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Droit commercial – BTS II

PLAN DU COURS

Titre I – Introduction à l’étude du droit commercial

Chapitre I – Le domaine, la raisons d’être et l’autonomie du droit commercial.


Chapitre II – Les sources du droit commercial.
Chapitre III – Le règlement des conflits en matière commerciale.

Titre II – Les commerçants dans l’exercice de leurs activités

Chapitre I – Les actes de commerce


Chapitre II – Les commerçants et leurs obligations

Titre III – Le fonds de commerce

Chapitre I – La composition du fonds de commerce


Chapitre II – La protection du fonds de commerce
Chapitre III – Les opérations relatives au fonds de commerce

Titre IV – Les sociétés commerciales faces à des difficultés financières

Chapitre I – Les sociétés commerciales


Chapitre II – Les procédures collectives d’apurement du passif

Titre V – Les opérations commerciales

Chapitre I – Les contrats commerciaux


Chapitre II – Les effets de commerces

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Droit commercial – BTS II

Titre I
INTRODUCTION A L’ETUDE DU DROIT
COMMERCIAL

Il est important de rappeler que le « droit objectif », un ensemble de règles régissant la


vie des hommes en société et dont le non-respect est sanction par l’autorité publique,
comprend principalement deux grandes divisions : le droit public et le droit privé. Le
droit privé est la partie du droit qui régit les rapports entre particuliers, par opposition au

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droit public qui règle les rapports de la puissance publique avec les gouvernés 1. Chacune
de ses divisions est subdivisée en des branches. Ainsi, le droit privé est subdivisé en droit
civil, qui est le droit commun, le droit commercial, et droit social … qualifiés de droit
d’exception.

Qualifié de droit commun, le droit civil pose des règles générales qui ont vocation à
s’appliquer aux rapports contractuels ou extracontractuels qui s’établissent entre les
individus dans le cadre de la vie en société. Mais l’activité commerciale exige l’application
des règles spécifiques. L’ensemble de ces règles constituent le droit commercial. Les
règles élaborées par le droit commercial dérogent à celles du droit civil : on dit que le droit
commercial est un droit d’exception par rapport au droit civil.

Sous ce titre, nous analyserons successivement le domaine, la raison d’être et l’autonomie


du droit commercial (chapitre 1), les sources du droit commercial (chapitre 2), et le
règlement des conflits en matière commerciale (chapitre 3).

Chapitre 1
1
Par gouvernés, on entend les particuliers.

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LE DOMAINE, LA RAISON D’ETRE ET L’AUTONOMIE DU DROIT


COMMERCIAL
La définition du droit commercial renvoie à deux conceptions : la première, la conception
subjective, appréhende le droit commercial comme le droit des commerçants tandis que
la seconde, la conception objective, l’envisage comme le droit des actes de commerce
ou des activités commerciales. Cependant, aucune des deux conceptions retenues n’étant
en soi satisfaisante, une synthèse nous permet d’avoir la définition suivante : le droit
commercial est l’ensemble des règles juridiques applicables aux commerçants dans
l’exercice de leur profession et aux actes de commerce accomplis par toute
personne.

I – LE DOMAINE DU DROIT COMMERCIAL

Le droit commercial est un droit du commerce. Il s’agit du commerce au sens juridique qui
n’est pas le sens usuel2. Dans le langage juridique, le mot commerce a conservé un sens
plus large. Ainsi, le droit commercial s’applique à la fois :

- Au commerce proprement dit c’est-à-dire les opérations de circulation des biens 3 ;
- A l’industrie4 ;
- Aux opérations financières5.

NB : Le droit commercial ne régit pas toutes les activités économiques. Sont donc exclues
du domaine du droit commercial : l’agriculture, l’artisanal, les professions libérales 6 tout
comme les activités non lucratives qui forment l’économie sociale et regroupes les
associations, les mutuelles et les coopératives.

II – LES RAISONS D’ETRE DU DROIT COMMERCIAL

Le droit commercial tire sa raison d’être de la pratique des affaires. En effet, le monde des
affaires est caractérisé par trois grandes nécessités :

- La rapidité des opérations commerciales ;


- La sécurité et le développement du crédit ;
- La nécessité de publicité.

A – LA RAPIDITE DES OPERATIONS COMMERCIALES

Etant un droit lent et très formaliste, le droit civil n’est pas adapté à la vie des affaires
caractérisée par la réalisation rapide des opérations commerciales. Pour répondre à ce
besoin de rapidité, le droit commercial va simplifier ou même supprimer le formalisme du
droit civil dans plusieurs matières.

1 – La règle applicable en matière de preuve

2
Dans le langage économique, le commerce est appréhendé comme la seule circulation et distribution des
richesses et non leur production : c’est le commerce au sens strict.
3
Achat pour revendre en vue de la réalisation d’un profit (transactions).
4
L’industrie est la production de biens en vue de leur vente.
5
Les opérations de banques.
6
Exemples de professions libérales : la profession d’avocat, de notaire, d’expert-comptable, d’enseignant,
de médecin, de vétérinaire etc.

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En matière civile, la preuve se fait par écrit. Mais en matière commerciale, la preuve est
libre. Elle se fait par tous moyens7 (par écrit s’il y en a, l’aveu, le serment, le
témoignage). Cette liberté de preuve s’explique par le fait qu’en matière commerciale, les
commerçants n’ont pas le temps de se ménager une preuve préconstituée (l’écrit). 

2 – La règle applicable en matière de mise en demeure

La mise en demeure est un avertissement (une sommation ou un commandement)


adressé par un créancier à son débiteur d’exécuter son obligation. En matière civile, elle
se fait par exploit d’huissier alors qu’en matière commerciale, elle se fait par simple lettre
recommandée, télégramme, télex ou demande verbale.

3 – La règle applicable en matière de prescription

La prescription est le mode d’acquisition ou de perte d’un droit par l’écoulement d’un délai
défini par la loi. En matière commerciale, les délais de prescription sont courts.
Généralement, le délai de prescription en matière commerciale est de cinq(5) ans alors
qu’en matière civile, il est de trente(30) ans.

A – LE DEVELOPPEMENT ET LA SECURITE DU CREDIT

1 – Le développement du crédit

Le droit commercial assure le développement du crédit en mettant à la disposition des


commerçants, des procédés originaux de crédit tels que l’escompte des lettres de change,
du warrant, du billet à ordre.

2 – La sécurité du crédit

Le droit commercial protège efficacement les créanciers contre le risque d’insolvabilité de


leur débiteur. Cette protection est assurée par deux(2) règles :

- La présomption de solidarité entre codébiteurs commerçants ;


- Les procédures collectives d’apurement du passif.

a – La présomption de solidarité entre codébiteurs commerçants

En droit civil, aux termes de l’article 1310 du code civil, « la solidaritéj ne se présume
point, elle doit être expressément stipulée »8. Par contre, il n’est pas nécessaire de
prévoir la solidarité en droit commercial car selon la coutume commerciale, la solidarité est
toujours présumée dans les contrats entre commerçants. Le créancier peut donc réclamer,
en matière commerciale, paiement intégral d’une dette à l’un quelconque des
codébiteurs9. La présomption de solidarité est donc une règle qui permet à un créancier
de réclamer à l’un quelconque des codébiteurs l’intégralité d’une dette en l’absence de
toute stipulation de solidarité.

NB : L’intérêt de la présomption de solidarité est qu’elle constitue une garantie pour le
créancier et augmente le crédit du débiteur.

7
L’article 5 de l’AUDCG.
8
Cela signifie que si deux ou plusieurs personnes contractent ensemble une même dette sans stipuler la
solidarité, la dette va se diviser. L’inconvénient est que l’un des codébiteurs peut être insolvable et le
créancier devra supporter cette insolvabilité.
9
Il n’a pas à supporter le risque d’insolvabilité de l’un d’entre eux.

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b – Les procédures collectives d’apurement du passif

En matière commerciale, lorsqu’un débiteur est en cessation des paiements, tous les
créanciers sont regroupés en une masse représentée par un syndic qui se charge de
liquider les biens du débiteur commerçant. A l’issue de la liquidation, chaque créancier
chirographaire est payé proportionnellement au montant de sa créance. En droit civil, si le
débiteur est en cessation des paiements, chaque créancier poursuit individuellement et
directement le débiteur pour obtenir paiement. Les créanciers retardataires risquent de ne
pas être payés.

C – LA NECESSITE DE PUBLICITE

La sécurité juridique est assurée par une publicité des actes susceptibles d’intéresser les
tiers. La publicité se fait au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM) ou dans
les journaux d’annonces légales.

Exemple : l’immatriculation de la société commerciale, du commerçant au RCCM,


publication des statuts d’une société dans un journal habilité à recevoir les annonces
légales.

III – L’AUTONOMIE DU DROIT COMMERCIAL ET SA REMISE EN CAUSE

Le droit commercial dispose de ses propres règles et institutions adaptées au monde des
affaires : on dit que le droit commercial est un droit autonome. Cependant, cette
autonomie n’est pas absolue car il y a interférence du droit civil en matière commerciale.
Cette interférence s’observe à deux niveaux : au niveau de l’application des lois et au
niveau de compétence des tribunaux.

A – AU NIVEAU DE L’APPLICATION DES LOIS

Les lois civiles s’appliquent, en matière commerciale, toutes les fois que le droit
commercial ne prévoit pas de dispositions. Ainsi :

- En matière de concurrence déloyale, ce sont les règles de la responsabilité civile


qui s’appliquent (articles 1240 et suivant du code civil) ;
- En matière de formation des contrats commerciaux, ce sont les règles du droit civil
qui s’appliquent (article 1128 du code civil).

B – AU NIVEAU DE LA COMPETENCE DES TRIBUNAUX

Les tribunaux civils peuvent connaître des affaires en raison de leur compétence générale
sauf si la loi attribue compétence à la juridiction commerciale. C’est ainsi que les tribunaux
civils sont compétents pour connaître des litiges relatifs aux baux à usage professionnel.

Chapitre 2
LES SOURCES DU DROIT COMMERCIAL

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On entend par source du droit, l’origine de la règle de droit, l’élément producteur de la


règle de droit. Aborder les sources du droit commercial revient à répondre à la question
suivante : où le droit commercial puise-t-il ses règles ? Les sources du droit
commercial sont nombreuses et seront analysées en sources directes et en sources
indirectes.

I – LES SOURCES DIRECTES

Il s’agit de la loi, de la coutume et des usages.

A – LA LOI

Elle doit être entendue au sens large 10. Elle comprend les lois civiles, les lois
commerciales.

1 – Les lois civiles

Elles s’appliquent en matière commerciale à chaque fois que le droit commercial ne


prévoit pas de dispositions applicables à une situation donnée : c’est l’interférence du droit
civil en matière commerciale au niveau de l’application des lois.

Exemples : la théorie des obligations demeure la base du droit commercial (article 1128,
1240 du code civil).

2 – Les lois commerciales

Elles sont consignées dans un document appelé code OHADA 11. Le traité OHADA reste la
principale source du droit commercial dans tous les Etats de la Zone franc. Les lois
commerciales adoptées dans le cadre de l’OHADA sont appelés les Actes uniformes. Un
acte uniforme est une législation commune imposée par l’OHADA et qui réalise entre
Etats membres une unification du droit en matière commerciale.

A ce jour, les Actes uniformes qui sont adoptés et déjà entrés en vigueur sont :

- Acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage (AUA) ;


- Acte uniforme portant sur le droit commercial général (AUDCG) ;
- Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt
économique (AUSCGIE) ;
- Acte uniforme portant organisation et harmonisation des comptabilités des
entreprises (AUOHC) ;
- Acte uniforme portant organisation des sûretés (AUS) ;
- Acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et
des voies d’exécution (AUVE) ;
- Acte uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement du
passif (AUPC) ;
- Acte uniforme relatif aux contrats de transport de marchandises par route
(AUCTMR) ;
- Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives(AUSCOOP).

NB : Les objectifs de l’OHADA :


10
Au sens large, la loi est toutes dispositions formulée par le pouvoir législatif ou le pouvoir exécutif et les
actes ou traités ratifiés par le Parlement : (Constitution, traité, loi organique, loi ordinaire, règlements).
11
OHADA : l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires.

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- Elaborer et d’adopter une législation commune, simple, souple et mieux adaptée


aux réalités économiques des Etats membres ;
- Assurer la sécurité juridique et judiciaire ;
- Promouvoir l’arbitrage comme instrument de règlement des différends
commerciaux ;
- Améliorer la formation des magistrats et des auxiliaires de justice.

B – LA COUTUME COMMERCIALE

Elle est encore appelée usage de droit ou usage impératif. La coutume est un ensemble
de règles non écrites admises et appliquées de façon unanime par les commerçants. Elle
a un caractère impératif c’est-à-dire qu’elle s’impose au même titre que la loi. Exemples :
La présomption de solidarité entre les codébiteurs en une règle coutumière.

NB : La coutume commerciale peut déroger à une norme supplétive et à une norme
impérative civile, mais jamais à une norme impérative commerciale. Cependant, elle ne
peut être opposable à un non commerçant.

C – LES USAGES COMMERCIAUX

Ils sont encore appelés usages de faits ou usages conventionnels. Les usages
commerciaux sont des pratiques courantes qui s’appliquent aux parties à un contrat à
défaut d’une stipulation contraire. L’usage a un caractère supplétif, c’est-à-dire qu’il ne
s’applique qu’à défaut de volonté contraire exprimée par les parties. L’usage commercial
ne peut déroger aux lois commerciales impératives.

La partie qui invoque un usage en justice doit en faire la preuve. Cette preuve est libre
mais elle peut résulter d’un parère. Le parère est un document rédigé par la chambre
de commerce et d’industrie ou par un syndicat professionnel établissant l’existence
et le contenu d’un usage.

NB : Par rapport à la volonté des parties en droit commercial, une clause particulière d’un
contrat peut déroger à usage conventionnel mais ne peut déroger à une coutume.

II – LES SOURCES INDIRECTES

Il s’agit de la jurisprudence et de la doctrine.

A – LA JURISPRUDENCE

La jurisprudence est l’ensemble des décisions rendues par les tribunaux sur une question
de droit donnée. Les décisions judiciaires jouent un rôle cardinal en matière commerciale
qu’en matière civile. Elle interprète la loi, la complète et parvient parfois à la faire évoluer
au gré des besoins.

Exemple : La théorie de la concurrence déloyale est une création purement


jurisprudentielle.

B – LA DOCTRINE

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La doctrine est l’ensemble des opinions émises par des auteurs juristes et des praticiens
de droit sur une question donnée. Elle explique, éclaire, critique et suggère les réformes
qui permettent d’améliorer le droit positif 12.

Chapitre 3
LE REGLEMENT DES CONFILTS EN MATIERE COMMERCIALE

L’une des fonctions essentielles de l’Etat est de rendre la justice 13. La justice est rendue à
l’occasion d’un procès. Le procès est le règlement d’un litige par le juge entre des
12
Le droit positif est un ensemble de règles juridiques applicables sur un territoire donné à un moment
donné.

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personnes qui sont en conflit. Mais les tribunaux de commerce ne connaissent qu’une
partie des litiges commerciaux. La plupart de ces conflits est réglé par la voie
conventionnelle.

I – LE REGLEMENT PAR VOIE JUDICIAIRE

Le règlement des conflits est assuré par les juridictions selon une procédure définie.

A – LES JURIDICTIONS COMMERCIALES

Une juridiction est un organe chargé de rendre justice.

1 – Les tribunaux de commerce

Les juridictions qui ont en charge de régler les conflits commerciaux s’appellent les
tribunaux de commerce. Au Togo, il existe deux(2) tribunaux de commerce : un(1) à Lomé
qui couvre la région Maritime, un(1) à Kara qui couvre la région de la Kara.

Dans les régions où il n’existe pas de tribunaux de commerce, ce sont les tribunaux de
première instance (TPI) qui statuent commercialement en raison de l’unicité de juridiction.

2 – La compétence des tribunaux de commerce

La compétence judiciaire est l’aptitude d’une juridiction à être saisie d’un litige. Deux
règles permettent de déterminer la compétence d’un tribunal : la règle de compétence
d’attribution ou la compétence rationae materiae ou compétence matérielle et la règle
de compétence territorial ou rationae loci. Mais les parties peuvent déroger à ces
règles par une clause attributive de compétence.

a – La compétence d’attribution ou compétence matérielle

La compétence d’attribution est l’aptitude d’une juridiction à être saisie en fonction de la


nature ou de la matière du litige. C’est le tribunal de commerce qui est compétent pour
régler les litiges commerciaux dans les régions maritime et de la Kara. Dans les autres
régions, c’est le tribunal de première instance qui est compétent en raison de l’unicité de
juridiction.

Remarque : Lorsqu’une juridiction est saisie à la place d’une autre, on parle


d’incompétence14.

b – La compétence territoriale

La compétence territoriale est l’aptitude d’une juridiction à être saisie en fonction du lieu du
litige. En règle générale, le tribunal territorialement compétent est celui du domicile du
défendeur. Cependant, en matière contractuelle, le demandeur peut saisir le tribunal du
lieu de la formation du contrat, celui du lieu de livraison des marchandises ou celui de
13
PORTALIS « La justice est la première dette de la souveraineté  ; c’est pour acquitter cette dette sacrée
que les tribunaux sont établis ».
14
Cette incompétence peut être absolue ou relative. L’incompétence est relative si le tribunal civil est
saisi à la place du tribunal de commerce. Dans ce cas, l’incompétence doit être soulevée au début du
procès. L’incompétence est absolue si le tribunal commercial est saisi à la place du tribunal civil. Dans
ce cas, l’incompétence peut être soulevée à tout moment du procès. Toutes ces difficultés ne se posent
pas au Togo en raison de l’unicité de juridiction. En cas de litige à caractère commercial, c’est le
tribunal de première instance qui est compétent au Togo.

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l’exécution de la prestation. En matière délictuelle, il peut saisir le tribunal du lieu de la


réalisation du dommage.

c – La clause attributive de compétence

Encore appelée clause attributive de juridiction, la clause attributive de compétence est


une disposition contractuelle par laquelle les parties à un contrat confient le
règlement de leur litige à une juridiction en principe incompétente. Pour être valable,
elle doit être claire, précise et acceptée par les parties.

NB : Il existe deux types de clauses attributives de compétence : la clause attributive de


compétence matérielle et la clause attributive de compétence territoriale. La clause
attributive de compétence matérielle est valable entre un commerçant et un non
commerçant mais la clause attributive de compétence territoriale n’est valable qu’entre
commerçants.

B – LA PROCEDURE EN MATIERE COMMERCIALE

La procédure est l’ensemble des formalités à accomplir en vue de soumettre une


prétention au juge. En droit commercial, le demandeur a l’option entre les différentes
variétés de procédure en conformité avec ses intérêts et l’urgence de son action. Il peut
opter pour une procédure ordinaire, des procédures spéciales (particulières).

1 – La procédure ordinaire

Elle est appelée ainsi car elle est très proche de la procédure civile, et permet d’aller
devant les instances judiciaires. Elle se distingue de la procédure civile en ce qu’elle
accorde certaines souplesses aux parties, et qu’elle permet d’aller plus vite que pour la
procédure civile. La procédure est la suivante :

- Par une assignation, le demandeur appelle le défendeur à comparaitre devant le


tribunal ;
- Le délai de comparution est de quinze(15) jours et peut être réduit en cas
d’urgence ;
- L’échange des conclusions écrites n’est pas obligatoire ;
- Les parties peuvent comparaitre en personne ou par mandataire ;
- Le jugement est rendu en audience publique.

