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Année Académique 2019– 2020
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INTRODUCTION
1. importance du cours
Qu’est-ce que le droit commercial ? Il n’y a pas de réponses simples car il n’y a pas de
définitions officielles du droit commercial. Tout droit est un ensemble de règles, qui régit les relations
entre deux sortes d'individus.
Le droit commercial est un ensemble de règles qui s'applique aux commerçants (c'est-à-dire
ceux qui exercent des actes de commerce à titre professionnel et habituel), ainsi qu'aux non-
commerçants lorsqu'ils accomplissent occasionnellement un acte de commerce. Le droit commercial a
pour objet l’étude des règles relatives à l’activité et aux rapports entre les commerçants eux-mêmes ou
avec leurs clients.
Le droit commercial constitue avec le droit des sociétés, le droit bancaire et boursier ainsi que
le droit de la propriété industrielle une branche éminente de ce qu'il est convenu d'appeler le droit des
affaires.
Le droit commercial est défini comme l'ensemble des règles de droit privé applicables aux
commerçants et aux actes de commerce. Cette première définition fait apparaître la coexistence de
deux conceptions :
Dans la conception subjective, le droit commercial est le droit des commerçants : il s'agit d'un
droit professionnel, issu des pratiques des marchands et dont l'application est déclenchée par
la qualité des personnes en cause.
Dans la conception objective, le droit commercial est le droit des actes de commerce, c'est-à-
dire des opérations commerciales : son application est conditionnée non par la profession de
l'intéressé, mais par la nature de l'acte, ou par la réunion de certaines circonstances
objectivement définies.
L'évolution a montré que le droit commercial pouvait se développer selon ces deux axes que
sont, d'une part, le statut du commerçant (conditions d'accès à la profession, droits et obligations
spécifiques) et, d'autre part, les règles applicables aux commerçants, et à l'ensemble des activités
professionnelles.
Au total, le Droit Commercial est le droit le droit qui régit le monde des échanges économiques.
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Quant au domaine du droit commercial, il n’est pas la seule branche du droit à prétendre régir
les échanges économiques. C’est le cas du droit civil, et du droit des affaires.
La frontière entre droit commercial et droit civil :
Le premier réflexe peut être de ce dire que le droit commercial est différent du droit civil car le
droit civil se préoccupe avant tout des personnes et des fortunes envisageaient du côté
patrimoine, alors que le droit commercial réglerait plutôt la production et la distribution des
richesses.
Cette définition est vraie mais légèrement caricaturale car le Droit civil est le droit commun, et
en tant que tel, il peut s’intéresser a d’autre choses qu’aux personnes et aux fortunes, il peut
d’intéresser à la production et la circulation des biens.
En réalité les situations de faits ne sont pas fondamentalement différentes.
Simplement un élément va changer : c’est la présence d’un commerçant ou d’un acte de
commerce.
Malgré cela, la frontière est encore incertaine car le droit commercial n’est qu’un droit spécial
cela signifie que le silence éventuel du droit commercial doit nécessairement être complété par
le droit commun qui est le droit civil.
Le droit commercial ne peut donc pas survivre sans le droit civil, il n’est pas autonome
Dans un mouvement inverse le droit civil s’inspire lui aussi parfois des solutions du droit
commercial : Exemple : Les clientèles n’était pas en droit commun susceptibles d’être cédés
alors qu’en droit commercial depuis toujours cela est possible.
Selon certains c’est parce que le droit commercial serait trop étroit pour faire face à tous les
problèmes de la vie économique. Ex : La fusion de société : cela concerne le droit commun
(droit des sociétés) mais également le droit fiscal
Le droit des affaires permet d’intégrer certaines disciplines périphériques au droit commercial.
2. Quel est le droit applicable à ce jour aux affaires congolais ? L’organisation pour l’harmonisation
en Afrique de droit des affaires – OHADA
1 Création
Cette diversité s’est avérée comme un facteur de confusion dans la compréhension et dans
l’application des textes dans une région où l’homogénéité législative s’imposait pour la promotion de
l’économie et du commerce. Dans un premier temps, la démarche avait consisté en la création
d’ensembles économiques. Les plus importants sont :
Etant donné que les unions économiques appellent naturellement les unions des droits, les
Etats de la région avaient pris conscience qu’un espace économique ne peut pas être pleinement
efficace s’il n’est tramé dans un espace juridique cohérent1. C’est ainsi qu’après de nombreuses
péripéties dont l’initiative du projet remonte aux premiers jours des années 1990, le traité constitutif de
l’OHADA est adopté le 17 octobre 1993 à Port-Louis. Il a été révisé le 17 octobre 2008 à Québec.
La condition essentielle pour qu’un Etat devienne membre de l’OHADA demeure la qualité de
membre de l’Union Africaine2. L’on peut comprendre ainsi qu’en dépit du fait que l’OHADA apparaisse
comme une organisation rassemblant les anciennes colonies françaises d’Afrique, elle regorge, en son
sein, des anciennes colonies portugaise ou hispanique.
ce privilège du fait de la profonde crise socioéconomique dans laquelle elle avait été plongée au cours des années 1990.
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La qualité de membre implique certaines obligations financières. Les plus importantes sont :
2 Objectifs de l’OHADA
Les fondateurs de l’OHADA étaient mus par la volonté de mettre en place une institution qui, à
terme, devraient permettre :
Sur le plan juridique, l’OHADA a pour vocation première l’assainissement du climat des affaires par
la lutte contre l’insécurité juridique et l’insécurité judiciaire qui constituent un obstacle majeur à
l’amélioration du climat des affaires, à la promotion des investissements dans le secteur privé, à la
croissance économique et au développement.
Potentiellement, le plus important de tous en termes d’espace, de population et de richesse, elle est actuellement le dix-
septième Etat membre, le dernier à adhérer à l’OHADA. Avant l’adhésion de la R.D.Congo à l’OHADA, les experts étaient
déjà d’avis que son système normatif relatif au droit des affaires était devenu lacunaire, archaïque, désuet et même obsolète
sur de nombreux aspects (Voir le rapport final sur les modalités de l’adhésion de la RDC au traité de l’OHADA, rendu par le
COPIREP ; Kinshasa, 2005). Le droit issu de l’OHADA devient effectif à partir du 13 septembre 2012.
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expropriations pour cause d’utilité publique, réquisition, révisions des contrats. L’on peut aussi y ajouter
le traitement documentaire des dossiers dans l’octroi des marchés publics.
2. L’incertitude judiciaire
A l’insécurité juridique s’ajoute l’insécurité judiciaire qui résulte de l’incertitude pesant sur l’issue
d’une action en justice. Elle provient de l’incurie des magistrats et des auxiliaires de la justice (greffiers,
huissiers, avocats,…). Elle se manifeste généralement par des décisions judiciaires très contestables,
des prises en délibéré trop longues, des exécutions impossibles, des remises et renvois manifestement
dilatoires pour décourager les demandeurs, la tolérance des fautes déontologiques.
L’OHADA fonctionne à travers les institutions suivantes : la Conférence des Chefs d’Etats et de
Gouvernements, le Conseil des Ministres, le Secrétariat permanent, la Cour Commune de Justice et
d’Arbitrage et l’Ecole régionale supérieure de la magistrature.
La Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernements est l’organe suprême de l’OHADA. Elle a
la compétence pour statuer sur toutes questions relatives au Traité.
Le Conseil des Ministres est l’organe législatif de l’OHADA. Il est composé des ministres en
charge de la justice et des finances des Etats membres. Il se réunit au moins une fois par an et, à la
majorité absolue, délibère notamment sur :
Le Secrétariat permanent est l’organe exécutif de l’OHADA. Son siège est installé à Yaoundé. A
ce titre, il assiste sous l’égide du Secrétaire permanent, le Conseil des Ministres dans la gestion
administrative de l’organisation.
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La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage est l’organe judiciaire de l’OHADA. Elle a son siège
à Abidjan et est composée de neuf juges élus par le Conseil des Ministres pour un mandat de sept ans
renouvelable une fois.
Elle est saisie par un pourvoi en cassation à l’initiative de l’une des parties ou sur un renvoi
d’une cour suprême nationale qui se déclare incompétent d’examiner les faits dont elle est saisie.
formuler les avis sur les projets des actes uniforme s et donner interprétation du traité
constitutif, des actes uniformes et de leurs mesures d’application ;
intervenir en matière d’arbitrage (nomination des arbitres et prononcé de l’exéquatur) ;
examiner les recours en cassation avec possibilité de faire évocation pour statuer à la fois
sur le droit et sur les faits.
C’est pour cela que la Cour commune de justice et d’arbitrage apparaît comme un organe qui
joue le double rôle de la cour suprême supranationale4 et de structure d’appui à l’arbitrage pour éviter
l’insécurité judiciaire qui gangrène les institutions judiciaires des certains Etats membres.
mettre en œuvre les plans de formation des magistrats et des auxiliaires de la justice ;
organiser des colloques et des stages de formation à l’intention des universitaires,
praticiens du droit et opérateurs économiques
le Traité constitutif de l’OHADA du 17 octobre 1993 révisé à Québec le 17 octobre 2008 qui
est la source originaire ;
4 La CCJA joue le rôle de cour de cassation en matière commerciale et est compétente pour examiner, sans renvoi, le droit
et les faits. Elle enlève ainsi aux cours suprêmes un pan important de leurs attributions. Au plan interne, seuls les tribunaux
de commerce et les cours d’appel conservent leurs compétences matérielles sur les actes de commerce et les conflits y
relatifs.
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les actes uniformes qui constituent la source dérivée du système juridique de l’OHADA.
Le cadre juridique de l’OHADA entend s’étendre sur toutes les matières considérées comme
relevant du droit des affaires. Au terme de l’article 2 du traité de l’OHADA, ces matières sont :
le statut de commerçant ;
le droit des sociétés ;
le recouvrement des créances ;
le redressement des entreprises et la liquidation judiciaire ;
l’arbitrage ;
le droit du travail ;
la comptabilité des entreprises ;
les contrats commerciaux (vente et transport).
c) Les actes uniformes de l’OHADA
Subsidiairement à son traité constitutif, l’ordre juridique de l’OHADA comprend, dans son
arsenal, une série d’instruments appelés actes uniformes. Ceux-ci ont, en vertu dudit traité (article 10),
une vocation supranationale pour tout Etat qui y adhère, et qui constituent les textes de base du droit
des affaires.
Les actes uniformes sont adoptés, à l’unanimité, par le Conseil des Ministres. Ils sont publiés
au Journal Officiel de l’OHADA par le Secrétariat permanent dans les soixante jours qui suivent leur
adoption. Ils entrent en vigueur quatre-vingt-dix jours après leur publication.
a) Principe d’application
L’Acte constitutif stipule, en son article 10, que les actes uniformes sont directement applicables
et obligatoires dans les Etats parties, nonobstant toutes dispositions contraires du droit interne,
antérieures ou postérieures.
Par conséquent, la mise en application des dispositions des actes uniformes ne nécessite pas
l’intervention des autorités législatives ou réglementaires des Etats membres. Quant au rapport entre
les dispositions de ces actes et celles du droit interne existant, il convient de rappeler qu’elles ne
s’annulent pas automatiquement. Dans bien des cas, elles s’emboîtent en n’effaçant que les
dispositions antérieures contraires. Le mieux est de s’assurer chaque fois du contenu de la clause de
style qui détermine la portée de l’acte uniforme sur le texte de droit national correspondant.
5 L’article 1er de l’acte uniforme relatif au droit commercial général dispose notamment que tout commerçant ou tout
entreprenant demeure soumis aux lois non contraires audit acte uniforme qui sont applicables dans l’Etat partie où se situe
son établissement ou son siège social.
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Lorsqu’une matière est régie de la même manière par les dispositions du droit interne et celles
du droit communautaire, ces dernières l’emportent et le juge devra normalement s’y référer. Ce là est
l’une des manières de rendre le droit communautaire plus effectif.
Il s’agit là visiblement d’une tâche assez ardue qui ne peut être accomplie que par le
recours d’une méthodologie adaptée aux circonstances de temps et de lieu : un exposé magistral
entrecoupé d’interactions. Si l’infrastructure nécessaire est disponible, la projection des diaporamas va
sûrement permettre de tirer profit de la visualisation.
B. objectifs spécifiques
Pour l’étudiant, quelles que soient ses inclinations scientifiques ou ses orientations
professionnelles, l’intelligence du droit commercial est fondamentale dans sa formation. Pour ce faire,
l’enseignement du cours de droit commercial doit, à terme, permettre chaque apprenant d’être capable
de :
Définir le droit commercial et expliquer les caractéristiques qui permettent de le distinguer des
autres disciplines ;
Définir la notion d’acte de commerce et citer les différentes sortes d’actes juridiques que la loi
range à cette catégorie ;
Citer les conditions d’accès et d’exercice des activités commerciales et professionnelles ;
Décrire l’organisation et le fonctionnement du RCCM ;
Définir le fonds de commerce, et maitriser ses éléments constitutifs ;
D’appréhender les procédures collectives d’apurement du passif.
