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Appel à communication
COLLOQUE NATIONAL
I. Contexte :
La décennie 2013-2023 apparaît comme l’une des plus décisives dans la matérialisation d’une
volonté politique de décentralisation de l’État du Cameroun. A priori, l’accélération de la
décentralisation occupe une place de choix dans le rapport à la gouvernance. L’entrée en
vigueur du Sénat, institution prévue depuis la promulgation de la Loin n° 96/06 du 18 janvier
1996 portant révision de la Constitution du 02 juin 1972 est révélatrice. Elle rend nécessaire le
transfert des compétences et des ressources aux Collectivités Territoriales Décentralisées. Ce
transfert de compétences et de ressources a connu une évolution significative et méthodique.
En 2021, le gouvernement a réservé une enveloppe globale de 590 milliards de FCFA à la
décentralisation soit environ 18% des recettes de l’État. Les communes et Villes Unies du
Cameroun soulignent qu’entre 2019 et 2020, cette dotation a connu une évolution de 17%.
Selon les prévisions, cette enveloppe consacrée au financement de la décentralisation
connaîtra une augmentation progressive afin de poursuivre le transfert des ressources aux
Collectivités Territoriales Décentralisées (Abane Engolo, 2022).
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général des Collectivités Territoriales Décentralisées qui encadre « la libre administration des
collectivités territoriales Décentralisées » non sans garantir « le transfert des compétences aux
collectivités territoriales » (Titre II). Cette Loi institue par ailleurs le « Maire de la Ville »
qui, aux termes des dispositions pertinentes de l’article 246 al. 1, « est une personnalité
autochtone de la Région de rattachement de la Communauté urbaine ». Bref, tout ou presque
tout indique que la décennie qui s’achève s’est avérée décisive en matière d’accélération de la
décentralisation. Il s’agit d’une mutation importante qu’il convient d’analyser objectivement
pour en apprécier l’intérêt, les enjeux et surtout « le sens et la puissance ».
II. Argumentaire :
La décentralisation qui fait l’objet d’un intérêt soutenu dans l’espace public au Cameroun
n’est cependant pas une génération spontanée. C’est une construction, mieux une réalité
historique qui a connu des ruptures et des continuités. Sans nécessairement s’inscrire dans le
registre mimétique de la dépendance au sentier (path dependency), il convient de souligner
qu’elle était jadis pratiquée dans le territoire camerounais sous administration britannique
sous le modèle dit de l’indirect rule, un système d’administration qui permettait d’impliquer
les pouvoirs locaux dans la gestion du territoire (Ngoh, 1996). La politique post coloniale va
ensuite nettement contribuer à reconsidérer ce rapport à la décentralisation en général et aux
pouvoirs dits locaux en particulier. L’âge d’or du jacobinisme camerounais est donc apparu
comme « le temps mort » de la décentralisation. Dans le discours officiel, il fallait éviter que
des dynamiques centrifuges compromettent la construction d’un État fort et stable. D’où
l’option politique de l’ultra centralisme. Une évaluation post factum de cette expérience
renseigne que l’ultra centralisme a produit des effets pervers autant sur la performance
souhaitée de l’administration postcoloniale que sur les politiques de développement du
territoire. L’État centralisé s’est avéré être contreproductif parce qu’inefficace, contesté et
délégitimé dans les périphéries. L’une des conséquences de cet habitus centralisateur serait
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« la crise anglophone » (Lado & Mballa Elanga (dir), 2018). Quoi qu’il en soit, l’impérieuse
nécessité de décentraliser l’État est accentuée par la plus-value démocratique qu’on
reconnait à la décentralisation en tant « acte de volonté politique qui consiste à transférer les
responsabilités techniques et politiques aux collectivités territoriales » (Castor, 1998 : 4). Elle
a partie liée avec la culture politique de participation qui est propre aux démocraties. La
décentralisation est donc une école de la démocratie d’autant plus qu’elle permet d’impliquer
les populations à la gestion des « biens » d’intérêt local. Sous ce rapport, les affinités électives
entre décentralisation et démocratie sont certaines. D’où l’idée de « démocratie locale »
(Chavrier, 2013). Tout compte fait, la décentralisation apparaît aujourd’hui comme une
condition sine qua non de la modernisation et du développement du Cameroun, une
opportunité d’expérimentation de la gouvernance participative ; gouvernance qui, à termes
peut permettre d'enraciner la démocratie locale (Favreau, 2017 : 154-158). Donc, au
Cameroun, la décentralisation se réinvente au gré des conjonctures suscitées par la crise du
mimétisme. D’où les limites de l’approche par la dépendance au sentier (path dependency).
