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Institut Universitaire d'Abidjan

Droit des relations


internationales
Brou Ange AHUI
Relations internationales

Droit des relations


internationales

Brou Ange AHUI

2
Les manuels de l’IUA-Licence 2 Sciences Juridique / Semestre 4

SOMMAIRE

INTRODUCTION............................................................................
I- Définitions des relations internationales .........................
II- Les théories des relations internationales ......................
Première partie- La structure des relations internationales ..........
Chapitre 1– Les Etats......................................................................
Section 1– Les critères objectifs ..................................................
Paragraphe 1– Le territoire ......................................................
Paragraphe 2– La population ...................................................
Paragraphe 3– Le pouvoir politique .........................................
Section 2– Le critère subjectif : la reconnaissance d’Etat...........
Paragraphe 1– La notion de reconnaissance d’Etat ...................
Paragraphe 2– Les modalités et la portée de la reconnaissance d’Etat
Chapitre 2– Les Organisations Internationales ................................
Section 1– La création des O.I. ...................................................
Paragraphe 1– Le fondement juridique des O.I. .......................
Paragraphe 2– La statut des O.I. ..............................................
Section 2- La structure des O.I. ………………………………………

Paragraphe 1– La composition………………………………………
Paragraphe 2– Le fonctionnement …………………………………..…
Chapitre 3 – Les personnes privées dans la société internationaleErreur ! Signet non
défini.
Section 1 –Les Organisations non gouvernementales internationales
Paragraphe 1 – Les conditions d’existence des O.N.G. internationales
Paragraphe 2 – Le statut juridique des O.N.G. internationales ..
Section 2 –Les Sociétés multinationales ......................................
Paragraphe 1– Le statut juridique des sociétés multinationales.
Paragraphe 2– Le régime juridique des sociétés multinationales

3
Relations internationales

INTRODUCTION

L’étude des relations internationales commande au préalable qu’on


s’intéresse à la définition et aux différentes théories qui sous-tendent la
matière.

I- Définitions des relations internationales


La doctrine a donné aux relations internationales plusieurs acceptions
qu’il convient de classer en deux catégories : une acception restreinte et une
acception large.

La définition restreinte présente les relations internationales comme les


relations qui dépassent les limites d’un seul Etat en se nouant dans le cadre
de la société internationale, échappant ainsi à l’emprise d’un pouvoir étatique
unique.

Cette définition est restrictive car elle ne rend compte que de la réalité
des rapports interétatiques. Pourtant, d’autres acteurs de la société
internationale entretiennent des relations avec les Etats ou entre eux. Dans
ce sens, Quincy WRIGHT écrit que : « ce n’est pas aux seules nations que
les Relations internationales se rapportent. C’est à des types de groupes très
divers – nations, Etats, gouvernements, peuples, régions, alliances,
confédérations, organisations internationales, et même organisations
industrielles, culturelles, religieuses – qu’il faut s’intéresser dans l’étude des
relations internationales si l’on veut que cette étude soit réaliste »1.

Selon la définition large, les relations internationales sont ainsi que


l’énonce le Professeur Daniel COLARD, « Les rapports pacifiques ou
belliqueux entre Etats, le rôle des organisations internationales, l’influence
des forces transnationales et l’ensemble des échanges ou des activités qui
transcendent les frontières étatiques »2.

Outre le champ d’application extraterritorial, cette définition englobe la


nature des rapports (pacifiques ou conflictuels), les acteurs en présence
(Etats, Organisations internationales, forces transétatiques) ainsi que leur
objet (échanges diplomatiques, commerciaux, scientifiques ou activités
culturelles, sportives, etc).

1
WRIGHT Quincy, The Study of International relations, New York, Appleton – century, 1955, p.6 .
2
COLARD Daniel, Les relations internationales, Paris, Ed. Masson, 1977, p.12.
4
Les manuels de l’IUA-Licence 2 Sciences Juridique / Semestre 4

II- Les théories des relations internationales


Les deux guerres mondiales (1914 -1918 et 1939 -1945) ont marqué un
tournant crucial dans les relations internationales et ont relancé les
oppositions théoriques de la doctrine.

Ainsi, plusieurs théories essayent de rendre compte du phénomène des


relations internationales. Nous ne retiendrons que les trois plus courantes au
regard de la pratique internationale.

La théorie réaliste, soutenue par Thucydide, Machiavel, Bodin, Hobbes,


Hume, Hegel, Martin Wight, voit dans les relations internationales des
rapports anarchiques entre Etats indépendants et souverains ne reconnaissant
aucune autorité politique supérieure à eux et régulant leurs relations par la
guerre. D’ailleurs, selon Raymond ARON, « les relations interétatiques se
déroulent à l’ombre de la guerre »3. Pour les tenants de cette théorie, les
relations internationales sont synonymes d’état de guerre dans lequel aucune
autorité centrale ne peut empêcher le recours à la force armée en vue de
défendre les intérêts vitaux nationaux. Morgenthau a estimé que la politique
internationale est une lutte pour la puissance4. L’équilibre des puissances est
le seul mode de régulation capable d’assurer une certaine paix et une relative
stabilité.

Les grandes puissances se soucient essentiellement des moyens leur


permettant de survivre dans un monde où il n’y a pas d’autorité les protégeant
les unes des autres. Elles se rendent compte que la puissance est la clef de
leur survie.

Le rationalisme, développé par Grotius, Locke, Montesquieu, Bentham,


Burke, Mill, Wilson, évoque les relations internationales en termes
d’« échange international » à travers les relations diplomatiques et
consulaires ainsi que par le moyen du commerce institutionnalisé, continu et
organisé. Adrew MORAVCSIK écrit que « les acteurs fondamentaux de la
politique internationale sont les individus rationnels »5.

La théorie rationaliste renvoie au libéralisme. L’internationalisation des


rapports a créé une interdépendance entre les Nations qui doivent préserver
3
ARON Raymond, Paix et guerre entre les nations, Paris, Calmann-Lévy, 2008, p. 18.
4
MORGENTHAU Hans, Politics Among Nations. The Struggle for power and Peace, New York, MacGraw-Hill, 7e éd.,
2005, p.29.
5
MORAVCSIK Adrew, «Taking preferences seriously. A liberal theory of international politics», International
Organization. n° 51/4, automne 1997, pp. 513 – 553.
5
Relations internationales

leurs intérêts en collaborant. Les Organisations internationales politiques


(ONU, U.A., etc.), économiques (CEDEAO, CEEAC, UE) ou spécialisées
(UNESCO, FAO, OIT, OTAN) concourent à favoriser les échanges et à
pacifier la société internationale.

La théorie marxiste des relations internationales s’oppose à l’effectivité


du principe de l’égalité des Etats souverains, juridiquement indépendants les
uns des autres et entretenant des relations horizontales entre eux.

Pour MARX et ENGELS, les relations internationales ne sont jamais


que des rapports de domination, des rapports de force qui sont le
prolongement de la lutte des classes. La théorie marxiste révèle que les
relations sociales interétatiques sont fondées sur le mode de production
capitaliste. Ce système économique oppose les deux classes principales qui
sont la bourgeoisie – détenant les moyens de production – et le prolétariat
qui détient sa seule force de travail qu’il est obligé de vendre sur le marché
du travail pour assurer sa subsistance. Il pérennise la domination de la
bourgeoisie par sa contribution au mode de production existant.

Cette classe bourgeoise dominante est à l’origine de l’émergence de


l’Etat, lequel est chargé d’assurer la pérennité de la domination aussi bien au
plan interne qu’au niveau interétatique. Ainsi, la politique étrangère d’un
Etat, qui conduit les relations internationales, est l’instrument que se donne
la classe bourgeoise pour défendre ses intérêts, au besoin au moyen
d’alliances.

Qu’elles soient pacifiques et conflictuelles, les relations internationales


englobent des problématiques relevant de plusieurs disciplines juridiques,
politiques, économiques, militaires, stratégiques, sociologiques,
philosophiques, géographiques, historiques, etc.

L’étude des relations internationales sera menée suivant deux axes


principaux : la structure des relations internationales (Ière partie) et les
techniques des relations internationales (IIème partie).

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR APPROFONDIR


LE CHAPITRE

*ARON Raymond, Paix et guerre entre les nations, Paris, Calmann-Lévy,


2008, p. 18.
*BASTTISTELLA Dario, Théorie des relations internationales, Paris, Presses
de Sciences Po, 2009, 696p.
*COLARD Daniel, Les relations internationales, Paris, Ed. Masson, 1977,
p.12.
*MORGENTHAU Hans, Politics Among Nations. The Struggle for power and
Peace, New York, MacGraw-Hill, 7e éd., 2005, p.29.
*MORAVCSIK Adrew, «Taking preferences seriously. A liberal theory of
international politics», International Organization. n° 51/4, automne 1997, pp.
513 – 553

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Relations internationales

EXERCICES D’ASSIMILATION

1) Définissez les relations internationales respectivement selon


les approches restreinte et large.

2) Quelles sont les principales théories classiques des relations


internationales ? Décrivez-les et donnez leur application à la
lumière de la pratique actuelle.

3) Quelle est la spécificité de la discipline des relations


internationales par rapport au droit interne ?

8
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PREMIERE PARTIE

La structure des relations internationales

Le fonctionnement de la société internationale au sein de laquelle


s’entretiennent les relations internationales est fondé sur des acteurs qui
l’animent suivant les intérêts en présence mais aussi des normes qui la
régissent.
Les acteurs de la société internationale sont multiples et variés. En plus
des sujets primaires que sont les Etats (Chap. 1), on trouve les sujets
secondaires, les Organisations Internationales (Chap. 2) ainsi que des
personnes privées qui concourent aux relations internationales (Chap. 3).

CHAPITRE 1 –LES ETATS

L’Etat est le sujet originaire de la société internationale. Cela signifie


que l’Etat est historiquement premier par rapport au droit international, c’est-
à-dire qu’il est à l’origine de celui-ci.

Il est le sujet principal du droit international en tant que premier titulaire


de droits et obligations dans l’ordre juridique international. A cet effet,
Edmond JOUVE indique fort justement que l’Etat est l’acteur privilégié des
relations internationales 6. Sa formation est subordonnée à deux critères
essentiellement : objectif et subjectif.

Section 1– Les critères objectifs


L’Etat peut être défini comme une société politique résultant de la
fixation sur un territoire déterminé d’une collectivité humaine régie par un
pouvoir institutionnalisé ayant le monopole de la violence légitime. Il ressort
de cette définition trois éléments constitutifs : le territoire, la population et le
pouvoir politique.

6
JOUVE Edmond, Relations Internationales, Paris, PUF, 1992, p. 43.
9
Relations internationales

Paragraphe 1– Le territoire
Le territoire est l’étendue géographique sur laquelle l’Etat exerce ses
compétences. Il est composé de l’espace terrestre, de l’espace maritime et de
l’espace aérien.

A- L’espace terrestre
L’espace terrestre désigne le sol et le sous-sol du territoire. Il est
délimité soit naturellement (cours d’eaux : Côte d’Ivoire / Ghana ; massifs
montagneux : Afghanistan / Pakistan ; forêt : Inde / Pakistan ; désert : Iran /
Irak) soit artificiellement (délimitation par tracés effectués à la suite
d’accords internationaux. Exemple : Conférence de Berlin consolidant les
territoires colonisés).

Tous les Etats n’ont pas la même étendue de territoire terrestre. Aussi
existe-t-il des Etats dont la superficie est très réduite ; ils sont dits des micro-
Etats (Iles Seychelles, 455 km2 ; La Barbade, 431 km2 ; Tuvalu, 26 km2 ;
Monaco, 2 km2 ; Vatican, 44 ha).

En revanche, il y a des Etats à forte dimension territoriale. C’est le cas


de la Russie (17 098 242 Km2), du Canada (9 984 670 Km2), de la Chine
(9 598 095 Km2), des Etats-Unis d’Amérique (9 371 175Km2).

Il faut préciser que le territoire terrestre n’est pas une réalité


géographique continue. Le territoire terrestre peut être fractionné 7. L’Alaska
et l’île Hawaï sont séparés du territoire américain. L’oblast de Kaliningrad
est séparé de la Russie (enclave territoriale au bord de la mer Baltique, entre
la Lituanie et la Pologne). Le territoire français comporte, en dehors la
métropole, des territoires d’outre-mer éparpillés (Guyane, Guadeloupe, La
Réunion, Martinique, St Barthélémy, St Pierre et Miquelon, etc.)

Il y a également des territoires enclavés, c’est-à-dire qui se trouvent à


l’intérieur d’un autre Etat. Par exemple : le Lesotho est enclavé par l’Afrique
du Sud et Saint-Marin par l’Italie.

En général, une relation entre l’étendue du territoire et la puissance de


l’Etat est établie. Les grandes puissances contemporaines sont des Etats à
vaste étendue territoriale (Etats-Unis d’Amérique, Chine, Russie). Cette
affirmation est d’autant plus vérifiée que les nouveaux Etats émergeants

7
GICQUEL Jean et GICQUEL Jean-Eric, Droit constitutionnel et institutions politiques, Paris, Montchrestien, 2008, p.58.
10
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(Inde, Brésil) ont une grande superficie terrestre. Cependant il y a des


exceptions à ce constat. Il n’est donc pas absolu. Le Japon et l’Allemagne
n’ont pas un grand territoire terrestre, mais ce sont des puissances sur la
scène internationale.

Outre l’espace terrestre, l’espace maritime compose le territoire.

B- L’espace maritime
L’espace maritime est adjacent au territoire terrestre en ce sens qu’il le
prolonge et lui donne accès à une voie de communication essentielle et
primordiale dans les relations internationales. L’espace marin d’un Etat est
composé des eaux intérieures, de la mer territoriale, de la zone contiguë, du
plateau continental et de la zone économique exclusive. Il s’arrête là où
commence la haute mer.

1- Les eaux intérieures


Les eaux intérieures sont les eaux situées en deçà de la ligne de base.
Elles comprennent les baies, rades, eaux portuaires. L’Etat exerce sur les
eaux intérieures une souveraineté pleine, entière et exclusive à l’instar du
territoire terrestre.

