Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
PLAN DU COURS
Titre I
INTRODUCTION A L’ETUDE DU DROIT
COMMERCIAL
droit public qui règle les rapports de la puissance publique avec les gouvernés 1. Chacune
de ses divisions est subdivisée en des branches. Ainsi, le droit privé est subdivisé en droit
civil, qui est le droit commun, le droit commercial, et droit social … qualifiés de droit
d’exception.
Qualifié de droit commun, le droit civil pose des règles générales qui ont vocation à
s’appliquer aux rapports contractuels ou extracontractuels qui s’établissent entre les
individus dans le cadre de la vie en société. Mais l’activité commerciale exige l’application
des règles spécifiques. L’ensemble de ces règles constituent le droit commercial. Les
règles élaborées par le droit commercial dérogent à celles du droit civil : on dit que le droit
commercial est un droit d’exception par rapport au droit civil.
Chapitre 1
1
Par gouvernés, on entend les particuliers.
Le droit commercial est un droit du commerce. Il s’agit du commerce au sens juridique qui
n’est pas le sens usuel2. Dans le langage juridique, le mot commerce a conservé un sens
plus large. Ainsi, le droit commercial s’applique à la fois :
- Au commerce proprement dit c’est-à-dire les opérations de circulation des biens 3 ;
- A l’industrie4 ;
- Aux opérations financières5.
NB : Le droit commercial ne régit pas toutes les activités économiques. Sont donc exclues
du domaine du droit commercial : l’agriculture, l’artisanal, les professions libérales 6 tout
comme les activités non lucratives qui forment l’économie sociale et regroupes les
associations, les mutuelles et les coopératives.
Le droit commercial tire sa raison d’être de la pratique des affaires. En effet, le monde des
affaires est caractérisé par trois grandes nécessités :
Etant un droit lent et très formaliste, le droit civil n’est pas adapté à la vie des affaires
caractérisée par la réalisation rapide des opérations commerciales. Pour répondre à ce
besoin de rapidité, le droit commercial va simplifier ou même supprimer le formalisme du
droit civil dans plusieurs matières.
2
Dans le langage économique, le commerce est appréhendé comme la seule circulation et distribution des
richesses et non leur production : c’est le commerce au sens strict.
3
Achat pour revendre en vue de la réalisation d’un profit (transactions).
4
L’industrie est la production de biens en vue de leur vente.
5
Les opérations de banques.
6
Exemples de professions libérales : la profession d’avocat, de notaire, d’expert-comptable, d’enseignant,
de médecin, de vétérinaire etc.
En matière civile, la preuve se fait par écrit. Mais en matière commerciale, la preuve est
libre. Elle se fait par tous moyens7 (par écrit s’il y en a, l’aveu, le serment, le
témoignage). Cette liberté de preuve s’explique par le fait qu’en matière commerciale, les
commerçants n’ont pas le temps de se ménager une preuve préconstituée (l’écrit).
La prescription est le mode d’acquisition ou de perte d’un droit par l’écoulement d’un délai
défini par la loi. En matière commerciale, les délais de prescription sont courts.
Généralement, le délai de prescription en matière commerciale est de cinq(5) ans alors
qu’en matière civile, il est de trente(30) ans.
1 – Le développement du crédit
2 – La sécurité du crédit
En droit civil, aux termes de l’article 1310 du code civil, « la solidaritéj ne se présume
point, elle doit être expressément stipulée »8. Par contre, il n’est pas nécessaire de
prévoir la solidarité en droit commercial car selon la coutume commerciale, la solidarité est
toujours présumée dans les contrats entre commerçants. Le créancier peut donc réclamer,
en matière commerciale, paiement intégral d’une dette à l’un quelconque des
codébiteurs9. La présomption de solidarité est donc une règle qui permet à un créancier
de réclamer à l’un quelconque des codébiteurs l’intégralité d’une dette en l’absence de
toute stipulation de solidarité.
NB : L’intérêt de la présomption de solidarité est qu’elle constitue une garantie pour le
créancier et augmente le crédit du débiteur.
7
L’article 5 de l’AUDCG.
8
Cela signifie que si deux ou plusieurs personnes contractent ensemble une même dette sans stipuler la
solidarité, la dette va se diviser. L’inconvénient est que l’un des codébiteurs peut être insolvable et le
créancier devra supporter cette insolvabilité.
9
Il n’a pas à supporter le risque d’insolvabilité de l’un d’entre eux.
En matière commerciale, lorsqu’un débiteur est en cessation des paiements, tous les
créanciers sont regroupés en une masse représentée par un syndic qui se charge de
liquider les biens du débiteur commerçant. A l’issue de la liquidation, chaque créancier
chirographaire est payé proportionnellement au montant de sa créance. En droit civil, si le
débiteur est en cessation des paiements, chaque créancier poursuit individuellement et
directement le débiteur pour obtenir paiement. Les créanciers retardataires risquent de ne
pas être payés.
La sécurité juridique est assurée par une publicité des actes susceptibles d’intéresser les
tiers. La publicité se fait au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM) ou dans
les journaux d’annonces légales.
Le droit commercial dispose de ses propres règles et institutions adaptées au monde des
affaires : on dit que le droit commercial est un droit autonome. Cependant, cette
autonomie n’est pas absolue car il y a interférence du droit civil en matière commerciale.
Cette interférence s’observe à deux niveaux : au niveau de l’application des lois et au
niveau de compétence des tribunaux.
Les lois civiles s’appliquent, en matière commerciale, toutes les fois que le droit
commercial ne prévoit pas de dispositions. Ainsi :
Les tribunaux civils peuvent connaître des affaires en raison de leur compétence générale
sauf si la loi attribue compétence à la juridiction commerciale. C’est ainsi que les tribunaux
civils sont compétents pour connaître des litiges relatifs aux baux à usage professionnel.
Chapitre 2
LES SOURCES DU DROIT COMMERCIAL
A – LA LOI
Elle doit être entendue au sens large 10. Elle comprend les lois civiles, les lois
commerciales.
Exemples : la théorie des obligations demeure la base du droit commercial (article 1128,
1240 du code civil).
Elles sont consignées dans un document appelé code OHADA 11. Le traité OHADA reste la
principale source du droit commercial dans tous les Etats de la Zone franc. Les lois
commerciales adoptées dans le cadre de l’OHADA sont appelés les Actes uniformes. Un
acte uniforme est une législation commune imposée par l’OHADA et qui réalise entre
Etats membres une unification du droit en matière commerciale.
A ce jour, les Actes uniformes qui sont adoptés et déjà entrés en vigueur sont :
Elle est encore appelée usage de droit ou usage impératif. La coutume est un ensemble
de règles non écrites admises et appliquées de façon unanime par les commerçants. Elle
a un caractère impératif c’est-à-dire qu’elle s’impose au même titre que la loi. Exemples :
La présomption de solidarité entre les codébiteurs en une règle coutumière.
NB : La coutume commerciale peut déroger à une norme supplétive et à une norme
impérative civile, mais jamais à une norme impérative commerciale. Cependant, elle ne
peut être opposable à un non commerçant.
Ils sont encore appelés usages de faits ou usages conventionnels. Les usages
commerciaux sont des pratiques courantes qui s’appliquent aux parties à un contrat à
défaut d’une stipulation contraire. L’usage a un caractère supplétif, c’est-à-dire qu’il ne
s’applique qu’à défaut de volonté contraire exprimée par les parties. L’usage commercial
ne peut déroger aux lois commerciales impératives.
La partie qui invoque un usage en justice doit en faire la preuve. Cette preuve est libre
mais elle peut résulter d’un parère. Le parère est un document rédigé par la chambre
de commerce et d’industrie ou par un syndicat professionnel établissant l’existence
et le contenu d’un usage.
NB : Par rapport à la volonté des parties en droit commercial, une clause particulière d’un
contrat peut déroger à usage conventionnel mais ne peut déroger à une coutume.
A – LA JURISPRUDENCE
La jurisprudence est l’ensemble des décisions rendues par les tribunaux sur une question
de droit donnée. Les décisions judiciaires jouent un rôle cardinal en matière commerciale
qu’en matière civile. Elle interprète la loi, la complète et parvient parfois à la faire évoluer
au gré des besoins.
B – LA DOCTRINE
La doctrine est l’ensemble des opinions émises par des auteurs juristes et des praticiens
de droit sur une question donnée. Elle explique, éclaire, critique et suggère les réformes
qui permettent d’améliorer le droit positif 12.
Chapitre 3
LE REGLEMENT DES CONFILTS EN MATIERE COMMERCIALE
L’une des fonctions essentielles de l’Etat est de rendre la justice 13. La justice est rendue à
l’occasion d’un procès. Le procès est le règlement d’un litige par le juge entre des
12
Le droit positif est un ensemble de règles juridiques applicables sur un territoire donné à un moment
donné.
personnes qui sont en conflit. Mais les tribunaux de commerce ne connaissent qu’une
partie des litiges commerciaux. La plupart de ces conflits est réglé par la voie
conventionnelle.
Le règlement des conflits est assuré par les juridictions selon une procédure définie.
Les juridictions qui ont en charge de régler les conflits commerciaux s’appellent les
tribunaux de commerce. Au Togo, il existe deux(2) tribunaux de commerce : un(1) à Lomé
qui couvre la région Maritime, un(1) à Kara qui couvre la région de la Kara.
Dans les régions où il n’existe pas de tribunaux de commerce, ce sont les tribunaux de
première instance (TPI) qui statuent commercialement en raison de l’unicité de juridiction.
La compétence judiciaire est l’aptitude d’une juridiction à être saisie d’un litige. Deux
règles permettent de déterminer la compétence d’un tribunal : la règle de compétence
d’attribution ou la compétence rationae materiae ou compétence matérielle et la règle
de compétence territorial ou rationae loci. Mais les parties peuvent déroger à ces
règles par une clause attributive de compétence.
b – La compétence territoriale
La compétence territoriale est l’aptitude d’une juridiction à être saisie en fonction du lieu du
litige. En règle générale, le tribunal territorialement compétent est celui du domicile du
défendeur. Cependant, en matière contractuelle, le demandeur peut saisir le tribunal du
lieu de la formation du contrat, celui du lieu de livraison des marchandises ou celui de
13
PORTALIS « La justice est la première dette de la souveraineté ; c’est pour acquitter cette dette sacrée
que les tribunaux sont établis ».
14
Cette incompétence peut être absolue ou relative. L’incompétence est relative si le tribunal civil est
saisi à la place du tribunal de commerce. Dans ce cas, l’incompétence doit être soulevée au début du
procès. L’incompétence est absolue si le tribunal commercial est saisi à la place du tribunal civil. Dans
ce cas, l’incompétence peut être soulevée à tout moment du procès. Toutes ces difficultés ne se posent
pas au Togo en raison de l’unicité de juridiction. En cas de litige à caractère commercial, c’est le
tribunal de première instance qui est compétent au Togo.
