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TITRE DU TEXTE n°15 : Une maison de poupée, d’Ibsen 

INTRODUCTION :

ACCROCHE : La pièce d’Ibsen, dramaturge norvégien du 19ème siècle, est inscrite dans une
période de débats portant sur les droits et l’émancipation de la femme.

CONTEXTE : Cette pièce est inspirée d’une histoire vraie : Laura, une admiratrice d’Ibsen,
vit une histoire en tout point similaire à celle de Nora, l’héroïne de la pièce. En raison de
difficultés dans le couple, Laura s’en va. Deux ans après son départ du foyer familial, elle
rentre et le couple se reforme. En revanche, pour Nora le personnage de la pièce, Ibsen
n’annonce rien de tel.

Nora est mariée au banquier Torvald Helmer, qui était tombé gravement malade. Pour offrir à
son mari un séjour au grand air, elle avait contracté des dettes auprès d’un collègue de son
époux nommé Krogstad. Quand ce dernier menace Torvald de révéler l’affaire publiquement,
celui-ci craint avant tout pour sa réputation. Krogstad renonce finalement à mettre sa menace
à exécution, mais la rupture entre Torvald et Nora est définitivement consommée.

EXTRAIT ETUDIE : Au début de l’extrait tiré de l’acte 3, on comprend que Nora exprime
son insatisfaction de son statut de mère au foyer. Elle décide donc contre toute habitude à
cette époque de quitter le foyer familial.
Helmer, son mari est choqué par l’annonce de sa femme. Le dialogue confronte fortement les
deux personnages. L’un et l’autre essayent de se convaincre mais le dialogue est difficile car
Helmer ne comprend pas la décision de Nora.
Dans cet extrait tiré de l’acte 3, on comprend que Nora exprime son insatisfaction de son
statut de mère au foyer. Elle décide donc contre toute habitude à cette époque de quitter le
foyer familial.

PROBLEMATIQUE : On peut donc se demander Dans quel mesure, ce passage propose-t-il


une crise familiale et personnelle, mais aussi un combat d’une personnalité qui cherche à
s’affirmer librement ?

PLAN DE LECTURE LINEAIRE : Pour ce faire, nous étudierons d’abord le 1 er mvt du début
du texte à « Tu es avant tout épouse et mère » ligne 12, où l’esquisse de la séparation est
faite.

Puis le 2ème mvt, de « Je ne crois plus à cela », ligne 13 à la fin du texte, où la vérité de Nora
représentant l’émancipation féminine est dévoilée

CONCLUSION : Aux termes de cet analyse nous avons pu observer que cette scène met en
lumière 2 points forts du théâtre d’Ibsen : - l’expérimentation au théâtre de l’intime où le
dramaturge arrive à cerner la crise d’un sujet. – Mais également la critique des valeurs
bourgeoises. Il réveille ainsi la conscience des lecteurs sur la société norvégienne du 19 ème
siècle

MOUVEMENT 1 : L’ESQUISSE DE LA SÉPARATION :

EXTRAIT NOM DU ANALYSE DE L'EFFET PRODUIT


PROCÉDÉ

« Quitter ton D’abord, l’allitération en « t » dans la phrase sans sujet


l’allitérati
foyer, ton mari de la première ligne : « Quitter ton foyer, ton mari et tes
on
et tes enfants ! » constitue une adresse directe de l’ordre du
en « t »
enfants ! » procès. Dès le début du texte Nora est accusée.
Cette première phrase constitue également une gradation
dans laquelle l’argumentation du mari appuie sur l’intimité de
une
Nora et sur ses devoirs de femme, mère et mariée. Ce
gradation
microcosme représenté par cette gradation rappelle le titre
de la pièce Une maison de poupée
« Et tu ne la
Ensuite la question rhétorique « Et tu ne penses pas à ce
penses pas à ce question
que les gens vont dire.» montre l’importance du masque
que les gens vont rhétoriqu
social, de l’apparence dans la société bourgeoise
dire.» e
« Je ne peux pas La phrase négative de la ligne 3 « Je ne peux pas en tenir
La phrase
en tenir compte.» montre la réfutation de la prise en compte des
négative
compte.» autres de Nora.
L’adverbe « nécessaire » traduis que cette nécessité de
« nécessaire » L’adverbe liberté passant au-dessus de tout le reste est une exigence
intrinsèque, viscéral.
L’interjec
L’interjection « Oh » suivie de la phrase exclamative « C’est
tion
« Oh » ; « C’est révoltant ! » de la ligne 5 témoignent de la succession
la phrase
révoltant ! » d’états émotionnels du mari ne pouvant envisager la liberté
exclamati
de sa femme.
ve
« Que
La La question provocatrice de Nora, ligne 6 « Que considères-
considères-tu
question tu comme mes devoirs les plus sacrés » a pour but de
comme mes
provocatr déclencher le dialogue avec son mari afin de remettre en
devoirs les plus
ice question sa vision dogmatique
sacrés »
L’anaphor L’anaphore du mot « devoir » ligne 5,6 ,7 et 9 montrant bien
« devoir »
e du mot cet aspect de la société bourgeoise
La polysémie du mot « sacrés » ligne 5 et 10 témoigne à
nouveau du désir de Nora de liberté, d’émancipation
La
« sacrés » individuelle, celle-ci est du côté de l’essence tandis que son
polysémie
mari est du côté du paraître. Ibsen avec l’utilisation de ce
mot s’intéresse à l’intime
L’adverbe négatif « non » ligne 10 montre explicitement que
L’adverbe
« non » Helmer est dans la réfutation de la liberté que cherche sa
négatif
femme et de sa remise en question
La dernière ligne de ce mouvement, la ligne 12 montre la
vision conservatrice et figé de Helmer. Dans cet
affrontement entre époux et épouse il garde toujours les
mêmes arguments ceux-ci n’étant pas variés, reflètent la
société patriarcale, sclérosée de l’époque