2- La mer territoriale
La mer territoriale est l’étendue d’eau à partir de la ligne de base qui
s’étend à 12 milles marins, soit un peu plus de 22.000 m8 ; 1 mille marin
correspondant à 1 852 m. Etant donné la nature du territoire immergé de la
mer territoriale, l’Etat déploie des compétences identiques à celles de
l’espace terrestre (souveraineté exclusive et entière).

L’Etat côtier exerce des droits économiques (exploitation des


ressources minérales, pêche), et en matière de sécurité (pouvoir de police,
douane, protection de l’environnement). Les autres Etats bénéficient d’un
droit de passage inoffensif dans la mer territoriale. Le passage inoffensif est
la traversée continue et rapide qui ne porte pas atteinte à la paix, au bon ordre
ou à la sécurité de l’Etat côtier.

8
Loi française du 22 décembre 1971.
11
Relations internationales

3- La zone contiguë
La zone contiguë se situe au-delà de la mer territoriale et sa largeur est
de 12 milles marins. L’Etat côtier n’y exerce pas ses droits souverains mais
dispose de compétences de contrôle (police) lui permettant de prévenir et de
réprimer les infractions en matière douanière, fiscale, sanitaire ou
d’immigration.

4- Le plateau continental
L’article 76 de la Convention de Montego Bay stipule que : « Le
plateau continental d’un Etat côtier comprend les fonds marins et leurs sous-
sols au-delà de la mer territoriale, sur toute l’étendue du prolongement
naturel du territoire terrestre de cet Etat jusqu’au rebord externe de la
marge continentale ». Il s’étend jusqu’à 200 milles marins de la ligne de
base ; il peut aller jusqu’à 350 milles marins.
L’Etat riverain exerce sur son plateau continental des droits souverains
exclusifs en ce qui concerne l’exploration et l’exploitation des ressources
naturelles (minières, biologiques). Cependant ces droits ne doivent pas porter
atteinte aux régimes juridiques des eaux surjacentes (zone économique
exclusive, haute mer), ni à celui de l’espace aérien.

5- La zone économique exclusive


La zone économique exclusive a une largeur de 200 milles marins (370
Km) à partir de la ligne de base. L’Etat côtier bénéficie sur la zone
économique exclusive des libertés (navigation, survol, pose de pipelines
sous-marins) et peut exercer certains droits (exploration, exploitation,
conservation et gestion des ressources naturelles et biologiques)9.

6- La haute mer
La haute mer se situe au-delà de la zone économique exclusive. Elle se
caractérise par l’absence de souveraineté (article 89 de la Convention de
Montego Bay). La haute mer est affectée à des fins pacifiques. Tout État,
qu'il soit côtier ou sans littoral, a le droit de faire naviguer en haute mer des
navires battant son pavillon. Cette liberté de navigation s’accompagne d’une
liberté de survol, pêche, pose de câbles, de pipelines sous-marins, de
recherches scientifiques.
Chaque Etat exerce des compétences de police sur les navires battant
son pavillon. A titre exceptionnel, les autres Etats ont un droit de visite sur

9
Loi française du 16 juillet 1976.
12
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un navire ne battant pas leur pavillon lorsqu’il existe une présomption de


piraterie, de fraude au pavillon ou de transport illégal (drogue, esclaves).
Tous les Etats ont un droit de poursuite lorsque l’infraction a été commise
préalablement dans une zone placée sous leur juridiction.

L’espace aérien fait également partie du territoire.

C- L’espace aérien
L’espace aérien surplombe le territoire terrestre et le territoire maritime,
jusqu’à la limite extérieure de la mer territoriale. Selon l’article 1 er de la
Convention de Paris de 1919, chaque Etat exerce une souveraineté complète
et exclusive sur l’espace atmosphérique au-dessus de son territoire. En
conséquence, le survol de l’espace aérien d’un Etat requiert le consentement
de celui-ci qui peut l’interdire, l’autoriser ou le règlementer. La Convention
de Chicago du 07 décembre 1944 établit le régime d’un libre survol des
avions civils et soumet à autorisation spéciale le survol des aéronefs
militaires. Si l’espace atmosphérique au-dessus du territoire terrestre relève
de la souveraineté de l’Etat, l’espace extra-atmosphérique échappe à sa
compétence. En tout état de cause, le territoire d’un Etat est peuplé par une
population qui en constitue la base sociologique.

Paragraphe 2– La population
La population est définie comme l’ensemble des personnes vivant sur
le territoire d’un Etat sur lesquelles celui-ci exerce ses compétences. La
population d’un Etat n’est pas un tout homogène. Elle est composite et
hétéroclite. Elle est composée des nationaux (A) et des non nationaux (B).

A- Les nationaux
Les nationaux sont les personnes qui sont rattachées à un Etat par le lien
juridique de la nationalité. La nationalité est définie, par la jurisprudence
internationale, comme « le lien juridique ayant à sa base un fait social de
rattachement, une solidarité effective d’existence, d’intérêts, de sentiments,
jointe à une réciprocité de droits et de devoirs » (CIJ, Arrêt Notteböhm, 06
avril 1955, Guatemala c/ Lichtenstein).

Mr Notteböhm, né en Allemagne, avait acquis la nationalité allemande


mais en 1905 il s’était installé au Guatemala pour faire des affaires. Pour
exercer facilement ses activités, il décide de changer de nationalité parce que
la nationalité allemande devenait un handicap. Il part au Lichtenstein pour
13
Relations internationales

en acquérir la nationalité avant de retourner au Guatemala. En 1943, il fut


arrêté par le Guatemala en tant que citoyen allemand et il est expulsé. C’est
alors que le Lichtenstein entendit exercer sa protection diplomatique au
bénéfice de son national. Le Guatemala s’apposa en arguant qu’il s’agissait
d’une nationalité de complaisance. En conséquence, le Lichtenstein n’avait
pas qualité pour exercer sur le plan international la protection diplomatique.
Le CIJ a déclaré la demande du Lichtenstein irrecevable.

L’attribution de la nationalité relève du pouvoir discrétionnaire des


Etats. Il y a deux grands modes d’acquisition de la nationalité : le lieu de
naissance ou la durée du séjour (jus soli) et la filiation ou par le mariage (jus
sanguinis). Par exemple, au regard du 14e amendement §1, de la Constitution
américaine, toute personne née sur le territoire des Etats-Unis est citoyenne
américaine, malgré le statut de ses parents (sauf les enfants de diplomates en
poste aux Etats-Unis).

Les nationaux bénéficient de prérogatives accordées par l’Etat. Ainsi


dans la plupart des Etats, l’accès aux emplois de la fonction publique est
réservé exclusivement aux nationaux. Au regard de l’article 3 du Statut
général de la fonction publique ivoirienne, la première condition
d’acquisition de la qualité de fonctionnaire est la nationalité ivoirienne. De
même la qualité d’électeur est attachée à la nationalité (art. 3 du Code
électoral ivoirien). La nationalité est une des conditions sine qua non
d’éligibilité à la présidence de la République (art. 55 de la Constitution
ivoirienne), à l’Assemblée nationale (art. 71 du Code électoral ivoirien) ou
même pour des mandats électifs locaux10. Pour les emplois dans le secteur
privé, dans certains pays, les nationaux bénéficient d’un droit de
prééminence : c’est la préférence nationale. C’est le cas du Gabon et de la
Guinée Equatoriale11. C’est une mesure discriminatoire à l’égard des non
nationaux.

B- Les non nationaux


Le non national d’un Etat est une personne qui réside dans cet Etat mais
qui n’en a pas la nationalité. Le non national est désigné couramment sous le
vocable d’étranger. Il existe deux types d’étranger.

Dans la première catégorie, l’étranger est celui qui vit en dehors de


l’Etat duquel il a la nationalité. Il est donc un immigré dans le pays d’accueil

10
Voir, pour les élections régionales, art. 109 du code électoral et art. 137 pour les élections municipales
11
SINDJOUN Luc (dir.), Etat, individus et réseaux dans les migrations africaines, Paris, Karthala, 2005, p.118.
14
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

et un émigré du point de vue de son pays d’origine. Dans le cadre de l’Union


européenne, il est admis qu’un ressortissant d’un Etat membre qui vit sur le
territoire d’un autre Etat membre ne puisse être considéré comme étranger,
mais plutôt comme un ressortissant européen, sur la base des articles 17 et
18 du Traité instituant la Communauté européenne.

La seconde catégorie concerne les apatrides. Aux termes de l’art. 1 er§1


de la Convention de New York relative au statut des apatrides du 28
septembre 195412, l’apatride « désigne une personne qu’aucun Etat ne
considère comme ressortissant par application de sa législation ». Les
apatrides sont des étrangers n’ayant aucune nationalité. Ce qui est en
contradiction avec la Déclaration universelle des droits de l’Homme, en son
art.15, qui édicte que «tout individu a droit à une nationalité ». La
Convention de 1954 est complétée par la Convention des Nations Unies sur
la réduction des cas d’apatridie du 30 août 1961 13. La Convention de 1961
prévoit l’octroi de la nationalité de tout Etat contractant pour tout individu
né sur son territoire qui, autrement, serait apatride (art. 1 er). Selon cette
Convention, la perte d’une nationalité doit être subordonnée à la possession
ou à l’acquisition d’une autre nationalité (art. 5 et 6). Ainsi, les parties
contractantes s’engagent à prendre toutes les dispositions afin de ne pas
priver un individu de sa nationalité, si cette mesure doit le rendre apatride.

Qu’ils soient nationaux ou étrangers, les individus qui vivent sur le


territoire d’un Etat bénéficient en principe d’un traitement uniforme. C’est
le principe de l’assimilation de l’étranger au national14 qui induit une égalité
de traitement entre nationaux et étrangers. En Côte d’Ivoire, la loi édicte que
l’étranger jouira des mêmes droits civils que ceux qui sont accordés aux
Ivoiriens (art. 11, Code civil sur le droit des personnes et de la famille).
Cependant, les Etats ont la latitude de soumettre les étrangers à un autre
régime juridique que leurs ressortissants, notamment relativement au statut
professionnel et au statut politique. Dans certaines législations, pour avoir le
droit de travailler, les non nationaux doivent solliciter auprès des autorités
compétentes un permis de travailler.

La population de l’Etat, entendue comme l’ensemble des habitants du


territoire étatique, quoique de composition hétéroclite, obéit à une relative
homogénéité systémique.

12
Nations Unies, Recueil des traités, 1960, vol 360, P. 117. Ratifiée par la Côte d’Ivoire le 03 octobre 2013.
13
Cf. COMBACAU Jean et SUR Serge, Droit international public, Paris, Montchrestien, 2010, 9ème éd., p. 376.
14
Idem.
15
Relations internationales

Du point de vue juridique, l’ordre étatique s’impose à toutes les


composantes de la population. Cet impératif tire son fondement dans la
soumission de la population à un pouvoir politique légitime.

Paragraphe 3– Le pouvoir politique


Selon Max WEBER, l’Etat est « Une entreprise politique de caractère
institutionnel dont la direction administrative revendique avec succès, dans
l’application des règlements, le monopole de la contrainte physique
légitime »15. Le pouvoir politique est l’institutionnalisation de la
représentation nationale. Cette idée de représentation est assumée par le
gouvernement qui, désigne l’organe de pouvoir par lequel l’Etat s’organise
et agit.

La notion de gouvernement au sens large comprend l’exécutif, le


législatif et le judiciaire. Au sens restrictif, le gouvernement fait référence à
l’appareil exécutif qui dispose de l’administration pour faire fonctionner
l’Etat. Il est incarné par le président de la République (détenteur exclusif du
pouvoir exécutif, art. 63 de la Constitution ivoirienne), le vice-président, le
premier ministre éventuellement ainsi que les ministres.

Dans l’ordre international, la forme de gouvernement échappe à


l’appréciation des autres sujets de droit international. Cette garantie est tirée
du principe de la souveraineté interne des Etats avec son corollaire le libre
choix par le peuple de son régime politique. Quoi qu’il en soit, le
gouvernement doit avoir une autorité pleine, effective et entière sur le
territoire et la population. De là découle le caractère exclusif du pouvoir
politique qui, en plus d’être légal, doit être légitime c’est-à-dire qu’il doit
emporter l’adhésion générale de la population.

Section 2– Le critère subjectif : la reconnaissance d’Etat


La société internationale étant dynamique, les sujets et autres acteurs de
droit international se font et se défont. La reconnaissance est l’élément
aléatoire de la formation des Etats en ce qu’elle a un caractère subjectif. Il
faut donc appréhender la notion de reconnaissance d’Etat (§1) avant
d’aborder ses modalités et analyser sa portée (§2).

15
WEBER Max, Economie et société, Paris, Pocket, 1995, T.1, p. 97.
16
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

Paragraphe 1– La notion de reconnaissance d’Etat


La reconnaissance d’Etat est définie comme « un acte unilatéral
discrétionnaire par lequel un Etat prend acte d’une situation ou d’un fait et
dont il va tenir compte dans les relations internationales »16. Au-delà de
l’acte étatique, la reconnaissance peut émaner d’une organisation
internationale. Elle est de ce fait indispensable pour l’adhésion ou
l’admission dans une Institution internationale.

La reconnaissance d’Etat permet à un Etat ou une Organisation


internationale de constater la naissance d’un nouvel Etat et décide
d’envisager avec lui l’établissement de relations diplomatiques. La
reconnaissance est un acte discrétionnaire, donc laissé à l’appréciation des
Etats quant à l’opportunité et aux modalités. Ainsi, elle emporte trois
caractères : discrétionnaire, individuel ou collectif.

La reconnaissance est un acte juridique pris librement par le sujet


émetteur, car il n’existe ni une obligation de reconnaître, ni un devoir de ne
pas reconnaître. La commission d’arbitrage de la Conférence européenne
pour la paix en Yougoslavie souligne que « C’est un acte discrétionnaire
que les autres Etats prennent au moment de leur choix, sous la forme qu’ils
décident et librement »17. Elle est un acte d’autorité (discrétionnaire) par
lequel l’Etat ou l’Organisation internationale (caractère individuel, c’est-à-
dire qui n’engage qu’eux) ou un groupe d’Etats (caractère collectif) marque
son intention de coopérer et d’entretenir des relations diplomatiques avec le
nouvel Etat. La reconnaissance s’effectue suivant des modalités ; sa portée
est fonction de celles-ci.

