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Chapitre 3

Le litige et la preuve

Place du chapitre dans le programme

Thème 2 – Comment le droit permet-il de régler un litige ?


Plan du chapitre Capacités Notions
1. Identifier les • Identifier les éléments • Litige
éléments d’un d’un litige : parties, • Demandeur, défendeur
litige faits, prétentions, • Prétentions
question de droit • Accord amiable
2. Déterminer si le • Déterminer au moyen • Acte et fait juridiques
litige est causé d’une argumentation si • Présomption
par un acte ou un le litige est causé par • Acte authentique et sous signature
fait juridique un acte ou un fait privée
juridique afin • Témoignage, aveu
d’envisager un mode • Preuve électronique
de preuve adapté • Intime conviction du juge
3. Apprécier la • Apprécier la force • Charge et mode de preuve
force probante probante d’un élément
d’un élément de de preuve dans une
preuve situation donnée

Avant la classe
Pas de corrigé type.

Réponses aux questions sur la(les) situation(s)


1. Identifier les éléments d’un litige (p. 34-35)
1. Cette affaire est-elle un litige ? Pourquoi ? (Doc. 1)
Sylvie Uderzo a contesté son licenciement qu’elle estime abusif. Elle était en désaccord avec la société
Albert René sur l’exercice d’un droit. Cette affaire est donc un litige et non un simple conflit.
1. Quels sont les faits ? Qualifiez-les juridiquement (Doc. 2)
Sylvie Uderzo, salariée de la société d’édition Albert René, a saisi la justice du travail (conseil de
prud’hommes) afin de faire reconnaître comme abusif son licenciement par la société d’édition Albert
René, son employeur.
2. Qui sont les parties à ce litige (demandeur/défendeur) ? (Doc. 2 et 3)

© Nathan Chapitre 3 Le litige et la preuve / 1


Sylvie Uderzo a saisi la justice, elle est donc le demandeur. La société d’édition Albert René est donc
automatiquement le défendeur.
3. Quelles sont les prétentions de Sylvie Uderzo ? (Doc. 2)
Sylvie Uderzo, demandeur, réclame la reconnaissance du caractère abusif de son licenciement. Elle
veut obtenir des indemnités légales liées au licenciement et des dommages et intérêts
complémentaires.
4. Quelle est la question de droit à laquelle le juge doit apporter une réponse ? (Doc. 2)
Dans quelles circonstances le licenciement d’un salarié est-il abusif ?
Ou encore : qu’est-ce qui caractérise un licenciement abusif ?
5. Qu’a décidé le conseil de prud’hommes ? (Doc. 2)
Le conseil de prud’hommes a reconnu le droit de Sylvie Uderzo aux indemnités légales de
licenciement. Il n’a cependant pas accordé les dommages et intérêts complémentaires qu’elle
réclamait.
Remarque : on ne peut pas attendre des élèves qu’ils connaissent la différence entre licenciement
sans cause réelle et sérieuse (sans doute retenu ici puisque le texte parle « des » indemnités légales
de licenciement) et licenciement abusif (certainement écarté par les juges qui ont refusé les dommages
et intérêts spécifiques à cette qualification). Attention toutefois à ne pas confondre les deux notions,
comme le langage courant tend à le faire.
6. Quel est l’intérêt de la tentative de conciliation devant le conseil de prud’hommes ?
(Doc. 4)
L’intérêt de la tentative de conciliation devant le conseil de prud’hommes est de négocier et d’apaiser
les tensions afin d’éviter le procès. C’est la dernière chance de trouver un terrain d’entente.
Remarque : les pouvoirs du bureau de conciliation de prud’hommes ont été élargis par la loi Macron
de 2016. Le bureau a le pouvoir de statuer sur la compétence des sections, le pouvoir de jugement et
de résolution amiable des différends.
7. Pourquoi la résolution amiable d’un litige est-elle toujours préférable ? (Doc. 4)
La résolution amiable est toujours préférable au recours à la justice, souvent long et coûteux. Trouver
un accord amiable permet de gagner du temps et d’aboutir à un compromis satisfaisant pour les
parties.

