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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO


UNIVERSITE OFFICIELLE DE BUKAVU
FACULTE DE DROIT

COURS DE DROIT COMMERCIAL I DESTINE


AUX ETUDIANTS DE TROISIEME GRADUAT

45 h théoriques

Dispensé par Prof Laurent NGOY NDJIBU

Tél : 0997131267
E-mail : laurentndjibu@yahoo.fr
laurentndjibu@gmail.com
ngoy.ndjibu@unilu.ac.cd
Année Académique 2019– 2020
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INTRODUCTION
1. importance du cours
Qu’est-ce que le droit commercial ? Il n’y a pas de réponses simples car il n’y a pas de
définitions officielles du droit commercial. Tout droit est un ensemble de règles, qui régit les relations
entre deux sortes d'individus.

Le droit commercial est un ensemble de règles qui s'applique aux commerçants (c'est-à-dire
ceux qui exercent des actes de commerce à titre professionnel et habituel), ainsi qu'aux non-
commerçants lorsqu'ils accomplissent occasionnellement un acte de commerce. Le droit commercial a
pour objet l’étude des règles relatives à l’activité et aux rapports entre les commerçants eux-mêmes ou
avec leurs clients.

Le droit commercial constitue avec le droit des sociétés, le droit bancaire et boursier ainsi que
le droit de la propriété industrielle une branche éminente de ce qu'il est convenu d'appeler le droit des
affaires.

Le droit commercial est défini comme l'ensemble des règles de droit privé applicables aux
commerçants et aux actes de commerce. Cette première définition fait apparaître la coexistence de
deux conceptions :

 Dans la conception subjective, le droit commercial est le droit des commerçants : il s'agit d'un
droit professionnel, issu des pratiques des marchands et dont l'application est déclenchée par
la qualité des personnes en cause.
 Dans la conception objective, le droit commercial est le droit des actes de commerce, c'est-à-
dire des opérations commerciales : son application est conditionnée non par la profession de
l'intéressé, mais par la nature de l'acte, ou par la réunion de certaines circonstances
objectivement définies.

L'évolution a montré que le droit commercial pouvait se développer selon ces deux axes que
sont, d'une part, le statut du commerçant (conditions d'accès à la profession, droits et obligations
spécifiques) et, d'autre part, les règles applicables aux commerçants, et à l'ensemble des activités
professionnelles.

Au total, le Droit Commercial est le droit le droit qui régit le monde des échanges économiques.
3

Quant au domaine du droit commercial, il n’est pas la seule branche du droit à prétendre régir
les échanges économiques. C’est le cas du droit civil, et du droit des affaires.
La frontière entre droit commercial et droit civil :

 Le premier réflexe peut être de ce dire que le droit commercial est différent du droit civil car le
droit civil se préoccupe avant tout des personnes et des fortunes envisageaient du côté
patrimoine, alors que le droit commercial réglerait plutôt la production et la distribution des
richesses.
 Cette définition est vraie mais légèrement caricaturale car le Droit civil est le droit commun, et
en tant que tel, il peut s’intéresser a d’autre choses qu’aux personnes et aux fortunes, il peut
d’intéresser à la production et la circulation des biens.
 En réalité les situations de faits ne sont pas fondamentalement différentes.
 Simplement un élément va changer : c’est la présence d’un commerçant ou d’un acte de
commerce.
 Malgré cela, la frontière est encore incertaine car le droit commercial n’est qu’un droit spécial
cela signifie que le silence éventuel du droit commercial doit nécessairement être complété par
le droit commun qui est le droit civil.
 Le droit commercial ne peut donc pas survivre sans le droit civil, il n’est pas autonome
 Dans un mouvement inverse le droit civil s’inspire lui aussi parfois des solutions du droit
commercial : Exemple : Les clientèles n’était pas en droit commun susceptibles d’être cédés
alors qu’en droit commercial depuis toujours cela est possible.

La frontière entre droit commercial et droit des affaires

Pourquoi parler d’un droit des affaires :

 Selon certains c’est parce que le droit commercial serait trop étroit pour faire face à tous les
problèmes de la vie économique. Ex : La fusion de société : cela concerne le droit commun
(droit des sociétés) mais également le droit fiscal

 Le droit des affaires permet d’intégrer certaines disciplines périphériques au droit commercial.

2. Quel est le droit applicable à ce jour aux affaires congolais ? L’organisation pour l’harmonisation
en Afrique de droit des affaires – OHADA

a. organisation et fonctionnement de l’Ohada


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1 Création

Aux origines de la création de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des


Affaires (OHADA) se trouve le constat de la diversité des législations nationales des Etats de l’Afrique
occidentale qui, pourtant, partagent du fait de la colonisation, un fonds historico-juridique commun.

Cette diversité s’est avérée comme un facteur de confusion dans la compréhension et dans
l’application des textes dans une région où l’homogénéité législative s’imposait pour la promotion de
l’économie et du commerce. Dans un premier temps, la démarche avait consisté en la création
d’ensembles économiques. Les plus importants sont :

 la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CDEAO) ;


 la Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC) ;
 l’Union Economique et Monétaire de l’Ouest Africain (UEMOA).

Etant donné que les unions économiques appellent naturellement les unions des droits, les
Etats de la région avaient pris conscience qu’un espace économique ne peut pas être pleinement
efficace s’il n’est tramé dans un espace juridique cohérent1. C’est ainsi qu’après de nombreuses
péripéties dont l’initiative du projet remonte aux premiers jours des années 1990, le traité constitutif de
l’OHADA est adopté le 17 octobre 1993 à Port-Louis. Il a été révisé le 17 octobre 2008 à Québec.

La condition essentielle pour qu’un Etat devienne membre de l’OHADA demeure la qualité de
membre de l’Union Africaine2. L’on peut comprendre ainsi qu’en dépit du fait que l’OHADA apparaisse
comme une organisation rassemblant les anciennes colonies françaises d’Afrique, elle regorge, en son
sein, des anciennes colonies portugaise ou hispanique.

A ce jour, dix-sept Etats en sont membres : Bénin, Burkina-Faso, Cameroun, République


Centrafricaine, Comores, Congo, République Démocratique du Congo3, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée,
Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Mali, Niger, Sénégal, Tchad et Togo.

1 Tiger, P., op.cit., p. 11.


2 Pour l’ensemble, les conditions de l’adhésion à l’OHADA sont : être membre de l’Union Africaine (article 53 du Traité
constitutif de l’OHADA ; adresser une lettre d’intention au Secrétariat permanent de l’OHADA ; formaliser la décision
d’adhérer par un acte formel du gouvernement ;obtenir du parlement une loi autorisant l’adhésion ; déposer l’instrument
d’adhésion auprès du gouvernement dépositaire du traité de l’OHADA (en substance le Sénégal) : le dépôt de l’instrument
d’adhésion marque le point de départ de l’applicabilité des actes uniformes dans l’Etat adhérant (soixante jours) ; payer une
otisation annuelle dont le montant est fixé par le Conseil des Ministres (actuellement l’équivalent de trois cent soixante-
quinze millions de francs CFA couvrant dix ans de cotisations) ; Dans l’ensemble, l’application du droit OHADA, même dans
les Etats fondateurs, n’est intervenue que de nombreuses années plus tard (neuf ans en moyenne). Les troubles
socioéconomiques des années 1990 y ont été pour beaucoup.
3 La République Démocratique du Congo pouvait figurer sur la liste des premiers Etats fondateur de l’OHADA. Elle avait raté

ce privilège du fait de la profonde crise socioéconomique dans laquelle elle avait été plongée au cours des années 1990.
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La qualité de membre implique certaines obligations financières. Les plus importantes sont :

 le paiement d’un fonds de capitalisation de 375.000.000 FCFA (équivalent approximatif de


dix ans de cotisations) ;
 le paiement d’une cotisation annuelle ;
 le paiement d’une taxe de l’ordre de 0,5 % sur le volume total des importations et des
exportations de l’espace OHADA.

2 Objectifs de l’OHADA

Les fondateurs de l’OHADA étaient mus par la volonté de mettre en place une institution qui, à
terme, devraient permettre :

 la mise à la disposition de chaque Etat des textes juridiques simples et clairs,


techniquement performants, quelles que soient les ressources humaines devant les
appliquer ;
 la facilité des échanges commerciaux ;
 la communication et le transfert des techniques modernes de gestion des entreprises ;
 la sécurité juridique et judiciaire des entreprises, restaurant ainsi un climat de confiance ;
 la préparation de l’intégration économique.

Sur le plan juridique, l’OHADA a pour vocation première l’assainissement du climat des affaires par
la lutte contre l’insécurité juridique et l’insécurité judiciaire qui constituent un obstacle majeur à
l’amélioration du climat des affaires, à la promotion des investissements dans le secteur privé, à la
croissance économique et au développement.

1. L’insécurité juridique des affaires

L’insécurité juridique est la situation d’incertitude dans laquelle se trouve un opérateur


économique relativement à l’issue d’une procédure dans laquelle il est engagé, et son impuissance à
infléchir le cours de la justice dans le sens de l’équité si besoin était. Il en est généralement le cas
lorsqu’usant des prérogatives régaliennes, les autorités étatiques décident des nationalisations,

Potentiellement, le plus important de tous en termes d’espace, de population et de richesse, elle est actuellement le dix-
septième Etat membre, le dernier à adhérer à l’OHADA. Avant l’adhésion de la R.D.Congo à l’OHADA, les experts étaient
déjà d’avis que son système normatif relatif au droit des affaires était devenu lacunaire, archaïque, désuet et même obsolète
sur de nombreux aspects (Voir le rapport final sur les modalités de l’adhésion de la RDC au traité de l’OHADA, rendu par le
COPIREP ; Kinshasa, 2005). Le droit issu de l’OHADA devient effectif à partir du 13 septembre 2012.
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expropriations pour cause d’utilité publique, réquisition, révisions des contrats. L’on peut aussi y ajouter
le traitement documentaire des dossiers dans l’octroi des marchés publics.

2. L’incertitude judiciaire

A l’insécurité juridique s’ajoute l’insécurité judiciaire qui résulte de l’incertitude pesant sur l’issue
d’une action en justice. Elle provient de l’incurie des magistrats et des auxiliaires de la justice (greffiers,
huissiers, avocats,…). Elle se manifeste généralement par des décisions judiciaires très contestables,
des prises en délibéré trop longues, des exécutions impossibles, des remises et renvois manifestement
dilatoires pour décourager les demandeurs, la tolérance des fautes déontologiques.

3 Les institutions de l’OHADA

L’OHADA fonctionne à travers les institutions suivantes : la Conférence des Chefs d’Etats et de
Gouvernements, le Conseil des Ministres, le Secrétariat permanent, la Cour Commune de Justice et
d’Arbitrage et l’Ecole régionale supérieure de la magistrature.

a) La Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernements

La Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernements est l’organe suprême de l’OHADA. Elle a
la compétence pour statuer sur toutes questions relatives au Traité.

b) Le Conseil des Ministres

Le Conseil des Ministres est l’organe législatif de l’OHADA. Il est composé des ministres en
charge de la justice et des finances des Etats membres. Il se réunit au moins une fois par an et, à la
majorité absolue, délibère notamment sur :

 les actes uniformes et d’autres mesures d’application de ces actes ou du traité ;


 la nomination du Secrétaire permanent et du Directeur de l’Ecole régionale supérieure de la
magistrature ;
 la nomination des magistrats de la Cour commune de justice et d’arbitrage ;
 les finances et l’organisation.
c) Le Secrétariat permanent

Le Secrétariat permanent est l’organe exécutif de l’OHADA. Son siège est installé à Yaoundé. A
ce titre, il assiste sous l’égide du Secrétaire permanent, le Conseil des Ministres dans la gestion
administrative de l’organisation.
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d) La Cour commune de justice et d’arbitrage

La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage est l’organe judiciaire de l’OHADA. Elle a son siège
à Abidjan et est composée de neuf juges élus par le Conseil des Ministres pour un mandat de sept ans
renouvelable une fois.

Elle est saisie par un pourvoi en cassation à l’initiative de l’une des parties ou sur un renvoi
d’une cour suprême nationale qui se déclare incompétent d’examiner les faits dont elle est saisie.

La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage exerce les attributions classiquement reconnues à


la juridiction suprême d’un Etat, telles que :

 formuler les avis sur les projets des actes uniforme s et donner interprétation du traité
constitutif, des actes uniformes et de leurs mesures d’application ;
 intervenir en matière d’arbitrage (nomination des arbitres et prononcé de l’exéquatur) ;
 examiner les recours en cassation avec possibilité de faire évocation pour statuer à la fois
sur le droit et sur les faits.

C’est pour cela que la Cour commune de justice et d’arbitrage apparaît comme un organe qui
joue le double rôle de la cour suprême supranationale4 et de structure d’appui à l’arbitrage pour éviter
l’insécurité judiciaire qui gangrène les institutions judiciaires des certains Etats membres.

e) L’Ecole Régionale Supérieure de la Magistrature (ERSUMA)

L’Ecole Régionale Supérieure de la Magistrature est une institution technique rattachée au


Secrétariat permanent de l’OHADA. Elle a son siège à Porto Novo. Elle est principalement chargée de :

 mettre en œuvre les plans de formation des magistrats et des auxiliaires de la justice ;
 organiser des colloques et des stages de formation à l’intention des universitaires,
praticiens du droit et opérateurs économiques

4. arsenal juridique de l’Ohada

L’arsenal juridique de l’OHADA provient de deux sources :

 le Traité constitutif de l’OHADA du 17 octobre 1993 révisé à Québec le 17 octobre 2008 qui
est la source originaire ;
4 La CCJA joue le rôle de cour de cassation en matière commerciale et est compétente pour examiner, sans renvoi, le droit
et les faits. Elle enlève ainsi aux cours suprêmes un pan important de leurs attributions. Au plan interne, seuls les tribunaux
de commerce et les cours d’appel conservent leurs compétences matérielles sur les actes de commerce et les conflits y
relatifs.
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 les actes uniformes qui constituent la source dérivée du système juridique de l’OHADA.

a) Le Traité constitutif de l’OHADA

Le Traité de l’OHADA est un instrument juridique de droit international. Le caractère


supranational du droit communautaire est parfaitement ajusté à une œuvre d’harmonisation qui, par
définition, doit s’imposer aux législateurs et aux juges de chaque Etat partie. Il faut cependant relever le
fait que l’adhésion au Traité constitutif de l’OHADA doit être totale et plénière. Les réserves ne sont pas
admises (article 54).

b) Le domaine juridique de l’OHADA

Le cadre juridique de l’OHADA entend s’étendre sur toutes les matières considérées comme
relevant du droit des affaires. Au terme de l’article 2 du traité de l’OHADA, ces matières sont :

 le statut de commerçant ;
 le droit des sociétés ;
 le recouvrement des créances ;
 le redressement des entreprises et la liquidation judiciaire ;
 l’arbitrage ;
 le droit du travail ;
 la comptabilité des entreprises ;
 les contrats commerciaux (vente et transport).
c) Les actes uniformes de l’OHADA

Subsidiairement à son traité constitutif, l’ordre juridique de l’OHADA comprend, dans son
arsenal, une série d’instruments appelés actes uniformes. Ceux-ci ont, en vertu dudit traité (article 10),
une vocation supranationale pour tout Etat qui y adhère, et qui constituent les textes de base du droit
des affaires.

Les actes uniformes sont adoptés, à l’unanimité, par le Conseil des Ministres. Ils sont publiés
au Journal Officiel de l’OHADA par le Secrétariat permanent dans les soixante jours qui suivent leur
adoption. Ils entrent en vigueur quatre-vingt-dix jours après leur publication.

A ce jour, les actes uniformes en vigueur sont :

 le Règlement de procédure de la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage du 18 avril 1996


modifie par le Règlement n° 01/2014 du 30 janvier 2014 ;
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 l'Acte uniforme du 11 mars 1999 relatif au droit de l’arbitrage ;


 l’Acte uniforme du 15 décembre 2010 portant sur le droit commercial général ;
 l’Acte uniforme du 30 janvier 2014 relatif au droit des sociétés commerciales et du
groupement d’intérêt économique ;
 l’Acte uniforme du 15 décembre 2010 relatif au droit des sociétés coopératives ;
 l’Acte uniforme du 24 mars 2000 portant organisation et harmonisation des comptabilités
des entreprises ;
 l’Acte uniforme du 15 décembre 2010 portant organisation des sûretés ;
 l’Acte uniforme du 10 avril portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement
et des voies d’exécution ;
 l’Acte uniforme du 10 avril portant organisation des procédures collectives d’apurement du
passif ;
 l’Acte uniforme du 22 mars 2003 relatif aux contrats de transport de marchandises par
route.

2° Application du droit OHADA dans le système juridique congolais

a) Principe d’application

L’Acte constitutif stipule, en son article 10, que les actes uniformes sont directement applicables
et obligatoires dans les Etats parties, nonobstant toutes dispositions contraires du droit interne,
antérieures ou postérieures.

Par conséquent, la mise en application des dispositions des actes uniformes ne nécessite pas
l’intervention des autorités législatives ou réglementaires des Etats membres. Quant au rapport entre
les dispositions de ces actes et celles du droit interne existant, il convient de rappeler qu’elles ne
s’annulent pas automatiquement. Dans bien des cas, elles s’emboîtent en n’effaçant que les
dispositions antérieures contraires. Le mieux est de s’assurer chaque fois du contenu de la clause de
style qui détermine la portée de l’acte uniforme sur le texte de droit national correspondant.

En principe, le droit OHADA laisse subsister de nombreuses dispositions de droit interne5. Il


n’anéantit pas systématiquement les dispositions antérieures.

b) Rapport entre le droit OHADA et le droit congolais

5 L’article 1er de l’acte uniforme relatif au droit commercial général dispose notamment que tout commerçant ou tout
entreprenant demeure soumis aux lois non contraires audit acte uniforme qui sont applicables dans l’Etat partie où se situe
son établissement ou son siège social.
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La République Démocratique du Congo ratifie le droit constitutif de l’OHADA, les actes


uniformes constituent désormais la source fondamentale du droit commercial dont il faut tenir compte.
Néanmoins, les dispositions non contraires du droit interne demeurent d’application (article 1 er de
l’AUDCG).

Lorsqu’une matière est régie de la même manière par les dispositions du droit interne et celles
du droit communautaire, ces dernières l’emportent et le juge devra normalement s’y référer. Ce là est
l’une des manières de rendre le droit communautaire plus effectif.

3. Méthodologie et acquisition des compétences

La finalité de l’enseignement du droit commercial est de permettre aux apprenants


d’acquérir des aptitudes qui, de toute évidence, leurs seront indispensables, dans la vie professionnelle.
La bonne intelligence des notions du droit commercial est un atout de taille pour conseiller, assister et
au besoin représenter les personnes qui rencontrent des difficultés dans leurs activités commerciales.
Ces activités étant, par nature, très conflictogènes, il est vital, pour la bonne administration de la justice
que le magistrat ait une compréhension bien éclairée du droit qu’il doit dire. De même que la définition
et l’adaptation des politiques de promotion des activités commerciales fondements du droit commercial
ou, tout au moins, soient assistées des personnes qui en ont une bonne expertise. Telles sont les
compétences que l’enseignement du droit commercial cherche à faire acquérir.

Il s’agit là visiblement d’une tâche assez ardue qui ne peut être accomplie que par le
recours d’une méthodologie adaptée aux circonstances de temps et de lieu : un exposé magistral
entrecoupé d’interactions. Si l’infrastructure nécessaire est disponible, la projection des diaporamas va
sûrement permettre de tirer profit de la visualisation.