1 – La procédure ordinaire
Elle est appelée ainsi car elle est très proche de la procédure civile, et permet d’aller
devant les instances judiciaires. Elle se distingue de la procédure civile en ce qu’elle
accorde certaines souplesses aux parties, et qu’elle permet d’aller plus vite que pour la
procédure civile. La procédure est la suivante :
Même simplifiée, la procédure ordinaire n’est pas toujours rapide, c’est pourquoi le
président du tribunal est habilité à rendre des ordonnances en cas d’urgence : c’est la
procédure particulière. Cette voie de règlement ne permet pas souvent d’avoir les
décisions de fond, mais plutôt des jugements avant dire droit. Elle est utilisée lorsqu’il faut
prendre des mesures rapides pour protéger l’une des parties contre l’insolvabilité et la
mauvaise foi de l’autre. Ces procédures sont : le référé commercial, l’ordonnance sur
requête et l’injonction de payer.
a – Le réfère commercial
C’est une procédure contradictoire par laquelle, une partie peut, en cas d’urgence, obtenir
du Président du tribunal une décision rapide et provisoire. Cette décision est appelée
C’est une procédure non contradictoire par laquelle une partie peut obtenir, en cas
d’urgence, du président du tribunal une décision rapide et provisoire. Exemple : La saisie
conservatoire, la désignation d’un expert en cas d’avaries apparues au cours du transport.
NB : Le référé commercial et l’ordonnance sur requête sont des procédures rapides et
relèvent naturellement de la compétence du président du tribunal. Mais le référé est
contradictoire alors que l’ordonnance sur requête est non contradictoire.
c – L’injonction de payer
Les conditions de validité : Pour que cette procédure soit introduite et valable, la
créance doit :
NB : Dans les trois cas de procédures particulières (procédures spéciales), la décision du
juge peut faire l’objet d’une opposition.
Les conflits peuvent être réglés par voies conventionnelle c’est-à-dire par arbitrage.
L’arbitrage est régi par l’acte uniforme du traité de l’OHADA sur le droit de l’arbitrage, qui
en fixe les règles et principes.
1 – Définition
L’arbitrage est une procédure qui consiste à confier le règlement des litiges à un ou
plusieurs particuliers appelés arbitres.
En matière commerciale, l’arbitrage est très fréquent. Mais il n’est possible que s’il y a une
convention d’arbitrage. Ces dernières sont indépendantes du contrat principal en droit
OHADA.
a – La clause compromissoire
C’est une disposition contractuelle par laquelle les parties, dès la conclusion du contrat,
décident de soumettre leurs litiges éventuels (ou futurs) à un arbitre.
b – Le compromis d’arbitrage
C’est une disposition contractuelle par laquelle les parties décident de soumettre leur litige
déjà née à un arbitre.
Cette clause est admise en matière civile, en matière commerciale et en matière d’acte
mixte. Pour être valable :
Lorsqu’elles sont valablement conclues, les conventions d’arbitrage produit les effets
suivants :
La sentence arbitrale bénéficie de l’autorité de la chose jugée 19. Mais du fait qu’elle n’est
pas rendue par un juge étatique, la sentence arbitrale n’est pas un jugement et n’a donc
pas force exécutoire. Elle devient exécutoire et a valeur de jugement si elle est revêtue
d’une ordonnance d’exequatur. L’ordonnance d’exequatur est prise par le président du
tribunal. Dans ce contexte, l’exequatur20 est l’ordre donné par l’autorité judiciaire pour
l’exécution d’une sentence arbitrale.
La sentence arbitrale peut faire l’objet d’une révision en raison de la découverte d’un fait
de nature à influencer la décision. L’arbitre prend alors une sentence additionnelle.
19
L’autorité de la chose jugée et la conséquence d’un jugement entré en force qui n’est plus susceptible de
voie de recours.
20
De façon générale, l’ordonnance d’exequatur est une procédure permettant de rendre exécutoire une
décision étrangère ou non rendue par un organe autre qu’une juridiction nationale.
Titre II
LES COMMERCANTS DANS L’EXERCICE DE
LEURS ACTIVITES
On ne saurait maîtriser les contours du droit commercial sans aucune maîtrise préalable
des actes accomplis par les commerçants. On se pose la question de savoir : qu’est-ce
qu’un acte de commerce ? Quel est le régime applicable ? Quelles sont les règles
applicables aux acteurs du droit commercial que sont le commerçant et l’entreprenant en
ce qui concerne leur statut juridique et leurs obligations ?
Nous étudierons donc d’une part les actes de commerces (chapitre 1), d’autre part le
commerçant, l’entreprenant et leurs obligations (chapitre 2).
Chapitre
LES ACTES DE COMMERCE
1
L’activité commerciale suppose l’accomplissement d’acte de commerce. La notion est
difficile à cerner. Cependant, l’acte de commerce peut être défini comme un acte juridique
ou un fait juridique soumis aux règles du droit commercial en raison de sa nature, de sa
forme ou en raison de la qualité de commerçant de son auteur.
L’Acte uniforme de l’OHADA défini ce qu’est un acte de commerce par nature et a donné
une liste non exhaustive des actes ayant le caractère d’acte de commerce par nature.
L’article 3 de l’AUDCG21 définit l’acte de commerce par nature comme « un acte par
lequel une personne s’entremet dans la circulation des biens qu’elle produit ou
achète ou par lequel une personne fournie des prestations de service avec
l’intention d’en tirer un profit pécuniaire ».
D’après le même article, ont notamment le caractère d’acte de commerce par nature :
Il faut un achat : Toute vente ne comportant pas d’achat initiale ne constitue pas un acte
de commerce. C’est le cas d’un cultivateur qui vend ses produits agricoles. On parlera
alors d’un acte civil.
Il faut un achat portant sur les biens meubles et immeubles : Ces biens peuvent être
corporels ou incorporels.
Il faut un achat en vue de la revente : L’intention de revente suffit même si la revente n’a
pas eu lieu.
Il faut avoir une intention de revendre avec bénéfice : L’intention de réaliser un
bénéfice suffit même si le bénéfice escompté n’est pas obtenu.
Sont également des actes de commerce par nature, les opérations de banque, de bourse
et de change.
Les opérations de banque : Ce sont des opérations qui portent sur la monnaie et le
crédit.
Les opérations de change : Elles consistent à échanger la monnaie d’un pays contre
celle d’un autre pays.
Les opérations de bourse : Il s’agit des opérations de vente ou d’achat de valeurs
mobilières.
21
AUDCG signifie : Acte uniforme relatif au droit commercial général.
22
Le commettant c’est celui qui donne mandat au commissionnaire.
23
La commission est la rémunération perçue en contrepartie du travail effectué par le commissionnaire.
L’opération de courtage : C’est une opération qui consiste à rapprocher deux personnes
désireuses de contracter. Le courtier ne participe pas à la conclusion du contrat.
Exemple : Courtier d’assurance.
Il s’agit des opérations ayant pour objet la transformation en produits finis de matières
premières achetées ou confiées par la clientèle. Exemple : Entreprise de blanchissage, de
teinturerie.
Les opérations de transit consistent à faire passer les marchandises en douane. Les
opérations de télécommunication sont celles qui transmettent les informations à distance.
Exemples : Téléphone, cyber café, radio ect.
Tout contrat conclu entre commerçants pour les besoins de leur commerce est un acte de
commerce par nature.
Sont commerciales par leur forme et quel que soit leur objet, la SNC, la SCS, la SARL, la
SA. Tout acte accompli par une société à forme commerciale est un acte de commerce
par nature même si la société a un objet civil. Exemple : une société immobilière
constituée sous forme de SA ; une SA d’expertise comptable etc.
La lettre de change ou traite est un écrit par lequel une personne appelée tireur, donne
l’ordre à une autre appelée tiré de payer une somme déterminée à une troisième appelée
bénéficiaire. La signature d’une lettre de change est un acte de commerce quel que soit :
2 – Le billet à ordre
Le billet à ordre est un écrit par lequel une personne s’engage à payer à une date, une
somme déterminée à une autre personne.
3 – Le warrant
Le warrant est un billet à ordre souscrit par un commerçant et garanti par les
marchandises déposées au magasin général.
Encore appelé acte de commerce subjectif, l’acte de commerce par accessoire est un acte
civil qui devient commercial en raison du fait qu’il est accompli par un commerçant dans
l’exercice et pour les besoins de son commerce.
Ainsi, l’achat d’un véhicule par un commerçant pour son usage personnel est acte civil.
Mais si l’achat est effectué pour les besoins du commerce, il devient un acte de commerce
par accessoire, si le contrat est conclu avec une personne dont l’activité ne consiste pas
en la vente professionnelle de véhicules. En effet, si le contrat est conclu avec un
concessionnaire de vente de véhicule, il sera commercial par nature 24.
Deux (2) conditions sont nécessaires pour qu’un acte normalement civil devienne
commercial par accessoire :
24
Les contrats conclus entre commerçants pour les besoins de leur commerce sont des actes de commerce
par nature.
NB : Tous les actes posés par un commerçant sont présumés l’être pour les besoins de
son commerce mais la preuve contraire peut être rapportée. Lorsqu’un non commerçant
accomplit un acte de commerce par nature pour les besoins de son activité civile, on parle
d’acte civil par accessoire. Exemple : Un médecin achète des produits pharmaceutiques
qu’il revend à ses patients.
3 – Le domaine d’application
Un acte mixte est un acte qui est commercial pour l’une des parties et civil pour l’autre.
Exemple : un agriculteur vend du riz à un brasseur : l’acte est civil pour l’agriculteur et
commercial pour le brasseur.
Les règles civiles s’appliquent à celui à l’égard de qui l’acte est civil et les règles
commerciales s’appliquent à celui à l’égard de qui l’acte est commercial. Ainsi seront
déterminées les règles de compétence, de preuve et de mise en demeure.
Pour un acte mixte, si le défendeur est commerçant, le demandeur non commerçant a une
option de juridiction : il peut saisir soit le tribunal civil, soit le tribunal de commerce. Mais,
lorsque le défendeur est non commerçant, le demandeur commerçant doit l’assigner
devant le tribunal civil.
NB : Cette règle n’est valable que dans les régions Maritime et de la Kara. Dans les autres
régions, en raison de l’unicité de juridiction, c’est le TPI qui est toujours compétent quel
que soit la qualité du défendeur.
En matière de prescription, ce sont les règles du droit commercial qui s’appliquent à toutes
les parties. En matière commerciale, le délai de prescription est de cinq (5) ans alors qu’il
est de trente(30) ans en matière civile.