Allez plus loin ! Un accord vaut toujours mieux qu’un procès (p. 35)
1. Quel est le rôle de la conciliation ?
La conciliation a pour rôle d’éviter que le litige dure trop longtemps, qu’il engendre des frais pour les
parties et qu’il contribue à l’encombrement des tribunaux.
2. Qu’a permis la conciliation dans les deux affaires ?
La conciliation a permis de trouver un terrain d’entente en renouant le dialogue entre les parties.
Dans le litige entre le propriétaire et l’artisan à propos d’une fissure, un constat d’accord est signé afin
d’éviter une procédure. Dans le cas des nuisances liées aux émanations de peinture, une médiation est
proposée à la mairie. En cas de non-accord, un constat sera rédigé par le conciliateur pour prouver au
juge la démarche des parties.
3. Quelle différence faites-vous entre le rôle du juge et celui d’un conciliateur ?
Le juge est là pour trancher un litige en utilisant les règles de droit. Le conciliateur permet de faire
renouer le dialogue entre des parties afin d’éviter le recours à la justice. Si la conciliation n’aboutit
pas, le juge viendra trancher le litige.

2. Déterminer si le litige est causé par un acte ou un fait


juridique (p. 36-37)

2 / Thème 2 Comment le droit permet-il de régler un litige ? © Nathan


9. L’incendie touchant la famille Uderzo est-il un fait ou un acte juridique ? Justifiez.
(Doc. 5 et 6)
L’incendie est un fait juridique. Il s’agit d’un événement, d’ailleurs involontaire, qui a tout de même
produit des effets juridiques.
1. Dans quel but doit-on le prouver à l’assureur ? (Doc. 5 et 6)
Il incombe aux parties de prouver le fait juridique, en l’espèce l’incendie, pour soutenir leurs
prétentions. La famille devra prouver la réalité de l’incendie afin d’être indemnisée par la compagnie
d’assurance.
2. Pourquoi selon vous, la preuve des faits juridiques peut-elle être apportée par tous
moyens ? (Doc. 7)
À la différence de l’acte juridique, le fait juridique est un événement dont les effets juridiques sont
involontaires. La preuve de ce qui n’a pas été voulu ne peut pas avoir été préparée par écrit !
3. La discrétion de Jean-Yves Ferri est-elle dictée par un fait ou par un acte juridique ?
Justifiez. (Doc. 5 et 6)
L’obligation de discrétion, voire de confidentialité, est dictée par un acte juridique. En effet, monsieur
Ferri a conclu un contrat avec les éditions Hachette afin que la conception demeure secrète.
4. Pourquoi les éditions Hachette pourraient-elles avoir à prouver cette obligation de
discrétion ? (Doc. 5 et 6)
Si le duo Ferry-Conrad ne respectait pas l’obligation de discrétion, les éditions Hachette pourraient
intenter une action en justice pour non-respect de la clause de confidentialité qu’il faudrait prouver.
5. Que rappelle la Cour de cassation dans son arrêt du 29 octobre 2014 ? (Doc. 8)
La juridiction suprême rappelle l’exigence d’une preuve littérale (c’est-à-dire un écrit) comme mode
de preuve d’un acte juridique, en l’espèce un contrat, concernant des obligations supérieures à un
montant de 1 500 euros.
6. D’après vous, pourquoi les actes juridiques doivent-ils être prouvés en principe par un
écrit ? (Doc. 5, 6 et 7)
Un acte juridique est un événement volontaire qui a produit des effets de droit voulus. Les parties
doivent donc envisager l’éventualité d’un litige et rédiger un écrit afin de prouver leurs prétentions.

Allez plus loin ! Souriez… vous êtes filmé ! (p. 37)


1. S’agit-il ici, pour les automobilistes, de prouver des actes ou des faits juridiques ? Lesquels
précisément ?
Il s’agit pour les automobilistes de prouver des faits juridiques : il s’agit d’établir des accidents, des
comportements dangereux sur la route, des délits de fuite. Le capteur permet de filmer la circulation
autour du véhicule avec un angle de 360°.
2. Pourquoi n’est-il pas déplacé d’utiliser ce genre d’appareil au regard des moyens de preuve
admissibles ?
Ce genre de caméra embarquée peut s’avérer utile pour prouver les accidents, car la preuve des faits
juridiques étant difficile, tous les moyens pour l’établir semblent opportuns.