4. objectifs de l’enseignement du droit commercial


A. objectif général
De manière générale, l’enseignement du droit commercial se propose de fournir à l’étudiant en
droit les connaissances sur les conditions d’accès et d’exercice des activités commerciales. Ce dernier
est ainsi enrichi, dans sa culture générale, des informations supplémentaires, spécialement celles qui
portent sur les conditions auxquelles est soumise toute personnes qui entend, à titre professionnel,
exercer les activités commerciales ou toutes les autres activités que la assimile au régime du commerce
(artisanat, agriculture..).
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B. objectifs spécifiques
Pour l’étudiant, quelles que soient ses inclinations scientifiques ou ses orientations
professionnelles, l’intelligence du droit commercial est fondamentale dans sa formation. Pour ce faire,
l’enseignement du cours de droit commercial doit, à terme, permettre chaque apprenant d’être capable
de :
 Définir le droit commercial et expliquer les caractéristiques qui permettent de le distinguer des
autres disciplines ;
 Définir la notion d’acte de commerce et citer les différentes sortes d’actes juridiques que la loi
range à cette catégorie ;
 Citer les conditions d’accès et d’exercice des activités commerciales et professionnelles ;
 Décrire l’organisation et le fonctionnement du RCCM ;
 Définir le fonds de commerce, et maitriser ses éléments constitutifs ;
 D’appréhender les procédures collectives d’apurement du passif.

Pour atteindre ces objectifs, le droit commercial général va englober en son sein les matières
suivantes que nous étudierons successivement :
 Conditions d’accès et d’exercice du commerce (Chapitre 1) ;
 Le registre du commerce et du crédit mobilier (Chapitre 2) ;
 Le bail à usage professionnel et le fonds de commerce (Chapitre 3) ;
 La vente commerciale (Chapitre 4)
 Les procédures spéciales (Chapitre 5) ;
 le contentieux en droit Ohada : arbitrage (Chapitre 6).
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Chapitre premier : CONDITIONS D’ACCES ET D’EXERCICE DU COMMERCE

Section première : LES ACTES DE COMMERCE

La compréhension de la notion d’acte de commerce permet notamment de circonscrire la


compétence matérielle des juridictions commerciales et de déterminer le statut de commerçant. Il
convient ainsi d’en connaitre les différentes sortes ainsi que les conditions d’administration de leur
existence.

Paragraphe premier: notion sur les actes de commerce

D'emblée, les actes de commerce pourraient s'entendre comme des actes accomplis dans un
but de lucre ou de bénéfice. Cette définition est assez simple et précise, mais elle a été
malheureusement rendue assez vague par la loi.

En effet, celle-ci ne considère pas par exemple comme des actes de commerce le fait
d'exploiter une entreprise agricole ou minière ou bien acheter un immeuble (même si le but est de le
revendre avec bénéfice) ou bien encore d'exercer la profession de médecin ou d'avocat.

Pour notre part, nous considérons l'acte de commerce comme étant toute opération ayant pour
but la réalisation d'un profit (but lucratif), et pour objet l'échange «d'utilités» matérielles (marchandises,
biens meubles et immeubles) ou même immatériels (prestations de services, achat et vente des biens
corporels tels que des droits évaluables en valeur, brevet d'invention, fonds de commerce.

Les actes de commerce sont soit objectifs, soit subjectifs, soit encore mixtes. Pour ce qui est
des actes de commerce objectif, sont toujours et nécessairement commerciaux même lorsqu'ils ont été
accomplis par un commerçant. Ce sont les actes de commerce objectifs. Il n'est pas tenu compte à leur
sujet, de la qualité de la personne qui les accomplit. Tous les actes entrant dans cette catégorie sont
nécessairement commerciaux. Ces actes sont: les lettres d'échange, le mandat, le billet d'ordre,
d’autres effets à l'ordre ou au porteur.

Toute personne commerçante ou non commerçante qui appose sa signature sur une lettre de
change, un billet d'ordre ou autres effets à ordre ou au porteur, fait un acte de commerce. Ce caractère
commercial de l'engagement de la personne résulte de l'apposition de sa signature sur un de ces
documents.
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Les actes de commerce subjectifs sont, quant à ceux, réputés commerciaux en raison de la
personne à qui sont attribuées, toutes les obligations d'un commerçant. Cette disposition de la loi se
justifie parce que le législateur présume que le commerçant les assume dans l'intérêt de son
commerce. Ces obligations peuvent résulter d'un contrat, d'un délit ou d'un quasi - délit. La population
légale qui pèse sur les obligations d'un commerçant n'est qu'une présomption simple, irréfragable. Elle
admet la preuve contraire.

En ce qui concerne les actes mixtes, parfois un acte juridique peut être mixte c'est-à-dire que
dans l'accomplissement de celui-ci, deux personnes interviennent : l'une d'elle est commerçant, l'autre
ne l'est pas. Dans ce cas le même acte sera commercial pour l'une des parties et civil pour l'autre.

Paragraphe deuxième : sortes d’actes de commerce

Les actes de commerce, sont de diverses sortes. Les principales catégories sont: les actes de
commerce par nature et les actes de commerce par la forme. La complexité même de l’activité
commerciale justifie l’extension de la nature commerciale à divers actes et engagements qui finissent
par être soumis au même régime que les actes de commerce stricto sensu.

1. Les actes de commerce par nature

A. Caractère

1° Définition

Au terme de l’article 3 de l’AUDCG, l’acte de commerce par nature est celui par lequel une

personne s’entremet dans la circulation des biens qu’elle produit ou achète ou par lequel elle
fournit des prestations de service avec l’intention d’en tirer un profit pécuniaire.

Il se dégage de la définition législative de l’acte de commerce (par nature) de nombreux


aspects qui portent sur l’auteur de l’acte, son objet ainsi que son critère fondamental la cause de l’acte.

 L’auteur de l’acte de commerce. L’accomplissement des actes de commerce n’est pas


l’apanage des seuls commerçants. L’article 3 de l’acte uniforme sur le droit commercial général
dit qu’il s’agit d’un acte par lequel ‘’une personne’’. L’usage de l’article indéfini ‘’une’’ laisse
entendre que toute personne peut prétendre le risque d’accomplir un acte auquel la loi
reconnait un caractère commercial et se placer ainsi dans le champ d’action des juridictions
commerciales auxquelles la loi reconnait la compétence sur les conflits relatifs aux actes de
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commerce (art.17 de la loi du 3/7/2001, portant organisation et fonctionnement des tribunaux de


commerce).
 L’objet de l’acte de commerce. L’acte de commerce peut consister en la mise en circulation
d’un bien ou en la prestation d’un service. La mise en circulation d’un bien peut impliquer le
transfert de la propriété sur ce bien. Dans ce cas, l’acte de commerce est translatif. Tel est le
cas de la vente, l’apport en société d’un bien meuble ou immeuble… Il arrive aussi que la mise
en circulation du bien n’emporte que l’usage et la jouissance d’un bien sans que le bénéficiaire
n’en revendique l’acquisition de la propriété. C’est l’hypothèse d’un acte de commerce non
translatif de propriété à l’exemple du bail professionnel d’immeuble, du bail de meuble (location
de véhicule, de wagon de marchandise…). De nombreux autres actes de commerce consistent
simplement en la prestation d’un service. Dans ce cas, le bénéficiaire ne jouit que de certaines
facilités. C’est le cas du transport, de la télécommunication, du courtage…
 La cause de l’acte. L’acte de commerce est accompli dans l’intention de tirer un profit
pécuniaire. La recherche du profit est le critère qui permet de distinguer l’acte de commerce de
l’acte de consommation. En effet, la plupart des actes de commerce sont matériellement
similaires aux actes civils de consommation. C’est la recherche du profit pécuniaire dans le chef
de l’une des parties ou de toutes les parties à l’acte qui fait la différence. Les éléments
matériels du bail d’immeuble sont le même pour le bail civil que pour le bail à usage
professionnel. La différence des régimes vient simplement du fait que, dans ce dernier cas, le
preneur entend exercer dans les lieux une activité lucrative (ce qui est professionnel c’est ce
qui est accompli pour la production des richesses, même de manière indirecte).

2° Sortes d’actes de commerce par nature

a) Enumération des actes de commerce par nature

Au terme de l’article 4 de l’AUDCG, ont, notamment, le caractère d’actes de commerce par


nature :

 L’achat de biens meubles ou immeubles, en vue de leur revente ;


 Les opérations de banque, de bourse, de change, de courtage, d’assurance et de transit ;
 Les contrats entre commerçants pour les besoins de leur commerce ;
 L’exploitation industrielle des mines, carrières et de tout gisement de ressources naturelles ;
 Les opérations de location de meubles :
 Les opérations de manufacture, de transport et de télécommunication ;
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 Les opérations de intermédiaires de commerce, telles que la commission, le courtage, l’agence,


ainsi que les opérations d’intermédiaire pour l’achat, la souscription, la vente ou la location
d’immeubles, e fonds de commerce, d’actions ou de parts de société commerciale ou
immobilière ;
 Les actes effectués par les sociétés commerciales.
b) Portée de l’énumération

La formulation énonciative de l’article 4 (‘’ont notamment…’’) laisse facilement comprendre


que la liste des actes de commerce par nature n’est pas limitative. Par ailleurs, elle contient des
expressions qui permettent d’étendre le caractère d’acte de commerce par nature à des catégories
d’actes juridiques qui ne sont pas expressément citées. Il en est ainsi des ‘’contrats entre commerçants
pour les besoins de leur commerce’’ ou des ‘’actes effectués par les sociétés commerciales’’. La liste
légale des actes de commerce par nature est ainsi truffée de nombreuses formules globalisantes au
point qu’il faut considérer qu’il s’agit en fait, des ‘’genres’’ et non des ‘’espèces’’ d’actes de commerce.

2. Les actes de commerce par la forme

D’après l’article 4 de l’AUDCG, ont notamment le caractère d’actes de commerce, par leur
forme, la lettre de change, le billet à ordre et le warrant. Ces actes sont des effets de commerce.

A. Notions sur les effets de commerce

1° Définition

Un effet de commerce est un titre (un écrit) négociable qui donne droit au paiement d’une
somme d’argent, à vue ou à une échéance assez proche. Il constate ainsi une créance à court terme et
sert de moyen de paiement. C’est en cela qu’il diffère d’ailleurs des effets financiers tels que les valeurs
mobilières et les lettres de garantie (autonome), encore qu’ils aient en commun l’inopposabilité des
exceptions.

Les effets de commerce sont des titres négociables. La transmission des créances qu’ils
constatent s’opère en application des règles simplifiées du droit commercial (endossement) et non
suivant les formalités conflictogènes à la cession de créances.

B. Sortes d’actes de commerce par forme

1°La lettre de change


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La lettre de change ou ‘’traite’’ est un écrit par lequel une personne (le tireur) invite une
deuxième personne (le tiré) à une troisième personne (le bénéficiaire ou porteur) une somme d’argent à
échéance donnée ou à l’ordre de ce bénéficiaire. Elle stipule un mandat inconditionnel de paiement
dont l’engagement est manifesté par l’endossement du titre par le tiré. Le crédit documentaire (traite
documentaire ou Credoc) d’usage dans le commerce international constitue l’une des modalités de la
lettre de change.

Le tireur ainsi que tous les autres endosseurs sont solidairement responsables de
l’engagement en cas de non-exécution par le tiré.

2° Le billet à ordre

Le billet ‘’à ordre’’ est un effet de commerce par lequel le tireur dit aussi le souscripteur se
reconnait débiteur du bénéficiaire auquel il promet de payer une certaine somme d’argent à un certain
terme spécifié sur le tiré6. Il peut être avalisé ; l’aval étant un engagement supplémentaire de paiement
qu’une autre personne consent en plus de l’engagement du souscripteur. L’aval est différent du
cautionnement en ce que le donneur d’aval demeure engagé même sir l’obligation garantie est nulle en
vertu du caractère abstrait et formel du billet à ordre qui est un billet non causé. Les garanties et les
contre-garanties autonomes sont des formes améliorées de sûretés personnelles qui ont vocation à les
supplanter.

3° Le warrant

Le warrant est un titre établi par le dépositaire des marchandises à la personne qui prouve avoir
le droit d’en disposer librement. Il constate un gage des stocks (sans dépossession).

Son établissement est destiné à permettre la mise en gage de marchandises dans le cadre d’un
contrat de crédit. Le dépôt dans un magasin général, donne lieu à la délivrance d’un récépissé (parfois
appelé cédule) qui est remis au déposant et d’un ‘’warrant’’. Les récépissés et les warrants sont des
documents commerciaux endossables. A l’échéance du crédit, à défaut de paiement de la créance
gagée, le porteur du warrant peut faire réaliser son gage.

6La lettre de change et le billet à ordre différent du chèque en ce que ce dernier est payable à vue et sur présentation à
moins qu’il y ait stipulation d’une échéance.
17

Section deuxième : LE STATUT DES PROFESSIONNELS DU COMMERCE

Aux termes de l’article 2 de l’Acte uniforme précité, « est commerçant celui qui fait de
l’accomplissement d’actes de commerce par nature sa profession ». Ainsi, deux conditions cumulatives
sont exigées pour avoir la qualité de commerçant, à savoir :
 l’accomplissement d’actes de commerce par nature ;
 l’exercice du commerce à titre de profession.

Le principe consacré par le législateur OHADA est fondé sur l’accomplissement des actes de
commerce par nature. La qualité de commerçant n’est donc pas reconnue à celui qui ne fait que des
actes de commerce par la forme (en signant des lettres de change, par exemple) ou à celui qui
accomplit des actes de nature purement civile.

Il peut cependant arriver que le commerçant accomplisse un acte civil par nature (achat d’une
camionnette pour ses livraisons), mais qui devient commercial par accessoire, tout comme, en certaines
circonstances un acte peut être qualifié « acte mixte », parce que civil pour l’une des parties (simple
particulier) et commercial pour l’autre (commerçant ou société commerciale).

L’accomplissement d’actes de commerce par nature doit être fait à titre de profession. Il importe
que le commerçant agisse en professionnel, en d’autres termes, dans un cadre organisé. Le législateur
n’exige cependant pas que l’accomplissement d’actes de commerce se fasse à titre de profession
habituelle, même s’il reste vrai qu’il est rare, en pratique, qu’une personne physique commerçante
n’accomplisse pas d’actes de commerce de façon habituelle.
Néanmoins, l’on pourrait concevoir l’hypothèse d’un commerçant qui aurait acquis cette qualité
en accomplissant qu’un acte de commerce isolé (achat d’un fonds de commerce, par exemple) non
suivi d’autres actes commerciaux.

Le statut des personnes qui accomplissent les actes de commerce à titre de profession est
déterminé principalement par leur pondération sur le marché (art 2 AUDCG). Elles sont commerçants,
personnes physiques ou morales, entreprenants ou petits commerçants.
18

Paragraphe premier : LES PERSONNES PHYSIQUES

Les personnes physiques exerçant les actes de commerce à titre de profession sont classées
en trois catégories : les personnes assujetties à l’immatriculation au RCCM, les entreprenants et les
micros entreprises.

1. Critère de catégorisation : le chiffre d’affaires

A. Notions

1° Définition

Le chiffre d’affaires est le montant global des recettes provenant de la réalisation des activités
commerciales (ventes des biens ou prestation des services). C’est le critère souvent utilisé pour
déterminer la pondération d’une entreprise sur le marché au regard de sa clientèle. Il peut être
journalier, mensuel, annuel…

2° Utilité du critère du chiffre d’affaires

Les personnes physiques qui entendent exercer licitement le commerce à titre de profession
sont soumises à des conditions de capacité. Le critère permettant de les distinguer des autres est le
chiffre d’affaires annuel.

a. Seuil du chiffre d’affaires

Les articles 30 de l’AUDCG et 13 de l’AUC fixent les seuils des chiffres d’affaires au-dessus
desquels l’exercice licite du commerce par une personne physique est subordonné à l’immatriculation
au RCCM. Ces seuls sont :

 60 millions de FCFA pour les entreprises de négoce (opération de vente principalement) ;


 40 millions de FCFA pour les entreprises artisanales et assimilées ;
 20 millions de FCFA pour les entreprises de service.

2. Sortes des personnes physiques exerçant le commerce

A. Les personnes physiques assujetties à l’immatriculation

Sont assujetties à l’immatriculation au RCCM, les personnes physiques exerçant une activité
commerciale dont le chiffre d’affaires annuel dépasse les seuils prévus par les articles 30 de l’AUDCG
19

et 13 de l’AUC. A défaut de le faire, elles tombent dans l’illégalité et peuvent se voir infliger des
sanctions civiles et même pénales.

1°Droits du commerçant

La personne qui exerce légalement les activités commerciales bénéficie de nombreux


avantages sur le plan juridique :

 Le bénéfice de l’application du régime commercial. Le régime du droit commercial contient de


nombreux aspects avantageux pour les personnes qui exercent de manière licite leur activité.
Ces avantages concernent notamment :
o Les modes d’administration de la preuve ;
o Le bénéfice des courts délais de prescription des actions en matière commerciale ;
o La limitation de la responsabilité lorsque l’activité est exercée dans le cadre d’une
société ;
o La suspension des poursuites individuelles des créances en cas d’ouverture d’une
procédure collective d’apurement de passif…
 L’usage exclusif du nom commercial. Le commerçant a le droit d’user de manière exclusive de
l’appellation désignant son entreprise. Celle-ci devint un des signes distinctifs qui sert à attirer
la clientèle. Elle fait partie des éléments obligatoires du fonds de commerce.

2° Obligations du commerçant

1. de manière générale

En plus de l’immatriculation au RCCM, le commerçant a de nombreuses obligations à


assumer dans le cadre de sa profession :

 L’immatriculation au RCCM. L’immatriculation au RCCM ne confère pas la qualité de


commerçant. Elle établir simplement une présomption de cette qualité. Cependant, elle
constitue une condition très importante pour l’exercice du commerce. La personne qui exerce
les activités commerciales sans requérir son immatriculation au RCCM n’est pas moins
commerçante. Elle s’expose cependant à des sanctions civiles et pénales prévues par la loi.
 L’obligation d’un numéro d’identification nationale. Toutes les entreprises commerciales
(individuelles ou sociétaires) doivent, en plus de l’immatriculation au RCCM, être identifiées au
niveau national. Elles obtiennent ainsi un numéro qui leur est attribué par le ministère national
de l’économie ou, par délégation, par le Chef de division provinciale de l’Economie (ordonnance
20

n°73-236 du 13/08/1973). Le défaut de l’identification nationale expose le commerçant à des


sanctions pénales et civiles. Dans ce dernier cas, il ne peut ni obtenir un crédit à la banque, ni
conclure des contrats avec l’administration.
 La tenue régulière de la comptabilité. La liste des entités assujetties à une tenue de la
comptabilité générale couvre toutes les unités économiques exerçant des activités susceptibles
de générer un revenu. N’en sont exclues que les entités qui, par une disposition expresse, sont
soumises aux règles de la comptabilité publique ou à un régime comptable particulier. Il en est
ainsi des banques, des compagnies d’assurance, des établissements financiers…La défaillance
dans la tenue des livres comptables et la tenue irrégulière des livres comptables sont
sanctionnés civilement et pénalement. Au plan civil, il va de soi que les livres comptables
irrégulièrement tenus n’ont aucune valeur probante. Au plan pénal, il est de principe que
l’embellissement des livres comptables est une opération frauduleuse visant à tromper soit les
tiers, soit l’administration fiscale. Ils sont constitutifs de l’infrastructure de faux et usage de faux
qui est punie par les articles 124 à 126 du Code pénal, livre II. Par ailleurs, le défaut de
communication au Ministère de l’économie nationale des tableaux de synthèse dans les six
mois qui suivent la clôture de l’exercice comptable est puni d’un an à six mois de SPP et/ou
d’une amende. D’après l’article 2 de l’AUC, la mise en place d’une comptabilité dite comptabilité
générale concerne :
o Les entreprises soumises aux dispositions du droit commercial ;
o Les entreprises publiques parapubliques et d’économie mixte ;
o Les coopératives ;
o Et, plus généralement, les entités produisant des biens et des services marchands ou
non marchands, dans la mesure où elles exercent, dans un but lucratif ou non, des
activités économiques à titre ou accessoire qui se fondent sur des actes répétitifs.

