Introduction
A. L’objet du Droit International Public
Le Droit International Public est le droit applicable à la société
internationale. Il est constitué par l’ensemble des normes juridiques
qui régissent des relations internationales. Il se compose de l’ensemble
des règles de droit qui s’applique au membre de la société
internationale au premier rang desquels on trouve l’État, il se distingue
de la morale et de la courtoisie internationale.
Pendant longtemps, il ne s’est intéressé qu’aux seules relations entre
État. Aujourd’hui, le Droit International Public qui tend à devenir de
plus en plus un droit jurisprudentiel, s’adresse aux organisations
internationales créées par les États.
Il a également vocation à s’appliquer aux individus. Il doit être
distingué du Droit International Privé qui concerne l’ensemble des
règles juridiques ayant pour objet de régler les relations internationales
entre personne privé. Dans sa forme actuelle, le Droit International
résulte pour l’essentiel du système des États européens issues de la
paix de Westphalie (1648) qui a mis fin à la guerre de Trente ans. Le
Traité de Westphalie du 14-24 octobre 1640 est traditionnellement
considéré comme l’acte de naissance du Droit International moderne.
B. Les caractéristiques du Droit International Public
D’une manière générale, le Droit International Public présente un
caractère volontaire puisque son existence et son application sont
subordonnés au consentement des États.
Il est caractérisé à la fois par l’absence d’un législateur qui serait
susceptible d’éviter des normes générales ainsi que par l’absence d’un
exécutif. Ce sont notamment les États qui sont à la fois les producteurs
et les destinateurs des normes internationales. Contrairement à la
société Étatique, la Société Internationale n’est pas d’une autorité
centrale qui disposerait des moyens de contrainte pour imposer le
respect des normes internationale.
Le Droit International est également caractérisé par l’absence d’une
juridiction obligatoire dans la mesure où la justice internationale
repose sur les consentements des États. Ces caractéristiques du Droit
International ont fait dire à certains auteurs comme Raymond Aaron
que le Droit International n’existait pas.
Ce critique de Raymond Aaron correspond en fait à une tradition
qui va de Hobbes à Hegel pour qui le Droit International n’est pas
vraiment du droit, car il ne repose sur aucune autorité supérieure et
aucun pouvoir de contrainte. Ces auteurs pensent que ces
États vivent dans l’état de nature. Pourtant comme l’affirme Jean
Pictet « le droit n’est pas obligatoire parce qu’il est sanctionné mais il
est bien plutôt sanctionné parce qu’il est obligatoire ».
En réalité, en dépit de ces échecs incontestables dans le domaine de
la sécurité collective, le Droit International Public qui ne cesse
d’élargir son champ d’action existe belle et bien, il est pleinement
reconnu par les constitutions (loi fondamentale) des États.
Le Droit International Public est appliqué par les juges
internationales et constamment évoqué par les États ainsi que par les
autres acteurs de relations internationales (ONG, individus et
organisations internationales).
Force est de constater que l’actualité internationale vient très
régulièrement témoigner de l’importance des instruments du Droit
International Public (résolution du Conseil de sécurité, décision et avis
de la Cour Internationale de Justice).
C. Les différentes conceptions du Droit International
Public
Deux grandes conceptions du Droit International Public s’opposent.
On a effectivement l’habitude d’opposer : L’école du droit naturel et
L’école du droit positiviste. Les tenants du droit naturel soutiennent
qu’il existe un droit supérieur aux États. La doctrine traditionnelle du
droit naturel a été formulée au 16ème siècle par un théologien Espagnol
Francisco de Victoria (1480-1556). Au 17ème siècle, le Hollandais
laïque Hugo Grotius (1583-1645), lequel est considéré comme l’un
des pères fondateurs du Droit International moderne (laïque). Il va
laïciser le droit naturel qui consiste selon lui « dans certains principes
de la droite raison qui nous font connaître qu’une action est
moralement honnête ou déshonorante, selon convenance ou
disconvenance nécessaire qu’elle a avec une nature raisonnante ou
sociale ».
L’école positiviste rejette quant à lui l’idée d’un droit naturel. Le
positiviste volontaire insiste sur l’idée que tout procède de la volonté
de l’État. Selonl’Allemand Triepel, « dans les relations entre États, la
source du droit ne peut être qu’une volonté émanent d’États ». Les
positivistes objectivistes affirment, de leur côté, que les normes du
droit international sont fondées sur la nécessité sociale. Pour Georges
Scelle, qui se rattache à cette doctrine, les normes viennent « du fait
social lui-même et de la conjonction de l’éthique et du pouvoir
produits par la solidarité sociale ».
