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République de Côte d’Ivoire

------------------ Union - Discipline - Travail ---------------


Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Scientifique

MEMOIRE
Année Universitaire
Présenté pour l’obtention de la :
2022 - 2023
LICENCE
Spécialité : Sciences Juridiques, Administratives et
Numéro d’ordre
………/2023 Politiques

Option : Privé

N°CE : ……………………………….
THEME
THEME :

Nom : GOSSAN LA PROTECTION DU PRENEUR DANS LE


Prénoms : CHIAKE ANGE KEVINE CONTRAT DE LOCATION-GERANCE

Soutenu publiquement le
......................................
Composition de Jury :
Président :
M. SEKOU BAMBA Encadreur
Professeur Titulaire Dr GNAKRI SERGE
Université Musulmane Africaine

Examinateurs

1
2
République de Côte d’Ivoire
------------------ Union - Discipline - Travail ---------------
Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Scientifique

MEMOIRE
Année Universitaire
Présenté pour l’obtention de la :

LICENCE
Spécialité : Sciences Juridiques, Administratives et
Numéro d’ordre
………/2020 Politiques

Option : Privé

N°CE : ……………………………….
THEME
THEME :

Nom : …………………………………. LA PROTECTION DU PRENEUR DANS LE


Prénoms : …………………………. CONTRAT DE LOCATION-GERANCE

Soutenu publiquement le
......................................
Composition de Jury :
Président : Encadreur
M. SEKOU BAMBA Dr GNAKRI SERGE
Professeur Titulaire
Université Musulmane Africaine

Examinateurs

3
DEDICACE

Je dédie ce mémoire en premier lieu, au Seigneur Tout-Puissant pour son amour bienveillant,
sa protection, la santé et le courage qu’il m’accorde.

A ma source de motivation, mes grands-parents Mr et Mme GOSSAN pour leur amour, leur
soutien incontesté, leurs encouragements et leurs sacrifices, que Dieu leur accorde une longue
vie afin que je puisse un jour les rendre plus fière et leur assurer des vieux jours heureux et
paisibles. Tous les mercis du monde ne suffiront jamais pour vous exprimer ma reconnaissance.

A mes chères parents Mme Célestine YAO épouse LELA et Mr GOSSAN et mon deuxième père
Mr LELA Guy merci infiniment pour tout, que Dieu vous garde.

I
REMERCIEMENTS

Mes remerciements vont en premier lieu à l’endroit de mon encadreur, Dr GNAKRI SERGE
tout d’abord pour avoir accepté de m’encadrer et ainsi que pour ses conseils et son aide.

Je souhaite également remercier le personnel de l’administration de l’UNIVERSITE


MUSULMANE AFRICAINE, précisément Mr Konaté pour son soutien, ses précieux conseils
et son aide.

Je souhaite également remercier l’ensemble des enseignants pour leurs enseignements de


qualité, leur conseils pointilleux, leur investissement personnel et leur professionnalisme,
particulièrement le Docteur SANOGO Moussa et le Docteur CAMARA Mohamed.

Je souhaite également remercier ADEOUMI ABOUBAKAR-SIDIK pour ses conseils, son aide
et ses encouragements.

J’exprime ma gratitude et ma reconnaissance envers tous les membres de ma famille.

J’exprime enfin ma profonde affection à l’égard de mes camarades de promotion pour ces trois
merveilleuses années passées à leurs côtés, spécialement à MEITE Aminata, BAMBA Hassane
et Christian KOUAKOU.

II
SIGLES ET ABREVIATIONS

Al : alinéa

Art : article

AUDCG : Acte Uniforme relatif au Droit Commercial Général

C. C : Code Civil

Ed : Edition

Etc : Et tu citeras

Ibidem : au même en droit

OHADA : Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique

Opcit : Opus ci Tatum-Ouvrage ou article précité

P : Page

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

III
RESUME

La protection du preneur dans le contrat de location-gérance est une question importante car
dans ce contrat le locataire-gérant (le preneur) figure comme la partie la plus faible dans la
mesure où il décide d’exploiter un fonds de commerce qui n’est pas à lui à ses risques et périls.
Ainsi, notre travail a envisagé sa protection sur deux volets en premier lieu, pendant la
formation du contrat au travers les conditions de formation du contrat en général pour ce fait,
le consentement, la capacité, l’objet et la cause ont été explorés en vue d’en tirer des moyens
de protéger le preneur. Par la suite, les conditions particulières au contrat de location-gérance
ont aussi été examinés tant celles concernant le bailleur que celles concernant le preneur. En
second lieu, la protection du preneur a été examiné pendant l’exécution du contrat à travers
chacune des obligations des parties tout d’abord celle du preneur envers le bailleur qui est la
personne avec laquelle il contracte et les tiers aux contrats. Ensuite, le bailleur qui en plus de
ses obligations envers le preneur, le bailleur doit également participer à certaines obligations
du preneur.

Mots-clés : protection, preneur, contrat, location-gérance.

ABSTRACT

The protection of the lessee in the management lease contract is an important because in this
contract the lessee-manager appears as the weaker party to the extent that he decides to operate
business which does not is not his at his own risk. Thus, our work considered its protection on
two aspects firstly, during the formation of the contract through the conditions of formation of
the contract in general for this fact, the consent, the capacity, the object and the cause were
explored in with a view to obtaining the means to protect the policyholder. Subsequently, the
specific conditions of the rental management contract were also examined, both those
concerning the lessee. Secondly, the protection of the lessee was examined during the execution
of the contract through each of the obligations of the parties, firstly that of the lessee towards
the lessor who in addition to his obligations towards the lessee, the lessor must also participate
in certain obligations of lessee.

Keywords: protection, lessee, contract, lease management.

IV
SOMMAIRE

INTRODUCTION ................................................................................................................................. 1

PREMIERE PARTIE : LA PROTECTION DU PRENEUR PENDANT LA FORMATION DU


CONTRAT ............................................................................................................................................. 5

CHAPITRE 1 : La protection du preneur eu égard aux conditions de validité du contrat en


général .................................................................................................................................................... 6

SECTION 2 : L’objet et la cause dans un contrat de location-gérance.......................................... 11

CHAPITRE 2 : La protection du preneur eu égard aux conditions particulières du contrat...... 14

SECTION 1 : Les conditions particulières pour le preneur ............................................................ 14

SECTION 2 : Les conditions particulières pour le bailleur ............................................................ 16

CONCLUSION PARTIELLE ............................................................................................................ 19

DEUXIEME PARTIE : LA PROTECTION DU PRENEUR DURANT L’EXECUTION DU


CONTRAT ........................................................................................................................................... 20

CHAPITRE 1 : Les obligations du preneur pendant l’exécution du contrat ................................ 21

SECTION 1 : Les obligations envers le bailleur ............................................................................... 21

SECTION 2 : les obligations envers les tiers au contrat .................................................................. 23

CHAPITRE 2 : La protection du preneur eu égard aux conditions particulières du contrat...... 26

SECTION 1 : La participation du bailleur aux obligations du preneur ........................................ 26

SECTION 2 : Les obligations du bailleur envers le locataire-gérant ............................................. 28

CONCLUSION PARTIELLE ............................................................................................................ 30

CONCLUSION GENERALE ............................................................................................................ 31

TABLE DES MATIERES .................................................................................................................. 34

V
INTRODUCTION

« Le commerce, cette chose triviale, est l’expression de ce lien commun qui grâce à l’échange,
la circulation unit tous les êtres humains. »1, à travers cette pensée Jean-Christophe Rufin
dévoile le commerce comme un usage commun aux êtres humains qui l’exprime à travers les
échanges de toutes natures qu’ils effectuent.

Le commerce est l’une des plus anciennes et plus importantes inventions de l’humanité avec
l’apparition de l’agriculture au néolithique2, elle a débuté sous forme de troc et s’est modernisé
ensuite grâce à la monnaie. Avec le temps, l’or et l’argent s’imposent peu à peu comme monnaie
commune3. Le commerce a été développé considérablement dans l’Antiquité4, et il se définit
comme l’activité économique d’achat et de revente de biens et de services, en particulier l’achat
dans le but de revendre avec un profit ou un bénéfice5, du point de vue juridique, le commerce
est tout acte qualifié de commercial par la loi. Ainsi, un commerçant en droit commercial est
toute personne qui fait profession des actes qualifiés de commerciaux par la loi ; ces actes
dépendent de chaque nation6.

Concernant le commerce en Afrique, la maxime prône l’affirmation selon laquelle celui-ci fut
une importation de l’occident mais, selon l’économiste William HUTT, dans son étude
révolutionnaire intitulée The Economics of Colour Bar affirme que les marchés étaient
florissants en Afrique avant le colonialisme7. Alberta Akron ajoute également que la diversité
du commerce africain, qui transitait sur les voies terrestres et fluviales, a renforcé l’accessibilité
du continent aux ressources stratégiques. Comme ailleurs, en Afrique précoloniale, les
Africains ont conçu des mécanismes pour permettre le commerce8. Comme tout domaine, le
commerce est réglementé par des lois qui ont été établies pour contribuer à son bon
fonctionnement, ainsi, le droit commercial est la matière qui traite de cette activité mais

1
Publié par DEVOLTA, citation de Jean-Christophe RUFIN, Le grand cœur, Ed Folio, abc-citations, consulté
le 22/08/2023 (10 :17), www.abc.citations.com
2
Publié par Marc Antoine V, Histoire du commerce, consulté le 22/08/20230 (09 :49), Wfr.m.wikipedia.org
3
Ibidem, histoire du commerce, W fr.m. wikipédia.org
4
Publié par les étudiants de l’IFAG, L’évolution du commerce de l’Antiquité à aujourd’hui, consulté le 22/08/2023,
(09 :48), www.bbdp.fr
5
Wikipédia, commerce, consulté le22/08/2023, (09 :51), fr.m.wikipedia.org
6
Wikipédia, commerce, consulté le 22/08/2023 (09 :51), fr.m.wikipedia.org
7
Matthews LIPTON, un article du Mises Institute, Contrepoints, consulté le 22/08/2023 (09 :58),
www.contrepoints.org
8
Ibidem, Contrepoints, www.contrepoints.org

1
aujourd’hui on ne parle plus vraiment du droit commercial mais plutôt du droit des affaires car
il regroupe en son sein plusieurs disciplines.

En Afrique noire francophone, la réglementation du commerce à varier de la période pré


coloniale à la période post-coloniale. Avant la colonisation, il était difficile de connaitre la façon
formelle, les règles qui régissaient les pratiques commerciales, pendant la période coloniale la
politique était l’application des normes du colonisateur ainsi, le code de commerce était la
norme applicable dans certains États Africains même après la période coloniale, le code de
commerce était toujours en vigueur dans ces États jusqu’à l’avènement du traité de l’OHADA,
par cet instrument juridique, les États signataires ont manifesté leur volonté de contribuer en
Afrique noire francophone à l’instauration d’un espace économique unifié et apte à répondre
aux attentes exigeante des investisseurs.