2. les obligations spécifiques

1. la capacité commerciale

A. Portée de la capacité en matière commerciale

Nul ne peut accomplir les actes de commerce à titre de profession s’il est juridiquement
capable d’exercer le commerce (art. 6-AUDCG). La capacité commerciale est bien plus exigeante que
la capacité civile. Elle vise non l’accomplissement de quelques actes mais l’exercice d’une profession.
Ainsi, pour accomplir les actes de commerce à titre de profession, il faut avoir la capacité d’accomplir à
la fois les actes de disposition et les actes d’administration.
21

1° Des incapables mineurs et majeurs

A la différence des incapacités de droit civil qui visent les actes, celles de droit commercial
visent la profession. Par conséquent :

 Les mineurs non émancipés ne peuvent exercer le commerce ni par eux-mêmes, ni par leurs
représentants (le mineur émancipé a, par contre, sa pleine capacité et peut exercer le
commerce sans restriction) ;
 Les interdits ne peuvent pas exercer le commerce car ils sont incapables de ses gouverner et
de gérer leurs biens mais les actes accomplis par un interdit lui sont toutefois opposables mais
ils sont inopposables au tiers de bonne foi (celle-ci étant toujours présumée, art.12-AUDCG) ;
 Les prodigues et les faibles d’esprit ne peuvent s’acquitter normalement des obligations
ordinaires d’un commerçant car il faudrait une autorisation spéciale ou une assistance pour
accomplir chaque acte de commerce.

2°La femme mariée

L’AUDCG ne fait aucune allusion à l’incapacité de la femme mariée à faire le commerce,


encore moins à s’associer dans une société commerciale. Il s’agit d’une évolution dans la perception de
la capacité de la femme mariée qui se fonde notamment sur les principes tels que l’égalité des sexes,
l’indépendance de la femme mariée prônés par les instruments juridiques internationaux dûment ratifiés
par la RD Congo, encore que la législation interne continue de porter les stigmatiques du pouvoir
marital sur l’activité juridique de son épouse (voir l’article 17 de la loi 15/08/2015 sur la parité).

L’exercice concurrent des activités commerciales par les conjoints est cependant encadré par
les dispositions suivantes :

 Le conjoint d’un commerçant n’aura la qualité de commerçant que s’il accompli les actes de
commerce à titre de profession habituelle, et séparément de ceux de son époux (article 7) ;
 Les époux ne peuvent créer une société entre eux si leurs engagements sont limités à leur
contribution au capital.

2. incompatibilité et interdiction à exerce le commerce

A. Les incompatibilités

La question des incompatibilités relève de l’article 8 de l’Acte uniforme qui dispose : « nul ne
peut exercer une activité commerciale lorsqu’il est soumis à un statut particulier établissant une
22

incompatibilité ». Les incompatibilités ont pour objet d’interdire le cumul d’une activité commerciale avec
certaines fonctions ou professions. Des règlements professionnels prohibent aussi le cumul avec le
commerce (cas des médecins et des avocats, par exemple).

La principale raison de cette interdiction est donc de protéger la fonction ou profession contre
tout risque de spéculation de nature à réduire son indépendance, par exemple. Aux termes des
dispositions de l’article 9 de l’Acte uniforme, « l’exercice d’une activité commerciale est incompatible
avec les fonctions ou professions suivantes :
 Fonctionnaires et personnels des collectivités publiques et des entreprises à participation
publique ;
 Officiers ministériels et auxiliaires de justice : avocat, huissier, commissaire-priseur, agent de
change, notaire, greffier, administrateurs et liquidateur judiciaire ;
 Expert-comptable agréé et comptable agréé, commissaire aux comptes et aux apports, conseil
juridique, courtier maritime ;
 Plus généralement, de toute profession dont l’exercice fait l’objet d’une réglementation
interdisant le cumul de cette activité avec l’exercice d’une profession commerciale ».

L’incompatibilité ne doit pas être contournée par le truchement d’une personne interposée exerçant
le commerce pour le compte de la personne dont la fonction ou la profession est incompatible avec les
activités commerciales. L’inobservation de ce régime peut entraîner des sanctions professionnelles ou
disciplinaires à l’égard du concerné qui reste cependant tenu par les engagements pris.

Les actes accomplis par une personne se trouvant dans une situation d’incompatibilité sont
néanmoins valables. Cette disposition permet de protéger les intérêts des tiers de bonne foi qui ont
traité avec une telle personne. Ainsi, l’incompatibilité ne constitue pas une cause automatique de nullité
des actes accomplis irrégulièrement.

B. Les interdictions d’exercer le commerce

Les interdits d’exercer le commerce sont des sanctions prononcées contre les personnes
considérées comme indignes d’exercer le commerce du fait de leur comportement. Elles découlent
donc d’une décision prononcée par une juridiction étatique ou professionnelle. Elles peuvent être
générales ou spéciales, définitives ou temporaires (art. 10-AUDCG) et sont commandées par le souci
d’assainir le monde des affaires en écartant toutes les personnes qui sont indignes d’en faire partie. Le
commerçant interdit de poursuivre sa profession doit être, radié du registre de commerce.
23

L’exercice du commerce en violation des mesures d’interdiction peut être sanctionné


pénalement (lire, par exemple, les articles 15 et 80 de la loi 002/2002 du 02.02.2002 sur les
établissements de crédit). En plus des sanctions pénales, la personne interdite se voit appliquer des
sanctions civiles. Elle ne peut donc pas se prévaloir de sa faute pour échapper aux règles rigoureuses
de droit commercial.

B. L’entreprenant

1°Notions

L’entreprenant est un entrepreneur individuel, personne physique qui, sur simple déclaration,
exerce une activité professionnelle civile, commerciale, artisanale ou agricole (art. 30-AUDCG). Les
petites entreprises prévues en droit interne7 correspondent ainsi à l’entreprenant et sont soumises aux
obligations prévues pour cette catégorie des professionnels.

L’existence dans la chaine des professionnels du commerce des entreprenants dont le statut
est distinct de celui des commerçants démontre que l’accomplissement des actes de commerce à titre
de profession n’est pas l’apanage des seuls commerçants.

Le statut d’entreprenant est un état transitoire et intermédiaire entre celui des très petites
entreprises et celui des personnes assujetties à l’immatriculation. Les pouvoirs publics sont invités à
prendre des mesures incitatives pour l’activité de l’entreprenant, notamment en matière d’imposition
fiscale et d’assujettissement aux charges sociales.

2°Seuil d’admission au statut d’entreprenant

L’entreprenant conserve ce statut si le chiffre d’affaires annuel généré par son activité
pendant deux exercices successif n’excède pas les seuils fixés à l’art. 13-AUDCG.

Lorsque durant deux années consécutives, le chiffre d’affaires de l’entreprenant excède les
limites fixées, il est tenu, dès le premier jour de l’année suivante et avant la fin du premier trimestre de
cette année de respecter toutes les charges et obligations applicables à l’entrepreneur individuel
(commerçant). Dès lors, il perd sa qualité d’entreprenant et ne bénéficie plus de la législation spéciale
applicable à l’entreprenant.

7 D’après l’ordonnance n°13/006 du 23/02/2013 sur le régime fiscal applicable aux entreprises de petite taille, les petites
entreprises sont unités économiques dont le chiffre d’affaire annuel est supérieur à dix millions de francs congolais mais ne
dépasse pas quatre-vingt millions de francs congolais. En vue de faciliter leur promotion, la loi les soumet au système
minimal de trésorerie pour la tenue de leur comptabilité. Elles s’acquittent de l’impôt sur les bénéfices et profits à un taux
forfaitaire de 1 à 2% de leur chiffre d’affaires annuel.
24

3°Droits et obligations de l’entreprenant

 Droits de l’entreprenant : L’entreprenant est, bien entendu, dispensé de l’obligation


d’immatriculation au RCCM. Les obligations nées à l’occasion de l’activité des entreprenants se
prescrivent, comme pour les commerçants, par cinq ans, si elles ne sont pas soumises à des
prescriptions plus courtes. Il doit simplement y déclarer son activité et ce, sans frais.
 Obligations de l’entreprenant : Les principales obligations de l’entreprenant concernent :
o La tenue, au jour le jour, d’un livre mentionnant chronologiquement l’origine et le
montant de ses ressources, en distinguant les règlements en espèces des autres
modes de règlement d’une part, la destination et le montant de ses emplois d’une part ;
ledit livre doit être conservé pendant cinq ans au moins ;
o La tenue, pour l’entreprenant qui exerce des activités de vente de marchandises,
d’objets, de fournitures et denrées ou de fourniture de logement, d’un registre,
récapitulé par année, présentant le détail des achats et précisant leur mode de
règlement et les références des pièces justificatives, lesquelles doivent être conservée.

C. La micro entreprise

1°Notions

Les micros entreprises sont des unités économiques dont le chiffre d’affaires annuel ne
dépasse pas dix millions de francs congolais. Elles relèvent du petit commerce que l’ordonnance-loi 90-
046 du 8/8/1990 portant règlement du petit commerce tel que modifié et complété à ce jour définit
comme l’activité par laquelle une personne vend des denrées et marchandises en petite quantité, à
domicile, sur un marché public, de manière ambulance… Il peut s’agir aussi de la prestation des
services à très petite échelle.

2° exercice du petit commerce

Quant à l’exercice du petit commerce, il est subordonné à la détention d’une patente. Celle-ci
est octroyée seulement aux nationaux et les activités qu’elle prescrit ne sont exercées que par eux.
C’est l’ordonnance loi de 1990 qui régit le petit commerce. Par dérogation aux dispositions RCCM,
l’exercice du petit commerce n’est subordonné qu’à la détention d’une patente.

On entend par petit commerce, le commerce de toutes denrées, marchandises et autres biens
de consommation courante effectuée par la vente à l'acheteur, soit au domicile même du vendeur, soit
de porte à porte ou de place en place soit encore sur les marchés publics.
25

Sont assimilés au petit commerce, le petit transport de personnes ou de marchandises ainsi


que toute entreprise artisanale.

Sont exemptés de la patente, les cultivateurs, les éleveurs, les pêcheurs, les chasseurs qui, au
jour fixé par l'autorité locale, vendent au marché les produits de leur cueillette, de l'élevage, de la pêche
ou de la chasse8.

Est assimilée à la vente sur la voie publique, la vente effectuée dans un kiosque ou un petit
local de même dimension, même établi en dur, tenu par une seule personne et n'offrant aucun accès
direct aux clients, la vente étant effectuée par le biais d'un guichet fenêtre.

Les commerçants patentés sont libres d'adhérer à la législation sur la patente soit de relever de
la législation sur le registre du commerce, pourvu que dans ce dernier cas, ils tiennent tous les livres
commerciaux, déposent chaque année le bilan de leurs activités et procèdent aux déclarations de
revenus conformément à la loi.

La patente mentionne les noms, domicile et nationalité du titulaire ainsi que la commune où il
fait le commerce, la raison sociale sous laquelle il agit et la nature de ses opérations.

La patente n’est pas un impôt, mais un titre qui donne à son détenteur une autorisation
d’exercer une activité économique susceptible de procurer un revenu9. La carte de la patente constitue
une autorisation annuelle délivrée par l’autorité locale compétente (bourgmestre ou administrateur du
territoire) pour exercer le petit commerce.

Cette carte fait office de registre de commerce pour son détenteur et dispense ce dernier de
l’obligation de tenir les livres de commerce et sert de support matériel pour l’apposition du timbre fiscal
relatif au paiement de l’impôt forfaitaire trimestriel.

Il existe deux de carte de la patente:

 la carte de la patente artisanale


 la carte de la patente commerciale

L’obtention de la patente se fait aux conditions suivantes10 :

 Etre de nationalité congolaise ;

8 Article 5 l’ordonnance loi n°90-046 des 08 août-1990 portantes réglementations du petit commerce.
9 KAKONGE K., Vade mecum du contribuable, éd. KADIS, Likasi 2000, p.42
10 Article 4 l’ordonnance loi n°90-046 des 08 août-1990 portantes réglementations du petit commerce.
26

 Savoir peser et mesurer correctement les produits, calculer correctement les prix d’achat et de
vente, tenir une comptabilité tout au moins sommaire de ses opérations commerciales ;
 Disposer des mesures de capacité, de longueur, de poids et des instruments de pesage prévus
par les lois ou les règlements et nécessaires à son activité commerciale ;
 N’être ni magistrat, ni agent des services publics ou para- étatiques, ni l’épouse ou un
intermédiaire de l’une de ces personnes ;
 N’avoir pas été condamné depuis moins de trois ans du chef de vol, abus de confiance,
tromperie, escroquerie, faux en écritures, usage de faux, vente illégale de boissons alcooliques,
détention de chanvre, hausse illicite de prix ou non affichage de prix, à une peine de service
pénale principale de trois mois ou plus.

Au début de chaque année, la personne physique assujettie au régime de la patente se


présente auprès de l’autorité administrative de sa juridiction (commune ou territoire) pour obtenir
moyennant paiement d’une redevance, la carte de la patente.

La patente est valable pour une année civile; elle expire donc au 31 décembre de l’année
concernée. Elle n’est valable que pour l’entité administrative décentralisée et l’activité pour laquelle elle
est délivrée.

Paragraphe deuxième : PERSONNES MORALES ET INTERMEDIAIRES DE COMMERCE

La loi étant le statut de commerçant aux intermédiaires qui, pourtant, n’accomplissent pas les
actes de commerce à titre personnel. Ils sont cependant des agents qui apportent un appui substantiel
aux commerçants personnes physiques ou personnes morales.

1. Les personnes morales

Les actes de commerce peuvent aussi être accomplis, à titre de profession, par des
personnes morales. Celles-ci peuvent être de droit public ou de droit privé.

A. Les personnes morales de droit public

Les personnes morales de droit public accomplissant, à titre de profession, les actes de
commerce sont dites ‘’entreprises publiques’’. Elles sont soumises, pour ce faire, à l’obligation
d’immatriculation au RCCM.
27

Le défaut de remplir cette formalité les expose à des sanctions civiles (perte de avantages
reconnus normalement aux commerçants) en même temps les personnes physiques sur qui pèse
l’accomplissement de cette formalité peuvent voir leur responsabilité pénale engagée.

B. Les personnes morales de droit privé

Les personnes de droit privé peuvent à but lucratif ou sans but lucratif. Dans tous les cas,
leur substance en tant que sujet de droit viable et autonome commande l’accomplissement des activités
susceptibles de leur procurer des revenus.

1°Les associations sans but lucratif

Les associations sans but lucratif accomplissent généralement des activités commerciales ou
industrielles pour leur autofinancement. Elles ne sont pas pour autant assujetties à l’obligation de
l’immatriculation au RCCM.

2° Les associations sans but lucratif (Les sociétés)

Les sociétés sont des organisations créées aux fins d’exploiter une activité lucrative dont les
bénéfices sont au profit de leurs créateurs. Elles peuvent être civiles ou commerciales.

Ainsi, les sociétés dites ‘’commerciales’’ ne sont pas les seuls personnes morales pouvant
accomplir des actes lucratifs. Toutefois, lorsqu’une société a pour objet social une activité que la loi
place dans la catégorie des actes de commerce par nature, elle doit être créée suivant les règles de
droit commercial contenues dans l’AUSCGIE.

b. Conditions de création des sociétés commerciales

L’AUSCGIE détermine les conditions de fond et de forme requises pour la constitution d’une
société commerciale. De manière lapidaire, ces conditions sont :

 La constitution d’un capital réalisée par les apports en numéraire et en nature des associés (les
apports en industrie étant aussi admis) ;
 L’établissement d’un écrit appelé ‘’statuts’’ qui détermine, dans le respect de la loi, les
modalités d’organisation et de fonctionnement de la société ;
 L’immatriculation de la société au RCCM qui permet à cette dernière d’acquérir la personnalité
juridique ;
 La publication des statuts et des autres actes au journal officiel ou dans tout autre journal
habilité pour ce faire pour assurer l’opposabilité de l’existence de la société et de ses actes.
28

1) Formes des sociétés commerciales

La loi organise cinq formes des sociétés commerciales :

 La société en nom collectif (SNC) ;


 La société en commandite simple (SCS) ;
 La société à responsabilité limitée (SARL) ;
 La société anonyme (SA) ;
 La société par actions simplifiées (SAS).

2. Les intermédiaires de commerce

L’Acte uniforme a prévu deux régimes. D’une part, le régime général applicable à tous les
intermédiaires de commerce. D’autre part, le régim e spécifique à chaque catégorie d’intermédiaires de
commerce.

A. régime général
L’intermédiaire de commerce est, par définition, toute personne physique ou morale qui a le
pouvoir d’agir, ou entend agir, habituellement et professionnellement pour le compte d’une autre
personne, commerçante ou non, afin de conclure avec un tiers un acte juridique à caractère
commercial.
Il ressort de cette définition que pour être intermédiaire de commerce, il faut :
 Etre une personne, c’est-à-dire un être humain considéré en tant qu’individu (personne
physique) ou un groupement doté de la personnalité juridique (personne morale) ;
 Etre capable, c’est-à-dire avoir le pouvoir d’agir ;
De plus, les actes posés doivent :
 Avoir un caractère habituel, ce qui signifie avoir une certaine fréquence dans le temps et être
fait à titre de profession ;
 Être accomplis pour le compte d’une autre personne (mandant) afin de conclure avec un tiers
un acte juridique à caractère commercial.
Parce qu’il pose des actes juridiques à caractère commercial, l’intermédiaire de commerce est
donc un commerçant. A ce titre, il est soumis aux dispositions de l’Acte uniforme relatives à l’exercice
du commerce et aux conditions d’accès aux professions d’intermédiaires de commerce, ainsi qu’aux
conditions particulières à chaque catégorie d’intermédiaires visés par l’Acte uniforme.

1° Constitution et étendue des pouvoirs de l’intermédiaire de commerce


29

a. Constitution de l’intermédiaire

L’intermédiaire de commerce est une personne physique ou morale qui agit pour le compte
d’une personne, commerçante ou non. Il s’agit donc d’un « contrat de mandat » qui engendre des
relations entre l’intermédiaire (« mandataire ») et le représenté (« mandant »). Ce mandat n’est soumis
à aucune forme particulière : il peut être verbal ou écrit. En l’absence d’écrit, il peut être prouvé par tous
moyens, y compris par témoin.

b. Pouvoirs de l’intermédiaire
L’étendue du mandat de l’intermédiaire de commerce est déterminée, sauf stipulation expresse
du contrat, par la nature de l’affaire à laquelle il se rapporte. Le mandat comprend le pouvoir d’accomplir
les actes juridiques nécessités par son exécution. Cependant, ce pouvoir connait des limites.
En effet, l’intermédiaire ne peut, sans un pouvoir spécial, engager une procédure judiciaire,
transiger, compromettre, souscrire des engagements de change, aliéner ou grever des immeubles, ni
consentir de donation.
De même, l’intermédiaire qui a reçu des instructions précises ne peut s’en écarter, sauf à établir
que les circonstances ne lui ont pas permis de rechercher l’autorisation du représenté, lorsqu’il y a lieu
d’admettre que celui-ci l’aurait autorisé s’il avait été informé de la situation.

