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INTRODUCTION : LA NOTION DE DROIT

Dans le langage juridique, la notion du droit a deux sens. On distingue: Le droit objectif et les
droits subjectifs
Le droit objectif est l’ensemble des règles obligatoires qui organisent la vie des hommes en
société.
C’est-à-dire les rapports des individus entre eux ou avec la puissance publique. Le droit est
alors défini par son objet qui est l’élaboration des règles régissant la conduite des hommes
vivant en société. C’est ainsi que l’on parle, du droit sénégalais, du droit pénal, du droit sur le
domaine national etc.
Les droits subjectifs sont les prérogatives reconnues aux personnes (sujets de droit) en
application du droit objectif. Quand une personne dit « Moi, j’ai le droit de…», elle exprime
un droit subjectif. Les droits sont ici définis en tenant compte de leur titulaire, on parle par
exemple du droit de propriété, du droit à la santé, du droit à l’éducation , du droit de manger,
etc.
CHAPITRE I : LA REGLE DE DROIT
Le droit objectif est un ensemble de règles de droit, et la règle de droit est définie comme une
règle de conduite sociale dont la violation fait l’objet d’une sanction.
A- Les caractères de la règle de droit
Elle présente plusieurs caractères.

 La règle de droit est générale et impersonnelle

C’est-à-dire elle s’applique à tous, sans distinction. C’est une garantie contre l’arbitraire et
pour l’égalité des hommes devant la loi.

 Elle est obligatoire

C’est-à-dire qu’elle doit être respectée par tous. Toutes les lois n’ont pas cependant la même
force obligatoire. En effet il y a lieu de distinguer les lois impératives des lois supplétives.
La loi impérative est d’ordre public. Une loi est d’ordre public lorsqu’on ne peut pas échapper
à son application. Elle permet à l’état d’imposer sa volonté dans le but d’atteindre des
objectifs d’intérêt général. Exemple : la loi interdisant la vente de drogue etc.
A l’opposé la règle de droit a un caractère supplétif si son application est facultative. Une
telle loi est courante en matière contractuelle avec le principe de l’autonomie de la volonté des
parties.
 le caractère permanent de la règle de droit

Le caractère permanent ne signifie pas que la règle de droit est éternelle. Elle a un
commencement et une fin. Elle signifie que celle-ci est applicable de façon constante durant
son existence .Elle s’applique à chaque fois que les conditions qu’elle prévoit sont réunies .En
effet la règle de droit peut être retirée de la vie juridique par abrogation, qui peut résulter
d’une volonté expresse ou tacite de l’autorité qui a édicté la règle.

 le caractère coercitif de la règle de droit

La règle de droit doit être respectée. Sa violation est source de sanction. Celui qui cause à
autrui un dommage est tenu de le réparer.
La sanction peut être civil (nullité d’un acte, saisie, dommage et intérêt…), pénale (amende,
peines privatives de liberté c’est-à-dire un emprisonnement), administrative (le retrait du
permis de conduire)

 le caractère extérieur de la règle de droit

Elle est extérieure à la volonté individuelle des personnes qui y sont soumises.
B- Les différentes branches du droit
Le droit objectif se divise classiquement en deux branches
1. Le droit national ou droit interne
Il s’agit du droit public et du droit privé
 Le droit public
Il a pour objet l’organisation et le fonctionnement des pouvoirs publics et leurs rapports avec
les particuliers. Il comprend :
1) Le droit constitutionnel
C’est l’ensemble des règles qui organisent le fonctionnement des pouvoirs publics (le mode
d’élection du président de la république, et des députés, le système présidentiel ou
parlementaire…)
2) le droit administratif
Il régit principalement les rapports des particuliers avec les autorités administratives.
3) le droit fiscal
C’est l’ensemble des règles constituées par les finances publiques. Il réunit les règles qui
gouvernent les dépenses et les recettes des collectivités publiques, ce qui implique notamment
l’organisation du budget de l’Etat.
4) Le droit pénal
Ce sont les règles qui qualifient et sanctionnent les infractions
 Le droit privé
Il regroupe l’ensemble des règles qui régissent les rapports des particuliers entre eux. Il
comprend :
a) le droit civil
C’est le droit commun. Il a pour objet la réglementation des droits et obligations naissant des
rapports entre particuliers.
b) Le droit commercial
Il régit les rapports ayant un caractère commercial
c) Le droit du travail
Il réglemente les rapports entre employeurs employés
2. Le droit international ou droit externe
C’est l’ensemble des règles régissant les relations entre les états et également les relations
internationales entre les particuliers.
Il se subdivise en droit international public et en droit international privé
 le droit international public
Il réglemente les rapports des Etats entre eux
 le droit international privé
Il régit les rapports entre particulier qui comportent des éléments étrangers. Exemple(le
mariage d’une sénégalaise avec un français)
CHAPITRE II : LES SOURCES DU DROIT OBJECTIF
Etudier les sources du droit revient à savoir les différentes origines de la règle de droit. Les
sources du droit sont multiples. Ainsi nous avons :
A. La constitution
La constitution c’est l’ensemble des règles de droit qui déterminent le fonctionnement des
institutions politiques de l’état (les différents organes de l’état) ainsi que leurs rapports. Elle
précise et garantit les droits fondamentaux reconnus au citoyen (droits et libertés).
La constitution actuelle a fait l’objet de plusieurs réformes dont la dernière par référendum en
date du 20 mars 2016.
Toutes les lois en vigueur dans l’état doivent être conformes à la constitution car étant au
sommet de la hiérarchie des normes applicable dans l’état.
Le conseil constitutionnel est chargé de vérifier la conformité des lois et des traités
internationaux à la constitution par voie d’action (contrôle à priori) ou par voie d’exception
(contrôle a posteriori)
B. Les traités internationaux
Ce sont des accords bilatéraux ou multilatéraux conclus entre les états dans différents
domaines : Economique et monétaire, social, juridique, commercial ; Exemple : Traité
instituant l’UEMOA, l’OHADA...
Les traités acquièrent une valeur juridique supérieure à celle des lois après leur ratification et
leur publication au journal officiel.
C. La loi
Elle se définit comme une règle de droit écrite générale et obligatoire élaborée par
l’assemblée nationale. Ainsi, on distingue plusieurs sortes de lois.
1- Les différents types de loi
 La loi constitutionnelle : Est une loi qui modifie ou révise certaines dispositions de la
constitution.
 La loi organique : Est une loi qui précise ou complète les dispositions de la
constitution, mais qui n’a pas le caractère de loi constitutionnelle.
 La loi ordinaire : Est la loi adoptée par l’assemblée dans les domaines que la
constitution lui attribue expressément.
 La loi référendaire : Est une loi adoptée directement par le peuple et non par les
représentants du peuple au moyen d’un referendum national.
2- Le processus de création d’une loi
 L’élaboration de la loi
La loi peut être élaborée sous deux formes. Sur initiative du gouvernement c’est-à-dire du
président de la république ; on l’appelle projet de loi ou sur initiative du parlement c’est-à-
dire les députés et on l’appelle proposition de loi.
 Le vote de la loi
Le projet ou la proposition de loi est transmis à l’assemblée nationale pour être discutée,
amendée et votée.
 L’entrée en vigueur de la loi
La loi entre en vigueur par sa promulgation et sa publication.
La promulgation est une opération juridique par laquelle le chef de l’état constate que
l’assemblée nationale a voté définitivement une loi et ordonne que cette loi soit exécutée. Elle
a lieu dans les 8 jours qui suivent le délai de 6 jours pour la saisine éventuelle du conseil
constitutionnel.
Quant à la publication, elle a pour objet de porter le texte de loi à la connaissance du public
(publication au journal officiel).
La loi devient obligatoire après sa publication au J.O. Et une fois publiée, la loi bénéficie de
la présomption de connaissance énoncée dans l’adage traditionnel, « Nul n’est censé ignorer
la loi ». Ce principe signifie que la loi une fois publiée est d’application générale et qu’on ne
peut passer outre en tirant argument de son ignorance.
3- L’application de la loi dans le temps
La loi bien que permanente, n’est pas perpétuelle, elle change en fonction des besoins du
groupe social. La succession de lois dans le temps pose le problème de conflit de loi dans le
temps. La succession des lois dans le temps pose alors la question de savoir quelle est la loi
applicable à une situation juridique, lorsque cette situation juridique peut être soumise à
plusieurs lois ? Autrement dit quels sont les faits, les actes qui seront régis respectivement par
la loi ancienne et par la loi nouvelle ?
a) Le principe de la non rétroactivité de la loi
o Signification du principe

Ce principe signifie que la loi nouvelle ne peut régir les faits et actes juridiques qui se sont
passés avant sa promulgation, en vue de modifier ou d’effacer les effets juridiques produits
sous l’empire de la loi ancienne. Autrement dit la loi nouvelle s’applique aux situations
juridiques (accident, vente) nées après sa date d’entrée en vigueur. Elle ne s’applique pas aux
situations juridiques qui sont nées et accomplies avant son entrée en vigueur.
o Les exceptions au principe