Paragraphe 2– Les modalités et la portée de la reconnaissance


d’Etat
La reconnaissance peut être effectuée suivant plusieurs modalités. Elle
peut être expresse ou tacite, de jure ou de facto.

En règle générale, l’Etat qui souhaite procéder à la reconnaissance d’un


autre prend un acte spécial par lequel il annonce expressément reconnaître
celui-ci. Il s’agit d’une reconnaissance expresse. Mais la reconnaissance peut
être tacite. Dans ce cas, elle est incluse dans une déclaration précisant
l’intention de l’Etat reconnaissant de considérer le nouvel Etat comme un
partenaire. C’est le cas des messages de félicitation adressés par un chef
16
YAO-N’DRE Paul, Relations internationales, Abidjan, PUCI, 1999, p.65.
17
Avis n° 10 du 04 juillet 1994, §4.
17
Relations internationales

d’Etat à un gouvernement provisoire ou non, à l’occasion de l’accession d’un


pays à l’indépendance 18.

La reconnaissance de jure est une reconnaissance définitive,


irrévocable, pleine et entière. Elle émane d’un acte formel, sans ambiguïté.
La reconnaissance de facto est provisoire, révocable et produit des effets
limités. L’Etat recourt à la reconnaissance de facto lorsque le processus de
formation du nouvel Etat n’est pas achevé. Il entend concourir à cette
formation tout en préservant ses propres intérêts.
Si le nouvel Etat accède effectivement à la souveraineté internationale,
la reconnaissance de facto sera transformée en reconnaissance de jure. A
l’inverse si la formation n’arrive pas à son terme, la reconnaissance sera
révoquée.

Une question fondamentale en droit international mérite d’être posée.


La reconnaissance est-elle constitutive ou déclarative ?

Certains auteurs (Cavaglieri, Triepel, Jellinek) estiment que la


reconnaissance est un élément essentiel à l’existence d’un Etat. Ce serait le
quatrième élément constitutif, en ce sens qu’elle participe de la formation et
la consolidation définitive de l’Etat. La reconnaissance est donc constitutive.

A l’analyse, cette thèse développée par les auteurs volontaristes


classiques énonce qu’un nouvel Etat doit être accepté par les autres Etats
préexistants. Dès lors, le consentement de ceux-ci conditionne l’existence
définitive de celui-là. Ils auraient en conséquence un privilège
supplémentaire, voire une supériorité sur lui ; ce qui est vraisemblablement
contraire au principe de l’égalité des Etats consacré par l’art. 2 § 1 de la
Charte des Nations Unies 19. Ce privilège est également en nette contradiction
avec la Déclaration relative aux principes du droit international touchant les
relations amicales et la coopération entre les Etats, en son art.1§5 qui, en
réaffirmant l’égalité souveraine des Etats, proclame que « Chaque Etat a le
devoir de respecter la personnalité des autres Etats ». Il n’est donc pas
admissible que l’existence d’un Etat avec tous ses attributs juridiques
(souveraineté et personnalité juridique) dépende du bon vouloir d’autres
Etats. Ce serait consacrer la primauté du politique sur le juridique dans les
relations internationales.

18
Cf. www.20minutes.fr/monde/758873- 20110709-france-reconnait-soudan-comme-etat-indépendant. (Consulté le 14
oct. 2014)
19
Charte des Nations Unies, art.2 §1 : « L’organisation est fondée sur le principe de l’égalité souveraine de tous ses
membres ».
18
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

Pour critiquable que puisse être cette doctrine, il n’en demeure pas
moins qu’elle trouve un écho retentissant dans deux exemples : la Palestine
et l’Azawad. N’étant pas reconnu par tous les Etats, l’exercice des
compétences internationales de l’Etat palestinien est quelque peu limité. Les
représentations diplomatiques palestiniennes ne peuvent pas être considérées
comme des Ambassades, au sens strict du terme. C’est le cas notamment aux
Etats-Unis, en France et en Grande-Bretagne. Ce n’est qu’en 2010 que la
France a rehaussé le statut de la Délégation générale de Palestine en France,
devenue la Mission de Palestine, avec à sa tête un Ambassadeur. Le 12 avril
2011, le ministre français des Affaires étrangères, Alain JUPPE, a affirmé
que la France ne reconnaîtrait pas la Palestine de manière indépendante.
Cependant, il faut souligner que la position de la France a évolué en ce sens
que le même ministre a affirmé, le 28 novembre 2014 à l’Assemblée
nationale, que la France reconnaîtra l’Etat de Palestine; cette reconnaissance
étant un droit. L’Assemblée nationale a ouvert la voie à cette reconnaissance
en votant, le 03 décembre 2014, une résolution invitant le gouvernement
français de procéder à la reconnaissance de l’Etat de Palestine. Toutefois,
cette résolution est non contraignante ; le gouvernement n’étant pas tenu de
la prendre en compte. Les parlementaires britanniques ont également voté,
symboliquement, pour une reconnaissance de l’Etat palestinien le 13 octobre
2014. Mais les autorités exécutives britanniques ont réaffirmé clairement
qu’elles n’ont pas l’intention de reconnaître l’Etat palestinien. D’un autre
côté, la Suède a procédé à la reconnaissance de l’Etat palestinien en octobre
2014, devenant le premier pays de l’Union européenne à prendre une telle
mesure.

En ce qui concerne l’Azawad, le Mouvement National de Libération de


l’Azawad (MNLA) avait proclamé son indépendance le 6 avril 2012. Du fait
de la collusion stratégique et militaire avec les groupes terroristes djihadistes,
aucun Etat n’a reconnu l’Etat de l’Azawad. Finalement, il n’a pu avoir
qu’une existence éphémère sans avoir pu exercer ni compétences intérieures
ni compétences internationales.

Tout bien considéré, la reconnaissance est d’abord un acte politique qui


reste indispensable sur le plan bilatéral, comme pour l’adhésion à une
Organisation internationale, sans pour autant faire obstacle à l’existence du
nouvel Etat. C’est la doctrine développée par les tenants de la thèse de la
reconnaissance déclarative.

19
Relations internationales

Selon Antoine GAZANO « La reconnaissance est la prise en compte


d’un fait international et la volonté d’en tirer des conséquences
juridiques »20. L’Etat ne fait que constater la réalité d’une situation. En cela,
la reconnaissance est en principe déclarative, car son unique objet repose sur
le constat de l’existence d’un nouvel Etat déjà constitué à travers les trois
éléments constitutifs. Le tribunal arbitral mixte, au sujet de la Pologne de
1919, s’est prononcé en faveur du caractère déclaratif en ces termes : « l’Etat
existe par lui-même, et la reconnaissance n’est rien d’autre que la
déclaration de son existence reconnue par les Etats dont elle émane »21.
Le refus de reconnaître ne peut être un obstacle à l’existence de l’Etat.
Les intentions et autres appréciations des Etats existants ne peuvent
empêcher un Etat de se constituer. C’est par exemple le cas de l’Etat d’Israël
que plusieurs pays arabes (Iran, Irak, Syrie) ne reconnaissent pas ; cependant
cela n’affecte pas l’existence d’Israël. C’est également le cas de la
République du Somaliland. Cet Etat faisait partie de la Somalie. En 1991, il
a déclaré son indépendance et s’est doté d’une Constitution le 30 avril 2000.
Actuellement, c’est un Etat stable, démocratique – dans lequel l’alternance
politique est garantie – où l’égalité de tous les citoyens et le principe de non
discrimination sont consacrés (art. 8 de la Constitution), contrairement à la
Somalie, pays reconnu au plan international, mais qui est en proie au
terrorisme et à la piraterie. Le Somaliland a une économie prospère du fait
des exportations de bétail et des ressources minières et pétrolières. Le port
de Berbera est d’ailleurs utilisé par l’Ethiopie pour ses exportations. Il y a un
autre fait incongru. La communauté internationale, qui prétend ne pas
reconnaître le Somaliland, entretient pourtant des rapports avec lui. En effet,
l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) mène, en
collaboration avec les autorités du pays, une campagne publique de
sensibilisation des jeunes à la piraterie 22. L’ONUDC a également financé la
construction de la prison d’Hargeisa destinée à la détention des pirates.
Comme on le constate, l’absence de reconnaissance n’empêche pas l’Etat du
Somaliland d’exister et de traiter avec d’autres Etats voire des O.I. C’est
donc par ironie que certains auteurs le traitent d’ « Etat fantôme »23. Mais, il
constitue véritablement une exception en Afrique 24.
D’un autre point de vue une reconnaissance prématurée ne saurait
anticiper véritablement la création d’un Etat nouveau. Par exemple, la
reconnaissance prématurée de l’Etat sécessionniste du Biafra émanant de la
Côte d’Ivoire, à la fin des années 1960, n’avait pas suffi à le créer. De même,
20
GAZANO Antoine, L’essentiel des relations internationales, Paris, Gualino, 2013, p.61.
21
Rec. des décisions des T.A.M., vol. IX, p.336.
22
Cf. Rapport du Secrétaire général de l’ONU, S/2012/783 du 22 octobre 2012, paragraphe 11.
23
YEGAVIAN Tigrane, « Un État fantôme dans la Corne de l'Afrique », Conflits, oct.-déc. 2014, p.24-25.
24
PRUNIER Gérard, « Le Somaliland, une exception africaine », Le monde diplomatique, octobre 2010, p. 6.
20
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

la reconnaissance prématurée de l’Algérie en faveur de la République


Sahraouie n’a pas permis, jusqu’à présent, celle-ci à former l’Etat.
Au vu de ce qui précède, il ressort que l’Etat effectivement constitué
accède à la société internationale dont il devient un acteur principal. Il est à
la base de la création des Organisations internationales.

21
Relations internationales

POINTS IMPORTANTS A RETENIR

1) L’Etat est une société politique résultant de la fixation sur un


territoire déterminé d’une collectivité humaine régie par un
pouvoir institutionnalisé ayant le monopole de la violence
légitime.
2) Le territoire est l’étendue géographique sur laquelle l’Etat
exerce ses compétences.
3) La reconnaissance d’Etat est un acte unilatéral et
discrétionnaire par lequel un Etat prend acte d’une situation ou
d’un fait et dont il va tenir compte dans les relations
internationales.

22
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR APPROFONDIR


LE CHAPITRE

*ARON Raymond, Paix et guerre entre les nations, Paris, Calmann-Lévy,


2008, p. 18.
*BASTTISTELLA Dario, Théorie des relations internationales, Paris, Presses
de Sciences Po, 2009, 696p.
*COLARD Daniel, Les relations internationales, Paris, Ed. Masson, 1977,
p.12.
*MORGENTHAU Hans, Politics Among Nations. The Struggle for power and
Peace, New York, MacGraw-Hill, 7e éd., 2005, p.29.
*MORAVCSIK Adrew, «Taking preferences seriously. A liberal theory of
international politics», International Organization. n° 51/4, automne 1997, pp.
513 – 553

23
Relations internationales

24
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

EXERCICES D’ASSIMILATION

1) Répondez par vrai ou faux. Justifiez votre position et


illustrez-la par des Etats si possible.

 La Haute mer se caractérise par l’absence de souveraineté.

 L’espace aérien est l’espace situé au-dessus du territoire


terrestre et du territoire maritime de l’Etat jusqu’à la limite
de la ZEE.

 La zone contigüe se situe entre la mer territoriale et le plateau


continental de l’Etat riverain.

 Seuls les Etats riverains disposent d’un droit de poursuite en


haute mer.

 Tout Etat a une frontière naturelle.

2) Quels sont les droits et les obligations de l’Etat riverain sur


son plateau continental ?

3) Qu’est-ce qu’un micro-Etat ?

4) Qu’est-ce qu’un Etat enclavé ?

5) Comparez le statut de national, celui d’étranger et d’apatride.

6) La différenciation de traitement entre nationaux et étrangers


équivaut-elle à une discrimination ? Justifiez votre réponse.

Sujet : Commentez cette assertion d’Antoine GAZANO : « La


reconnaissance est la prise en compte d’un fait international, et la
volonté d’en tirer les conséquences juridiques ».

25
Relations internationales

CHAPITRE 2- LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES

La société internationale n’est plus exclusivement interétatique. Des


rapports interétatiques, d’autres personnes morales de droit international,
émanant de la volonté des Etats, ont surgi. Afin d’organiser la société
internationale, créer une solidarité et éviter l’anarchie liée aux différends
internationaux, les Etats ont cru bon d’institutionnaliser et, par ricochet, de
centraliser les divers domaines de leur coopération à travers les
Organisations Internationales (O.I.).

Il existe plus de 500 Organisations Internationales à travers le monde.


Pour mieux cerner cette entité, il convient de présenter sa création (section
1) ainsi que sa structure (section 2).

Section 1– La création des O.I.


L’Organisation Internationale (O.I.) ou Organisation
Intergouvernementale (O.I.G.) est une association d’Etats créée par traité,
pour la réalisation d’objectifs communs, dotée d’organes et d’une
personnalité juridique distincts de ceux des Etats. De cette définition, se
dégagent le fondement et le statut juridique des O.I.

Paragraphe 1– Le fondement juridique des O.I.


L’O.I. est une association regroupant des Etats. A priori, l’O.I. n’est
composée que d’Etats souverains qui s’accordent pour lui conférer des
compétences. Cependant, d’autres personnes morales privées (O.N.G.,
Associations Internationales) ou d’autres O.I. peuvent participer à l’O.I.
L’O.I. est fondée par un traité qui est un accord multilatéral entre les
Etats fondateurs. Ce traité est appelé Convention, Pacte (SdN), Charte
(ONU), Acte constitutif (UA), Statut (Conseil de l’Europe), Constitution
(OIT). C’est l’acte de naissance de l’O.I. qui prévoit sa structure, ses
objectifs, ses moyens ainsi que son mode de fonctionnement. Il est donné
comme la Constitution de l’O.I. 25.
Le traité constitutif doit être accepté intégralement et sa révision est
opposable entièrement à tous les Etats même ceux des membres n’ayant pas
ratifié l’amendement en question. Il prévoit le statut juridique de
l’organisation.
25
MONACO Riccardo, « Le caractère constitutionnel des actes institutifs d’organisations internationales », Mélanges
Charles Chaumont, Paris, A. Pedone, 1974, pp. 153-172 .
26
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

Paragraphe 2– Le statut juridique des O.I.


