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DEUXIEME PARTIE
INTRODUCTION GENERALE
Le contexte international a considérablement évolué depuis 1648, tant
en rapport avec les principes qui gouvernent cette société particulière, qu’en
ce qui concerne la configuration de ses sujets. A titre d’illustration, s’agissant
des principes, on peut évoquer le principe de la responsabilité de protéger
dont la mise en œuvre récente a diversement été appréciée.
Les relations et rapports entre Etats restent néanmoins fondés, de
manière substantielle, sur trois principes : le principe de la souveraineté, de
l’indépendance et celui de l’interdépendance. Ces principes font du DI une
synthèse dialectique de la souveraineté et de l’égalité tendant ainsi à réguler
le jeu des rapports entre ces différents sujets. Lesdits rapports peuvent être
de divers ordres et se présenter de manière conflictuelle ou harmonieuse.
Au plan de la coopération harmonieuse en effet, les Etats et les organisations
Internationales entretiennent des rapports très variés que l’on peut regrouper
sous la terminologie générique de relations diplomatiques et consulaires
(Chapitre I). Ce premier type de rapport est fondé sur une coutume
internationale bien établie qui est maintenant codifiée à travers trois (03)
grandes conventions de Vienne bien connues :
- la convention de Vienne sur les relations diplomatiques, adoptée le
18 avril 1961 et entrée en vigueur le 24 avril 1964 ;
- la convention de Vienne sur les relations consulaires, adoptée le 24
avril 1963 et entrée en vigueur le 19 mars 1967 ;
- la convention de Vienne sur la représentation des Etats dans leurs
relations avec les organisations internationales adoptée le 13 mars
1975.
Ces rapports sont, dans le cadre d’un Etat, suivis par un organe
particulier bien que rentrant dans le domaine réservé du Président de la
République. Il s’agit particulièrement du ministère des relations extérieures.
A cette 1ère catégorie de rapports, il convient d’ajouter d’autres plus ou
moins conflictuels. La pratique internationale a en effet, depuis 1907, mis
hors la loi le recours à la force. Cela suppose en réalité que tout conflit ou
tout différend doit se régler de manière pacifique. La seule possibilité de
recours légitime à la force dans la pratique internationale est celle codifiée
par le chapitre VII de la Charte des Nations Unies, notamment en son article
51 relatif à la légitime défense. C’est dans ces catégories que s’inscrivent le
droit de la responsabilité internationale qui représente aujourd’hui une
institution juridique hautement pacificatrice (Chapitre II) et tout le mécanisme
de règlement pacifique des différends (Chapitre III).
De manière plus claire, les rapports entre les Etats sont susceptibles
de causer des dommages soit aux Etat eux-mêmes, soit aux tiers. Les
différends qui en découlent bénéficient en droit international des procédures
de règlement tout à fait particulier. Leur particularité découle de ce qu’ils
peuvent être soit pacifique, soit réglés par la voie de recours à la force à
travers des mécanismes qui font l’objet d’un encadrement strict de la Charte
des Nations Unies. Une bonne compréhension du régime juridique des
rapports qui peuvent exister entre sujets de droit international suppose
d’abord l’analyse des relations diplomatiques et consulaires, ainsi que celle
des mécanismes de la responsabilité internationale et l’examen de la
problématique de l’ajustement des situations en droit international.
D’où :
plusieurs Etats peuvent accréditer la même personne auprès d’un Etat sous
réserve de l’acceptation de l’Etat accréditaire. L’on peut aussi assister à une
sorte de régionalisation de l’accréditation. Son champ d’élection reste le
domaine de la représentation des ou dans les organisations internationales.
La mission diplomatique est une sorte de service public d’un Etat
auprès de l’autre. Dans ses services on distingue trois catégories de
personnel : le personnel diplomatique proprement dit ayant un statut de
diplomate, les membres du personnel administratif et technique et les
membres du personnel de service qui sont employés au service domestique
de la mission. L’étendue des privilèges et immunité accordée par le droit
international est fonction de cette typologie.