Chapitre 2
LE COMMERCANT, L’ENTREPRENANT ET LEURS OBLIGATIONS
Les actes de commerces sont le plus souvent accomplis par des professionnels que sont
les commerçants et les entreprenant. La loi définit les notions de commerçant et
d’entreprenant, en règlemente les conditions d’acquisition et d’exercice et précise les
obligations qui en découlent.
A – LE COMMERCANT
1 – Définition
Accomplir ces actes à titre de profession : Cette condition est cumulative avec la
première et permet d’écarter de la profession l’acte fait de façon occasionnelle. La loi
exige une profession. La profession est l’activité qu’une personne exerce avec pour but
d’en tirer profit et de survenir à ses besoins. Le commerçant doit vivre de
l’accomplissement de ces actes de commerce.
b – La condition jurisprudentielle
Accomplir ces actes en son nom et pour son propre compte : Pour avoir la qualité de
commerçant, il faut accomplir les actes de commerce de façon indépendante c’est-à-dire
que la personne doit être capable d’assumer les risques de son activité 26. N’ont donc pas
la qualité de commerçant ceux qui accomplissent les actes de commerce pour le compte
d’une autre personne. C’est le cas des salariés, des gérants salariés 27, des mandataires
etc …
NB : Exceptionnellement, les courtiers, les commissionnaires, les agents commerciaux ont
la qualité de commerçant. De même, les associés des sociétés en nom collectif (SNC) ont
la qualité de commerçant.
L’artisan est un travailleur indépendant qui exerce un métier manuel dans une entreprise
de dimension modeste. Plusieurs critères permettent de distinguer l’artisan du
commerçant.
25
Pour les actes de commerce par la forme, la signature même répétée de lettre de change ne confère pas
la qualité de commerçant à celui qui le fait. Pour les actes de commerce par accessoire, il suppose d’abord
que leur auteur soit commerçant.
26
Les personnes qui concourent à la réalisation d’actes de commerce sans en supporter les risques ne sont
pas commerçants.
27
Le gérant d’une SARL qui achète des marchandises et les revend pour sa société n’est pas commerçant.
NB : S’il exerce à côté de sa profession une activité commerciale qui n’a aucun lien avec
sa profession, il sera à la fois artisan et commerçant.
b – L’intérêt de la distinction
B – L’ENTREPRENANT
1 – Définition
a1 – La condition personnelle
L’entreprenant doit agir en son nom propre : il ne doit pas être confondu avec ses
salariés ou autres subordonnées ; il doit être la personne qui agit en son nom et non sur
instructions ou pour le compte d’autrui.
28
Article 30 de l’AUDCG.
29
Article 62 de l’AUDCG.
Afin de protéger l’intérêt général, la loi interdit certains commerces, soumet d’autres à une
autorisation préalable. Par ailleurs, certaines personnes ne peuvent exercer le commerce
en raison de leur fonction (incompatibilité) ou de leur moralité (déchéance).
Ce sont des commerces soumis à une autorisation préalable. C’est le cas de l’ouverture
des débits de boissons, de banques, pharmacies. Cette autorisation vise à contrôler ces
commerces et les personnes qui en prennent l’initiative.
3 – Les incompatibilités
L’incompatibilité est une interdiction faite à certaines personnes de cumuler leur fonction
avec la profession commerciale. Aux termes de l’alinéa 2 de l’article 8 de l’AUDCG, il n’y a
pas d’incompatibilité sans texte. L’article 9 du même acte cite les incompatibilités entre
l’activité commerciale et les professions suivantes :
30
Article 30 de l’AUDCG précité.
31
Depuis la révolution française, relayée par la loi ROYER de 1973, qui a été modifié en 1993, le principe de
la liberté de commerce demeure respecté : toute personne peut accéder à la profession commerciale.
NB : Toute personne qui accomplit les actes de commerce en violation des règles
d’incompatibilité aura la qualité de commerçant à titre de sanction : il sera soumis aux
obligations des commerçants sans se prévaloir des droits reconnus aux commerçants.
C’est le cas du notaire qui spécule sur les fonds déposés par les clients en accordant des
crédits à court terme.
4 – Les déchéances
La déchéance est une interdiction d’exercer le commerce faite à certaines personnes qui
ne présentent pas de garantie suffisante d’honorabilité. C’est le cas des faillis non
réhabilités, des officiers ministériels déchus, les condamnés pour crime ou pour vol, abus
de confiance, escroquerie. La déchéance est justifiée par le souci général d’assainir la
profession commerciale.
1 – Les incapacités
Nul ne peut accomplir des actes de commerce à titre de profession, s’il n’est juridiquement
capable d’exercer le commerce33. Pour être commerçant, il faut donc avoir la capacité
juridique d’exercice. Le mineur non émancipé et le majeur incapable ne peuvent ni avoir
la qualité de commerçant ni effectuer des actes de commerce.
NB : Le mineur émancipé peut être commerçant car il a la capacité juridique d’exercice
par l’effet de l’émancipation.
2 – Le conjoint du commerçant
Cas du conjoint collaborateur : le conjoint collaborateur est celui qui observe son devoir
d’assistance inhérent au mariage en aidant son conjoint commerçant. Il n’a pas la qualité
de commerçant.
Cas du conjoint salarié : le conjoint salarié est celui qui est en relation de travail avec
son conjoint commerçant. Il est dans un lien de subordination juridique à son conjoint
commerçant. Il reçoit un salaire. Il n’est pas commerçant.
32
Les notaires, médecins, architectes etc.
33
Article 6, de l’Acte Uniforme de l’OHADA portant sur le Droit Commercial Général.
Cas du conjoint associé : deux époux ne peuvent pas être associés d’une société dans
laquelle ils ont la qualité de commerçants ; ils ne peuvent être associés d’une société dans
laquelle ils n’ont pas la qualité de commerçants ; ils peuvent également être associés
d’une société dans laquelle seul l’un d’eux a la qualité de commerçant.
La loi impose, au commerçant, nombreuses obligations 34 parmi lesquelles deux sont plus
importantes : l’immatriculation au RCCM, la tenue des livres de comptable.
1 – L’immatriculation au RCCM
a – Le but de l’immatriculation
L’immatriculation a pour but d’informer les tiers sur la situation du commerçant. En cela,
l’immatriculation est une mesure de publicité.
b – L’objet du RCCM
Toute personne physique commerçant doit demander son immatriculation dans le premier
mois de son activité commerciale. Les commerçants personnes morales doivent
demander leur immatriculation dans un délai d’un(1) mois à compter de la date de la
constitution. L’immatriculation se fait au greffe du tribunal dans le ressort duquel l’activité
se déroule pour les personnes physiques ou est situé le siège social pour les personnes
morales. La demande d’immatriculation doit être établie en quatre(4) exemplaires et
contenir les mentions suivantes :
Le commerçant qui n’a pas demandé son immatriculation dans les délais ne peut pas se
prévaloir de sa qualité de commerçant à l’égard des tiers ou de l’administration mais ceux-
ci peuvent s’en prévaloir à son égard. Exemple : il ne peut bénéficier du droit au
renouvellement du bail, de la liberté de preuve.
Les commerçants personnes morales non immatriculés n’ont pas la personnalité juridique.
Les mentions portées au RCCM sont opposables aux tiers. Les mentions non publiées
sont inopposables aux tiers mais les tiers peuvent les invoquer lorsqu’il y va de leur
intérêt.
i – La radiation du RCCM
La radiation du commerçant personne morale doit être demandée dans un délai d’un(1)
mois à compter de la date de clôture des opérations de liquidation.
La tenue des livres comptables facilite la preuve, assure une bonne gestion et un bon
contrôle du fisc afin d’éviter la fraude fiscale.
Il existe trois (3) livres comptables obligatoires : le livre journal, le grand livre et le livre
inventaire. Dans le livre journal, le commerçant enregistre au jour le jour les opérations
commerciales. Le grand livre reprend et récapitule les écritures du livre journal. Dans le
livre d’inventaire, le commerçant dresse chaque année un inventaire détaillé des éléments
actifs et passifs de l’entreprise.
Ils doivent être tenus chronologiquement sans blanc ni rature ; ils doivent être cotés et
paraphés par le juge avant leur utilisation et comporter le numéro d’immatriculation du
commerçant.
Les livres comptables servent de moyen de preuve, mais la force probante de ces livres
varie selon le cas.
Cas d’un litige entre commerçants : lorsqu’un litige oppose deux commerçants, le
demandeur peut invoquer les livres de commerce de son adversaire ou ses propres livres.
Mais les commerçants ne peuvent invoquer leurs propres livres qu’à condition que leur
tenue soit régulière.
Cas d’un litige entre commerçant et non commerçant : lorsqu’un litige oppose un
commerçant à un non commerçant, le commerçant ne peut invoquer ses propres livres
comme moyen de preuve à l’égard du non commerçant. Par contre, le non commerçant
peut invoquer les livres de commerce du commerçant comme moyen de preuve.
NB : Lorsque les livres comptables sont invoquées comme preuve contre celui qui les a
tenus, ce dernier peut rapporter la preuve contraire par tous moyens.
La tenue est irrégulière lorsque le commerçant n’a pas respecté les règles relatives à la
tenue de compte. Dans ce cas, le commerçant s’expose à des sanctions suivantes :
L’entreprenant est dispensé d’immatriculation. Il est seulement tenu de déclarer sans frais
son activité au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier.
Le contenu de la déclaration : l’entreprenant doit fournir les informations comme les nom
et prénoms ; l’adresse de l’activité, la description de l’activité ; la justification d’identité et
éventuellement la justification du régime matrimonial adopté.
Il doit tenir les livres comptables. L’entreprenant doit tenir tous les jours un livre
mentionnant chronologiquement d’une part l’origine et le montant de ses ressources
(c’est-à-dire ses entrées de fonds en distinguant les règlements en espèces des autres
règlements) et d’autre part la destination et le montant de ses emplois (c’est-à-dire de ses
dépenses).
Lorsque l’entreprenant perd son statut suite au dépassement du seuil du chiffre d’affaire
fixé par la loi, il perd le bénéfice de la législation spéciale issue de l’acte uniforme. Il est
tenu de se conformer à la règlementation applicable aux entrepreneurs individuels. Ainsi, il
doit demander son immatriculation au RCCM s’il exerce une activité commerciale.
Titre III
LE FONDS DE COMMERCE
Le fonds de commerce est assurément l’une des pièces maîtresses du droit commercial.
La notion a été consacrée par le législateur français par l’importante loi du 17 mars 1909
relative à la vente du fonds. Il est défini comme l’ensemble des moyens qui permettent
au commerçant d’attirer et de conserver une clientèle.