Le principe comporte 3 exceptions : il s’agit des lois déclarées rétroactives par le législateur,
des lois interprétatives et des lois pénales plus douces.
Les lois déclarées expressément rétroactives par le législateur
Elles sont rares, et sont édictées en vue de faire face à des situations exceptionnelles. Elles
doivent résulter d’une volonté expresse du législateur.
Les lois interprétatives
Ceux sont des lois qui précisent le sens ambigu ou obscur d’une loi antérieure. Elles
s’appliquent rétroactivement à la date d’entrée en vigueur de la loi qu’elle interprète.
Les lois pénales plus douces
Sont celles qui suppriment une incrimination ou réduisent le taux d’une peine lorsqu’un
jugement de condamnation n’est pas encore définitif.
b) Le principe de l’effet immédiat
La règle générale est que la loi nouvelle s’applique immédiatement aux situations en cours. Il
importe peu que la situation juridique ait été créée avant l’entrée en vigueur de la loi
nouvelle. Celle-ci ne s’appliquera cependant qu’à la partie de la situation juridique qui se
déroule à partir de la promulgation de la loi nouvelle, à l’exclusion de celle qui s’est déjà
déroulée. Le principe de l’application immédiate de la loi ne s’applique qu’aux situations
extracontractuelles.
Par conséquent les effets des contrats conclus antérieurement échappent à la loi nouvelle. Il
est ainsi parce que le contrat est un accord de volonté entre deux personnes. C’est la volonté
qui crée la situation juridique et l’application immédiate de la loi irait à l’encontre de la
volonté des parties .Il existe cependant quelques limites à cette exception.
La première concerne les contrats que le législateur entend expressément soumettre à la loi
nouvelle et la deuxième limite provient des lois d’ordre public.
4- L’application de la loi dans l’espace
La loi sénégalaise s’applique sur tout le territoire sénégalais aux nationaux et aux étrangers
qui y vivent. Toutefois, un conflit de loi peut naitre du développement des rapports
internationaux. Le conflit de loi est résolu par les règles du droit international privé.
5- L’abrogation
L’abrogation désigne l’abolition, la suppression d’une loi. Elle peut être le fait du législateur
lui-même. Dans ce cas, elle prend deux forme : elle est soit expresse, soit tacite.
Elle est expresse lorsque le législateur exprime clairement sa volonté d’abroger une loi. Elle
est tacite lorsque le législateur adopte une loi nouvelle dont les dispositions sont contraires à
celles de la loi nouvelle.
L’abrogation peut également être faite en dehors du législateur. Ce, par la non application ou
l’oubli d’une loi, par la population. C’est ce que l’on appelle l’abrogation par désuétude.
D. Le règlement
Le règlement est une règle de droit élaborée par une autorité administrative appartenant au
pouvoir exécutif.
Constituent des règlements :
 Les décrets du président de la république
 Les arrêtés ministériels, préfectoraux, du maire, du recteur président de l’assemblée
de L’université
Les règlements doivent être conformes aux lois qui leur sont supérieures et qui font l’objet
d’un contrôle de légalité par voie d’action (recours pour excès de pouvoir), c’est-à-dire la
saisine directe de la cour suprême à des fins d’annulation ou par voie d’exception (exception
d’illégalité) qui permet d’écarter son application uniquement dans l’affaire pour laquelle elle a
été soulevée à l’occasion d’un procès.
Pour son entrée en vigueur, le règlement fait l’objet d’une publication au J .O qui consiste à
porter l’acte à la connaissance du public et à partir de sa publication, la règle de droit
bénéficie d’une présomption de connaissance.
E. La jurisprudence
La jurisprudence désigne l’ensemble des décisions concordantes rendues par les juges sur une
question de droit déterminée. Elle est une source de droit parce qu’elle permet d’interpréter
une loi imprécise ou de combler un vide juridique ou lacunes de la loi. Le juge qui refusera
de juger sous prétexte du silence, de l’obscurité ou de l’insuffisance de la loi, pourra être
poursuivi comme coupable du déni de justice.
F. La doctrine
La doctrine c’est l’ensemble des opinions émises sur le droit par les auteurs notamment les
professeurs de droit, les praticiens du droit (Avocats, Magistrats,…), etc. Elle est source de
droit parce qu’elle propose de nouvelles solutions, interprète et fait apparaitre les
imperfections de la règle de droit.
Elle ne s’impose pas aux juges, elle n’est pas obligatoire. Elle conduit parfois à l’élaboration
de nouvelles lois par l’assemblée nationale, à l’application et à l’interprétation du droit par les
juridictions.
G. La coutume
La coutume est une règle non écrite émanant d’un groupe social et que les membres du
groupe considèrent comme obligatoire.
La coutume comprend deux éléments constitutifs :
 Un élément matériel ; c’est-à-dire la répétition. La formation d’une coutume suppose
en effet que la règle de conduite est appliquée plusieurs fois. Cette pratique doit avoir un
caractère général c’est-à-dire doit être largement répandue ; et constant c’est à dire
régulièrement suivie, appliquée.
 Le second élément est psychologique. C’est la croyance au caractère obligatoire de la
règle coutumière par les membres du groupe.
La coutume entretient trois sortes de rapports avec la loi :
 Les coutumes secundum legem
C’est lorsque la loi permet l’application de la coutume .Exemple : le mariage coutumier
autorisé par la loi.
 Coutumes praeter legem
Elles s’appliquent dans le silence de la loi ou lacunes.
 Coutumes contra legem
C’est-à-dire contraire à la loi qui s’oppose à la loi. Exemple : L’excision.
CHAPITRE III : LES DROITS SUBJECTIFS
Les droits subjectifs désignent les prérogatives particulières dont une personne (un sujet) peut
se prévaloir sur un bien ou sur une personne. Ils peuvent être distingués selon leur caractère
patrimonial ou extrapatrimonial.
I/ Les sources des droits subjectifs
Les droits subjectifs sont des prérogatives reconnues en vertu du droit objectif. Mais, leur
existence suppose des actes ou des faits juridiques. Autrement dit les droits subjectifs peuvent
se retrouver dans chaque acte juridique, dans chaque fait juridique.
1- Les actes juridiques
a. Définition
L’acte juridique est une manifestation de volonté en vue de créer des effets de droit
b. Classification
Il est possible de classer les actes juridiques suivant plusieurs critères.
 Les actes unilatéraux et les actes multilatéraux
L’acte unilatéral est l’acte qui résulte de la manifestation de volonté d’une seule personne.
Exemple : le testament, la reconnaissance de dette, la reconnaissance d’un enfant etc.
Il ne faut pas confondre, l’acte unilatéral avec le contrat unilatéral qui, comme tout contrat
suppose l’accord de deux ou de plusieurs volontés mais, ne crée d’obligations qu’à la charge
de l’une des parties. Exemple : la donation.
Le contrat unilatéral doit être distingué du contrat synallagmatique qui crée des obligations à
la charge de chacune des parties. Exemple : la vente.
L’acte multilatéral découle de la manifestation de volonté de deux personnes (acte bilatéral)
ou de plusieurs personnes (acte multilatéral). Exemple : la vente, une convention.
 Les actes conservatoires, d’administration, de disposition
L’acte conservatoire est celui qui a pour effet de maintenir les droits dans leur état actuel, de
les consolider, et d’empêcher qu’ils ne se perdent. Exemple : la publicité d’une hypothèque.
L’acte d’administration est un acte ayant pour but la gestion normale d’un patrimoine, en
conservant sa valeur et en le faisant fructifier. Exemple : Arroser un arbre, location d’un
bien…
L’acte de disposition est un acte qui fait sortir un bien du patrimoine et pouvant diminuer la
valeur du patrimoine .exemple : la donation d’un bien.
 Les actes à titre onéreux et les actes à titre gratuit
L’acte à titre onéreux est un acte procurant un avantage moyennant une contrepartie.
Exemple : la vente, le bail…
L’acte à titre gratuit, c’est lorsqu’ une personne transmet un droit qui lui est propre avec une
intention purement libérale. Exemple : Donation, testament…
 Les actes entre vifs et les actes à cause de mort
L’acte entre vifs est un acte qui produit des effets du vivant des parties (vente, donation)
L’acte à cause de mort est un acte qui produit des effets à la mort de son auteur (testament)
NB : la liste des actes juridiques n’est pas exhaustive. Il y a d’autres catégories d’actes qui
existent à l’exemple des actes translatifs (testament), des actes déclaratifs (reconnaissance
d’un enfant), des actes constitutifs (jugement de divorce) etc.
2- Les faits juridiques
Un fait juridique est un événement quelconque auquel la règle de droit attache des effets de
droit qui n’ont pas été spécialement et directement voulus par les parties.
Le fait juridique peut être un fait naturel exemple : la mort naturelle d’une personne produit
des conséquences juridiques : sa succession est ouverte à ses héritiers et légataires.
Mais le fait juridique peut également être le fait de l’homme de façon involontaire exemple un
conducteur commet un accident par imprudence en brulant les feux de signalisation et blesse
involontairement un piéton. Cette imprudence produit des effets juridiques : la faute du
conducteur crée à sa charge une obligation de réparer le dommage subi par la victime.
Ou de façon volontaire, exemple le fait de porter des coups occasionnant des blessures
donnant droit à réparation.
II/ Classification des droits subjectifs
Les droits subjectifs peuvent être distingués selon leur caractère patrimonial ou
extrapatrimonial.
A- Les droits patrimoniaux
Ce sont des droits évaluables en argent ; ils font partie du patrimoine d’une personne. Ces
droits sont cessibles, transmissibles, saisissables et prescriptibles.
1- Le patrimoine
L’ensemble des droits patrimoniaux constitue le patrimoine.
Le patrimoine n’est pas un ensemble de biens, mais un ensemble de droits et d’obligations
ayant une valeur économique. Les droits patrimoniaux peuvent cependant porter sur des
biens.
Le patrimoine est une unité juridique, une universalité de droit, distincte des éléments qui le
composent. C’est un contenant qui a un contenu. Le patrimoine comprend un actif constitué
par l’ensemble des droits de la personne et un passif constitué de dettes et de toutes
obligations. Les éléments qui le composent sont appréciables en argent, par conséquent, ils
sont cessibles à de nouveaux titulaires, saisissables par les créanciers, transmissibles aux
héritiers et légataires et sont enfin prescriptibles.
Le patrimoine, émanation de la personnalité, y est indissolublement lié. Cette liaison entre le
patrimoine et son titulaire entraine des conséquences.
 Toute personne a un patrimoine. Ainsi l’enfant qui vient de naitre, celui qui n’a pas de
Dette, celui qui n’a rien, a un patrimoine
 Tout patrimoine a forcément un titulaire, car toute masse de biens et de dettes est
rattachée à une personne. Ainsi, le patrimoine du défunt passe aux héritiers.
 Toute personne n’a qu’un seul patrimoine. Le patrimoine est unique et indivisible car,
lié à la personne. Ainsi le commerçant qui isole, dans son patrimoine, une masse de biens
pour l’affecter à son entreprise ne crée pas un second patrimoine.
 Le patrimoine est intransmissible entre vifs car il reste lié à la personne et lorsque son
titulaire décède il disparait avec lui.
Il n’en est pas de même pour les éléments qui le composent. En effet, de son vivant, une
personne peut céder des biens de son patrimoine mais pas l’intégralité de son patrimoine
2- La composition des droits patrimoniaux
On distingue trois catégories de droits patrimoniaux : Les droits réels, les droits personnels et
les droits intellectuels.
a) Les droits réels
Ces droits sont ceux qui donnent à la personne un pouvoir direct et immédiat sur une chose.
Les droits réels se divisent en droits réels principaux et en droits réels accessoires.
1) les droits réels principaux
Il s’agit du droit de propriété et de ses démembrements
 Le droit de propriété
C’est le droit le plus absolu qu’une personne peut avoir sur une chose. Il confère trois attributs
à son titulaire :
L’usus, le droit de faire usage de la chose
Le fructus, le droit de percevoir les fruits ou revenus de la chose. Exemple : le loyer
Et l’abusus, le droit de disposer de la chose, soit en la transformant, en la détruisant, en
cédant le droit que l’on a sur elle, la vente par exemple.

 Les démembrements de la propriété


Les démembrements de la propriété ne confèrent à leur titulaire que quelques attributs.
Exemple : le droit d’usage, le droit d’habitation, l’usufruit, la servitude et l’emphytéose (bail
de longue durée 18 à 99 ans en droit français et 20 à 50 ans en droit sénégalais)
2) les droits réels accessoires
Ceux sont des droits réels qui servent de garantie à une créance. Par exemple le gage ou
l’hypothèque.
 L’hypothèque
C’est un contrat réel accessoire par lequel un débiteur donne à son créancier sans s’en
dessaisir un immeuble en garantie du remboursement de sa dette. Le créancier hypothécaire
dispose de droits spécifiques en cas de non-paiement.
Le droit de suite, qui lui permet de faire saisir l’immeuble quel qu’en soit le propriétaire.
Le droit de préférence, qui lui garantit d’être payé sur le produit de la vente de l’immeuble
avant les autres créanciers.
L’hypothèque doit être rédigée par acte authentique ou acte sous seing privé et doit être
inscrit au livre foncier pour prendre rang le jour de l’inscription et pour être opposable aux
tiers.
L’hypothèque peut être conventionnelle, judiciaire ou légale.
 Le gage
C’est un contrat par lequel un bien meuble corporel est remis au créancier ou à un tiers
convenu entre les parties pour garantir le paiement d’une dette.
Il n’est opposable aux tiers que s’il est constaté par écrit et publié au registre du commerce et
du crédit mobilier RCCM.
Le créancier gagiste a un droit de rétention, le droit de préférence, le droit de faire vendre,
après autorisation du tribunal et le droit de suite.
Si le contrat porte sur un bien meuble incorporel, c’est un gage sans dépossession appelé :
Nantissement. Ici le créancier nanti n’est donc pas en possession du bien ; il va cependant se
garantir en procédant à des formalités de publicité au RCCM afin que les tiers sachent que
cette chose est nantie. Le propriétaire débiteur continue à en user librement. Exemple : Le
nantissement du fonds de commerce. Le commerçant se fait prêter de l’argent en nantissant
son fonds de commerce qu’il continue à exploiter.
b) Les droits personnels, droits de créance, ou obligation
Ils sont également appelés droit de créance ou obligation. C’est-à-dire un droit en vertu
duquel une personne (un créancier) peut exiger d’une autre personne (débiteur) l’exécution
d’une obligation.
L’objet du droit personnel peut être une obligation de faire (exemple l’employé s’engage à
faire un travail), de ne pas faire (obligation de non concurrence), ou de donner (le vendeur
doit livrer le bien).
Le titulaire du droit personnel est un créancier chirographaire c’est-à-dire qui n’a pas de
garantie sur un bien déterminé du patrimoine de son débiteur pour le recouvrement de son dû.
Les créanciers chirographaires n’ont ni droit de suite ni droit de préférence ; ils sont payés soit
au marc le franc c’est-à-dire proportionnellement au montant de leur créance après
désintéressement intégral des créanciers munis de suretés ; soit au prix de la course c’est-à-
dire le premier arrivé devant le débiteur sera payé intégralement.
c) Les droits intellectuels
Ce sont des prérogatives que peut exercer un individu pour l’exploitation des œuvres nées de
son activité créatrice. L’activité peut être commerciale, artistique ou civile. Il s’agit des droits
d’auteur, des brevets d’invention, des marques, des clientèles civiles et commerciales. Les
droits intellectuels comportent un aspect moral qui révèle son caractère d’une part
extrapatrimonial et d’autre part, assimilable aux droits extrapatrimoniaux car ils sont
appréciables en argent, donc ayant une valeur économique par eux même.
B- Les droits extrapatrimoniaux
Les droits extrapatrimoniaux sont ceux qui ne peuvent pas faire l’objet d’une évaluation
pécuniaire, on dit qu’ils sont hors du commerce juridique.
Ce sont des prérogatives qui assurent à tout être humain le respect de son intégrité physique
ou moral, de son mode de vie, de ses mœurs et de ses aspirations.
Les droits extrapatrimoniaux comprennent :
Les droits de l’homme (droit à la vie, à la liberté, au mariage, au travail…)
Les droits familiaux (droit attaché à l’autorité parentale, les droits de chaque époux, …)
Les droits de la personnalité(le droit à l’image, au nom, au respect de son honneur…)
Les droits civils ou politiques(le droit de vote, le droit d’être éligible…)
A la différence des droits patrimoniaux, les droits extrapatrimoniaux, sont incessibles,
intransmissibles, insaisissables et imprescriptibles.
CHAPITRE IV : LES DIFFERENTES CHOSES, OBJET DE DROITS REELS
A- Les choses corporelles et choses incorporelles
-Une chose corporelle c’est ce qu’on peut toucher, une chose appropriable. Exemple : une
voiture, une maison…
-Une chose incorporelle par contre est une chose impalpable, immatérielle. Elle n’a qu’une
existence abstraite. Exemple : la clientèle d’un commerçant, le droit de l’auteur sur son
œuvre…
B- Les choses fongibles et les choses non fongibles
-Les choses fongibles sont encore appelées choses de genre c'est-à-dire qu’elles sont
interchangeables, lorsqu’elles existent en plusieurs exemplaires identiques pouvant être
remplacées les uns les autres. Exemple : un objet fabriqué en série.
-Les choses non fongibles encore appelées corps certains. Ce sont des choses uniques en
leur genre, individualisées, déterminées. Exemple : Un tableau de PICASSO.
C- Choses consomptibles et choses non consomptibles
-Les choses consomptibles sont celles qui disparaissent dès le 1 er usage. Exemple : les
aliments, l’argent…
-Les choses non consomptibles sont celles qui ne peuvent pas disparaitre par l’usage
qu’on en fait exemple : une voiture, le sol…
D- Les choses susceptibles d’appropriation privée et les choses non appropriables
La plupart des choses font l’objet d’un droit de propriété ; cependant, certaines choses par leur
nature même, ne sont pas appropriables. Elles ne peuvent donc faire l’objet de droits
subjectifs, l’objet d’appropriation privée. Il en est ainsi des choses communes telles que l’air,
l’eau de mer, l’eau de source, la lumière, le gibier, les produits de mer etc. Ces choses
appartiennent à tous. Mais, il faut préciser cependant que ces choses ne sont pas rebelles à
l’appropriation privée. Exemple : on peut puiser l’eau de mer, en extraire du sel et se
l’approprier.
E- Chose mobilières et choses immobilières
-Les choses mobilières ou meubles sont les biens qui peuvent être déplacés ou qui peuvent se
déplacer. Ainsi nous pouvons distinguer :
Les meubles par nature qui sont les choses mobilières corporelles qui peuvent se transporter
d’un lieu à un autre exemple : les choses inanimées, les animaux, voiture etc.
Les meubles par anticipation qui sont en réalité des immeubles fictivement considérés par la
jurisprudence comme des meubles parce qu’ils vont le devenir dans un avenir proche.
Exemple : récolte vendue sur pied, un arbre à abattre…