2°Effets juridiques des actes accomplis par l’intermédiaire


Les effets juridiques des actes accomplis par l’intermédiaire de commerce varient
principalement selon qu’il a agi ou pas dans les limites de son pouvoir, et selon que les tiers
connaissaient ou ne pouvait légitimement ignorer sa qualité d’intermédiaire.
Les actes de l’intermédiaire auront des effets tant à l’égard du constituant (le représenté) qu’à l’égard
des tiers.
a. A l’ égard du constituant (« représenté »)
D’une manière générale, la responsabilité de l’intermédiaire est soumise aux règles du mandat.
Ainsi, l’intermédiaire est responsable envers le représenté de la bonne et fidèle exécution du mandat. Il
est tenu de l’exécuter personnellement, à moins qu’il ne soit autorisé à le transférer à un tiers, qu’il y
soit contraint par les circonstances ou que l’usage permette une substitution de pouvoirs.
Lorsque l’intermédiaire agit sans pouvoir ou au-delà de son pouvoir, ses actes, ne lient pas le
représenté. Toutefois, lorsque le comportement du représenté conduit le tiers à croire, raisonnablement
et de bonne foi, que l’intermédiaire à le pouvoir d’agir pour le compte du représenté, ce dernier ne peut
se prévaloir à l’égard dudit tiers du défaut de pouvoir de l’intermédiaire.
30

En tout état de cause, un acte accompli par un intermédiaire qui agit sans pouvoir ou au-delà
de son pouvoir, peut être ratifié par le représenté.

b. A l’ égard des tiers


Lorsque l’intermédiaire agit pour le compte d’un représenté dans les limites de son pouvoir, ses
actes ne le lient personnellement au tiers que dans les deux cas suivants :
 Si le tiers ne connaissait pas ou n’était pas censé connaître la qualité de l’intermédiaire ;
 Si les circonstances de l’espèce, notamment par référence à un contrat de commission,
démontre que l’intermédiaire a entendu n’engager que lui-même.
L’intermédiaire qui agit sans pouvoir, ou au-delà de son pouvoir, est tenu, en l’absence de
ratification, d’indemniser le tiers afin de rétablir ce dernier dans la situation qui aurait été la sienne si
l’intermédiaire avait agi en vertu d’un pouvoir et dans les limites de ce pouvoir. Notons que le mandat de
l’intermédiaire cesse par :
 L’accord entre le représenté et l’intermédiaire ;
 L’exécution complète de l’opération ou des opérations pour lesquelles le pouvoir a été conféré ;
 La révocation à l’initiative du représenté : La révocation abusive du mandat donne droit à
l’indemnisation de la victime (qu’elle soit le représenté ou l’intermédiaire) ;
 La renonciation de l’intermédiaire.

B. REGIMES SPECIFIQUES
Comme indiqué précédemment, l’intermédiaire est soumis aux règles régissant le mandat tel
qu’organisé par le Code civil livre III. Cependant, certains intermédiaires sont, outre les règles du Code
civil livre III, régis par des règles particulières. C’est le cas du commissionnaire, du courtier et de l’agent
commercial.
L’intermédiaire de commerce est celui qui a le pouvoir d’agir ou entend agir, habituellement et
professionnellement pour le compte d’une autre personne, commerçante ou non, afin de conclure avec
un tiers un acte juridique à caractère commercial (art. 69-AUDCG). L’intermédiaire de commerce, qui
peut être une personne physique ou morale a le statut de commerçant et est soumis, de ce fait, aux
conditions générales d’exercice des activités de commerce.

La loi prévoit trois sortes d’intermédiaires de commerce : le commissionnaire, le courtier et


l’agent commercial.

1°. Le commissaire
31

Le commissaire est un professionnel qui, moyennant le versement d’une commission, se


charge de conclure tout acte juridique en son propre nom mais pour le compte du commettant qui lui en
donne mandat (art. 192-AUDCG). Il est lié au mandant par un contrat de commission. Celui-ci peut
contenir des instructions et des indications.

2°. Le courtier

Le courtier est un professionnel qui met en rapport des personnes en vue de faciliter ou faire
aboutir la conclusion de convention entre ces personnes (art/208). Il demeure indépendante des parties
et doit limiter ses activités à la mise en relation des personnes qui désirent contracter, et à l’organisation
des démarches propres à faciliter l’accord entre elles. Il ne peut non plus intervenir personnellement
dans une convention sans l’accord des parties.

3°. L’agent commercial

L’agent commercial est un mandataire professionnel chargé de façon permanente de négocier


et, éventuellement, de conclure des contrats de vente, d’achat, de location ou de prestation de services,
au nom et pour le compte de producteurs, d’industriels, de commerçants, ou d’autres agents
commerciaux, sans être lié envers eux par un contrat de travail (art. 216).

Le contrat entre l’agent commercial et son mandant est conclu dans l’intérêt commun des
parties. Les deux parties sont tenues, l’une envers l’autre, d’une obligation de loyauté et d’un devoir
d’information. L’agent commercial doit exécuter son mandat en bon professionnel ; le mandant doit
mettre l’agent commercial en mesure d’exécuter son mandant.
32

Chapitre deuxième : REGISTRE DU COMMERCE ET DU CREDIT MOBILIER

Section première : CONDITIONS DE L’IMMATRICULATION AU RCCM

L’immatriculation d’une personne physique ou morale a un caractère personnel (art. 49). Par
conséquent, nul ne peut être immatriculé à titre principal à plusieurs registres ou à un même registre
sous plusieurs numéros.

Paragraphe premier : Immatriculation des personnes physiques

1. La demande d’immatriculation

A. Introduction de la demande d’immatriculation

La demande d’immatriculation au RCCM des personnes doit être introduite au greffe ou à


l’organe compétent dans le premier mois de l’exercice de l’activité. Le RCCM compétent est celui de la
juridiction dans le ressort duquel l’activité se déroule (art. 44-AUDCG).

B. Contenu de la demande

Cette demande est introduite sur un formulaire qui indique notamment :

 L’identité complète de l’assujetti et sa situation matrimoniale ;


 Le nom commercial et les personnes pouvant engager l’assujetti ;
 La location de l’établissement principal et, éventuellement celle des succursales ;
 La date du commencement des activités.

2. Le dossier de demande d’immatriculation

La personne qui demande l’immatriculation est tenue de produire des pièces justificatives
pouvant être fournies sur toute forme de support :

 Un extrait de son acte de naissance ou de tout document administratif justifiant de son identité ;
 Un extrait de son acte de mariage en tant que de besoin ;
 Une déclaration sur l’honneur signée du demandeur et attestant qu’il n’est frappé d’aucune des
interdictions prévues par les lois (art. 10-AUDCG) ; cette déclaration est complétée dans un
délai de soixante-quinze jours à compter de l’immatriculation par un extrait de casier judiciaire
ou à défaut par le document qui en tient lieu ;
 Un certificat de résidence ;
33

 Une copie du titre de propriété ou du bail ou du titre d’occupation du principal établissement et


le cas échéant de celui des autres établissements et succursales ;
 En cas d’acquisition d’un fonds ou de location-gérance, une copie de l’acte d’acquisition ou de
l’acte de location-gérance ;
 Le cas échéant, une autorisation préalable d’exercer le commerce ;
 Le cas échéant, les pièces prévues par des textes particuliers.

Paragraphe deuxième : Immatriculation des personnes morales

1. La demande d’immatriculation

A. Introduction de la demande

Les personnes morales assujetties à l’immatriculation doivent la demander aux mois leur
constitution morales (art. 46-AUDCG). La demande est introduite auprès du greffe de juridiction
compétente (ou de l’organe compétent) dans le ressort duquel est situé le siège social ou leur principal
établissement.

B. Mention du formulaire de demande

Le formulaire de demande d’immatriculation des personnes morales mentionne :

 La raison sociale ou la dénomination sociale ou l’appellation suivant le cas ;


 Le cas échéant, le sigle ou l’enseigne ;
 La ou les activités exercées ;
 La forme de la personne morale ;
 Le cas échéant, le montant du capital social avec l’indication montant des apports en numéraire
et l’évaluation des apports en nature ;
 L’adresse du siège social, et le cas échéant, celle du principal établissement et de chacun des
autres établissements ;
 La durée de la société ou de la personne morale telle que fixée par ses statuts ou le texte
fondateur ;
 L’identité complète ainsi que la situation matrimoniale des associés tenus indéfiniment et
personnellement responsables des dettes sociales ;
 Identité complète des gérants, dirigeants, administrateurs ou associés ayant le pouvoir général
d’engager la personne morale ou le groupement ;
34

 L’identité complète des commissaires aux comptes, lorsque leur désignation est prévue par la
loi en la matière (AUSCGIE) ;
 Toute autre indication prévue par une disposition légale particulière.

2. Le dossier de demande d’immatriculation

La demande d’immatriculation des personnes morales est assortie d’un dossier


contenant quels qu’en soient la forme ou le support, les pièces suivantes :

 Une copie certifiée conforme des statuts ou de l’acte fondateur ;


 La déclaration de régularité et de conformité ou la déclaration notariée de souscription et de
versement ;
 La liste certifiée conforme des gérants, administrateurs, dirigeants ou associés tenus
indéfiniment et personnellement responsables ou ayant le pouvoir d’engager la société ou la
personne morale ;
 Une déclaration sur l’honneur signée du demandeur et attestant qu’il n’est frappé d’aucune des
interdictions prévues par la loi (art. 10-AUDCG) ; cette déclaration est complétée, dans un délai
de soixante-quinze jours à compter de l’immatriculation, par un extrait de casier judiciaire ou, à
défaut, par le document qui en tient lieu ;
 Le cas échéant, une autorisation préalable d’exercer l’activité du demandeur.

Paragraphe troisième : Immatriculation des succursales

1. Des succursales des personnes exerçant leurs activités à l’étranger

A. Personnes assujetties

Les personnes physiques ou morales qui, en raison du lieu d’exercice de leur activité ou de
leur siège social, ne sont pas assujetties à l’immatriculation au RCCM, doivent néanmoins, dans le mois
de la création d’une succursale (d’une société étrangère) ou d’un établissement, en requérir
l’immatriculation au RCCM (art. 48-AUDCG).

B. La demande d’immatriculation

Le requérant mentionne dans le formulaire de demande d’immatriculation d’une succursale ou


d’un établissement :

 Le cas échéant, son nom commercial, son sigle ou son enseigne ;


 La dénomination sociale ou le nom de la succursale ou de l’établissement ;
35

 Le ou les activités exercées ;


 La dénomination sociale de la société étrangère propriétaire de cette succursale ou de cet
établissement, son nom commercial, son sigle ou son enseigne, sa nationalité, l’adresse de son
siège social, le cas échéant, les noms , prénoms et domicile personnel des associés
indéfiniment et personnellement responsable des dettes sociales ;
 Les noms, prénoms, date et lieu de naissance de la personne physique domiciliée sur le
territoire de l’Etat partie, ayant le pouvoir de représentation et de direction de la succursale.

2. Immatriculation secondaire

A. Conditions

Toute personne physique ou morale assujettie à l’immatriculation au RCCM est tenue, si elle
exerce son activité à titre secondaire dans le ressort d’autres juridictions, souscrire une déclaration
d’immatriculation secondaire dans le délai d’un mois à compter du début de l’exploitation (art. 53-
AUDCG). La déclaration d’immatriculation secondaire doit mentionner, outre la référence à
l’immatriculation principale, les renseignements requis, selon le cas, pour les personnes physiques ou
pour les personnes morales. Elle donne lieu à la délivrance, par le greffier ou par le responsable de
l’organe compétent d’un accusé d’enregistrement qui mentionne la formalité accomplie, sa date ainsi
que le numéro au déclarant.

B. La demande d’immatriculation

La demande d’immatriculation secondaire doit être déposée au RCCM de la juridiction dans le


ressort duquel est exercée l’activité. Dans le mois de l’immatriculation secondaire, une copie de la
déclaration y relative est transmise, à la diligence du greffe ou de l’organe compétent, au greffe ou à
l’organe compétent auprès duquel a été effectuée l’immatriculation principale.

Paragraphe quatrième : Déclaration d’activité de l’entreprenant au RCCM

1. La demande de déclaration

La déclaration d’activité de l’entreprenant est faite, sans frais au greffe de la juridiction


compétente ou à l’organe compétent dans le ressort duquel il exerce, sur un formulaire mentionnant :

 Les noms et prénoms ;


 L’adresse d’exercice de l’activité ;
 La description de l’activité ;
36

 Le justificatif d’identité ;
 Eventuellement, le justificatif du régime matrimonial (art. 62-AUDCG).

Dès réception du formulaire de déclaration d’activité dûment rempli et des pièces exigées, le
greffier ou le responsable de l’organe compétent délivre au déclarant un accusé d’enregistrement.
Celui-ci mentionne la date de la formalité accomplie et le numéro de déclaration d’activité.

L’entreprenant ne peut commencer son activité qu’après réception du numéro de déclaration


d’activité. Ce numéro doit figurer sur ses factures, bons de commande et documents ou correspondants
professionnels, suivi de l’indication du RCCM qui a reçu sa déclaration et de la mention ‘’Entreprenant
dispensé d’immatriculation’’.

Les déclarations de modification de l’activité ou du lieu d’exercice ainsi que la déclaration de


radiation sont adressées de la même manière et sans frais au greffe de la juridiction compétente ou à
l’organe compétent.

2. Le dossier de déclaration

La déclaration d’activité de l’entreprenant est appuyée d’un dossier contenant les pièces
suivantes, quels qu’en soient la forme et le support :

 Un extrait de son acte de naissance ou de tout document administratif justifiant de son identité ;
 Le cas échéant, un extrait de son acte de mariage ;
 Une déclaration sur l’honneur signée du demandeur et attestant, s’il est commerçant, qu’il n’est
frappé d’aucune des interdictions prévues par la loi (art. 10-AUDCG) et s’il n’est pas
commerçant, qu’il n’a fait l’objet d’aucune interdiction pour les infractions prévues par l’article 10
de l’AUDCG (cette déclaration est complétée, dans un délai de soixante-quinze jours à compter
de la date de l’immatriculation, par un extrait de casier judiciaire ou à défaut par le document
qui en tient lieu) ;
 Un certificat de résidence ;
 Le cas échéant, une autorisation préalable d’exercer l’activité du déclarant.

3. Caractères et effets de la déclaration d’activité de l’entreprenant

A. Caractères

Le numéro de déclaration d’activité est personnel. Par conséquent, nul ne peut être déclaré
comme entreprenant à plusieurs registres ou sous plusieurs numéros à un même registre. Par ailleurs,
37

l’entreprenant ne peut être en même temps immatriculé au RCCM. Il n’a pas non plus le même statut
que les personnes immatriculées au RCCM (art. 67).

B. Effets

La personne physique qui satisfait aux obligations déclaratives prévues par la loi (art. 62 à 64-
AUDCG) est présumée avoir la qualité d’entreprenant. En cette qualité, elle bénéficie des dispositions
favorables portant sur :

 L’administration de la preuve en matière commerciale (art. (6audcg) ;


 Les délais et les modalités de la prescription des actions en matière commerciale (art. 17 à 29
et 33-AUDCG) ;
 Le bail à usage professionnel (art. 101 à 134-AUDCG).

En cas de cessation d’activité, l’entreprenant doit faire une déclaration à cet effet auprès du
greffe compétent ou de l’organe compétent dans l’Etat Partie. Toutes les déclarations de l’entreprenant
sont faites sans frais (art. 66).

Section deuxième : MODIFICATION ET RADIATION DE L’IMMATRICULATION

Les mentions inscrites au RCCM peuvent faire l’objet de modification ou d’ajout. Cela est
requis lorsque certaines circonstances affectent la situation personne de l’assujetti ou simplement son
activité. Dans certains cas, l’immatriculation au RCCM est simplement radiée.

Paragraphe premier : Modification de l’immatriculation

1. Du changement d’adresse
En cas de transfert du lieu d’exercice de son activité dans le ressort territoriale d’une autre
juridiction, l’assujetti doit, dans le mois de ce transfert demander sa radiation du RCCM dans le ressort
duquel il était immatriculé et solliciter une nouvelle immatriculation au RCCM de la juridiction dans le
ressort de laquelle son activité est transférée. Cette immatriculation n’est définitive qu’après que l’on
s’est rassuré de la radiation de l’assujetti en exigeant de celui-ci un certificat délivré par le greffe ou
l’organe compétent du lieu de la précédente immatriculation. La défaillance de l’assujetti peut être
couverte d’office et à ses frais.
2. Des mentions modificatives, complémentaires et secondaires

L’assujetti doit formuler, dans les trente jours qui suivent un changement affectant sa
situation, une demande de rectification ou de mention complémentaire. Doit faire l’objet de mention au
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RCCM, toute modification concernant notamment l’état civil, le régime matrimonial, la capacité, et
l’activité de l’assujetti personnes physique, ou le régime matrimonial, la capacité et l’activité de
l’assujetti personne physique, ou encore toute modification concernant le statut des personnes morales
assujetties à l’immatriculation. Il en est de même de la cessation partielle d’activité de l’assujetti.

La demande de modification, de mention complémentaire ou secondaire est établie et signée


dans les mêmes conditions que la demande d’immatriculation (art. 52). Elle donne lieu à la délivrance
d’un accusé d’enregistrement mentionnant la formalité accomplie.

Paragraphe deuxième : Radiation de l’immatriculation

1. Radiation de l’immatriculation des personnes physiques


Pour les personnes physiques, la radiation de l’immatriculation doit être demandée dans les
cas suivants :

 Cessation d’activité (dans le délai d’un mois à compter de cette cessation ; formalité à
accomplir même pour les succursales et établissements) ;
 Décès : radiation à demander par les ayants-droits, dans le délai de trois mois à compter du
décès, ou la modification de l’immatriculation s’ils doivent eux-mêmes continuer l’activité.
En cas de défaillance dans ces cas, le greffe ou l’organe compétent procède à la radiation
après décision de la juridiction ou de l’autorité compétente, statuant à bref délai, saisie à sa requête ou
à celle de tout intéressé. La radiation donne lieu à la délivrance d’un accusé d’enregistrement qui
mentionne la formalité accomplie ainsi que sa date.

La radiation emporte la perte des droits résultant de l’immatriculation (art. 57).

2. Radiation de l’immatriculation des personnes morales


La dissolution d’une personne morale, pour quelque cause que ce soit, doit être déclarée, en
vue de sa transcription au RRCCM, dans le délai d’un mois au greffe de la juridiction compétente ou à
l’organe compétent auprès duquel elle est immatriculée. Il en va de même pour la nullité de la société.

La radiation est demandée par le liquidateur dans le délai d’un mois, à compter de la clôture
des opérations de liquidation. Il doit en être de même pour les mentions complémentaires et
immatriculations secondaires ainsi que pour les succursales et établissements.

En cas de défaillance du liquidateur, le greffe de la juridiction compétente ou de l’autorité


compétente, statuant à bref délai, saisie à sa requête ou à celle de tout intéresse. La radiation donne
39

lieu à la délivrance d’un accusé d’enregistrement qui mentionne la formalité accomplie ainsi que sa
date.
40

Chapitre troisième : BAIL A USAGE PROFESSIONNEL ET FONDS DE COMMERCE

Section première : BAIL A USAGE PROFESSIONNEL

L’Acte uniforme régit le bail professionnel par des règles différentes de celles du bail à usage
d’habitation eu égard aux spécificités particulières qui le caractérisent. L’objectif poursuivi est de mettre
le professionnel à l’abri de nombreux abus que l’on rencontre dans les contrats de location immobilière
ordinaire. Nous étudierons les conditions du bail professionnel, singulièrement celles relatives à sa
conclusion et à son exécution, à son renouvellement, à sa cession, à sa sous-location ainsi que celles
ayant trait à son extinction.

