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COURS DE FISCALITE LOCALE DU Dr Ibrahim MOULIOM

UNIVERSITE DE DOUALA
FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES

MASTER PROFESSIONNEL EN FISCALITE


Administration Fiscale/ Fiscalité Appliquée

COURS DE FISCALITE LOCALE


Dr Ibrahim MOULIOM

ANNEE ACADEMIQUE 2021-2022

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COURS DE FISCALITE LOCALE DU Dr Ibrahim MOULIOM

La loi n° 96/06 du 18 Janvier 1996 portant révision de la constitution du 02 Juin 1972


a pris une option décisive sur la décentralisation lorsqu’elle dispose en son article 1 er alinéa 2
que : « La République du Cameroun est un Etat unitaire décentralisé ».
En prenant appui sur cette loi constitutionnelle, le législateur a mis sur pied une série
de textes portant sur les collectivités territoriales décentralisées. Il s’agit notamment de :
- La loi n° 2004/017 du 22 Juillet 2004 portant orientation de la décentralisation ;
- La loi n° 2004/018 du 22 Juillet 2004 fixant des règles applicables aux communes ;
- La loi n° 2009/011 du 10 Juillet 2009 portant régime financier des collectivités
territoriales décentralisées au Cameroun ;
- Tous ces textes ont été abrogés par la Loi N°2019/024 du 24 Décembre 2019 portant
Code Général des collectivités territoriales décentralisées ;
- La loi n° 2009/019 du 15 Décembre 2009 portant fiscalité locale.
La loi fondamentale qui fait des communes et des régions, des collectivités territoriales
décentralisées a généré deux importants textes portant l’un sur le code général des
collectivités territoriales décentralisées et l’autre sur la fiscalité locale. Ces deux textes
consacrent résolument l’autonomie financière des collectivités territoriales décentralisées.
Pour ce faire, il a fallu que les communes et les régions aient leurs ressources propres et cela
ne pouvait être possible qu’à travers la fiscalité locale. L’étude de la fiscalité locale peut se
réduire à l’étude de l’impôt et de la taxe locale.
Qu’est-ce que l’impôt ? Quelle signification donne-t-on à la taxe ?
L’impôt peut être défini d’après le professeur Gaston JEZE comme « une prestation
pécuniaire requise des particuliers sans contrepartie, à titre définitif, par voie de contrainte
et ayant pour objectif la couverture des charges publiques ».
La taxe quant à elle est une prestation pécuniaire perçue en contrepartie d’un service
rendu et ayant parfois une finalité économique ou sociale.
Dans l’esprit de cet enseignement, la fiscalité locale traduit l’ensemble des dispositions
législatives et réglementaires régissant les impôts et taxes et dont les produits reviennent
aux collectivités publiques locales : notamment les communautés urbaines, les communes et
les régions qui sont aujourd’hui toutes opérationnelles.

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La fiscalité locale participe du souci de l’Etat de doter les collectivités territoriales


décentralisées en même temps qu’il les responsabilise, des ressources financières propres et
indispensables à la réalisation des projets de développements locaux (infrastructures
diverses, éducation, santé, environnement, etc.…).
Le cours de fiscalité locale portera sur divers points à savoir :
- Les impôts communaux ;
- Les centimes additionnels communaux ;
- Les taxes communales ;
- Les impôts et taxes des régions ;
- Le recouvrement et le contentieux des impôts locaux.

CHAPITRE I : LES IMPOTS COMMUNAUX


Une collectivité territoriale décentralisée ne peut percevoir un impôt, une taxe ou
une redevance que si cette imposition est créée par la loi, votée par l’organe délibérant et
approuvée par l’autorité de tutelle. Les taux de ces prélèvements sont arrêtés par
délibération de l’organe délibérant dans le respect des fourchettes fixées par la loi.
Au Cameroun, les impôts communaux sont constitués de :
- L’impôt libératoire ;
- La contribution des patentes ;
- La contribution des licences ;
- La taxe foncière sur les propriétés immobilières ;
- La taxe sur les jeux de hasard et de divertissement ;
- Les droits de mutation d’immeubles ;
- Le droit de timbre automobile ;
- La redevance forestière annuelle.
SECTION I: L’IMPOT LIBERATOIRE
Paragraphe I: Notion de l’impôt libératoire
L’impôt Libératoire est un impôt institué par la loi de finances portant sur l’exercice
95/96 en remplacement de l’impôt forfaitaire supprimé par la même occasion. Il consiste en

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un prélèvement de moindre importance que les pouvoirs publics effectuent sur les revenus
de faible montant issus des activités autres que salariales.
En tout état de cause, l’impôt libératoire ne trouve son champ d’application que
lorsque le revenu imposable ne permet pas de classer l’assujetti dans l’un des régimes plus
élevés à savoir le régime simplifié ou le régime du réel.
Paragraphe II : LES PERSONNES SOUMISES A L’IMPOT LIBERATOIRE ET LE SEUIL
D’ASSUJETTISSEMENT
Relèvent de l’impôt libératoire, les personnes physiques quel que soit leur sexe, qui
exercent une activité commerciale, industrielle, artisanale ou agropastorale et qui ne
peuvent être imposées :
- Ni au régime simplifié (CAHT supérieur ou égal à 10 millions et inférieur à 50 millions)
- Ni au régime du réel (CAHT supérieur ou égal à 50 millions).
Paragraphe III : LE PAIEMENT DE L’IMPOT LIBERATOIRE
Le paiement de l’impôt libératoire est exclusif du paiement de la patente, de l’IRPP
sauf en cas de retenue à la source.
Toutefois, les services des impôts conservent le pouvoir le cas échéant, de procéder à
un relèvement qui permet de soumettre le contribuable au régime de la patente si et
seulement si des éléments objectifs le prouvent. Dans ce cas, l’impôt libératoire acquitté
constitue un crédit à déduire de la patente due (Art C12 et C13).
Paragraphe IV : LES MODALITES D’ASSIETTE DE L’IMPOT LIBERATOIRE
L’impôt libératoire est liquidé par les services des impôts en application du tarif
arrêté par les collectivités publiques locales bénéficiaires du montant de cet impôt à
l’intérieur d’une fourchette fixée par catégorie d’activité listée ainsi qu’il suit à l’art C46 Al 1 :
1. Activité autre que les transporteurs
- Catégorie A de 0 à 20 000 F /an
- Catégorie B de 21 000 à 40 000 F /an
- Catégorie C de 41 000 à 50 000 F/an
- Catégorie D de 51 000 à 1 00 000 F/an
2. Ordonnance N°2014/001 du 07 juillet 2014 pour les transporteurs
- Catégorie A. De 0 à 10000 FCFA
- Catégorie B. De 10001 à 20 000 FCFA
- Catégorie C. De 20001 à 25 000 FCFA

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- Catégorie D. De 25001 à 50 000 FCFA


Les communes peuvent à l’intérieur de chaque catégorie appliquer des taux spécifiques à
chaque activité dans la limite de la fourchette concernée.

• Catégorie A voir liste exhaustive art C46 (2) (a)


Relèvent de la catégorie A, les producteurs, prestataires de services et commerçants
réalisant un chiffre d’affaires annuel inférieur à FCFA 2 500 000. (LF 2012).
. Catégorie B voir liste exhaustive art C46 (2) (b).
Relèvent de la catégorie B, les producteurs, prestataires de services et commerçants
réalisant un chiffre d’affaires annuel égal ou supérieur à FCFA 2 500 000 et inférieur à FCFA 5
000 000. (LF 2012).
Catégorie C voir liste exhaustive art C46 (2) (c)
Relèvent de cette catégorie, les producteurs prestataires de services et commerçants
réalisant un chiffre d’affaires annuel égal ou supérieur à FCFA 5 000 000 et inférieur à FCFA 7
500 000. (LF 2012)
Catégorie D voir liste exhaustive art C46 (2) (d)
Relèvent de cette catégorie, les producteurs, les prestataires de services et
commerçants réalisant un chiffre d’affaires annuel égal ou supérieur à FCFA 7 500 000 et
inférieur à FCFA 10 000 000.
- Les exploitants de baby-foot dont le nombre de machines est inférieur à 10 ;
- Les exploitants de flippers et jeux vidéo dont le nombre de machines est inférieur à 5 ;
- Les exploitants de machines à sous dont le nombre de machines est inférieur à 3. (LF 2012)
Paragraphe V : LES FORMALITES ADMINISTRATIVES ET LE RECOUVREMENT DE L’IMPOT
LIBERATOIRE
A- Les formalités administratives
Toute personne physique qui entreprend une activité soumise à l’impôt libératoire
est tenue de :
• Faire une demande verbale ou écrite ;
• Cette demande est adressée au service des impôts territorialement compétent ou au
bureau de la mairie en cas d’inexistence d’un centre des impôts dans les 15 jours qui suivent
le début des activités ;
• La demande écrite doit comporter les renseignements ci-après :