Les meubles par détermination de la loi qui ne sont pas à proprement parler des choses
corporelles. C’est la loi qui les considère fictivement comme des meubles. Il s’agit des droits
mobiliers. Exemple: toute action en justice relative à un bien meuble, les droits de créance, les
droits intellectuels, les parts d’associés dans une société (les parts sociales ou actions)…
-Les choses immobilières ou immeubles, sont les biens qui ont un caractère fixe.
Ainsi nous avons :
Les immeubles par nature. Il s’agit de biens corporels qui en raison de leur lien avec le sol ne
peuvent être déplacés. C’est le sol et tout ce qui y est fixé : fonds de terre (sol et sous-sol),
plantations tant qu’ils adhérent au sol, les constructions (et leurs accessoires) qui ont le sol
pour assise (bâtiments, canalisations d’eau, d’électricité). …
Les immeubles par destination qui sont en réalité des meubles que la loi considère fictivement
comme des immeubles en raison du lien qui les unit à un immeuble par nature dont il
constitue l’accessoire.
Soit parce qu’ils sont nécessaires à son exploitation ; exemple : le tracteur pour le champ,
animaux de culture, semences ;
Soit parce qu’ils font corps avec l’immeuble. Le bien est affecté à l’immeuble à perpétuelle
demeure ; c’est une affectation matérielle ; il peut s’agir de biens scellés (miroirs, boiseries,
statues…) ou de biens non scellés ; mais qui font partie d’un ensemble décoratif, constitué
comme tel dès l’origine ; ex : statues dans une niche ou sur un socle.
Pour qu’un meuble par nature devienne immeuble par destination, il faut que le meuble et
l’immeuble auquel il est attaché soient la propriété de la même personne et qu’un rapport de
destination existe entre le meuble et l’immeuble
Les immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent. Ce sont des droits considérés comme des
immeubles en raison de leur objet qui a un caractère immobilier. Il en est ainsi des actions en
justice réclamant un droit réel sur l’immeuble, la revendication d’un immeuble en justice, les
droits réels accessoires portant sur un immeuble notamment l’hypothèque.
CHAPITRE V : LA PREUVE DES DROITS SUBJECTIFS
Les preuves sont des procédés qui permettent d’établir l’existence d’un droit. Son étude
soulève quatre types de questions : Qu’est-ce qu’on doit prouver ? Qui doit prouver ? Par quel
moyen ? Et enfin Comment prouver ?
A- L’objet de la preuve
Il consiste à démontrer l’événement qui a donné naissance au droit (acte ou fait juridique).
Exemple : la victime d’un accident qui demande réparation doit démontrer les circonstances
de l’accident et l’implication de la personne mise en cause.
B- La charge de la preuve
La charge de la preuve consiste à déterminer qui doit rechercher et apporter la preuve des
prestations alléguées
1) Le principe de la charge de la preuve
Celui qui invoque l’existence ou l’absence d’un droit, doit en rapporter la preuve. C’est-à-dire
la charge de la preuve incombe au demandeur. C’est une règle fondamentale.
Cependant lorsque le défendeur prétend détruire la preuve rapportée par le demandeur, il sera
lui-même placé dans la situation du demandeur et devra dans ce cas prouver que ses
allégations sont conformes à la réalité.
2) Les exceptions au principe : Dispense de la charge de la preuve
Il s’agit ici de la présomption légale qui est une déduction que la loi tire d’un fait connu ou
établi pour déterminer un fait inconnu.
Il existe 2 sortes de présomptions légales :
 Présomption légale simple
La présomption légale est simple lorsque la loi permet qu’elle soit contestée par une preuve
contraire. Exemple article 191 du COCC prévoit une présomption de paternité au profit de
l’enfant conçu pendant le mariage de sa mère. Cet enfant n’a pas besoin de prouver que tel
homme mari de sa mère est son père. Cependant, une telle présomption est simple dans la
mesure où le père présumé peut désavouer l’enfant en démontrant qu’il n’en est pas l’auteur.
 Présomption légale irréfragable
La présomption légale est dite irréfragable lorsque la loi ne permet pas qu’elle soit contestée
par une preuve contraire. Exemple : l’autorité de la chose jugée. Ce qui est jugée est présumé
vrai, lorsque toutes les voies de recours ont été épuisées, la chose jugée devient inattaquable.
C- Les moyens de preuve
L’article 12 du COCC énumère les 5 modes de preuve autorisés par la loi. Il s’agit : de l’écrit,
du témoignage, de la présomption de fait ou de l’homme, de l’aveu judiciaire et du serment.
a) Les preuves écrites
L’écrit est rédigé pour constater un acte juridique (un contrat) ou un fait juridique (une
naissance). L’écrit revêt deux formes principales.
 L’acte authentique
C’est l’acte rédigé par un officier public compétent (notaire, greffier, officier d’état civil…)
L’acte est appelé « minute », il est conservé par l’officier public. Il ne peut s’en dessaisir, sauf
à en remettre des copies ou des extraits. L’acte authentique fait foi jusqu’à inscription de faux
de ce que l’officier public a fait ou constaté personnellement.
 L’acte sous seing privé
C’est l’acte rédigé et signé par les parties sans intervention de l’officier public. L’acte est
valable s’il est signé par les parties. Il fait foi jusqu’à la preuve contraire.
Lorsque l’acte est rédigé pour constater un contrat synallagmatique (obligations et devoirs
réciproques entre les parties), il doit être fait en autant d’exemplaires qu’il y a de parties qui
s’obligent. Cette règle s’appelle « le formalité du double ».
Lorsque l’acte est un engagement unilatéral (exemple la reconnaissance d’une dette), il doit
être rédigé en entier de la main de celui qui s’engage ; à défaut celui-ci portera sa signature et
la mention manuscrite « bon pour » ou « approuvé » suivie en lettres du montant de son
obligation.
 Les autres écrits
Ce sont les lettres missives qui sont des correspondances privées. Elles constituent un indice,
un commencement de preuve par écrit. S’agissant des copies et autres reproductions de titres,
la loi indique qu’elles ont la même force probante que l’acte lui-même lorsqu’elles sont
certifiées conformes à l’original par un officier public.
b) Le témoignage
Le témoignage est une déclaration faite par une personne sur des faits dont elle a eu
connaissance par elle-même. Le témoin c’est celui qui a vu ou qui a entendu ce sur quoi il
témoigne
La preuve par témoignage peut être distinguée de ce que l’on appelle, la preuve par commune
renommée, qui consiste en ce que des personnes rapportent, non plus ce qu’elles ont
constatées elles même, mais ce dont elles ont eu connaissance par l’intermédiaire d’autrui.
c) La présomption du fait de l’homme
Ce sont des déductions que le juge fonde sur des indices ou circonstances quelconques qui lui
sont signalés par les conclusions des parties. A partir de la constatation de certains indices, on
va présumer l’existence de faits qui ne sont pas directement établis.

d) L’aveu
C’est la reconnaissance faite par une personne de l’exactitude du fait ou de l’acte que son
adversaire invoque afin d’établir son droit sur elle.
L’aveu est judiciaire lorsqu’il est fait au cours d’un procès devant le juge. Cet aveu lie le juge
c’est-à-dire le juge doit tenir pour exact les faits avoués. Une fois fait, l’aveu judiciaire est en
principe irrévocable. Il peut cependant être rétracté pour cause d’erreur de fait. Exemple la
partie qui a reconnu être débitrice d’une dette, alors qu’elle s’en est déjà acquittée, peut
révoquer son aveu quand la mémoire lui revient.
L’aveu extrajudiciaire est celui qui n’est pas fait devant le juge : c’est une preuve imparfaite
que ne lie pas le juge.
e) Le serment
C’est l’affirmation solennelle de l’exactitude d’un fait ou d’un acte dont dépend l’issu du
litige. Il existe deux catégories de serment.
 Le serment décisoire est celui déféré par une partie à son adversaire. Ce dernier a
alors
3 possibilités :
Soit il prête serment et il gagne le procès, soit il refuse de prêter serment et il perd le procès,
soit enfin il réfère le serment au plaideur qui le lui a déféré.
Ce plaideur peut alors prêter serment et il gagne le procès ou refuser et il perd.
 Le serment supplétoire est celui qui est déféré par le juge à l’une des parties lorsqu’il
désire compléter son information. Ce serment ne lie pas le juge qui conserve toute sa liberté
d’appréciation.
D- L’admissibilité des moyens de preuve
Il convient de distinguer la preuve des actes juridiques et celle des faits juridiques.
a) La preuve des faits juridiques
Les faits juridiques peuvent en principe être prouvés par tous moyens.
Ce principe comporte cependant des limites concernant l’état des personnes. Ainsi la preuve
d’une naissance ou d’un décès … se fait normalement à l’aide des actes d’état civil (écrit)
b) La preuve des actes juridiques
Le principe
En principe, les actes juridiques doivent être prouvés par écrit dès l’instant où ils portent sur
une somme d’argent supérieure à 20 000 francs CFA.
Les exceptions
o Le commencement de preuve par écrit

C’est un document qui n’est pas un acte authentique, ni un acte sous seing privé, mais qui
émane de l’adversaire et qui rend vraisemblable le fait allégué. Exemple : une lettre missive,
un acte authentique irrégulier en la forme, un acte sous seing privé irrégulier en la forme, un
écrit non signé dont l’auteur peut être identifié par son écriture etc.
o L’impossibilité de se procurer un écrit

L’impossibilité peut être matérielle ou morale.


Elle est matérielle, lorsque par suite de certains événement imprévus, les parties n’ont pas eu
le temps de rédiger un écrit (incendie, naufrage…).Il en est ainsi également lorsque l’écrit
ayant été formé a été perdu par suite d’un cas fortuit et résultant d’une force majeur.
Quant à l’impossibilité morale, elle résulte surtout des usages. Dans certains cas, on considère
qu’il est moralement impossible de demander un écrit entre époux, entre amis…
o La liberté de preuve en matière commerciale

