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Collection Réflexe 1re STMG

Droit
Livre du professeur
2e édition mise à jour

Sous la direction de
Patrick MERCATI

Pauline AICART
Pierre ARCUSET
Alexandra BUCHER
Patrick MERCATI
Christine PALAU
Édition : Samuel Briand-Favard
Fabrication : Emmanuelle Perrier

© Nathan 2021 – 92 avenue de France, 75013 Paris


ISBN : 978-2-09-167276-2

2/ © Nathan
Sommaire
THÈME 1 – QU’EST-CE QUE LE DROIT ?
CHAPITRE 1
Le droit et ses fonctions dans la société ................................................................................. 5
CHAPITRE 2
Les sources du droit ............................................................................................................. 17
ENTRAÎNEMENT AU BAC – THÈME 1
Comment le droit naît-il ? ................................................................................................... 29

THÈME 2 – COMMENT LE DROIT PERMET-IL DE RÉGLER UN LITIGE ?


CHAPITRE 3
Le litige et la preuve ........................................................................................................... 31
CHAPITRE 4
Le recours au juge .............................................................................................................. 43
ENTRAÎNEMENT AU BAC – THÈME 2
Pas facile de prouver… et pourtant il faut bien ! ................................................................. 59

THÈME 3 – QUI PEUT FAIRE VALOIR SES DROITS ?


CHAPITRE 5
La personnalité juridique ..................................................................................................... 61
CHAPITRE 6
La capacité et l’incapacité ................................................................................................... 71
CHAPITRE 7
Le patrimoine ..................................................................................................................... 83
ENTRAÎNEMENT AU BAC – THÈME 3
Tout le monde n’est pas apte à défendre ses droits .............................................................. 93

THÈME 4 – QUELS SONT LES DROITS RECONNUS AUX PERSONNES ?


CHAPITRE 8
Les droits extrapatrimoniaux .............................................................................................. 95
CHAPITRE 9
Le droit de propriété sur les biens corporels ...................................................................... 111
CHAPITRE 10
Le droit de propriété sur les biens incorporels .................................................................... 125
ENTRAÎNEMENT AU BAC – THÈME 4
Propriétaire et je ne peux pas tout faire ?! ......................................................................... 139

© Nathan /3
4/ © Nathan
Chapitre 1
Le droit et ses fonctions dans la société

Place du chapitre dans le programme

Thème 1 – Qu’est-ce que le droit ?


Plan du chapitre Capacités Notions
1. Identifier la fonction de • Fonctions du droit
« pacification » du droit • Expliquer et distinguer les • Laïcité, égalité, liberté, solidarité
2. Identifier la fonction fonctions du droit • État de droit
« d’organisation » du droit • Ordre public

• Vérifier les caractères de la • Caractères de la règle de droit


3. Vérifier les caractères de
règle pour une règle de droit • Autorité légitime
la règle de droit
donnée • Distinction entre droit et morale

Avant la classe
Quel est l’objectif de ce plan ?
Faire de l’égalité pour les personnes lesbiennes, gays, bi et trans une égalité concrète et effective.

Quels domaines de la vie des personnes LGBT+ ce plan concerne-t-il ?


– Sphère familiale
– École
– Université
– Travail
– Sport

Réponses aux questions sur la(les) situation(s)

1. Identifier la fonction de « pacification » du droit (p. 6-7)


1. Listez les comportements interdits et punis par le droit et indiquez les sanctions prévues
pour chacun d’eux (Doc. 1)
Comportements interdits Sanctions
« Violences physiques » : violence exercée sur 3 ans d’emprisonnement + 45 000 € d’amende
une personne en raison de son sexe, de son
orientation sexuelle ou de son identité de genre
vraie ou supposée et ayant entrainé une ITT ≤ à
8 jours ou n’ayant entrainé aucune ITT

© Nathan Chapitre 1 Le droit et ses fonctions / 5


Comportements interdits (suite) Sanctions (suite)
« Violences (ou agressions) sexuelles » : atteinte 5 ans d’emprisonnement + 75 000 € d’amende
sexuelle commise avec violence, contrainte,
menace ou surprise autre que le viol
« Discriminations » : distinction opérée entre les 3 ans d’emprisonnement + 45 000 € d’amende
personnes physiques sur le fondement de leur
origine, de leur sexe, de leurs mœurs, de leur
orientation sexuelle, de leur identité de genre [...]
Injures envers une personne en raison de son 1 500 € d’amende (3 000 € en cas de récidive)
orientation sexuelle ou de son identité de genre

Remarque 1 : Selon l’article 222-23 du Code pénal, « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque
nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence,
contrainte, menace ou surprise est un viol. »
Le viol est puni de 15 à 20 ans de réclusion criminelle selon les circonstances et de 30 ans lorsqu’il a
entrainé la mort de la victime.
Remarque 2 : Les peines prévues par le Code pénal sont des maxima. En pratique le juge tient compte
des faits et des circonstances de leur commission pour fixer la peine.

2. Quelle serait la probable réaction des victimes d’atteintes aux personnes ou aux biens si
ces comportements n’étaient pas interdits et sanctionnés par les tribunaux ? (Doc. 2)
Les victimes n’auraient d’autres choix que de protéger elles-mêmes leur intégrité physique et leurs biens
en recourant, si nécessaire, à la violence. Chacun tenterait de se faire justice soi-même.
3. Indiquez si les droits et interdictions cités correspondent au maintien de l’ordre public ou
à l’un des principes généraux de la société. (Doc. 3 et 4)
a. Libre communication des pensées et des opinions : principe de liberté
b. Obligation de l’autorisation des manifestations par la préfecture : maintien de l’ordre public
c. Interdiction des violences sur personne : maintien de l’ordre public
d. Liberté de réunion : principe de liberté
e. Interdiction du vol : maintien de l’ordre public
f. Liberté d’adhésion à un syndicat pour tout salarié : principe de liberté
g. Égalité des droits entre femmes et hommes garantie : principe d’égalité

4. « Un régime de sanctions doit comporter des sanctions suffisamment sévères pour avoir un
effet dissuasif. » Que pensez-vous de cette affirmation ?
Nul ne conteste aujourd’hui que l’existence de la sanction a un effet préventif important. Plus la
probabilité d’être sanctionné augmente, plus la sanction joue son rôle dissuasif. Les sanctions doivent
donc présenter un minimum de sévérité pour jouer leur rôle dissuasif.
On peut toutefois ajouter que, quelle que soit la sévérité de la peine, une minorité d’individus n’hésite
pas à transgresser les règles.
Remarque : Les élèves souligneront certainement que le montant de l’amende en cas de non-respect
des mesures de confinement (135 €) est suffisamment élevé pour dissuader la majorité des individus
(mais non la totalité) de transgresser les règles.

6 / Thème 1 Qu’est-ce que le droit ? © Nathan


Allez plus loin ! Ne vous faites pas justice vous-même ! (p. 7)
1. Quels sont les faits ?
Des chevaux ont été tués et mutilés dans le département du Morbihan.
2. Recherchez les sanctions encourues par les auteurs.
Les actes de cruauté envers les animaux domestiques, apprivoisés ou tenus en captivité constituent un
délit puni de 2 ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende. (article 521-1 du Code pénal)
3. Quel est le rôle de la gendarmerie ?
Mettre en place tous les moyens nécessaires pour éradiquer ce phénomène d’agression des équidés.
Conseiller les propriétaires d’équidés sur des moyens humains ou techniques pouvant être mis en place
pour sécuriser les lieux.
4. Que demande le colonel de la gendarmerie du Morbihan aux propriétaires de chevaux ? Que
redoute-t-il ? Pourquoi n’est-ce pas souhaitable ?
Il leur demande de faire confiance aux gendarmes et de les alerter sur les moyens mis en place (rondes)
afin de faire encadrer leur patrouille par la police municipale.
Il redoute que les propriétaires de chevaux ne se mettent en danger en se faisant justice eux-mêmes.
La justice privée n’est pas souhaitable parce que la justice est une mission de service public dont l’État
est chargé afin de garantir la sécurité de chacun.

2. Identifier la fonction d’« organisation » du droit (p. 8-9)


5. Quelles sont les personnes autorisées à se marier ? (Doc. 5)
Les personnes majeures sont autorisées à se marier.
6. Quelles obligations découlent du mariage ? (Doc. 5 et 6)
Les époux s’obligent à nourrir, entretenir et élever leurs enfants (art. 203 c.civ.).
Ils sont également débiteurs d’une obligation alimentaire à l’égard de leur beaux-parents.
Remarque : Les époux s’obligent également à contribuer aux charges du mariage (loyers, courses, etc.)
à proportion de leurs facultés respectives (la contribution n’est donc pas forcément égalitaire).
7. Quels rapports les règles relatives au mariage organisent-elles (Doc. 7)
Ces règles organisent les rapports familiaux au sens large.
En effet, le mariage crée un lien entre les époux mais aussi entre leurs familles respectives. Il existe des
droits et obligations entre chacune de ces personnes : obligations entre les époux (issues du mariage), à
l’égard des enfants (entretenir et élever) et à l’égard des beaux-parents (obligation alimentaire).
Remarque : On pourra faire remarquer aux élèves que le lien juridique créé par le mariage perdure en
partie après le divorce des époux. En effet, il est interdit aux ex-époux d’épouser leur ex-gendre/belle-
fille/belle-mère/beau-père.
Ces mariages ne sont possibles que si le mariage a cessé par le décès de l’un des époux et avec
autorisation du président de la République.

8. Qu’est-ce que le principe d’égalité salariale ? Pour qui est-il une contrainte ? Pour qui est-
il un droit ? (Doc. 8)
Le principe d’égalité salariale garantit une rémunération égale à toutes les personnes fournissant un
travail semblable sans discrimination fondée sur le sexe ou tout autre critère (origine...).
C’est une contrainte pour l’employeur et un droit pour le salarié.

© Nathan Chapitre 1 Le droit et ses fonctions / 7


9. Indiquez si les droits et obligations suivants résultent du principe de liberté, d’égalité, de
solidarité ou de laïcité. (Doc. 4, p.6)
a. Faculté de se marier ou de ne pas se marier : liberté.
b. Neutralité religieuse pour tous les agents du service public : laïcité
c. Obligation alimentaire entre ascendants et descendants : solidarité.

Allez plus loin ! Pourquoi être adopté par son beau-père ? (p. 9)
1. Quelle est l’utilité de recourir à l’adoption simple de l’enfant de son conjoint ?
Les beau-père et belle-mère n’ont pas de lien juridique avec l’enfant de leur conjoint. Adopter l’enfant
de son conjoint permet donc de créer un lien de filiation (adoptive) entre un enfant et son beau-parent
(belle-mère ou beau-père) créant des droits et obligations entre eux.
L’adoption simple permet à l’adopté de porter le nom de son adoptant (en principe accolé à son nom
d’origine) et fait de l’adopté l’héritier de l’adoptant (vocation successorale et avantage fiscal).
Elle crée également une obligation alimentaire réciproque.
Enfin, l’adoptant est titulaire de l’autorité parentale avec son conjoint mais ce dernier en conserve seul
l’exercice (sauf déclaration conjointe déposée en ce sens au greffe du tribunal judiciaire).
Remarque : On peut préciser qu’il y a famille recomposée lorsqu’un couple d’adultes vit (au moins une
partie du temps) avec un ou des enfants issus d’une précédente union de l’un des membres du couple.

2. À quelles conditions cette adoption est-elle possible ?


Seul le conjoint du père ou de la mère de l’enfant peut l’adopter (et non le concubin ou le partenaire).
L’adoptant doit avoir au moins 10 ans de plus que l’adopté.
Le père et la mère de l’adopté doivent consentir à l’adoption de même que l’adopté s’il est âgé de plus
de 13 ans.
La demande est adressée au tribunal judiciaire du lieu de résidence.

3. Vérifier les caractères de la règle de droit (p. 10-11)


10. Quelle règle les deux hommes condamnés ont-ils violée ? (Doc. 9)
Ils ont violé l’article 222-13 du Code pénal qui interdit et punit les violences ayant entrainé une ITT ≤ à
8 jours ou n’ayant entrainé aucune ITT et commises à raison de l’orientation sexuelle (ici,
homosexualité).
11. Identifiez et qualifiez les sanctions prononcées en distinguant leur finalité.
Le prévenu âgé de 39 ans a été condamné à 6 mois de détention à domicile sous surveillance
électronique ; il s’agit d’une sanction pénale destinée à punir le prévenu (privation de liberté).
Le prévenu de 20 ans a été condamné à 6 mois de prison et 210 heures de travaux d’intérêt général ;
c’est également une sanction pénale qui vise à punir l’auteur des faits.
En outre, les deux hommes sont condamnés à verser des dommages-intérêts aux victimes. Il s’agit d’une
sanction civile qui vise à réparer les préjudices subis par les victimes.
Remarque : Le droit français reconnaît différents types de préjudices : le préjudice corporel
(blessures),le préjudice matériel (perte de salaire, frais de soins) et le préjudice moral (traumatisme).
12. Quel droit l’animateur condamné a-t-il violé. (Doc. 11)
Il a violé l’article 9 du Code civil qui oblige à respecter la vie privée des individus.
13. À qui ce droit bénéficie-t-il ? Justifiez.
Ce droit au respect de la vie privée bénéficie-t-il à tous les individus conformément au principe selon
lequel la règle de droit est générale et s’applique à tous.

8 / Thème 1 Qu’est-ce que le droit ? © Nathan


Remarque : on pourra rappeler que le droit au respect de la vie privée s’applique aussi sur les réseaux
sociaux.
14. Qui est à l’origine du Plan national de 2020-2023 ? Qui est chargé d’en assurer le suivi ?
(Doc. 12)
Le plan a été lancé par le gouvernement et conçu de manière interministérielle et en lien avec les
associations LGBT+ (voir la vidéo « Avant la classe »).
Ce plan va faire l’objet d’un suivi assuré par un comité réuni par Élizabeth MORENO (ministre déléguée
auprès du Premier ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de
l’Égalité des chances).
15. Pourquoi peut-on dire que les règles issues de ce Plan sont « légitimes » ?
Les règles du Plan ont été adoptées par les ministres du Gouvernement nommés par le Président (sur
proposition du Premier ministre). Le Président ayant été élu par une majorité de citoyens, les règles du
Plan ont été élaborées par des institutions légitimes.
Remarque : Les mesures adoptées par ce Plan avaient en outre été annoncées par Emmanuel Macron
dans son programme présidentiel.

Allez plus loin ! Les femmes seules et les homosexuelles en couple


ont-elles droit à la PMA ? (p. 11)
1. Recherchez ce qu’est la PMA.
La PMA signifie « procréation médicalement assistée ». C’est le recours à des techniques médicales
(insémination artificielle, fécondation in vitro, etc.) pour permettre à une femme d’être enceinte et
d’avoir un enfant.
2. Qu’en était-il de sa réglementation au jour de la vidéo ?
Au jour de la vidéo, elle n’était accessible qu’aux couples hétérosexuels, et n’était donc pas autorisée
aux couples de femmes ni aux femmes seules.
3. Qu’en est-il de cette réglementation aujourd’hui ?
Le projet de loi bioéthique élargit la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules.
Il a été présentée en Conseil des ministres en juillet 2019 puis a fait l’objet de débats parlementaires.
Le 17 février 2021, la commission mixte paritaire a échoué à élaborer un texte de compromis.
À ce jour (mars 2021), le projet de loi n’a pas encore été adopté.

4. Vérifiez le caractère légitime de la règle de droit relative à la PMA.


Le projet de loi a fait l’objet d’un débat et d’un processus d’adoption démocratique. En outre, la vidéo
précise que : « Pendant plusieurs mois, des centaines de consultations et de rencontres ont été organisées
dans toute la France lors des états généraux de la bioéthique. De plus, le comité consultatif national
d’éthique s’est prononcé pour l’extension de la PMA pour les couples de femmes et les femmes seules.
Enfin, l’extension de la PMA avait été annoncée par le président de la République au cours de sa
campagne électorale.
Le projet de loi a donc été annoncée, a fait l’objet de débats puis sera vraisemblablement adoptée à
l’issue d’un processus démocratique. Son caractère légitime est donc vérifié.

© Nathan Chapitre 1 Le droit et ses fonctions / 9


Corrigés des applications

1. Testez vos connaissances (p. 12)


1. L’existence de sanctions a pour unique 6. Le principe d’égalité signifie que les
but de punir les individus qui ne particuliers ainsi que l’État sont
respectent pas les règles de droit. soumis au droit.
 Vrai  Faux  Vrai  Faux
2. Le droit permet d’organiser les 7. Les sanctions civiles servent à punir les
rapports entre les individus vivant en individus.
société.  Vrai  Faux
 Vrai  Faux
8. Toutes les règles de droit sont inspirées
3. Les règles de droit sont facultatives. par la morale.
 Vrai  Faux  Vrai  Faux
4. Certaines règles de droit ne 9. Le droit n’impose aux individus que
s’appliquent qu’à des catégories de des obligations.
personnes.  Vrai  Faux
 Vrai  Faux
10. Les libertés reconnues aux personnes
5. Les règles de droit sont discutables peuvent être limitées par l’ordre
parce qu’élaborées par des institutions public.
contestables.  Vrai  Faux
 Vrai  Faux

2. Identifier le droit comme facteur de pacification de la société


(p. 12)
1. Quel droit le couple condamné a-t-il violé ?
Le couple a violé le droit de propriété du propriétaire de la maison (défini par l’article 544 du Code
civil).
2. Quelle infraction a-t-il commise ?
Le couple a été condamné pour violation de domicile.
3. Distinguez les deux types de sanctions prononcées et leur finalité.
Le couple a été condamné :
– à 8 mois de prison avec sursis : il s’agit d’une sanction pénale destinée à punir l’auteur d’une
infraction ;
– à verser 15 000 € de dommages-intérêts : c’est une sanction civile destinée à réparer le préjudice subi
par la victime.
4. Quelle aurait pu être l’issue du litige si le propriétaire de la maison n’avait pas eu la
possibilité d’agir en justice pour faire reconnaitre son droit et l’infraction ?
Si la justice n’avait pas statué sur le litige, le propriétaire de la maison aurait certainement été tenté de
se faire justice lui-même en délogeant, au besoin par la force, les squatteurs. La justice privée n’est
évidemment pas souhaitable dans notre société car elle mettrait en péril la sécurité des personnes et des
biens.

10 / Thème 1 Qu’est-ce que le droit ? © Nathan


3. Identifier les caractères de la règle de droit, identifier des
sanctions et leur finalité (p. 13)
1. Identifiez les règles imposées par le confinement.
Le confinement de l’automne 2020 imposait les règles suivantes :
– limitation des déplacements ;
– interdiction ou réglementation des rassemblements ;
– fermetures de certains établissements recevant du public.
2. Quelles sanctions ceux qui violent ces règles encourent-ils ? Quelle est la finalité de ces
sanctions ?
La violation de la règle de limitation de déplacement est punie de l’amende prévue pour les
contraventions de la 4e classe (amende forfaitaire de 135 €).
Remarque : Des sanctions spécifiques sont prévues en cas de manquement aux règles du confinement
s’appliquant aux professionnels. Ainsi, par exemple, l’article L3136-1 du Code de la santé publique
prévoit une sanction de 6 mois d’emprisonnement et de 10 000 € d’amende pour les établissements
recevant du public ne respectant pas les mesures liées à l’état d’urgence sanitaire.

3. Quel caractère de la règle de droit pouvez-vous déduire de l’existence de sanctions ?


L’existence de sanctions illustre le caractère obligatoire (contraignant) de la règle de droit. En effet, si
la règle de droit est transgressée, des sanctions s’appliquent.
4. Quel autre caractère de la règle de droit déduisez-vous du document 1 ?
Le document 1 illustre le caractère général de la règle de droit. En effet, le décret du 29 octobre 2020
adopte des mesures « générales » qui s’appliquent à tous les individus.
Remarque : Les élèves objecteront peut-être que certaines catégories de personnes échappent aux
règles du confinement. C’est le cas en effet, mais on pourra faire remarquer que ces exceptions sont
prévues par les textes et ne s’opposent pas au caractère général de la règle de droit. Par exemple, il est
légitime que les pompiers et forces de l’ordre ne soient pas soumis aux restrictions de déplacements et
ce, dans l’intérêt de la société.

4. Expliquer le droit comme facteur d’organisation des rapports


sociaux (p. 14)
1. Entre quelles catégories de personnes la décision de la Cour de cassation du 8 juillet 2020
s’applique-t-elle ?
La décision de la Cour de cassation s’applique aux employeurs et à leurs salariés (secteur privé).
2. Quelle règle pose-t-elle ?
Elle admet que l’objectif légitime de sécurité du personnel et des clients de l’entreprise peut justifier
une restriction à la liberté du salarié et que l’employeur peut imposer aux salariés une apparence neutre
lorsque celle-ci est rendue nécessaire afin de prévenir un danger objectif. L’employeur doit toutefois
démontrer les risques spécifiques encourus.
En l’espèce, les juges ont considéré que le risque de sécurité lié au port de la barbe par le salarié dans le
cadre de sa mission n’était pas prouvé et, qu’en l’absence de clause de neutralité du règlement intérieur,
les restrictions au port de la barbe constituaient une discrimination.
3. L’existence de règles relatives au port des signes religieux vous semble-t-elle nécessaire ?
Quel principe général ces règles doivent-elles respecter ?
La réponse est personnelle mais il semble possible d’affirmer, eu égard aux nombreuses affaires portées
en justice, que le sujet doit être réglementé afin de respecter la liberté des uns dans le respect de celle

© Nathan Chapitre 1 Le droit et ses fonctions dans la société / 11


des autres. Les règles relatives au port de signes religieux doivent être édictées à la lumière du principe
républicain de liberté qui consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui.
4. Les règles relatives au port de signes religieux qui s’appliquent entre employeur et salariés
sont-elles applicables aux relations entre l’État et ses agents ? Pourquoi ?
Non, les agents des services publics et l’État sont, eux, soumis à un principe de stricte neutralité qui
résulte de la loi de 1905 et qui impose aux agents de ne pas manifester leurs opinions religieuses dans
l’exercice de leur fonction.

5. Identifier un principe général de la société et ses limites (p. 14)


1. Quel principe général est souvent invoqué par les « artistes » à l’occasion de ce type
d’affaire ?
Ils invoquent le principe de la liberté d’expression (artistique).
2. Quelle règle pose-t-il ?
La liberté d’expression, définie par l’article 11 de la DDHC (déclaration des droits de l’homme et du
citoyen), présente la libre communication des pensées et des opinions comme « un des droits les plus
précieux de l’homme » et permettant à tout citoyen de « parler, écrire, imprimer librement ».
Remarque : Inspirée de la liberté d’expression, la liberté de création artistique a été consacrée par une
loi du 7 juillet 2016.
Pour en savoir plus : http://www.revuedlf.com/droit-fondamentaux/la-liberte-de-creation-artistique-
au-sens-de-la-loi-du-7-juillet-2016/
3. À quelles limites se heurte-t-il ?
L’article 11 de la DDHC affirme aussi que celui qui abuse de la liberté d’expression dans les cas
déterminés par la loi devra répondre de ces abus.
Or, la liberté d’expression est affectée de nombreuses limites telles que : l’interdiction de l’apologie du
nazisme et de l’antisémitisme.
Remarque : on peut citer de nombreuses autres limites telles que l’interdiction de porter atteinte à la
vie privée d’autrui, de tenir des propos interdits comme les propos d’incitation à la haine raciale ou de
provocation au crime, les propos diffamatoires ou injurieux, etc.
4. Faites des recherches sur les suites judiciaires de cette affaire.
Remarque : aucune suite judiciaire à ce jour.

6. Se préparer au bac – Qualifier juridiquement une situation


(p. 15)
1. Identifiez les personnes appartenant à la famille recomposée et précisez les liens juridiques
qui existent entre elles
Nadège et Laurent : couple marié. Lien juridique : mariage.
Carla et Léo, les enfants de Nadège. Lien juridique : filiation.
Gabrielle et Antoine, les enfants de Laurent. Lien juridique : filiation.
2. Énoncez en les qualifiant les droits et obligations qui existent entre chacun de ses membres.
Entre Nadège et Laurent : droits et obligations résultant du mariage : respect, fidélité, secours,
assistance, contribution aux charges du mariage, communauté de vie, etc.
Entre Nadège et ses enfants : autorité parentale, obligation alimentaire, vocation successorale, etc.
Entre Laurent et ses enfants : autorité parentale, obligation alimentaire, vocation successorale, etc.

12 / Thème 1 Qu’est-ce que le droit ? © Nathan


3. Le projet de Laurent est-il soumis à autorisation du maire ? Justifiez en qualifiant les faits.
Laurent envisage des travaux d’agrandissement de la maison familiale. Il devra au préalable obtenir une
autorisation d’urbanisme (permis de construire en principe) délivrée par le maire de la commune où est
située la maison.
4. Dans quel but la puissance publique règlemente-t-elle les constructions ?
Les autorisations d’urbanisme sont imposées afin de garantir l’ordre public et notamment la sécurité.
Avant de délivrer un permis de construire, les services d’urbanisme vérifient que le projet est
envisageable en fonction de la situation du bien. En cas de risque d’inondation ou de glissement de
terrain par exemple, le permis n’est pas délivré.
L’exigence d’autorisation d’urbanisme protège également la propriété privée en évitant des
constructions qui nuiraient au voisinage (affichage obligatoire des demandes de permis permettant une
opposition réalisée par une personne ayant un intérêt, un voisin totalement privé d’ensoleillement par la
construction envisagée, par exemple).
5. Nadège peut-elle craindre de perdre son emploi en raison de quelques retards ? Justifiez
en qualifiant les faits.
Selon la jurisprudence, les retards d’un salarié ne constituent une cause réelle et sérieuse de licenciement
que s’il existe une certaine répétition dans les retards et que ces derniers présentent une perturbation
quant à la bonne marche de l’entreprise.
Nadège se voit reprocher quelques retards par son employeur et craint d’être licenciée. Si les retards
semblent répétés, rien n’indique qu’ils ont provoqué une perturbation dans l’entreprise.
Pour que le licenciement soit justifié par une cause réelle et sérieuse, l’employeur de Nadège devra
prouver que les deux conditions sont réunies : répétition des retards et désorganisation de l’entreprise.
6. Quelle est l’utilité des règles relatives au licenciement ?
Les règles relatives au licenciement visent à encadrer la rupture du contrat de travail à l’initiative de
l’employeur (fonction d’organisation des règles de droit) et à protéger le salarié dont les droits doivent
être respectés par l’employeur qui ne peut se livrer à un licenciement arbitraire (fonction de pacification,
car, si les règles sont respectées, il y a absence de conflit).

© Nathan Chapitre 1 Le droit et ses fonctions dans la société / 13


Corrigé de la synthèse (p. 16)
1. Identifier la fonction de « pacification » du droit
L’une des fonctions du droit est la pacification de la société. En effet, l’existence de sanctions
punissant les atteintes aux personnes et aux biens dissuade la majorité des individus de transgresser les
règles, ce qui évite les conflits. Lorsque la règle est violée, la Justice est rendue. Cette mission de service
public appartient à l’État afin que nul ne se fasse justice lui-même.
Dans un État de droit, même la puissance publique est soumise au droit.
Le droit vise à assurer l’ordre public tout en respectant les principes fondamentaux de la société :
laïcité, liberté, égalité et solidarité.
2. Identifier la fonction d’« organisation » du droit
Toujours dans le respect des principes fondamentaux, le droit a également pour fonction l’organisation
de la société. Ainsi, il régit les rapports entre les personnes : entre membres d’une famille (mariage,
adoption, obligation alimentaire...), entre employeurs et salariés (égalité salariale...), etc.
3. Vérifier les caractères de la règle de droit
Le droit se compose de règles de droit qui présentent trois caractères :
– la règle de droit est obligatoire : ceux qui ne la respectent pas sont sanctionnés ;
– elle est générale parce qu’elle s’applique à tous ou à une catégorie de personnes déterminée ;
– elle est légitime puisqu’élaborée par des représentants du peuple.
La règle de droit se distingue de la règle de morale dont le non-respect n’entraîne pas de sanction.

14 / Thème 1 Qu’est-ce que le droit ? © Nathan


L’essentiel

1. Les fonctions du droit


Parce qu’il assure le respect des principes généraux d’égalité, de liberté, de solidarité et de laïcité,
le droit est un facteur d’organisation et de pacification de la société.

A. La fonction de « pacification » du droit


Le droit interdit certains comportements afin d’assurer l’ordre public c’est-à-dire le bon ordre, la
sécurité, la salubrité et la tranquillité publique.
En prévoyant l’interdiction et la punition de certains comportements constituant des atteintes aux
personnes (violences, homicide involontaire, meurtre, etc.) ou aux biens (destructions, dégradations,
vols, etc.), le droit permet de prévenir les infractions. En effet, l’existence de la sanction dissuade la
majorité des individus de transgresser les règles, ce qui évite les conflits.
Lorsque les règles sont malgré tout transgressées, le droit organise la sanction afin de punir l’auteur de
la violation et, le cas échéant, de réparer le préjudice subi par la victime.
Le droit permet donc de pacifier les relations entre les individus en prévenant ou en réglant les conflits.

B. La fonction d’« organisation » du droit


Le droit n’est pas uniquement source d’interdiction et de sanction. Il est aussi un facteur d’organisation
des rapports entre les personnes vivant en société.
Ainsi, en créant des droits et des obligations, le droit réglemente les rapports sociaux.
Il organise les rapports familiaux : obligation des époux d’entretenir et d’élever leurs enfants, obligation
alimentaire au profit d’un ascendant dans le besoin, etc.
Il organise aussi les rapports entre employeurs et salariés : égalité salariale (à travail égal, salaire égal)
imposition d’un Smic, règles relatives au licenciement, etc.
Le droit organise toutes sortes de rapports économiques et sociaux tels que les rapports entre les
professionnels et les consommateurs, entre les banques et leurs clients, entre les artistes et le public,
entre les concurrents sur un marché, entre les utilisateurs de la voie publique, etc.
La société tout entière est soumise aux règles. Ce système institutionnel dans lequel même la puissance
publique est soumise au droit s’appelle un État de droit.

2. Les caractères de la règle de droit


A. La règle de droit est obligatoire
La règle de droit est obligatoire pour tous ceux à qui elle s’applique.
Pour obtenir des individus qu’ils se conforment à la règle de droit, des sanctions sont prévues. Souvent,
la simple crainte de la sanction suffit à obtenir le respect de la règle. Parfois, la règle est transgressée et
la sanction s’applique.
L’objet de la sanction varie :
– les sanctions pénales visent à punir celui qui a violé la règle de droit et à prévenir les infractions par
la menace de la peine (amende, emprisonnement, retrait ou suspension du permis de conduire, travaux
d’intérêt général, etc.) ;
– les sanctions civiles permettent soit de réparer le préjudice découlant du non-respect de la règle
(versement de dommages-intérêts, nullité d’un contrat, saisie de biens, etc.), soit de forcer les individus
à se conformer à la règle.
C’est son caractère obligatoire qui permet de distinguer la règle de droit des autres règles de vie en
société. Ainsi, par exemple, la règle de morale (exemple : être charitable) n’est pas obligatoire au sens
où le non-respect de celle-ci n’entraîne pas de sanction.

© Nathan Chapitre 1 Le droit et ses fonctions dans la société / 15


B. La règle de droit est générale
Aux termes de l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la loi « doit être la même
pour tous ». La forme d’un certain nombre de règles de droit illustre cette généralité. En effet, la règle
de droit est rédigée en termes abstraits : « Tout Français jouira des droits civils » (article 8 du Code
civil) ; « Chacun a droit au respect de sa vie privée » (article 9 du Code civil).
La règle de droit ne s’applique donc pas à telle ou telle personne nommément désignée, mais à toutes
les personnes sans distinction ou à une catégorie de personnes déterminée (par exemple, le droit de vote
est accordé aux personnes majeures uniquement).
La généralité de la règle de droit est une garantie contre les discriminations individuelles.

C. La règle de droit est légitime


La plupart d’entre nous acceptent de se soumettre aux règles de droit parce qu’elles sont élaborées par
des représentants du peuple, c’est-à-dire par des institutions légitimes.
Ainsi, par exemple, les lois sont discutées et votées par des députés et des sénateurs élus par les citoyens
(directement ou indirectement).

Ressources numériques
 www.legifrance.gouv.fr
La consultation des « codes en vigueur » sur le site permet d’illustrer la variété des rapports que le droit
organise.
Il est important que les élèves acquièrent rapidement le réflexe « Légifrance » afin qu’ils comprennent
que le droit est accessible. Ils pourront, dans les chapitres suivants, être amenés à utiliser le site pour
une recherche de texte ou de jurisprudence.
 www.conseil-constitutionnel.fr
Ce site peut être consulté pour une étude du texte de la DDHC garantissant l’égalité entre les hommes
et leur liberté. En insistant sur la place de la DDHC dans le préambule de la Constitution, ce travail peut
constituer une introduction à l’étude des sources du droit.
On trouvera également sur ce site un article de Pierre Mazeaud sur les notions de libertés et d’ordre
public (article destiné au professeur).
 www.gouvernement.fr/qu-est-ce-que-la-laicite
Ce site propose plusieurs supports permettant de répondre aux questions des élèves sur la laïcité ou bien
de profiter du thème du chapitre pour une étude de ce principe.

 www.presse.justice.gouv.fr/communiques-de-presse-10095/comite-du-suivi-du-plan-dactions-
lgbt-33826.html
Le premier comité de suivi du Plan national pour l’égalité des droits, contre la haine et les
discriminations anti-LGBT+ 2020-2023 s’est réuni le 16 mars 2021.

https://www.vie-publique.fr/loi/268659-loi-bioethique-pma
Ce site peut être consulté pour suivre l’évolution de l’adoption du projet de loi relatif à la bioéthique
(recherches à faire dans le « aller plus loin » de la page 11).

https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/R2000
Ce site met à disposition le formulaire CERFA de déclaration conjointe de l’exercice en commun de
l’autorité parentale en cas d’adoption de l’enfant de son conjoint. Voir « aller plus loin » de la page 9.

16 / Thème 1 Qu’est-ce que le droit ? © Nathan


Chapitre 2
Les sources du droit

Place du chapitre dans le programme

Thème 1 – Qu’est-ce que le droit ?

Plan du chapitre Capacités Notions


1. Identifier les sources • Constitution
principales du droit • Identifier la source • Loi
national d’une règle de droit • Règlement
2. Identifier les sources • Expliquer le sens et • Jurisprudence
complémentaires du droit la portée d’une • Organisation judiciaire
national décision de justice • Conventions et accords
collectifs/partenaires sociaux
3. Distinguer les • Distinguer les • Parlement
différentes institutions différentes institutions • Gouvernement
nationales • Autorité judiciaire
• Hiérarchie des normes
• Contrôle de constitutionnalité (QPC)
4. Identifier les sources du • Identifier la source • Droit communautaire, traités, droit dérivé
droit et les institutions au d’une règle de droit (règlement, directive)
niveau européen • Distinguer les • Commission européenne, Conseil de l’Union
différentes institutions européenne, Parlement européen

Avant la classe
Quels textes (national et européen) envisagent de réglementer le gaspillage et la fin du
plastique à usage unique ?
Deux textes envisagent de règlementer le gaspillage et la fin du plastique à usage unique :
– au niveau national : un projet de loi (la loi, adoptée le 10 février 2020 et entrée en vigueur au 1 janvier
2021, prévoit la fin de la mise sur le marché des emballages en plastique à usage unique d’ici 2040) ;
– au niveau européen : une directive européenne, qui prévoit la fin des objets à usage unique comme les
cotons tiges

Réponses aux questions sur la(les) situation(s)

1. Identifier les sources principales du droit national (p. 18-19)


1. Pour quelles raisons une règlementation sur les produits phytosanitaires a-t-elle été
adoptée le 27 décembre 2019 ?
Cette règlementation a pour objectif de fixer un cadre juridique de protection des personnes lors de
l’utilisation des produits phytosanitaires et de permettre un dialogue entre la population et les
utilisateurs.

© Nathan Chapitre 2 Les sources du droit / 17


2. Quel texte, ajouté à la Constitution en 2005, a conduit à proposer cette interdiction ?
(Doc. 1)
Adoptée en juin 2004, la Charte de l’environnement a été intégrée à la Constitution en mars 2005, afin
de poser comme principe supérieur du droit la préservation de l’environnement.
3. Pourquoi dit-on de la Constitution qu’elle est le texte suprême ? (Doc. 1)
La Constitution, qui prévoit l’organisation des pouvoirs de l’État et définit les droits et les libertés des
citoyens, est la loi fondamentale car ses principes s’imposent à tous les textes de loi ou réglementaires.
4. Quelle autorité a adopté la loi Labbé en 2014 ? (Doc. 2 et Doc. 3)
C’est au Parlement qu’il revient d’adopter les textes législatifs, comme la loi Labbé.
Remarque : les lois sont des textes qui posent une règle nationale de portée générale. La loi Labbé
s’impose tant aux particuliers qu’aux établissements publics et à l’État pour les espaces verts
accessibles au public.
5. Quelle interdiction prévoit cette loi ? Qui concerne-t-elle ? (Doc. 3)
Cette loi interdit l’achat, la détention et l’utilisation de produits phytosanitaires de synthèse. Elle
s’impose à tous ceux qui s’occupent des espaces verts accessibles au public (non aux agriculteurs).
6. Les agriculteurs peuvent-ils continuer à utiliser les pesticides malgré la loi Labbé ?
Pourquoi ? (Doc. 3)
Les agriculteurs conservent encore la possibilité d’utiliser ces substances chimiques controversées car
la loi Labbé n’interdit l’usage de pesticides qu’aux collectivités territoriales, aux établissements publics,
à l’État et aux particuliers.
Remarque : Adoptée en 2014, la loi Labbé est un texte qui pose une règle générale de portée nationale.
Si elle s’impose à tous, son application sur le territoire national reste progressive, afin de tenir compte
des différents usages de ces produits.
7. Quel texte interdit l’utilisation des pesticides sur la commune de Sevran ? (Doc. 4)
C’est un arrêté municipal qui interdit les produits phytopharmaceutiques sur la commune de Sevran.
8. Quelles sont les autorités à l’origine de ce texte ? (Doc. 4)
Les maires de six communes de Seine Saint-Denis sont à l’origine de ce texte.

Allez plus loin ! On ne peut pas dire n’importe quoi sur le web ! Le
droit l’interdit… (p. 19)
1. Quelle source de droit national a pour objectif de lutter contre les « fake news » ?
Il s’agit de la loi relative à la lutte contre la manipulation de l’information. Cette loi a pour objectif de
lutter contre la diffusion de fausses informations en période électorale, notamment sur Internet.
2. Quelles obligations cette loi propose-t-elle de mettre à la charge des diffuseurs d’informations ?
Cette loi oblige les diffuseurs comme Facebook ou Twitter à être plus vigilants sur les contenus publiés
ou diffusés, à faire preuve de plus de transparence et de coopération. Ils devront notamment permettre
aux internautes de signaler de fausses informations, et en informer les autorités le cas échéant. Par
ailleurs, les services de télévision sous l’influence d’un État étranger ou contrôlés par cet État peuvent
être empêchés de diffuser des informations portant atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation.
3. Quelle autorité est en charge du contrôle du respect de ces obligations ? Quel est son rôle ?
C’est actuellement le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) qui est en charge du contrôle du respect
de ces obligations pour les services de télévision. Cette autorité administrative s’assure que la liberté
d’expression est préservée dans l’intérêt du public et des professionnels, en opérant une régulation
protectrice des droits et libertés individuelles.

18 / Thème 1 Qu’est-ce que le droit ? © Nathan


2. Identifier les sources complémentaires du droit national (p. 20-21)
9. À quelle situation certains salariés agricoles doivent-ils faire face ? Quels éléments de la
règlementation peuvent-ils mettre en avant ?
Certains salariés agricoles ont développé une hypersensibilité aux produits chimiques et aux pesticides
avec différents maux physiques (maux de tête…). Ils ont la possibilité de faire valoir des accords
collectifs protecteurs conclus entre les partenaires sociaux.
10. Quels sont les différents accords collectifs qui organisent les relations entre employeurs et
salariés ? (Doc. 5)
Il s’agit des accords interprofessionnels, de la convention collective et des accords d’entreprise.
11. Que prévoit la convention collective des salariés agricoles du Gers ? À qui s’applique-t-
elle ? (Doc. 5 et Doc. 6)
Cette convention collective prévoit que les employeurs du Gers prennent les dispositions nécessaires
pour protéger leurs salariés lors de l’utilisation de produits chimiques et sanitaires classés dangereux ou
cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques.
12. Quelle décision la justice a-t-elle prise concernant l’utilisation du Roundup ? (Doc. 7)
La justice lyonnaise a annulé l’autorisation de mise sur le marché du Roundup pro 360 sur le territoire
national.
13. À quelles conditions pourra-t-on dire que cette décision fait jurisprudence ? (Doc. 8)
Cette décision fera jurisprudence si elle est approuvée par la Cour de cassation.
14. Quelles sont les différentes étapes de la procédure menée par le céréalier ?
Paul François a saisi un tribunal qui a condamné Monsanto à l’indemniser, jugement confirmé par la
cour d’appel saisie par Monsanto, qui a obtenu un arrêt de cassation de cet arrêt. Mais la cour d’appel
de renvoi a elle aussi condamné Monsanto.
15. Quel rôle la Cour de cassation a-t-elle joué dans cette affaire ? (Doc. 8)
La Cour de cassation a vérifié si le droit avait bien été appliqué par la Cour d’appel.
Remarque : Dans un arrêt du 21 octobre 2020, la Cour de cassation a définitivement confirmé la
responsabilité de la société Monsanto dans la mise en circulation d’un produit défectueux à l’origine
du dommage subi par l’agriculteur céréalier.

Allez plus loin ! Le droit du travail… on peut participer à sa création !


(p. 21)
1. Quel texte a modifié le champ de la négociation collective dans l’entreprise ?
Ce sont les ordonnances du travail de septembre 2017 qui ont modifié le champ de la négociation
collective et l’organisation du dialogue social dans l’entreprise.
2. Quel nouvel acteur intervient dans le dialogue social en entreprise ?
Le comité social et économique, obligatoire dans toutes les entreprises d’au moins 11 salariés, est le
nouvel acteur qui peut participer au dialogue social dans les entreprises.
3. À votre avis, pour quelle raison ce nouvel acteur a-t-il le pouvoir de négocier des accords entre
salariés et direction (employeurs) ?
La présence du CSE peut faciliter le dialogue entre les salariés et la direction en l’absence de délégué
syndical. C’est pourquoi, au niveau de l’entreprise, le législateur a choisi de lui donner compétence pour
conclure des accords avec l’employeur.

© Nathan Chapitre 2 Les sources du droit / 19


3. Distinguer les différentes institutions nationales (p. 22-23)
16. Quel était l’objet du débat à l’Assemblée nationale ?
Les députés ont débattu du projet de loi agriculture et alimentation et de l’opportunité d’inscrire ou non
l’interdiction du glyphosate dans la loi.
17. Pour quelles raisons est-ce l’Assemblée nationale qui est saisie de ce débat ? (Doc. 9)
L’Assemblée nationale est une des deux chambres du Parlement (avec le Sénat) chargée de l’examen et
du vote des lois. C’est la raison pour laquelle elle a été saisie de ce débat.
18. Quelle institution était à l’origine du texte ainsi débattu ? (Doc. 9)
Le texte débattu à l’Assemblée nationale était le « projet de loi agriculture et alimentation ». Ce texte
provenait donc du gouvernement chargé de déterminer et de conduire la politique de la Nation.
19. Si le Parlement adoptait l’interdiction du glyphosate, un arrêté municipal pourrait-il
autoriser son utilisation ? En application de quel principe ? (Doc. 10)
Un arrêté municipal, norme inférieure, ne pourrait contredire une loi, norme supérieure.
Remarque : c’est pour éviter que les textes ne se contredisent qu’est posé le principe de hiérarchie des
normes. L’application de ce principe empêche un arrêté municipal d’aller à l’encontre d’une loi
nationale.
20. Quel problème l’association UIPP a-t-elle soulevé ? Par quelle procédure ? (Doc. 11)
L’association UIPP soutenait que la Loi EGALIM était contraire à la liberté d’entreprendre, principe
général de valeur constitutionnelle. L’association a soulevé une QPC (question prioritaire de
constitutionnalité).
21. Quelle institution est chargée de trancher ce type de question ? (Doc. 11)
C’est le Conseil constitutionnel qui est chargé de vérifier que la loi a été adoptée de façon régulière et
qu’elle est conforme à la Constitution.
22. Quelle décision a été rendue ? (Doc. 11)
Le Conseil constitutionnel a considéré que l’interdiction, en 2022, de la production, du stockage, et de
la circulation des produits incriminés, est conforme à la Constitution.