Paragraphe premier : Conclusion et exécution du bail

1. Définition

Le législateur définit le contrat de bail à usage professionnel en ces termes : « Est réputé bail à
usage professionnel toute convention, écrite ou non, entre une personne investie par la loi ou une
convention du droit de donner en location tout ou partie d’un immeuble (…) et une autre personne
physique ou morale, permettant à celle-ci, le preneur, d’exercer dans les lieux avec l’accord de celle-là,
le bailleur, une activité commerciale, industrielle, artisanale ou toute autre activité professionnelle ».

C’est donc le contrat par lequel le bailleur donne son immeuble en location au preneur
(locataire) pour permettre à ce dernier d’y exercer son activité professionnelle en payant
périodiquement un loyer au bailleur.
A partir de la définition légale susvisée, on peut déterminer les caractéristiques du contrat de
bail professionnel qui met en présence deux parties : le bailleur (commerçant ou non, personne
physique ou morale) et le preneur (locataire), personne morale ou physique, qui doit nécessairement
être un professionnel, en d’autres termes, une personne exerçant « une activité commerciale,
industrielle, artisanale ou toute autre activité professionnelle ». Aussi doit-il se livrer dans le bien loué à
des activités industrielles, artisanales ou toute autre activité professionnelle. Le bien loué ne doit pas
servir, par exemple, à l’habitation du preneur ou de sa famille, mais à l‘exploitation d’activités
professionnelles.
41

2. Conclusion du bail
Le bail professionnel est un contrat, mais peu importe sa forme écrite ou verbale, dès lors que
les conditions en sont réunies (deux parties, un immeuble, un loyer). Il importe évidemment que toutes
les conditions issues des règles générales régissant le contrat soient satisfaites : consentement et
capacité des parties, licéité de l’objet et de la cause, conformément aux dispositions pertinentes du
Code civil (droit commun des contrats).

3. Durée du bail
Un contrat de bail à usage professionnel peut être conclu pour une durée déterminée ou
indéterminée. Cette durée est librement fixée par les parties au contrat. Mais si le contrat a été conclu
sans que la durée ne soit prévue dans le contrat ou s’il est verbal, il est réputé être conclu pour une
durée indéterminée.

4. Obligations des parties


Des obligations réciproques pèsent sur chaque partie, à savoir le bailleur et le preneur.

A. Obligations du bailleur
Le bailleur est tenu de :
 Délivrer les locaux en bon état : le bailleur est censé avoir rempli cette obligation lorsque le bail
est verbal ou lorsque le locataire a signé le contrat sans formuler de réserves au sujet de l’état
des locaux loués.
 Supporter les grosses réparations, à savoir celles qui touchent aux gros murs, aux voûtes, aux
poutres, à la toiture, aux murs de soutènement et de clôture et aux fosses septiques.
 Ne pas opérer de modifications aux locaux loués ou en restreindre l’usage.
 Garantir le locataire contre les troubles de jouissance de son fait ou des tiers.

B. Obligations du preneur
Le preneur a comme obligations :
 Payer le loyer aux termes convenus : il s’agit de la principale obligation qui pèse sur le
locataire, car elle est la contrepartie de la jouissance des lieux loués. Le montant du loyer est
librement fixé par les parties, mais le droit OHADA permet aux Etats de déroger à cette règle.
 Exploiter les lieux en bon père de famille conformément à la destination prévue dans le contrat :
le locataire ne doit pas changer unilatéralement l’activité exploitée dans les locaux loués, car
celle-ci a été discutée entre les deux parties. Toute modification de l’activité doit être acceptée
42

par le bailleur, sauf s’il s’agit d’une activité connexe à la première. Dans cette hypothèse, le
preneur doit avertir le bailleur qui peut s’y opposer. Mais s’il s’agit d’une activité autre que celle
prévue dans le contrat, il faut préalablement obtenir l’accord du bailleur.
 Assurer les réparations d’entretien : tout au long du bail, le locataire devra réparer les dégâts
qu’il cause au bien loué.

Paragraphe deuxième : Renouvellement, cession et sous-location du bail

1. Renouvellement du bail
Le renouvellement du contrat de bail, à durée déterminée ou indéterminée, est acquis dès le
moment où le locataire a joui du local loué conformément aux stipulations dudit contrat pendant deux
années minimums.

Dans ces conditions, la durée minimale du renouvellement est de trois ans. Le renouvellement
peut donc porter sur une durée supérieure à trois ans, mais pas inférieure à trois ans.

Dans l’hypothèse d’un contrat de bail à durée déterminée, le preneur dont le droit au
renouvellement est acquis doit en faire la demande par écrit au bailleur trois mois au moins avant
l’arrivée du terme. Si le preneur ne fait pas la demande dans le délai imparti, il perd son droit au
renouvellement de son contrat.

Le bailleur doit donner sa réponse un mois avant l’expiration du terme du bail. Si le bailleur ne
donne pas sa réponse dans ce délai, il est censé avoir consenti au renouvellement.

2. Cession et sous-location du bail


Le locataire a le droit de céder son bail ou de le louer à une autre personne. Néanmoins, toute
cession doit être portée à la connaissance du bailleur par tout moyen laissant une trace écrite de sa
signification. Dans le cas contraire, cette cession est inopposable au bailleur.
Il importe cependant de distinguer entre une cession totale et une cession partielle. La cession
totale qui inclut le lieu loué et l’activité y exercée s’impose au bailleur. Toutefois, le bailleur garde la
possibilité de s’y opposer dans le mois de la signification. En revanche, la cession partielle, qui ne
concerne que l’immeuble ou avec une partie des éléments permettant de poursuivre l’activité, est
subordonnée à l’accord du bailleur.
43

La sous-location est interdite par le législateur communautaire (OHADA), sauf dispositions


contractuelles contraires. Les parties peuvent donc prévoir que le preneur pourra sous-louer l’immeuble.
Dans ce cas, la sous-location doit être portée à la connaissance du bailleur par le preneur.

Paragraphe troisième : Extinction du bail (Résiliation)


Le contrat de bail prend fin par sa résiliation lorsque l’une des parties ne respecte pas les
clauses contractuelles. Il s’agit d’une résiliation judiciaire. Il faut donc saisir le tribunal de commerce (ou,
s’il n’en existe pas, le tribunal de grande instance) pour obtenir un jugement prononçant la résiliation.

Avant d’en arriver à la phase judiciaire proprement dite, la partie qui entend faire procéder à
l’annulation du contrat de bail doit d’abord adresser à l’autre partie une sommation mentionnant les
dispositions contractuelles violées et indiquant à la partie défaillante qu’elle dispose d’un mois pour s’y
conformer.
A défaut pour la partie sommée de le faire dans le délai, l’autre partie pourra saisir la juridiction
compétente statuant à bref délai (président du tribunal de commerce ou, s’il y a lieu, du tribunal de
grande instance, selon le procédé du référé qu’instituera la loi portant modification de la loi du 3 juillet
2001 sur les tribunaux de commerce) qui se prononcera sur la résiliation du contrat et éventuellement
l’expulsion du preneur et de toute personne occupant les lieux.

Section deuxième : FONDS DE COMMERCE

D’après l’article 135 de l’AUDCG, le fonds de commerce est constitué par un ensemble de
moyens qui permettent au commerçant d’attirer et de conserver une clientèle.11

Paragraphe premier : éléments constitutifs du fonds de commerce

Le fonds de commerce comprend deux catégories d’éléments : les éléments obligatoires et les
éléments facultatifs.

1. Eléments obligatoires du fonds de commerce

11 D’un point de vue juridique, le fonds de commerce revêt les caractéristiques suivantes :
- Le fonds de commerce est une universalité (de fait) qui a une existence propre et différente de celle de chacun
des éléments qui le composent ; il ne constitue pas cependant un second patrimoine du commerçant et n’en est,
par contre qu’un des éléments qui ne comprend ni les créances ni les dettes du commerçant ;
- Le fonds de commerce est un bien meuble incorporel s’il contient des éléments qui sont corporels, meubles ou
immeubles.
44

Les éléments obligatoires du fonds de commerce sont : la clientèle, l’enseigne et/ou le nom
commercial. Ils sont obligatoirement cédés avec le avec le fonds de commerce lui-même.

A. La clientèle

La clientèle est l’ensemble des personnes qui achètent ou consomment régulièrement


les produits d’une entreprise. Elle passe pour l’élément fondamental du fonds de commerce. Il s’agit,
dans ce cas, de la clientèle organique constituée des personnes dont les liens avec le commerçant ont
pour base un contrat.

B. L’enseigne

L’enseigne est une dénomination de fantaisie, notamment un sigle, qui sert à


individualisé un fonds de commerce et permet à la clientèle de la retrouver et de s’y adresser assez
facilement. Il est protégé contre les usurpations des concurrents.

C. Le nom commercial

Le nom commercial est l’appellation sous laquelle une personne exerce son commerce.
Pour les sociétés, le nom commercial peut être :

 Une dénomination sociale : nom désignant une société par référence à son objet social ou de
manière simplement fantaisiste ;
 Une raison sociale : nom désignant une société dans laquelle des associés sont indéfiniment
responsable des dettes sociales et en référence au nom patronymique de certains d’entre eux.

2. Les éléments facultatifs du fonds de commerce

Le fonds de commerce peut, en plus des éléments obligatoires, comprendre différents éléments
mobiliers, corporels et incorporels, notamment :

 Les installations ;
 Les aménagements et agencements ;
 Le mobilier ;
 Les marchandises en stock ;
 Le droit au bail ;
 Les licences d’exploitations ;
 Les brevets d’inventions, marques de fabrique et de commerce, dessins et modèles, et tout
autre droit de propriété intellectuelle nécessaires à l’exploitation.
45

Paragraphe deuxième: opérations sur le fonds de commerce

Le fonds de commerce peut faire l’objet de diverses opérations juridiques. Le commerçant qui
n’entend plus exploiter son fonds de commerce peut le mettre en location-gérance ou simplement le
céder. En tant que bien meuble, le fonds de commerce peut faire l’objet d’un privilège ou d’un
nantissement.

1. Location-gérance du fonds de commerce

Le fonds de commerce peut être exploité directement ou en exécution d’un contrat de location-
gérance. L’exploitation directe peut être le fait d’un commerçant, même s’il est entreprenant, ou d’une
société commerciale.

A. Condition de la location-gérance

1°Les parties au contrat

La location-gérance est une convention par laquelle le propriétaire du fonds de


commerce, personne physique ou morale, en concède la location, en qualité de bailleur, à une
personne physique ou morale, locataire-gérant, qui l’exploite à ses risques et périls.

L’entreprenant ne peut être partie à un contrat de location-gérance. Les personnes


interdites ou déchues de l’exercice d’une profession commerciale ne peuvent consentir une location-
gérance.

La locataire-gérance a la qualité de commerçant, et est soumis à toutes les obligations


qui en découlent. Il doit ainsi se conformer aux exigences relatives à l’immatriculation au RCCM.

2° Exploitation préalable du fonds à donner en location-gérance

Sauf dérogation accordée par la juridiction compétente se fondant l’impossibilité


d’exercer les activités, la personne qui concède une location-gérance doit avoir exploité pendant deux
ans au moins en qualité de commerçant, le fonds mis en gérance, (art. 141-AUDCG).

Peuvent cependant être donnés en location-gérance sans l’exigence de la durée


d’exploitation précédente, les fonds de commerce appartenant :

 A l’Etat, aux collectivités locales et aux établissements publics ;


 Aux incapables, en ce qui concerne le fonds dont ils étaient propriétaires avant la survenance
de leur incapacité ;
46

 Aux héritages ou légataire d’un commerçant décédé, en ce qui concerne le fonds exploités par
ce dernier ;
 Aux mandataires de justice chargés, à quelque titre que ce soit, de l’administration d’un fonds
de commerce, à condition qu’ils y aient été autorisés par la juridiction compétente et qu’ils aient
satisfait aux mesures de publicité prévues.

B. Formalités publicitaires

1°Modalités de publication

Le contrat de location-gérance doit être publié, par la partie la plus diligente et aux frais
du locataire-gérant, dans la quinzaine de sa date, sous forme d’extrait dans un journal habilité à publier
les annonces légales et paraissant dans le lieu où le fonds de commerce est inscrit au RCCM. Par
ailleurs, le propriétaire du fonds, s’il est commerçant, est tenu de faire modifier à ses frais son
inscription au RCCM par la mention de la mise en location-gérance de son fonds.

L’expiration au terme prévu ou anticipé du contrat de location-gérance donne lieu aux mêmes
mesures de publicité aux frais du locataire-gérant.

2°Sanctions

A peine des sanctions pénales, les locataire-gérant est tenu d’indiquer en tête de ses bons, son
numéro, factures et autres documents à caractère financier ou commercial, avec son numéro
d’immatriculation au RCCM, sa qualité de locataire-gérant du fonds jusqu’à la publication du contrat de
location-gérance, le propriétaire du fonds est solidairement responsable des dettes du locataire-gérant
nées de l’exploitation du fonds donné en location-gérance (art. 145).

B. Effets de la location-gérance

1°. Le paiement des loyers

Le locataire-gérant paye au bailleur du fonds deux types de loyers :

 Un loyer correspondant à la redevance due pour la jouissance des locaux ;


 Un loyer pour la jouissance des éléments corporels et incorporels du fonds de commerce tels
que décrits dans le contrat de location-gérance.

Ces deux éléments de loyer sont obligatoirement déterminés de façon séparée dans le
contrat de location-gérance, même si leurs échéances sont fixées aux mêmes dates. En accord avec le
47

bailleur des locaux, le locataire-gérant peut être dispensé de lui assurer directement, à chaque
échéance, le paiement du loyer dû à la rémunération de la jouissance des locaux.

2°. Exigibilité des dettes du bailleur

Les dettes du bailleur nées de l’exploitation du fonds peuvent être déclarées immédiatement
exigibles par la juridiction compétente si elle estime que la location gérance met en péril leur
recouvrement. L’action est introduite par tout intéressé, à peine de forclusion, dans le délai de trois mois
de la date de publication du contrat de location-gérance.

L’expiration du contrat de location-gérance à son terme normal ou anticipé rend immédiatement


exigible les dettes contractées par le locataire-gérant du fonds pendant la gérance.

2. Cession du fonds de commerce

La cession du fonds de commerce correspond à la vente du fonds de commerce. Elle obéit


ainsi aux règles générales de la vente.

A. Objet et forme de la cession du fonds de commerce

1°Objet de la cession du fonds de commerce

La cession de la cession du fonds de commerce porte nécessairement sur ses


éléments obligatoires que sont la clientèle, l’enseigne et/ou le nom commercial (art. 136 et 148-
AUDCG). Elle peut aussi porter sur l’ensemble des éléments. Toutefois, la cession se limitant aux seuls
éléments facultatifs ne constitue pas une cession de fonds de commerce.

2° L’acte de cession de fonds de commerce

a. Forme de l’acte

La vente d’un fonds de commerce doit être constatée par un écrit. Celui-ci peut être un acte
sous seing privé ou un acte authentique. L’exigence de l’écrit vaut même lorsque la cession du fonds de
commerce consiste en un apport en société (art. 149)/

b. Mention de l’acte de cession du fonds de commerce

Au terme de l’article 150 de l’AUDCG, l’acte constatant la cession d’un fonds de commerce doit,
éventuellement à peine de nullité, énoncer :
48

 Pour les personnes physiques, l’état civil complet du vendeur et de l’acheteur, et, pour les
personnes morales, leur dénomination sociale, leur forme juridique, l’adresse de leur siège ;
 Les activités du vendeur et de l’acheteur ;
 Leurs numéros d’immatriculation au RCCM ;
 S’il y a lieu, l’origine du fonds au regard du titulaire qui a précédé le vendeur ;
 L’état des privilèges, nantissement et inscriptions gravant le fons ;
 Le chiffre d’affaires réalisé au cours de chacune des trois dernières années d’exploitation, ou
depuis son acquisition si le fonds n’a pas été exploité depuis plus de trois ans ;
 Les résultats commerciaux réalisés pendant la même période ;
 Le bail annexé à l’acte avec indication, dans l’acte, de sa date, de sa durée, du nom et le prix
convenu ;
 La situation et les éléments du fonds vendu ;
 Le nom et l’adresse du notaire ou de l’établissement bancaire désigné en qualité de séquestre
si la vente a lieu par acte sous seing privé.

L’omission ou l’inexactitude des mentions requises ci-dessus peut entraîner la nullité de la


vente, si l’acquisition le demande, et s’il prouve que cette omission ou cette vente, si l’acquéreur le
demande, et s’il prouve que cette omission ou cette inexactitude a substantiellement affecté la
consistance du fonds cédé et qu’il en subit un préjudice. La demande en nullité doit être formée dans le
délai d’un an à compter de la date de l’acte.

B. Publicité de la cession du fonds de commerce

1° Dépôt au RCCM

L’acte constatant une cession de fonds de commerce doit être dépose, en une copie certifiée
conforme, par le vendeur ou l’acquéreur au RCCM. Il appartient au vendeur et à l’acquéreur, chacun en
ce qui le concerne, de faire procéder à la mention modificative correspondante.

2° Publication dans un journal d’annonces légales

Dans un délai de quinze jours francs à compter de sa date, l’acte constatant la cession du fonds
de commerce doit être publié à la diligence de l’acquéreur, sous forme d’avis, dans un journal habilité à
publier des annonces légales paraissent dans le lieu où le vendeur est inscrit au RCCM.
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Chapitre quatrième : VENTE COMMERCIALE

La vente commerciale peut être définie comme une convention par laquelle une personne
physique ou morale, appelée vendeur (ayant la qualité de commerçant), transfère un bien à une autre
personne, appelée acheteur (ayant la qualité de commerçant), moyennant le payement d’un prix.
Le droit OHADA modernise la réglementation de la vente commerciale. L’Acte uniforme relatif au droit
commercial général y consacre des dispositions concernant sa formation et son exécution (Section 1)
ainsi que les obligations des parties (Section 2).

Section première : FORMATION ET EXECUTION DU CONTRAT DE VENTE COMMERCIALE


Les règles de la vente commerciale telles qu’issues de l’Acte uniforme s’appliquent aux ventes
et fournitures de marchandises. Cela signifie que toute vente (même commerciale) qui n’a pas pour
objet des marchandises n’est pas soumise aux dispositions de l’Acte uniforme relative à la vente
commerciale.
En droit OHADA, la vente commerciale est nécessairement conclue entre commerçants. Nous
analyserons les règles qui président à la formation du contrat de vente commerciale et les obligations
réciproques des parties au contrat.

Paragraphe premier : Formation du contrat de vente commerciale

La formation du contrat de vente commerciale exige, pour sa validité, la réunion de trois


conditions particulières : le consentement des parties au contrat, la chose et le prix.

1. Consentement des parties


Comme indiqué ci-haut, les parties au contrat de vente commerciale (vendeur et acheteur)
doivent avoir la qualité de commerçant et exprimer librement leur accord au moment de la conclusion
du contrat, lequel constitue le point de rencontre de la volonté de chacune des parties.

Le consentement doit être exempt de vices, en d’autres termes, il ne doit pas être erroné ou
obtenu par dol (frauduleusement) ou violence (il doit être donné sans contrainte physique ou morale).
Notons qu’en droit congolais, la « lésion » (avantage excessif au profit de l’une des parties au contrat)
est considérée comme un vice du consentement.
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2. Objet de la vente
La chose est l’objet du contrat de vente commerciale. Elle doit exister au moment de la vente et
doit être déterminée et cessible. La cessibilité (caractère cessible) de la chose implique que la vente ne
peut pas porter sur les biens qui sont hors commerce, principe visant précisément les choses dont la loi
interdit la vente. Tel est le cas de la vente du corps humain, d’une arme de guerre ou de la drogue.