Le fonds de commerce n’est pas une universalité juridique. Une universalité juridique est
un ensemble de biens ou de droits et obligations, considérés comme formant une unité
juridique indissociable. Le fonds de commerce n’est autre que la somme des éléments qui
le composent. C’est pourquoi on peut effectuer diverses opérations sur un élément
quelconque du fonds de commerce.
Chapitre 1
LA COMPOSITION DU FONDS DE COMMERCE
Il s’agit ici de déterminer les éléments constitutifs du fonds de commerce. Le fonds de
commerce est composé de meubles corporels et incorporels. Certains de ces éléments
sont obligatoires et d’autres sont accessoires.
A – LA CLIENTELE
1 – La notion de clientèle
La clientèle est l’ensemble des personnes qui achètent habituellement leur produit et
service auprès d’un commerçant. Elle est attirée par les qualités personnelles du
commerçant. Mais la clientèle ne doit pas être confondue avec l’achalandage.
L’achalandage est l’ensemble des clients occasionnels d’un commerçant.
2 – L’importance de la clientèle
Selon l’article 136 de l’AUDCG, la clientèle est l’élément essentiel d’un fonds de
commerce, et est également le but poursuivi par le commerçant. C’est l’élément principal
sans lequel il n’y a pas de fonds de commerce. Par conséquent, lorsqu’un commerçant
cède les autres éléments tout en conservant la clientèle, on dit qu’il n’a pas cédé le fonds
de commerce. La clientèle est un élément du fonds de commerce et la résultante de la
réunion de tous les autres éléments.
Pour qu’il y ait fonds de commerce, la clientèle doit être personnelle ou propre, actuelle et
réelle, commerciale.
Cela signifie que la clientèle doit appartenir au titulaire du fonds de commerce et ne doit
pas dériver de la clientèle d’autrui 35. Ainsi, un commerçant qui n’a pas une clientèle qui lui
est propre n’a pas de fonds de commerce.
Exemples : un restaurant installé dans un hippodrome n’a pas une clientèle personnelle
car l’activité du restaurant est sous la dépendance de l’hippodrome ; une buvette dans un
aéroport ; une boutique dans le hall d’un hôtel.
Cependant, constitue un fonds de commerce un restaurant réputé, même s’il est situé
dans une gare, dès lors qu’il a une clientèle personnelle.
La clientèle doit être attachée à une personne qui à la qualité de commerçant. Elle ne doit
pas être civile comme pour les professions libérales.
Le nom commercial est l’appellation sous laquelle une personne exerce le commerce. Il
peut s’agir du nom patronymique du commerçant, d’un pseudonyme, d’un prénom ou d’un
nom fantaisie. Même lorsqu’il est constitué par un nom patronymique, le nom fait partie du
fonds de commerce et est cessible avec le fonds36.
35
La jurisprudence a établi depuis un arrêt de l’assemblée plénière de 24 avril 1970 qu’il y a clientèle quand
celle-ci appartient en propre à la personne. Actuellement cette jurisprudence est instable et tient compte
surtout les éléments d’appréciation souveraine des faits par le juge, à cause des centres commerciaux.
36
En effet, le nom patronymique se détache de la personne physique qui le portait pour devenir un objet de
propriété incorporelle. Le titulaire du nom ne peut dès lors plus faire défense à l’acquéreur du fonds d’en
faire usage. Le nom, traditionnellement considéré comme un attribut de la personnalité, devient l’objet d’une
propriété incorporelle.
NB : Le nom commercial est cessible alors que le nom patronymique est incessible.
C – L’ENSEIGNE
Le fonds de commerce est constitué non seulement des éléments obligatoires mais aussi
des éléments accessoires. Certains éléments sont corporels et d’autres sont incorporels.
1 – Le matériel et outillage
C’est l’ensemble des meubles corporels à l’exception des marchandises qui servent à
l’exploitation du fonds. Exemple : matériel de bureau ; aménagement et agencement.
Ce sont non seulement des matières premières à transformer mais aussi les produits finis
près pour la vente.
1 – Le droit au bail
Ce sont des biens de nature incorporelle qui procurent à leurs titulaires un monopole
d’exploitation ou d’utilisation. Il s’agit des marques, des brevets, des dessins et modèles.
La marque de fabrique : c’est un signe apposé sur la marchandise en vue de la
distinguer de celles des entreprises concurrentes. Il peut s’agir d’un emblème (Peugeot).
Le brevet d’invention : c’est un titre délivré par l’autorité publique qui confère au titulaire
ou à ses ayants droit, un droit exclusif d’exploitation. Les dessins et modèles : ils sont
37
Pour qu’un meuble devienne immeuble par destination, il faut que le meuble et l’immeuble appartiennent
au même propriétaire : c’est l’une des conditions de l’immobilisation par destination.
constitués par l’aspect ornemental ou esthétique d’un objet (disposition des couleurs ou de
traits représentant des images).
3 – La licence d’exploitation
Chapitre 2
LA PROTECTION DU FONDS DE COMMERCE
Le fonds de commerce, étant la pièce maitresse du droit commercial, mérite d’être
protégé. La loi assure sa protection contre le bailleur, la concurrence déloyale et la
contrefaction.
C’est est une convention, écrite ou verbale, entre le propriétaire d’un local et une personne
appelée preneur ou locataire, permettant à cette dernière d’exploiter dans les lieux loués
toute activité commerciale, industrielle, artisanale, ou professionnelle 38.
38
Article 103 de l’AUDCG.
- La durée : Il peut être conclu pour une durée déterminée ou indéterminée. Tout bail
conclu oralement ou sans fixation d’une durée est réputé conclu à durée
indéterminée.
- L’objet : Il a pour objet l’exploitation d’une activité commerciale, industrielle,
artisanale ou toute autre activité professionnelle.
3 – La fixation du loyer
Le loyer est librement fixé par les parties lors de la conclusion du contrat. Il peut être
révisé au cours du bail suivant les termes du contrat ou à défaut, à l’expiration de chaque
période triennale (3 ans) par les parties.
A défaut d’accords entre les parties, le nouveau montant du loyer peut être fixé par le juge
des référés. Celui-ci pour fixer ce montant tient compte des éléments suivants :
- Le bailleur a droit au loyer et dans une certaine mesure à la reprise de ses locaux.
- Le bailleur a l’obligation de délivrer les locaux en bon état, de garantir une
jouissance paisible des locaux et faire les grosses réparations à ses frais (les murs
des clôtures etc.).
a1 – Les droits
Sous réserve d’un certain nombre de conditions, le preneur (locataire) dispose du droit à
la cession du bail, à la déspécialisation et au renouvellement du bail.
Le droit à la cession du bail : c’est un acte par lequel le locataire transmet ses droits et
obligations à un tiers.
La sous-location : elle consiste pour le locataire à devenir à son tour bailleur alors qu’il
continue à payer le loyer principal au propriétaire de l’immeuble.
NB : Toute sous location totale ou partielle est en principe interdite sauf clause contraire.
Dans le cas d’une sous-location autorisée, l’acte doit être porté à la connaissance du
bailleur par écrit. Lorsque le montant du sous loyer est supérieur au montant du loyer
principal, le bailleur peut exiger une augmentation du prix du bail principal. En cas de refus
d’autorisation de la sous location, le bailleur n’a pas à motiver son refus.
- Elle est partielle lorsque le preneur adjoint à son activité principale des activités
connexes ou complémentaires. Le locataire doit notifier son intention au bailleur par
acte d’huissier. Le bailleur dispose de deux (2) mois pour répondre. S’il s’oppose, le
tribunal va trancher à la demande de la partie diligente (demandeur). Toute clause
interdisant l’exercice d’une activité complémentaire n’est pas valable.
- Elle est totale ou plénière lorsque le preneur exerce dans le local loué une activité
totalement différente de celle prévue au bail. Le locataire doit notifier au bailleur sa
demande par acte extrajudiciaire. Le bailleur dispose de trois (3) mois pour s’y
opposer. Cette demande doit comporter la nouvelle activité.
NB : La déspécialisation totale ou partielle constitue des droits pour le locataire mais le
bailleur peut s’y opposer pour des motifs sérieux.
a2 – Les obligations
Le locataire doit :
Le droit au renouvellement du bail est accordé au locataire qui remplit les conditions
suivantes :
Elle varie selon qu’il s’agisse d’un bail à durée déterminée ou indéterminée.
Le locataire qui veut obtenir le renouvellement de son bail à durée déterminée doit
adresser au bailleur une demande de renouvellement par exploit d’huissier au plus tard
trois(3) mois avant la date d’expiration du bail. Le bailleur doit faire connaître sa réponse
au plus tard un(1) mois avant l’expiration du bail. A défaut de répondre dans ce délai, son
silence vaut acceptation.
Si le bailleur veut mettre fin au bail à durée indéterminée, il doit donner congé au locataire
par exploit d’huissier au moins six(6) mois à l’avance. Le preneur bénéficiaire du droit au
renouvellement du bail peut s’opposer à ce congé au plus tard à la date d’effet de celui-ci.
Faute de contestation dans ce délai, le bail à durée indéterminée cesse à la date fixée par
le congé.
L’indemnité d’éviction est une somme d’argent que le bailleur doit verser au locataire en
cas de refus de renouvellement du bail sans motif valable. Le montant de cette indemnité
peut être fixé par le juge qui prendra en compte, le chiffre d’affaire, les investissements
réalisés et la situation géographique du local et les frais de déménagement imposé par le
refus du renouvellement.
Si le bailleur trouve l’indemnité trop élevée, il dispose d’un droit de repentir et peut
accepter le renouvellement dans les quinze(15) jours du jugement mais à la condition de
payer tous les frais de l’instance à moins que le locataire n’ait déjà pris des mesures pour
se réinstaller ailleurs. Le locataire peut rester dans les lieux tant que l’indemnité ne lui est
pas versée.
Le bailleur peut refuser de renouveler le bail sans avoir à payer d’indemnité d’éviction
dans les cas suivants :
- S’il justifie d’un motif grave et légitime à l’encontre du preneur. Exemple : le non-
paiement du loyer, le défaut d’entretien, la non-exploitation du local 39.
39
Ce motif selon l’article 95 de l’AUDCG doit consister dans l’inexécution par le locataire d’une obligation
substantielle du contrat (la jurisprudence retient le retard fréquent dans le paiement du loyer, la mauvaise
tenue du local, le caractère immoral du commerce exploité, la déspécialisation totale non autorisée, la sous-
location non autorisée…), ou dans la cessation de l’activité commerciale.
- S’il envisage de démolir l’immeuble comprenant les lieux loués et le reconstruire 40.
- S’il envisage de reprendre l’immeuble pour l’habiter ou le faire habiter par sa
famille.
La loi reconnaît à la victime une action en concurrence déloyale fondée sur les principes
de la responsabilité civile délictuelle.