Allez plus loin ! Pour une loi, tout le monde s’y met : le Parlement,
c’est deux chambres ! (p. 23)
1. Quelle institutions nationales sont intervenues dans l’adoption du texte cité ?
La proposition de loi a d’abord été adoptée par l’Assemblée nationale (en Commission puis en séance
publique), puis modifiée et adoptée par le Sénat avant d’être définitivement adoptée par l’Assemblée.
2. De quel texte s’agit-il ?
Il s’agit d’une loi, définitive après son adoption par les deux chambres du Parlement. Le but de cette loi
est d’encadrer l’exploitation commerciale de l’image des moins de 16 ans sur les plateformes en ligne.
3. Qui en est à l’origine ?
Puisqu’il est question d’une proposition de loi, on peut en conclure que c’est un parlementaire (député
ou sénateur) qui en est à l’origine. Il s’agit ici d’un député, Bruno Struder. On parle de projet de loi,
lorsque le gouvernement est à l’origine du texte examiné avant son adoption.
4. Que prévoit-il ?
Le texte prévoit différentes mesures destinées à protéger les enfants mineurs de moins de 16 ans, dès
lors que des vidéos en ligne utilisant leur image est publiée et génère une somme d’argent dont le
montant sera fixé par décret en Conseil d’État. Outre les modalités de versement des sommes dues aux
mineurs, le texte prévoit aussi la possibilité pour un enfant mineur de faire cesser la diffusion de son
image, même lorsque celui-ci sera devenu majeur.

20 / Thème 1 Qu’est-ce que le droit ? © Nathan


4. Identifier les sources du droit et les institutions
au niveau européen (p. 24-25)
23. Quels sont les principaux textes à l’origine de la création de l’Union européenne et de ses
institutions actuelles ? (Doc. 12)
Les principaux textes à l’origine de la création de l’UE et de ses règles de fonctionnement sont des
traités internationaux, comme le traité de Rome de 1957 et le traité de Maastricht de 1992.
24. Pour quelle raison l’association Générations Futures souhaite-t-elle qu’un million de
citoyen au moins signent son texte ? Que se passera-t-il si tel est le cas ? (Doc. 14)
Un million de citoyens est le seuil minimum de signatures pour qu’une initiative européenne soit
examinée par la Commission européenne. Si tel est le cas, celle-ci étudiera l’initiative citoyenne et
formulera des propositions d’actes juridiques en conformité avec les traités.
25. La décision prise d’interdire le diméthoate est-elle appliquée dans les États membres ?
Justifiez votre réponse. (Doc. 13 et Doc. 14)
La décision prise par l’UE est un règlement. Comme tel, il est directement applicable dans tous les États
membres, à compter du 16 décembre 2020, conformément aux termes du texte.
26. Comment cette décision a-t-elle été adoptée ? Par quels organes institutionnels ? (Doc. 14)
La Commission européenne a transmis une proposition au Parlement et au Conseil de l’Union
européenne qui l’ont éventuellement modifiée, puis qui l’ont adoptée.
27. Quel était l’objectif poursuivi par la saisine de la Cour de justice de l’Union européenne ?
La saisine de la Cour de justice de l’Union européenne avait pour objectif de trancher la question de la
validité du règlement européen concernant les méthodes d’évaluation des pesticides.
28. Quel pouvoir exerce cette Cour au sein de l’Union ? (Doc. 14)
Elle exerce le pouvoir judiciaire, c’est-à-dire qu’elle tranche les litiges au niveau de l’UE.

Allez plus loin ! Le transport routier en Europe réformé ? (p. 25)


1. Quelle institution européenne a débattu puis adopté la réforme du transport routier au sein de
l’Union européenne ?
Le Parlement européen a adopté la réforme du transport routier dans l’Union européenne.
2. Quel est l’objectif poursuivi ?
Il s’agit d’adopter des règles communes aux membres de l’Union européenne, d’améliorer les conditions
de travail des chauffeurs routiers dans l’Union européenne, de renforcer la lutte contre les pratiques
illégales, et d’assurer une concurrence juste entre les entreprises européennes.

© Nathan Chapitre 2 Les sources du droit / 21


Corrigés des applications

1. Testez vos connaissances (p. 26)

1. Constitution et loi ont la même 7. La séparation des pouvoirs en droit


valeur juridique. français a pour objectif de répartir le
 Vrai  Faux travail pour plus d’efficacité.
2. Une loi est un texte de portée  Vrai  Faux
générale qui s’impose à tous.
8. En application du principe de
 Vrai  Faux
hiérarchie des normes, un arrêté ne
3. Le Sénat n’intervient pas dans le vote peut pas contredire un traité
des lois qui est du seul ressort de international.
l’Assemblée nationale.  Vrai  Faux
 Vrai  Faux
9. Toutes les décisions prises par les
4. Une ordonnance est adoptée par les institutions européennes s’intègrent
maires et les préfets dans le cadre de au droit français dès leur
leur pouvoir judiciaire. publication.
 Vrai  Faux  Vrai  Faux
5. La jurisprudence est l’ensemble des 10. Il n’existe pas de pouvoir judiciaire
décisions prises par les tribunaux. au niveau européen.
 Vrai  Faux  Vrai  Faux
6. La convention collective de
l’hôtellerie-restauration est appli-
cable à toutes les entreprises
d’hôtellerie-restauration.
 Vrai  Faux

2. Identifier la source d’une règle de droit (p. 26)


1. Quel texte instaure un dispositif d’urgence pour venir en aide aux salariés et aux
entreprises ? Quelle est l’institution en charge de l’adoption de ce texte ?
C’est un texte législatif, la loi du 30 juillet 2020, qui, pour faire face aux conséquences de la crise,
prolonge et renforce les dispositifs d’urgence en faveur des salariés et des entreprises.
Le Parlement, composé de deux chambres, l’Assemblée nationale et le Sénat, est chargé de l’examen et
de l’adoption de ce type de texte.
2. Que prévoit ce texte ?
Ce texte prévoit le versement d’une aide, sous forme de prime aux employeurs, pour certains contrats
d’apprentissage.
3. Quelle autre source du droit est nécessaires à la mise en œuvre de ce texte ? Qui en est à
l’origine ?
L’adoption d’un décret pour préciser les modalités de versement des primes allant de 5 000 € à 8 000 €
en fonction de l’âge de l’apprenti est nécessaire pour la mise en œuvre de ce texte. C’est le gouvernement
qui est compétent pour adopter ce type de texte.

22 / Thème 1 Qu’est-ce que le droit ? © Nathan


4. À votre avis, pour quelles raisons des textes d’adaptation sont-ils nécessaires ?
La loi est un texte de portée générale qui s’impose à tous. Elle ne peut entrer dans les détails de son
application et, conformément à la Constitution, elle laisse au pouvoir exécutif le soin d’apporter les
précisions nécessaires à cette mise en œuvre.

3. Distinguer les différentes institutions (p. 27)


Doc. 1 : Premier ministre. Doc. 2 : Préfet
Doc. 3 : Parlement européen Doc. 4 : Parlement national

4. Identifier les sources complémentaires du droit national (p. 27)


1. De quelle source de droit complémentaire est-il question dans le document ?
Il s’agit d’une source de droit négocié. L’avenant (la modification) N°27 à la convention collective
nationale des entreprises du paysage a été négocié et adopté le 29 novembre 2019.
2. Qui en sont les signataires ?
Les partenaires sociaux (syndicats représentant les salariés et organisations patronales) sont les
signataires de ce document.
3. Quel est son objectif ?
L’avenant à la convention collective adopté le 29 novembre 2019 a pour objectif d’établir une
règlementation sur les heures de travail récupérables (intempéries) et sur les contreparties aux heures
supplémentaires, sous forme de rémunération majorée ou de repos compensateur.
4. Une entreprise du paysage pourrait-elle décider de majorer de 15 % les heures
supplémentaires effectuées par ses salariés ? Justifiez votre réponse.
La convention collective est un texte de portée nationale, règlementant les conditions de travail des
salariés d’une même branche d’activité. Elle s’impose à toutes les entreprises nationales exerçant une
activité dans cette branche. Une entreprise du paysage ne pourrait donc décider de rémunérer ses salariés
à un taux inférieur à celui fixé par la convention collective des entreprises du paysage.
Remarque : on part du principe que l’extension de la convention collective par le ministre du Travail
– non présentée ici et sans doute ignorée des élèves – est une formalité qui touche toutes les conventions
collectives de branche et leurs avenants, ce qui est tout à fait réaliste.

5. Identifier les sources du droit et les institutions


au niveau européen (p. 28)
1. Citez les institutions européennes dont il est question dans cet article.
La Commission européenne et le Parlement européen sont les deux institutions citées dans cet article.
2. Rappelez leur rôle dans la création de sources de droit au niveau européen.
La Commission européenne, composée d’autant de commissaires que d’États membres de l’UE, a
l’initiative des textes et le pouvoir d’en contrôler l’exécution.
Le Parlement européen, composé de députés élus par les citoyens des différents pays de l’UE, est
l’institution qui représente le peuple des États membres. Il participe avec la Commission européenne à
l’adoption et à la mise en œuvre des actes juridiques qui réglementent la vie des citoyens dans l’Union
européenne.
3. Quel texte de droit européen est à l’origine de l’EFSA ?
Un règlement de 2002 est à l’origine de la création de l’EFSA.
4. Quelle est la particularité de ce texte de droit dérivé ?
Il a pour particularité, qu’une fois adopté, il est directement applicable dans les pays membres sans qu’il
y ait lieu de le transposer dans les différents droits nationaux.

© Nathan Chapitre 2 Les sources du droit / 23


6. Identifier les particularités des directives européennes (p. 28)
1. Quel est l’objet de la directive européenne 2019/790 ?
Cette directive oblige les plateformes à rémunérer éditeurs et agences de presse pour l’exploitation des
articles. Il s’agit d’obliger « les infomédiaires » à payer l’utilisation des informations sur le Net.
2. Quelle est l’autorité créatrice de cette directive ?
Le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne, qui l’ont adoptée le 15 avril 2019.
3. Pour quelle raison une loi de transposition doit-elle être adoptée par la France ?
Contrairement aux règlements, une directive n’est pas directement applicable dans les États membres
de l’Union européenne. Si elle impose des objectifs d’évolution de leur droit aux États membres, elle
leur laisse une faculté d’adaptation de la règle pour ses modalités d’application. Cette procédure prend
ainsi en compte l’existence des particularismes des différents pays composant l’Union européenne.
4. Quelle institution française est ainsi en charge de l’adoption de cette loi ?
C’est le Parlement français, composé de l’Assemblée nationale et du Sénat, qui est en charge de
l’adoption de cette loi.
Remarque : sans entrer dans l’étude des articles 34 et 37 de la Constitution qui fixent les domaines
respectifs de la loi et du règlement, on peut signaler aux élèves que certaines transpositions de directives
relèvent du pouvoir exécutif et se font alors au travers de décrets.

7. Distinguer les différentes sources des règles de droit (p. 29)


Identifiez la source des règles applicables aux situations.
1c;2a;3b;4d

8. Se préparer au bac – Identifier la ou les règles juridiques


applicables (p. 29)
1. Quel texte les syndicats et associations contestaient-ils ?
Ces organes représentatifs des citoyens et des salariés contestaient le cadre de l’état d’urgence sanitaire
(institué par le décret du 31 mai 2020) qui interdisait toute manifestation ou réunion de plus de
10 personnes sur l’ensemble du territoire.
2. Quelle liberté fondamentale le juge des référés a-t-il mise en avant ? En application de
quels textes ?
Le juge des référés du Conseil d’État a accueilli l’argument des syndicats et associations qui avançaient,
à l’appui de leur contestation, la liberté de manifestation reconnue par la Déclaration des droits de
l’homme et du citoyen de 1789 et par la Convention européenne des Droits de l’Homme.
3. À quelle limite l’exercice de cette liberté se heurte-t-il ?
L’exercice de cette liberté est limité par la sécurité et la protection de l’ordre public établi par la loi, la
santé ou la morale publique ou par la protection des droits et des libertés d’autrui inscrites dans
Déclaration des droits de l’homme et d citoyen et dans la Convention européenne des Droits de l’homme.
4. Quelle est la règle applicable dans cette situation ?
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen intégrée au bloc de constitutionnalité français impose
que tout individu a le droit de participer à une réunion pour manifester ses opinions. Néanmoins, ce
texte, ainsi que la Convention européenne des Droits de l’homme, précise que la manifestation des
convictions des citoyens ne peut porter atteinte à l’ordre public établi par la loi ou à la protection des
droits et des libertés d’autrui. C’est pourquoi, une loi du 23 octobre 1935 oblige à une déclaration
préalable pour toute manifestation sur la voie publique. Il appartient donc au Conseil d’État de s’assurer
de la régularité d’un acte administratif, ici le décret du 31 mai fixant le cadre de l’état d’urgence
sanitaire.

24 / Thème 1 Qu’est-ce que le droit ? © Nathan


Corrigé de la synthèse (p. 30)

1. Identifier les sources de droit et les institutions nationales


La Constitution est considérée comme texte suprême car elle définit l’organisation et la séparation des
pouvoirs de l’État.
Avec d’autres sources du droit national, telle que la loi (adoptée par le Parlement) ou les ordonnances,
les décrets présidentiels ou ministériels, les arrêtés émanant d’autorités administratives, la
Constitution encadre la vie juridique des citoyens. Certaines sources de droit complémentaires
viennent s’ajouter à ce cadre : la jurisprudence, ou le droit négocié (entre les partenaires sociaux)
constitué par les différents accords collectifs nationaux ou d’entreprise ou encore les conventions
collectives. Pour éviter que les textes ne se contredisent, ces différentes sources s’organisent autour de
la hiérarchie des normes qui fixe une règle selon laquelle un texte inférieur ne peut déroger à un texte
supérieur.
Le Conseil constitutionnel veille, à travers le contrôle de constitutionnalité, à ce que chacune de ces
règles ou sources du droit respecte la norme suprême, la Constitution.

2. Identifier les sources du droit et les institutions européennes


Des sources de droit supranationales existent : les institutions européennes (Commission, Parlement,
Cour de justice) sont à l’origine du droit européen applicable sur le territoire national.
On distingue les directives, qui doivent être transposées dans les différents droits nationaux des pays de
l’UE, et les règlements qui, eux, sont directement applicables dans les États membres.

© Nathan Chapitre 2 Les sources du droit / 25


L’essentiel

2. Les sources de droit nationales


Le droit français est un ensemble de règles variées émanant d’autorités différentes.
Ces textes parfois complexes et hiérarchisés doivent être portés à la connaissance de tous. La plupart
d’entre eux font l’objet de recueil par branche du droit : les Codes (Code civil, Code pénal…).

A. Les principales sources du droit national


Les principales sources de droit national sont les suivantes :
• Les textes législatifs :
– La Constitution : adoptée en 1958, c’est la loi fondamentale de l’État. Elle définit les droits et libertés
des citoyens et organise les pouvoirs publics, définit leur rôle et leurs relations. Qualifiée de texte
suprême, modifiée assez souvent, elle intègre un ensemble de textes qui forment le bloc de
constitutionnalité (Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen de 1789, Préambule de la
constitution de 1946, Charte de l’environnement de 2004).
– La loi : texte législatif adopté par le Parlement composé de l’Assemblée nationale et du Sénat, c’est
une règle de droit écrite de portée générale et impersonnelle. La loi intervient dans les domaines que lui
assigne l’article 34 de la Constitution (ex. : les droits civiques, la nationalité, le régime de la
propriété…). On parle de proposition de loi lorsque le Parlement en est à l’origine ou de projet de loi
lorsque le texte débattu émane du gouvernement. Examinée, amendée et adoptée par l’Assemblée
nationale et le Sénat à tour de rôle, elle est ensuite promulguée par le président de la République et
publiée au Journal officiel.
– L’ordonnance : il s’agit d’une mesure prise par le gouvernement dans un domaine relevant
normalement de la loi mais adopté par le gouvernement pour l’exécution de son programme. Texte
relevant de la procédure législative déléguée, son adoption doit avoir été autorisée puis validée par le
Parlement.
• Les textes réglementaires :
– Le décret : il s’agit d’un texte adopté par le président de la République, le Premier ministre ou les
ministres concernés, le plus souvent pour préciser les modalités d’application de la loi. Il a une portée
générale ou individuelle (ex. : décret portant nomination au grade de chevalier de la Légion d’honneur).
– L’arrêté : il s’agit d’un texte adopté au niveau national (arrêté ministériel) qui s’applique à tout le
territoire, ou au niveau local (arrêtés préfectoraux, municipaux) et applicable dans le département, la
commune…

B. Les sources complémentaires du droit national


Outre les principales sources évoquées, la négociation collective et les décisions de justice représentent
des sources de droit complémentaires.
Le droit négocié est un ensemble de règles négociées entre les partenaires sociaux (syndicats
représentant les salariés et organisations patronales), d’accords collectifs pour adapter la loi sociale aux
caractéristiques particulières des branches d’activités ou des entreprises.
– L’accord interprofessionnel : il s’agit d’un accord généralement national portant sur un ou quelques
points intéressant l’ensemble des salariés (formation, accès à une assurance complémentaire santé…) et
s’appliquant aux différentes branches d’activité.
– La convention collective : il s’agit d’un accord précisant les conditions d’emploi et les garanties
accordées aux salariés dans une branche d’activité spécifique. Le plus souvent nationale, elle peut aussi
être conclue au niveau régional ou local.
– L’accord d’entreprise : négocié entre la direction et les représentants des salariés d’une entreprise, il
a pour but d’adapter les règles générales du droit du travail aux spécificités de l’entreprise.
La jurisprudence est l’ensemble des décisions de justice, ou plus précisément, la solution
habituellement apportée par les juges à un problème de droit.

26 / Thème 1 Qu’est-ce que le droit ? © Nathan


3. Les différentes institutions nationales
A. La séparation des pouvoirs entre les institutions
La constitution de 1958 précise la façon dont sont organisées les institutions selon le principe de la
séparation des pouvoirs.
– Le pouvoir exécutif : il est exercé par le président de la République qui assure le fonctionnement des
pouvoirs publics, le Premier ministre qui dirige l’action du gouvernement et assure l’exécution des lois,
et le gouvernement qui détermine et conduit la politique de la Nation.
– Le pouvoir législatif : il est exercé par le Parlement composé de l’Assemblée nationale et du Sénat. Il
examine et vote les lois, contrôle le gouvernement et soumet des propositions de loi au Parlement.
– Le pouvoir judiciaire : il est exercé par les juridictions administratives qui tranchent les litiges entre
les citoyens et l’État, et par les juridictions judiciaires qui tranchent les litiges entre les personnes en
application du droit. L’ensemble des décisions rendues par ces tribunaux constitue la jurisprudence.

B. Le conseil constitutionnel et le contrôle de constitutionnalité


– La hiérarchie des normes : pour que les règles émanant de sources différentes ne se contredisent pas,
un principe pose qu’une norme inférieure ne peut contredire une norme supérieure. Ainsi, un décret ne
peut contredire une loi qui ne peut contredire un traité qui lui-même ne peut contredire la Constitution,
placée au sommet de la hiérarchie (au sommet de la pyramide dans le schéma).
– Le contrôle de constitutionnalité : le Conseil constitutionnel est chargé de vérifier la conformité des
lois à la Constitution, texte suprême. Ainsi, toute personne qui estime être jugée par un tribunal en
application d’une loi non conforme à la Constitution a le droit de soulever une question prioritaire de
constitutionnalité (QPC) pour demander au Conseil constitutionnel de se prononcer.

4. Les sources du droit et les institutions


au niveau européen
A. Les traités et textes de droit européen
– Les différents traités européens fixent les règles de fonctionnement de l’Union européenne et
établissent le cadre qui sert à l’élaboration des textes de droit européen dérivé.
– Le règlement est un texte adopté par les institutions européennes de portée générale et obligatoire, il
est directement applicable dans les États membres.
– La directive est un texte adopté par le Parlement et le Conseil de l’Union européenne, et a pour objectif
d’harmoniser les législations européennes. À destination d’un, de plusieurs ou de tous les États
membres, elle leur fixe un objectif à atteindre. Les États membres ont l’obligation, dans un délai donné,
de transposer la directive dans le système juridique national.

B. Les institutions européennes


L’Union européenne (UE) est composée de différents organes qui lui permettent de mener à bien ses
missions. Le Parlement européen, la Commission européenne et le Conseil de l’Union européenne sont
les principales institutions qui assurent son fonctionnement.
Les compétences et pouvoirs de chacune de ces institutions européennes sont répartis conformément
aux différents traités qui ont organisé l’UE.
– Le pouvoir législatif est exercé par le Parlement et le Conseil de l’Union européenne qui adoptent les
textes proposés par la Commission européenne.
– Le pouvoir exécutif est assuré par la Commission européenne.
– Le pouvoir judiciaire est exercé par la Cour de justice de l’Union européenne chargée de veiller au
respect de la législation de l’Union européenne dans tous les États membres.

© Nathan Chapitre 2 Les sources du droit / 27


Ressources numériques
 www.elysee.fr/
Ce site présente de façon synthétique les différentes institutions françaises et leur rôle.
 www.legifrance.gouv.fr/
Ce site permet d’accéder à l’ensemble des textes législatifs et règlementaires nationaux. Il propose aussi
un accès aux conventions collectives.
 www.touteleurope.eu/
Ce site propose d’éclairer élèves et enseignants sur les institutions européennes. Il permet aussi
d’accéder à certains sujets clés traités par l’Union européenne, tel le climat, ou des comparatifs entre
États membres sur les élections européennes.
 Vidéo : Les clés de la République : la Constitution – LCP, Public Sénat – 2’57 min.
youtu.be/30tkGSOMkt8
Cette vidéo permet d’expliquer de façon succincte l’histoire, les principes, la place et le rôle de la
constitution en France.
 Vidéo : Qui fait la Loi en France ? – Dessine-moi l’éco– 3’33 min.
youtu.be/nDCKhiWOPlY
À l’aide de cette vidéo, les élèves peuvent visualiser la procédure d’examen et d’adoption des lois par
les deux chambres qui composent le Parlement français : l’Assemblée nationale et le Sénat.
 Vidéo : Qu’est-ce que l’Union européenne ? – Toute l’Europe – 2’14 min.
youtu.be/u2SQ_Is1Vic
Cette vidéo permet aux élèves et aux enseignants de comprendre la création de l’Union européenne, sa
place dans le monde, ses objectifs et modes de fonctionnement.
 Vidéo : Comment naissent les lois européennes ? – AFP – 1’22 min.
youtu.be/XrER97K9MgM
Cette vidéo permet aux élèves de faire un point sur l’exercice du pouvoir législatif dans l’Union
européenne et de distinguer directive et règlement.

28 / Thème 1 Qu’est-ce que le droit ? © Nathan


Corrigé de l’Entraînement au bac – Thème 1
Capacités
• Vérifier les caractères de la règle pour une règle de droit donnée
• Identifier la source d’une règle de droit
• Distinguer les différentes institutions

Comment le droit naît-il ? (p. 31)


Situation 1
1. La procédure législative ordinaire présente-t-elle des risques pour ce gouvernement ?
Lesquels, éventuellement ?
Les règles concernant l’adoption de la loi sont prévues par la Constitution. Les projets de loi émanant
du gouvernement doivent être approuvés par les deux chambres du Parlement. L’article 45 de la
Constitution détaille les modalités de cette procédure. S’il apparaît bien que le Sénat a la faculté de
modifier un texte adopté par l’Assemblée nationale, on constate qu’en fin de compte, s’il y a une
opposition entre les deux chambres, le gouvernement peut demander à l’Assemblée nationale de statuer
définitivement.
Comme le gouvernement dispose d’une majorité de députés qui lui sont favorables, il sait que toute
procédure législative se terminerait – sans risque de déception – par l’adoption de ses projets de loi.
On peut cependant relever un risque inhérent à la procédure, celui de la longueur du processus
d’adoption de la loi. L’article 45 de la Constitution précise que des navettes peuvent s’instaurer entre
les deux chambres du Parlement tant que le même texte n’a pas été adopté par les députés et les
sénateurs. Comme le gouvernement ne dispose pas de la majorité au Sénat, il y a des possibilités
d’opposition à ses projets de loi de la part des sénateurs. Bien sûr, ces oppositions ne peuvent être que
temporaires : le Premier ministre a le droit d’interrompre les navettes en convoquant une commission
mixte paritaire pour accélérer la procédure. Mais, là encore, rien ne garantit qu’il ne faille pas soumettre
le texte adopté par cette commission aux deux chambres du Parlement.
En conclusion, le gouvernement sait qu’il pourra faire adopter ses projets de loi, mais il peut s’attendre
à ce que la procédure soit parfois longue.
2. Comment le gouvernement peut-il procéder pour gagner du temps dans l’élaboration de
nouvelles règles de droit ?
L’article 38 de la Constitution autorise le gouvernement à adopter des ordonnances pour l’exécution de
son programme. Il dispose alors du pouvoir législatif, même s’il est obligé de demander l’autorisation
d’user de cette procédure et d’obtenir après coup la ratification de ses textes par le Parlement. Il gagne
cependant beaucoup de temps, puisqu’il est dispensé de faire discuter et approuver ses projets législatifs
par les députés et les sénateurs.
Le gouvernement n’aurait donc pas de mal, en s’appuyant sur sa majorité à l’Assemblée nationale, à
adopter des ordonnances.
3. Dans quelles conditions la directive européenne sera-t-elle applicable aux auteurs
français ? Justifiez.
Une directive est un texte législatif adopté par les autorités européennes qui nécessite une transposition
dans les droits des États membres de l’UE pour être applicable. Cette transposition s’opère par l’adoption
d’une loi nationale, pouvant adapter le texte de la directive aux spécificités de chaque pays.
La directive « droits d’auteur » adoptée le 13 février 2019 au niveau européen devra donc faire l’objet
d’une loi française pour être applicable en France.
4. La réponse à la question précédente serait-elle la même si le texte de droit européen était
un règlement ?
Les règlements européens sont des textes législatifs adoptés par les instances européennes et directement
applicables dans les États membres de l’UE.
Si le texte sur les droits d’auteur avait été une directive, il serait directement applicable aux entreprises
et aux citoyens français.

© Nathan Entraînez-vous ! – Comment le droit naît-il ? / 29


5. Ces nouvelles règles semblent morales. Précisez les caractères qui en font des règles de
droit.
Les règles contenues dans la directive « droits d’auteur » apportent des réponses favorables aux attentes
légitimes des créateurs, en particulier les entreprises de presse, en cas d’utilisation de leur travail par les
grandes plateformes en ligne comme Google Actualités, YouTube ou Facebook.
Si on peut considérer que le contenu de cette directive est moral, car il doit faire disparaître les abus
commis par certains géants de l’Internet, ce qui en fait un texte de droit ce sont certains caractères des
règles qu’il pose : tout d’abord ces règles sont obligatoires et s’imposent à tous. D’autre part, ces règles
sont sanctionnées lorsqu’elles sont violées.

Situation 2
1. M. Vogart aimerait savoir si les règles légales en matière de congés payés lui sont
applicables. Dans la négative, de quelles sources de droit peuvent émaner les dispositions
applicables à ses congés ?
En droit du travail, les règles légales s’appliquent aux salariés, soit parce qu’elles édictent une règle
d’ordre public, soit à défaut d’autres sources de droit, comme un accord d’entreprise ou une convention
collective.
M. Vogart est concerné, comme ses collègues, par les règles de l’accord d’entreprise qui leur est
applicable et qui priment sur le contenu de la convention collective et de la loi.
Remarque : on peut signaler aux élèves que le champ d’application du droit négocié en matière de
congés payés ne peut être celui de la durée minimale de ces congés, défini par l’article L3141-3 du
Code du travail posant une règle d’ordre public tandis que l’article L3141-10 précise que le droit
négocié ne peut que :
« 1° Fixer le début de la période de référence pour l'acquisition des congés ;
2° Majorer la durée du congé en raison de l'âge, de l'ancienneté ou du handicap ».
2. L’accord d’entreprise lui semble moins favorable que la convention collective en ce qui
concerne la détermination des dates de congé. Est-ce possible ?
Parmi les règles de droit négocié en droit du travail, celles de l’accord d’entreprise prime sur celles des
conventions collectives, même si elles sont moins favorables aux salariés. Il existe des exceptions à cette
possibilité de dérogation, dans le cas des dispositions intéressant quelques domaines du droit comme les
salaires minima, les classifications, la protection sociale complémentaire, certaines mesures liées à la
durée du travail, au CDD. Rien cependant n’est dit pour ce qui est de la date des congés payés.
M. Vogart est donc soumis aux règles conventionnelles nées de l’accord d’entreprise, même si elles sont
moins favorables que celles de la convention collective.
3. Selon vous, comment se justifie la hiérarchie entre les règles de droit du travail illustrée
ici ?
Les sources du droit sont multiples et, depuis les réformes de 2016 et 2017, la première place est donnée,
en matière de droit négocié, aux accords d’entreprise (ou d’établissement), les règles légales
n’apparaissant, dans bien des cas, que comme des règles supplétives (s’appliquant à défaut de règles de
droit négocié).
Le but poursuivi par les réformes récentes du droit du travail est de donner la primeur au droit qui
s’élabore « sur le terrain » et spécialement dans le cadre de l’entreprise. D’abord, c’est un droit négocié,
donc donnant aux syndicats de salariés et aux employeurs ou à leurs représentants la faculté d’exprimer
leur point de vue et leurs attentes, et de confronter leurs avis. Ensuite, ce sont des règles de droit qui
prennent en compte, mieux que des règles légales générales, les spécificités des entreprises, de leurs
conditions de travail… et des possibilités d’améliorer leur compétitivité. Or, le droit du travail moderne
se doit d’associer la défense des salariés et la défense de l’emploi, liée sans aucun doute aux
performances de l’entreprise.

30 / Thème 1 Qu’est-ce que le droit ? © Nathan


Chapitre 3
Le litige et la preuve

Place du chapitre dans le programme

Thème 2 – Comment le droit permet-il de régler un litige ?

Plan du chapitre Capacités Notions

1. Identifier les éléments • Identifier les éléments • Litige


d’un litige d’un litige : parties, faits, • Demandeur, défendeur
prétentions, question de droit • Prétentions
• Accord amiable

2. Déterminer si le litige • Déterminer au moyen • Acte et fait juridiques


est causé par un acte d’une argumentation si • Présomption
ou un fait juridique le litige est causé par un acte • Acte authentique et sous signature
ou un fait juridique afin privée
d’envisager un mode • Témoignage, aveu
de preuve adapté • Preuve électronique
• Intime conviction du juge
3. Apprécier la force • Apprécier la force probante • Charge et mode de preuve
probante d’un élément d’un élément de preuve dans
de preuve une situation donnée

Avant la classe
1. Quelle est la situation présentée dans cette vidéo ?
La vidéo évoque le cas de la livraison d’un colis qui n’a pas été commandé par le destinataire de l’envoi.
Bien sûr, cette livraison est accompagnée de la facture correspondant au prix du produit.
2. Que faire dans ce genre de situation ?
Le destinataire qui reçoit ici un envoi « forcé » ne doit pas payer. Il n’a même pas l’obligation de ren-
voyer le colis, et cela même si l’expéditeur le menace. On n’est pas tenu d’exécuter un contrat qu’on
n’a jamais conclu !

Réponses aux questions sur la(les) situation(s)


1. Identifier les éléments d’un litige (p. 34-35)
1. Cette affaire était-elle un litige ? Pourquoi ? (Doc. 1)
Le groupe TF1 reprochait au groupe Canal+ de ne pas diffuser ses programmes et donc de ne pas res-
pecter les droits de diffusion. Il s’agit donc d’un litige et non pas d’un simple conflit car cela porte sur
l’exercice d’un droit.

© Nathan Chapitre 3 Le litige et la preuve / 31


2. Quels étaient les faits ? Qualifiez-les juridiquement (Doc. 2)
Depuis 2017, les deux groupes ne parvenaient pas à se mettre d’accord sur le prix de diffusion des
chaînes du groupe TF1. Canal+ avait même pris la décision au début de l’année 2018 de couper le signal
des chaînes du groupe TF1 sur ses box.
3. Qui étaient les parties à ce litige (demandeur/défendeur) ? (Doc. 2 et Doc. 3)
TF1 qui a introduit une action en justice est le demandeur et ainsi Canal+ est automatiquement le dé-
fendeur.
4. Pourquoi le groupe Canal+ refusait-il de diffuser les chaînes du groupe TF1 ? (Doc. 2)
Le groupe Canal+ refusait de diffuser les chaînes du groupe TF1, estimant que les sommes demandées
par le groupe TF1 étaient « astronomiques ».
5. Quel est l’intérêt, pour les deux groupes, de s’être conciliés dans cette affaire ? (Doc. 2)
L’intérêt de la tentative de conciliation est de négocier et d’apaiser les tensions afin d’éviter le procès.
C’est la dernière chance de trouver un terrain d’entente. Les abonnés de Canal+ eux aussi étaient direc-
tement impliqués car les chaînes du groupe TF1 n’étaient plus diffusées.
6. Pourquoi la résolution amiable d’un litige est-elle toujours préférable ? (Doc. 4)
La résolution amiable est toujours préférable au recours à la justice, souvent long et coûteux. Trouver
un accord amiable permet de gagner du temps et d’aboutir à un compromis satisfaisant pour les parties.

Allez plus loin ! Un accord vaut toujours mieux qu’un procès (p. 35)
1. Quel est le rôle de la conciliation ?
La conciliation a pour rôle d’éviter que le litige dure trop longtemps, qu’il engendre des frais pour les
parties et qu’il contribue à l’encombrement des tribunaux.
2. Qu’a permis la conciliation dans les deux affaires ?
La conciliation a permis de trouver un terrain d’entente en renouant le dialogue entre les parties.
Dans le litige entre le propriétaire et l’artisan à propos d’une fissure, un constat d’accord est signé afin
d’éviter une procédure. Dans le cas des nuisances liées aux émanations de peinture, une médiation est
proposée à la mairie. En cas de non-accord, un constat sera rédigé par le conciliateur pour prouver au
juge la démarche des parties.
3. Quelle différence faites-vous entre le rôle du juge et celui d’un conciliateur ?
Le juge est là pour trancher un litige en utilisant les règles de droit. Le conciliateur permet de faire
renouer le dialogue entre des parties afin d’éviter le recours à la justice. Si la conciliation n’aboutit pas,
le juge viendra trancher le litige.

2. Déterminer si le litige est causé par un acte ou un fait juridique


(p. 36-37)
7. La diffusion litigieuse du film Pinocchio constituait-elle un fait ou un acte juridique ? Jus-
tifiez. (Doc. 5 et Doc. 6)
La diffusion litigieuse a fait l’objet de la signature d’un contrat entre la société de production Le Pacte
et Amazon. Il s’agit donc de l’émanation de la volonté des parties et donc d’un acte juridique.
8. Que rappelle la Cour de cassation dans son arrêt du 12 juin 2019 ? (Doc. 8)
La juridiction suprême rappelle l’exigence d’une preuve littérale (c’est-à-dire un écrit) comme mode de
preuve d’un acte juridique, en l’espèce un contrat, concernant des obligations supérieures à un montant
de 1 500 euros.

32 / Thème 2 Comment le droit permet-il de régler un litige ? © Nathan


9. D’après vous, pourquoi les actes juridiques doivent-ils être prouvés en principe par un
écrit ? (Doc. 5, 6 et 7)
Un acte juridique est un événement volontaire qui a produit des effets de droit voulus. Les parties doivent
donc envisager l’éventualité d’un litige et rédiger un écrit afin de prouver leurs prétentions.
10. L’incendie qui a touché les locaux du groupe constituait-il un acte ou un fait juridique ?
(Doc. 5 et 6)
L’incendie qui a touché les locaux du groupe est un fait juridique. Il s’agit d’un événement involontaire
non souhaité par les parties, d’un accident.
11. Dans quel but doit-on le prouver à l’assureur ? (Doc. 5 et 6)
Il incombe aux parties de prouver le fait juridique, en l’espèce l’incendie, pour soutenir leurs prétentions.
Le groupe Canal+ devra prouver la réalité de l’incendie afin d’être indemnisée par la compagnie d’as-
surance.
12. Pourquoi selon vous, la preuve des faits juridiques peut-elle être apportée par tous
moyens ? (Doc. 7)
À la différence de l’acte juridique, le fait juridique est un événement dont les effets juridiques sont
involontaires. La preuve de ce qui n’a pas été voulu ne peut pas avoir été préparée par écrit !

Allez plus loin ! Souriez… vous êtes filmé ! (p. 37)


1. S’agit-il ici, pour les automobilistes, de prouver des actes ou des faits juridiques ? Lesquels pré-
cisément ?
Il s’agit pour les automobilistes de prouver des faits juridiques : il s’agit d’établir des accidents, des
comportements dangereux sur la route, des délits de fuite. Le capteur permet de filmer et d’enregistrer
la circulation autour du véhicule avec indications de la date, de l’heure et de la géolocalisation.
2. Pourquoi n’est-il pas déplacé d’utiliser ce genre d’appareil au regard des moyens de preuve
admissibles ?
Ce genre de caméra embarquée peut s’avérer utile pour prouver les accidents, car la preuve des faits
juridiques étant difficile, tous les moyens pour l’établir semblent opportuns.

3. Apprécier la force probante d’un élément de preuve (p. 38-39)


13. Sur qui pèse la charge de la preuve dans ce conflit ? Pourquoi ? (Doc. 9)
Selon la loi, il appartient à Thierry Ardisson, demandeur, de prouver la rupture brutale des relations
commerciales.
14. Selon vous, le contrat liant Thierry Ardisson au groupe Canal+ concernant la diffusion de
ses programmes était-il sous seing privé ou authentique ? Quel est l’intérêt de recourir à
ce type d’écrit ? (Doc. 10)
Le contrat n’a selon toute vraisemblance pas été signé devant notaire. Il s’agit d’un acte sous seing privé.
L’intérêt de recourir à ce type de contrat est qu’il permet de détailler les relations commerciales non
contestables par les parties, et qu’il est plus simple et moins onéreux qu’un acte notarié.
15. Pourquoi les preuves écrites sont-elles qualifiées de « parfaites » ? (Doc. 10)
Les preuves écrites sont dites parfaites car elles ne laissent pas de place à l’interprétation par les juges.
16. Pourquoi, dans ce genre d’affaire, le juge peut-il demander des témoignages ? (Doc. 11 et
Doc. 12)
Il est difficile d’apporter la preuve du harcèlement sexuel car il faut une certaine répétition d’agisse-
ments. Ainsi, le juge peut auditionner des collègues de travail notamment pour se forger son opinion.

© Nathan Chapitre 3 Le litige et la preuve / 33


17. Ces témoignages vont-ils s’imposer au juge ? Pourquoi parle-t-on d’intime conviction du
juge ? (Doc. 11 et 12)
Les témoignages sont des preuves imparfaites, autorisant leur appréciation par les juges. En effet, les
témoins peuvent commettre des erreurs. C’est pourquoi le juge doit se forger son opinion personnelle-
ment.
18. Dans les exemples suivants, dites si la règle de droit est posée par une présomption irré-
fragable, une présomption simple ou une présomption mixte. (Doc. 13)
a. Selon l’article 312 du Code civil, l’enfant d’un couple marié est présumé être le fils du mari, mais il
n’est pas interdit à celui-ci d’engager une action en désaveu de paternité.
Il s’agit d’une présomption simple.
Remarque : le mari est présumé être le père de l’enfant mais la preuve contraire peut être apportée
(test de paternité).
b. Selon l’article L.1242-12 du Code du travail, un contrat de travail non écrit est un CDI, la loi ne
permettant pas l’employeur d’établir la preuve contraire.
Il s’agit d’une présomption irréfragable.
Remarque : l’employeur ne peut établir par aucun moyen la preuve que le contrat est un CDD ou un
CTT.
c. Selon l’article 1402 du Code civil, les biens des époux mariés sans contrat sont présumés communs,
mais si un époux revendique la propriété exclusive d’un bien, le juge pourra prendre en considération
tout écrit (documents de banque, factures…) :
Il s’agit d’une présomption mixte.
Remarque : le défendeur, en l’espèce l’un des époux, ne va pouvoir prouver la propriété exclusive d’un
bien que par les moyens prévus par la loi (une facture, un document de banque…).

Allez plus loin ! Un testament par SMS… (p. 39)


1. Peut-on établir un testament par SMS ?
Un SMS ne peut pas constituer un testament. Ce dernier peut être sous la forme d’un acte authentique,
devant notaire. Il peut aussi être olographe, c’est-à-dire écrit, daté et signé de la main du testateur, autant
d’exigences qu’on ne trouve pas dans le cas d’un SMS.
2. Quels sont les faits dans cette affaire ?
Une personne écrit un SMS en guise de testament juste avant de se suicider en léguant ses biens à sa
mère. La veuve, qui avait engagé une procédure de divorce refuse de reconnaître la validité du message.

34 / Thème 2 Comment le droit permet-il de régler un litige ? © Nathan


Corrigés des applications

1. Testez vos connaissances (p. 40)

1. Le demandeur est celui qui introduit 5. Les preuves écrites sont parfaites car
l’action en justice. elles sont difficiles à contester.
 Vrai  Faux  Vrai  Faux
2. La preuve d’un acte juridique doit 6. Les présomptions irréfragables ne
être écrite car les effets de l’acte ont permettent pas d’apporter la preuve
été voulus par les parties, qui ont contraire.
aussi envisagé leurs conséquences ju-
 Vrai  Faux
ridiques.
 Vrai  Faux 7. Les témoignages ont davantage de
force probante que les actes authen-
3. L’écrit est toujours obligatoire pour tiques.
prouver un acte juridique.
 Vrai  Faux
 Vrai  Faux
8. Les témoignages sont laissés à la libre
4. Un acte sous seing privé est un écrit appréciation du juge qui se forge
rédigé et signé par des particuliers alors son intime conviction.
s’engageant les uns envers les autres.
 Vrai  Faux
 Vrai  Faux

2. Régler un conflit avant qu’il ne devienne un litige (p. 40)


1. Quel est le rôle du site Internet litige.fr ?
Le site litige.fr permet une tentative de conciliation amiable entre un consommateur et son cocontractant
professionnel par une lettre de mise en cause. Elle permet de rappeler leurs obligations aux profession-
nels dans le but de protéger les consommateurs.
2. Pourquoi Mathilde est-elle en conflit avec son opérateur de téléphonie mobile ?
Mathilde est en conflit avec son opérateur car ce dernier refuse, après résiliation de son forfait, d’arrêter
les prélèvements automatiques (40 euros tous les mois pendant 5 mois).
Remarque : en 15 jours, elle a été remboursée de la totalité de la somme demandée, soit 200 euros.
3. De quel type de litige s’agit-il ?
Il s’agit d’un litige de consommation.
Remarque : ce litige est exemplaire, car il est relatif à l’un des contrats de prestation de services les
plus répandus : l’abonnement à un contrat de téléphonie mobile.
4. Par quelle procédure le litige entre Mathilde et l’opérateur a-t-il été résolu ?
Grace à litige.fr, Mathilde a pu envoyer une lettre de mise en cause gratuitement afin de régler le litige
l’opposant à son opérateur de téléphonie mobile. La procédure suivie est celle du règlement amiable du
litige.
5. Quelles sont les conditions à respecter pour utiliser ce type de procédure ?
Que le montant du litige soit inférieur à 10 000 euros et donc que la représentation par avocat ne soit
pas obligatoire.

© Nathan Chapitre 3 Le litige et la preuve / 35


3. Identifier les éléments d’un litige (p. 41)
1. Quelles sont les parties en présence ?
Les parties au litige sont d’une part, UFC-Que Choisir, une association de défense des consommateurs
et, d’autre part, la société Apple.
2. Qui est le demandeur ? Qui est le défendeur ?
L’UFC-Que Choisir a assigné l’entreprise Apple en justice devant le tribunal de grande instance de
Paris. L’UFC-Que Choisir, qui a introduit la demande en justice, est le demandeur. Apple est donc le
défendeur.
3. Quelles sont les prétentions de l’UFC-Que Choisir ?
L’UFC-Que Choisir demande à la justice de faire reconnaître le caractère abusif de clauses insérées dans
les conditions générales des contrats Apple Music, et notamment en matière d’inexécution du contrat,
de résiliation de l’accès au service, et concernant la sécurité des données personnelles.
4. Sur quels moyens de droit s’appuient-elles ?
L’UFC-Que Choisir s’appuie notamment sur l’article L212-1 du Code de la consommation qui consi-
dère comme abusives les clauses qui ont pour objet ou pour effet de créer un déséquilibre significatif
entre les droits et les obligations des parties au contrat.
5. Quel problème juridique était soumis aux juges ?
Une entreprise peut-elle utiliser les données personnelles de ses utilisateurs afin de les commercialiser
sans créer de déséquilibre significatif au contrat ?
6. Quelle solution ce litige a-t-il reçue ?
La société Apple a été condamnée à verser 20 000 euros de dommages et intérêts en réparation du pré-
judice occasionné à l’intérêt collectif des consommateurs et 10 000 euros pour les frais de justice.

4. Déterminer l’objet de la preuve (p. 41)


1. Quel est le litige dans la situation présentée ci-dessus ?
Mme Prune, personne physique, décède en ayant rédigé un testament déposé chez un notaire (acte écrit).
Le testament désigne comme légataire Mme Sabat, personne physique, sa nièce. Cependant, cette der-
nière apprend qu’un second testament ultérieur a été rédigé par sa tante, désignant comme légataire
universel un récent ami. Mme Sabat souhaite saisir la justice afin de faire annuler ce second testament
du fait des troubles psychologiques de sa tante.
2. Qu’est-ce que Mlle Sabat doit prouver ? Un acte juridique ? Un fait juridique ?
Madame Sabat doit prouver un fait juridique, dans le sens où elle doit prouver la véracité des troubles
psychologiques de sa tante. La remise en cause de l’acte découlera de ce fait, et son annulation pour
cause de troubles psychologiques peut être envisagée.
3. Sur quels modes de preuve peut-elle s’appuyer ?
Elle pourra s’appuyer sur des témoignages (preuves imparfaites) des proches de sa tante et notamment
de son médecin qui lui avait conseillé une hospitalisation en psychiatrie. Il appartiendra alors au juge de
se forger une intime conviction et de prononcer ou non l’annulation du second testament de la défunte.