Créée par le traité de Port-Louis du 17 octobre 1993, l’OHADA est une organisation
internationale dotée de la personnalité juridique, qui poursuit une œuvre d’intégration entre les
pays qui en sont membres. Elle comptait autrefois quatorze membres mais à ce jour, elle compte
dix-sept États membres que sont : le Benin, le Burkina-Faso, le Cameroun, les Comores, le
Congo, la Côte d’Ivoire, le Gabon, la Guinée, la Guinée Bissau, la Guinée Equatoriale, le Mali,
le Niger, la République Centrafrique, la République Démocratique du Congo, le Sénégal, le
Tchad et le Togo9.

Le traité OHADA compte dix (10) Actes Uniformes dont l’Acte Uniforme relatif au Droit
Commercial Général adopté le 17/04/1997 à Cotonou au Bénin10. L’acte uniforme dispose de
plusieurs livres en son sein dans lesquels sont abordés les différents aspects et les acteurs de
l’activité commerciale de cette manière en son article 211 il définit le commerçant comme étant
« celui qui fait de l’accomplissement d’actes de commerce par nature ». Pour l’exercice de
l’activité commerciale, le commerçant a besoin d’un fonds de commerce l’acte uniforme ne
définit pas le fonds de commerce cependant on pourrait le désignait comme tous les éléments

9
L’OHADA : l’une des expériences d’intégration juridique les plus réussies de la fin du 20ème siècle,
OHADA.com, www.ohada.com
10
www.ohada.com
11
Acte Uniforme portant Droit Commercial Général, article 2, « Est commerçant celui qui fait de
l’accomplissement d’actes de commerce par nature sa profession. »

2
propres à attirer la clientèle. L’Acte Uniforme en ses articles 13512, 13613 et 13714 donne les
différents éléments qui composent un fonds de commerce ; l’article 138 suivant aborde les
modes d’exploitation du fonds de commerce et c’est bien ce qui nous intéresse ici ainsi, celui-
ci dispose que : « le fonds de commerce peut être exploité directement ou en exécution d’un
contrat de location-gérance »15.

Selon l’article 138 al 3 « la location-gérance est une convention par laquelle le propriétaire
du fonds de commerce, personne physique ou morale, en concède la location, en qualité de
bailleur, à une personne physique ou morale, locataire-gérant, qui l’exploite à ses risques et
périls »16. Le contrat de location-gérance est un contrat qui a un caractère personnel17 car il est
en conclut en considération de la personne du gérant et il se distingue des conventions voisines
tels que : la gérance salarié, bail d’immeuble ou encore la société en participation18. La location-
gérance met en relation contractuelle deux individus : le bailleur et le locataire-gérant ; elle se
présente comme une solution judicieuse pour chacune de ses parties d’abord pour le bailleur
celui-ci concède la jouissance de son fonds à une personne qui selon lui serait apte à le faire
fructifier pour plusieurs raisons tout en le conservant, ensuite pour le locataire-gérant qui peut
prendre en location-gérance parce qu’il n’a pas assez de moyens pour satisfaire aux exigences
et aux obligations de l’obtention d’un fonds de commerce. Mais la location-gérance outre ses
avantages compte aussi des inconvénients tant pour le locataire que pour le bailleur. Le fonds
peut périr sous le coup de la mauvaise gestion du locataire, le locataire peut également être lésé
ou être victime d’une concurrence déloyale directe ou indirecte de la part du bailleur. De cette

12
AUDCG, art 135, « Le fonds de commerce est constitué par un ensemble de moyens qui permettent au
commerçant d’attirer et de conserver une clientèle. », P 39
13
AUDCG, art 136, « Le fonds de commerce comprend nécessairement la clientèle et l’enseigne ou la clientèle et
le nom commercial, sans préjudice du cumul de la clientèle avec l’enseigne et le nom commercial. », P 39
14
AUDCG, art 137, P 39, « Le fonds de commerce peut comprendre différents éléments mobiliers, corporels et
incorporels, notamment les éléments suivants :
• Les installations ;
• Les aménagements et agencements ;
• Le mobilier ;
• Les marchandises en stock ;
• Le droit du bail ;
• Les licences d’exploitations ;
• Les brevets d’inventions, marques de fabrique et de commerce, dessins et modèles, et tout autre droit de
propriété intellectuelle nécessaires à l’exploitation. »
15
AUDCG, art 138 al 1, P 39
16
AUDCG, art 138 al 3, P 40
17
Francis LEMEUNIER, Fonds de commerce : Achat et vente Exploitation et gérance, 17 éditions, 17e édition,
DELMAS, Paris, 2007, P 189
18
Ibidem, P 191 à 194

3
façon, il serait intéressant de se pencher sur la façon dont la loi se charge de protéger ces deux
parties au contrat surtout, le locataire-gérant qui est la partie la plus faible.

C’est dans cette veine que s’inscrit le thème de mini mémoire soumis à notre réflexion : La
protection du preneur dans le contrat de location-gérance. La protection est l’action de protéger,
de défendre quelqu’un contre un danger, un mal, un risque19. Le preneur est celui

qui obtient le droit d’utiliser la chose louée contre le versement d’une somme d’argent appelé
loyer20. Quant à la location-gérance elle a été définit plus haut conformément à l’AUDCG.

Traité d’un tel sujet susciterait deux intérêts : théorique et pratique. Il est d’un intérêt théorique,
dans la mesure où l’étude de la location-gérance plus précisément de la protection du preneur
permettra de faire en sorte que le législateur OHADA apporte un regard plus particulier aux
insuffisances des moyens mis en œuvre pour la protection du preneur.

Il est d’un intérêt pratique, dans la mesure où la location-gérance est un contrat qui engage plus
de responsabilités et de risques pour le preneur que pour le bailleur puisque celui-ci exploite un
fonds de commerce qui n’est pas à lui à ces risques et périls.

Toutes ces spéculations autour de la protection du preneur nous renvoient à l’interrogation


suivante : Comment le preneur peut-il être protéger dans un contrat de location-gérance ?

Dès lors, notre réflexion sur la protection du preneur dans le contrat de location-gérance
reviendra à étudier de manière succincte la protection du preneur pendant la formation du
contrat (première partie) et la protection du preneur durant l’exécution du contrat (deuxième
partie).

19
www.Larousse.fr
20
Serge GUINCHARD et Thierry DEBARD, Lexique des termes juridiques, 30 éditions, 29e Ed, DALLOZ,
Paris, 2021-2022, P 811.

4
PREMIÈRE PARTIE : LA PROTECTION DU PRENEUR
PENDANT LA FORMATION DU CONTRAT

La protection des parties lors de la formation du contrat est une question cruciale dans le droit.
Elle permet, de s’assurer que les parties sont traitées de manière équitable et que les termes du
contrat sont clairs, précis et compréhensibles pour tous. Relativement à la location-gérance c’est
« une convention par laquelle le propriétaire d’un fonds de commerce, personne physique
ou morale, en concède la location, en qualité de bailleur, à une personne physique ou morale,
locataire-gérant, qui l’exploite à ses risques et périls ».21 Pour sa validité le contrat de location-
gérance obéit à certaines conditions. En effet, outre les conditions spécifiques, le contrat de
location-gérance fait entrer en ligne de compte les conditions générales relative à tout contrat.
Ainsi, toutes ces règles réunies, donnent lieu non seulement à la formation du contrat mais
également confèrent une protection aux parties tout en mettant l’accent sur celle du preneur qui
est traditionnellement la partie la plus faible.

L’étude de la protection du preneur eu égard aux conditions de validité du contrat (Chapitre I)


sera suivie de la protection de celui-ci au travers des conditions particulières du contrat
(Chapitre II).

21
Hilarion Alain BISTAMANA, Dictionnaire OHADA, 3 éditions, 3e édition, l’Harmattan , Paris, 2015, P 212

5
CHAPITRE 1 : La protection du preneur eu égard aux conditions de
validité du contrat en général

Les conditions de validité du contrat sont prévues par l’article 110822 du Code Civil qui dispose
que : « Quatre conditions sont essentielles pour la validité d’une convention :

• Le consentement de la partie qui s’oblige ;


• Sa capacité à contracter ;
• Un objet certain qui forme la matière de l’engagement ;
• Une cause licite dans l’obligation. »
Une soigneuse analyse du consentement et de la capacité (Section I) sera faite avant celle de
l’objet et de la cause (Section II).

SECTION 1 : Le consentement et la capacité

L’application au contrat de location-gérance des règles générales de validité des contrats ne


soulève pas assez de difficultés. Toute personne peut prendre en location-gérance pourvu
qu’elle ait la capacité de faire le commerce ; l’auteur Jean-Luc Aubert, ajoute que : « Le
consentement doit être libre et éclairé »23.

Le consentement et la capacité se présente comme les deux (02) premières conditions de validité
évoquer par le Code Civil qui s’exprime en ces termes ¨le consentement de la partie qui
s’oblige (paragraphe 1) et sa capacité à contracter¨24 (paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : Le consentement

Le consentement désigne l’expression de la volonté d’une personne à prendre part à un contrat,


l’expression de la volonté a un caractère déterminant dans la formation du contrat puisque, la
force obligatoire du contrat repose sur le fait que « c’est parce qu’il l’a voulu, qu’il est obligé ;
il ne peut l’être que dans la limite de ce qu’il a voulu ; rien ne peut lui être imposé qu’il n’ait
pas voulu »25. Le texte de droit commun ne définit pas directement le consentement mais,

22
Article 1108 Code Civil ; Titre 3 : De contrat ou des obligations conventionnelles en général ; Chapitre 2 : Des
conditions essentielles pour la validité des conventions, P64
23
Jean-Luc AUBERT, LE CONTRAT : Droit Des Obligations, 5 éditions, 2e éditions, Dalloz, Paris, 2000, P57
24
Article 1108 Code Civil, P64
25
Ibidem, Jean-Luc Aubert, P26

6
l’envisage plutôt à travers les vices qui pourraient entraver son intégrité article 110926
cependant, le lexique des termes juridiques a tenté de proposer une définition assez explicite du
consentement qui est : « (…), une acceptation par une partie de la proposition faite par
l’autre. L’échange des consentements entraine l’accord de volonté qui lie les parties » 27. La
location-gérance étant un contrat consensuel, il ne nécessite pas forcément la présence d’un
écrit pour que les parties soient liées ; l’échange des consentements suffit à lier les parties
contractantes. Le consentement doit exister et celui-ci ne devrait pas être exprimer sous le coup
de violence, ni être donné par erreur et encore moins aux moyens de manœuvres dolosives.