A l’égard des commerçants, les actes de commerce peuvent se prouver par tout moyen en
principe. Mais en présence d’un acte mixte c’est-à-dire un acte conclu entre un commerçant et
un non commerçant, la preuve se fait par tout moyen pour le non commerçant et par écrit
(règles de pré-constitution de la preuve en matière civile) pour le commerçant.
o Lorsqu’il existe une convention contraire.
CHAPITRE VI: LES INSTITUTIONS JUDICIAIRES DU SENEGAL
Une institution judiciaire est un organe doté par l’état du pouvoir de dire le droit pour trancher
des litiges et pour rendre des décisions ayant force exécutoire sur le territoire de l’Etat. Le
système judiciaire du Sénégal obéit à plusieurs principes.
I- Les principes qui gouvernent le système judiciaire sénégalais
 Indépendance du pouvoir judiciaire, proclamée dans le Préambule et à l’article 88
de la Constitution. Elle est l’une des caractéristiques de l’état de droit démocratique.
 Pouvoir de jurisdictio et d’imperium des institutions judiciaires
La Jurisdictio est l’acte de « Dire le droit ». Dire le droit consiste à appliquer à des éléments
de fait la règle de droit qui servira de fondement à la décision de justice.
L’impérium est le pouvoir de commandement. Il est constitué par la force exécutoire conférée
à la décision de justice ayant acquis l’autorité de la chose jugée (elle est devenue définitive, si
toutes les voies de recours sont épuisées).
 La justice un service public
Un service public est une activité exercée par des organes désignés ou agréés par l’état dans
le but de satisfaire un besoin d’intérêt général. Il est régi par les principes de devoir, d’égalité,
de gratuité et de continuité.
 Le devoir de rendre la justice
Nul n’a le droit de se rendre justice. « Le pouvoir judiciaire est gardien des droits et libertés
définis par la constitution et la loi. » Art. 91 de la constitution
Le juge régulièrement saisi qui refuse de statuer se rend coupable de déni de justice défini aux
articles 312, 313 du code de procédure civile et réprimé à l’article 165 du code pénal.
 Le principe de l’égalité de tous devant la justice
La mission fondamentale du pouvoir judiciaire est d’assurer l’égalité des citoyens par le droit.
Ce principe a des exceptions :
 Les juridictions d’exception
 La caution judicatum solvi : les étrangers sont tenus de verser une caution pour
garantir le paiement des dommages et intérêts et des frais de justice auxquels ils
seraient éventuellement condamnés (art. 110 CPC).
 Le principe de la continuité de la justice.
Les juridictions ne siègent pas par intermittence mais de manière continue tous les jours de
l’année. Les week-ends et jours fériés, le juge est saisi par voie de référé (procédure pour les
situations urgentes).
 Le principe de la gratuité de la justice.
Les justiciables n’ont pas à payer les agents de la justice (magistrat) ni certains de leurs
auxiliaires (greffiers et officiers de police judiciaire). C’est l’état qui assure leur rémunération.
Mais ce principe connait des exceptions :
 Les « frais de justice » : droits de timbre et droits d’enregistrement.
 Les honoraires des avocats, des notaires et des huissiers. Ils sont à la charge des
parties, sauf pour les prévenus aux Assises, celles et ceux qui n’en ont pas les moyens
ont un « avocat commis d’office » (ses honoraires sont payés par l’état) c’est ce qu’on
appelle une assistance judiciaire
 Unité du système judiciaire
Un seul ordre de juridiction regroupe les cours et tribunaux du Sénégal. Aussi, ce sont les
mêmes juges qui statuent en toutes les matières.
 Hiérarchisation des institutions judiciaires
Les juridictions nationales sont classées en juridictions du 1 er degré, juridictions du 2nd degré
et juridictions supérieures. Cette hiérarchisation découle du principe du double degré de
juridiction. La partie qui n’est pas satisfaite du jugement rendu en première instance peut faire
appel, c’est-à-dire saisit la juridiction du 2nd degré compétente afin que l’affaire soit rejugée.
II/ Le personnel de la justice
A- Les agents de la justice
Le corps judiciaire est composé des :
Magistrats des Cours et tribunaux, divisés en magistrats du siège et magistrats du parquet.
Les magistrats du siège sont les juges qui tranchent de manière définitive les litiges qui leur
sont soumis. Lors des audiences, ces magistrats restent assis. D’où leur désignation par le
vocable « magistrature assise».
Les magistrats du siège sont indépendants. Cette indépendance est garantie par le principe
constitutionnel de leur inamovibilité. Cela signifie qu’« Ils ne peuvent recevoir une affectation
nouvelle, même par voie d'avancement, sans leur consentement préalable. ». Toutefois la loi a
prévu une exception à ce principe chaque fois que « les nécessités du service l’exigent »
Dans l’exercice de leur fonction, les magistrats sont tenus de respecter le devoir de réserve et
celui d’impartialité « Les magistrats doivent rendre impartialement la justice sans
considération de personnes ni d'intérêt. »
Les magistrats du parquet sont les magistrats et qui forment le ministère public. Ils
représentent la société au nom de laquelle, ils requièrent l’application de la loi pénale à
l’encontre du prévenu Ils font leur réquisitoire debout d’où leur appellation de «magistrature
debout ». Ils forment le Ministère public. Ce dernier est sous l'autorité du Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice, tandis que chaque magistrat du parquet est placé sous la direction et le
contrôle de son chef hiérarchique.
Le ministère public n’est présent que dans les juridictions compétentes en matière pénale. Ce
sont :
- les délégués du procureur de la république dans les tribunaux d’instance;
- le procureur de la république et ses substituts, dans les tribunaux de grande instance ;
- le procureur de la république adjoint dans le tribunal de grande instance de Dakar ;
- le procureur général, les avocats généraux, les substituts généraux, dans les cours
d’appel
- le procureur général, les avocats généraux à la cour suprême.
B- Les auxiliaires de la justice
Les auxiliaires de la justice sont les personnes dont la profession est d’être au service des
magistrats dans l’exercice de leurs fonctions judiciaires ainsi que des justiciables. Il s’agit des
greffiers, des officiers de police judiciaire, des experts judiciaires, des administrateurs de
biens.

 Les greffiers : ils ont pour rôle


D’Assister les magistrats dans leurs missions et lors des audiences,
D’Accueillir et informer les justiciables,
De dresser les procès-verbaux,
D’Enregistrer les affaires,
De prévenir les parties des dates d'audience et de clôture.
 Les officiers de police judiciaire : ce sont
- les officiers de gendarmerie;
- les sous-officiers de gendarmerie exerçant les fonctions de commandant de brigade;
- les commissaires de police;
- les officiers de police;
- les élèves officiers et les sous-officiers de gendarmerie
- les fonctionnaires du cadre de la police
Le rôle des OPJ est :
- De recevoir les plaintes et les dénonciations ;
- De rechercher et constater les infractions à la loi pénale ;
- En rassembler les preuves ;
- En rechercher les auteurs.
Ils constituent la police judiciaire et exercent leur fonction sous l’autorité du procureur de la
république.
 experts judiciaires
ce sont des professionnels d’un secteur donné chargés par un juge de donner un avis technique
sur des faits relatifs à un litige soumis à la justice. Les experts sont inscrits sur une liste
établie auprès de chaque cour d’appel. Exemple : Architecte, Géomètre, ingénieur, Médecin,
Enquêteur social etc.
 Les administrateurs judiciaires de biens
Ce sont les personnes chargées par décision de justice d’administrer les biens d’autrui ou
d’exercer des fonctions d’assistance ou de surveillance dans la gestion de ces biens.
Dans l’exercice de leurs fonctions, ils sont contrôlés en permanence par les tribunaux qui les
désignent.
C- Les auxiliaires du justiciable
Ce sont les officiers ministériels (notaires et huissiers) ainsi que les avocats qui eux exercent
une profession libérale.
Les officiers ministériels sont des officiers publics (exercent une activité de service public et
dressent des actes authentiques), titulaires d’une charge (appelée office) qui leur est conférée
par décision ministérielle.
 Les notaires
Le rôle des notaires est de recevoir les actes et contrats auxquels les parties veulent donner ou
doivent donner le caractère de l’authenticité attachée aux actes de l’autorité publique pour en
assurer la date, en conserver le dépôt, en délivrer des grosses, expéditions et extraits. Ils
assurent le service public de la preuve et de l’authenticité.
 Les huissiers
Leur rôle est de s’assurer de la bonne application des décisions de justice. Ils sont chargés de
toutes les citations, assignations, procès-verbaux de constat, notifications, significations
judiciaires et extrajudiciaires ainsi que tous actes ou exploits nécessaires à l’exécution forcée
des actes publics, des ordonnances, jugements et arrêts. De plus, ils « peuvent procéder au
recouvrement de toutes créances, sauf interdiction expresse de la loi ».
 Les avocats
Ils exercent une profession libérale. Ils ont pour rôle de plaider, assister et représenter les
parties en toutes matières. Ils peuvent donner des conseils et consultations juridiques contre
paiement d’honoraires.
III/ Les différentes juridictions
L’ensemble des juridictions de l’ordre judiciaire national se présentent comme une pyramide.
A la base, les juridictions du premier degré ou de la première instance, ensuite celle du second
degré ou d’appel et au sommet, les juridictions suprêmes ou supérieures. Nous étudierons
leur compétence territoriale avant de voir leurs compétences matérielles
I/ La compétence territoriale
Le juge compétent territorialement est en principe celui du tribunal du domicile ou de la
résidence du défendeur. Exemple : Si un demandeur habite à Dakar et son adversaire est
domicilié à Thiès, la demande devra être portée devant le tribunal de Thiès.
Cette règle comporte cependant des exceptions :
 En matière immobilière, le tribunal compétent est celui du lieu de la situation de
l’immeuble.
 En matière successorale, le tribunal compétent est celui du lieu où la succession est
ouverte.
 En matière commerciale, le demandeur peut assigner la société au tribunal du lieu de
son principal établissement (siège) ou au tribunal du domicile de l’un de ses
représentants.
 En matière de divorce, la juridiction compétente est celle du domicile de la femme
mariée.
II/ La compétence matérielle
Nous avons les juridictions de droit commun et les juridictions spécialisées
A) Les juridictions de droit commun
Il s’agit des juridictions du 1er degré, du second degré et des juridictions suprêmes ou
supérieures.
1- Les juridictions de premier degré
Ce sont les tribunaux d’instance et les tribunaux de grande instance.
Par juridiction de première instance, nous entendons étudier les juridictions qui occupent le
premier degré dans la hiérarchie judiciaire et qui comme telles se prononcent pour la première
fois sur les affaires portées à leur connaissance.