3. Apprécier la force probante d’un élément de preuve (p. 39)


16. Sur qui pèse la charge de la preuve dans ce conflit ? Pourquoi ? (Doc. 9)
Selon la loi, il appartient à Sylvie Uderzo, demandeur, de prouver la non-validité de la vente.
7. Le contrat de rachat par Hachette est-il sous seing privé ou authentique ? Quel est
l’intérêt de recourir à ce type d’écrit ? (Doc. 10)

© Nathan Chapitre 3 Le litige et la preuve / 3


Le contrat a été signé devant notaire. Il s’agit d’un acte authentique. L’intérêt de recourir à ce type
d’écrit est qu’il est très difficile de le contester, il s’impose au juge qui n’a pas de pouvoir
d’appréciation.
8. Pourquoi les preuves écrites sont-elles qualifiées de parfaites ? (Doc. 10)
Les preuves écrites sont dites parfaites car elles ne laissent pas de place à l’interprétation par les juges.
9. Les témoignages vont-ils s’imposer au juge ? Pourquoi parle-t-on d’intime conviction du
juge ? (Doc. 11 et 12)
Les témoignages sont des preuves imparfaites, autorisant leur appréciation par les juges. Les témoins
peuvent faire des erreurs. C’est pourquoi le juge doit se forger son opinion personnellement.
10. Outre les témoignages, quel autre moyen de preuve imparfaite les juges peuvent-ils
retenir pour établir l’abus de faiblesse ? (Doc. 11 et 12)
Le juge peut recourir à une expertise psychiatrique concernant l’état mental d’Uderzo au jour du
contrat.
11. Dans les exemples suivants, dites si la règle de droit est posée par une présomption
irréfragable, une présomption simple ou une présomption mixte. (Doc. 13)
a. Selon l’article 312 du Code civil, l’enfant d’un couple marié est présumé être le fils du mari, mais il
n’est pas interdit à celui-ci d’engager une action en désaveu de paternité.
Il s’agit d’une présomption simple.
Remarque : le mari est présumé être le père de l’enfant mais la preuve contraire peut-être apportée
(test de paternité).
b. Selon l’article L.1242-12 du Code du travail, un contrat de travail non écrit est un CDI, la loi ne
permettant pas l’employeur d’établir la preuve contraire.
Il s’agit d’une présomption irréfragable.
Remarque : l’employeur ne peut établir par aucun moyen la preuve que le contrat est un CDD ou un
CTT.
c. Selon l’article 1402 du Code civil, les biens des époux mariés sans contrat sont présumés communs,
mais si un époux revendique la propriété exclusive d’un bien, le juge pourra prendre en considération
tout écrit (documents de banque, factures…) :
Il s’agit d’une présomption mixte.
Remarque : le défendeur, en l’espèce l’un des époux, ne va pouvoir prouver la propriété exclusive
d’un bien que par les moyens prévus par la loi (une facture, un document de banque…).

Allez plus loin ! Menaces de mort par SMS… (p. 39)


1. Le SMS est-il un moyen de preuve autorisé ?
Il est autorisé d’utiliser un SMS afin de prouver, en l’espèce, un cas de harcèlement et de menaces. Il
s’agit d’établir un fait juridique et le SMS fait partie de « tous les moyens de preuve » admis par le
droit.
2. Dans l’affaire de Katia, quelles conditions ont dû être respectées pour pouvoir utiliser les
SMS en justice ?
Pour pouvoir être utilisé en justice, le SMS doit respecter certains critères : il faut une preuve tangible
vérifiable par tous (jurisprudence constante). Le moyen de preuve ne doit pas porter atteinte de façon
flagrante à la vie privée et au secret des correspondances.