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i. Noms et prénoms ou raison sociale ;


ii. Date et lieu de naissance ou de constitution ;
iii. Noms, prénoms et adresse du père ou du gérant ;
iv. N° d’identification (Carte de contribuable) et adresse de la mère ou de la gérante ;
v. Nationalité ;
vi. Adresse postale ;
vii. Résidence, N° et nom de la rue (localisation) ;
viii. N° de la CNI ;
ix. Numéro de téléphone ;
x. Nature de l’activité ;
xi. Numéro du centre des impôts ;
xii. Montant du Chiffre d’affaires,
xiii. Etc.
B- Recouvrement
Le recouvrement de l’impôt libératoire est assuré par la recette municipale ou par le
poste comptable public de rattachement dans les localités qui ne disposent pas de recette
municipale. L’impôt libératoire est dû :
• Par commune ;
• Par établissement ;
• Par activité en cas d’existence de plusieurs activités dans le même établissement.
Le marchand ambulant qui justifie du paiement de l’impôt libératoire dans la
commune de son domicile n’est plus imposable dans les autres communes pour cette même
activité.
L’impôt libératoire se paie par tranche trimestrielle dans les 15 jours du début de
chaque trimestre à l’aide d’une fiche comprenant les noms et prénoms, adresse catégorie de
l’impôt et le trimestre auquel se rapporte le paiement.
Toutefois, le contribuable peut s’il le désire s’acquitter de l’impôt annuel en un seul
versement. Cet impôt est dû dans la commune du lieu d’exercice de l’activité.
Paragraphe VI : LES OBLIGATIONS DES ASSUJETTIS ET LES SANCTIONS
A- Les obligations
• Obligation de déclaration

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Les redevables de l’impôt libératoire sont tenus de déclarer leur activité dans les 15
jours du début de cette dernière pour les nouveaux, et 15 jours du début du premier
trimestre pour les autres.
• Obligation de paiement
Toute déclaration d’activité relevant de l’impôt libératoire doit s’accompagner du
paiement dans les mêmes délais.
• Obligation de présentation
Tout contribuable relevant de l’impôt libératoire est tenu de présenter la fiche de
suivi de l’impôt libératoire à toute réquisition du centre des impôts ou des services de la
commune.
B- Les sanctions
L’inobservation de ces diverses obligations est sanctionnée par les mêmes pénalités
qu’en matière de patente.
- Le défaut d’affichage de la fiche entraîne fermeture de l’établissement. Il est en outre
sanctionné par une amende fiscale de 5 000 FCFA.
- Pour les marchands ambulants, le défaut de présentation entraîne la saisie des
marchandises.
- Le paiement hors délai est passible d’une pénalité de 30 % et entraîne la fermeture d’office
et immédiate de l’établissement.
L’assujettissement à l’impôt libératoire n’exclut pas une possibilité de reclassement à
la patente surtout si les éléments objectifs et positifs permettent de déterminer le chiffre
d’affaires réel réalisé par le contribuable. Ce dernier peut alors être reclassé au régime
simplifié ou réel.
L’impôt libératoire ainsi payé devient un crédit d’impôt à valoir sur le principal de la
contribution de la patente.
SECTION II : LA CONTRIBUTION DES PATENTES (Art C8 et suivants CGI)
Paragraphe I : Les principes généraux
A. La notion de la patente
La patente est un impôt direct perçu à l’occasion de l’exercice d’une activité
industrielle, commerciale, économique ou toute autre profession non prévue dans la liste
des exceptions légales (Art C11 CGI). En d’autres termes, il s’agit d’un prélèvement perçu à
l’occasion de l’exercice effectif et habituel d’une activité lucrative. Elle se paie par

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anticipation dans les deux mois qui suivent le début de l’exercice fiscal ou à la fin de
l’exonération temporaire pour les activités nouvelles (Art C23 Al 1). A titre de rappel,
jusqu’au 31 décembre 2014, les entreprises nouvelles bénéficiaient d’un avantage en
matière de contribution de la patente à savoir l’exonération du paiement de la patente
pendant une période de deux exercices. La LF 2015 a procédé à des modifications ainsi qu’il
suit :
- Les entreprises nouvellement créées bénéficient désormais d’un seul exercice
d’exonération ;
- Pour bénéficier du deuxième exercice d’exonération, il faut que l’entreprise
soit encadrée par un centre de gestion agréé.
B. Les critères d’assujettissement
De manière générale, l’exercice effectif et habituel d’une activité patentable ainsi que
son but lucratif emporte assujettissement au paiement de la patente. (Art C9).
Il faut entendre par activité patentable tout commerce, toute industrie et toute
profession non prévue dans la liste des exceptions (Art C11).
Il faut entendre par exercice effectif et habituel, toute personne physique ou morale
de nationalité camerounaise ou étrangère qui exerce réellement au Cameroun et de manière
continue une activité patentable.
Il faut entendre par but lucratif, toute personne qui exerce une activité et en tire un
bénéfice.
C. Les caractéristiques de la Patente
1- L’annualité de la patente (Art C18)
La patente est due au titre d’une période de 12 mois correspondant à l’exercice fiscal
et elle doit être renouvelée au plus tard dans les deux mois qui suivent la fin de l’exercice.
2- La personnalité de la patente (Art C16 et C17)
La patente est établie au nom de la personne qui exerce l’activité et n’est valable que
pour elle seule.
Paragraphe II : LES EXONERATIONS (Art C11)
Le législateur a prévu un certain nombre d’exonérations à la contribution des
patentes. Il s’agit entre autres de :

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- L’Etat, les collectivités publiques locales, les établissements publics et les organismes d’Etat
pour leurs activités à caractère culturel, éducatif, sanitaire, social, sportif ou touristique quel
que soit leur situation à l’égard de la TVA ;
• Les personnes Physiques assujetties à l’impôt libératoire ;
• Les sociétés coopératives de développement rural et des sociétés de secours et de prêts
agricoles fonctionnant conformément à leur objet ;
• Les auteurs compositeurs ;
• Les établissements privés d’enseignement reconnus par le MINEDUB, MINESEC, MINESUP ;
• Les caisses d’épargne, et de prévoyance sociale administrées gratuitement, les assurances
mutuelles régulièrement autorisées et fonctionnant conformément à leur objet ;
• Les salariés pour le seul exercice de leurs professions salariées ;
• Les centres hospitaliers exploités par les congrégations religieuses ou par les organismes à
but non lucratif ;
• Les cultivateurs, planteurs et éleveurs seulement pour la vente et la manipulation des
récoltes et des fruits provenant des terrains qui leur appartiennent ou par eux exploités, ou
pour la vente du bétail qu’ils élèvent, qu’ils entretiennent ou qu’ils engraissent ;
• Les pécheurs et inscrits maritimes se livrant personnellement à la pêche et effectuant eux-
mêmes la vente des produits de leur pêche ;
• les propriétaires ou fermiers de marais salants ;
• Les propriétaires ou locataires louant accidentellement en meublé une partie de leur
habitation personnelle, lorsque d’ailleurs cette location ne présente aucun caractère
périodique ;
• Les piroguiers à l’exception de ceux qui utilisent un bateau à moteur ou à vapeur ;
. Les associés de sociétés en nom collectif, en commandite, à responsabilité limitée ou
anonyme ;
• Les cantiniers attachés à l’armée, lorsqu’ils ne vendent pas de boissons alcooliques et ne
vendent pas au public ;
• Les établissements privés ayant pour but de recueillir les enfants pauvres et de leur
dispenser une formation ;
• Les voyageurs, placiers de commerce et d’industrie, qu’ils travaillent pour le compte d’une
ou de plusieurs maisons, qu’ils soient rémunérés par des remises ou des appointements

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fixes, à la condition qu’ils n’aient pas de personnalité professionnelle indépendante de celle


des commerçants dont ils placent les produits ;
Ceux qui vendent en ambulance, soit dans les rues, soit dans les lieux de passage, soit dans
les marchés des fleurs ou des menus comestibles ;
• Les planteurs vendant du bois de chauffage provenant exclusivement du
débroussaillement pour la mise en valeur de leur plantation ;
• Les explorateurs, les chasseurs ;
• Les économats, syndicats agricoles, et sociétés coopératives de consommation, à la
condition qu’ils ne possèdent pas de magasins de vente et se bornent à grouper les
commandes de leurs adhérents et à distribuer, dans leurs magasins de dépôt, les denrées,
produits ou marchandises qui ont fait l’objet de la commande ;
• Les vendeurs ambulants sur la voie publique des journaux et périodiques, à l’exclusion de
tout article de librairie et sous réserve que leur activité ait été régulièrement déclarée
conformément à la législation en vigueur ;
• Les sociétés coopératives et/ou leurs unions ainsi que les groupes d’initiative commune
(GIC), ayant pour objet :
1. Soit d’effectuer ou de faciliter toutes les opérations concernant la production, la
conservation ou la vente des produits agricoles provenant exclusivement des exploitations
des associés ;
2. Soit de mettre à la disposition de leurs sociétaires pour leur usage, du matériel, des
machines et des instruments agricoles.
Paragraphe III : La liquidation et le paiement de la patente
La contribution de la patente se calcule par application d’un taux sur le chiffre
d’affaires annuel réalisé par le contribuable. Les nouveaux contribuables qui par définition
n’ont pas encore réalisés de CA, sont exemptés de la contribution des patentes. C’est le cas
des contribuables qui se présentent auprès des Centres de Formalités de Création des
Entreprises où il leur sera délivré exclusivement la carte de contribuable.
La reforme entreprise en 2017 a consacré la simplification des taux ainsi que les
modalités de liquidation de la contribution des patentes.
Les sept classes de patentes applicables jusqu’au 31 décembre 2016 ont été
remplacées dans la LF de l’exercice 2017 par trois tranches de chiffre d’affaires
correspondant à la segmentation nouvelle de la population fiscale (grandes, moyennes et