a) Les tribunaux d’instance


On y trouve les magistrats du siège et les magistrats du parquet.
Le tribunal d’instance est territorialement compétent dans le ressort du lieu où il se situe.
Il est matériellement compétent en matière civile pour statuer sur les litiges dont l’objet est
inférieur à 2 000.000 francs CFA
Il est également compétent en matière de contravention et de petits délits.
Les TI sont compétents en matière civile en premier et dernier ressort jusqu’à la valeur de
300 000 francs CFA et à charge d’appel jusqu’à la valeur de 2 000 000 francs CFA
Toujours dans la limite de leur compétence, les TI sont compétents en matière de statut
personnel (mariage, succession, divorce), de saisie, pension alimentaire.
Ils sont aussi compétent pour interpréter et apprécier de la légalité des décisions
administratives, lorsque de cet examen de la légalité dépend la solution du litige
La décision rendue par un TI s’appelle : Un jugement. Elle est frappée d’appel lorsqu’elle a
été rendue en premier ressort. L’appel n’est plus possible lorsqu’elle a été rendue en dernier
ressort. Dans ce cas, le plaideur insatisfait ne dispose que d’une seule voie de recours à
savoir : Le pourvoi en cassation devant la Cour Suprême.
Ils connaissent en premier ressort quels que soient l’objet et le montant du loyer du litige des
actions relatives au contrat de louage d’immeuble à usage d’habitation Il est compétent
également en premier ressort quel que soit l’objet du litige relatif aux baux à usage
professionnel lorsque le montant du loyer mensuel est inférieur ou égale à 100 000 francs
CFA
b) Les tribunaux de grande instance
Ils sont juges de droit commun et juges d’appel.
Ils jugent en premier ressort tous les litiges d’ordre civil, commercial, pénal que la loi ne
soumet au jugement des TI. Et jugent en appel les décisions rendues par les TI en premier
ressort.
Ils sont juges du contentieux administratif et fiscal. Ils ont aussi compétence pour interpréter
et apprécier au cours des instances dont ils sont saisis, la légalité de toutes les décisions
administratives.
Le TGI rend un jugement. Si celui-ci est rendu en premier ressort, il est porté en appel devant
la cour d’appel. Cependant, les décisions rendues sur appel des jugements du TI, ne peuvent
faire l’objet que d’un pourvoi en cassation devant la cour suprême.
Des chambres criminelles sont créées au sein des tribunaux de grande instance. Il est
également prévu au sein des TGI la création de chambres spécialisées en matière civile,
commerciale et pénale.
2) Les juridictions du second degré ou d’appel : Les cours d’appel
La cour d’appel est territorialement compétente dans le ressort du tribunal qui a rendu la
décision contestée.
Ce sont les juridictions du second degré, en ce sens qu’elles connaissent de l’appel de toutes
les décisions rendues en premier ressort par les tribunaux de grande instance statuant en
matière civile, correctionnelle, criminelle, administrative et fiscale, de toutes les décisions
rendues par les tribunaux de commerce ainsi que celles des tribunaux du travail
La cour statue en premier ressort sur les litiges relatifs aux élections des conseils municipaux,
départementaux, des chambres de commerce et des ordres professionnels. On peut encore
citer le pouvoir de contrôle reconnu à la cour d’appel dans le déroulement des opérations de
vote, à la régularité pour les élections du président de la république et des membres de
l’assemblée nationale, à la régularité du scrutin, au recensement des votes et procède à la
proclamation des résultats provisoires .
La cour reçoit le serment des magistrats, des avocats et des notaires.
La décision rendue par la cour d’appel s’appelle : Un arrêt. La cour d’appel peut rendre un
arrêt infirmatif ou confirmatif.
Il y a 6 cours d'appel au Sénégal :
La cour d’appel de Dakar, son ressort s’étend aux TGI de Dakar, Pikine-Guédiawaye et
Rufisque,
La cour d’appel de Saint Louis, son ressort s’étend aux TGI de Saint-Louis, Matam et Louga
La cour d’appel de Kaolack, son ressort s’étend aux TGI de Kaolack, Fatick et Kaffrine
La cour d’appel de Ziguinchor, son ressort s’étend aux TGI de Ziguinchor, Kolda et Sédhiou
La cour d’appel de Thiès, son ressort s’étend aux TGI de Thiès, Diourbel, Mbour, Mbacké et
Tivaouane
La cour d’appel de Tambacounda, son ressort s’étend aux TGI de Tambacounda et
Kédougou.
3) Les juridictions supérieures
Il existe au Sénégal trois juridictions qui sont au sommet de l’organisation judiciaire. Tl
s’agit de la cour suprême, du conseil constitutionnel et de la cour des comptes.
a- La cour suprême
Elle comprend quatre chambres : une chambre civile et commerciale, une chambre
administrative, une chambre criminelle et une chambre sociale.
Elle connait des décisions rendues en dernier ressort par les juridictions du premier degré
statuant en premier et en dernier ressort ou par les cours d’appel.
Elle examine également si les actes pris par l’administration sont conformes au droit (recours
pour excès de pouvoir et de légalité).
Elle vérifie uniquement si la règle de droit a été correctement interprétée et appliquée par la
juridiction dont émane la décision attaquée. On dit qu’elle ne se prononce pas sur le fond
mais sur la forme.
La cour est saisie au moyen d’un pourvoi en cassation et rend des arrêts de rejet ou arrêts
de cassation.
b- La cour des comptes
Elle est juge des comptes des comptables publics. C’est-à-dire des fonctionnaires ou agents
ayant qualité pour exécuter au nom d’un organisme public des opérations de recettes, de
dépenses etc.
Elle sanctionne directement les responsables de fautes de gestion, sans préjudice des
poursuites pénales. Ses décisions sont revêtues de la formule exécutoire et doivent être
publiées au Journal Officiel. Elles ne sont pas susceptibles d'appel. Elles peuvent faire l'objet
de pourvoi en révision devant les chambres réunies de la cour des comptes ou de pourvoi en
cassation devant la cour suprême.
c- Le conseil constitutionnel
Il est composé de sept membres. Il est compétent pour connaitre de la constitutionnalité des
lois, des engagements internationaux, des conflits de compétence entre pouvoir exécutif et
législatif ainsi que des exceptions d’incompétence soulevées devant la cour suprême. Il est
aussi compétent en matière électorale.
Le conseil constitutionnel ne peut agir d’office. Toutefois, Si le conseil relève dans la loi
contestée ou dans l’engagement international soumis à son examen, une violation de la
constitution qui n’a pas été invoquée, il doit la soulever d’office (art. 15 de la loi sur le
Conseil constitutionnel).
Le conseil constitutionnel peut être saisi d’un recours en inconstitutionnalité avant la
promulgation de la loi. Il s’agit alors de la saisine par voie d’action. Dans ce cas seuls peuvent
le saisir le Président de la République ou un dixième des membres de l’Assemblée nationale.
Ils doivent le faire dans les 6 jours francs suivant l’adoption définitive de la loi par
l’Assemblée nationale ou sa transmission au Président de la République pour promulgation
(article 74 de la Constitution)
Une fois que la loi a été votée et promulguée, tout justiciable qui au cours d’un procès réfute
la constitutionnalité de la loi, pourra, une fois que l’affaire sera portée devant la Cour de
suprême invoquer l’exception d’inconstitutionnalité. Le Conseil est alors saisi par voie
d’exception.
B) Les juridictions spécialisées
Il s’agit généralement d’une formation spéciale au sein d’une juridiction de droit commun,
formation dont la compétence sera limitée à un domaine restreint en fonction de critères
spécifiques tenant soit à la qualité des personnes mises en cause (compétence rationae
personae), soit à la nature du litige (compétence rationae materiae).
1) Les juridictions spécialisées en raison de la qualité des personnes
Il s’agit du tribunal pour enfants et de la justice militaire.
a- Le tribunal pour enfants
Il y a dans chaque TGI un tribunal pour enfant. Il est compétent pour statuer sur tous les délits
commis par les mineurs (enfants de moins de 18 ans). Il met l’accent sur la protection,
l’éducation, l’assistance et la surveillance des mineurs plutôt que les sanctions.
Il prononce rarement des sanctions.
b- La justice militaire
C’est une formation spéciale de la Cour d’Appel, du TGI et le la chambre criminelle de
Dakar suivant le grade du militaire mis en cause :
TGI siège en matière militaire (les militaires du rang, les sous-officiers et officiers jusqu’au
grade de capitaine ;
CA (les officiers supérieurs et les officiers généraux.
La Chambre criminelle en matière criminelle
Elle est chargée de juger les militaires poursuivis pour une infraction au code pénal.
La justice militaire est composée de magistrats qui sont assistés de militaires dont le grade
dépend du grade du militaire mis en cause. Ces assesseurs militaires sont désignés par le
président de la juridiction sur une liste dressée par les autorités militaires.
Ces juridictions connaissent des infractions d’ordre militaire et des infractions de droit
commun.
Les infractions d’ordre militaire sont : l’insoumission, la désertion, le complot militaire etc.
Les infractions de droit commun ne différent en rien de celles commises par de simples
particuliers. Il s’agit de crimes, délits et contraventions de toute nature.
2) Les juridictions spécialisées en raison de la nature du litige
Il s’agit du tribunal du travail et des chambres criminelles (ex cour d’assise).
a) Le tribunal du travail
Ils traitent principalement des litiges entre employeurs et employés, mais également des
litiges relatifs aux accidents de travail et ceux de la sécurité sociale.
La décision rendue en premier ressort par le tribunal du travail peut faire l’objet d’un appel
devant la cour d’appel et si c’est en dernier ressort c’est devant la cour suprême.
Il se trouve dans chaque TGI. Il est composé d’un magistrat du siège et de deux assesseurs (un
représentant du patronat et un représentant des travailleurs).
b) Les chambres criminelles
Elles remplacent la cour d’assise et se situent dans chaque TGI et cour d’appel. Elles sont
compétentes pour juger les crimes et d’autres infractions connexes au crime.
La chambre criminelle du TGI pour connaitre des crimes en premier ressort et celle de la cour
d’appel pour connaitre de l’appel des décisions de la chambre criminelle du TGI du même
ressort.
La chambre criminelle rend un arrêt. Si ce dernier est rendu par la cour d’appel, le plaideur
insatisfait peut l’attaquer par la voie du recours en cassation devant la cour suprême.
c) Les tribunaux de commerce
Les tribunaux de commerce sont des juridictions spécialisées compétentes pour juger en
premier ressort les affaires commerciales. C’est-à-dire les litiges relatifs aux actes de
commerce (achat de marchandises pour les revendre, lettres de change, opérations de
banque, engagements nés à l’occasion du commerce).
Entrent également dans la compétence des tribunaux de commerce les litiges concernant les
sociétés commerciales notamment les incidents relatifs à la cessation des paiements,
redressement et la liquidation judiciaires des entreprises.
L’originalité essentielle des tribunaux de commerce et des chambres commerciales d’appel
est d’être composée de juges, magistrats professionnels et non professionnels appelés juges
consulaires. Ces derniers ne sont pas des magistrats de carrière mais des commerçants
choisis pour une durée déterminée par la chambre nationale de commerce, d’industries et
de services et les chambres régionales de commerce, d’industries et de services après
concertation avec les associations d’opérateurs économiques légalement constituées.
Le ressort territorial d’un tribunal de commerce ne correspond pas nécessairement à une
circonscription administrative déterminée, ni au ressort d’un tribunal d’instance ou de
grande instance. L’installation ou la suppression d’un tribunal de commerce est fonction de
l’activité commerciale dans chaque région.
Ainsi lorsqu’une activité apparaît importante dans une région, il peut y être implanté un
tribunal de commerce dont le siège et le ressort sont fixés par voie de décret. Inversement
si, pour une raison quelconque, un tribunal de commerce précédemment créé n’a plus une
activité suffisante ou n’est plus en mesure de fonctionner, il peut être supprimé par voie de
décret.
Dans les régions où il n’y a pas de tribunal de commerce ou en attendant l’installation d’un
tribunal de commerce, les affaires commerciales sont exceptionnellement jugées par les
tribunaux de grande instance et d’instance.

Les tribunaux de commerce connaissent, et à charge d’appel, de toutes les demandes dont le
taux du litige est supérieur à vingt-cinq millions (25.000.000) de francs CFA et en premier et
dernier ressort, de toutes les demandes dont le taux du litige n’excède pas vingt-cinq millions
(25.000.000) de francs CFA. L’appel des décisions rendues par le tribunal de commerce est
jugé par la chambre commerciale d’appel créée au sein de la cour d’appel dans le ressort de
laquelle est implanté le tribunal qui a pris la décision querellée.
NB : Toutefois, dans les actes mixtes, la partie non commerçante demanderesse peut saisir les
tribunaux de droit commun ;
3) Les juridictions d’exception
Il s’agit de la haute cour de justice et de la CREI.
1- La haute cour de justice
Elle juge le président de la république en cas de haute trahison et les membres du
gouvernement coupables de délits et de crimes dans l’exercice de leur fonction. Elle est
composée de magistrats du siège et de députés.
Les arrêts de la haute cour de justice ne sont susceptibles d’aucun recours pas même du
pourvoi en cassation.
2- La cour de répression de l’enrichissement illicite
Elle est compétente sur l’ensemble du territoire pour lutter contre le gain facile, les actes qui
portent atteintes à l’économie et qui sont commis par des fonctionnaires, précisément les
délits d’enrichissement illicite commis par les personnes qui détiennent les deniers publics
lorsque leur enrichissement ne peut être justifié par ses revenus. Les décisions de la CREI
sont susceptibles d’un pourvoi en cassation à l’initiative de la personne condamnée ou du
procureur spécial.
CHAPITRE VII : LA PERSONNALITE JURIDIQUE
Au sens juridique du terme, la personnalité est l’aptitude à avoir et à exercer un droit ou à
subir l’exécution d’une obligation. Les acteurs juridiques sont d’une part les personnes
physiques et d’autre part les personnes morales.
A- les personnes physiques
1) Naissance de la personnalité juridique
Selon l’article 1, alinéa 1 du code de la famille, la personnalité commence à la naissance.
Cependant, l’enfant peut acquérir des droits du jour de sa conception s’il nait vivant.
La date de la conception d’un enfant est fixée légalement et de façon irréfragable entre le
180iéme jour et le 300iéme jour précédant sa naissance.
2) La fin de la personnalité juridique
La personnalité juridique de l’être humain prend fin au décès, à la fin de la vie physique. Mais
il peut arriver que la mort d’une personne ne soit pas certaine, mais seulement probable. Et
dans ce cas on parle d’absence ou de disparition.
3) L’absence
L’absent est la personne dont le manque de nouvelle rend l’existence incertaine. L’absent est
donc une personne qui a disparu depuis un temps assez long et dont on a plus de nouvelles de
sorte que nul ne peut prouver qu’elle est morte ou vivante. Il convient de préciser que le non
présent qui est hors de son domicile ou de sa résidence, mais dont on sait parfaitement
l’existence, n’est pas un absent.
Le régime juridique de l’absent se déroule en trois étapes dont le processus aboutit à la
constatation de la mort de l’absent.
a- la présomption d’absence
-Une demande de déclaration de présomption d’absence est adressée au TGI un an après les
dernières nouvelles de l’absent, au dernier domicile du présumé absent.
Dès le dépôt de la demande, le tribunal désigne un administrateur provisoire des biens de
l’absent. Cet administrateur a le droit de faire des actes d’administration et des actes
conservatoires. S’il y’a urgence et nécessité constatées par le juge ; celui-ci peut autoriser
l’administrateur à faire des actes de disposition.
Lorsque l’absent a des enfants mineurs, le TGI peut décider de les soumettre soit à
l’administration légale, soit au régime de la tutelle.
-Un an après le dépôt de la demande, le tribunal prononce le jugement de présomption
d’absence. Si le présumé absent revient après jugement, il reprend ses biens et la garde de ses
enfants dès qu’il en fait la demande.
b- la déclaration d’absence
La déclaration d’absence est demandée au TGI deux ans après le jugement présumant
l’absence c'est-à-dire quatre ans après les dernières nouvelles de l’absent.
-Lorsque le jugement déclaratif d’absence a été rendu, le conjoint de l’absent peut demander
le divorce pour cause d’absence au TI.
-Le tribunal qui a rendu le jugement, étend les pouvoirs de l’administrateur aux actes
d’aliénation à titre onéreux mais pas à titre gratuit.
-Si l’absent revient après le jugement, il reprend ses biens et la garde de ses enfants dés qu’il
en fait la demande au TGI. Il ne peut pas demander la restitution des biens aliénés
régulièrement par l’administrateur.
c- La déclaration de décès de l’absent
-la demande de déclaration de décès de l’absent doit être adressée au TGI qui a déclaré
l’absence, dix ans après les dernières nouvelles de l’absent soit 6 ans après le jugement
déclaratif d’absence.
-Lorsque le jugement déclare le décès de l’absent, sa succession est ouverte au lieu de son
dernier domicile et son conjoint peut contracter un nouveau mariage.
-Si l’absent revient après le jugement déclaratif de décès, il reprend ses biens dans l’état où il
les trouve, sans pouvoir prétendre à la restitution des biens aliénés.
-Le nouveau mariage de son conjoint lui est opposable
4) La disparition
Le disparu est la personne dont l’absence s’est produite dans des circonstances mettant sa vie
en danger, comme le naufrage, le tremblement de terre, l’accident ..., sans que son corps n’ait
pu être retrouvé.
La déclaration du décès du disparu
-La demande de déclaration de décès du disparu est présentée par le procureur de la
république ou tout intéressé au TGI du lieu de la disparition si celle-ci s’est produite au
Sénégal, sinon au TGI de Dakar.
-Lorsque le jugement déclare le décès du disparu, sa succession s’ouvre au lieu de son dernier
domicile et son conjoint peut se remarier.
-La date du décès est fixée au jour de la disparition.
-Si le disparu revient après le jugement déclarant le décès, il reprend ses biens dans l’état où il
les trouve sans pouvoir prétendre à la restitution des biens régulièrement aliénés.
-En cas de remariage de son conjoint, ce nouveau mariage lui est opposable.
B- Les personnes morales
Ce sont des groupements de personnes ou de biens (fondation) organisés afin d’assurer une
activité ou de défendre des intérêts collectifs. Exemple : une société, une association une
fondation etc.
1) la classification des personnes morales
Les personnes morales de droit public
Elles ont pour but de défendre les intérêts de la collectivité. Ce sont l’état, les collectivités
locales (région, commune…) et les établissements publics tels que Les universités publiques,
les hôpitaux publiques ….
Les personnes morales de droit privé
Il s’agit d’une part, des personnes morales à but lucratif : ce sont les sociétés civiles ou
commerciales; d’autre part, des personnes morales sans but lucratif : les groupements d’intérêt
économique, les associations, les syndicats professionnels….
2) L’existence de la personne morale
Les personnes morales de droit public existent à partir de la loi qui les a créées.
Pour les personnes morales de droit privé, leur personnalité juridique débute dès
l’accomplissement des formalités administratives exigées par la loi (immatriculation au
Registre du commerce et du crédit Mobilier (RCCM), l’obtention du récépissé, de la
reconnaissance)
CHAPITRE VIII : L’IDENTIFICATION DES PERSONNES PHYSIQUES
Chaque personne physique, à sa naissance, est dotée d’attributs qui permettent de l’identifier
et de la distinguer des autres individus. Ces attributs sont le nom, le domicile, la nationalité et
l’état civil.
A- LE NOM
Le nom d’une personne physique élément d’identification de la personne est composé de
plusieurs éléments : le nom de famille, le ou les prénoms et les accessoires du nom que sont le
surnom et le pseudonyme.
I) Le nom de famille ou le nom patronymique
C’est l’appellation sous laquelle on désigne tous les membres d’une même famille. Chacun de
ceux- ci porte le nom et se distingue des autres par son ou ses prénoms. Le nom patronymique
s’acquiert et peut être changé suivant des conditions fixées par la loi.