L’action en concurrence déloyale ne peut être exercée que si trois (3) conditions sont
remplies : la faute, le dommage et le lien de causalité entre la faute et le dommage.
1 – La faute
- les imitations ou l’usurpation des signes distinctifs (le nom commercial, l’enseigne,
la marque) pour créer la confusion chez les clients ;
- la diffusion d’informations fausses ou mensongères pour dénigrer la personne ou
les produits d’un commerçant concurrent ;
- l’écrasement du marché par la pratique des prix cassés (prix trop bas) ;
- la désorganisation d’une entreprise concurrente par le débauchage de son
personnel ou l’incitation à la grève. C’est le comportement déloyal qui vise à
détourner la clientèle de son concurrent.
2 – Le dommage
Mais l’alinéa 2 du même article fait obligation au bailleur d’invoquer ce motif, si et seulement si le locataire a
été mis en demeure par acte extrajudiciaire, mais a continué les faits plus de deux mois après. La
jurisprudence admet que le manquement peut parfois porter sur un élément non contractuel, mais de gravité
telle que le contrat est affecté (coups et blessures sur le bailleur par le locataire mauvaise vie du
locataire…).
40
Dans ce cas le preneur a la priorité pour un nouveau contrat dans le nouvel immeuble, sauf si le bailleur
ne fait plus de location, mais y habite.
Le droit de repentir est accordé au bailleur qui, après avoir refusé de renouveler le bail, revient sur sa
décision. Le preneur peut refuser et exiger l’indemnité d’éviction, s’il a déjà engagé des frais pour un autre
local. Le droit de repentir est exercé dans un délai de 15 jours après le refus de renouvellement.
Le propriétaire qui reprend son local avec ou sans paiement de l’indemnité d’éviction exerce son droit de
reprise ; cependant le droit de reprise est difficilement applicable lorsque le locataire bénéficie du droit au
bail. D’où l’appréciation souveraine des juges pour décider de l’acceptation du renouvellement ou de la
fixation de l’indemnité d’éviction.
3 – Le lien de causalité
La contrefaçon est une atteinte portée aux droits de propriété industrielle ou commerciale.
Cette atteinte peut être une usurpation ou une imitation des dessins, marques ou modèles
qui ont permis au véritable propriétaire de se constituer une clientèle.
Chapitre 3
LES OPERATIONS RELATIVES AU FONDS DE COMMERCE
Le fonds de commerce est un bien dont la valeur dépend uniquement de la clientèle qui lui
est attachée. Il peut être exploité directement par le propriétaire. Mais celui-ci peut le louer
à un autre commerçant : on parle de location gérance. Il peut le donner en garantie d’un
prêt accordé par un établissement financier tel qu’une banque : il s’agit du nantissement.
Il peut aussi le céder à une tierce personne : on parle de la cession.
En définitif, le fonds de commerce peut faire l’objet de trois types d’opérations à savoir : la
location-gérance, le nantissement et la cession.
I – LA LOCATION-GERANCE
A – LA NOTION DE LOCATION-GERANCE
1 – Définition
Encore appelée gérance libre, la location-gérance est une convention par laquelle le
bailleur, propriétaire du fonds de commerce, en concède la location au locataire-gérant
(gérant libre) qui l’exploite à ses risques et périls 41.
41
Article 138, alinéa 3 de l’AUDCG.
Dans le bail à usage professionnel, le locataire a droit au renouvellement alors que dans la
location-gérance, le locataire-gérant n’a pas ce droit.
Le bail porte sur les locaux alors que la location-gérance porte sur un fonds de commerce.
Comme tout contrat, la location-gérance doit respecter les conditions générales de validité
des contrats à savoir : le consentement, la capacité et un contenu certain et licite.
NB : Cette condition de délai ne s’applique pas aux héritiers et aux personnes incapables.
Aussi, le délai de deux(2) ans peut-il être réduit sans pouvoir être inférieur à un an par le
juge lorsque la personne justifie qu’elle a été dans l’impossibilité d’exploiter son fonds de
commerce (pour cause d’accident ou de maladie).
La location-gérance doit être constatée par écrit et publiée dans les quinze jours de sa
date dans un journal d’annonce légal. Si le contrat de location-gérance n’est pas publié, le
propriétaire reste responsable des obligations contractées par le locataire gérant.
Le locataire a l’obligation de s’inscrire au RCCM. Il est tenu d’indiquer en tête de ses bons
de commande et autres documents financiers son immatriculation et sa qualité de
locataire-gérant.
Si les créanciers du bailleur estiment que la mise en location du fonds de commerce met
en péril le recouvrement de leurs créances, ils peuvent, dans les trois(3) mois de
l’insertion au journal d’annonce légale, demander au juge de déclarer ces créances
exigibles.
NB : Pour que le bailleur soit solidairement responsable des dettes du locataire-gérant, la
dette doit naître entre la conclusion et la publication du contrat ; la dette doit naître de
l’exploitation du fonds donné en location-gérance.
Le nantissement est un contrat par lequel un commerçant affecte son fonds de commerce
en garantie du paiement de sa dette.
Le nantissement du fonds de commerce peut aussi porter sur les autres éléments
incorporels du fonds de commerce tels que le droit au bail, la licence d’exploitation, le
brevet d’invention et les marques à condition de la préciser dans une clause spéciale.
Le nantissement du fonds de commerce doit être établi par acte authentique ou sous
seing privé et enregistré au RCCM. L’écrit doit, sous peine de nullité, mentionné :
Il a deux(2) droits :
Le bailleur qui entend résilier le bail de l’immeuble dans lequel le fonds de commerce objet
du nantissement est exploité, doit en informer le créancier nanti. La résiliation prend effet
deux(2) mois après sa notification au créancier nanti.
Lorsque la résiliation du bail est fondée sur le non-paiement des loyers par exemple, le
créancier nanti peut l’éviter en offrant au bailleur de les payer à la place du locataire
commerçant (débiteur).
Le commerçant débiteur qui veut déplacer son fonds de commerce objet du nantissement
doit en informer le créancier nanti quinze(15) jours à l’avance. Il doit indiquer le nouvel
emplacement du fonds de commerce.
C’est la vente du fonds de commerce. Le vendeur est encore appelé le cédant ; l’acheteur
est aussi dénommé le cessionnaire ou l’acquéreur.
Si la cession porte seulement sur d’autres éléments, elle ne vaut pas cession du fonds de
commerce quelles que soient les dispositions convenues dans le contrat.
La cession du fonds de commerce étant un contrat, elle doit donc remplir les conditions
nécessaires à la validité d’un contrat.
a – La forme de la cession
La cession d’un fonds de commerce se fait par écrit. Cet écrit peut être un acte sous seing
privé ou un acte authentique.
Tout acte constatant la cession d’un fonds de commerce doit contenir les mentions
relatives à l’identité des parties, à l’état des privilèges et nantissement grevant le fonds, au
chiffre d’affaires des trois dernières années, au prix convenu, à la situation et aux
éléments du fonds vendu, etc. L’omission ou l’inexactitude de ces mentions peut entraîner
la nullité de la vente, si l’acquéreur le demande et s’il prouve que cette omission ou cette
inexactitude a substantiellement affecté la consistance du fonds cédé et qu’il en a subi un
préjudice.
Cette demande doit être formée dans le délai d’un(1) an à compter de la date de l’acte.
c – La publicité de la cession
Cette publicité a pour but d’informer les tiers, notamment d’avertir les créanciers du
vendeur.
L’obligation de garantie : il doit garantir l’acheteur contre les vices cachés du fonds. On
appelle vices cachés, les inexactitudes qui ne se sont pas révélées au moment de la
conclusion du contrat.
Il doit garantir à l’acheteur une jouissance paisible du fonds en s’abstenant de lui faire
concurrencer. Cette obligation se traduit généralement par une clause de non-
rétablissement ou une clause de non-concurrence insérée dans l’acte de cession. La
clause de non-rétablissement est une stipulation par laquelle le vendeur d’un fonds
de commerce s’engage à ne pas exercer un commerce identique dans la même zone
où se trouve le fonds de commerce cédé. Pour être valable, la clause de non-
rétablissement doit être limitée soit dans le temps, soit dans l’espace 42.
L’acheteur doit payer le prix au jour et lieu fixés dans l’acte de vente. Le paiement doit se
faire entre les mains d’un notaire ou de tout établissement bancaire désigné d’un commun
accord entre le cédant et le cessionnaire. Le notaire ou l’établissement bancaire doit
conserver le prix en qualité de séquestre pendant un délai de trente(30) jours à compter
de la parution de la publicité de la vente dans un journal d’annonces légales.
Si aucune opposition n’a été notifiée au séquestre dans ce délai, il doit tenir le prix de
vente à la disposition du vendeur. Si une ou plusieurs oppositions sont notifiées pendant
ce délai, le prix de vente n’est disponible pour le vendeur que sur justification de la
mainlevée de toutes les oppositions.
Le fonds de commerce est généralement vendu à crédit. Ainsi la loi protège le vendeur du
fonds de commerce à crédit à travers deux garanties à savoir l’action en résolution et le
privilège du vendeur impayé.
L’action résolutoire : c’est une action qui permet au vendeur impayé de demander la
résolution de la vente et de reprendre le fonds moyennant restitution des acomptes reçus.
Cette action n’est pas opposable aux tiers. Elle doit être notifiée aux créanciers inscrits sur
le fonds par un acte extrajudiciaire ou par tous moyens laissant trace écrite.
Le privilège du vendeur : lorsque le prix n’est pas payé au comptant, le vendeur dispose
d’un privilège sur le fonds de commerce vendu. Ce privilège confère au vendeur impayé,
un droit de suite43 et un droit de préférence 44 sur le fonds vendu. Mais pour jouir de son
privilège, le vendeur doit inscrire son privilège au Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier dans les quinze(15) jours qui suivent la publicité de la vente.
Il est protégé par les obligations légales du vendeur. Mais il dispose d’une action
rédhibitoire par laquelle il peut demander l’annulation de la cession pour avoir vice ou pour
atteinte aux mentions obligatoires.
Les créanciers informés de la vente du fonds de commerce de leur débiteur (le vendeur)
peuvent faire opposition ou surenchère.
a – L’opposition
C’est un droit reconnu aux créanciers du vendeur de toucher au prix du fonds vendu.
L’opposition doit être exercée dans un délai de trente(30) jours à compter de la date de la
publication de la vente. Ce délai correspond à celui imposé au séquestre pour garder le
prix payé.
NB : le paiement du prix entre les mains du vendeur avant l’expiration du délai
d’opposition est inopposable au créancier, c’est-à-dire que le paiement est nul à l’égard du
créancier. L’acheteur payera une seconde fois.
b – La surenchère
Le délai pour faire la surenchère est d’un(1) mois à compter de la publication de la vente.