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petites entreprises). Ainsi, la nouvelle loi a déterminé des taux uniques par tranche
correspondant à la contribution globale due.
Les nouveaux taux de la contribution des patentes sont déterminés comme suit :
 0,159 % pour les grandes entreprises : c’est-à-dire les entreprises relevant de la
DGE, pour une contribution plancher de 5 000 000 FCFA et un plafond de 2,5
milliards ;
 0,283 % pour les moyennes entreprises : c’est-à-dire les entreprises relevant des
CIME, des CSI (Centre Spécialisés des Impôts) et de CSIPLI (Centres Spécialisés des
Impôts des Professions Libérales et de l’Immobilier, pour une contribution
plancher de 141 000 FCFA et un plafond de 4 500 000 FCFA ;
 0,494 % pour les petites entreprises : c’est-à-dire les entreprises relevant des
Centres Divisionnaires des Impôts (CDI), pour une contribution plancher de
50 000 FCFA et un plafond de 140 000 FCFA.
 REMARQUE :
Il y a lieu de relever que la loi de finances de l’exercice 2017 avait procédé à la
suppression de l’abattement de 5% par tranche de 500 000 000 F CFA de CA au-dessus de
deux (2) milliards. Ainsi, la patente est désormais liquidée sur le chiffre d’affaires global de
l’entreprise sans aucun abattement. Le montant de la contribution des patentes demeure
reparti aux mêmes structures comme par le passé.
S’agissant de la contribution des patentes des transporteurs de personnes et de
marchandises qui obéissait jusqu’au 31 décembre 2016 à un régime fiscal particulier, elle est
désormais assise sur le chiffre d’affaires déclaré comme c’est le cas pour tous les autres
assujettis à cet impôt. Les transporteurs acquittent leur patente selon les mêmes modalités
et dans le même délai que le système de droit commun.
Par ailleurs, les personnes exerçant une activité soumise à la contribution des
patentes, même en cas d’exonération, sont tenues d’en faire la déclaration par écrit au
centre des impôts compétent dans les 15 jours suivants le démarrage de l’activité.
Tout patentable est tenu de produire à toute réquisition de l’administration fiscale,
une attestation de non redevance en cours de validité.
A : Les bénéficiaires de la contribution des patentes
Il s’agit notamment :
 Le principal de la patente (Communauté urbaine et commune)
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 Le FEICOM ;
 La RAV (Redevance Audio-Visuelle) à la CRTV ;
 La CCIMA/CAPEF (Chambre de Commerce, d’Industrie, de Mines et de l’Artisanat/
Chambre d’Agriculture, de la Pêche, de l’Elevage et des Forêts ;
 La TDL destinée à la commune.
La contribution des patentes est affectée à chaque bénéficiaire selon une clé de
répartition définie selon les taux suivants :
 Commune : 39,4% ;
 FEICOM : 9,85% ;
 RAV : 49,27% ;
 CCIMA/CAPEF : 1,48% ;
Il est à remarquer que les frais d’assiette et de recouvrement s’élèvent à 10% sur la
quote-part revenant à chaque bénéficiaire.
Concrètement, le montant de la TDL déterminé conformément aux dispositions de l’article
C58 du CGI doit être déduit du montant de la contribution globale. La différence qui en
résulte se voit appliquer le taux de 10% avant la ventilation aux différents bénéficiaires
selon la clé de répartition sus évoquée.

EXEMPLE : Liquidez la contribution des patentes d’un opérateur économique dont le


chiffre d’affaires est de 10 000 000 FCFA au 31 décembre 2016 et relevant du CDI de
BONAMOUSSADI/ DOUALA.
RESOLUTION : Le taux est de 0,494 %.
Total patente = 10 000 000 X 0,494 % = 49 400 FCA
Or, la contribution plancher est de 50 000 FCFA, donc c’est avec ce chiffre qu’on
travaillera. Ainsi, la TDL est de 9 000 FCFA. Lorsqu’on déduit les 9 000 FCFA du montant total
de la patente, on a : 50 000 – 9 000 = 41 000
A partir d’ici deux méthodes s’offrent à nous :
1ère Méthode : Déduction des frais d’assiette 10%
41 000 x 10 % = 4 100 FCFA
Différence 41 000 – 4 100 = 36 900
A partir de cet instant, on procède à la répartition de cette différence.

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Principal patente (Commune) = 36 900 x 39,4% = 14538,6


FEICOM = 36 900 x 9,85% = 3 634,65
RAV (CRTV) = 36 900 x 49,27% = 18 180,63
CCIMA/CAPEF = 36 900 x 1,48% = 546,12
2ème Méthode : Affectation pure et simple des 41 000 FCFA aux bénéficiaires selon la
clé de répartition connue et déduction des 10% pour frais d’assiette et de recouvrement au
montant de chaque bénéficiaire. Cette méthode est plus longue.
 Commune (principal patente) = 41 000 x 39,4% = 16 154 x Frais d’assiette 10% =
1 615,4 Différence = 16 154 – 1 615,4 = 14 538,5
 FEICOM = 41 000 x 9,85% = 4 038,5 x Frais d’assiette 10% = 403,85
Différence = 4 038,5 – 403,85 = 3 634,65
 RAV (CRTV) = 41 000 x 49,27% = 20 200,7 x Frais d’assiette 10% = 2 020,07
Différence = 2 0200,7 – 2 020,07 = 18 180,63
 CCIMA/CAPEF = 41 000 x 1,48% = 606,8 Frais d’assiette 10% = 60,68
Différence = 606,8 – 60,68 = 546,12
B : Les cas d’exceptions légales
Dans le cas des activités commerciales, lorsqu’aucun élément comptable ne permet
de déterminer exactement le chiffre d’affaires à soumettre à la patente, celui-ci est
considéré comme étant égal à 10 fois le stock constaté et évalué au prix de vente. Toutefois,
l’inspecteur ou le contrôleur a la possibilité d’établir la patente par comparaison à un
établissement similaire (Art. 15 al 1). Par ailleurs, lorsque le chiffre d’affaires déclaré par le
contribuable ne reflète manifestement pas la réalité, l’inspecteur a la possibilité d’évaluer la
patente en comparaison avec le chiffre d’affaires d’un établissement similaire existant et
exerçant la même activité. De même aucune patente d’import ou d’export ne peut être
établie en deçà de 10 millions. (Art. C15 al1).

C. EXERCICES D’APPLICATION
EXECICE I
Monsieur MOUNCHILI est un commerçant installé au Marché MOKOLO à YAOUNDE.
Au cours de l’exercice 2021, il a réalisé un chiffre d’affaires de 134 558 346 FCFA. Ayant
appris que vous suivez une formation de haut niveau en fiscalité, il vous demande de

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déterminer le montant de la patente qu’il mérite de payer au plus tard le 28 février 2022 au
Centre des impôts des moyennes entreprises 2(CIME 2) où il fait ses déclarations.
EXERCICE II
BELLE LA VIE est un Laboratoire d’analyses médicales installé à AKWA Douala. Il est
exonéré de la TVA mais assujetti au régime de la Patente. Ses activités ont effectivement
démarré le 1er avril 2022 et son compte d’exploitation prévisionnel fait ressortir un chiffre
d’affaires de 60 000 000 FCFA.
Etablissez sa patente au titre de l’exercice 2022 tout en sachant que ce laboratoire
entend faire ses déclarations au CIME II d’Akwa.
EXERCICE III
Quel est le montant de la patente due par la SOCABOIS située à MBALMAYO et
réalisant un CA annuel de 6 Milliards 128 millions. On rappelle que cette entreprise fait ses
déclarations à la DGE.

D : Le Paiement de la contribution des patentes


La patente doit être déclarée et payée dans un délai maximum de deux mois suivant
le début de l’exercice fiscal pour ce qui est des renouvellements, ou suivant la fin de
l’exonération temporaire pour les entreprises nouvelles.
Les contribuables assujettis à la contribution des patentes sont tenus de déclarer et
de s’acquitter en une seule fois des droits auxquels ils sont soumis.
La contribution des patentes est déclarée et liquidée par le redevable à l’aide d’un
imprimé servi par l’administration ou directement en ligne via l’application de
télédéclaration. Elle est payée à l’aide d’un bulletin d’émission lorsque la liquidation de la
patente est faite en dehors de l’application informatique de gestion des impôts et taxes ou à
l’aide d’un avis d’imposition lorsque la patente est télédéclarée à travers le portail web de la
DGI. (www.impôts.cm). L’avis d’imposition généré par le système sert de support de
paiement.
Pour les entreprises relevant des unités de gestion spécialisées, le paiement de la
patente se fait par virement bancaire dans le compte du Receveur des Impôts compétent.
Paragraphe IV : LES PENALITES DE LA PATENTE
I. Les pénalités d’assiette
A. Paiement tardif de la patente (art C29)

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Le paiement tardif de la patente entraîne l’application d’une pénalité de 10 % par


mois de retard et plafonné à 30 %. Tout mois commencé étant considéré comme entier.
L’intérêt de retard est de 1, 5 % par mois de retard et plafonné à 50 %. Tout mois
commencé étant considéré comme entier.
Les pénalités et intérêts de retard sont calculés sur la base du principal de l’impôt dû.
B. Le défaut de déclaration
Le défaut de déclaration ouvre droit à une taxation d’office pour l’année entière
assorti d’une majoration de 50 % à 100 % selon que la bonne foi soit établie ou non (art C30
al).
C. L’exercice illégal d’une activité prohibée
En cas d’exercice illégal d’une activité prohibée par la réglementation, un procès-
verbal est dressé par un agent assermenté et adressé à l’autorité compétente. La patente est
alors normalement calculée assorti d’une majoration de 100 % mais il n’est délivré aucun
titre de patente. (Art 179 als 2 et 3).
D. L’obligation de présentation de l’attestation de non redevance
L’entreprise n’est pas tenue d’afficher l’attestation de non redevance délivrée en lieu
et place du titre de patente. Toutefois, elle a l’obligation de présenter à toute réquisition de
l’administration fiscale, une attestation de non redevance en cours de validité (3 mois à
compter de la date de délivrance).
2 : Le régime des sanctions
Le défaut de présentation de l’attestation de non redevance en cours de validité aux
agents chargés de contrôle entraîne la fermeture d’office de l’établissement, sans préjudice
des sanctions prévues par ailleurs.
En ce qui concerne les transporteurs, le défaut de présentation de l’attestation de
non redevance entraîne la mise en fourrière du véhicule.
SECTION III : LA CONTRIBUTION DES LICENCES (art. C33 à C44)
Elle est régie par les articles C33 et suivant du CGI. Il s’agit d’une taxe additionnelle à
la patente ou à l’impôt libératoire. Dès lors que l’activité commerciale exercée par la
personne morale ou la personne physique concerne les boissons.
Paragraphe I : LE CHAMP D’APPLICATION, CARACTERISTIQUE ET CATEGORIES
 Champ d’application
La contribution des licences touche les opérations ci-après :