a- L’acquisition du nom patronymique

Nous avons trois modes d’acquisition du nom de famille : l’acquisition par la filiation, le
mariage et enfin par l’intervention de l’autorité publique.
1- La filiation
C’est le mode normal d’acquisition du nom. La filiation est le lien juridique entre parents et
enfants. Ainsi nous distinguons la filiation légitime, naturelle et adoptive
 La filiation légitime

L’enfant légitime est issu d’un couple uni par le mariage .L’enfant prend le nom de son père.
Cependant l’enfant légitime perd l’usage de ce nom lorsque, à la suite d’une action en
désaveu, sa filiation n’est plus établie à l’égard de son père. Il prend alors le nom de sa mère.
 La filiation naturelle
L’enfant naturel est issu d’un couple non marié ; Il porte le nom de sa mère. Reconnu par son
père il prend le nom de celui-ci.
 La filiation adoptive

L’adoption est la création par jugement d’un lien de filiation entre deux personnes qui sont
étrangères l’une de l’autre sans le rapport du sang.
Nous avons deux formes d’adoption : L’adoption simple et l’adoption plénière.
Dans l’adoption simple ou limitée l’adopté conserve tous ses liens avec sa famille d’origine.
Par conséquent l’adopté simple conserve son nom et peut y ajouter le nom de son adoptant.
Pour l’adoption plénière, les liens avec la famille d’origine de l’adopté sont rompus. L’adopté
prend alors le nom de l’adoptant.
2- Le mariage
Le mariage ne fait pas perdre à la femme son nom patronymique. La femme mariée conserve
son nom. Mais, elle acquiert, du fait du mariage, pendant le mariage et durant tout le temps
qu’elle reste veuve, le droit d’user du nom de son mari. Il s’agit d’un simple droit d’usage. En
cas de divorce elle perd le droit d’utiliser le nom de son ex-mari. Mais elle peut continuer à
user du nom du défunt tant qu’elle n’est pas remariée.
3- L’intervention de l’autorité publique
Il peut arriver que des enfants naissent de parents inconnus. L’article 5 alinéa 1 du code de la
famille prévoit que de tels enfants porteront le nom que leur attribue l’officier de l’état civil.
Le choix de ce nom doit être fait en sorte qu’il ne porte atteinte ni à la considération de
l’enfant, ni à celle d’une quelconque personne.

b- Le changement de nom patronymique

Il ne peut être autorisé que par décret. La demande est publiée au Journal Officiel pendant un
délai d’un an à compter de cette publication. Toute personne justifiant d’un intérêt légitime,
pourra faire opposition au changement de nom.
c- Les caractères du nom

- Le nom est obligatoire et immuable c’est à dire qu’on ne peut pas le changer par une simple
manifestation de volonté, sauf en cas de motifs légitimes.
- Il est incessible c'est-à-dire qu’il ne peut être vendu ou légué ; il est hors du commerce
juridique.
- Il est imprescriptible c'est-à-dire qu’il ne se perd pas par son non usage.
d- La protection du nom
Toute personne qui justifie d’un intérêt ou d’un préjudice peut agir en justice contre toute
usurpation de son nom par un tiers
II) Le ou les prénoms
Il précède le nom et sert à distinguer les membres d’une famille. Il est choisi librement par les
parents. On peut avoir un ou plusieurs prénoms. Le prénom peut être modifié par jugement
en cas d’intérêt légitime et en cas d’adoption, sur la seule demande de l’adoptant
III) Les accessoires du nom
Ils ne constituent pas des éléments de l’identification juridique de la personne, ils servent
cependant à compléter l’identification.
Il s’agit du surnom et du pseudonyme.
- Le surnom n’est pas nécessairement choisi par celui qui le porte, il peut être attribué par
l’entourage, le public. Exemple : « Louis le gros » c’est une appellation ajoutée au nom ou au
prénom de quelqu’un.
- Le pseudonyme est librement choisi par l’individu lui-même. Il a pour but de masquer sa
véritable identité. Exemple : Molière, Voltaire…
B -LE DOMICILE
La personne est identifiée non seulement par son nom, mais aussi par son domicile. Le
domicile c’est le lieu du principal établissement d’une personne. C’est le lieu auquel la loi
rattache une personne et qui permet de le localiser pour les actes de la vie juridique.
Le domicile ne doit pas être confondu avec la résidence ou d’habitation qui correspond à
l’endroit où une personne se trouve effectivement pendant un certain temps. Cet endroit est
une résidence lorsque l’individu y vit de façon normale. Il est une habitation lorsqu’il est un
lieu de séjour très bref et occasionnel.
1) La détermination du domicile

On distingue :
- Le domicile volontaire :
C’est le domicile choisi librement par une personne .Il est fixé au lieu du principal
établissement.
- le domicile légal :
C’est celui que la loi assigne d’office à certaines personnes soit en raison de leur fonction.
(Exemple : le gouverneur est domicilié au lieu d’exercice de ses fonctions), soit en raison de
leur dépendance à l’égard d’autres personnes. (Exemple : Le mineur non émancipé est
domicilié chez la personne qui exerce sur lui le droit de garde, le majeur en tutelle chez son
tuteur).
- Le domicile élu :
C’est le lieu choisi par les parties à un acte juridique pour l’exécution de cet acte. Exemple :
pour la vente d’un immeuble les parties élisent domicile chez un notaire.
2) Les caractères du domicile

- le domicile est unique : toute personne n’a qu’un domicile. Ce principe facilite la
localisation d’un individu. Mais à côté du domicile la loi admet des domiciles secondaires ou
spéciaux, comme le domicile élu, le domicile électoral, le domicile matrimonial…
- Le domicile est nécessaire. Toute personne a nécessairement un domicile, car il est
indispensable de la rattacher à un lieu déterminé pour l’accomplissement des actes juridiques.
Les personnes dépourvues de domicile actuel sont généralement rattachées à leur domicile
d’origine (de naissance) ou à leur résidence.

- Le domicile est fixe


C’est le caractère de fixité qui permet de distinguer le domicile de la résidence et de
l’habitation. Une personne peut se déplacer comme elle désire, mais son domicile reste
immuable.
C – LA NATIONALITE
C’est le lien juridique qui rattache une personne à un état donné.
1) L’attribution de la nationalité à la naissance

Une personne est sénégalaise de naissance en fonction de deux critères : Par la naissance au
Sénégal ; le droit du sol (Jus Soli) et par la filiation ; le droit du sang (Jus Sanguinis)
a- La nationalité fondée sur la naissance sur le territoire sénégalais : Le droit du sol

Tout individu est sénégalais s’il est né au Sénégal et si son père ou sa mère est également né
au Sénégal
b- La nationalité fondée sur la filiation : le droit du sang

L’enfant légitime ou naturel est sénégalais si son père ou sa mère est de nationalité
sénégalaise.
2) l’acquisition de la nationalité par le mariage

La femme étrangère qui épouse un sénégalais acquiert la nationalité sénégalaise au moment


de la célébration ou de la constatation du mariage par l’officier d’état civil.
L’homme étranger qui épouse une sénégalaise acquiert la nationalité sénégalaise à condition
d’avoir vécu 5 ans de vie commune de mariage à compter de la célébration ou de la
constatation du mariage sous réserve de la non dissolution du lien matrimonial et de la non
perte par son conjoint de la nationalité sénégalaise.
3) L’acquisition de la nationalité par décision de l’autorité publique: la
naturalisation

La nationalité est accordée par décret sur requête de l’étranger qui a 18 ans au moins et qui a
séjourné au Sénégal pendant 10 ans.
Ce délai est fixé à 5 ans pour ceux qui sont mariés à une sénégalaise ou qui ont servi pendant
5 ans dans une administration ou établissement public sénégalais.
D- L’ETAT CIVIL
Il désigne l’ensemble des éléments permettant d’individualiser une personne dans
l’organisation sociale, administrative. Les actes de l’état civil sont : l’acte de naissance, de
mariage et de décès. Les actes de l’état civil sont établis par l’officier d’état civil.
La naissance doit être déclarée à la mairie dans un délai prévu par la loi, passé ce délai (1an)
l’autorité compétente ne peut dresser l’acte que s’il est autorisé par le TI.
Lorsque des erreurs sont commises lors de la rédaction de l’acte, sa régularisation peut être
demandée au TI.
CHAPITRE IX : LA CAPACITE JURIDIQUE DES PERSONNES PHYSIQUES
La capacité juridique d'une personne physique est l'aptitude à être titulaire de droits et
d’obligations (la capacité de jouissance ; exemple : être propriétaire d’un immeuble) et à
pouvoir les exercer (capacité d’exercice. exemple : vendre l’immeuble dont on est
propriétaire).
La capacité est la règle et l’incapacité l’exception.
Les incapables sont les mineurs et les majeurs dont les facultés mentales ou corporels sont
altérées. Ils ont la capacité de jouissance mais ils sont privés de la possibilité d’exercer eux
même leurs droits.
A- LA PROTECTION DES MINEURS

Le mineur est une personne qui n’a pas atteint l’âge de 18 ans révolus. Il peut faire l’objet
d’une émancipation qui est l’acte juridique par lequel le mineur acquiert la pleine capacité
d’exercice et se trouve assimilé à un majeur.
L’émancipation s’acquiert de plein droit par l’effet du mariage (pour se marier la femme doit
être âgée de plus de 16 ans et l’homme de plus de 18 ans), mais aussi volontairement si
l’enfant a atteint l’âge de 18 ans par le père, la mère ou le conseil de famille.
Le mineur émancipé cesse d’être sous l’autorité de ses parents qui ne sont plus responsables
des dommages qu’il peut causer.
Le mineur est protégé par deux systèmes : la puissance paternelle et la tutelle.
1- La puissance paternelle

C’est l’ensemble des droits et des devoirs que les parents ont sur la personne et les biens de
leurs enfants mineurs non émancipés. La puissance paternelle présente deux caractéristiques :
a) L’administration légale

Elle désigne le régime de l’administration des biens du mineur s’il en possède par le ou les
parents investis de la puissance paternelle. Le ou les parents peuvent accomplir seuls des
actes d’administration et de conservation nécessaires à la bonne gestion du patrimoine du
mineur. Pour les actes de disposition, il leur faut l’autorisation du juge des tutelles.
b) La jouissance légale

C’est le droit de celui qui exerce la puissance paternelle d’utiliser les biens du mineur. Ex :
Les parents habitent la maison du mineur. Mais lorsque ces biens procurent des revenus ;
ceux-ci sont exclusivement consacrés à l’entretien et à l’éducation de l’enfant. La jouissance
ne s’applique pas aux revenus du travail du mineur et cesse si le mineur a atteint la majorité
(18 ans) ou s’il est marié.
2- La tutelle

Elle désigne le régime dans lequel est placé l’enfant légitime, naturel ou adopté dont les deux
parents sont décédés ou déchus de leur puissance paternelle (exemple : condamnation pour
crime, abandon de famille …) et l’enfant naturel de parents inconnus.
Les organes de tutelle sont le tuteur, le juge des tutelles, le conseil de famille et le subrogé
tuteur.