2 – Les procédures particulières

Même simplifiée, la procédure ordinaire n’est pas toujours rapide, c’est pourquoi le
président du tribunal est habilité à rendre des ordonnances en cas d’urgence : c’est la
procédure particulière. Cette voie de règlement ne permet pas souvent d’avoir les
décisions de fond, mais plutôt des jugements avant dire droit. Elle est utilisée lorsqu’il faut
prendre des mesures rapides pour protéger l’une des parties contre l’insolvabilité et la
mauvaise foi de l’autre. Ces procédures sont : le référé commercial, l’ordonnance sur
requête et l’injonction de payer.

a – Le réfère commercial

C’est une procédure contradictoire par laquelle, une partie peut, en cas d’urgence, obtenir
du Président du tribunal une décision rapide et provisoire. Cette décision est appelée

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ordonnance de référé. Exemple : la désignation d’un expert ou d’un séquestre,


inscription d‘une hypothèque sur un immeuble d’un débiteur.

b – L’ordonnance sur requête

C’est une procédure non contradictoire par laquelle une partie peut obtenir, en cas
d’urgence, du président du tribunal une décision rapide et provisoire. Exemple : La saisie
conservatoire, la désignation d’un expert en cas d’avaries apparues au cours du transport.

NB : Le référé commercial et l’ordonnance sur requête sont des procédures rapides et
relèvent naturellement de la compétence du président du tribunal. Mais le référé est
contradictoire alors que l’ordonnance sur requête est non contradictoire.

c – L’injonction de payer

Définition : Encore appelée procédure simplifiée de recouvrement, l’injonction de


payer est une procédure simplifiée et rapide permettant le recouvrement des créances
grâce à l’ordonnance portant injonction de payer délivrer par le président du tribunal. La
décision du juge devient exécutoire en l’absence d’opposition 15.

Les conditions de validité : Pour que cette procédure soit introduite et valable, la
créance doit :

- avoir une source contractuelle ou résulter d’un effet de commerce ;


- être certaine, liquide et exigible.

NB : Dans les trois cas de procédures particulières (procédures spéciales), la décision du
juge peut faire l’objet d’une opposition.

II – LE REGLEMENT PAR VOIE CONVENTIONNELLE : L’ARBITRAGE

Les conflits peuvent être réglés par voies conventionnelle c’est-à-dire par arbitrage.
L’arbitrage est régi par l’acte uniforme du traité de l’OHADA sur le droit de l’arbitrage, qui
en fixe les règles et principes.

A – DEFINITION ET AVANTAGES DE L’ARBITRAGE

1 – Définition

L’arbitrage est une procédure qui consiste à confier le règlement des litiges à un ou
plusieurs particuliers appelés arbitres.

2 – Les avantages de l’arbitrage


15
L’opposition est une voie de recours par laquelle un plaideur (le défendeur) absent à un procès saisie le
tribunal qui a déjà statué pour qu’il rejuge à nouveau l’affaire. Le jugement rendu en l’absence du défendeur
est appelé jugement par défaut.

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- L’arbitrage est discrète, simple et moins coûteux ;


- Les parties peuvent demander à l’arbitre de statuer en amiable compositeur 16.

B – LES CONVENTIONS D’ARBITRAGE

En matière commerciale, l’arbitrage est très fréquent. Mais il n’est possible que s’il y a une
convention d’arbitrage. Ces dernières sont indépendantes du contrat principal en droit
OHADA.

1 – Les différents types de conventions d’arbitrage

a – La clause compromissoire

C’est une disposition contractuelle par laquelle les parties, dès la conclusion du contrat,
décident de soumettre leurs litiges éventuels (ou futurs) à un arbitre.

b – Le compromis d’arbitrage

C’est une disposition contractuelle par laquelle les parties décident de soumettre leur litige
déjà née à un arbitre.

NB : La différence entre la clause compromissoire et le compromis d’arbitrage est que la


clause compromissoire est conclue avant la naissance du litige alors que le compromis
d’arbitrage est conclu après la naissance du litige.

2 – Les conditions de validité des conventions d’arbitrage

Cette clause est admise en matière civile, en matière commerciale et en matière d’acte
mixte. Pour être valable :

- Elles doivent Respecter les conditions de validité d’un contrat 17.


- Elles doivent être conclue par écrit et désigner les arbitres ou prévoir les modalités
de leur désignation.

3 – Les effets des conventions d’arbitrage

Lorsqu’elles sont valablement conclues, les conventions d’arbitrage produit les effets
suivants :

- Le recours obligatoire à l’arbitre en cas de litige ;


- L’incompétence des juridictions avant toute décision arbitrale 18 ;
- Le respect de la sentence arbitrale.

C – LA SENTENCE ARBITRALE

C’est la décision rendue par les arbitres.


16
Statuer en amiable compositeur signifie que les arbitres reçoivent des parties le pouvoir de statuer en
équité sans observer les règles ordinaires de procédures et de fond.
17
Les conditions de validité d’un contrat sont : le consentement, la capacité et la représentation et le contenu
du contrat (article 1128 du nouveau code de civil).
18
Lorsqu’une juridiction étatique est saisie de l’affaire, elle doit se déclarer incompétente, qu’un tribunal
arbitral ait déjà été saisi ou non. En tout état de cause, la juridiction étatique ne peut relever d’office son
incompétence.

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1 – L’exécution de la sentence arbitrale

La sentence arbitrale bénéficie de l’autorité de la chose jugée 19. Mais du fait qu’elle n’est
pas rendue par un juge étatique, la sentence arbitrale n’est pas un jugement et n’a donc
pas force exécutoire. Elle devient exécutoire et a valeur de jugement si elle est revêtue
d’une ordonnance d’exequatur. L’ordonnance d’exequatur est prise par le président du
tribunal. Dans ce contexte, l’exequatur20 est l’ordre donné par l’autorité judiciaire pour
l’exécution d’une sentence arbitrale.

2 – Les voies de recours contre la sentence arbitrale

La sentence est d’exécution immédiate, et n’est pas susceptible d’opposition, d’appel, ni


de pourvoi en cassation. Elle peut faire l’objet d’une tierce opposition devant le tribunal
arbitral, et également d’un recours en annulation devant le juge compétent de l’Etat partie.

La décision en annulation n’est recevable que si le tribunal arbitral a statué sans


convention d’arbitrage, est irrégulièrement constitué, n’a pas respecté le principe de
contradiction, a violé une règle d’ordre public, ou si la sentence n’est pas motivée. La
décision d’annulation n’est susceptible à son tour que d’un pourvoi devant la Cour
Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA).

La sentence arbitrale peut faire l’objet d’une révision en raison de la découverte d’un fait
de nature à influencer la décision. L’arbitre prend alors une sentence additionnelle.

19
L’autorité de la chose jugée et la conséquence d’un jugement entré en force qui n’est plus susceptible de
voie de recours.
20
De façon générale, l’ordonnance d’exequatur est une procédure permettant de rendre exécutoire une
décision étrangère ou non rendue par un organe autre qu’une juridiction nationale.

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Titre II
LES COMMERCANTS DANS L’EXERCICE DE
LEURS ACTIVITES

On ne saurait maîtriser les contours du droit commercial sans aucune maîtrise préalable
des actes accomplis par les commerçants. On se pose la question de savoir : qu’est-ce
qu’un acte de commerce ? Quel est le régime applicable ? Quelles sont les règles
applicables aux acteurs du droit commercial que sont le commerçant et l’entreprenant en
ce qui concerne leur statut juridique et leurs obligations ?

Nous étudierons donc d’une part les actes de commerces (chapitre 1), d’autre part le
commerçant, l’entreprenant et leurs obligations (chapitre 2).

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Chapitre
LES ACTES DE COMMERCE
1
L’activité commerciale suppose l’accomplissement d’acte de commerce. La notion est
difficile à cerner. Cependant, l’acte de commerce peut être défini comme un acte juridique
ou un fait juridique soumis aux règles du droit commercial en raison de sa nature, de sa
forme ou en raison de la qualité de commerçant de son auteur.

I – LES DIFFERENTS TYPES D’ACTES DE COMMERCE

Il existe trois types d’actes de commerce :

- Les actes de commerce par nature


- Les actes de commerce par la forme
- Les actes de commerce par accessoire.

A – LES ACTES DE COMMERCE PAR NATURE

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L’Acte uniforme de l’OHADA défini ce qu’est un acte de commerce par nature et a donné
une liste non exhaustive des actes ayant le caractère d’acte de commerce par nature.

1 – Définition d’un acte de commerce par nature

L’article 3 de l’AUDCG21 définit l’acte de commerce par nature comme « un acte par
lequel une personne s’entremet dans la circulation des biens qu’elle produit ou
achète ou par lequel une personne fournie des prestations de service avec
l’intention d’en tirer un profit pécuniaire ».

2 – Enumération des actes de commerce par nature

D’après le même article, ont notamment le caractère d’acte de commerce par nature :

a – L’achat des biens meubles ou immeubles en vue de leur vente

Quatre (4) conditions sont requises :

Il faut un achat : Toute vente ne comportant pas d’achat initiale ne constitue pas un acte
de commerce. C’est le cas d’un cultivateur qui vend ses produits agricoles. On parlera
alors d’un acte civil.
Il faut un achat portant sur les biens meubles et immeubles : Ces biens peuvent être
corporels ou incorporels.
Il faut un achat en vue de la revente : L’intention de revente suffit même si la revente n’a
pas eu lieu.
Il faut avoir une intention de revendre avec bénéfice : L’intention de réaliser un
bénéfice suffit même si le bénéfice escompté n’est pas obtenu.

b – Les opérations financière

Sont également des actes de commerce par nature, les opérations de banque, de bourse
et de change.

Les opérations de banque : Ce sont des opérations qui portent sur la monnaie et le
crédit.
Les opérations de change : Elles consistent à échanger la monnaie d’un pays contre
celle d’un autre pays.
Les opérations de bourse : Il s’agit des opérations de vente ou d’achat de valeurs
mobilières.

c – Les opérations d’intermédiaires de commerce

Il s’agit des opérations de commission, de courtage etc…

L’opération de commission : C’est une opération effectuée par un professionnel appelé


commissionnaire qui se charge de conclure tout acte juridique en son propre nom mais
pour le compte du commettant22 moyennant le versement d’une commission 23. Exemple :
Commissionnaire d’achat et de vente de marchandise, commissionnaire en douane.

21
AUDCG signifie : Acte uniforme relatif au droit commercial général.
22
Le commettant c’est celui qui donne mandat au commissionnaire.
23
La commission est la rémunération perçue en contrepartie du travail effectué par le commissionnaire.

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Droit commercial – BTS II

L’opération de courtage : C’est une opération qui consiste à rapprocher deux personnes
désireuses de contracter. Le courtier ne participe pas à la conclusion du contrat.
Exemple : Courtier d’assurance.

NB : Le courtage est commercial quel que soit son objet.

d – Les opérations intermédiaires pour l’achat, la souscription, la


vente ou la location d’immeuble, de fonds de commerce, de parts
ou d’actions d’une société.

e – Les opérations de location de meubles

La location de meubles (automobiles, chaises etc…) contre le versement d’une redevance


constituent un acte de commerce par nature.

f – Les opérations de manufactures

Il s’agit des opérations ayant pour objet la transformation en produits finis de matières
premières achetées ou confiées par la clientèle. Exemple : Entreprise de blanchissage, de
teinturerie.

g – Les opérations de transport

Le transport de marchandises ou de personnes à titre onéreux est commercial s’il est


accompli dans le cadre d’une entreprise. Sont assimilées aux opérations de transport, les
opérations de déménagement et de remorquage.

h – Les opérations de transit et de télécommunication

Les opérations de transit consistent à faire passer les marchandises en douane. Les
opérations de télécommunication sont celles qui transmettent les informations à distance.
Exemples : Téléphone, cyber café, radio ect.

i – Les opérations d’exploitation des mines, carrière et autres


gisement de ressources naturelles

Il s’agit des opérations qui permettent d’extraire l’uranium, le phosphate, la bauxite, le


pétrole, l’or, le sable, le gravier, l’argile, le marbre.

j – Les contrats conclus entre commerçants pour les besoins de


leur commerce

Tout contrat conclu entre commerçants pour les besoins de leur commerce est un acte de
commerce par nature.

k – Les actes effectués par les sociétés commerciales

Sont commerciales par leur forme et quel que soit leur objet, la SNC, la SCS, la SARL, la
SA. Tout acte accompli par une société à forme commerciale est un acte de commerce

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Droit commercial – BTS II

par nature même si la société a un objet civil. Exemple : une société immobilière
constituée sous forme de SA ; une SA d’expertise comptable etc.

B – LES ACTES DE COMMERCE PAR LA FORME

Aux termes de l’article 4 de l’AUDCG, « ont notamment le caractère d’actes de


commerce par leur forme, la lettre de change, le billet à ordre et le warrant ».

1 – La lettre de change

La lettre de change ou traite est un écrit par lequel une personne appelée tireur, donne
l’ordre à une autre appelée tiré de payer une somme déterminée à une troisième appelée
bénéficiaire. La signature d’une lettre de change est un acte de commerce quel que soit :

- L’objet de la lettre de change. Exemple : La lettre de change est tirée en règlement


d’une dette civile.
- La qualité de la personne qui a signé la lettre de change. Exemple : Un bailleur qui
tire sur ses locataires une lettre de change en recouvrement de son loyer.

2 – Le billet à ordre

Le billet à ordre est un écrit par lequel une personne s’engage à payer à une date, une
somme déterminée à une autre personne.

3 – Le warrant

Le warrant est un billet à ordre souscrit par un commerçant et garanti par les
marchandises déposées au magasin général.

C – LES ACTES DE COMMERCE PAR ACCESSOIRE

1 – La définition d’acte commerce par accessoire

Encore appelé acte de commerce subjectif, l’acte de commerce par accessoire est un acte
civil qui devient commercial en raison du fait qu’il est accompli par un commerçant dans
l’exercice et pour les besoins de son commerce.

Ainsi, l’achat d’un véhicule par un commerçant pour son usage personnel est acte civil.
Mais si l’achat est effectué pour les besoins du commerce, il devient un acte de commerce
par accessoire, si le contrat est conclu avec une personne dont l’activité ne consiste pas
en la vente professionnelle de véhicules. En effet, si le contrat est conclu avec un
concessionnaire de vente de véhicule, il sera commercial par nature 24.

2 – Les conditions de la commercialité par accessoire

Deux (2) conditions sont nécessaires pour qu’un acte normalement civil devienne
commercial par accessoire :

24
Les contrats conclus entre commerçants pour les besoins de leur commerce sont des actes de commerce
par nature.

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Droit commercial – BTS II

- L’acte doit être accompli par un commerçant.


- L’acte doit être accompli pour les besoins du commerce.

NB : Tous les actes posés par un commerçant sont présumés l’être pour les besoins de
son commerce mais la preuve contraire peut être rapportée. Lorsqu’un non commerçant
accomplit un acte de commerce par nature pour les besoins de son activité civile, on parle
d’acte civil par accessoire. Exemple : Un médecin achète des produits pharmaceutiques
qu’il revend à ses patients.

3 – Le domaine d’application

La théorie de l’accessoire s’applique aux obligations contractuelles (prêt, location, contrat


de travail etc) ; aux obligations extracontractuelles (délit, quasi délit commis par un
commerçant à l’occasion de son commerce).

II – LES ACTES MIXTES

Un acte mixte est un acte qui est commercial pour l’une des parties et civil pour l’autre.
Exemple : un agriculteur vend du riz à un brasseur : l’acte est civil pour l’agriculteur et
commercial pour le brasseur.

Il sera appliqué à l’acte mixte un régime dualiste et un régime unitaire.

A – L’APPLICATION DU REGIME DUALISTE A L’ACTE MIXTE

Les règles civiles s’appliquent à celui à l’égard de qui l’acte est civil et les règles
commerciales s’appliquent à celui à l’égard de qui l’acte est commercial. Ainsi seront
déterminées les règles de compétence, de preuve et de mise en demeure.

1 – Les règles applicables en matière de compétence

Pour un acte mixte, si le défendeur est commerçant, le demandeur non commerçant a une
option de juridiction : il peut saisir soit le tribunal civil, soit le tribunal de commerce. Mais,
lorsque le défendeur est non commerçant, le demandeur commerçant doit l’assigner
devant le tribunal civil.

NB : Cette règle n’est valable que dans les régions Maritime et de la Kara. Dans les autres
régions, en raison de l’unicité de juridiction, c’est le TPI qui est toujours compétent quel
que soit la qualité du défendeur.

2 – Les règles applicables en matière de preuve

Si c’est le commerçant qui doit rapporter la preuve à l’égard du non commerçant, la


preuve se fait par écrit. Si c’est le non commerçant qui doit faire la preuve contre le
commerçant, elle doit être rapportée par tout moyen.

3 – Les règles applicables en matière de mise en demeure

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Droit commercial – BTS II

Le non commerçant peut mettre en demeure le commerçant par simple lettre


recommandée mais le commerçant doit mettre en demeure le non commerçant par exploit
d’huissier.

B – L’APPLICATION DU REGIME UNITAIRE

En matière de prescription, ce sont les règles du droit commercial qui s’appliquent à toutes
les parties. En matière commerciale, le délai de prescription est de cinq (5) ans alors qu’il
est de trente(30) ans en matière civile.

Chapitre 2
LE COMMERCANT, L’ENTREPRENANT ET LEURS OBLIGATIONS
Les actes de commerces sont le plus souvent accomplis par des professionnels que sont
les commerçants et les entreprenant. La loi définit les notions de commerçant et
d’entreprenant, en règlemente les conditions d’acquisition et d’exercice et précise les
obligations qui en découlent.

I – LA NOTION DE COMMERÇANT ET D’ENTREPRENANT

A – LE COMMERCANT

1 – Définition

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Droit commercial – BTS II

Aux termes de l’article 2 de l’AUDCG, « Est commerçant celui qui fait de


l’accomplissement des actes de commerce par nature sa profession ». Pour acquérir
la qualité de commerçant, certaines conditions sont requises.

2 – Les conditions requises pour être commerçant

a – Les conditions légales

Accomplir des actes de commerce par nature : D’après l’OHADA, seul


l’accomplissement d’actes de commerce par nature confère la qualité de commerçant.
L’accomplissement des actes de commerce par la forme ou par accessoire ne confère pas
la qualité de commerçant25.

Accomplir ces actes à titre de profession : Cette condition est cumulative avec la
première et permet d’écarter de la profession l’acte fait de façon occasionnelle. La loi
exige une profession. La profession est l’activité qu’une personne exerce avec pour but
d’en tirer profit et de survenir à ses besoins. Le commerçant doit vivre de
l’accomplissement de ces actes de commerce.

b – La condition jurisprudentielle

Accomplir ces actes en son nom et pour son propre compte : Pour avoir la qualité de
commerçant, il faut accomplir les actes de commerce de façon indépendante c’est-à-dire
que la personne doit être capable d’assumer les risques de son activité 26. N’ont donc pas
la qualité de commerçant ceux qui accomplissent les actes de commerce pour le compte
d’une autre personne. C’est le cas des salariés, des gérants salariés 27, des mandataires
etc …

NB : Exceptionnellement, les courtiers, les commissionnaires, les agents commerciaux ont
la qualité de commerçant. De même, les associés des sociétés en nom collectif (SNC) ont
la qualité de commerçant.