Les O.I. exercent leurs activités eu égard à leur nature juridique. Ce sont
des personnes morales de droit international. Cette qualité est consécutive à
la personnalité juridique et aux compétences qui leur sont assignées.

A- La personnalité juridique des O.I.


La personnalité juridique est la capacité à être titulaire de droits et à
assumer des devoirs. Dès leur création, les O.I. acquièrent la personnalité
juridique. Dans bien des cas, l’acte constitutif la leur octroie expressément.
Par exemple l’art. 281 (ex-art. 210) du Traité de la Communauté européenne
mentionne expressis verbis que « la Communauté a la personnalité
juridique ».

Cependant, dans la plupart des O.I., ni les traités constitutifs, ni les


textes subséquents n’évoquent la personnalité juridique. L’exemple le plus
patent est le mutisme de la Charte des Nations Unies. Il est donc revenu au
juge international d’élaborer une reconnaissance de la personnalité juridique
à l’ONU. En effet, dans l’Avis consultatif du 11 avril 1949, Réparation des
dommages subis au service des Nations Unies, la CIJ a admis que l’ONU
possède la personnalité juridique en raison de ses caractères généraux, de ses
buts ainsi que des principes à elle assignés 26. D’ailleurs, cette personnalité
juridique est opposable à tous les Etats, même ceux qui ne sont pas membres
de l’organisation et indépendamment de toute reconnaissance de leur part. Il
est loisible de transposer, mutatis mutandis, les solutions de cette affaire aux
autres O.I.27.

Il faut, au bout de l’analyse, tirer les conséquences juridiques de la


personnalité des O.I. qui se déclinent doublement. D’abord, l’O.I. possède la
personnalité juridique interne sur le fondement de laquelle elle a le droit de
contracter, d’acquérir et de vendre des biens mobiliers et immobiliers ainsi
que d’ester en justice. Ensuite, l’O.I. a une personnalité juridique
internationale qui lui confère l’aptitude à émettre des actes juridiques (traités,
actes unilatéraux) et à être imputable des faits juridiques (responsabilité du
fait de ses organes et de ses agents). L’O.I. a le pouvoir de présenter une
réclamation internationale (Avis de la CIJ du 11 avril 1949) et a la capacité
d’exercer la protection fonctionnelle au bénéfice de ses agents.

26
Cf. CARREAU Dominique et MARRELLA Fabrizio, Droit International, Paris, Pedone, 2012, 11ème éd., p. 429.
27
Idem, p. 430.
27
Relations internationales

Qu’elle soit interne ou internationale, la personnalité juridique permet


à l’O.I. d’exercer ses compétences.

B- Les compétences des O.I.


Les compétences sont les pouvoirs juridiques dont dispose chaque O.I.
pour remplir ses fonctions et atteindre ses objectifs. Il convient de les
distinguer en raison de la forme et en fonction du fond.

- Du point de vue de la forme, il y a les compétences explicites et les


compétences implicites.
Les compétences explicites sont celles qui sont énumérées et définies
de façon expresse dans le traité constitutif.
Les compétences implicites, encore appelées compétences impliquées,
sont celles qui ne figurent pas dans la charte, mais qui sont nécessaires à
l’organisation pour accomplir ses missions. Dans l’Avis du 11 avril 1949, la
CIJ a estimé que l’ONU « doit être considérée comme possédant les pouvoirs
qui, s’ils ne sont pas expressément énoncés dans la Charte, sont, par une
conséquence nécessaire, conférés à l’Organisation en tant qu’essentiels à
l’exercice des fonctions de celle-ci ».
L’interprétation extensive, donnant lieu aux compétences implicites, est
fonctionnelle et limitée par le principe de spécialité28. En d’autres termes, les
compétences implicites ne sont jamais acceptables que si les mesures prises
sont appropriées à la réalisation des buts de l’organisation et que les actions
n’outrepassent pas ses pouvoirs 29.

- Du point de vue du fond, il existe les compétences normatives et les


compétences opérationnelles.
Les compétences normatives sont les pouvoirs de l’O.I. consistant à
édicter des mesures de portée générale ou individuelle pour régir une
situation ou un fait. Ce sont des compétences dites « de droit commun ».
Elles permettent à l’organisation d’assurer son propre fonctionnement,
d’édicter des actes intéressant ses agents et ses organes. Elles permettent
également de conclure des traités dans le cadre de relations avec les Etats ou
avec d’autres institutions internationales.
Les compétences opérationnelles fondent l’O.I. à intervenir dans des
procédures de règlement des différends (assistance administrative,
économique ou militaire), à exercer son droit de légation (envoyer des
représentants et recevoir des ambassadeurs), à exercer la protection
28
Cf. COMBACAU Jean et SUR Serge, Droit international public, Paris, Montchrestien, 2010, p. 724.
29
Cf. CIJ, Avis du 20 juillet 1962, Certaines dépenses des Nations Unies, Rec. 1962, 151, p. 168.
28
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

fonctionnelle des agents, à contrôler la régularité des opérations électorales


(mission d’observation des élections 30), etc.

En tant que personne morale, l’O.I. agit par ses agents répartis dans des
organes. Ainsi, l’action de l’O.I. procède d’une organisation spécifique qui
la structure.

Section 2– La structure des O.I.


La structure de l’O.I. repose sur sa composition et conditionne son
fonctionnement31.

Paragraphe 1– La composition
L’O.I. est composée de membres et fonctionne par le biais d’organes.

A- Les membres
Les membres sont les Etats parties au traité constitutif de l’O.I. Il existe
deux types de membres : les membres originaires ou fondateurs et les
membres admis.

- Les membres originaires ou fondateurs sont les Etats qui sont à


l’origine de la création de l’organisation. Ils ont effectué toutes les
démarches précédant la constitution de l’organisation. Selon l’art. 3 de la
Charte des Nations Unies : « Sont membres originaires des Nations Unies
les Etats qui, ayant participé à la Conférence des Nations Unies pour
l’Organisation internationale à San Francisco ou ayant antérieurement
signé la Déclaration des Nations Unies, en date du 1er janvier 1942, signe
la présente Charte et la ratifient conformément à l’art. 110 ». Les membres
fondateurs ont donc participé à la conférence internationale constitutive. Ils
ont signé l’acte institutif de l’organisation et l’ont ratifié suivant les formes
et procédures établies dans leur Etat respectif.

- Les membres admis sont les Etats parties qui ont intégré l’organisation
après sa création, soit par adhésion, soit par acceptation ou par approbation
du traité constitutif32. Leur admission doit être acceptée par les autres Etats
30
Cf. NGUYEN HUU Dong, « L’assistance électorale comme préalable à la restructuration de l’Etat », in DAUDET Yves
(dir.), Les Nations Unies et la reconstruction de l’Etat, Colloque des 16 et 17 décembre 1994, Paris, Pedone, 1995, pp.33-
40.
Sur les problèmes posés par l’assistance électorale des observateurs, lire RAULIN Arnaud (de), « L’action des
observateurs internationaux dans le cadre de l’ONU et de la société internationale », RGDIP, 1995/3, pp.567-604.
31
Cf. MONACO Riccardo, «Les principes régissant la structure et le fonctionnement des organisations internationales »,
RCADI, 1977-III, Vol. 156, pp.81-225.
32
Cf. Art. 11 de la Convention de Vienne sur le droit des traités de 1969.
29
Relations internationales

parties (art. 4§2 de la Charte de l’ONU, art. 29§2 de l’Acte constitutif de


l’Union africaine).

B- Les organes
Les organes des O.I. regroupent les représentants des Etats membres.
On peut distinguer deux catégories d’organes en fonction de leur importance
et relativement à leur composition.

- Dans la première catégorie, il existe deux types d’organes


généralement prévus dans le traité constitutif : les organes principaux et les
organes secondaires ou subsidiaires.
Les organes principaux représentent les structures ayant des pouvoirs
étendus et une capacité décisionnelle importante. Par exemple l’art.7§1 de la
Charte de l’ONU crée les organes principaux suivants : l’AG, le CS, le CES,
le CT, la CIJ et le Secrétariat.
Les organes secondaires ou subsidiaires sont les organes autres que
principaux qui concourent à la réalisation des objectifs de l’organisation. Ces
organes sont prévus par le traité (exemple : l’art.8 du Traité instituant la
Communauté européenne stipule que le Conseil et la Commission sont
assistés d’un Comité Economique et Social et d’un Comité des régions). Le
traité peut également attribuer aux organes principaux le pouvoir de les créer
(art.7§2 de la Charte de l’ONU). Sur ce point, le Tribunal administratif de
l’ONU a été créé par l’AG en 1947 pour connaître des litiges entre
l’organisation et ses fonctionnaires et agents.

- La seconde catégorie concerne les organes pléniers et les organes


restreints.
Les organes pléniers sont les organes au sein desquels tous les Etats-
membres sont représentés (AG de l’ONU, Conférence de l’UA, Conférence
des Chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO). C’est l’assemblée de
tous les Etats qui composent l’organisation. L’organe plénier discute toutes
les questions ou affaires permettant à l’institution d’atteindre ses objectifs.
Les organes restreints sont composés d’un nombre limité d’Etats
membres. Par exemple le Conseil de sécurité de l’ONU comprend les
représentants de 15 Etats, dont 5 sont permanents (Chine, Etats-Unis
d’Amérique, France, Royaume-Uni, Russie). De même le Conseil de Paix et
de Sécurité (CPS) de l’UA comprend 15 membres, tous non permanents.
L’existence des organes restreints répond à un besoin d’efficacité, en ce
qu’ils sont prévus pour fonctionner de manière permanente 33 et assurer « une
33
Protocole portant création du CPS du 09 juillet 2002, art.8§1.
30
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

action rapide et efficace »34. Il existe, du fait des organes restreints, une
inégalité fonctionnelle puisque d’autres membres de l’organisation en sont
exclus. Cependant, pour atténuer l’inégalité, il est prévu une subordination
des organes restreints aux organes pléniers. C’est le cas du CES et du CT de
l’ONU qui sont placés sous l’autorité de l’AG. Il est aussi prévu que la
désignation des membres des organes restreints s’effectue par les organes
pléniers (art.23§1 de la Charte de l’ONU). Il n’est d’ailleurs pas exclu que
l’organe plénier se substitue à l’organe restreint au cas où celui-ci n’arrive
pas à assumer complètement ses responsabilités. C’est le sens de la
résolution 377 (V) de l’AG des Nations Unies, Union pour le maintien de la
paix (Résolution Dean Acheson)35. Toutes ces garanties visent à permettre
un bon fonctionnement de l’organisation.

Paragraphe 2– Le fonctionnement
Le fonctionnement des O.I. est assuré par les agents internationaux
selon des modes de décisions spécifiques.

A- Les agents internationaux


Il y a deux catégories d’agents internationaux : les représentants des
Etats et les agents de l’organisation.

- Les représentants des Etats sont les personnalités envoyées par les
Etats membres de l’organisation auprès de celle-ci pour agir en leur nom et
pour leur compte. Il s’agit en général de diplomates affectés en poste au sein
de l’OI. Mais il peut s’agir de toute personne déléguée spécialement par
l’Etat pour exercer des fonctions de représentation au sein de l’institution.

- En ce qui concerne les agents, la CIJ, dans son Avis du 11 avril 1949,
en donne une définition. Est agent de l’organisation, « quiconque,
fonctionnaire rémunéré ou non, employé à titre permanent ou non, a été
chargé par un organe de l’organisation d’exercer ou d’aider à exercer l’une
des fonctions de celle-ci. Bref, toute personne par qui l’organisation agit ».
Cette définition permet d’identifier les agents fonctionnaires et les agents
contractuels.

34
Protocole portant création du CPS du 09 juillet 2002, art.2 ; Charte des NU, art.24§1.
35
« (…) dans tous cas où paraît exister une menace contre la paix, une rupture de la paix ou un acte d’agression et où,
du fait que l’unanimité n’a pas pu se réaliser parmi ses membres permanents, le Conseil de sécurité manque à s’acquitter
de sa responsabilité principale dans le maintien de la paix et de la sécurité collective, l’Assemblée générale examinera
immédiatement la question afin de faire aux membres les recommandations appropriées sur les mesures collectives à
prendre… ».
31
Relations internationales

 Les agents fonctionnaires sont les employés de l’organisation recrutés


pour être à son service continu et permanent. Les fonctionnaires relèvent du
pouvoir hiérarchique et disciplinaire du haut responsable de l’administration.
A l’ONU, il s’agit du Secrétaire général (art.97 in fine), à l’UA c’est le
président de la Commission. Les fonctionnaires doivent donc être « soumis,
loyaux, indépendants de toute autorité autre que celle de l’organisation »36.
 Quant aux agents contractuels, ils sont liés à l’organisation par un
contrat à durée déterminée de droit interne (employés affectés à des tâches
d’exécution ou de service). Il peut aussi s’agir d’experts recrutés pour
effectuer des missions spécifiques à la réalisation desquelles le contrat prend
fin.
Les agents internationaux bénéficient de la protection fonctionnelle des
Etats et des institutions. Ils bénéficient également – en ce qui concerne
certains fonctionnaires, en raison de l’importance de leur poste et fonction –
de privilèges et immunités. Cette garantie est nécessaire pour qu’ils puissent
exercer leur fonction en toute indépendance.
Le fonctionnement des O.I. dépend, pour une large part, des décisions
qui y sont prises et qui obéissent à des modes déterminés.

