Vous êtes sur la page 1sur 38

UNIVERSITE FELIX HOUPHOUET-BOIGNY

UFRSJAP

LICENCE 2

COURS D’INITIATION A LA PROCEDURE :

PROCEDURE CIVILE

CHARGE DE COURS :
M. ASSI ASSEPO EUGENE
MAÎTRE -ASSISTANT

1
INTRODUCTION

Pour comprendre ce qu’est la procédure civile ou le Droit Judiciaire Privé,


il faut partir de l’idée que le Droit ne peut atteindre son but qui est d’assurer l’ordre
social que dans la mesure où les droits subjectifs (prérogative attribuée à un
individu dans son intérêt lui permettant de jouir d’une chose, d’une valeur ou
d’exiger d’autrui une prestation.
Ex : le droit de propriété ; le droit personnel) dont nous sommes les
titulaires sont effectivement sanctionnés. La sanction existe à l’état de menace.
Dans bien des cas les droits sont respectés spontanément. Cependant, il faut prévoir
l’éventualité où les droits subjectifs seraient contestés et, dans ce cas, la sanction
du droit suppose un recours à la justice. C’est pourquoi la justice est devenue un
service public de l’État ; un service publique organisé et réglementé selon des
principes impératifs qui fixent l’organisation des juridictions ; le statut des
magistrats, leurs compétences et la manière dont les particuliers pourront saisir le
juge en vue d’obtenir un jugement. Cet ensemble de règles constitue ce que l’on
appelle le Droit Judiciaire, lequel d’ailleurs se subdivise à son tour en plusieurs
branches parmi lesquelles il y a le Droit Judiciaire Pénal (Procédure pénale), le
Droit Judiciaire Administratif (contentieux administratif) et enfin on parle plus
spécialement du Droit Judiciaire Privé lorsqu’il s’agit d’obtenir la mise en œuvre
de la sanction des droits subjectifs en matière de Droit Privé. En tenant compte de
ces observations, on peut définir le Droit Judiciaire Privé comme l’ensemble des
règles qui gouvernent l’organisation et le fonctionnement de la justice en vue
d’assurer aux particuliers la mise en œuvre de la sanction de leurs droits subjectifs
en matière de droit privé. De cette définition, on peut relever deux (2) points
importants :
- l’un relatif à l’organisation de la justice.
- l’autre ayant trait au fonctionnement de celle-ci.

Mais il convient de retenir dans le cadre de ce cours, d’une part,


l’organisation de la justice, d’autre part, les notions fondamentales de procédure.

2
PREMIERE PARTIE : L’ORGANISATION DE LA JUSTICE.

Il convient, s’agissant de l’organisation de la justice de présenter d’abord


les principes de l’organisation judiciaire et de la composition des juridictions,
(Chapitre 1) de s’intéresser ensuite à l’organisation juridictionnelle (Chapitre 2)
avant de terminer avec l’étude du personnel judiciaire (Chapitre 3).

CHAPITRE 1 : LES PRINCIPES DE L’ORGANISATION JUDICIAIRE


ET DE LA COMPOSITION DES JURIDICTIONS.

SECTION 1 : LES PRINCIPES DE L’ORGANISATION JUDICIAIRE :


LE PRINCIPE DE LA SEPARATION DES POUVOIRS.

Il faut, ici d’une part examiner la justice dans ses rapports avec le pouvoir
législatif et d’autre part la justice dans ses rapports avec le pouvoir exécutif.

PARAGRAPHE 1 : LA JUSTICE DANS SES RAPPORTS AVEC


LE POUVOIR LEGISLATIF.

La fonction de juger est très différente de la fonction législative. Le


législateur édicte la norme qui, par définition, est une règle générale et abstraite qui
ne vise aucun cas particulier alors que le juge est chargé de faire application de la
règle pour donner une solution à des litiges concrets. Le pouvoir judiciaire ne doit
pas empiéter sur le pouvoir législatif. Le juge est chargé d’interpréter la loi, il ne
peut donc pas participer à son élaboration. Il en découle donc des conséquences
importantes :
- d’une part, il y a interdiction des arrêts de règlements ;
- d’autre part, il y a soumission du juge à la loi.

Sur le premier point, on peut appeler arrêts de règlements des décisions de


justice par lesquelles le juge, à l’occasion d’un cas litigieux qui lui est soumis,
énonce une règle générale qu’il appliquera à l’avenir. En d’autres termes, il édicte
une sorte de « règlement » qui, dépassant le cas d’espèce qu’il doit trancher, prend
une portée générale.

S’agissant de la soumission du juge à la loi, la juridiction ne peut pas


s’opposer à l’application des lois. Cependant, le principe de soumission à la loi peut
soulever des difficultés lorsque le texte, dont le juge doit faire application, est
entaché d’illégalité. Le juge doit-il s’y soumettre ou peut-il l’écarter s’il estime
effectivement que l’illégalité est manifeste ?

3
La réponse à cette question est nuancée car elle varie selon les cas et à cet
égard, trois (3) situations peuvent se présenter :

- le 1er cas est celui où il serait prétendu qu’une loi ordinaire (votée par
l’Assemblée Nationale) est contraire à la Constitution. La Constitution est en effet
supérieure à la loi ordinaire et si celle-ci méconnais ouvertement la Constitution,
elle est bien évidemment entachée d’illégalité, elle est dit-on inconstitutionnelle.
Lorsqu’il en est ainsi, le juge doit, si l’exception d’inconstitutionnalité est soulevée
(voir article 135 de la constitution), surseoir à statuer en attendant que l’organe
spécialement institué pour contrôler la constitutionnalité des lois, c’est-à dire le
Conseil Constitutionnel ait tranché la question.

- le 2è cas est celui où la loi paraît contraire aux dispositions d’un traité
international. L’article 123 de la Constitution énonce en principe que les Traités ou
Accords Internationaux ont une autorité supérieure à celle des lois. Dès lors, toute
loi contraire à un Traité ou Accord International, est illégale. Il entre donc, dans le
pouvoir du juge, de refuser d’appliquer une loi qui serait contraire à un Traité
International.