3 – La distinction entre commerçant et artisan

L’artisan est un travailleur indépendant qui exerce un métier manuel dans une entreprise
de dimension modeste. Plusieurs critères permettent de distinguer l’artisan du
commerçant.

a – Les critères de la distinction

- L’artisan exerce un métier manuel. 


- Il doit avoir une qualification professionnelle.
- Il prend part personnellement à l’exécution du travail destiné à la clientèle.
- Il est le chef d’une entreprise de dimension modeste : il ne peut employer qu’une
main d’œuvre essentiellement familiale et limitée à dix (10) salariés.
- Il ne doit pas spéculer sur le travail d’autrui ni sur les matières premières.

25
Pour les actes de commerce par la forme, la signature même répétée de lettre de change ne confère pas
la qualité de commerçant à celui qui le fait. Pour les actes de commerce par accessoire, il suppose d’abord
que leur auteur soit commerçant.
26
Les personnes qui concourent à la réalisation d’actes de commerce sans en supporter les risques ne sont
pas commerçants.
27
Le gérant d’une SARL qui achète des marchandises et les revend pour sa société n’est pas commerçant.

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Droit commercial – BTS II

NB : S’il exerce à côté de sa profession une activité commerciale qui n’a aucun lien avec
sa profession, il sera à la fois artisan et commerçant.

b – L’intérêt de la distinction

La distinction permet le déterminer le droit applicable : les règles du droit commercial


s’appliquent au commerçant alors que les règles du droit civil s’appliquent à l’artisan. Elle
permet de déterminer le tribunal matériellement compétent en cas de litige : le
commerçant est assigné devant le tribunal consulaire (de commerce) alors que l’artisan
est assigné devant le tribunal civil.

B – L’ENTREPRENANT

L’entreprenant est issu de la réforme de l’AUDCG du 15 décembre 2010 et désigne un


genre particulier d’entrepreneur individuel. Par la création du statut d’entreprenant, le
législateur OHADA entend formaliser ou réglementer le secteur dit « informel ».

1 – Définition

L’entreprenant est un entrepreneur individuel, personne physique qui, sur simple


déclaration prévue (…), exerce une activité professionnelle, civile, commerciale, artisanale
ou agricole28.

2 – L’acquisition et la conservation du statut d’entreprenant

a – L’acquisition du statut de l’entreprenant

a1 – La condition personnelle

L’entreprenant doit être un entrepreneur individuel : il doit être une personne


physique. Une entreprise organisée sous la forme d’une société (c’est-à-dire une
personne morale) ne peut avoir la qualité d’entreprenant.

L’entreprenant doit agir en son nom propre : il ne doit pas être confondu avec ses
salariés ou autres subordonnées ; il doit être la personne qui agit en son nom et non sur
instructions ou pour le compte d’autrui.

a2 – Les conditions relatives à l’activité

L’entreprenant doit déclarer son activité : L’entreprenant est soumis au régime de


déclaration29. Au Togo, la déclaration doit être déposée au greffe du tribunal de première
instance du ressort duquel l’entreprenant exerce son activité.

L’entreprenant doit exercer une activité professionnelle : la qualité d’entreprenant ne


dépend pas de l’activité exercée car tout professionnel, personne physique, que son
activité soit civile, commerciale, artisanale ou agricole peut prétendre au statut
d’entreprenant.

b – La conservation du statut d’entreprenant

28
Article 30 de l’AUDCG.
29
Article 62 de l’AUDCG.

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Droit commercial – BTS II

La condition financière et comptable : l’entreprenant conserve son statut si le chiffre


d’affaires annuel généré par son activité pendant deux exercices successifs n’excède pas
les seuils fixés par la loi (30.000.000 FCFA pour les entreprises de négoce, 20.000.000
FCFA pour les entreprises artisanales et assimilées, 10.000.000 FCFA pour les
entreprises de services). Pour déterminer le chiffre d’affaire de celui qui fait à la fois du
négoce et fournit des services, il faut cumuler les seuils susvisés 30.

La perte du statut d’entreprenant : lorsque, durant deux années consécutives, le chiffre


d’affaires de l’entreprenant excède les limites fixées par l’Etat Partie sur le territoire duquel
il les exerce, il perd sa qualité d’entreprenant. Il devient un entrepreneur individuel.

II – LES CONDITIONS D’ACCES A LA PROFESSION DE COMMERÇANT

Selon le principe de la liberté de commerce, toute personne peut exercer l’activité de


son choix31. Cependant, ce principe connaît des exceptions dont le but est de protéger
soit l’intérêt général, soit un intérêt particulier.

A – LES RESTRICTIONS D’INTERET GENERAL

Afin de protéger l’intérêt général, la loi interdit certains commerces, soumet d’autres à une
autorisation préalable. Par ailleurs, certaines personnes ne peuvent exercer le commerce
en raison de leur fonction (incompatibilité) ou de leur moralité (déchéance).

1 – Les commerces interdits

La loi interdit les commerces susceptibles de compromettre la sécurité publique ou la


défense nationale (la vente des armes de guerre), la santé publique (la vente des
stupéfiants) et la moralité publique (la pornographie, l’ouverture de maisons de tolérance).

2 – Les commerces règlementés

Ce sont des commerces soumis à une autorisation préalable. C’est le cas de l’ouverture
des débits de boissons, de banques, pharmacies. Cette autorisation vise à contrôler ces
commerces et les personnes qui en prennent l’initiative.

3 – Les incompatibilités

L’incompatibilité est une interdiction faite à certaines personnes de cumuler leur fonction
avec la profession commerciale. Aux termes de l’alinéa 2 de l’article 8 de l’AUDCG, il n’y a
pas d’incompatibilité sans texte. L’article 9 du même acte cite les incompatibilités entre
l’activité commerciale et les professions suivantes :

- Fonctionnaires et personnels des collectivités publiques, et des entreprises à


participation publique ;
- Officiers ministériels et auxiliaires de justice : avocat, huissier, commissaire-priseur,
agent de change, administrateurs et liquidateur judiciaires ;

30
Article 30 de l’AUDCG précité.
31
Depuis la révolution française, relayée par la loi ROYER de 1973, qui a été modifié en 1993, le principe de
la liberté de commerce demeure respecté : toute personne peut accéder à la profession commerciale.

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Droit commercial – BTS II

- Expert-comptable agréé et comptable agréé, commissaires aux comptes et aux


apports, conseil juridique, courtier maritime
- Toute profession dont l’exercice fait l’objet d’une réglementation interdisant le cumul
avec une activité commerciale32.

Cette restriction vise à assurer l’indépendance des professionnels concernés.

NB : Toute personne qui accomplit les actes de commerce en violation des règles
d’incompatibilité aura la qualité de commerçant à titre de sanction : il sera soumis aux
obligations des commerçants sans se prévaloir des droits reconnus aux commerçants.
C’est le cas du notaire qui spécule sur les fonds déposés par les clients en accordant des
crédits à court terme.

4 – Les déchéances

La déchéance est une interdiction d’exercer le commerce faite à certaines personnes qui
ne présentent pas de garantie suffisante d’honorabilité. C’est le cas des faillis non
réhabilités, des officiers ministériels déchus, les condamnés pour crime ou pour vol, abus
de confiance, escroquerie. La déchéance est justifiée par le souci général d’assainir la
profession commerciale.

B – LES RESTRICTIONS D’INTERET PARTICULIER

Ces restrictions concernent les incapacités et le conjoint du commerçant.

1 – Les incapacités

Nul ne peut accomplir des actes de commerce à titre de profession, s’il n’est juridiquement
capable d’exercer le commerce33. Pour être commerçant, il faut donc avoir la capacité
juridique d’exercice. Le mineur non émancipé et le majeur incapable ne peuvent ni avoir
la qualité de commerçant ni effectuer des actes de commerce.

NB : Le mineur émancipé peut être commerçant car il a la capacité juridique d’exercice
par l’effet de l’émancipation.

2 – Le conjoint du commerçant

Si deux époux exercent en commun le commerce, l’un d’eux a la qualité de commerçant.


Le conjoint du commerçant n’a la qualité de commerçant que s’il accomplit des actes de
commerce à titre de profession et séparément de ceux de l’autre conjoint.

Lorsqu’un conjoint prend activement part à l’activité de l’autre conjoint, comment


doit-on analyser leurs rapports ?

Cas du conjoint collaborateur : le conjoint collaborateur est celui qui observe son devoir
d’assistance inhérent au mariage en aidant son conjoint commerçant. Il n’a pas la qualité
de commerçant.

Cas du conjoint salarié : le conjoint salarié est celui qui est en relation de travail avec
son conjoint commerçant. Il est dans un lien de subordination juridique à son conjoint
commerçant. Il reçoit un salaire. Il n’est pas commerçant.
32
Les notaires, médecins, architectes etc.
33
Article 6, de l’Acte Uniforme de l’OHADA portant sur le Droit Commercial Général.

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Droit commercial – BTS II

Cas du conjoint associé : deux époux ne peuvent pas être associés d’une société dans
laquelle ils ont la qualité de commerçants ; ils ne peuvent être associés d’une société dans
laquelle ils n’ont pas la qualité de commerçants ; ils peuvent également être associés
d’une société dans laquelle seul l’un d’eux a la qualité de commerçant.

III – LES OBLIGATIONS DU COMMERÇANT ET DE L’ENTREPRENANT

A – LES OBLIGATIONS DU COMMERCANT

La loi impose, au commerçant, nombreuses obligations 34 parmi lesquelles deux sont plus
importantes : l’immatriculation au RCCM, la tenue des livres de comptable.

1 – L’immatriculation au RCCM

a – Le but de l’immatriculation

L’immatriculation a pour but d’informer les tiers sur la situation du commerçant. En cela,
l’immatriculation est une mesure de publicité.

b – L’objet du RCCM

Le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier a pour objet de :

- Recevoir l’immatriculation des commerçants personnes physiques et morales,


- Recevoir les demandes de mentions modificatives, complémentaires et
secondaires et de radiation.
- Recevoir l’inscription des sûretés (nantissement, privilège du vendeur du fonds de
commerce).
- Recevoir la déclaration d’activité de l’entreprenant et ses déclarations
modificatives ;
- Délivrer, à toute époque, les documents nécessaires pour établir l’exécution, par les
assujettis, des formalités prévues par les Actes uniformes et toute autre disposition
légale.

c – Les conditions d’immatriculation

Toute personne physique commerçant doit demander son immatriculation dans le premier
mois de son activité commerciale. Les commerçants personnes morales doivent
demander leur immatriculation dans un délai d’un(1) mois à compter de la date de la
constitution. L’immatriculation se fait au greffe du tribunal dans le ressort duquel l’activité
se déroule pour les personnes physiques ou est situé le siège social pour les personnes
morales. La demande d’immatriculation doit être établie en quatre(4) exemplaires et
contenir les mentions suivantes :

- Pour les personnes physiques : le nom et prénom, le domicile, la nationalité, la


nature de l’activité et une déclaration sur honneur attestant qu’on n’est frappé
d’aucune des interdictions.
- Pour les personnes morales : la dénomination sociale, la forme, l’objet, le siège
social etc…

NB : Toutes les mentions doivent être accompagnées de pièces justificatives.


34
L’ouverture de compte bancaire, le paiement des impôts, la tenue de livres comptables et l’immatriculation
au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier.

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Droit commercial – BTS II

d – Les différents types d’immatriculation et d’inscription

Les immatriculations : il y a l’immatriculation principale et l’immatriculation secondaire.


L’immatriculation principale qui est celle qui se fait la toute première fois dès le début
de l’activité commerciale. L’immatriculation secondaire est celle qui intervient lorsque le
commerçant exerce son activité à titre secondaire dans le ressort d’une autre juridiction
que celle de l’immatriculation principale.

Les inscriptions : il y a l’inscription complémentaire et l’inscription modificative.


L’inscription complémentaire est celle qui intervient lorsque le commerçant crée un
nouvel établissement à côté de l’établissement principal. L’inscription modificative est
celle qui est faite suite à un changement de la situation du commerçant (changement de
l’état civil, de régime matrimonial).

e – Les effets de l’immatriculation

Pour les commerçants personnes physiques : l’immatriculation fait présumer la qualité


de commerçant (l’immatriculation leur confère des droits et avantages que la loi accorde
aux commerçants). Mais il s’agit d’une présomption simple qui peut être combattue par la
preuve contraire.

Pour les commerçants personnes morales : l’immatriculation leur confère la


personnalité juridique (personnalité morale).

f – Les conséquences du défaut d’immatriculation au RCCM

Le commerçant qui n’a pas demandé son immatriculation dans les délais ne peut pas se
prévaloir de sa qualité de commerçant à l’égard des tiers ou de l’administration mais ceux-
ci peuvent s’en prévaloir à son égard. Exemple : il ne peut bénéficier du droit au
renouvellement du bail, de la liberté de preuve.

De même, il ne peut pas invoquer le défaut d’immatriculation pour se soustraire aux


obligations inhérentes à la qualité de commerçant. Exemple : présomption de solidarité.

Les commerçants personnes morales non immatriculés n’ont pas la personnalité juridique.

g – Les effets des mentions portées ou non au RCCM

Les mentions portées au RCCM sont opposables aux tiers. Les mentions non publiées
sont inopposables aux tiers mais les tiers peuvent les invoquer lorsqu’il y va de leur
intérêt.

i – La radiation du RCCM

C’est la suppression du commerçant du RCCM après son immatriculation. Elle intervient


après la cessation de l’exercice de l’activité commerciale pour le commerçant personne ou
après son décès. Le commerçant personne physique doit, dans un délai d’un mois à
compter de la date de la cessation de son activité, demander sa radiation. Le commerçant
immatriculé au RCCM qui a cessé son activité mais n’a pas demandé sa radiation, est
toujours considéré comme un commerçant. Les règles du droit commercial lui seront
applicables.

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Droit commercial – BTS II

En cas de décès du commerçant personne physique immatriculé, ses héritiers doivent,


dans un délai de trois(3) mois à compter de la date du décès, demander la radiation ou
faire une inscription modificative s’ils veulent continuer l’activité commerciale.

La radiation du commerçant personne morale doit être demandée dans un délai d’un(1)
mois à compter de la date de clôture des opérations de liquidation.

NB : La radiation mets fin aux droits résultant de l’immatriculation.

2 – La tenue des livres comptables ou livre de commerce

a – Le but de la tenue des livres comptables

La tenue des livres comptables facilite la preuve, assure une bonne gestion et un bon
contrôle du fisc afin d’éviter la fraude fiscale.

b – Les livres comptables obligatoires

Il existe trois (3) livres comptables obligatoires : le livre journal, le grand livre et le livre
inventaire. Dans le livre journal, le commerçant enregistre au jour le jour les opérations
commerciales. Le grand livre reprend et récapitule les écritures du livre journal. Dans le
livre d’inventaire, le commerçant dresse chaque année un inventaire détaillé des éléments
actifs et passifs de l’entreprise.

c – Les règles relatives à la tenue des livres comptables

Ils doivent être tenus chronologiquement sans blanc ni rature ; ils doivent être cotés et
paraphés par le juge avant leur utilisation et comporter le numéro d’immatriculation du
commerçant.

d – Le rôle des livres comptables

Les livres comptables servent de moyen de preuve, mais la force probante de ces livres
varie selon le cas.

Cas d’un litige entre commerçants : lorsqu’un litige oppose deux commerçants, le
demandeur peut invoquer les livres de commerce de son adversaire ou ses propres livres.
Mais les commerçants ne peuvent invoquer leurs propres livres qu’à condition que leur
tenue soit régulière.

Cas d’un litige entre commerçant et non commerçant : lorsqu’un litige oppose un
commerçant à un non commerçant, le commerçant ne peut invoquer ses propres livres
comme moyen de preuve à l’égard du non commerçant. Par contre, le non commerçant
peut invoquer les livres de commerce du commerçant comme moyen de preuve.

NB : Lorsque les livres comptables sont invoquées comme preuve contre celui qui les a
tenus, ce dernier peut rapporter la preuve contraire par tous moyens.

e – Les sanctions de la tenue irrégulière des livres comptables

La tenue est irrégulière lorsque le commerçant n’a pas respecté les règles relatives à la
tenue de compte. Dans ce cas, le commerçant s’expose à des sanctions suivantes :

- Les livres de commerce ne peuvent plus servir de moyen de preuve.

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Droit commercial – BTS II

- Le commerçant peut être condamné pour banqueroute (c’est un délit consistant à


tenir une comptabilité fictive ou à faire disparaître les documents comptables).
- Le commerçant peut également être frappé de faillite personnelle entrainant
l’emprisonnement ou une amende.

B – LES OBLIGATIONS DE L’ENTREPRENANT

1 – Les obligations de déclaration

L’entreprenant est dispensé d’immatriculation. Il est seulement tenu de déclarer sans frais
son activité au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier.

Le contenu de la déclaration : l’entreprenant doit fournir les informations comme les nom
et prénoms ; l’adresse de l’activité, la description de l’activité ; la justification d’identité et
éventuellement la justification du régime matrimonial adopté.

Les effets de la déclaration : L’entreprenant ne peut commencer son activité qu’après


réception du numéro de déclaration d’activité. L’entrepreneur individuel qui satisfait à ces
obligations déclaratives est présumé avoir la qualité d’entreprenant.

2 – Les obligations comptables

Il doit tenir les livres comptables. L’entreprenant doit tenir tous les jours un livre
mentionnant chronologiquement d’une part l’origine et le montant de ses ressources
(c’est-à-dire ses entrées de fonds en distinguant les règlements en espèces des autres
règlements) et d’autre part la destination et le montant de ses emplois (c’est-à-dire de ses
dépenses).

3 – Les obligations en cas de perte du statut d’entreprenant

Lorsque l’entreprenant perd son statut suite au dépassement du seuil du chiffre d’affaire
fixé par la loi, il perd le bénéfice de la législation spéciale issue de l’acte uniforme. Il est
tenu de se conformer à la règlementation applicable aux entrepreneurs individuels. Ainsi, il
doit demander son immatriculation au RCCM s’il exerce une activité commerciale.

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Droit commercial – BTS II

Titre III
LE FONDS DE COMMERCE

Le fonds de commerce est assurément l’une des pièces maîtresses du droit commercial.
La notion a été consacrée par le législateur français par l’importante loi du 17 mars 1909
relative à la vente du fonds. Il est défini comme l’ensemble des moyens qui permettent
au commerçant d’attirer et de conserver une clientèle.

Quelle est la nature juridique du fonds de commerce ?

Le fonds de commerce est un bien meuble incorporel de nature commercial. C’est un


bien meuble parce qu’il peut être déplacé d’un lieu à un autre. C’est un bien incorporel
parce qu’il y a prédominance des éléments incorporels dans la composition du fonds de
commerce parmi lesquels la clientèle. Il est de nature commercial parce qu’on parle du
fonds de commerce que si le propriétaire est commerçant.

Le fonds de commerce n’est pas une universalité juridique. Une universalité juridique est
un ensemble de biens ou de droits et obligations, considérés comme formant une unité
juridique indissociable. Le fonds de commerce n’est autre que la somme des éléments qui
le composent. C’est pourquoi on peut effectuer diverses opérations sur un élément
quelconque du fonds de commerce.