Les règles du Droit International Générale sont fondées sur la
solidarité sociale, c’est-à-dire sur une contrainte qui s’impose d’elle-
même aux individus dans l’intérêt de tous. Ces auteurs sont favorables
dans l’intérêt de la communauté internationale à l’existence des
organes internationaux opposables à tous les États.
Chapitre 1er. Le Sources du Droit International
Public
Selon l’article 38 du Statut de la Cour Internationale de Justice, « la
Cour applique les conventions internationales soit générale soit
spéciale, la coutume internationale, les principes généraux du droit
reconnus par les nations civilisés. ». Cette énonciation montre que
l’ordre juridique internationale comporte à la fois des sources écrites
et des sources non-écrites.
La notion de « Jus Cogens » dont le contenu est incertain, n’est pas
évoquée car celle-ci était encore inconnue à l’époque de la rédaction
du texte de l’article 38.Les actes unilatéraux des organisations
internationales et les États qui jouent un rôle non négligeable dans les
relations internationales ne sont pas non plus mentionnés, ils ne sont
pas situés dans le texte de l’article.
Les traités et la coutume qui sont évoqués en premier par l’art. 38
du Statut de laCIJ sont très incontestablement les principales sources
du Droit International Public en raison de leur importance indéniable
dans la vie internationale.
Les principes généraux du droit, ainsi que les actes unilatéraux des
organisations internationales et les États constituent d’autres sources
du Droit International Public.
C. La codification de la coutume
Selon l’art. 13, Pr. 1 de la charte des Nations Unis, « l’Assemblée
générale des États, et fait des recommandations en vue de développer
la coopération internationale dans le domaine politique et
d’encourager le développement progressive du droit international et sa
codification ». La Commission du droit
international subsidiaire permanent institué par l’Assemblée général
de l’ONU le 23 décembre 1947 joue un rôle essentiel en matière de
codification de la coutume internationale.
La Commission du droit international est composée de 35 juristes
élus par l’Assemblée général de l’ONU pour un mandat de 5 ans. De
nombreuses conventions internationales ont été conclues sous les
auspices de la Commission du droit international. Il faut citer
notamment les quatre conventions de Genève sur le droit de la mer de
1958 :
La convention de Vienne sur les relations diplomatiques de
1961 ;
La convention de New York sur les apatrides de 1961 ;
La convention de Vienne sur le droit de traité en 1969 ;
La convention de Montego Bay sur le droit de la mer de
1982.
I. La négociation
La négociation qui est le procédé le plus simple est le mode premier
du règlement des différends internationaux. Toutefois, la négociation
est impossible si les États n’entretiennent pas ou plus des relations
diplomatiques. Par ailleurs, il faut signaliser que des
nombreux traités comportent une clause dite de négociation préalable.
Ainsi par exemple selon l’art. 283 de la convention de Montego Bay
sur le droit de la mer « lorsque un différend surgit entre deux États
parties à propos de l’interprétation ou de l’application de la
convention, les parties en litige procèdent rapidement à un échange
des vues (point de vues) concernant le règlement des différends par la
négociation ou par d’autres moyens pacifiques ».
II. La médiation
Elle va faire intervenir un tiers lequel proposera aux parties une
solution à leurs différends.
La médiation fait intervenir un tiers qui peut être un État ou une
personnalité comme le Secrétaire générale de l’ONU.
Le médiateur propose aux parties une solution sans toutefois
pouvoir l’imposer. Selon la convention de la Haye de 1907, « le rôle
du médiateur consiste à concilier les prétentions opposés et à abaisser
les ressentiments qui peuvent être produit entre les États en conflit ».
Parmi les nombreux exemples de médiation, on peut citer un
exemple qui est celle du Président des États-Unis Jimmy Carter dans
la négociation entre l’Israël et l’Egypte.
IV. L’enquête
Elle a pour but d’établir la matérialité des faits causant un différend.
La commission internationale d’enquête est constitué librement par les
parties sauf si un traité international établit une commission
permanente. Le rapport établi par la
commission d’enquête n’a pas de portée obligatoire. Cette procédure a
été utilisé à propos des plusieurs incidents maritimes (affaire de
Dogger Bank en 1904 entre la Russie et le Royaume-Uni, ou encore
plus récemment entre l’Israël et le Liban, l’Ukraine et la Russie.