4 / Thème 2 Comment le droit permet-il de régler un litige ? © Nathan


Corrigés des applications

1. Tester vos connaissances (p. 40)


1. Le demandeur est celui qui introduit 5. Les preuves écrites sont parfaites
l’action en justice. car elles sont difficiles à contester.
 Vrai  Faux  Vrai  Faux
2. La preuve d’un acte juridique doit 6. Les présomptions irréfragables ne
être écrite car les effets de l’acte ont permettent pas d’apporter la preuve
été voulus par les parties, qui ont contraire.
aussi envisagé leurs conséquences  Vrai  Faux
juridiques.
 Vrai  Faux
7. Les témoignages ont davantage de
force probante que les actes
3. L’écrit est toujours obligatoire pour authentiques.
prouver un acte juridique.  Vrai  Faux
 Vrai  Faux
8. Les témoignages sont laissés à la
4. Un acte sous seing privé est un écrit libre appréciation du juge qui se
rédigé et signé par des particuliers forge alors son intime conviction.
s’engageant les uns envers les autres.  Vrai  Faux
 Vrai  Faux

3. Régler un conflit avant qu’il ne devienne un litige (p. 40)


1. Quel est le rôle du site Internet litige.fr ?
Le site litige.fr permet une tentative de conciliation amiable entre un consommateur et son
cocontractant professionnel par une lettre de mise en cause. Elle permet de rappeler leurs obligations
aux professionnels dans le but de protéger les consommateurs.
9. Pourquoi Mathilde est-elle en conflit avec son opérateur de téléphonie mobile ?
Mathilde est en conflit avec son opérateur car ce dernier refuse, après résiliation de son forfait,
d’arrêter les prélèvements automatiques (40 euros tous les mois pendant 5 mois).
Remarque : en 15 jours, elle a été remboursée de la totalité de la somme demandée, soit 200 euros.
10. De quel type de litige s’agit-il ?
Il s’agit d’un litige de consommation.
Remarque : ce litige est exemplaire, car il est relatif à l’un des contrats de prestation de services les
plus répandus : l’abonnement à un contrat de téléphonie mobile.
11. Par quelle procédure le litige entre Mathilde et l’opérateur a-t-il été résolu ?
Grace à litige.fr, Mathilde a pu envoyer une lettre de mise en cause gratuitement afin de régler le litige
l’opposant à son opérateur de téléphonie mobile. La procédure suivie est celle du règlement amiable
du litige.
12. Quelles sont les conditions à respecter pour utiliser ce type de procédure ?
Que le montant du litige soit inférieur à 10 000 euros et donc que la représentation par avocat ne soit
pas obligatoire.

© Nathan Chapitre 3 Le litige et la preuve / 5


4. Identifier les éléments d’un litige (p. 41)
1. Quelles sont les parties en présence ?
Les parties au litige sont d’une part, UFC – Que Choisir, une association de défense des
consommateurs et, d’autre part, la société Twitter.
13. Qui est le demandeur ? Qui est le défendeur ?
Après une tentative de résolution amiable, l’UFC – Que Choisir a assigné l’entreprise Twitter en
justice devant le tribunal de grande instance de Paris. L’UFC – Que Choisir, qui a introduit la
demande en justice, est le demandeur. Twitter est donc le défendeur.
14. Quelles sont les prétentions de l’UFC – Que Choisir ?
L’UFC – Que Choisir demande à la justice de faire reconnaître le caractère abusif de clauses insérées
dans les conditions générales des contrats de la société Twitter, et notamment celles qui permettent à
l’entreprise de commercialiser les données personnelles des internautes afin de vendre de la publicité
ciblée.
15. Sur quels moyens de droit s’appuient-elles ?
L’UFC – Que Choisir s’appuie notamment sur l’article L212-1 du Code de la consommation qui
considère comme abusives les clauses qui ont pour objet ou pour effet de créer un déséquilibre
significatif entre les droits et les obligations des parties au contrat.
16. Quel problème juridique était soumis aux juges ?
Une entreprise peut-elle utiliser les données personnelles de ses utilisateurs afin de les commercialiser
sans créer de déséquilibre significatif au contrat ?
17. Quelle solution ce litige a-t-il reçue ?
La société Twitter a été condamnée à verser 30 000 euros de dommages et intérêts pour préjudice
moral porté à l’intérêt collectif des consommateurs dans un souci de protection des données à
caractère personnel des utilisateurs.

