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LA CONCLUSION DES TRAITES INTERNATIONAUX

Le droit international contemporain est marqué par la prégnance du phénomène


conventionnel. L’universalisme conventionnel se combine avec le régionalisme
conventionnel pour déterminer la substance d’un droit international qui affectionne de plus
en plus le mode d’élaboration conventionnel. Dans la célèbre affaire du Wimbledon, la CPJI
affirmait que la faculté de contracter des engagements internationaux est précisément un
attribut de la souveraineté de l’État. Ces engagements internationaux, les États les
contractent et les assument souvent par la voie du traité. Au terme de l’article 2 paragraphe
1-a de la convention de Vienne du 23 mai 1969 sur le droit des traités, « l’expression traité
s’entend d’un accord international conclu par écrit entre États et régi par le droit
international qu’il soit consigné dans un instrument unique ou dans deux ou plusieurs
instruments connexes et quel que soit sa dénomination particulière ». La même définition se
retrouve dans la convention de Vienne de 21 mars 1986 relative aux traités conclu par les
Organisations internationales. En clair, le traité désigne tout accord conclu entre deux ou
plusieurs sujets du droit international destiné à produire des effets de droit et régi par le droit
international. Cela dit, il convient de relever que la conclusion des traités est une véritable
opération à procédure. Cela nous conduit à s’interroger sur les différentes étapes qui
jonchent la conclusion d’un traité. En d’autres termes, quelles sont les étapes de gestation
des traités ? La conclusion des traités débute par l’élaboration du texte (I) jusqu’à
l’expression par l’État contractant de son consentement à être lié (II).

I- L’élaboration du texte
Deux éléments rentrent en ligne de compte ici : la négociation du texte (A), et son
adoption (B).

A- La négociation
La négociation apparaît comme le moment privilégié de la rencontre des volontés et de
la confrontation des prétentions de deux ou plusieurs souverainetés. Elle permet de cerner
leurs intentions, de concilier leurs vues unilatérales, d’ajuster des intérêts parfois
contradictoires ou divergents.
En général, les règles constitutionnelles des divers États attribuent la compétence de
négocier à l’exécutif et plus précisément à son chef. Cependant, le chef de l’État ne participe
pas toujours personnellement aux négociations. Il délègue souvent son pouvoir de négocier.
Le bénéficiaire de la délégation peut être le chef du Gouvernement, le ministre des affaires
étrangères, les chefs de départements ministériels, les chefs de missions diplomatiques ou tout
autre personnage commis à cet effet. C’est ce qu’on appelle les plénipotentiaires c’est-à-dire
des personnes qui ont reçu officiellement de la part de leur État les pleins pouvoirs pour
négocier le traité. Une fois les négociations terminées, l’on adopte le texte du traité.

B- L’adoption du texte
Elle représente l’étape ultime de la négociation. Dès lors, elle permet d’arrêter
définitivement le contenu du texte et de l’authentifier par une signature. L’adoption peut se
faire selon plusieurs modalités. Celles-ci se subdivisent en deux grandes versions que sont le
vote et le consensus. Le vote se fait à une majorité pré-indiquée. Il peut porter sur chaque
article du projet de texte comme sur l’ensemble du projet de texte. La méthode du consensus
permet de considérer les propositions à l’égard desquelles aucune objection formelle n’a été
élevée par un participant à la négociation. Les négociateurs
adoptent le traité dans une ou plusieurs langues. En cas de pluralité des langues, ils
s’entendent sur celle(s) faisant foi. La négociation va se terminer par ce qu’on appelle par
l’authentification. L’authentification est le mécanisme qui consiste à signifier que le texte issu
de la négociation fait foi et que son contenu est conforme à l’intention des négociateurs et
peut être validé. L’authentification du texte d’un traité peut se faire soit par le paraphe, soit
par la signature. Aussi, convient-il de relever que la signature peut cependant être une
modalité du consentement à être lié.

II- L’expression du consentement a être lie


Le consentement à être lié est essentiellement exprimé lors de l’entrée en vigueur du
texte de traité. Cette entrée en vigueur est donc tributaire des divers modes d’expression du
consentement à être lié (A), ce consentement pouvant être assorti de réserves (B).

A- Les modes d’expression du consentement à être lié


Au terme de l’article 11 de la Convention de Vienne sur le droit des traités, le
consentement d’un État à être lié par un instrument conventionnel peut être exprimé par la
signature, l’échange d’instruments constitutifs d’un traité, la ratification, l’acceptation,
l’approbation ou l’adhésion ou par tout autre moyen convenu. L’on retrouve ici la marque du
consensualisme qui imprègne le droit des traités et qui sous l’empire de la convention de 1969
permet de distinguer d’une part les modalités d’expression du consentement à être lié dans le
cas des accords en forme simplifiés et d’autre part, les modalités solennelles sous-tendues par
une procédure longue et à plusieurs degrés, débouchant sur la ratification. La
ratification peut être définie comme l’acte par lequel l’autorité étatique détenant la
compétence constitutionnelle du « treaty making power » confirme le traité adopté par les
plénipotentiaires, consent à ce qu’ils deviennent obligatoires et s’engagent solennellement au
nom de l’État, à l’exécuter. Par ailleurs, le consentement de l'État n'est valable que s'il est à la
fois réel et libre dans son expression. Il ne doit être entaché d'aucun vice de consentement
pouvant affecter la validité du traité. Il faut également noter que certains États peuvent assortir
leur consentement des réserves.

B- La participation partielle aux conventions multi ou plurilatérales : le


problème des réserves

Les réserves constituent une technique permettant de restreindre l’engagement d’une


partie, à son initiative et suivant les termes qu’elle choisit. En effet, L’on est passé
progressivement d’un régime prohibitif des réserves à un régime permissif et parfois libéral.
Le droit des traités autorise ainsi les États à formuler des réserves. Toutefois, le droit de faire
des réserves est soumis à un certain nombre de conditions. Il n’est acquis qu’à condition que
la réserve ne soit pas interdite par le traité. De même, l’article 64 de la convention de Vienne
sur le droit des traités introduit l’interdiction des réserves concernant les normes de jus
cogens tandis que l’article 20 de la convention de 1965 sur l’élimination de toutes les formes
de discriminations raciales interdit certaines catégories de réserves. Une fois formulées et
admises, les réserves sont appelées à produire des effets juridiques.

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