L’étude du fonds de commerce est intéressante à l’égard de sa composition (chapitre I),


de sa protection (chapitre II), et des opérations dont il peut faire l’objet (chapitre III).

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Droit commercial – BTS II

Chapitre 1
LA COMPOSITION DU FONDS DE COMMERCE
Il s’agit ici de déterminer les éléments constitutifs du fonds de commerce. Le fonds de
commerce est composé de meubles corporels et incorporels. Certains de ces éléments
sont obligatoires et d’autres sont accessoires.

I – LES ELEMENTS OBLIGATOIRES

Constituent les éléments obligatoires du fonds de commerce : la clientèle, le nom


commercial et l’enseigne.

A – LA CLIENTELE

1 – La notion de clientèle

La clientèle est l’ensemble des personnes qui achètent habituellement leur produit et
service auprès d’un commerçant. Elle est attirée par les qualités personnelles du
commerçant. Mais la clientèle ne doit pas être confondue avec l’achalandage.
L’achalandage est l’ensemble des clients occasionnels d’un commerçant.

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2 – L’importance de la clientèle

Selon l’article 136 de l’AUDCG, la clientèle est l’élément essentiel d’un fonds de
commerce, et est également le but poursuivi par le commerçant. C’est l’élément principal
sans lequel il n’y a pas de fonds de commerce. Par conséquent, lorsqu’un commerçant
cède les autres éléments tout en conservant la clientèle, on dit qu’il n’a pas cédé le fonds
de commerce. La clientèle est un élément du fonds de commerce et la résultante de la
réunion de tous les autres éléments.

3 – Les caractères de clientèle

Pour qu’il y ait fonds de commerce, la clientèle doit être personnelle ou propre, actuelle et
réelle, commerciale.

a – La clientèle doit être personnelle ou propre

Cela signifie que la clientèle doit appartenir au titulaire du fonds de commerce et ne doit
pas dériver de la clientèle d’autrui 35. Ainsi, un commerçant qui n’a pas une clientèle qui lui
est propre n’a pas de fonds de commerce.

Exemples : un restaurant installé dans un hippodrome n’a pas une clientèle personnelle
car l’activité du restaurant est sous la dépendance de l’hippodrome ; une buvette dans un
aéroport ; une boutique dans le hall d’un hôtel.

Cependant, constitue un fonds de commerce un restaurant réputé, même s’il est situé
dans une gare, dès lors qu’il a une clientèle personnelle.

b – La clientèle doit être réelle et certaine

Cela signifie qu’en principe, la clientèle doit résulter de l’exploitation du fonds de


commerce. Elle ne doit pas être virtuelle. Notons l’exception des fonds de commerce dont
la clientèle peut préexister à cause des marques de l’exploitation : cas des stations-
services pétrolières, des salles de cinéma, ou d’un débit de boissons ouvert à un endroit
où passent de nombreux touristes.

c – La clientèle doit être commerciale

La clientèle doit être attachée à une personne qui à la qualité de commerçant. Elle ne doit
pas être civile comme pour les professions libérales.

B – LE NOM COMMERCIAL

Le nom commercial est l’appellation sous laquelle une personne exerce le commerce. Il
peut s’agir du nom patronymique du commerçant, d’un pseudonyme, d’un prénom ou d’un
nom fantaisie. Même lorsqu’il est constitué par un nom patronymique, le nom fait partie du
fonds de commerce et est cessible avec le fonds36.
35
La jurisprudence a établi depuis un arrêt de l’assemblée plénière de 24 avril 1970 qu’il y a clientèle quand
celle-ci appartient en propre à la personne. Actuellement cette jurisprudence est instable et tient compte
surtout les éléments d’appréciation souveraine des faits par le juge, à cause des centres commerciaux.
36
En effet, le nom patronymique se détache de la personne physique qui le portait pour devenir un objet de
propriété incorporelle. Le titulaire du nom ne peut dès lors plus faire défense à l’acquéreur du fonds d’en
faire usage. Le nom, traditionnellement considéré comme un attribut de la personnalité, devient l’objet d’une
propriété incorporelle.

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Droit commercial – BTS II

NB : Le nom commercial est cessible alors que le nom patronymique est incessible.

C – L’ENSEIGNE

C’est un emblème ou un signe distinctif qui sert à individualiser le fonds de commerce


mais surtout de le localiser. Son choix est libre à condition de ne pas créer la confusion.

II – LES ELEMENTS ACCESSOIRES

Le fonds de commerce est constitué non seulement des éléments obligatoires mais aussi
des éléments accessoires. Certains éléments sont corporels et d’autres sont incorporels.

A – LES ELEMENTS CORPORELS

Il s’agit du matériel et outillage et des marchandises en stocks.

1 – Le matériel et outillage

C’est l’ensemble des meubles corporels à l’exception des marchandises qui servent à
l’exploitation du fonds. Exemple : matériel de bureau ; aménagement et agencement.

Le matériel et le mobilier sont des éléments du fonds de commerce à condition que le


commerçant soit locataire de l’immeuble dans lequel il fait le commerce. Si le commerçant
est propriétaire de l’immeuble dans lequel il exerce son activité, ces éléments deviennent
des immeubles par destination et ne sont pas alors des éléments du fonds de commerce.
Par contre si le commerçant est locataire de l’immeuble dans lequel il exploite son fonds
de commerce, le matériel et mobilier sont des meubles et font parties de son fonds de
commerce37.

2 – Les marchandises en stock

Ce sont non seulement des matières premières à transformer mais aussi les produits finis
près pour la vente.

B – LES ELEMENTS INCORPORELS

Il s’agit du droit au bail, de la licence d’exploitation et des droits de propriété industrielle.

1 – Le droit au bail

C’est le droit reconnu par la loi au commerçant locataire d’obtenir le renouvellement du


bail à son expiration ou à défaut d’obtenir une indemnité d’éviction.

2 – Le droit de propriété industrielle

Ce sont des biens de nature incorporelle qui procurent à leurs titulaires un monopole
d’exploitation ou d’utilisation. Il s’agit des marques, des brevets, des dessins et modèles.
La marque de fabrique : c’est un signe apposé sur la marchandise en vue de la
distinguer de celles des entreprises concurrentes. Il peut s’agir d’un emblème (Peugeot).
Le brevet d’invention : c’est un titre délivré par l’autorité publique qui confère au titulaire
ou à ses ayants droit, un droit exclusif d’exploitation. Les dessins et modèles : ils sont

37
Pour qu’un meuble devienne immeuble par destination, il faut que le meuble et l’immeuble appartiennent
au même propriétaire : c’est l’une des conditions de l’immobilisation par destination.

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constitués par l’aspect ornemental ou esthétique d’un objet (disposition des couleurs ou de
traits représentant des images).

3 – La licence d’exploitation

Ce sont des autorisations administratives nécessaires à l’exercice des commerces soumis


à une réglementation. Exemple : licence d’exploitation des débits de boisson, d’émission
de radiotélévision, de cinéma.

Chapitre 2
LA PROTECTION DU FONDS DE COMMERCE
Le fonds de commerce, étant la pièce maitresse du droit commercial, mérite d’être
protégé. La loi assure sa protection contre le bailleur, la concurrence déloyale et la
contrefaction.

I – LA PROTECTION CONTRE LE BAILLEUR DU LOCAL

La loi accorde au locataire commerçant ou non, un véritable droit afin de protéger la


clientèle de son fonds de commerce. En effet, le commerçant est lié au bailleur par un
contrat de bail à usage professionnel. Ce bail confère au commerçant locataire le droit de
rester dans le local loué et d’y exercer son activité aussi longtemps qu’il le veut : c’est le
droit au renouvellement du bail.

A – LE BAIL A USAGE PROFESSIONNEL

C’est est une convention, écrite ou verbale, entre le propriétaire d’un local et une personne
appelée preneur ou locataire, permettant à cette dernière d’exploiter dans les lieux loués
toute activité commerciale, industrielle, artisanale, ou professionnelle 38.

1 – La forme, la durée et l’objet du bail à usage professionnel

- La forme : Le bail à usage professionnel peut être écrit ou verbal.

38
Article 103 de l’AUDCG.

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- La durée : Il peut être conclu pour une durée déterminée ou indéterminée. Tout bail
conclu oralement ou sans fixation d’une durée est réputé conclu à durée
indéterminée.
- L’objet : Il a pour objet l’exploitation d’une activité commerciale, industrielle,
artisanale ou toute autre activité professionnelle.

2 – Les locaux auxquels s’applique le bail à usage professionnel

Aux termes de l’article 101 de l’AUDCG, le bail à usage professionnel s’applique :

- Aux locaux ou immeubles principaux et aux locaux accessoires nécessaires à


l’exploitation du fonds.
- Aux terrains nus sur lesquels ont été élevés des constructions avant ou après le
bail.

NB : Ne sont pas régis par le bail à usage professionnel :

- Les constructions mobilières comme les kiosques, les baraques.


- La location de terrain nu.

3 – La fixation du loyer

Le loyer est librement fixé par les parties lors de la conclusion du contrat. Il peut être
révisé au cours du bail suivant les termes du contrat ou à défaut, à l’expiration de chaque
période triennale (3 ans) par les parties.

A défaut d’accords entre les parties, le nouveau montant du loyer peut être fixé par le juge
des référés. Celui-ci pour fixer ce montant tient compte des éléments suivants :

- La situation des locaux


- La superficie et l’état de vétusté
- Les prix pratiqués des locaux commerciaux couramment pratiqué dans le
voisinage pour les locaux identiques.

4 – Les droits et obligations des parties

a – Les droits et obligations du bailleur

- Le bailleur a droit au loyer et dans une certaine mesure à la reprise de ses locaux.
- Le bailleur a l’obligation de délivrer les locaux en bon état, de garantir une
jouissance paisible des locaux et faire les grosses réparations à ses frais (les murs
des clôtures etc.).

b – Les droits et obligations du locataire

a1 – Les droits

Sous réserve d’un certain nombre de conditions, le preneur (locataire) dispose du droit à
la cession du bail, à la déspécialisation et au renouvellement du bail.

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Droit commercial – BTS II

Le droit à la cession du bail : c’est un acte par lequel le locataire transmet ses droits et
obligations à un tiers.

- Si le preneur cède la totalité des éléments permettant l’exploitation de l’activité dans


les lieux loués, la cession s’impose au bailleur : on parle de la cession
consécutive à une cession d’activité.
- Si le preneur cède le bail seul ou avec une partie des éléments permettant
l’exploitation de l’activité dans lieux loués, la cession doit être soumise à l’accord du
bailleur : on parle de la cession non consécutive à une cession d’activité.

La sous-location : elle consiste pour le locataire à devenir à son tour bailleur alors qu’il
continue à payer le loyer principal au propriétaire de l’immeuble.

NB : Toute sous location totale ou partielle est en principe interdite sauf clause contraire.
Dans le cas d’une sous-location autorisée, l’acte doit être porté à la connaissance du
bailleur par écrit. Lorsque le montant du sous loyer est supérieur au montant du loyer
principal, le bailleur peut exiger une augmentation du prix du bail principal. En cas de refus
d’autorisation de la sous location, le bailleur n’a pas à motiver son refus.

Le droit à la déspécialisation : la déspécialisation est le fait pour le commerçant de


changer la nature de ses activités ou d’y joindre des activités connexes ou
complémentaires. Elle peut être partielle ou totale.

- Elle est partielle lorsque le preneur adjoint à son activité principale des activités
connexes ou complémentaires. Le locataire doit notifier son intention au bailleur par
acte d’huissier. Le bailleur dispose de deux (2) mois pour répondre. S’il s’oppose, le
tribunal va trancher à la demande de la partie diligente (demandeur). Toute clause
interdisant l’exercice d’une activité complémentaire n’est pas valable.
- Elle est totale ou plénière lorsque le preneur exerce dans le local loué une activité
totalement différente de celle prévue au bail. Le locataire doit notifier au bailleur sa
demande par acte extrajudiciaire. Le bailleur dispose de trois (3) mois pour s’y
opposer. Cette demande doit comporter la nouvelle activité.

NB : La déspécialisation totale ou partielle constitue des droits pour le locataire mais le
bailleur peut s’y opposer pour des motifs sérieux.

a2 – Les obligations

Le locataire doit :

- Payer le loyer aux termes convenus


- Exploiter les locaux en bon père de famille
- Effectuer les réparations d’entretien.

B – LES CONDITIONS DU RENOUVELLEMENT DU BAIL

Le droit au renouvellement du bail est accordé au locataire qui remplit les conditions
suivantes :

- Bénéficier d’un bail à usage professionnel.


- Exploiter effectivement et conforment aux stipulations du bail l’activité prévues
pendant une durée minimale de 2 ans. 

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NB : Si le locataire est un commerçant, il doit être immatriculé au RCCM.

C – LA PROCEDURE DE RENOUVELLEMENT DU BAIL

Elle varie selon qu’il s’agisse d’un bail à durée déterminée ou indéterminée.

1 – Pour le bail à durée déterminée

Le locataire qui veut obtenir le renouvellement de son bail à durée déterminée doit
adresser au bailleur une demande de renouvellement par exploit d’huissier au plus tard
trois(3) mois avant la date d’expiration du bail. Le bailleur doit faire connaître sa réponse
au plus tard un(1) mois avant l’expiration du bail. A défaut de répondre dans ce délai, son
silence vaut acceptation.

2 – Pour le bail à durée indéterminée

Si le bailleur veut mettre fin au bail à durée indéterminée, il doit donner congé au locataire
par exploit d’huissier au moins six(6) mois à l’avance. Le preneur bénéficiaire du droit au
renouvellement du bail peut s’opposer à ce congé au plus tard à la date d’effet de celui-ci.
Faute de contestation dans ce délai, le bail à durée indéterminée cesse à la date fixée par
le congé.

D – LE REFUS DE RENOUVELLEMENT AU BAIL

En cas de refus de renouvellement, le bailleur est tenu en principe au paiement d’une


indemnité d’éviction. Cependant dans certains cas, il n’est pas tenu à cette indemnité.

1 – Le principe : le paiement d’une indemnité d’éviction

L’indemnité d’éviction est une somme d’argent que le bailleur doit verser au locataire en
cas de refus de renouvellement du bail sans motif valable. Le montant de cette indemnité
peut être fixé par le juge qui prendra en compte, le chiffre d’affaire, les investissements
réalisés et la situation géographique du local et les frais de déménagement imposé par le
refus du renouvellement.

Si le bailleur trouve l’indemnité trop élevée, il dispose d’un droit de repentir et peut
accepter le renouvellement dans les quinze(15) jours du jugement mais à la condition de
payer tous les frais de l’instance à moins que le locataire n’ait déjà pris des mesures pour
se réinstaller ailleurs. Le locataire peut rester dans les lieux tant que l’indemnité ne lui est
pas versée.

2 – L’exception : le non-paiement d’indemnité d’éviction

Le bailleur peut refuser de renouveler le bail sans avoir à payer d’indemnité d’éviction
dans les cas suivants :

- S’il justifie d’un motif grave et légitime à l’encontre du preneur. Exemple : le non-
paiement du loyer, le défaut d’entretien, la non-exploitation du local 39.
39
Ce motif selon l’article 95 de l’AUDCG doit consister dans l’inexécution par le locataire d’une obligation
substantielle du contrat (la jurisprudence retient le retard fréquent dans le paiement du loyer, la mauvaise
tenue du local, le caractère immoral du commerce exploité, la déspécialisation totale non autorisée, la sous-
location non autorisée…), ou dans la cessation de l’activité commerciale.

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Droit commercial – BTS II

- S’il envisage de démolir l’immeuble comprenant les lieux loués et le reconstruire 40.
- S’il envisage de reprendre l’immeuble pour l’habiter ou le faire habiter par sa
famille.

II – LA PROTECTION CONTRE LA CONCURRENCE DELOYALE

A – LA NOTION DE CONCURRENCE DELOYALE

La concurrence déloyale est le fait qu’un commerçant détourne ou tente de détourner la


clientèle d’un concurrent par des moyens contraires aux lois et aux usages.

NB : Il ne faut pas confondre la concurrence illicite avec la concurrence déloyale. La


concurrence déloyale est celle qui résulte d’une faute délictuelle alors que la concurrence
illicite est celle qui résulte d’une faute quasi délictuelle (imprudence ou négligence).

La loi reconnaît à la victime une action en concurrence déloyale fondée sur les principes
de la responsabilité civile délictuelle.

B – LES CONDITIONS DE L’ACTION EN CONCURRENCE DELOYALE

L’action en concurrence déloyale ne peut être exercée que si trois (3) conditions sont
remplies : la faute, le dommage et le lien de causalité entre la faute et le dommage.

1 – La faute

La faute ou le fait générateur ou encore le fait dommageable est un comportement


déloyal, intentionnel ou non, destiné à détourner la clientèle d’un autre commerçant. Les
faits ou attitudes suivants sont considérés comme malhonnêtes et déloyaux :

- les imitations ou l’usurpation des signes distinctifs (le nom commercial, l’enseigne,
la marque) pour créer la confusion chez les clients ;
- la diffusion d’informations fausses ou mensongères pour dénigrer la personne ou
les produits d’un commerçant concurrent ;
- l’écrasement du marché par la pratique des prix cassés (prix trop bas) ;
- la désorganisation d’une entreprise concurrente par le débauchage de son
personnel ou l’incitation à la grève. C’est le comportement déloyal qui vise à
détourner la clientèle de son concurrent.

2 – Le dommage

Mais l’alinéa 2 du même article fait obligation au bailleur d’invoquer ce motif, si et seulement si le locataire a
été mis en demeure par acte extrajudiciaire, mais a continué les faits plus de deux mois après. La
jurisprudence admet que le manquement peut parfois porter sur un élément non contractuel, mais de gravité
telle que le contrat est affecté (coups et blessures sur le bailleur par le locataire mauvaise vie du
locataire…).
40
Dans ce cas le preneur a la priorité pour un nouveau contrat dans le nouvel immeuble, sauf si le bailleur
ne fait plus de location, mais y habite.
Le droit de repentir est accordé au bailleur qui, après avoir refusé de renouveler le bail, revient sur sa
décision. Le preneur peut refuser et exiger l’indemnité d’éviction, s’il a déjà engagé des frais pour un autre
local. Le droit de repentir est exercé dans un délai de 15 jours après le refus de renouvellement.
Le propriétaire qui reprend son local avec ou sans paiement de l’indemnité d’éviction exerce son droit de
reprise ; cependant le droit de reprise est difficilement applicable lorsque le locataire bénéficie du droit au
bail. D’où l’appréciation souveraine des juges pour décider de l’acceptation du renouvellement ou de la
fixation de l’indemnité d’éviction.

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Droit commercial – BTS II

Il consiste en un détournement de la clientèle au profit du fonds de l’auteur de la


concurrence. Le dommage se traduit souvent par la baisse du chiffre d’affaire du
commerçant victime de la concurrence.

3 – Le lien de causalité

Le préjudice doit être la conséquence directe des faits déloyaux ce l’auteur de la


concurrence.

C – LA SANCTION DE LA CONCURRENCE DELOYALE

L’auteur de la concurrence déloyale peut être condamné à des dommages et intérêts, à la


cessation sous astreinte des faits répréhensibles et à la publication rectificative dans les
médias.