36 / Thème 2 Comment le droit permet-il de régler un litige ? © Nathan


5. Identifier l’objet de la preuve et apprécier
la force probante d’un SMS (p. 42)
1. Quel est l’objet de la preuve dans cette affaire ?
L’objet de la preuve est une reconnaissance de dette entre un créancier et un débiteur.
2. Pourquoi peut-on dire qu’un écrit était moralement impossible à obtenir pour le créan-
cier ?
Il est toujours délicat dans une relation amoureuse de faire traduire par écrit à son/sa partenaire une
reconnaissance de dette.
3. Quelle est la conséquence de ce constat sur les moyens de preuve admissibles ?
Du fait de l’impossibilité morale d’avoir un écrit (au sens traditionnel du mot) pour établir le prêt d’ar-
gent entre les amoureux, il a été possible d’élargir les moyens de preuves à un type d’écrit nouveau, sans
se préoccuper de savoir s’il constitue une preuve parfaite ou une preuve imparfaite. Ainsi, la reconnais-
sance de dette a été établie via un SMS dans lequel la débitrice de l’obligation s’engageait à rembourser
sa dette.
4. Au regard de leur contenu, quel type de preuve les SMS ont-ils constitué, selon vous ?
Un SMS a constitué une preuve littérale, c’est-à-dire une preuve parfaite par écrit et assimilable à un
écrit traditionnel sous seing privé.
Remarque : cette admission à titre d’écrit d’un SMS n’est effective que si l’auteur du SMS est parfaite-
ment identifié et que le SMS a été établi et conservé dans des conditions de nature à assurer son inté-
grité. Ce sont là des formules de la Cour de cassation, inspirées par les textes applicables à la preuve
électronique (voir l’application suivante).

6. Apprécier la force probante de l’écrit électronique (p. 42)


1. Qui sont les parties dans cette affaire (demandeur/défendeur) ?
Cette affaire oppose un agent sportif, le demandeur, a un club de football, le défendeur.
2. Qualifiez les faits du litige et faites ressortir le problème juridique.
Un agent sportif réclame le paiement d’une commission en vertu d’un contrat de mandat conclu élec-
troniquement.
La signature d’un contrat de mandat sous forme électronique a-t-elle la même valeur juridique qu’un
contrat sous format papier ?
3. Quel est l’enjeu de la preuve dans cette affaire ?
Il s’agit de reconnaître la preuve électronique comme une preuve traditionnelle. L’article 1366 du Code
civil précise que l’écrit électronique a la même force probante que l’écrit sur support papier.
4. Selon le Code civil, à quelles conditions l’écrit électronique constitue-t-il une preuve par-
faite, au même titre qu’un écrit sur support papier ?
À des fins de sécurité de la preuve parfaite, l’écrit électronique est admis en justice sous réserve que
l’auteur de l’écrit soit dûment identifié et que cet écrit soit établi et conservé dans des conditions de
nature à en garantir l’intégrité. Il ne doit donc pas y avoir de doute quant à l’identité des parties.
5. Comment les juges ont-ils réglé ce conflit ?
Les juges ont donné raison à l’agent sportif en reconnaissant que l’écrit électronique constituait bien la
preuve de l’existence d’un contrat de mandat.

© Nathan Chapitre 3 Le litige et la preuve / 37


7. Se préparer au bac – Indiquer la ou les solutions juridiques
possibles et rédiger la réponse (p. 43)
1. Qualifiez juridiquement les faits à l’origine de cette affaire.
Un employeur licencie un salarié agent de surveillance, après avoir visionné l’enregistrement d’une
caméra de surveillance le montrant en train de fracturer la porte d’un casier chez un client de son entre-
prise.
2. Quel est l’objet de la preuve rapportée par l’employeur ? Quel mode de preuve peut-on
utiliser, en principe, dans cette situation ?
L’employeur a rapporté la preuve d’un délit (le vol). En principe, comme il s’agit d’un fait juridique, la
preuve peut être apportée par tous moyens.
3. Les faits reprochés au salarié ont-ils été établis ? Quelle sanction logique l’employeur
pensait-il pouvoir appliquer ?
L’employeur a exploité des images qui montrent le salarié en train de fracturer un casier.
L’employeur pensait pouvoir licencier son salarié pour faute grave.
4. Pour quelles raisons le salarié peut-il contester son licenciement ?
L’employeur a pu prouver le vol par le visionnage des enregistrements d’une caméra de surveillance.
Or, cette caméra a été installée sur le site de client de l’employeur sans que le salarié n’en soit informé.
Ainsi, la preuve apportée par l’employeur est illicite et le licenciement est considéré comme sans cause
réelle et sérieuse.
5. En quoi cette affaire montre-t-elle que les moyens de preuve admis en justice doivent être
des moyens licites ?
Devant les juridictions françaises, les moyens de preuve doivent être licites en vertu du principe de
loyauté des parties. Afin d’utiliser la vidéosurveillance à des fins de preuve, les représentants du per-
sonnel doivent être consultés et les salariés préalablement informés. Rien ne doit porter une atteinte
injustifiée et disproportionnée à la vie privée et aux libertés des salariés. Si les moyens de preuves ne
sont pas licites, comme en l’espèce, ils ne sont pas admis en justice.

38 / Thème 2 Comment le droit permet-il de régler un litige ? © Nathan


Corrigé de la synthèse (p. 44)

1. Identifier les éléments d’un litige


Un litige est un désaccord entre deux parties. S’il se traduit par un procès, celui-ci oppose le demandeur
au défendeur, chacun exposant ses prétentions, c’est-à-dire l’objet de la demande pour l’un et sa ré-
ponse pour l’autre. Un accord amiable doit être privilégié à toute action en justice, la loi l’imposant
même comme un préalable au procès dans le cas des petits litiges.

2. Déterminer si le litige est causé par un acte ou par un fait juridique


Un acte juridique, dont les effets juridiques sont volontaires (comme un contrat), se prouve en principe
par écrit. Un fait juridique, dont les effets de droit ne sont pas volontaires (comme un accident), se
prouve par tous moyens. La charge de la preuve pèse, en principe sur le demandeur, sauf dans les cas
de présomption légale.

3. Apprécier la force probante d’un élément de preuve


Les preuves, dont les modes sont très divers, sont considérées comme parfaites et s’imposent au juge
(actes authentique ou sous signature privée sur support papier ou électronique, aveu judiciaire) ou
imparfaites (témoignage, présomption judiciaire). Dans ce cas, le juge devra se forger son intime con-
viction.

© Nathan Chapitre 3 Le litige et la preuve / 39


L’essentiel

1. Les éléments d’un litige


Un litige est un désaccord entre deux ou plusieurs personnes (physiques ou morales) concernant l’exer-
cice d’un droit. Celui qui introduit une action en justice afin de faire reconnaître ses droits est appelé le
demandeur. Son adversaire est alors appelé le défendeur.
Un décret du 11 décembre 2019 a ajouté un article 750-1 au Code de procédure civile : celui-ci institue,
pour les petits litiges, un préalable obligatoire à la saisine du juge : les parties à un procès dont la de-
mande n’excède pas 5 000 euros doivent justifier d’une tentative de résolution amiable du litige afin de
saisir le juge. En effet, le fait de trouver un accord amiable entre les parties présente de nombreux
avantages car le recours à la justice est souvent long et coûteux.

2. La preuve des actes et des faits juridiques


Il incombe aux parties d’établir en justice les faits nécessaires au succès de leurs prétentions (c’est
l’objet de la demande et de la défense en réponse). Ils ne doivent pas prouver l’existence des règles de
droit mais apporter des éléments de preuves selon qu’il s’agit d’un fait ou d’un acte juridique. Les modes
de preuve diffèrent selon qu’il s’agit d’un acte ou d’un fait juridique.

A. Le mode de preuve des faits juridiques


Un fait juridique est un événement, volontaire ou non, qui va produire des effets de droit, sans que les
intéressés les aient volontairement recherchés (l’exemple type est l’accident).
En tant qu’événement dont les effets ne sont pas voulus, il peut être prouvé pas tous moyens (témoi-
gnages, présomptions…).

B. Le mode de preuve des actes juridiques


Un acte juridique a pour origine la volonté des parties de créer, transmettre, modifier ou éteindre un
droit ou une obligation. Il a donc pour objectif de produire des effets juridiques. L’exemple type est le
contrat.
Un acte juridique peut en principe être prouvé par tous moyens mais lorsque l’acte porte sur une somme
dépassant 1 500 euros, une preuve écrite est exigée.
Toutefois, dans certains cas, la loi considère que l’absence d’écrit est excusable. La preuve devient alors
libre même pour établir l’existence d’un acte juridique d’une valeur excédant 1 500 euros. Il s’agit prin-
cipalement des situations suivantes : l’écrit a été perdu par force majeure, ou il a été matériellement ou
moralement impossible de rédiger l’acte par écrit, ou bien l’acte contesté est un contrat conclu par un
commerçant (acte de commerce si les parties sont des commerçants).

3. La force probante d’un élément de preuve


La charge de la preuve pèse sur les parties au procès. Il appartient à chaque partie de prouver confor-
mément à la loi les faits nécessaires au succès de ses prétentions. Traditionnellement, il existe deux
types de preuves : les preuves parfaites et les preuves imparfaites.

A. Les preuves parfaites


Les preuves parfaites sont les preuves écrites (et l’aveu judiciaire). Ces dernières lient le juge qui n’a
pas de pouvoir d’appréciation. Il existe :
– L’acte authentique qui est rédigé par un officier ministériel (notaire, huissier). Il est obligatoire dans
certains cas et sa remise en cause est très complexe.
– L’acte sous seing privé : écrit par une personne privée.
Depuis 2000, l’écrit électronique a la même force probante que l’écrit sous format papier.

40 / Thème 2 Comment le droit permet-il de régler un litige ? © Nathan


B. Les preuves imparfaites
Les preuves imparfaites (les témoignages et les présomptions judiciaires) laissent au juge la liberté de
les apprécier et de les interpréter afin de se forger son intime conviction.
– Les témoignages : déclarations émanant de tiers non parties au procès.
– Les présomptions judiciaires : déductions qu’un juge tire des faits connus afin d’établir des faits
inconnus.

C. Les présomptions légales


Certaines présomptions légales existent afin de faciliter l’établissement de la preuve par le demandeur.
Ses affirmations sont considérées par défaut comme établies.
– Les présomptions irréfragables empêchent au défendeur d’apporter la preuve contraire.
– Les présomptions simples permettent d’apporter la preuve contraire.
– Les présomptions mixtes permettent d’apporter la preuve contraire mais seulement par des moyens
prévus par la loi.

Ressources numériques
 www.justice.gouv.fr/
Ce site permet de faire découvrir les notions essentielles du thème, notamment le rôle de la conciliation
avec de nombreuses vidéos et ressources interactives.
Exemple : Vidéo : La conciliation, une autre solution que le procès pour mettre fin au conflit – 9’27 min.
www.mediatheque.justice.gouv.fr/direct/1212-8142e4b57596bbf9d9874069cfc7ef7098bff689-
1548348045-direct
 www.legifrance.gouv.fr/
En consultant « La jurisprudence judiciaire », on peut guider les élèves vers un arrêt de la Cour de cas-
sation et notamment des arrêts sur l’admissibilité de la preuve ou plutôt sur le caractère illicite ou licite
de cette dernière.

© Nathan Chapitre 3 Le litige et la preuve / 41


42 / Thème 2 Comment le droit permet-il de régler un litige ? © Nathan
Chapitre 4
Le recours au juge

Place du chapitre dans le programme

Thème 2 – Comment le droit permet-il de régler un litige ?

Plan du chapitre Capacités Notions

1. Sélectionner • Déterminer la juridiction qui a • Instance


la juridiction susceptible prononcé une décision de justice • Compétence d’attribution
de juger un litige • Sélectionner la juridiction • Infraction (contravention, délit,
susceptible de juger un litige crime)

2. Distinguer le rôle • Distinguer le rôle du procès civil


du procès civil et du procès pénal
• Partie civile
et du procès pénal • Expliquer les enjeux de la
constitution de partie civile

3. Identifier les phases • Assignation, mise en examen


d’un procès • Audience
• Identifier les phases d’un procès • Jugement, arrêt, délibéré
4. Distinguer les voies • Voies de recours : appel,
de recours pourvoi en cassation

Avant la classe (p. 45)


Quel est le point de départ de chacune de ces deux affaires ?
Dans le cas de l’affaire opposant Karine Ferri à Cyril Hanouna, le conflit trouve son origine dans la
diffusion, non autorisée par l’intéressée, de photos dénudées de l’animatrice de TV dans une émission
« Touche pas à mon poste » d’octobre 2018.
Le procès mettant en cause Patrick Antonelli, ancien gérant d’une auto-école connu pour être le mari
d’Amel Bent, est une affaire de faux permis de conduire au profit de personnalités préférant acheter leur
droit de conduire plutôt que satisfaire aux exigences de l’examen.

Réponses aux questions sur la(les) situation(s)

1. Sélectionner la juridiction susceptible de juger un litige (p. 46-47)


1. Le litige entre Karine Ferri et Cyril Hanouna est-il un conflit entre particuliers, la
poursuite d’une infraction ou un litige avec l’administration ? (Doc. 1)
Le litige qui oppose Karine Ferri à Cyril Hanouna intervient entre des particuliers, en dehors de toute
infraction et de toute implication de l’administration.
2. Justifiez l’attribution de cette affaire au tribunal de grande instance (aujourd’hui,
tribunal judiciaire). (Doc. 2)
Le tribunal de grande instance – aujourd’hui intégré au tribunal judiciaire – est compétent pour certaines
affaires sans considération du montant du litige : c’est le cas en matière de successions.

© Nathan Chapitre 4 Le recours au juge / 43


3. Dans quel but les différents litiges de droit privé sont-ils jugés par des juridictions
spécifiques ? (Doc. 2)
Les litiges de droit privé sont de natures variées : conflits familiaux ou en matière de consommation, de
loyers, etc. Mais il y a aussi les litiges de nature économique ou en droit du travail. Les règles de droit
applicables étant spécifiques, il faut des juges spécialisés pour garantir une bonne justice.
4. Quelle est la juridiction compétente pour juger les affaires suivantes ? (Doc. 2)
a. Un salarié s’estime licencié à tort : conseil de prud’hommes
b. Un agriculteur revendique une parcelle de terrain : tribunal judiciaire
c. La victime d’un accident réclame 20 000 € d’indemnité : tribunal judiciaire
d. Un contribuable conteste en justice son impôt sur le revenu : tribunal administratif
e. Un commerçant est poursuivi par son banquier : tribunal de commerce
5. L’affaire des faux permis de conduire constitue-t-elle un litige de droit privé, de droit
administratif ou de droit pénal ? (Doc. 1)
Les personnes impliquées dans cette affaire comparaissent devant le tribunal correctionnel pour des
délits qui leur sont reprochés : c’est donc une affaire de droit pénal.
6. Classez les infractions poursuivies par les juridictions répressives selon leur gravité.
(Doc. 3)
Les contraventions sont les infractions les moins graves ; puis il y a les délits ; enfin, les crimes
constituent les infractions les plus graves.
7. Pourquoi, selon vous, l’homicide involontaire est-il un délit et non pas un crime ? (Doc. 3)
L’homicide involontaire se traduit par le décès de la victime, mais l’auteur de l’infraction n’avait pas
l’intention de tuer. Cela justifie que le droit soit moins sévère qu’en matière d’homicide volontaire.

Allez plus loin ! Victoire des anciens salariés de Goodyear-Amiens


(p. 47)
1. Quelle est la nature du litige évoqué ici ?
Il s’agit ici d’un litige en droit du travail. Il oppose des anciens salariés de Goodyear-Amiens qui
reprochent à la direction de l’entreprise de leur avoir imposé un licenciement non justifié.
2. Quelle est la juridiction compétente pour juger ce litige ?
La juridiction compétente est un conseil de prud’hommes.
Remarque : les salariés sont nombreux à avoir assigné leur ancienne entreprise. Mais il s’agit d’une
addition de conflits individuels relatifs au contrat de travail et à sa rupture, type de litige relevant
précisément du conseil de prud’hommes.
3. Quel est le fondement de la réclamation des anciens salariés de Goodyear-Amiens ?
Les salariés estiment que l’entreprise Goodyear d’Amiens n’avaient pas de justification pour fermer
l’usine d’Amiens et les licencier.
4. Quelle décision les ex-salariés ont-ils obtenue du tribunal ?
Devant l’impossibilité d’être réintégrés dans un établissement qui a disparu, les anciens salariés ont
obtenu une indemnisation compensant la perte de leur emploi.

44 / Thème 2 Comment le droit permet-il de régler un litige ? © Nathan


2. Distinguer le rôle du procès civil et du procès pénal (p. 48-49)
8. Selon vous, quelles sont les règles de notre système judiciaire qui ont permis à Karine Ferri
de faire confiance à la justice ? (Doc. 4)
Karine Ferry, comme tout justiciable, peut compter sur l’application des quatre règles de procédure qui
permettent de compter sur un procès équitable (neutralité des juges, principe du contradictoire, publicité
des débats et droits de la défense).
9. Expliquez en quoi la présomption d’innocence illustre le droit au procès équitable en droit
pénal. (Doc. 5)
En droit pénal, ce n’est pas à la personne accusée d’avoir commis une infraction de prouver son
innocence ; c’est à la justice d’établir sa culpabilité. C’est là un aspect essentiel des droits de la défense.
10. Précisez quel type de jugement fait suite aux cas suivants (choisissez le numéro dans la
liste) : (Doc. 6)
a. Réclamation d’un salarié licencié sans cause réelle et sérieuse.
1. Condamnation à dommages et intérêts.
b. Déclaration d’altération des facultés mentales d’un majeur.
4. Mise sous tutelle.
c. Retard de livraison et manque à gagner commercial.
1. Condamnation à dommages et intérêts.
d. Acte de concurrence déloyale ;
3 et 1. Obligation de cesser un comportement et condamnation à dommages et intérêts.
e. Revendication de la propriété d’un terrain.
2. Saisie d’un bien pour restitution.
11. Comment jugez-vous la sanction pénale infligée à Patrick Antonelli au regard des peines
encourues ? Comment cela peut-il s’expliquer ? (Doc. 7)
L’escroquerie est un délit, pouvant entraîner amende et emprisonnement. Patrick Antonelli a été
condamné à une amende et à une peine de prison, en partie avec sursis, du fait qu’il n’était pas
récidiviste.
Remarque : on ne peut pas attendre des élèves qu’ils connaissant le quantum de la peine maximale
encourue par un escroc, mais on peut répondre à leur éventuelle curiosité en précisant que l’article
313-1 du Code pénal prévoit une peine pouvant aller jusqu’à 375 000 euros d’amende et 5 ans
d’emprisonnement.
12. Pourquoi le procès des faux permis de conduire n’a-t-il pas donné lieu à constitution de
partie civile ? (Doc. 7 et Doc. 8)
Aucun intérêt particulier n’a été lésé par les agissements de Patrick Antonelli et de ses complices. Il est
donc logique qu’il n’y ait pas eu de constitution de partie civile pour demander des dommages-intérêts.
13. Distinguez les finalités du dépôt de plainte de celles de la constitution de partie civile.
(Doc. 8)
Par le dépôt de plainte la victime veut déclencher les poursuites pénales, tandis que la constitution de
partie civile vise à obtenir une réparation pécuniaire pour le préjudice résultant de l’infraction.

Allez plus loin ! Les mineurs vont-ils souvent en prison ? (p. 49)
1. En quoi consiste le placement des délinquants mineurs en centre éducatif fermé ?
Le placement des délinquants en centre éducatif fermé (CEF) apparaît comme une alternative à la prison,
tout en étant une sanction privative de liberté. Cette mesure est de courte durée, avec des contraintes
imposées aux intéressés qui restent sous la surveillance d’un magistrat.

© Nathan Chapitre 4 Le recours au juge / 45


2. Quels sont les mineurs concernés par cette mesure ?
Il s’agit de mineurs de 13 à 18 ans, en général multirécidivistes, qui sont placés dans ce type de centre
par une décision de justice.
3. Quelles sont les finalités de cette sanction spécifique ?
Les finalités de ce placement sont d’abord d’éviter le risque de récidive inhérent à la prison ; ensuite, de
construire un projet éducatif adapté à la personnalité des intéressés. La mesure s’inscrit dans le cadre
d’un contrôle judiciaire renforcé, d’un sursis avec mise à l’épreuve ou d’une libération conditionnelle.

3. Identifier les phases d’un procès (p. 50-51)


14. Par quel acte de procédure le procès fait par Karine Ferri à Cyril Hanouna a-t-il
commencé ? Qui est le défendeur à cette action ? (Doc. 9)
Ce procès étant de droit privé, la procédure a commencé par une assignation de Karine Ferri, qui est la
demanderesse à ce procès. Cyril Hanouna est le défendeur à cette action.
Remarque : aujourd’hui une tentative de règlement amiable précèderait le procès proprement dit. À
l’époque de cette affaire (en 2018) rien n’obligeait une partie à engager une médiation ou une
conciliation, dont Karine Ferri n’avait pas voulue.
15. Quelle est la finalité de l’échange des conclusions entre les avocats des parties ? (Doc. 9)
Cet échange permet à chacun des avocats de préparer ses arguments à la lumière de ceux de son
adversaire, qu’il peut ainsi étudier « à tête reposée ».
16. Expliquez l’intérêt de la mise en délibéré avant un jugement ? (Doc. 9)
Lors de l’audience, les juges entendent les points de vue opposés des parties. Le délibéré leur permet
d’échanger entre eux et de trancher non pas de façon précipitée mais après mûre réflexion.
17. Lors de quelle phase de la procédure pénale a-t-il été décidé de placer Patrick Antonelli
en détention provisoire ? (Doc. 10)
Patrick Antonelli a été placé en détention provisoire après sa mise en examen par le juge d’instruction.
Cette mesure intervient lors de l’instruction, donc avant le procès.
18. D’une manière générale, en quoi la détention provisoire porte-t-elle atteinte à la
présomption d’innocence ? Comment cette mesure peut-elle se justifier ? (Doc. 10)
La personne placée en détention provisoire est emprisonnée avant d’avoir été jugée, donc avant que sa
culpabilité soit établie. Cela s’explique par la crainte qu’elle s’enfuie ou fasse disparaître des preuves.
19. Dans quelle mesure le procureur de la République est-il le premier acteur capital de la
procédure pénale ? (Doc. 10)
C’est le procureur de la République qui décide, après la constatation de l’infraction et/ou la plainte de
la victime, s’il y a lieu de poursuivre ou non la procédure. Tout dépend donc de cette première décision.
Remarque : si les élèves s’étonnent que la victime ne soit pas sûre que l’affaire donne lieu à poursuite
pénale, on peut leur indiquer qu’une « plainte avec constitution de partie civile » auprès du juge
d’instruction peut intervenir après une plainte « simple » suivie d’un classement sans suite de l’affaire.
Dans ce cas, les poursuites sont automatiquement engagées contre l’auteur présumé de l’infraction.
20. Pourquoi l’instruction est-elle une phase essentielle de la procédure pénale ? (Doc. 10)
C’est lors de l’instruction que se prépare le procès pénal (ou l’absence de procès), puisque cette phase
de la procédure permet de rassembler les preuves de la culpabilité ou de l’innocence de la personne
poursuivie.

46 / Thème 2 Comment le droit permet-il de régler un litige ? © Nathan


Allez plus loin ! Meurtre de Vélines : les trois meurtriers condamnés
(p. 51)
1. Quel est le type de procédure visant les accusés concernés par cette affaire ?
Il s’agit d’une procédure pénale. Valentin Augier et ses deux complices ont été arrêtés et jugés pour le
meurtre d’un homme, Benjamin Le Borgne.
2. Quelle est la décision prise à l’encontre de ces accusés ? Qui a pris cette décision ?
Le principal accusé, Valentin Augier, a été condamné à 20 ans d’emprisonnement pour meurtre avec
préméditation. Les peines prononcées à l’encontre de deux complices sont de 16 ans de prison pour l’un
et de 14 ans pour l’autre. C’est la cour d’assises, compétente en matière de crimes, qui a prononcé ces
sanctions. Il s’agit d’un verdict rendu par un jury.
3. Quelles sont les phases encore possibles de la procédure dans cette affaire ?
La décision de la cour d’assises met un terme à la procédure pénale. Il n’y a plus de phases dans cette
procédure au premier degré.
Remarque : anticipant sur la dernière partie de ce chapitre, certains élèves relèveront peut-être la
possibilité pour les personnes condamnées de faire appel du verdict de la cour d’assises.

4. Distinguer les voies de recours (p. 52-53)


21. Quelle est la voie de recours choisie par Karine Ferri ? Qu’espère-t-elle de cette étape de
la procédure ? Quel risque accepte-t-elle ? (Doc. 11)
Karine Ferri a décidé de faire appel du jugement rendu au 1er degré. Elle espère que la cour d’appel
prononcera une sanction civile plus importante à l’encontre de Cyril Hanouna. Mais elle doit accepter
le risque d’obtenir des dommages et intérêts moindres que ceux attribués au premier degré.
22. Pourquoi, selon vous, ne peut-on pas faire appel, en droit privé, d’un jugement portant
sur un litige de moins de 5 000 euros ? (Doc. 11)
La procédure entraîne des frais (avocat, expertises) qui peuvent être importants. Aller en cour d’appel
risque de coûter plus cher que les indemnités obtenues. De plus, les cours d’appel sont assez surchargées.
23. Quelle décision espère-t-on lorsqu’on fait un pourvoi en cassation ? (Doc. 12)
On espère que les juges du droit désapprouvent les juges du fond, cassent leur décision et renvoient
l’affaire devant d’autres juges.
24. Pourquoi la Cour de cassation est-elle appelée « juridiction suprême » ? (Doc. 12)
La Cour de cassation a pour fonction de dire si le droit a bien été appliqué par les juges et, le cas échéant,
de censurer les décisions rendues en dernier ressort par toutes les juridictions de droit privé.
25. Expliquez en quoi la Cour de cassation assure aux justiciables l’égalité dans l’application
des règles de droit. (Doc. 12)
Il n’existe qu’une Cour de cassation et toutes les affaires du même type peuvent, par un pourvoi,
« remonter » jusqu’à la Cour de cassation, qui leur applique le droit de façon identique.
26. Dans quel cas Patrick Antonelli aurait-il pu saisir la Cour européenne des droits de
l’homme ? (Doc. 13)
Cette juridiction aurait pu être saisie par Patrick Antonelli s’il avait considéré que les conditions de sa
détention provisoire étaient inhumaines et dégradantes.
27. Quel type de décision aurait-il pu en attendre ? (Doc. 13)
Il aurait pu espérer une remise en liberté durant l’instruction de son procès.

© Nathan Chapitre 4 Le recours au juge / 47


28. En quoi cette juridiction est-elle une contrainte pour les États signataires de la Convention
de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales ? (Doc. 13)
Cette juridiction supranationale veille au respect par les États des droits et des libertés fondamentales.
C’est bien une contrainte – acceptée certes – puisque la CEDH peut éventuellement condamner les États.

Allez plus loin ! L’Union européenne aussi fournit de la


jurisprudence ! (p. 53)
1. Comment la CJUE est-elle composée ?
La CJUE est composée de deux juridictions distinctes : la Cour de justice, qui est la juridiction
supérieure, et le tribunal. La Cour de justice est composée d’un juge par État membre de l’UE, des
avocats généraux assistant ces juges et leur proposant des solutions à l’affaire jugée.
2. Quelles sont ses compétences ?
La CJUE est compétente pour interpréter le droit européen dont on sait qu’il s’applique dans les États
membres, au travers des règlements et des directives transposées.
Le tribunal est spécifiquement compétent dans deux domaines : pour juger les affaires introduites par
des personnes physiques ou morales qui souhaitent faire annuler une décision de l’UE et pour trancher
des conflits entre les États membres et la Commission européenne.
3. Quels sont les sujets qu’elle est amenée à traiter ?
Dans quels domaines du droit intervient-elle souvent ?
Les sujets traités sont variés : il peut s’agir de l’indemnisation des clients des compagnies aériennes en
cas de retard des vols, du droit à l’oubli pour les personnes qui font des recherches sur un moteur tel que
Google, du droit au remboursement des traitements administrés à des patients se faisant soigner dans
différents États de l’Union européenne, etc.
Les domaines du droit dans lesquels la CJUE est naturellement amenée à trancher des litiges sont ceux
qui relèvent prioritairement du droit de l’Union, comme le droit de la concurrence, le droit des marques,
le droit de la consommation, la règlementation agricole, etc.
4. Comment l’action de la CJUE est-elle complémentaire de celle des juridictions nationales ?
La CJUE est chargée de donner aux juges nationaux des réponses aux questions qu’ils peuvent se poser
sur le sens de certaines règles de droit de l’UE. Ainsi, les tribunaux des différents pays de l’UE
appliquent de façon identique les règles de droit européen qui s’imposent aux États membres.
5. Donnez des exemples de décisions de la CJUE intéressant les citoyens de l’UE.
– Les droits des passagers à être indemnisés par les compagnies aériennes en cas de retard dans les vols.
– Le « droit à l’oubli » de Google au bénéfice de ceux qui « surfent » sur Internet.
– Le droit aux traitements médicaux et le remboursement par la Sécurité sociale, même si les soins sont
effectués dans un autre pays membres que celui du patient.
Remarque : on peut aussi citer aux élèves les affaires de droit de la concurrence, avec la lutte contre
les ententes illicites entre entreprises.

48 / Thème 2 Comment le droit permet-il de régler un litige ? © Nathan


Corrigés des applications

1. Testez vos connaissances (p. 54)

1. Les deux ordres de juridiction sont 6. La publicité des débats se traduit par
constitués par les tribunaux de droit la publication des jugements dans la
privé et les tribunaux de droit pénal. presse.
 Vrai  Faux  Vrai  Faux
2. Le tribunal judiciaire est compétent 7. Se constituer partie civile consiste à
pour tous les petits litiges de droit demander une indemnisation pour le
civil. préjudice subi lors d’une infraction.
 Vrai  Faux  Vrai  Faux
3. Le droit à un procès équitable 8. La cour d’appel rend des arrêts
signifie que la justice est gratuite. constituant des décisions en dernier
 Vrai  Faux ressort.
4. En matière pénale, la gravité de  Vrai  Faux
l’infraction détermine à la fois le 9. Un jugement non susceptible d’appel
tribunal compétent et les peines ne peut pas faire l’objet d’un pourvoi
encourues. en cassation.
  Vrai  Faux  Vrai  Faux
5. Le procès civil commence par une 10. Il existe une Cour de cassation par
assignation. région administrative.
 Vrai  Faux  Vrai  Faux
2. Mesurer la propension à exercer les recours judiciaires (p. 54)
1. Quelle est la proportion des affaires de droit privé faisant l’objet d’un appel ?
Sur un total de 1 534 671 affaires jugées en 1er ressort, 229 313 ont fait l’objet d’un appel, soit une
proportion d’environ 15 %.
2. Quelle est la proportion des affaires jugées en appel faisant l’objet d’un pourvoi en
cassation ?
Sur 229 313 arrêts de cours d’appel, 17 458 ont donné lieu à un pourvoi en cassation, soit une proportion
de 7,61 %.
3. Quelle est la proportion des affaires de droit privé dont la procédure se déroule jusqu’à la
Cour de cassation ?
Sur un total de 1 534 671 affaires jugées en 1er ressort, 17 458 se terminent en Cour de cassation, soit
une proportion de 1,14 %.
4. Quelle conclusion peut-on tirer de ces chiffres ?
On observe que la faculté de recourir à la cour d’appel est exploitée de façon relativement fréquente,
sans que ce soit le principe : l’immense majorité des jugements du 1er degré sont donc acceptés par les
justiciables. Quant au pourvoi en cassation, il est loin d’être systématique, même dans les affaires
soumises à la cour d’appel. Il s’agit d’un recours qui reste exceptionnel.
On peut penser que les justiciables sont réticents à engager des frais importants et à défendre leurs
intérêts en justice durant de nombreuses années.
On peut aussi avoir l’espoir que la jurisprudence de la Cour de cassation serve assez fréquemment de
« modèle » de décision aux juges du fond et que les parties renoncent aux recours parce qu’elles
anticipent le sens des arrêts qui seraient rendus en cour d’appel et plus encore en Cour de cassation.

© Nathan Chapitre 4 Le recours au juge / 49


5. À la lumière de ces chiffres, quelle crainte peut entraîner la réforme de la justice en ce qui
concerne l’activité des TJ (ex-TGI) ?
Les chiffres de ces statistiques montrent que sur un total de 1 534 671 jugements de droit privé, la
somme de ceux qui émanent des TGI et des tribunaux d’instance est de 1 267 241, soit plus de 82 %.
On peut donc craindre que la fusion de ces juridictions dans les nouveaux tribunaux de première instance
ne se traduise par un encombrement de ces juridictions aggravant la lenteur de la justice.

3. Étudier un cas de procédure pénale (p. 55)


1. Pourquoi l’affaire évoquée devrait-elle être jugée en cour d’assises ?
La jeune fille présumée à l’origine des faits est poursuivie pour crime. Cette infraction pénale, la plus
grave, est de la compétence de la cour d’assises.
2. Quelles sont les étapes de la procédure qui précéderont le procès d’assises ?
– La procédure pénale débute après la constatation par la police de la tentative de meurtre et du décès
de la victime à la suite de ses blessures.
– Le procureur de la République décide de poursuivre la fille de la victime pour crime (tentative
d’assassinat sur la personne de sa mère).
– Une instruction est menée par le juge d’instruction, qui a mis en examen la jeune fille soupçonnée, qui
est immédiatement placée en détention provisoire.
– À la fin de cette phase de la procédure, la jeune fille accusée sera renvoyée devant la cour d’assises
pour y être jugée.
3. Quelle relation existe-t-il entre la qualification de l’infraction et la peine encourue en cour
d’assises ?
Les crimes les plus graves, comme le meurtre ou l’assassinat, ou leur tentative, sont passibles d’une
peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à la perpétuité. Ici, la qualification de l’infraction est
criminelle. La peine prononcée par la cour d’assises, si la jeune fille est reconnue coupable, sera
conforme aux possibilités offertes par la loi pour réprimer ce type d’infraction.
4. Quel recours sera possible pour l’accusée si elle est condamnée ?
Après son éventuelle – ou probable - condamnation par la cour d’assises, l’accusée pourra exercer un
appel, qui soumettra son affaire à une cour d’appel.
Remarque : les élèves ne sauront certainement pas évoquer précisément la cour d’assises d’appel. De
plus, ils ne sauront pas que cette juridiction n’existe que depuis la loi du 15 juin 2000 qui a mis fin à
deux siècles d’impossibilité de former un appel contre une décision rendue par un jury populaire. On
peut signaler ces spécificités, ou les ignorer… selon le niveau de la classe.
Enfin, après avoir été rejugée en appel, la personne condamnée peut encore exercer un recours devant
la Cour de cassation.
Remarque : c’est ici l’occasion de préciser aux élèves que cette juridiction unique dispose de six
chambres, dont une chambre criminelle, à côté des trois chambres civiles, de la chambre commerciale,
économique et financière, et de la chambre sociale. La règle de la spécialisation des magistrats n’est
donc pas absente au niveau de la structure de la juridiction suprême.

4. Appréhender le rôle de la peine dans le procès pénal (p. 55)


1. Quels sont les éléments que les juges des juridictions pénales doivent prendre en compte
pour décider de la sanction infligée aux délinquants ?
D’une manière générale, la loi renvoie explicitement à la prise en compte par les juges de deux
éléments : d’une part, les circonstances de l’infraction et, d’autre part, la personnalité de la personne
poursuivie.

50 / Thème 2 Comment le droit permet-il de régler un litige ? © Nathan


Pour ce qui est des condamnations à des amendes, il est précisé par le Code pénal que le tribunal doit
prendre en compte également les ressources et les charges de l’auteur de l’infraction.
2. Quelles sont les finalités de cette individualisation des peines ?
L’article 132-24 du Code pénal justifie lui-même cette individualisation des peines qui, selon le texte,
vise à concilier la protection effective de la société, la sanction du condamné et les intérêts de la victime
avec la nécessité de favoriser l’insertion ou la réinsertion du condamné et de prévenir la commission de
nouvelles infractions. Il s’agit donc de trouver un juste équilibre entre la sanction, la réparation et les
possibilités de favoriser un retour à une vie sociale du condamné.
3. La décision des juges est-elle, en la matière, totalement libre ? Justifiez votre réponse.
L’individualisation des peines n’est pas absolue, puisque les juges doivent tenir compte des limites
basses et hautes des sanctions prévues par les textes pour les différents types d’infractions,
(contraventions, délits et crimes).

5. Analyser un schéma d’organisation juridique (p. 56)


1. Dans quel cas un pourvoi en cassation fait-il suite à un jugement ? à un arrêt ?
Le pourvoi en cassation fait suite à un jugement quand celui-ci a été rendu en dernier ressort (sans appel
possible), c’est-à-dire pour les affaires ne dépassant pas 5 000 euros.
Il fait suite à un arrêt lorsque c’est la cour d’appel qui rend une décision en dernier ressort.
Remarque : on peut insister sur l’intérêt de la précision du vocabulaire, et faire observer qu’un
jugement est une décision du premier degré alors que la cour d’appel rend des arrêts.
2. Dans quel cas un 2e pourvoi en cassation est-il possible ? Comment cela se justifie-t-il ?
Un 2e pourvoi est possible lorsque la cour d’appel de renvoi (ou le tribunal) rend une décision qui ne
prend pas en compte l’interprétation du droit donnée par la Cour de cassation. Celle-ci a cassé le
précédent arrêt (ou jugement) et a renvoyé l’affaire devant les juges du fond, dont l’attitude attendue est
qu’ils s’inclinent en désapprouvant la précédente décision sur le fond (qui a été cassée). S’ils ne le font
pas, en approuvant donc une décision qui a été cassée, on est face à un doute sérieux sur le sens de la
règle de droit et un pourvoi se justifie pour avoir le point de vue des juges suprêmes.
3. Pourquoi, dans ce cas-là, réunit-on l’assemblée plénière de la Cour de cassation ?
L’arrêt de la cour d’appel de renvoi (ou le jugement du tribunal) est une reprise de l’arrêt (ou du
jugement) rendu en dernier ressort et il marque une certaine obstination des juges du fond dans
l’application de la règle de droit. Comme la Cour de cassation est en opposition avec ces juges, il faut
être sûr que le second pourvoi sera jugé de façon infaillible. En réunissant l’assemblée plénière de la
Cour de cassation, on sait que l’affaire sera examinée par les magistrats représentant un consensus dans
l’interprétation du droit.
Remarque : l’expression assemblée « plénière » renvoie au caractère solennel de cette formation et non
pas à sa composition stricto sensu. En effet, elle ne réunit pas tous les magistrats de la Cour de cassation.
Elle est dirigée par le premier président de la Cour de cassation, et elle réunit les présidents et des
doyens des six chambres, assistés par un magistrat de chacune d'entre elles.
4. Qu’est-ce qui justifie que la Cour de cassation tranche définitivement après un
2e pourvoi ?
Le second pourvoi révèle une divergence dans l’interprétation de la loi entre les juges du fond et les
juges du droit. Cette situation ne peut durer, car les justiciables, comme les spécialistes du droit, doivent
savoir à quoi s’en tenir. La Cour de cassation est la juridiction suprême et il lui appartient donc de
trancher définitivement pour mettre un terme à toute incertitude sur le sens de la loi.

© Nathan Chapitre 4 Le recours au juge / 51


5. Montrez que la procédure est terminée lorsqu’il y a identité d’interprétation du droit
entre les juges du fond (du 1er degré ou de cour d’appel) et la Cour de cassation.
En termes de procédures, l’affaire est terminée lorsqu’il n’y a plus de recours possible pour aucune des
parties. C’est d’abord le cas lorsqu’il y a rejet du pourvoi en cassation : les juges du droit approuvent
les juges du fond dans leur application de la règle de droit.
Remarque : certains élèves relèveront que ce rejet peut intervenir à l’occasion d’un second pourvoi. Il
sera intéressant de faire ressortir que, dans ce cas, les juges suprêmes (en assemblée plénière) se
rangent à l’avis des juges du fond, en rejetant l’interprétation du droit qui avait été faite par le premier
arrêt de la Cour de cassation. Ce n’est pas une hypothèse d’école, puisque la jurisprudence s’est
quelquefois construite sur un rejet du 2e pourvoi.

6. Maîtriser le vocabulaire juridique (p. 56)


À partir de ces différentes décisions de la Cour de cassation, indiquez pour chaque formule
du langage courant celle qui lui correspond en termes juridiques.
1. La Cour de cassation désapprouve la cour d’appel, qui avait elle-même approuvé un jugement
du tribunal judiciaire.
b. La Cour de cassation casse l’arrêt confirmatif de la cour d’appel.
2. La Cour de cassation désapprouve le tribunal qui avait rendu un jugement sans appel possible.
d. La Cour de cassation casse le jugement rendu en dernier ressort.
3. La Cour de cassation approuve la cour d’appel qui avait désapprouvé le premier jugement.
a. Les juges du droit rejettent le pourvoi formé contre l’arrêt infirmatif d’appel.
4. La Cour de cassation approuve finalement une cour d’appel, après avoir d’abord désapprouvé la
décision d’une première cour d’appel.
c. La Cour de cassation rejette le pourvoi formé contre l’arrêt de renvoi de la cour d’appel.

7. Se préparer au bac – Exploiter les documents juridiques :


comprendre la décision de justice (p. 57)
1. Dans l’arrêt suivant, identifiez :
– les parties à l’origine du procès.
Les demandeurs sont M. I… et Mme Z…, les acheteurs de la maison.
– le défendeur.
Le défendeur est M. C…, le vendeur de la maison.
– la raison du litige.
Après avoir acheté la maison de M. C…, les acheteurs ont entrepris quelques travaux, dont la fixation
d’un élément sur la cloison entre la chambre parentale et la salle de bains. Cette cloison n’a pas supporté
le poids de l’élément et s’est effondrée, en causant des dommages, en particulier un dommage corporel
à Mme Z…
2. Quelle juridiction a été saisie au premier degré ?
Au premier degré, c’est le tribunal de grande instance de Meaux qui a été saisi par les demandeurs. La
somme des intérêts en présence dépasse 10 000 euros, car la demande porte sur plus de 7 000 euros pour
le préjudice matériel auquel s’ajoute un préjudice corporel non chiffré avec certitude, mais à l’origine
d’une demande de provision de 2 000 euros, dans l’attente certainement d’expertises médicales.

52 / Thème 2 Comment le droit permet-il de régler un litige ? © Nathan


3. Quel est le sens du jugement rendu ?
Le jugement du TGI déboute les acheteurs de la maison, au motif qu’ils ont commis une faute à l’origine
des dommages, en faisant des travaux sur une simple cloison.
4. Quelle juridiction est intervenue au second degré ?
Au second degré, c’est la cour d’appel de Paris qui est à l’origine de l’arrêt dont un extrait nous est
exposé.
5. Qui l’a saisie ?
Les acheteurs déboutés par le TGI de Meaux ont formé le recours qui a saisi la cour d’appel de Paris.
6. Quelle solution cette juridiction a-t-elle retenue ?
Les juges du second degré ont infirmé le jugement du TGI. Ils ont retenu la responsabilité contractuelle
du vendeur de la maison, qui a livré un bien présentant des défauts de sécurité, du fait que la cloison qui
s’est effondrée était simplement posée sur le sol et ne pouvait pas accueillir des travaux comme la
fixation d’un élément. La cour d’appel a donc condamné le vendeur à indemniser les acheteurs pour leur
préjudice matériel.
7. Quelles suites cette affaire pourrait-elle avoir en justice ?
Si le vendeur de la maison estimait que la cour d’appel a rendu son arrêt en faisant une mauvaise
application des règles juridiques s’appliquant à la responsabilité contractuelle du vendeur, il pourrait
former un pourvoi en cassation en espérant que l’arrêt de la cour d’appel soit cassé et l’affaire renvoyée
devant d’autres juges d’appel, qui prendraient une décision contraire.

© Nathan Chapitre 4 Le recours au juge / 53


Corrigé de la synthèse (p. 58)

1. Sélectionner la juridiction susceptible de juger un litige


Pour régler un litige en justice, il faut connaître le tribunal compétent.
– Les juridictions de droit privé sont les juridictions civiles, les tribunaux de commerce et les conseils
de prud’hommes).
– Les juridictions de droit pénal sont les tribunaux de police, les tribunaux correctionnels et les cours
d’assises.
– Les tribunaux administratifs jugent les affaires qui opposent l’Administration (État, collectivités
territoriales…) soit à des particuliers soit à des entreprises.
La compétence d’attribution des tribunaux permet de répartir les affaires, en droit privé, entre le
tribunal judiciaire (TJ) et le tribunal de proximité, alors que les litiges de droit commercial relèvent du
tribunal de commerce, et que le conseil de prud’hommes est compétent pour les conflits en droit du
travail.
En droit pénal, la compétence des juridictions dépend de la gravité de l’infraction : les contraventions
sont jugées par le tribunal de police, les délits par le tribunal correctionnel, et les crimes par la cour
d’assises.