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1) La vente des boissons en gros ou en détail ;


2) La fabrication locale des boissons ;
3) L’importation des boissons.
 Caractéristiques
Comme la patente, la contribution des licences est annuelle, personnelle et non
susceptible de fractionnement.
 Catégorie des licences
Il existe deux catégories de licences :
1- Les boissons non alcoolisées (art. C34 al1) constituées de :
- La bière à teneur d’alcool nulle provenant de la fermentation d’un moût préparé à
l’aide de malt, d’orge ou de riz, de boulon et d’eau ;
- Cidre, poire et d’une manière générale tous jus fermentés de fruits à l’exception du
vin.
2- Les boissons alcoolisées (art. C34 al 2) constituées de bières, vins, liqueurs et
boissons autres que celles visées ci-dessus.
Paragraphe II : LES EXEMPTIONS A LA CONTRIBUTION DES LICENCES
 Détermination
Les exemptions légales autres que la non taxation à la contribution des licences
concernent :
1. Les eaux minérales ;
2. Les eaux gazeuses ;
3. Les eaux aromatisées obtenues par des extraits non alcoolisés (Jus pressé).
* Conditions
Les exemptions légales ci-dessus énumérées ne sont valables que lorsque la vente de
ces produits s’effectue dans un établissement distinct de celui des autres boissons
imposables.
Paragraphe III : ASSIETTE ET TARIF DE LA CONTRIBUTION DES LICENCES
La contribution des licences est calculée sur le montant de la patente ou de l’impôt
libératoire ainsi qu’il suit : (art C44 du CGI).

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Nature de l’activité Activités soumises à la Activités soumises à l’impôt

Classe de Elément de patente libératoire

Licence base
1ère classe Boissons non RAV x 2 IL x 1
alcoolisées
2ème classe Boissons RAV x 4 IL x 2
alcoolisées

Le montant de la licence ainsi obtenu contient le FEICOM (9,85%) qu’il convient de


déduire pour en faire mention dans la rubrique FEICOM.
Par ailleurs, la licence supporte aussi la CCIMA/CAPEF (1,48%). Le montant obtenu
est porté à la rubrique CCIMA/CAPEF.
Paragraphe IV : LE PAIEMENT
La contribution des licences se paie en même temps que la patente ou l’impôt
libératoire en versement unique pour l’année entière.
Lorsque l’IL est acquitté en tranche trimestrielle, la licence doit se payer en entier au premier
versement.
Paragraphe V : LES PENALITES
Les pénalités et intérêts de retard en matière de licences sont les mêmes que ceux
qui sont prévus pour la patente à savoir :
* 10 % par mois de retard avec un maximum de 30 % pour les pénalités de retard ;
* 1,5 % par mois de retard avec un maximum de 50 % pour les intérêts de retard ;
* En cas d’exercice sans paiement de la licence, il est procédé à une taxation d’office
majorée de 50% ou de 100% selon que la bonne foi ou la mauvaise foi est établie.
REMARQUE :
LA PATENTE DES ACTIVITES MIXTES : COMMERCE GENERAL ET VENTE DES BOISSONS
En cas de vente dans un même établissement des boissons et d’autres articles, une
patente globale de ce commerce général est assise sur le CA total. Cependant, la licence de
vente de boissons est calculée sur la base du seul C.A inhérent à la vente de boissons.
Le montant du CA total permet la liquidation de la patente. Mais pour les boissons,
la liquidation de la licence porte sur le chiffre d’affaires relatif à la vente des seules
boissons.
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Exercice d’application :
La société DUJARDIN a importé au cours de l’année 2021 des liqueurs qu’elle a
revendu au Cameroun et dans la sous-région CEMAC. Lors du dépôt de sa DSF pour le
compte de l’exercice 2021, elle a déclaré un CA de 3 milliards 100 millions pour les ventes au
Cameroun, et 2 milliards 600 millions pour les ventes en zone CEMAC. Liquidez sa patente et
sa licence au 28 Février 2022 tout en sachant que cette société fait ses déclarations à la DGE.

Section IV : Les autres impôts communaux


Il s’agit :
- De la taxe foncière sur les propriétés immobilières ;
- Des droits de mutation d’immeubles ;
- De la taxe sur les jeux de hasard et de divertissement ;
Les produits de ces impôts sont affectés en totalité à la commune du lieu de situation
de l’immeuble ou de l’établissement selon le cas.
- Du droit de timbre automobile ;
- De la redevance forestière annuelle.
Para 1 : La taxe foncière sur les propriétés immobilières (Art.577 CGI)
A : Le champ d’application
La taxe sur la propriété foncière est due annuellement sur les propriétés
immobilières, bâties ou non, situées au Cameroun, dans les chefs-lieux d’unités
administratives ou dans les agglomérations bénéficiant d’infrastructures telles que
les voies carrossables ou bitumées, d’adduction d’eau, d’électricité ou de téléphone.
Aussi bien les personnes physiques que les personnes morales de droit privé
propriétaires d’immeubles bâtis ou non sont redevables de cette taxe.

B : Le taux de la TFPI et la base d’imposition


Selon l’art. 581 CGI, le taux est de 0, 1 %.

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Cette taxe est assise sur la valeur des terrains et des constructions telle que
déclarée par le propriétaire.
A défaut de déclaration ou en cas de minoration, la valeur administrative de
l’immeuble est déterminée conformément à la loi (voir mercuriale en vigueur). Voir
art. 546 CGI.
C : Le lieu d’imposition
La déclaration de la TFPI est souscrite et l’impôt payé auprès du centre des impôts du
lieu de situation de l’immeuble. En revanche, pour les entreprises relevant d’une unité de
gestion spécialisée, la déclaration et le paiement sont effectués auprès de celle-ci.
D : Les obligations spécifiques
Les actes portant hypothèque, mutation de propriété ou de jouissance en matière
immobilière ne peuvent recevoir la formalité de l’enregistrement que sur justification du
paiement régulier de la TFPI. Toute immatriculation au registre de la conservation foncière
est conditionnée par la production d’une quittance de règlement de la taxe sur la propriété
foncière ou la présentation d’un certificat de non-imposition délivré par le service des
impôts compétents.
Le produit de la taxe foncière sur les propriétés immobilières est affecté à la
commune du lieu de situation de l’immeuble à concurrence de 60 %.
Para II : La taxe sur les jeux de hasard et de divertissement (art. C50 CGI)
Le produit de la taxe sur les jeux de hasard et de divertissement prévue par le CGI est
affecté en totalité à la commune du lieu de situation de l’établissement.
A : Les personnes imposables
Sont assujetties à cette taxe, les personnes physiques ou morales qui exploitent sur le
territoire national, à titre principal ou accessoire, les jeux qui, sous quelque dénomination
que ce soit :
- Sont fondés sur l’espérance d’un gain en nature ou en argent susceptible d’être
acquis par la voie du sort ou d’une autre façon ;
- Sont destinés à procurer un simple divertissement.
B : Le champ d’application
Sont imposables les jeux suivants :
- Les jeux de hasard, de contrepartie ;
- Les jeux dits « de cercle » tels que le baccara, chemin de fer, etc.

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- Les machines à sous ou appareils dont le fonctionnement nécessite l’introduction


d’une pièce de monnaie ou d’un jeton destiné ou non à procurer au joueur la chance
d’un gain.
C : La fiscalité spécifique des casinos (art. 209 CGI)
Le produit des jeux est constitué :
- Pour les jeux de contrepartie : par la différence entre le montant de l’encaisse en fin
de partie et celui de la mise initiale ;
- Pour les jeux de cercle : par le montant intégral de la cagnotte.
1- L’assiette du prélèvement
Elle est constituée par l’ensemble des produits bruts des jeux, y compris les
recettes accessoires, conformes aux éléments d’une comptabilité particulière
obligatoirement tenue par l’exploitant par nature de jeu.
2- Le taux du prélèvement
Le prélèvement est liquidé au taux de 15 % applicable au chiffre d’affaires
réalisé au cours de la période d’imposition.
Cette taxe est assortie d’une majoration de 10 % au titre des CAC perçus au
profit de la commune du lieu de situation de l’immeuble.
3- Les obligations de déclaration et de paiement
Les opérateurs des casinos sont tenus de souscrire une déclaration au service des
impôts territorialement compétent, et procéder au paiement de la taxe dans les 15
jours qui suivent le mois de réalisation des opérations taxables. Car le paiement tardif
ou le défaut de paiement de cette taxe expose le contrevenant à des sanctions
sévères.
4- La fiscalité spécifique aux machines à sous
L’exploitation à but lucratif des machines à sous et appareils, donne lieu au
paiement d’une taxe annuelle forfaitaire non exclusive du paiement des autres
impôts en particulier l’impôt sur le revenu et la TVA.
Quant à la liquidation de la taxe, elle s’effectue de la manière suivante :
- 1ère catégorie : baby-foot……. 20 000 F par appareil et par an ;
- 2ème catégorie : flippers et jeux vidéo par appareil…. 40 000 F par an ;
- 3ème catégorie : machines à sous……. 100 000 F par machine et par an.
Les montants ainsi liquidés sont majorés de 10 % au titre des CAC.