- Le 3è cas enfin, concerne l’hypothèse où un texte émanant du pouvoir


réglementaire (décret ou arrêté) paraît contraire à la loi. Il existe alors un recours
particulier que l’on appelle le recours par excès de pouvoir. Cependant, ce recours,
ne pouvant être porté que devant le juge administratif, si le problème de la légalité
d’un décret devait être soulevé devant un juge civil, il reviendrait à celui-ci de
surseoir à statuer en attendant que le juge administratif (le conseil d’Etat) ait
tranché la question.

PARAGRAPHE 2 : LA JUSTICE DANS SES RAPPORTS AVEC LE


POUVOIR EXECUTIF.

Il faut ici examiner d’une part, à la séparation des fonctions administratives


et judiciaires et d’autre part à l’indépendance de la justice à l’égard du
gouvernement.

A) Séparation des fonctions administratives et judiciaires.

En principe, le juge n’a pas à intervenir dans l’administration. Il ne lui


appartient pas de donner des ordres à l’administration ou au gouvernement. En
d’autres termes, il n’entre pas dans les pouvoirs du juge, d’adresser des injections
(ordres) à une autorité administrative. L’application de ce principe a cependant
suscité une double difficulté quant à l’exécution des décisions de justice et quant
au contrôle juridictionnel des actes de l’administration.

4
1- L’exécution des décisions de justice : le recours à la force
Publique.

Les décisions de justice doivent être exécutées. Or, il peut arriver


qu’un débiteur condamné, résiste à la décision prise contre lui et s’obstine à
ne pas l’exécuter : par exemple, il refuse de payer la somme d’argent qu’il
doit ou encore, si son expulsion d’un local a été ordonnée, il refuse de quitter
les lieux. Des mesures d’exécution forcée sont mises à la disposition des
créanciers pour obtenir que la condamnation prononcée soit effectivement
exécutée (voir par exemple les saisies). La fonction de juger ne consiste donc
pas seulement à dire le droit, elle implique également un pouvoir de
commandement que l’on appelle l’imperium et qui se traduit concrètement
par l’apposition sur chaque jugement d’une formule dite « formule
exécutoire »,(voir article 259 du c.p.c). Toutefois, dans certaines situations
extrêmes, la résistance opposée par le débiteur récalcitrant est telle qu’il est
nécessaire de requérir le concours de la force publique afin que le derni er
mot revienne à la loi. C’est la raison pour laquelle « la formule exécutoire »
fait injection à l’autorité publique (en pratique à la Police) de « prêter main
forte au requérant ». Ce qui revient à dire que si le commissaire de Justice
chargé de faire exécuter un jugement se heurte à une résistance, il peut, sur
l’ordre du juge, faire appel à « tous commandants et officiers de la force
publique ».

2-Le contrôle juridictionnel des actes de l’administration.

Le Juge ne peut s’immiscer dans l’administration en exerçant un contrôle


sur sa gestion en annulant un acte administratif ou en mettant en cause la
responsabilité des administrateurs.

B) Indépendance de la justice à l’égard du gouvernement.

L’indépendance de la fonction judiciaire se manifeste par un principe


essentiel qui veut que ni le gouvernement ni à plus forte raison les autorités
administratives qui lui sont subordonnées, ne puissent donner un ordre ou exercer
une pression directe ou indirecte sur un juge pour l’inciter à statuer dans un sens
déterminé : le juge statue en conscience et dans le respect de la règle de droit. Tel
est le principe fondamental sans lequel l’indépendance de la justice n’aurait plus
de sens. Toutefois, le plus important n’est pas de poser un principe, mais de le faire
respecter en veillant à ce que le juge soit effectivement à l’abri des sollicitations ou
des menaces du pouvoir exécutif. Cependant, la difficulté vient de ce que, en Côte
d’Ivoire, les juges sont des fonctionnaires qui sont appelés en tant que tels à faire
carrière. Les juges bénéficient d’un statut très particulier destiné à sauvegarder leur
5
indépendance. Mais le déroulement de la carrière d’un juge est marqué de décisions
individuelles le concernant : c’est le gouvernement qui le nomme, qui assure son
avancement, qui l’affecte à une fonction prestigieuse ou qui éventuellement
sanctionne une faute de sa part. Comment parvenir à sauvegarder cette
indépendance du juge qui doit rester imperméable aux promesses alléchantes
comme aux menaces arbitraire du pouvoir exécutif ?

SECTION 2 : LES PRINCIPES GENERAUX RELATIFS A LA


COMPOSITION DES JURIDICTIONS : COLLEGIALITE
OU JUGE UNIQUE ?

En législation, l’on se demande souvent s’il est préférable que les décisions
de justice soient rendues par un juge unique ou par un collège de trois (3) juges
au moins statuant à la majorité c’est-à-dire collégialement. Sur cette question, il
convient de présenter d’abord les éléments de cette controverse avant d’exposer
ensuite la solution du droit positif ivoirien.

PARAGRAPHE 1 : LA CONTROVERSE.

Il faut présenter les arguments en faveur de la collégialité, puis ceux qui


soutiennent le juge unique.

A) Arguments en faveur de la collégialité.

Trois arguments sont généralement avancés pour défendre la collégialité.

1- La collégialité, une justice plus éclairée.

La délibération provoque, en effet, la discussion entre les juges sur la valeur


des moyens invoqués de part et d’autre par les deux (2) plaideurs. Chaque juge
bénéficie ainsi des réflexions de ses collègues.

2- La collégialité, une justice plus impartiale.