• La violence : Selon le dictionnaire Larousse, la violence est une contrainte, physique ou


morale, exercée sur une personne en vue de l’inciter à réaliser un acte déterminé.
Spécialement, le code civil perçoit la violence comme vice de consentement ainsi
l’article 111128 précise dans quelle mesure, la violence vice de consentement peut être
une cause de nullité de la convention. Il dispose : « la violence exercée contre celui qui
a contracté l’obligation est une cause de nullité, encore qu’elle ait été exercée par un
tiers autre que celui au profit duquel la convention a été faite ». La volonté de
contracter du preneur dans le cadre d’une location-gérance, peut être extorquée de son
cocontractant aux moyens d’actes susceptibles de susciter la crainte pouvant le pousser
à conclure le contrat. Ces actes de violences peuvent être de tout ordre, atteinte à
l’intégrité physique ou morale de la personne du contractant ; atteinte à l’honneur. La
violence peut non seulement, être exercé par l’une des parties contractantes, mais aussi
par un tiers au contrat ; ce peut être une personne liée directement ou non au contrat et
qui aurait tout à y gagner si ladite partie contracte. L’article 111329 ajoute que les actes
de violence seront aussi considérés comme une cause de nullité si la violence a été
exercée sur l’époux ou l’épouse du contractant, sa descendance ou encore ses
ascendants.

• L’erreur : Selon le dictionnaire le grand Robert, l’erreur est l’état d’un esprit qui prend
pour vrai ce qui est faux. Le docteur Bony Serge dans son ouvrage Droit civil Les obligations

26
Article 1109, Code Civil, P64 « Il n’y a point de consentement valable, si le consentement n’a été donné que
par erreur, ou s’il a été extorqué par violence ou surpris par dol ».
27
Serge GUINCHARD et Thierry DEBARD, Lexique des termes juridiques, Opcit, P 266
28
Article 1111, Code Civil, P65
29
Article 1113, Code Civil, P65, « La violence est une cause de nullité du contrat, non seulement lorsqu’elle a été
exercée sur la partie contractante, mais encore que lorsqu’elle l’a été sur son époux ou sur son épouse, sur ses
descendantes ou ses ascendants ».

7
définit « l’erreur comme une fausse appréciation de la réalité »30 ; il continue son
argumentation en ajoutant qu’il y’a différentes sortes d’erreurs : l’erreur obstacle, l’erreur
indifférente et l’erreur vice de consentement qui est l’erreur qui nous intéresse ici, celle sur
laquelle s’est posé le choix des rédacteurs du code civil. L’erreur vice de consentement, pour
qu’elle soit une cause de nullité du contrat repose sur deux (02) éléments ; l’erreur doit porter
en premier lieu « sur la substance de la chose qui en est l’objet »31 article 1110 al 1 c’est-à-
dire sur l’objet même du contrat, ce pourquoi les parties désirent contracter. Dans la location-
gérance le locataire peut avoir contracter pensant qu’il s’agissait de tel ou tel fonds de
commerce or il s’avérait s’être trompé. En second lieu, l’erreur peut porter sur la personne du
cocontractant, mais cela ne sera possible qu’à une condition : « à moins que la considération
de cette personne ne soit la cause principale de la convention »32. Ainsi, l’erreur sur la
personne ne sera pas prise en compte dans tous les types de contrat sauf dans les contrats conclus
intuitu personae ; dans lesquels la considération de la personne du cocontractant demeure
importante. « Il y’a erreur sur la personne lorsqu’un contractant se trompe sur l’identité
civile de son partenaire : on croit vendre une maison à X et on la vend à Y »33 En effet, la
location-gérance présente pour une partie un caractère personnel34, le contrat sera donc conclu
en considération de la personne du gérant ; le propriétaire qui met son fonds de commerce en
location-gérance le fait non seulement pour les redevances qu’il va percevoir mais aussi et
surtout en considération de la personnalité du gérant, car « c’est en raison de la confiance qu’il
a dans les qualités commerciales de son cocontractant »35 qu’il donnera son fonds en
exploitation. Le loueur croit « en l’aptitude du locataire-gérant, par ses talents propres, à
maintenir le lien avec la clientèle sur laquelle repose l’existence du fonds »36, il faut
comprendre ici que l’erreur sur la personne dans le cadre d’une location-gérance porte plus sur
le gérant que sur le propriétaire.

• Le dol : Il peut se définir comme toutes manœuvres, mensonge ou dissimulations


intentionnelles utilisés par l’une des parties afin d’obtenir le consentement de son cocontractant.

30
Serge BONY, Droit civil Les obligations, 10 éditions, 10e édition, ABC, Abidjan, 2022, P 203
31
Article 1110 al 1, code civil, P64 « l’erreur n’est une cause de nullité de la convention que lorsqu’elle tombe
sur la substance de la chose qui en est l’objet ».
32
Article 1110 al 2, code civil, P64 « elle n’est point une cause de nullité, lorsqu’elle ne tombe que sur la personne
avec laquelle on a intention de contracter, à moins que la considération de cette personne ne soit la cause
principale de la convention »
33
Rémy CABRILLAC, Droit des obligations, 15 éditions, 5e édition, Dalloz, Paris, 2003, P 43
34
Olivier BARRET, Les contrats portant sur le fonds de commerce, Librairie générale de droit et de jurisprudence,
Paris, 2001, P 225
35
Ibidem, P 225
36
Ibidem.

8
Le dol constitue une cause de nullité de la convention selon le code civil qui dispose que : « le
dol est une cause de nullité de la convention lorsque les manœuvres pratiquées par l’une des
parties sont telles, qu’il est évident que, sans ces manœuvres, l’autre partie n’aurait pas
contracté. Il ne se présume pas, et doit être prouvé » article 111637.
Dans le cadre d’une location-gérance, le loueur peut à travers l’emploi de manœuvres,
mensonges ou tout autres moyens visant à mettre en confiance le locataire pour en obtenir son
consentement, par exemple, par la dissimulation de la défaillance du fonds qui peut être en
faillite, ou encore mentir sur l’un des éléments du fonds en l’occurrence la clientèle qui est l’un
des éléments essentielles du fonds de commerce ; mais pour que le dol soit sanctionnable il
faudrait qu’il soit établi que sans ces manœuvres la partie n’aurait pas contracter elle s’impose
comme une condition essentielle du dol ce qui revient au fait que le dol pour être effectif doit
être prouvé et non faire l’objet d’une simple présomption article 1116 al 2.

PARAGRAPHE 2 : La capacité

La capacité juridique, « se définit comme l’aptitude d’une personne soit à être titulaire de
droit, soit à exercer les droits dont elle est titulaire »38. A travers cette définition, l’on distingue
deux (02) sortes de capacité ; la capacité à être titulaire de droit (capacité de jouissance) et celle
à exercer des droits dont on est titulaire (capacité d’exercice). Ici, l’accent sera mis sur la
capacité d’exercice, d’autant plus que dans le domaine contractuel l’on s’entend plus à
l’aptitude d’une personne à contracter. Ainsi, le Code Civil dans ses articles 112339 et 112440
listent les personnes pouvant contracter et celles touchées par l’incapacité de contracter. Mais,
il s’emblerait que « les incapacités édictées par la loi, concernent essentiellement les mineurs
et les majeurs protégés. C’est dire que la capacité contractuelle se trouve, à la fois, liée à la
maturité de la personne – affirmation de sa volonté – et subordonnée à l’absence de mise en
place d’un régime de protection rendu nécessaire, le plus souvent, par l’existence d’un
trouble mental persistant »41.Quoiqu’en matière commerciale, l’Acte Uniforme relatif au Droit
Commercial Général dans son chapitre décerné à la capacité ajoute hormis les mineurs et les

37
Code Civil, art 1116, P 66
38
Serge BONY, Droit Civil Les obligations, Opcit, P 257
39
Article 1123, Section : De la capacité des parties contractantes, Code Civil « Toute personne peut contracter,
si elle n’en est pas déclarée incapable par la loi ».
40
Article 1124 C.C, P 67, « Les incapables de contracter sont :
• Les mineurs ;
• Les interdits ;
• Et généralement tous ceux à qui la loi a interdit certains contrats ; »
41
Jean-Luc AUBERT, LE CONTRAT : Droit des obligations, Opcit, P 64

9
majeurs incapables une autre catégorie de personne juridiquement incapable d’accomplir des
actes de commerce à titre de profession. De cette façon, l’article 8 al 1 dispose que : « Nul ne
peut exercer une activité commerciale lorsqu’il est soumis à un statut particulier établissant
une incompatibilité » 42dès lors, La profession commerciale s’avère incompatible avec
certaines autres professions tel que : les professions libérales (avocats, notaires…), des offices
ministériels et des professions se rattachant à la fonction publique de l’Etat et des collectivités
territoriales43. Par conséquent, « le fonctionnaire n’est donc pas autorisé à prendre un fonds
de commerce en location-gérance »44 ; toute profession susceptible de créer un cumul
d’activité avec la profession commerciale sera perçue comme incompatible à celle-ci ; en cas
de non-respect de cette règle l’AUDCG prévoit que « Les actes accomplis par une personne
en situation d’incompatibilité n’en restent pas moins valables à l’égard des tiers de bonne
foi. Ceux-ci peuvent si bon leur semble, se prévaloir des actes accomplis par une personne
en situation d’incompatibilité, mais celle-ci ne peut s’en prévaloir »45. Outre, les personnes
exerçant des professions incompatibles à l’activité commerciale, on distingue également celle
faisant l’objet d’interdiction judiciaire. Tel est le cas des personnes qui ont fait l’objet d’une
interdiction définitive ou temporaire prononcé par les juridictions de l’un des Etats parties, par
une juridiction professionnelle ou d’une interdiction résultant d’une condamnation pour un
crime de droit commun article 10 AUDCG46. Mais, concernant les interdictions temporaires
d’une durée supérieur à 5 ans et les interdictions définitives peuvent être levées à la demande
de l’interdit par voie de requête par le tribunal qui la prononcée l’article 11 al 2 et 3 continue

42
Acte uniforme OHADA du 15 décembre 2010 relatif au Droit commercial général, article 8 al 1, P 5
43
AUDCG, article 9, P 6, « l’exercice d’une activité commerciale est incompatible avec l’exercice des fonctions
ou professions suivantes :
• Fonctionnaires et personnels des collectivités publiques et des entreprises à participation publique ;
• Officiers ministériels et auxiliaires de justice : avocat, huissier, commissaire priseur, agent de change,
notaire, greffier, administrateur et liquidateur judiciaire ;
• Expert comptable agréé et comptable agréé, commissaire aux comptes, et aux apports, conseil juridique,
courtier maritime ;
• Plus généralement, toute profession dont l’exercice fait l’objet d’une réglementation interdisant le cumul
de cette activité avec l’exercice d’une profession commerciale. »
44
Olivier BARRET, Les contrats portant sur le fonds de commerce, Opcit, P 254
45
AUDCG, article 8 al 4, P 5
46
AUDCG, art 10, P 6 « Nul ne peut exercer une activité commerciale, directement ou par personne interposée,
s’il a fait l’objet :
• D’une interdiction générale, définitive ou temporaire, prononcée par une juridiction de l’un des États
parties, que cette interdiction ait été prononcée comme peine principale ou comme peine
complémentaire ;
• D’une interdiction prononcée par une juridiction professionnelle : dans ce cas, l’interdiction ne
s’applique qu’à l’activité commerciale considérée ;
• D’une interdiction par l’effet d’une condamnation définitive à une peine privative de liberté pour un
crime de droit commun, ou à une peine d’au moins trois mois d’emprisonnement non assortie de sursis
pour un délit contre les biens, ou une infraction en matière économique ou financière. »

10
en soutenant que « Cette requête n’est recevable qu’après expiration d’un délai de cinq ans à
compter du jour ou la décision prononçant l’interdiction est devenue définitive.