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Par ailleurs, on doit rappeler que la déclaration de cette taxe doit se faire entre le 1 er
et le 31 mars auprès des services des impôts du lieu d’exploitation des machines. Le
paiement devant intervenir au plus tard le 31 mars de la même année.
Para III : Les droits de mutation d’immeuble (art. C49 CGI)
Les droits de mutation sont des droits dus à l’occasion de la cession d’immeuble. Il
peut s’agir des mutations à titre onéreux ou des mutations à titre gratuit.
A : Les droits de mutation à titre onéreux
Ils sont soumis au taux de 15 % (taux élevé) de la valeur de la mutation de
l’immeuble urbain bâti et 10 % (taux intermédiaire) pour les immeubles non bâtis
et ruraux bâtis.
B : Les droits de mutation à titre gratuit
Ils sont soumis au taux super réduit de 1 %.
Para IV : Les droits de timbre sur les automobiles (art. 51 CGI)
Il est institué un droit de timbre sur les véhicules automobiles et sur les engins à
moteur à deux roues en circulation sur le territoire national. (Art 594 CGI). Sont exonérés du
paiement de ces droits :
- Les engins sans moteur à deux ou trois roues ;
- Les véhicules des personnels diplomatiques ;
- Les véhicules d’essai immatriculés « WG » ;
- Les véhicules en transit immatriculés « WT » ;
- Les véhicules des forces de l’ordre ;
- Les ambulances ; etc. Voir art 595 du CGI.
Le droit de timbre sur les automobiles est annuel et la période d’imposition
s’étend du 1er Janvier au 31 Décembre de chaque année.
A : Les taux des droits de timbre
Au terme de l’article 597 du CGI, les taux du droit de timbre sur les véhicules
automobiles sont fixés de la manière suivante :
 Motocyclettes : 2 000 F ;
 Motocyclettes à trois roues : 5 000 FCFA ;
 Véhicules de 2 à 7 CV : 15 000 F ;
 Véhicules de 8 à 13 CV : 25 000 F ;
 Véhicules de 14 à 20 CV : 50 000 F ;
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 Véhicules de plus de 20 CV : 100 000 F.


Ces droits sont acquittés :
- Pour le renouvellement dans le mois qui suit le début de l’exercice budgétaire ;
- Pour les véhicules nouvellement mis en circulation, au moment de leur mise en
circulation ;
- Pour les véhicules acquis sous le régime de l’admission temporaire, à la fin de la
période d’exonération.
Sont exonérés du droit de timbre sur les automobiles, les véhicules administratifs.
Para V : La Redevance Forestière Annuelle (art. 243 CGI)
A : L’assiette et le montant
Elle est assise annuellement sur la superficie du titre d’exploitation forestière, et
constituée du prix planché et de l’offre financière.
Le prix planché est fixé ainsi qu’il suit :
Vente de coupe : 2 000 F/ ha ;
Concession : 1 000 F/ha.
Cependant, les montants dus au titre de cette redevance forestière sont les suivants :
- Ventes de coupe : 2 500 F/ha ;
- Concessions : 1 500 F/ha ;
- Licences : 1 000 F/ha.
B : Les délais de paiement
Ils sont invariables selon qu’il s’agit des concessions ou des ventes de coupe.
Ainsi, la redevance forestière annuelle est déclarée et acquittée en trois versements
d’égal montant, aux dates limites suivantes :
 15 mars pour le premier versement ;
 15 juin pour le deuxième ;
 15 septembre pour le troisième.
C : Les bénéficiaires de la Redevance Forestière Annuelle
Le produit de la RFA est reparti de la manière suivante :
 Etat : 50 % ;
 Communes : 50% dont : Appui au développement : 5 %
FEICOM : 18 %

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Commune de localisation : 27 %
Communauté villageoise : 6,75 % des 27 % Commune

CHAPITRE II : LES CENTIMES ADDITIONNELS COMMUNAUX

Il s’agit d’une majoration qui s’applique au principal de certains impôts.

Paragraphe I : La définition et la nature juridique


1- LA DEFINITION
Dans le CGI, l’article C53 relatif aux Centimes additionnels stipule qu’« il est institué
au profit des communes, des centimes additionnels communaux aux impôts ci-après IRPP, IS,
TVA. On déduit de cette disposition que les centimes additionnels constituent des impôts qui
viennent se greffer sur les impôts existants, prélevés au profit des communes.
2- LA NATURE JURIDIQUE DES CENTIMES ADDITIONNELS
Les CAC constituent-ils des impôts au sens strict du terme ? Pour répondre à cette
question, on se réfère aux caractères de l’impôt résultant de la définition du professeur
Gaston JEZE :
- L’impôt est une prestation pécuniaire ;
- L’impôt est une prestation requise des membres de la collectivité ;
- L’impôt est une prestation perçue par voie d’autorité ;
- l’impôt est une prestation perçue â titre définitif ;
- L’impôt est sans contrepartie ;
- L’impôt a pour but de couvrir les charges publiques.
Les CAC répondent à tous ces critères. Il s’agit donc bel et bien d’un impôt de par sa nature
et ses modalités de perception.
Paragraphe II : CAC IMPOTS GREFFES – TAUX – BENEFICIAIRES
1- LES IMPOTS GREFFES (Art C53 de la Loi précitée)
Les Cac sont prélevés sur les impôts d’Etat ci-après :

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- La Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) ;


- L’impôt sur les Sociétés (IS) ;
- L’impôt sur les Revenus des Personnes Physiques (IRPP).
LE TAUX
Suivant les dispositions de l’article C54 de la loi précitée. Le taux des CAC est fixé à
10% sur le principal de l’impôt concerné (TVA, IS, IRPP).
2- LES BENEFICIAIRES
Les bénéficiaires sont au nombre de 3.
- L’Etat
- Le FEICOM ou tout autre organisme chargé de la perception et la centralisation.
- Les communes et communautés urbaines (communes urbaines d’arrondissement)
Le produit des CAC provenant de la Taxe sur la Valeur ajoutée (TVA) de l’impôt sur les
Sociétés (IS) et de l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) est reparti ainsi qu’il
suit :
Part de l’Etat l0 % destinés à couvrir les frais d’assiette et de recouvrement des recettes
fiscales au profit des collectivités territoriales décentralisées (CTD).
Part du FEICOM : 20 %
Part centralisée FEICOM 42 % (Les autres communes du Cameroun)
Retenue de base Communes et Communautés Urbaines : 28% (lieu de la collecte de
l’impôt).
Paragraphe III : LA LIQUIDATION ET LE RECOUVREMENT
Les CAC assis sur les impôts et taxes sont liquidés et émis par les services fiscaux de
l’Etat en même temps que le principal.
D’après la Loi de finances pour l’exercice 2011, l’émission des CAC dont le produit est
partagé se fait sur un bulletin d’émission unique (Art C125 Al 2).
La procédure de paiement et de recouvrement des impôts prévoyait jusque-là des
émissions et des paiements multiples au profit de l’Etat, des collectivités territoriales
décentralisées et des organismes bénéficiaires des taxes parafiscales. Désormais, ceux-ci
sont payés à l’aide d’un bulletin unique libellé au profit du receveur des impôts
territorialement compétent.
EXERCICE D’APPLICATION :

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La SOCACI ayant son siège social à Douala Cameroun, a réalisé au cours de l’exercice
2022 un chiffre d’affaires taxable de 980 550 170 FCFA :
TAF :  1-Calculez la TVA de cette société au titre de l’exercice 2022.
2-Calculez les Centimes additionnels communaux (CAC) attachés à cette TVA.
3- Calculez la quote-part des CAC revenant à :
- L’Etat (Receveur des impôts) ;
- FEICOM (Agent Comptable) ;
- La Communauté urbaine de Douala (Receveur municipal).
NB : D’après les textes réglementaires, la répartition des quote-part se fait de la manière
suivante :
Etat ………………. 10% ;
FEICOM………… 20% ;
Part centralisée FEICOM……… 42% ;
Retenue de base commune et communauté urbaine……………… 28%.

CHAPITRE III : LES TAXES COMMUNALES

Des dispositions de la loi N° 2009/019 du 15 Décembre 2009 portant fiscalité locale, les
taxes communales se répartissent comme suit :
- La taxe de développement local
- Les autres taxes communales.
Section I : La taxe de développement local
A. Les généralités.
Prévue par les dispositions des articles C57 à C60 de la loi n° 2009/019, la taxe de
développement local est un produit des communes recouvré en même temps que l’impôt
sur le revenu des personnes physiques, l’impôt libératoire et la patente.

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Cette taxe est perçue en contrepartie des services de base et des prestations rendus
aux populations notamment l’éclairage public, l’assainissement, l’enlèvement des ordures
ménagères, le fonctionnement des ambulances, l’adduction d’eau, l’électrification, etc.

B. Le taux
Les taux maxima de la taxe de développement local sont fixés comme suit :
1) Pour les employés du secteur public et privé :
Salaire de base mensuel compris entre 62.000 et 75.000 FCFA 3000 F CFA / an
Salaire de base mensuel compris entre 75 001 et 100.000 F CFA 6000F CFA / an
Salaire de base mensuel compris entre 100 001 et 125.000 FCFA 9000 F CFA / an
Salaire de base mensuel compris entre 125 001 et 1 50.000 F CFA 12.000 F CFA / an
Salaire de base mensuel compris entre 150 001 et 200.000 F CFA 15.000 F CFA /an
Salaire de base mensuel compris entre 200 001 et 250.000 F.CFA 18.000F CFA / an
Salaire de base mensuel compris entre 250 001 et 300.000 F.CFA 24.000F CFA / an
Salaire de base mensuel compris entre 300 001 et 500.000 F.CFA 27.000F CFA / an
Salaire de base mensuel supérieur à 500 000 F.CFA 30.000F CFA / an

2) Pour les assujettis à l’impôt libératoire ou à la contribution à la patente.