Grâce à la collégialité en effet, l’impartialité de chaque est garantie par le


contrôle de ses collègues. De fait, le meilleur des juges réagit avec son propre
tempérament en fonction du milieu social et intellectuel dans lequel il vit ou a
vécu et à cause de cela, il est inconsciemment porteur de certaines attitudes
d’esprit voire de certains préjugés qui risquent de fausser son raisonnement. La
collégialité a alors le mérite de brasser et de neutraliser les préjugés éventuels.

3- La collégialité, garantie de justice plus indépendante.

6
Lorsque la décision est rendue par un collège de juges, au nom de la
juridiction toute entière, l’anonymat sauvegarde l’indépendance de chaque juge,
qui au moment du délibéré, aura le sentiment d’être plus libre de sa décision dans
la mesure où il ne se sentira pas directement exposé à la rancœur du plaideur
condamné.

B) Arguments en faveur du juge unique.

Trois arguments se présentent également pour défendre la thèse du juge


unique.
1-Amélioration de la situation matérielle du juge.

Il a été parfois affirmé que le système du juge unique permettrait


d’améliorer la situation matérielle de chaque juge. Si le même travail était fait par
le même juge au lieu de trois juges, pourquoi ne pas tripler le traitement, c’est-à
dire le salaire du juge ?

2- Développement du sens des responsabilités.

Avec un seul juge, la décision sort de son anonymat. On sait qui l’a rendu
et l’on peut alors raisonnablement penser que le juge qui en est le signataire,
veillera plus attentivement à ce qu’elle soit irréprochable.

3- Réduction de la « masse contentieuse ».

Le dernier argument en faveur du juge unique est la nécessité de faire face


à l’augmentation considérable de la « masse contentieuse », c’est - à dire du volume
sans cesse croissant des affaires à juger.

PARAGRAPHE 2 : LA SOLUTION DU DROIT POSITIF IVOIRIEN.

Les Droits Judiciaires Privés des États africains, dans le souci de simplifier
l’administration de la justice, ont largement utilisé le système du juge unique. Telle
était justement la solution qui a existé en Côte d’Ivoire jusqu’à l’intervention de la
loi n97-399 du 11 juillet 1997. Selon les dispositions de l’article 35 nouveau de
cette loi, les jugements des Tribunaux de Première Instance sont rendus par des
magistrats délibérant en nombre impair (3 magistrats au moins) assistés du greffier
et en présence du ministère public. Les sections détachées siègent généralement
avec un seul juge. Toutefois, elles siègent en formation collégiale de trois
magistrats au moins dans les cas suivants :

-1er cas : en matière civile,(commerciale et administrative), lorsque


l’intérêt du litige excède 50 millions de Francs.
7
-2è cas : en matière de faillite et de liquidation judiciaire
(procédures actuellement remplacées dans le cadre de l’OHADA par le règlement
préventif, le redressement judiciaire et la liquidation des biens).

-3è cas : en matière délictuelle et obligatoirement en présence du


ministère public :
*lorsque l’intérêt du litige excède 50 millions de Francs.

*lorsqu’il s’agit d’infractions contre la sûreté de l’État, la défense


nationale, la sécurité publique ainsi que de celles passibles de la peine de mort
(peine supprimée par la Constitution de 2000 ; on doit alors, logiquement, la
remplacer par l’emprisonnement à perpétuité).

8
CHAPITRE 2 : L’ORGANISATION JURIDICTIONNELLE.

L’organisation juridictionnelle comporte l’ensemble des organes ayant


pour fonction de trancher les litiges. Ce sont les juridictions. On appelle juridictions
les organes chargés de trancher les litiges au moyen d’une décision à laquelle dans
un sens très large, on donne le nom de jugement. Le mot « juridiction » est un terme
générique. En réalité, chaque type de juridiction porte un nom particulier.

D’abord, le mot « tribunal » est très souvent utilisé (tribunal de première


instance, tribunal pour enfants, tribunal du travail, tribunal de commerce). Ce
terme, très couramment employé dans le Droit Judiciaire Privé, est réservé en
général aux juridictions du 1er degré.

Ensuite, certaines juridictions s’appellent des « cours » (cour d’appel,


cour d’assises, cour suprême, cour de cassation, cour des comptes). Ce mot désigne
les juridictions d’un rang élevé dans la hiérarchie.

Enfin, le terme « conseil » est également employé (Conseil


constitutionnel, Conseil d’état). L’ensemble de ces juridictions se présente à la
manière d’une pyramide qui aurait à son sommet la Cour suprême (Cour de
cassation), laquelle est, comme son nom l’indique, la juridiction suprême dont la
mission fondamentale est d’uniformiser l’interprétation de la règle de droit. Parmi
les juridictions, ainsi soumises au contrôle de la juridiction suprême, on peut établir
une distinction entre les juridictions du 1er degré et les juridictions du 2nd degré.

SECTION 1 : LES JURIDICTIONS DU 1er DEGRE.

Une distinction doit être encore faite ici entre les juridictions de droit
commun et les juridictions d’exception. A cet égard il faut noter que certaines
juridictions ont une compétence de principe pour connaître de tous les litiges sans
qu’il soit besoin d’une loi spéciale pour les investir du pouvoir de juger telle ou
telle affaire. Ce sont les juridictions de droit commun. On peut dire par exemple
que les Tribunaux de Première Instance et leurs sections détachées sont des
juridictions de droit commun car elles sont compétentes pour juger de tous les
litiges aussi longtemps qu’un texte particulier ne leur à pas retiré la connaissance
de telle ou telle catégorie d’affaires déterminées.

En revanche, d’autres juridictions ne connaissent que de certaines


affaires limitativement énumérées pour lesquelles un texte spécial leur a
expressément reconnu compétence. On les appelle les juridictions d’exception car
leur compétence a un caractère exceptionnel et en quelque sorte dérogatoire au droit
commun. Ainsi par exemple, le tribunal de commerce est une juridiction
9
d’exception car sa compétence se limite aux seules affaires commerciales prévues
par le texte qui institue cette juridiction.

PARAGRAPHE 1 : LES JURIDICTIONS DE DROIT COMMUN : LES


TRIBUNAUX DE 1ERE INSTANCE.