NB : La surenchère est considérée comme une arme à double tranchant car elle a
l’avantage de lutter contre la vente du fonds à vil prix et l’inconvénient de rendre le
créancier propriétaire d’un fonds de commerce dont il n’a peut-être pas besoin.
43
Le droit de suite permet au vendeur de suivre le fonds de commerce en quelque main où il se trouve. Il
permet de se faire payer par le sous-acquéreur du fonds de commerce.
44
Le droit de préférence permet au vendeur d’être payé avant les autres créanciers de l’acheteur en cas de
vente du fonds de commerce aux enchères publiques.
Titre IV
LES SOCIETES COMMERCIALES FACE
AUX DIFFICULTES FINANCIERES
Cours élaboré par AGBALATI Komlan D. Page 47 sur 78
Droit commercial – BTS II
Chapitre
LES SOCIETES COMMERCIALES
1
La société commerciale est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes
conviennent d’affecter à une activité leur bien dans le but de partager le bénéfice ou de
profiter de l’économie qui pourra en résulter 45. Une société est commerciale soit par sa
forme soit par son objet.
I – LE CONTRAT DE SOCIETE
Le contrat de société a pour but de créer une société commerciale. C’est un accord de
volonté qui n’est possible qu’entre deux personnes au moins. Mais exceptionnellement,
une société peut être créée par une seule personne que l’on appelle associé unique : on
parle de société unipersonnelle. Dans ce cas, elle devient une institution.
Comme tout contrat, le contrat de société doit respecter les conditions générales de
validité prévues par l’article 1128 du code civil. Il s’agit :
- Du consentement46 qui doit être exempt de tout vice (erreur, dol violence).
- De la capacité47 : elle est exigée dans les sociétés de personne où les associés ont
la qualité de commerçant (SNC, SCS). Par contre cette capacité n’est pas exigée
dans les sociétés de capitaux où les associés ou les actionnaires n’ont pas la
qualité de commerçant.
- Un contenu48 certain et licite : Il s’agit de l’objet social. C’est l’activité de la
société, c’est-à-dire celle qui permet de réaliser le bénéfice ou l’économie.
45
Article 4 de l’AUSC-GIE.
46
Ce consentement se matérialise le plus souvent par la signature des statuts par les associés.
47
Il s’agit de la capacité d’exercice.
Un apport est un bien qu’un associé affecte pour la réalisation de l’objet social. Il existe
trois(3) types d’apport :
b – La participation au résultat
La participation aux résultats signifie que tout associé a droit aux bénéfices 49 et doit en
contrepartie contribuer aux pertes. La participation aux résultats permet de distinguer la
société de l’association50.
NB : La clause léonine est une disposition statutaire qui, soit attribue tous les bénéfices
ou toutes les pertes à un seul associé, soit l’exclut de tous les bénéfices ou de toutes les
pertes. Elle est interdite.
c – L’affectio societatis
C’est la volonté des associés de collaborer sur une base égalitaire. Ce caractère distingue
le contrat de société du contrat de travail qui implique un lien de subordination entre
employeur et employé.
Le contrat doit être constaté par écrit qui peut être un acte authentique ou acte sous seing
privé. L’écrit qui constate la création de la société, prend le nom de statuts ; c’est à partir
de la signature des statuts qu’on dit que la société est constituée. La société est en
formation quand elle n’est pas constituée.
b – La publicité de la société
Mais il serait difficile d’appliquer dans toute sa rigueur le principe de la nullité en matière
de société, compte tenu des effets à l’égard des tiers qui ont contracté avec la personne
morale. Pour ce faire, la loi a prévu que la nullité ne peut survenir qu’après l’échec d’une
procédure de régularisation, ou pour les cas où la nullité résulte de l’illicéité de l’objet
social.
Les sociétés commerciales ont leur personnalité juridique à partir de leur immatriculation
au RCCM. La société immatriculée devient un sujet de droit et a un patrimoine distinct de
celui des associés ; elle a un nom, un domicile et une nationalité.
Il s’agit ici des causes de dissolution communes à toutes les sociétés. Elles sont :
La dissolution de la société n’a d’effets à l’égard des tiers qu’à compter de sa publication
au RCCM. La dissolution de la société pluripersonnelle entraîne de plein droit sa mise en
liquidation. La personnalité morale de la société subsiste pour les besoins de la liquidation
et jusqu’à la clôture de celle-ci. La dissolution est publiée dans un journal d’annonces
légales du lieu du siège social.
C’est une société dans laquelle tous les associés sont des commerçants et répondent
solidairement et indéfiniment au passif social.
Tous les associés doivent avoir donc la capacité juridique. Les mineurs non émancipés et
les majeurs incapables ne peuvent être associés d’une SNC.
NB : Deux époux ne peuvent pas être associés dans une SNC parce que la loi leur interdit
d’être associés dans une société dans laquelle ils seront tenus solidairement et
indéfiniment du passif social.
b – La gérance de la SNC
Les statuts organisent la gérance de la société en nom collectif. Elle est dirigée par un ou
plusieurs gérants. Le gérant peut être un associé ou non, une personne physique ou une
personne morale. Les gérants peuvent être désignés dans les statuts ou dans un acte
postérieur. A défaut d’organisation de la gérance par les statuts, tous les associés sont
réputés être gérants.
Dans les rapports entre associés et en l’absence de la détermination de ses pouvoirs par
les statuts, le gérant peut faire tous les actes de gestion dans l’intérêt de la société.
Dans les rapports avec les tiers, le gérant engage la société par les actes entrant dans
l’objet social. Les clauses statutaires limitant les pouvoirs des gérants sont inopposables
aux tiers.
En cas de pluralité de gérants, chacun détient les mêmes pouvoirs que s’il était seul
gérant de la SNC.
C’est la société dans laquelle coexistent deux types d’associé : les commandités et les
commanditaires.
b – La gérance de la SCS
La société en commandite simple est gérée par tous les associés commandités. Mais les
statuts peuvent désigner un ou plusieurs gérants parmi les associés commandités. Les
associés commanditaires ne peuvent faire aucun acte de gestion externe même en vertu
d’une procuration.
l’associé décédés. Si ceux-ci sont mineurs non émancipés, ils deviennent associés
commanditaires.
Si l’associé décédé était seul associé commandité, il doit être remplacé par un nouvel
associé commandité, donc majeur. S’il n’y a pas d’héritier majeur pour être commandité, la
société en commandite simple doit être transformée en une autre société (société à
responsabilité limitée, société anonyme) dans un délai d’un(1) an à compter du décès. A
défaut de cette transformation, elle est dissoute de plein droit.
C’est la société dans laquelle les associés ne sont responsables des dettes sociales qu’à
concurrence de leur apport et dont leurs droits sont représentés par les parts sociales.
- Les associés n’ont pas la qualité de commerçant. Par conséquent, les mineurs
n’ont émancipé et les majeurs incapables peuvent être associés dans une SARL.
- Le capital social minimum est de un(1) millions FCFA divisé en parts sociales dont
la valeur nominales ne peut être inférieure à cinq(5) milles FCFA. Mais ce capital
peut varier suivant la législation de chaque Etat membre. Ainsi, au Togo, il est,
depuis décembre 2017, librement déterminé par les associés et fixé dans les
statuts.
- Les associés ne sont responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs
apports. Deux époux peuvent être associés dans une SARL.
- Les parts sociales sont librement cessibles entre associés mais à l’égard des tiers
la cession est faite avec le consentement des associés non cédants représentant
les ¾ des parts sociales, déduction faite des parts sociales de l’associé cédant.
- L’apport en industrie est autorisé.
- La SARL peut être créée par une seule personne et est dénommée Entreprise
Unipersonnelle à Responsabilité Limitée (EURL).
b – La gérance de la SARL
La société à responsabilité limitée est gérée par une ou plusieurs personnes physiques,
associées ou non. Elles sont nommées par les associés dans les statuts ou dans un acte
postérieur pour quatre(4) ans, sauf disposition statutaire contraire. Ils sont rééligibles. Le
ou les gérants statutaires ou non sont révocables par décision des associés représentant
plus de la moitié des parts sociales.
Dans les rapports entre associés et en l’absence de la détermination de ses pouvoirs par
les statuts, le gérant peut faire tous les actes de gestion dans l’intérêt de la société. Dans
les rapports avec les tiers, le gérant est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en
toute circonstance au nom de la société. La société est engagée même par les actes du
gérant qui ne relèvent pas de l’objet social, à moins qu’elle ne prouve que le tiers savait
que l’acte dépassait cet objet ou qu’il ne pouvait l’ignorer.
Les fonctions du ou des gérants peuvent prendre fin par la révocation54 ou par la
démission55.
Le commissaire aux comptes est nommé pour 3 exercices par un ou plusieurs associés
représentant plus de la moitié du capital social. Les gérants et leurs conjoints, les
apporteurs en nature et les bénéficiaires d’avantages particuliers ne peuvent être
commissaires aux comptes de la société.
NB : La SARL est une société hybride car elle emprunte ses règles à la fois aux sociétés
de capitaux et aux sociétés de personnes.
C’est une société dans laquelle les actionnaires ne sont responsables des dettes sociales
qu’à concurrence de leurs apports et dont les droits sont représentés par les actions.
a – Les caractéristiques de la SA
b – L’administration et la direction de la SA
La société anonyme avec conseil d’administration est dirigée soit par un président-
directeur général (PDG), soit par un président du conseil d’administration (PCA) et un
directeur général (DG).
Il est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de la
société. Il dispose notamment des pouvoirs suivants :
- il précise les objectifs de la société et l’orientation qui doit être donnée à son
administration ;
- il exerce un contrôle permanent de la gestion assurée par le président-directeur
général ou par le directeur général ;
- il arrête les comptes de chaque exercice.
c – Le contrôle de la SA
Le contrôle de la SA est effectué par des commissaires aux comptes, qui sont chargés :
La société par actions simplifiées est celle dans laquelle les associés ne sont
responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et leurs droits sont
représentés par des actions. Elle peut être constituée par un seul associé et est appelée
société par actions simplifiées unipersonnelle (SASU).
b – La direction de la SAS
Contrairement à la SA, la SAS n’a pas de conseil d’administration. Elle est dirigée par un
président. Le président est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute
circonstance au nom de la société dans la limite de l’objet social. Mais à l’égard des tiers,
la société est engagée même si le président a accompli un acte qui ne relève pas de
l’objet social.