B- Les modes de décision


Agir c’est d’abord décider. L’exécution des missions assignées aux
institutions internationales se fonde sur les actes juridiques produits par les
organes. Ces actes sont pris par vote, suivant deux modalités : l’unanimité et
la majorité.
- L’unanimité est le mode de votation qui requiert l’approbation de tous
les Etats membres pour l’adoption d’un acte. C’est donc dire que si un Etat
n’est pas d’accord avec le texte proposé, l’acte ne peut être adopté. C’est une
sorte de droit de veto que chaque Etat dispose. Dans ce cas, l’unanimité est
dite stricte ou absolue. L’unanimité stricte était le mode de vote principal au
sein de la SdN37. La mise en œuvre de l’unanimité stricte a créé des
problèmes à la SdN, d’autant que les Etats étaient très souvent opposés sur
les décisions à prendre ; ce qui a valu le retrait de plusieurs Etats (Japon,
Italie) et la lenteur du processus décisionnel38.

Vu les écueils engendrés par l’unanimité absolue, il a été instauré, dans


certaines O.I., l’unanimité relative ou limitée en ce que l’abstention,

36
Cf. COMBACAU Jean et SUR Serge, Droit international public, op. cit., p.743.
37
Pacte de la SdN, art. 5 : « Sauf disposition expressément contraire du présent Pacte ou des clauses du présent traité,
les décision de l’Assemblée ou du Conseil sont prises à l’unanimité des membres représentés à la réunion ».
38
Lire fr.wikipedia.org/wiki/Société_des_Nations. Dernière consultation le 18 novembre 2014.
32
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

l’absence ou la non participation d’un membre au vote n’ont aucun effet sur
l’édiction de l’acte39.

Il a existé un système d’unanimité dite négative ou inversée. C’est le


mécanisme par lequel l’acceptation d’une partie emporte consentement pour
tous les autres membres (Traité de la CEE, art. 149). Ce système a été abrogé.

Enfin, il y a l’unanimité concertée qui se trouve être le consensus, en ce


sens que la décision est prise par compromis préalable. Ce système
fonctionne dans les organisations à groupes d’Etats institués. Ainsi, le
consensus est « l’unanimité adaptée à une société empiriquement structurée
en groupes d’Etats, sur une base idéologiques ou en fonction d’une
convergence de situations ou d’intérêts »40. Les décisions prises par
consensus ont exactement la même valeur juridique que si un vote formel
avait été organisé. Mais elles requièrent, dans bien des cas, des tractations
importantes, des négociations ardues, voire des marchandages qui peuvent
entacher la crédibilité des Etats membres. Au demeurant, les actes adoptés
par consensus ont une portée juridique identique au vote majoritaire.

- Il y a trois catégories de votes majoritaires : la majorité relative, la


majorité absolue et la majorité qualifiée.
 La majorité relative ou simple est le système de votation qui admet
l’adoption d’un acte ou la validation d’un choix lorsque le plus grand nombre
de membres y est favorable ou a manifesté son accord. A l’ONU, le CES
(art. 67§2) et le CT (art. 89§2) prennent leurs décisions à la majorité simple
des membres présents et votants.
 La majorité absolue concerne l’adoption d’une décision qui est acquise
lorsque 50% plus une voix des membres de l’organe sont favorables. Par
exemple, si un organe est composé de 10 membres, la majorité absolue est
atteinte lorsque 6 ont voté dans le même sens.
 La majorité qualifiée est le système de votation qui exige un nombre
expressément déterminé de voix. Par exemple, l’art. 18§2 de la Charte de
l’ONU édicte que « les décisions de l’Assemblée générale sur les questions
importantes sont prises à la majorité des deux tiers des membres présents et
votants ».
Au Conseil de sécurité, il a même été institué un mécanisme de majorité
qualifiée renforcée. L’art. 27§2 de la Charte dispose que les décisions du
Conseil de sécurité, sur des questions autres que celles relatives à la

39
YAO-N’DRE Paul, Droit des organisations internationales, Abidjan, PUCI, 1996, p.69.
40
COMBACAU Jean et SUR Serge, Droit international public, op. cit., p.742.
33
Relations internationales

procédure, sont prises par un vote affirmatif de neuf de ses membres dans
lequel sont comprises les voix de tous les membres permanents.

En tant que sujets dérivés, les Organisations internationales sont des


instruments institutionnels, dotés de pouvoirs normatifs et opérationnels, au
service des Etats pour réaliser des missions bien déterminées. C’est le sens
du principe de spécialité. Cependant, les O.I. peuvent acquérir une autorité
plus ou moins affirmée par rapport aux Etats membres (FMI, ONU, UE).
A côté des Etats et des O.I. qui sont de véritables sujets de droit
international, d’autres acteurs jouent des rôles non moins importants dans la
société internationale. Si leur existence juridique n’est pas contestée, il n’en
est pas de même de leur capacité à être des sujets de droit international, parce
qu’ils sont des personnes privées.

34
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

POINTS IMPORTANTS A RETENIR

1) L’Organisation Internationale est une association d’Etats créée


par traité, pour la réalisation d’objectifs communs, dotée
d’organes et d’une personnalité juridique distincts de ceux des
Etat.
2) L’agent international est une personne, fonctionnaire
rémunéré ou non, employée à titre permanent ou non, chargée
par un organe d’une organisation internationale d’exercer ou
d’aider à exercer l’une des fonctions de celle-ci.

35
Relations internationales

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR APPROFONDIR


LE CHAPITRE

CARREAU Dominique et MARRELLA Fabrizio, Droit


International, Paris, Pedone, 2012, 11ème éd.

COMBACAU Jean et SUR Serge, Droit international public, Paris,


Montchrestien, 2010, 9ème éd.

MONACO Riccardo, « Le caractère constitutionnel des actes


institutifs d’organisations internationales », Mélanges Charles
Chaumont, Paris, A. Pedone, 1974, pp. 153-172.
NGUYEN HUU Dong, « L’assistance électorale comme préalable à
la restructuration de l’Etat », in DAUDET Yves (dir.), Les Nations
Unies et la reconstruction de l’Etat, Colloque des 16 et 17
décembre 1994, Paris, Pedone, 1995, pp.33-40
YAO-N’DRE Paul, Droit des organisations internationales,
Abidjan, PUCI, 1996.

36
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

1- Donnez la définition de l’organisation internationale

2- Décrivez le mode de prise de décision au sein des OI.

3- Quelles sont les compétences des OI ?

4- Qu’est-ce qu’un accord de siège ?

Exercice : Dissertation

Sujet 1: Les OI dans les relations internationales.

37
Relations internationales

CHAPITRE 3- LES PERSONNES PRIVEES DANS LA SOCIETE


INTERNATIONALE

Par personnes privées dans la société internationale, il faut entendre les


personnes morales de droit interne en l’occurrence les Organisations non
gouvernementales, les sociétés multinationales et les individus qui
contribuent à l’animation des relations internationales. Cependant, hormis
les Organisations non gouvernementales (O.N.G.) et les sociétés
multinationales (SMN) qui sont de véritables acteurs de la vie internationale,
le cas de l’individu demeure problématique, à cause de l’écran étatique. La
théorie de l’écran étatique procède de ce que l’individu est représenté au plan
international par l’Etat par l’effet de la protection diplomatique. Mais le fait
qu’il soit titulaire de droits 41 et soumis à des obligations 42 au niveau
international induit que l’individu ne soit pas sans rapport avec la société
internationale, ainsi que l’atteste Georges SCELLE pour qui celle-ci est
« une société d’individus, et rien que d’individus »43. Il n’est cependant pas
reconnu juridiquement un rôle actif de l’individu dans la société
internationale ; il n’entre en contact direct avec le droit international que de
« façon exceptionnelle », si bien que sa personnalité internationale est encore
« marginale »44. Il y a donc lieu de s’intéresser aux O.N.G. et aux sociétés
multinationales.

Section 1 –Les Organisations non gouvernementales


internationales
Une Organisation non gouvernementale (O.N.G.) internationale est
définie comme une association d’intérêts publics créée par l’initiative privée
ou mixte, composée de personnes physiques ou morales, privées ou
publiques, de nationalités diverses, en vue de la réalisation d’objectifs
communs. De cette définition, ressortent des conditions d’existence des
O.N.G. internationales qui déterminent leur statut juridique.

41
Le domaine des droits de l’Homme protège directement les individus en édictant de manière expresse les droits
desquels ceux-ci peuvent se prévaloir.
Exemples : Déclaration universelle des droits de l’Homme (1948) ; Pacte international relatif aux droits civils et politiques
(1966) ; Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1966) ; Charte africaine des droits de
l’Homme et des Peuples (1981).
42
Le droit international humanitaire qui protège les individus, en temps de guerre, est destiné à mettre à la charge de
ceux d’entre eux qui le transgressent des responsabilités pénales. Selon l’art. 25§1 et 2 du Statut de Rome portant
création de la CPI, la Cour est compétente à l’égard des personnes physiques qui sont personnellement responsables
des crimes relevant de son ressort et peuvent être punis.
43
SCELLE Georges, « Règles générales du droit de la paix », RCADI, 1933, vol.46, p.343.
44
DEYRA Michel, Droit international public, Paris, Gualino, 2012, p.124.
38
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

Paragraphe 1 – Les conditions d’existence des O.N.G.


internationales
Il existe entre 20 000 et 30 000 O.N.G. dans le monde45. Ce grand
nombre d’O.N.G. est consécutif à une prise de conscience liée à l’action des
Etats et des O.I. En effet, les O.N.G. sont l’expression d’une solidarité
internationale pour le bien-être des populations, soit en complétant ou
critiquant l’action des Etats et des O.I., soit en se substituant, dans certains
cas, à eux. Par exemple, en temps de guerre, la Comité International de la
Croix-Rouge (C.I.C.R.) et Médecins sans frontières prennent en charge les
populations, souvent sans le moindre soutien des Etats.

Au regard de la Convention européenne sur la reconnaissance de la


personnalité juridique des O.N.G. internationales du 24 avril 1986, quatre
conditions sont appliquées :
- Avoir un but non lucratif d’utilité internationale ;
- Avoir été créées par un acte relevant du droit interne d’une Partie ;
- Exercer une activité effective dans au moins deux Etats ;
- Avoir leur siège statutaire sur le territoire d’une Partie et leur siège
réel sur le territoire de cette Partie ou d’une autre Partie.
Selon le premier critère, les O.N.G. internationales ne poursuivent pas
de but lucratif. Elles ne sont pas créées pour faire des profits ou bénéfices.
Leur objectif est désintéressé. Elles agissent dans un esprit philanthropique.
Il faut pourtant admettre que même si elles sont à but non lucratif, les O.N.G.
internationales ont une grande capacité financières provenant de
subventions, dons, legs et cotisations des adhérents. En 1989, les O.N.G. de
développement avaient contribué à hauteur de 15% de l’ensemble de l’aide
publique au développement en faveur des pays du tiers-monde. En 2005, le
budget cumulé était de 1 600 milliards de dollars. Les O.N.G. humanitaires
constituaient la cinquième puissance économique mondiale 46. Elles peuvent
donc constituer un groupe de pression eu égard surtout à la légitimité de leurs
actions. La plupart des Etats résiste difficilement à leur pression, comme
c’est le cas en matière environnementale.

Le deuxième critère est relatif au fondement juridique des associations.


Elles sont érigées par l’effet d’un statut conforme aux exigences d’une
législation nationale. Les O.N.G. internationales sont, ainsi que l’écrit le
Prof. Raymond RANJEVA, « initialement créées dans le cadre d’une

45
Idem, p.129.
46
CARREAU Dominique et MARRELLA Fabrizio, Droit International, op. cit., p.65.
39
Relations internationales

législation nationale particulière et soumises aux règles régissant les


personnes morales de droit privé du lieu de leur création »47.
Cette base juridique nationale fonde les troisième et quatrième critères
car les O.N.G. internationales ont d’abord une assise territoriale nationale
matérialisée par le siège statutaire et/ou réel installés dans un Etat déterminé.
Elles doivent avoir des activités internationales effectives. Ce caractère
transnational justifie la différence entre les O.N.G. internationales et les
O.N.G. nationales (Servir, Aime ton prochain de Korhogo, Fa N’gouan de
Yopougon-Andokoi…). Leur utilité doit dépasser la cadre étatique c’est-à-
dire qu’elles déploient leurs services au-delà de l’Etat où elles ont leur siège.

Les objectifs fixés dans l’acte statutaire des O.N.G. internationales


déterminent leurs domaines de compétences. La variété de leurs champs
d’intervention est à l’avenant de l’ampleur des attentes de la population
mondiale. Il existe plusieurs types d’O.N.G. internationales. Il y a des
O.N.G. internationales à but :
- Humanitaire (C.I.C.R., Amnesty International, F.I.D.H., Médecins
sans frontières, Médecins du monde) ;
- Religieux (Conseil œcuménique des églises, Fondation des Saints des
derniers jours) ;
- Politique (International socialiste, Union mondiale démocrate
chrétienne, Union libérale mondiale) ;
- Scientifique (Institut de droit international, Comité maritime
international) ;
- Ecologique (Greenpeace, les Amis de la Terre)
- Economique (Coordination Sud, Centre de recherche et d’information
pour le développement (CRID)) ;
- Sportif (Comité olympique international, Fédérations internationales
sportives (FIFA)).
L’internationalisation des compétences des O.N.G. conditionne leur
statut.

Paragraphe 2 – Le statut juridique des O.N.G. internationales


Le statut juridique des O.N.G. internationales s’analyse tant du point de
vue de l’ordre interne que du point de vue de l’ordre international.

47
RANJEVA Raymond, « Les ONG et la mise en œuvre du droit international », RCADI, 1997, vol.270, p.21.
40
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

A- Les O.N.G. Internationales dans l’ordre interne


La création des O.N.G. internationales est liée à l’adoption de l’acte
statutaire soumis à une législation nationale. Deux aspects sont à souligner.
- Le premier aspect correspond au lien juridique qui lie l’O.N.G. à son
Etat de naissance (Etat statutaire). L’Etat statutaire peut être l’Etat où
l’association a son siège. Par exemple, Greenpeace a son siège à Amsterdam
(Pays-Bas) et Amnesty International a son siège à Londres (Angleterre). En
cela, l’O.N.G. internationale a une dimension nationale d’autant plus qu’elle
est considérée comme une simple association. En Côte d’Ivoire, les O.N.G.
sont régies par la loi n°60-315 du 21 septembre 1960 relative aux
associations à but non lucratif. En France, elles sont régies par la loi du 1er
juillet 1901 relative au contrat d’association.