La juridiction de droit commun est le Tribunal de Première Instance qui


connaît les affaires civiles, administratives et fiscales.

Il faut s’intéresser à l’organisation du tribunal de première instance (A), à


son fonctionnement (B) ainsi qu’à sa compétence (C).

A) L’organisation du tribunal de 1ère instance.

Le nombre des tribunaux de première instance est fixé par décret. Il existe
actuellement 09 tribunaux de première instance : Abidjan-Plateau, Yopougon,
Gagnoa, Man, Bouaflé, Abengourou, Korhogo, Bouaké, Daloa. Le tribunal de
première instance comporte un Ministère public ou parquet. Le parquet du tribunal
de première instance comprend un procureur de la république, un ou plusieurs
procureurs adjoints et un ou plusieurs substituts. Le tribunal de 1 ère instance
comprend un président ; un ou plusieurs vice-présidents, un ou plusieurs juges
d’instruction et des juges. Ces différents magistrats sont assistés par des Greffiers.
Les tribunaux de 1ère instance sont généralement organisés en chambres ou en
sections.

Les chambres ont une compétence spéciale, notamment civile. Les sections
ont une compétence générale dans le cadre d’une circonscription territoriale fixée
par décret : on parle de sections de tribunaux. Ainsi par exemple, le tribunal
d’Adzopé est une section détachée du tribunal de première instance d’Abidjan-
Plateau. Le tribunal de Bouna est une section détachée du tribunal de 1 ère instance
d’Abengourou.

B) Le fonctionnement du tribunal de 1ère Instance.

Le tribunal se compose de formation ayant une fonction juridictionnelle et


de formation purement administrative.

1- Les formations juridictionnelles.

Généralement, le tribunal se réunit et exerce la fonction juridictionnelle en


audience publique : les débats, mais aussi le prononcé du jugement doit avoir lieu
en audience publique. Toutefois, certaines affaires sont tranchées en chambre du
10
conseil ; ainsi les débats ont lieu en dehors de toute publicité afin de sauvegarder
l’intimité de vie privée. C’est le cas en matière de divorce et de recherche de
paternité. Les formations juridictionnelles sont, depuis la réforme de 1997,
collégiales. Néanmoins, les affaires autres que celles visées par l’article 35 nouveau
de la loi précitée de 1997 sont traitées à juge unique par la section détachée du
tribunal.

2- Les formations administratives.

Ces formations sont des assemblées générales. On appelle assemblée


générale, la réunion de tous les membres du tribunal. Les assemblées générales
n’ont aucun pouvoir juridictionnel, par conséquent aucun jugement n’y est rendu.

C) La compétence du tribunal.

Il faut, en cette matière, distinguer la compétence du tribunal de celle de


son président qui dispose d’attributions spécifiques.

1- La compétence du tribunal lui-même.

Les tribunaux de 1ère instance et leurs sections détachées connaissent de


toutes les affaires civiles, commerciales administratives et fiscales pour lesquelles
compétence, n’est pas attribuée expressément à une autre juridiction en raison de
la nature de l’affaire. Ces juridictions statuent :
- en toutes matières et en premier ressort sur toutes les demandes
dont l’intérêt du litige est supérieur à 500 000 FCFA ou est indéterminé, ainsi que
sur celles relatives à l’état des personnes, celles mettant en cause une personne
publique et celles statuant sur la compétence.

- en matière civile (et commerciale), en 1er et dernier ressort sur


toutes les demandes dont l’intérêt du litige n’excède pas 500 000 F CFA.

2- La compétence du président du tribunal.

Le Président du tribunal est investi de trois fonctions particulières :

D’abord, il est chargé de fonctions administratives.

Ensuite, il exerce des fonctions extrajudiciaires : il surveille les actes d’état


civil.

Enfin, il exerce surtout des fonctions juridictionnelles : il a un pouvoir


juridictionnel différent de celui du Tribunal. A cet égard, il rend deux types
11
d’ordonnances. Il s’agit d’une part des ordonnances sur requête lorsque le Président
prend une décision à la requête d’une partie, sans qu’il y ait de débat contradictoire
(ex : autorisation de procéder à une saisie, rectification d’un acte de l’état civil). Il
s’agit d’autre part des ordonnances de référé, lorsqu’il y a nécessité de prendre
immédiatement une mesure provisoire après débat contradictoire des plaideurs.
C’est le cas lorsqu’il y a urgence ou lorsqu’une partie subit un trouble
manifestement illicite. Il est en ainsi par exemple en cas de modification de la garde
d’un enfant en danger. Le Président du Tribunal saisi, rend une ordonnance de
référé ayant un caractère provisoire, en ce sens qu’il ne préjuge de la solution qui
sera donnée ultérieurement par le Tribunal. Cela permet néanmoins de faire face
au plus pressé.

PARAGRAPHE 2 : LES JURIDICTIONS D’EXCEPTION.

Le droit ivoirien connaît une juridiction d’exception à proprement parler :


il s’agit du tribunal de commerce et une juridiction assimilée à une juridiction
d’exception : c’est le tribunal du travail.

A) Le tribunal du travail.