Pour atteindre ces objectifs, le droit commercial général va englober en son sein les matières
suivantes que nous étudierons successivement :
Conditions d’accès et d’exercice du commerce (Chapitre 1) ;
Le registre du commerce et du crédit mobilier (Chapitre 2) ;
Le bail à usage professionnel et le fonds de commerce (Chapitre 3) ;
La vente commerciale (Chapitre 4)
Les procédures spéciales (Chapitre 5) ;
le contentieux en droit Ohada : arbitrage (Chapitre 6).
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D'emblée, les actes de commerce pourraient s'entendre comme des actes accomplis dans un
but de lucre ou de bénéfice. Cette définition est assez simple et précise, mais elle a été
malheureusement rendue assez vague par la loi.
En effet, celle-ci ne considère pas par exemple comme des actes de commerce le fait
d'exploiter une entreprise agricole ou minière ou bien acheter un immeuble (même si le but est de le
revendre avec bénéfice) ou bien encore d'exercer la profession de médecin ou d'avocat.
Pour notre part, nous considérons l'acte de commerce comme étant toute opération ayant pour
but la réalisation d'un profit (but lucratif), et pour objet l'échange «d'utilités» matérielles (marchandises,
biens meubles et immeubles) ou même immatériels (prestations de services, achat et vente des biens
corporels tels que des droits évaluables en valeur, brevet d'invention, fonds de commerce.
Les actes de commerce sont soit objectifs, soit subjectifs, soit encore mixtes. Pour ce qui est
des actes de commerce objectif, sont toujours et nécessairement commerciaux même lorsqu'ils ont été
accomplis par un commerçant. Ce sont les actes de commerce objectifs. Il n'est pas tenu compte à leur
sujet, de la qualité de la personne qui les accomplit. Tous les actes entrant dans cette catégorie sont
nécessairement commerciaux. Ces actes sont: les lettres d'échange, le mandat, le billet d'ordre,
d’autres effets à l'ordre ou au porteur.
Toute personne commerçante ou non commerçante qui appose sa signature sur une lettre de
change, un billet d'ordre ou autres effets à ordre ou au porteur, fait un acte de commerce. Ce caractère
commercial de l'engagement de la personne résulte de l'apposition de sa signature sur un de ces
documents.
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Les actes de commerce subjectifs sont, quant à ceux, réputés commerciaux en raison de la
personne à qui sont attribuées, toutes les obligations d'un commerçant. Cette disposition de la loi se
justifie parce que le législateur présume que le commerçant les assume dans l'intérêt de son
commerce. Ces obligations peuvent résulter d'un contrat, d'un délit ou d'un quasi - délit. La population
légale qui pèse sur les obligations d'un commerçant n'est qu'une présomption simple, irréfragable. Elle
admet la preuve contraire.
En ce qui concerne les actes mixtes, parfois un acte juridique peut être mixte c'est-à-dire que
dans l'accomplissement de celui-ci, deux personnes interviennent : l'une d'elle est commerçant, l'autre
ne l'est pas. Dans ce cas le même acte sera commercial pour l'une des parties et civil pour l'autre.
Les actes de commerce, sont de diverses sortes. Les principales catégories sont: les actes de
commerce par nature et les actes de commerce par la forme. La complexité même de l’activité
commerciale justifie l’extension de la nature commerciale à divers actes et engagements qui finissent
par être soumis au même régime que les actes de commerce stricto sensu.
A. Caractère
1° Définition
Au terme de l’article 3 de l’AUDCG, l’acte de commerce par nature est celui par lequel une
personne s’entremet dans la circulation des biens qu’elle produit ou achète ou par lequel elle
fournit des prestations de service avec l’intention d’en tirer un profit pécuniaire.
D’après l’article 4 de l’AUDCG, ont notamment le caractère d’actes de commerce, par leur
forme, la lettre de change, le billet à ordre et le warrant. Ces actes sont des effets de commerce.
1° Définition
Un effet de commerce est un titre (un écrit) négociable qui donne droit au paiement d’une
somme d’argent, à vue ou à une échéance assez proche. Il constate ainsi une créance à court terme et
sert de moyen de paiement. C’est en cela qu’il diffère d’ailleurs des effets financiers tels que les valeurs
mobilières et les lettres de garantie (autonome), encore qu’ils aient en commun l’inopposabilité des
exceptions.
Les effets de commerce sont des titres négociables. La transmission des créances qu’ils
constatent s’opère en application des règles simplifiées du droit commercial (endossement) et non
suivant les formalités conflictogènes à la cession de créances.
La lettre de change ou ‘’traite’’ est un écrit par lequel une personne (le tireur) invite une
deuxième personne (le tiré) à une troisième personne (le bénéficiaire ou porteur) une somme d’argent à
échéance donnée ou à l’ordre de ce bénéficiaire. Elle stipule un mandat inconditionnel de paiement
dont l’engagement est manifesté par l’endossement du titre par le tiré. Le crédit documentaire (traite
documentaire ou Credoc) d’usage dans le commerce international constitue l’une des modalités de la
lettre de change.
Le tireur ainsi que tous les autres endosseurs sont solidairement responsables de
l’engagement en cas de non-exécution par le tiré.
2° Le billet à ordre
Le billet ‘’à ordre’’ est un effet de commerce par lequel le tireur dit aussi le souscripteur se
reconnait débiteur du bénéficiaire auquel il promet de payer une certaine somme d’argent à un certain
terme spécifié sur le tiré6. Il peut être avalisé ; l’aval étant un engagement supplémentaire de paiement
qu’une autre personne consent en plus de l’engagement du souscripteur. L’aval est différent du
cautionnement en ce que le donneur d’aval demeure engagé même sir l’obligation garantie est nulle en
vertu du caractère abstrait et formel du billet à ordre qui est un billet non causé. Les garanties et les
contre-garanties autonomes sont des formes améliorées de sûretés personnelles qui ont vocation à les
supplanter.
3° Le warrant
Le warrant est un titre établi par le dépositaire des marchandises à la personne qui prouve avoir
le droit d’en disposer librement. Il constate un gage des stocks (sans dépossession).
Son établissement est destiné à permettre la mise en gage de marchandises dans le cadre d’un
contrat de crédit. Le dépôt dans un magasin général, donne lieu à la délivrance d’un récépissé (parfois
appelé cédule) qui est remis au déposant et d’un ‘’warrant’’. Les récépissés et les warrants sont des
documents commerciaux endossables. A l’échéance du crédit, à défaut de paiement de la créance
gagée, le porteur du warrant peut faire réaliser son gage.
6La lettre de change et le billet à ordre différent du chèque en ce que ce dernier est payable à vue et sur présentation à
moins qu’il y ait stipulation d’une échéance.
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Aux termes de l’article 2 de l’Acte uniforme précité, « est commerçant celui qui fait de
l’accomplissement d’actes de commerce par nature sa profession ». Ainsi, deux conditions cumulatives
sont exigées pour avoir la qualité de commerçant, à savoir :
l’accomplissement d’actes de commerce par nature ;
l’exercice du commerce à titre de profession.
Le principe consacré par le législateur OHADA est fondé sur l’accomplissement des actes de
commerce par nature. La qualité de commerçant n’est donc pas reconnue à celui qui ne fait que des
actes de commerce par la forme (en signant des lettres de change, par exemple) ou à celui qui
accomplit des actes de nature purement civile.
Il peut cependant arriver que le commerçant accomplisse un acte civil par nature (achat d’une
camionnette pour ses livraisons), mais qui devient commercial par accessoire, tout comme, en certaines
circonstances un acte peut être qualifié « acte mixte », parce que civil pour l’une des parties (simple
particulier) et commercial pour l’autre (commerçant ou société commerciale).
L’accomplissement d’actes de commerce par nature doit être fait à titre de profession. Il importe
que le commerçant agisse en professionnel, en d’autres termes, dans un cadre organisé. Le législateur
n’exige cependant pas que l’accomplissement d’actes de commerce se fasse à titre de profession
habituelle, même s’il reste vrai qu’il est rare, en pratique, qu’une personne physique commerçante
n’accomplisse pas d’actes de commerce de façon habituelle.
Néanmoins, l’on pourrait concevoir l’hypothèse d’un commerçant qui aurait acquis cette qualité
en accomplissant qu’un acte de commerce isolé (achat d’un fonds de commerce, par exemple) non
suivi d’autres actes commerciaux.
Le statut des personnes qui accomplissent les actes de commerce à titre de profession est
déterminé principalement par leur pondération sur le marché (art 2 AUDCG). Elles sont commerçants,
personnes physiques ou morales, entreprenants ou petits commerçants.
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Les personnes physiques exerçant les actes de commerce à titre de profession sont classées
en trois catégories : les personnes assujetties à l’immatriculation au RCCM, les entreprenants et les
micros entreprises.
A. Notions
1° Définition
Le chiffre d’affaires est le montant global des recettes provenant de la réalisation des activités
commerciales (ventes des biens ou prestation des services). C’est le critère souvent utilisé pour
déterminer la pondération d’une entreprise sur le marché au regard de sa clientèle. Il peut être
journalier, mensuel, annuel…
Les personnes physiques qui entendent exercer licitement le commerce à titre de profession
sont soumises à des conditions de capacité. Le critère permettant de les distinguer des autres est le
chiffre d’affaires annuel.
Les articles 30 de l’AUDCG et 13 de l’AUC fixent les seuils des chiffres d’affaires au-dessus
desquels l’exercice licite du commerce par une personne physique est subordonné à l’immatriculation
au RCCM. Ces seuls sont :
Sont assujetties à l’immatriculation au RCCM, les personnes physiques exerçant une activité
commerciale dont le chiffre d’affaires annuel dépasse les seuils prévus par les articles 30 de l’AUDCG
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et 13 de l’AUC. A défaut de le faire, elles tombent dans l’illégalité et peuvent se voir infliger des
sanctions civiles et même pénales.
1°Droits du commerçant
2° Obligations du commerçant
1. de manière générale
1. la capacité commerciale
Nul ne peut accomplir les actes de commerce à titre de profession s’il est juridiquement
capable d’exercer le commerce (art. 6-AUDCG). La capacité commerciale est bien plus exigeante que
la capacité civile. Elle vise non l’accomplissement de quelques actes mais l’exercice d’une profession.
Ainsi, pour accomplir les actes de commerce à titre de profession, il faut avoir la capacité d’accomplir à
la fois les actes de disposition et les actes d’administration.
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A la différence des incapacités de droit civil qui visent les actes, celles de droit commercial
visent la profession. Par conséquent :
Les mineurs non émancipés ne peuvent exercer le commerce ni par eux-mêmes, ni par leurs
représentants (le mineur émancipé a, par contre, sa pleine capacité et peut exercer le
commerce sans restriction) ;
Les interdits ne peuvent pas exercer le commerce car ils sont incapables de ses gouverner et
de gérer leurs biens mais les actes accomplis par un interdit lui sont toutefois opposables mais
ils sont inopposables au tiers de bonne foi (celle-ci étant toujours présumée, art.12-AUDCG) ;
Les prodigues et les faibles d’esprit ne peuvent s’acquitter normalement des obligations
ordinaires d’un commerçant car il faudrait une autorisation spéciale ou une assistance pour
accomplir chaque acte de commerce.
L’exercice concurrent des activités commerciales par les conjoints est cependant encadré par
les dispositions suivantes :
Le conjoint d’un commerçant n’aura la qualité de commerçant que s’il accompli les actes de
commerce à titre de profession habituelle, et séparément de ceux de son époux (article 7) ;
Les époux ne peuvent créer une société entre eux si leurs engagements sont limités à leur
contribution au capital.
A. Les incompatibilités
La question des incompatibilités relève de l’article 8 de l’Acte uniforme qui dispose : « nul ne
peut exercer une activité commerciale lorsqu’il est soumis à un statut particulier établissant une
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incompatibilité ». Les incompatibilités ont pour objet d’interdire le cumul d’une activité commerciale avec
certaines fonctions ou professions. Des règlements professionnels prohibent aussi le cumul avec le
commerce (cas des médecins et des avocats, par exemple).
La principale raison de cette interdiction est donc de protéger la fonction ou profession contre
tout risque de spéculation de nature à réduire son indépendance, par exemple. Aux termes des
dispositions de l’article 9 de l’Acte uniforme, « l’exercice d’une activité commerciale est incompatible
avec les fonctions ou professions suivantes :
Fonctionnaires et personnels des collectivités publiques et des entreprises à participation
publique ;
Officiers ministériels et auxiliaires de justice : avocat, huissier, commissaire-priseur, agent de
change, notaire, greffier, administrateurs et liquidateur judiciaire ;
Expert-comptable agréé et comptable agréé, commissaire aux comptes et aux apports, conseil
juridique, courtier maritime ;
Plus généralement, de toute profession dont l’exercice fait l’objet d’une réglementation
interdisant le cumul de cette activité avec l’exercice d’une profession commerciale ».