L’interdiction prend fin par la réhabilitation dans les conditions et les formes prévues par
l’Acte uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement collectif ».47

Si le locataire-gérant au moment de la conclusion du contrat, à quelque titre que ce soit, est


frappé d’une interdiction d’exercer le commerce le contrat de location-gérance sera nulle car
elle ne sera pas licite en raison de son objet. Les actes accomplis par les interdits sont
inopposables aux personnes de bonne foi. Article 12 al 148

SECTION 2 : L’objet et la cause dans un contrat de location-gérance

L’objet et la cause sont les deux (02) dernières conditions évoquées par le Code. Elles sont des
conditions essentielles dans la formation et la validité de la convention dans la mesure où :
l’objet recherche ce que veulent les parties, l’acte qu’elles désirent accomplir. Quant à la cause,
elle recherche pourquoi les parties désirent contracter, la raison. Ainsi, l’article 1108 requiert
« Un objet certain qui forme la matière de l’engagement » et « une cause licite dans
l’obligation »49 alors, il reviendra dans cette partie de faire une analyse de l’objet dans le contrat
de location-gérance (paragraphe 1) et de la cause dans le contrat de location-gérance
(paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : L’objet dans le contrat de location-gérance

L’objet en droit civil désigne ce que les parties veulent, ce à quoi elles s’engagent. Le lexique
des termes juridique va plus loin et donne une définition plus approfondie et plus contractuelle
du terme objet en le scindant en deux : l’objet du contrat « qui désigne l’opération juridique
que les parties ont voulu effectuer » et l’objet de l’obligation qui est « la prestation ou la chose
que chacune des parties s’est engagées à fournir »50. A y voir de près, cette approche n’est

47
AUDCG, art 11 al 1 et 2, P 6
48
AUDCG, art 12 al 1 et 2, P 6, « Sans préjudice d’autres sanctions, les actes accomplis par un interdit sont
inopposables au tiers de bonne foi.
La bonne foi est toujours présumée. »
49
Code civil ivoirien, art 1108, P 64
50
Serge GUINCHARD et Thierry DEBARD, Lexique des termes juridiques, Opcit, P 219

11
pas loin de celle donnée par les rédacteurs du code civil à l’article 1126 qui dispose que : « Tout
contrat a pour objet une chose qu’une partie s’oblige à donner ou qu’une partie s’oblige à
faire ou à ne pas faire »51. L’objet révèle un caractère essentiel dans la validité du contrat ; car
s’il n’y a pas d’objet, il n’y a pas de contrat. Afin que, les volontés des parties portent sur un
objet certain comme le dispose l’article 1108, la loi, s’exprime sur comment doit être cet objet
notamment aux articles 112852 et suivants du C.C.

Selon ces dispositions, l’objet doit tout d’abord être dans le commerce ce qui signifie que celui-
ci doit être prompt à la commercialisation en d’autres termes la chose doit pouvoir légalement
faire l’objet d’un contrat, ce qui exclut tacitement les choses qui ont un caractère sacré comme
le corps humain par conséquent, un business qui a pour objet la vente d’organes humains sera
frappée de nullité. En dehors du corps humain, on pourrait citer également les choses qui en
raison de leur caractère dangereux ne peuvent entrer dans le commerce par exemple la drogue.
Ensuite, l’objet doit être déterminé conforment à l’article 1129 al 153 qui dispose que : « Il faut
que l’obligation est pour objet une chose au moins déterminée quant à son espèce ». La
détermination se perçoit comme un principe far car il « correspond, d’une part, à une nécessité
logique, et d’autre part, à un besoin de sécurité juridique »54 plus explicitement, savoir en
premier lieu à quoi l’on s’engage et en second lieu la détermination de l’objet du point de vue
juridique favorisera la protection des différentes parties au contrat de tel sorte que : l’un puisse
savoir ce qu’il peut exiger et l’autre ce qu’il promet dans la limite de ce qu’il a clairement
consenti. Concernant les choses dont on ne peut connaitre la quantité exacte l’alinéa 2 de
l’article 1129 ajoute que « la quantité de la chose peut être incertaine, pourvue qu’elle puisse
être déterminée »55.

S’agissant de location-gérance, si l’on s’en réfère à la définition donner par le lexique des
termes juridiques qui distingue de sorte d’objet, l’objet du contrat serait la location d’un fonds
de commerce dans laquelle le fonds objet du contrat devra exister. On ne pourrait aussi prendre
en location un fonds dont la fin d’activité a été déjà publié. Concernant l’objet de l’obligation
qui sera la prestation requise des différentes parties elle sera pour le bailleur de concéder le
droit d’exploitation de son fonds au preneur et celui-ci devra l’exploiter à ses risques et périls
moyennant une redevance au propriétaire du fonds. Le fonds de commerce devra tout d’abord

51
Article 1126, Code Civil, P 68
52
Article 1128, Code Civil, P 68 « il n’y a que les choses qui sont dans le commerce qui puissent être l’objet des
conventions. »
53
Article 1129 al 1, Code Civil, P 68
54
Jean-Luc AUBERT, Le contrat : Droit des obligations, Opcit, P
55
Article 1129 al 2, Code Civil, P 68

12
exister ensuite porter sur une chose légale et certaine, il ne devra pas être non plus défaillant en
vue d’en assurer jouissance paisible au preneur.

PARAGRAPHE 2 : La cause dans le contrat de location-gérance

La cause désigne le pourquoi, la raison d’un évènement, d’un acte, d’une action. En droit des
obligations, elle représente le but immédiat qui amène les parties à vouloir contracter ; elle est
une condition essentielle à la validité de la convention et pour ce fait les parties qui s’engagent
ne doivent pas le faire sur une fausse cause ou sur une cause illicite article 1131 C.C56. Selon
Jean-Luc Aubert il y aurait deux types de cause ; une subjective qui supposerait la raison pour
laquelle l’une des parties aurait contracté, la finalité de cet engagement qui doit être conforme
aux normes et une autre objective qui quant à elle supposerait « Exigence d’une contrepartie
à l’engagement souscrit »57 ; et c’est sur cette cause objective qu’il a fondé son argumentation.
Pour lui, le contrat ne peut exister sans contrepartie la contrepartie dans le contrat va selon lui
assurer une justice contractuelle en donnant au contrat une finalité commutative58 ; mais,
concernant la contrepartie elle n’est pas effective dans tous les types de contrat notamment les
contrats à titre gratuit ou la volonté de vouloir poser un acte de bienfaisance justifie le manque
de contrepartie dans le contrat. Quant à la finalité commutative elle ne peut être requise que
dans les contrats commutatifs dans lesquels « (…) Chacune des parties s’engage à donner ou
à faire une chose qui est regardée comme l’équivalent de ce qu’on lui donne, ou de ce qu’on
fait pour elle »59 ce qui impose aux parties la fixation des obligations que chacune devra remplir
à la formation du contrat ce qui suppose d’une part l’exigence d’une cause et d’autre part
l’expression de celle-ci, article 1132 C.C60 ; s’agissant de la location-gérance si l’on devait s’en
tenir à la cause objective qui admet l’exigence d’une contrepartie on remarquera que cette cause
se confond à l’objet de l’obligation qui est pour le bailleur de donner le droit d’exploitation de
son fonds de commerce à un locataire qui l’exploitera à ses risques et périls en contrepartie
d’une redevance mais si l’on se pose sur la cause subjective elle pourrait être de tout ordre pour

56
Article 1131, Code Civil, P 69 « l’obligation sans cause, ou sur une fausse cause, ou sur une cause illicite, ne
peut avoir aucun effet »
57
Jean-Luc AUBERT, LE CONTRAT : Droit des obligations, Opcit, P 81
58
Ibidem, P 81
59
Article 1104, Code Civil, P 62, « Il est commutatif lorsque chacune des parties s’engage à donner ou à faire une
chose qui est regardée comme l’équivalent de ce qu’on lui donne, ou de ce qu’on fait pour elle ».
60
Article 1132, Code Civil, P 69 « La convention n’est pas moins valable, quoique la cause n’en soit exprimée ».

13
le bailleur ce peut être en raison de son incapacité à gérer son fonds et pour le preneur se pourrait
être le manque de moyen pour avoir son propre fonds de commerce.

CHAPITRE 2 : LA PROTECTION DU PRENEUR EU ÉGARD AUX


CONDITIONS PARTICULIÈRES DU CONTRAT

Le contrat de location-gérance outre les conditions de validité du contrat de droit commun obéit
à des conditions particulières. La location-gérance est encadrée par des règles édictées par
l’Acte Uniforme relatif au Droit Commercial Général, à y voir de près l’on s’aperçoit que les
conditions vont plus à l’endroit du loueur qu’à celui du preneur. Cependant, il serait plus
intéressant de faire une analyse croissante de ses conditions en examinant les conditions
particulières relative au preneur (section I) et celles relative au bailleur (section II).