 La désignation et la mission du tuteur

Le tuteur est désigné par les parents avant de mourir ou par le conseil de famille. Il représente
le mineur dans tous les actes de la vie civile qu’il ne peut ou ne doit effectuer lui-même. Il
administre ses biens en bon père de famille et répond des dommages et intérêts qui auront
résulté d’une mauvaise gestion.
Le tuteur accomplis seul les actes d’administration et les actes conservatoires. Pour les actes
de disposition, il doit obtenir l’autorisation du juge des tutelles.

 La fin de la tutelle

La tutelle prend fin par l’émancipation, la majorité et le décès du mineur.


3- La sanction des actes irréguliers

Les actes accomplis par le mineur en violation des règles de sa protection peuvent être
contestés par deux moyens.
 La nullité relative
La sanction de principe d’un acte passé par un incapable mineur est la nullité. Il s’agit d’une
nullité relative c'est-à-dire de protection et seul l’incapable ou son représentant peut
l’invoquer. Lorsque la nullité est prononcée, la décision a un effet rétroactif. Cette nullité
suppose donc la restitution de la prestation du mineur. En revanche le mineur ne doit restituer
que ce qu’il n’a pas dépensé.
Le délai de l’action en nullité relative est de 2 ans à compter de la conclusion du contrat.
 La rescision pour lésion

La lésion est le préjudice qui résulte pour l’une des parties à un acte, de la différence de valeur
entre ce qu’elle fournit et ce qu’elle reçoit. Elle s’apprécie au moment de la conclusion du
contrat.
Elle obéit aux mêmes règles que la nullité relative en ce qui concerne le titulaire de l’action
en rescision pour lésion, la conséquence et le délai de l’action.

B- LA PROTECTION DES MAJEURS INCAPABLES


Un majeur est incapable lorsque ses facultés mentales ou corporelles sont altérées par la
maladie, l’infirmité ou l’âge.
Les majeurs incapables sont protégés par trois régimes adaptés à leur degré d’incapacité.
C’est le juge des tutelles qui place le majeur incapable dans l’un des trois régimes après avis
médical.
1) Le placement sous la protection de la justice (en cas d’altération légère des facultés)

Il concerne les malades internés dans un établissement hospitalier ou soignés à domicile. Ce


régime aboutit à confier la gestion des biens du majeur incapable à un curateur d’office ou un
mandataire.
En principe, le majeur placé sous la protection de la justice conserve l’exercice de ses droits.
Les actes qu’il accomplit sont valables, mais ils peuvent être attaqués, en cas de nécessité, par
une action en nullité relative.
Le régime prend fin par la guérison du majeur constatée par le juge et par l’ouverture de la
curatelle ou de la tutelle.
2) La curatelle (en cas d’altération moins grave des facultés)

Elle s’applique d’une part au majeur dont les facultés mentales ou corporelles sont altérées et
qui sans être hors d’état d’agir lui-même, a besoin d’être conseillé ou contrôlé dans les actes
de la vie civile.
Un curateur est désigné par le juge des tutelles pour assister le majeur incapable qui agit lui-
même. Dans ce régime, le majeur peut faire seul les actes d’administration et conservatoires ;
mais ces actes peuvent être réduits en cas d’excès.
Pour les actes de disposition, le majeur incapable doit être assisté de son curateur, sinon ces
actes peuvent être annulés par une action en nullité relative.
3) La tutelle (en cas d’altération grave des facultés)

C’est un régime de protection des majeurs qui présentent de graves altérations de leurs
facultés mentales ou corporelles et qui ont besoin d’être représentés d’une manière
permanente dans les actes de la vie civile.
La tutelle comprend les mêmes organes de fonctionnement que la tutelle du mineur. Le
majeur en tutelle est représenté par un tuteur qui agit en son nom et gère son patrimoine.
Durant le régime, si le majeur protégé accomplit seul des actes, ceux-ci sont nuls de nullité
relative ; cette nullité peut être demandée par le majeur lui-même après sa guérison, par le
tuteur pendant son incapacité et, après la mort du majeur incapable par ses ayants cause. Le
délai de prescription de l’action en nullité est de deux ans. Les actes peuvent être confirmés
par le majeur protégé après sa guérison ou par ses héritiers après son décès. La confirmation
est la renonciation à demander la nullité relative.
La tutelle du majeur incapable prend fin par un jugement de mainlevée après sa guérison et
par son décès.
CHAPITRE X : LES CONTRATS
Le contrat est un accord de volonté générateur d’obligations.
I- LA CLASSIFICATION DES CONTRATS

Plusieurs critères sont utilisés pour classer les contrats.


1. Selon la réciprocité des obligations des parties
- Le contrat synallagmatique ou bilatéral est celui qui crée des obligations à la charge
des deux parties (obligations réciproques). Exemple : le contrat de vente
- Le contrat unilatéral est celui qui crée des obligations pour une seule partie. Exemple :
le contrat de prêt.
2. Selon le but poursuivi par les parties
- Le contrat à titre onéreux est celui dans lequel chacune des parties reçoit un avantage
de l’autre. Exemple : le contrat de vente
- Le contrat à titre gratuit est celui dans lequel une seule partie procure à l’autre un
avantage sans rien recevoir en échange. Exemple : la donation
3. Selon l’étendue des obligations des parties
- Le contrat commutatif est celui dans lequel chacune des parties dès la conclusion du
contrat, connaît le montant de sa prestation et l’avantage que le contrat lui procure.
Exemple : la vente d’une maison à une personne à 10 millions de francs C.F.A.
(Les prestations respectives du vendeur et de l’acheteur étant définies)
- Le contrat aléatoire est celui dans lequel la prestation à fournir par l’une des parties
dépend d’un évènement incertain, d’un aléa. Exemple : le contrat d’assurance, la vente
avec rente viagère (rente versée jusqu’au décès du bénéficiaire).
4. Selon la durée d’exécution du contrat
Le contrat est instantané lorsqu’il crée des obligations susceptibles d’être exécutées en un seul
trait de temps. Exemple : la vente au comptant
Le contrat successif est celui qui crée des obligations dont l’exécution s’étend sur une certaine
durée, déterminée ou indéterminée. Exemple : le contrat de travail, le louage d’une chose.
5. Selon le mode de formation du contrat
- Le contrat consensuel est celui qui se forme par le seul échange de consentement.
Exemple : le contrat verbal.
- Le contrat solennel est celui dont la formation est soumise à un écrit. Exemple : le
contrat d’hypothèque.
- Le contrat réel est celui dont la formation exige la remise d’une chose. Exemple : le
contrat de prêt, de dépôt.

II- LES CONDITIONS DE FORMATION DES CONTRATS


1) Les conditions de fond
Quatre conditions sont nécessaires pour la formation du contrat.
a) Le consentement
Le consentement est formé par la rencontre de l’offre et de l’acceptation. Il doit être libre et
éclairé.
L’accord des volontés
Il s’analyse en une offre, suivie d’une acceptation.
- L’offre
C’est la manifestation de volonté de celui qui propose de conclure un contrat. Elle peut être
adressée à une personne déterminée ou au public ; elle peut être expresse ou tacite.
- L’acceptation
C’est la manifestation de volonté par laquelle le destinataire de l’offre adhère à la proposition
qui lui est faite. Elle peut être expresse ou tacite.
L’intégrité du consentement
Le consentement doit émaner d’une volonté libre et éclairée ; il ne doit pas être donné par
erreur ou obtenu par tromperie ou par violence. L’erreur, le dol et la violence constituent les
vices du consentement.
- L’erreur
C’est une fausse représentation d’un élément déterminant du contrat et ayant entraîné le
consentement de l’une des parties, et généralement des deux parties. Exemple : je crois
acheter un bijou en or, alors qu’il n’est qu’en métal doré.
L’erreur n’est une cause de nullité que si elle porte :
o sur la substance même de la chose objet du contrat c'est-à-dire sur la qualité
substantielle, essentielle de la chose objet du contrat, qualité qui a déterminé la partie à
donner son consentement ;
o sur la personne du cocontractant dans les contrats conclus « intuitu personae » c'est-à-
dire en considération de la personne du cocontractant.
L’erreur est dépourvue de conséquences sur le contrat lorsqu’elle porte sur :
o les qualités non substantielles de la chose ;
o la valeur de la chose (hormis les cas de lésion) ;
o les mobiles qui ont poussé une personne à contracter (exemple : achat d’une maison
dans une ville où on pense être muté).
- Le dol
C’est une tromperie ou une manœuvre pratiquée, par une partie pour amener l’autre partie à
donner son accord à un contrat ; c’est aussi le silence gardé sur un élément important du
contrat appelé réticence. Exemple : le propriétaire d’un fonds de commerce falsifie la
comptabilité pour faciliter la vente de son fonds de commerce.
Pour être cause de nullité, le dol doit réunir certains éléments :
 Il faut des manœuvres frauduleuses ;
 Ces manœuvres doivent émaner du cocontractant ou d’un complice ;
 Elles impliquent l’intention de tromper ;
 Elles doivent être déterminantes.
- La violence
C’est la pression morale ou physique exercée sur une personne ou ses proches ou ses biens
pour l’amener à conclure un contrat. Mais la menace d’user légitimement d’un droit n’est pas
considérée comme une violence (article 64 COCC). Exemple : la menace de faire un procès.
Pour être cause de nullité, la violence doit :
 être illégitime c'est-à-dire non-conforme au droit :
 émaner du cocontractant ou d’un tiers ;
 être déterminante c'est-à-dire pousser la personne à contracter.
b) La capacité
Pour contracter, il faut avoir la capacité. Toutefois, certaines personnes en raison de leur âge
ou leur incapacité intellectuelle ou physique sont privées du droit de contracter : ce sont les
mineurs et les majeurs incapables.
c) L’objet
 Définition
Il existe deux types d’objets :
 l’objet du contrat, c’est l’opération juridique que les parties ont voulu effectuer.
Exemple : la vente, le prêt, le contrat de travail…
 l’objet de l’obligation, c’est la prestation ou la chose que chaque partie s’est engagée à
fournir. Exemple : pour l’acheteur c’est le prix à payer, pour le vendeur c’est la chose
à livrer.
C’est dans ce dernier sens que le terme objet sera utilisé ci-dessous.
Les caractères de l’objet : l’objet de l’obligation doit exister, être déterminé
ou déterminable et être dans le commerce.
d) La cause
Il existe deux types de causes :
- La cause du contrat : c’est le motif ou le mobile personnel qui pousse chaque partie à
contracter. Exemple : la cause du contrat pour une personne qui vend son immeuble
peut être le besoin d’argent pour régler une dette ou pour acquérir un bien.
Cette cause doit être licite et morale c'est-à-dire conforme à l’ordre public et aux bonnes
mœurs, sinon le contrat sera annulé. Exemple : la constitution d’une société afin de faire le
commerce de drogue ; la cause est illicite.
- La cause de l’obligation : c’est la raison pour laquelle chaque partie assume ses
obligations. L’engagement de chacune des parties trouve sa cause dans l’engagement
de l’autre. Cette cause doit exister sinon le contrat sera annulé. Exemple : l’obligation
du vendeur a pour cause le paiement du prix qui sera effectué par l’acheteur,
l’obligation de l’acheteur a pour cause la livraison de la chose par le vendeur.
Exemple : dans un contrat gratuit, la cause est l’intention libérale. Exemple de contrat sans
cause : le vendeur s’engage à céder un bien qui n’existe pas.