L’incompatibilité ne doit pas être contournée par le truchement d’une personne interposée exerçant
le commerce pour le compte de la personne dont la fonction ou la profession est incompatible avec les
activités commerciales. L’inobservation de ce régime peut entraîner des sanctions professionnelles ou
disciplinaires à l’égard du concerné qui reste cependant tenu par les engagements pris.
Les actes accomplis par une personne se trouvant dans une situation d’incompatibilité sont
néanmoins valables. Cette disposition permet de protéger les intérêts des tiers de bonne foi qui ont
traité avec une telle personne. Ainsi, l’incompatibilité ne constitue pas une cause automatique de nullité
des actes accomplis irrégulièrement.
Les interdits d’exercer le commerce sont des sanctions prononcées contre les personnes
considérées comme indignes d’exercer le commerce du fait de leur comportement. Elles découlent
donc d’une décision prononcée par une juridiction étatique ou professionnelle. Elles peuvent être
générales ou spéciales, définitives ou temporaires (art. 10-AUDCG) et sont commandées par le souci
d’assainir le monde des affaires en écartant toutes les personnes qui sont indignes d’en faire partie. Le
commerçant interdit de poursuivre sa profession doit être, radié du registre de commerce.
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B. L’entreprenant
1°Notions
L’entreprenant est un entrepreneur individuel, personne physique qui, sur simple déclaration,
exerce une activité professionnelle civile, commerciale, artisanale ou agricole (art. 30-AUDCG). Les
petites entreprises prévues en droit interne7 correspondent ainsi à l’entreprenant et sont soumises aux
obligations prévues pour cette catégorie des professionnels.
L’existence dans la chaine des professionnels du commerce des entreprenants dont le statut
est distinct de celui des commerçants démontre que l’accomplissement des actes de commerce à titre
de profession n’est pas l’apanage des seuls commerçants.
Le statut d’entreprenant est un état transitoire et intermédiaire entre celui des très petites
entreprises et celui des personnes assujetties à l’immatriculation. Les pouvoirs publics sont invités à
prendre des mesures incitatives pour l’activité de l’entreprenant, notamment en matière d’imposition
fiscale et d’assujettissement aux charges sociales.
L’entreprenant conserve ce statut si le chiffre d’affaires annuel généré par son activité
pendant deux exercices successif n’excède pas les seuils fixés à l’art. 13-AUDCG.
Lorsque durant deux années consécutives, le chiffre d’affaires de l’entreprenant excède les
limites fixées, il est tenu, dès le premier jour de l’année suivante et avant la fin du premier trimestre de
cette année de respecter toutes les charges et obligations applicables à l’entrepreneur individuel
(commerçant). Dès lors, il perd sa qualité d’entreprenant et ne bénéficie plus de la législation spéciale
applicable à l’entreprenant.
7 D’après l’ordonnance n°13/006 du 23/02/2013 sur le régime fiscal applicable aux entreprises de petite taille, les petites
entreprises sont unités économiques dont le chiffre d’affaire annuel est supérieur à dix millions de francs congolais mais ne
dépasse pas quatre-vingt millions de francs congolais. En vue de faciliter leur promotion, la loi les soumet au système
minimal de trésorerie pour la tenue de leur comptabilité. Elles s’acquittent de l’impôt sur les bénéfices et profits à un taux
forfaitaire de 1 à 2% de leur chiffre d’affaires annuel.
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C. La micro entreprise
1°Notions
Les micros entreprises sont des unités économiques dont le chiffre d’affaires annuel ne
dépasse pas dix millions de francs congolais. Elles relèvent du petit commerce que l’ordonnance-loi 90-
046 du 8/8/1990 portant règlement du petit commerce tel que modifié et complété à ce jour définit
comme l’activité par laquelle une personne vend des denrées et marchandises en petite quantité, à
domicile, sur un marché public, de manière ambulance… Il peut s’agir aussi de la prestation des
services à très petite échelle.
Quant à l’exercice du petit commerce, il est subordonné à la détention d’une patente. Celle-ci
est octroyée seulement aux nationaux et les activités qu’elle prescrit ne sont exercées que par eux.
C’est l’ordonnance loi de 1990 qui régit le petit commerce. Par dérogation aux dispositions RCCM,
l’exercice du petit commerce n’est subordonné qu’à la détention d’une patente.
On entend par petit commerce, le commerce de toutes denrées, marchandises et autres biens
de consommation courante effectuée par la vente à l'acheteur, soit au domicile même du vendeur, soit
de porte à porte ou de place en place soit encore sur les marchés publics.
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Sont exemptés de la patente, les cultivateurs, les éleveurs, les pêcheurs, les chasseurs qui, au
jour fixé par l'autorité locale, vendent au marché les produits de leur cueillette, de l'élevage, de la pêche
ou de la chasse8.
Est assimilée à la vente sur la voie publique, la vente effectuée dans un kiosque ou un petit
local de même dimension, même établi en dur, tenu par une seule personne et n'offrant aucun accès
direct aux clients, la vente étant effectuée par le biais d'un guichet fenêtre.
Les commerçants patentés sont libres d'adhérer à la législation sur la patente soit de relever de
la législation sur le registre du commerce, pourvu que dans ce dernier cas, ils tiennent tous les livres
commerciaux, déposent chaque année le bilan de leurs activités et procèdent aux déclarations de
revenus conformément à la loi.
La patente mentionne les noms, domicile et nationalité du titulaire ainsi que la commune où il
fait le commerce, la raison sociale sous laquelle il agit et la nature de ses opérations.
La patente n’est pas un impôt, mais un titre qui donne à son détenteur une autorisation
d’exercer une activité économique susceptible de procurer un revenu9. La carte de la patente constitue
une autorisation annuelle délivrée par l’autorité locale compétente (bourgmestre ou administrateur du
territoire) pour exercer le petit commerce.
Cette carte fait office de registre de commerce pour son détenteur et dispense ce dernier de
l’obligation de tenir les livres de commerce et sert de support matériel pour l’apposition du timbre fiscal
relatif au paiement de l’impôt forfaitaire trimestriel.
8 Article 5 l’ordonnance loi n°90-046 des 08 août-1990 portantes réglementations du petit commerce.
9 KAKONGE K., Vade mecum du contribuable, éd. KADIS, Likasi 2000, p.42
10 Article 4 l’ordonnance loi n°90-046 des 08 août-1990 portantes réglementations du petit commerce.
26
Savoir peser et mesurer correctement les produits, calculer correctement les prix d’achat et de
vente, tenir une comptabilité tout au moins sommaire de ses opérations commerciales ;
Disposer des mesures de capacité, de longueur, de poids et des instruments de pesage prévus
par les lois ou les règlements et nécessaires à son activité commerciale ;
N’être ni magistrat, ni agent des services publics ou para- étatiques, ni l’épouse ou un
intermédiaire de l’une de ces personnes ;
N’avoir pas été condamné depuis moins de trois ans du chef de vol, abus de confiance,
tromperie, escroquerie, faux en écritures, usage de faux, vente illégale de boissons alcooliques,
détention de chanvre, hausse illicite de prix ou non affichage de prix, à une peine de service
pénale principale de trois mois ou plus.
La patente est valable pour une année civile; elle expire donc au 31 décembre de l’année
concernée. Elle n’est valable que pour l’entité administrative décentralisée et l’activité pour laquelle elle
est délivrée.
La loi étant le statut de commerçant aux intermédiaires qui, pourtant, n’accomplissent pas les
actes de commerce à titre personnel. Ils sont cependant des agents qui apportent un appui substantiel
aux commerçants personnes physiques ou personnes morales.
Les actes de commerce peuvent aussi être accomplis, à titre de profession, par des
personnes morales. Celles-ci peuvent être de droit public ou de droit privé.
Les personnes morales de droit public accomplissant, à titre de profession, les actes de
commerce sont dites ‘’entreprises publiques’’. Elles sont soumises, pour ce faire, à l’obligation
d’immatriculation au RCCM.
27
Le défaut de remplir cette formalité les expose à des sanctions civiles (perte de avantages
reconnus normalement aux commerçants) en même temps les personnes physiques sur qui pèse
l’accomplissement de cette formalité peuvent voir leur responsabilité pénale engagée.
Les personnes de droit privé peuvent à but lucratif ou sans but lucratif. Dans tous les cas,
leur substance en tant que sujet de droit viable et autonome commande l’accomplissement des activités
susceptibles de leur procurer des revenus.
Les associations sans but lucratif accomplissent généralement des activités commerciales ou
industrielles pour leur autofinancement. Elles ne sont pas pour autant assujetties à l’obligation de
l’immatriculation au RCCM.
Les sociétés sont des organisations créées aux fins d’exploiter une activité lucrative dont les
bénéfices sont au profit de leurs créateurs. Elles peuvent être civiles ou commerciales.
Ainsi, les sociétés dites ‘’commerciales’’ ne sont pas les seuls personnes morales pouvant
accomplir des actes lucratifs. Toutefois, lorsqu’une société a pour objet social une activité que la loi
place dans la catégorie des actes de commerce par nature, elle doit être créée suivant les règles de
droit commercial contenues dans l’AUSCGIE.
L’AUSCGIE détermine les conditions de fond et de forme requises pour la constitution d’une
société commerciale. De manière lapidaire, ces conditions sont :
La constitution d’un capital réalisée par les apports en numéraire et en nature des associés (les
apports en industrie étant aussi admis) ;
L’établissement d’un écrit appelé ‘’statuts’’ qui détermine, dans le respect de la loi, les
modalités d’organisation et de fonctionnement de la société ;
L’immatriculation de la société au RCCM qui permet à cette dernière d’acquérir la personnalité
juridique ;
La publication des statuts et des autres actes au journal officiel ou dans tout autre journal
habilité pour ce faire pour assurer l’opposabilité de l’existence de la société et de ses actes.
28
L’Acte uniforme a prévu deux régimes. D’une part, le régime général applicable à tous les
intermédiaires de commerce. D’autre part, le régim e spécifique à chaque catégorie d’intermédiaires de
commerce.
A. régime général
L’intermédiaire de commerce est, par définition, toute personne physique ou morale qui a le
pouvoir d’agir, ou entend agir, habituellement et professionnellement pour le compte d’une autre
personne, commerçante ou non, afin de conclure avec un tiers un acte juridique à caractère
commercial.
Il ressort de cette définition que pour être intermédiaire de commerce, il faut :
Etre une personne, c’est-à-dire un être humain considéré en tant qu’individu (personne
physique) ou un groupement doté de la personnalité juridique (personne morale) ;
Etre capable, c’est-à-dire avoir le pouvoir d’agir ;
De plus, les actes posés doivent :
Avoir un caractère habituel, ce qui signifie avoir une certaine fréquence dans le temps et être
fait à titre de profession ;
Être accomplis pour le compte d’une autre personne (mandant) afin de conclure avec un tiers
un acte juridique à caractère commercial.
Parce qu’il pose des actes juridiques à caractère commercial, l’intermédiaire de commerce est
donc un commerçant. A ce titre, il est soumis aux dispositions de l’Acte uniforme relatives à l’exercice
du commerce et aux conditions d’accès aux professions d’intermédiaires de commerce, ainsi qu’aux
conditions particulières à chaque catégorie d’intermédiaires visés par l’Acte uniforme.
a. Constitution de l’intermédiaire
L’intermédiaire de commerce est une personne physique ou morale qui agit pour le compte
d’une personne, commerçante ou non. Il s’agit donc d’un « contrat de mandat » qui engendre des
relations entre l’intermédiaire (« mandataire ») et le représenté (« mandant »). Ce mandat n’est soumis
à aucune forme particulière : il peut être verbal ou écrit. En l’absence d’écrit, il peut être prouvé par tous
moyens, y compris par témoin.
b. Pouvoirs de l’intermédiaire
L’étendue du mandat de l’intermédiaire de commerce est déterminée, sauf stipulation expresse
du contrat, par la nature de l’affaire à laquelle il se rapporte. Le mandat comprend le pouvoir d’accomplir
les actes juridiques nécessités par son exécution. Cependant, ce pouvoir connait des limites.
En effet, l’intermédiaire ne peut, sans un pouvoir spécial, engager une procédure judiciaire,
transiger, compromettre, souscrire des engagements de change, aliéner ou grever des immeubles, ni
consentir de donation.
De même, l’intermédiaire qui a reçu des instructions précises ne peut s’en écarter, sauf à établir
que les circonstances ne lui ont pas permis de rechercher l’autorisation du représenté, lorsqu’il y a lieu
d’admettre que celui-ci l’aurait autorisé s’il avait été informé de la situation.