III – LA PROTECTION CONTRE LA CONTREFAÇON

La contrefaçon est une atteinte portée aux droits de propriété industrielle ou commerciale.
Cette atteinte peut être une usurpation ou une imitation des dessins, marques ou modèles
qui ont permis au véritable propriétaire de se constituer une clientèle.

Elle est sanction par :

- L’interdiction sous astreinte de la poursuite de l’activité ;


- La confiscation des objets contrefaits ;
- La publication de la décision de justice dans les journaux ;
- La condamnation au paiement des dommages et intérêts.

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Droit commercial – BTS II

Chapitre 3
LES OPERATIONS RELATIVES AU FONDS DE COMMERCE

Le fonds de commerce est un bien dont la valeur dépend uniquement de la clientèle qui lui
est attachée. Il peut être exploité directement par le propriétaire. Mais celui-ci peut le louer
à un autre commerçant : on parle de location gérance. Il peut le donner en garantie d’un
prêt accordé par un établissement financier tel qu’une banque : il s’agit du nantissement.
Il peut aussi le céder à une tierce personne : on parle de la cession.

En définitif, le fonds de commerce peut faire l’objet de trois types d’opérations à savoir  : la
location-gérance, le nantissement et la cession.

I – LA LOCATION-GERANCE

A – LA NOTION DE LOCATION-GERANCE

1 – Définition

Encore appelée gérance libre, la location-gérance est une convention par laquelle le
bailleur, propriétaire du fonds de commerce, en concède la location au locataire-gérant
(gérant libre) qui l’exploite à ses risques et périls 41.

2 – La distinction entre location-gérance et les notions voisines

41
Article 138, alinéa 3 de l’AUDCG.

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Droit commercial – BTS II

La location-gérance ne doit pas être confondue à certaines notions comme la gérance


salariée et le bail à usage professionnel.

a – Distinction entre location-gérance et gérance salariée

Dans la location-gérance, le locataire-gérant exploite le fonds en son nom et pour son


propre compte alors que dans la gérance salariée, le gérant salarié exploite le fonds au
nom et pour le compte d’autrui.

Dans la location-gérance, le locataire gérant a la qualité de commerçant alors que dans la


gérance salariée, le gérant salarié n’a pas cette qualité.

b – Distinction entre location-gérance et bail à usage professionnel

Dans le bail à usage professionnel, le locataire a droit au renouvellement alors que dans la
location-gérance, le locataire-gérant n’a pas ce droit.

Le bail porte sur les locaux alors que la location-gérance porte sur un fonds de commerce.

B – LES CONDITIONS DE VALIDITE DE LA LOCATION-GERANCE

Comme tout contrat, la location-gérance doit respecter les conditions générales de validité
des contrats à savoir : le consentement, la capacité et un contenu certain et licite.

1 – Les conditions de fond

- Le bailleur doit avoir exploité ledit fonds en qualité de commerçant pendant au


moins deux(2) ans.

NB : Cette condition de délai ne s’applique pas aux héritiers et aux personnes incapables.
Aussi, le délai de deux(2) ans peut-il être réduit sans pouvoir être inférieur à un an par le
juge lorsque la personne justifie qu’elle a été dans l’impossibilité d’exploiter son fonds de
commerce (pour cause d’accident ou de maladie).

- Le bailleur ne doit pas être déchu ou interdit de l’exercice de l’activité commerciale.

2 – Les conditions de forme

La location-gérance doit être constatée par écrit et publiée dans les quinze jours de sa
date dans un journal d’annonce légal. Si le contrat de location-gérance n’est pas publié, le
propriétaire reste responsable des obligations contractées par le locataire gérant.

Le locataire a l’obligation de s’inscrire au RCCM. Il est tenu d’indiquer en tête de ses bons
de commande et autres documents financiers son immatriculation et sa qualité de
locataire-gérant.

C – LES EFFETS DE LA LOCATION-GERANCE

1 – Les effets à l’égard des parties

a – Les effets à l’égard du bailleur du fonds

- Il cesse d'être commerçant et doit faire modifier son inscription au RCCM.

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Droit commercial – BTS II

- Il doit mettre le gérant libre en possession du fonds et s’abstenir de troubler sa


jouissance notamment en exploitant un fonds concurrent.

b – Les effets à l’égard du gérant libre

- Il doit exploiter le fonds.


- Il acquiert la qualité de commerçant et doit se faire immatriculer au RCCM ;
- Il doit payer au bailleur du fonds un loyer pour la jouissance des locaux, et un loyer
pour la jouissance des éléments corporels et incorporels du fonds de commerce ;
- Il doit exploiter le fonds en bon père de famille.
- Il doit indiquer en tête de tous ses documents (bon de commande, factures …) son
statut de locataire-gérant.

2 – Les effets à l’égard des tiers

a – Les effets à l’égard des créanciers du bailleur

Si les créanciers du bailleur estiment que la mise en location du fonds de commerce met
en péril le recouvrement de leurs créances, ils peuvent, dans les trois(3) mois de
l’insertion au journal d’annonce légale, demander au juge de déclarer ces créances
exigibles.

b – Les effets à l’égard des créanciers du locataire-gérant

- Jusqu’à la publication de la location-gérance, le propriétaire du fonds est


solidairement responsable des dettes du locataire-gérant nées de l’exploitation du
fonds de commerce.

NB : Pour que le bailleur soit solidairement responsable des dettes du locataire-gérant, la
dette doit naître entre la conclusion et la publication du contrat ; la dette doit naître de
l’exploitation du fonds donné en location-gérance.

- A la fin du contrat de location-gérance, les dettes du locataire-gérant deviennent


immédiatement exigibles.

II – LE NANTISSEMENT DU FONDS DE COMMERCE

Le nantissement est un contrat par lequel un commerçant affecte son fonds de commerce
en garantie du paiement de sa dette.

A – L’OBJET DU NANTISSEMENT DU FONDS DE COMMERCE

Le nantissement du fonds de commerce porte obligatoirement sur les éléments


incorporels à savoir la clientèle et l’enseigne ou le nom commercial.

Le nantissement du fonds de commerce peut aussi porter sur les autres éléments
incorporels du fonds de commerce tels que le droit au bail, la licence d’exploitation, le
brevet d’invention et les marques à condition de la préciser dans une clause spéciale.

B – LES CONDITIONS DE VALIDITE DU NANTISSEMENT DU FONDS DE


COMMERCE

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Droit commercial – BTS II

Le nantissement du fonds de commerce doit être établi par acte authentique ou sous
seing privé et enregistré au RCCM. L’écrit doit, sous peine de nullité, mentionné :

- L’identité des parties,


- Le montant de la créance garantie,
- Les éléments du fonds nanti, etc.

C – LES EFFETS DU NANTISSEMENT DU FONDS DE COMMERCE

Le nantissement confère des droits au créancier nanti et le protège.

1 – Les droits du créancier

Il a deux(2) droits :

- Le droit de suite : c’est le droit de revendiquer le fonds de commerce en n’importe


quelle main où il se trouve.
- Le droit de préférence : c’est le droit sur le prix du fonds de commerce avant les
autres créanciers du débiteur.

2 – La protection du créancier nanti

Il bénéficie d’une double protection : en cas de résiliation du bail et en cas de déplacement


du fonds.

a – La protection en cas de résiliation du bail

Le bailleur qui entend résilier le bail de l’immeuble dans lequel le fonds de commerce objet
du nantissement est exploité, doit en informer le créancier nanti. La résiliation prend effet
deux(2) mois après sa notification au créancier nanti.

Lorsque la résiliation du bail est fondée sur le non-paiement des loyers par exemple, le
créancier nanti peut l’éviter en offrant au bailleur de les payer à la place du locataire
commerçant (débiteur).

b – La protection en cas de déplacement du fonds de commerce

Le commerçant débiteur qui veut déplacer son fonds de commerce objet du nantissement
doit en informer le créancier nanti quinze(15) jours à l’avance. Il doit indiquer le nouvel
emplacement du fonds de commerce.

Si le débiteur omet d’informer le créancier nanti, la créance devient immédiatement


exigible. De même si le créancier s’oppose au déplacement du fonds de commerce pour
un motif sérieux tel que la dépréciation du fonds de commerce, il peut demander à la
juridiction compétente de déclarer sa créance immédiatement exigible.

III – LA CESSION DU FONDS DE COMMERCE

C’est la vente du fonds de commerce. Le vendeur est encore appelé le cédant ; l’acheteur
est aussi dénommé le cessionnaire ou l’acquéreur.

A – L’OBJET DE LA CESSION DU FONDS DE COMMERCE

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Droit commercial – BTS II

La cession du fonds de commerce a obligatoirement pour objet la clientèle et l’enseigne


ou la clientèle et le nom commercial ou cumulativement la clientèle, l’enseigne et le nom
commercial. Elle peut porter aussi sur d’autres éléments du fonds de commerce, à
condition de les préciser expressément dans l’acte de cession.

Si la cession porte seulement sur d’autres éléments, elle ne vaut pas cession du fonds de
commerce quelles que soient les dispositions convenues dans le contrat.

B – LES CONDITIONS DE LA CESSION DU FONDS DE COMMERCE

La cession du fonds de commerce doit observer des conditions de fond et de forme.

1 – Les conditions de fond

La cession du fonds de commerce étant un contrat, elle doit donc remplir les conditions
nécessaires à la validité d’un contrat.

2 – Les conditions de forme

a – La forme de la cession

La cession d’un fonds de commerce se fait par écrit. Cet écrit peut être un acte sous seing
privé ou un acte authentique.

b – Les mentions de l’acte de cession

Tout acte constatant la cession d’un fonds de commerce doit contenir les mentions
relatives à l’identité des parties, à l’état des privilèges et nantissement grevant le fonds, au
chiffre d’affaires des trois dernières années, au prix convenu, à la situation et aux
éléments du fonds vendu, etc. L’omission ou l’inexactitude de ces mentions peut entraîner
la nullité de la vente, si l’acquéreur le demande et s’il prouve que cette omission ou cette
inexactitude a substantiellement affecté la consistance du fonds cédé et qu’il en a subi un
préjudice.

Cette demande doit être formée dans le délai d’un(1) an à compter de la date de l’acte.

c – La publicité de la cession

Tout acte constatant une cession de fonds de commerce doit être :

- déposé en une copie certifiée conforme par le vendeur ou l’acquéreur au  Registre


du Commerce et du Crédit Mobilier ;
- Publié, à la diligence de l’acquéreur sous forme d’avis, dans un journal habilité à
publier des annonces légales et paraissant dans le lieu où le vendeur est inscrit au
Registre du Commerce et du Crédit Mobilier dans un délai de quinze(15) jours
francs à compter de sa date.

Cette publicité a pour but d’informer les tiers, notamment d’avertir les créanciers du
vendeur. 

B – LES EFFETS DE LA CESSION DU FONDS DE COMMERCE

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Droit commercial – BTS II

1 – Les effets entre les parties

a – Les obligations des parties

a1 – Les obligations du vendeur ou cédant

L’obligation de délivrance : le cédant a l’obligation de délivrer le fonds cédé à l’acheteur


à la date prévue dans l’acte de cession. Cependant, si le paiement a été prévu au
comptant le vendeur n’est tenu de mettre l’acheteur en possession qu’à la date du complet
paiement.

L’obligation de garantie : il doit garantir l’acheteur contre les vices cachés du fonds. On
appelle vices cachés, les inexactitudes qui ne se sont pas révélées au moment de la
conclusion du contrat.

Il doit garantir à l’acheteur une jouissance paisible du fonds en s’abstenant de lui faire
concurrencer. Cette obligation se traduit généralement par une clause de non-
rétablissement ou une clause de non-concurrence insérée dans l’acte de cession. La
clause de non-rétablissement est une stipulation par laquelle le vendeur d’un fonds
de commerce s’engage à ne pas exercer un commerce identique dans la même zone
où se trouve le fonds de commerce cédé. Pour être valable, la clause de non-
rétablissement doit être limitée soit dans le temps, soit dans l’espace 42.

a2 – Les obligations de l’acheteur

L’acheteur doit payer le prix au jour et lieu fixés dans l’acte de vente. Le paiement doit se
faire entre les mains d’un notaire ou de tout établissement bancaire désigné d’un commun
accord entre le cédant et le cessionnaire. Le notaire ou l’établissement bancaire doit
conserver le prix en qualité de séquestre pendant un délai de trente(30) jours à compter
de la parution de la publicité de la vente dans un journal d’annonces légales.

Si aucune opposition n’a été notifiée au séquestre dans ce délai, il doit tenir le prix de
vente à la disposition du vendeur. Si une ou plusieurs oppositions sont notifiées pendant
ce délai, le prix de vente n’est disponible pour le vendeur que sur justification de la
mainlevée de toutes les oppositions.

b – Les droits des parties

b1 – Les droits du vendeur à crédit

Le fonds de commerce est généralement vendu à crédit. Ainsi la loi protège le vendeur du
fonds de commerce à crédit à travers deux garanties à savoir l’action en résolution et le
privilège du vendeur impayé.

L’action résolutoire : c’est une action qui permet au vendeur impayé de demander la
résolution de la vente et de reprendre le fonds moyennant restitution des acomptes reçus.
Cette action n’est pas opposable aux tiers. Elle doit être notifiée aux créanciers inscrits sur
le fonds par un acte extrajudiciaire ou par tous moyens laissant trace écrite.

L’action résolutoire a pour effets :


42
Une seule de ces limitations suffit pour rendre la clause valable.

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Droit commercial – BTS II

- Le retour du fonds entre les mains du précédent propriétaire.


- Les garanties prises par les créanciers de l’acheteur du fonds disparaissent.

Le privilège du vendeur : lorsque le prix n’est pas payé au comptant, le vendeur dispose
d’un privilège sur le fonds de commerce vendu. Ce privilège confère au vendeur impayé,
un droit de suite43 et un droit de préférence 44 sur le fonds vendu. Mais pour jouir de son
privilège, le vendeur doit inscrire son privilège au Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier dans les quinze(15) jours qui suivent la publicité de la vente.

b2 – Le droit de l’acheteur ou cessionnaire

Il est protégé par les obligations légales du vendeur. Mais il dispose d’une action
rédhibitoire par laquelle il peut demander l’annulation de la cession pour avoir vice ou pour
atteinte aux mentions obligatoires.

2 – Les effets à l’égard des créanciers du vendeur

Les créanciers informés de la vente du fonds de commerce de leur débiteur (le vendeur)
peuvent faire opposition ou surenchère.

a – L’opposition

C’est un droit reconnu aux créanciers du vendeur de toucher au prix du fonds vendu.
L’opposition doit être exercée dans un délai de trente(30) jours à compter de la date de la
publication de la vente. Ce délai correspond à celui imposé au séquestre pour garder le
prix payé.

NB : le paiement du prix entre les mains du vendeur avant l’expiration du délai
d’opposition est inopposable au créancier, c’est-à-dire que le paiement est nul à l’égard du
créancier. L’acheteur payera une seconde fois.

b – La surenchère

C’est un droit pour le créancier de demander la revente du fonds de commerce aux


enchères publiques lorsqu’il estime que le prix est inférieur à la valeur réelle du fonds en
se portant acquéreur. Le créancier surenchérisseur s’engage à acquérir le fonds de
commerce au prix global de ce fonds augmenté du sixième.

Le délai pour faire la surenchère est d’un(1) mois à compter de la publication de la vente.

NB : La surenchère est considérée comme une arme à double tranchant car elle a
l’avantage de lutter contre la vente du fonds à vil prix et l’inconvénient de rendre le
créancier propriétaire d’un fonds de commerce dont il n’a peut-être pas besoin.

43
Le droit de suite permet au vendeur de suivre le fonds de commerce en quelque main où il se trouve. Il
permet de se faire payer par le sous-acquéreur du fonds de commerce.
44
Le droit de préférence permet au vendeur d’être payé avant les autres créanciers de l’acheteur en cas de
vente du fonds de commerce aux enchères publiques.

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Droit commercial – BTS II

Titre IV
LES SOCIETES COMMERCIALES FACE
AUX DIFFICULTES FINANCIERES
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Droit commercial – BTS II

La qualité de commerçant n’est pas seulement dévolue à la personne physique. Une


personne morale peut l’être aussi. Mais toute personne morale ne peut être une société
commerciale (Chapitre 1). Il n’est pas rare que celle-ci soit confrontée à des difficultés
d’ordre pécuniaire. Des mesures de prévention ou de traitement ont été prévues pour
éviter des désagréments : il s’agit des procédures collectives (Chapitre 2).

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Droit commercial – BTS II

Chapitre
LES SOCIETES COMMERCIALES
1
La société commerciale est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes
conviennent d’affecter à une activité leur bien dans le but de partager le bénéfice ou de
profiter de l’économie qui pourra en résulter 45. Une société est commerciale soit par sa
forme soit par son objet.

I – LE CONTRAT DE SOCIETE

Le contrat de société a pour but de créer une société commerciale. C’est un accord de
volonté qui n’est possible qu’entre deux personnes au moins. Mais exceptionnellement,
une société peut être créée par une seule personne que l’on appelle associé unique : on
parle de société unipersonnelle. Dans ce cas, elle devient une institution.

A – LES CONDITIONS DE VALIDITE DU CONTRAT DE SOCIETE

1 – Les conditions générales

Comme tout contrat, le contrat de société doit respecter les conditions générales de
validité prévues par l’article 1128 du code civil. Il s’agit :

- Du consentement46 qui doit être exempt de tout vice (erreur, dol violence).
- De la capacité47 : elle est exigée dans les sociétés de personne où les associés ont
la qualité de commerçant (SNC, SCS). Par contre cette capacité n’est pas exigée
dans les sociétés de capitaux où les associés ou les actionnaires n’ont pas la
qualité de commerçant.
- Un contenu48 certain et licite : Il s’agit de l’objet social. C’est l’activité de la
société, c’est-à-dire celle qui permet de réaliser le bénéfice ou l’économie.
45
Article 4 de l’AUSC-GIE.
46
Ce consentement se matérialise le plus souvent par la signature des statuts par les associés.
47
Il s’agit de la capacité d’exercice.

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Droit commercial – BTS II

2 – Les conditions spécifiques

a – La mise en commun d’apports

Un apport est un bien qu’un associé affecte pour la réalisation de l’objet social. Il existe
trois(3) types d’apport :

- L’apport en nature : c’est un bien meuble ou immeuble que l’associé mets à la


disposition de la société. Exemples : une maison, un véhicule.
- L’apport en numéraire : c’est une somme d’argent mise à la disposition de la
société.
- L’apport en industrie : c’est le travail ou l’aptitude technique que l’associé
s’engage à mettre à la disposition de la société.

NB : L’ensemble des apports en numéraire et en nature constitue le capital de la société.


L’apport en industrie ne fait pas partie du capital social car il est difficilement et ne peut
être saisi. Le capital social est divisé en actions ou en parts sociales attribuées à chaque
associé proportionnellement ou montant de son apport. La part de l’apporteur en industrie
est égale à la part de l’associé qui a le moins apporté en numéraire ou en nature.

b – La participation au résultat

La participation aux résultats signifie que tout associé a droit aux bénéfices 49 et doit en
contrepartie contribuer aux pertes. La participation aux résultats permet de distinguer la
société de l’association50.