2. Distinguer le rôle du procès civil et du procès pénal


Une justice de qualité, garantissant les droits fondamentaux des justiciables repose sur le principe du
procès équitable, que la procédure soit civile ou pénale.
– Un procès civil permet de régler un litige entre des personnes privées. Il vise soit à réparer un
dommage, soit à sanctionner la violation d’un contrat, soit encore à régler un différend familial.
– Un procès pénal a pour but de sanctionner les atteintes à l’ordre public résultant des infractions. Il
donne lieu à des condamnations (amende et emprisonnement en particulier) dont la gravité est fonction
de la nature de l’infraction.

3. Identifier les phases d’un procès et distinguer les voies de recours


– Chaque instance du procès civil passe par différentes étapes. L’assignation permet au demandeur de
faire connaître ses intentions au défendeur, l’affaire étant jugée lors de l’audience.
– En droit pénal, la victime d’une infraction peut opérer un dépôt de plainte et se porter partie civile
au procès pour demander à être indemnisée par l’auteur de l’infraction. Si le procureur de la République
décide de poursuivre, c’est le juge d’instruction qui peut décider de la mise en examen de la personne
soupçonnée.
Il existe trois voies de recours après un procès en première instance.
– L’appel permet de faire rejuger l’affaire par une juridiction hiérarchiquement supérieure.
– Le pourvoi en cassation permet à tout justiciable qui a été jugé en dernier ressort de faire juger de la
bonne application du droit par les tribunaux et les cours.
– Il existe des possibilités de recours aux tribunaux européens, en particulier auprès de la Cour
européenne des Droits de l’homme, qui veille au respect des Droits de l’homme et des libertés
fondamentales des justiciables.

54 / Thème 2 Comment le droit permet-il de régler un litige ? © Nathan


L’essentiel
1. Les juridictions susceptibles de juger un litige
Tout litige soulève un problème majeur à celui qui veut saisir la justice : dans les différentes juridictions
qui existent, quel type de tribunal est compétent ? Ce sont les règles de compétence d’attribution qui
permettent de le savoir.

A. Les deux ordres de juridictions


Le système judiciaire français repose sur la séparation entre deux ordres de juridictions distincts : l’ordre
judiciaire et l’ordre administratif.
1. L’ordre judiciaire
L’ordre judiciaire compte des juridictions de droit privé : des juridictions civiles (tribunaux
judiciaires, regroupant les anciens tribunaux de grande instance et tribunaux d’instance) et diverses
juridictions spécialisées (tribunaux de commerce, conseils de prud’hommes).
Dans l’ordre judiciaire, on trouve aussi les juridictions de droit pénal (tribunaux de police, tribunaux
correctionnels et cours d’assises).
2. L’ordre administratif
L’ordre administratif réunit les différentes juridictions (tribunaux administratifs, cours
administratives d’appel…) qui jugent les affaires dans lesquelles l’Administration (État, collectivités
territoriales…) est partie au litige l’opposant soit à des particuliers soit à des entreprises.

B. La compétence d’attribution des juridictions du 1er degré


Lorsqu’un litige donne lieu à un procès, il est soumis à une juridiction qui l’examine en premier lieu,
donc au premier degré.
1. En droit privé
La compétence d’attribution est aux tribunaux civils si l’affaire est de droit civil. Si le montant de la
demande dépasse 10 000 euros, c’est le tribunal judiciaire (TJ) qui est compétent ; jusqu’à ce chiffre,
c’est le tribunal de proximité, qui est un juge délégué du TJ.
Les litiges de droit commercial ou du monde des affaires, quel que soit le montant des intérêts en jeu,
relèvent du tribunal de commerce.
Pour ce qui est des conflits en droit du travail, c’est le conseil de prud’hommes qui est compétent, là
encore sans considération du montant de l’affaire.
2. En droit pénal
La compétence des juridictions dépend de la gravité de l’infraction.
Les contraventions (la plupart des infractions routières, pollution, tapage nocturne…) sont jugées par
le tribunal de police.
Les délits (vol, abus de confiance, escroquerie, homicide involontaire) relèvent du tribunal
correctionnel.
Les crimes (meurtre, assassinat, viol) sont jugés par la cour d’assises.

2. Le rôle du procès civil et du procès pénal


A. Le droit au procès équitable
Le droit pose quelques règles essentielles à une justice de qualité, garante des droits fondamentaux des
justiciables. L’ensemble de ces règles se traduit par le principe du procès équitable, auquel a droit tout
justiciable, que sa procédure soit civile ou pénale.
– la neutralité des juges : chaque justiciable doit être jugé par un tribunal indépendant et impartial ;
– le principe du contradictoire : chaque partie a la possibilité de faire valoir son point de vue et de
discuter les arguments et les preuves de son adversaire, qui lui sont communiquées avant la phase de
jugement ;

© Nathan Chapitre 4 Le recours au juge / 55


– la publicité des débats : symboliquement, les portes des salles d’audience des tribunaux doivent en
principe rester ouvertes, ce qui permet de contrôler le respect des droits de chaque partie ;
– le respect des droits de la défense : cette règle s’exprime par l’obligation de juger une affaire en
présence des personnes intéressées ou de leur représentant : l’absence d’une partie à un procès lui ouvre
la possibilité de former un recours contre le jugement rendu.

B. Le rôle du procès civil


Le procès civil, devant les juridictions de droit privé, vise à régler un litige entre des personnes privées.
Il peut s’agir de personnes physiques ou de personnes morales. Le conflit qui les oppose peut trouver sa
source dans un dommage subi, dans l’inexécution d’un contrat, dans une cause familiale, etc.
La finalité de ce type de procès est donc soit de réparer un dommage (après un accident, par exemple),
soit de sanctionner la violation d’un contrat (comme dans le cas du salarié licencié à tort). Le procès
civil se conclut alors par l’attribution de dommages et intérêts.
Ce type de procès peut aussi viser à faire annuler un contrat (pour défaut d’une condition de validité,
par exemple), à régler un différend familial (comme en cas de divorce ou de contestation de succession),
soit même à faire remettre des choses en l’état (comme en cas d’élévation d’un mur sans droit), etc.

C. Le rôle du procès pénal


Le rôle du procès pénal est de sanctionner les atteintes à l’ordre public résultant des infractions, et par
là même de jouer également un rôle de prévention par la dissuasion. Le procès pénal donne lieu à des
condamnations dont la gravité est fonction de la nature de l’infraction :
– les contraventions sont punies en général par une amende jusqu’à 1 500 euros et parfois par une peine
privative de droit, comme la suspension de permis de conduire ;
– les délits peuvent donner lieu à des amendes d’au moins 3 750 euros, à des peines d’emprisonnement
d’au maximum 10 ans ou à une peine alternative, comme des travaux d’intérêt général ;
– les crimes peuvent entraîner une condamnation à la réclusion criminelle « à temps » (10 ans, 20 ans…)
ou à perpétuité, de façon ferme ou avec sursis, et aussi à des amendes d’au moins 3 750 euros.

3. Les différentes phases du procès


A. Le déroulement du procès civil
Chaque instance du procès civil passe par différentes étapes.
– L’introduction de l’instance se fait par l’assignation, par laquelle le défendeur est prévenu de la
demande par un acte d’huissier.
– La saisine du tribunal intervient par l’enrôlement, qui est la prise de date par le tribunal.
– La mise en état de l’affaire permet aux parties d’échanger leurs arguments (leurs « conclusions »).
– L’audience permet au juge d’entendre les prétentions des parties, généralement par l’intermédiaire de
leurs avocats.
– La mise en délibéré ouvre un délai de réflexion pour les juges.
– Le jugement est rendu : cette dernière étape rend la décision de justice exécutoire.

B. Le déroulement du procès pénal


Toute infraction donne lieu à une constatation des faits par la police ou la gendarmerie. Elle est parfois
suivie d’un dépôt de plainte de la part de la victime. Celle-ci peut se porter partie civile au procès
pénal pour demander à être indemnisée par l’auteur de l’infraction.
C’est le procureur de la République qui décide s’il y a lieu de poursuivre ou non. S’il y a poursuite, le
juge d’instruction décide éventuellement de la mise en examen de la personne soupçonnée. Ce magistrat
doit rassembler les preuves « à charge et à décharge ». C’est au vu de cette instruction que la personne
mise en cause peut être traduite devant une juridiction répressive, où sont défendus tant les intérêts de
la victime que ceux de la société. Là encore, le jugement peut être rendu immédiatement ou après une
mise en délibéré de l’affaire.

56 / Thème 2 Comment le droit permet-il de régler un litige ? © Nathan


4. Les principales voies de recours
A. L’appel
Les tribunaux du premier degré, saisis dans la phase initiale de la procédure, rendent un jugement, que
l’une des parties peut trouver injuste. Aussi la loi autorise-t-elle chaque justiciable à faire appel, c’est-
à-dire à demander à être rejugé par une juridiction hiérarchiquement supérieure pour qu’elle reprenne
l’affaire sur le fond. Les cours d’appel constituent ces juridictions du deuxième degré.
La cour d’appel peut soit approuver les premiers juges (elle rend un arrêt confirmatif) soit les
désapprouver (l’arrêt est alors infirmatif).
L’appel est un droit reconnu à tous. Cependant, il est impossible de faire appel pour des litiges dont
l’enjeu n’excède pas 5 000 euros.

B. Le pourvoi en cassation
La Cour de cassation est la juridiction suprême de l’ordre judiciaire. Elle siège à Paris et elle exerce sa
compétence sur l’ensemble du territoire français. Son rôle est de juger la bonne application du droit par
les tribunaux et les cours, c’est-à-dire les juges du fond.
Tout justiciable qui a été jugé en dernier ressort a le droit de former un pourvoi en cassation pour faire
vérifier que les juges du fond ont respecté le droit. La Cour de cassation ne réexamine pas le fond de
l’affaire. Elle est juge du droit. Elle a l’autorité pour casser une décision non conforme au droit. Elle
peut également approuver les juges du fond : dans ce cas, elle rejette le pourvoi.

C. Le recours aux juridictions européennes


Il existe des possibilités de recours aux tribunaux européens. Parmi ces juridictions supranationales,
la Cour européenne des Droits de l’homme veille au respect de la Convention européenne de sauvegarde
des Droits de l’homme et des libertés fondamentales par les 47 États qui l’ont ratifiée. C’est le cas de la
quasi-totalité des États du continent européen. Cette juridiction peut condamner un État qui ne
respecterait pas les droits fondamentaux du justiciable.

© Nathan Chapitre 4 Le recours au juge / 57


Ressources numériques
 www.justice.gouv.fr/
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En cliquant sur « Organisation de la justice » puis sur « L’ordre judiciaire », on accède à des schémas
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civile », « Justice des mineurs »).
Il est également possible, dans le bloc situé juste en dessous, d’accéder à des articles, en particulier :
« Les fondements et principes » (travail sur le droit à un procès équitable, l’accès au droit et à la justice,
l’indépendance des magistrats, etc.).
Enfin, on accède également à une vidéo en cliquant à droite (« Vidéos »), en particulier : « Animation -
Organisation de la justice ».
 www.legifrance.gouv.fr/
En consultant « La jurisprudence judiciaire », on peut guider les élèves vers un arrêt de la Cour de
cassation. Cette première découverte de la jurisprudence mérite sans doute d’être préparée par le choix
d’affaires simples, mais il serait judicieux d’examiner, d’une part un arrêt de rejet, d’autre part, un arrêt
de cassation (en évitant les arrêts de cassation partielle).
 https://justimemo.justice.gouv.fr/
On peut exploiter les nombreuses opportunités offertes par ce site élaboré par le ministère de la Justice
et des Libertés.
Depuis la page d’accueil, cliquer sur différents onglets (« La justice aujourd’hui », « Les acteurs de la
justice », « Les structures de la justice », etc.).
En disposant d’un peu de temps, et en passant par différentes phases d’exploitation de ce site, les élèves
peuvent suivre une affaire dans son intégralité. Par exemple, la spécificité de la procédure prud’homale
peut être mise en exergue (phase préalable de conciliation, en particulier), mais ces vidéos donnent
surtout l’opportunité d’observer le rôle des conseils (avocats), la question de la preuve et la concertation
des juges qui se réunissent en formation collégiale pour trancher.

58 / Thème 2 Comment le droit permet-il de régler un litige ? © Nathan


Corrigé de l’Entraînement au bac – Thème 2
Capacités
• Identifier les éléments d’un litige : parties, faits, prétentions, question de droit
• Déterminer au moyen d’une argumentation si le litige est causé par un acte ou par un fait juridique
afin d'envisager un mode de preuve adapté
• Apprécier la force probante d'un élément de preuve dans une situation donnée
• Sélectionner la juridiction susceptible de juger un litige
• Identifier les phases d’un procès

Pas facile de prouver… et pourtant il faut bien ! (p. 59)


1. Qualifiez juridiquement les faits à l’origine du litige et les parties qu’il concerne.
Un prêt d’argent a été fait par une personne à son neveu. Aucun document écrit n’a été signé entre les
parties et, bien qu’il ait initialement remercié son créancier dans un e-mail, le débiteur refuse de
rembourser ce qu’il doit en se retranchant derrière l’absence de preuve du prêt litigieux.
Le litige oppose donc celui qui se présente comme le créancier de son neveu, et ce dernier, qui refuse
de reconnaître sa qualité de débiteur.
2. Indiquez quel est l’objet de la preuve et quelle règle de droit concerne les moyens de preuve
admis dans ce type d’affaire.
L’objet de la preuve est ici un prêt d’argent. Il s’agit d’un acte juridique, qui s’établit par une preuve
parfaite, en principe un écrit dès lors que la somme concernée dépasse 1 500 euros et que le litige ne
survient pas à propos d’un acte de commerce.
L’écrit peut être un acte authentique, rédigé devant notaire ou, plus simplement, un acte sous seing privé,
rédigé et signé par les parties. Il peut s’agir également d’un écrit électronique, à condition, selon les
termes du Code civil, que la personne dont il émane puisse être dûment authentifiée et qu’il soit établi
et conservé dans des conditions de nature à en garantir l’intégrité.
3. Exposez la règle de droit applicable qui peut être favorable à Martin. Vous semble-t-elle
pouvoir s’appliquer dans cette affaire ? Justifiez.
Dans tous les cas où le droit exige une preuve écrite, il existe une exception qui peut s’appliquer dans
les conflits entre des personnes proches, par exemple les membres d’une même famille : l’absence
d’écrit peut être excusée s’il y avait, lors de la conclusion de l’acte juridique, une impossibilité – morale
par exemple – de se procurer l’écrit. Dans ce cas, le demandeur peut prouver par tous les autres moyens
dont il dispose (présomption, témoignage, etc.).
En l’espèce, Martin a prêté une importante somme d’argent à son neveu sans prendre la précaution de
lui faire signer une reconnaissance de dette. Il ne dispose pas d’écrit, mais seule la relation familiale
explique cette lacune. On peut donc dire qu’il est autorisé à invoquer l’impossibilité morale d’avoir un
écrit pour prouver sa créance et qu’il a le droit de recourir à tout autre moyen de preuve.
En conclusion, Martin dispose d’un e-mail émanant de son neveu, dans lequel il est fait état du prêt
d’argent. Soit ce document est considéré comme un écrit, les juges pouvant considérer qu’il n’y a pas
de doute sur son origine et sur les conditions de sa conservation, soit ce document peut être utilisé
comme une preuve imparfaite, autorisée ici du fait de l’impossibilité morale, pour le demandeur, d’avoir
un écrit.
4. Rappelez les différentes voies de règlement du litige que les parties peuvent exploiter.
En cas de litige, la voie traditionnelle de son règlement est le recours à la justice : le demandeur saisit le
tribunal compétent et assigne le défendeur. Mais il existe une autre voie de règlement du litige, c’est la
tentative de résolution amiable, qui est un préalable aujourd’hui obligatoire à toute action en justice. Ce
n’est qu’en cas d’échec de cette démarche que le procès peut être engagé.
5. En cas de procès, quel est le tribunal compétent ?
En cas de litige de droit privé, et plus particulièrement de procès civil, le tribunal compétent pour régler
les affaires de plus de 10 000 € est le tribunal judiciaire, qui remplace les anciens tribunaux de grande
instance.

© Nathan Entraînez-vous ! – Pas facile de prouver… et pourtant il faut bien ! / 59


Le litige entre l’oncle et le neveu est bien de droit privé, puisqu’il ne concerne en rien l’administration
et qu’il ne fait pas intervenir de droit pénal.
Ce litige n’est ni de droit commercial ni de droit du travail. Il est donc bien de droit civil. Comme la
créance contestée est de 15 000 €, c’est le tribunal judiciaire instance qui est compétent.
6. Quelle réflexion vous inspire le fait que la décision de justice puisse elle-même être jugée
et critiquée par la Cour de cassation ?
L’organisation de la justice repose sur un ensemble de règles destinées à garantir aux justiciables qu’ils
sont jugés de la façon la plus équitable possible.
La première des garanties est dans la possibilité offerte à ceux qui estiment avoir été mal jugés de
demander à être rejugés. C’est une juridiction de niveau supérieur, habilitée à infirmer éventuellement
le premier jugement qui intervient. Il s’agit de la cour d’appel.
Le système judiciaire pyramidal permet de passer de plusieurs centaines de tribunaux du 1 er degré à
36 cours d’appel. Le risque de disparité entre les arrêts de cours d’appel n’est pas totalement absent et
il faut bien qu’une juridiction unique et supérieure à toutes unifie la jurisprudence. C’est le rôle de la
Cour de cassation de dire si les juges ont bien appliqué la loi. Il est normal qu’en jouant ce rôle de juge
du droit, la Cour de cassation puisse critiquer les décisions des juridictions « inférieures ». Cette critique
peut d’ailleurs aller jusqu’à la cassation de ces décisions, qui n’est rien d’autre que leur anéantissement,
préalable indispensable à ce que l’affaire soit rejugée.

60 / Thème 2 Comment le droit permet-il de régler un litige ? © Nathan


Chapitre 5
La personnalité juridique

Place du chapitre dans le programme

Thème 3 – Qui peut faire valoir ses droits ?


Plan du chapitre Capacités Notions
1. Identifier et qualifier • Identifier et qualifier une personne • Statut de l’animal
une personne juridique juridique. • Droits patrimoniaux et
• Analyser les conséquences extrapatrimoniaux
de la personnalité juridique.
2. Distinguer une personne • Distinguer une personne
physique d’une personne morale physique d’une personne morale.
3. Identifier les attributs • Identifier les attributs • Genre
d’une personne physique d’une personne physique • Nom/dénomination
et d’une personne morale et d’une personne morale. • Domicile/siège

Avant la classe
1. Qui est l’auteur de la photo ?
C’est le singe lui-même qui est l’auteur de la photo. Il a opéré après s’être emparé de l’appareil du
photographe.
2. Le singe est-il, selon vous, reconnu comme une personne pour le droit ?
Dans cette affaire, personne ne reconnaît au singe un quelconque droit sur les photos qu’il a réalisées.
C’est bien le signe qu’il n’est pas reconnu comme une personne de droit.

Réponses aux questions sur la(les) situation(s)


1. Identifier et qualifier une personne juridique (p. 62-63)
1. Repérez dans la situation les sujets de droit et les objets de droit. (Doc. 1)
Bernard Arnault, les frères Willot, ainsi que les différentes sociétés mentionnées dans le texte (LVMH,
Berluti, etc.) sont des sujets de droit. Les articles de mode, les parfums et produits cosmétiques, etc. sont
des objets de droit.
2. Quelles sont les personnes physiques ? Quelles sont les personnes morales ? (Doc. 1 et 2)
Les personnes physiques sont Bernard Arnault et les frères Willot. Les personnes morales sont les
différentes sociétés, comme LVMH ou encore Tiffany.
3. Quels éléments montrent que le patron de LVMH dispose de la personnalité juridique ?
(Doc. 2)
Bernard Arnault, en tant que sujet de droit, dispose de droits avec la capacité d’en jouir (tel que le droit
de propriété portant sur des actions) et la capacité de les exercer (il a pu signer des contrats pour racheter
des marques notamment).

© Nathan Chapitre 5 La personnalité juridique / 61


4. Quels droits subjectifs Bernard Arnault peut-il transmettre à ses héritiers ? (Doc. 3)
Bernard Arnault ne pourra transmettre à ses héritiers que ses droits patrimoniaux, donc tout ce qui peut
être évaluable en argent : ses actions, ses économies, des maisons, appartements…
5. Bernard Arnault aime beaucoup ses animaux domestiques. Peut-il leur léguer une partie
de sa fortune ? Pourquoi ? (Doc. 4)
Les animaux, bien qu’ils soient reconnus comme des êtres vivants doués de sensibilité, demeurent des
objets de droit. En tant que tels, ils ne peuvent recevoir un héritage et disposer de biens.
6. Qu’est-ce qui distingue les liens entre les personnes et les animaux des liens entre les
personnes et les autres objets de droit ? (Doc. 2 et Doc. 4)
Les animaux, soumis au régime des biens, ne sont toutefois pas des objets de droit comme les autres. Ils
ont une sensibilité et bénéficient de ce fait d’une protection particulière : leur vente est encadrée et les
mauvais traitements sont condamnés. Ce sont donc des biens à l’égard desquels existent non seulement
des droits mais aussi des obligations.

Allez plus loin ! L’animal, un meuble ? Les choses ont évolué ! (p. 63)
1. Que s’est-il passé en 2015 ?
Par la loi du 16 février 2015 qui crée l’article 515-14, le Code civil reconnaît les animaux comme des
êtres vivants doués de sensibilité en les distinguant clairement des biens meubles « de droit commun ».
2. Dans quelle catégorie juridique l’animal est-il classé : celle des sujets de droit ou celle des objets
de droit ?
Les animaux sont classés dans la catégorie des biens meubles. Ils sont donc aux yeux de la loi reconnus
comme des objets de droit et non comme des sujets de droit. Ils n’ont pas de personnalité juridique.
3. Quelles sont les conséquences de l’introduction de l’article dans le Code civil pour ce qui
concerne les rapports des sujets de droit à l’égard des animaux ?
Le Code pénal interdisait déjà les actes de cruauté et de torture sur les animaux, mais le fait que le Code
civil reconnaisse les animaux comme des êtres vivants doués de sensibilité marque un tournant en vue
d’une amélioration de la condition animale. En évoquant les lois qui protègent les animaux, le Code
civil renvoie aux obligations que les personnes ont à leur égard.

2. Distinguer une personne physique d’une personne morale


(p. 64-65)
7. Avec quel événement la personnalité juridique débute-t-elle et s’achève-t-elle ? Illustrez
vos propos avec les parents de Bernard Arnault (Doc. 5)
La personnalité juridique des parents de Bernard Arnault a débuté à leur naissance (en 1919 et 1920) et
s’est achevée avec leur décès (2010 et 2005).
8. Que doivent faire les parents après la naissance de leur enfant ? (Doc. 5)
Ils doivent déclarer la naissance auprès d’un officier d’état civil à la mairie du lieu de naissance de
l’enfant.
Remarque : on peut faire remarquer aux élèves que la déclaration de la naissance n’est pas réservée
aux parents, puisque, en cas de défaillance du père, cette formalité peut être accomplie par « les docteurs
en médecine ou en chirurgie, sages-femmes, officiers de santé ou autres personnes qui auront assisté à
l'accouchement » (article 56 du Code civil).
9. Quelle différence faites-vous entre l’absence et la disparition ? (Doc. 5)
L’absence ne laisse pas supposer le décès de l’individu, présumé vivant durant 10 ans. La disparition,
en revanche, fait présumer le décès, même si le corps n’a pas été retrouvé (crash d’avion, disparition en
montagne, en mer…).

62 / Thème 3 Qui peut faire valoir ses droits ? © Nathan


10. Quelle était la nature de l’activité́ de Logo ? En quoi était-elle conforme à la finalité de ce
type de personne morale ? (Doc. 6 et Doc. 7)
La société Logo commercialisait des lunettes et des produits LVMH. La finalité de toute société étant
lucrative (dégager des bénéfices), son activité était bien conforme à cette finalité.
11. Comment la société Logo a-t-elle perdu la personnalité juridique ? (Doc. 6)
La société a perdu la personnalité juridique en faisant l’objet d’une liquidation judiciaire.
Remarque : elle ne pouvait plus faire face à ses dettes et payer ses fournisseurs. En d’autres termes,
elle ne pouvait plus, avec ses éléments d’actifs, faire face à son passif exigible.
12. Quelles sont les personnes morales qui soutiennent la manifestation dont il est question
ici ? (Doc. 6)
Les personnes morales qui soutiennent la manifestation sont : la CGT, FO, FSU, SUD qui sont des
syndicats.
13. En quoi leur présence illustre-t-elle bien leur raison d’être ? (Doc. 7)
Le rôle d’un syndicat et de défendre les intérêts de ses membres. L’objectif est ici de représenter les
salariés qui se sentent lésés par la réforme des retraites et de dénoncer les « cadeaux aux plus riches ».

Allez plus loin ! Finie l’obligation de se déplacer pour obtenir un acte


d’état civil ! (p. 65)
1. Quels sont les éléments d’identification d’une personne physique à renseigner ?
Exemple de la ville de Champigny-sur-Marne : il faut renseigner différentes informations, notamment
son nom, son prénom, ses dates et lieu de naissance, son adresse postale, son email, etc. et, si le
demandeur n’est pas le titulaire de l’acte de naissance, son identité et son lien de parenté avec le titulaire.
2. Donnez des exemples de situations où il est indispensable de fournir son état civil.
Il apparaît des situations où il est indispensable de fournir un acte d’état civil : par exemple pour
demander une carte d’identité ou pour la faire renouveler, pour se marier, pour déclarer un décès.
3. Comment s’opère la démarche présentée ici pour obtenir les renseignements d’état civil ? Quels
en sont les avantages ?
La démarche présentée s’opère directement en ligne. C’est une démarche dématérialisée, qui témoigne
de la mutabilité ou l’adaptabilité du service public face aux transformations de la société et, notamment,
au passage au numérique et à Internet. Il n’y a plus besoin de se déplacer et la démarche est facilitée.

3. Identifier les attributs d’une personne physique


et d’une personne morale (p. 66-67)
14. Quel(s) élément(s) d’identification des enfants de Bernard Arnault pouvez-vous relever ?
(Doc. 8)
Les cinq enfants peuvent être identifiés par leur nom de famille Arnault et par leur prénom (par exemple,
Delphine et Antoine).
15. Comment les enfants issus du premier mariage de Bernard Arnault auraient-ils pu
s’appeler sous le règle de la législation actuelle ? (Doc. 8)
En droit français, ils auraient pu s’appeler :
Arnault ou Dewavrin ou Arnault-Dewavrin ou Dewavrin-Arnault.
16. Selon vous, quelles évolutions de la société expliquent que la procédure de changement de
sexe à l’état civil a été simplifiée ? (Doc. 9)
La procédure a été simplifiée afin de faire cesser les discriminations à l’encontre des personnes
transidentitaires en leur permettant de pouvoir changer de sexe plus facilement.

© Nathan Chapitre 5 La personnalité juridique / 63


Remarque : la société admet la présence de personnes transgenres. La règle de droit a pris en compte
cet état de fait afin de simplifier les démarches de changement de sexe et de ne pas laisser ces personnes
dans un état de souffrance et de sentiment d’indifférence. Cela permet de faire coïncider le sexe
biologique et l’identité psychosociale de ces personnes.
17. Parmi toutes les propriétés immobilières de Bernard Arnault, quelle est celle où se situe
son domicile ? Pourquoi ? (Doc. 8)
Son domicile se situe dans le 7e arrondissement de Paris, rue Barbet de Jouy car c’est là qu’il réside
principalement.
18. Quel groupe se présente comme le principal concurrent de LVMH ? Faites des recherches
pour relever les éléments d’identification de certaines sociétés de ce groupe. (Doc. 10)
Le principal concurrent est le groupe Kering. C’est un groupe de luxe mondial dans le domaine de la
mode, la maroquinerie, la joaillerie et l’horlogerie avec des marques telles que Gucci, Saint Laurent,
Balenciaga ou encore Alexander McQueen.

Allez plus loin ! Changer de nom… une galère ?! (p. 67)


1. Sur la procédure et la publication : pourquoi la loi impose-t-elle une publication préalable de la
demande de changement de nom ?
La loi impose une publication afin d’avertir les tiers de ce changement. Certaines personnes peuvent
porter le nom que l’on envisage de donner à l’intéressé et pourraient faire valoir un risque de confusion
avec leur famille. La loi les autorise d’ailleurs à faire opposition à l’attribution de leur nom à un tiers.
2. Sur les cas concernés : en quoi peut-on dire que les règles de changement de nom sont
restrictives ?
Les règles de changement de nom sont restrictives car c’est seulement « en cas d’intérêt légitime » que
la loi accorde le droit à ce changement, ce qui renvoie à certains cas limitativement admis par la
jurisprudence administrative (nom ridicule, nom entaché de déshonneur, etc.). Dans les autres cas, il
n’est pas possible de changer de nom. Le droit au nom ne comporte pas le droit d’en changer en toute
liberté.
3. Sur la requête et son traitement : le rejet de la demande peut-il être arbitraire ? Justifiez votre
réponse par référence aux suites de ce rejet.
Le rejet de la demande de changement de nom ne peut pas être arbitraire car ce refus doit être motivé,
c’est-à-dire qu’il doit préciser les raisons du refus. La décision de rejet peut être contestée devant le
tribunal administratif de Paris dans un délai de deux mois.

64 / Thème 3 Qui peut faire valoir ses droits ? © Nathan


Corrigés des applications
1. Testez vos connaissances (p. 68)
1. Une personne juridique a des droits. 7. Le changement d’état civil est devenu
plus contraignant.
 Vrai  Faux
 Vrai  Faux
2. Un chat est un objet de droit.
8. Pour qu’une société possède la
 Vrai  Faux
personnalité morale, il faut
3. Un droit patrimonial n’a pas de l’enregistrer au RCS.
valeur pécuniaire.  Vrai  Faux
 Vrai  Faux
9. On peut avoir légalement plusieurs
4. L’acte de naissance est rédigé par les domiciles.
parents.  Vrai  Faux
 Vrai  Faux
10. On parle de titre pour le nom des
5. Seuls des dommages-intérêts sont associations.
alloués en cas d’atteinte à un droit de  Vrai  Faux
la personnalité.
 Vrai  Faux
6. La personnalité juridique débute par
la naissance et se termine par le
décès.
 Vrai  Faux

2. Identifier et qualifier une personne juridique (p. 68)


1. Cette chanteuse et la société Warner Music France ont-elles la personnalité́ juridique ?
Justifiez vos réponses.
En tant qu’être humain, Aya Nakamura, ou plutôt Aya Danioko, a la personnalité juridique depuis le
jour de sa naissance. Warner Music France est une société, immatriculée au registre du commerce et des
sociétés, et en tant que personne morale, elle a également la personnalité juridique.
2. Rappelez la différence entre un objet de droit et un sujet de droit.
En droit, soit l’on est un sujet de droit, soit l’on est un objet de droit. Les sujets de droit sont toutes les
personnes à qui le droit reconnaît la personnalité juridique. Les biens sont alors des objets de droit.
3. Quels droits la chanteuse détient-elle sur sa musique ?
Elle détient sur sa musique des droits patrimoniaux tels que les droits d’auteur (somme versée en
contrepartie de son œuvre de l’esprit) et des droits extrapatrimoniaux attachés à son nom, sa notoriété et
donc à sa personnalité.
Remarque : on peut signaler, en avance sur le chapitre 10, la distinction entre le droit moral de l’auteur
et son droit patrimonial.

3. Distinguer une personne physique d’une personne morale


(p. 68)
1. Qualifiez juridiquement les faits (résumez les faits en utilisant le vocabulaire juridique).
Le fondateur (personne physique) d’une SARL signe les statuts et obtient une inscription auprès de
l’Insee mais ne demande l’immatriculation de sa société au RCS que 20 ans plus tard. Sa demande est
rejetée. Ce dernier décide de saisir la justice (demandeur) et la cour d’appel de Paris confirme ce refus

© Nathan Chapitre 5 La personnalité juridique / 65


car les formalités d’immatriculation doivent intervenir sitôt les formalités de constitution et de publicité
effectuées.
2. Reformulez la règle de droit (synthétisez la règle de droit applicable au cas).
L’immatriculation doit être demandée immédiatement après les formalités de constitution et ce n’est
qu’à partir de l’immatriculation que la société peut jouir de la personnalité morale.
3. Quels sont les effets de l’absence d’immatriculation ?
En l’absence d’immatriculation, la société ne possède pas la personnalité juridique et ne peut accomplir
aucun acte juridique, comme notamment conclure des contrats ou ester en justice.
Remarque : les élèves peuvent s’étonner que la société ait « fonctionné » durant 20 ans. Sans entrer
dans les détails de la distinction entre société en participation et société de fait (ici) et de leur
fonctionnement, on peut évoquer le fait que les engagements sont mis à la charge du gérant, qui ne peut
pas représenter une société… qui n’existe pas en tant que personne morale.

4. Identifier une (nouvelle) personne juridique : le cas des robots


(p. 69)
1. Que prône la résolution du Parlement européen du 16 février 2017 ? Les experts de
l’intelligence artificielle sont-ils d’accord ?
Le Parlement européen prône la création d’une personnalité juridique pour les robots. Une troisième
catégorie de personnes juridiques pourrait être créée, celle des « personnes électroniques ».
Les robots concernés par le texte sont les robots intelligents comme les robots autonomes les plus
évolués.
Les experts de l’intelligence artificielle ne semblent pas approuver cette idée, puisqu’ils attirent
l’attention des autorités européennes sur « le risque de donner un statut juridique aux robots ».
2. Les robots sont-ils des personnes pour le droit ? Justifiez votre réponse.
Les robots ne sont pas considérés actuellement comme des personnes par le droit. Ils ne sont pas des
êtres humains, donc pas des personnes physiques, ni un groupement réuni dans un but commun à l’instar
des personnes morales. Ils sont donc, pour l’heure, reconnus comme des objets de droit.
3. Selon vous, un robot doit-il être tenu pour responsable d’un dommage causé à un tiers ?
La personnalité juridique ne correspond pas seulement à l’aptitude à effectuer des opérations complexes
de façon technique. Elle renvoie à la reconnaissance par la société de droits fondamentaux et des devoirs
qui sont attachés à l’individu doté d’un libre arbitre et d’une autonomie de décision. Certes, la notion a
évolué avec le temps, puisque les personnes morales se sont vu reconnaître la personnalité juridique.
Aussi certains peuvent-il penser que, dans la mesure où ces robots sont conçus pour remplacer l’homme
et sont autonomes et que le droit doit évoluer dans le même sens que la société, il apparaît judicieux de
créer une troisième catégorie afin de prévoir les conséquences juridiques que la multiplication des robots
intelligents va engendrer. La logique de ce raisonnement serait alors de reconnaître aux robots
autonomes une responsabilité civile à mettre en œuvre en cas de dommages causés par eux à des tiers.
Remarque : sans développer une leçon sur la responsabilité civile, on peut signaler ici que la
responsabilité d’un robot – personne électronique – pourrait se rapprocher de la responsabilité du fait
d’autrui, qui permettrait de mettre en cause les fabricants, les programmeurs ou les dirigeants des
robots en question.
4. Quels attributs de la personnalité pourrait-on relever pour les robots ?
À l’image des personnes morales, les robots pourraient être identifiés par un nom, un numéro
d’immatriculation et, peut-être, un lieu d’établissement.

66 / Thème 3 Qui peut faire valoir ses droits ? © Nathan


5. Identifier les attributs d’une personne : le domicile (p. 69)
1. Quels sont les faits à l’origine de cette affaire ?
Mme Y, personne physique, souhaite s’inscrire sur les listes électorales de la commune où elle loue avec
son mari un appartement. La commission administrative lui refuse. Cette dernière introduit une action
en justice en tant que demandeur devant un tribunal d’instance. Le tribunal rejette sa demande et elle se
pourvoit alors en cassation.
2. Quel est le problème posé successivement à la commission administrative de la commune,
au tribunal d’instance et à la Cour de cassation ?
Peut-on être inscrit sur les listes électorales du lieu de résidence secondaire ?
3. Comment ces différentes instances ont-elles répondu à ce problème ?
Les différentes instances, commission administrative, tribunal d’instance et Cour de cassation, ont rejeté
la demande d’inscription sur les listes électorales car les intéressés n’ont pas établi que leur résidence
était effective et continue depuis un temps suffisamment long (six mois).
4. Quelle différence doit-on faire entre les notions de domicile et de résidence secondaire ?
Le domicile est le lieu où l’on se situe en droit, défini par le Code civil comme celui du « principal
établissement ». Une résidence correspond à tout lieu où on habite. Si cette habitation n’est pas la
principale, la résidence est dite « secondaire ».
5. En quoi la jurisprudence de la Cour de cassation fournit-elle toujours la règle de droit
apportée à la question de la détermination du domicile électoral ?
La juridiction suprême juge en droit et non en fait. Ici, elle approuve les juges du premier degré qui ont
rejeté la possibilité de se faire inscrire sur les listes électorales d’une résidence qui n’est pas
suffisamment durable. Ce n’est pas le caractère secondaire qui est déterminant, c’est le fait que les
occupants de cette habitation n’y soient pas présents, comme l’exige le droit, depuis plus de six mois de
façon effective et continue.
Au-delà de cette affaire, l’approbation de la décision des juges du fond est en soi l’expression d’une
règle de droit qui dépasse les intérêts des parties en présence pour créer (ou rappeler) la jurisprudence
en matière de détermination du domicile électoral.

6. Se préparer au bac – Qualifier juridiquement une situation et


formuler le problème de droit (p. 71)
1. Qualifiez juridiquement les faits : recherchez quelles sont les personnes au cœur du litige,
quel est le lien juridique qui les réunit et quels sont les faits qui les opposent.
Des parents souhaitent prénommer leur enfant Titeuf Grégory Léo. L’officier d’état civil a alors informé
le procureur de la République du fait que, selon lui, le premier prénom Titeuf était contraire à l’intérêt
de l’enfant. Sur le fondement de l’article 57 du Code civil, le parquet (le ministère public) a fait assigner
les parents afin de faire prononcer la suppression de ce prénom.
2. Retracez le parcours judiciaire de cette affaire.
Le ministère public (demandeur) a assigné les parents (défendeurs) devant le tribunal de grande instance
de Pontoise. Le tribunal a ordonné la suppression du prénom. Les parents ont alors fait appel de cette
décision mais la cour d’appel de Versailles a confirmé le jugement de premier degré. Ils ont alors formé
un pourvoi en cassation. La juridiction suprême a rejeté le pourvoi.
3. Formulez le problème de droit : présentez en termes généraux la question qui est posée
aux magistrats.
Peut-on librement donner un prénom à son enfant ?
Un prénom contraire à l’intérêt de l’enfant peut-il être supprimé de l’acte de naissance ?

© Nathan Chapitre 5 La personnalité juridique / 67


4. Quel est le sens de l’arrêt rendu par la Cour de cassation ?
La Cour de cassation est la juridiction suprême de l’ordre judiciaire. Elle juge en fait et non en droit.
Elle rappelle ici que l’appréciation ou non du caractère contraire à l’intérêt de l’enfant relève de celle
des juges du fond. Les juges ont de manière souveraine apprécié que le prénom Titeuf était contraire à
l’intérêt de l’enfant et c’est pourquoi elle rejette le pourvoi.
5. Cette décision vous paraît-elle légitime ?
Place au débat. Titeuf est le prénom d’un personnage de bande dessiné qui est drôle et attachant et, en
ce sens, il n’est pas vraiment contraire à l’intérêt de l’enfant de le dénommer ainsi.
Mais ce personnage est obsédé par les filles et le sexe et, en ce sens, il peut être difficile à porter
(moqueries des camarades…).
6. À travers le jugement du tribunal de Valenciennes sur le choix du prénom Nutella,
expliquez pourquoi les parents ne sont pas totalement libres du choix du prénom de leur
enfant.
En janvier 2015, le tribunal de Valenciennes a refusé qu’une petite fille soit prénommée Nutella. Cette
décision illustre le contrôle par les juges de l’éventuel dommage qu’un prénom déplacé peut causer à un
enfant, y compris en prenant en compte sa fréquentation à venir de l’école, son adolescence future, ou
même son âge adulte.
La limite à la liberté du choix du prénom par les parents est celle de la défense des intérêts de l’enfant.

Corrigé de la synthèse (p. 72)

1. Identifier et qualifier une personne juridique


Les sujets de droit ont la personnalité juridique. Cette dernière est reconnue à toutes les personnes
physiques et à certaines personnes morales. Les animaux, bien que soumis au régime des biens, ont
un statut particulier.

2. Distinguer une personne physique d’une personne morale


Les personnes physiques ont des droits subjectifs : des droits patrimoniaux (droit de propriété) et des
droits extrapatrimoniaux (droit à la vie privée). La personnalité juridique débute à la naissance et
s’achève à la mort. Pour les personnes morales, elle débute à l’immatriculation et s’achève à la
dissolution.

3. Identifier les attributs d’une personne physique et d’une personne morale


Une personne physique est identifiée par un nom, un prénom et un domicile. Elle est aussi définie par
son genre, dont le caractère n’est pas absolument immuable, puisque les personnes transidentitaires
peuvent obtenir un changement de leur état civil.
Une personne morale, quant à elle, est identifiée par une dénomination et un siège social.

68 / Thème 3 Qui peut faire valoir ses droits ? © Nathan


L’essentiel

1. Identifier et qualifier une personne juridique


A. Qui est une personne juridique ?
Les sujets de droit sont les seules personnes à qui le droit reconnaît la personnalité juridique par
opposition aux objets de droit qui ne la possèdent pas. La personnalité juridique est reconnue à tous les
êtres humains, les personnes physiques, et à un certain nombre de groupements qui sont réunis dans un
but commun, les personnes morales.
La personnalité juridique est la capacité d’une personne à être sujet de droit. En tant que tel, elle a des
droits avec la capacité d’en jouir et de les exercer, et des obligations. La personne dispose alors de la
capacité de jouissance (capacité de jouir d’un droit comme le droit de propriété ou la liberté
d’expression) et de la capacité d’exercice qui est le droit d’exercer ses droits (conclure des contrats et
ester en justice).
Concernant le statut des animaux, ces derniers sont depuis 2015 des « êtres vivants doués de
sensibilité ». Si le Code civil s’est mis en adéquation avec le Code pénal notamment qui sanctionne les
mauvais traitements et les actes de torture, il n’en demeure pas moins que les animaux sont soumis au
régime des biens même s’ils ne sont pas des biens comme les autres. Le propriétaire de l’animal est
responsable de ce dernier et doit répondre des éventuels dégâts ou dommages qu’il pourrait causer.

B. Les droits des personnes juridiques


Les personnes, en tant que sujets de droit, ont des droits : ce sont les droits subjectifs. Parmi eux l’on
peut distinguer les droits patrimoniaux (attachés à un patrimoine comme le droit de propriété, la
protection concernant les brevets ou les dessins et modèles) et les droits extrapatrimoniaux (attachés
à une personne comme le droit au secret de la vie privée, le droit de vote, le droit à la dignité humaine).
Le critère fondamental de distinction entre les deux est l’évaluation pécuniaire. Les droits patrimoniaux
sont évaluables en argent alors que les droits extrapatrimoniaux ne le sont pas.

2. Distinguer une personne physique d’une personne


morale
A. Les personnes physiques
La personnalité juridique des personnes physiques débute à la naissance et se termine au décès. La
naissance doit être déclarée à un officier d’état civil. Le décès doit également être déclaré. Deux
situations particulières sont en outre à envisager : l’absence ou rien ne laisse présager le décès (il faut
alors attendre 10 ans pour entrainer une présomption de décès) et la disparition (les circonstances laissent
présumer le décès).

B. Les personnes morales


La personnalité juridique des personnes morales débute par une formalité : l’immatriculation pour les
entreprises, une déclaration en préfecture pour les associations et une déclaration en mairie pour les
syndicats. Elle prend fin notamment par la dissolution, la liquidation ou encore la radiation.
Il existe une multitude de personnes morales reconnues par le droit : les personnes morales de droit privé
à but lucratif comme les sociétés, les personnes morales de droit privé à but non lucratif comme les
associations, ou encore les personnes morales de droit public comme les collectivités territoriales.

© Nathan Chapitre 5 La personnalité juridique / 69


3. Identifier les attributs d’une personne physique
et d’une personne morale
A. Les éléments d’identification des personnes physiques
Les personnes physiques sont identifiées par un nom, un domicile, un patrimoine (abordé au chapitre 7)
et une nationalité (non traitée car hors programme).
Le nom de famille permet, comme le prénom, d’individualiser la personne physique au sein de sa famille
et de la société. Le nom de famille peut être celui du père, de la mère ou des deux. Le changement de
nom est possible mais la demande doit être motivée par un intérêt légitime.
Le prénom permet d’individualiser la personne physique au sein de sa famille, de la société et d’éviter
les confusions.
Le domicile est la localisation géographique stable et permanente de la personne et il est unique en vertu
du principe de l’unicité du patrimoine.
Depuis un avis de 2013, la terminologie d’identité sexuelle a été remplacée par celle d’identité de genre
afin de faciliter les démarches de changement d’état civil des personnes transidentitaires.

B. Les éléments d’identification des personnes morales


La personne morale est identifiée par sa dénomination et son siège social.
La dénomination change selon le type de personne morale (dénomination sociale pour les sociétés, titre
pour les associations et dénomination pour les syndicats).
Le siège social est le lieu où la personne a son principal établissement et là où se trouvent les organes
décisionnaires.