En tout état de cause, un acte accompli par un intermédiaire qui agit sans pouvoir ou au-delà
de son pouvoir, peut être ratifié par le représenté.
B. REGIMES SPECIFIQUES
Comme indiqué précédemment, l’intermédiaire est soumis aux règles régissant le mandat tel
qu’organisé par le Code civil livre III. Cependant, certains intermédiaires sont, outre les règles du Code
civil livre III, régis par des règles particulières. C’est le cas du commissionnaire, du courtier et de l’agent
commercial.
L’intermédiaire de commerce est celui qui a le pouvoir d’agir ou entend agir, habituellement et
professionnellement pour le compte d’une autre personne, commerçante ou non, afin de conclure avec
un tiers un acte juridique à caractère commercial (art. 69-AUDCG). L’intermédiaire de commerce, qui
peut être une personne physique ou morale a le statut de commerçant et est soumis, de ce fait, aux
conditions générales d’exercice des activités de commerce.
1°. Le commissaire
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2°. Le courtier
Le courtier est un professionnel qui met en rapport des personnes en vue de faciliter ou faire
aboutir la conclusion de convention entre ces personnes (art/208). Il demeure indépendante des parties
et doit limiter ses activités à la mise en relation des personnes qui désirent contracter, et à l’organisation
des démarches propres à faciliter l’accord entre elles. Il ne peut non plus intervenir personnellement
dans une convention sans l’accord des parties.
Le contrat entre l’agent commercial et son mandant est conclu dans l’intérêt commun des
parties. Les deux parties sont tenues, l’une envers l’autre, d’une obligation de loyauté et d’un devoir
d’information. L’agent commercial doit exécuter son mandat en bon professionnel ; le mandant doit
mettre l’agent commercial en mesure d’exécuter son mandant.
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L’immatriculation d’une personne physique ou morale a un caractère personnel (art. 49). Par
conséquent, nul ne peut être immatriculé à titre principal à plusieurs registres ou à un même registre
sous plusieurs numéros.
1. La demande d’immatriculation
B. Contenu de la demande
La personne qui demande l’immatriculation est tenue de produire des pièces justificatives
pouvant être fournies sur toute forme de support :
Un extrait de son acte de naissance ou de tout document administratif justifiant de son identité ;
Un extrait de son acte de mariage en tant que de besoin ;
Une déclaration sur l’honneur signée du demandeur et attestant qu’il n’est frappé d’aucune des
interdictions prévues par les lois (art. 10-AUDCG) ; cette déclaration est complétée dans un
délai de soixante-quinze jours à compter de l’immatriculation par un extrait de casier judiciaire
ou à défaut par le document qui en tient lieu ;
Un certificat de résidence ;
33
1. La demande d’immatriculation
A. Introduction de la demande
Les personnes morales assujetties à l’immatriculation doivent la demander aux mois leur
constitution morales (art. 46-AUDCG). La demande est introduite auprès du greffe de juridiction
compétente (ou de l’organe compétent) dans le ressort duquel est situé le siège social ou leur principal
établissement.
L’identité complète des commissaires aux comptes, lorsque leur désignation est prévue par la
loi en la matière (AUSCGIE) ;
Toute autre indication prévue par une disposition légale particulière.
A. Personnes assujetties
Les personnes physiques ou morales qui, en raison du lieu d’exercice de leur activité ou de
leur siège social, ne sont pas assujetties à l’immatriculation au RCCM, doivent néanmoins, dans le mois
de la création d’une succursale (d’une société étrangère) ou d’un établissement, en requérir
l’immatriculation au RCCM (art. 48-AUDCG).
B. La demande d’immatriculation
2. Immatriculation secondaire
A. Conditions
Toute personne physique ou morale assujettie à l’immatriculation au RCCM est tenue, si elle
exerce son activité à titre secondaire dans le ressort d’autres juridictions, souscrire une déclaration
d’immatriculation secondaire dans le délai d’un mois à compter du début de l’exploitation (art. 53-
AUDCG). La déclaration d’immatriculation secondaire doit mentionner, outre la référence à
l’immatriculation principale, les renseignements requis, selon le cas, pour les personnes physiques ou
pour les personnes morales. Elle donne lieu à la délivrance, par le greffier ou par le responsable de
l’organe compétent d’un accusé d’enregistrement qui mentionne la formalité accomplie, sa date ainsi
que le numéro au déclarant.
B. La demande d’immatriculation
1. La demande de déclaration
Le justificatif d’identité ;
Eventuellement, le justificatif du régime matrimonial (art. 62-AUDCG).
Dès réception du formulaire de déclaration d’activité dûment rempli et des pièces exigées, le
greffier ou le responsable de l’organe compétent délivre au déclarant un accusé d’enregistrement.
Celui-ci mentionne la date de la formalité accomplie et le numéro de déclaration d’activité.
2. Le dossier de déclaration
La déclaration d’activité de l’entreprenant est appuyée d’un dossier contenant les pièces
suivantes, quels qu’en soient la forme et le support :
Un extrait de son acte de naissance ou de tout document administratif justifiant de son identité ;
Le cas échéant, un extrait de son acte de mariage ;
Une déclaration sur l’honneur signée du demandeur et attestant, s’il est commerçant, qu’il n’est
frappé d’aucune des interdictions prévues par la loi (art. 10-AUDCG) et s’il n’est pas
commerçant, qu’il n’a fait l’objet d’aucune interdiction pour les infractions prévues par l’article 10
de l’AUDCG (cette déclaration est complétée, dans un délai de soixante-quinze jours à compter
de la date de l’immatriculation, par un extrait de casier judiciaire ou à défaut par le document
qui en tient lieu) ;
Un certificat de résidence ;
Le cas échéant, une autorisation préalable d’exercer l’activité du déclarant.
A. Caractères
Le numéro de déclaration d’activité est personnel. Par conséquent, nul ne peut être déclaré
comme entreprenant à plusieurs registres ou sous plusieurs numéros à un même registre. Par ailleurs,
37
l’entreprenant ne peut être en même temps immatriculé au RCCM. Il n’a pas non plus le même statut
que les personnes immatriculées au RCCM (art. 67).
B. Effets
La personne physique qui satisfait aux obligations déclaratives prévues par la loi (art. 62 à 64-
AUDCG) est présumée avoir la qualité d’entreprenant. En cette qualité, elle bénéficie des dispositions
favorables portant sur :
En cas de cessation d’activité, l’entreprenant doit faire une déclaration à cet effet auprès du
greffe compétent ou de l’organe compétent dans l’Etat Partie. Toutes les déclarations de l’entreprenant
sont faites sans frais (art. 66).
Les mentions inscrites au RCCM peuvent faire l’objet de modification ou d’ajout. Cela est
requis lorsque certaines circonstances affectent la situation personne de l’assujetti ou simplement son
activité. Dans certains cas, l’immatriculation au RCCM est simplement radiée.
1. Du changement d’adresse
En cas de transfert du lieu d’exercice de son activité dans le ressort territoriale d’une autre
juridiction, l’assujetti doit, dans le mois de ce transfert demander sa radiation du RCCM dans le ressort
duquel il était immatriculé et solliciter une nouvelle immatriculation au RCCM de la juridiction dans le
ressort de laquelle son activité est transférée. Cette immatriculation n’est définitive qu’après que l’on
s’est rassuré de la radiation de l’assujetti en exigeant de celui-ci un certificat délivré par le greffe ou
l’organe compétent du lieu de la précédente immatriculation. La défaillance de l’assujetti peut être
couverte d’office et à ses frais.
2. Des mentions modificatives, complémentaires et secondaires
L’assujetti doit formuler, dans les trente jours qui suivent un changement affectant sa
situation, une demande de rectification ou de mention complémentaire. Doit faire l’objet de mention au
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RCCM, toute modification concernant notamment l’état civil, le régime matrimonial, la capacité, et
l’activité de l’assujetti personnes physique, ou le régime matrimonial, la capacité et l’activité de
l’assujetti personne physique, ou encore toute modification concernant le statut des personnes morales
assujetties à l’immatriculation. Il en est de même de la cessation partielle d’activité de l’assujetti.
Cessation d’activité (dans le délai d’un mois à compter de cette cessation ; formalité à
accomplir même pour les succursales et établissements) ;
Décès : radiation à demander par les ayants-droits, dans le délai de trois mois à compter du
décès, ou la modification de l’immatriculation s’ils doivent eux-mêmes continuer l’activité.
En cas de défaillance dans ces cas, le greffe ou l’organe compétent procède à la radiation
après décision de la juridiction ou de l’autorité compétente, statuant à bref délai, saisie à sa requête ou
à celle de tout intéressé. La radiation donne lieu à la délivrance d’un accusé d’enregistrement qui
mentionne la formalité accomplie ainsi que sa date.
La radiation est demandée par le liquidateur dans le délai d’un mois, à compter de la clôture
des opérations de liquidation. Il doit en être de même pour les mentions complémentaires et
immatriculations secondaires ainsi que pour les succursales et établissements.
lieu à la délivrance d’un accusé d’enregistrement qui mentionne la formalité accomplie ainsi que sa
date.
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L’Acte uniforme régit le bail professionnel par des règles différentes de celles du bail à usage
d’habitation eu égard aux spécificités particulières qui le caractérisent. L’objectif poursuivi est de mettre
le professionnel à l’abri de nombreux abus que l’on rencontre dans les contrats de location immobilière
ordinaire. Nous étudierons les conditions du bail professionnel, singulièrement celles relatives à sa
conclusion et à son exécution, à son renouvellement, à sa cession, à sa sous-location ainsi que celles
ayant trait à son extinction.
1. Définition
Le législateur définit le contrat de bail à usage professionnel en ces termes : « Est réputé bail à
usage professionnel toute convention, écrite ou non, entre une personne investie par la loi ou une
convention du droit de donner en location tout ou partie d’un immeuble (…) et une autre personne
physique ou morale, permettant à celle-ci, le preneur, d’exercer dans les lieux avec l’accord de celle-là,
le bailleur, une activité commerciale, industrielle, artisanale ou toute autre activité professionnelle ».
C’est donc le contrat par lequel le bailleur donne son immeuble en location au preneur
(locataire) pour permettre à ce dernier d’y exercer son activité professionnelle en payant
périodiquement un loyer au bailleur.
A partir de la définition légale susvisée, on peut déterminer les caractéristiques du contrat de
bail professionnel qui met en présence deux parties : le bailleur (commerçant ou non, personne
physique ou morale) et le preneur (locataire), personne morale ou physique, qui doit nécessairement
être un professionnel, en d’autres termes, une personne exerçant « une activité commerciale,
industrielle, artisanale ou toute autre activité professionnelle ». Aussi doit-il se livrer dans le bien loué à
des activités industrielles, artisanales ou toute autre activité professionnelle. Le bien loué ne doit pas
servir, par exemple, à l’habitation du preneur ou de sa famille, mais à l‘exploitation d’activités
professionnelles.
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2. Conclusion du bail
Le bail professionnel est un contrat, mais peu importe sa forme écrite ou verbale, dès lors que
les conditions en sont réunies (deux parties, un immeuble, un loyer). Il importe évidemment que toutes
les conditions issues des règles générales régissant le contrat soient satisfaites : consentement et
capacité des parties, licéité de l’objet et de la cause, conformément aux dispositions pertinentes du
Code civil (droit commun des contrats).
3. Durée du bail
Un contrat de bail à usage professionnel peut être conclu pour une durée déterminée ou
indéterminée. Cette durée est librement fixée par les parties au contrat. Mais si le contrat a été conclu
sans que la durée ne soit prévue dans le contrat ou s’il est verbal, il est réputé être conclu pour une
durée indéterminée.
A. Obligations du bailleur
Le bailleur est tenu de :
Délivrer les locaux en bon état : le bailleur est censé avoir rempli cette obligation lorsque le bail
est verbal ou lorsque le locataire a signé le contrat sans formuler de réserves au sujet de l’état
des locaux loués.
Supporter les grosses réparations, à savoir celles qui touchent aux gros murs, aux voûtes, aux
poutres, à la toiture, aux murs de soutènement et de clôture et aux fosses septiques.
Ne pas opérer de modifications aux locaux loués ou en restreindre l’usage.
Garantir le locataire contre les troubles de jouissance de son fait ou des tiers.
B. Obligations du preneur
Le preneur a comme obligations :
Payer le loyer aux termes convenus : il s’agit de la principale obligation qui pèse sur le
locataire, car elle est la contrepartie de la jouissance des lieux loués. Le montant du loyer est
librement fixé par les parties, mais le droit OHADA permet aux Etats de déroger à cette règle.