NB : La clause léonine est une disposition statutaire qui, soit attribue tous les bénéfices
ou toutes les pertes à un seul associé, soit l’exclut de tous les bénéfices ou de toutes les
pertes. Elle est interdite.

c – L’affectio societatis

C’est la volonté des associés de collaborer sur une base égalitaire. Ce caractère distingue
le contrat de société du contrat de travail qui implique un lien de subordination entre
employeur et employé.

3 – Les conditions de formes

a – L’établissement des statuts de la société

Le contrat doit être constaté par écrit qui peut être un acte authentique ou acte sous seing
privé. L’écrit qui constate la création de la société, prend le nom de statuts ; c’est à partir
de la signature des statuts qu’on dit que la société est constituée. La société est en
formation quand elle n’est pas constituée.

b – La publicité de la société

La publicité est le fait de porter l’existence de la société à la connaissance de


l’administration et du public. La publicité de la société nécessite les formalités suivantes :
48
Il s’agit de l’objet social. C’est l’activité de la société, c’est-à-dire celle qui permet de réaliser le bénéfice ou
l’économie.
49
Les bénéfices sont distribués aux actionnaires proportionnellement au montant de leurs apports.
50
En effet, les associés ont vocation au partage des bénéfices alors que les sociétaires n’ont pas droit au
partage des bénéfices.

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Droit commercial – BTS II

- Le dépôt des statuts au greffe du tribunal compétent ;


- L’insertion des statuts dans un journal d’annonces légales ;
- L’immatriculation au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier.

Toute société doit être immatriculée au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier, à


l’exception de la société en participation. Avant son immatriculation, l’existence de la
société n’est pas opposable aux tiers. Néanmoins, ceux-ci peuvent s’en prévaloir.

4 – La sanction de l’inobservation des conditions de validité

La sanction de l’inobservation des conditions de validité du contrat de société est en


principe la nullité de la société.

Mais il serait difficile d’appliquer dans toute sa rigueur le principe de la nullité en matière
de société, compte tenu des effets à l’égard des tiers qui ont contracté avec la personne
morale. Pour ce faire, la loi a prévu que la nullité ne peut survenir qu’après l’échec d’une
procédure de régularisation, ou pour les cas où la nullité résulte de l’illicéité de l’objet
social.

La régularisation permet au juge de mettre en demeure les associés pour la correction de


la cause de la nullité. Elle peut être tentée par le juge ou par un des associés, surtout si ce
dernier a intérêt. En cas d’échec le juge prononce la nullité, qui n’est pas rétroactive, mais
opposable aux tiers. La décision doit être publiée dans un délai d’un mois, à compter du
jour où elle est définitive.

L’action en nullité se prescrit pour trois(3) ans à compter de l’immatriculation ou de la


publication de l’acte modifiant les statuts, pour les causes de consentement ou de
capacité juridique ; il en est de même pour l’illicéité de l’objet social.

B – LA PERSONNALITE JURIDIQUE DES SOCIETES

1 – Le début de la personnalité juridique

Les sociétés commerciales ont leur personnalité juridique à partir de leur immatriculation
au RCCM. La société immatriculée devient un sujet de droit et a un patrimoine distinct de
celui des associés ; elle a un nom, un domicile et une nationalité.

2 – La fin de la personnalité juridique : la dissolution de la société

a – Les causes de dissolution

Il s’agit ici des causes de dissolution communes à toutes les sociétés. Elles sont :

- L’expiration du temps pour lequel la société a été constituée, généralement 99


ans ;
- La réalisation ou l’extinction de l’objet social 51 ;
- L’annulation du contrat de société52 ;
- La décision des associés ;
- La décision judiciaire53 ;
51
La résiliation de l’objet social suppose que l’opération pour laquelle la société a été instituée se trouve
définitivement accomplie ; il y a extinction lorsque l’activité de la société se révèle impossible (contenu
déclaré illicite).
52
Cette cause de dissolution est très rare.
53
Une liquidation des biens.

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Droit commercial – BTS II

- La liquidation des biens de la société ;


- Toute autre cause prévue par les statuts.

NB : La fusion ou la scission entraîne la dissolution sans liquidation des sociétés.

b – Les effets de la dissolution

La dissolution de la société n’a d’effets à l’égard des tiers qu’à compter de sa publication
au RCCM. La dissolution de la société pluripersonnelle entraîne de plein droit sa mise en
liquidation. La personnalité morale de la société subsiste pour les besoins de la liquidation
et jusqu’à la clôture de celle-ci. La dissolution est publiée dans un journal d’annonces
légales du lieu du siège social.

II – LES DIFFERENTS TYPES DE SOCIETE

On distingue les sociétés de personnes et les sociétés de capitaux.

A – LES SOCIETES DE PERSONNES

1 – La société en nom collectif (SNC)

C’est une société dans laquelle tous les associés sont des commerçants et répondent
solidairement et indéfiniment au passif social.

a – Les caractéristiques de la SNC

- Tous les associés ont la qualité de commerçant.

Tous les associés doivent avoir donc la capacité juridique. Les mineurs non émancipés et
les majeurs incapables ne peuvent être associés d’une SNC.

- Tous les associés sont solidairement et indéfiniment responsables des dettes


sociales.

Solidairement signifie qu’un créancier social peut réclamer le paiement de sa créance à


l’un des associés de la SNC. Indéfiniment signifie que chaque associé va payer les dettes
sociales au-delà de ses apports.

NB : Deux époux ne peuvent pas être associés dans une SNC parce que la loi leur interdit
d’être associés dans une société dans laquelle ils seront tenus solidairement et
indéfiniment du passif social.

- La SNC est créée intuitu personae c’est-à-dire en considération de la personne de


l’associé. Les associés se connaissent bien et se font mutuellement confiance.
- Le décès, l’incapacité ou le retrait d’un associé peut entrainer la dissolution de la
SNC.
- Aucun minimum du capital social n’est exigé dans la SNC.
- Le capital social est divisé en parts sociales de mêmes valeurs nominales.
- Les parts sociales ne peuvent être cédées qu’avec le consentement unanime des
associés.
- L’apport en industrie est autorisé.

b – La gérance de la SNC

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Droit commercial – BTS II

Les statuts organisent la gérance de la société en nom collectif. Elle est dirigée par un ou
plusieurs gérants. Le gérant peut être un associé ou non, une personne physique ou une
personne morale. Les gérants peuvent être désignés dans les statuts ou dans un acte
postérieur. A défaut d’organisation de la gérance par les statuts, tous les associés sont
réputés être gérants.

Quels sont les pouvoirs du gérant ?

Dans les rapports entre associés et en l’absence de la détermination de ses pouvoirs par
les statuts, le gérant peut faire tous les actes de gestion dans l’intérêt de la société.

Dans les rapports avec les tiers, le gérant engage la société par les actes entrant dans
l’objet social. Les clauses statutaires limitant les pouvoirs des gérants sont inopposables
aux tiers.

En cas de pluralité de gérants, chacun détient les mêmes pouvoirs que s’il était seul
gérant de la SNC.

c – Les causes particulières de dissolution de la SNC

- Le décès, l’incapacité ou le retrait d’un associé.


- La révocation du ou des gérants sauf clause contraire des statuts prévoyant la
continuation ou une décision unanime des autres associés.

2 – La société en commandite simple (SCS)

C’est la société dans laquelle coexistent deux types d’associé : les commandités et les
commanditaires.

a – Les caractéristiques de la SCS

- La SCS comprend deux types d’associé : les commandités et les commanditaires.

Les commandités sont des commerçants et répondent solidairement et indéfiniment du


passif social. Les commanditaires n’ont pas la qualité de commerçant et répondent des
dettes sociales dans la limite de leur apport.

- Aucun minimum du capital social n’est exigé.


- Le capital social est divisé en parts sociales ;
- Les parts sociales ne sont pas librement cessibles.
- Les commanditaires ne peuvent pas être gérants.
- L’apport en industrie est autorisé.

b – La gérance de la SCS

La société en commandite simple est gérée par tous les associés commandités. Mais les
statuts peuvent désigner un ou plusieurs gérants parmi les associés commandités. Les
associés commanditaires ne peuvent faire aucun acte de gestion externe même en vertu
d’une procuration.

c – Les causes particulières de dissolution

Le décès, l’absence, le décès l’incapacité de l’un des associés commandités entraine la


dissolution de la SCS sauf si les statuts ont prévu la poursuite avec les héritiers de

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Droit commercial – BTS II

l’associé décédés. Si ceux-ci sont mineurs non émancipés, ils deviennent associés
commanditaires.

Si l’associé décédé était seul associé commandité, il doit être remplacé par un nouvel
associé commandité, donc majeur. S’il n’y a pas d’héritier majeur pour être commandité, la
société en commandite simple doit être transformée en une autre société (société à
responsabilité limitée, société anonyme) dans un délai d’un(1) an à compter du décès. A
défaut de cette transformation, elle est dissoute de plein droit.

B – LES SOCIETES DE CAPITAUX

1 – La société à responsabilité limitée (SARL)

C’est la société dans laquelle les associés ne sont responsables des dettes sociales qu’à
concurrence de leur apport et dont leurs droits sont représentés par les parts sociales.

a – Les caractéristiques de la SARL

- Les associés n’ont pas la qualité de commerçant. Par conséquent, les mineurs
n’ont émancipé et les majeurs incapables peuvent être associés dans une SARL.
- Le capital social minimum est de un(1) millions FCFA divisé en parts sociales dont
la valeur nominales ne peut être inférieure à cinq(5) milles FCFA. Mais ce capital
peut varier suivant la législation de chaque Etat membre. Ainsi, au Togo, il est,
depuis décembre 2017, librement déterminé par les associés et fixé dans les
statuts.
- Les associés ne sont responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs
apports. Deux époux peuvent être associés dans une SARL.
- Les parts sociales sont librement cessibles entre associés mais à l’égard des tiers
la cession est faite avec le consentement des associés non cédants représentant
les ¾ des parts sociales, déduction faite des parts sociales de l’associé cédant.
- L’apport en industrie est autorisé.
- La SARL peut être créée par une seule personne et est dénommée Entreprise
Unipersonnelle à Responsabilité Limitée (EURL).

b – La gérance de la SARL

La société à responsabilité limitée est gérée par une ou plusieurs personnes physiques,
associées ou non. Elles sont nommées par les associés dans les statuts ou dans un acte
postérieur pour quatre(4) ans, sauf disposition statutaire contraire. Ils sont rééligibles. Le
ou les gérants statutaires ou non sont révocables par décision des associés représentant
plus de la moitié des parts sociales.

Quels sont les pouvoirs des gérants ?

Dans les rapports entre associés et en l’absence de la détermination de ses pouvoirs par
les statuts, le gérant peut faire tous les actes de gestion dans l’intérêt de la société. Dans
les rapports avec les tiers, le gérant est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en
toute circonstance au nom de la société. La société est engagée même par les actes du
gérant qui ne relèvent pas de l’objet social, à moins qu’elle ne prouve que le tiers savait
que l’acte dépassait cet objet ou qu’il ne pouvait l’ignorer.

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Droit commercial – BTS II

Les fonctions du ou des gérants peuvent prendre fin par la révocation54 ou par la
démission55.

c – Les moyens de contrôle de la société

Les sociétés à responsabilité limitée sont tenues de désigner au moins un(1)


commissaire aux comptes lorsqu’elles remplissent deux des conditions 56 suivantes à la
clôture de l’exercice social :

- total du bilan supérieur à 125 millions FCFA ;


- chiffre d’affaires annuel supérieur à 250 millions ;
- effectif permanent supérieur à 50 personnes.

Le commissaire aux comptes est nommé pour 3 exercices par un ou plusieurs associés
représentant plus de la moitié du capital social. Les gérants et leurs conjoints, les
apporteurs en nature et les bénéficiaires d’avantages particuliers ne peuvent être
commissaires aux comptes de la société.

d – Les causes particulières de dissolution d’une SARL

- La réduction du capital social en dessous du minimum légal.


- La perte d’une fraction importante des capitaux propres (inférieurs à la moitié du
capital social).

NB : La SARL est une société hybride car elle emprunte ses règles à la fois aux sociétés
de capitaux et aux sociétés de personnes.

2 – La société anonyme (SA)

C’est une société dans laquelle les actionnaires ne sont responsables des dettes sociales
qu’à concurrence de leurs apports et dont les droits sont représentés par les actions.

a – Les caractéristiques de la SA

- Les actionnaires ne sont pas des commerçants.


- Les actionnaires ne supportent les dettes sociales qu’à concurrence de leurs
apports. La SA est une société à risques illimités.
- Le montant minimum du capital social est de dix(10) millions FCFA sans appel à
l’épargne public et de cent(100) millions FCFA avec appel à l’épargne public.
- Le capital social est divisé en actions dont la valeur nominale ne peut être inférieure
à dix(10) milles FCFA.
- Les actions sont librement cessibles57.
54
Tout gérant, statutaire ou non peut être révoqué par décision des associés représentant plus de la moitié
des parts sociales pour juste motif. En l’absence de juste motif, le gérant révoqué sur décision des associés
peut donner lieu à des dommages-intérêts.
55
Le gérant peut démissionner. S’il démissionne sans juste motif, il peut être condamné à réparer le
préjudice causé à la société.
56
Pour les sociétés à responsabilité limitée qui ne remplissent pas deux de ces conditions, la nomination
d’un commissaire aux comptes est facultative. Elle peut toutefois être demandée par un ou plusieurs
associés détenant au moins le 10ème du capital social.
57
La SA est une société ouverte

Cours élaboré par AGBALATI Komlan D. Page 55 sur 78


Droit commercial – BTS II

- L’apport en industrie est interdit.


- La SA peut être créée par une seule actionnaire : on parle de la Société Anonyme
Unipersonnelle (SAU).

b – L’administration et la direction de la SA

La société anonyme peut être gérée par un conseil d’administration ou par un


administrateur général.

b1 – La SA avec conseil d’administration

La société anonyme avec conseil d’administration est dirigée soit par un président-
directeur général (PDG), soit par un président du conseil d’administration (PCA) et un
directeur général (DG).

Le conseil d’administration est composé de trois(3) membres au moins et de douze(12)


membres au plus. Il peut comprendre des membres qui ne sont pas actionnaires de la
société dans la limite du tiers des membres du conseil.

Il est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de la
société. Il dispose notamment des pouvoirs suivants :

- il précise les objectifs de la société et l’orientation qui doit être donnée à son
administration ;
- il exerce un contrôle permanent de la gestion assurée par le président-directeur
général ou par le directeur général ;
- il arrête les comptes de chaque exercice.

b2 – La SA avec administration générale

Les sociétés anonymes comprenant un nombre d’actionnaires inférieur ou égal à trois(3)


ont la faculté de ne pas constituer un conseil d’administration. Elles peuvent désigner un
administrateur général actionnaire ou non. Celui-ci assume, sous sa responsabilité,
l’administration et la direction générale de la société. Il la représente dans ses rapports
avec les tiers. Sur la proposition de l’administrateur général, l’assemblée générale des
actionnaires peut désigner un ou plusieurs administrateurs généraux adjoints, personnes
physiques.

La société anonyme unipersonnelle est administrée par un administrateur général


cumulant à lui seul tous les pouvoirs.

c – Le contrôle de la SA

Le contrôle de la SA est effectué par des commissaires aux comptes, qui sont chargés :

- de certifier l’exactitude des états financiers ; 


- de vérifier les documents comptables de la société ;
- de contrôler la conformité de la comptabilité avec la législation ;
- d’établir un rapport annuel à présenter à l’AG à chaque fin d’exercice.

d – Les causes particulières de dissolution de la SA

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Droit commercial – BTS II

- La réduction du capital social en-dessous du minimum légal.


- La perte d’une fraction importante des capitaux propres (inférieur à la moitié du
capital social).

3 – La société par actions simplifiées (SAS)

La société par actions simplifiées est celle dans laquelle les associés ne sont
responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et leurs droits sont
représentés par des actions. Elle peut être constituée par un seul associé et est appelée
société par actions simplifiées unipersonnelle (SASU).

a – Les caractéristiques de la SAS 

- La SAS est constituée sans appel public à l’épargne ;


- Les membres de la SAS sont appelés des associés et non des actionnaires ;
- Ils n’ont pas la qualité de commerçant ;
- Le montant du capital social de la SAS ainsi que celui du nominal des actions sont
librement fixés par les associés dans les statuts ;
- Le capital social est divisé en actions ;
- La responsabilité des associés est limitée au montant de leurs apports ;
- Tous les apports sont admis.

b – La direction de la SAS

Contrairement à la SA, la SAS n’a pas de conseil d’administration. Elle est dirigée par un
président. Le président est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute
circonstance au nom de la société dans la limite de l’objet social. Mais à l’égard des tiers,
la société est engagée même si le président a accompli un acte qui ne relève pas de
l’objet social.

Les statuts peuvent prévoir que les fonctions du président seront assurées par un
directeur général et un directeur général adjoint.

c – Le contrôle de la SAS

Le contrôle de la SAS est assuré par les associés. Toutefois, la SAS est tenue de
désigner au moins un(1) commissaire aux comptes lorsqu’elles remplissent deux des
conditions58 suivantes à la clôture de l’exercice social :

- total du bilan supérieur à 125 millions FCFA ;


- chiffre d’affaires annuel supérieur à 250 millions ;
- effectif permanent supérieur à 50 personnes.

NB : Toutes les règles concernant la SA à l’exception de celles concernant le capital,


l’administration et la direction de la SA sont applicables à la SAS.

C – LES AUTRES FORMES DE SOCIETE

Il s’agira d’évoquer les sociétés n’ayant pas la personnalité juridique et les groupements
d’intérêt économique.
58
Pour les sociétés à responsabilité limitée qui ne remplissent pas deux de ces conditions, la nomination
d’un commissaire aux comptes est facultative. Elle peut toutefois être demandée par un ou plusieurs
associés détenant au moins le 10ème du capital social.

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Droit commercial – BTS II

1 – Les sociétés sans la personnalité juridique

a – La société en participation

La société en participation est celle dans laquelle les associés conviennent qu’elle ne sera
pas immatriculée au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier et qu’elle n’aura pas la
personnalité juridique. Elle n’est pas soumise à la publicité. L’existence de la société en
participation peut être prouvée par tous moyens.

Les associés conviennent librement de l’objet, de la durée, des conditions du


fonctionnement, des droits des associés, de la fin de la société en participation, sous
réserve de ne pas déroger aux règles impératives communes aux sociétés.

A moins qu’une organisation différente n’ait été prévue, les rapports entre les associés
sont régis par les dispositions applicables aux sociétés en nom collectif.

Elle est celle dans laquelle les associés conviennent qu’elle ne sera pas immatriculée au
RCCM et qu’elle n’aura pas la personnalité juridique.

b – La société créée de fait

Il y a société créée de fait lorsque deux ou plusieurs personnes physiques ou morales se


comportent comme des associés sans avoir constitué entre elles l’une des sociétés
reconnues par l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement
d’intérêt économique.

c – La société de fait

Il y a société de fait lorsque deux ou plusieurs personnes physiques ou morales ont


constitué entre elles une société reconnue par l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés
commerciales et du groupement d’intérêt économique, mais qui comporte un vice de
formation non régularisé ou ont constitué entre elles une société non reconnue par cet
Acte uniforme.

L’existence d’une société créée de fait ou d’une société de fait est prouvée par tout
moyen. Lorsque l’existence d’une société créée de fait ou d’une société de fait est
reconnue par le juge, les règles de la société en nom collectif sont applicables aux
associés de fait.