3. Prix
Le prix est l’un des éléments de validité du contrat de vente commerciale. Il constitue la
contrepartie de l’aliénation de la chose vendue. Il doit être exprimé en valeur monétaire (somme
d’argent).Le prix doit être réel et sérieux ; et l’on peut y ajouter un principe découlant du droit national
(décret-loi du 20 mars 1961 sur les prix) en vertu duquel le prix doit être « normal ». Les parties peuvent
librement fixer le prix de la vente, sous réserve des dispositions impératives des textes légaux et
réglementaires.

Paragraphe deuxième : Obligations des parties


Le contrat de vente engendre des obligations à charge du vendeur et de l’acheteur.

1. Obligations du vendeur
Trois obligations fondamentales sont à charge du vendeur :
 Obligation de livraison : « Le vendeur est tenu de livrer les marchandises ainsi que les
documents et accessoires nécessaires à leur utilisation, à la preuve de l’achat et à la prise de
livraison » (AUDCG, article 250).Ainsi, l’obligation de livraison comporte deux volets : la
livraison des marchandises et la livraison des accessoires.
 Obligation de conformité : Le vendeur est tenu d’assurer à l’acheteur la conformité des
marchandises à la commande. Cette conformité s’apprécie au regard des stipulations
contractuelles ou, à défaut, en se référant aux usages. La défaillance à cette obligation
entraîne, comme nous le verrons plus loin, la mise en cause de la responsabilité du vendeur.
 Obligation de garantie : « Le vendeur doit livrer les marchandises libres de tout droit ou
prétention d’un tiers, à moins que l’acheteur n’accepte de les prendre dans ces conditions. Le
vendeur doit garantir l’acheteur de toute éviction par son fait personnel » (AUDCG, article 260).
Ces dispositions appellent deux remarques :
 Le vendeur doit garantir l’acheteur contre toute éviction du fait d’un tiers. Par la conclusion du
contrat de vente, le vendeur transfère son droit de propriété à l’acheteur. Il est obligé de
garantir ce dernier contre toute atteinte à son droit de propriété qui pourrait émaner d’un tiers.
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 Le vendeur doit garantir l’acheteur contre toute éviction par son fait personnel. Il doit s’abstenir
de tout trouble de droit à l’égard de l’acheteur.

2. Obligations de l’acheteur
L’acheteur est tenu de payer le prix de la vente et de prendre livraison de la chose vendue.

A. Paiement du prix
L’acheteur doit payer le prix prévu au contrat et à la date convenue. Ce paiement est effectué
au lieu du siège de l’activité du vendeur. Cependant, lorsque le prix est payable au comptant ou si la
livraison est effectuée contre remise de documents, le paiement est fait au lieu de la livraison.

B. Prise de la livraison
L’obligation de livraison comporte une série d’obligations à charge de l’acheteur. D’une part, ce
dernier doit accomplir les actes nécessaires permettant au vendeur d’effectuer la livraison (autorisation
de transport ou d’importation, mise à la disposition d’un lieu de livraison…).

D’autre part, il est tenu de retirer les marchandises. Ce retrait lui permettra de procéder à leur
examen afin d’exercer, le cas échéant, son droit de refus ou de dénonciation des défauts de conformité.

Paragraphe troisième : Effets du contrat de vente


Les principaux effets du contrat de vente sont le transfert de propriété et le transfert des
risques.

1. Transfert de propriété
Par principe, le transfert de propriété s’opère lors de la livraison de la marchandise. A partir de
ce moment-là, l’acheteur est réputé seul maître de la chose vendue.
Le droit uniforme des sûretés reconnaît l’existence d’un mécanisme permettant cependant de
retarder le moment du transfert. C’est la « clause de réserve de propriété » qui vise à s’assurer que le
vendeur sera effectivement et complètement payé. Pour être opposable aux tiers, cette clause doit faire
l’objet d’une inscription au RCCM.
52

2. Transfert des risques


Le transfert des risques se réalise lors du transfert de propriété. Dès cet instant, l’acheteur
assume seul la charge du risque de perte ou de détérioration des marchandises. Cette règle de
transfert des risques supporte deux atténuations.

La première concerne le cas où le contrat prévoit la remise des marchandises à un


transporteur. Dans ce cas, les risques sont transférés par remise des marchandises au premier
transporteur. La deuxième atténuation est relative à la vente intervenue en cours de transport. Les
risques sont alors transférés à l’acheteur dès la conclusion du contrat.

Section deuxième : INEXECUTION DU CONTRAT DE VENTE


L’inexécution des obligations des parties au contrat de vente entraîne un certain nombre de
sanctions. D’une manière générale, « toute partie au contrat dispose de la faculté de demander au juge
compétent la rupture d’un contrat pour inexécution totale ou partielle des obligations de l’autre partie ».
Elle peut aussi rompre de manière unilatérale et sans passer par le juge, eu égard à la gravité du
comportement de l’autre partie.

L’Acte uniforme a prévu cependant quelques dispositions spécifiques à l’inexécution des


obligations de chaque partie et en tire certaines conséquences.

Paragraphe premier : Dispositions spécifiques à l’inexécution des obligations des parties au


contrat de vente
Certaines dispositions sont spécifiques au vendeur, d’autres, à l’acheteur.

1. Inexécution des obligations du vendeur


Lorsqu’à l’échéance, l’acheteur constate que le vendeur ne parvient pas à exécuter ses
obligations en raison des limites matérielles de ses capacités de fabrication ou de ses moyens de
production, il peut demander au juge de différer son obligation de payer (moyennant éventuellement la
consignation d’une certaine somme d’argent).

De même, en cas de défaut de conformité, le vendeur doit « à ses frais exclusifs et sans délai,
le remplacement des marchandises défectueuses par des marchandises conformes ». Le vendeur peut
également obtenir de l’acheteur un délai de grâce pour l’exécution de son obligation. La réduction du
53

prix constitue aussi un mécanisme qui peut servir de compensation pour l’acheteur face au défaut de
conformité.

2. Inexécution des obligations de l’acheteur


De la même manière que l’acheteur, le vendeur peut aussi obtenir du juge l’autorisation de
différer l’exécution de ses obligations de livraison lorsqu’à l’échéance, l’acheteur n’est pas en mesure
de payer le prix en raison de l’insolvabilité ou de la cessation de paiement. Un délai supplémentaire
peut également lui être accordé par le vendeur.

Paragraphe deuxième : Conséquences de l’inexécution du contrat de vente


L’inexécution du contrat de vente peut entraîner la mise en cause de la responsabilité civile de
la partie défaillante. La rupture du contrat de vente peut être provoquée par l’inexécution des obligations
des parties. En tout état de cause, tout différend portant sur l’inexécution du contrat n’est recevable
devant les cours et tribunaux que lorsque le demandeur agit avant l’expiration d’un certain délai
(prescription).

1. Responsabilité civile de la partie défaillante


La partie qui subit un préjudice à la suite de l’inexécution des obligations de l’autre partie, peut
solliciter la mise en cause de la responsabilité civile de cette dernière, ce qui se traduit par une
condamnation au paiement de dommages-intérêts. En outre, l’acheteur doit payer les intérêts dus en
raison du retard qui lui est imputable à l’occasion du paiement du prix de vente.

2. Exonération de responsabilité
L’inexécution des obligations contractuelles peut être justifiée par une cause indépendante de
la volonté du débiteur ou un cas de force majeure. Dans ce cas, la partie défaillante ne saurait être
tenue pour responsable.
L’Acte uniforme définit le cas de force majeure comme « tout empêchement indépendant de la
volonté et que l’on ne peut raisonnablement prévoir dans sa survenance ou dans ses conséquences»
(AUDCG, article 294).

3. Rupture du contrat de vente


La rupture du contrat de vente peut intervenir à l’initiative de l’une ou l’autre partie. Elle libère
les parties de leurs obligations, sans exonération des dommages-intérêts éventuels.
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4. Prescription
Le délai de prescription est de cinq en droit uniforme, mais il est parfois porté à une durée plus
courte. C’est précisément le cas en matière de vente commerciale où ce délai est de deux ans.
Toutefois, lorsque la réclamation de l’acheteur porte sur un défaut de conformité caché le jour de la
prise de livraison, ce délai est d’un an à compter du jour où le défaut a été constaté où aurait dû l’être.
55

Chapitre cinquième: PROCEDURES SPECIALES

Le titre « procédures spéciales » n’est pas consacré par les normes de l’OHADA et n’est utilisé
ici que pour simplifier la présentation de deux types de procédures particulières, dont l’une forme la
matière dominante de la vie judiciaire des entreprises et des banques dans tout l’espace OHADA.
Il s’agit des procédures simplifiées de recouvrement de créances et des voies d’exécution
(Section 1) que nous examinerons avant de passer aux procédures collectives d’apurement du passif
(Section 2), autrefois connues sous l’appellation « faillite », mais qui sont sur le point de se transformer
en véritable droit des entreprises en difficulté mettant en exergue la dimension préventive.

Section première : PROCEDURES SIMPLIFIEES DE RECOUVREMENT ET DES VOIES


D’EXECUTION
L’Acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées et voies d’exécution constitue
le siège de cette matière qui domine le prétoire des cours et tribunaux des Etats parties ainsi que celui
de la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA). On estime que plus de 80% du contentieux de
l’OHADA porte sur cet Acte uniforme.

Nous examinerons successivement les deux axes majeurs dudit Acte uniforme, à savoir les
procédures simplifiées de recouvrement de créances et les voies d’exécution.

Paragraphe premier : Procédures simplifiées de recouvrement des créances


Les procédures simplifiées de recouvrement des créances constituent des voies de droit
simples, rapides et moins onéreuses qui permettent à un créancier d’obtenir, sans passer par la
procédure judiciaire ordinaire, la condamnation de son débiteur à payer, à délivrer ou à restituer. L’Acte
uniforme en distingue deux sortes :
 L’injonction de payer ;
 L’injonction de délivrer ou de restituer.

1. Injonction de payer
L’injonction de payer obéit à une série de conditions et à une procédure particulière prévue par
la loi.
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A. Conditions
Pour initier la procédure d’injonction de payer, il faut que la créance soit certaine (ne souffrir
d’aucune contestation), liquide (montant déterminable en argent) et exigible (créance arrivée à
échéance).

En outre, cette créance doit avoir une cause contractuelle ou l’engagement doit résulter de
l’émission ou de l’acceptation de tout effet de commerce, ou d’un chèque dont la provision s’est révélée
existante ou insuffisante. Ces deux dernières conditions n’étant pas cumulatives, l’une d’elles suffit pour
enclencher la procédure d’injonction de payer.

b. Procédure
Le créancier dont la créance satisfait aux conditions susmentionnées, peut saisir, par
dérogation à la procédure ordinaire, le président du tribunal du domicile de son débiteur en vue
d’obtenir une décision condamnant ce dernier au payement de la créance.

La requête doit contenir toutes les mentions prévues par l’Acte uniforme (AUPVE, article 4). Le
président de la juridiction compétente peut soit rendre une décision portant injonction de payer, soit
rejeter la demande du créancier.

Dans le premier cas, le débiteur condamné a la faculté de former opposition dans un délai de
15 jours à compter de la signification de la décision. A défaut d’opposition dans le délai, le créancier
peut demander qu’il soit apposé, sur décision de condamnation, la formule exécutoire. De même, en
sera-t-il en cas de désistement de l’opposition par le débiteur.

Dans le second cas, le créancier ne dispose d’aucune voie de recours et ne peut réagir qu’en
se lançant dans la procédure ordinaire de recouvrement des créances (droit commun).
Lorsque l’opposition est formée, la juridiction procède à une tentative de conciliation. Si celle-ci aboutit,
un procès-verbal de conciliation est dressé par le président et signé par les parties. En cas d’échec, la
juridiction statue immédiatement sur la demande de recouvrement.

2. Injonction de délivrer ou de restituer


A la différence de l’injonction de payer qui vise le paiement d’une somme d’argent, l’injonction
de délivrer ou de restituer porte sur l’exécution en nature d’une obligation de délivrer ou de restituer un
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bien meuble corporel déterminé. Il s’agit d’une procédure que le créancier initie contre son débiteur en
vue de la délivrance ou de la restitution dudit bien.

L’obligation de délivrer peut-être la résultante d’un contrat de vente ou d’un contrat de location.
L’obligation de restituer peut même découler de l’annulation ou résolution d’un contrat de vente. La
procédure d’injonction de délivrer est quasi-identique à celle de l’injonction de payer.

Paragraphe deuxième : Voies d’exécution

Les voies d’exécutions sont des mécanismes qui permettent à un créancier de poursuivre
l’exécution forcée de sa créance en saisissant les biens de son débiteur afin de les faire vendre pour se
faire payer sur le prix de vente ou de se faire attribuer lesdits biens. Le créancier peut aussi prendre des
mesures conservatoires sur les biens de son débiteur dans le respect des conditions prévues par l’Acte
uniforme.
Tenant compte de la nature des biens, l’Acte uniforme distingue, d’une part, les saisies
mobilières et, d’autre part, la saisie immobilière.

1. Saisies mobilières
Les saisies mobilières sont subdivisées en saisies conservatoires et en saisies à fin
d’exécution.

A. Saisies mobilières conservatoires


Les saisies mobilières conservatoires ont pour finalité de rendre indisponibles les biens du
débiteur au profit du créancier. Elles ne nécessitent pas un titre exécutoire (à la différence des saisies à
fin d’exécution). Il suffit que la créance paraisse fondée. Mais celui qui les pratique le fait à ses risques
et périls.
Le créancier qui n’a pas de titre exécutoire sollicitera de la juridiction compétente du domicile ou
du lieu où demeure son débiteur, l’autorisation de pratiquer la saisie conservatoire. Il pourra ensuite
faire procéder à ladite saisie par l’intermédiaire des huissiers de justice. Le droit OHADA en organise
cinq sortes :
 Saisies conservatoires des biens meubles corporels : elle est aussi appelée « saisie
conservatoire générale ». Elle porte sur tous les biens mobiliers corporels du débiteur ;
58

 Saisie foraine : elle consiste à placer sous la main de justice les biens mobiliers corporels d’un
débiteur forain. Le débiteur forain est celui qui n’a pas de domicile fixe ou dont le domicile est
situé à l’étranger ;
 Saisie revendication : elle est pratiquée par le véritable propriétaire d’un bien meuble corporel
contre une personne qui possède ledit bien sans être propriétaire (possesseur de mauvaise foi)
;
 Saisie conservatoire des créances : à la différence de trois premières sortes de saisie, la saisie
conservatoire des créances porte sur les biens meubles incorporels. Elle consiste dans le fait,
pour le créancier (créancier saisissant), de procéder à la saisie d’une créance de son débiteur
(débiteur saisi) contre un débiteur de ce dernier (tiers saisi) au moyen d’un acte d’huissier ;
 Saisie conservatoire des droits d’associés et des valeurs mobilières : les droits d’associés
constituent des titres émis par la société (parts sociales et actions) en contrepartie des apports
faits par les associés ou les actionnaires. Les valeurs mobilières constituent une catégorie de
titres émis par les sociétés anonymes (actions, obligations, par exemple).

B. Saisies mobilières à fin d’exécution

Lorsque la démarche du créancier tend à la vente des biens du débiteur afin de se faire payer
sur le prix de la vente ou à l’attribution de la créance saisie, la saisie est qualifiée de « saisie à fin
d’exécution ». Les saisies mobilières à fin d’exécution requièrent obligatoirement un titre exécutoire (un
jugement, par exemple).
Les différentes catégories de saisies à fin d’exécution sont les suivantes :
 Saisies-ventes mobilières : elle peut consister en la vente de biens meubles corporels (saisie
vente de droit commun et saisie de récolte sur pied) ;
 Saisies de créances à fin d’exécution : il peut s’agir d’une saisie attribution : le créancier saisit
entre les mains d’un tiers, appelé tiers saisi, les créances portant sur une somme d’argent autre
que les créances de rémunération du travail et se fait attribuer lesdites sommes ; il peut aussi
s’agir d’une saisie des rémunérations ;
 Saisie appréhension : elle vise la restitution d’un bien meuble corporel.
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2. Saisie immobilière
La saisie immobilière permet au créancier de faire saisir et vendre des biens immeubles
appartenant à son débiteur qui ne s’est pas exécuté volontairement.

A. Conditions de la saisie immobilière


La saisie immobilière ne peut être pratiquée qu’en vertu d’un titre exécutoire constatant une
créance liquide et exigible. De même, l’immeuble concerné doit être immatriculé (couvert par un
certificat d’enregistrement). L’Acte uniforme prévoit d’autres conditions particulières dans certaines
situations dont l’indivision (lorsque l’immeuble appartiennent à plusieurs personnes et que certaines
d’entre elles ne sont pas concernées par la saisie) et la créance hypothécaire (créance garantie par un
immeuble).

B. Procédure
La vente forcée de l’immeuble doit être précédée d’un commandement de payer (ordre de
payer). L’original de ce commandement doit être visé par le conservateur des titres immobiliers. En cas
de non-paiement, le commandement opère la saisie à compter de son inscription. A partir de ce
moment, l’immeuble devient indisponible de sorte que le débiteur ne peut le vendre. Il en est de même
des revenus de l’immeuble qui deviennent aussi indisponibles et immobilisés pour assurer la distribution
avec le prix de la vente forcée.

En vue de la préparation de la vente, la loi prévoit les formalités ci-après :


 Cahier des charges : il est rédigé par un avocat. Il contient les conditions et les modalités de la
vente de l’immeuble saisi ;
 Audience éventuelle : audience au cours de laquelle les parties présentent leurs dires et
observations ;
 Publicité de la vente : elle doit intervenir trente jours au plutôt et quinze jours au plus tard avant
l’adjudication, par insertion de l’extrait du cahier des changes au journal d’annonces légales
(journal officiel ou site internet du Guichet unique de création d’entreprise) et apposition des
placards dans les lieux indiqués par l’Acte uniforme.

Section deuxième : PROCEDURES COLLECTIVES D’APUREMENT DU PASSIF

Paragraphe premier : Notions, Objet et finalités des procédures collectives d’apurement du


passif
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1. Notions
A l’instar de la vie des hommes, la vie des organisations, en général, et celle des entreprises
commerciales, en particulier, est aussi faite de roses et d’épines, de hauts et de bas. Les succès
enregistrés au cours d’une période donnée sont vite oubliés en cas de déclin de l’entreprise. Les
procédures collectives interviennent justement pour organiser la manière dont les graves difficultés des
entreprises peuvent être gérées et réglées.

Autrefois appelé « droit de la faillite » (décret de 1934 sur les faillites), essentiellement
caractérisé par le souci de payer au mieux possible les créanciers du débiteur failli, la sanction de ce
dernier (laquelle pouvait aller jusqu’à son exclusion de la profession commerciale, voire son
emprisonnement) ainsi que la sauvegarde éventuelle de l’entreprise, cette branche du droit a connu de
profondes évolutions en droit comparé. Le droit uniforme prend en compte ces évolutions.

En effet, par son Acte uniforme du 10 avril 1998 portant organisation des procédures collectives
d’apurement du passif (cet Acte uniforme fait actuellement l’objet d’un projet de révision), le droit
OHADA prévoit un ensemble de règles destinées à organiser la prévention et le règlement des
difficultés financières de toute personne physique et morale commerçante et de toute personne morale
non commerçante de droit privé (y compris les entreprises publiques).