Impôt en principal égal ou inférieur à 30 000 FCFA 7 500 F CFA / an
Impôt en Principal compris entre 30 001 et 60 000 FCFA 9000F CFA / an
Impôt en Principal compris entre 60001 et 100.000 FCFA 15.000 F CFA / an
Impôt en Principal compris entre 100 001 et 150.000 FCF 22.500 F CFA / an
Impôt en Principal compris entre 150 001 et 20 000 FCFA 30.000 F CFA /an
Impôt en Principal compris entre 200 001 et 300.000 FCFA 45.000F CFA / an
Impôt en Principal compris entre 300 001 et 400.000 FCFA 60.000F CFA / an
Impôt en Principal compris entre 400 001 et 500.000 FCFA 75.000F CFA / an
Impôt en Principal supérieur à 500.000 FCFA 90.000F CFA / an

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La taxe de développement local est perçue en même temps que I’IRPP, l’impôt
libératoire et la patente (art C59).
L’assiette, l’émission, le recouvrement, les délais, les sanctions, les poursuites et le
contentieux de la taxe de développement local suivent les procédures applicables aux
impôts et droits sur lesquels elle est assise (art C60).
Section II- Les autres Taxes Communales
L’article C61 de la loi n° 2009/019 précise que le Conseil Municipal peut voter au
profit du budget communal des droits et taxes dites « Taxes Communales ».
1) Taxe d’abattage (cf. Art C63 à C65)
Elle est due par le boucher pour le bétail tué dans les abattoirs aménagés ou gérés par la
Commune. Les taux sont les suivants :
 Bovins et équins 1 000 F CFA par tête de bétail ;
 Porcins 400 F CFA par tête de bétail ;
 Ovins et caprins 250 F CFA par tête de bétail.
2) Taxe communale sur le bétail (cf. Art C66 à C72)
Tout propriétaire ou détenteur de bovidé est redevable d’une taxe annuelle raison du
nombre d’animaux qu’il possède.
Cependant, ne donnent pas lieu à perception de la taxe :
- Les animaux de labour ;
- Les animaux appartenant à l’Etat ;
- Les producteurs importés de l’étranger ;
- Les animaux élevés et utilisés par les œuvres de charité dans un but exclusivement social.
Le tarif annuel est de 200 à 500 FCFA par tête de bétail.
Cette taxe est payée par les redevables sur déclaration auprès de la commune de localisation
du troupeau ; elle est exigible le 1 er Janvier de l’année d’imposition et doit être acquittée
spontanément au plus tard le 15 Mars suivant.
NB : Le paiement de la taxe sur le bétail n’exclut pas le cas échéant, la taxation à
l’impôt
Libératoire ou à l’impôt sur le revenu des personnes physiques.
En fonction du nombre du bétail, on peut être assujetti soit à l’IL, soit à l’IRPP.

3) La taxe sur les armes à feu (cf. Art C73 à C76)

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COURS DE FISCALITE LOCALE DU Dr Ibrahim MOULIOM

Tout détenteur d’une arme à feu est astreint, sur déclaration dudit propriétaire, au
plus tard le 15 Mars de chaque année, au paiement d’une taxe annuelle auprès de la
commune de localisation de l’année conformément au tarif ci-après :
- Fusil de traite : 200 F CFA ;
- Fusil de chasse à canon lisse : 500 F CFA ;
- Carabine de salon : 1 500 F CFA ;
- Arme rayée 2 000 F CFA ;
- Revolver et pistolet : 2 000 F CFA.
Sont exemptés de la présente taxe :
- Les armes appartenant à l’Etat
- Les revolvers et pistolet d’ordonnance appartenant aux militaires en activité de service et
aux officiers de réserve ;
- Les armes à feu existant dans les magasins et entrepôts du commerce tant qu’elles n’ont
pas été mises en usage.
4) La Taxe d’hygiène et de salubrité (cf. Art C77)
Cette taxe est perçue par la commune au titre du contrôle des denrées alimentaires
et des immeubles à usage commercial et industriel.
Son taux est fixé comme suit :
- Denrées alimentaires vendues à l’air libre de 00 à 1 000 F par trimestre ;
- Denrées alimentaires vendues dans un local : de 1 000 à 15 00 F par trimestre ;
- Immeubles de 10 000 à 25 000 FCFA par an.
5) Les droits de fourrière
Les animaux en divagation, les véhicules et tous les objets trouvés sans gardien ou
placés en infraction à la règlementation de la voirie peuvent être saisis et mis en fourrière
d’où ils ne peuvent être retirés que moyennant le paiement des droits de fourrière.
Les taux sont les suivants :
 Gros bétail de 5 000 à 10 000 F.CFA par tête et par jour ;
 Petit bétail de 2 000 à 5 000 F.CFA par tête et par jour ;
 Animaux de compagnie de 2 000 à 5 000 F.CFA par tête et par jour ;
 Camions et Engins lourds de 10 000 à 50 000 F.CFA par jour et par véhicule ;
 Autres véhicules de 5 000 à 15 000 F.CFA par jour et par véhicule ;
 Motocyclettes de 1000 à 5 000 F.CFA par motocyclette et par jour ;

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 Autres objets de 1 000 à 3 000 F CFA par jour et par objet.


Les droits de fourrière sont recouvrés par le Receveur Municipal au vu d’un ordre de
recette émis par le magistrat municipal compétent. Ces droits ne peuvent être perçus que
dans la mesure où la commune assure effectivement la garde des animaux, véhicules et
autres objets trouvés sur la voie publique.
6) Les droits de place sur le marché
Ils sont perçus de la même manière pour tous les marchands qu’ils soient domiciliés
ou non dans la localité, la différence éventuelle des taux ne peut provenir que de la
superficie occupée.
On distingue les droits fixes payés par les commerçants réguliers et les droits
journaliers payés par les vendeurs occasionnels ou ceux ne disposant pas d’une place
permanente.
Les droits fixes à titre de loyers des boutiques communales applicables dans les marchés
sont précisés comme suit :
 Points de vente couverts
Jusqu’à 4m2 De 5000 à 10.000F CFA/mois
De 4,01 m2 à 6 m2 De 10.001 à 15.000F CFA /mois
De 6,01 m2 à 8 m2 De 15.001 à 20.000F CFA/mois
De 8,01 m2 à 10 m2 De 20.001 à 25.000F CFA/mois
De 10,01 m2 à 12 m2 De 25.001 à 30.000F CFA/mois
De 12,01 m2 à 14 m2 De 30.001 à 35.000F CFA /mois
De 14,01 m2 à 16 m2 De 35.001 à 40.000F CFA/mois
De 16,01 m2 à 18 m2 De 40.001 à 45.000F CFA/mois
De 18,01 m2 à 20 m2 De 45.001 à 50.000F CFA/moi
De 20,01 m2 à 22 m2 De 50.001 à 55.000F CFA/mois
De 22,01 m2 à 24 m2 De 55.001 à 60.000F CFA/mois
Plus de 24 m2 De 60.001 à 70.000F CFA/mois

Les droits particuliers quant à eux sont acquittés par les vendeurs occasionnels dont
le montant arrêté par délibération du conseil municipal est compris entre 100 F et 500 FCFA
par vendeur.

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COURS DE FISCALITE LOCALE DU Dr Ibrahim MOULIOM

Les loyers des boutiques et les produits des tickets de droits sont collectés par un
agent intermédiaire de recettes contre délivrance d’un reçu tiré d’un carnet à souche
sécurisé.
7) Droits sur les permis de bâtir (Art C87 CGI).
Le taux des droits sur les permis de bâtir ou d’implanter voté par le conseil municipal
au profit du budget est fixé à 1 % de la valeur de la construction.
La valeur de la construction est appréciée sur la base du devis estimatif approuvé par
les services techniques communaux ou le cas échéant ceux en tenant lieu.
Les droits sur les permis de bâtir ou d’implanter sont recouvrés par le receveur
municipal au vu d’un titre de recette émis par le magistrat municipal compétent. Leur
paiement conditionne la délivrance du permis de bâtir.
8) Droit d’occupation temporaire de la voie publique (Art C91 CGI)
L’occupation temporaire de la voie publique par des biens meubles donne lieu à la
perception d’un droit d’occupation temporaire de la voie publique. Le tarif de ce droit est
voté par le conseil municipal et fixé au taux maximum de 2000 FCFA par m2 et par jour.
Toute occupation temporaire de la voie publique est subordonnée à autorisation
préalable du chef de l’exécutif municipal compétent qui en fixe la durée. Le paiement des
droits y relatifs se fait à la caisse du receveur municipal sur présentation de l’autorisation. Le
défaut d’autorisation ou la minoration de la surface occupée ou le retard de paiement
entraîne le paiement d’une pénalité de 100% du montant dû en principal.
Ne sont pas assujettis à l’OTVP :
- les stations-service ;
- les véhicules ;
- les supports publicitaires.
9) Taxe de stationnement
Les taux maxima trimestriels de la taxe de stationnement sont fixés comme suit
- Mototaxis 1500 FCFA ;
- Taxis 5 000 FCFA ;
- Autobus 7 500 FCFA.
Ordonnance 2014/001 du 7 juillet 2014.