1. Déterminer l’objet de la preuve (p. 41)


1. Quel est le litige dans la situation présentée ci-dessus ?
Mme Prune, personne physique, décède en ayant rédigé un testament déposé chez un notaire (acte
écrit). Le testament désigne comme légataire Mme Sabat, personne physique, sa nièce. Cependant,
cette dernière apprend qu’un second testament ultérieur a été rédigé par sa tante, désignant comme
légataire universel un récent ami. Mme Sabat souhaite saisir la justice afin de faire annuler ce second
testament du fait des troubles psychologiques de sa tante.
18. Qu’est-ce que Mlle Sabat doit prouver ? Un acte juridique ? Un fait juridique ?
Madame Sabat doit prouver un fait juridique, dans le sens où elle doit prouver la véracité des troubles
psychologiques de sa tante. La remise en cause de l’acte découlera de ce fait, et son annulation pour
cause de troubles psychologiques peut être envisagée.
19. Sur quels modes de preuve peut-elle s’appuyer ?
Elle pourra s’appuyer sur des témoignages (preuves imparfaites) des proches de sa tante et notamment
de son médecin qui lui avait conseillé une hospitalisation en psychiatrie. Il appartiendra alors au juge
de se forger une intime conviction et de prononcer ou non l’annulation du second testament de la
défunte.

6 / Thème 2 Comment le droit permet-il de régler un litige ? © Nathan


2. Identifier l’objet de la preuve et apprécier
la force probante d’un SMS (p. 42)
1. Quel est l’objet de la preuve dans cette affaire ?
L’objet de la preuve est une reconnaissance de dette entre un créancier et un débiteur.
20. Pourquoi peut-on dire qu’un écrit était moralement impossible à obtenir pour le
créancier ?
Il est toujours délicat dans une relation amoureuse de faire traduire par écrit à son/sa partenaire une
reconnaissance de dette.
21. Quelle est la conséquence de ce constat sur les moyens de preuve admissible ?
Du fait de l’impossibilité morale d’avoir un écrit (au sens traditionnel du mot) pour établir le prêt
d’argent entre les amoureux, il a été possible d’élargir les moyens de preuves à un type d’écrit
nouveau, sans se préoccuper de savoir s’il constitue une preuve parfaite ou une preuve imparfaite.
Ainsi, la reconnaissance de dette a été établie via un SMS dans lequel la débitrice de l’obligation
s’engageait à rembourser sa dette.
22. Au regard de leur contenu, quel type de preuve les SMS ont-ils constitué selon vous ?
Un SMS a constitué une preuve littérale, c’est-à-dire une preuve parfaite par écrit et assimilable à un
écrit traditionnel sous seing privé.
Remarque : cette admission à titre d’écrit d’un SMS n’est effective que si l’auteur du SMS est
parfaitement identifié et que le SMS a été établi et conservé dans des conditions de nature à assurer
son intégrité. Ce sont là des formules de la Cour de cassation, inspirées par les textes applicables à la
preuve électronique (voir l’application suivante).

3. Apprécier la force probante de l’écrit électronique (p. 42)


1. Qui sont les parties dans cette affaire (demandeur/défendeur) ?
Cette affaire oppose une société d’assurance, le demandeur, a un particulier, monsieur X, défendeur.
23. Qualifiez les faits du litige et faites ressortir le problème juridique.
Un particulier, personne physique, conteste le fait d’avoir signé un contrat d’assurance en ligne auprès
d’une société, personne morale.
La signature d’une demande d’adhésion électronique a-t-elle la même valeur juridique qu’une
signature sur support papier ?
24. Quel est l’enjeu de la preuve dans cette affaire ?
Il s’agit de reconnaître la preuve électronique comme une preuve traditionnelle. L’article 1366 du
Code civil précise que l’écrit électronique a la même force probante que l’écrit sur support papier.
25. Selon le Code civil, à quelles conditions l’écrit électronique constitue-t-il une preuve
parfaite, au même titre qu’un écrit sur support papier ?
À des fins de sécurité de la preuve parfaite, l’écrit électronique est admis en justice sous réserve que
l’auteur de l’écrit soit dûment identifié et qu’il soit établi et conservé dans des conditions de nature à
en garantir l’intégrité. Il ne doit donc pas y avoir de doute quant à l’identité des parties.
26. Comment les juges ont-ils réglé ce conflit ?
Les juges ont donné raison à la société d’assurance car la contractualisation en ligne Contralea
permettait l’identification et l’authentification des signataires, en l’espèce M. X. La demande
d’adhésion a été conservée de nature à garantir son intégrité et la signature a été identifiée par un