2. Objet et finalité de l’Acte uniforme portant organisation des procédures collectives


d’apurement du passif
Cet Acte uniforme a pour objet d’organiser les procédures collectives de règlement préventif, de
redressement judiciaire et de liquidation des biens du débiteur en vue de l’apurement de son passif ; de
définir les sanctions patrimoniales, professionnelles et pénales relatives à la défaillance du débiteur et
des dirigeants fautifs de l’entreprise débitrice.

Paragraphe deuxième : Procédures organisées


L’Acte uniforme organise trois procédures collectives à savoir :
 Le règlement préventif ;
 Le redressement judiciaire ;
 La liquidation des biens.
61

Ces trois procédures sont essentiellement judiciaires. Elles sont officiellement ouvertes par
décision de la juridiction compétente (tribunal de commerce ou, s’il n’en existe pas, tribunal de grande
instance), se déroulent sous sa supervision et se clôturent par sa décisio
. C’est aussi cette juridiction qui, selon le cas, assure la désignation, l’information et la mise en
place des organes de la procédure que sont le juge-commissaire, le ou les syndics, le Ministère Public,
le ou les contrôleurs.

1. Procédure de règlement préventif


Le règlement préventif est une procédure destinée à éviter la cessation des paiements ou la
cessation d’activité de l’entreprise et à permettre l’apurement de son passif au moyen d’un concordat
préventif. Pour bénéficier de cette procédure, le requérant ne doit pas être en état de cessation de
paiements. Il doit se trouver dans une situation économique et financière difficile, mais non
irrémédiablement compromise.

En d’autres termes, il s’agit ici d’affronter les difficultés de l’entreprise dès la manifestation de
leurs premiers symptômes. Comme pour le cas d’une maladie dont l’évolution n’a pas encore atteint
une phase critique. Il s’agit donc de difficultés passagères dont l’accroissement peut être freiné ou
anéanti par une prise en charge efficiente et à bon escient.

La juridiction compétente est saisie par une requête du débiteur exposant sa situation
économique et financière et présentant les perspectives de redressement de l’entreprise et d’apurement
du passif. Il s’agit pour le débiteur non seulement d’exposer ses difficultés à la juridiction compétente,
mais aussi et surtout de dire comment il entend en sortir. Un concordat préventif est donc exigé et doit
être déposé dans le délai fixé par la loi.

La finalité pour le débiteur est d’obtenir de la juridiction compétente saisie le bénéfice de la


suspension des poursuites individuelles de ses différents créanciers tendant à obtenir le paiement des
créances désignées par le débiteur et nées antérieurement à ladite décision.

Toutefois, ce soulagement ne lui sera accordé qu’après le dépôt d’un concordat préventif, c’est-
à-dire un accord négocié et conclu entre le débiteur et ses créanciers suivant les modalités prévues par
la loi et soumis à l’homologation de la juridiction compétente (accord constatant les remises de dettes et
les prorogations des délais de paiement accordés au débiteur par ses créanciers ainsi que les
engagements souscrits par le débiteur envers ses créanciers), suivi de la désignation par le président
62

de la même juridiction d’un expert chargé de lui faire rapport sur la situation économique et financière
de l’entreprise, les pistes de solution de redressement, compte tenu des délais et remises consentis ou
susceptibles de l’être par les créanciers et toutes autres mesures contenues dans les propositions du
concordat préventif.

La procédure de règlement préventif peut être convertie en redressement judiciaire, si la


juridiction compétente statuant en audience non publique constate la cessation des paiements. Dans le
cas contraire, elle procède à l’homologation du concordat préventif.

2. Procédure de redressement judiciaire et procédure de liquidation des biens


La cessation des paiements est la situation du débiteur qui se trouve dans l’impossibilité de
faire face à son passif exigible avec son actif disponible (composé notamment d’espèces en caisses, de
soldes bancaires, d’effets de commerce échus, de créances à vue).

Le débiteur qui se trouve dans cette situation est tenu de faire une déclaration de cessation des
paiements dans un délai de trente jours de la cessation des paiements aux fins d’obtenir l’ouverture
d’une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens, quelle que soit la nature de ses
dettes. Il fait et dépose cette déclaration au greffe de la juridiction compétente contre récépissé.

Alors que seul le débiteur à l’initiative de la procédure de règlement préventif, l’initiative de la


procédure de redressement judiciaire est aussi reconnue au créancier dont la créance est certaine,
liquide et exigible. A la différence de notre ancien décret de 1934 sur les faillites qui reconnaissait aussi
au Ministère Public le pouvoir de saisir la juridiction compétente, le droit OHADA ne reconnait pas au
Ministère Public cette possibilité. Il peut juste fournir à la juridiction compétente des informations en sa
possession sur le débiteur par rapport à certaines infractions instruites dans son office.

La juridiction compétente qui avait été initialement saisie par une requête aux fins de règlement
préventif doit, si elle constate la cessation des paiements, prononcer le redressement judiciaire ou la
liquidation des biens.
Elle prononce le redressement judiciaire si le débiteur a proposé un concordat sérieux. Dans le
cas contraire, elle prononce la liquidation des biens.

Paragraphe troisième : Effets de la décision d’ouverture de la procédure de redressement


judiciaire
63

1. Effets à l’égard du débiteur : assistance ou dessaisissement du débiteur

Le débiteur est soumis, de plein droit, à partir de la date de la décision de redressement


judiciaire jusqu’à l’homologation du concordat ou la conversion du redressement judiciaire en liquidation
des biens, à un régime d’assistance obligatoire pour tous les actes concernant l’administration et la
disposition de ses biens, sous peine d’inopposabilité desdits actes. Exceptionnellement, il peut
valablement accomplir certains actes aux conditions fixées par l’Acte uniforme.

2. Effets à l’égard des créanciers


 Constitution de la masse de créanciers. Les créanciers sont représentés, en ce qui concerne la
défense de leurs intérêts collectifs, par le syndic qui agit au nom et pour le compte de ladite
masse.
 Suspension ou interdiction des poursuites individuelles ayant pour finalité de faire reconnaître
des droits et des créances ainsi que toutes les voies d’exécution tendant à en obtenir le
paiement sur les meubles et immeubles du débiteur. Il y a quelques exceptions à cette
suspension ou interdiction en faveur de certaines actions.
 L’arrêt du cours des intérêts légaux et conventionnels et des majorations de retard de toutes les
créances, qu’elles soient garanties par une sûreté ou non. Il y a une exception à cette règle
pour une catégorie d’intérêts.

Les créanciers sont tenus, sous peine de forclusion, de produire (déclarer) leurs créances dans
les délais légaux et selon les modalités fixées par l’Acte uniforme. Les créances ainsi déclarées font
l’objet d’une vérification et revendication et toutes ces mesures sont soumises à la publicité.

Paragraphe quatrième : Sanctions contre les dirigeants sociaux fautifs

1. Comblement du passif social


L’article 183 alinéa 1 de l’Acte uniforme dispose : « Lorsque le redressement judiciaire ou la
liquidation des biens d’une personne morale fait apparaître une insuffisance d’actif, la juridiction
compétente peut, en cas de faute de gestion ayant contribué à cette insuffisance d’actif, décider, à la
requête du syndic ou même d’office, que les dettes de la personne morale seront supportées en tout ou
partie, avec ou sans solidarité, par les dirigeants ou certains d’entre eux ».
64

Le dirigeant fautif risque donc de devoir payer le passif social et apparaît ainsi dans la même
situation que celle de l’associé d’une société à risque illimité.
2. Extension des procédures collectives aux dirigeants sociaux

Les dirigeants sociaux fautifs s’exposent au risque d’être eux-mêmes soumis personnellement
aux procédures collectives. En effet, l’article 189 dispose : « En cas de redressement judiciaire ou de
liquidation des biens d’une personne morale, peut être déclaré personnellement en redressement
judiciaire ou en liquidation des biens, tout dirigeant qui a, sans être en cessation des paiements lui-
même :
 Exercé une activité commerciale personnelle, ne soit par personne interposée, soit sous le
couvert de la personne morale masquant ses agissements ;
 Disposé du crédit ou des biens de la personne morale comme des siens propres ;
 Poursuivi abusivement dans son intérêt personnel, une exploitation déficitaire qui ne pouvait
conduire qu’à la cessation des paiements de la personne morale.

La juridiction compétente peut également prononcer le redressement judiciaire ou la liquidation


des biens des dirigeants à la charge desquels a été mis tout ou partie du passif d’une personne morale
et qui n’acquittent pas cette dette ».

3. Faillite personnelle et réhabilitation

A. Faillite personnelle
A toute époque de la procédure, la juridiction compétente prononce la faillite personnelle des
personnes qui se sont rendues coupables de manquements suivants :
 Avoir soustrait la comptabilité de leur entreprise, détourné ou dissimulé une partie de son actif
ou reconnu frauduleusement des dettes qui n’existent pas ;
 Avoir exercé une activité commerciale dans leur intérêt personnel, soit par personne
interposée, sois sous couvert d’une personne morale masquant leurs agissements. Les
personnes visées sont le débiteur ou les dirigeants de la personne morale. La décision qui
prononce la faillite personnelle emporte de plein droit :
 L’interdiction générale de faire le commerce et notamment de diriger, gérer, administrer ou
contrôler une entreprise commerciale à forme individuelle ou toute personne morale ayant une
activité économique ;
65

 L’interdiction d’exercer une fonction publique élective et d’être électeur pour ladite fonction
publique ;
 L’interdiction d’exercer une fonction administrative, judiciaire ou de représentation
professionnelle.

La durée de la faillite personnelle est fixée par la juridiction compétente qui la prononce, sans
pouvoir être inférieure à trois ans et supérieure à dix ans.
Les déchéances, incapacités et interdictions résultant de la faillite personnelle cessent, de plein droit, au
terme fixé.

b. Réhabilitation
Elle a lieu suite à la décision de clôture pour extinction du passif. Pour être réhabilité de plein
droit, l’associé solidairement responsable des dettes d’une personne morale déclarée en cessation des
paiements, doit justifier qu’il a acquitté, dans les mêmes conditions, toutes les dettes de la personne
morale, alors même qu’un concordat particulier lui aurait été consenti.
66

Chapitre sixième : LE CONTENTIEUX EN DROIT OHADA

Section première : LES JURIDICTIONS COMMERCIALES

Paragraphe premier : Le tribunal de commerce

1. Organisation et fonctionnement du tribunal de commerce

Les tribunaux de commerce sont des juridictions de l’ordre judiciaire spécialisés dans le
règlement des différends relatifs au commerce12. Ils existent en vertu de la loi 002/2001 du 03/07/2001,
portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce.

A. Organisation du tribunal de commerce

1° Du siège

Le tribunal de commerce est composé de deux catégories de juges : les juges permanents et
les juges consulaires :

 les juges permanents ont le statut de magistrats de carrière et sont nommé conformément
au statut des magistrats ;
 les juges consulaires sont des individus élus par des organisations professionnelles des
commerçants légalement constituées et bien représentatives ; ils siègent aux côtés de
magistrats, pour un mandat de deux ans renouvelables deux fois pour des durées de
quatre ans.

Le tribunal de commerce est placé sous le commandement d’un Président. En plus de ses
charges juridictionnelles, le Président du tribunal de commerce est investi d’importantes missions
administratives. A plusieurs occurrences, les actes uniformes prévoient les matières qui lui sont
spécialement dévolues.

Le tribunal de commerce siège à trois membres avec l’assistance du ministère public et d’un
greffier. Un juge consulaire peut présider une chambre, mais le Président du siège doit nécessairement
être un magistrat de carrière si l’affaire concerne les matières d’ordre public qui sont :

 les faillites et les concordats judiciaires ;


 les contentieux relatifs au contrat de société ;

12 Sous leur forme moderne, les tribunaux de commerce ont été institués, pour la première fois, en 1563 par le roi Charles
IX, faisant grâce à une demande formulée par un marchand conduit devant le roi par Michel de L’Hospital. Leur institution
procède de la volonté d’assurer, parmi les négociants, la bonne foi contre la fraude, et prévenir les obstacles qui les
détournent de leur emploi par la longueur des procès.
67

 les actions en matière de concurrence déloyale ;


 les affaires dans lesquelles un ou plusieurs défendeurs ont été caution au signataire d’un
chèque bancaire, d’une lettre de change ou d’un billet à ordre.

B. Compétence du tribunal de commerce

1° Compétence matérielle

En règle générale, les juridictions commerciales connaissent des contestations relatives aux
actes de commerce entre commerçants ou entre toutes personnes.

L’attribution des compétences au tribunal de commerce est d’ordre public. Par conséquent, les
parties ne peuvent stipuler, par contrat, des clauses attributives de compétence dans le sens d’obtenir
du cocontractant non commerçant la renonciation à la compétence du juge civil. Aussi, l’énumération
des matières qui relèvent de la compétence est limitative (article 17 de la loi du 03/07/2001). Elle est
aussi d’ordre public.

Les contestations relevant de la compétence des juridictions commerciales peuvent être des
matières de droit privé et de droit public .

a. Les matières de droit privé

Les matières de droit sont :

 les contestations relatives aux engagements et transactions entre commerçants ;


 les contestations entre associés, pour raison de sociétés commerciales ;
 les contestations entre toutes personnes relatives aux actes de commerce, à la
concurrence commerciale et aux opérations de bourse ;
 les actes mixtes si le défendeur est commerçant ;
 les litiges complexes comprenant plusieurs défendeurs dont l’un est soit caution soit
signataire d’un chèque bancaire, d’une lettre de change ou d’un billet à ordre ;
 les litiges relatifs aux faillites et concordats judiciaires.

b. Matières de droit public

Les matières de droit public sont celles qui concernent les infractions à la législation
économique et commerciale, quels que soient le taux de la peine ou la lourdeur de l’amende. Le tribunal
de commerce n’est pas compétent pour connaître des infractions de droit commun, même si celles-ci
68

ont trait avec l’activité professionnelle du commerçant.

c. Domaine d’exclusion

Les contestations portant sur certains actes de commerce mixtes et dans lesquelles les
commerçants sont défendeurs sont soumises, non aux juridictions commerciales, mais à d’autres
tribunaux. Cela concerne notamment :

 le contrat de travail dont les litiges y relatifs sont de la compétence des tribunaux de travail ;
 les engagements extracontractuels du commerçant tels que ceux relatifs à la responsabilité
civile, aux accidents de travail, à moins qu’ils ne naissent de l’exploitation d’un commerce ;
 les engagements quasi-contractuels légaux tels que les obligations fiscales.

2° Compétence personnelle

Toutes les personnes concernées, au titre de défendeur, par les matières énumérées à l’article
17 de la loi du 03/07/2001 sont justiciables du tribunal de commerce à moins qu’elles bénéficient du
privilège de juridiction.

3° Compétence territoriale

Le ressort territorial du tribunal de commerce correspond à celui du tribunal de grande instance.


C’est pourquoi, là où le tribunal de commerce n’est pas opérationnel, les matières qui relèvent de sa
compétence sont portées devant le Tribunal de Grande Instance.

2. Procédure devant le tribunal de commerce

A. La saisine

Le mode de saisine du tribunal de commerce varie selon qu’il s’agit des matières de droit privé
ou des matières de droit pénal.
1° Saisine en matière de droit privé

En matière de droit privé, le tribunal de commerce peut être saisi par :


 une requête verbale ou écrite faite au greffe ;
 une assignation ;
 la comparution volontaire des parties ;
69

 les conclusions des parties (lorsqu’elles contiennent des demandes nouvelles


additionnelles ou reconventionnelles).

B. Saisine en matière répressive


En matière de droit pénal, le tribunal de commerce est saisi par :

 une citation à prévenu du ministère public ;


 une citation directe ;
 la comparution volontaire des parties (en cas d’irrégularité de la citation, d’évocation
des faits nouveaux à l’audience ou de nouvelle qualification des faits à l’audience).

C. L’instruction et le jugement

1° L’instruction de la cause

La comparution des parties, le déroulement des audiences ainsi que les enquêtes obéissent
aux mêmes règles que celles prévues aux codes des procédures civile et pénale. Il en est de même de
la forme, du contenu et de l’exécution des jugements.

C’est surtout en matière commerciale que l’article 63 de l’arrêté portant règlement intérieur des
cours, tribunaux et parquets devrait trouver une application plénière. En effet, il n’est pas admis plus de
deux remises lorsque la créance est documentée par une traite acceptée, un billet à ordre, un chèque,
une reconnaissance de dette ou un titre authentique.

2° Le jugement

Le prononcé du jugement suppose que la cause soit prise en délibéré. Comme tout juge, le
juge de commerce doit répondre sur chacune des prétentions formulées par les parties et uniquement
sur celles-là. Naturellement, le jugement doit être motivé. Le juge fera bon droit en invoquant les raisons
qui déterminent sa conviction.

L’exécution du jugement n’est possible qu’en vertu d’une expédition revêtue de la formule
exécutoire. Elle requiert par ailleurs une notification à la partie succombante, à moins qu’il ne s’agisse
d’un jugement exécutoire sur minute ou que la partie consente l’exécution volontaire. Les jugements du
tribunal de commerce peuvent être exécutés par provision lorsque :

 ils ne prescrivent que des mesures provisoires pour l’instance ;


 ils ordonnent de simples mesures conservatoires ;
70

 ils accordent une provision au créancier.

3° Les voies de recours

Les voies de recours ordinaires sont :

 huit jours pour l’opposition et l’appel en matière de droit privé ;


 huit jours pour l’opposition et dix jours pour l’appel en matière pénale (que l’appel soit
l’œuvre du condamné ou le ministère public).

La computation de ce délai obéit aux règles de droit commun. Ils sont suspensifs de l’exécution
du jugement, sauf si celui-ci doit être exécuté nonobstant appel.

Voies de recours extraordinaires :

La tierce opposition, la requête civile, la prise à partie et la révision sont régies par les règles
habituelles. En principe, ils n’ont pas d’effet suspensif sur l’exécution du jugement. Le pourvoi en
cassation est introduit auprès de la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA) dans les deux
mois de la notification de la décision attaquée (article 28 du règlement de procédure devant la CCJA).

Paragraphe deuxième : LA COUR COMMUNE DE JUSTICE ET D’ARBITRAGE

L’organisation et le fonctionnement ainsi que la procédure applicable devant la CCJA sont fixés
par le règlement de procédure de la CCJA n° 01/2014 du 30 janvier 2014.

1. Organisation et fonctionnement

A. Caractères de la CCJA

1°Organisation

La CCJA est composée de neuf juges élus par le Conseil des Ministres pour un mandat de sept
ans non renouvelable. Elle est présidée par un Président et deux Vice-Présidents élus par leurs pairs
pour un mandat non renouvelable de trois ans et six mois.

2°Fonctionnement

La CCJA siège normalement en plénière à sept membres à son siège qui est à Abidjan ou en
foraine dans n’importe quel Etat membre de l’OHADA (article 19 du règlement de la CCJA). Elle siège
sous l’assistance d’un greffier. Le Président peut cependant constituer, par voie d’ordonnance, des
chambres composées de trois membres. Les juges sont assistés, dans leurs fonctions, par des juristes
71

référendaires.

B. Caractères de la procédure devant la CCJA

1° Principes de base

La procédure devant la CCJA se caractérise par :

 l'exigence du ministère de l’avocat qui, pour ce faire, bénéficie d’une immunité pour les
paroles et écrits relatifs à la cause ou aux parties ;
 la liberté des modes de signification des actes de procédure (lettre recommandée avec avis
de réception, courrier électronique, télécopie,…) ;
 le choix de la langue de procédure par le requérant (à moins qu’un Etat membre de
l’OHADA soit partie à la cause) ;
 son caractère essentiellement écrit, à moins que la cour décide de la tenue d’une audience
publique (article 34).