Les statuts peuvent prévoir que les fonctions du président seront assurées par un
directeur général et un directeur général adjoint.
c – Le contrôle de la SAS
Le contrôle de la SAS est assuré par les associés. Toutefois, la SAS est tenue de
désigner au moins un(1) commissaire aux comptes lorsqu’elles remplissent deux des
conditions58 suivantes à la clôture de l’exercice social :
Il s’agira d’évoquer les sociétés n’ayant pas la personnalité juridique et les groupements
d’intérêt économique.
58
Pour les sociétés à responsabilité limitée qui ne remplissent pas deux de ces conditions, la nomination
d’un commissaire aux comptes est facultative. Elle peut toutefois être demandée par un ou plusieurs
associés détenant au moins le 10ème du capital social.
a – La société en participation
La société en participation est celle dans laquelle les associés conviennent qu’elle ne sera
pas immatriculée au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier et qu’elle n’aura pas la
personnalité juridique. Elle n’est pas soumise à la publicité. L’existence de la société en
participation peut être prouvée par tous moyens.
A moins qu’une organisation différente n’ait été prévue, les rapports entre les associés
sont régis par les dispositions applicables aux sociétés en nom collectif.
Elle est celle dans laquelle les associés conviennent qu’elle ne sera pas immatriculée au
RCCM et qu’elle n’aura pas la personnalité juridique.
c – La société de fait
L’existence d’une société créée de fait ou d’une société de fait est prouvée par tout
moyen. Lorsque l’existence d’une société créée de fait ou d’une société de fait est
reconnue par le juge, les règles de la société en nom collectif sont applicables aux
associés de fait.
a – L’objet du GIE
Le GIE est la prolongation de l’activité des membres. Il est constitué pour faciliter ou
développer l’activité de ses membres, améliorer ou accroître les résultats de cette activité.
Son activité doit se rattacher essentiellement à l’activité économique de ses membres. Il
ne peut donc avoir une activité différente de celle de ses membres. L’objet doit être
économique.
Intérêt du GIE : c’est un outil précieux de coopération entre les sociétés en raison de la
souplesse de sa constitution et de son fonctionnement. En effet, il permet la réalisation en
commun des opérations telles que : étude de marché, publicité, service de recherche,
bureau d’importation ou d’exportation, etc.
Inconvénient du GIE : la responsabilité des membres est très lourde car elle est solidaire
et indéfinie.
c – La dissolution du GIE
Le GIE peut être dissous par l’arrivée du terme, la réalisation ou l’extinction de l’objet
social, la décision des membres ou de justice.
Chapitre 2
LES PROCEDURES COLLECTIVES D’APUREMENT DU PASSIF
Les procédures collectives sont des procédures judiciaires ouvertes lorsque le débiteur
n’est plus en mesure de payer ses créanciers ou connaît de sérieuses difficultés
financières. Elles sont régies par le nouvel Acte uniforme portant organisation des
procédures collectives d’apurement du passif (AUPC) adopté le 10 septembre 2015 à
Grand-Bassam en Côte d’Ivoire. Elles s’appliquent à :
Les procédures collectives visent, avant tout, à protéger les créanciers impayés et à
assurer leur désintéressement dans les meilleures conditions possibles.
C – LA PUNITION DU DEBITEUR
Les procédures collectives visent, ensuite, à punir et éliminer le débiteur qui n’honore pas
ses engagements.
L’adage selon lequel prévenir vaut mieux que guérir concerne aussi bien les hommes que
les entreprises. L’Acte uniforme portant organisation des procédures collectives
d’apurement du passif prévoit deux (02) procédures en amont de la cessation des
paiements pour prévenir les difficultés de l’entreprise : la conciliation et le règlement
préventif.
1 – La conciliation
La conciliation a pour objectif de trouver un accord amiable avec les principaux créanciers
et contractants du débiteur en vue de mettre fin à ses difficultés.
a1 – La requête en conciliation
La procédure de conciliation débute par une requête du débiteur lui-même ou par une
requête conjointe de ce débiteur avec un ou plusieurs de ses créanciers.
L’accord interrompt ou interdit toute action en justice et toute poursuite individuelle tant sur
les meubles que les immeubles du débiteur dans le but d’obtenir le paiement des
créances.
2 – Le règlement préventif
Le règlement préventif est une procédure destinée à éviter la cessation des paiements ou
la cessation d’activité de l’entreprise et à permettre l’apurement de son passif au moyen
d’un concordat préventif60.
a – Le déroulement de la procédure
59
Article 2 alinéa 1er du nouvel AUPC.
60
Article 2 alinéa 2 du nouvel AUPC.
La juridiction compétente est saisie par une requête du débiteur ou par une requête
conjointe de ce dernier avec un ou plusieurs de ses créanciers, déposée au greffe contre
récépissé.
a4 – L’homologation du concordat
Le concordat est une convention par laquelle un débiteur obtient de ses créanciers soit
des délais de paiement, soit des remises partielles de dettes ou les deux à la fois.
Une fois homologué, le concordat préventif devient obligatoire pour tous les créanciers
déclarés par le débiteur et dont les créances sont antérieures à la décision de règlement
préventif.
1 – Le redressement judiciaire
a – L’ouverture de la procédure
61
Article 2 alinéa 3 du nouvel AUPC.
- Le débiteur lui-même qui est dans l’impossibilité de faire face à son passif
exigible avec son actif disponible doit faire une déclaration de cessation des
paiements aux fins d’obtenir l’ouverture d’une procédure de redressement
judiciaire. La cessation des paiements est l’état où le débiteur se trouve dans
l’impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif disponible. Le
débiteur doit déposer un projet de concordat.
- Un créancier qui doit envoyer une assignation au débiteur en précisant la nature
et le montant de sa créance, ainsi que le titre sur lequel cette créance se fonde.
- La juridiction compétente d’office, sur la base d’informations fournies par les
commissaires aux comptes ou les actionnaires d’un débiteur, ou par les
institutions représentatives du personnel de ce dernier.
- Le Ministère public.
La liquidation des biens est une procédure qui a pour objet la réalisation de l’actif du
débiteur pour apurer son passif62.
a – Le déroulement de la procédure
La décision prononçant la liquidation des biens d’une personne morale emporte de plein
droit sa dissolution et son dessaisissement de l’administration et de la disposition de ses
biens. Pour de tels actes, le débiteur est représenté par le syndic.
C’est le syndic qui se charge de la vente des biens du débiteur, du recouvrement des
créances et du paiement de ses dettes.
62
Article 2, alinéa 4 du nouvel AUPC.
Titre V
LES OPERATIONS COMMERCILAES
Il existe une multitude d’opérations commerciales en droit des affaires. On peut citer
entre autres les contrats commerciaux (Chapitre 1) et les effets de commerce
(Chapitre 3).
Chapitre
LES CONTRATS COMERCIAUX
1
Plusieurs sont les contrats commerciaux qui existent. Nous pouvons citer la vente
commerciale, le dépôt, le prêt, le crédit-bail (leasing), le mandat. Notre étude sera
consacrée au contrat de transport de marchandise par route et à la vente
commerciale.
Le transporteur ou voiturier : c’est celui qui offre en permanence au public des services
de transport contre paiement d’un prix. L’expéditeur : c’est celui qui confie au
transporteur des marchandises à déplacer d’un lieu à un autre. Le destinataire : c’est
celui qui doit prendre livraison de la marchandise à l’arrivée.
Ce contrat est régi par l’Acte Uniforme relatif aux Contrats de transport de Marchandises
par Route (AUCTMR). Cet acte s’applique à tout contrat de transport de marchandises par
route dont le lieu de prise en charge et de livraison se situe soit sur le territoire d’un Etat-
partie de l’OHADA, soit sur le territoire de deux Etats différents dont l’un au moins est
membre de l’OHADA. Il ne tient pas compte du domicile ou de la nationalité des parties
pour s’appliquer.
C’est un contrat consensuel. Il est donc valable s’il est formé oralement. Cependant, selon
les textes de l’OHADA, le contrat de transport de marchandise doit être constaté par écrit
appelé lettre de voiture. La lettre de voiture est un document délivré par le transporteur
constatant le contrat de transport entre le transporteur et l’expéditeur.
Etant un acte de commerce à l’égard du transporteur, il est prouvé à son égard par tout
moyen. Mais la preuve se fera par écrit à l’égard de l’expéditeur ou du destinataire non-
commerçant.
NB : Lorsque le transporteur n’est pas payé, alors que le transport est fait en port dû, le
transporteur dispose d’une double garantie : le droit de rétention et le droit de
préférence.
B – LA RESPONSABILITE DU TRANSPORTEUR
1 – L’étendue de la responsabilité
Le transporteur est présumé responsable en cas d’avarie, de perte totale ou partielle qui
s’est produite pendant la période de transport et du retard dans la livraison. Le retard
équivaut à la perte totale des marchandises mais le transporteur bénéficie d’un délai de
grâce de trente(30) à soixante(60) jours.
- Pour les avaries et pertes non apparentes, le délai de réclamation est de sept(7)
jours, dimanche et jours fériés non compris. Cette réclamation est admise en
cas de contestation commune ou non à la livraison.
- Pour les avaries et pertes apparentes, le délai de réclamation est de un(1) jour ‘le
premier jour ouvrable suivant la livraison). Cette réclamation est admise seulement
si, à la livraison, il n’y a pas eu de contestation commune.
Une fin de non-recevoir : c’est un moyen de défense par lequel un plaideur soutient que
son adversaire n’a pas d’action et que sa demande est irrecevable. Le transporteur peut
opposer une fin de non-recevoir à condition que les marchandises soient livrées, mais que
le destinataire ne réclame pas dans le délai prévu par la loi.
II – LA VENTE COMMERCIALE
Le contrat de vente est une convention par laquelle une personne appelée vendeur,
transfère la propriété d’une chose à une autre personne appelée acheteur qui s’oblige à
en payer le prix.
Il s’agit des conditions générales de validité des contrats telles que le consentement, la
capacité, l’objet et la cause. En effet, l’article 237 AUDCG dit que la vente commerciale est
soumise aux règles du droit commun des contrats et de la vente qui ne sont pas contraires
aux dispositions de l’AUDCG.
C’est l’accord de volonté des parties à la vente. Il doit non seulement exister, mais aussi
intègre63. Le contrat se conclut soit par l’acception d’une offre, soit par un comportement
des parties qui indique suffisamment leur accord.
b – La capacité à contracter
Les parties au contrat de vente doivent être capables. Les mineurs non émancipés et les
majeurs incapables ne peuvent conclure valablement un contrat de vente.
L’objet du contrat doit être licite. Il faut que la chose vendue existe et soit dans le
commerce. Le prix de la chose doit être déterminé et déterminable. Le prix doit être réel et
sérieux.
Le contrat de vente commerciale peut être écrit ou verbal64 ; il n’est soumis à aucune
condition de forme : C’est le principe du consensualisme qui prévaut sur le formalisme.