Par ailleurs, une commission d’enquête peut être diligentée par le
Conseil de Sécurité de l’ONU selon l’art. 34 de la charte des Nations-
Unis, le Conseil de Sécurité « peut enquêter sur tout différend ou toute
situation qui pourrait entrainer un désaccord entre nations ou
engendrer un différend afin de déterminer si la prolongation de ce
différend ou de cette situation semble devoir menacer le maintien de la
paix et de la sécurité internationales ».
Par exemple, le 7 avril 2005, une commission d’enquête
internationale a été constituée par la résolution 1595 du Conseil de
Sécurité pour enquêter sur tous les aspects de l’assassinat de l’ancien
premier ministre libanais Rafiq Hariri.
V. La conciliation
Elle impose une procédure contradictoire et fait intervenir un organe
non-juridictionnel. La conciliation cherche à faire examiner le litige
par une commission qui a la confiance des parties. Ce mode
diplomatique des règlements de différend apparu au lendemain de la
1ère Guerre Mondiale exige naturellement la coopération des États
concernés.
A la différence de l’arbitrage international, la solution que va
proposer la commission de conciliation est toujours facultatif. Certain
traité comme la convention de Montego Bay sur le droit de la mer
prévu à l’avance l’existence d’une commission de conciliation. L’art.
66 de la convention de Vienne de 1969 sur le droit de traité a fait du
procédé de conciliation la procédure du droit commun pour les litiges
relative à la nullité, à l’extinction ou à la suspension de l’application
des traités internationaux.
I. L’arbitrage
Cette dernière remonte à l’antiquité, il repose sur les consentements
des parties. Il est le plus ancien des modes juridictionnels de
règlement des différends. Il est aussi utilisé pour régler des différends
entre un État et une personne privée étrangère. C’est le cas par
exemple, dans le cadre des contrats de concession – on parle alors
d’arbitrage transnational.
L’arbitrage moderne apparait en 1872 à l’occasion de l’affaire
Alabama entre la Grande Britannique et les États-Unis. Il a été très
souvent utilisé pour le règlement des différends territoriaux selon l’art.
37 de la convention de la Haye de 1907, « l’arbitrage international a
pour objet le règlement des litiges entre État par des juges de leur
choix sur la base du respect du droit international. Le recours à
l’arbitrage implique de se soumettre de bonne foi à la sentence ».
La sentence arbitrale doit être exécutée de bonne foi par les parties.
Elle se présente comme une décision des justices, elle bénéficie de
l’autorité relative de la chose jugée.
Selon l’art. 82 de la convention de la Haye de 1907, « elle peut
toujours faire l’objet d’un recours en révision devant le tribunal qui l’a
rendu en cas des faits nouveaux, de nature à exercer une influence
décisive sur la sentence ». Les parties peuvent décider de
constituer un tribunal arbitral composé le plus souvent de 3 ou 5
membres ou opterpour un arbitre unique.
Les États sont libres de recourir à l’arbitrage et peuvent décider d’y
recourir après l’apparition du contentieux. Mais ils peuvent aussi
décider à l’avance de recourir à ce mode de règlement des différends.
Ce consentement préalable à l’arbitrage peut prendre la forme d’une
clause compromissoire (clause conventionnel organisant la procédure
en cas d’un contentieux relative à l’application du traité international)
ou d’un traité d’arbitrage (qui prévoit le recours à l’arbitrage pour tout
litige pouvant surgir entre les États parties).
L’organe arbitral ne peut statuer au-delà de ce qui est demandé dans
le compromis d’arbitrage qui lient les parties. Il ne peut statuer
également ultra-petita.
I. L’obligation de réparation
L’obligation de réparer qui est une règle coutumière a été énoncé
par le juge international dans la célèbre affaire de l’Usine
« CHORZOW du 13 septembre 1928 entre l’Allemagne et la Pologne
». La Cour a parlé de l’obligation de réparation lors de la violation
d’une obligation du droit international.
Selon la Cour permanente de Justice internationale, dans l’arrêt du
13 sept. 1928, « les principes essentiels qui découle de la notion même
de l’acte illicite et qui semble se dégager de la pratique internationale
et que la réparation doit autant que possible effacer toute les
conséquences de l’acte illicite et rétablir la situation et qui aurait
vraisemblablement existé si l’acte en question n’avait pas été commis
». La Cour Pénale de Justice International reconnait que « c’est un
principe de droit international que la réparation d’un dommage peut
consister en une indemnité ».
Les préjudices indemnisables peuvent être tant moraux que matériel.
En vertu de l’art. 31, « l’État responsable est tenu de réparer
intégralement les préjudices causé par le fait internationalement
illicite, le préjudice comprend tout dommage résultant d’un fait
internationalement illicite de l’État ».