Exploiter les lieux en bon père de famille conformément à la destination prévue dans le contrat :
le locataire ne doit pas changer unilatéralement l’activité exploitée dans les locaux loués, car
celle-ci a été discutée entre les deux parties. Toute modification de l’activité doit être acceptée
42
par le bailleur, sauf s’il s’agit d’une activité connexe à la première. Dans cette hypothèse, le
preneur doit avertir le bailleur qui peut s’y opposer. Mais s’il s’agit d’une activité autre que celle
prévue dans le contrat, il faut préalablement obtenir l’accord du bailleur.
Assurer les réparations d’entretien : tout au long du bail, le locataire devra réparer les dégâts
qu’il cause au bien loué.
1. Renouvellement du bail
Le renouvellement du contrat de bail, à durée déterminée ou indéterminée, est acquis dès le
moment où le locataire a joui du local loué conformément aux stipulations dudit contrat pendant deux
années minimums.
Dans ces conditions, la durée minimale du renouvellement est de trois ans. Le renouvellement
peut donc porter sur une durée supérieure à trois ans, mais pas inférieure à trois ans.
Dans l’hypothèse d’un contrat de bail à durée déterminée, le preneur dont le droit au
renouvellement est acquis doit en faire la demande par écrit au bailleur trois mois au moins avant
l’arrivée du terme. Si le preneur ne fait pas la demande dans le délai imparti, il perd son droit au
renouvellement de son contrat.
Le bailleur doit donner sa réponse un mois avant l’expiration du terme du bail. Si le bailleur ne
donne pas sa réponse dans ce délai, il est censé avoir consenti au renouvellement.
Avant d’en arriver à la phase judiciaire proprement dite, la partie qui entend faire procéder à
l’annulation du contrat de bail doit d’abord adresser à l’autre partie une sommation mentionnant les
dispositions contractuelles violées et indiquant à la partie défaillante qu’elle dispose d’un mois pour s’y
conformer.
A défaut pour la partie sommée de le faire dans le délai, l’autre partie pourra saisir la juridiction
compétente statuant à bref délai (président du tribunal de commerce ou, s’il y a lieu, du tribunal de
grande instance, selon le procédé du référé qu’instituera la loi portant modification de la loi du 3 juillet
2001 sur les tribunaux de commerce) qui se prononcera sur la résiliation du contrat et éventuellement
l’expulsion du preneur et de toute personne occupant les lieux.
D’après l’article 135 de l’AUDCG, le fonds de commerce est constitué par un ensemble de
moyens qui permettent au commerçant d’attirer et de conserver une clientèle.11
Le fonds de commerce comprend deux catégories d’éléments : les éléments obligatoires et les
éléments facultatifs.
11 D’un point de vue juridique, le fonds de commerce revêt les caractéristiques suivantes :
- Le fonds de commerce est une universalité (de fait) qui a une existence propre et différente de celle de chacun
des éléments qui le composent ; il ne constitue pas cependant un second patrimoine du commerçant et n’en est,
par contre qu’un des éléments qui ne comprend ni les créances ni les dettes du commerçant ;
- Le fonds de commerce est un bien meuble incorporel s’il contient des éléments qui sont corporels, meubles ou
immeubles.
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Les éléments obligatoires du fonds de commerce sont : la clientèle, l’enseigne et/ou le nom
commercial. Ils sont obligatoirement cédés avec le avec le fonds de commerce lui-même.
A. La clientèle
B. L’enseigne
C. Le nom commercial
Le nom commercial est l’appellation sous laquelle une personne exerce son commerce.
Pour les sociétés, le nom commercial peut être :
Une dénomination sociale : nom désignant une société par référence à son objet social ou de
manière simplement fantaisiste ;
Une raison sociale : nom désignant une société dans laquelle des associés sont indéfiniment
responsable des dettes sociales et en référence au nom patronymique de certains d’entre eux.
Le fonds de commerce peut, en plus des éléments obligatoires, comprendre différents éléments
mobiliers, corporels et incorporels, notamment :
Les installations ;
Les aménagements et agencements ;
Le mobilier ;
Les marchandises en stock ;
Le droit au bail ;
Les licences d’exploitations ;
Les brevets d’inventions, marques de fabrique et de commerce, dessins et modèles, et tout
autre droit de propriété intellectuelle nécessaires à l’exploitation.
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Le fonds de commerce peut faire l’objet de diverses opérations juridiques. Le commerçant qui
n’entend plus exploiter son fonds de commerce peut le mettre en location-gérance ou simplement le
céder. En tant que bien meuble, le fonds de commerce peut faire l’objet d’un privilège ou d’un
nantissement.
Le fonds de commerce peut être exploité directement ou en exécution d’un contrat de location-
gérance. L’exploitation directe peut être le fait d’un commerçant, même s’il est entreprenant, ou d’une
société commerciale.
A. Condition de la location-gérance
Aux héritages ou légataire d’un commerçant décédé, en ce qui concerne le fonds exploités par
ce dernier ;
Aux mandataires de justice chargés, à quelque titre que ce soit, de l’administration d’un fonds
de commerce, à condition qu’ils y aient été autorisés par la juridiction compétente et qu’ils aient
satisfait aux mesures de publicité prévues.
B. Formalités publicitaires
1°Modalités de publication
Le contrat de location-gérance doit être publié, par la partie la plus diligente et aux frais
du locataire-gérant, dans la quinzaine de sa date, sous forme d’extrait dans un journal habilité à publier
les annonces légales et paraissant dans le lieu où le fonds de commerce est inscrit au RCCM. Par
ailleurs, le propriétaire du fonds, s’il est commerçant, est tenu de faire modifier à ses frais son
inscription au RCCM par la mention de la mise en location-gérance de son fonds.
L’expiration au terme prévu ou anticipé du contrat de location-gérance donne lieu aux mêmes
mesures de publicité aux frais du locataire-gérant.
2°Sanctions
A peine des sanctions pénales, les locataire-gérant est tenu d’indiquer en tête de ses bons, son
numéro, factures et autres documents à caractère financier ou commercial, avec son numéro
d’immatriculation au RCCM, sa qualité de locataire-gérant du fonds jusqu’à la publication du contrat de
location-gérance, le propriétaire du fonds est solidairement responsable des dettes du locataire-gérant
nées de l’exploitation du fonds donné en location-gérance (art. 145).
B. Effets de la location-gérance
Ces deux éléments de loyer sont obligatoirement déterminés de façon séparée dans le
contrat de location-gérance, même si leurs échéances sont fixées aux mêmes dates. En accord avec le
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bailleur des locaux, le locataire-gérant peut être dispensé de lui assurer directement, à chaque
échéance, le paiement du loyer dû à la rémunération de la jouissance des locaux.
Les dettes du bailleur nées de l’exploitation du fonds peuvent être déclarées immédiatement
exigibles par la juridiction compétente si elle estime que la location gérance met en péril leur
recouvrement. L’action est introduite par tout intéressé, à peine de forclusion, dans le délai de trois mois
de la date de publication du contrat de location-gérance.
a. Forme de l’acte
La vente d’un fonds de commerce doit être constatée par un écrit. Celui-ci peut être un acte
sous seing privé ou un acte authentique. L’exigence de l’écrit vaut même lorsque la cession du fonds de
commerce consiste en un apport en société (art. 149)/
Au terme de l’article 150 de l’AUDCG, l’acte constatant la cession d’un fonds de commerce doit,
éventuellement à peine de nullité, énoncer :
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Pour les personnes physiques, l’état civil complet du vendeur et de l’acheteur, et, pour les
personnes morales, leur dénomination sociale, leur forme juridique, l’adresse de leur siège ;
Les activités du vendeur et de l’acheteur ;
Leurs numéros d’immatriculation au RCCM ;
S’il y a lieu, l’origine du fonds au regard du titulaire qui a précédé le vendeur ;
L’état des privilèges, nantissement et inscriptions gravant le fons ;
Le chiffre d’affaires réalisé au cours de chacune des trois dernières années d’exploitation, ou
depuis son acquisition si le fonds n’a pas été exploité depuis plus de trois ans ;
Les résultats commerciaux réalisés pendant la même période ;
Le bail annexé à l’acte avec indication, dans l’acte, de sa date, de sa durée, du nom et le prix
convenu ;
La situation et les éléments du fonds vendu ;
Le nom et l’adresse du notaire ou de l’établissement bancaire désigné en qualité de séquestre
si la vente a lieu par acte sous seing privé.
1° Dépôt au RCCM
L’acte constatant une cession de fonds de commerce doit être dépose, en une copie certifiée
conforme, par le vendeur ou l’acquéreur au RCCM. Il appartient au vendeur et à l’acquéreur, chacun en
ce qui le concerne, de faire procéder à la mention modificative correspondante.
Dans un délai de quinze jours francs à compter de sa date, l’acte constatant la cession du fonds
de commerce doit être publié à la diligence de l’acquéreur, sous forme d’avis, dans un journal habilité à
publier des annonces légales paraissent dans le lieu où le vendeur est inscrit au RCCM.
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La vente commerciale peut être définie comme une convention par laquelle une personne
physique ou morale, appelée vendeur (ayant la qualité de commerçant), transfère un bien à une autre
personne, appelée acheteur (ayant la qualité de commerçant), moyennant le payement d’un prix.
Le droit OHADA modernise la réglementation de la vente commerciale. L’Acte uniforme relatif au droit
commercial général y consacre des dispositions concernant sa formation et son exécution (Section 1)
ainsi que les obligations des parties (Section 2).
Le consentement doit être exempt de vices, en d’autres termes, il ne doit pas être erroné ou
obtenu par dol (frauduleusement) ou violence (il doit être donné sans contrainte physique ou morale).
Notons qu’en droit congolais, la « lésion » (avantage excessif au profit de l’une des parties au contrat)
est considérée comme un vice du consentement.
50
2. Objet de la vente
La chose est l’objet du contrat de vente commerciale. Elle doit exister au moment de la vente et
doit être déterminée et cessible. La cessibilité (caractère cessible) de la chose implique que la vente ne
peut pas porter sur les biens qui sont hors commerce, principe visant précisément les choses dont la loi
interdit la vente. Tel est le cas de la vente du corps humain, d’une arme de guerre ou de la drogue.
3. Prix
Le prix est l’un des éléments de validité du contrat de vente commerciale. Il constitue la
contrepartie de l’aliénation de la chose vendue. Il doit être exprimé en valeur monétaire (somme
d’argent).Le prix doit être réel et sérieux ; et l’on peut y ajouter un principe découlant du droit national
(décret-loi du 20 mars 1961 sur les prix) en vertu duquel le prix doit être « normal ». Les parties peuvent
librement fixer le prix de la vente, sous réserve des dispositions impératives des textes légaux et
réglementaires.
1. Obligations du vendeur
Trois obligations fondamentales sont à charge du vendeur :
Obligation de livraison : « Le vendeur est tenu de livrer les marchandises ainsi que les
documents et accessoires nécessaires à leur utilisation, à la preuve de l’achat et à la prise de
livraison » (AUDCG, article 250).Ainsi, l’obligation de livraison comporte deux volets : la
livraison des marchandises et la livraison des accessoires.
Obligation de conformité : Le vendeur est tenu d’assurer à l’acheteur la conformité des
marchandises à la commande. Cette conformité s’apprécie au regard des stipulations
contractuelles ou, à défaut, en se référant aux usages. La défaillance à cette obligation
entraîne, comme nous le verrons plus loin, la mise en cause de la responsabilité du vendeur.
Obligation de garantie : « Le vendeur doit livrer les marchandises libres de tout droit ou
prétention d’un tiers, à moins que l’acheteur n’accepte de les prendre dans ces conditions. Le
vendeur doit garantir l’acheteur de toute éviction par son fait personnel » (AUDCG, article 260).
Ces dispositions appellent deux remarques :
Le vendeur doit garantir l’acheteur contre toute éviction du fait d’un tiers. Par la conclusion du
contrat de vente, le vendeur transfère son droit de propriété à l’acheteur. Il est obligé de
garantir ce dernier contre toute atteinte à son droit de propriété qui pourrait émaner d’un tiers.
51
Le vendeur doit garantir l’acheteur contre toute éviction par son fait personnel. Il doit s’abstenir
de tout trouble de droit à l’égard de l’acheteur.
2. Obligations de l’acheteur
L’acheteur est tenu de payer le prix de la vente et de prendre livraison de la chose vendue.
A. Paiement du prix
L’acheteur doit payer le prix prévu au contrat et à la date convenue. Ce paiement est effectué
au lieu du siège de l’activité du vendeur. Cependant, lorsque le prix est payable au comptant ou si la
livraison est effectuée contre remise de documents, le paiement est fait au lieu de la livraison.
B. Prise de la livraison
L’obligation de livraison comporte une série d’obligations à charge de l’acheteur. D’une part, ce
dernier doit accomplir les actes nécessaires permettant au vendeur d’effectuer la livraison (autorisation
de transport ou d’importation, mise à la disposition d’un lieu de livraison…).