A- Le fait de la victime
Pour ce qui est enfin de la théorie des mains propres, il faut dire que
l’individu qui sollicite la protection diplomatique de son Etat doit avoir les
mains propres c’est-à-dire que sa conduite doit avoir été correcte et non
blâmable. En outre il ne doit pas, par son comportement, avoir contribué à la
survenance du dommage dont il demande la réparation. C’est en effet en ce
sens que Paul Reuter affirmait que « la Barcelona n’a pas succombé du fait
d’un ennemi imaginaire, mais du fait de ses propres fautes ». C’est une
jurisprudence qui est aujourd’hui généralisée sur le fondement de cette
maxime de l’équité : « He who comes to equity must come with clean
hands », ce qui rappelle la règle « nul ne peut se prévaloir de sa propre
turpitude ». Cette exigence a été réaffirmée dans la jurisprudence Ben Tillet
entre le Royaume-Uni et la Belgique, affaire dans laquelle le sieur Ben Tillet
a eu un comportement blâmable.
Reposant sur une seule et même toile de fond, ces deux principes
soulèvent des problématiques différentes qui autorise qu’on les aborde l’une
après l’autre.
Section I- Le règlement pacifique des différends
Il s’agit des modes qui permettent de manière libre aux Etats de régler
leurs différends. On peut les regrouper en deux grandes catégories : Les
procédures dites diplomatiques et les procédures dites instituées.
A- L’arbitrage
C’est une technique aussi vieille que le droit des gens. C’est la raison
pour laquelle les premières codifications effectuées à La Haye ont porté sur
le règlement pacifique des conflits et tout particulièrement sur l’arbitrage
comme mode de règlement pacifique des différends entre Etats. Elle est
apparu d’abord dans le cadre du droit commercial avant d’être généralisée
ensuite des tous les domaines du droit international. L’arbitrage de part sa
souplesse désigne plus un comportement social conciliateur qu’une
procédure juridictionnelle au sens strict. On entend par arbitrage le règlement
des différends des Etats par application du droit et par des juges de leur
choix. La Convention de La Haye de 1907 sur le règlement pacifique des
différends internationaux pose en effet que «l’arbitrage international a pour
objet le règlement des litiges entre les Etats par des juges de leur choix et
sur la base du respect du droit » (article 37).
Le recours à l’arbitrage implique la soumission en toute bonne foi à la
sentence rendue par l’organe arbitral. La convention de 1907 affirme très
clairement que la force juridique de la sentence arbitrale est essentiellement
fondée sur la bonne foi. Ce faisant, elle s’inscrit dans la logique
conventionnelle retenue par la convention de Vienne de 1969 sur le droit des
traités (Pacta Sunt Servanda). L’article 37 (2) pose que « le recours à
l’arbitrage implique l’engagement de se soumette de bonne foi à la
sentence ». La décision de recourir à l’arbitrage est prise d’un commun
accord par les Etats parties et consignée dans un document appelé
compromis d’arbitrage. Le compromis d’arbitrage s’analyse comme l’accord
international en vertu duquel les Etats constatent leurs désaccords sur un
point de droit ou de fait et leur accord pour recourir à l’arbitrage comme mode
de solution. Ce compromis indique le droit applicable et les autres modalités
et procédure à suivre devant l’instance saisie ou l’instance créée. C’est la
raison pour laquelle l’on a pu affirmer que le compromis constitue le droit de
l’arbitrage. La prise en compte du compromis permet de distinguer outre
l’arbitrage facultatif qui est l’objet du compromis d’arbitrage et l’arbitrage
obligatoire qui découle de la clause compromissoire c’est-à-dire un
engagement de recourir à l’arbitrage qui est contenu dans une clause du
traité en cause.
Le tribunal arbitral est organisé d’une manière très complexe
permettant d’assurer l’impartialité et l’institutionnalisation d’un juge unique
(Max Huber dans L’affaire de l’Ile de Palmas) à un tribunal arbitral organisé
sur le modèle de commission. Le principe reste celui de la liberté car les
juges sont désignés par les parties. La pratique internationale en la matière
est très variée et l’on peut avoir des commissions à cinq, sept ou neuf arbitres
désignées par les parties au prorata de deux, trois ou quatre juges par Etat
partie. Dans cette configuration, le cinquième, le septième et le neuvième
arbitre sont désignés par les premiers ou par un organisme juridictionnel
comme la Cour internationale de Justice.