Ressources numériques
 www.legifrance
Faire des recherches sur la jurisprudence judiciaire et administrative à l’aide des mots clés et les habituer
à lire des décisions de justice et notamment des arrêts de Cour de cassation.
 www.service-public.fr
Toutes les démarches administratives sont expliquées et cela peut faire l’objet de nombreuses recherches
par les élèves (demande d’extrait d’acte de naissance, déclaration de naissance, de décès, demande de
changement de nom…).
 www.30millionsdamis.fr/la-fondation/
Des recherches pour sensibiliser sur la cause animale et peut-être pour identifier la fondation en tant que
personne morale spécifique.

70 / Thème 3 Qui peut faire valoir ses droits ? © Nathan


Chapitre 6
La capacité et l’incapacité

Place du chapitre dans le programme

Thème 3 – Qui peut faire valoir ses droits ?

Plan du chapitre Capacités Notions

1. Distinguer la capacité
• Capacité – incapacité juridique
et l’incapacité juridiques

Expliquer les conséquences • Acte de disposition, acte


2. Expliquer les conséquences
de l’incapacité juridique d’une d’administration
de l’incapacité juridique
personne physique ou morale • Mécanismes de représentation

Avant la classe
Une personne atteinte d’un handicap lourd vous semble-t-elle apte à agir seule dans la
société ?
Un handicap physique (comme une tétraplégie) peut réduire l’aptitude d’une personne à agir seule au
quotidien (se déplacer, faire ses courses, payer ses factures, etc.). De même, un handicap mental (comme
la trisomie ou l’autisme) peut priver une personne de discernement et l’empêcher d’agir seule dans son
intérêt (risque d’abus de l’état de faiblesse par les tiers).

Réponses aux questions sur la(les) situation(s)


1. Distinguer la capacité et l’incapacité juridiques (p. 74-75)
1. Dans cette situation, identifiez les différentes personnes physiques et morales.
Personnes physiques : les cinéastes Olivier Nakache et Éric Toledano, et les personnages : Bruno et
Malik, éducateurs, des enfants et adolescents autistes et les jeunes formés par les associations.
Personnes morales : les deux associations des éducateurs.
2. Parmi les personnes physiques, lesquelles ont la capacité de jouissance ? (Doc. 1)
Parmi les jeunes autistes, ceux qui sont mineurs sont privés de certains droits.
Remarque : En principe, la capacité de jouissance appartient à toutes les personnes physiques de leur
naissance jusqu’à leur décès.
3. Quels sont les différents motifs de privation de la capacité de jouissance ? (Doc. 2)
Premier motif : la protection de la personne (ex : un mineur) ; deuxième motif : la sanction (ex : un
parent violent).
4. Quelles sont les deux catégories d’individus frappés d’une incapacité d’exercice ? (Doc. 2
et Doc. 3)
Les mineurs et les majeurs vulnérables (fragilisés physiquement et/ou psychiquement).

© Nathan Chapitre 6 La capacité et l’incapacité / 71


5. Quel(s) individu(s) de la situation vous semble(nt) frappé(s) par cette incapacité ? (Doc. 2
et Doc. 3)
Les jeunes autistes, mineurs et majeurs s’ils sont placés sous un régime de protection (tutelle ou
curatelle).
Remarque : L’un des personnages du film, Joseph, est majeur. Voir les vidéos et la situation de la
page 77.
6. Indiquez l’objet des personnes morales suivantes et donnez un exemple d’un acte qui
dépasse leur capacité. (Doc. 4)
– Air France : Objet social : service de transport aérien des personnes.
Remarque : les élèves connaîtront probablement uniquement cet objet. On peut préciser que l’objet
social d’Air France est plus large et qu’il inclut notamment le transport de marchandises et de postes
mais aussi d’autres actes tels que l’acquisition ou la location d’aéronefs ou d’établissements industriels
ou commerciaux.
Tout exemple d’acte n’entrant pas dans cet objet social est accepté (fabrication d’avions, transport
ferroviaire, etc.).
– Auchan : Objet social : hypermarchés.
Remarque : code NAF 47.11F : commerce de détail non spécialisé à prédominance alimentaire en
magasin d’une surface de vente égale ou supérieure à 2 500 m².
Tout exemple d’acte n’entrant pas dans cet objet social est accepté (activités de banque, d’agence de
voyages, etc.).
7. Les actes suivants entrent-ils dans la capacité de l’association Le Relais Ile-de-France, qui
a inspiré les réalisateurs du film ? (Doc. 4 et Doc. 5)
a. Former des personnes au métier d’animateur spécialisé : oui.
b. Vendre des véhicules d’occasion : non.
c. Organiser des séjours adaptés pour les personnes atteintes d’autisme : oui.

Allez plus loin ! Être grand avant l’âge ! (p. 75)


1. Quels sont les effets de l’émancipation ?
Le mineur émancipé est capable, comme un majeur, de tous les actes de la vie civile.
Il peut conclure des contrats : contrat de travail, vente, emprunt, etc.
2. Quelles sont les restrictions à la capacité du mineur émancipé ?
Le mineur émancipé ne peut pas :
– conclure un PACS, se marier ou consentir à son adoption sans le consentement de ses parents ;
– voter ; passer son permis de conduire ; entrer dans un casino, une discothèque ; acheter de l’alcool ;
– être commerçant sans autorisation du juge.
3. Quelle est la procédure de l’émancipation ?
Un ou les parent(s) remplit(ssent) un formulaire CERFA qu’il(s) adresse(nt) au juge des tutelles du lieu
de la résidence habituelle du mineur ou du domicile de son représentant légal.
4. Quel est aujourd’hui le tribunal compétent pour statuer sur une demande d’émancipation ?
Il s’agit du juge aux affaires familiales (JAF) du tribunal judiciaire, compétent en matière de tutelle des
mineurs.
5. Quel est l’autre moyen, plus rare, pour un mineur d’obtenir l’émancipation ?
L’émancipation peut résulter du mariage du mineur quel que soit son âge.
Remarque : attention, le mariage d’un mineur (émancipé ou non) requiert l’autorisation du procureur
de la République pour motifs graves (grossesse, par exemple) et le consentement des parents.

72 / Thème 3 Qui peut faire valoir ses droits ? © Nathan


2. Expliquer les conséquences de l’incapacité juridique (p. 76-77)
8. Jusqu’à sa majorité, à quel régime de protection des mineurs Valentin est-il soumis ?
Justifiez. (Doc. 6)
Le régime de l’administration légale : ses deux parents étant vivants (et non privés de l’autorité
parentale).
Remarque : on peut faire remarquer aux élèves que l’autisme de Valentin ne change rien au régime de
protection qui le concerne ; ils pourront ainsi apprécier la volonté du législateur de prendre en compte
la fragilité de tous les mineurs face aux problèmes d’administration d’un patrimoine.
9. À quel régime de protection Valentin serait-il soumis si ses parents étaient privés de
l’autorité parentale ou décédaient avant sa majorité ? (Doc. 6)
Valentin serait placé sous le régime de la tutelle des mineurs.
Remarque : il serait représenté par un tuteur et, pour la gestion de ses biens, il serait protégé par ce
tuteur et par un conseil de famille.
10. Après les avoir qualifiés, indiquez les actes qu’un mineur peut, en principe, faire seul et
ceux pour lesquels il doit être représenté par ses parents ? (Doc. 6, Doc. 7 et Doc. 8)
a. Souscrire une assurance pour un scooter : acte d’administration ; conclu par le représentant légal.
b. Acheter un téléphone portable à 650 € : acte de disposition ; conclu par le représentant légal.
c. Vendre des vêtements d’occasion à une amie (valeur 50 €) : acte courant ; peut être conclu seul
par un mineur.
11. Selon vous, quel régime de protection des majeurs vulnérables est adapté au cas de
Joseph ? (Doc. 9)
Joseph, atteint d’autisme, semble toutefois être apte à exprimer sa volonté : la curatelle semble adaptée.
Remarque : c’est le régime de protection le mieux adapté, puisqu’il permet à Joseph d’être assisté dans
la vie juridique pour les actes importants.
12. Indiquez les régimes de protection qui conviennent aux cas suivants (Doc. 9)
a. Femme divorcée de 42 ans souffrant de troubles bipolaires légers : sauvegarde de justice (troubles
légers).
b. Homme veuf de 73 ans atteint des premiers signes de la maladie d’Alzheimer : curatelle (maladie
peu avancée).
c. Jeune homme en coma profond suite à un accident de la circulation : tutelle (impossibilité totale
de manifester sa volonté).
13. Pour les actes suivants, le tuteur d’un majeur doit-il obtenir l’autorisation du juge des
tutelles ? Répondez par oui ou par non. (Doc. 7 et Doc. 9)
a. Vendre un terrain : oui (acte de disposition).
b. Acheter des habits, de la nourriture : non (acte de gestion courante : dépenses usuelles d’entretien,
d’habillement, de nourriture).
c. Faire réparer une chaudière : non (acte d’administration : entretien d’un immeuble).
d. Louer un appartement : oui.
Remarque : les élèves auront probablement considéré qu’il s’agit de la conclusion d’un bail
d’habitation, c’est-à-dire d’un acte d’administration, que le tuteur peut conclure seul. Ce raisonnement
est juste. Toutefois, il résulte de l’article 426 du Code civil que les actes relatifs au logement d’une
personne protégée (sous curatelle ou tutelle) doivent être autorisés par le juge (ou le conseil de famille).
Pour la classification complète, consulter le décret n° 2008-1484 du 22 décembre 2008 relatif aux actes
de gestion du patrimoine des personnes placées en curatelle ou tutelle.

© Nathan Chapitre 6 La capacité et l’incapacité / 73


14. D’après vous, pourquoi l’habilitation familiale peut-elle être préférable aux mesures de
protection judiciaire ? (Doc. 10)
La mesure est plus souple dans son fonctionnement qu’une curatelle ou une tutelle puisque, une fois le
proche désigné, le juge n’intervient plus.
Remarque : une fois que le juge a vérifié la production d’un certificat médical circonstancié, s’est
assuré que la mesure est conforme à l’intérêt de la personne à protéger et que ses proches ne s’opposent
pas à la mesure, il désigne un proche habilité (ascendant, descendant, frère ou sœur, époux, partenaire
de PACS ou concubin). Cette désignation permet à l’intéressé d’accomplir l’ensemble des catégories
d’actes (actes d’administration et de disposition).
Ensuite le juge n’intervient plus.
Toutefois, cette absence de contrôle des actes du proche habilité par le juge présente aussi un
inconvénient : celui du risque d’abus de ses pouvoirs par le proche qui peut être tenté de rédiger des
actes dans son propre intérêt et non dans l’intérêt du majeur vulnérable.
15. Qui signe les contrats conclus par l’association Le Relais Île-de-France ? (Doc. 8 et Doc. 11)
L’association étant une personne morale, sa capacité est exercée par son représentant légal, Daoud
Tatou.

Allez plus loin ! Choisir soi-même son ange gardien… (p. 77)
1. Présentez brièvement les deux types de mandat de protection future.
Le mandat « pour soi-même » permet à une personne de désigner à l’avance la ou les personnes chargées
de veiller sur elle et/ou sur son patrimoine pour le jour où elle ne serait plus en état de le faire seule.
Le mandat « pour autrui » permet aux parents d’un enfant souffrant de maladie ou de handicap de
désigner à l’avance là où les personne(s) chargée(s) de veiller sur les intérêts de leur enfant à leur décès.
2. Quel est l’intérêt majeur du mandat de protection future ?
Le mandat de protection future permet à une personne de choisir elle-même la personne chargée de
veiller sur elle et/ou son patrimoine. Il permet en particulier d’éviter que la tutelle soit confiée à un
établissement professionnel.
3. Quand le mandat prend-il effet (distinguez les deux types de mandat) ?
Le mandat « pour soi-même » prend effet lorsque l’état de santé du mandant se dégrade (état constaté
par un médecin inscrit sur la liste établie par le procureur de la République).
Le mandat « pour autrui » prend effet au décès du ou des mandants.
4. Qui est chargé de vérifier les comptes de gestion ?
Tous les ans, le mandataire doit rendre compte de sa mission à la personne chargée du contrôle de
l’exécution du mandat : le notaire en cas de mandat notarié ou la personne désignée par le mandant en
cas de mandat sous seing privé (un contrôleur de gestion).
Remarque : en cas de litige, la personne chargée du contrôle peut saisir le juge des contentieux de la
protection (juge des tutelles des majeurs).

74 / Thème 3 Qui peut faire valoir ses droits ? © Nathan


Corrigés des applications

1. Testez vos connaissances (p. 78)

1. Certaines personnes sont privées de 6. Le tuteur d’un mineur conclut seul


personnalité juridique. les actes d’administration.
 Vrai  Faux  Vrai  Faux
2. La capacité de jouissance est 7. Le majeur sous sauvegarde de justice
l’aptitude à exercer les droits dont on est privé de capacité juridique.
est titulaire.
 Vrai  Faux
 Vrai  Faux
8. Le majeur sous curatelle agit seul ou
3. Il est possible de priver une personne assisté de son curateur selon le cas.
d’un de ses droits pour la
 Vrai  Faux
sanctionner.
 Vrai  Faux 9. Le majeur sous tutelle doit être
représenté par son tuteur.
4. L’incapacité du mineur est une  Vrai  Faux
mesure de protection.
 Vrai  Faux 10. L’habilitation familiale nécessite un
consensus familial.
5. Le mineur peut accomplir les actes  Vrai  Faux
courants.
 Vrai  Faux

2. Identifier les composantes de la capacité juridique (p. 78)


1. Indiquez si les éléments ci-dessous correspondent à la mise en œuvre de la capacité de
jouissance ou de la capacité d’exercice.
– Vivre dans son appartement : capacité de jouissance
– Avoir l’autorité parentale sur son enfant mineur : capacité de jouissance
– Vendre sa maison : capacité d’exercice
– Agir en justice contre son voisin indiscret : capacité d’exercice
– Se marier : capacité de jouissance (avoir le droit au statut d’époux)
– Être héritier de son père décédé : capacité de jouissance
– Donner une somme d’argent à sa petite-fille : capacité d’exercice
– Accepter la succession de son père décédé : capacité d’exercice
2. Montrez que la capacité de jouissance des mineurs n’est pas pleine et entière.
Les mineurs sont privés de certains droits comme celui de voter, de passer leur permis de conduire ou
de se marier.

3. Expliquer les conséquences de l’incapacité du mineur (p. 78)


1. À quelle catégorie d’actes relatifs au patrimoine appartient l’achat d’une console ? La
souscription d’un abonnement téléphonique ?
Achat d’une console : acte de disposition
Abonnement téléphonique : acte d’administration

© Nathan Chapitre 6 La capacité et l’incapacité / 75


2. Quel type d’acte un mineur peut-il passer seul ?
Un mineur peut passer seul les actes courants autorisés par la loi ou par l’usage.
3. À quelle condition un acte courant accompli par un mineur peut-il être annulé ?
Un acte courant accompli par un mineur peut être annulé s’il n’est pas conclu à des conditions normales,
par exemple avec un prix prohibitif (article 1148 du Code civil).
4. Rédigez la lettre de demande d’annulation de l’achat de la trottinette électrique et de
remboursement du prix à adresser au cocontractant de Justin.
Madame, Monsieur,

J’apprends que le [indiquer la date] mon fils a acheté une trottinette électrique pour un prix de 439 euros
auprès de votre société.

Peut-être l’ignorez-vous, mais mon fils est né le [indiquer la date de naissance]. Il est donc mineur. Or,
selon l’article 1146 du Code civil, « sont incapables de contracter, dans la mesure définie par la loi : les
mineurs non émancipés […] ».

Un tel achat n’est pas habituel pour un adolescent de son âge. Il ne pouvait donc pas valablement
l’effectuer sans mon accord.

Je vous demande donc d’annuler cet achat et de me rembourser le prix payé.

D’ores et déjà, je vous retourne cet article.

Veuillez agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.

(Signature)

4. Identifier les pouvoirs du représentant légal d’un mineur (p. 80)


1. Dans cette situation, de quelle capacité Maxence dispose-t-il ? Laquelle n’a-t-il pas ?
Maxence a la capacité de jouissance mais il n’a pas la capacité d’exercice.
2. Qui est le représentant légal de Maxence ?
Nadine, la mère de Maxence, est son représentant légal.
3. Quelles options successorales doivent être autorisées par le juge des tutelles ? Pourquoi ?
L’acceptation pure et simple et la renonciation sont les deux options successorales qui doivent être
autorisées par le juge des tutelles. Dans les deux cas, ce sont des actes définitifs et graves. En effet,
renoncer à une succession peut revenir à priver l’héritier mineur d’un actif important. De même, accepter
la succession peut aboutir à obliger le mineur à s’acquitter des dettes du défunt qui apparaîtraient après
l’acceptation.
Si l’acceptation à concurrence de l’actif n’a pas à être autorisée par le juge des tutelles, c’est qu’elle est,
par nature, réfléchie puisqu’elle permet de mesurer les apports et les charges de la succession recueillie.
Remarque : le patrimoine étant traité dans le chapitre suivant, il sera ici nécessaire de préciser aux
élèves qu’un héritier qui accepte « purement et simplement » la succession reçoit l’actif mais également
le passif et qu’il est donc tenu des dettes du défunt.
4. Donnez des exemples d’actes que le représentant légal de Maxence peut accomplir seul.
Tous les exemples d’actes d’administration et d’actes de disposition sont admis à l’exception des actes
de disposition nécessitant l’autorisation du juge (comme la vente d’un immeuble – voir document 6).
En effet, les administrateurs légaux peuvent accomplir seuls les actes d’administration tels que le
paiement des dépenses courantes (ex. : cotisation d’assurance d’un bien immobilier), les réparations

76 / Thème 3 Qui peut faire valoir ses droits ? © Nathan


d’entretien, l’encaissement des loyers, le placement de l’argent de l’enfant et la plupart des actes de
disposition, au moins ceux qui portent sur des biens meubles d’usage courant.
Remarques :
1. nécessitent l’autorisation du juge certains actes particulièrement graves tels que la vente d’un
immeuble ou d’un fonds de commerce appartenant au mineur, la souscription d’un emprunt au nom du
mineur, l’acceptation pure et simple d’une succession revenant au mineur ;
2. il est possible de préciser aux élèves que le ou les administrateurs légaux peuvent percevoir les
revenus des biens (loyers, intérêts) de leurs enfants de moins de 16 ans. C’est le droit de jouissance
légale (qui ne s’applique pas à d’éventuels revenus d’activité du mineur).

5. Identifier les différentes mesures de protection judiciaire des


majeurs et leurs conditions d’ouverture (p. 80)
1. Complétez les articles du Code civil ci-dessous avec les termes suivants :
Article 425 du Code civil – Toute personne dans l’impossibilité de pourvoir seule à ses intérêts en
raison d’une altération, médicalement constatée, soit de ses facultés mentales, soit de ses facultés
corporelles de nature à empêcher l’expression de sa volonté peut bénéficier d’une mesure de
protection juridique prévue au présent chapitre. [...]
Article 440 du Code civil – La personne qui, sans être hors d’état d’agir elle-même, a besoin, pour
l’une des causes prévues à l’article 425, d’être assistée ou contrôlée dans les actes importants de la vie
civile peut être placée en curatelle.
La curatelle n’est prononcée que s’il est établi que la sauvegarde de justice ne peut assurer une
protection suffisante.
La personne qui, pour l’une des causes prévues à l’article 425, doit être représentée de manière
continue dans les actes de la vie civile, peut être placée en tutelle.
La tutelle n’est prononcée que s’il est établi que ni la sauvegarde de justice, ni la curatelle ne peuvent
assurer une protection suffisante.
2. Quelle mesure prive totalement un majeur de sa capacité d’exercice ?
La tutelle puisque le majeur est représenté par son tuteur.

6. Identifier les conséquences de la tutelle des majeurs (p. 80)


1. Qui sont les auteurs du pourvoi en cassation ? Que souhaitent-ils obtenir ?
Les enfants et la sœur de Mme G, majeure sous tutelle. Ils souhaitent obtenir l’annulation de
l’autorisation de se marier qui a été accordée à cette dernière.
2. Quelle est la décision de la Cour de cassation ?
La Cour de cassation approuve la cour d’appel d’avoir autorisé Mme G à se marier avec M. X.
3. Quel est l’apport de la loi du 23 mars 2019 concernant le mariage des majeurs protégés ?
Depuis l’entrée en vigueur de cette loi, les majeurs protégés peuvent se marier sans autorisation
préalable de leur curateur ou tuteur.
4. Recherchez sur Internet les modalités de « l’opposition au mariage » évoquée dans le
document 2.
L’opposition au mariage est l’interdiction faite à l’officier d’état civil de célébrer le mariage projeté.
Elle est formée par acte d’huissier de justice signifié à l’officier d’état civil chargé de célébrer le mariage
et aux futurs époux et contenant des mentions obligatoires : qualité de l’opposant, motifs de l’opposition,
texte de loi sur lequel est fondé l’opposition et élection de domicile.
Les époux peuvent exercer un recours en demande de mainlevée de l’opposition au mariage auprès du
tribunal.

© Nathan Chapitre 6 La capacité et l’incapacité / 77


Remarque : la réponse à la dernière question est issue des articles du Code civil suivants :
Article 175 (Modifié par LOI n°2019-222 du 23 mars 2019)
Le tuteur ou le curateur peut former opposition, dans les conditions prévues à l’article 173, au mariage
de la personne qu’il assiste ou représente.
Article 176
Tout acte d’opposition énonce la qualité qui donne à l’opposant le droit de la former. Il contient
également les motifs de l’opposition, reproduit le texte de loi sur lequel est fondée l’opposition et
contient élection de domicile dans le lieu où le mariage doit être célébré. Toutefois, lorsque l’opposition
est faite en application de l’article 171-4, le ministère public fait élection de domicile au siège de son
tribunal.
Les prescriptions mentionnées au premier alinéa sont prévues à peine de nullité et de l’interdiction de
l’officier ministériel qui a signé l’acte contenant l’opposition.
Après une année révolue, l’acte d’opposition cesse de produire effet. Il peut être renouvelé, sauf dans
le cas visé par le deuxième alinéa de l’article 173.
Toutefois, lorsque l’opposition est faite par le ministère public, elle ne cesse de produire effet que sur
décision judiciaire.
Article 177
Le tribunal judiciaire prononcera dans les dix jours sur la demande en mainlevée formée par les futurs
époux, même mineurs.

7. Se préparer au bac – Exploiter les documents juridiques :


comprendre la décision de justice (p. 81)
1. Identifiez l’auteur du pourvoi en cassation et l’objet de sa demande.
– Auteur du pourvoi : Mme D…, majeure sous curatelle renforcée.
– Objet de sa demande : Elle souhaite obtenir la mainlevée de la mesure de protection.
2. Quelle juridiction est intervenue au second degré ? Quelle solution a-t-elle retenu ?
C’est la cour d’appel de Bordeaux qui est intervenue en appel. Dans un arrêt du 26 avril 2018, elle a
rejeté la demande de mainlevée de la mesure de curatelle.
3. À quelle question de droit la Cour de cassation a-t-elle dû répondre ?
La question soulevée par cette affaire est d’apprécier la validité d’une décision de placement sous
curatelle renforcée au regard des conditions posées par l’article 440 du Code civil (altération des facultés
– condition prévue à l’article 425 – et besoin d’assistance ou de contrôle dans les actes de la vie civile).
4. Selon la Cour de cassation, la juridiction du second degré a-t-elle correctement appliqué
le droit ? Justifiez.
La Cour de cassation rejette le pourvoi. Autrement dit, elle approuve la décision de la cour d’appel et
considère que celle-ci a correctement fondé sa décision de placement sous curatelle sur les conditions
posées par l’article 440 du Code civil à savoir : altération des facultés mentales ou corporelles d’une
personne de nature à empêcher l’expression de sa volonté, et besoin d’être assisté ou contrôlé dans les
actes de la vie civile.
Remarque : l’article 425 visé par l’article 440 est commun aux différentes mesures juridiques de
protection des majeurs vulnérables.
Article 425 du Code civil :
« Toute personne dans l’impossibilité de pourvoir seule à ses intérêts en raison d’une altération,
médicalement constatée, soit de ses facultés mentales, soit de ses facultés corporelles de nature à
empêcher l’expression de sa volonté peut bénéficier d’une mesure de protection juridique prévue au
présent chapitre.
S’il n’en est disposé autrement, la mesure est destinée à la protection tant de la personne que des intérêts
patrimoniaux de celle-ci. Elle peut toutefois être limitée expressément à l’une de ces deux missions. »

78 / Thème 3 Qui peut faire valoir ses droits ? © Nathan


Corrigé de la synthèse (p. 82)

1. Distinguer la capacité et l’incapacité juridique


La capacité juridique est l’aptitude à être titulaire de droits (capacité de jouissance) et à les exercer
(capacité d’exercice).
Certaines personnes sont frappées d’incapacité de jouissance (ex : les mineurs sont privés de certains
droits) et/ou d’exercice (ex : les mineurs, les majeurs vulnérables).

2. Expliquer les conséquences de l’incapacité


L’incapacité des personnes protégées dépend du type d’acte portant sur le patrimoine. On distingue les
actes d’administration qui sont les actes de gestion comme la conclusion d’une assurance ou d’un bail
et les actes de disposition, plus graves, qui modifient la consistance du patrimoine comme la vente ou
la donation d’un bien.
Un mineur est en principe soumis au régime de l’administration légale : à l’exception des actes
courants qu’il conclut seul, il est représenté dans tous les actes par son ou ses parents titulaires de
l’autorité parentale. Pour certains actes de disposition, le juge des tutelles doit donner son accord.
La tutelle du mineur s’ouvre si ses deux parents sont décédés ou privés de l’autorité parentale. C’est un
tuteur qui représente le mineur et il doit obtenir l’accord du conseil de famille pour les actes de
disposition.
Un majeur vulnérable peut être placé sous sauvegarde de justice. Ce régime provisoire laisse au majeur
sa capacité mais lui permet de faire annuler ou corriger des actes contraires à ses intérêts.
Si l’altération des facultés mentales ou corporelles est plus grave, le majeur vulnérable peut être placé
sous curatelle. Il est alors assisté par un curateur pour les actes de disposition.
Lorsque le degré de vulnérabilité d’un majeur est tel qu’il a besoin d’être représenté dans les actes de la
vie civile il est placé sous tutelle. Son incapacité est alors totale.
L’habilitation familiale est une mesure qui permet à un proche d’être habilité à représenter un majeur
vulnérable pour tous les actes ou pour certains actes seulement. Cette mesure nécessite un consensus
familial.
Enfin, s’agissant des personnes morales comme les sociétés, leur capacité ne peut être exercée que par
le mécanisme de la représentation.

© Nathan Chapitre 6 La capacité et l’incapacité / 79


L’essentiel

1. La capacité et l’incapacité juridiques


Être capable en droit n’est pas une affaire de compétence personnelle mais d’aptitude juridique. La
capacité juridique est l’aptitude à être titulaire de droits (et d’obligations) et à les exercer. On distingue
ainsi la capacité (et l’incapacité) de jouissance et la capacité (et l’incapacité) d’exercice.

A. La capacité et l’incapacité de jouissance


La capacité de jouissance est l’aptitude à être titulaire de droits. Elle appartient à toutes les personnes
physiques dès leur naissance et jusqu’à leur décès.
Aucun individu ne peut être privé de tous ses droits car cela reviendrait à le priver de sa personnalité
juridique.
Toutefois, certaines personnes peuvent être privées de certains droits dans un but de protection. C’est le
cas des mineurs, dépourvus de maturité suffisante, qui sont privés de certains droits comme le droit de
vote ou celui de se marier.
De même, certaines personnes sont privées de certains de leurs droits afin de les sanctionner. C’est le
cas par exemple d’un parent violent qui peut être privé de l’autorité parentale sur son enfant mineur.
Quant aux personnes morales (société, association…), elles disposent d’une capacité de jouissance
moins étendue que celles des personnes physiques. Cette capacité est limitée à la réalisation de l’objet
pour lequel elles sont créées.

B. La capacité et l’incapacité d’exercice


La capacité d’exercice est l’aptitude d’une personne à exercer ses droits seule et par elle-même. Elle
appartient aux individus majeurs.
Les mineurs, vulnérables en raison de leur âge, sont frappés d’incapacité d’exercice.
De même, certains majeurs, fragilisés physiquement et/ou psychologiquement par le vieillissement, un
handicap, une maladie ou un accident, sont placés sous une mesure de protection juridique qui limite
(ou anéantit selon le cas) leur capacité d’exercice.
Pour ce qui concerne les personnes morales, n’ayant pas d’existence physique, leur capacité est exercée
par leur représentant (gérant ou président d’une société, président d’une association, par exemple).

2. Les conséquences de l’incapacité juridique


Avant d’étudier les différents régimes de protection des mineurs et des majeurs vulnérables, il est
nécessaire de maîtriser la classification des actes relatifs au patrimoine.

A. La classification des actes relatifs au patrimoine


Parmi les actes que peut accomplir une personne, on distingue les actes personnels (comme le
consentement à son adoption, par exemple) des actes relatifs au patrimoine. Ces derniers peuvent être
regroupés en deux catégories principales :
– les actes d’administration sont des actes de gestion courante, de mise en valeur ou d’exploitation du
patrimoine sans atteinte importante au capital. On peut citer les travaux d’entretien d’un immeuble, la
conclusion d’un contrat d’assurance, d’un bail d’habitation ou la perception des revenus ;
– les actes de disposition sont des actes « graves » parce qu’ils modifient la composition du patrimoine.
Ils peuvent avoir pour effet de diminuer sa valeur. Il s’agit par exemple de la vente d’un immeuble, d’un
emprunt bancaire ou d’une donation.

B. Les régimes de protection des mineurs


Le mineur n’étant pas apte à exercer lui-même ses droits en raison de son immaturité, il est représenté
par ses représentants légaux pour la plupart des actes, à l’exception des actes courants, c’est-à-dire de
faible incidence sur son patrimoine, qu’il peut accomplir lui-même.

80 / Thème 3 Qui peut faire valoir ses droits ? © Nathan


La représentation peut se définir comme l’exercice du pouvoir dont une personne, le représentant, est
investie afin d’agir pour le compte d’une autre personne, le représenté.
Selon la situation du mineur, on distingue deux régimes de protection :
– le mineur, dont l’un au moins des parents est vivant et est titulaire de l’autorité parentale, est dit sous
« administration légale ». Son ou ses parents accompli(ssen)t seul(s) les actes d’administration et la
plupart des actes de disposition. Pour certains d’entre eux toutefois, le juge des tutelles doit donner son
accord (ex. : vente d’un immeuble appartenant au mineur) ;
– le mineur, dont les deux parents sont décédés ou privés de l’autorité parentale, est placé sous tutelle.
Le tuteur représente le mineur et doit obtenir l’accord du conseil de famille (présidé par le juge des
tutelles) pour les actes de disposition.

C. Les régimes de protection des majeurs vulnérables


Toute personne dans l’impossibilité de pourvoir seule à ses intérêts en raison d’une altération,
médicalement constatée, soit de ses facultés mentales, soit de ses facultés corporelles, de nature à
empêcher l’expression de sa volonté, peut bénéficier d’une mesure de protection juridique. La demande
est présentée au juge des tutelles accompagnée d’un certificat établi par un médecin inscrit sur une liste
établie par le procureur de la République.
Selon le cas et en fonction du degré d’altération des facultés, le juge prononcera une mesure de
sauvegarde de justice, de curatelle ou de tutelle.
La sauvegarde de justice est une mesure de protection de courte durée qui ne prive pas le majeur de sa
capacité mais qui permet de faire annuler ou corriger des actes contraires à ses intérêts.
Le majeur sous curatelle accomplit seul les actes d’administration mais doit être assisté de son curateur
pour les actes de disposition.
Le majeur sous tutelle est frappé d’une incapacité absolue. Il est représenté par un tuteur qui peut
accomplir seul les actes d’administration et doit être autorisé par le conseil de famille (ou le juge des
tutelles) pour les actes de disposition.
En outre, il résulte de l’article 426 du Code civil que les actes relatifs au logement d’une personne
protégée (sous curatelle ou tutelle) doivent être autorisés par le juge (ou le conseil de famille).
Depuis le 1er janvier 2016, un nouveau dispositif, l’habilitation familiale, permet de simplifier les
démarches des proches (ascendants, descendants, frères et sœurs, époux, partenaire d’un PACS ou
concubin) d’une personne vulnérable. Elle permet à un proche, avec l’accord des membres de la famille,
de représenter un majeur incapable de manifester sa volonté dans tous les actes de la vie ou certains
seulement, selon son état. Une fois le proche désigné par le juge, celui-ci n’intervient plus (ce n’est donc
pas une mesure judiciaire de protection).

Ressources numériques
 droit-finances.commentcamarche.com/faq/6055-tutelle-droits-et-pouvoirs-du-tuteur
Site comportant des compléments et une vidéo sur la tutelle.
 www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F33367
Pour un complément sur l’habilitation familiale.
 www.adultes-vulnerables.fr/
Ce site contient une approche pragmatique de la protection des majeurs vulnérables. Il peut constituer
une base à des exercices complémentaires.
 www.legifrance.gouv.fr
www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000020017088&categorieLien=id
Pour consulter la classification des actes de gestion du patrimoine des personnes placées en curatelle ou
tutelle (décret n° 2008-1484 du 22 décembre 2008).
La consultation de ce texte peut être proposée à partir d’un exercice de recherche consistant à classer
différents actes dans l’une ou l’autre des deux catégories.

© Nathan Chapitre 6 La capacité et l’incapacité / 81


82 / Thème 3 Qui peut faire valoir ses droits ? © Nathan
Chapitre 7
Le patrimoine

Place du chapitre dans le programme

Thème 3 – Qui peut faire valoir ses droits ?

Plan du chapitre Capacités Notions

1. Distinguer les éléments


composant le patrimoine • Distinguer entre les biens corporels et les
• Patrimoine
biens incorporels
• Biens corporels /
2. Identifier les caractères • Distinguer entre les droits patrimoniaux et
bien incorporels
des droits patrimoniaux les droits extrapatrimoniaux

Avant la classe
1. Quels sont les deux principaux éléments qui composent le patrimoine des ménages en 2018 ?
Les deux principaux éléments qui composent le patrimoine des ménages en 2018 sont un patrimoine
immobilier et un patrimoine financier.
2. Quelle évolution constate-t-on ? Pour quelles raisons ?
Malgré une légère baisse de la détention de patrimoine immobilier, cette composition de patrimoine
reste stable. Les Français ne souhaitent en effet pas prendre de risque et pensent que l’immobilier reste
une valeur sûre.

Réponses aux questions sur la(les) situation(s)

1. Distinguer les éléments composant le patrimoine (p. 84-85)


1. Repérez les différents biens qui ont composé l’actif du patrimoine de Karl Lagerfeld.
(Doc. 1)
Comme toute personne dans le droit français, Karl Lagerfeld possédait un patrimoine. À l’actif de ce
patrimoine figuraient différents biens corporels (propriété de meubles et d’immeubles) et des biens
incorporels (créances sur son employeur et sur divers partenaires).
2. Complétez le tableau en distinguant les éléments de l’actif du patrimoine. (Doc. 2)

Biens corporels Biens incorporels


– Appartement parisien – Droits d’exploiter ses œuvres photographiques
– Meubles futuristes composant son appartement qu’il exposait
parisien – Droit sur son salaire
– Ouvrages de sa bibliothèque – Droit sur les sommes d’argent qui lui étaient dues
– Nombreuses demeures par divers partenaires (Coca-Cola, Dupont…)

3. Quel élément a fait partie du passif du patrimoine de Karl Lagerfeld ? (Doc. 2)

© Nathan Chapitre 7 Le patrimoine / 83


À la suite d’un redressement fiscal, Karl Lagerfeld a eu une dette de 30 millions d’euros envers le fisc.
4. Identifiez l’objet des droits réels qui composaient le patrimoine de Karl Lagerfeld.
(Doc. 2)
Les droits réels sont les droits détenus par un individu sur une chose. Karl Lagerfeld détenait des droits
sur son appartement et ses demeures, ses meubles futuristes, les ouvrages de sa bibliothèque.
5. Identifiez l’objet des droits personnels qui composaient le patrimoine de Karl Lagerfeld.
(Doc. 2)
Karl Lagerfeld détenait sur la maison Chanel, Coca Cola ou Dupont le droit d’exiger le versement des
sommes d’argent qui lui étaient contractuellement dues.
6. Identifiez l’objet des droits intellectuels qui composaient le patrimoine de Karl Lagerfeld.
(Doc. 2)
Créateur de mode mais aussi photographe, Karl Lagerfeld possédait des droits intellectuels sur les
œuvres photographiques qu’il créait.
Remarque : les œuvres relevant de son activité salariée chez Chanel, c’est-à-dire les collections de
robes et accessoires, faisaient naître des droits intellectuels au profit de la maison Chanel.
7. Quelle est la nature juridique de la marque Chanel ? En quoi constitue-t-elle un élément
important du patrimoine de ses propriétaires ? (Doc. 3 et Doc. 4)
Entrant dans l’actif du patrimoine de ses propriétaires, la marque en est l’un des éléments importants.
En effet, selon le magazine Forbes en juillet 2020, la marque Chanel est l’une des marques françaises
les plus valorisées, avec LVMH, L’Oréal et Hermès.
8. Pourquoi le détenteur d’une marque comme Chanel a-t-il intérêt à l’exploiter de façon
continue ? (Doc. 3 et Doc. 4)
Parce qu’il perd ses droits s’il n’exploite pas sa marque pendant une période ininterrompue de 5 ans.

Allez plus loin ! Une salle de rédaction aux enchères ! (p. 85)
1. De quel patrimoine dépendent les biens objets de la vente aux enchères ?
Les biens objets de la vente aux enchères dépendent du patrimoine d’une personne morale, le journal
L’Écho du Centre.
2. Quelle est la nature de ces biens ? Expliquez.
Les biens vendus aux enchères sont des meubles corporels (meubles et objets) que l’on peut toucher :
des appareils photos numériques, des étagères, des archives…
3. Pourquoi peut-on dire que les droits sur ces biens sont patrimoniaux ?
Les droits de propriété du journal L’Écho du Centre sont patrimoniaux car ils portent sur des éléments
de son patrimoine et, évaluables en argent, ils peuvent être cédés dans le cadre de la vente.

2. Identifier les caractères des droits patrimoniaux (p. 86-87)


9. Quel caractère des droits patrimoniaux permettait à Karl Lagerfeld d’envisager la
répartition de son patrimoine après son décès ? (Doc. 5)
Le caractère transmissible de ces droits lui permettait d’envisager la transmission de son patrimoine par
voie successorale.
10. À travers l’exemple du testament de Karl Lagerfeld, montrez qu’un héritage peut être
composé à la fois de droits et d’obligations. (Doc. 6)
Karl Lagerfeld a cédé à sa gouvernante le droit de propriété qu’il détenait sur une maison et sur une
grosse somme d’argent. Mais il a, par ailleurs, mis à la charge de sa gouvernante l’obligation de prendre
soin de sa chatte Choupette.

84 / Thème 3 Qui peut faire valoir ses droits ? © Nathan


11. Quel caractère des droits patrimoniaux sur ses biens meubles Karl Lagerfeld a-t-il souvent
mis en œuvre ? De quelle(s) manière(s) ? (Doc. 7)
Karl Lagerfeld avouait qu’il achetait beaucoup d’œuvres d’art et d’objets qu’il donnait ou revendait
ensuite. Il mettait ainsi en œuvre le caractère cessible des droits patrimoniaux.
12. Pourquoi peut-on dire des droits patrimoniaux qu’ils sont « une garantie des
créanciers » ? (Doc. 5 et Doc. 8)
Les droits patrimoniaux sont évaluables en argent. Parmi eux, il y a les droits réels portant sur un bien
et les droits de créance. Ainsi, un créancier sait qu’en cas de non-paiement, il peut faire procéder à une
saisie pour obtenir le remboursement des sommes qui lui sont dues.
Remarque : on peut attirer l’attention de l’élève sur le fait que la saisie d’un téléviseur, par exemple,
consiste pour l’huissier à saisir le droit que le propriétaire détient sur ce bien, mais on peut aussi
évoquer l’existence de la saisie-arrêt sur salaire.
13. Quelle est la limite du caractère saisissable du patrimoine ? (Doc. 8)
Pour lui laisser les moyens de continuer à vivre et à travailler, la loi fait interdiction au créancier de
saisir la totalité des biens de son débiteur. Ainsi, les meubles lui permettant de vivre et une somme
d’argent minimale équivalente au RSA doit être laissée à sa disposition.
14. Si, au moment de son décès le 19 février 2019, Karl Lagerfeld était redevable de loyers
impayés, jusqu’à quand le propriétaire pourrait-il les réclamer ? (Doc. 9)
Le bailleur dispose de 3 ans : il pourrait réclamer les sommes dues au plus tard le 19 février 2022.
15. D’après vous, comment se justifie cette règle de prescription des droits patrimoniaux ?
(Doc. 9)
La prescription désigne le délai au-delà duquel le créancier est privé du droit d’agir. Il s’agit de préserver
la paix sociale en considérant que, passé un certain délai sans réaction, le créancier ne subit plus de
préjudice et que son débiteur doit pouvoir bénéficier du droit à l’oubli.

Allez plus loin ! Devenir propriétaire gratuitement (p. 87)


1. Qu’appelle-t-on « usucapion » ou « prescription acquisitive » ?
Il s’agit de la possibilité offerte par la loi de devenir propriétaire d’un bien immobilier dont on a l’usage
pendant un très long temps, en principe au moins 30 ans.
2. À quel type de bien cela s’applique-t-il ?
La prescription acquisitive est possible pour des biens immobiliers, plus particulièrement les immeubles
corporels (terrain ou maison, par exemple).
3. Citer 3 conditions à remplir pour en bénéficier ?
– S’être comporté comme le propriétaire du bien pendant 30 ans et avoir utilisé le bien de façon
continue.
– Avoir utilisé le bien de façon publique et non équivoque (sans que les autres n’aient eu de doute sur
la qualité de propriétaire).
– Avoir utilisé le bien de façon paisible.

© Nathan Chapitre 7 Le patrimoine / 85


Corrigés des applications

1. Testez vos connaissances (p. 88)

1. Toutes les personnes physiques et 6. Le droit à l’éducation fait partie du


morales ont un patrimoine composé patrimoine des individus.
d’un actif et d’un passif.
 Vrai  Faux
 Vrai  Faux
7. Une personne physique peut
2. En principe, en droit français, une transmettre son droit de vote.
personne peut avoir plusieurs
 Vrai  Faux
patrimoines.
 Vrai  Faux 8. Le propriétaire d’un appartement
peut le vendre en raison du caractère
3. Les dettes sont constituées par cessible du droit de propriété.
l’ensemble des obligations souscrites
 Vrai  Faux
par une personne.
 Vrai  Faux 9. Les droits patrimoniaux peuvent être
saisis en règlement d’une créance.
4. Les dettes ne font pas partie du
 Vrai  Faux
patrimoine des personnes.
 Vrai  Faux 10. Un créancier peut réclamer le
règlement des sommes qui lui sont
5. Un brevet est un bien corporel. dues sans limitation dans le temps.
 Vrai  Faux  Vrai  Faux

2. Distinguer les droits patrimoniaux et les droits extrapatrimoniaux


(p. 88)
Pour chacune des situations ci-dessous, indiquez si elle évoque un droit patrimonial ou un
droit extrapatrimonial.
Droits patrimoniaux : b ; c ; f ; g.
Droits extrapatrimoniaux : a ; d ; e ; h.

3. Déterminer la composition du patrimoine d’une personne (p. 89)


1. Quelle est la composition du patrimoine de Charles Aznavour à son décès ?
À son décès, le patrimoine de Charles Aznavour était estimé, selon certains médias, à près de
145 millions d’euros. Il se composait de différents éléments : en particulier des droits sur de nombreuses
chansons et un important patrimoine immobilier.
2. Distinguez les éléments incorporels et les éléments corporels le composant.
Les biens incorporels : les droits d’auteur sur environ 1 200 chansons. Ces droits pourront être exploités
jusqu’à 70 ans après sa mort.
Les biens corporels : sa résidence principale au bord du lac Léman, une maison dans les Alpilles, et un
terrain de 40 000 m2 planté d’oliviers.
3. Distinguez les biens meubles et les biens immeubles le composant.
Les biens meubles : les droits d’auteur sur environ 1 200 chansons.
Les biens immeubles : sa résidence au bord du lac Léman, sa maison dans les Alpilles et 40 000 m2
planté d’oliviers.