© Nathan Chapitre 3 Le litige et la preuve / 7


procédé fiable. Ainsi, cette demande d’adhésion en ayant la même force probante oblige M. X à
respecter ses obligations et à payer son adhésion.

4. Se préparer au bac – Indiquer la ou les solutions juridiques


possibles et rédiger la réponse (p. 43)
1. Qualifiez juridiquement les faits à l’origine de cette affaire.
Un employeur soupçonne un de ses salariés de commettre des vols. Il décide alors d’installer une
caméra de surveillance sans l’en informer. Devant les images de détournement d’argent, l’employeur
procède au licenciement de son employé.
27. Quel est l’objet de la preuve rapportée par l’employeur ? Quel mode de preuve peut-on
utiliser, en principe, dans cette situation ?
L’employeur a rapporté la preuve d’un délit (le vol). En principe, comme il s’agit d’un fait juridique,
la preuve peut être apportée par tous moyens.
28. Les faits reprochés à la salariée ont-ils été établis ? Quelle sanction logique l’employeur
pensait-il pouvoir appliquer ?
Les gendarmes peuvent attester des images qui montrent la salariée en train de détourner de l’argent et
cette dernière a avoué ses actes. L’employeur pensait pouvoir licencier sa salariée pour faute grave.
29. Pour quelles raisons le restaurateur a-t-il pourtant été condamné ?
L’employeur a pu prouver le vol par le visionnage des enregistrements d’une caméra de surveillance.
Or, cette caméra a été installée sans que la salariée n’en soit informée. Ainsi, la preuve apportée par
l’employeur est illicite et le licenciement est considéré comme sans cause réelle et sérieuse.
30. En quoi cette affaire montre-t-elle que les moyens de preuve admis en justice doivent
être des moyens licites ?
Devant les juridictions françaises, les moyens de preuve doivent être licites en vertu du principe de
loyauté des parties. Afin d’utiliser la vidéosurveillance à des fins de preuve, les représentants du
personnel doivent être consultés et les salariés préalablement informés. Rien ne doit porter une atteinte
injustifiée et disproportionnée à la vie privée et aux libertés des salariés. Si les moyens de preuves ne
sont pas licites, comme en l’espèce, ils ne sont pas admis en justice.

8 / Thème 2 Comment le droit permet-il de régler un litige ? © Nathan


L’essentiel

1. Les éléments d’un litige


Un litige est un désaccord entre deux ou plusieurs personnes (physiques ou morales) concernant
l’exercice d’un droit. Celui qui introduit une action en justice afin de faire reconnaître ses droits est
appelé le demandeur. Son adversaire est alors appelé le défendeur.
Depuis la loi 2 015-282 en date du 11 mars 2015, les parties à un procès doivent justifier d’une
tentative de résolution amiable du litige afin de saisir le juge. En effet, le fait de trouver un accord
amiable entre les parties présente de nombreux avantages car le recours à la justice est souvent long et
coûteux.

1. La preuve des actes et des faits juridiques


Il incombe aux parties d’établir en justice les faits nécessaires au succès de leurs prétentions (c’est
l’objet de la demande et de la défense en réponse). Ils ne doivent pas prouver l’existence des règles de
droit mais apporter des éléments de preuves selon qu’il s’agit d’un fait ou d’un acte juridique. Les
modes de preuve diffèrent selon qu’il s’agit d’un acte ou d’un fait juridique.

A. Le mode de preuve des faits juridiques


Un fait juridique est un événement, volontaire ou non, qui va produire des effets de droit, sans que les
intéressés les aient volontairement recherchés (l’exemple type est l’accident).
En tant qu’événement dont les effets ne sont pas voulus, il peut être prouvé pas tous moyens
(témoignages, présomptions…).