Axe thématique n°7/ l’exercice du pouvoir de tutelle sur les collectivités territoriales
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Axe thématique 10 / les populations dans la gouvernance participative
Les propositions de communication en français ou en anglais (en format word, time new
roman, police 12, interligne 1,5) doivent comporter un titre et un résumé de 500 mots au
maximum. Ce résumé doit être construit autour d’une problématique, d’une méthodologie et
d’une indication des résultats attendus. La forme adoptée est : Times New Roman 12,
interligne simple. La première page doit renseigner sur les noms et qualités du ou des
(co)auteurs, l’adresse électronique, le titre de la communication ainsi que 4 à 5 mots-clés.
Chaque proposition sera examinée par deux évaluateurs. La proposition devra être envoyée
aux adresses suivantes : ibock_martin@yahoo.fr; estelleetoh@gmail.com;
cyril.kouoh@yahoo.fr avant le 15 mars 2023
Le colloque fera l’objet d’une publication. Toutes les propositions de communication retenues
seront inscrites au programme. Toutefois, le comité scientifique se réserve le droit de ne pas
publier les textes dont la qualité, de l’avis du comité scientifique, ne correspondrait pas aux
normes exigées.
VI. Calendrier :
4
Pr EKAMBI DIBONGUE Guillaume (Université de Douala, Cameroun) ;
Président :
Rapporteur :
Membres :
5
Dr NYMI BEKONO Luc (Université de Douala, Cameroun) ;
Dr OBAM Yannick
X.Bibliographie :
6
Lascoumes Pierre et Le Galès Patrick, Gouverner par les instruments, Paris, Presses de
Science po, 2005.
Lemieux Vincent, Décentralisation, politiques publiques et relations de pouvoir, Montréal,
Presses de l'Université de Montréal, 2001.
Lorrain Dominique, « Après la décentralisation. L'action publique flexible », Sociologie du
travail, Vol. 35, n° 3, 1993, pp. 285-307.
Moussa Quedraogo, Décentralisation et dynamiques locales de développement durable au
Burkina Faso. Étude de cas dans les communes rurales dans la Région de la Boucle du
Mouhoun dans la partie nord-ouest du pays, Thèse de doctorat en droit public, Université de
Bretagne Loire, 2016.
Muller Pierre, La sociologie de l’action publique, Paris, Armand Colin, 1990.
Ngono Tsimi Landry, L'autonomie administrative et financière des collectivités territoriales
décentralisées : l'exemple du Cameroun, Thèse de doctorat en droit public, Université de
Paris-Est, 2010.
Nguelieutou Auguste, « L’évolution de l’action publique au Cameroun : l’émergence de l’Etat
régulateur », Revue Camerounaise de Science Politique, Vol. 15, n° 1 & 2, 2008, pp. 1-28.
Nioche Jean-Pierre, L'évaluation des politiques publiques et la gestion en France. Un rendez-
vous manqué ? », Revue Française de Gestion, Vol. 8, n° 245, 2014, pp. 71-84.
Ngando Sandjè Rodrigue, « Le statut des régions anglophones du Cameroun : chronique
d’une exigence de l’Assemblée Générale des Nations Unies », Civitas Europa, Vol. 1, n° 44,
2020, pp. 181-205.
Ntumgwe Ndue Paul, Decentralization and Local Government in Cameroon, Yaoundé,
Friedricht-Ebert Foundation, 1994.
Owona Joseph, La décentralisation camerounaise, Paris, L’Harmattan, 2011.
Sanzhie Bokally Thierry, « La décentralisation comme politique publique », Conference paper
IAG Dakar, 2014, pp. 1-8.
Tassou André, Urbanisation et décentralisation au Cameroun. Essai d’analyse historique de
la gestion urbaine (1990-2012), Paris, L’Harmattan, 2013.
Walter Oyugi, « Decentralization for Good Governance and Development », Regional
Development Dialogue, Vol. 21, n°1, 2000, pp. 3-22.