2) Les conditions de forme


En principe, le contrat n’est soumis à aucune formalité particulière pour sa validité. Le seul
accord de volontés des parties suffit à former le contrat : c’est le principe du consensualisme
(Article 41 du C.O.C.C.)
Par exception, la loi exige comme condition de validité de certains contrats, à peine de
nullité, soit l’établissement d’un écrit (exemple : le contrat d’hypothèque…), soit la remise
d’une chose. Exemple : le contrat de prêt, de dépôt…)
Cette exigence d’un écrit, ne doit pas être confondue avec l’exigence de certaines formalités
de publicité qui ont pour conséquence de le rendre inopposable aux tiers et dont l’omission
n’affecte pas la validité du contrat.
III- LA NULLITE
Le contrat qui ne satisfait pas aux conditions de formation imposées par la loi est nul. La
nullité est demandée en justice. Il existe la nullité relative et la nullité absolue qui produisent
les mêmes effets.
1. La nullité relative

Elle a pour but de protéger l’intérêt privé. Elle est demandée par la seule personne que la loi
veut protéger : la personne dont le consentement a été vicié, le représentant légal de
l’incapable, l’incapable devenu capable ou ses héritiers après son décès.
Les causes de cette nullité sont :
 les vices du consentement, l’incapacité et l’absence de cause de l’obligation ;
 la nullité est demandée dans un délai de deux ans à partir de la formation du contrat.
Ce délai court dans les cas d’incapacité et de violence le jour où elles ont cessé, dans
le cas d’erreur ou du dol le jour où le vice a été découvert. La nullité relative peut être
couverte par la confirmation qui est la renonciation à demander la nullité par la
personne qui pouvait l’invoquer.
2. La nullité absolue
Elle vise à protéger l’intérêt général (l’ordre public et les bonnes mœurs). Elle peut être
demandée par toute personne intéressée et même le ministère public.
Les causes de la nullité sont : le défaut d’objet, l’objet illicite ou immoral, la cause illicite ou
immorale et l’absence de forme dans les contrats solennels.
La nullité peut être demandée dans un délai de 10 ans, à compter du jour de la formation du
contrat. Cette nullité ne peut être couverte par la confirmation.
3. Les conséquences de la nullité
La nullité relative et la nullité absolue produisent les mêmes conséquences : l’anéantissement
rétroactif du contrat et la restitution par les parties de tout ce qu’elles ont reçu. C’est la
résolution
Toutefois la restitution n’est pas possible dans les contrats à exécution successive : la nullité
ne vaut que pour l’avenir. Exemple : le contrat de travail. C’est ce qu’on appelle La résiliation

IV- LES EFFETS DU CONTRAT


Le contrat légalement formé s’impose aux parties ; il ne produit aucun effet à l’égard des tiers.
A. L’EFFET OBLIGATOIRE DU CONTRAT ENTRE LES PARTIES
Il faut déterminer les parties soumises au contrat et les conséquences de l’effet obligatoire du
contrat.
1. Les parties soumises au contrat
Ce sont les contractants, les représentés (mineur, mandant, majeur incapable) et les ayants
cause à titre universel (héritiers sont liés par les contrats passés par leur auteur).
2. Les conséquences de l’effet obligatoire du contrat entre les parties
 Le contrat crée des obligations qui s’imposent aux parties :
 Le contrat ne peut être modifié unilatéralement, sans l’accord de l’autre partie.
Même si après la conclusion du contrat, des évènements imprévus rendent plus onéreux les
obligations du débiteur, le contrat ne peut être modifié unilatéralement. En effet, la
jurisprudence rejette la théorie de l’imprévision qui est la théorie selon laquelle le contrat doit
être modifié toutes les fois que des circonstances imprévues (exemple : augmentation des
prix) postérieures à la conclusion du contrat, rendent son exécution très difficile ou beaucoup
plus onéreuse.
Cependant la modification unilatérale du contrat est possible si c’est prévu par la loi ou s’il y
a un consentement mutuel des parties. Exemple : dans le contrat de travail à durée
indéterminée, l’employeur peut rompre unilatéralement le contrat par le licenciement et le
salarié le peut par la démission.
 Le juge doit assurer l’exécution du contrat, il ne peut imposer une quelconque
modification au contrat. Toutefois, si les clauses d’un contrat sont imprécises, le juge
doit les interpréter en recherchant la commune volonté des parties.

B. L’EFFET RELATIF DU CONTRAT A L’EGARD DES TIERS


Les tiers sont toutes les personnes qui sont étrangères à la conclusion du contrat.
1. Le principe
Le contrat conclu par les parties ne produit aucun effet à l’égard des tiers qui ne sont ni tenus
de l’exécuter, ni autorisés à exiger son exécution.
Le contrat leur est cependant opposable c'est-à-dire que les tiers ne doivent pas ignorer les
droits que les parties tiennent de leur contrat.
2. Les exceptions au principe

Le tiers c’est celui qui n’a pas signé le contrat.

En principe, le contrat n'a pas d'effet obligatoire vis-à-vis des tiers, car nul ne peut être engagé
par un acte auquel il n'est pas partie. Ex : vous n’êtes nullement concerné par le mariage de
votre voisin.

Ce principe souffre néanmoins de quelques exceptions.

 la stipulation pour autrui. Le contrat en principe ne concerne que les parties.


Cependant il peut arriver qu’un tiers qui n’a pas du tout été partie à la conclusion d’un
contrat en profite directement. L’hypothèse la plus courante est la stipulation pour
autrui. C’est une opération judiciaire à trois personnes dont l’objet est de créer un droit
au profit d’un tiers qui n’est pas partie au contrat. Ex : un mari assure sa vie au profit
de sa femme.

Le mari est le stipulant. La compagnie d’assurance est le promettant. La femme est le tiers
bénéficiaire.

 L’action paulienne. Par exemple votre débiteur fait une donation à un parent ou il
vend une chose de son patrimoine à un prix dérisoire. Il vous est possible de vous
opposer à cet acte. Cette action s’appelle action Paulienne.

 L'action oblique est une voie de droit qui permet à un créancier dont la créance est
certaine, liquide et exigible d'exercer, au nom de son débiteur, les droits et actions de
celui-ci, lorsque le débiteur, au préjudice du créancier, refuse ou néglige de les
exercer.

Ainsi, considérons un individu A qui a pour débiteur un individu B qui lui-même est créancier
d'un individu C. Si l'individu B se désintéresse de son patrimoine en n'agissant pas contre
l'individu C pour recouvrer sa créance, il sera possible au créancier A d’agir à la place de
l'individu B défaillant pour que le débiteur C paie B. Après le paiement, l'individu A pourra
appréhender ce que C aura payé. C’est le principe de l’action oblique.

A — créancier de → B — créancier de → C

V- L’INEXECUTION DES CONTRATS


I/ Les sanctions de l’inexécution du contrat
Les parties ont voulu les obligations nées du contrat. Ces obligations ont donc force de loi,
mais elles ne sont pas toujours respectées.
Avant d’engager une action en justice, le créancier doit mettre son débiteur en demeure
d’exécuter son obligation : cette mise en demeure peut se faire par lettre recommandée avec
accusé de réception.
Si cette mise en demeure est sans effet, il existe différentes actions possibles pour contraindre
le débiteur à exécuter son obligation ou pour obtenir réparation du préjudice subi : l’exécution
forcée, l’exception d’inexécution, la résolution,

A- l’exécution forcée
C’est l’exercice par le créancier d’un moyen de contrainte contre le débiteur, pour le forcer à
s’exécuter
Il y a des cas où l’exécution en nature ne pose pas de problème, par exemple les obligations
de payer une somme d’argent : le juge peut forcer une personne à payer par des saisies
(argents ou biens…)
Il y a des cas dans lesquels on ne peut pas forcer une personne a s’exécuter : situation où la
liberté individuelle du cocontractant est mise en jeu. Le juge peut utiliser l’astreinte comme
moyen de pression. L’astreinte est une condamnation pécuniaire pour forcer le débiteur : le
juge fixe une somme d’argent par jour de retard dans l’exécution de l’obligation.
B- La résolution
La résolution du contrat
La résolution est un moyen d’action possible dans le cas d’un contrat synallagmatique. Elle
consiste pour le juge à effacer les obligations nées du contrat : anéantissement rétroactif du
contrat et remise en l’état des parties. On fait comme si le contrat n’avait jamais existé.
Ce n’est bien sûr pas possible dans le cas d’un contrat à exécution successive, comme un
contrat de location. Dans ce cas, on procède non pas à la résolution du contrat, mais à sa
résiliation : effacement pour l’avenir des obligations nées du contrat.
C- L’exception d'inexécution
C’est une sorte de justice privée. Face à un manquement contractuel, la victime de ce
manquement peut répondre en suspendant l‘exécution de ses propres obligations: un vendeur,
par exemple, peut refuser de livrer la chose tant que l’acheteur n’a pas payé le prix. Cette
exception d'inexécution est largement répandue dans les contrats synallagmatiques, dans
lesquels les obligations sont réciproques (donnant-donnant). Si l‘inexécution cesse, le contrat
doit à nouveau produire ses effets, et les obligations doivent être accomplies par les deux
parties.
II/Les conséquences de l’inexécution des contrats
A- La responsabilité civile ou contractuelle
Le débiteur devra payer des dommages et intérêts pour la non-exécution ou la mauvaise
exécution du contrat. Quand on cause un préjudice à quelqu’un à cause d’une faute qu’on a
commise, on doit indemniser cette personne (principe de la responsabilité)
B- La responsabilité pénale
Plusieurs types d’exécutions forcées sont admis. La loi pénale apporte très souvent son bras à
la loi civile. Le débiteur peut être tenu en vertu de son contrat de restituer la chose reçue dans
le cadre de son contrat de dépôt. Le locataire peut utiliser la chose qui forme l‘objet du contrat
de location, mais au terme de la location, il doit restituer cette chose. L‘emprunteur est dans la
même situation. Chaque fois qu‘une obligation de restitution est imposée par le contrat, et
chaque fois que cette obligation n‘est pas respectée, le créancier peut se placer sur le terrain
pénal pour contraindre le débiteur à respecter son obligation : il commet l‘infraction d‘abus de
confiance, et s‘expose à des peines d‘emprisonnement et d‘amende assez élevées.

CHAPITRE XI : LES SURETES

Une sûreté est une garantie accordée à un créancier, qui lui permet d'obtenir paiement de sa
créance en cas de défaillance du débiteur, par affectation d'un bien (sûretés réelles) ou par la
garantie apportée par un tiers (sûretés personnelles). La sûreté est le plus souvent accessoire à
la créance : elle disparaît lorsque la créance s'éteint et ne peut être transmise qu'avec la
créance.

A- Les suretés réelles

Les sûretés réelles sont des garanties portant sur des biens meubles (gage) ou immeubles
(hypothèque), accordées par un débiteur à son créancier. Les sûretés réelles confèrent un droit
dit réel au créancier (des droits sur le bien affecté à titre de garantie).

I. Les droits réels attribués au créancier

Les droits réels attribués au créancier sont de deux ordres. Il s'agit du droit de saisie et du
droit de préférence. Le droit de saisie est celui qui offre au créancier, en cas de non-paiement
de la dette, le droit de saisir le juge et de demander la vente du bien affecté pour obtenir le
paiement de sa créance. Grâce au droit de préférence, le créancier est privilégié et est payé
en priorité par rapport aux créanciers chirographaires (créancier d'une somme d'argent qui ne
bénéficie d'aucune garantie). Enfin, le créancier titulaire d'un droit de suite a le droit de saisir
les biens même s'ils se trouvent entre les mains d'un tiers.
II. Les différents types de sûretés

 Sûretés réelles mobilières : le gage

Les sûretés réelles mobilières portent sur des meubles. Il s'agit par exemple du gage. Le gage
est un contrat par lequel un débiteur remet un bien mobilier corporel à son créancier pour
garantir sa dette. Le créancier non payé pourra par préférence se faire payer sur le bien. La
personne qui constitue le gage peut-être soit le débiteur soit un tiers. Il doit être
obligatoirement propriétaire de cette chose. Le gage est un contrat écrit, il peut être rédigé
sous seing privé (entre des particuliers) ou sous forme authentique (rédigée par un officier
public, il peut s'agir d'un notaire par exemple). Le créancier qui reçoit la chose doit la
conserver et devra indemniser le débiteur en cas de perte ou de détérioration si le débiteur
paie ses dettes.

 Sûretés réelles immobilières : L’hypothèque

Les sûretés réelles immobilières portent sur des immeubles. L'hypothèque est une sûreté
immobilière. L'hypothèque peut-être prévue légale, judiciaire ou contractuel. Un immeuble
est grevé d'une sûreté au profit d'un créancier pour le paiement de sa dette. Le créancier non
payé pourra faire saisir le bien pour se payer.

B- Les suretés personnelles

Ce sont des garanties de paiement offertes au créancier, lui permettant d'aller demander le
paiement de sa créance sous certaines conditions dans le patrimoine d'une autre personne que
son débiteur. C'est notamment le cas du cautionnement

Le cautionnement : c’est le contrat par lequel une personne appelée caution s'engage à
payer le créancier en cas de non-paiement par le débiteur principal. Dans ce cas l'obligation
qui lie la caution au créancier est considérée comme accessoire de la dette principale, c’est-à-
dire qu'elle s'éteint lorsque le débiteur principal a payé sa dette ou en a été libéré.

Le cautionnement ne se présume pas, quelle que soit la nature de l'obligation garantie. A


peine de nullité, il doit être convenu de façon expresse entre la caution et le créancier.

Le cautionnement doit être constaté dans un acte comportant la signature des deux parties et la
mention, écrite de la main de la caution, de la somme maximale garantie, en toutes lettres et
en chiffres. En cas de différence, le cautionnement vaut pour la somme exprimée en lettres.

La caution qui ne sait ou ne peut écrire doit se faire assister de deux témoins qui certifient,
dans l'acte de cautionnement son identité et sa présence et attestent, en outre, que la nature et
les effets de l'acte lui ont été précisés. La présence des témoins certificateurs dispense la
caution de l'accomplissement des formalités prévues précédemment.
La caution doit présenter des garanties de solvabilité appréciées en tenant compte de tous les
éléments de son patrimoine.

La caution n'est tenue de payer la dette qu'en cas de non-paiement du débiteur principal.

Le créancier doit aviser la caution de toute défaillance du débiteur principal et ne peut


entreprendre de poursuites contre elle qu'après une mise en demeure de payer adressée au
débiteur et restée sans effet.

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