- Le second aspect est relatif à la soumission des O.N.G. internationales


à la légalité interne des Etats sur le territoire duquel elles déploient leurs
services. Le respect de la règlementation nationale des pays d’accueil est
primordial si elles veulent continuer à fonctionner librement, sans entrave.
En tant que outil de mobilisation, de propagande et « d’internationalisation
des luttes locales »48, elles disposent d’une relative capacité d’influence sur
les décisions et actions des autorités gouvernementales. L’efficacité de leurs
missions dépend de leur pouvoir de lobbying qu’elles exercent sur les
gouvernements et les O.I. Elles ont souvent un rôle décisif dans l’élaboration
et l’adoption de certaines normes internationales. Par exemple, c’est le
C.I.C.R. qui est à l’initiative de l’adoption de la Convention sur l’interdiction
des mines antipersonnel, signée à Ottawa le 18 septembre 1997. En cela, les
O.N.G. internationales « contribuent à déterminer la politique des
gouvernements sur les dossiers qu’elles prennent en charge »49. Elles
peuvent en outre pallier les insuffisances et autres défaillances de l’action
étatique. Elles servent dans ce cas de substitut aux organes administratifs
locaux. Par exemple, à Madagascar, le système de santé communautaire
laisse à désirer. L’organisation humanitaire suisse Mercy Ships a envoyé le
navire-hôpital Africa Mercy à Tamatave, à l’Est de la grande île, pour soigner
la population locale, depuis octobre 2014. Du fait de la qualité des actes
chirurgicaux et des soins et surtout de la gratuité ces prestations, il est
constaté un important engouement de la part des populations. A la vérité, le
navire-hôpital vient combler la carence d’infrastructures sanitaires et les
faiblesses du système sanitaire malgache.

48
DEBOS Marielle et GOHENEIX Alice, « Les ONG et la fabrique de l’ « opinion publique internationale » », Raisons
politiques, 2005/3, n°19, pp.63-80.
49
BONIFACE Pascal, Comprendre le monde. Les relations internationales pour tous, Paris, Armand Colin, 2012, p.43.
41
Relations internationales

Afin d’accomplir au mieux leurs objectifs, les O.N.G. internationales


ont besoin d’une large implantation. Par exemple, Amnesty International a
des sections dans 150 pays. Greenpeace dispose de 40 bureaux dans le
monde et une flotte de trois (03) bateaux (Rainbow Warrior III, Esperanza et
Artic Sunrise) qui peuvent naviguer sur tous les océans et mers. Le C.I.C.R.
est présent dans plus de 80 pays. La F.I.D.H. regroupe 178 organisations de
défense des droits de l’Homme à travers le monde. Ce qui révèle leur
caractère international.

B- Les O.N.G. Internationales dans l’ordre international


Dans l’ordre international, les O.N.G. internationales sont en relation
avec les O.I. L’art. 71 de la Charte de l’ONU prescrit que l’ECOSOC peut
consulter les O.N.G. qui s’occupent de question relevant de sa compétence.
Ainsi, 3 900 O.N.G. sont dotés du statut consultatif auprès de l’ECOSOC,
dont 680 travaillant en français sont majoritairement en Afrique. N’ayant pas
une origine gouvernementale, les O.N.G. internationales peuvent être les
relais des O.I. Elles peuvent oser des ingérences dans les affaires intérieures
des Etats à la différence de celles-ci. Il en est de même des sociétés
multinationales

Section 2 –Les Sociétés multinationales


Les sociétés multinationales, encore appelées entreprises
multinationales, attisent chez les Etats à la fois intérêt et inquiétude par leur
implantation et leur pouvoir économique50. La mondialisation a laissé
émerger les sociétés multinationales qui procèdent à une redistribution de
l’autorité publique sur la scène internationale. Pour comprendre cette
situation, il est indiqué d’élucider leur statut et leur régime juridiques.

Paragraphe 1– Le statut juridique des sociétés multinationales


Le statut juridique des sociétés multinationales peut s’appréhender à
travers leur définition et leur caractéristique.

A- Définition
Les sociétés multinationales peuvent être définies comme des
entreprises formées d’un centre de décisions localisé dans un pays et de
centres d’activités, dotés ou non d’une personnalité juridique propre, situés
50
TROTIER Benoit, « Le contrôle juridique des entreprises multinationales », Les Cahiers de droit, 1986, n°2, vol. 27, p.
420.
42
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

dans plusieurs autres Etats. Il s’agit donc d’un ensemble d’entreprises


privées agissant dans plusieurs Etats et obéissant à des ordres et des stratégies
communes provenant d’un centre d’impulsion.

La terminologie est variée. Sont employés indifféremment les termes


de firmes, entreprises, sociétés qualifiées de multinationales, internationales,
transnationales, mondiales… Quoiqu’il en soit, les sociétés multinationales
répondent à des caractéristiques bien particulières.

B- Caractéristiques
Les caractéristiques des sociétés multinationales peuvent être dégagées
de la définition. Les sociétés multinationales présentent les caractères
suivants : rentabilité, unicité et pluralité.
- Le caractère lucratif de l’entreprise est lié à sa nature commerciale.
L’art. 4 de l’Acte uniforme OHADA relatif au droit des sociétés
commerciales et au GIE établit que la société commerciale est l’association
par contrat de deux ou plusieurs personnes en vue de partager les bénéfices
ou de profiter de l’économie qui en résulte. L’art. 1832 du Code civil révèle
le même caractère lucratif en des termes similaires. Les bénéfices sont
partagés entre les actionnaires (dividendes), hauts dirigeants sociaux
(gratifications, stocks-options), et résiduellement à certains employés
(primes de rendement).

A titre d’exemple, l’entreprise pétrolière française Total a réalisé


comme bénéfice 12, 581 milliards d’euros en 2011, 10, 840 milliards d’euros
en 2012, et 8, 661 milliards d’euros en 2013. En 2017, elle a fait 8,63
milliards de dollars de bénéfice.
L’entreprise informatique américaine Microsoft a fait 23,15 milliards
de dollars de bénéfices en 2011, 16,97 milliards de dollars en 2012 et 21,86
milliards de dollars en 2013.
La société transnationale coréenne d’électronique Samsung a obtenu un
bénéfice de 9,3 milliards de dollars en 2011, 16,6 milliards de dollars en 2012
et 6,9 milliards de dollars en 2013. Le bénéfice de 2017 a atteint un record
de 45 milliards de dollars.

- L’unicité correspond au fait que chaque société internationale procède


d’un centre d’organisation et de décision. C’est la maison-mère ou société-
mère, située au siège social, à partir de laquelle la politique managériale,
commerciale et/ou industrielle et markéting est élaborée et diffusée à toutes
les entreprises appartenant au groupe.
43
Relations internationales

- Le réseau d’entreprises liées à la maison-mère est constitué de filiales


et de succursales. Le caractère de la pluralité des points d’activités renvoie
au nombre de filiales et de succursales. Plus elles sont nombreuses, plus
grande est la taille des multinationales. C’est en cela qu’elles se hissent au
rang d’acteurs des relations économiques internationales et participent, à ce
titre, au développement des relations internationales. Elles intègrent ainsi un
régime juridique.

Paragraphe 2– Le régime juridique des sociétés multinationales


Il y a lieu de s’interroger sur les règles de droit applicables aux sociétés
multinationales compte tenu de leur caractère transnational qui est loin d’être
anodin par rapport à la souveraineté des Etats.

A- Le droit applicable aux sociétés multinationales


Juridiquement, les entreprises transnationales sont des personnes
morales de droit privé. Elles sont, de ce fait, soumises à la règlementation
des pays d’implantation. En Côte d’Ivoire, elles sont régies par les Actes
uniformes de l’OHADA et tout le dispositif législatif et règlementaire
subséquent. Les règlementations posent les conditions d’implantation
(création), de fonctionnement (concurrence, régime des emplois), de fiscalité
(impôts).
Au plan international, la régulation des activités commerciales a posé
problème. Une réflexion a été menée par la Conférence des Nations Unies
pour le Commerce et le Développement (CNUCED). Elle a produit, en 1980,
un « ensemble de principes et de règles équitables convenus au niveau
multilatéral pour le contrôle des pratiques commerciales restrictives ».
L’AG de l’ONU a adopté ce texte par l’effet de la résolution 35/63 intitulée
« pratiques commerciales restrictives »51. Cependant, ces règles n’ont pas de
valeurs juridiques contraignantes. Elles ne constituent que des
recommandations en vue sinon d’annihiler, à tout le moins de réduire
considérablement les pratiques commerciales restrictives, y compris celles
des entreprises multinationales, qui ont des effets préjudiciables sur le
commerce international, en particulier sur le commerce des pays en
développement et à leur développement économique (point 4).

51
Les pratiques commerciales restrictives sont des actes ou comportements d’entreprises qui visent à restreindre la
concurrence ou qui risquent d’affecter le commerce international. En général, il s’agit d’abus de position dominante que
le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne prohibe en son art.102.
44
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

Il n’est pas aisé d’ériger des dispositions conventionnelles


multilatérales du fait de la divergence d’intérêts des Etats. Ceux-ci sont ainsi
confrontés à l’influence grandissante des sociétés multinationales.

B- Les Etats face aux sociétés multinationales


L’essor quantitatif et économique des entreprises transnationales les
rend incontournables dans la sphère internationale. Ce rôle prépondérant est
accru par la mondialisation qui modifie profondément les ordres juridiques 52.
Selon le professeur Josepha LAROCHE, « nous assistons aujourd’hui à
l’éviction du politique par le marché. En effet, le développement d’une
économie mondialisée réduit désormais substantiellement la capacité
d’intervention des Etats, comme la marge d’action des gouvernements »53.
Les entrepreneurs privés dominent la société internationale économique tout
en restreignant l’interventionnisme étatique. On assiste à un dépassement,
voire un recul, de l’étatisme tant est que la redistribution des intérêts est
largement en faveur des acteurs économiques privés mondialisés.

L’influence des entreprises mondiales laisse apparaître un conflit


crucial entre l’impératif de leur implantation dans les Etats d’allégeance et
le respect de la souveraineté de ceux-ci. Les investissements appelés de tous
leurs vœux par les Etats ont un revers inéluctable, celui de la tentation des
sociétés multinationales de maîtriser les environnements socio-économiques
locaux. Pour ce faire, elles exigent et obtiennent des facilités fiscales,
financières (libre rapatriement des capitaux). Elles se permettent souvent de
s’ingérer dans les affaires intérieures des Etats54 et de s’arroger les ressources
naturelles des pays en voie de développement 55. Les chefs d’Etat africains
s’indignent régulièrement de la perte progressive de leur souveraineté face
aux multinationales56.

A la vérité, les multinationales constituent un instrument d’hégémonie


des grandes puissances qui sont, pour la plupart, les pays d’origine. Ceux-ci
encouragent l’expansion de leurs entreprises en mettant en place des
dispositifs tant juridiques que financiers à travers les investissements directs
52
Cf. DEVIN Guillaume et GAUTIER Claude, « Droit international et universalisme des valeurs ? Lectures juridiques de
la mondialisation », Communication au Congrès de Lille de l’AFSP, 18-21 septembre 2002.
53
LAROCHE Josepha, « La mondialisation : lignes de force et objets de recherche », La revue internationale et
stratégique, n°47, automne 2002, p.119.
54
Par exemple, la firme américaine I.T.T. s’est illustrée par son interférence politique pendant le mandat du président
Salvador Allende du Chili. Elle a même contribué à son renversement.
Cf. SABATIER Alain, Les sociétés multinationales, Paris, Le Centurion, 1975, 169 p.
YAO-N’DRE Paul, Relations internationales, op. cit., pp.131-132.
55
Cf. ELIAN George, « Le principe de la souveraineté sur les ressources nationales et ses incidences juridiques sur le
commerce international », RCADI, 1976, vol. 149, p.64.
56
BRUNEL Sylvie, L’Afrique : un continent en réserve de développement, Rosny-sous-Bois, Ed. Bréal, 2004, p.20.
45
Relations internationales

étrangers (I.D.E.). Les pays industrialisés financent leurs entreprises afin


qu’elles conquièrent le marché international. Ce soutien financier est
accompagné d’un investissement personnel des chefs d’Etat qui n’hésitent
pas à faire les déplacements, sous la forme de « visites d’amitié et de
travail », aux seules fins de faire signer, par les Etats « visités », de juteux
contrats publics et/ou privés. Les pays d’implantation résistent très peu à
l’influence directe.

Néanmoins, pour amoindrir l’emprise des entreprises multinationales


sur eux, les Etats d’accueil érigent des dispositifs de contrôle. J. DUNNING
écrit que « si des gouvernements de n’importe quelle tendance politique
veulent acquérir le plus d’effets bénéfiques de la présence d’entreprises
multinationales, ils doivent faire fonctionner leurs économies d’une façon
efficiente et n’intervenir dans les flux de marchandises et de capitaux que
pour contrecarrer les distorsions de marché qui résultent du pouvoir
monopolistique des entreprises multinationales ou des politiques d’autres
gouvernements »57. Ce contrôle est assuré par des Codes d’investissement
adoptés par plusieurs pays d’implantation africains et sud-américains58. Dans
ces pays latino-américains, il a été érigé un système plus restrictif envers les
multinationales. En effet, les flux de capitaux et de technologie doivent
obtenir une autorisation ; le paiement des dividendes et de redevances est
plafonné ; l’accès des capitaux au marché local est réduit ; le bénéfice des
mesures d’incitation à l’investissement est soumis à des limitations ; en cas
de conflit, le recours à la juridiction locale est obligatoire (doctrine Calvo).

Au-delà des régulations nationales ou régionales, il y a lieu d’édicter


des règles universelles applicables aux sociétés transnationales. La difficulté
de cette démarche réside dans la compatibilité des intérêts des pays hôtes
avec ceux des pays d’origine. Les tentatives d’élaboration ont abouti à des
résultats décevants. Le projet de Code de bonne conduite élaboré par la
Commission des sociétés multinationales, sous l’égide de l’ONU (Rés. 1908
(LVII) du 2 août 1974 et Rés. 1913 (LVII) du 5 décembre 1974), a exacerbé
les antagonismes. Alors que les Etats d’origine n’entendaient accorder
aucune portée contraignante à ce code, les pays d’implantation souhaitaient
qu’il ait, au contraire, le caractère d’un traité international, c’est-à-dire qu’il
soit obligatoire. Le projet a été abandonné.