2° Causes de la saisine de la CCJA

La CCJA peut être saisie par diverses parties et pour divers motifs. En effet, la CCJA est saisie
par :

 le renvoi d’une juridiction nationale statuant en cassation laissant le soin à la CCJA de juger
d’une affaire qui soulève les questions impliquant l’application du droit communautaire ;
 le recours en annulation d’un jugement par lequel une cour nationale de cassation
méconnaît la compétence de la CCJA ;
 la demande d’un avis consultatif émanant d’un Etat partie ou du Conseil des Ministres de
l’OHADA sur toute question intéressant le droit communautaire.

3° Du pourvoi en cassation

D’après l’article 28 du règlement de procédure devant la CCJA, le recours en cassation est


fondé sur :

 la violation de la loi ;
 l’incompétence et l’excès de pouvoir ;
 la violation des formes prescrites par la loi à peine de nullité ;
 le défaut, l’insuffisance ou la contrariété des motifs ;
 l’omission ou le refus de répondre à des chefs de demandes ;
72

 la dénaturation des faits de la cause ou de pièces de la procédure ;


 le manque de base légale ;
 la perte de fondement juridique ;
 le fait de statuer sur une chose non demandée ou d’attribuer une chose au-delà de ce qui a
été demandé.

a. La requête en cassation

Le recours en cassation doit être présenté au greffe de la CCJA dans les deux mois de la
notification ou de la signification de la décision attaquée (article 28 du règlement de la CCJA). Le
recours contient :

 les indications sur l’identité des parties ;


 les conclusions du requérant et les moyens à l’appui ;
 l’indication sur les actes uniformes applicables à l’affaire pour justifier la compétence de la
CCJA ;
 la décision attaquée.

La non-conformité du recours n’entraîne pas automatiquement le rejet de la demande. Un délai


de régularisation est donné au requérant. L’élection de domicile au siège de la CCJA n’est plus
obligatoire. Les significations peuvent utilement faites aux avocats par courrier électronique.

b. Les mémoires des parties

Dès que la cour admet la recevabilité de la requête, le recours est signifié à toutes les parties à
la procédure devant la juridiction nationale ayant rendu la décision attaquée. Chaque partie intéressée
peut, dans les trois mois qui suivent la signification, présenter un mémoire en réponse qui contient
notamment les conclusions et les moyens invoqués.

Les mémoires en réponses peuvent être complétés, en cas d’autorisation par le Président, par
des mémoires en réplique et en duplique (article 28-6).

c. Des exceptions

Des exceptions peuvent être soulevées relativement à la compétence de la cour ou à la


recevabilité du pourvoi. Elles doivent cependant l’être dans le délai fixé pour le dépôt de la première
73

pièce de procédure. La cour statue directement sur l’exception ou le joint au fond. La cour peut
ordonner la jonction des affaires. Elle peut aussi les disjoindre.

d. L’arrêt de la cour

L’arrêt est rendu en audience publique. Il a force obligatoire à compter du jour de son prononcé.
En plus du dispositif été des mentions de routine, l’arrêt statue aussi sur les dépens (droits du greffe,
frais de procédure,…).

2. L’exécution de l’arrêt et voies de recours

A. Les voies de recours

Les arrêts de la CCJA sont susceptibles de certains recours. Il s’agit des recours suivants :

 l'intervention couverte à toute personne qui justifie de son intérêt à conserver ses droits en
soutenant les prétentions de l’une des parties ;
 l’interprétation (pour obtenir, de la cour, une interprétation sur le sens ou la portée du
dispositif d’un arrêt) ; la requête doit être introduite dans les trois mois qui suivent le
prononcé de l’arrêt.

D’autres voies de recours admises sont :

 la tierce opposition (au profit d’une personne préjudiciée par un arrêt de la cour rendu à
l’issue d’un procès auquel elle n’a pas été faite) ;
 la révision (en cas de découverte d’un fait de nature à influencer de manière décisive
l’arrêt mais qui était inconnu de la partie qui l’invoque de la cour elle-même ; demande
à formuler dans un délai de trois mois à compter du jour où le demandeur a eu
connaissance dudit fait et dans les dix ans qui suivent le prononcé de l’arrêt).

B. L’exécution forcée

Les arrêts de la CCJA font l’objet d’une exécution forcée après l’apposition de la formule
exécutoire par l’autorité compétente en la matière. Celui-ci y procède sans autre contrôle si ce n’est
celui relatif à la vérification de l’authenticité du titre. La surséance de l’exécution d’un arrêt de la CCJA
ne peut être ordonnée que par une décision de son Président.
74

Section deuxième : L’ARBITRAGE INSTITUTIONNEL

L’arbitrage institutionnel est organisé par l’acte uniforme du 11 mars 1990 qui tient lieu de
droit relative à l’arbitrage dans les Etats parties et abroge ainsi le droit interne correspondant.

Paragraphe premier : Des arbitrages et de la convention d’arbitrage

1. Ouverture de l’arbitrage

A. Personnes assujetties

L’arbitrage est ouvert à toute personne physique ou morale, de droit public ou de droit privé,
et sur litige lorsque le siège du tribunal arbitral se trouve dans l’un des Etats-parties. Lorsque les
personnes morales de droit public y consentent, elles ne peuvent plus invoquer leur propre droit pour
contester l’arbitralité d’un litige, leur capacité à compromettre à la validité de la convention d’arbitrage
(art.3).

B. Fondement de l’arbitrage

Il doit exister, avant l’ouverture de l’arbitrage, une convention d’arbitrage. Celle-ci doit être
faite par écrit, ou par tour autre moyen permettant d’en administrer la preuve, notamment par la
référence fait à un document la stipulant.

La convention d’arbitrage est indépendante du contrat principal (art. 4). Ainsi, sa validité n’est
pas affectée par la nullité de ce contrat et doit être appréciée d’après la commune volonté des parties,
sans référence nécessaire à un droit étatique.

Les parties ont toujours la faculté, d’un commun accord, de recourir à une convention
d’arbitrage, même lorsqu’une instance a déjà été engagée devant une autre juridiction.

2. Les arbitres

A. Nomination

La mission d’arbitre ne peut être confiée qu’à une personne physique ayant le plein exercice de
ses droits civils. L’arbitre demeure indépendant et impartial vis-à-vis des parties. Les arbitres sont
nommés, révoqués ou remplacés conformément à la convention des parties. A défaut d’une telle
75

convention d’arbitrage ou si la convention est insuffisante, la nomination des arbitres est opérée dans
les conditions suivantes :

 En cas d’arbitrage par trois arbitres, chaque partie nomme un arbitre et les deux arbitres ainsi
nommés choisissent le troisième arbitre ; si une partie ne nomme pas un arbitre dans un délai
de trente jours à compter de la réception d’une demande à cette fin émanant de l’autre partie,
ou si les deux arbitres ne s’accordent pas sur le choix du troisième arbitre dans un délai de
trente jours à compter de leur désignation, la nomination est effectuée, sur la demande d’une
partie, par le juge compétent dans l’Etat-partie ;
 En cas d’arbitrage par un arbitre unique, si les parties ne peuvent s’accorder sur le choix de
l’arbitre, celui-ci est nommé, sur la demande d’une partie, par le juge compétent dans l’Etat-
partie.

L’arbitre qui accepte sa mission doit porter cette acceptation à la connaissance des parties par
tout moyen laissant trace écrite.

B. Récusation

Si l’arbitre suppose en sa personne une cause de récusation, il doit en informer les parties, et
ne peut accepter sa mission qu’avec leur accord unanime et écrit. En cas de litige, et si les parties n’ont
pas réglé la procédure de récusation, le juge compétent statue sur la récusation. Sa décision n’est
susceptible d’aucun recours.

Par ailleurs, toute cause de récusation doit être soulevée dans délai par la partie qui entend
s’en prévaloir. La récusation d’un arbitre n’est admise que pour une cause révélée après sa
nomination ;

C. Le tribunal arbitral

Le tribunal arbitral est constitué soir d’un seul arbitre, soit de trois arbitres. Si les parties
désignent les arbitres en nombre par, le Tribunal arbitral est complété par un arbitre choisi, soit
conformément aux prévisions des parties, soit en l’absence de telles prévisions, par les arbitres
désignés, soit à défaut d’accord entre ces derniers, par le juge.

Il en est de même en cas de récusation, d’incapacité, de décès de démission ou de révocation


d’un arbitre.
76

Paragraphe deuxième : L’instance arbitrale

1. Principes de base

A. ouverture et application du règlement d’arbitrage

Dans une instance arbitrale, les parties doivent être traitées sur un pied d’égalité, chacune
gardant la possibilité de faire valoir ses droits. Cependant, le fait pour les parties de s’en remettre dans
un organisme d’arbitrage les engage à appliquer le règlement d’arbitrage de l’organisme d’arbitrage
saisi, sauf pour les parties à en écarter expressément certaines dispositions.

L’instance arbitrale est liée dès le moment où l’une des parties saisit le ou les arbitres
conformément à la convention d’arbitrage, ou, à défaut d’une telle désignation, dès que l’une des
parties engage la procédure de constitution du Tribunal arbitral (art. 10).

B. Règles de compétence

Le Tribunal arbitral statue sur sa propre compétence, y compris sur toutes questions relatives
à l’existence ou à la validité de la convention d’arbitrage. L’exception d’incompétence doit être soulevée
avant toute défense au fond, sauf si les faits sur lesquels elle est fondée ont été révélés ultérieurement.
L’examen de l’exception d’incompétence peut être joint au fond.

Lorsqu’un litige, dont un Tribunal arbitral est saisi en vertu d’une convention arbitrale, est
porté devant une juridiction étatique, celle-ci doit, si l’une des parties en fait la demande, se déclarer
incompétente (art.13). La juridiction étatique doit également se déclarer incompétente même si le
tribunal arbitral n’est pas encore saisi, à moins que la convention d’arbitrage ne soit manifestement
nulle. Mais en tout état de cause, la juridiction étatique ne peut révéler d’office son incompétence.

C. Des mesures conservatoires

L’existence d’une convention d’arbitrage ne fait pas obstacle à ce qu’à la demande d’une
partie, une juridiction, en cas d’urgence reconnue et motivée ou lorsque la mesure devra s’exécuter
dans un Etat non partie à l’OHADA, ordonnance des mesures provisoires ou conservatoires, dès lors
que ces mesures n’impliquent pas un examen du litige au fond, pour lequel seul le Tribunal arbitral est
compétent (art. 13).
77

D. Durée de l’instance

Si la convention d’arbitrage ne fixe pas de délai, la mission des arbitres ne peut excéder six
mois à compter du jour où le dernier d’entre eux l’a acceptée. Le délai peut être prorogé, soir par accord
des parties, soit à la demande de l’une d’elles ou du Tribunal arbitral, parle juge.

2. Règles de procédure

A. Droit applicable

Les parties peuvent directement ou par référence à un règlement d’arbitrage régler la


procédure arbitrale. Elles peuvent aussi soumettre celle-ci à la loi de procédure de leur choix. Faute
d’une telle convention, le tribunal arbitral peut procéder à l’arbitrage comme il le juge approprié.

B. Instruction de la cause : respect du principe du contradictoire

A l’appui de leurs prétentions, les parties ont la charge d’alléguer et de prouver les faits
propres à les fonder. Les arbitres peuvent les inviter à fournir les explications de fait, et à présenter, par
tout moyen légalement admissible, les preuves qu’ils estiment nécessaires à la solution du litige.

Les arbitres ne peuvent retenir dans leur décision les moyens, les explications ou les
documents invoqués ou produits par les parties que si celles-ci ont été à même d’en débattre
contradictoirement. Ils ne peuvent non plus fonder leur décision sur les moyens qu’ils auraient relevés
d’office sans avoir au préalable invité les parties à présenter leurs observations. Toutefois, la partie qui,
en connaissance de cause, s’abstient d’invoquer sans délai une irrégularité et poursuite l’arbitrage est
réputée avoir renoncé à s’en prévaloir.

Si l’aide des autorités judiciaires est nécessaire à l’administration de la preuve, le tribunal


arbitral peut d’office ou sur requête requérir les conditions du juge (actio ad exhibendum). Sauf
convention contraire, les arbitres disposent également du pouvoir de trancher tout incident de
vérification d’écriture ou de faux.

C. Droit applicable à la cause

Les arbitres tranchent le fond du litige conformément aux règles de droit désignés par les
parties ou à défaut choisies par eux comme les plus appropriées compte tenu, le cas échéant, des
usages du commerce international.
78

Ils peuvent également statuer en amiable compositeur lorsque les parties leur ont conféré ce
pouvoir.

D. Fin de l’instruction et mise en délibéré

L’instance arbitrale prend fin par l’expiration du délai d’arbitrage, sauf prorogation convenue
ou ordonnée. Elle peut prendre fin également en cas d’acquiescement à la demande, de désistement,
de transaction ou de sentence définitive.

Le Tribunal arbitral fixe la date à laquelle l’affaire sera mise en délibéré. Après cette date,
aucune demande ne peut être formée ni aucun moyen soulevé. De même, aucune observation ne peut
être présente, ni aucune pièce produite si ce n’est à la demande expresse et par écrit du Tribunal lui-
même.

Les délibérations du Tribunal arbitral sont secrètes.

3. La sentence arbitrale

A. Forme

La sentence arbitrale est rendue dans la procédure et selon les formes convenues par les
parties. A défaut d’une telle convention, la sentence est rendue à la majorité des voix lorsque le tribunal
est composé de trois arbitres.

La sentence arbitrale indique :

 Les noms et prénoms de ou des arbitres qui l’ont rendue ainsi que la date et le siège du tribunal
arbitral ;
 Les noms, prénoms et dénominations des parties, ainsi que la date et le siège social, le cas
échéant, des noms et prénoms des avocats ou de toute personne ayant représenté ou assisté
les parties ;
 L’exposé des prétentions respectives des parties, leurs moyens ainsi que des étapes de la
procédure.

Elle doit être motivée et est signée par le ou les arbitres. Toutefois, si une minorité d’entre eux
refuse de la signer, il doit en être fait mention et la sentence a le même effet que si elle avait été signée
par tous les arbitres.
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B. Effet

La sentence dessaisir l’arbitre du litige (le jugement rendu, le juge cesse d’être juge). L’arbitre
a néanmoins le pouvoir d’interpréter la sentence, ou de réparer les erreurs et omissions matérielles qui
l’affectent. Lorsqu’il a omis de statuer sur un chef de demande, il peut le faire par une sentence
additionnelle.

Dans l’un ou l’autre cas susvisé, la requête doit être formulée dans le délai de 30 jours à
compter de la notification de la sentence. Le tribunal dispose d’un délai de 45 jours pour statuer. Si le
tribunal ne peut à nouveau être réuni, ce pouvoir appartient au juge.

4. Voies de recours

La sentence arbitrale n’est pas susceptible d’opposition, d’appel, ni de pouvoir en cassation


(art. 25).

A. L’annulation

La sentence arbitrale peut faire l’objet d’un recours en annulation porté devant le juge. La
décision rendue à cet effet n’est susceptible que de pourvoi en cassation devant la CCJA.

B. La tierce opposition

La sentence arbitrale peut faire l’objet d’une tierce opposition devant le tribunal arbitral par
toute personne qui n’a pas été appelée et lorsque cette sentence préjudice à ses droits.

C. La révision

La sentence arbitrale peut faire l’objet d’un recours en révision devant le tribunal arbitral. Ce
recours est fondé sur la découverte d’un fait de nature à exercer une influence décisive et qui, avant le
prononcé de la sentence, était inconnu du tribunal arbitral et de la partie qui demande la révision.

Le recours en annulation n’est recevable que dans les cas suivants :

 Si le Tribunal arbitral a statué sans convention d’arbitrage ou sur une convention nulle ou
expirée ;
 Si le Tribunal arbitral a été irrégulièrement composé ou l’arbitre unique irrégulièrement
désigné ;
 Si le Tribunal arbitral a statué sans se conformer à la mission qui lui a été confiée ;
 Si le principe du contradictoire n’a pas été respecté ;
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 Si le Tribunal arbitral a vio lé une règle d’ordre public international des Etats signataires du
Traité de l’OHADA ;
 Si la sentence arbitrale n’est pas motivée.

Le recours en annulation est recevable dès le prononcé de la sentence ; il cesse de l’être s’il
n’a pas été exercé dans le mois de la signification de la sentence munie de l’exequatur.

Sauf si l’exécution provisoire de la sentence a été ordonnée par le Tribunal arbitral, l’exercice
du recours en annulation suspend l’exécution de la sentence arbitrale jusqu’à ce que le juge compétent
ait statué. Ce juge et également compétent pour statuer sur le contentieux de l’exécution provisoire.

En cas d’annulation de la sentence arbitrale, il appartient à la partie la plus diligente


d’engager, si elle le souhaite, une nouvelle procédure arbitrale.

5. Reconnaissance et exécution

A. Exécution forcée

La sentence arbitrale a, dès qu’elle est rendue, l’autorité de la chose jugée relativement à la
contestation qu’elle tranche. D’ailleurs, les arbitres peuvent accorder l’exécution provisoire à la
sentence arbitrale, si cette exécution a été sollicitée, ou la refuser, par une décision motivée. La
sentence arbitrale n’est cependant susceptible d’exécution forcée qu’en vertu décision d’exequatur
rendue par le juge étatique.

B. Reconnaissance

1°Conditions de la reconnaissance

La reconnaissance et l’exequatur de la sentence arbitrale supposent que la partie qui s’en


prévaut établit l’existence de la sentence arbitrale. Cette existence est établie par la production de
l’original accompagné de la convention d’arbitrage ou des copies de ces documents réunissant les
conditions requises pour leur authenticité. Si ces pièces ne sont pas rédigées en langue française, la
partie devra en produire une traduction certifiée par un traducteur inscrit sur la liste des experts établie
par les juridictions compétentes.

2° Contentieux de la reconnaissance

La reconnaissance et l’exequatur sont refusés si la sentence est manifestement contraire à


une règle d’ordre public international des Etats-parties. La décision qui refuse l’exequatur n’est
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susceptible que de pourvoi en cessation devant la CCJA. La décision qui accorde l’exequatur n’est
susceptible d’aucun recours.

Toutefois, le recours en annulation de la sentence emporte de plein droit, dans les limites de
la saisine du juge étatique, recours contre la décision ayant accordé l’exequatur. Ainsi, le rejet du
recours en annulation emporte de plein droit validé de la sentence arbitrale ainsi que de la décision
ayant accordé l’exequatur.

3°Reconnaissance des sentences rendues sur base d’un droit autre que le droit OHADA

Les sentences arbitrales rendues sur le fondement de règles différentes de celles prévues par
le droit OHADA de l’arbitrage sont reconnues dans les Etats parties dans les conditions prévues par les
conventions internationales éventuellement applicables, et à défaut, dans les mêmes conditions que
celles prévues aux dispositions l’acte uniforme sur l’arbitrage.

Les sentences arbitrales ont l’autorité de la chose jugée sur le territoire des Etats parties au
même titre que les décisions des juridictions étatiques (art. 25 du traité). Elles sont susceptibles
d’exécution forcée après exéquatur donné par la CCJA. Celle-ci ne peut refuser l’exéquatur que :

 Si l’arbitre a statué sans convention d’arbitrage ou sur une convention nulle ou expirée ;
 Si l’arbitre a statué sans se conformer à la mission qui lui a été conférée ;
 Lorsque le principe de la procédure contradictoire n’ pas été respecté ;
 Si la sentence est contraire à l’ordre public international.
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