Le tribunal du travail est une juridiction assimilée à la juridiction


d’exception car il s’agit d’une juridiction spécialisée à raison de la nature de
l’affaire à connaître. Ainsi, ce tribunal est spécialisé car selon les dispositions du
code du travail, les tribunaux du travail connaissent des différends individuels
pouvant s’élever à l’occasion du contrat de travail ou d’apprentissage y compris les
accidents du travail et les maladies professionnelles entre les travailleurs ou
apprentis et leurs employeurs ou maîtres. Ces tribunaux ont également qualité pour
se prononcer sur tous les différends individuels relatifs à la validité et l’exécution
des conventions collectives et règlements en tenant lieu. Leur compétence s’étend
aussi aux litiges entre les travailleurs ou apprentis à l’occasion du contrat de travail
ou d’apprentissage. Le tribunal compétent est, selon le code du travail, celui du lieu
de travail. Toutefois, pour les litiges nés de la résiliation du contrat du travail et
nonobstant toute attribution conventionnelle de juridiction, le travailleur a le choix
entre le tribunal de sa résidence et celui du lieu du travail. Les tribunaux du travail
sont constitués (et c’est en cela que le tribunal du travail est une juridiction
spécialisée) par une chambre spéciale des tribunaux de 1ère Instance. Cependant,
lorsque l’importance du marché l’exige, il peut être créé auprès des sections
détachées des tribunaux du travail. La chambre spéciale est composée :
-du Président du tribunal de 1ère instance ou de la section
détachée ou d’un magistrat désigné par lui, président.
-d’un assesseur employeur et d’un assesseur travailleur.

12
Cette composition correspond au système de l’échevinage. Pour chaque
affaire, le Président désigne autant que possible les assesseurs employeurs et
travailleurs appartenant à la catégorie professionnelle intéressée.

B) Le tribunal de commerce.

Il a été institué en Côte d’Ivoire par la décision présidentielle n°001/PR


du 11 janvier 2012 abrogée par la loi organique n° 2016-1110 du 08 décembre
2016, des tribunaux de commerce. Les tribunaux de commerce connaissent :
-des contestations relatives aux engagements et transactions entre
commerçants, au sens de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général.
-des contestations entre associés d’une société commerciale ou d’un
groupement d’intérêt économique.
-des contestations entre toutes personnes relatives aux actes de
commerce au sens de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général.
Toutefois, dans les actes mixtes, la partie non-commerçante, demanderesse, peut
saisir les Tribunaux de droit commun.
-des procédures collectives d’apurement du passif.
-plus généralement, des contestations relatives aux actes de
commerce, accomplis par les commerçants à l’occasion de leur commerce et de
l’ensemble de leurs contestations commerciales comportant même un objet civil.
-des contestations et oppositions relatives aux décisions prises par
les juridictions de commerce.

Les tribunaux de commerce statuent :


-en 1er ressort sur toutes les demandes dont l’intérêt du litige est
supérieur à 25 millions de F CFA ou est indéterminé.
-en premier et en dernier ressort sur toutes les demandes dont
l’intérêt du litige n’excède pas 25 millions de F CFA.

Les jugements des tribunaux de commerce sont rendus par des juges
délibérant en nombre impair et assistés d’un greffier. Toutefois, le nombre de juges
professionnels ne peut être supérieur à celui des juges consulaires. Les jugements
sont toujours rendus par trois juges au moins à raison d’un juge professionnel,
Président et de deux juges consulaires, assesseurs : ce qui correspond là encore au
système de l’échevinage. Les tribunaux de commerce comprennent des juges
professionnels appelés juges et des juges non professionnels appelés juges
consulaires (la chambre de commerce et d’industrie établit périodiquement une
liste d’aptitudes aux fonctions de juge consulaire choisis parmi des opérateurs
économiques et de juge consulaire suppléant). La tentative de règlement amiable
depuis la loi organique du 08 décembre 2016 est obligatoire avant toute saisine du
tribunal de commerce, et se tient entre les parties elle même ou avec l’intervention
d’un tiers dans le cadre d’une médiation ou d’un conciliation. Par ailleurs la loi
13
dispose que, si les parties n’ont entrepris aucune dirigeante en vue de parvenir à un
règlement amiable le tribunal déclare l’action irrecevable.

Pour l’instant, seul le tribunal de commerce d’Abidjan a été installé. Le


ressort territorial de ce tribunal se confond à ceux des tribunaux de 1 ère instance
d’Abidjan-Plateau et de Yopougon. Il faut préciser qu’aux termes de l’article 58 de
la loi précitée du 08 décembre 2016, jusqu’à la mise en place effective des
juridictions de commerce dans leur ressort territorial, les tribunaux de droit
commun conservent leur compétence en matière commerciale. Les procédures en
cours demeurent de la compétence des juridictions anciennes qui en avaient
été saisies.

SECTION 2 : LES JURIDICTIONS DU SECOND DEGRE : LA COUR


D’APPEL.

Il convient de s’arrêter sur l’organisation de la cour d’appel ainsi que sur sa


compétence.

PARAGARAPHE 1 : L’ORGANISATION DE LA COUR D’APPEL.

Il existe quatre cours d’appel en Côte d’Ivoire (Abidjan, Bouaké, Daloa,


cour d’appel ordinaire et la cour d’appel de commerce d’Abidjan). Dirigé par le
Premier Président, la cour d’appel est divisée en chambres (dont la chambre
commerciale spéciale de la cour). Chacune d’elles comprenant un président et deux
conseillers : la cour d’appel apparaît comme une formation collégiale. Il existe un
ministère public auprès de la cour d’appel. Le ministère public est représenté par
un procureur général assisté d’avocats généraux et de substituts généraux. Au
niveau de chaque cour d’appel, on trouve un greffier en chef et des greffiers.

PARAGRAPHE 2 : LA COMPETENCE DE LA COUR D’APPEL.

La cour d’appel est une juridiction de droit commun du 2 nd degré et à ce


titre, elle doit examiner et rejuger l’affaire qui lui est soumise, c’est-à dire analyser
les faits de l’espèce et les questions de droit. Elle statue sur le fond du litige.