2 – Le groupement d’intérêt économique (GIE)

Le groupement d’intérêt économique est un groupement qui a pour but exclusif de


mettre en œuvre pour une durée déterminée, tous les moyens propres à faciliter ou
à développer l’activité économique de ses membres.

a – L’objet du GIE

Le GIE est la prolongation de l’activité des membres. Il est constitué pour faciliter ou
développer l’activité de ses membres, améliorer ou accroître les résultats de cette activité.
Son activité doit se rattacher essentiellement à l’activité économique de ses membres. Il
ne peut donc avoir une activité différente de celle de ses membres. L’objet doit être
économique.

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Droit commercial – BTS II

b – Les caractéristiques du GIE

- Le GIE jouit de la personnalité morale ;


- Il peut être constitué avec ou sans capital social ;
- Son objet peut être civil (bureau d’études par exemple) ou commercial ;
- Les titres ne sont pas négociables ;
- La responsabilité des membres est indéfinie et solidaire ;
- Le GIE ne donne pas lieu à la réalisation et au partage des bénéfices.

Intérêt du GIE : c’est un outil précieux de coopération entre les sociétés en raison de la
souplesse de sa constitution et de son fonctionnement. En effet, il permet la réalisation en
commun des opérations telles que : étude de marché, publicité, service de recherche,
bureau d’importation ou d’exportation, etc.

Inconvénient du GIE : la responsabilité des membres est très lourde car elle est solidaire
et indéfinie.

c – La dissolution du GIE

Le GIE peut être dissous par l’arrivée du terme, la réalisation ou l’extinction de l’objet
social, la décision des membres ou de justice.

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Droit commercial – BTS II

Chapitre 2
LES PROCEDURES COLLECTIVES D’APUREMENT DU PASSIF

Les procédures collectives sont des procédures judiciaires ouvertes lorsque le débiteur
n’est plus en mesure de payer ses créanciers ou connaît de sérieuses difficultés
financières. Elles sont régies par le nouvel Acte uniforme portant organisation des
procédures collectives d’apurement du passif (AUPC) adopté le 10 septembre 2015 à
Grand-Bassam en Côte d’Ivoire. Elles s’appliquent à :

- Toute personne physique exerçant une activité professionnelle indépendante, civile,


commerciale, artisanale ou agricole ;
- Toute personne morale de droit privé ;
- Toute entreprise publique ayant la forme d’une personne morale de droit privé.

I – LES OBJECTIFS OU FINALITES DES PROCEDURES COLLECTIVES

Les procédures collectives poursuivent trois(03) objectifs : la sauvegarde ou le sauvetage


de l’entreprise, la protection des créanciers et la punition u débiteur.

A – LA SAUVEGARDE OU LE SAUVETAGE DES ENTREPRISES

Les procédures collectives doivent permettre, enfin, la sauvegarde ou le sauvetage des


entreprises qu’il est possible de redresser. Dans ce contexte, l’entreprise est toute
personne physique ou morale soumise aux procédures collectives d’apurement du passif.

B – LA PROTECTION DES CREANCIERS

Les procédures collectives visent, avant tout, à protéger les créanciers impayés et à
assurer leur désintéressement dans les meilleures conditions possibles.

C – LA PUNITION DU DEBITEUR

Les procédures collectives visent, ensuite, à punir et éliminer le débiteur qui n’honore pas
ses engagements.

II – LES DIFFERENTES PROCEDURES COLLECTIVES

L’Acte uniforme organise quatre (04) procédures collectives : procédures de prévention et


deux procédures curatives. Mais avant ces procédures collectives, on aurait pu attirer

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Droit commercial – BTS II

l’attention des dirigeants dès l’apparition des premiers signes de difficultés par la


procédure d’alerte.

A – LA PREVENTION DES DIFFICULTES

L’adage selon lequel prévenir vaut mieux que guérir concerne aussi bien les hommes que
les entreprises. L’Acte uniforme portant organisation des procédures collectives
d’apurement du passif prévoit deux (02) procédures en amont de la cessation des
paiements pour prévenir les difficultés de l’entreprise : la conciliation et le règlement
préventif.

1 – La conciliation

La conciliation est une procédure préventive, consensuelle et confidentielle, destinée à


éviter la cessation des paiements de l'entreprise débitrice afin d'effectuer, en tout ou
partie, sa restructuration financière ou opérationnelle pour la sauvegarder 59.

La conciliation a pour objectif de trouver un accord amiable avec les principaux créanciers
et contractants du débiteur en vue de mettre fin à ses difficultés.

a – Le déroulement de la procédure de conciliation

a1 – La requête en conciliation

La procédure de conciliation débute par une requête du débiteur lui-même ou par une
requête conjointe de ce débiteur avec un ou plusieurs de ses créanciers.

a2 – La désignation d’un conciliateur

Dans sa décision d’ouverture, le président de la juridiction compétente désigne un


conciliateur. Le conciliateur a pour mission de favoriser la conclusion d’un accord amiable
entre le débiteur et ses principaux créanciers afin de mettre fin à ses difficultés.

a3 – L’homologation ou l’exequatur de l’accord

A la requête de la partie la plus diligente, l’accord signé peut être homologué ou


exequaturé par la juridiction ou l’autorité compétente statuant à huis clos.

b – Les effets de la conciliation

L’accord interrompt ou interdit toute action en justice et toute poursuite individuelle tant sur
les meubles que les immeubles du débiteur dans le but d’obtenir le paiement des
créances.

2 – Le règlement préventif

Le règlement préventif est une procédure destinée à éviter la cessation des paiements ou
la cessation d’activité de l’entreprise et à permettre l’apurement de son passif au moyen
d’un concordat préventif60.

a – Le déroulement de la procédure

59
Article 2 alinéa 1er du nouvel AUPC.
60
Article 2 alinéa 2 du nouvel AUPC.

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Droit commercial – BTS II

a1 – La requête en règlement préventif

La juridiction compétente est saisie par une requête du débiteur ou par une requête
conjointe de ce dernier avec un ou plusieurs de ses créanciers, déposée au greffe contre
récépissé.

a2 – La suspension des poursuites individuelles

La décision du président de la juridiction compétente a pour effet de suspendre les


poursuites individuelles, les voies d’exécution et les mesures conservatoires qui ont pu
être entreprises par les créanciers à l’encontre du débiteur et d’interdire toutes nouvelles
poursuites.

a3 – La désignation d’un expert

Dans sa décision de suspension des poursuites individuelles, le président de la juridiction


compétente désigne un expert chargé de rédiger un rapport sur la situation économique et
financière de la société, sur ses perspectives de redressement, ainsi que sur toutes autres
mesures contenues dans les propositions du concordat préventif.

a4 – L’homologation du concordat

Le concordat est une convention par laquelle un débiteur obtient de ses créanciers soit
des délais de paiement, soit des remises partielles de dettes ou les deux à la fois.

Lorsqu’elle estime que la situation du débiteur le justifie, elle rend une décision de


règlement préventif et homologue le concordat préventif en constatant les délais et
remises consentis par les créanciers ainsi que les mesures proposées par le débiteur pour
pallier les difficultés de l’entreprise.

b – Les effets de la procédure de règlement préventif

Une fois homologué, le concordat préventif devient obligatoire pour tous les créanciers
déclarés par le débiteur et dont les créances sont antérieures à la décision de règlement
préventif.

B – LE TRAITEMENT DES DIFFICULTES

L’Acte uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif


prévoit deux (02) procédures après la cessation des paiements pour traiter les difficultés
de l’entreprise : le redressement judiciaire et la liquidation des biens.

1 – Le redressement judiciaire

Le redressement judiciaire est une procédure destinée à la sauvegarde de l’entreprise et à


l’apurement de son passif au moyen d’un concordat de redressement 61.

a – L’ouverture de la procédure

61
Article 2 alinéa 3 du nouvel AUPC.

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Droit commercial – BTS II

Elle peut être demandée par :

- Le débiteur lui-même qui est dans l’impossibilité de faire face à son passif
exigible avec son actif disponible doit faire une déclaration de cessation des
paiements aux fins d’obtenir l’ouverture d’une procédure de redressement
judiciaire. La cessation des paiements est l’état où le débiteur se trouve dans
l’impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif disponible. Le
débiteur doit déposer un projet de concordat.
- Un créancier qui doit envoyer une assignation au débiteur en précisant la nature
et le montant de sa créance, ainsi que le titre sur lequel cette créance se fonde.
- La juridiction compétente d’office, sur la base d’informations fournies par les
commissaires aux comptes ou les actionnaires d’un débiteur, ou par les
institutions représentatives du personnel de ce dernier.
- Le Ministère public.

b – Les effets du redressement judiciaire

La décision prononçant le redressement judiciaire emporte, de plein droit, assistance


obligatoire du débiteur pour tous les actes concernant l’administration et la disposition de
ses biens. Cependant, le débiteur peut continuer à accomplir seul et valablement les actes
qui entrent dans l’activité habituelle de l’entreprise, à charge pour lui d’en rendre compte
au syndic.

2 – La liquidation des biens

La liquidation des biens est une procédure qui a pour objet la réalisation de l’actif du
débiteur pour apurer son passif62.

a – Le déroulement de la procédure

La procédure de la liquidation des biens débute de la même manière que la procédure de


redressement judiciaire.

b – Les effets de la liquidation des biens

La décision prononçant la liquidation des biens d’une personne morale emporte de plein
droit sa dissolution et son dessaisissement de l’administration et de la disposition de ses
biens. Pour de tels actes, le débiteur est représenté par le syndic.

Comme en cas de redressement judiciaire, les créanciers antérieurs au jugement


d’ouverture sont regroupés dans la masse ou une union représentée le syndic, qui agit
dans l’intérêt collectif des créanciers, qui doivent produire leurs créances auprès du syndic
pour vérification.

C’est le syndic qui se charge de la vente des biens du débiteur, du recouvrement des
créances et du paiement de ses dettes.

62
Article 2, alinéa 4 du nouvel AUPC.

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Droit commercial – BTS II

Titre  V
LES OPERATIONS COMMERCILAES

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Il existe une multitude d’opérations commerciales en droit des affaires. On peut citer
entre autres les contrats commerciaux (Chapitre 1) et les effets de commerce
(Chapitre 3).

Chapitre
LES CONTRATS COMERCIAUX
1
Plusieurs sont les contrats commerciaux qui existent. Nous pouvons citer la vente
commerciale, le dépôt, le prêt, le crédit-bail (leasing), le mandat. Notre étude sera
consacrée au contrat de transport de marchandise par route et à la vente
commerciale.

I – LE CONTRAT DE TRANSPORT DE MARCHANDISE PAR ROUTE

Le contrat de transport de marchandise par route est un contrat par lequel le


transporteur s’engage moyennant rémunération à déplacer, par route, d’un lieu à un
autre, à l’aide d’un véhicule, la marchandise qui lui est remise par l’expéditeur.

A – LA FORMATION DU CONTRAT DE TRANSPORT DE MARCHANDISE

1 – Les parties au contrat de transport de marchandise

Le transporteur ou voiturier : c’est celui qui offre en permanence au public des services
de transport contre paiement d’un prix. L’expéditeur : c’est celui qui confie au
transporteur des marchandises à déplacer d’un lieu à un autre. Le destinataire : c’est
celui qui doit prendre livraison de la marchandise à l’arrivée.

2 – Le champ d’application du contrat

Ce contrat est régi par l’Acte Uniforme relatif aux Contrats de transport de Marchandises
par Route (AUCTMR). Cet acte s’applique à tout contrat de transport de marchandises par
route dont le lieu de prise en charge et de livraison se situe soit sur le territoire d’un Etat-
partie de l’OHADA, soit sur le territoire de deux Etats différents dont l’un au moins est
membre de l’OHADA. Il ne tient pas compte du domicile ou de la nationalité des parties
pour s’appliquer.

Cet Acte ne s’applique pas aux transports de marchandises dangereuses (animaux


dangereux par exemple), aux transports funéraires, aux transports de déménagement et
aux transports effectués en vertu de conventions postales internationales.

3 – Les caractères, l’objet, la forme et la preuve du contrat de transport


de marchandise

a – Les caractères du contrat de transport de marchandises

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Droit commercial – BTS II

- Le contrat de transport de marchandise est un contrat consensuel,


synallagmatique, à titre onéreux, un contrat d’adhésion.
- C’est un contrat d’entreprise car le transporteur est indépendant vis-à-vis de
l’expéditeur.
- C’est un acte de commerce à l’égard du transporteur.

b – L’objet du contrat de transport de marchandise

Le contrat de transport de marchandise a pour objet le déplacement de la marchandise.

c – La forme du contrat de transport de marchandise

C’est un contrat consensuel. Il est donc valable s’il est formé oralement. Cependant, selon
les textes de l’OHADA, le contrat de transport de marchandise doit être constaté par écrit
appelé lettre de voiture. La lettre de voiture est un document délivré par le transporteur
constatant le contrat de transport entre le transporteur et l’expéditeur.

d – La preuve du contrat de transport de marchandise

Etant un acte de commerce à l’égard du transporteur, il est prouvé à son égard par tout
moyen. Mais la preuve se fera par écrit à l’égard de l’expéditeur ou du destinataire non-
commerçant.

4 – Les effets du contrat de transport de marchandise

a – Les obligations de l’expéditeur

- Il doit emballer de manière adéquate les marchandises et les mettre à la disposition


du transporteur.
- Il doit mettre à la disposition du transporteur les documents nécessaires et lui
fournir tous les renseignements utiles.
- Il doit avertir le transporteur du risque particulier des marchandises.
- Il doit payer le prix du transport (c’est le port payé).

b – Les obligations du transporteur

- Il doit prendre en charge les marchandises.


- Il doit déplacer les marchandises jusqu’au lieu de destination et les livrer dans le
délai convenu.
- Il doit veiller à la conservation des marchandises.
- Il doit informer, suivant le cas, l’expéditeur ou le destinataire des circonstances qui
empêchent l’exécution du contrat et demander des instructions.

c – Les obligations du destinataire

- Il doit prendre livraison des marchandises.


- Il doit payer le prix de transport si le transport est fait en port dû.

NB : Lorsque le transporteur n’est pas payé, alors que le transport est fait en port dû, le
transporteur dispose d’une double garantie : le droit de rétention et le droit de
préférence.

B – LA RESPONSABILITE DU TRANSPORTEUR

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Droit commercial – BTS II

Le transporteur est tenu d’une obligation de résultat et sa responsabilité se trouve


engagée dès que les marchandises ne sont pas livrées en bon état ou dans le délai.

1 – L’étendue de la responsabilité

Il est présumé responsable mais peut s’exonérer de sa responsabilité.

a – La responsabilité présumée du transporteur

Le transporteur est présumé responsable en cas d’avarie, de perte totale ou partielle qui
s’est produite pendant la période de transport et du retard dans la livraison. Le retard
équivaut à la perte totale des marchandises mais le transporteur bénéficie d’un délai de
grâce de trente(30) à soixante(60) jours.

b – Les causes d’exonération de responsabilité

Le transporteur est exonéré de sa responsabilité s’il prouve la perte, l’avarie ou le retard


dans la livraison par les causes suivantes :

- La force majeure : incendie, inondation, …


- La faute de l’expéditeur ou du destinataire ;
- Le fait du tiers ;
- Un vice propre de la marchandise : animaux malades, état de maturité avancée des
fruits,….

2 – La mise en œuvre de la responsabilité

a – L’action en responsabilité contre le transporteur

Le droit d’agir contre le transporteur appartient à la fois à l’expéditeur et au destinataire.


Celui qui exerce cette action n’a pas à prouver la faute du transporteur car celui-ci est tenu
d’une obligation de résultat.

Pour intenter cette action et engager la responsabilité du transporteur, l’expéditeur ou le


destinataire doit avoir préalablement fait une réclamation dans un délai.

- Pour les avaries et pertes non apparentes, le délai de réclamation est de sept(7)
jours, dimanche et jours fériés non compris. Cette réclamation est admise en
cas de contestation commune ou non à la livraison.
- Pour les avaries et pertes apparentes, le délai de réclamation est de un(1) jour ‘le
premier jour ouvrable suivant la livraison). Cette réclamation est admise seulement
si, à la livraison, il n’y a pas eu de contestation commune.

b – L’extinction de l’action en responsabilité contre le transporteur

L’action en responsabilité contre le transporteur peut s’éteindre soit par :

Une fin de non-recevoir : c’est un moyen de défense par lequel un plaideur soutient que
son adversaire n’a pas d’action et que sa demande est irrecevable. Le transporteur peut
opposer une fin de non-recevoir à condition que les marchandises soient livrées, mais que
le destinataire ne réclame pas dans le délai prévu par la loi.

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Droit commercial – BTS II

La prescription : toute action en responsabilité contre le transporteur doit être exercée


dans le délai d’un(1) an. Ce délai court du jour où la marchandise devrait être livrée (cas
de perte totale ou de retard) ou du jour où la marchandise a été livrée (cas d’avarie ou de
perte partielle). En cas de dol, cette prescription est de trois(3) ans.

II – LA VENTE COMMERCIALE

Le contrat de vente est une convention par laquelle une personne appelée vendeur,
transfère la propriété d’une chose à une autre personne appelée acheteur qui s’oblige à
en payer le prix.

A – LES CONDITIONS DE VALIDITE DE LA VENTE COMMERCIALE

1 – Les conditions de fond

Il s’agit des conditions générales de validité des contrats telles que le consentement, la
capacité, l’objet et la cause. En effet, l’article 237 AUDCG dit que la vente commerciale est
soumise aux règles du droit commun des contrats et de la vente qui ne sont pas contraires
aux dispositions de l’AUDCG.

a – Le consentement des parties

C’est l’accord de volonté des parties à la vente. Il doit non seulement exister, mais aussi
intègre63. Le contrat se conclut soit par l’acception d’une offre, soit par un comportement
des parties qui indique suffisamment leur accord.

b – La capacité à contracter

Les parties au contrat de vente doivent être capables. Les mineurs non émancipés et les
majeurs incapables ne peuvent conclure valablement un contrat de vente.

c – Un contenu certain et licite

L’objet du contrat doit être licite. Il faut que la chose vendue existe et soit dans le
commerce. Le prix de la chose doit être déterminé et déterminable. Le prix doit être réel et
sérieux.

2 – Les conditions de forme

Le contrat de vente commerciale peut être écrit ou verbal64 ; il n’est soumis à aucune
condition de forme : C’est le principe du consensualisme qui prévaut sur le formalisme.
Cependant, des conditions particulières sont exigées dans certains contrats de vente. Par
exemple :

- l’écrit est exigé s’il s’agit d’un bien d’une grande valeur.
- la publicité est requise dans la vente des biens immeubles.

B – LE CHAMP D’APPLICATION DE LA VENTE COMMERCIALE

63
L’intégrité du consentement implique l’absence des vices du consentement (erreur, dol, violence).
64
Article 240 de l’AUDCG.

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Droit commercial – BTS II

L’AUDCG de l’OHADA s’applique aux contrats de vente de marchandises entre


commerçants, personnes physiques ou morales, y compris les contrats de fourniture de
marchandises destinées à des activités de fabrication ou de production 65.

Sont exclus du champ d’application : les ventes aux consommateurs, les ventes
judiciaires, les ventes aux enchères publiques, de valeurs mobilières, d’effets de
commerce, de monnaie, les contrats de fourniture de marchandises dans lesquels la part
prépondérante de l’obligation du fournisseur consiste dans une fourniture de main-
d’œuvre ou d’autres services, les ventes de navires, bateaux, aéroglisseurs et aéronefs,
d’électricité.