86 / Thème 3 Qui peut faire valoir ses droits ? © Nathan


4. Distinguer biens meubles et immeubles :
la particularité des immeubles par destination (p. 89)
1. Parmi les biens de l’exploitation que Sergio souhaite acheter, distinguez les biens meubles
par nature et les biens immeubles.
Les 44 vaches, un tracteur, des machines de traite, des outils de nettoyage sont des meubles par nature
car ils peuvent être déplacés ou se déplacer par eux-mêmes.
L’habitation de 180 m2 sur deux niveaux, le local pour la traite des vaches d’environ 400 m2 sont des
immeubles car ils sont attachés au sol, ils ne peuvent être déplacés.
2. Quelle qualification particulière la loi attache-t-elle à certains biens meubles rattachés à
un bien immeuble ? Pour quelles raisons ?
L’article 524 du Code civil qualifie certains biens meubles par nature d’immeubles par destination. En
effet, lorsque le propriétaire d’un bien immeuble y a installé des biens meubles par nature pour servir à
l’exploitation de ce bien immeuble, ces biens meubles deviennent indissociables du bien immeuble. Les
détacher du bien immeuble le détériorerait ou lui ferait perdre de la valeur.
3. Pour quelles raisons Albert devrait-il logiquement vendre son matériel et ses vaches ?
Conformément à l’article 524 du Code civil, Albert, propriétaire vendeur, a lui-même mis au service de
son exploitation 44 vaches et le matériel nécessaire. Ces biens meubles par nature ont été mis au service
de l’exploitation et sont ainsi devenus des immeubles par destination. Cédant les immeubles agricoles,
Albert devrait logiquement vendre le matériel et les vaches entrant dans la valeur de l’exploitation.

5. Identifier le caractère transmissible des droits patrimoniaux


(p. 90)
1. D’après le droit français, le patrimoine peut-il être cédé librement ?
Le droit français organise la transmission du patrimoine et donne la primeur à la famille, en interdisant
de déshériter totalement ses enfants qui bénéficient d’une réserve sur le patrimoine de leurs parents
décédés.
2. Qu’appelle-t-on « la réserve héréditaire » ?
Le Code civil dispose que les enfants sont réservataires. Ce qui signifie qu’une part plus ou moins
importante du patrimoine successoral leur est réservée, de 1/4 à 3/4 du total des biens, selon le nombre
des enfants qui héritent. Seule la part qui excède cette réserve – la quotité disponible – pourra être
librement cédée par testament.
3. Quel est son objectif, d’après l’article ?
Il s’agit de protéger le défunt contre les captations d’héritage d’une part, et de protéger les héritiers
d’autre part, en assurant aux réservataires un droit sur la succession, pacifiant ainsi les rapports familiaux
et sociaux.

6. Identifier le caractère saisissable des droits patrimoniaux (p. 90)


1. Précisez qui sont, dans cet article, le débiteur et le créancier.
Dans cette situation, le débiteur est le parent qui doit verser la pension alimentaire, le créancier est celui
qui doit recevoir la pension alimentaire.
2. Que peut faire le créancier pour obtenir remboursement des sommes qui lui sont dues ?
Le créancier peut s’adresser à ceux qui détiennent des sommes pour le compte du débiteur, et leur
demander le versement des sommes que le débiteur lui doit.
3. Quel caractère des droits patrimoniaux est mis en œuvre dans cette situation ? Expliquez.

© Nathan Chapitre 7 Le patrimoine / 87


C’est le caractère saisissable des droits patrimoniaux qui est mis en œuvre dans cette situation. D’après
l’article, le créancier a ainsi la possibilité de demander à la banque de saisir, pour son compte, les
sommes d’argent figurant sur le compte du débiteur.

7. Identifier le caractère prescriptible des droits patrimoniaux (p. 90)


1. Que réclame Vincent à son employeur ?
Vincent réclame à son employeur le règlement de 136 heures supplémentaires qui ne lui ont pas été
payées.
2. Comment qualifie-t-on cette revendication en droit ?
Vincent dispose du droit d’exiger les sommes qui sont dues par son employeur. Il s’agit d’un droit de
créance.
3. Que prévoit la loi pour la revendication de ce type de créances ?
Le Code du travail, dans son article L. 3245-1, prévoit que l’action en paiement d’heures
supplémentaires d’un salarié vis-à-vis de son employeur doit être exercée dans un délai de 3 ans à
compter du jour où celui qui l’exerce, le salarié, a connu les faits lui permettant de réclamer ce paiement.
4. Vincent pourra-t-il obtenir gain de cause ?
Vincent réclame le règlement d’heures supplémentaires effectuées il y a plus de 4 ans. La loi prévoit
que ce droit de créance doit faire l’objet d’une action intentée dans un délai de 3 ans. Vincent ne pourra
obtenir gain de cause car sa demande est hors des délais imposés par la loi.

8. Se préparer au bac – Identifier la règle juridique applicable (p. 91)


1. Dans un tableau, distinguez les éléments meubles et immeubles, corporels et incorporels
transmis à Clémentine par son père.

Meubles Immeubles
– De l’argent liquide pour une valeur de 6 200 € Une maison pour une valeur de
Corporels
– 3 tableaux pour une valeur de 58 000 € 120 000 €

Incorporels Une dette fiscale de 8 000 €

2. Quelle est la valeur du patrimoine de Clémentine avant le décès de son père ? après le
décès de son père ?
Avant le décès de son père, le patrimoine de Clémentine est composé à l’actif de l’ensemble de ses biens
dont on ne connaît pas la valeur (maison de Pernes-les-Fontaines, biens professionnels…) dont il faut
retrancher les éléments du passif, pour un montant total de 30 000 euros de factures impayées.
Après le décès de son père, Clémentine possède, en plus de son patrimoine d’avant le décès, un
patrimoine augmenté d’une valeur de 176 200 € (120 000 + 6 200 + 58 000 – 8 000).
3. Que redoutait Clémentine avant le décès de son père ?
Avant le décès de son père, Clémentine éprouvait des difficultés à régler des factures impayées pour
une somme totale de 30 000 €. Elle redoutait que ses créanciers utilisent leur droit de créance pour faire
saisir ses biens mobiliers et immobiliers en règlement des sommes dues, conformément aux dispositions
des articles 2284 et 2285 du Code civil.
4. Quelle est la règle applicable qui lui aurait permis de faire face à cette situation ?
Pour limiter les risques pris, l’article L. 526-1 du Code de commerce prévoit que les créanciers
professionnels des entrepreneurs individuels, régulièrement inscrits sur un registre de publicité, ne
peuvent saisir la résidence principale de leur débiteur. En cas d’utilisation mixte (privée et
professionnelle), seule la partie professionnelle est saisissable.

88 / Thème 3 Qui peut faire valoir ses droits ? © Nathan


Clémentine a installé son activité au rez-de-chaussée de sa résidence principale. Si ses créanciers avait
fait valoir leur droit de saisie, elle aurait pu en demander la limitation à la valeur du rez-de-chaussée,
seule partie de sa maison affectée à un usage professionnel. Même si, concrètement, la saisie entraîne la
vente de la maison, la valeur des étages supérieurs destinés à une occupation privée reste insaisissable.

© Nathan Chapitre 7 Le patrimoine / 89


Corrigé de la synthèse (p. 92)

1. Distinguer les éléments du patrimoine


Le patrimoine est un ensemble composé de ce qu’une personne possède (son actif), et de ce qu’elle doit
(son passif). Cet ensemble de droits et d’obligations porte sur des biens corporels (que l’on peut
toucher) ou incorporels, sur des biens meubles (que l’on peut déplacer) ou immeubles.
On distingue ainsi les droits réels, qui portent sur une chose, et les droits personnels qui sont une
créance, c’est-à-dire le droit d’exiger d’une personne la remise d’une somme d’argent ou la réalisation
d’une prestation. Il existe aussi des droits intellectuels, tels que le droit d’auteur sur son œuvre, et les
droits de la personnalité.

2. Identifier les caractères des droits patrimoniaux


Les droits dont une personne est titulaire sont qualifiés d’extrapatrimoniaux lorsqu’ils ne peuvent être
évalués en argent, comme les droits de la personnalité (par exemple, le droit à l’intimité de sa vie
privée) et de patrimoniaux dans le cas contraire (par exemple, le droit de propriété).
Ces droits patrimoniaux possèdent quatre caractères principaux : ils sont cessibles (ils peuvent être
cédés, c’est-à-dire vendus ou donnés), transmissibles (par succession), saisissables (ils peuvent être
saisis en règlement d’une créance), et prescriptibles (perdus par suite de l’inaction prolongée de leur
titulaire).

90 / Thème 3 Qui peut faire valoir ses droits ? © Nathan


L’essentiel

1. Les éléments composant le patrimoine


Le patrimoine est une émanation de la personnalité juridique. Ainsi, en droit français, toute personne,
qu’elle soit physique ou morale, est toujours titulaire d’un patrimoine.

A. La notion de patrimoine
Le patrimoine contient tout ce qui a une valeur pécuniaire pour une personne et il se divise en une
partie appelée l’actif (ses droits et ses biens) et une partie appelée le passif (l’ensemble de ce qu’elle
doit). Selon la théorie du droit français, le patrimoine constitue une universalité juridique, l’ensemble
des éléments de l’actif répondant des dettes du passif.

B. La composition du patrimoine
En termes économiques, l’actif et le passif composent le patrimoine d’une personne. Ainsi la valeur d’un
patrimoine doit s’apprécier en retranchant le passif de l’actif du patrimoine.
L’actif est alors composé d’un ensemble de droits dits patrimoniaux car évaluables en argent.
Le passif consiste en l’ensemble des dettes et obligations pécuniaires dues par un individu.
En termes de biens, le patrimoine se compose de différents types de biens :
– des biens corporels : qui ont une existence physique, que l’on peut toucher (ex. : un téléviseur, une
trousse de crayons…) ;
– des biens incorporels : qui n’ont pas d’existence matérielle, que l’on ne peut toucher (ex. : une part
de société, la clientèle…).
Ces biens peuvent être :
– des biens meubles : que l’on peut déplacer (ex. : un téléviseur) ;
– des biens immeubles : qui sont ancrés au sol et que l’on ne peut déplacer (ex. : une maison).
En termes de droits : lorsque l’on parle de biens en droit, c’est en réalité à un droit lié à une chose et
non à la chose elle-même que l’on s’intéresse. C’est ainsi que l’on distingue différents types de droits
composant le patrimoine des personnes :
– les droits réels, qui portent sur une chose (ex. : le droit de propriété) ;
– les droits personnels, qui s’exercent contre une personne et qui permettent au créancier d’exiger de
son débiteur la remise d’une somme d’argent ou la réalisation d’une prestation (ex. : droit de créance) ;
– les droits intellectuels, qui portent sur une création (ex. : les droits d’un auteur sur son œuvre).
Certains droits de la personne, bien qu’importants pour elle, n’entrent pas dans son patrimoine, car ils
ne possèdent pas de valeur pécuniaire. C’est le cas en particulier des droits de la personnalité (droit de
vote, droit à l’honneur, droit au respect de la vie privée, droit à l’image, etc.).

2. Les caractères des droits patrimoniaux


Les droits patrimoniaux, évaluables en argent, qui composent le patrimoine des personnes revêtent
différentes caractéristiques :
– ils sont transmissibles : une personne peut ainsi décider, par voie successorale, de transmettre à une
autre personne les éléments de son patrimoine ;
– ils sont cessibles : ces droits peuvent faire l’objet d’une vente (remise d’un bien, d’un droit contre
rémunération) ou d’une donation (remise d’un bien, d’un droit à titre gratuit) ;
– ils sont saisissables : un créancier peut les saisir par voie d’huissier, pour les faire vendre en règlement
d’une créance impayée ;
– ils sont prescriptibles : le titulaire d’un droit patrimonial peut perdre ce droit par le non-usage
(ex. : prescription de 3 ans pour les actions en règlement de loyers impayés), même si une exception de
taille existe pour le droit de propriété des biens corporels qui n’est pas prescriptible et ne s’éteint jamais
par non-usage.

© Nathan Chapitre 7 Le patrimoine / 91


Ressources numériques
 Vidéo : Dessine-moi l’éco : Successions, donations, taxes… qui récupère quoi ?
youtu.be/WBt1rf0idak
Au-delà de la dimension fiscale, cette vidéo donne un éclairage sur la façon dont le droit français
organise les successions ou les donations.
Remarque : pour les successions recueillies par les enfants, le commentaire de la vidéo fait état de
droits de succession (au-delà de l’abattement de 100 000 €) allant de 5 % à 20 % du montant des biens
reçus. En fait, aujourd’hui les droits de succession sont de 5 % à 45 %, pourcentages appliqués par
tranches.
Barème légal
Fraction de l’héritage taxable Taux applicable
Jusqu’à 8 072 € 5%
Entre 8 072 et 12 109 € 10 %
Entre 12 109 et 15 932 € 15 %
Entre 15 932 et 552 324 € 20 %
Entre 552 324 et 902 838 € 30 %
Entre 902 838 et 1 805 677 € 40 %
Au-delà de 1 805 677 € 45 %

92 / Thème 3 Qui peut faire valoir ses droits ? © Nathan


Corrigé de l’Entraînement au bac – Thème 3
Capacités
• Identifier et qualifier une personne juridique
• Distinguer une personne physique et une personne morale
• Analyser les conséquences de la personnalité juridique
• Expliquer les conséquences de l’incapacité juridique d’une personne physique ou morale

Tout le monde n'est pas apte à défendre ses droits (p. 93)
1. Quel problème juridique l’état de santé défaillant de M. Marquet pose-t-il à la société qu’il
dirigeait ?
Le dirigeant d’une société est amené à passer des contrats avec des clients, des fournisseurs, des
banquiers, éventuellement il peut avoir à représenter sa société en justice lors d’un procès. Tout cela
suppose d’être juridiquement capable. Lorsqu’une personne majeure n’est plus en état de défendre seule
ses intérêts, la loi prévoit qu’on puisse la faire placer sous un régime juridique d’incapacité. Le problème
juridique que pose l’état de santé de M. Marquet est le suivant :
À quelles conditions une personne dont la santé est altérée peut-elle être déclarée incapable
juridiquement et placée sous un régime de protection juridique tout en continuant à exercer ses
responsabilités professionnelles ?
2. Quels dispositifs juridiques peuvent permettre d’assurer la protection des intérêts
patrimoniaux de M. Marquet ? Lequel vous semble le plus pertinent ? Justifiez votre
choix.
Il existe plusieurs régimes de protection juridique des personnes dont les facultés personnelles sont
altérées.
– La personne concernée peut être placée sous sauvegarde de justice, mais c’est une mesure provisoire.
Or M. Marquet a subi des lésions irréversibles, qui obligent à envisager des mesures durables, voire
permanentes.
– La personne affaiblie ou ses proches ont la possibilité de demander le placement de l’intéressé sous
régime de tutelle. Dans ce cas, l’incapable majeur est représenté par un de ses proches – souvent son
conjoint – pour les actes juridiques. Il est ramené au statut d’un mineur. Ce régime convient quand la
personne est dans l’impossibilité de défendre ses intérêts, du fait de si graves altérations physiques ou
mentales qu’elle ne peut pas exprimer son point de vue.
En l’espèce M. Marquet a des problèmes physiques, des difficultés d’expression et une diminution de
ses capacités intellectuelles, mais il peut tout de même exprimer sa pensée et communiquer. La tutelle
semble donc un régime d’incapacité trop sévère pour lui.
– La personne en difficulté ou ses proches peuvent demander le placement de l’intéressé sous régime de
curatelle. Dans ce cas-là, l’incapable est assisté pour conclure les actes juridiques graves, la loi imposant
la signature du curateur à côté de celle de l’incapable. Ce dernier reste capable de passer les contrats
courants. La curatelle n’est pas un régime de représentation mais d’assistance et de contrôle.
Dans la situation étudiée, M. Marquet semble avoir le profil d’une personne à placer en curatelle. Il a
vu ses capacités intellectuelles diminuer, ce qui pourrait l’amener à commettre des erreurs d’appréciation
préjudiciables lors de la conclusion de contrats importants, mais il paraît apte à régler ses affaires
courantes.
3. M. Marquet pourra-t-il rédiger son testament comme il le souhaite ?
Un majeur incapable sous tutelle ne peut pas librement faire son testament. Il lui faut l'autorisation du
juge ou du conseil de famille s’il a été constitué. En revanche, un majeur placé sous curatelle peut
« librement tester » dit la loi.
Si, comme cela semble probable, M. Marquet est placé en curatelle, il pourra donc librement rédiger son
testament. S’il était placé sous tutelle, il ne pourrait pas le faire librement.

© Nathan Entraînez-vous ! – Tout le monde n'est pas apte à défendre des droits / 93
4. Comment les biens allant à sa fille mineure seront-ils gérés ? Envisagez différents types
d’actes juridiques pouvant les concerner, les actes d’administration d’une part, les actes
de disposition d’autre part.
Lorsqu’un enfant mineur est élevé par ses deux parents disposant de l’autorité parentale, ses biens sont
administrés en commun par les deux parents, chacun d’entre eux étant administrateur. Si l’un des parents
est privé de l’autorité parentale, le Code civil indique que l’administration légale appartient à celui des
parents qui exerce l’autorité parentale. Ce parent peut accomplir seul les actes d’administration et même
les actes de disposition, à l’exception de certains actes particulièrement graves nécessitant l’autorisation
du juge des tutelles, comme les ventes d’immeubles, les emprunts, etc.
Mais il faut distinguer entre l’autorité parentale et le droit d’administrer les biens de son enfant.
Logiquement, même si la loi ne parle pas de déchéance d’autorité parentale à l’encontre des personnes
sous tutelle ou curatelle, le parent qui ne peut plus administrer ses biens parce qu’il est incapable ne
pourra pas plus administrer ceux de son enfant mineur. Soit il sera représenté par son tuteur (régime de
tutelle) pour tous les actes juridiques, aussi bien d’administration que de disposition, soit il sera assisté
par son curateur (régime de curatelle) pour les actes de disposition et pourra conclure seul les actes
d’administration au nom de son enfant.
En l’espèce, M. Marquet étant probablement placé sous curatelle, les actes juridiques les plus graves
concernant sa fille seront effectués soit par la mère soit par le père assisté de son curateur (sans doute la
mère). Les deux parents conservent le droit de conclure les actes d’administration du patrimoine de leur
fille.
S’il était placé sous tutelle, M. Marquet ne pourrait plus s’occuper de gérer les affaires de sa fille
mineure, dont les intérêts seraient défendus par sa mère.
5. Expliquez le sens de l’expression « incapacité de protection » qui s’applique aux mineurs
et à certains majeurs.
L’incapacité juridique peut être une sanction. Cela est assez rare et ne concerne que certains majeurs
ayant commis des actes répréhensibles (exemple : perte de l’autorité parentale du parent violent avec
ses enfants).
Pour ce qui est de l’incapacité des mineurs et des majeurs aux facultés personnelles altérées, il s’agit de
dispositifs prévoyant des alternatives à l’action des intéressés sur la scène juridique. L’inexpérience des
jeunes personnes, comme la dégradation des capacités physiques et/ou intellectuelles de certains
majeurs, pourraient les amener à conclure des actes juridiques défavorables à leurs intérêts. La
représentation de ces personnes par un proche, ou même l’assistance dans le cas de la curatelle, permet
de s’assurer que les tiers n’abusent pas de leur faiblesse et qu’eux-mêmes ne se laissent pas aller à
accomplir des actes juridiques dont ils n’auraient pas apprécié toutes les conséquences (testament, vente,
emprunt, donation, par exemple).
En conclusion, ces incapables sont protégés par le droit et non pas sanctionnés.

94 / Thème 3 Qui peut faire valoir ses droits ? © Nathan


Chapitre 8
Les droits extrapatrimoniaux

Place du chapitre dans le programme

Thème 4 – Quels sont les droits reconnus aux personnes ?


Plan du chapitre Capacités Notions
1. Identifier les droits • Distinguer entre les droits patrimoniaux • Droits de la personne
extrapatrimoniaux et les droits extrapatrimoniaux

2. Identifier une atteinte • Identifier une atteinte à un droit • Respect de la vie


à un droit extrapatrimonial extrapatrimonial privée
• Appliquer les règles relatives aux droits • Droit à l’image
extrapatrimoniaux dans une situation
donnée
3. Expliquer et vérifier • Expliquer les enjeux de la protection • Protection des données
la protection des données des données à caractère personnel à caractère personnel
à caractère personnel • Vérifier le respect des obligations liées
à la protection des données à caractère
personnel

Avant la classe
Votre vie privée est-elle en danger sur les réseaux sociaux ?
Nous révélons de nombreuses informations personnelles sur les réseaux sociaux (notre situation
familiale et amoureuse, nos données financières, nos photographies de vacances, de nos amis, de nos
proches, nos hobbies, nos goûts, nos préférences…) sans pour autant nous assurer de la limitation de
l’accès à ces données. Comme l’illustre la vidéo, il est ainsi possible pour des personnes mal
intentionnées de reconstituer notre identité numérique à partir des nombreuses informations sur notre
vie privée que nous avons révélées, de notre propre initiative, sur les réseaux sociaux.

Réponses aux questions sur la(les) situation(s)

1. Identifier les droits extrapatrimoniaux (p. 96-97)


1. Indiquez, pour chacun des droits ci-dessous, s’ils sont patrimoniaux ou extrapatrimoniaux
(Doc. 1)
a. Le droit au respect de sa voix : Droit extrapatrimonial.
b. Le droit d’obtenir le remboursement d’un prêt : Droit patrimonial.
c. Le droit pour le propriétaire d’un appartement mis en location d’obtenir le paiement des
loyers : Droit patrimonial.
d. Le droit à la présomption d’innocence : Droit extrapatrimonial.

© Nathan Chapitre 8 Les droits extrapatrimoniaux / 95


e. Le droit au respect entre époux : Droit extrapatrimonial.
f. Le droit de propriété sur sa maison : Droit patrimonial.
g. Le droit d’adhérer à une association : Droit extrapatrimonial.
2. Quels sont les droits dont peuvent se prévaloir Dany Boon et sa compagne pour bénéficier
de la confidentialité de leur relation sentimentale ? (Doc. 2)
Ils peuvent se prévaloir de leur droit au respect de leur vie privée, ainsi que de leur droit sur leur image,
pour garantir la confidentialité de leur relation sentimentale.
3. À quelle catégorie de droits extrapatrimoniaux se rattachent ces droits ? (Doc. 1)
Invoquant son droit à la confidentialité, le couple revendique le respect de ses droits de la personnalité.
4. Ces droits extrapatrimoniaux peuvent-ils être évalués sous forme monétaire ? (Doc. 1)
Ces droits n’ont pas de valeur pécuniaire car ils sont attachés intimement à la personne.
5. Ces droits protègent-ils l’intégrité physique ou l’intégrité morale du couple ? (Doc. 2)
Ces droits protègent leur intégrité morale car la vie privée et l’image d’une personne sont des éléments
de nature plutôt psychologique (ils ne protègent pas leurs corps).
6. Dany Boon et sa compagne ont-ils perdu leurs droits extrapatrimoniaux ? Justifiez votre
réponse. (Doc. 3)
Les droits extrapatrimoniaux sont imprescriptibles, c’est-à-dire que les personnes ne perdent pas ce type
de droits même si elles ne les utilisent pas. Ainsi, dans ce cas, peu importe que le couple n’ait jamais
revendiqué ses droits auparavant : il en est toujours titulaire.
7. Le couple peut-il mettre en vente le respect de sa vie privée ? Justifiez votre réponse.
(Doc. 3)
Le droit au respect de la vie privée est un droit extrapatrimonial. Or, les droits extrapatrimoniaux sont
inaliénables : ils ne peuvent pas faire l’objet de contrats car ils sont « hors du commerce ». Le couple ne
peut donc pas vendre son droit au respect de sa vie privée.

Allez plus loin ! Faites qu’on m’oublie… (p. 97)


1. Quel est l’intérêt du droit à l’oubli numérique ?
Le droit à l’oubli numérique permet à chaque personne que les informations qui portent atteinte à sa vie
privée ou à sa réputation puissent ne plus être accessibles sur Internet.
2. Comment peut-on exercer son droit à l’oubli numérique ?
Il faut demander au site la suppression de la page contenant les informations en cause, ou, en cas de
refus, à l’éditeur du moteur de recherche que les pages concernées ne soient plus référencées (demande
par formulaire).
3. Dans quels cas les moteurs de recherche peuvent-ils refuser de supprimer les contenus
demandés ?
Les contenus ne sont pas supprimés s’ils ne portent pas atteinte à la vie privée, ou s’ils doivent être
accessibles pour l’intérêt général, ou encore s’ils n’apparaissent pas lorsqu’une recherche associant le
prénom et le nom de la personne concernée est faite sur Internet.
4. Le droit à l’oubli numérique est-il un droit patrimonial ou un droit extrapatrimonial ? Justifiez
votre réponse.
Le droit à l’oubli numérique est un droit extrapatrimonial : en effet, il n’a pas de valeur pécuniaire et il
est intimement attaché à la personne. Il appartient à la catégorie des droits de la personnalité.

96 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan


2. Identifier une atteinte à un droit extrapatrimonial (p. 98-99)
8. Expliquez en quoi l’article porte atteinte à la vie privée de la comédienne. (Doc. 4)
L’article révèle des informations sur la vie sentimentale de la comédienne : ce sont des éléments relevant
de sa vie privée.
9. Expliquez en quoi l’article porte atteinte au droit à l’image de la comédienne. (Doc. 4)
L’article, illustré par une photographie de la comédienne, porte atteinte à son droit à l’image car la
société propriétaire du site n’a pas obtenu son autorisation préalable.
10. De quoi pourrait se prévaloir, en défense, la société propriétaire du site ? (Doc. 5)
Elle pourrait se prévaloir de la liberté d’expression et donc du droit d’informer le public.
11. Expliquez pourquoi il n’est pas possible de faire prévaloir les droits au respect de la vie
privée et à l’image sur le droit à l’information et inversement. (Doc. 5)
Ces droits sont protégés par des textes de même valeur : les articles sont issus de la Convention
européenne des Droits de l’homme. Ils ont ainsi la même valeur normative.
12. Comment sont alors conciliés ces différents droits extrapatrimoniaux ? (Doc. 5)
Le juge doit trouver un équilibre : il opère un contrôle de proportionnalité, en analysant si l’atteinte aux
droits au respect de la vie privée et à l’image n’est pas justifiée par l’intérêt de révéler l’information au
public, par la notoriété de la personne, par son comportement antérieur…
Remarque : on peut inviter les élèves à approfondir cette question, en les renvoyant à la consultation
du site suivant :
 actu.dalloz-etudiant.fr/a-la-une/article/vie-privee-et-liberte-dexpression-eclairage-sur-la-methode-
de-mise-en-balance/h/f2e906b6fee1e4f582101b3480824dbe.html
Autre site, qui s’adresse davantage à l’enseignant :
 www.conseil-constitutionnel.fr/nouveaux-cahiers-du-conseil-constitutionnel/l-influence-de-la-
fondamentalisation-du-droit-au-respect-de-la-vie-privee-sur-la-mise-en-oeuvre-de-l
13. Qualifiez le type de sanction prononcée par le tribunal. (Doc. 6)
Le versement de dommages-intérêts, pour réparer le préjudice subi, est une sanction civile.
Remarque : on observera ici que les dommages-intérêts versés sont une réparation (faute de mieux) et
non une évaluation de ces droits extrapatrimoniaux (ces droits n’ont pas de valeur pécuniaire).
14. Expliquez pourquoi le tribunal n’impose pas la suppression de l’article litigieux. (Doc. 6)
Le tribunal n’ordonne pas la suppression de l’article en ligne en raison de la faible importance des faits
révélés (une relation sentimentale), de leur ancienneté et de leur caractère éphémère.
15. La société propriétaire du site aurait-elle pu être condamnée pénalement ? Justifiez.
(Doc. 6)
Elle aurait pu être condamnée à une amende et/ou une peine d’emprisonnement car la loi (article L 226-
1 du code pénal) prévoit que la violation de la vie privée et du droit à l’image est une infraction pénale.

Allez plus loin ! La vie privée à l’épreuve de la lutte contre la Covid


(p. 99)
1. Quels dangers les applications mobiles créées pour lutter contre le coronavirus font-elles courir
sur la vie privée ?
Pour reconstituer les chaînes de transmission du virus, ces applications enregistrent des données relevant
de la vie privée des citoyens : leurs déplacements, les personnes qu’elles fréquentent, leurs activités…

© Nathan Chapitre 8 Les droits extrapatrimoniaux / 97


2. Quelles sont les conditions posées par la Commission européenne pour la mise en place des
applications mobiles créées pour lutter contre le coronavirus ?
La Commission européenne impose que l’installation de ces applications ne soit pas obligatoire et
qu’elle résulte d’un choix libre de chaque citoyen. La Commission exige également que soient garantis
la protection des données collectées et le respect de la vie privée.
3. Quels moyens permettent de rendre ces applications conformes au respect de la vie privée ?
Pour protéger la vie privée tout en garantissant l’efficacité des applications mobiles, il faut que le sort
des données qui ont été collectées soit encadré une fois que les mesures sanitaires ne seront plus
nécessaires. Il faut aussi que seules les données nécessaires pour lutter contre la Covid soient collectées.
Remarque : cette application « Allez plus loin ! » permet de faire une transition avec la 3e capacité du
chapitre ou être travaillée à l’occasion de la 3e capacité.

3. Expliquer et vérifier la protection des données à caractère


personnel (p. 100-101)
16. Identifiez différentes données à caractère personnel que vous avez divulguées sur un
réseau social. (Doc. 7)
Prénom, nom, numéro de téléphone, adresse mail, localisation, voyages, relations amoureuses et
amicales, goûts, activités (sportives, culturelles, associatives…), photos, opinions politiques…
17. Quels sont les risques liés à la collecte de données à caractère personnel ? (Doc. 7)
Les entreprises exploitent ces données pour cibler les internautes dont elles connaissent les goûts. Ces
données peuvent être exploitées par les pouvoirs publics. Enfin, un pirate pourrait les utiliser afin de se
faire passer pour une personne dont il a volé les données et usurper ainsi l’identité.
18. À quel droit extrapatrimonial la collecte des données personnelles risque-t-elle de porter
atteinte ? (Doc. 7)
La collecte des données personnelles peut porter atteinte au droit au respect à la vie privée.
19. Quel organe assure, en France, la protection des données personnelles ? (Doc. 8)
La protection est assurée par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL).
20. Quels sont les droits reconnus par le RGPD aux internautes quant à leurs données à
caractère personnel ? (Doc. 8)
Les internautes européens peuvent :
– demander d’accéder à leurs données personnelles détenues par les entreprises ;
– exiger la rectification des données qui ont été collectées ;
– exiger la suppression de ces données.
21. Quelles sont les obligations auxquelles sont soumises les entreprises qui collectent et
analysent des données à caractère personnel ? (Doc. 8)
Les entreprises qui traitent des données à caractère personnel doivent :
– protéger les données contre les attaques éventuelles en prévoyant des mesures et des procédures ;
– demander le consentement des personnes dont elles collectent les données personnelles ;
– avertir la CNIL en cas de risque d’atteinte à la protection de la vie privée.
22. À quoi a été condamnée la société Spartoo ? (Doc. 9)
La société Spartoo a été condamnée au paiement d’une amende de 250 000 euros.
23. Expliquez pourquoi la CNIL a sanctionné Spartoo. (Doc. 9)
Spartoo n’a pas respecté le RGPD : elle a collecté plus de données à caractère personnel que nécessaire
pour son activité, elle les a conservées au-delà de la durée prévue et ne les a pas suffisamment sécurisées.
Enfin, elle n’avait pas assez informé ses employés sur les données collectées les concernant.

98 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan


Allez plus loin ! Un cookie n’est pas toujours ce que l’on croit !
(p. 101)
1. Qu’est-ce qu’un cookie ?
C’est un fichier téléchargé sur un ordinateur à l’occasion d’une navigation sur Internet, et qui enregistre
les données lors de cette connexion (langue utilisée, date de connexion, pages visitées…).
2. En quoi les cookies peuvent-ils être dangereux ?
Ces cookies donnent des informations sur les préférences et les goûts des internautes et sont stockés
longtemps sur l’ordinateur. Ils peuvent ainsi révéler des éléments de la vie privée.
3. Quel est l’intérêt des cookies pour les entreprises ?
Les données collectées par les cookies sont revendues à des entreprises qui peuvent ainsi adapter la
publicité proposée sur les sites (« ciblage publicitaire ») aux préférences et goûts de chaque internaute.
4. Comment se protéger contre les cookies ?
Il est possible de télécharger des logiciels bloquant le téléchargement de cookies. L’internaute peut
également, à partir du navigateur, bloquer certains cookies, utiliser la navigation privée et/ou effacer son
historique. Enfin, lorsqu’il se connecte sur un site, l’internaute peut accepter ou refuser les cookies.

© Nathan Chapitre 8 Les droits extrapatrimoniaux / 99


Corrigé des applications

1. Testez vos connaissances (p. 102)

1. Les droits de la personnalité sont 6. Le droit à l’information l’emporte


les seuls droits extrapatrimoniaux. toujours sur le respect de la vie
 Vrai  Faux privée.
2. Les droits extrapatrimoniaux ne  Vrai  Faux
peuvent pas être vendus. 7. Les entreprises doivent demander
 Vrai  Faux le consentement aux internautes
pour collecter leurs données à
3. Le droit au respect de la vie privée
caractère personnel.
protège l’intégrité morale des
personnes.  Vrai  Faux
 Vrai  Faux 8. Le RGPD protège les données
personnelles des citoyens du monde
4. Il peut y avoir atteinte au droit à
entier.
l’image sans atteinte au respect de la
vie privée.  Vrai  Faux
 Vrai  Faux 9. La CNIL peut prononcer des
sanctions financières en cas de non-
5. Seuls des dommages-intérêts sont
respect du RGPD.
alloués en cas d’atteinte à un droit de
la personnalité.  Vrai  Faux
 Vrai  Faux

2. Comprendre et acquérir le vocabulaire juridique (p. 102)


1. Reformulez les idées suivantes en veillant à expliquer le terme juridique qui est souligné.
a. Les droits extrapatrimoniaux sont insaisissables :
Les créanciers ne peuvent pas faire saisir les droits extrapatrimoniaux de leur débiteur (son droit de vote,
son droit de se marier…) pour que leur créance soit payée.
b. Certains droits de la personnalité protègent l’intégrité physique des personnes :
Certains droits de la personnalité permettent de sanctionner toute atteinte au corps des personnes
humaines.
c. Chacun a droit au respect de sa vie privée :
Chacun a le droit que les informations relevant de son intimité ne soient pas divulguées sans son accord.

2. Reformulez les propositions suivantes en utilisant le vocabulaire juridique approprié.


a. Les individus conservent leurs droits extrapatrimoniaux, même s’ils ne les utilisent pas :
Les droits extrapatrimoniaux sont imprescriptibles.
b. Toute personne décide librement si elle accepte ou non d’être prise en photo :
Toute personne dispose d’un droit exclusif sur son image.
c. Le RGPD protège les informations intimes des personnes sur Internet :
Le RGPD protège les données à caractère personnel des internautes.

100 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan
3. Identifier un droit extrapatrimonial (p. 102)
1. Listez les droits extrapatrimoniaux consacrés dans l’article 16-1 du Code civil.
L’article 16-1 du Code civil consacre des droits extrapatrimoniaux qui protègent l’intégrité physique des
personnes :
– le droit au respect de son corps ;
– le droit à l’inviolabilité de son corps (sanction de toutes les atteintes telles que l’homicide, coups et
blessures…) ;
– la non-patrimonialité du corps humain (ou indisponibilité du corps humain) : le corps, ses éléments et
ses produits sont hors du commerce, ils ne peuvent pas faire l’objet de contrats.
Remarque : on pourra ici mettre en lien ces droits avec les règles relatives aux droits
extrapatrimoniaux, et notamment avec la règle de l’inaliénabilité.

2. Expliquez pourquoi Samir et Jamila ne peuvent pas avoir recours à une mère porteuse.
Le droit français interdit expressément les conventions de gestation pour autrui (article 16-7 du Code
civil) : ces contrats pour recourir à une mère porteuse sont nuls car ils sont contraires aux droits
extrapatrimoniaux protégeant le corps humain (non-patrimonialité et inviolabilité du corps humain).

4. Appliquer les règles relatives aux droits extrapatrimoniaux :


l’exemple du don d’organes entre vivants (p. 103)
1. Pourquoi n’est-il pas possible de donner une valeur aux organes ?
Le droit au respect de son corps, qui inclut le droit au respect des éléments du corps, est un droit
extrapatrimonial. Ce droit, intimement attaché à la personne, ne peut pas faire l’objet d’une évaluation
pécuniaire. Les organes n’ont donc pas de valeur monétaire en droit français.

2. À quelle règle applicable aux droits extrapatrimoniaux le don d’organes entre vivants est-
il une exception ?
Le don d’organes entre vivants est un contrat par lequel une personne, le donneur, transmet gratuitement
un de ses organes à une autre personne. Le don d’organes est donc une exception à la règle de
l’inaliénabilité des droits extrapatrimoniaux (selon laquelle les droits extrapatrimoniaux ne peuvent pas
faire l’objet de contrats). Plus précisément, c’est une exception à la règle de la non-patrimonialité des
éléments du corps humain prévu par l’article 16-1 alinéa 3 du Code civil.

3. Relevez les conditions à respecter pour pouvoir donner, de son vivant, un organe.
Puisqu’il s’agit d’une exception à la non-patrimonialité des éléments du corps humain, le don d’organes
entre vivants est soumis à des conditions précises :
– il doit exister un lien de famille ou lien affectif stable entre le donneur et le receveur de l’organe ;
– le donneur doit être majeur ;
– le donneur doit fournir un bilan médical pour prouver qu’il peut procéder au don ;
– le donneur doit être entendu par des experts ;
– le donneur doit donner son consentement au don devant un magistrat ;
– le don doit être gratuit.
Remarque : le document 2 fait référence au « tribunal de grande instance » qui est aujourd’hui
dénommé « tribunal judiciaire »

5. Identifier une atteinte au droit à la vie privée (p. 103)


1. Quels sont les faits qui ont opposé Steeve Briois et Octave Nitkowski ?
Un écrivain (Octave Nitkowski) a révélé, dans l’un de ses livres, l’homosexualité d’un homme politique
(Steeve Briois).

© Nathan Chapitre 8 Les droits extrapatrimoniaux / 101


2. Steeve Briois invoquait-il son droit au respect à la vie privée ou son droit à l’image ?
Pour Steeve Briois, la révélation de son homosexualité portait atteinte à sa vie privée. En effet,
l’orientation sexuelle d’une personne est un élément relevant de sa vie privée. Ici, le litige ne portait pas
sur la question d’une image de l’homme politique diffusée sans son consentement.

3. À quoi et pourquoi la cour d’appel avait-elle condamné Octave Nitkowski ?


L’écrivain a été condamné par la cour d’appel au paiement de dommages-intérêts en réparation du
préjudice causé à l’homme politique et au paiement des frais de justice. Selon les juges d’appel, l’atteinte
à la vie privée ne pouvait pas être justifiée par le droit à l’information du public. La révélation de
l’homosexualité porte gravement atteinte à la vie privée, car l’orientation sexuelle est l’un des éléments
les plus intimes de la vie privée.

4. Pourquoi la Cour de cassation remet-elle en cause la décision de la cour d’appel ?


La Cour de cassation casse et annule la décision prise par la cour d’appel, car elle considère que celle-
ci a mal appliqué les règles de droit. Pour la Cour de cassation, il faut rechercher davantage si l’atteinte
à la vie privée n’était pas justifiée par le droit à l’information du public : la révélation de l’homosexualité
de l’homme politique pouvait participer à un débat d’intérêt général en ce que le parti de la victime était
présenté à l’origine comme homophobe.
Remarque : cette application permettra utilement de faire réviser les capacités travaillées dans le
chapitre 4 (le recours au juge), et notamment le rôle de la Cour de cassation.

6. Vérifier la protection des données à caractère personnel


(p. 104)
1. À quoi et pourquoi les sociétés Google et Amazon ont-elles été condamnées ?
Les sociétés Google et Amazon ont été condamnées par la CNIL à des amendes d’un montant important
car elles n’ont pas respecté le RGPD : en ne proposant pas la possibilité de refuser les cookies, elles ont
recueilli, grâce aux cookies déposés, des données à caractère personnel sans le consentement des
internautes.

2. Quel était l’intérêt pour ces sociétés de déposer des cookies ?


Les cookies enregistrent les données liées aux connexions sur Internet : ils permettent ainsi de connaître
les goûts, les habitudes et les préférences des internautes grâce à leur navigation sur Internet. Ces
données sont ensuite revendues par les sociétés qui les ont collectées à des publicitaires qui peuvent
ainsi adapter la publicité proposée à chaque internaute (« ciblage publicitaire »).

7. Identifier une atteinte aux droits à la vie privée


et à l’image (p. 104)
Proposition de réalisation de l’application dans une démarche de pédagogie différenciée :
• Constitution des groupes : les élèves maîtrisant de manière fragile les capacités défendront plutôt le
chanteur Lica et sa compagne ; la défense du magazine sera attribuée plutôt aux élèves étant en cours
de bonne maîtrise de ces capacités.
• Les plaidoiries à l’oral et les synthèses permettront ensuite de mutualiser les apports de chaque élève,
afin que toute la classe ait atteint les mêmes objectifs dans l’analyse de la situation pratique.
• Si des élèves sont en grande difficulté sur l’acquisition des capacités du chapitre, il peut être pertinent
de leur confier le rôle de juge. Ainsi, pendant la préparation en autonomie des plaidoiries par les
groupes, l’enseignant pourra procéder à un travail de remédiation spécifique pour les élèves en
difficulté ; par ailleurs, le rôle de juge, valorisant, leur permettra de progresser puisqu’ils devront
relever les arguments développés par leurs camarades, procéder à un choix et rédiger une synthèse.

102 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan
1. Rédigez une plaidoirie pour défendre vos clients. Vous construirez vos arguments à partir
du document ci-contre ainsi que des notions de droit au respect de la vie privée, de droit
à l’image et de droit à l’information.
• Arguments en faveur de Lica et de sa compagne
– Le contenu de l’article et les photographies révèlent la vie sentimentale de Lica et de sa compagne. La
vie sentimentale est un élément de la vie privée des personnes. Ce droit extrapatrimonial est protégé par
les articles 9 du Code civil et 8 de la Convention européenne des Droits de l’homme. En n’obtenant pas
leur accord pour que soit révélée leur relation, le magazine a porté atteinte à leur vie privée.
– Les photographies illustrant l’article montrent le couple lors d’un concert et dans la rue. Chaque
personne a un droit sur son image : chacun a le droit d’accepter ou de refuser d’être photographié et
d’autoriser ou non l’exploitation de son image. La publication d’une photographie d’une personne
identifiable sans son accord porte atteinte à son droit à l’image, protégé par l’article 9 du Code civil.
Se pose la question de savoir si le fait que ces photographies aient été prises dans un lieu public a une
incidence. En principe, la protection du droit à l’image s’applique aussi dans les lieux publics.
Concernant la photo prise lors du concert, le fait d’être dans un lieu public laisse présumer une
autorisation implicite pour le chanteur. Il n’en est pas de même pour sa compagne qui était dans la foule,
peu important que son visage soit ou non reconnaissable : si prendre une photo d’une foule lors d’un
événement public est licite, la photo ne doit pas faire de gros plan sur Mme Million. Concernant la
photographie des deux stars dans la rue, il peut être avancé que la violation du droit à l’image est
manifeste puisque dans ce cas, ils ne participaient pas à un événement public.
Par ailleurs, il pourra être soutenu que les deux photographies ont été détournées de leur contexte : les
photographies sont déconnectées de leur contexte (concert) pour illustrer les incohérences entre les
prétendues convictions du chanteur et sa vie réelle.
– Enfin, à l’argument qui pourrait être avancé par la partie adverse que les atteintes à la vie privée et à
l’image sont justifiées par le droit du public à l’information, il pourrait être répondu que les éléments ici
révélés ne participent pas d’un débat d’intérêt général.
Sur la base de ces arguments, il sera alors possible de demander des dommages-intérêts en réparation
du préjudice subi, la publication du jugement de condamnation, la saisie des magazines invendus. Des
sanctions pénales pourraient également être prononcées à l’encontre du magazine ViedesStars.
• Arguments en faveur du magazine ViedesStars
– Une première série d’arguments pourra contester que l’article et les photographies ont porté atteinte
aux droits au respect à la vie privée et à l’image.
La protection réservée à la vie privée n’est assurée qu’à la condition que la personne concernée n’ait pas
consenti à cette révélation. Ainsi, dans cette affaire, le magazine n’a pas porté atteinte au droit au respect
à la vie privée : en participant ensemble à des manifestations publiques, le couple a donné implicitement
son accord pour que soit révélé au public un élément relevant de sa vie privée.
Il en va de même pour le droit à l’image : la Cour de cassation a jugé licite le fait de prendre des
photographies de personnes dans un lieu public, à l’occasion, par exemple, de manifestations ou
événements publics : cette solution se justifie par le fait que, dans cette hypothèse, la personne a
implicitement donné son autorisation à être photographiée ou filmée en participant à cet événement.
Dans notre affaire, Lica et sa compagne ont été pris en photographie lors d’un concert de rue : leur
participation à cette manifestation dans un lieu public laisse présumer leur accord à être photographiés.
Il n’y aurait donc pas d’atteinte ni au respect dû à la vie privée, ni à l’image, de Lica et de sa compagne.
– Une seconde série d’arguments pourra insister sur le fait que les atteintes éventuelles à la vie privée et
au droit à l’image sont justifiées par le droit du public à l’information protégé par l’article 10 de la
Convention européenne des Droits de l’homme. En effet, la Cour de cassation a jugé, notamment dans
un arrêt du 21 mars 2018, que les atteintes peuvent être justifiées si le public avait un intérêt légitime à
être informé (document 5, page 98) et qu’elles ne portent pas une atteinte trop grave à la vie privée en
raison de la faible importance des faits révélés et/ou de leur volatilité (situation, page 99). En l’espèce,
il est possible de soutenir que le public avait intérêt à être informé des incohérences entre les
engagements affichés par le chanteur et sa vie réelle, à une époque où la transparence et la moralisation
sont de rigueur. L’atteinte à la vie privée semble proportionnée au regard de sa faible gravité.