A cet égard, il faut rappeler le principe du double degré de juridiction :


toutes les juridictions ne sont pas placées au même degré hiérarchique. Certaines
sont appelées juridictions du 1er degré parce qu’elles connaissent des affaires pour
la première fois, en 1ère instance dit-on. Ainsi, en est-il des juridictions comme, par
exemple, le tribunal de 1ère instance, la section détachée du tribunal ou encore le
tribunal de commerce. D’autres au contraire sont placées au rang supérieur ; c’est
le cas des cours d’appel. On les appelle alors les juridictions du 2nd degré parce que
leur rôle est précisément de juger la même affaire une seconde fois et, au besoin,
14
de réformer, au 2nd degré, ce qui a été jugé au 1er degré. Tel est le principe dit du
« double degré de juridiction » qui se manifeste concrètement par la faculté
d’interjeter appel contre le jugement rendu par une juridiction du 1er degré en
portant l’affaire devant la juridiction supérieure du 2nd degré. Par ex : Le plaideur
condamné par un tribunal de 1ère Instance peut former appel en saisissant la
cour d’appel. Ce principe est une garantie fondamentale de bonne justice. Le
principe d’un recours à une juridiction hiérarchiquement supérieure a pour
fondement le souci de rendre une meilleure justice. Les juges peuvent se tromper
et compte tenu de la gravité des décisions qui peuvent être prononcées, il est bon
qu’un second juge d’un rang plus élevé puisse éventuellement rectifier les erreurs
du premier.

La cour d’appel se réunit en audience publique ou en Chambre du Conseil.


Pour apprécier la compétence de la cour d’appel, il faut distinguer la compétence
en matière civile de celle qui a cours en matière pénale.

A) La compétence en matière civile.

La cour d’appel juge tous les appels interjetés contre les décisions rendues
par les juridictions de 1ère instance. Néanmoins les petits litiges, c’est-à dire ceux
d’un montant peu élevé, sont privés d’appel et ne sont jugés que par les tribunaux
de 1ère instance ou par les sections détachées en premier et dernier ressort.
Autrement dit, au regard du montant de l’affaire, la voie de l’appel peut être fermée.
Il en est aussi lorsque le montant du litige est inférieur ou égal à 500 000 FCFA (en
matière commerciale, donc en principe devant le tribunal de commerce, le montant
du litige doit être inférieur ou égal à 25 millions F CFA). Bien entendu, lorsque la
demande en justice porte sur un montant indéterminé, l’appel est toujours possible.
Il en est ainsi également pour les affaires relatives à l’état des personnes, celles
mettant en cause une personne publique et celles statuant sur la compétence.

B) La compétence en matière pénale.

La cour d’appel est également compétente au 2nd degré pour examiner les
affaires pénales tant au stade de l’instruction qu’au niveau du jugement.

1- L’instruction.

Elle est confiée à une chambre spécialisée de la Cour d’Appel appelée


Chambre d’Instruction qui exerce une double fonction :

-d’une part, elle est juridiction d’appel des ordonnances émanant du


Juge d’Instruction.

15
-d’autre part, elle est juridiction d’instruction au 2nd degré des
affaires criminelles instruites par le Juge d’Instruction.
2- Le jugement.

Trois chambres sont compétentes pour les affaires pénales :

-la chambre criminelle pour statuer sur les appels interjetés contre
les jugements rendus par le tribunal criminel.

-la chambre criminelle spéciale pour statuer sur les appels des
jugements rendus par le tribunal criminel pour mineur.

-la chambre des appels correctionnels pour statuer sur les décisions
rendues par le tribunal correctionnel et les appels des jugements du juge des enfants
et du tribunal pour enfant.

Pour terminer, on retiendra que la cour d’appel qui concrétise la règle du


double degré de juridiction, rend des décisions appelées arrêts contre lesquelles
peuvent être formés des recours en cassation encore appelés pourvois en cassation
devant la Cour suprême (Cour de cassation) ou devant la Cour Commune de Justice
et d’Arbitrage de l’OHADA (CCJA).

SECTION3:LESINSTITUTIONSJURIDICTIONNELLES
REPRESENTATIVE DU POUVOIR JUDICIAIRE .

Au thème de l’article 144 nouveau de la constitution «La cour de


cassation, le conseil d’Etat et la cour des comptes sont les institutions
juridictionnelles représentatives du pouvoir judiciaire». Il faut distinguer à cet
égard, d’une part la cour de cassation et le conseil d’Etat (paragraphe 1) et la cour
des comptes, d’autre part (paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : LA COUR DE CASSATION ET LE CONSEIL D’ETAT.

Selon les dispositions de l’article 147 de la constitution


«La cour de cassation veille à l’application de la loi par les juridictions de
l’ordre judiciaire.
Le conseil d’Etat veille à l’application de la loi par les juridictions de
l’ordre administratif».

Selon les disposition de l’article 148 de la constitution dispose


«La cour de cassation est la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire.
Elle statue souverainement sur les recours en cassation contre les décisions rendues
en dernier ressort par les Cours et tribunaux de l’ordre judiciaire».
16
Au terme de l’article 149 de la constitution dispose
« Le conseil d’Etat est la plus haute juridiction de l’ordre administratif. Il
statue souverainement sur les décisions rendues en dernier ressort par les tribunaux
administratifs et par les juridictions administratives spécialisées en matière de
contentieux administratif.
Le conseil d’Etat connaît en premier et en dernier ressort des recours en
annulation des actes des autorités administratives centrales et des organismes ayant
une compétence nationale.
Il exerce en outre une fonction consultative. A ce titre, il peut être sollicité
par le président de la république, pour avis, sur toute question de nature
administrative».

L’article 150 de la constitution dispose par ailleurs


« Le président de la cour de cassation et le président du Conseil d’Etat
sont nommés par le président de la République pour une durée de cinq ans
renouvelable une fois parmi les personnels reconnues pour leur compétence et leur
expertise avérées en matière juridique».

SECTION I : LA COUR DE CASSATION

Le ressort de la cour de cassation s’étant à tout le territoire de la


république, le siège de la cour de cassation est situé à Abidjan. La cour de cassation
peut siéger en tout autre lieu du territoire national si les circonstances l’exigent.