CONCLUSION DU MVT 1: Ainsi cette dispute entre un mari possédant une vision dogmé et
figé et sa femme désireuse de liberté et d’émancipation constitue l’esquisse de leur
séparation à venir. Cette conversation soulève la question de la place des femmes dans la
société

MOUVEMENT 2 : LA VÉRITÉ DE NORA : L’ÉMANCIPATION FÉMININE :

EXTRAIT NOM DU PROCÉDÉ ANALYSE DE L'EFFET PRODUIT

On observe typographiquement que dès le début du 2ème


typographique
mouvement, il y a une rupture dans la circulation de la parole
ment
ce qui montre déjà une affirmation de Nora
L’emploi récurent de verbe d’états dans la longue prise de
paroles de Nora tel que les verbes « crois » et « sais »
L’emploi témoigne de la prise de conscience de celle-ci. Le génie
« crois » ;
récurent de d’Ibsen est de faire naître au théâtre une héroïne moderne
« sais »
verbe d’états animée d’une conscience individualiste. Nora remet en question
les principes imposés par son mari. Elle fait preuve d’une
résistance contre la morale conventionnelle de l’époque.
anaphore du De plus cette réplique est également constituée d’une
« Je » pronom anaphore du pronom personnel « Je » qui traduis
personnel l’affirmation de soi de Nora
Celle-ci doté de l’art de la rhétorique met en avant différents
arguments :
D’abord elle soulève l’égalité des sexes, le refus d’une société
patriarcal où domine le pouvoir masculin
Ensuite par l’utilisation du mot « livres », Nora montre que les
« livres », mot principes d’Helmer sont principes figés, théorique mais pas
applicable à la vrai vie
l’utilisation à Par l’utilisation à plusieurs reprises du mot « gens » ligne 15
« gens », plusieurs et 16, Ibsen décrit péjorativement et anonymement ceux qui
reprises ont la même idéologie que Helmer
Enfin l’utilisation du verbe « devenir » ligne 14, montre que
« devenir 
verbe Nora est un être qui s’oppose à l’immobilisme de son mari, qui
»
se questionne.
Dans ce discours structuré presque scientifique, le
connecteur
« mais » connecteur logique ligne 15 « mais » montre à nouveau
logique
l’utilisation de contre arguments.
Le groupe nominal « devoirs sacrés » utilisé dans le 1er mvt
« choses 
mot est ici réduit au mot « choses » ligne 17 qui a une connotation
»
triviale. Elle dénigre les arguments de Helmer.
Tandis que celui-ci s’attaque à la forme. Par la comparaison
« comme
ligne 18 « comme un enfant », il réessaie de la placer dans une
un comparaison
posture d’accusé et la blâme d’un discours sans fondement,
enfant »
non acceptable
Le verbe à l’infinitif « examiner » montre qu’elle remet en
« examine verbe à question les principes ancestraux pour lesquels on n’a jamais
r » l’infinitif pu débattre. Elle analyse minutieusement ces dogmes avec
lucidité.
La fin de la ligne 20 « la société ou moi » marque une
« la
dichotomie, un antagonisme entre le monde, le macrocosme et
société ou
le sujet le microcosme. Ce que Nora attend de la société ne va
moi »
pas avec son intimité
«  Tu es
La succession des 2 phrases courtes lignes 21 «  Tu es
malade, La succession
malade, Nora. Tu as de la fièvre. » témoigne à nouveau de la
Nora. Tu des 2 phrases
stratégie d’évitement de Helmer. Celui-ci ne participe pas au
as de la courtes
débat, au discours mais la discrédite.
fièvre. »
De plus pour la 1ère fois il l’apostrophe, la nomme. Cela montre
une fragilité émotionnelle de Helmer qui perd le pied et dis
des choses déraisonnable. Il cherche à la faire culpabiliser en
faisant de nouveau référence à l’intime pour mieux la faire
déstabilisé.
Le groupe de mot « sûre de moi » ligne 23 est une
« sûre de Le groupe de
anticipation de son départ inévitable. Chaque mot est une
moi » mot
avancée dans le cheminement de son échappée.
Helmer perd pied de plus en plus, il répète encore et toujours
les mêmes arguments
L’adverbe « oui » ligne 25 est un marqueur explicite de sa
L’adverbe « oui » décision : sa volonté de rupture familiale décisive et
irrévocable.
A partir de cet instant, se met en place une épuration de la
parole avec des répliques de plus en plus brève mais qui disent
la vérité.
Les points de suspensions ligne 30 traduisent l’état de perte
« … »
physique et mental de Helmer
« Les
La didascalie interne « Les bras m’en tombent » décris la
bras m’en La didascalie
posture du corps et sociale d’Helmer qui se désarticule. Cela
tombent  interne
traduit le désarroi du personnage.
»
Enfin la dernière réplique du texte est marqueur du
L’ironie de
renversement de situation. L’ironie de l’interjection « Oh »
« Oh » ; l’interjection
témoigne de la possession de l’art rhétorique chez Nora qui
« gentil »
met à terre son mari par notamment l’infantilisation de celui-
l’adjectif
ci avec l’adjectif « gentil ». Le point de non-retour est atteint
CONCLUSION DU MVT 2: Dans ce 2ème mouvement nous avons pu ainsi observer
l’expression du désir d’émancipation des attentes sociales et du désir de découverte en tant
qu’être humain de Nora. Elle remet en question les normes et les valeurs de la société, et
exprime son désir de réfléchir par elle-même plutôt que de se contenter de ce qui est dit
dans les livres ou de suivre les autres. Cependant, son mari ne parvient pas à comprendre ses
motivations. Cette conversation souligne le conflit entre les attentes sociales et les
aspirations individuelles, ainsi que la difficulté de se faire entendre lorsqu'on remet en
question les normes établies.