57
DUNNING J, Multinational Enterprises, Economic Structure and International Competitiveness, Londres, J. Wiley, 1986,
p.426.
58
Plusieurs pays sud-américains (Bolivie, Colombie, Equateur, Pérou, Venezuela) ont adopté le Code andin le 31
décembre 1970.
46
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

De ce qui précède, l’on constate que les relations internationales mettent


en rapport une multitude d’acteurs de nature juridique différente et d’intérêts
parfois sinon très souvent divergents. C’est la raison pour laquelle les
relations internationales ont un caractère ambivalent, à la fois pacifique et
conflictuel. Par le jeu des intérêts, les rapports entretenus dans la sphère
internationale sont soient apaisés soit belliqueux. Ces deux types de rapports
constituent les techniques des relations internationales.

47
Relations internationales

POINTS IMPORTANTS A RETENIR

1) Une Organisation non gouvernementale (O.N.G.) internationale


est définie comme une association d’intérêts publics créée par
l’initiative privée ou mixte, composée de personnes physiques
ou morales, privées ou publiques, de nationalités diverses, en
vue de la réalisation d’objectifs communs.

2) Les O.N.G. internationales sont l’expression d’une


solidarité internationale pour le bien-être des populations, soit
en complétant ou critiquant l’action des Etats et des O.I., soit en
se substituant, dans certains cas, à eux.

48
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR APPROFONDIR


LE CHAPITRE

CARREAU Dominique et MARRELLA Fabrizio, Droit International, Paris,


Pedone, 2012, 11ème éd.
COMBACAU Jean et SUR Serge, Droit international public, Paris,
Montchrestien, 2010, 9ème éd.
DEVIN Guillaume et GAUTIER Claude, « Droit international et universalisme
des valeurs ? Lectures juridiques de la mondialisation », Communication au
Congrès de Lille de l’AFSP, 18-21 septembre 2002
DUNNING J, Multinational Enterprises, Economic Structure and International
Competitiveness, Londres, J. Wiley, 1986.
LAROCHE Josepha, « La mondialisation : lignes de force et objets de
recherche », La revue internationale et stratégique, n°47, automne 2002, p.
NGUYEN HUU Dong, « L’assistance électorale comme préalable à la
restructuration de l’Etat », in DAUDET Yves (dir.), Les Nations Unies et la
reconstruction de l’Etat, Colloque des 16 et 17 décembre 1994, Paris, Pedone,
1995, pp.33-40
RANJEVA Raymond, « Les ONG et la mise en œuvre du droit international »,
RCADI, 1997, vol.270, p.21
SABATIER Alain, Les sociétés multinationales, Paris, Le Centurion, 1975, 169
SCELLE Georges, « Règles générales du droit de la paix », RCADI, 1933,
vol.46, p.343
TROTIER Benoit, « Le contrôle juridique des entreprises multinationales »,
Les Cahiers de droit, 1986, n°2, vol. 27, p. 420
YAO-N’DRE Paul, Droit des organisations internationales, Abidjan, PUCI,
1996.

49
Relations internationales

EXERCICES D’ASSIMILATION

1- Quelles sont les personnes de droit privé dans la société


internationale ?

2- Comment détermine-t-on la nationalité des sociétés


multinationales?

3- Comment se fait le contrôle des SMN ?

4- Pourquoi dit-on que les sociétés multinationales sont sources


de difficultés dans les relations internationales ?

Exercice : Dissertation

Sujet 1 : Les SMN et la souveraineté des Etats.

50
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

LICENCE I
TRAVAUX PERSONNELS ENCADRES DE RELATIONS
INTERNATIONALES
Chargé de cours : Dr AHUI

THEME 1 : LES THEORIES DES RELATIONS


INTERNATIONALES

Fiche 1 : Les trois théories classiques des relations internationales.


BIBLIOGRAPHIE
 MELEDJE DJEDJRO Francisco, Relations Internationales, Abidjan,
ABC, 2011.
 GAZANO Antoine, L’essentiel des relations internationales, Paris,
Gualino, 2013.
 DUPUY Pierre-Marie, Les grands textes du Droit International
Public, Dalloz, 5e éd., Paris, 2006.
 YAO-N’DRE Paul, Relations internationales, Abidjan, PUCI, 1999.
 BATISTELLA Dario, Théorie des relations internationales, Paris,
Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 2012.

CONTRÔLE DE CONNAISSANCES
1) Définissez les relations internationales respectivement selon les
approches restreinte et large.
2) Quelles sont les principales théories classiques des relations
internationales ? Décrivez-les et donnez leur application à la lumière
de la pratique actuelle.
3) Quelle est la spécificité de la discipline des relations internationales
par rapport au droit interne ?
4) Les faits suivants relèvent-t-ils des relations internationales ? Justifiez
vos réponses.
 L’armistice signé le 11 novembre 1918.
 La démission du Ministre des affaires étrangères d’un Etat.
 L’octroi de la concession du terminal à conteneurs du port
d’Abidjan au groupe BOLLORE par l’Etat de Côte d’Ivoire en
2004 pour une durée de 15 ans.
51
Relations internationales

 L’accord Schengen du 14 juin 1985 créant l’espace Schengen.


 Un contrat de franchise entre M. YAO KOFFI et le Groupe
McDONALD’S.
 La forme de gouvernement des Etats-Unis.

SUJET DE REFLEXION
C’est avec Hobbes que commence ce courant, en définissant le monde
comme anarchique, et avec Machiavel, qui affirme qu’aucun Etat ne se
trouve régi par une entité supérieure, et de ce fait n’a pas de limite à ses
actions ; les rapports mondiaux sont fondés sur des luttes constantes régies
par la volonté de puissance. En effet, les hommes seraient animés d’un désir
de pouvoir toujours plus grand, qui se retranscrit à la hauteur des pays. Dans
le Prince, Machiavel montre que la finalité de tout homme réside dans
l’extension de sa force, qui se fera selon la ruse du renard, et donc la
diplomatie, et la force du lion, donc la force militaire. Les actions de l’Etat
ne sont relatives qu’à des intérêts, aucune morale ne rentre en jeu.

http://www.lemondepolitique.fr/cours/relationsinternationales/theories/appr
oches_conflictuelle.html ( Consulté le 2 décembre 2014 à 12h34)

Travail à faire

1) Dégager l’idée générale de ce texte.


2) A quelle problématique répond ce texte ?
3) Selon vous, quelle est la théorie classique des relations internationales
mise en exergue ?
4) Discutez l’extrait de texte suivant à la lumière des deux (2) autres
principales théories classiques des relations internationales :
« […] les rapports mondiaux sont fondés sur des luttes constantes
régies par la volonté de puissance ».

52
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

INSTITUT UNIVERSITAIRE ANNEE ACADEMIQUE :


D’ABIDJAN

FACULTE DE DROIT 2019-2020

COURS DE RELATIONS INTERNATIONALES, LICENCE 1


Chargé de cours : Dr AHUI

THEME 2 : LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’ETAT

Fiche 2 : Le territoire

BIBLIOGRAPHIE
 MELEDJE DJEDJRO Francisco, Relations Internationales, Abidjan,
ABC, 2011.
 GAZANO Antoine, L’essentiel des relations internationales, Paris,
Gualino, 2013.
 DUPUY Pierre-Marie, Les grands textes du Droit International
Public, Dalloz, 5è éd., Paris, 2006.
 YAO-N’DRE Paul, Relations internationales, Abidjan, PUCI, 1999.

CONTRÔLE DE CONNAISSANCES
1) Pourquoi dit-on que l’Etat est le sujet originaire et primordial des
relations internationales ?
2) Définissez les termes suivants : territoire étatique; territoire aérien;
frontière ; espace maritime; les eaux intérieures; le droit de passage
inoffensif.
3) Répondez par vrai ou faux pour chacune des assertions suivantes.
Justifiez votre position.
a) La définition de l’Etat en droit interne coïncide avec celle qui
prévaut dans les relations internationales.
b) L’espace terrestre de l’Etat est délimité par au moins une
frontière naturelle.
c) L’Etat n’exerce que des compétences de police sur la mer
territoriale.
d) L’Etat exerce sur sa mer territoriale les mêmes compétences que
celles exercées sur son territoire terrestre.
e) La zone contiguë et les eaux intérieures font partie intégrante de
l’espace maritime de l’Etat.
53
Relations internationales

f) Tout Etat a nécessairement un territoire terrestre, aérien et


maritime.
g) Tout espace aérien, terrestre et maritime est rattaché à la
souveraineté d’un Etat.
h) La piraterie maritime peut être réprimée par tout Etat
indifféremment de l’espace où elle est perpétrée.

54
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

TRAVAUX PRATIQUES

1) Comment se fait le tracé de la ligne de base ?


Représentez-la distinctement sur la carte de la
Côte d’Ivoire ci-dessus. Que délimite-t-elle ?
2) En vous appuyant sur vos connaissances,
placez sur cette carte les composantes de
l’espace maritime de la Côte d’Ivoire. Pour
chaque composante, déterminez quand cela est
possible, la largeur en mille marin et la nature
des compétences de l’Etat.

TRAVAIL DE REFLEXION
1) Dissertation: L’emprise de l’Etat sur son territoire maritime.
2) Depuis leur accession à l’indépendance, le Ghana et la Côte d’Ivoire sont
parties à un différend (voir carte ci-dessous).

a) Quel est la nature de ce litige ?


b) Quel est l’objet du litige ?
c) Quelles sont les prétentions de chaque
partie ?

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COURS DE RELATIONS INTERNATIONALES, LICENCE 1


Chargé de cours : Dr AHUI

THEME 2 : LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’ETAT


Fiche 3 : La population
BIBLIOGRAPHIE
 MELEDJE DJEDJRO Francisco, Relations Internationales, Abidjan,
ABC, 2011.
55
Relations internationales

 GAZANO Antoine, L’essentiel des relations internationales, Paris,


Gualino, 2013.
 DUPUY Pierre-Marie, Les grands textes du Droit International
Public, Dalloz, 5e éd., Paris, 2006.
 YAO-N’DRE Paul, Relations internationales, Abidjan, PUCI, 1999.
 JOUVE Edmond, Relations Internationales, Paris, PUF, 1992, P. 43.
 Nations Unies, Recueil des Traités, 1960, Vol.360, p.117.

CONTRÔLE DE CONNAISSANCES
1) Définissez les notions suivantes : population ; étrangers ; citoyens ;
nationaux ; apatrides ; autochtone ; réfugié ; expatrié ; nationalité ;
immigré ; émigré ; protection diplomatique.
2) Quelles sont, en relations internationales, les modes d’acquisition de
la nationalité ? Illustrez chaque mode par trois (3) Etats.
3) Comment acquiert-on la nationalité ivoirienne ?
4) Qu’est- ce qui, selon vous, peut générer des tensions au sein de la
population ?

EXERCICE : COMMENTAIRE DIRIGE D’ARRÊT


Vous trouverez ci-dessous un extrait de l’arrêt NOTTEBOHM du 6 avril
1955, pp.25-26.
« Ces faits établissent clairement d'une part l'absence de tout lien de
rattachement entre Nottebohm et le Liechtenstein, d'autre part l'existence
d'un lien ancien et étroit de rattachement entre lui et le Guatemala, lien que
sa naturalisation n'a aucunement affaibli. Cette naturalisation ne repose pas
sur un attachement réel au Liechtenstein qui lui soit antérieur et elle n'a rien
changé au genre de vie de celui à qui elle a été conférée dans des conditions
exceptionnelles de rapidité et de bienveillance. Sous ces deux aspects, elle
manque de la sincérité qu'on doit attendre d'un acte aussi grave pour qu'il
s'impose au respect d'un Etat se trouvant dans la situation du Guatemala. Elle
a été octroyée sans égard à l'idée que l'on se fait, dans les rapports
internationaux, de la nationalité.
Plutôt que demandée pour obtenir la consécration en droit de l'appartenance
en fait de Nottebohm à la population du Liechtenstein, cette naturalisation a
été recherchée, par lui pour lui permettre de substituer à, sa qualité de sujet
d'un Etat belligérant la qualité de sujet d'un Etat neutre, dans le but unique
de passer ainsi sous la protection du Liechtenstein et non d'en épouser les
traditions, les intérêts, le genre de vie, d'assumer les obligations - autres que
fiscales - et d'exercer les droits attachés à la qualité ainsi acquise. Le
Guatemala n'est pas tenu de reconnaître une nationalité ainsi octroyée. En
56
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

conséquence, le Liechtenstein n'est pas fondé à étendre sa protection à


Nottebohm à l'égard du Guatemala et il doit être, pour ce motif, déclaré
irrecevable en sa demande. La Cour, en conséquence, n'a pas à examiner les
autres fins de non recevoir présentées par le Guatemala ni les conclusions
des Parties autres que celles sur lesquelles elle statue conformément aux
motifs précédemment énoncés
Par ces motifs,

La Cour,

Par onze voix contre trois,

Déclare irrecevable la demande présentée par le Gouvernement de la


Principauté de Liechtenstein.»

C.I.J, Affaire Nottebohm, (deuxième phase), Arrêt du 6 avril 1955, Recueil


1955, p.4.

Travail à faire :
En vous appuyant sur ce texte, sur votre cours et sur vos recherches
personnelles, répondez aux questions suivantes :
1) Quelle est la juridiction qui a rendu cet arrêt ?
2) Quelles sont les parties en cause ?
3) Qui est le demandeur à l’instance ?
4) Quels sont les faits ?
5) Dégagez une problématique juridique.
6) Quelle est la solution donnée par la Cour ? Comment l’a-t-elle
motivée ?
7) Quelle est la définition de la nationalité ?
8) Quelle est la limite apportée à l’exercice du droit à la protection
diplomatique ?
9) Après rédaction intégrale de l’introduction, proposez un plan détaillé
pour le commentaire de cet arrêt.