Le rôle de la cour de cassation


Le rôle d’une cour de cassation consiste à contrôler la rectitude juridique,
des jugements et surtout des arrêts rendues en dernier ressort par les tribunaux et
les cours d’appel. L’idée, qui a présidé à la création de la cour de cassation est
d’unifier l’interprétation et/ou l’application de la règle de droit. Sa vocation est
d’être une cour régulatrice afin qu’une règle de droit soient interprétées et
appliquées de la même façon dans toutes les juridictions du pays. La cour se
prononce sur la légalité de la décision rendue par les premiers juges. On dit que «
la cour de cassation juge les arrêts et non les affaires ». C’est là toute la différence
entre le pouvoir et l’appel qui ouvre au second degré un débat à la fois sur les faits
et le droit. Le pouvoir a pour unique objet de censurer la conformité du jugement
ou de l’arrêt avec la règle de droit.

La compétence de la cour de cassation


Concernant la cour de cassation anciennement appelé (Cour suprême) ivoirienne
, son rôle vient encore d’évoluer et l’on est revenue à sa fonction traditionnelle.
En effet, selon les dispositions de l’article 53 al 2 de la loi n°2020-967 du 17
décembre 2020, déterminant les attributions, l’organisation la composition et
17
fonctionnement de la cour de cassation : « La cour de cassation ne connaît pas du
font des affaires, comme disposition législative contraire » c’est la suppression du
droit d’évocation qui était reconnu à la défunte cour suprême.

PARAGRAPHE 2: LA COUR DES COMPTES

La cour des comptes est selon les dispositions l’article 152 de la constitution :

« L’institution suprême de contrôle des finances publiques.


Elle a des attributions juridictionnelles, de contrôle et de consultation.
La cour des comptes contrôle la gestion des comptes des services de l’État, des
Établissement publics nationaux, des collectivités territoriales, des Autorités
administratives indépendantes et de tout organisme bénéficiant du concours
financier de l’État ou d’une autre personne morale de droit public ainsi que de
tout organisme bénéficiant du concours financier des entreprises publiques et de
leurs filiales ».

Selon les dispositions de l’article 153 de la constitution:


« Le président de la cour des comptes est nommé par le Président de la
République pour une durée de cinq ans renouvelable une fois parmi les
personnalités reconnues pour leur compétence et leur expertise avérées en matière
d’économie, de gestion, de comptabilité ou de finances publiques».

NB: La cour suprême a été totalement disparue en Mars 2020 par la mise
en place de trois (03) nouvelles juridictions suprêmes.
- La cour de cassation qui est la juridiction suprême dans l’ordre
judiciaire.
- Le conseil d’Etat qui est la juridiction suprême en matière
administrative.
- La cour des comptes qui est la juridiction suprême de contrôle des
finances publiques.

Cependant, cette idée est quelque peu remise en cause par l’article 28
nouveau de la loi n° 97-243 du 17 décembre 2020 complétant et modifiant la loi n°
94-440 du 16 août 1994 déterminant la composition, l’organisation, les attributions
et le fonctionnement de la Cour de cassation qui dispose que « en cas de cassation,
la chambre judiciaire évoque l’affaire dont elle est saisie ». L’évocation se définit
comme la possibilité de se réserver une cause c'est-à-dire une affaire qui devait être
examinée par une juridiction inférieure. Autrement dit, saisi du pourvoi formé
contre un arrêt ou un jugement, la Cour va s’emparer de toute l’affaire et statuer
sur le tout c'est-à-dire sur le moyen du pourvoi et sur le fond du procès par une
seule et même décision. Ainsi, désormais, le déroulement de la procédure devant
18
la Cour suprême se présente de la façon suivante : lorsque la Cour suprême est
saisie d’un pourvoi, sa mission consiste à contrôler la décision contestée. Elle a le
choix entre deux (2) solutions :
-Si la Cour estime que les premiers juges n’ont commis aucune
erreur de droit, qu’ils ont interprété et appliqué correctement la règle juridique, elle
va alors rejeter le pourvoi, elle rend un arrêt de rejet. La décision attaquée devient
alors irrévocable : « la chose jugée a force de vérité légale. ». L’affaire est
définitivement terminée.

-Si au contraire, la Cour constate une erreur d’interprétation, elle


casse la décision contestée ou attaquée, c'est-à-dire qu’elle l’anéantit ou encore elle
l’annule. C’est à ce niveau qu’est intervenu le changement notable opéré par la loi
précitée. En effet, avant l’intervention de cette loi, après la cassation, la Cour
suprême renvoyait l’affaire devant une juridiction de même degré et de même
nature que celle dont la décision vient d’être cassée. Actuellement, après la
cassation, la Cour Suprême doit évoquer, c'est-à-dire qu’elle va attraire à elle le
fond du litige et va donner à l’affaire une solution définitive. Cependant, l’alinéa 3
du nouvel article 28 indique que si après cassation d’un arrêt ou d’un jugement
rendu en dernier ressort, l’arrêt de cassation est attaqué par les mêmes parties
procédant en la même qualité avec les mêmes moyens, le président de la Cour
suprême saisit par ordonnance de renvoi avec indication de la date d’audience, la
chambre judiciaire qui statue toutes formations réunies. Les formations réunies de
la chambre judiciaire statuent alors, sans possibilité de renvoi, précise le dernier
alinéa de l’article 28.

Par ailleurs, il faut relever que la cassation avec renvoi n’est pas
totalement supprimée puisque l’article 28 de la loi précitée dispose en son alinéa 2
que le renvoi est obligatoire :
- en cas de cassation pour incompétence : dans ce cas, la chambre
judiciaire renvoie l’affaire devant la juridiction compétente.

- en cas de cassation d’une décision intervenue sur l’action


publique : dans cette hypothèse, la Chambre judiciaire renvoie l’affaire devant une
autre juridiction de même nature expressément désignée ou devant la même
juridiction autrement composée.

19
CHAPITRE 3 : LE PERSONNEL JUDICIAIRE : LES GENS DE JUSTICE.

Pour que les juridictions puissent effectivement fonctionner et que la


justice soit rendue, un personnel abondant et varié est indispensable. Il est appelé
très généralement « le personnel judiciaire ». Ce sont les gens de justice. Ils se
répartissent en deux catégories bien distinctes. Il y a d’un côté les membres des
juridictions et de l’autre les partenaires des juridictions.

