institute publications, Genéve, 2009, p181-
187
 Leuprecht. P, Déclin du droit international ?, édition Pul, Québec, 2009, p, 16-18
 Martineau. A, Le débat sur la fragmentation du droit international, édition Bruylant,
Bruxelles, 2016, p, 14-16

2-ARTICLES DE DOCTRINE :

 Berman.P.S, LE NOUVEAU PLURALISME JURIDIQUE, RIDE, 2013, p, 236-237


 Gasser.H, Quelques réflexions sur l’avenir du droit international humanitaire, RICR, 1984, p,
26
 McLachlan. C, ENTRE LE CONFLIT DE LOIS, LE DROIT INTERNATIONAL PUBLIC ET
L’APPLICATION INTERNATIONALE DU DROIT PUBLIC : LE DROIT DES RELATIONS EXTERNES
DES ÉTATS, RCDIP, 2018, p, 198-201

3-DOCUMENTS DE TRAVAIL :

 Arrêt du 20 février 1969, concernant les affaires du plateau continental de la mer du nord

4-WEBOGRAPHIE :

 https://www.planetedroit.com/le-droit-international-public-definitions
 file:///C:/Users/ASUS/Desktop/NTDI/DIP/Une%20privatisation%20in%C3%A9dite%20de%20l
a%20norme%C2%A0_%20le%20cas%20de%20la%20politique%20comptable%20europ%C3%
A9enne.html
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