SECTION 1 : Les conditions particulières pour le preneur

Relativement au preneur, l’acte uniforme ne lui impose pas d’innombrable conditions, elles
portent plus principalement sur sa qualité et sa capacité à prendre et exploité un fonds de
commerce. Cependant, au travers de toutes ces conditions on décèlera des conditions de fonds
(paragraphe 1) et des conditions de forme et de publicité (paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : Les conditions de fonds

« Le locataire est une personne à laquelle est donné la jouissance d’une chose pendant un
certain temps moyennant un certain prix »61. En location-gérance, ledit locataire peut se voir
attribuer plusieurs dénominations : preneur, locataire-gérant ou encore gérant-libre. Dans ce
contrat le locataire est une personne à qui est concédé la jouissance d’un fonds de commerce à
ses risques et périls. Cependant, pour pouvoir jouir du fonds le locataire devra remplir les
conditions auxquelles obéit le contrat de location-gérance qui vont bien évidemment s’imposer
à lui, notamment celle de la capacité commerciale, celui-ci doit se prévaloir de la qualité de

61
Hilarion Alain BITSAMANA, Dictionnaire OHADA, Opcit, P 212

14
commerçant ou d’artisan ( s’il s’agit d’un établissement artisanal) et il sera soumis à toutes les
obligations qui en découle spécialement celle de l’immatriculation article 139 al 1 et 2
AUDCG62 ; il ne doit pas être dans l’incapacité d’exploiter un fonds de commerce. La capacité
commerciale est en premier lieu relative à la qualité de la personne ; s’agissant des mineurs
l’article 7 al 1 de l’AUDCG63 fait une distinction des deux types de mineurs, l’émancipé qui
peut avoir la qualité de commerçant et le non émancipé qui ne peut pas avoir la qualité de
commerçant, quant aux majeurs protégés il ne s’est pas prononcé sur la question donc on en
conclut qu’ils ne peuvent donc pas conclure une location-gérance ; en second lieu l’acte
uniforme fait des restrictions quant à l’exercice de l’activité commerciale il s’agit tout d’abord
des professions incompatibles à l’exercice de l’activité commerciale aux articles 8 al 164 et 965
, ainsi, le fonctionnaire ne peut se prévaloir de la qualité de commerçant ni consentir à un contrat
de location-gérance c’est aussi le cas des avocats, des notaires , des experts comptables et bien
d’autres l’acte ajoute pour ce fait qu’ « il n’y a pas d’incompatibilité sans texte »66, ensuite,
l’acte uniforme parle des personnes ayant fait l’objet d’interdiction judiciaire qu’elle soit
définitive ou temporaire67. En cas de non-respect de ces règles, le contrat de location-gérance
conclut ne sera pas opposable aux tiers de bonne foi. Cependant, celui qui a fait l’objet des
restrictions ne pourra s’en prévaloir mais sera soustrait aux obligations qui en ressortent68 ;
mais, « la situation sera différente si le locataire-gérant est frappé, au moment de la
conclusion du contrat, à quelque titre que ce soit, d’une interdiction d’exercer le commerce :
il semble qu’alors la location-gérance soit nulle en raison de l’illicéité de son objet »69 .On
pourrait ajouter à ces conditions particulières une qu’on pourrait qualifier de facultative dans la
mesure où « Certains fonds ne peuvent être mis en gérance qu’au profit de locataires-gérants
justifiant d’un diplôme ou d’une autorisation de nature à attester leur aptitude à exercer
l’activité à laquelle donne lieu l’exploitation de tel fonds : tel est le cas des agences de voyage,
des laboratoires d’analyses médicales(…) »70.

62
Art 139 al 1 et 2, AUDCG, « Le locataire-gérant a la qualité de commerçant, et est soumis à toutes les
obligations qui en découlent.
Il doit se conformer aux dispositions réglementant l’immatriculation au Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier. », P 40
63
Art 7 al 1, AUDCG, « Le mineur, sauf s’il est émancipé, ne peut avoir la qualité de commerçant ni effectuer des
actes des commerces. », P 05
64
Article 8 al 1, AUDCG, « Nul ne peut exercer une activité commerciale lorsqu’il est soumis à un statut
particulier établissant une incompatibilité. », P 5
65
Art 9, AUDCG, P 6
66
Art 8 AL 2, AUDCG, « Il n’y a pas d’incompatibilité sans texte. », P 5
67
Art 10, AUDCG, P 6
68
Art 12, AUDCG, P 6
69
Olivier BARRET, Les contrats portant sur le fonds de commerce, Opcit, P 254
70
Ibidem, P 255

15
PARAGRAPHE 2 : les conditions de forme et de publicité

L’acte uniforme prévoit aussi des règles concernant la publicité du contrat de location-gérance.
Le contrat conclu, celui-ci devra être publié dans un journal d’annonce légale dans la quinzaine
des jours qui suivent la conclusion du contrat. Il devra être fait sous forme d’extrait (art 139 al
3)71. Mais cette condition de forme ne s’applique pas qu’au locataire-gérant mais aussi au
bailleur dans tous les cas elle devra être fait « par la partie la plus diligente et aux frais du
locataire-gérance »72. L’annonce faite, cela évitera aux tiers au contrat de se tromper sur
l’identité de l’exploitant. Concernant le preneur lui-même, il devra se faire enregistrer au
registre du commerce et du crédit mobilier en la qualité de locataire dudit fonds.

SECTION 2 : Les conditions particulières pour le bailleur

Les conditions du contrat de location-gérance pour le bailleur tiennent principalement à sa


capacité à donner son fonds en location-gérance et à ses obligations vis-à-vis de la publicité du
contrat ainsi on abordera les conditions de fonds (paragraphe 1) et les conditions de forme
(paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : Les conditions de fonds

Selon l’article 138 al 1 « le fonds de commerce peut être exploité directement ou en


exécution d’un contrat de location-gérance »73 autrement dit, une personne peut concéder la
jouissance de son fonds de commerce à une autre personne appelé locataire-gérant. Le
propriétaire du fonds peut être appelé bailleur ou loueur. La location-gérance est un contrat et
comme tout contrat il obéit à des conditions que chaque partie aura à remplir. Concernant, le
bailleur l’acte uniforme prévoit qu’il doit avoir exploité le fonds personnellement pendant deux

71
Art 139 al 3, AUDCG, P 40 « Tout contrat de location-gérance doit en outre être publié, par la partie la plus
diligente et aux frais du locataire-gérant, dans la quinzaine de sa date, sous forme d’extrait dans un journal
habilité à publier les annonces légales et paraissant dans le lieu où le fonds de commerce est inscrit au Registre
du Commerce et du Crédit Mobilier. »
72
Art 139 al 3, AUDCG, P 40
73
Art 138 al 1, AUDCG, P 39

16
(02) ans au moins à ses risques et périls74. Cependant, dans le cadre d’une sous-location, les
conditions seront réunies selon que ce soit le propriétaire même du fonds ou le premier
exploitant. Si, c’est l’exploitant qui met le fonds en location il devra satisfaire aux mêmes
conditions. Le délai d’exploitation de deux (02) ans peut être réduit pour un délai qui ne pourrait
être inférieur à un an en raison du propriétaire qui justifierait son incapacité à exploiter
personnellement son fonds art 142 AUDCG75. Cette incapacité peut être de tout ordre : pour
des raisons de santé, pour une question de mauvaise gestion ou encore pour incapacité juridique
bien entendu cela nous ramène à la question de la capacité : les mineurs et les majeurs protégés.
Le mineur ne peut normalement pas donner un fonds de commerce en location-gérance en
raison du fait qu’il sera solidairement tenu des dettes avec le locataire-gérant il ne pourra pas
donc engager tout son patrimoine. Mais à cette règle, vient s’opposer un tant soit peu le cas des
mineurs héritiers ou légataires d’un commerçant conformément à l’AUDCG cette catégorie est
incluse dans celle qui dispose d’une dérogation de plein droit à cette condition. De cette façon,
l’article dispose que : « Les conditions fixées par l’article 141 ci-dessus ne sont pas
applicable :

• à l’Etat ;
• aux collectivités locales ;
• aux établissements publics
• aux incapables, en ce qui concerne le fonds dont ils étaient propriétaires avant la
survenance de leur incapacité ;
• aux héritiers ou légataires d’un commerçant décédé, en ce qui concerne le fonds
exploité par ce dernier ;
• aux mandataires de justice chargés, à quelque titre que ce soit, de l’administration
d’un fonds de commerce, à condition qu’ils y aient été autorisés par la juridiction
compétente et qu’ils aient satisfait aux mesures de publicité prévues ».76

Mais concernant les mineurs, « force est de constater également qu’en opportunité la
location-gérance peut apparaitre comme une solution particulièrement judicieuse »77.
Traditionnellement en droit, quand il s’agit du mineur la distinction est faite entre la situation

74
Art 141 al 1, AUDCG, « La personne physique ou morale qui concède une location-gérance doit avoir exploité,
pendant deux ans au moins en qualité de commerçant, le fonds mis en gérance. »
75
Art 142, AUDCG, « Le délai prévu à l’article précédent peut être réduit, sans pouvoir être inférieur à un an,
par la juridiction compétente, notamment lorsque la personne physique et morale justifie qu’elle a été dans
l’impossibilité d’exploiter son fonds personnellement ou par l’intermédiaire de ses préposés. », P 40
76
Art 143, AUDCG, P 41
77
Olivier BARRET, Les contrats portant sur le fonds de commerce, Opcit, P 239

17
du mineur émancipé et celle du mineur non émancipé il serait donc plus judicieux d’en faire
une analyse. S’agissant du mineur émancipé, il pourra donner en location-gérance un fonds
qu’il aura reçu en succession que « dans la mesure où il est capable tous les actes de la vie
civile (…). Mais il ne saurait donner en location-gérance un fonds exploité par lui-même
puisque, dépourvu de la capacité d’être commerçant »78. Quant au mineur non émancipé, il
ne peut donner en location-gérance un fonds dont il est propriétaire mais, « si un ou les deux
parents sont investis du droit de jouissance légale, ils peuvent, pour leur compte et à leurs
risques, conclure ce contrat, puisqu’il participe à la jouissance du bien »79. De cette façon
l’article 14280 ajoute que : « (…) lorsque la personne physique ou morale justifie qu’elle a été
dans l’impossibilité d’exploiter son fonds personnellement ou par l’intermédiaire de ses
préposés ».

PARAGRAPHE 2 : Les conditions de forme et de publicité

Le contrat de location-gérance doit être publié conformément aux règles édictées par l’art 139
al 381, elle peut être fait par la partie la plus diligente aux frais du locataire-gérant. Ensuite, « Le
propriétaire du fonds, s’il est commerçant, est tenu de faire modifier à ses frais son
inscription au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier par la mention de la mise en
location-gérance de son fonds » art 139 al 482.

78
Ibidem, P239
79
Ibidem
80
Art 142, AUDCG, P 40
81
Art 139 al 3, AUDCG, P 40
82
Art 139 al 4, AUDCG, P 40

18
CONCLUSION PARTIELLE

À mi-parcours, on retiendra donc dans cette partie que la protection du preneur pendant la
conclusion du contrat de location-gérance est faite au niveau des conditions de formation du
contrat. Hormis les conditions spécifiques au contrat de location-gérance données par l’Acte
Uniforme relatif au Droit Commercial Général, les conditions de validité des contrats en général
aussi on fait l’objet de l’étude et d’ailleurs elles furent les premières à être analysées. Ces
conditions données par l’article 1108 du Code Civil Ivoirien83 sont le consentement, la
capacité, l’objet et la cause. Concernant chacune d’elles, il est important de retenir que le contrat
peut porter préjudice au preneur ou être en sa défaveur tenant à la simple expression de son
consentement. En effet, le consentement du preneur peut être vicie c’est dire en des termes plus
simples qu’il peut être donné soit par erreur, par dol ou sous le coup de violence dans tous les
cas la loi a prévu des moyens de le protéger contre ces vices. Ensuite, la capacité la cause et
l’objet ont aussi été étudié en vue d’en tirer des mécanismes de protection du preneur dans la
location-gérance ; quant aux conditions spécifiques au contrat de location-gérance, elles sont
scindées en deux (02) celles concernant le bailleur et celles concernant le preneur lui-même.
Ainsi, les règles concernant le preneur s’articulent autour de sa qualité de commerçant de sa
capacité commerciale, et de ses compétences intellectuelles tenant à l’exploitation du fonds ;
concernant le bailleur les règles qui s’appliquent à lui concernent sa capacité de donner son
fonds en location-gérance et le délai dans lequel il est autorisé à faire cette opération. La
protection du preneur dans le contrat de location-gérance ne peut pas uniquement se faire qu’à
la formation du contrat mais aussi et surtout durant son exécution.