57
Relations internationales

INSTITUT UNIVERSITAIRE ANNEE ACADEMIQUE :


D’ABIDJAN

FACULTE DE DROIT 2019-2020

COURS DE RELATIONS INTERNATIONALES, LICENCE 1


Chargé de cours : DR AHUI

Fiche 4 : La reconnaissance d’Etat


BIBLIOGRAPHIE
GAZANO Antoine, L’essentiel des relations internationales, Paris, Gualino,
2013.
YAO-N’DRE Paul, Relations internationales, Abidjan, PUCI, 1999.
YEGAVIAN Tigrane, « Un État fantôme dans la Corne de l'Afrique »,
Conflits, oct.-déc. 2014, p.24-25.
PRUNIER Gérard, « Le Somaliland, une exception africaine », Le monde
diplomatique, octobre 2010, p. 6.
CONTRÔLE DE CONNAISSANCES
1) Définissez la reconnaissance d’Etat.
2) La reconnaissance a-t-elle un impact dans les relations
internationales ? Justifiez votre réponse.
3) Quelle est la nature de la reconnaissance ?
4) La reconnaissance est-elle déclarative ou constitutive ? Justifiez votre
réponse.
5) La Palestine a-t-elle été reconnue par la communauté internationale ?

TRAVAIL DE REFLEXION
1) Dissertation : La reconnaissance dans les relations internationales.
2) Commentaire dirigé de texte :

« Le Somaliland fête en grande pompe le vingtième


anniversaire de son indépendance. Il ne s'agit pas de
l'affranchissement du protectorat britannique, mais du détachement de
la République de Somalie. Une indépendance autoproclamée après
trois ans de guerre civile qui a fait près de 50.000 morts et environ
500.000 réfugiés.
Pour justifier son existence en tant qu'Etat, le Somaliland, au Nord-
Ouest de la Somalie, s'appuie sur deux faits historiques. D'abord,
durant la période coloniale, il était un protectorat britannique et
jouissait donc d'un statut très différent de ce qui est devenu la Somalie.
58
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

D'autre part, lors de sa libération des Britanniques, le territoire du


Somaliland ne s'est pas rallié immédiatement au reste de la Somalie et
a bien constitué une entité nationale à part entière, pendant... neuf
jours.
Cela ne suffit pas à la communauté internationale, qui se contente pour
l'heure de reconnaître le Somaliland comme une région autonome.

Tous les attributs d'un Etat


Depuis mai 1991, le Somaliland a bien mené sa barque et s'est donné
tous les attributs nécessaires à une reconnaissance. La région
autonome a surpris par sa capacité à maintenir la paix, la sécurité et la
démocratie constitutionnelle. Entre 1992 et 1995, les Nations unies
avaient envoyé une opération en Somalie (Unosom). Cette mission
avait accepté sans résister le refus du Somaliland de laisser entrer des
forces militaires étrangères sur son territoire, reconnaissant que «le
processus de réconciliation pacifique avait progressé de manière
impressionnante et qu'une véritable administration fonctionnelle était
en œuvre».
Une fois la guerre civile terminée, des centaines de milliers de réfugiés
et de déplacés sont revenus sur leur territoire. Le Somaliland a
également mené d'importantes campagnes de déminage pour se libérer
des dizaines de milliers de mines antipersonnelles qui le hantaient. Les
milices claniques ont été intégrées à la police et aux forces armées
unifiées.
Un système politique multipartite et la tenue d'élections ont fait du
Somaliland une exception dans la Corne de l'Afrique. La région a
passé haut la main le test de l'élection présidentielle en 2010. Avec
50% des suffrages, Ahmed Mohamed Silanyo, alors leader de
l'opposition, est devenu président du Somaliland. Le scrutin s'est
déroulé dans le calme absolu.
Plusieurs Etats ont également instauré des relations bilatérales avec le
Somaliland, bien qu'elles ne soient pas reconnues officiellement.
Djibouti et l'Ethiopie ont autorisé le Somaliland à ouvrir des bureaux
de liaison sur leur territoire. Addis-Abeba a aussi ouvert un bureau
commercial à Hargeisa, capitale du Somaliland, et fait transiter près
de 20% de son commerce par Barbera, principal port de la région
autonome.
Certains pays européens ont signé des accords avec Hargeisa pour
organiser le rapatriement d'immigrants en provenance du Somaliland.
Et enfin l'investissement étranger au Somaliland a largement
59
Relations internationales

augmenté. Des compagnies en provenance d'Afrique du Sud,


d'Ethiopie, de Suisse, d'Allemagne et des Emirats arabes unis sont
dorénavant installées sur le territoire séparatiste.

La délicate question des frontières


Pourtant, la communauté internationale refuse toujours de reconnaître
le Somaliland en tant qu'Etat. En 2005, la région séparatiste a
officiellement demandé à devenir membre de l'Union africaine, sans
succès.
Toucher aux frontières africaines reste toujours sensible. La situation
en Somalie est trop instable pour que la communauté internationale
cautionne un tel changement. Les artisans de la paix préfèrent agir par
étapes. D'abord instaurer un gouvernement stable à Mogadiscio, puis
se saisir de la question du Somaliland. Le gouvernement transitoire de
Somalie, TGF, revendique toujours son autorité sur l'ensemble du
territoire somalien, Somaliland et Puntland compris.
Ce même gouvernement transitoire, en place depuis maintenant
plusieurs années, jouit aussi des faveurs de la communauté
internationale, qui y voit un espoir de stabilité. Petit à petit, il a donc
gagné les échelons de la reconnaissance. Il siège maintenant à l'ONU,
à l'Union africaine et à la Ligue des Etats arabes. La Somalie a donc
accès à des tribunes internationales que le Somaliland n'effleure même
pas.
Par peur de déstabiliser la zone, la communauté internationale préfère
jouer dans l'ombre. Faire pression sur la Somalie pour qu'elle ne
touche pas au Somaliland et donner au Somaliland des ersatz de
marques d'estime internationale. Ce qui compte, c'est que le statu quo
soit préservé.»

Gaëlle Laleix
Publié sur Stateafrique.com, le 19/05/2011 à 09h05.
Journaliste française. Spécialiste de l'Afrique. Installée à Addis-
Abeba.

60
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

Travail à faire
1) Quelle est l’idée générale de ce texte ?
2) Quelle est la thèse soutenue par l’auteure ?
3) Selon vous, le Somaliland est-il un Etat ? Justifiez votre réponse.
4) Dégagez la problématique posée par ce texte.
5) En vous appuyant sur le texte ci-dessus ainsi que sur vos
connaissances personnelles, présentez- nous le Somaliland :
Comment est-il né ? Coopère-t-il avec des Etats et ou des
Organisations internationales ?
6) Qu’est- ce que la reconnaissance ? Qui doit reconnaître ?
7) Quels sont les obstacles à la reconnaissance du Somaliland ?
8) La non reconnaissance du Somaliland détermine-t-elle son
existence ? Quelles en sont conséquences ?

61
Relations internationales

THEME 3 : LES PERSONNES PRIVEES DE LA SOCIETE


INTERNATIONALE

Fiche 1 : Les Organisations internationales

BIBLIOGRAPHIE
 P. YAO-NDRE, H.-A. SCHRAEPLER, Organisations
Internationales, Abidjan, NEI, vol.1, 1999.
 CARREAU Dominique et MARRELLA Fabrizio, Droit
International, Paris, Pedone, 2012, 11ème éd.

CONTRÔLE DE CONNAISSANCES
1) Donnez la définition des termes suivants : OI, personnalité juridique
internationale, personne privée.
2) Qu’est-ce qui différencie une OI d’une organisation
intergouvernementale ? Justifiez votre réponse.
3) Définissez le droit de véto. Pourquoi a-t-il été institué par la Charte de
San Francisco ?
4) Qu’est-ce que le système onusien ?
5) Faites une classification des OI.

EXERCICE : DISSERTATION

Sujet : Les OI et la souveraineté des Etats.

62
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

THEME 3 : LES PERSONNES PRIVEES DE LA SOCIETE


INTERNATIONALE

Fiche 2 : Les Organisations non gouvernementales

BIBLIOGRAPHIE
COMBACAU Jean et SUR Serge, Droit international public, Paris,
Montchrestien, 2010, 9ème éd.
DEYRA Michel, Droit international public, Paris, Gualino, 2012.
MONACO Riccardo, «Les principes régissant la structure et le
fonctionnement des organisations internationales », RCADI, 1977-III, Vol.
156, pp.81-225.
RANJEVA Raymond, « Les ONG et la mise en œuvre du droit
international », RCADI, 1997, vol.270.
YAO-N’DRE Paul, Relations internationales, Abidjan, PUCI, 1999.

CONTRÔLE DE CONNAISSANCES
1) Donnez la définition de l’ONG.
2) Les ONG ont-elles la personnalité juridique ? Justifiez votre réponse.
3) Quel est l’impact des ONG dans un Etat ?
4) Quel est le rôle des ONG dans la société internationale?
5) Quels rapports les ONG entretiennent avec les Etats ?
6) Quel est le régime juridique des ONG ?
7) Après avoir énuméré quelques ONG et donné leurs objectifs, dites-
nous quelle est leur influence dans les différents problèmes que
rencontrent les Etats.
8) Qu’est ce qui selon vous justifie le nombre croissant des ONG
internationales ?

63
Relations internationales

DISSERTATIONS
Sujet 1 : LES ONG et les crises politico-militaires africaines.
Sujet 2 : Les ONG et l’Etat.

64
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

Fiche 3 : Les entreprises multinationales (EMN)

BIBLIOGRAPHIE
ELIAN George, « Le principe de la souveraineté sur les ressources
nationales et ses incidences juridiques sur le commerce international »,
RCADI, 1976, vol. 149.
TROTIER Benoit, « Le contrôle juridique des entreprises multinationales »,
Les Cahiers de droit, 1986, n°2, vol. 27.
SABATIER Alain, Les sociétés multinationales, Paris, Le Centurion, 1975,
169 p.
YAO-N’DRE Paul, Relations internationales, Abidjan, PUCI, 1999.

CONTRÔLE DE CONNAISSANCES
1) Après avoir défini les sociétés multinationales (SMN), indiquez le
régime juridique auquel elles sont soumises.
2) Qu’est-ce-qui caractérise la SMN?
3) Quel est le poids de la SMN dans l’Etat où elle est implantée, selon
qu’il s’agisse d’un Etat développé, d’un Etat en développement ou
d’un Etat sous-développé ?
4) Citez trois SMN d’envergure régionale et six SMN d’envergure
mondiale. Justifiez chacun de vos choix.
5) En Côte d’Ivoire, les SMN sont soumises à quel type de
règlementation ?
6) Est-il possible de contrôler les SMN ?

DISSERTATIONS
Sujet 1 : Les rapports entre les SMN et les pays développés.
Sujet 2 : Les SMN et la souveraineté des Etats.

65
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

BIBLIOGRAPHIE GENERALE
I-OUVRAGES

ARON Raymond, Paix et guerre entre les nations, Paris, Calmann-Lévy,


2008.
BASTTISTELLA Dario, Théorie des relations internationales, Paris,
Presses de Sciences Po, 2009, 696p.
BRUNEL Sylvie, L’Afrique : un continent en réserve de développement,
Rosny-sous-Bois, Ed. Bréal, 2004.
CARREAU Dominique et MARRELLA Fabrizio, Droit International, Paris,
Pedone, 2012, 11ème éd.
COLARD Daniel, Les relations internationales, Paris, Ed. Masson, 1977.
COMBACAU Jean et SUR Serge, Droit international public, Paris,
Montchrestien, 2010, 9ème éd.
DUNNING J, Multinational Enterprises, Economic Structure and
International Competitiveness, Londres, J. Wiley, 1986.
DUPUY Pierre-Marie, Les grands textes du Droit International Public,
Dalloz, 5e éd., Paris, 2006.
GAZANO Antoine, L’essentiel des relations internationales, Paris, Gualino,
2013.
MELEDJE DJEDJRO Francisco, Relations Internationales, Abidjan, ABC,
2011.
MORGENTHAU Hans, Politics Among Nations. The Struggle for power
and Peace, New York, MacGraw-Hill, 7e éd., 2005, p.29.
SABATIER Alain, Les sociétés multinationales, Paris, Le Centurion, 1975,
169
YAO-N’DRE Paul, Droit des organisations internationales, Abidjan, PUCI,
1996.
YAO-NDRE P., H.-A. SCHRAEPLER, Organisations Internationales,
Abidjan, NEI, vol.1, 1999.

0
Droit des relations internationales

II. ARTICLES
DEVIN Guillaume et GAUTIER Claude, « Droit international et
universalisme des valeurs ? Lectures juridiques de la mondialisation »,
Communication au Congrès de Lille de l’AFSP, 18-21 septembre 2002.
ELIAN George, « Le principe de la souveraineté sur les ressources
nationales et ses incidences juridiques sur le commerce international »,
RCADI, 1976, vol. 149, p.64
LAROCHE Josepha, « La mondialisation : lignes de force et objets de
recherche », La revue internationale et stratégique, n°47, automne 2002.
MONACO Riccardo, « Le caractère constitutionnel des actes institutifs
d’organisations internationales », Mélanges Charles Chaumont, Paris, A.
Pedone, 1974, pp. 153-172.
MORAVCSIK Adrew, «Taking preferences seriously. A liberal theory of
international politics», International Organization. n° 51/4, automne 1997,
pp. 513 – 553.
NGUYEN HUU Dong, « L’assistance électorale comme préalable à la
restructuration de l’Etat », in DAUDET Yves (dir.), Les Nations Unies et la
reconstruction de l’Etat, Colloque des 16 et 17 décembre 1994, Paris,
Pedone, 1995, pp.33-40
RANJEVA Raymond, « Les ONG et la mise en œuvre du droit
international », RCADI, 1997, vol.270, p.21.
SCELLE Georges, « Règles générales du droit de la paix », RCADI, 1933,
vol.46, p.343
TROTIER Benoit, « Le contrôle juridique des entreprises multinationales »,
Les Cahiers de droit, 1986, n°2, vol. 27, p. 420.

1
Les manuels de l’IUA-Licence 1 Sciences Juridique / Semestre 2

Droit des relations


internationales
Brou Ange AHUI

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