A côté de la désignation des juges, l’on rencontre dans le cadre des
conventions internationales des tribunaux arbitraux ad hoc prévus par la
clause compromissoire ou des tribunaux institutionnalisés (la cour
permanente d’arbitrage (CPA) ou encore la cour de conciliation et d’arbitrage
de la CSCE). La compétence de l’organe arbitral dérive du compromis
d’arbitrage, mais l’organe reste libre d’interpréter ce compromis et de fixer
lui-même sa compétence (la compétence prima facie). C’est dire que
l’organe arbitral détient la compétence de sa compétence (il revient à la CIJ
de dire s’il est compétent si une partie dit qu’il n’est pas).
Le tribunal arbitral applique le droit et très souvent la source de droit
reste le compromis qui vise soit de manière générale le droit International,
soit les principes généraux de droit ou encore des accords bien précis. Au
regard de la portée de la procédure d’arbitrage dans le règlement pacifique
des différends, l’on a pensé très rapidement à son institutionnalisation. La
première tentative d’institutionnalisation date de 1907 avec la création de la
Cour Permanente d’Arbitrage (CPA) (voir art. 41 de la convention de la Haye
sur le règlement pacifique des différends de 1907). Il s’agit d’une juridiction
sui generis car loin d’être une véritable institution. En réalité, il s’agit d’une
liste internationale d’arbitres. Cette liste d’arbitres est établie par les Etats
parties aux conventions de 1899 et de 1907. L’article 44 de la convention
précitée pose que chaque Etat désigne pour 6 ans quatre arbitres qui feront
partie de la liste.
La deuxième tentative en matière d’institutionnalisation de l’arbitrage
réside dans la conférence pour la sécurité et la coopération en Europe qui
crée une cour de conciliation et d’arbitrage dont le fonctionnement est inspiré
de la CPA. Sa particularité réside dans le fait qu’il existe d’une part des
conciliations (2 par Etat) et d’autre part des arbitres (1 par Etat
+suppléant).Dans ce cadre, la conciliation est obligatoire qui suppose une
possibilité de requête unilatérale. Par contre, la constitution d’un tribunal
arbitral repose sans contexte sur le consentement des parties. La saisine de
ce tribunal arbitral par requête est subordonnée à l’échec de la conciliation
préalable.
c) La réalité de tout fait qui s’il était établi constituerait la violation d’un
engagement international ;
1- La procédure contentieuse
Rationae materiae, la Cour ne reçoit que les Etats. Cela veut dire que
seuls les Etats peuvent agir ou contentieux devant cette juridiction. Le
consentement de l’Etat est nécessaire pour établir la compétence de la
Cour. Ce consentement peut s’établir de plusieurs manières :
Il peut d’abord prendre la voie d’un compromis c’est-à-dire d’un accord
conclu entre les deux Etats pour saisir la Cour du différend qui les oppose. A
bien des égards ce compromis possède des traits communs avec le
compromis d’arbitrage en ce qu’il désigne l’objet du différend et peut dans
certaines mesures préciser la règle de droit qu’il demande à la Cour
d’appliquer. La base de la juridiction de la Cour peut également être fournie
par un traité soit général et portant sur le règlement des différends (exemple
l’acte général d’arbitrage de 1928), soit bilatéral (par exemple le traité
d’amitié et de commerce ente les Etats Unies et le Nicaragua, il s’agit de
clause compromissoire). Enfin et toujours au contentieux, la compétence de
la Cour internationale de Justice peut être établie sur la base de la fameuse
clause facultative de juridiction obligatoire de l’article 36 (2) de son statut. La
compétence de la Cour en vertu de l’art 36 (2) implique ainsi la réciprocité
qu’il n’est nul besoin de rappeler explicitement dans le texte des déclarations
elle-même. Il est admis que dans la pratique, les déclarations des Etats en
application de l’art 36 (2) peuvent être assorties de réserves limitant le champ
d’application de la compétence ainsi reconnue.
2- La procédure consultative
Pour une analyse pertinente, l’on verra tour à tour l’emploi régulier de
la force (Paragraphe I), et l’ajustement des situations en droit international
contemporain (Paragraphe II).
Paragraphe I- L’emploi régulier de la force en droit international
contemporain