83
Code Civil, art 1108, P 64

19
DEUXIEME PARTIE : LA PROTECTION DU PRENEUR
DURANT L’EXECUTION DU CONTRAT

Quand on aborde la question de l’exécution du contrat on voit en outre l’engagement de chacune


des parties, ce que chacune d’elle s’oblige à donner, à faire ou à ne pas faire. La location-
gérance est un contrat de lequel le propriétaire concède l’exploitation de son fonds de commerce
à un locataire qui le fait à ses risques et périls moyennant des redevances. Alors, notre
préoccupation serait de trouver un moyen de protéger celui qui tient à prendre un fonds de
commerce en location-gérance pendant l’exécution dudit contrat plus approximativement à
travers ce que les parties sont censées faire. Ainsi, il serait intéressant d’examiner en premier
lieu les obligations du preneur pendant l’exécution du contrat (Chapitre 1) et en second lieu la
protection du preneur eu égard au conditions particulières du contrat (Chapitre 2).

20
CHAPITRE 1 : LES OBLIGATIONS DU PRENEUR PENDANT
L’EXÉCUTION DU CONTRAT

Dans quasiment tous les contrats, chaque partie à des obligations. Ces obligations peuvent être
de différent ordre mais pourvu qu’elle ait été légalement prévue. En location-gérance les parties
au contrat sont le bailleur et le preneur chacun d’eux ont des obligations l’un envers l’autres.
S’agissant du preneur, il a des obligations non seulement envers le bailleur (section 1) mais
aussi envers les tiers au contrat (section 2).

SECTION 1 : Les obligations envers le bailleur

Le contrat de location-gérance assujetti le locataire a des obligations envers son bailleur ce qui
est d’autant plus normal puisque c’est avec lui qu’il conclut ce contrat. Ces obligations se situent
à deux échelons, celui de l’exploitation (paragraphe 1) et celui du payement de la redevance
(paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : L’obligation d’exploitation du fonds

L’exploitation du fonds, révère non seulement un droit mais aussi un devoir pour le locataire-
gérant, 84« le locataire-gérant a le droit d’exploiter le fonds dans tous ces éléments et le devoir
de le faire, pour ne pas le laisser péricliter »85. Le locataire doit exploiter le fonds tout d’abord
pour lui-même, il doit le mettre en valeur afin d’en tirer profit et pour éviter que celui-ci vienne
à périr sous le coup d’une mauvaise gestion. Ainsi, il serait important que le fonds soit exploité
par le locataire lui-même partant du fait que la location-gérance est un contrat conclut en
considération de la personne du locataire, c’est en raison de la confiance qu’a le bailleur dans
les capacités d’exploitation et de mise en valeur du fonds par le locataire qu’il lui concède la
jouissance de son fonds ; en raison du caractère personnel du contrat de location-gérance, et
sauf clause contraire le locataire ne peut céder ou sous-louer le fonds qu’il doit exploiter sans
le consentement du loueur. A titre préventif, il peut également être prévu dans le contrat que le

85
LAMY, DROIT COMMERCIAL Fonds de commerce Baux commerciaux Marques, brevets, dessins et
modèles Entreprises en difficulté, LAMY, 2009, P 403

21
locataire devra « verser à celui-ci à titre de dépôt de garantie une somme correspondant au
montant de deux ou trois mois de loyer, »86, bien évidemment, le dépôt de garantie sera restitué
au locataire à la cessation du contrat de location-gérance après retrait des sommes dues par
celui-ci soit au propriétaire du fonds ou à ses créanciers ou encore « (…) pour couvrir la perte
du chiffre d’affaire dès lors que l’exploitation du fonds accuse un déficit, (…) »87. Le
locataire-gérant est tenu d’exploiter le fonds en bon père de famille, celui-ci doit prendre soin
et maintenir en bon état le matériel et le mobilier « et assurer les réparations locatives (…),
même si ces réparations étaient nécessaires avant son entrée dans les lieux »88 ces taches
incombent normalement au propriétaire du fonds, mais il peut en être stipulé autrement par le
contrat ce qui est très souvent le cas. Concernant le bail « le locataire-gérant doit satisfaire aux
obligations découlant du bail commercial conclu entre le propriétaire du fonds et le bailleur.
A cette fin, il doit garnir les lieux de mobilier et exploiter le fonds dans les locaux »89. Le
locataire-gérant doit exploiter le fonds sans en modifier la profession d’exploitation ou y
adjoindre une autre activité qui fera perdre la clientèle ; mais, le locataire a la possibilité
d’exploiter un autre fonds si le contrat le lui permet toutefois, il ne doit pas user de son droit
d’exploitation pour détourner la clientèle vers un autre fonds qu’il exploite ou faire concurrence
au fonds qu’il exploite. Le fonds doit être exploité sans interruption c’est-à-dire qu’a moins que
l’activité du fonds ne soit une activité saisonnière ou que la clientèle ne nécessite guère une
exploitation régulière. Le locataire-gérant doit respecter la destination du fonds sauf si le contrat
en stipule autrement. La modification de la destination peut entrainer la disparition du fonds, il
ne peut donc pas modifier l’objet de l’exploitation néanmoins il peut développer l’activité et
faire accroitre la clientèle.

PARAGRAPHE 2 : Le payement de la redevance

La deuxième obligation qui incombe au locataire-gérant est le payement de la redevance.


Conformément à l’article 138 al 4 de l’AUDCG90, le locataire doit verser au propriétaire du

86
Francis LEFEBVRE, Fonds de commerce : Vente et location-gérance, Guide juridique et fiscal, 6 éditions, 5e
édition, édition Francis LEFEBVRE, Courbevoie (Hauts-de-Seine), 2015, 404p
87
Ibidem, P 270
88
Francis LEMEUNIER, Fonds de commerce : Achat et vente Exploitation et gérance, Opcit, P 212
89
Ibidem.
90
Art 138 al 4, AUDCG, « Le locataire-gérant doit payer au bailleur du fonds un loyer correspondant à la
redevance pour la jouissance des locaux, et un loyer pour la jouissance des éléments corporels et incorporels du
fonds de commerce tels que décrits dans le contrat de location-gérance. Ces deux éléments de loyer sont
obligatoirement déterminés de façon séparée dans le contrat de location-gérance, même si leurs échéances sont

22
fonds une somme d’argent appelé redevance en raison de la jouissance du fonds, elle est un
élément essentiel du contrat ; concernant, les modalités de recouvrement de la redevance, elles
sont prévues dans le contrat par les parties. Le prix de la redevance peut être fixe ou non, ce
prix peut être fixé selon les bénéfices ou le chiffre d’affaires elle peut également être fixé dans
la combinaison des deux tout dépendra de ce dont les parties auront convenu, la redevance peut
être payée conformément à la périodicité choisie par les parties chaque mois ou chaque
trimestre. Il convient d’ajouter que si « celle-ci étant soumise à la TVA, il convient donc de
préciser dans le contrat de location-gérance si le prix est exprimé hors taxes ou toutes taxes
comprises »91.

SECTION 2 : les obligations envers les tiers au contrat

Le contrat de locations-gérance oblige non seulement les parties qui le compose l’une envers
l’autre mais aussi envers les personnes qui en sont indirectement liées. Le locataire tant il a des
obligations envers son bailleur en a aussi envers ces personnes notamment les créanciers du
bailleur et du locataire, le propriétaire des locaux où se fait l’exploitation du fonds et l’acquéreur
du fonds. Ainsi, il serait intéressant de voir les obligations envers les créanciers (Paragraphe1)
et les obligations envers les autres tiers au contrat (Paragraphe2).

PARAGRAPHE 1 : Les obligations envers les créanciers

La location-gérance n’a pas pour conséquence d’investir le locataire comme débiteur des
créanciers du propriétaire du fonds sauf clause contraire « le locataire-gérant n’est pas tenu,
sauf clause expresse du contrat, des dettes personnelles du propriétaire du fonds car il n’est
pas l’ayant cause à titre universel »92. Concernant, les dettes l’AUDCG déclare que dès la
publication du contrat les dettes sont légalement exigibles par les créanciers, mais cette
exigibilité tient à certaines conditions que l’acte uniforme à clairement énumérées. En premier
lieu, les dettes doivent naitre de l’exploitation du fonds, en second lieu pour qu’elles soient
exigibles il faudrait que la mise en location-gérance mette en péril le recouvrement de la dette.
La demande de recouvrement de la dette est une action introduite par toute personne intéressée

fixées aux mêmes dates. En accord avec le bailleur des locaux, le locataire-gérant peut être dispensé de lui assurer
directement, à chaque échéance, le paiement du loyer dû à la rémunération de la jouissance des locaux. », P 40.
91
Francis LEFEBVRE, FONDS DE COMMERCE : Vente et location-gérance, Opcit, P 270.
92
Ibidem, P 272.

23
devant la juridiction compétente ; cette action doit être introduite dès la publication du contrat
de location-gérance dans un journal d’annonce légale dans un délai de trois (03) mois sous peine
de forclusion art 14493. Toutefois, le locataire-gérant n’est pas obligé de poursuivre les contrats
en cours mais, il peut être prévu dans le contrat que le locataire-gérant a l’obligation de
poursuivre ces contrats ce sont par exemple : les contrats d’eau, de téléphonie, de gaz et même
les contrats d’assurances souscrit par le bailleur. Cependant, il est obligé de poursuivre les
contrats de travail en cours l’article 11.8 du code du travail ivoirien dispose à cet effet que :
« s’il survient un changement d’employeur, personne physique ou personne morale, par suite
notamment de succession, vente, fusion, transformation de fonds, mise en société, tous les
contrats en cours au jour de la modification subsistent entre le nouvel employeur et le
personnel de l’entreprise »94. Cet article ne pointe pas directement sur les modes d’exploitation
du fonds de commerce mais en raison de l’adverbe notamment cette liste demeure cependant
non limitative.