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COURS DE FISCALITE LOCALE DU Dr Ibrahim MOULIOM

Les droits visés à l’article C95 ci-dessus sont payés dans les quinze jours qui suivent le
début de chaque trimestre dans la commune où le transporteur est domicilié. Le domicile
est déterminé par le titre de patente ou de l’impôt libératoire.
Le paiement de stationnement est effectué contre délivrance d’une vignette
présentée sur le modèle de la vignette automobile.
10) Des droits d’occupation des parcs de stationnement (Cf. Art C97 O C98)
Les taux maxima d’occupation des parcs de stationnement dans les espaces
aménagés sont fixés ainsi qu’il suit, suivant le type de véhicule au profit de la commune du
lieu de stationnement
- Car et camionnette : 1 000 F par jour
- Camions et autobus : 2 000 F par jour.
Le droit de parc de stationnement est payé contre délivrance d’un ticket par la
commune.
11) Les tickets de quai (Cf. Art C99)
L’embarquement effectué dans la gare routière ou dans un débarquement municipal
aménagé, donne droit à la perception d’un ticket de quai dont le taux est voté par le conseil
municipal dans les limites suivantes :
 Gare routière : 250 F par chargement
 Débarcadère :
- Pirogue sans moteur : 200 F par chargement
- Pirogue à moteur de moins de 10 places : 500 F par chargement
- Pirogue à moteur de plus de 10 places : 1 000 F par chargement
Il est à noter que le ticket de quai est payé exclusivement à la commune de
chargement.
12- La taxe sur les spectacles (Cf. Art C100 à C101)
Cette taxe s’applique aux activités menées dans les établissements suivants :
- Les salles de cinéma ;
- Les salles de bals ;
- Les salles de théâtre, de concert, d’exhibition ;
- Les cabarets, les boîtes de nuit, les discothèques ;
- Les cafés, les bars dancing ;
- Les vidéo clubs.

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Le tarif de la taxe sur les spectacles habituels est fixé en fonction du type de
spectacles par délibération du conseil municipal dans la limite de 10 000 FCFA à 100 000
FCFA par trimestre et par établissement.
Le tarif de la taxe sur les spectacles occasionnels est également fixé par le conseil
municipal. Toutefois, les taux limites sont de 5 000 F à 50 000 F par journée de
représentation.
Cette taxe est recouvrée par le receveur municipal après émission d’un titre de
recette par l’ordonnateur municipal compétent.
13) Les droits de stade (Cf. Art C102)
Les droits de stade peuvent être votés par le conseil municipal à 5% des fonds
recueillis sur les stades situés sur le territoire de la commune à l’occasion des manifestations
sportives ou de réjouissances populaires lorsque l’accès au stade n’est pas gratuit.
Ces droits sont perçus par la communauté urbaine ou par la commune
d’arrondissement selon le cas.
14) Le droit de timbre communal (Art C105 CGI)
Le droit de timbre communal est fixé à 500 F au profit du budget communal. Il
s’applique au document de format inférieur ou égal à une page de format A4 notamment :
- La copie ou extrait d’état civil ;
- La légalisation ou certification matérielle de signature ou document ;
- Le jugement supplétif ;
- La procuration ;
- Les factures des prestations adressées à la commune ;
- Toute requête rédigée à l’attention du magistrat municipal ;
-Tout document de dimension supérieure au format de base est assujetti au
paiement d’un droit de timbre de 1 000 FCFA.
15) Taxe pour la dégradation de la chaussée (Art C105 C41)
Le taux forfaitaire maximum au titre de la redevance pour la dégradation de la
chaussée est fixé comme suit :
a) Terrassements, canalisation et autres dégradations :
- route enrobée grave bitume 90 000 F à 200 000 F par m2 ;
- route revêtue de bitume 45 000F à 1 00 000 F par m2 ;
- route en terre 15 000 F à 50 000 F par m2 ;

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b) Dégradation causée par les engins à chenilles :


- route revêtue de bitume 50 000 F à 100 000 F par m2 ;
- route en terre 20 000 F à 50 000 F par m2.
La redevance pour la dégradation de la chaussée est due par le concessionnaire
réalisant des travaux sur la voie publique et recouvrée par le receveur municipal sur
présentation d’un titre de recette et d’une autorisation préalable des travaux délivrés par le
chef de l’exécutif communal.
16) La taxe communale de transit ou de transhumance (Art C107 CGI)
Les taux de la taxe de transit ou de transhumance sont fixés ainsi qu’il suit :
- bovins et équins 200 F à 500 F par tête de bétail et par commune ;
- ovins et caprins 1 00 F à 300 F par tête de bétail et par commune.
La taxe de transit ou de transhumance est recouvrée par versement des sommes
dûment côté et paraphé par les services compétents de la commune concernée dues à la
caisse du receveur municipal après émission d’un reçu tiré d’un carnet à souches.
Le receveur municipal, les représentants des autorités traditionnelles des services
vétérinaires ont droit à une remise pour chaque tête de bétail contrôlé. Le montant de cette
remise est fixé par délibération du conseil municipal.
Les chefs traditionnels bénéficient en outre d’une remise fixée par délibération du
conseil municipal, en raison de leur participation au contrôle des troupeaux et des dégâts
éventuellement commis par ces derniers sur leur territoire.
En cas de fraude du propriétaire ou du convoyeur du bétail soumis à la taxe de
transhumance ou de transit et tendant à soustraire tout ou partie du bétail au contrôle
prévu par le texte réglementaire, les tarifs sont doublés pour chaque animal non déclaré.
17) La taxe sur le transport des produits de carrière (Cf. Art C108 à C110)
Les taux maxima applicables varient en fonction du type de véhicule ainsi qu’il suit :
- Inférieur à 6 tonnes : 1 000 F par camion et par voyage ;
- De 6 à 10 tonnes : 2 000 F par camion et par voyage ;
- Plus de 10 tonnes : 3 000 F par camion et par voyage ;
La taxe sur le transport des produits de carrière est collectée par la recette
municipale contre délivrance d’un reçu tiré d’un carnet à souche sécurisé.
18) Les droits d’occupation des parkings (Cf. Art C 111 à C 112)
Le taux des droits de parking est fixé ainsi qu’il suit :

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- l00 F par heure ;


Pour les parkings réservés :
- 500 F par jour et par parking ;
- 15 000 F par mois et par parking.
Les droits de parking sont payés d’avance et collectés par le receveur municipal
contre délivrance d’un reçu. Le non-paiement des droits de parking est sanctionné d’une
pénalité de :
- 1 000 F pour les taux horaires de 100 F ;
- 5 000 F pour les taux journaliers de 500 F ;
- 50 000 F pour les taux mensuels de 15 000 F.
19) La taxe sur les produits de récupération (Cf. Art Cl 13)
La taxe sur les produits de récupération est payée par le propriétaire des produits
récupérés à hauteur de 2 000 F CFA par m3.
20) La taxe de séjour
Il est institué une taxe de séjour sur les nuitées passées dans les établissements
d’hébergement classés ou non.
Cette taxe est due par la personne hébergée et collectée par l’établissement
d’hébergement, à savoir les hôtels, motels, auberges et les résidences-hôtels meublés.
Elle est reversée mensuellement, au plus tard le 15 pour les opérations effectuées au
cours du mois précédent auprès du centre des impôts gestionnaire de l’établissement
d’hébergement
Le tarif de la taxe de séjour est fixé comme suit :
Hôtel de 5 étoiles : 5 000 F/ nuitée ;
/… / 4 étoiles : 4 000 F/ nuitée ;
/ / 3 étoiles : 3 000 F/ nuitée ;
/…/….. 1 étoile : 1 000 F/ nuitée ;
Etablissement non classé : 500 F/ nuitée.
Le produit de la taxe de séjour est affecté comme suit :
- Etat : 80%
- Commune du lieu de situation de l’établissement d’hébergement : 20%.

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CHAPITRE IV : LE RECOUVREMENT ET LE CONTENTIEUX DES IMPOTS LOCAUX


Il sera question du recouvrement d’une part et du contentieux des impôts locaux
d’autre part.
Section I : LE RECOUVREMENT DES IMPOTS LOCAUX
On appelle recouvrement, l’ensemble des opérations par lesquelles les services
fiscaux procèdent à l’encaissement effectif des sommes qui leur sont dues par les
contribuables. Ce recouvrement peut être amiable ou forcé.
Para I : Le recouvrement amiable
Les impôts communaux, liquidés et émis par les services fiscaux de l’Etat sont payés
spontanément par les contribuables à la caisse du receveur des impôts compétent à
l’exception de l’impôt libératoire.
Les produits recouvrés par le receveur des impôts sont reversés aux bénéficiaires
dans un délai de 72 heures contre quittance de reversement.
Les grandes entreprises doivent préciser dans leurs déclarations et leurs ordres de
virement, les quotes-parts revenant aux collectivités territoriales. Elles opèrent directement
à leur profit des virements à due concurrence, contre quittance de paiement.
Les collectivités territoriales bénéficiaires de virements en provenance des
collectivités relevant de la structure en charge des grandes entreprises doivent, à la fin de
chaque mois, faire tenir à la direction générale des impôts un état des ordres de paiement
effectivement encaissés, avec le détail des quittances délivrées.
Il est tenu dans chaque centre des impôts et pour chaque municipalité, un livre
journal des émissions et des recouvrements.
Toute personne tenue au paiement d’un impôt ou d’une taxe locale doit s’acquitter
de sa dette auprès de la recette des impôts ou de la recette municipale dans les délais
légaux.
Le receveur municipal, le receveur des impôts ou à défaut le comptable du trésor
territorialement compétent, délivre des quittances en contrepartie des versements reçus.
Para II : Le recouvrement forcé