A. Le mode de preuve des actes juridiques


Un acte juridique a pour origine la volonté des parties de créer, transmettre, modifier ou éteindre un
droit ou une obligation. Il a donc pour objectif de produire des effets juridiques. L’exemple type est le
contrat.
Un acte juridique peut en principe être prouvé par tous moyens mais lorsque l’acte porte sur une
somme dépassant 1 500 euros, une preuve écrite est exigée.
Toutefois, dans certains cas, la loi considère que l’absence d’écrit est excusable. La preuve devient
alors libre même pour établir l’existence d’un acte juridique d’une valeur excédant 1 500 euros. Il
s’agit principalement des situations suivantes : l’écrit a été perdu par force majeure, ou il a été
matériellement ou moralement impossible de rédiger l’acte par écrit, ou bien l’acte contesté est un
contrat conclu par un commerçant (acte de commerce si les parties sont des commerçants).

2. La force probante d’un élément de preuve


La charge de la preuve pèse sur les parties au procès. Il appartient à chaque partie de prouver
conformément à la loi les faits nécessaires au succès de ses prétentions. Traditionnellement, il existe
deux types de preuves : les preuves parfaites et les preuves imparfaites.

A. Les preuves parfaites


Les preuves parfaites sont les preuves écrites (et l’aveu judiciaire). Ces dernières lient le juge qui n’a
pas de pouvoir d’appréciation. Il existe :
– L’acte authentique qui est rédigé par un officier ministériel (notaire, huissier). Il est obligatoire
dans certains cas et sa remise en cause est très complexe.
– L’acte sous seing privé : écrit par une personne privée.
Depuis 2000, l’écrit électronique a la même force probante que l’écrit sous format papier.

© Nathan Chapitre 3 Le litige et la preuve / 9


B. Les preuves imparfaites
Les preuves imparfaites (les témoignages et les présomptions judiciaires) laissent au juge la liberté de
les apprécier et de les interpréter afin de se forger son intime conviction.
– Les témoignages : déclarations émanant de tiers non parties au procès.
– Les présomptions judiciaires : déductions qu’un juge tire des faits connus afin d’établir des faits
inconnus.

C. Les présomptions légales


Certaines présomptions légales existent afin de faciliter l’établissement de la preuve par le
demandeur. Ses affirmations sont considérées par défaut comme établies.
– Les présomptions irréfragables empêchent au défendeur d’apporter la preuve contraire.
– Les présomptions simples permettent d’apporter la preuve contraire.
– Les présomptions mixtes permettent d’apporter la preuve contraire mais seulement par des moyens
prévus par la loi.

Ressources numériques
 www.justice.gouv.fr/

Ce site permet de faire découvrir les notions essentielles du thème, notamment le rôle de la
conciliation avec de nombreuses vidéos et ressources interactives.
Exemple : Vidéo : La conciliation, une autre solution que le procès pour mettre fin au conflit – 9’27
min.
www.mediatheque.justice.gouv.fr/direct/1212-8142e4b57596bbf9d9874069cfc7ef7098bff689-
1548348045-direct
 www.legifrance.gouv.fr/

En consultant « La jurisprudence judiciaire », on peut guider les élèves vers un arrêt de la Cour de
cassation et notamment des arrêts sur l’admissibilité de la preuve ou plutôt sur le caractère illicite ou
licite de cette dernière.
 Article de presse, « Réforme de la justice : l’Assemblée vote la fusion des tribunaux
d’instance et de grande instance », Le Monde.fr

www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/06/reforme-de-la-justice-l-assemblee-vote-la-
fusion-des-tribunaux-d-instance-et-de-grande-instance_5393252_1653578.html
Ce n’est pas au programme mais le législateur a décidé de supprimer les tribunaux d’instance, ce qui
va certainement développer la médiation car la justice de proximité est remise en cause. La médiation
va certainement permettre d’éviter des trajets fastidieux aux justiciables.

10 / Thème 2 Comment le droit permet-il de régler un litige ? © Nathan

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