C – LES EFFETS DE LA VENTE COMMERCIALE

Les effets concernent essentiellement le transfert de propriété, le transfert de risque et des


obligations des parties.

1 – Le transfert de propriété

Le transfert de propriété permet de déterminer le moment à partir duquel l’acheteur


devient propriétaire. En droit commun, le transfert de propriété se fait par le seul échange
des consentements. Mais le droit OHADA pose un principe et une exception.

En principe, en droit OHADA le transfert de propriété s’opère dès la prise de livraison des
marchandises par l’acheteur. Exceptionnellement, les parties peuvent librement convenir
de différer le transfert de propriété au jour du paiement complet du prix : c’est la clause de
réserve de propriété. Entre les parties, la clause de réserve de propriété n’est valable
que si elle a été mentionnée dans le contrat de vente, le bon de commande ou de
livraison. Elle n’est opposable aux tiers que si elle a été régulièrement publiée au Registre
du Commerce et du Crédit Mobilier.

2 – Le transfert de risques

Le transfert de risques s’opère dès le transfert de propriété. En cas de perte ou de


détérioration des marchandises après le transfert de risques, l’acheteur est tenu de payer
le prix. Lorsque le contrat de vente implique le transport des marchandises, les risques
sont transférés à l’acheteur à partir de leur remise au premier transporteur. Si la vente
porte sur des marchandises non encore individualisée (biens de genre ou choses futures),
le transfert de risques n’intervient qu’après leur identification.

3 – Les obligations des parties à la vente

a – Les obligations du vendeur

- L’obligation de délivrance ou de livraison : elle s’impose au vendeur, sinon il n’y


a pas vente.
- L’obligation de conformité : le vendeur doit livrer la chose à l’acheteur dans la
quantité, la qualité avec tous les accessoires correspondants.
- L’obligation de garantie d’éviction : le vendeur ne doit pas troubler l’acheteur
dans la jouissance du bien.
- L’obligation de garantie contre les vices cachés : le vendeur doit garantir
l’acheteur contre les défauts non apparents de la chose vendue.

65
Article 235 AUDCG.

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Droit commercial – BTS II

b – Les obligations de l’acheteur

- Le paiement du prix : l’acheteur doit payer le prix de la chose à la date fixée au


contrat ou résultant du contrat.
- Le retirement de la chose ou prix de livraison : c’est l’obligation pour l’acheteur
d’accomplir tous les actes devant permettre au vendeur d’effectuer la livraison et de
retirer l’objet.

Chapitre
LES EFFETS DE COMMERCE
2
Un effet de commerce est un titre à ordre transmissible par voie d’endossement et qui
constate l’obligation de payer une somme d’argent à une date donnée. Le droit cambiaire
est l’ensemble des règles applicables aux effets de commerce.

I – LA LETTRE DE CHANGE

La lettre de change ou traite est un écrit par lequel une personne (le tireur) donne l’ordre
à une autre personne (tiré) de payer à une échéance donnée une certaine somme
d’argent à une troisième personne (le bénéficiaire).

A – LA CREATION DE LA LETTRE DE CHANGE

1 – Les mentions obligatoires

Pour être valable, la lettre de change doit contenir :

- La dénomination ‘’Lettre de change’’ ;


- Le mandat pur et simple de payer une somme déterminée ;
- Le nom du tiré ;
- L’indication de l’échéance ;
- Le lieu de paiement ;
- La date et le lieu de création ;
- Le nom du bénéficiaire ;
- La signature du tireur.

2 – Les mentions facultatives

La lettre de change peut contenir des mentions facultatives telles que :

- La clause de retour sans frais


- La clause non à ordre.

3 – Les parties

La lettre de change met en relation trois personnes :

- Le tireur qui crée la lettre de change. Il peut s’agir du vendeur ou créancier.


- Le tiré (débiteur ou acheteur) qui accepte.
- Le bénéficiaire qui peut être le tireur ou un tiers (créancier du tireur).

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Droit commercial – BTS II

4 – La provision

C’est la créance du tireur sur le tiré. Il n’est pas nécessaire que la provision existe au
moment du tirage de la lettre de change. Il suffit qu’elle existe à l’échéance de la lettre de
change.

B – L’ACCEPTATION DE LA LETTRE DE CHANGE

L’acceptation est l’engagement pris par le tiré sur la lettre de change d’en payer le
montant au porteur qui la présentera à l’échéance. Elle doit être pure et simple.
L’acceptation sous condition équivaut à un refus d’acceptation ce qui entraine la
déchéance du terme. Par l’acceptation, le tiré devient le débiteur principal. Même s’il n’a
pas reçu la provision, il est tenu de payer le porteur de la lettre de change qui est de
bonne foi.

C – LA CIRCULATION DE LA LETTRE DE CHANGE

La lettre de change circule par endossement. L’endossement est une inscription au dos de
la lettre de change d’une mention par laquelle le porteur actuel (endosseur) transfère ses
droits au nouveau porteur (endossataire). Il existe trois types d’endossement :

- L’endossement translatif : c’est celui par lequel l’endosseur transfère la propriété


de la lettre de change à l’endossataire.
- L’endossement de procuration : c’est celui par lequel l’endosseur donne l’ordre
l’endossataire de recevoir paiement de la lettre de change à l’échéance pour son
compte.
- L’endossement pignoratif : C’est celui par lequel l’endosseur donne la lettre de
change en garantie à l’endossataire (son créancier).

D – LE PAIEMENT DE LA LETTRE DE CHANGE

Le tiré doit payer la lettre de change soit le jour de l’échéance soit les deux(2) jours
ouvrables qui suivent. Aucun délai ne peut être accordé au débiteur (tiré). En cas de
refus, le porteur doit faire dresser un protêt faute de paiement.

E – LES GARANTIES DE PAIEMENT

Pour garantir le paiement de la lettre de change, le droit cambiaire a créé deux règles :

- La solidarité des signataires de la lettre de change : le porteur de la lettre de


change peut demander le paiement à l’un quelconque des signataires de la lettre
de change (le tireur, le tiré accepteur, les endossataires et l’avaliseur).
- L’inopposabilité des exceptions : aucun signataire d’une lettre de change, en cas
de demande de paiement, ne peut opposer au porteur de bonne foi les exceptions
fondées sur ses rapports personnels avec le tireur ou les porteurs antérieurs.

II – LE BILLET A ORDRE

Le billet à ordre est un titre par lequel une personne appelée souscripteur s’engage à
payer à une échéance donnée, une somme d’argent à une autre personne appelée
bénéficiaire ou à son ordre.

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Droit commercial – BTS II

A – LES CONDITIONS DE VALIDITE DU BILLET A ORDRE

1 – Les conditions de fond

Elles sont les mêmes que celles de la lettre de change précédemment analysée.

2 – Les conditions de forme

Elles concernent les mentions obligatoires du billet à ordre. Ces mentions sont les
suivantes :

- l’ordre à payer,
- le titre billet à ordre,
- la somme à payer,
- l’échéance,
- le lieu et la date de souscription,
- le nom du bénéficiaire.

B – LES EFFETS DU BILLET A ORDRE

C’est le même régime juridique que celui de la lettre de change en ce qui concerne
l’échéance, le paiement, l’endossement, les recours. Par exemple, le souscripteur du billet
à ordre a les mêmes obligations que l’accepteur d’une lettre de change. Toutefois, il y a
quelques différences :

- Le souscripteur d’un billet à ordre est à la fois tireur et tiré, ce qui n’est pas le cas
dans la lettre de change.
- Il n’y a pas de provision dans le billet à ordre puisqu’il n’y a pas de créance du tireur
sur le tiré.
- Dans la lettre de change, l’effet est émis par le créancier alors que dans le billet à
ordre, il est émis par le débiteur.

NB : Le billet à ordre est considéré comme payable à vue s’il ne mentionne pas
d’échéance.

III – LE WARRANT

Le warrant est un billet à ordre souscrit par un commerçant et garanti par les
marchandises déposées dans un magasin général. Le warrant constitue une partie d’un
document double appelé récépissé-warrant.

A – NOTION DE MAGASINS GENERAUX ET DE RECEPISSE-WARRANT

1 – Notion de magasins généraux

a – Définition

Un magasin général est un établissement commercial agréé et contrôlé par


l’administration qui reçoit en dépôt les marchandises des commerçants.

b – Intérêt des magasins généraux

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Droit commercial – BTS II

Le magasin général permet de :

- Faire des économies en ne payant qu’un droit de magasinage proportionnel à


l’espace occupé et à la durée du dépôt,
- Réduire les frais de manutention et de transport,
- Ne payer les droits de douane sur les marchandises importées qu’au fur et à
mesure de leur livraison,
- Emprunter en donnant en gage les marchandises entreposées grâce au récépissé-
warrant.

2 – Notion de récépissé-warrant

a – Définition

Le récépissé-warrant est un document remis par le magasin et qui sert de preuve du dépôt
dans les magasins généraux.

b – La composition du récépissé-warrant

Comme son nom l’indique, le récépissé-warrant est composé de deux documents que
sont :

- Le récépissé : c’est un titre de propriété sur les marchandises. Il se transmet par


endossement. L’endossement transfert la propriété à l’endossataire.
- Le warrant : c’est un titre de gage et qui sert de billet à ordre. Il permet
d’emprunter.

B – LE MECANISME DU WARRANT

Pour mettre en gage les marchandises, le déposant doit détacher le warrant du récépissé
et l’endosser à l’ordre de son créancier. Cet endossement doit être publié. La publication
se fait par la transcription de l’endossement sur la souche au Magasin Général et
mentionné au recto du récépissé.

C – LA CIRCULATION DU RECEPISSE ET DU WARRANT

Le récépissé et le warrant séparés l’un de l’autre, peuvent changer de main. Chaque titre
peut circuler par endossement.

Lorsque le déposant vend les marchandises avant l’échéance du warrant, il endosse le


récépissé à l’ordre de l’acheteur. Celui-ci ne peut retirer les marchandises qu’en
présentant le récépissé et en consignant le montant du warrant.

D – LE PAIEMENT DU WARRANT

A l’échéance, le porteur du warrant peut obtenir le paiement. A défaut de paiement, le


porteur du warrant non-payé peut faire dresser un protêt. Huit(8) jours après le protêt,
s’il n’est toujours pas payé, il peut faire saisir et vendre les marchandises aux enchères
publiques pour se faire payer par préférence sur le prix.

IV – LE CHEQUE ET LE COMPTE EN BANQUE

A – LE CHEQUE

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Droit commercial – BTS II

Le chèque est un titre par lequel une personne appelée tireur, donne l’ordre à sa banque
(le tiré) de payer une somme d’argent à elle-même ou à une autre personne (le
bénéficiaire).

En dehors du chèque simple (ou chèque endossable ou chèque non barré), on distingue
le chèque barré (ou non endossable) qui ne peut être endossé que par une banque c’est-
à-dire que ce chèque ne peut être payé que par la banque du tireur à une autre banque.

L’intérêt du chèque barré est qu’il limite les risques en cas de perte ou vol de chéquier.

1 – Les conditions de validité du chèque

a – Les conditions de forme

Elles sont relatives aux mentions obligatoires du chèque. Les mentions obligatoires sont
les suivantes :

- l’ordre de payer,
- la dénomination ‘’chèque’’,
- le montant de la somme à payer,
- la signature du tireur ou du bénéficiaire,
- le nom du tiré,
- la date et le lieu de souscription du chèque,
- le lieu de paiement.

b – Les conditions de fond

Les conditions de fond sont les suivantes :

- Le tireur doit avoir la capacité juridique d’effectuer des paiements par chèque. En
d’autres termes, il ne doit pas être interdit d’opérations bancaires.
- La provision doit être préalable, disponible et suffisante. On appelle provision, la
créance de somme d’argent que possède le tireur contre le tiré.
- La provision doit être préalable signifie qu’elle doit exister au moment de l’émission
du chèque. C’est pourquoi l’émission de chèque sans provision est un délit pénal
passible d’emprisonnement.
- La provision doit être disponible signifie qu’elle doit être supérieure ou égale au
montant du chèque.

NB : Il existe deux procédés pour garantir l’existence de la provision. Le premier est le
chèque visé (il prouve que la somme est disponible lors de l’émission, mais n’est pas
bloquée). Le second est le chèque certifié (il assure à son bénéficiaire le paiement car la
somme est bloquée pour lui).

2 – L’endossement du chèque

a – Définition

De façon générale, l’endossement est le mode de transmission des effets de commerce


au moyen d’une signature apposée au dos du titre et par laquelle le cédant donne l’ordre
au débiteur de payer au cessionnaire le montant de l’effet.

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Droit commercial – BTS II

S’agissant du chèque, l’endossement est le mécanisme juridique par lequel le bénéficiaire


ou porteur d’un chèque (l’endosseur) transmet à un de ses créanciers (l’endossataire),
le titre ainsi que les droits qui y sont attachés.

b – Les conditions de validité de l’endossement

- L’indication au dos du chèque du nom de l’endossataire.


- La signature de l’endosseur au dos du chèque.

c – Les effets de l’endossement

Ces effets diffèrent selon la nature de l’endossement.

- L’endossement translatif de propriété : il entraîne la transmission de la propriété


de la provision à l’endossataire.
- L’endossement de procuration : il est réalisé par un bénéficiaire au profit de sa
banque qui doit lui obtenir le paiement auprès de la banque tirée.

3 – Le paiement du chèque

a – La présentation au paiement

Le chèque étant un titre payable à vue. Il peut être présenté au paiement dès son
émission, quelle que soit la date qui y est apposée. Le chèque postdaté est ainsi
valablement présenté et doit être payé dès avant sa date d’émission prétendue.

Le Règlement n° 15 de l’UEMOA relatif aux systèmes de paiement fixe les délais de


présentation du chèque au paiement. Ainsi, le chèque émis et payable dans un Etat
membre de l’UEMOA doit être présenté au paiement dans un délai de 8 jours si le
paiement doit s’effectuer au lieu d’émission, et, dans les autres cas, dans un délai de
20 jours. Le chèque émis dans un Etat membre de l’UEMOA et payable dans un autre
Etat membre de ladite Union doit être présenté dans un délai de 45 jours. Le chèque
émis en dehors de l’UEMOA et payable dans un Etat membre de ladite Union doit être
présenté au paiement dans un délai de 70 jours.

Le point de départ de ces délais est le jour porté sur le chèque comme date d’émission.

b – L’obligation de payer

Lorsque la provision existe, le banquier doit payer. Si la provision est insuffisante, le


bénéficiaire ne peut refuser un paiement partiel. Mais il dispose d’un recours pour la
fraction impayée. Il doit donc protester pour la différence. Le tireur est le garant du
paiement du chèque, le banquier étant le responsable du paiement. C’est pourquoi le
banquier a l’obligation de vérifier le chèque, notamment les signatures, les endossements.

c – Les incidents de paiement

Les incidents de paiement sont : le refus de paiement de chèque sans provision, les
oppositions pour perte ou vol de chèque.

Le tireur peut faire opposition au paiement du chèque qu’il a émis en cas de perte, de vol,
d’utilisation frauduleuse du chèque, de redressement judiciaire ou de liquidation des biens
du porteur. L’opposition est une action destinée à faire obstacle au paiement du

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chèque par le tiré. Dans ce cas, le banquier ne doit pas payer. Il n’a pas à se faire juge
de la régularité de l’opposition.

Le banquier est dans l’obligation de refuser de payer le porteur. Le porteur impayé dispose
d’un recours contre les signataires du chèque, notamment le tireur. Ces incidents sont
centralisés et diffusés par la BCEAO grâce à la déclaration des banques et même du
ministère public.

B – LE COMPTE EN BANQUE

Le compte bancaire est un état comptable sur lequel est inscrit l’ensemble des
opérations effectuées entre une banque et son client. L’ouverture d’un compte en
banque est une convention par laquelle les parties s’engagent à compenser leurs dettes et
créances.

1 – Les conditions d’ouverture d’un compte en banque

- Le banquier doit s’assurer de l’identité de son client en demandant à ce dernier de


lui fournir une copie de sa carte d’identité nationale ou de tout document officiel en
cours de validité.
- Le banquier doit également s’assurer de l’adresse complète du client. S’il s’agit d’un
commerçant, il doit fournir une pièce attestant son immatriculation au RCCM.
- Le client qui en fait la demande doit être capable. Exceptionnellement, les
représentants légaux peuvent ouvrir un compte au nom d’un incapable et le faire
fonctionner.

NB : Le banquier est tenu d’ouvrir un compte à toute personne qui remplit les conditions
sauf s’il s’agit d’une personne de moralité douteuse.

2 – Les différents types de compte en banque

Il existe deux types de compte en banque : le compte de dépôt et le compte courant.

a – Le compte de dépôt ou compte chèque

C’est un compte destiné à enregistrer les dépôts et les retraits de fonds effectués par un
client dans sa relation contractuelle avec la banque. La date de remboursement des
dépôts dépend de la convention qui lie le banquier à son client. Il existe trois types de
dépôt :

- Le dépôt à vue : le remboursement se fait à tout moment.


- Le dépôt à préavis : le banquier sera averti avant le retrait.
- Le dépôt à terme : le retrait se fait après un temps.

NB : Le compte de dépôt est ouvert aux non commerçants. Une même personne peut
avoir plusieurs comptes. Plusieurs personnes peuvent avoir un même compte qu’on
appelle compte joint.

b – Le compte courant

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C’est un compte ouvert aux commerçants. Il résulte d’une convention par laquelle la
banque et le commerçant décident de porter réciproquement en compte toutes les
opérations juridiques qu’ils feront entre eux de manière à ce qu’il y ait des compensations
successives et de ne procéder au règlement final qu’à la clôture du compte par le
paiement du solde.

V – LA CARTE BANCAIRE

La carte bancaire est un document standardisé émis par des banques ou de grands
magasins permettant à son titulaire d’effectuer des règlements ou des prestations de
services chez les commerçants ou d’obtenir des espèces auprès des banques. La carte
bancaire est personnelle pour chaque titulaire.

A – LES FONCTIONS DE LA CARTE BANCAIRE

La carte bancaire peut avoir trois fonctions auxquelles elle prend trois sortes
d’appellations :

- La carte de crédit : C’est une carte bancaire permettant une ouverture de crédit
par la banque.
- La carte de retrait : C’est une carte bancaire permettant seulement de retirer des
fonds disponibles sur son compte.
- La carte de paiement : C’est une carte bancaire permettant aussi bien les retraits
que les transferts de fonds et les paiements.

Conclusion : Les fonctions de la carte bancaire sont l’ouverture de crédit, le retrait de


fonds, le transfert de fonds, le paiement.

B – LES CONDITIONS DE VALIDITE DE LA CARTE BANCAIRE

La carte bancaire obéit, pour sa validité, aux conditions générales de validité des contrats.
S’agissant de la carte de paiement, il faut noter que son utilisation repose sur deux
conditions :

- le contrat-adhérant : il est conclu entre la banque et son client


- le contrat-fournisseur : il est conclu entre l’établissement émetteur de la carte et
les fournisseurs acceptant ce mode de paiement.

La preuve de l’ordre de paiement résulte souvent de la composition d’un code secret sur
un clavier.

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