D’autre part, il est tenu de retirer les marchandises. Ce retrait lui permettra de procéder à leur
examen afin d’exercer, le cas échéant, son droit de refus ou de dénonciation des défauts de conformité.
1. Transfert de propriété
Par principe, le transfert de propriété s’opère lors de la livraison de la marchandise. A partir de
ce moment-là, l’acheteur est réputé seul maître de la chose vendue.
Le droit uniforme des sûretés reconnaît l’existence d’un mécanisme permettant cependant de
retarder le moment du transfert. C’est la « clause de réserve de propriété » qui vise à s’assurer que le
vendeur sera effectivement et complètement payé. Pour être opposable aux tiers, cette clause doit faire
l’objet d’une inscription au RCCM.
52
De même, en cas de défaut de conformité, le vendeur doit « à ses frais exclusifs et sans délai,
le remplacement des marchandises défectueuses par des marchandises conformes ». Le vendeur peut
également obtenir de l’acheteur un délai de grâce pour l’exécution de son obligation. La réduction du
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prix constitue aussi un mécanisme qui peut servir de compensation pour l’acheteur face au défaut de
conformité.
2. Exonération de responsabilité
L’inexécution des obligations contractuelles peut être justifiée par une cause indépendante de
la volonté du débiteur ou un cas de force majeure. Dans ce cas, la partie défaillante ne saurait être
tenue pour responsable.
L’Acte uniforme définit le cas de force majeure comme « tout empêchement indépendant de la
volonté et que l’on ne peut raisonnablement prévoir dans sa survenance ou dans ses conséquences»
(AUDCG, article 294).
4. Prescription
Le délai de prescription est de cinq en droit uniforme, mais il est parfois porté à une durée plus
courte. C’est précisément le cas en matière de vente commerciale où ce délai est de deux ans.
Toutefois, lorsque la réclamation de l’acheteur porte sur un défaut de conformité caché le jour de la
prise de livraison, ce délai est d’un an à compter du jour où le défaut a été constaté où aurait dû l’être.
55
Le titre « procédures spéciales » n’est pas consacré par les normes de l’OHADA et n’est utilisé
ici que pour simplifier la présentation de deux types de procédures particulières, dont l’une forme la
matière dominante de la vie judiciaire des entreprises et des banques dans tout l’espace OHADA.
Il s’agit des procédures simplifiées de recouvrement de créances et des voies d’exécution
(Section 1) que nous examinerons avant de passer aux procédures collectives d’apurement du passif
(Section 2), autrefois connues sous l’appellation « faillite », mais qui sont sur le point de se transformer
en véritable droit des entreprises en difficulté mettant en exergue la dimension préventive.
Nous examinerons successivement les deux axes majeurs dudit Acte uniforme, à savoir les
procédures simplifiées de recouvrement de créances et les voies d’exécution.
1. Injonction de payer
L’injonction de payer obéit à une série de conditions et à une procédure particulière prévue par
la loi.
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A. Conditions
Pour initier la procédure d’injonction de payer, il faut que la créance soit certaine (ne souffrir
d’aucune contestation), liquide (montant déterminable en argent) et exigible (créance arrivée à
échéance).
En outre, cette créance doit avoir une cause contractuelle ou l’engagement doit résulter de
l’émission ou de l’acceptation de tout effet de commerce, ou d’un chèque dont la provision s’est révélée
existante ou insuffisante. Ces deux dernières conditions n’étant pas cumulatives, l’une d’elles suffit pour
enclencher la procédure d’injonction de payer.
b. Procédure
Le créancier dont la créance satisfait aux conditions susmentionnées, peut saisir, par
dérogation à la procédure ordinaire, le président du tribunal du domicile de son débiteur en vue
d’obtenir une décision condamnant ce dernier au payement de la créance.
La requête doit contenir toutes les mentions prévues par l’Acte uniforme (AUPVE, article 4). Le
président de la juridiction compétente peut soit rendre une décision portant injonction de payer, soit
rejeter la demande du créancier.
Dans le premier cas, le débiteur condamné a la faculté de former opposition dans un délai de
15 jours à compter de la signification de la décision. A défaut d’opposition dans le délai, le créancier
peut demander qu’il soit apposé, sur décision de condamnation, la formule exécutoire. De même, en
sera-t-il en cas de désistement de l’opposition par le débiteur.
Dans le second cas, le créancier ne dispose d’aucune voie de recours et ne peut réagir qu’en
se lançant dans la procédure ordinaire de recouvrement des créances (droit commun).
Lorsque l’opposition est formée, la juridiction procède à une tentative de conciliation. Si celle-ci aboutit,
un procès-verbal de conciliation est dressé par le président et signé par les parties. En cas d’échec, la
juridiction statue immédiatement sur la demande de recouvrement.
bien meuble corporel déterminé. Il s’agit d’une procédure que le créancier initie contre son débiteur en
vue de la délivrance ou de la restitution dudit bien.
L’obligation de délivrer peut-être la résultante d’un contrat de vente ou d’un contrat de location.
L’obligation de restituer peut même découler de l’annulation ou résolution d’un contrat de vente. La
procédure d’injonction de délivrer est quasi-identique à celle de l’injonction de payer.
Les voies d’exécutions sont des mécanismes qui permettent à un créancier de poursuivre
l’exécution forcée de sa créance en saisissant les biens de son débiteur afin de les faire vendre pour se
faire payer sur le prix de vente ou de se faire attribuer lesdits biens. Le créancier peut aussi prendre des
mesures conservatoires sur les biens de son débiteur dans le respect des conditions prévues par l’Acte
uniforme.
Tenant compte de la nature des biens, l’Acte uniforme distingue, d’une part, les saisies
mobilières et, d’autre part, la saisie immobilière.
1. Saisies mobilières
Les saisies mobilières sont subdivisées en saisies conservatoires et en saisies à fin
d’exécution.
Saisie foraine : elle consiste à placer sous la main de justice les biens mobiliers corporels d’un
débiteur forain. Le débiteur forain est celui qui n’a pas de domicile fixe ou dont le domicile est
situé à l’étranger ;
Saisie revendication : elle est pratiquée par le véritable propriétaire d’un bien meuble corporel
contre une personne qui possède ledit bien sans être propriétaire (possesseur de mauvaise foi)
;
Saisie conservatoire des créances : à la différence de trois premières sortes de saisie, la saisie
conservatoire des créances porte sur les biens meubles incorporels. Elle consiste dans le fait,
pour le créancier (créancier saisissant), de procéder à la saisie d’une créance de son débiteur
(débiteur saisi) contre un débiteur de ce dernier (tiers saisi) au moyen d’un acte d’huissier ;
Saisie conservatoire des droits d’associés et des valeurs mobilières : les droits d’associés
constituent des titres émis par la société (parts sociales et actions) en contrepartie des apports
faits par les associés ou les actionnaires. Les valeurs mobilières constituent une catégorie de
titres émis par les sociétés anonymes (actions, obligations, par exemple).
Lorsque la démarche du créancier tend à la vente des biens du débiteur afin de se faire payer
sur le prix de la vente ou à l’attribution de la créance saisie, la saisie est qualifiée de « saisie à fin
d’exécution ». Les saisies mobilières à fin d’exécution requièrent obligatoirement un titre exécutoire (un
jugement, par exemple).
Les différentes catégories de saisies à fin d’exécution sont les suivantes :
Saisies-ventes mobilières : elle peut consister en la vente de biens meubles corporels (saisie
vente de droit commun et saisie de récolte sur pied) ;
Saisies de créances à fin d’exécution : il peut s’agir d’une saisie attribution : le créancier saisit
entre les mains d’un tiers, appelé tiers saisi, les créances portant sur une somme d’argent autre
que les créances de rémunération du travail et se fait attribuer lesdites sommes ; il peut aussi
s’agir d’une saisie des rémunérations ;
Saisie appréhension : elle vise la restitution d’un bien meuble corporel.
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2. Saisie immobilière
La saisie immobilière permet au créancier de faire saisir et vendre des biens immeubles
appartenant à son débiteur qui ne s’est pas exécuté volontairement.
B. Procédure
La vente forcée de l’immeuble doit être précédée d’un commandement de payer (ordre de
payer). L’original de ce commandement doit être visé par le conservateur des titres immobiliers. En cas
de non-paiement, le commandement opère la saisie à compter de son inscription. A partir de ce
moment, l’immeuble devient indisponible de sorte que le débiteur ne peut le vendre. Il en est de même
des revenus de l’immeuble qui deviennent aussi indisponibles et immobilisés pour assurer la distribution
avec le prix de la vente forcée.
1. Notions
A l’instar de la vie des hommes, la vie des organisations, en général, et celle des entreprises
commerciales, en particulier, est aussi faite de roses et d’épines, de hauts et de bas. Les succès
enregistrés au cours d’une période donnée sont vite oubliés en cas de déclin de l’entreprise. Les
procédures collectives interviennent justement pour organiser la manière dont les graves difficultés des
entreprises peuvent être gérées et réglées.
Autrefois appelé « droit de la faillite » (décret de 1934 sur les faillites), essentiellement
caractérisé par le souci de payer au mieux possible les créanciers du débiteur failli, la sanction de ce
dernier (laquelle pouvait aller jusqu’à son exclusion de la profession commerciale, voire son
emprisonnement) ainsi que la sauvegarde éventuelle de l’entreprise, cette branche du droit a connu de
profondes évolutions en droit comparé. Le droit uniforme prend en compte ces évolutions.
En effet, par son Acte uniforme du 10 avril 1998 portant organisation des procédures collectives
d’apurement du passif (cet Acte uniforme fait actuellement l’objet d’un projet de révision), le droit
OHADA prévoit un ensemble de règles destinées à organiser la prévention et le règlement des
difficultés financières de toute personne physique et morale commerçante et de toute personne morale
non commerçante de droit privé (y compris les entreprises publiques).
Ces trois procédures sont essentiellement judiciaires. Elles sont officiellement ouvertes par
décision de la juridiction compétente (tribunal de commerce ou, s’il n’en existe pas, tribunal de grande
instance), se déroulent sous sa supervision et se clôturent par sa décisio
. C’est aussi cette juridiction qui, selon le cas, assure la désignation, l’information et la mise en
place des organes de la procédure que sont le juge-commissaire, le ou les syndics, le Ministère Public,
le ou les contrôleurs.
En d’autres termes, il s’agit ici d’affronter les difficultés de l’entreprise dès la manifestation de
leurs premiers symptômes. Comme pour le cas d’une maladie dont l’évolution n’a pas encore atteint
une phase critique. Il s’agit donc de difficultés passagères dont l’accroissement peut être freiné ou
anéanti par une prise en charge efficiente et à bon escient.
La juridiction compétente est saisie par une requête du débiteur exposant sa situation
économique et financière et présentant les perspectives de redressement de l’entreprise et d’apurement
du passif. Il s’agit pour le débiteur non seulement d’exposer ses difficultés à la juridiction compétente,
mais aussi et surtout de dire comment il entend en sortir. Un concordat préventif est donc exigé et doit
être déposé dans le délai fixé par la loi.
Toutefois, ce soulagement ne lui sera accordé qu’après le dépôt d’un concordat préventif, c’est-
à-dire un accord négocié et conclu entre le débiteur et ses créanciers suivant les modalités prévues par
la loi et soumis à l’homologation de la juridiction compétente (accord constatant les remises de dettes et
les prorogations des délais de paiement accordés au débiteur par ses créanciers ainsi que les
engagements souscrits par le débiteur envers ses créanciers), suivi de la désignation par le président
62
de la même juridiction d’un expert chargé de lui faire rapport sur la situation économique et financière
de l’entreprise, les pistes de solution de redressement, compte tenu des délais et remises consentis ou
susceptibles de l’être par les créanciers et toutes autres mesures contenues dans les propositions du
concordat préventif.
Le débiteur qui se trouve dans cette situation est tenu de faire une déclaration de cessation des
paiements dans un délai de trente jours de la cessation des paiements aux fins d’obtenir l’ouverture
d’une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens, quelle que soit la nature de ses
dettes. Il fait et dépose cette déclaration au greffe de la juridiction compétente contre récépissé.
La juridiction compétente qui avait été initialement saisie par une requête aux fins de règlement
préventif doit, si elle constate la cessation des paiements, prononcer le redressement judiciaire ou la
liquidation des biens.
Elle prononce le redressement judiciaire si le débiteur a proposé un concordat sérieux. Dans le
cas contraire, elle prononce la liquidation des biens.
Les créanciers sont tenus, sous peine de forclusion, de produire (déclarer) leurs créances dans
les délais légaux et selon les modalités fixées par l’Acte uniforme. Les créances ainsi déclarées font
l’objet d’une vérification et revendication et toutes ces mesures sont soumises à la publicité.