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COURS DE FISCALITE LOCALE DU Dr Ibrahim MOULIOM

Le principe est que l’impôt et/ou la taxe doit être payé volontairement par le
contribuable et sans que l’appareil de contrainte soit mis en jeu. C’est pourquoi en cas de
non-paiement d’une taxe communale dans les délais légaux, la commune émet un titre
exécutoire à effet immédiat et procède à la saisie des marchandises, des biens ou des bêtes.
Elle peut, dans un délai de 30 jours à compter du jour de la saisie, procéder à la vente aux
enchères des marchandises, des biens ou des bêtes confisqués.
La vente des biens saisis est autorisée par le maire et exécutée par le porteur de
contrainte.
Les recettes de vente sont versées au receveur municipal.
Par ailleurs, il est à noter que les sommes dues par les contribuables pour les taxes
communales sont prescrites après un délai de 2 ans suivant la date d’exigibilité si aucun acte
n’est venu interrompre la prescription.
En revanche, la prescription est acquise au profit de la collectivité territoriale contre
toute demande de restitution de sommes payées au titre des taxes communales, après un
délai d’un an à partir du paiement des taxes.
Section II : LE CONTENTIEUX DES IMPOTS LOCAUX
Il s’agit de l’ensemble des litiges et les procédures administratives ou juridictionnelles
susceptibles de les résoudre qui mettent aux prises le fisc et les contribuables soit à propos
du principe ou du montant de leurs dettes fiscales individuelles, soit à propos des procédés
de recouvrement de ces dettes fiscales.
Il peut également s’agir des litiges qui naissent de l’activité de l’administration fiscale
ainsi que les procédés permettant de les résoudre.
Ainsi conçu, ce contentieux comporte plusieurs aspects qui tiennent aux diverses
phases de l’acte d’imposition. C’est pourquoi on distingue le contentieux de l’assiette, le
contentieux du recouvrement et le contentieux de la répression.
A ces trois catégories principales, il faut ajouter le contentieux de l’excès de pouvoir
auquel on peut rattacher la déclaration d’illégalité et le contentieux de la responsabilité.
En dehors du recours contentieux qui implique l’existence d’un litige soumis à un
organe juridictionnel, une autre voie de recours est offerte au contribuable dans certaines
circonstances, il peut demander la remise gracieuse de tout ou partie des sommes dont il est
redevable.
Para I : La juridiction gracieuse

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Le législateur fiscal camerounais prévoit diverses procédures qui permettent aux


contribuables d’obtenir de la bienveillance administrative certaines mesures de faveur que
le fisc peut librement accorder ou refuser (voir art L141 à art L146 du CGI et art 141 à art 143
de la loi N° 2009/ 019 du 15 décembre 2009 portant fiscalité locale). Ces procédures qui ne
tendent pas à régler des litiges proprement dits ne peuvent évidemment être intégrées dans
le contentieux fiscal. Cependant, elles ne sauraient être passées sous silence car elles
permettent parfois d’apporter des solutions à des problèmes qui sont ou qui pourraient
devenir contentieux. Il s’agit de la procédure qui fait appel à la « juridiction gracieuse » de
l’administration (MINFI ou Magistrat municipal).
En effet, le droit positif ne comporte pas de définition générique de l’expression de
juridiction gracieuse à partir de laquelle en serait fixé le contenu. Le législateur camerounais
a préféré procéder par une énumération d’hypothèses délibérément rangées sous cette
notion. Cette attitude conduit à souligner l’aspect hétérogène qu’elle revêtirait. Pourtant,
dans les hypothèses que le législateur a réunies sous cette expression, on relève l’existence
d’un élément commun qui en constitue l’essence : les pouvoirs de remise ou de modération,
de transaction ouvrent à l’administration des impôts ou au magistrat municipal la possibilité
légalement reconnue d’apporter des exceptions à l’application de la loi fiscale et donc
d’atténuer le caractère objectif du statut du contribuable.

Or, il peut être intéressant de tenter de mettre en relief les conditions dans lesquelles
fonctionne la juridiction gracieuse. Cette démarche présente une certaine utilité dans la
mesure où il s’agit d’un pouvoir discrétionnaire, qui est en cause et dont l’emploi fait peser
de très sérieux risque au respect du principe de l’égalité devant l’impôt faussant du point de
vue économique, les conditions de la concurrence.

En principe, l’administration ne jouit pour l’application des lois fiscales que d’une
compétence liée en ce sens qu’elle ne saurait normalement taxer un contribuable au-delà ou
en-deçà de ce que la loi a ordonné.

Toutefois, le législateur n’a pas voulu lier le fisc d’une façon trop rigide. Il a tenu à le
doter d’une marge de pouvoir discrétionnaire qui l’autorise à faire preuve de souplesse dans
certaines situations bien définies.

C’est ce pouvoir que le législateur qualifie de juridiction gracieuse. A la vérité, celle-ci n’a
d’une juridiction que le nom car elle correspond en fait à une procédure administrative
permettant aux débiteurs des services fiscaux de solliciter des mesures purement gracieuses
non en alléguant un droit mais en faisant appel à la bienveillance de l’administration.

Relativement aux taxes communales, la juridiction gracieuse concerne trois types de


situation : Il s’agit :

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- Des demandes tendant à obtenir la remise ou la modération des taxes communales


régulièrement établies, en cas de gêne ou d’indigence mettant les redevables dans
l’impossibilité de se libérer envers la recette municipale ;
- Des demandes tendant à obtenir la remise ou la modération d’amendes ou de
majorations fiscales, lorsque ces pénalités, ou intérêts de retard sont définitifs ;
- Des demandes tendant à obtenir la décharge de la responsabilité incombant à
certaines personnes quant au paiement de taxes dues par un tiers.

Les demandes qui doivent être introduites auprès du magistrat municipal devront
contenir les indications nécessaires pour identifier l’imposition en cause.

Après examen, le magistrat municipal notifie par écrit sa décision de remise de


modération ou de rejet dans un délai de 30 jours à compter de sa saisine. En revanche si à
l’expiration de ce délai, le magistrat municipal garde silence, la demande du contribuable
sera réputée rejetée par décision implicite.

Fondées sur des motifs de pure bienveillance, les décisions ainsi prises sont
insusceptibles de recours contentieux. En tout cas, le juge de l’impôt ne pourra jamais en
connaître.

PARA II : LA JURIDICTION CONTENTIEUSE

Le recours contentieux des impôts locaux obéit aux règles et procédures prévues par le
livre des procédures fiscales, sous réserves des dispositions spécifiques régissant les taxes
communales.

La loi sur la fiscalité locale distingue le contentieux des impôts dont l’assiette,
l’émission et le recouvrement sont du ressort de l’administration fiscale et les taxes
directement recouvrées par les municipalités.

S’agissant du contentieux des impôts locaux relevant de la compétence de


l’administration fiscale, la loi renvoie aux procédures connues dans le cadre du contentieux
fiscal général.

Ainsi, en matière de contentieux relatif à la patente, à la licence, à la taxe foncière


et aux autres impôts dont l’assiette est du ressort de la DGI, la réclamation préalable devra
être introduite auprès des autorités compétentes (CCRI, DGE, DGI), (MINFI). Voir cours des
PROCEDURES FISCALES.

En revanche, s’agissant des taxes communales, elles relèvent de la compétence des


communes aussi bien pour leur assiette, leur émission, leur recouvrement que pour leur
contrôle sous réserve des compétences des services fiscaux de l’Etat en cette matière. La
maîtrise du contentieux desdites taxes ressortit en conséquence de la compétence des
communes.

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Ainsi, les réclamations relatives aux taxes communales relèvent de la juridiction


contentieuse lorsqu’elles tendent à obtenir soit la réparation d’erreurs commises dans
l’assiette ou le calcul des impositions, soit le bénéfice d’un droit résultant d’une disposition
législative ou règlementaire.

La procédure contentieuse se décline de la manière suivante : le contribuable qui se


voit réclamer à tort le paiement d’une taxe communale peut, par écrit, en faire réclamation
auprès du magistrat municipal compétent dans un délai de 30 jours à partir de la date
d’émission du titre de créance ou de la connaissance certaine de l’imposition.

Cette réclamation comprend, à peine d’irrecevabilité :

- Une demande assortie des timbres fiscaux et communaux et dûment signée du


requérant ou de son mandataire ;
- Des indications sur la nature de la taxe en cause et sur son montant ;
- Un exposé sommaire des moyens et conclusions du requérant ;
- Une copie de tout document justifiant du paiement de la totalité de la taxe non
contestée.

Le silence gardé par le magistrat municipal pendant un délai de 15 jours à compter de


la réception de la réclamation, vaut décision implicite de rejet et donne droit à la saisine du
Préfet, représentant de l’Etat.

Outre les éléments produits au niveau du chef de l’exécutif municipal, la réclamation


présentée au préfet doit à peine d’irrecevabilité comprendre les justificatifs de paiement de
15% des impositions contestées.

Lorsque, après avis du service fiscal de l’Etat territorialement compétent, les


arguments du requérant sont reconnus fondés, le Préfet recommande au magistrat
municipal, le dégrèvement de tout ou partie des taxes en cause.

Le silence gardé par le Préfet ou le refus du magistrat municipal d’exécuter les


recommandations du Préfet dans les 90 jours de la réclamation, vaut décision implicite de
rejet et donne droit à la saisine du juge de l’impôt, en contestation de l’acte du magistrat
municipal.

Le requérant pour saisir le juge de l’impôt, dispose d’un délai de 30 jours à compter
de la date du rejet de sa requête et le recours contentieux porté devant la juridiction
compétente obéit aux règles et procédures prévues par le livre des procédures fiscales pour
les impôts de l’Etat.

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