PARAGRAPHE 2 : Les obligations envers les autres tiers au contrat

Concernant le propriétaire des locaux où est exploité le fonds, il convient de préciser que « la
location-gérance n’entraine ni cession ni sous-location »95 autrement dit le fait pour le
locataire-gérant de prendre le fonds de commerce en location-gérance ne fait pas de lui un
cessionnaire ou un sous-locataire du contrat de bail. Ainsi, les obligations du locataire-gérant
seront analysées tout d’abord dans les cas où le propriétaire des locaux est une personne autre
que celle du propriétaire des locaux du fonds et ensuite dans les cas où le bailleur est à la fois
le propriétaire du fonds et celui du local. Dans les cas où le bailleur du fonds est lui-même
locataire des locaux : ce sont les cas les plus fréquents, il n’y a aucune relation contractuelle
entre le locataire-gérant et le propriétaire du fonds, le locataire-gérant est donc tenu au respect
du contrat de bail, il ne doit notamment pas changer la destination du lieu de l’exploitation ni
étendre l’activité sur d’autres activités interdites par le contrat de bail ou encore y adjoindre une
autre activité. Il est également possible pour le bailleur des locaux de « se prévaloir de toute

93
Art 144, AUDCG, P 41, « Les dettes du bailleur nées de l’exploitation du fonds peuvent être déclarées
immédiatement exigibles par la juridiction compétente si elle estime que la location-gérance met en péril le
recouvrement
L’action est introduite par tout intéressé, à peine de forclusion, dans le délai de trois mois de la date de publication
du contrat de location-gérance, tel que prévu à l’article 139 du présent Acte uniforme. »
94
Art 11.8, Loi n° 2015-532 DU 20 juillet 2015 portant Code du travail.
95
Jean DERRUPEE, Le fonds de commerce, Dalloz, Paris, 1994, P 50.

24
infraction aux clauses du bail, et ce bien qu’elle ait été commise par le gérant du fonds de
commerce »96. Le locataire-gérant doit verser au bailleur des locaux un loyer résultant de la
jouissance desdits locaux ; mais, il n’est pas obligé de la lui reverser directement art 138 al 4
AUDCG97. Il peut avec l’accord du bailleur des locaux adjoindre le payement de la redevance
due à la jouissance du fonds et celle des locaux et les reverser au propriétaire du fonds qui à son
tour se chargera de payer son bailleur. Quant au bailleur des locaux il n’a aucune obligation
envers le gérant n’étant pas lié contractuellement « toutefois, si les manquements fautifs vis-
à-vis du loueur du fonds, par exemple pour défaut d’entretien des locaux du local commercial
loué, causent un préjudice au locataire-gérant, il est désormais admis que ce dernier est en
droit d’agir directement contre le propriétaire en responsabilité civile. »98

Dans le cas où le propriétaire du fonds est également le propriétaire des locaux « le locataire-
gérant s’il possède un droit de jouissance des locaux, ce droit n’est que l’accessoire du bail
du fonds de commerce même s’il est inclus dans ce dernier bail. »99 Ainsi, le locataire-gérant
ne peut pas davantage comme dans le premier cas c’est-à-dire dans le cas où le propriétaire du
fonds n’est pas le propriétaire des locaux, prétendre à un droit de renouvellement faute d’être
propriétaire d’un fonds de commerce.

Concernant l’acquéreur du fonds, l’AUDCG ne s’est pas prononcé sur ces rapports avec le
locataire-gérant mais, suivant la logique de F. Lemeunier dans son ouvrage Fonds de commerce
Achat et vente Exploitation et gérance, il s’appuie sur le code civil pour poser son
argumentation. Suivant sa logique, on se posera la question de l’opposabilité du contrat de
location-gérance à l’acquéreur du fonds ainsi, dans le titre 8 du code civil ivoirien relative au
contrat de louage l’article 1743 dispose que « Si le bailleur vend la chose louée, l’acquéreur
ne peut expulser le fermier ou le locataire qui a un bail authentique ou dont la date est
certaine, à moins qu’il ne se soit réservé ce droit par le contrat de bail »100. De cet article il
ressort que l’acquéreur du fonds ne peut expulser le locataire que si le contrat n’est pas
authentique, en matière de location-gérance il est intéressant de rappeler que le contrat est un
contrat consensuel mais il doit faire l’objet de publicité conformément à l’article 139 al 4
AUDCG101. La publicité faite, le contrat est authentique donc directement opposable à
l’acquéreur cependant, partant toujours de l’article 1743 il peut être stipulé dans le contrat qu’en

96
Francis LEMEUNIER, Fonds de commerce : Achat et vente Exploitation et gérance, Opcit, P 224.
97
Art 138 al 4, AUDCG, P 40.
98
Francis LEMEUNIER, Fonds de commerce : Achat et vente Exploitation et gérance, Opcit, P224.
99
Ibidem, P 225.
100
Art 1743, code civil, P 187.
101
Art 139 al 4, AUDCG, P 40.

25
cas de vente du fonds par le bailleur la location-gérance prendra fin de plein droit de cette façon
suivant davantage la même logique l’acquéreur devra indemniser le locataire-gérant même si
le contrat ne stipule pas d’une clause de dommages et intérêts dans le cas conformément aux
articles 1744102 et suivants du C.C.

CHAPITRE 2 : La protection du preneur eu égard aux conditions


particulières du contrat

Dans l’exécution du contrat de location-gérance, chaque partie à des obligations l’une envers
l’autre ces obligations sont clairement définies par l’AUDCG. En vue de la protection du
preneur qui est traditionnellement la partie la plus faible il serait important de se concentrer sur
les obligations qu’à le bailleur envers le preneur ainsi, il serait judicieux d’étudier tout d’abord
la participation du bailleur aux obligations du preneur (Section 1) et les obligations même du
bailleur envers le preneur (Section 2).

SECTION 1 : La participation du bailleur aux obligations du preneur

Le contrat de location-gérance fait naitre des obligations à l’endroit de chaque partie. Chacune
d’elle à des obligations l’une envers l’autre de cette façon, le bailleur en plus de ses obligations
envers son locataire et tenu de participer à ses obligations. Ces obligations tournent autour de
la responsabilité solidaire aux dettes de l’exploitation du fonds (paragraphe 1) et la
responsabilité aux dettes fiscales (paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : La responsabilité solidaire aux dettes de l’exploitation du fonds

La participation du bailleur aux obligations du preneur se résume en premier lieu aux dettes
résultant de l’exploitation du fonds. Le bailleur est solidairement tenu des dettes avec le
locataire-gérant « mais il n’est pas tenu compte des dettes contractées par le locataire-gérant
avant que ce dernier n’acquière cette qualité. 103» c’est dire ainsi que la solidarité aux dettes
n’est pas absolue elle ne prend en compte que les dettes issues de l’exploitation du fonds.

102
Art 1744, code civil, « S’il a été convenu, lors du bail, qu’en cas de vente l’acquéreur pourrait expulser le
fermier ou locataire, et qu’il n’ait été fait aucune stipulation sur les dommages et intérêts, le bailleur est tenu
d’indemniser le fermier ou le locataire de la manière suivante. », P 188.
103
Francis LEMEUNIER, Fonds de commerce : Achat et vente Exploitation et gérance, Opcit, P 220.

26
Conformément à l’AUDCG art 145 qui dispose que : « jusqu’à la publication du contrat de
location-gérance, le propriétaire du fonds est solidairement responsable des dettes du
locataire-gérant nées de l’exploitation du fonds donné en location-gérance. 104» certains
ajoutent quand bien même que la publication du contrat ait été faite, le bailleur serait
solidairement responsable sur une période de six (06) mois à compter de la date de publication
du contrat de location-gérance des dettes du locataire-gérant nées de l’exploitation du fonds ;
passé ce délai, le bailleur n’est plus solidairement responsable des dettes du locataire-gérant
« même au cas de renouvellement de la location-gérance 105» toutefois « la responsabilité de
six mois disparait rétroactivement en cas d’annulation du contrat de location-gérance. 106»

PARAGRAPHE 2 : responsabilité aux dettes fiscales

Outre la participation solidaire aux dettes du locataire-gérant issues de l’exploitation du fonds


dont dispose l’art 145, le bailleur est également responsable avec le locataire-gérant des dettes
fiscales nées de l’exploitation du fonds. Contrairement à la première responsabilité, celle-
ci « n’est pas limitée dans le temps, s’étend à tous les impôts directs proprement dits et les
taxes assimilées »107. Celui-ci est solidairement responsable avec locataire-gérant de la TVA
et de l’impôt sur le revenu du gérant résultant des bénéfices industriels et commerciaux issus
de l’exploitation du fonds. Le bailleur a la possibilité de surveiller les dettes fiscales dues à
l’exploitation du fonds, il peut être stipulé dans le contrat que le bailleur puisse avoir accès aux
documents comptables durant la durée du contrat de location-gérance ainsi « il est
particulièrement recommandé par la pratique de stipuler systématiquement que le locataire
communiquera au propriétaire du fonds du double de ses déclarations de bénéfices
industriels et commerciaux et son bilan. »108 La responsabilité solidaire du bailleur s’étend
également aux cotisations sociales spécialement aux cotisations dues pour la retraite des salariés
du fonds.

104
Art 145, AUDCG, P 41.
105
Francis LEMEUNIER, Fonds de commerce : Achat et vente Exploitation et gérance, Opcit, P 220.
106
Ibidem, P 221.
107
Ibidem.
108
LAMY, DROIT COMMERCIAL : Fonds de commerce, Baux commerciaux, Marques, Brevets, dessins et
modèles, Entreprises en difficulté, Opcit, P 218.

27
SECTION 2 : Les obligations du bailleur envers le locataire-gérant

Tout comme le locataire-gérant, le bailleur du fonds de commerce au-delà du fait que celui-ci
concède la jouissance de son fonds et en perçoit une redevance totalise également des
obligations envers celui avec qui il contracte c’est-à-dire le locataire-gérant. Pour ce fait, le
bailleur a l’obligation de délivrance et d’entretien (Paragraphe 1) et surtout une obligation de
garantie (Paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : L’obligation de délivrance et entretien

La location-gérance est selon l’acte uniforme une convention dans laquelle le propriétaire du
fonds concède la location à une personne physique ou morale qui l’exploite à ces risques et
périls. De ce contrat nait des obligations, du locataire-gérant envers le bailleur et du bailleur
envers le locataire-gérant. Le locataire-gérant est tenu de payer un loyer pour la jouissance des
éléments corporels et incorporels du fonds, le bailleur est aussi tenu à des obligations envers le
locataire-gérant notamment l’obligation de délivrance, l’obligation d’entretien, et l’obligation
de garantie de ces éléments. La première obligation tient essentiellement, à mettre à la
disposition du locataire-gérant les éléments qui composent le fonds de commerce ces éléments
sont :

• La clientèle qui est un élément indispensable du fonds de commerce, ce sont des personnes
qui ont des relations d’affaires avec une entreprise commerciale ;
• L’achalandage ;
• L’enseigne et le nom commercial ;
• Le matériel mobilier servant à l’exploitation, il s’agit entre autres des outils du fonds, les
véhicules, le mobilier de bureau, les machines, etc.
• Le droit au bail ;
• Les droits de propriété industrielle s’il en existe ;
• Les licences d’exploitation, si l’exploitation du fonds en nécessite une c’est très souvent le
cas pour certains fonds de commerce tels que les débits de boissons, entreprises de transport,
etc. « le loueur est tenu de faire en sorte que cette licence soit inscrite et transférée au
nom du locataire-gérant pour la durée du contrat ;109 » ;

109
Olivier BARRET, Les contrats portant sur le fonds de commerce, Opcit, P 264.

28
• La marchandise, elle n’est pas donnée avec les autres éléments et fera l’objet d’une
convention à part. Ainsi, deux (02) options se posent aux cocontractants la première est que
le locataire-gérant achète la marchandise au début de la convention, la seconde est que celui-
ci utilise la marchandise et la remplace à la fin de la convention ;

Le bailleur a l’obligation de les délivrer en bonne état.