© Nathan Chapitre 8 Les droits extrapatrimoniaux / 103


À l’argument selon lequel les photographies seraient isolées de leur contexte, il peut être objecté que la
présence à un concert de rue – donc gratuit – participait de la volonté du chanteur de construire son
image de personne engagée, que l’article du magazine ViedesStars a cherché à nuancer.

2. Exposez, à l’oral, vos plaidoiries contre un groupe défendant la partie adverse.


Proposition de grille d’évaluation formative des plaidoiries exposées à l’oral.
Niveau de maîtrise
Non À Maîtrise Bonne
de la capacité maîtrisée consolider correcte maîtrise
Capacités et descripteurs
1) Identifier une atteinte à un droit extrapatrimonial
L’élève est capable de :
– repérer, dans le cas, les atteintes aux droits
extrapatrimoniaux
– distinguer les atteintes à la vie privée de celles
à l’image
– identifier les conséquences de l’atteinte aux
droits extrapatrimoniaux
– articuler vie privée/droit à l’image avec
le droit à l’information
– justifier les cas d’atteinte en se fondant sur
les règles de droit (ou justifier la non-atteinte)
2) Argumenter à l’oral
L’élève est capable de :

– s’exprimer sans lire ses notes

– faire des phrases correctement construites

– structurer son propos (introduction, arguments,


conclusion, utilisation de connecteurs logiques)

– utiliser le vocabulaire juridique à bon escient

Conseils pour l’utilisation de la grille. Les deux capacités convoquées par cette application sont
déclinées en descripteurs listés dans un ordre de difficulté croissant (il est plus simple de repérer une
atteinte que de la justifier en se fondant sur les règles de droit, par exemple).
La grille pourra utilement être remise et expliquée aux élèves avant les exposés, afin que les capacités
évaluées leur soient explicitées dès leur préparation.
Les résultats de la grille permettront d’identifier les difficultés spécifiques des élèves et d’adapter ainsi
le travail de remédiation pour chacun d’eux, conformément à la démarche de pédagogie différenciée
retenue pour la conception de cette application.

3. En synthèse, rédigez les solutions qui pourraient être retenues par le juge.
Les solutions s’appuieront sur les choix entre les arguments développés par les élèves et/ou ceux
proposés dans la correction à la première question.

104 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan
8. Se préparer au bac – Exploiter les documents juridiques :
comprendre une décision de justice (p. 105)
1. Identifiez les parties à l’origine du procès, le défendeur et la raison du litige.
Un article de presse révèle la relation sentimentale entre deux personnalités politiques qui avaient
récemment démissionné de leurs responsabilités ministérielles. L’article est illustré par des
photographies des deux anciens ministres prises dans la rue pendant leurs vacances.
Le demandeur est l’un des deux anciens ministres : il souhaite obtenir des dommages-intérêts en
réparation du préjudice subi, sur le fondement de la violation, par l’article et les photos l’accompagnant,
de ses droits au respect de sa vie privée et à son image.
La société Hachette Filipacchi associés, propriétaire du magazine qui a publié l’article, est la partie
défenderesse.

2. Quelle solution a retenue la cour d’appel ?


La cour d’appel a fait droit aux demandes de l’ancien ministre : elle a retenu la violation des droits au
respect de la vie privée et à l’image et a condamné le défendeur au paiement de dommages-intérêts et
lui a interdit de reproduire et diffuser les photographies.

3. Qui est l’auteur du pourvoi ? Que reproche-t-il à la solution de la cour d’appel ?


La société HFA, qui a perdu en appel, forme un pourvoi car elle soutient que la cour d’appel n’a pas
correctement appliqué les règles de droit. En effet, selon l’auteur du pourvoi, la publication de l’article
et des photographies était justifiée au regard du droit à l’information : l’information révélée concerne
des personnes connues (deux anciens ministres) et participe d’un débat d’intérêt général (ils ont
récemment démissionné du Gouvernement). Enfin, la publication de l’article a eu une faible
répercussion sur la vie privée du demandeur et les photographies n’ont pas nécessité une grave intrusion
(puisqu’elles ont été prises en pleine rue).

4. À quelle question de droit la Cour de cassation a-t-elle dû répondre ?


La révélation d’un élément de la vie privée de deux personnalités politiques et la publication d’images
sans leur autorisation peuvent-elles être justifiées par le droit du public à être informé sur un débat
d’intérêt général ?

5. Pourquoi la Cour de cassation a-t-elle rejeté le pourvoi ?


La Cour de cassation précise d’abord la règle : l’atteinte aux droits au respect de la vie privée et à l’image
ne peut être justifiée par le droit à l’information qu’à deux conditions : l’article doit porter sur un sujet
d’intérêt général et les informations révélées par l’article doivent nourrir le débat.
En l’espèce, si l’article portait bien sur un sujet d’intérêt général (puisqu’il portait sur deux ministres
qui venaient de démissionner), les informations révélées (la relation amoureuse et leurs vacances) ne
sont pas de nature à nourrir le débat sur ce sujet. Il y a donc bien eu violation du droit au respect de la
vie privée et du droit à l’image.
La Cour de cassation conclut donc que la cour d’appel a bien jugé et rejette ainsi le pourvoi.

Remarque : L’apport de cet arrêt réside dans la précision, par la Cour de cassation, des conditions à
remplir pour que la violation des droits au respect de la vie privée et à l’image soit légitimée par le
droit à l’information (l’article doit porter sur un sujet d’intérêt général et les informations révélées par
l’article doivent nourrir le débat). Cette précision permet d’encadrer plus clairement le contrôle de
proportionnalité que les juges doivent réaliser en la matière.

© Nathan Chapitre 8 Les droits extrapatrimoniaux / 105


Corrigé de la synthèse (p. 106)

1. Identifier les droits extrapatrimoniaux


Les droits extrapatrimoniaux sont intimement liés à la personne. On distingue les droits de la
personnalité : ces droits protègent le corps des personnes (sanction des coups et blessures, interdiction
de faire commerce de son corps ou d’élément de son corps) et des éléments de nature psychologique
(droit à l’honneur, droit au respect de la vie privée, droit à l’image, par exemple).

2. Identifier une atteinte à un droit extrapatrimonial


Chaque personne a droit au respect de sa vie privée : elle peut refuser que des informations relevant
de son intimité soient révélées sans son accord. Chaque personne bénéficie aussi d’un droit à l’image :
elle peut s’opposer à ce que son image soit diffusée sans son accord. Toute personne qui viole ces droits
doit verser à la victime des dommages-intérêts pour réparer le préjudice qu’elle a subi et elle peut être
condamnée à des sanctions pénales (amende, peine d’emprisonnement). Mais le droit à l’information,
issu de la liberté d’expression, peut justifier, sous certaines conditions, des atteintes à la vie privée ou
au droit à l’image.

3. Expliquer et vérifier la protection des données à caractère personnel


Le Règlement général sur la protection des données permet à chaque citoyen européen de mieux
maîtriser ses données à caractère personnel, c’est-à-dire toutes les informations qu’il laisse en surfant
sur Internet et qui permettent de l’identifier. Ainsi, les citoyens peuvent vérifier les données collectées
les concernant et décider de leur sort. En France, la Commission nationale de l’informatique et des
libertés garantit le respect du RGPD par tous ceux qui collectent des données personnelles.

106 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan
L’essentiel

1. La protection des personnes par les droits


extrapatrimoniaux
A. Définition et classification des droits extrapatrimoniaux
Les droits extrapatrimoniaux sont des droits subjectifs qui se caractérisent par le fait qu’ils sont
intimement attachés à la personne. Ces droits sont des attributs de toute personne et ne peuvent pas faire
l’objet d’une évaluation pécuniaire. Ils ne font pas partie du patrimoine.
Parmi les droits extrapatrimoniaux, on distingue les droits politiques et civiques (droit de se présenter à
une élection, droit de manifester…), les droits relatifs à la vie familiale (droit de se marier, droit de
divorcer…), les droits relatifs à la vie professionnelle (droit à l’emploi…) et les droits de la
personnalité.
Ces droits de la personnalité ont pour objet de protéger l’intégrité des personnes. On distingue les droits
relatifs à l’intégrité physique des personnes (qui protègent le corps) et les droits relatifs à l’intégrité
morale (qui protègent des éléments de nature psychologique de la personne).
Les droits de la personnalité qui protègent l’intégrité physique recouvrent aussi bien la sanction des
coups et blessures que l’inviolabilité du corps humain, la non-patrimonialité des éléments du corps
humain (par exemple, un rein) que de ses produits (par exemple, le sang). Les avancées scientifiques
actuelles interrogent le degré de protection de l’intégrité physique. Tel est le cas, par exemple, de la
gestation pour autrui et de l’euthanasie. Ces questions sensibles, dites de « bioéthique » (éthique du
vivant), sont l’objet de débats actuels.
Certains droits de la personnalité protègent plutôt l’intégrité morale de chaque personne : le droit à
l’honneur, le droit au nom, le droit au respect de la vie privée, le droit à l’image…

B. Régime des droits extrapatrimoniaux


Les droits extrapatrimoniaux étant des attributs des personnes, ils sont hors du commerce. Par
conséquent, ces droits sont soumis à des règles spécifiques qui les distinguent fortement des droits
patrimoniaux.
D’abord, ils sont inaliénables : une personne ne peut pas conclure un contrat pour vendre, louer, donner
ou renoncer à ses droits extrapatrimoniaux. Ils sont intransmissibles, ce qui signifie que ces droits ne
sont pas transmis aux héritiers d’une personne après son décès. Ensuite, ils sont insaisissables : en cas
de dette impayée, une personne ne peut pas voir ses droits extrapatrimoniaux saisis par ses créanciers.
Enfin, les droits extrapatrimoniaux sont imprescriptibles : le non-usage prolongé de ces droits ne fait
pas perdre leur titularité.

2. La protection de la vie privée et du droit à l’image


A. Étendue des droits au respect de la vie privée et à l’image
Parmi les droits de la personnalité, deux droits ont fait l’objet d’une jurisprudence abondante : le droit
au respect de la vie privée et le droit à l’image.
En premier lieu, le droit au respect de la vie privée, protégé par les articles 9 du Code civil et l’article 8
de la Convention européenne de sauvegarde des Droits de l’homme et des libertés fondamentales,
permet à chaque personne de pouvoir s’opposer à la révélation des informations relevant de son intimité.
C’est à l’occasion de litiges soumis aux tribunaux que le contenu de la vie privée a été déterminé : la vie
sentimentale et familiale, le domicile, l’orientation sexuelle, l’état de santé, la pratique religieuse…
En second lieu, la jurisprudence a créé un droit à l’image au profit de chaque personne, en se fondant
sur l’article 9 du Code civil : toute personne a le droit d’accepter ou de refuser d’être photographiée ou
filmée, et a le droit d’autoriser ou non l’utilisation et l’exploitation de son image.

© Nathan Chapitre 8 Les droits extrapatrimoniaux / 107


Le droit à l’image ne se confond pas avec le droit au respect de la vie privée. Ainsi, la photographie
d’une personne diffusée sans son accord est une atteinte à son droit à l’image, et non à sa vie privée si
aucun élément de sa vie privée n’est divulgué. Si la photographie révèle un élément intime (par exemple,
un état de grossesse), la personne peut invoquer distinctement les deux violations.

B. Sanctions de la violation des droits au respect de la vie privée


et à l’image
Si un élément de la vie privée d’une personne est révélé ou si son image est diffusée alors qu’elle n’a
pas donné son accord, cette personne peut agir en justice pour obtenir des dommages-intérêts en
réparation du préjudice qu’elle a subi (cette réparation sous forme monétaire n’est pas une évaluation
pécuniaire des droits à la vie privée et à l’image). Elle peut également obtenir la saisie des magazines
violant sa vie privée ou son droit à l’image et la publication du jugement. Des sanctions pénales sont
également prévues en cas de violation des droits au respect de la vie privée et à l’image : le Code pénal
prévoit des peines allant jusqu’à un an d’emprisonnement et 45 000 € d’amende.
Certaines atteintes à la vie privée ne sont pas sanctionnées, si les informations révélées participent d’un
débat d’intérêt général qui justifie leur diffusion. En effet, la Convention européenne des Droits de
l’homme garantit à chacun un droit à l’information. Ainsi, la Cour de cassation recherche, dans les
affaires qui lui sont soumises, un équilibre entre le respect dû à la vie privée et le droit à l’information,
en se fondant notamment sur l’intérêt des informations révélées et la gravité de l’atteinte à la vie privée.

3. La protection des données à caractère personnel


dans l’univers numérique
A. Les enjeux de la protection des données à caractère
personnel
L’utilisation de plus en plus fréquente d’Internet et des objets connectés (smartphones, montres
connectées, GPS…) conduit les individus à laisser des informations qui permettent, directement ou
indirectement, de les identifier et de dresser leur profil numérique. Ces informations, appelées « données
à caractère personnel », sont collectées et analysées par les entreprises, qui souhaitent ainsi mieux
connaître leurs consommateurs pour adapter leur offre. Ces données ont une valeur marchande : elles
sont vendues car elles permettent de réaliser du ciblage publicitaire. Mais d’autres risques pèsent sur le
traitement de ces données à caractère personnel : elles peuvent être exploitées dans un but politique
(pour surveiller les citoyens, orienter l’opinion publique notamment lors d’élections…) ou dans un but
malintentionné (pour usurper l’identité d’une personne et commettre des actes malveillants). Il est donc
nécessaire que les personnes puissent davantage protéger leurs données à caractère personnel.

B. Les moyens de protection des données à caractère personnel


Depuis le 25 mai 2018, la protection des données à caractère personnel est assurée par le Règlement
général sur la protection des données (RGPD). Cette loi européenne permet aux personnes de mieux
maîtriser leurs données : chacun peut demander, à une entreprise qui a collecté des données le
concernant (notamment avec les informations transmises grâce aux cookies), d’accéder à ses données
pour en obtenir une copie, pour les rectifier ou les supprimer. Les entreprises doivent recueillir le
consentement des personnes pour collecter leurs données. Elles doivent les informer sur le sort de ces
données (notamment sur la durée et la finalité de la collecte). Enfin, les entreprises doivent prévoir toutes
les mesures nécessaires pour sécuriser les données personnelles.
En France, c’est la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) qui assure
l’effectivité du RGPD. Cet organe public et indépendant dispose de pouvoirs de sanction à l’encontre
des entreprises qui ne respectent pas les règles de protection des données personnelles : la CNIL peut
prononcer une mise en demeure (visant à inciter une entreprise à adopter les mesures correctives
nécessaires pour se mettre en conformité avec le RGPD) et/ou prononcer une sanction pécuniaire d’un
montant dissuasif.

108 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan
Ressources numériques
 donneespersonnelles.rdvconso.org/
Ce site propose un jeu sérieux en ligne (serious game) à partir d’une situation imaginée (un couple doit
se marier rapidement avant un déménagement à l’autre bout du monde…). L’intérêt de ce jeu est double :
– sensibiliser les personnes aux risques divers présents dans l’environnement numérique ;
– apprendre aux élèves à adopter les bons réflexes.
Le jeu, gratuit, a été conçu par l’association de consommateurs UFC-Que Choisir.
Temps de réalisation : 20 minutes.
Présentation du jeu par UFC-Que Choisir : www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-protection-des-
donnees-personnelles-un-jeu-pour-ne-plus-dire-oui-a-n-importe-qui-n60381/
 www.cnil.fr/
Le site officiel de la CNIL permet d’accéder à de nombreuses et précieuses informations, permettant
aux élèves :
– de découvrir les missions et le fonctionnement de la CNIL (onglet « La CNIL ») ;
– de comprendre l’étendue de la protection assurée par le RGPD (onglet « Mes démarches ») ;
– de suivre l’actualité de la CNIL, notamment les dernières décisions prises concernant le RGPD (en
bas de la page d’accueil, cliquer sur « voir toutes les actualités » et « voir tous les communiqués »).

© Nathan Chapitre 8 Les droits extrapatrimoniaux / 109


110 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan
Chapitre 9
Le droit de propriété sur les biens corporels

Place du chapitre dans le programme

Thème 4 – Quels sont les droits reconnus aux personnes ?


Plan du chapitre Capacités Notions
1. Identifier les attributs du • Identifier les attributs du droit de • « usus », « fructus »,
droit de propriété propriété « abusus »

2. Identifier les caractères • Identifier les caractères du droit • Caractères absolu, exclusif et
du droit de propriété de propriété perpétuel du droit de propriété

3. Qualifier un trouble • Qualifier un trouble anormal du


• Trouble anormal du voisinage
anormal du voisinage voisinage

Avant la classe (p. 107)


Quelles raisons peuvent motiver l’achat d’un bien immobilier ?
Certaines achètent un bien immobilier pour s’y loger et ne plus avoir à payer un loyer, d’autres
investissent dans un appartement ou une maison pour mettre le bien en location et se procurer un revenu,
d’autres encore peuvent se constituer un patrimoine immobilier pour l’exploiter de façon agricole,
viticole, etc.

Réponses aux questions sur la(les) situation(s)

1. Identifier les attributs du droit de propriété (p. 108-109)


1. Quel est l’attribut du droit de propriété qui a été mis en œuvre par le vendeur de la
propriété viticole ? (Doc. 1)
Vendre un bien relève de l’abusus, la faculté du propriétaire de disposer de la chose.
2. Quels attributs du droit de propriété l’acheteur chinois pourra-t-il exercer sur sa
propriété viticole ? Illustrez par des exemples. (Doc. 1)
Le nouveau propriétaire disposera d’abord de l’usus. Exemple : valoriser sa propriété par des techniques
viticoles nouvelles. Il aura aussi le fructus. Exemple : vendre le vin issu de ses vignes. Enfin, il aura
l’abusus. Exemple : il pourra revendre la propriété quand il voudra ou la laisser à ses héritiers.
3. Quel type de fruits un viticulteur exploite-t-il ? Justifiez votre réponse. (Doc. 1 et Doc. 2)
Le raisin de la vigne constitue des fruits industriels, car sa production nécessite le travail de l’homme.
4. Qui est juridiquement fondé à décider de la date des vendanges ? En vertu de quelle
prérogative attachée au droit de propriété ? (Doc. 1 et Doc. 2)
C’est l’exploitant du vignoble qui est fondé à choisir la date des vendanges. Il met en œuvre cette
décision en vertu du fructus, qui lui permet d’exploiter son bien.

© Nathan Chapitre 9 Le droit de propriété sur les biens corporels / 111


5. Par quelle opération juridique l’acquéreur et le vendeur de cette propriété viticole se
partageront-ils la propriété du bien ? (Doc. 3)
L’opération juridique envisagée est une vente en viager. L’acquéreur de la propriété viticole aura
immédiatement la nue-propriété, le vendeur se réservant l’usufruit (probablement jusqu’à son décès).
6. Le nu-propriétaire d’un bien peut-il le donner en location ? Et l’usufruitier ? Justifiez vos
réponses. (Doc. 3)
Le nu-propriétaire ne peut pas mettre son bien en location, car il n’en a ni l’usage ni le droit de le faire
fructifier. C’est exactement le contraire pour l’usufruitier, qui lui a ces deux attributs de la propriété.

Allez plus loin ! Mais combien ça vaut, l’usufruit ? (p. 109)


1. Rappelez comment se répartissent les attributs du droit de propriété entre l’usufruitier et le nu-
propriétaire.
L’usufruitier dispose de l’usus et du fructus, du droit de se servir de la chose, de la faire fructifier et de
bénéficier des fruits. L’abusus revient au nu-propriétaire, qui a le droit de disposer matériellement et
juridiquement de la chose.
2. Dans quelle situation faut-il connaître la valeur de l’usufruit, et celle de la nue-propriété ?
C’est pour le calcul des impôts frappant les cessions et transmissions (vente, donations et successions)
qu’il faut connaître la valeur de l’usufruit et celle de la nue-propriété.
3. Quelle est la logique du calcul de ces valeurs retenue par le fisc ?
Le fisc prend en compte les deux démembrements pour déterminer l’impôt dû par le donataire ou par
l’héritier. La logique est de donner à l’usufruit une valeur qui diminue avec l’âge de celui qui le détient.
De façon symétrique, la valeur de la nue-propriété est d’autant plus importante.
Par exemple, le bénéficiaire d’une donation qui reçoit immédiatement la nue-propriété d’un bien de ses
parents recueille une grande valeur si les donateurs sont très âgés… car il n’aura pas longtemps à attendre
pour obtenir l’usufruit au décès de ses parents.

2. Identifier les caractères du droit de propriété (p. 110-111)


7. Quelle est la contrainte pesant sur tout propriétaire désirant construire sur son terrain ?
(Doc. 4)
Il lui faut obtenir un permis de construire. Cela va à l’encontre du caractère absolu du droit de propriété.
8. Comment se justifie cette atteinte au caractère absolu du droit de propriété ? (Doc. 4)
Chaque propriétaire doit respecter des normes de sécurité et d’esthétique et toute nouvelle construction
doit respecter l’environnement, y compris visuel. Le permis de construire y veille.
9. Quel point commun et quelle différence y a-t-il entre acheter un vignoble en pleine
propriété et acquérir des parts de GFV ? (Doc. 5)
L’acheteur en pleine propriété comme le détenteur de GFV exercent le droit de propriété, avec ses
attributs, mais le premier est seul à détenir ces prérogatives, alors que le second les partage avec d’autres.
10. Par quelle opération la copropriété peut-elle se transformer en propriété ? (Doc. 5)
Si un des copropriétaires rachète les droits des autres copropriétaires, il devient l’unique propriétaire.
11. Qu’advient-il d’une exploitation viticole au décès de son propriétaire ? En quoi cela
illustre-t-il le caractère perpétuel du droit de propriété ? (Doc. 6)
L’exploitation est transmise aux héritiers. En conservant sa spécificité, la propriété reste ce qu’elle était.
12. Qu’est-ce qui peut justifier l’expropriation d’un propriétaire viticole ? (Doc. 6)
L’expropriation d’un immeuble privé, une exploitation viticole ou autre, ne peut se faire que pour cause
d’utilité publique : construction d’une voie ferrée, élargissement d’une route, édification d’un pont, etc.

112 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan
13. Quelle règle de droit atténue l’apparente injustice d’une expropriation ? (Doc. 6)
La loi prévoit le principe de l’indemnisation « juste et préalable » de la personne expropriée.

Allez plus loin ! Pas trop haut les arbres ! (p. 111)
1. Quelles sont les règles limitant les droits du propriétaire en matière de plantation des arbres ?
Certaines limitations peuvent être prévues par des dispositions municipales, voire par des usages locaux.
À défaut, les règles du Code civil s’appliquent : sauf exception, les arbres, haies ou arbustes dont la
hauteur dépasse 2 mètres doivent être plantés à une distance minimale de 2 mètres de la ligne qui sépare
les propriétés. Les plantations dont la hauteur est inférieure ou égale à 2 mètres doivent être plantées à
une distance minimale de 50 cm de la limite de la propriété.
2. Quel caractère du droit de propriété subit ainsi une atteinte ? Qu’est-ce qui la justifie ?
Le caractère absolu du droit de propriété est limité par cette réglementation, puisque le propriétaire ne
peut pas agir totalement à sa guise. Mais, on peut dire que chacun en profite : les propriétaires sont aussi
les bénéficiaires de ces règles. En effet, c’est ce qui empêche chacun des voisins d’être victime de
plantations trop proches et/ou trop hautes, avec des désagréments, tels que la privation d’ensoleillement
ou des débordements de branches.
3. Quelles sont les situations qui autorisent à conserver des arbres de grande hauteur ?
Comment se justifient-elles ?
Dans certains cas il est possible de conserver des arbres de grande hauteur :
– s’il existe un titre qui autorise à ne pas respecter les distances légales ; dans ce cas, une règle spécifique
prime sur la règle générale ;
– en cas de servitude par destination du père de famille, c’est-à-dire si l’arbre se trouve sur une propriété
qui a été divisée en plusieurs lots ; dans ce cas, c’est la division qui explique la situation de l’arbre, qui
était antérieure à la séparation actuelle des propriétés ;
– si l’arbre a fait naître un droit par prescription trentenaire, c’est-à-dire si un arbre planté à moins de
deux mètres de la ligne séparative des propriétés dépasse deux mètres de haut depuis plus de 30 ans :
l’ancienneté des faits, sans réaction des voisins, impose le respect de la situation, en écartant la règle de
droit écrite. On peut dire que le droit s’aligne sur les faits.

3. Qualifier un trouble anormal du voisinage (p. 112-113)


14. Est-il juridiquement exact qu’un propriétaire peut user de sa propriété comme bon lui
semble ? Justifiez votre réponse. (Doc. 7)
On ne peut pas tout faire de son bien : la limite est dans le respect de l’intérêt des voisins. C’est la
condition d’une vie sociale harmonieuse, puisque cette restriction à la propriété s’impose à tous.
15. Quel attribut et quel caractère du droit de propriété trouvent leur limite dans la notion de
trouble anormal du voisinage ? (Doc. 7)
L’attribut limité par cette notion est l’usus, puisque l’usage du bien n’est pas totalement libre. Quant au
caractère atteint par les restrictions, c’est le caractère absolu de la propriété.
16. Qu’est-ce qui différencie les deux types de troubles anormaux du voisinage ? Qu’est-ce qui
les rapproche ? (Doc. 7)
L’abus du droit de propriété est sciemment nuisible, l’inconvénient anormal ne l’est pas. Tous deux
causent un trouble excessif et donnent lieu à des mesures réparatrices et/ou à des dommages et intérêts.
17. Sur quel fondement juridique le voisin d’une exploitation bio « dé-convertie » en
viticulture classique pourrait-il agir en justice ? (Doc. 7 et Doc. 8)
Le voisin de l’exploitation bio « dé-convertie » peut faire état de nuisances excessives, car son
environnement présente désormais des risques qui n’existaient pas auparavant.

© Nathan Chapitre 9 Le droit de propriété sur les biens corporels / 113


18. Cette action aurait-elle des chances d’aboutir, selon vous ? Justifiez. (Doc. 8)
Deux points à considérer : le juge dira-t-il que les apports sur un terrain agricole non bio causent des
nuisances excessives ? La dé-conversion a-t-elle été réalisée après l’installation des voisins ou avant ?
Remarque : le premier point renvoie à l’appréciation des juges, dont on peut penser qu’elle a évolué
avec le développement des thèses environnementales contemporaines. Le second point est une évidence :
on peut seulement se plaindre du développement d’un inconvénient anormal du voisinage si on ne s’est
pas installé en connaissance de cause.
19. Quelle serait la sanction si le procès était gagné par le voisin du viticulteur ? (Doc. 7 et 8)
Il est impossible d’imposer un mode d’exploitation bio ! La sanction est donc des dommages et intérêts.
20. Pourquoi ne serait-on pas en présence d’un abus du droit de propriété ? (Doc. 7 et Doc.9)
Choisir de revenir à une méthode agricole traditionnelle ne révèle pas d’intention de nuire aux voisins.
21. Cherchez un exemple d’abus du droit de propriété dans le monde rural. Argumentez.
(Doc. 9)
Gêner son voisin en édifiant une haie anormalement haute marquerait bien l’intention de nuire !

Allez plus loin ! Des grenouilles condamnables ! (p. 113)


1. Quel est le type d’inconvénient au cœur de ce litige ?
Il s’agit d’un inconvénient lié à la vie à la campagne : des personnes se plaignaient de la présence de
nombreuses grenouilles dans une mare située chez leur voisin, mais près de chez eux, et des bruits que
causait leur coassement, en particulier au printemps.
2. Quels sont les éléments qui ont amené les juges à considérer cet inconvénient comme
« anormal » ?
Le caractère récurrent – « à chaque printemps » – de la gêne causée par le coassement des grenouilles
et crapauds a été un élément déterminant, tout comme le nombre important des batraciens et le niveau
sonore élevé de leur coassement sont les éléments qui différencient cette situation du cas banal d’une
mare accueillant quelques grenouilles à la campagne.
3. Dans quelle situation cet inconvénient n’aurait-il pas été jugé anormal ?
Dans cette affaire, les voisins, qui ont obtenu gain de cause en justice, se plaignaient depuis plus de
douze ans. S’ils s’étaient établis dans leur maison alors que la mare existait avec ces hôtes bruyants, ils
n’auraient pas pu faire état d’un inconvénient anormal de voisinage, car tout trouble préexistant à
l’installation du voisin est supposé connu et accepté.

114 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan
Corrigés des applications

1. Testez vos connaissances (p. 114)

1. L’usus est, pour le propriétaire, 6. Personne ne peut jamais être privé de


le droit de faire fructifier la chose. son droit de propriété par une
 Vrai  Faux décision administrative.
 Vrai  Faux
2. Les fruits industriels désignent les
loyers. 7. La copropriété peut s’appliquer
 Vrai  Faux aussi bien à des immeubles qu’à des
meubles.
3. C’est en vertu de l’abusus qu’un
 Vrai  Faux
propriétaire peut détruire un bien
qui lui appartient. 8. Nul ne peut être contraint de
 Vrai  Faux demeurer en indivision et chaque
indivisaire peut demander le partage.
4. Le caractère absolu du droit de
 Vrai  Faux
propriété signifie qu’il est opposable
à tous. 9. L’abus du droit de propriété consiste
 Vrai  Faux en des violations des règles
d’urbanisme qui gênent les voisins.
5. Le caractère perpétuel de la
 Vrai  Faux
propriété signifie que ce droit ne
s’éteint pas par non-usage. 10. Les troubles de voisinage ne sont
 Vrai  Faux sanctionnés que s’ils dépassent les
inconvénients normaux de la vie en
société.
 Vrai  Faux

2. Distinguer les attributs de la propriété (p. 114)


Pour chacune des situations ci-après, dites si elles relèvent de l’usus, du fructus ou de
l’abusus de la propriété.
1. Le don de vêtements à une association caritative.
Abusus : on dispose du bien, en le cédant à titre gratuit.
2. La mise à la décharge de vieux meubles.
Abusus : on dispose du bien en l’abandonnant.
3. L’habitation occasionnelle d’une maison de campagne.
Usus : on se sert du bien personnellement.
4. L’installation d’amis en vacances dans une dépendance de la propriété.
Usus : on se sert du bien en le mettant gracieusement à disposition de tiers.
5. La perception des loyers d’un local commercial.
Fructus : on perçoit des fruits civils.
6. L’attribution d’un tableau à un parent par testament.
Abusus : on dispose du bien, en faisant un legs.
7. La récolte des fruits du verger.
Fructus : on perçoit des fruits industriels.

© Nathan Chapitre 9 Le droit de propriété sur les biens corporels / 115


8. La consommation des fruits cueillis dans le verger.
Abusus : on dispose du bien en le détruisant.
9. L’abandon d’un loyer pour aider un locataire en difficulté.
Abusus : on dispose du bien en l’abandonnant.
10. La mise en sommeil de l’exploitation d’un champ (la mise en jachère).
Usus : on se sert du bien… en ne s’en servant pas pour un temps.

3. Apprécier la portée de la défense du droit de propriété (p. 115)


1. Qualifiez les faits à l’origine du litige.
Un propriétaire constate un empiètement sur sa propriété consécutif à la construction d’un pilier de
portail par son voisin.
2. Pourquoi les juges du fond ont-ils considéré que l’action en justice constituait ici un abus
du droit de propriété ?
Les juges du fond ont relevé que l’empiètement existait mais qu’il était minime. Ils en déduisent que le
propriétaire qui se plaint et agit en justice ne le fait que pour nuire à son voisin et non pas pour défendre
de façon légitime son droit de propriété.
3. Quel est le sens de l’arrêt de la Cour de cassation ?
En cassant ce jugement, l’arrêt de la Cour de cassation rappelle le caractère absolu du droit de propriété.
Pour les juges du droit, aussi minime que soit l’empiètement, il constitue une atteinte au droit du
propriétaire, qui a le droit de s’en plaindre en justice.
4. Dans quelle mesure cette décision permet-elle de faire la différence entre le caractère
absolu du droit de propriété quand il est défendu par son titulaire et l’abus de droit
possible quand le droit de propriété est exercé par son titulaire ?
Selon la Cour de cassation, « défendre son droit de propriété ne saurait dégénérer en abus ». Aucune
action en justice ne doit être interprétée comme relevant de la volonté de nuire aux voisins quand elle
émane d’un propriétaire qui a subi une atteinte dans son droit.
En revanche, celui qui exerce son droit de propriété est parfois dans un comportement répréhensible.
S’il ne met en œuvre son usus que dans l’intention de nuire aux voisins, il commet un abus de droit.
Ainsi, alors que la jurisprudence reconnaît depuis longtemps l’abus du droit de propriété « actif », on
peut dire qu’elle écarte l’abus du droit de propriété « passif ».

4. Justifier une atteinte au caractère absolu du droit de propriété


(p. 115)
1. Dans quelle situation un propriétaire peut-il imposer à un de ses voisins de lui accorder
un droit de passage ?
La situation en question est clairement énoncée par l’article 682 du Code civil : elle concerne le
propriétaire dont le terrain est enclavé, c’est-à-dire entouré de toutes parts par d’autres propriétés, et qui
n’a aucun accès ou un accès insuffisant à la voie publique. Cette absence d’accès l’empêche d’envisager
toute exploitation de sa propriété (exploitation agricole, industrielle ou commerciale) ou l’empêche de
réaliser toute construction ou tout lotissement.
2. Comment se justifie l’atteinte au droit du propriétaire contraint d’accorder cette
servitude ?
L’enclavement d’une propriété lui fait perdre toute valeur et tout intérêt. À l’inverse, le droit de passage
accordé ne constitue qu’une gêne relative pour le voisin. De plus, la loi précise qu’il doit être indemnisé
de façon proportionnée à son dommage. La servitude imposée semble donc équilibrée au regard des
intérêts des différents propriétaires.

116 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan
3. Dans quelle mesure cette règle est-elle aussi une affirmation du caractère absolu de la
propriété ?
Un terrain enclavé ne permet pas à son propriétaire de « jouir et disposer de son bien de la manière la
plus absolue », pour reprendre la formule du Code civil. En lui donnant les moyens juridiques de se
désenclaver, la loi rétablit son droit dans toutes ses dimensions, quitte à écorner quelque peu le droit de
propriété d’un voisin.

5. Distinguer les obligations de l’usufruitier


et celles du nu-propriétaire (p. 116)
1. Citez deux situations donnant naissance à l’usufruit d’un bien.
1 exemple : un homme décède en laissant par testament l’usufruit de tous ses biens à sa femme et la
er

nue-propriété à ses enfants.


2e exemple : une personne cède la nue-propriété de sa maison à un acquéreur qui accepte par contrat que
le vendeur conserve l’usufruit du bien jusqu’à son décès.
2. Pourquoi dit-on que l’usufruit permet « de transmettre en douceur son patrimoine » ?
Le démembrement de propriété constitué par l’usufruit comporte des attributs importants de la
propriété : l’usus et le fructus. Il est possible de céder ces éléments, par exemple à un enfant, tout en
conservant la nue-propriété. Mais le plus souvent, c’est la vente de la nue-propriété qui est faite en
premier, les cédants conservant l’usufruit. Dans ce cas, il est convenu que cet usufruit sera recueilli
ultérieurement par le nu-propriétaire, soit à une date déterminée, soit au décès de l’usufruitier.
Ainsi, la transmission de la propriété se fait en deux temps, les vendeurs n’étant pas privés de l’usage
de leur bien. La seule contrainte qu’ils doivent accepter est l’impossibilité de le céder à un tiers.
3. Comment les charges d’un immeuble en usufruit sont-elles réparties entre l’usufruitier et
le nu-propriétaire ?
La répartition des charges s’opère en distinguant les grosses réparations et les réparations d’entretien.
L’usufruitier doit assumer les réparations d’entretien. Le nu-propriétaire doit supporter les frais
occasionnés par les grosses réparations.
Une particularité cependant : si les grosses réparations sont rendues nécessaires par le défaut d’entretien
de l’usufruitier, c’est à lui qu’incombent les frais qu’elles entraînent.
4. Qui devra payer le remplacement de la chaudière ?
Dans l’exemple cité, le remplacement de la chaudière constitue une grosse réparation. En principe, ce
serait donc au nu-propriétaire de payer. Mais l’usufruitier n’ayant jamais assuré l’entretien de cette
chaudière, il est tenu de payer son remplacement.
Remarque : la solution est logique car on peut supposer que l’absence d’entretien a accéléré le
vieillissement de la chaudière.
5. Donnez des exemples de dépenses d’entretien et de grosses réparations.
– Exemples de dépenses d’entretien : peinture des murs intérieurs, remplacement des tapisseries,
révision périodique de la chaudière du chauffage.
– Exemples de grosses réparations : réparation du toit, des murs ou des clôtures, remplacement des
appareils de chauffage, réfection de la façade, remplacement des canalisations.
Remarque : au-delà des exemples, on peut citer aux élèves la formule de la Cour de cassation, qui
permet de classer les réparations dans les deux catégories : « Les réparations d’entretien sont celles
qui sont utiles au maintien permanent en bon état de l’immeuble tandis que les grosses réparations
intéressent l’immeuble dans sa structure et sa solidité générale. »

© Nathan Chapitre 9 Le droit de propriété sur les biens corporels / 117


6. Comprendre la notion d’inconvénients anormaux du voisinage
(p. 116)
1. Qualifiez les faits et les parties concernées par le litige.
En 1988 la société civile immobilière (SCI) Les Maisons Guislain a acquis un immeuble qu’elle a
loué dans le cadre d’un bail commercial. Par ailleurs, la SCI souhaitait transformer un bâtiment de
cet immeuble pour créer des appartements ; ce que la mairie a refusé en raison de la présence à
moins de cinquante mètres d’un élevage porcin et bovin appartenant à la société X... La SCI a
considéré qu’il y avait là un inconvénient anormal du voisinage, dont elle a demandé réparation à
la société X…
2. Quel est le sens de l’arrêt de la cour d’appel rappelé par la Cour de cassation ?
La cour d’appel a estimé que la demande de la SCI était fondée : il avait lieu de retenir l’existence d’un
inconvénient anormal du voisinage portant atteinte au droit de propriété du demandeur.
3. Quels sont les éléments de fait qui ont été déterminants dans cette décision ?
La SCI a mis en avant, et cela a été retenu par la cour d’appel, que les installations de l’élevage
porcin et bovin devaient être mis en conformité avec les règles légales et réglementaires. La cour
d’appel a également relevé que des mesures devaient impérativement être mises en œuvre pour
faire cesser des troubles de voisinage dépassant la norme admissible.
4. Cet arrêt signifie-t-il, selon vous, qu’un inconvénient anormal du voisinage ne peut exister
qu’en cas de violation de la loi ou des règlements d’urbanisme ? Justifiez.
Selon la Cour de cassation, dans l’arrêt rendu par la cour d’appel « les seuls motifs » de l’atteinte à la
propriété du voisin manifestant un trouble de voisinage manifestement illicite suffisaient pour
condamner l’auteur de ce trouble. On peut donc en déduire que le motif de la condamnation est
l’existence de ce trouble anomal de voisinage. Celui-ci peut certes résulter d’une violation de la loi ou
d’un règlement d’urbanisme, mais rien n’indique que c’est l’origine du trouble qui est déterminante.
Une activité tout à fait légale (agricole ou industrielle, par exemple) peut donc parfaitement engendrer
un inconvénient anormal du voisinage (excès de bruit, odeurs nauséabondes, privation d’ensoleillement,
etc.). L’auteur de ce trouble devra en assumer les conséquences, quand bien même aucune faute ne peut
lui être reprochée.

7. Se préparer au bac – Identifier la ou les règles applicables,


indiquer la ou les solutions possibles et rédiger la réponse
(p. 117)
1. Dans le litige évoqué dans le document 1, qualifiez la situation au plan juridique :
déterminez les faits et les parties en présence.
Le litige trouve son origine dans l’absence d’entretien d’une haie séparative entre deux propriétés
voisines. Pour Mme X…, demanderesse à l’action en justice, ses voisins, les époux Y…, se sont montrés
négligents et ont laissé leur haie végétale se développer de façon anarchique et causer des dommages à
sa propriété (dégradation de murs). Il faut ajouter un fait important : la haie est implantée chez les époux
Y… mais son entretien du côté de la propriété de Mme X… n’a pu être fait car elle refusait tout passage
sur son terrain à ses voisins.
2. Identifiez les deux solutions juridiques opposées qui s’offraient aux juges du fond pour
trancher ce litige. Justifiez chacune d’elles.
1 solution : les juges pouvaient retenir l’existence d’un inconvénient anormal du voisinage subi par
re

Mme X… En effet, voir sa propriété endommagée par le développement d’une haie séparative ne
constitue pas un inconvénient normal et acceptable entre voisins.

118 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan
2e solution : les juges pouvaient relever que Mme X… n’avait pas accepté de respecter la « servitude de
tour d’échelle » qui aurait permis aux époux Y… d’entretenir normalement leur haie et d’empêcher
qu’elle ne prenne une dimension gênante et envahissante. Cette attitude constitue un abus du droit de
propriété.
3. Indiquez la solution juridique retenue par la cour d’appel.
L’arrêt de la cour d’appel a réglé le litige en déboutant Mme X… de sa demande de faire changer la
nature de la haie. Les juges ont retenu l’existence d’un abus du droit de propriété dans son refus de
respecter la servitude de tour d’échelle, qui a contribué au développement préjudiciable de la haie
controversée.
4. Rédigez en quelques lignes la réponse apportée par les juges à la demande de Mme X…
Le tribunal constate que le développement de la haie séparative des propriétés de Mme X… et de ses
voisins, les époux Y…, a effectivement pris des dimensions préjudiciables à Mme X…, dont les murs
de la maison ont subi des dégâts. Toutefois, l’inconvénient anormal de voisinage ne saurait être retenu.
En effet, la demanderesse a contribué au dommage dont elle se plaint, en ne respectant pas le droit de
ses voisins à exercer leur servitude de tour d’échelle, ce qui est constitutif d’un abus du droit de propriété.

© Nathan Chapitre 9 Le droit de propriété sur les biens corporels / 119


Corrigé de la synthèse

1. Identifier les attributs du droit de propriété


Selon les termes du Code civil, le droit de propriété est le droit de jouir et disposer des choses
de la manière la plus absolue pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois ou par
les règlements. Les trois attributs du droit de propriété sont l’usus (le droit de se servir de la
chose), le fructus (le droit de faire fructifier la chose) et l’abusus (le droit de disposer de la
chose).

2. Identifier les caractères du droit de propriété


Le caractère absolu du droit de propriété permet au propriétaire de faire respecter son droit,
même si, dans certains cas, ce droit est limitée par la loi (cas de la législation restrictive des
armes, des règles d’urbanisme au service de la sécurité, de l’hygiène, de l’esthétique, etc.
Le caractère exclusif du droit de propriété signifie qu’à un bien est attaché un seul
propriétaire, sauf deux exceptions :
– la copropriété, où un bien (la plus souvent un immeuble ou une partie d’immeuble) appartient
à plusieurs personnes ;
– l’indivision, où un bien appartient – en principe de façon provisoire – à plusieurs personnes,
par exemple à des cohéritiers dans le cadre d’une succession.
Le caractère perpétuel du droit de propriété signifie que ce droit perdure tant que son objet
existe et qu’il n’est pas perdu par le non-usage.
Toutefois, le propriétaire peut perdre son bien (contre indemnisation), s’il en va de l’intérêt
général, comme en cas d’expropriation pour cause d’utilité publique.

3. Qualifier un trouble anormal du voisinage


Le propriétaire qui cause un trouble anormal du voisinage à un tiers (un voisin) doit réparer
le préjudice qu’il a provoqué. Il faut distinguer deux situations :
– l’abus du droit de propriété existe quand le propriétaire cause un dommage en agissant avec
l’intention de nuire à autrui (priver de soleil son voisin par une construction inutile). La sanction
est double : des mesures pour remettre les choses en l’état et des dommages et intérêts ;
– les inconvénients anormaux du voisinage quand un dommage est causé par un propriétaire
sans intention de nuire, mais par légèreté, inconscience ou négligence. Si les nuisances
dépassent les inconvénients habituellement supportables, le propriétaire devra cesser le trouble
ou l’atténuer et réparer éventuellement le préjudice.

120 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan
L’essentiel

1. Les attributs du droit de propriété


Selon les termes du Code civil, le droit de propriété est le droit de jouir et disposer des choses de la
manière la plus absolue pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois ou par les règlements.
Derrière les termes « jouir » et « disposer » se cachent les attributs de ce droit fondamental.

A. L’usus, le fructus et l’abusus


Les trois attributs du droit de propriété sont l’usus, le fructus et l’abusus.
1. L’usus
L’usus est le droit de se servir de la chose, de choisir l’usage qu’on en fait, pour soi-même ou pour
autrui, que cet usage soit utile, rentable ou qu’au contraire il ne soit pas profitable à la chose.
2. Le fructus
Le fructus désigne le droit de faire fructifier et de disposer des fruits provenant de la chose : fruits
naturels provenant de la chose sans l’intervention de l’homme (fruits des arbres), fruits industriels
obtenus de la chose grâce au travail de l’homme (récoltes) ou fruits civils, constitués par les revenus
tirés de la chose (loyers).
3. L’abusus
L’abusus désigne le droit de disposer juridiquement de la chose (la vendre, la donner) et le droit d’en
disposer matériellement (l’aménager, la modifier, voire la détruire).