Le dirigeant fautif risque donc de devoir payer le passif social et apparaît ainsi dans la même
situation que celle de l’associé d’une société à risque illimité.
2. Extension des procédures collectives aux dirigeants sociaux
Les dirigeants sociaux fautifs s’exposent au risque d’être eux-mêmes soumis personnellement
aux procédures collectives. En effet, l’article 189 dispose : « En cas de redressement judiciaire ou de
liquidation des biens d’une personne morale, peut être déclaré personnellement en redressement
judiciaire ou en liquidation des biens, tout dirigeant qui a, sans être en cessation des paiements lui-
même :
Exercé une activité commerciale personnelle, ne soit par personne interposée, soit sous le
couvert de la personne morale masquant ses agissements ;
Disposé du crédit ou des biens de la personne morale comme des siens propres ;
Poursuivi abusivement dans son intérêt personnel, une exploitation déficitaire qui ne pouvait
conduire qu’à la cessation des paiements de la personne morale.
A. Faillite personnelle
A toute époque de la procédure, la juridiction compétente prononce la faillite personnelle des
personnes qui se sont rendues coupables de manquements suivants :
Avoir soustrait la comptabilité de leur entreprise, détourné ou dissimulé une partie de son actif
ou reconnu frauduleusement des dettes qui n’existent pas ;
Avoir exercé une activité commerciale dans leur intérêt personnel, soit par personne
interposée, sois sous couvert d’une personne morale masquant leurs agissements. Les
personnes visées sont le débiteur ou les dirigeants de la personne morale. La décision qui
prononce la faillite personnelle emporte de plein droit :
L’interdiction générale de faire le commerce et notamment de diriger, gérer, administrer ou
contrôler une entreprise commerciale à forme individuelle ou toute personne morale ayant une
activité économique ;
65
L’interdiction d’exercer une fonction publique élective et d’être électeur pour ladite fonction
publique ;
L’interdiction d’exercer une fonction administrative, judiciaire ou de représentation
professionnelle.
La durée de la faillite personnelle est fixée par la juridiction compétente qui la prononce, sans
pouvoir être inférieure à trois ans et supérieure à dix ans.
Les déchéances, incapacités et interdictions résultant de la faillite personnelle cessent, de plein droit, au
terme fixé.
b. Réhabilitation
Elle a lieu suite à la décision de clôture pour extinction du passif. Pour être réhabilité de plein
droit, l’associé solidairement responsable des dettes d’une personne morale déclarée en cessation des
paiements, doit justifier qu’il a acquitté, dans les mêmes conditions, toutes les dettes de la personne
morale, alors même qu’un concordat particulier lui aurait été consenti.
66
Les tribunaux de commerce sont des juridictions de l’ordre judiciaire spécialisés dans le
règlement des différends relatifs au commerce12. Ils existent en vertu de la loi 002/2001 du 03/07/2001,
portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce.
1° Du siège
Le tribunal de commerce est composé de deux catégories de juges : les juges permanents et
les juges consulaires :
les juges permanents ont le statut de magistrats de carrière et sont nommé conformément
au statut des magistrats ;
les juges consulaires sont des individus élus par des organisations professionnelles des
commerçants légalement constituées et bien représentatives ; ils siègent aux côtés de
magistrats, pour un mandat de deux ans renouvelables deux fois pour des durées de
quatre ans.
Le tribunal de commerce est placé sous le commandement d’un Président. En plus de ses
charges juridictionnelles, le Président du tribunal de commerce est investi d’importantes missions
administratives. A plusieurs occurrences, les actes uniformes prévoient les matières qui lui sont
spécialement dévolues.
Le tribunal de commerce siège à trois membres avec l’assistance du ministère public et d’un
greffier. Un juge consulaire peut présider une chambre, mais le Président du siège doit nécessairement
être un magistrat de carrière si l’affaire concerne les matières d’ordre public qui sont :
12 Sous leur forme moderne, les tribunaux de commerce ont été institués, pour la première fois, en 1563 par le roi Charles
IX, faisant grâce à une demande formulée par un marchand conduit devant le roi par Michel de L’Hospital. Leur institution
procède de la volonté d’assurer, parmi les négociants, la bonne foi contre la fraude, et prévenir les obstacles qui les
détournent de leur emploi par la longueur des procès.
67
1° Compétence matérielle
En règle générale, les juridictions commerciales connaissent des contestations relatives aux
actes de commerce entre commerçants ou entre toutes personnes.
L’attribution des compétences au tribunal de commerce est d’ordre public. Par conséquent, les
parties ne peuvent stipuler, par contrat, des clauses attributives de compétence dans le sens d’obtenir
du cocontractant non commerçant la renonciation à la compétence du juge civil. Aussi, l’énumération
des matières qui relèvent de la compétence est limitative (article 17 de la loi du 03/07/2001). Elle est
aussi d’ordre public.
Les contestations relevant de la compétence des juridictions commerciales peuvent être des
matières de droit privé et de droit public .
Les matières de droit public sont celles qui concernent les infractions à la législation
économique et commerciale, quels que soient le taux de la peine ou la lourdeur de l’amende. Le tribunal
de commerce n’est pas compétent pour connaître des infractions de droit commun, même si celles-ci
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c. Domaine d’exclusion
Les contestations portant sur certains actes de commerce mixtes et dans lesquelles les
commerçants sont défendeurs sont soumises, non aux juridictions commerciales, mais à d’autres
tribunaux. Cela concerne notamment :
le contrat de travail dont les litiges y relatifs sont de la compétence des tribunaux de travail ;
les engagements extracontractuels du commerçant tels que ceux relatifs à la responsabilité
civile, aux accidents de travail, à moins qu’ils ne naissent de l’exploitation d’un commerce ;
les engagements quasi-contractuels légaux tels que les obligations fiscales.
2° Compétence personnelle
Toutes les personnes concernées, au titre de défendeur, par les matières énumérées à l’article
17 de la loi du 03/07/2001 sont justiciables du tribunal de commerce à moins qu’elles bénéficient du
privilège de juridiction.
3° Compétence territoriale
A. La saisine
Le mode de saisine du tribunal de commerce varie selon qu’il s’agit des matières de droit privé
ou des matières de droit pénal.
1° Saisine en matière de droit privé
C. L’instruction et le jugement
1° L’instruction de la cause
La comparution des parties, le déroulement des audiences ainsi que les enquêtes obéissent
aux mêmes règles que celles prévues aux codes des procédures civile et pénale. Il en est de même de
la forme, du contenu et de l’exécution des jugements.
C’est surtout en matière commerciale que l’article 63 de l’arrêté portant règlement intérieur des
cours, tribunaux et parquets devrait trouver une application plénière. En effet, il n’est pas admis plus de
deux remises lorsque la créance est documentée par une traite acceptée, un billet à ordre, un chèque,
une reconnaissance de dette ou un titre authentique.
2° Le jugement
Le prononcé du jugement suppose que la cause soit prise en délibéré. Comme tout juge, le
juge de commerce doit répondre sur chacune des prétentions formulées par les parties et uniquement
sur celles-là. Naturellement, le jugement doit être motivé. Le juge fera bon droit en invoquant les raisons
qui déterminent sa conviction.
L’exécution du jugement n’est possible qu’en vertu d’une expédition revêtue de la formule
exécutoire. Elle requiert par ailleurs une notification à la partie succombante, à moins qu’il ne s’agisse
d’un jugement exécutoire sur minute ou que la partie consente l’exécution volontaire. Les jugements du
tribunal de commerce peuvent être exécutés par provision lorsque :
La computation de ce délai obéit aux règles de droit commun. Ils sont suspensifs de l’exécution
du jugement, sauf si celui-ci doit être exécuté nonobstant appel.
La tierce opposition, la requête civile, la prise à partie et la révision sont régies par les règles
habituelles. En principe, ils n’ont pas d’effet suspensif sur l’exécution du jugement. Le pourvoi en
cassation est introduit auprès de la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA) dans les deux
mois de la notification de la décision attaquée (article 28 du règlement de procédure devant la CCJA).
L’organisation et le fonctionnement ainsi que la procédure applicable devant la CCJA sont fixés
par le règlement de procédure de la CCJA n° 01/2014 du 30 janvier 2014.
1. Organisation et fonctionnement
A. Caractères de la CCJA
1°Organisation
La CCJA est composée de neuf juges élus par le Conseil des Ministres pour un mandat de sept
ans non renouvelable. Elle est présidée par un Président et deux Vice-Présidents élus par leurs pairs
pour un mandat non renouvelable de trois ans et six mois.
2°Fonctionnement
La CCJA siège normalement en plénière à sept membres à son siège qui est à Abidjan ou en
foraine dans n’importe quel Etat membre de l’OHADA (article 19 du règlement de la CCJA). Elle siège
sous l’assistance d’un greffier. Le Président peut cependant constituer, par voie d’ordonnance, des
chambres composées de trois membres. Les juges sont assistés, dans leurs fonctions, par des juristes
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référendaires.
1° Principes de base
l'exigence du ministère de l’avocat qui, pour ce faire, bénéficie d’une immunité pour les
paroles et écrits relatifs à la cause ou aux parties ;
la liberté des modes de signification des actes de procédure (lettre recommandée avec avis
de réception, courrier électronique, télécopie,…) ;
le choix de la langue de procédure par le requérant (à moins qu’un Etat membre de
l’OHADA soit partie à la cause) ;
son caractère essentiellement écrit, à moins que la cour décide de la tenue d’une audience
publique (article 34).
La CCJA peut être saisie par diverses parties et pour divers motifs. En effet, la CCJA est saisie
par :
le renvoi d’une juridiction nationale statuant en cassation laissant le soin à la CCJA de juger
d’une affaire qui soulève les questions impliquant l’application du droit communautaire ;
le recours en annulation d’un jugement par lequel une cour nationale de cassation
méconnaît la compétence de la CCJA ;
la demande d’un avis consultatif émanant d’un Etat partie ou du Conseil des Ministres de
l’OHADA sur toute question intéressant le droit communautaire.
3° Du pourvoi en cassation
la violation de la loi ;
l’incompétence et l’excès de pouvoir ;
la violation des formes prescrites par la loi à peine de nullité ;
le défaut, l’insuffisance ou la contrariété des motifs ;
l’omission ou le refus de répondre à des chefs de demandes ;
72
a. La requête en cassation
Le recours en cassation doit être présenté au greffe de la CCJA dans les deux mois de la
notification ou de la signification de la décision attaquée (article 28 du règlement de la CCJA). Le
recours contient :
Dès que la cour admet la recevabilité de la requête, le recours est signifié à toutes les parties à
la procédure devant la juridiction nationale ayant rendu la décision attaquée. Chaque partie intéressée
peut, dans les trois mois qui suivent la signification, présenter un mémoire en réponse qui contient
notamment les conclusions et les moyens invoqués.
Les mémoires en réponses peuvent être complétés, en cas d’autorisation par le Président, par
des mémoires en réplique et en duplique (article 28-6).
c. Des exceptions
pièce de procédure. La cour statue directement sur l’exception ou le joint au fond. La cour peut
ordonner la jonction des affaires. Elle peut aussi les disjoindre.
d. L’arrêt de la cour
L’arrêt est rendu en audience publique. Il a force obligatoire à compter du jour de son prononcé.
En plus du dispositif été des mentions de routine, l’arrêt statue aussi sur les dépens (droits du greffe,
frais de procédure,…).
Les arrêts de la CCJA sont susceptibles de certains recours. Il s’agit des recours suivants :
l'intervention couverte à toute personne qui justifie de son intérêt à conserver ses droits en
soutenant les prétentions de l’une des parties ;
l’interprétation (pour obtenir, de la cour, une interprétation sur le sens ou la portée du
dispositif d’un arrêt) ; la requête doit être introduite dans les trois mois qui suivent le
prononcé de l’arrêt.
la tierce opposition (au profit d’une personne préjudiciée par un arrêt de la cour rendu à
l’issue d’un procès auquel elle n’a pas été faite) ;
la révision (en cas de découverte d’un fait de nature à influencer de manière décisive
l’arrêt mais qui était inconnu de la partie qui l’invoque de la cour elle-même ; demande
à formuler dans un délai de trois mois à compter du jour où le demandeur a eu
connaissance dudit fait et dans les dix ans qui suivent le prononcé de l’arrêt).
B. L’exécution forcée
Les arrêts de la CCJA font l’objet d’une exécution forcée après l’apposition de la formule
exécutoire par l’autorité compétente en la matière. Celui-ci y procède sans autre contrôle si ce n’est
celui relatif à la vérification de l’authenticité du titre. La surséance de l’exécution d’un arrêt de la CCJA
ne peut être ordonnée que par une décision de son Président.
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L’arbitrage institutionnel est organisé par l’acte uniforme du 11 mars 1990 qui tient lieu de
droit relative à l’arbitrage dans les Etats parties et abroge ainsi le droit interne correspondant.