La deuxième obligation est l’obligation d’entretien « le bailleur est tenu d’entretenir la chose
(c’est-à-dire le fonds loué) en état de servir à l’usage pour lequel elle a été loué 110». A moins
que, le contrat ne décide que ce soit le locataire qui s’en occupe « le loueur doit notamment
effectuer les réparations autres que locatives tant en ce qui concerne l’immeuble où
s’exploite le fonds le matériel et le mobilier111 ».

PARAGRAPHE 2 : L’obligation de garantie

La troisième obligation est l’obligation de garantie, cette obligation est très importante. Le
bailleur est tenu de garantir au locataire-gérant une jouissance paisible du fonds de
commerce, « il lui doit donc de garantie pour les vices cachés, ainsi que pour son fait
personnel 112». Le bailleur ne doit pas s’ingérer dans l’exploitation du locataire-gérant ni lui
faire concurrence en exploitant un fonds dans les environs « soit directement ou indirectement
ou par personne interposée113 ».

110
Ibidem.
111
Francis LEMEUNIER, Fonds de commerce Achat et vente Exploitation et gérance, Opcit, P 217.
112
Jean DERRUPPE, Le fonds de commerce, Opcit, P 49.
113
Ibidem, F. LEMEUNIER, P 218.

29
CONCLUSION PARTIELLE

On a pu le voir dans cette partie, que la protection du preneur durant l’exécution du contrat s’est faite
au travers des obligations des parties celle du bailleur et celle du locataire-gérant. Concernant le
locataire-gérant, il a tout d’abord des devoirs envers le bailleur qui est celui avec qui il contracte. Il a
l’obligation d’exploiter le fonds, de l’exploiter personnellement afin d’éviter le risque que celui-ci
périsse il doit aussi lui verser un loyer appelé redevance. Ensuite, le locataire-gérant a aussi des
obligations envers les tiers au contrat les créanciers, le bailleur des locaux et l’acquéreur du fonds
s’agissant des créanciers est tenu solidairement avec le bailleur des dettes résultant de l’exploitation du
fonds ce qui inclut le bailleur aux obligations du locataire-gérant, pour le bailleur des locaux le locataire-
gérant n’est pas lié contractuellement avec celui-ci mais il doit lui verser un loyer pour la jouissance des
locaux. Le bailleur a aussi des obligations envers le locataire il doit lui délivrer le fonds en bon état, il
doit également lui garantir une jouissance paisible.

30
CONCLUSION GÉNÉRALE

En définitive, afin d’envisager une protection du preneur dans le contrat de location-gérance,


notre étude s’est penchée sur plusieurs contours du droit, passant du droit civil des obligations
au traité OHADA, nous sommes arrivés au constat selon lequel la protection du preneur n’est
pas une question qui a été réellement abordé par le législateur OHADA. En effet, celui-ci dans
l’Acte Uniforme relatif au Droit Commercial Général a consacré la location-gérance comme un
mode d’exploitation du fonds de commerce en lui donnant une définition et des règles bien
établies. Nonobstant les efforts du législateur OHADA pour structurer et encadrer le contrat de
location-gérance, ces règles restent quand même insuffisantes pour investir une protection du
preneur, on a pu voir qu’outre les apports de l’Acte Uniforme notre travail à solliciter les règles
du code civil afin de pouvoir apporter une solide base à la protection du preneur ainsi, dans la
première partie de notre travail l’intervention des conditions de validité des contrats en
général se sont succédées les unes après les autres tout en tentant chacune d’apporter une
solution au problème posé. Ensuite, dans la deuxième partie nous avons eu a abordé les
obligations du preneur envers le bailleur et envers les tiers mais au niveau des tiers hormis ceux
que l’Acte Uniforme avait prévu, nous avons eu a analysé un autre tiers à ce contrat qu’est
l’acquéreur du fonds en effet, le fonds peut faire l’objet d’une vente, d’une cession. De cette
façon, la question qui revient est quel sera le sort de la location-gérance, du locataire-gérant
face à l’acquéreur ? A cette question, l’Acte Uniforme n’a point donner de solution alors, il
nous est venu de nous référer de nouveau au code civil qui a donné une réponse approximative
à celle-ci en ses articles 1743 et suivants. Mais une question reste toujours en suspens malgré
les efforts et les apports du code civil à cette quête de protection cela est-il réellement suffisant ?

31
BIBLIOGRAPHIE

❖ Ouvrages généraux

➢ Hilarion Alain BISTAMANA, Dictionnaire OHADA,3 éditions, 3e édition,


l’Harmattan, Paris, 2015, 392p.
➢ Jean-Luc AUBERT, Le contrat : droit des obligations, 5 éditions, 2e édition, DALLOZ,
Paris, 2000, 150p.
➢ Rémy CABRILLAC, Droit des obligations, 15 éditions, 5e édition, DALLOZ, Paris,
2003, 246p.
➢ Serge BONY, Droit civil : Les obligations, 10 éditions, 10e édition, ABC, Abidjan,
2022, 481p.
➢ Serge GUINCHARD et Thierry DEBARD, Lexique des termes juridiques, 30
éditions, 29e édition, DALLOZ, Paris, 2021-2022, 1118p.

❖ Ouvrages spécialisés

➢ Francis LEFEBVRE, Fonds de commerce : Vente et location-gérance, Guide juridique


et fiscal, 6 éditions, 5e éditions, édition Francis LEFEBVRE, Courbevoie (Hauts-de-
Seine), 2015, 404p.
➢ Francis LEMEUNIER, Fonds de commerce : Achat et Vente Exploitation et gérance,
17 éditions, 17e éditions, DELMAS, Paris, 2007, 384p.
➢ Jean DERRUPE, Le fonds de commerce, DALLOZ, Paris, 1994, 102p.
➢ LAMY, Droit commercial : Fonds de commerce Baux commerciaux Marques, Brevets,
Dessins et modèles Entreprises en difficulté, LAMY, 2009.
➢ Olivier BARRET, Les contrats portant sur le fonds de commerce, Librairie générale de
droit et de jurisprudence, Paris, 2001, 344p.

❖ Textes de lois et conventions

➢ Acte Uniforme relatif au Droit Commercial Général du 15 décembre 2010.


➢ Code civil Ivoirien du 21 mars 1804 modifié par les lois Ivoiriennes à partir de 1964,
édition 2019
➢ Loi n° 2015-532 du 20 juillet 2015 portant code du travail.
32
❖ Webographie

➢ Publié par les étudiants de l’IFAG, L’évolution du commerce de l’Antiquité à


aujourd’hui, consulté le 22/08/2023, 09 :48.www.bbdp.fr
➢ WIKIPEDIA, Histoire du commerce, consulté, le 22/08/2023 (09 :49),
fr.mwikipédia.org.
➢ Publié par DEVOLTA, citation de Jean-Christophe RUFIN, Le grand cœur, Ed Folio,
abc-citations, consulté le 23/08/2023 (10 :17), www.abc.citations.com
➢ Matthew LIPTON, un article du Mises Institute, Contrepoints,
w.w.w.contrepoints.org, consulté le 22/08/2023, 09 : 58.
➢ L’OHADA : L’une des expériences juridiques les plus réussies de la fin du 20ème siècle,
OHADA.com, w.w.w.ohada.com, 22/08/2023, 10 :05.
➢ WIKIEDIA, fr.m.wikipédia.org, 22/08/2023, 09 :51.

33
TABLE DES MATIÈRES

DEDICACE............................................................................................................................................ 1
REMERCIEMENTS ............................................................................................................................. II
SIGLES ET ABREVIATIONS ........................................................................................................... III
RESUME ............................................................................................................................................... IV
SOMMAIRE .......................................................................................................................................... V
INTRODUCTION ................................................................................................................................. 1

PREMIÈRE PARTIE : LA PROTECTION DU PRENEUR PENDANT LA FORMATION DU


CONTRAT ............................................................................................................................................. 5
CHAPITRE 1 : La protection du preneur eu égard aux conditions de validité du contrat en
général .................................................................................................................................................... 6
PARAGRAPHE 1 : Le consentement ................................................................................................. 6
SECTION 2 : L’objet et la cause dans un contrat de location-gérance.......................................... 11
PARAGRAPHE 1 : L’objet dans le contrat de location-gérance ................................................... 11
PARAGRAPHE 2 : La cause dans le contrat de location-gérance ................................................ 13

CHAPITRE 2 : LA PROTECTION DU PRENEUR EU ÉGARD AUX CONDITIONS


PARTICULIÈRES DU CONTRAT .................................................................................................. 14
SECTION 1 : Les conditions particulières pour le preneur ............................................................ 14
PARAGRAPHE 1 : Les conditions de fonds ..................................................................................... 14
PARAGRAPHE 2 : les conditions de forme et de publicité ............................................................ 16
SECTION 2 : Les conditions particulières pour le bailleur ............................................................ 16
PARAGRAPHE 1 : Les conditions de fonds ..................................................................................... 16
PARAGRAPHE 2 : Les conditions de forme et de publicité ........................................................... 18
CONCLUSION PARTIELLE ............................................................................................................ 19

DEUXIEME PARTIE : LA PROTECTION DU PRENEUR DURANT L’EXECUTION DU


CONTRAT ........................................................................................................................................... 20
CHAPITRE 1 : LES OBLIGATIONS DU PRENEUR PENDANT L’EXÉCUTION DU
CONTRAT ........................................................................................................................................... 21
SECTION 1 : Les obligations envers le bailleur ............................................................................... 21
PARAGRAPHE 1 : L’obligation d’exploitation du fonds ............................................................... 21
PARAGRAPHE 2 : Le payement de la redevance ........................................................................... 22
SECTION 2 : les obligations envers les tiers au contrat .................................................................. 23

34
PARAGRAPHE 2 : Les obligations envers les autres tiers au contrat ........................................... 24

CHAPITRE 2 : La protection du preneur eu égard aux conditions particulières du contrat...... 26


SECTION 1 : La participation du bailleur aux obligations du preneur ........................................ 26
PARAGRAPHE 1 : La responsabilité solidaire aux dettes de l’exploitation du fonds ................. 26
PARAGRAPHE 2 : responsabilité aux dettes fiscales ..................................................................... 27
SECTION 2 : Les obligations du bailleur envers le locataire-gérant ............................................. 28
PARAGRAPHE 1 : L’obligation de délivrance et entretien ........................................................... 28
PARAGRAPHE 2 : L’obligation de garantie ................................................................................... 29

CONCLUSION PARTIELLE ............................................................................................................ 30


CONCLUSION GÉNÉRALE ............................................................................................................ 31
TABLE DES MATIERES .................................................................................................................. 34

35
36

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