Cependant, des conditions particulières sont exigées dans certains contrats de vente. Par
exemple :
- l’écrit est exigé s’il s’agit d’un bien d’une grande valeur.
- la publicité est requise dans la vente des biens immeubles.
63
L’intégrité du consentement implique l’absence des vices du consentement (erreur, dol, violence).
64
Article 240 de l’AUDCG.
Sont exclus du champ d’application : les ventes aux consommateurs, les ventes
judiciaires, les ventes aux enchères publiques, de valeurs mobilières, d’effets de
commerce, de monnaie, les contrats de fourniture de marchandises dans lesquels la part
prépondérante de l’obligation du fournisseur consiste dans une fourniture de main-
d’œuvre ou d’autres services, les ventes de navires, bateaux, aéroglisseurs et aéronefs,
d’électricité.
1 – Le transfert de propriété
En principe, en droit OHADA le transfert de propriété s’opère dès la prise de livraison des
marchandises par l’acheteur. Exceptionnellement, les parties peuvent librement convenir
de différer le transfert de propriété au jour du paiement complet du prix : c’est la clause de
réserve de propriété. Entre les parties, la clause de réserve de propriété n’est valable
que si elle a été mentionnée dans le contrat de vente, le bon de commande ou de
livraison. Elle n’est opposable aux tiers que si elle a été régulièrement publiée au Registre
du Commerce et du Crédit Mobilier.
2 – Le transfert de risques
65
Article 235 AUDCG.
Chapitre
LES EFFETS DE COMMERCE
2
Un effet de commerce est un titre à ordre transmissible par voie d’endossement et qui
constate l’obligation de payer une somme d’argent à une date donnée. Le droit cambiaire
est l’ensemble des règles applicables aux effets de commerce.
I – LA LETTRE DE CHANGE
La lettre de change ou traite est un écrit par lequel une personne (le tireur) donne l’ordre
à une autre personne (tiré) de payer à une échéance donnée une certaine somme
d’argent à une troisième personne (le bénéficiaire).
3 – Les parties
4 – La provision
C’est la créance du tireur sur le tiré. Il n’est pas nécessaire que la provision existe au
moment du tirage de la lettre de change. Il suffit qu’elle existe à l’échéance de la lettre de
change.
L’acceptation est l’engagement pris par le tiré sur la lettre de change d’en payer le
montant au porteur qui la présentera à l’échéance. Elle doit être pure et simple.
L’acceptation sous condition équivaut à un refus d’acceptation ce qui entraine la
déchéance du terme. Par l’acceptation, le tiré devient le débiteur principal. Même s’il n’a
pas reçu la provision, il est tenu de payer le porteur de la lettre de change qui est de
bonne foi.
La lettre de change circule par endossement. L’endossement est une inscription au dos de
la lettre de change d’une mention par laquelle le porteur actuel (endosseur) transfère ses
droits au nouveau porteur (endossataire). Il existe trois types d’endossement :
Le tiré doit payer la lettre de change soit le jour de l’échéance soit les deux(2) jours
ouvrables qui suivent. Aucun délai ne peut être accordé au débiteur (tiré). En cas de
refus, le porteur doit faire dresser un protêt faute de paiement.
Pour garantir le paiement de la lettre de change, le droit cambiaire a créé deux règles :
II – LE BILLET A ORDRE
Le billet à ordre est un titre par lequel une personne appelée souscripteur s’engage à
payer à une échéance donnée, une somme d’argent à une autre personne appelée
bénéficiaire ou à son ordre.
Elles sont les mêmes que celles de la lettre de change précédemment analysée.
Elles concernent les mentions obligatoires du billet à ordre. Ces mentions sont les
suivantes :
- l’ordre à payer,
- le titre billet à ordre,
- la somme à payer,
- l’échéance,
- le lieu et la date de souscription,
- le nom du bénéficiaire.
C’est le même régime juridique que celui de la lettre de change en ce qui concerne
l’échéance, le paiement, l’endossement, les recours. Par exemple, le souscripteur du billet
à ordre a les mêmes obligations que l’accepteur d’une lettre de change. Toutefois, il y a
quelques différences :
- Le souscripteur d’un billet à ordre est à la fois tireur et tiré, ce qui n’est pas le cas
dans la lettre de change.
- Il n’y a pas de provision dans le billet à ordre puisqu’il n’y a pas de créance du tireur
sur le tiré.
- Dans la lettre de change, l’effet est émis par le créancier alors que dans le billet à
ordre, il est émis par le débiteur.
NB : Le billet à ordre est considéré comme payable à vue s’il ne mentionne pas
d’échéance.
III – LE WARRANT
Le warrant est un billet à ordre souscrit par un commerçant et garanti par les
marchandises déposées dans un magasin général. Le warrant constitue une partie d’un
document double appelé récépissé-warrant.
a – Définition
2 – Notion de récépissé-warrant
a – Définition
Le récépissé-warrant est un document remis par le magasin et qui sert de preuve du dépôt
dans les magasins généraux.
b – La composition du récépissé-warrant
Comme son nom l’indique, le récépissé-warrant est composé de deux documents que
sont :
B – LE MECANISME DU WARRANT
Pour mettre en gage les marchandises, le déposant doit détacher le warrant du récépissé
et l’endosser à l’ordre de son créancier. Cet endossement doit être publié. La publication
se fait par la transcription de l’endossement sur la souche au Magasin Général et
mentionné au recto du récépissé.
Le récépissé et le warrant séparés l’un de l’autre, peuvent changer de main. Chaque titre
peut circuler par endossement.
D – LE PAIEMENT DU WARRANT
A – LE CHEQUE
Le chèque est un titre par lequel une personne appelée tireur, donne l’ordre à sa banque
(le tiré) de payer une somme d’argent à elle-même ou à une autre personne (le
bénéficiaire).
En dehors du chèque simple (ou chèque endossable ou chèque non barré), on distingue
le chèque barré (ou non endossable) qui ne peut être endossé que par une banque c’est-
à-dire que ce chèque ne peut être payé que par la banque du tireur à une autre banque.
L’intérêt du chèque barré est qu’il limite les risques en cas de perte ou vol de chéquier.
Elles sont relatives aux mentions obligatoires du chèque. Les mentions obligatoires sont
les suivantes :
- l’ordre de payer,
- la dénomination ‘’chèque’’,
- le montant de la somme à payer,
- la signature du tireur ou du bénéficiaire,
- le nom du tiré,
- la date et le lieu de souscription du chèque,
- le lieu de paiement.
- Le tireur doit avoir la capacité juridique d’effectuer des paiements par chèque. En
d’autres termes, il ne doit pas être interdit d’opérations bancaires.
- La provision doit être préalable, disponible et suffisante. On appelle provision, la
créance de somme d’argent que possède le tireur contre le tiré.
- La provision doit être préalable signifie qu’elle doit exister au moment de l’émission
du chèque. C’est pourquoi l’émission de chèque sans provision est un délit pénal
passible d’emprisonnement.
- La provision doit être disponible signifie qu’elle doit être supérieure ou égale au
montant du chèque.
NB : Il existe deux procédés pour garantir l’existence de la provision. Le premier est le
chèque visé (il prouve que la somme est disponible lors de l’émission, mais n’est pas
bloquée). Le second est le chèque certifié (il assure à son bénéficiaire le paiement car la
somme est bloquée pour lui).
2 – L’endossement du chèque
a – Définition
3 – Le paiement du chèque
a – La présentation au paiement
Le chèque étant un titre payable à vue. Il peut être présenté au paiement dès son
émission, quelle que soit la date qui y est apposée. Le chèque postdaté est ainsi
valablement présenté et doit être payé dès avant sa date d’émission prétendue.
Le point de départ de ces délais est le jour porté sur le chèque comme date d’émission.
b – L’obligation de payer
Les incidents de paiement sont : le refus de paiement de chèque sans provision, les
oppositions pour perte ou vol de chèque.
Le tireur peut faire opposition au paiement du chèque qu’il a émis en cas de perte, de vol,
d’utilisation frauduleuse du chèque, de redressement judiciaire ou de liquidation des biens
du porteur. L’opposition est une action destinée à faire obstacle au paiement du
chèque par le tiré. Dans ce cas, le banquier ne doit pas payer. Il n’a pas à se faire juge
de la régularité de l’opposition.
Le banquier est dans l’obligation de refuser de payer le porteur. Le porteur impayé dispose
d’un recours contre les signataires du chèque, notamment le tireur. Ces incidents sont
centralisés et diffusés par la BCEAO grâce à la déclaration des banques et même du
ministère public.
B – LE COMPTE EN BANQUE
Le compte bancaire est un état comptable sur lequel est inscrit l’ensemble des
opérations effectuées entre une banque et son client. L’ouverture d’un compte en
banque est une convention par laquelle les parties s’engagent à compenser leurs dettes et
créances.
NB : Le banquier est tenu d’ouvrir un compte à toute personne qui remplit les conditions
sauf s’il s’agit d’une personne de moralité douteuse.
C’est un compte destiné à enregistrer les dépôts et les retraits de fonds effectués par un
client dans sa relation contractuelle avec la banque. La date de remboursement des
dépôts dépend de la convention qui lie le banquier à son client. Il existe trois types de
dépôt :
NB : Le compte de dépôt est ouvert aux non commerçants. Une même personne peut
avoir plusieurs comptes. Plusieurs personnes peuvent avoir un même compte qu’on
appelle compte joint.
b – Le compte courant
C’est un compte ouvert aux commerçants. Il résulte d’une convention par laquelle la
banque et le commerçant décident de porter réciproquement en compte toutes les
opérations juridiques qu’ils feront entre eux de manière à ce qu’il y ait des compensations
successives et de ne procéder au règlement final qu’à la clôture du compte par le
paiement du solde.
V – LA CARTE BANCAIRE
La carte bancaire est un document standardisé émis par des banques ou de grands
magasins permettant à son titulaire d’effectuer des règlements ou des prestations de
services chez les commerçants ou d’obtenir des espèces auprès des banques. La carte
bancaire est personnelle pour chaque titulaire.
La carte bancaire peut avoir trois fonctions auxquelles elle prend trois sortes
d’appellations :
- La carte de crédit : C’est une carte bancaire permettant une ouverture de crédit
par la banque.
- La carte de retrait : C’est une carte bancaire permettant seulement de retirer des
fonds disponibles sur son compte.
- La carte de paiement : C’est une carte bancaire permettant aussi bien les retraits
que les transferts de fonds et les paiements.
La carte bancaire obéit, pour sa validité, aux conditions générales de validité des contrats.
S’agissant de la carte de paiement, il faut noter que son utilisation repose sur deux
conditions :
La preuve de l’ordre de paiement résulte souvent de la composition d’un code secret sur
un clavier.