1. Ouverture de l’arbitrage
A. Personnes assujetties
L’arbitrage est ouvert à toute personne physique ou morale, de droit public ou de droit privé,
et sur litige lorsque le siège du tribunal arbitral se trouve dans l’un des Etats-parties. Lorsque les
personnes morales de droit public y consentent, elles ne peuvent plus invoquer leur propre droit pour
contester l’arbitralité d’un litige, leur capacité à compromettre à la validité de la convention d’arbitrage
(art.3).
B. Fondement de l’arbitrage
Il doit exister, avant l’ouverture de l’arbitrage, une convention d’arbitrage. Celle-ci doit être
faite par écrit, ou par tour autre moyen permettant d’en administrer la preuve, notamment par la
référence fait à un document la stipulant.
La convention d’arbitrage est indépendante du contrat principal (art. 4). Ainsi, sa validité n’est
pas affectée par la nullité de ce contrat et doit être appréciée d’après la commune volonté des parties,
sans référence nécessaire à un droit étatique.
Les parties ont toujours la faculté, d’un commun accord, de recourir à une convention
d’arbitrage, même lorsqu’une instance a déjà été engagée devant une autre juridiction.
2. Les arbitres
A. Nomination
La mission d’arbitre ne peut être confiée qu’à une personne physique ayant le plein exercice de
ses droits civils. L’arbitre demeure indépendant et impartial vis-à-vis des parties. Les arbitres sont
nommés, révoqués ou remplacés conformément à la convention des parties. A défaut d’une telle
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convention d’arbitrage ou si la convention est insuffisante, la nomination des arbitres est opérée dans
les conditions suivantes :
En cas d’arbitrage par trois arbitres, chaque partie nomme un arbitre et les deux arbitres ainsi
nommés choisissent le troisième arbitre ; si une partie ne nomme pas un arbitre dans un délai
de trente jours à compter de la réception d’une demande à cette fin émanant de l’autre partie,
ou si les deux arbitres ne s’accordent pas sur le choix du troisième arbitre dans un délai de
trente jours à compter de leur désignation, la nomination est effectuée, sur la demande d’une
partie, par le juge compétent dans l’Etat-partie ;
En cas d’arbitrage par un arbitre unique, si les parties ne peuvent s’accorder sur le choix de
l’arbitre, celui-ci est nommé, sur la demande d’une partie, par le juge compétent dans l’Etat-
partie.
L’arbitre qui accepte sa mission doit porter cette acceptation à la connaissance des parties par
tout moyen laissant trace écrite.
B. Récusation
Si l’arbitre suppose en sa personne une cause de récusation, il doit en informer les parties, et
ne peut accepter sa mission qu’avec leur accord unanime et écrit. En cas de litige, et si les parties n’ont
pas réglé la procédure de récusation, le juge compétent statue sur la récusation. Sa décision n’est
susceptible d’aucun recours.
Par ailleurs, toute cause de récusation doit être soulevée dans délai par la partie qui entend
s’en prévaloir. La récusation d’un arbitre n’est admise que pour une cause révélée après sa
nomination ;
C. Le tribunal arbitral
Le tribunal arbitral est constitué soir d’un seul arbitre, soit de trois arbitres. Si les parties
désignent les arbitres en nombre par, le Tribunal arbitral est complété par un arbitre choisi, soit
conformément aux prévisions des parties, soit en l’absence de telles prévisions, par les arbitres
désignés, soit à défaut d’accord entre ces derniers, par le juge.
1. Principes de base
Dans une instance arbitrale, les parties doivent être traitées sur un pied d’égalité, chacune
gardant la possibilité de faire valoir ses droits. Cependant, le fait pour les parties de s’en remettre dans
un organisme d’arbitrage les engage à appliquer le règlement d’arbitrage de l’organisme d’arbitrage
saisi, sauf pour les parties à en écarter expressément certaines dispositions.
L’instance arbitrale est liée dès le moment où l’une des parties saisit le ou les arbitres
conformément à la convention d’arbitrage, ou, à défaut d’une telle désignation, dès que l’une des
parties engage la procédure de constitution du Tribunal arbitral (art. 10).
B. Règles de compétence
Le Tribunal arbitral statue sur sa propre compétence, y compris sur toutes questions relatives
à l’existence ou à la validité de la convention d’arbitrage. L’exception d’incompétence doit être soulevée
avant toute défense au fond, sauf si les faits sur lesquels elle est fondée ont été révélés ultérieurement.
L’examen de l’exception d’incompétence peut être joint au fond.
Lorsqu’un litige, dont un Tribunal arbitral est saisi en vertu d’une convention arbitrale, est
porté devant une juridiction étatique, celle-ci doit, si l’une des parties en fait la demande, se déclarer
incompétente (art.13). La juridiction étatique doit également se déclarer incompétente même si le
tribunal arbitral n’est pas encore saisi, à moins que la convention d’arbitrage ne soit manifestement
nulle. Mais en tout état de cause, la juridiction étatique ne peut révéler d’office son incompétence.
L’existence d’une convention d’arbitrage ne fait pas obstacle à ce qu’à la demande d’une
partie, une juridiction, en cas d’urgence reconnue et motivée ou lorsque la mesure devra s’exécuter
dans un Etat non partie à l’OHADA, ordonnance des mesures provisoires ou conservatoires, dès lors
que ces mesures n’impliquent pas un examen du litige au fond, pour lequel seul le Tribunal arbitral est
compétent (art. 13).
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D. Durée de l’instance
Si la convention d’arbitrage ne fixe pas de délai, la mission des arbitres ne peut excéder six
mois à compter du jour où le dernier d’entre eux l’a acceptée. Le délai peut être prorogé, soir par accord
des parties, soit à la demande de l’une d’elles ou du Tribunal arbitral, parle juge.
2. Règles de procédure
A. Droit applicable
A l’appui de leurs prétentions, les parties ont la charge d’alléguer et de prouver les faits
propres à les fonder. Les arbitres peuvent les inviter à fournir les explications de fait, et à présenter, par
tout moyen légalement admissible, les preuves qu’ils estiment nécessaires à la solution du litige.
Les arbitres ne peuvent retenir dans leur décision les moyens, les explications ou les
documents invoqués ou produits par les parties que si celles-ci ont été à même d’en débattre
contradictoirement. Ils ne peuvent non plus fonder leur décision sur les moyens qu’ils auraient relevés
d’office sans avoir au préalable invité les parties à présenter leurs observations. Toutefois, la partie qui,
en connaissance de cause, s’abstient d’invoquer sans délai une irrégularité et poursuite l’arbitrage est
réputée avoir renoncé à s’en prévaloir.
Les arbitres tranchent le fond du litige conformément aux règles de droit désignés par les
parties ou à défaut choisies par eux comme les plus appropriées compte tenu, le cas échéant, des
usages du commerce international.
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Ils peuvent également statuer en amiable compositeur lorsque les parties leur ont conféré ce
pouvoir.
L’instance arbitrale prend fin par l’expiration du délai d’arbitrage, sauf prorogation convenue
ou ordonnée. Elle peut prendre fin également en cas d’acquiescement à la demande, de désistement,
de transaction ou de sentence définitive.
Le Tribunal arbitral fixe la date à laquelle l’affaire sera mise en délibéré. Après cette date,
aucune demande ne peut être formée ni aucun moyen soulevé. De même, aucune observation ne peut
être présente, ni aucune pièce produite si ce n’est à la demande expresse et par écrit du Tribunal lui-
même.
3. La sentence arbitrale
A. Forme
La sentence arbitrale est rendue dans la procédure et selon les formes convenues par les
parties. A défaut d’une telle convention, la sentence est rendue à la majorité des voix lorsque le tribunal
est composé de trois arbitres.
Les noms et prénoms de ou des arbitres qui l’ont rendue ainsi que la date et le siège du tribunal
arbitral ;
Les noms, prénoms et dénominations des parties, ainsi que la date et le siège social, le cas
échéant, des noms et prénoms des avocats ou de toute personne ayant représenté ou assisté
les parties ;
L’exposé des prétentions respectives des parties, leurs moyens ainsi que des étapes de la
procédure.
Elle doit être motivée et est signée par le ou les arbitres. Toutefois, si une minorité d’entre eux
refuse de la signer, il doit en être fait mention et la sentence a le même effet que si elle avait été signée
par tous les arbitres.
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B. Effet
La sentence dessaisir l’arbitre du litige (le jugement rendu, le juge cesse d’être juge). L’arbitre
a néanmoins le pouvoir d’interpréter la sentence, ou de réparer les erreurs et omissions matérielles qui
l’affectent. Lorsqu’il a omis de statuer sur un chef de demande, il peut le faire par une sentence
additionnelle.
Dans l’un ou l’autre cas susvisé, la requête doit être formulée dans le délai de 30 jours à
compter de la notification de la sentence. Le tribunal dispose d’un délai de 45 jours pour statuer. Si le
tribunal ne peut à nouveau être réuni, ce pouvoir appartient au juge.
4. Voies de recours
A. L’annulation
La sentence arbitrale peut faire l’objet d’un recours en annulation porté devant le juge. La
décision rendue à cet effet n’est susceptible que de pourvoi en cassation devant la CCJA.
B. La tierce opposition
La sentence arbitrale peut faire l’objet d’une tierce opposition devant le tribunal arbitral par
toute personne qui n’a pas été appelée et lorsque cette sentence préjudice à ses droits.
C. La révision
La sentence arbitrale peut faire l’objet d’un recours en révision devant le tribunal arbitral. Ce
recours est fondé sur la découverte d’un fait de nature à exercer une influence décisive et qui, avant le
prononcé de la sentence, était inconnu du tribunal arbitral et de la partie qui demande la révision.
Si le Tribunal arbitral a statué sans convention d’arbitrage ou sur une convention nulle ou
expirée ;
Si le Tribunal arbitral a été irrégulièrement composé ou l’arbitre unique irrégulièrement
désigné ;
Si le Tribunal arbitral a statué sans se conformer à la mission qui lui a été confiée ;
Si le principe du contradictoire n’a pas été respecté ;
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Si le Tribunal arbitral a vio lé une règle d’ordre public international des Etats signataires du
Traité de l’OHADA ;
Si la sentence arbitrale n’est pas motivée.
Le recours en annulation est recevable dès le prononcé de la sentence ; il cesse de l’être s’il
n’a pas été exercé dans le mois de la signification de la sentence munie de l’exequatur.
Sauf si l’exécution provisoire de la sentence a été ordonnée par le Tribunal arbitral, l’exercice
du recours en annulation suspend l’exécution de la sentence arbitrale jusqu’à ce que le juge compétent
ait statué. Ce juge et également compétent pour statuer sur le contentieux de l’exécution provisoire.
5. Reconnaissance et exécution
A. Exécution forcée
La sentence arbitrale a, dès qu’elle est rendue, l’autorité de la chose jugée relativement à la
contestation qu’elle tranche. D’ailleurs, les arbitres peuvent accorder l’exécution provisoire à la
sentence arbitrale, si cette exécution a été sollicitée, ou la refuser, par une décision motivée. La
sentence arbitrale n’est cependant susceptible d’exécution forcée qu’en vertu décision d’exequatur
rendue par le juge étatique.
B. Reconnaissance
1°Conditions de la reconnaissance
2° Contentieux de la reconnaissance
susceptible que de pourvoi en cessation devant la CCJA. La décision qui accorde l’exequatur n’est
susceptible d’aucun recours.
Toutefois, le recours en annulation de la sentence emporte de plein droit, dans les limites de
la saisine du juge étatique, recours contre la décision ayant accordé l’exequatur. Ainsi, le rejet du
recours en annulation emporte de plein droit validé de la sentence arbitrale ainsi que de la décision
ayant accordé l’exequatur.
3°Reconnaissance des sentences rendues sur base d’un droit autre que le droit OHADA
Les sentences arbitrales rendues sur le fondement de règles différentes de celles prévues par
le droit OHADA de l’arbitrage sont reconnues dans les Etats parties dans les conditions prévues par les
conventions internationales éventuellement applicables, et à défaut, dans les mêmes conditions que
celles prévues aux dispositions l’acte uniforme sur l’arbitrage.
Les sentences arbitrales ont l’autorité de la chose jugée sur le territoire des Etats parties au
même titre que les décisions des juridictions étatiques (art. 25 du traité). Elles sont susceptibles
d’exécution forcée après exéquatur donné par la CCJA. Celle-ci ne peut refuser l’exéquatur que :
Si l’arbitre a statué sans convention d’arbitrage ou sur une convention nulle ou expirée ;
Si l’arbitre a statué sans se conformer à la mission qui lui a été conférée ;
Lorsque le principe de la procédure contradictoire n’ pas été respecté ;
Si la sentence est contraire à l’ordre public international.
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