Helmer. -Quitter ton foyer, ton mari et tes enfants ! Et tu ne penses pas a ce que les gens
vont dire
Nora. -Je ne veux pas en tenir compte. Je sais uniquement que c'est nécessaire pour moi

HELMER : Oh ! c'est révoltant ! Tu peux donc manquer à tes devoirs les plus sacrés.

NORA : Que considères-tu comme mes devoirs les plus sacrés ?

HELMER : Ai-je besoin de te le dire ? Est-ce que ce ne sont pas tes devoirs envers ton mari
et tes enfants ?

NORA : J'ai d'autres devoirs tout aussi sacrés.

HELMER : Mais non ! De quels devoirs pourrait-il s'agir ?

NORA : Mes devoirs envers moi-même.

HELMER : Tu es avant tout une épouse et une mère.

NORA : Je ne crois plus à cela. Je crois que je suis avant tout un être humain, au même titre
que toi... ou que je dois en tout cas essayer de le devenir. Je sais bien que la plupart des gens
sont d'accord avec toi, Torvald, qu'on trouve ce genre de choses dans les livres. Mais je ne
peux plus me contenter de ce que disent la plupart des gens et de ce qui est écrit dans les
livres. Je dois réfléchir à ces choses-là par moi-même pour essayer d'y voir plus clair.

HELMER : Tu parles comme une enfant. Tu ne comprends pas la société dans laquelle tu vis.

NORA : Non, c’est bien vrai. Mais maintenant, je veux examiner tout cela. Il faut que je sache
qui de nous deux a raison : la société ou moi.

HELMER : Tu es malade, Nora. Tu as la fièvre. Je crois presque que tu n'as plus tout ton bon
sens.

NORA : Je ne me suis jamais sentie aussi lucide et aussi sûre de moi que cette nuit.

HELMER : Et c'est avec lucidité et assurance que tu quittes ton mari et tes enfants ?

NORA : Oui, tu l'as dit.

HELMER : Eh bien, je ne vois qu'une explication à cela.

NORA : Laquelle ?

HELMER : Tu ne m'aimes plus.

NORA : Non, justement.

HELMER : Nora !... Les bras m'en tombent !

NORA : Oh ! cela me fait beaucoup de peine, Torvald, parce que tu as toujours été très gentil
avec moi. Mais je n'y peux rien. Je ne t'aime plus.

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