B. L’usufruit et la nue-propriété
Il existe des démembrements de la propriété, constitués par un ou des attributs revenant à une personne
qui ne dispose pas du droit de propriété tout entier.
L’usufruit regroupe l’usus et le fructus sans l’abusus, tandis que la nue-propriété consiste dans l’abusus
sans l’usus ni le fructus.
Les situations qui voient naître ces démembrements sont diverses. C’est le cas dans certaines successions
où la loi attribue l’usufruit à un type d’héritier (conjoint, par exemple) et la nue-propriété à d’autres
(enfants, par exemple). C’est aussi le cas dans les ventes dites « en viager », où le vendeur d’un bien –
immobilier, en principe – cède la nue-propriété et se réserve l’usufruit, généralement jusqu’à son décès.

2. Les caractères du droit de propriété


A. Le caractère absolu de la propriété
Le caractère absolu du droit de propriété donne à son titulaire le pouvoir de faire respecter par toute
personne les prérogatives attachées à son droit. Cependant, dans l’intérêt de tous, ce droit connaît des
limites. L’article 544 du Code civil énonce : « […] pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par
les lois ou par les règlements. »
Dans certains cas, le droit du propriétaire peut être limité sans pour autant être perdu. C’est le cas, par
exemple, de la législation restrictive appliquée aux choses dangereuses comme les armes ou à certains
animaux. C’est encore le cas de l’ensemble des règles d’urbanisme qui créent des contraintes telles que
l’obligation d’obtenir un permis de construire pour défendre la sécurité, l’hygiène, l’esthétique, etc.

B. Le caractère exclusif du droit de propriété


Le caractère exclusif du droit de propriété signifie qu’à un bien est attaché un seul propriétaire, qui
cumule ainsi les trois pouvoirs constitués par l’usus, le fructus et l’abusus.
Ce caractère exclusif connaît cependant deux exceptions :

© Nathan Chapitre 9 Le droit de propriété sur les biens corporels / 121


– la copropriété : un bien déterminé, un immeuble le plus souvent, mais éventuellement un meuble,
peut appartenir à deux ou plusieurs personnes. C’est le cas des « parties communes » de certains
immeubles d’habitation ;
– l’indivision : un bien appartient en même temps – mais provisoirement en principe – à plusieurs
personnes, par exemple à des cohéritiers dans le cadre d’une succession. Mais l’indivision n’a pas
vocation à durer indéfiniment et chaque indivisaire (propriétaire en indivision) peut demander à « sortir
de l’indivision » en imposant le partage du bien.

C. Le caractère perpétuel de la propriété


En vertu du caractère perpétuel du droit de propriété, la durée de ce droit est identique à la durée
d’existence de la chose qui en est l’objet. En conséquence, le droit n’est pas perdu par le non-usage et,
d’autre part, la propriété est transmise aux héritiers par voie de succession.
Toutefois, dans certaines situations, le propriétaire peut perdre tout ou partie de son bien, dès qu’il en
va de l’intérêt général. C’est le cas de l’expropriation pour cause d’utilité publique ; le propriétaire est
alors indemnisé par l’administration de la perte de son droit ; cela arrive à l’occasion de la construction
d’une route ou d’un aménagement urbain, par exemple.

3. Les troubles anormaux du voisinage


A. Le droit de propriété et le respect du voisinage
Le droit concilie l’intérêt du propriétaire avec l’intérêt de la collectivité. Ainsi, le propriétaire qui, par
l’usage de son droit de propriété, cause un trouble anormal du voisinage à un tiers doit réparer le
préjudice qu’il a provoqué. Le cas échéant, l’auteur du dommage est obligé de le faire cesser.
Cependant, il faut distinguer deux situations, selon que l’origine du trouble anormal causé au voisin se
trouve dans un comportement volontaire ou dans un agissement involontairement nuisible.

B. L’abus du droit de propriété


Il y a abus du droit de propriété lorsque le propriétaire cause un dommage en agissant avec l’intention
de nuire ; son comportement est alors dépourvu d’intérêt légitime et sérieux. Par exemple, celui qui
édifie une fausse cheminée sur son toit pour priver de soleil son voisin abuse de son droit de propriété.
La sanction est double : des mesures pour remettre les choses en l’état et des dommages et intérêts.

C. Les inconvénients anormaux du voisinage


Il existe des inconvénients anormaux du voisinage quand un dommage est causé par un propriétaire
sans intention de nuire, mais par légèreté, inconscience ou négligence. Dès lors que les nuisances
dépassent les inconvénients habituellement supportables selon une appréciation coutumière, il y a
possibilité pour le voisin de se plaindre. Par exemple, celui qui perturbe le sommeil de son voisin par la
mise en marche très matinale d’une machine cause un inconvénient anormal. La demande est alors
d’imposer des mesures pour faire cesser le trouble ou de l’atténuer et/ou de réparer le préjudice par le
versement de dommages et intérêts.

122 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan
Ressources numériques
 www.legifrance.gouv.fr/
– Code civil : la consultation du Code civil peut être particulièrement utile pour approfondir ou illustrer
le thème des servitudes. On peut renvoyer les élèves aux articles 640 et suivants pour leur faire analyser
les diverses servitudes, et en particulier leur origine. L’abondance des textes oblige cependant à un tri
préalable. Il est conseillé de renvoyer à des articles assez faciles à lire et représentatifs du droit des
servitudes (par exemple, les articles 640, 646, 649, 651, 653, 655, 663, 681, 682, 683 et 686).
– Code de l’expropriation pour cause d’utilité publique : l’étude de quelques articles de ce code
permet de faire rechercher les conditions de l’expropriation, celles de l’indemnisation des propriétaires.
On peut renvoyer aux articles L. 11-1-I, L. 11-2, L. 12-1, L. 13-1, L. 13-13, L. 13-14 et L. 14-1.

© Nathan Chapitre 9 Le droit de propriété sur les biens corporels / 123


124 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan
Chapitre 10
Le droit de propriété sur les biens incorporels

Place du chapitre dans le programme

Thème 4 – Quels sont les droits reconnus aux personnes ?

Plan du chapitre Capacités Notions

1. Identifier les biens • Distinguer les biens corporels et les • Biens corporels / biens
incorporels biens incorporels incorporels
• Propriété industrielle
2. Identifier les • Identifier les composantes • Droit d’auteur
composantes du droit du droit d’auteur • Action en contrefaçon
d’auteur
3. Comprendre la protection • Connaître les enjeux • Marque commerciale
de la marque commerciale de la protection juridique • Monopole d’exploitation
de la marque commerciale • Action en contrefaçon
• Identifier les conséquences
de l’utilisation non autorisée
d’une marque commerciale déposée

Avant la classe
La lutte contre le plagiat vous paraît-elle nécessaire ?
Sanctionner le plagiat permet de protéger l’auteur d’une œuvre, afin de faire reconnaître qu’il en est à
l’origine et qu’il puisse tirer des bénéfices de sa création. Ainsi, la lutte contre le plagiat est indispensable
pour que les artistes puissent vivre de leur musique et qu’ils puissent continuer à créer.
Remarque : On pourrait soutenir l’inverse, en arguant que la libre circulation des œuvres permet leur
accès au plus grand nombre et qu’elle peut aussi stimuler la création. Certains pourraient considérer
que rien n’est jamais créé à partir de rien, et qu’il peut être parfois délicat de différencier plagiat et
inspiration.

Réponses aux questions sur la(les) situation(s)

1. Identifier les biens incorporels (p. 120-121)


1. Les spectacles de Gad Elmaleh sont-ils des biens corporels ou incorporels ? Justifiez votre
réponse. (Doc. 1)
Ce sont des biens incorporels : les spectacles, œuvres intellectuelles, n’ont pas d’existence physique.
2. Gad Elmaleh est-il propriétaire de tous les DVD de ses spectacles ? (Doc. 1)
Non, il est propriétaire de l’œuvre contenue dans les DVD, mais il n’est pas propriétaire des supports
matériels qui contiennent ses spectacles.

© Nathan Chapitre 10 Le droit de propriété sur les biens incorporels / 125


3. Les droits de Gad Elmaleh sur ses spectacles relèvent-ils de la propriété industrielle ou de
la propriété littéraire et artistique ? (Doc. 2)
Ils relèvent de la propriété littéraire et artistique car il s’agit d’œuvres artistiques (sketchs).
4. Pourquoi est-il nécessaire de protéger la propriété de Gad Elmaleh sur ses spectacles ?
(Doc. 3)
Les spectacles, œuvres immatérielles peuvent circuler sans limite, sans entrave : grâce à Internet, toute
personne peut ainsi gratuitement soit les télécharger illégalement, soit les visionner en streaming. Ces
pratiques nuisent à la rentabilité des dépenses réalisées par l’humoriste pour réaliser ses spectacles.
5. La marque Hermès est-elle un bien corporel ou incorporel ? Justifiez votre réponse.
(Doc. 1)
La marque est un bien incorporel car elle n’a pas d’existence physique.
6. Le détenteur d’un sac Hermès est-il propriétaire de la marque Hermès ? (Doc. 1)
Non, car il ne faut pas confondre le droit de propriété sur le bien corporel (le sac Hermès) et le droit de
propriété de la marque (bien incorporel), dont l’entreprise Hermès est titulaire.
7. La marque Hermès relève-t-elle de la propriété industrielle ou de la propriété littéraire et
artistique ? (Doc. 2)
La marque, signe distinctif de l’entreprise, relève de la propriété industrielle.
8. Pourquoi est-il nécessaire de protéger la marque Hermès ? (Doc. 3)
Les copies illicites de sacs Hermès nuisent à la réputation de la marque de luxe car ils sont généralement
de moins bonne qualité. Les consommateurs risquent d’imputer cette mauvaise qualité à la marque.
9. Par quel outil est protégée chacune des créations suivantes ? (Doc. 2)
a. Le nouveau clip vidéo d’un chanteur : Le droit d’auteur.
b. L’invention d’un purificateur d’air portable : Le brevet d’invention.
c. Le logo de l’entreprise Nike : La marque.
d. Les croquis de la nouvelle collection Zara : Les dessins et modèles.

Allez plus loin ! Confinés derrière l’écran ? (p. 121)


1. Retrouvez tous les biens incorporels cités dans l’article.
Il s’agit de produits culturels : des vidéos (film, séries, émissions de télévision…) et des musiques.
2. Relevez les grandes évolutions de la consommation des biens culturels dématérialisés par les
Français pendant le confinement.
Pendant le confinement, la consommation de biens culturels sur Internet par les Français s’est
caractérisée par l’augmentation du recours aux vidéos à la demande et au streaming, réduisant le nombre
d’abonnement aux offres payantes de télévision.
3. En quoi le confinement a-t-il impacté le téléchargement illégal sur Internet ? Justifiez votre
réponse.
Le téléchargement illégal n’a pas augmenté pendant le confinement : les internautes recourent davantage
au streaming pour consommer illégalement du contenu sur Internet. Mais du fait des offres attrayantes
proposées par les fournisseurs d’accès à Internet et par les plateformes de streaming, la consommation
légale a augmenté.

2. Identifier les composantes du droit d’auteur (p. 112-123)


10. Pourquoi Gad Elmaleh bénéficie-t-il d’un droit d’auteur sur ses spectacles ? (Doc. 4)
Gad Elmaleh bénéficie d’un droit d’auteur sur ses spectacles car il s’agit d’œuvres originales qui ont été
matérialisées dans un support (il ne s’agit pas seulement d’« idées » de spectacles).

126 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan
11. Qui peut exploiter les droits sur les spectacles et en tirer profit ? (Doc. 5)
Gad Elmaleh, titulaire du droit d’auteur, a un droit patrimonial qui lui permet d’exploiter ses spectacles.
12. Gad Elmaleh peut-il vendre les droits d’exploitation de ses spectacles ? Justifiez. (Doc. 5)
Le droit patrimonial contient le droit pour l’auteur, ici Gad Elmaleh, de céder à une autre personne ses
droits d’exploitation de ses spectacles, contre rémunération.
13. Comment le droit moral protège-t-il Gad Elmaleh ? (Doc. 5)
Grâce à son droit moral, Gad Elmaleh peut décider que ses spectacles soient diffusés ou non. Il peut
imposer que son nom soit mentionné lorsque ses spectacles sont diffusés. Toute modification de ses
spectacles nécessite son accord.
14. Pendant combien de temps Gad Elmaleh est-il protégé par son droit d’auteur ? (Doc. 5)
Gad Elmaleh sera protégé toute sa vie par ses droits d’auteur. Ils seront transmis à ses héritiers à son
décès : ils bénéficieront du droit patrimonial pendant 70 ans et du droit moral perpétuellement.
15. Gad Elmaleh doit-il réaliser des démarches pour que soit reconnu son droit d’auteur sur
chacun de ses spectacles ? (Doc. 6)
Non, Gad Elmaleh bénéficie de son droit d’auteur automatiquement, dès que l’œuvre est créée. Il n’a
aucune démarche à réaliser. En revanche, il peut, pour prouver la date de création de son spectacle, la
déposer auprès d’une société gérant les droits d’auteur.
16. Sur quel fondement Gad Elmaleh pourrait-il être condamné ? (Doc. 6)
S’il est établi en justice que, dans ses sketchs, Gad Elmaleh a copié d’autres humoristes sans obtenir
leur autorisation, il pourrait être condamné sur le fondement de la contrefaçon.
17. À quoi pourrait-il être condamné ? (Doc. 6)
La contrefaçon donne lieu à des sanctions pénales (amende et peine d’emprisonnement) et des sanctions
civiles (versement de dommages-intérêts en réparation du préjudice subi).

Allez plus loin ! Attention aux exposés réalisés à partir d’Internet !


(p. 123)
1. Quels sont les faits à l’origine du litige ?
Un photographe a autorisé un site de voyages à utiliser une de ses photos. Cette photo a été téléchargée
par une lycéenne pour illustrer un exposé. Son lycée a ensuite publié cet exposé sur son site Internet.
2. Sur quel fondement et dans quel objectif le photographe a-t-il agi en justice ?
Le photographe a invoqué une atteinte à son droit d’auteur, pour que le lycée retire de son site
la photographie litigieuse. Il a également demandé 400 euros de dommages-intérêts.
3. Expliquez la solution rendue par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE).
La CJUE accueille la demande du photographe. Selon son raisonnement, il fallait que le lycée obtienne
l’autorisation de l’auteur pour pouvoir publier la photographie sur son site. En effet, par cette mise en
ligne, la photographie était mise à disposition d’un nouveau public.
4. Est-ce la réalisation de l’exposé qui est condamnée par la CJUE ?
Elle ne condamne pas la réalisation de l’exposé avec la photo mais sa publication sur le site du lycée.

3. Comprendre la protection de la marque commerciale (p. 124-125)


18. Indiquez l’image que reflète la marque Hermès. (Doc. 7)
La marque reflète une image de luxe et de très grande qualité.
19. Déterminez le type de marque qu’est Hermès. (Doc. 7)
Il s’agit d’une marque semi-figurative (elle combine des mots et des dessins).

© Nathan Chapitre 10 Le droit de propriété sur les biens incorporels / 127


20. Donnez un exemple de : (Doc. 7)
a. marque nominale : Peugeot 307.
b. marque sonore : Jingle de Décathlon.
c. marque figurative : Le M de McDonald’s.
d. marque semi-figurative : Lacoste (crocodile et nom).
Complément : réaliser un « blind test » de jingles pour faire prendre conscience de l’impact des
marques sonores :  https://www.youtube.com/watch?v=ajjgRVgVwcw
Remarque : les marques semi-figuratives sont classées avec les marques figuratives depuis la dernière
réforme du droit des marques par l’ordonnance n°2019-1169 du 13 novembre 2019 et le décret
d’application n°2019-1316 du 9 décembre 2019 (entrés en vigueur, pour l’essentiel des dispositions,
depuis le 11 décembre 2019)
21. Une marque est-elle nécessairement représentée par un signe ? (Doc. 7)
Non, une marque peut être une représentation réalisée grâce aux nouvelles technologies (vidéo…).
Remarque : la dernière réforme du droit des marques (ordonnance du 13 novembre 2019) a modifié la
définition de la marque en n’exigeant plus désormais que la marque soit un signe susceptible de
représentation graphique. Peuvent ainsi être déposées désormais des marques multimédia, des marques
hologrammes, des marques sonores même si elles ne peuvent être retranscrites sur une partition (des
« bruits », par exemple), etc.
22. Auprès de qui une entreprise doit-elle déposer sa marque pour la protéger ? (Doc. 8)
Pour être protégée, la marque doit être déposée auprès de l’Institut national de la propriété industrielle
(INPI).
23. Quel est l’intérêt, pour Hermès, d’avoir une marque déposée ? (Doc. 8)
Grâce au dépôt de sa marque à l’INPI, l’entreprise Hermès est la seule à pouvoir l’apposer sur les biens
qu’elle produit. Elle dispose ainsi d’un monopole d’exploitation de sa marque. Aucune autre entreprise
ne peut utiliser sa marque, sauf si elle a obtenu l’accord de l’entreprise Hermès.
Pour aller plus loin : le titulaire d’une marque peut concéder à d’autres entreprises des licences de
marque en vertu desquelles celles-ci pourront apposer la marque sur leurs biens et services, contre
rémunération versée au titulaire de la marque.
24. Pendant combien de temps une marque est-elle protégée ? (Doc. 8)
Le titulaire de la marque bénéficie d’un monopole de 10 ans, qui est renouvelable indéfiniment.
25. Pour quels faits les dix personnes ont-elles été condamnées ? (Doc. 9)
Ces personnes, parmi lesquelles on comptait d’anciens salariés d’Hermès, ont produit et vendu de faux
sacs Hermès : elles ont ainsi été condamnées pour des faits de contrefaçon de la marque Hermès.
26. Listez et qualifiez les sanctions prononcées par le tribunal ? (Doc. 9)
Les contrefacteurs ont été condamnés à des sanctions pénales (amendes et peines d’emprisonnement) et
à des sanctions civiles (paiement de dommages-intérêts pour réparer le préjudice causé à Hermès).
27. Expliquez l’importance stratégique pour une entreprise que sa marque soit déposée.
(Doc. 7, Doc. 8 et Doc. 9)
La marque est essentielle pour l’entreprise afin de se démarquer de ses concurrents et d’attirer les clients.
Elle nécessite d’importants investissements (choix de la marque, dépôt à l’INPI). Seul le dépôt de la
marque à l’INPI lui permet ainsi de la protéger contre les utilisations illicites par ses concurrents.

128 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan
Allez plus loin ! Déposer la marque Neymar sans être Neymar, est-ce
possible ? (p. 125)
1. Par qui et auprès de qui la marque « Neymar » a-t-elle été enregistrée ?
Un particulier, de nationalité portugaise, a déposé la marque « Neymar » auprès de l’EUIPO, l’office de
l’Union européenne pour la propriété intellectuelle. La marque est enregistrée le 12 février 2013.
2. Pourquoi le Tribunal de l’Union européenne a-t-il été saisi ?
Saisi par le joueur, l’EUIPO a annulé la demande d’enregistrement de la marque Neymar par le
particulier. Ce dernier a alors saisi le Tribunal de l’UE pour faire annuler la décision de l’EUIPO
annulant l’enregistrement de sa marque.
3. Expliquez la décision rendue par le Tribunal de l’Union européenne le 14 mai 2019.
Le Tribunal de l’UE confirme l’annulation de l’enregistrement de la marque « Neymar » en raison de la
mauvaise foi du déposant : ce dernier invoquait ne pas connaître la notoriété du joueur. Or, il avait, le
même jour, déposé, auprès de l’EUIPO, une autre marque au nom d’un célèbre gardien de football.

© Nathan Chapitre 10 Le droit de propriété sur les biens incorporels / 129


Corrigé des applications

1. Testez vos connaissances (p. 126)


1. Les biens incorporels n’ont pas de 7. Il faut l’autorisation d’un photo-
valeur pécuniaire. graphe pour réutiliser l’une de ses
 Vrai  Faux photographies.
 Vrai  Faux
2. Seules les créations intellectuelles
sont des biens incorporels. 8. La marque permet à une entreprise
de distinguer ses biens de ceux de ses
 Vrai  Faux
concurrents.
3. Le droit d’auteur est reconnu à  Vrai  Faux
l’auteur d’une œuvre dès sa création.
9. La marque est protégée dès sa
 Vrai  Faux
création.
4. Le droit d’auteur protège les  Vrai  Faux
créations littéraires et artistiques.
10. Seules des sanctions pénales sont
 Vrai  Faux
prononcées en cas de contrefaçon.
5. Le droit moral de l’auteur comprend  Vrai  Faux
le droit de tirer profit de son œuvre.
 Vrai  Faux
6. Le droit moral de l’auteur lui permet
de revendiquer sa paternité sur
l’œuvre.
 Vrai  Faux
2. Acquérir le vocabulaire juridique (p. 126)
1. Reformulez les idées suivantes en veillant à expliquer le terme juridique qui est souligné.
a. Une personne peut être propriétaire de biens qui n’ont pas d’existence physique.
b. L’auteur détient le droit de revendiquer son œuvre, qu’elle lui soit attribuée. Il peut s’opposer à ce
que son œuvre soit modifiée sans son accord, et décide librement si son œuvre est divulguée ou non.
c. Avoir un signe permettant de distinguer ses biens et services de ceux de ses concurrents est important
pour la compétitivité d’une entreprise.
2. Reformulez les propositions suivantes en utilisant le bon vocabulaire juridique.
a. L’auteur d’une œuvre a un droit patrimonial sur sa création.
b. Une personne est condamnée pour contrefaçon si elle recopie l’œuvre d’un auteur sans son
autorisation.
c. Le titulaire d’une marque bénéficie d’un monopole d’exploitation de sa marque.

130 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan
3. Distinguer les biens corporels et les biens incorporels (p. 126)
Distinguez les biens corporels et les biens incorporels dont Louis Grandin était propriétaire.
Justifiez vos qualifications.

Biens corporels Biens incorporels


(biens qui ont une existence physique) (biens qui n’ont pas d’existence physique)
– la maison – les comptes en banque
– le stock de DVD – le livre retraçant son enfance
– le studio en ville – le dernier loyer impayé par son locataire

4. Identifier les composantes du droit d’auteur (p. 127)


1. Quels sont les faits à l’origine du litige ?
Le maire d’une commune a repeint l’œuvre d’un artiste qui était exposée dans les rues de la ville, sans
avoir obtenu l’accord de l’artiste.
2. Expliquez à quoi et pourquoi la commune a été condamnée.
La commune a été condamnée pour contrefaçon : en ne demandant pas l’autorisation de l’auteur pour
modifier son œuvre, la commune a violé le droit d’auteur, et plus précisément, son droit moral, qui
comporte notamment le droit de s’opposer à la dénaturation de l’œuvre. Cette atteinte au droit moral est
un acte de contrefaçon. La commune a donc été condamnée à verser des dommages-intérêts à l’auteur,
pour réparer le préjudice qu’il a subi.
3. Alain Mila avait-il un délai à respecter pour se prévaloir de son droit moral ?
Non, car le droit moral est perpétuel : il est imprescriptible, c’est-à-dire qu’il ne s’éteint pas par le non-
usage.
Compléments : explications sur le sens de l’œuvre pour comprendre en quoi les modifications
apportées par la commune l’ont dénaturée.
Hayange est une commune située en Moselle, en Lorraine. Comme de nombreuses communes de la
région, elle a une forte identité industrielle du fait de son passé minier et de son dynamisme dans le
secteur de la métallurgie. Le bloc de terre symbolise la terre, qui apporte aux hommes de nombreuses
et riches ressources souterraines. La sculpture est traversée par de l’eau d’exhaure (eau extraite des
anciennes mines), qui vient se déverser sur un œuf pour le féconder et assurer l’avenir créatif de la
commune. L’œuf est en pierre et de couleur minérale, pour symboliser les richesses du sous-sol dans la
région. Ainsi, en repeignant l’œuf et le socle, la commune a dénaturé l’œuvre de l’artiste et les symboles
qui avaient été représentés.

5. Identifier les composantes du droit d’auteur (p. 127)


1. Qu’impose l’article L131-3 du Code de la propriété intellectuelle quand un auteur
souhaite céder ses droits ?
L’article du Code de la propriété intellectuelle impose, dans l’hypothèse où un auteur cède tout ou partie
de ses droits à une autre personne, que les droits cédés soient bien précisés dans l’acte de cession, et que
les conditions d’exploitation de ces droits soient délimitées (étendue, destination, lieu et durée).
2. Quels droits le photographe avait-il cédés à l’agence de communication ? Aurait-il pu
céder son droit moral ?
Le photographe avait cédé, à une agence de communication, une partie de ses droits d’exploitation sur
l’une de ses photographies contre rémunération. Ces droits font partie de son droit patrimonial.
Le droit moral est inaliénable : il ne peut jamais être cédé par l’auteur à un tiers.

© Nathan Chapitre 10 Le droit de propriété sur les biens incorporels / 131


3. Pourquoi et dans quel objectif le photographe a-t-il agi en justice contre l’agence ?
L’agence a utilisé la photographie en cause pour publier une annonce dans un numéro de Paris Match
alors que l’acte de cession n’avait pas autorisé une telle utilisation (l’utilisation était limitée à
l’illustration dans une plaquette commerciale et le site Internet d’un programme immobilier). Le
photographe n’avait donc pas donné son accord pour une utilisation de sa photo dans Paris Match.
Le photographe agit en justice car l’agence de communication n’a pas respecté l’acte de cession, et dès
lors, a violé son droit patrimonial. L’auteur souhaite obtenir une rémunération supplémentaire.
4. Expliquez la solution rendue par la cour d’appel.
La cour d’appel fait droit à la demande du photographe, en s’appuyant sur l’article L131-3 du Code de
la propriété industrielle. Elle s’appuie sur l’étendue des droits patrimoniaux qui avait été cédés par le
photographe à l’agence et stipulés dans l’acte de cession : la cour conclut ainsi que la cession des droits
pour une publication de la photographie dans la presse n’avait pas été convenue entre les parties.

6. Connaître les enjeux de protection juridique de la marque (p. 128)


1. Quels sont les faits à l’origine du litige ?
Lionel Messi, célèbre joueur de football, a souhaité déposer son nom de famille comme marque auprès
de l’office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) pour commercialiser des
articles de sport. Or, une autre entreprise avait déjà, antérieurement, déposé deux marques nominales
proches (« Massi ») pour des articles de sport également : elle s’est donc opposée à ce que Lionel Messi
puisse enregistrer la marque « Messi ». L’EUIPO donne suite à cette opposition et refuse ainsi
l’enregistrement de la marque « Messi », en raison de sa proximité avec les deux marques antérieures
« Massi ».
2. Retracez les étapes de la procédure judiciaire.
Lionel Messi a formé un recours auprès du Tribunal de l’Union européenne pour faire annuler la décision
de l’EUIPO qui a refusé d’enregistrer son nom comme marque. Le Tribunal a accueilli la demande de
Lionel Messi et a annulé la décision de l’EUIPO refusant l’enregistrement de la marque « Messi ».
L’EUIPO a alors saisi la Cour de justice de l’Union européenne.
Compléments : il est possible de saisir la CJUE d’un pourvoi à l’encontre d’un arrêt rendu par
le Tribunal de l’Union européenne, en invoquant une mauvaise application du droit par le Tribunal.
Pour aller plus loin : https://curia.europa.eu/jcms/jcms/Jo2_7024/fr/
3. Relevez le motif de la décision de la CJUE.
La CJUE confirme la décision rendue par le Tribunal de l’UE : elle juge qu’il n’y a pas de risque de
confusion auprès des consommateurs entre les articles de sport vendus sous la marque Messi et ceux
commercialisés sous la marque Massi, en raison de la célébrité du joueur.

7. Identifier les conséquences de l’utilisation non autorisée


d’une marque (p. 128)
1. Expliquez en quoi Ahmed et Hayette ont commis des actes de contrefaçon de la marque
Diesel.
Ils ont acquis des jeans sur lesquels ont été apposés frauduleusement la marque Diesel car il ne s’agissait
pas de jeans fabriqués par la célèbre entreprise italienne. Ces jeans étaient revendus à un prix inférieur
à celui d’un jean commercialisé par l’entreprise titulaire de la marque.
2. Listez et qualifiez les sanctions prononcées par la cour d’appel.
La cour d’appel, qui confirme le jugement rendu en première instance, a prononcé des sanctions pénales
et civiles à l’encontre des contrefacteurs :
– sanctions civiles : paiement de dommages-intérêts à l’entreprise Diesel pour réparer le préjudice
d’image causé par la vente de jeans contrefaits ;
– sanctions pénales : peine d’emprisonnement et confiscation des produits contrefaits.

132 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan
8. Se préparer au bac – Indiquer la ou les solutions juridiques
possibles (p. 129)
1. De quelle protection l’humoriste bénéficie-t-elle avant le dépôt de sa marque ?
Le sketch réalisé par Inès Reg est protégé automatiquement par le droit d’auteur : en effet, il s’agit d’une
création originale matérialisée dans un support (une vidéo). Aucune démarche n’est nécessaire pour
bénéficier du droit d’auteur. L’humoriste bénéficie ainsi d’un droit patrimonial (qui lui confère le droit
exclusif d’exploiter son œuvre) et d’un droit moral (qui lui permet d’assurer l’intégrité de son œuvre,
de faire reconnaître sa paternité sur l’œuvre et de décider librement de la divulguer ou non). Elle peut
ainsi agir en contrefaçon contre toute personne qui reproduirait ou utiliserait son sketch sans son
autorisation.
2. Quels sont les avantages pour l’humoriste de déposer une marque ?
Grâce au dépôt de la marque, Inès Reg peut bénéficier d’un monopole d’exploitation de sa marque
pendant 10 ans (durée renouvelable) : elle pourra ainsi commercialiser des biens et services en utilisant
sa marque et s’opposer à ce que d’autres l’utilisent pour vendre des biens et services en utilisant sa
marque sans son accord. À défaut, elle pourra agir contre eux sur le fondement de l’action en
contrefaçon.
3. Quels arguments les sociétés qui ont commercialisé des T-shirts pourraient-elles opposer
contre le dépôt par Inès Reg de sa marque « Des paillettes dans ma vie » ?
Les sociétés pourraient faire valoir deux arguments.
– Inès Reg a ici déposé la marque « Des paillettes dans ma vie » pour s’opposer à l’utilisation
commerciale de son sketch par des sociétés : elle ne semble pas avoir l’intention de commercialiser elle-
même des biens ou des services sous cette marque. Or, une marque peut être perdue si son titulaire est
de mauvaise foi, c’est-à-dire qu’il la dépose sans intention de procéder à une exploitation commerciale
de la marque (cf. affaire Bansky, document 1) ;
– si la phrase « Des paillettes dans ma vie » est originale, elle ne semble pas pouvoir être à ce stade
déposée comme marque par l’humoriste puisqu’elle ne lui permet pas d’associer un produit à cette
marque. Or, le but premier d’une marque est d’être distinctive, c’est-à-dire de permettre de distinguer
des biens et services de ceux produits par les concurrents (cf. affaire Pierre Balmain, document 2).
4. Expliquez comment et à quelles conditions la marque renforce la protection assurée par
le droit d’auteur.
Le droit d’auteur, conféré à l’artiste dès la création de son œuvre, octroie à ce dernier un droit patrimonial
et un droit moral. Le dépôt d’une marque permet de compléter cette protection, puisque l’auteur pourra
alors bénéficier d’un monopole d’exploitation pour utiliser son œuvre à des fins commerciales.
Toutefois, pour bénéficier de la protection assurée par la marque, il est nécessaire de procéder à son
dépôt auprès de l’INPI (ou, au niveau de l’Union européenne, de l’EUIPO). Il faut également que cette
marque soit réellement exploitée, c’est-à-dire qu’elle soit utilisée dans l’intention de commercialiser des
biens et des services, et que cette marque soit distinctive, c’est-à-dire qu’elle permette de différencier
les biens et services produits de ceux des concurrents.

© Nathan Chapitre 10 Le droit de propriété sur les biens incorporels / 133


Corrigé de la synthèse (p. 130)

1. Identifier les biens incorporels


Le patrimoine d’une personne se compose de biens corporels et de biens incorporels : ces derniers
n’ont pas de consistance matérielle. Parmi les biens incorporels, on distingue les créations de l’esprit,
protégées par la propriété intellectuelle. La propriété intellectuelle recouvre la propriété industrielle,
qui protège les brevets, les marques, les dessins et modèles et la propriété littéraire et artistique, qui
protège les œuvres littéraires, artistiques, musicales et cinématographiques.

2. Identifier les composantes du droit d’auteur


Toute personne qui crée une œuvre originale, matérialisée dans un support, bénéficie d’un droit
d’auteur. Ce droit lui confère un droit patrimonial (qui lui octroie le droit exclusif d’exploiter son
œuvre) et un droit moral (qui lui permet d’assurer l’intégrité de son œuvre, de faire reconnaître sa
paternité sur l’œuvre et de décider librement de la divulguer ou non). Une action en contrefaçon peut
être intentée en cas de violation du droit d’auteur.

3. Comprendre la protection de la marque commerciale


La marque commerciale d’une entreprise, c’est-à-dire le signe qui lui permet de distinguer les biens et
services qu’elle produit de ceux de ses concurrents, confère à celle-ci, une fois la marque déposée à
l’Institut national de la propriété industrielle (INPI), un monopole d’exploitation de 10 ans
renouvelables. Le titulaire de la marque peut intenter une action en contrefaçon contre toute personne
qui utiliserait sa marque sans son accord, afin que celle-ci soit condamnée à des sanctions pénales
(amendes, emprisonnement) et civiles (versement de dommages-intérêts pour réparer le préjudice subi).

134 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan
L’essentiel

1. La protection de la propriété sur les biens incorporels


A. Définition et variété des biens incorporels
Le patrimoine d’une personne est composé de biens corporels et incorporels. Les biens incorporels se
caractérisent :
– par le fait qu’ils n’ont pas d’existence physique ;
– par leur grande variété (des créances, la clientèle d’un commerce, une invention technique, une œuvre
intellectuelle, une marque…).
Le droit organise un corpus de règles spécifiques pour toutes les créations de l’esprit : il s’agit de la
propriété intellectuelle. Elle se divise en deux branches :
– la propriété industrielle, qui protège les inventions techniques par l’octroi de brevets, les innovations
esthétiques par la reconnaissance de dessins et modèles et les signes distinctifs par l’obtention d’une
marque ;
– et la propriété littéraire et artistique, qui reconnaît un droit d’auteur à toute personne qui crée une
œuvre littéraire, artistique, musicale, chorégraphique ou cinématographique.
Les biens incorporels sont souvent contenus dans des supports matériels : il est nécessaire de distinguer
le droit de propriété sur le bien incorporel et celui sur le bien corporel.

B. Enjeux de la protection des biens incorporels


L’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication rend délicate la protection
des personnes qui ont créé des œuvres immatérielles. En effet, Internet permet à ces œuvres de circuler
librement, sans entrave, au détriment de la propriété de leur créateur (développement du téléchargement
illégal de films et de musique, visionnage gratuit par le streaming).
De même, une entreprise qui a investi dans la création d’une marque peut voir ses efforts ruinés et son
image dégradée par la multiplication de copies illicites de produits sur lesquels sa marque a été apposée
illégalement.
À terme, ce sont les investissements et les innovations des entreprises et des créateurs qui peuvent être
compromis si le droit ne parvient pas à protéger efficacement la propriété sur les biens incorporels.

2. La protection des œuvres intellectuelles


par le droit d’auteur
A. Définition et contenu du droit d’auteur
C’est par la reconnaissance d’un droit d’auteur que sont protégés les créateurs d’une œuvre littéraire,
artistique, musicale, chorégraphique ou cinématographique. Deux conditions doivent être réunies pour
que le créateur jouisse du droit d’auteur :
– l’œuvre doit être originale ;
– l’œuvre doit avoir été créée (c’est-à-dire matérialisée dans un support, une simple idée n’est pas
protégée).
Aucune démarche n’est à réaliser : le droit d’auteur est reconnu sitôt que l’œuvre est créée.
Le droit d’auteur confère à l’auteur deux types de prérogatives :
– il bénéficie d’un droit patrimonial, qui lui octroie le droit exclusif d’exploiter son œuvre, c’est-à-dire
d’autoriser sa reproduction et sa représentation, contre rémunération. Il peut céder son droit
d’exploitation. Le droit patrimonial dure toute la vie de l’auteur, et il est transmis à ses héritiers qui en
bénéficient pendant 70 ans à compter de son décès ;
– il jouit également d’un droit moral, qui lui permet d’autoriser ou non la divulgation de son œuvre,
d’imposer que son nom soit mentionné lors de la représentation de l’œuvre, et de s’opposer à sa
dénaturation ou sa modification. Le droit moral, qui ne peut être vendu à un tiers, est perpétuel : l’auteur
en bénéficie toute sa vie durant et il est transmis à ses héritiers sans limite de durée.

© Nathan Chapitre 10 Le droit de propriété sur les biens incorporels / 135


B. Sanction de la violation du droit d’auteur
En cas de violation par un tiers du droit d’auteur, l’auteur peut agir en justice contre lui. Cette action,
dite action en contrefaçon, permet, d’une part, de sanctionner pénalement le contrefacteur par des
peines d’amendes et d’emprisonnement. D’autre part, la victime peut également, sur le plan civil, obtenir
des dommages-intérêts en réparation du préjudice causé (manque à gagner, atteinte à l’image…). Le
juge ordonne aussi la cessation des actes de contrefaçon et la destruction des produits contrefaits.
De plus, en cas de vente par un auteur de ses droits d’exploitation sur son œuvre, l’acte de cession doit
mentionner précisément l’étendue des droits cédés (durée, lieu, destination…) : toute utilisation non
conforme à l’acte sera sanctionnée (par l’octroi d’une rémunération supplémentaire octroyée au créateur,
par exemple).

3. La protection de la marque commerciale


A. Enjeux de la protection de la marque
La marque commerciale est un signe qui permet à une entreprise de pouvoir distinguer les biens et/ou
services qu’elle fabrique ou commercialise de ceux de ses concurrents. C’est un élément stratégique
pour une entreprise car elle reflète l’image qu’elle souhaite diffuser auprès des consommateurs et de ses
partenaires. C’est un moyen efficace pour se différencier sur le marché et ainsi, attirer la clientèle.
On distingue plusieurs types de marque : la marque nominale (c’est-à-dire composée d’un ou plusieurs
mots, de lettres, de chiffres, d’un nom de famille, d’un slogan), la marque sonore (une musique ou un
son), la marque figurative (un dessin, un logo) ou semi-figurative (qui combine des mots et des dessins)
et la marque ne pouvant pas faire l’objet d’une représentation graphique (une marque sous format
multimédia, un hologramme…).

B. Moyens de protection de la marque


Pour protéger sa marque, l’entreprise doit la déposer auprès de l’Institut national de la propriété
industrielle (INPI). Grâce à ce dépôt, l’entreprise titulaire de la marque bénéficie d’un monopole
d’exploitation (d’une durée de 10 ans, renouvelable indéfiniment) lui octroyant l’exclusivité sur
l’utilisation de cette marque : aucun concurrent ne peut utiliser cette marque, sauf à obtenir l’accord du
titulaire de la marque, contre rémunération.
Toute personne qui utiliserait une marque déposée de manière illicite pour bénéficier de la notoriété de
cette marque est coupable de contrefaçon. Le contrefacteur encourt des sanctions pénales (jusqu’à 4 ans
d’emprisonnement et 400 000 € d’amende, et la destruction des produits contrefaits) et des sanctions
civiles (versement de dommages-intérêts pour réparer le préjudice causé à l’entreprise titulaire de la
marque).
Il faut cependant que l’entreprise utilise et exploite la marque qu’elle a enregistrée pour profiter de la
protection prévue par le droit (c’est-à-dire pour bénéficier du monopole d’exploitation et pouvoir agir,
si nécessaire, en contrefaçon).

136 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan
Ressources numériques
 www.ac-paris.fr/portail/jcms/p2_1322372/le-droit-d-auteur
Le site de l’académie de Paris propose en ligne des vidéos présentant :
– les enjeux de la protection des droits d’auteur sur Internet (vidéo « Le droit d’auteur ») ;
– la nécessité de retrouver l’auteur en cas d’utilisation de son œuvre (vidéo « Qui est l’auteur ? ») ;
– l’intérêt des œuvres libres de droit (vidéo « Les creative commons »).
Ces vidéos pourront être utilisées dans le cadre d’une pédagogie par la classe inversée.
 www.inpi.fr/fr
Le site officiel de l’INPI présente de nombreuses ressources sur la propriété intellectuelle :
– il présente les enjeux et les outils de la propriété intellectuelle (onglets « Comprendre la propriété
intellectuelle » et « Protéger vos innovations ») ;
– il contient des explications sur la vie d’une marque et l’action en contrefaçon (onglet « Valoriser vos
actifs », puis choisir « Faire vivre votre marque » et « Faire face à la contrefaçon ») ;
– il développe des exemples réels d’innovations et de marques (onglet « Innovation – la galerie »).

© Nathan Chapitre 10 Le droit de propriété sur les biens incorporels / 137


138 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan
Corrigé du Entraînez-vous ! – Thème 4
Capacités
• Identifier les attributs et caractères du droit de propriété
• Qualifier un trouble anormal du voisinage

Propriétaire et je ne peux pas tout faire ?! (p. 131)


1. Résumez les faits en les qualifiant juridiquement.
Deux futurs retraités ont acheté une maison à la campagne pour s’y installer prochainement. Peu de
temps après, leur voisin, éleveur de volailles, a agrandi son parc de dindes en le rapprochant de la
séparation des propriétés. Les inconvénients sonores et olfactifs qui en résultent font perdre tout attrait
au jardin des nouveaux installés.
2. Identifiez le problème juridique posé par la construction litigieuse.
En présence du trouble de voisinage subi par les nouveaux propriétaires, le problème juridique est le
suivant :
À quelles conditions et selon quelles modalités les inconvénients nés du voisinage sont-ils sanctionnés ?
3. Présentez l’argumentation juridique que pourraient développer M. et Mme Chebat pour
obtenir le déplacement forcé de l’installation des dindes.
Le voisinage entraîne presque toujours un trouble. Il faut l’accepter car il est inhérent à l’usage de sa
propriété par chacun. Mais la jurisprudence sanctionne les inconvénients du voisinage quand ils sont
anormaux. Il s’agit des situations où le trouble est excessif et dépasse la norme acceptable en matière de
gêne. Cela ne repose pas sur une intention malveillante de la part de l’auteur du trouble. Si son activité
est légitime, elle ne doit pas pour autant créer des conditions de voisinage insupportables ni entraîner
une perte de la valeur de l’immeuble contigu.
Dans la situation étudiée, le trouble se caractérise par la perte de l’usage du jardin des époux Chebat, en
tout cas dans des conditions agréables. L’agrandissement du parc des dindes vers la limite de propriété
ne s’imposait sans doute pas comme la seule solution pour l’éleveur de volailles.
La première sanction des inconvénients anormaux du voisinage se traduit par des mesures susceptibles
de faire disparaître ou d’amoindrir le trouble litigieux. Il semble donc raisonnable de demander aux
juges un déplacement forcé du parc des dindes pour l’éloigner de la limite des propriétés.
4. Présentez l’argumentation juridique que pourrait développer le voisin de M. et
Mme Chebat pour faire rejeter leur demande.
L’argument selon lequel une activité professionnelle – parfaitement licite – développe pour les voisins
un inconvénient anormal du voisinage n’est pas recevable quand le demandeur se plaint d’une situation
qu’il pouvait connaître avant d’acheter sa propriété.
Dans la situation étudiée, le parc des dindes existait avant l’installation des époux Chebat, et son
agrandissement était sinon probable du moins prévisible. C’est avec légèreté que les nouveaux
propriétaires ont considéré les spécificités de l’exploitation agricole qui jouxtait le jardin de la maison
qu’ils voulaient acquérir. De plus, le confort des nouveaux arrivés ne peut pas justifier une entrave au
développement de l’activité professionnelle de leur voisin.
5. Quelle serait selon vous l’issue de ce conflit ?
L’argument selon lequel le nouveau propriétaire doit accepter de supporter le trouble de voisinage qui
existait avant son acquisition est parfaitement valable. Celui selon lequel l’agrandissement du parc des
dindes devait être accepté serait peut-être recevable si cet agrandissement paraissait indispensable,
objectivement prévisible lors de l’achat et si aucune autre solution n’existait pour son implantation.
Mais, très probablement, la décision des juges serait d’ordonner le déplacement du parc des dindes. En
effet, cette opération ne serait pas très onéreuse pour l’éleveur, elle permettrait d’atténuer sensiblement
ou même de faire disparaître le trouble de voisinage. La condamnation de l’agriculteur à des dommages
et intérêts n’apparaît pas nécessaire, car on peut penser qu’il était de bonne foi en choisissant la modalité
la plus simple d’agrandissement de son parc.

© Nathan Entraînez-vous ! – Propriétaire et je ne peux pas tout faire ?! / 139


Le seul point à vérifier préalablement est le caractère excessif de l’inconvénient du voisinage. Une
expertise permettrait sans difficulté de mesurer d’une part le niveau sonore des gloussements des
oiseaux, d’autre part la réalité des mauvaises odeurs.

140 / Thème 4 Quels sont les droits reconnus aux personnes ? © Nathan

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