SECTION 1 : LES MEMBRES DES JURIDICTIONS.

Parmi ces membres, il y a d’une part les magistrats, d’autre part les
greffiers.

PARAGRAPHE 1 : MAGISTRATS ET JUGES.

Le juge est celui qui dit le droit, c’est-à dire celui qui est chargé de la
fonction de rendre « les jugements ».

Le magistrat désigne celui qui dispose d’un pouvoir qui n’est pas forcément
celui de juger. Le mot magistrat est très largement utilisé pour deux raisons :
- D’abord, parce qu’il y a en réalité deux catégories de magistrats.
Ceux qui jugent (magistrats du siège, membres de la magistrature assise) et ceux
dont le rôle est non point de juger, mais de parler au nom du ministère public
(magistrats du parquet, membres de la magistrature debout). Le mot juge pour les
désigner tous seraient donc juridiquement et techniquement inexact, alors que le
terme « magistrat » permet de désigner indifféremment les uns et les autres.

- A cette première raison s’ajoute ensuite une seconde. Tous aussi


bien les magistrats du parquet que ceux du siège font partie d’un même corps que
l’on appelle habituellement la magistrature.

20
A) Le recrutement.

L’exercice de la fonction judiciaire exige de nombreuses qualités très


diverses (des connaissances techniques pratiques, la connaissance des hommes, des
qualités de sagesse, d’indépendance, de bon sens et d’intégrité). La mise en place
d’un système idéal de recrutement permettant de déceler autant d’aptitudes n’est
pas chose facile. En Côte d’Ivoire, le recrutement se fait par voie de concours ou
sur titre.

B) Les garanties d’indépendance.

Le juge doit bénéficier d’une totale indépendance à l’égard de tous et


spécialement à l’égard du pouvoir exécutif. Lorsque les juges sont élus, ils tirent
de leur élection le principe même de leur indépendance. Le problème est en
revanche différent comme de lorsqu’il s’agit de juges de carrière qui sont intégrés
à la fonction publique et ont un statut de fonctionnaire. Les garanties
d’indépendance résultent du principe d’inamovibilité. Cependant, la portée
pratique de ce principe, qui d’ailleurs n’est pas d’application générale, est
indirectement commandée par les règles légales concernant l’avancement et la
discipline.

PARAGRAPHE 2 : LES GREFFIERS.

Le greffier est membre de la juridiction dans laquelle il est affecté.


L’ensemble des greffiers se trouve placé sous l’autorité d’un greffier en chef de
la juridiction. Il peut être aussi affecté dans les secrétariats des juridictions ou au
ministère de la justice. En principe, c’est au greffier en chef qu’il appartient de
tenir la plume à l’audience (c’est lui qui note lorsque le juge parle). En outre, il
conserve les minutes des jugements, arrêts et ordonnances et en délivre, le cas
échéant, des extraits ou des expéditions (l’expédition est une copie authentique
d’un acte judiciaire ou notarié. La minute, c’est l’écrit original d’un jugement ou
des actes notariés qui restent en dépôt ou aux mains d’un officier public et dont il
ne peut être délivré aux intéressés que des copies ou des extraits). C’est au greffe
que sont déposés les doubles des registres d’état civil et que se tient le registre de
commerce et du crédit mobilier.

SECTION 2 : LES PARTENAIRES DES JURIDICTIONS :


LES AUXILIAIRES DE JUSTICE.

21
Les auxiliaires de justice sont des personnes qui, sans être investis par l’Etat
de la fonction de juger sont appelés à participer à l’administration de la justice en
apportant leur concours aux parties et parfois au juge. Les auxiliaires de justice sont
donc de simples particuliers qui n’ont aucun lien de dépendance avec l’Etat. On
peut les classer en deux groupes : d’une part, il y a les avocats et d’autre part il y a
les autres auxiliaires de justice.

PARAGRAPHE 1 : LES AVOCATS.

L’avocat a toujours été perçu par le peuple comme étant « l’homme de la


parole » qui plaide à la barre pour la défense des intérêts de son client. Cette image
n’est pas totalement fausse. Cependant, elle est incomplète. L’avocat est, en effet,
aussi un homme de cabinet qui reçoit ses clients, leur donne des consultations,
négocie des contrats, étudie les dossiers dont il a la charge et prépare la procédure
au nom et pour le compte de son client. Les avocats sont les praticiens du droit qui
se trouvent le plus étroitement mêlés aux activités des tribunaux.

A) Le statut de la profession d’avocat.

La profession d’avocat est une profession libérale et indépendante


constituée en ordre ou barreaux. Chaque ordre ou barreau constitue une personne
morale ayant son patrimoine et ses organes propres. S’agissant des organes du
barreau, il faut citer l’Assemblée Générale qui est la réunion de tous les avocats
inscrits au tableau. Il y a en plus le Conseil de l’Ordre qui est élu pour 2 ans qui
veille à la protection des droits des avocats et qui, par la même occasion, joue le
rôle d’une juridiction disciplinaire. A la tête de l’ordre, il y a le bâtonnier. Il est élu
pour deux 2 ans. Il préside le Conseil de l’Ordre et dispose d’importants pouvoirs
en matière disciplinaire.

1- Les conditions d’accès à la profession.

Pour accéder à la profession d’avocat, il faut être titulaire de la maîtrise en


droit (master), de nationalité ivoirienne, réussir au Certificat d’Aptitude à la
Profession d’Avocat (CAPA). Il faut ensuite prêter serment et faire un stage de 2
ans dans un cabinet d’avocat. Par ailleurs, les anciens magistrats, après quelques
années, les agrégés en droit, les maîtres assistants et chargés de cours ainsi que les
docteurs en droit après 5 ans d’enseignement peuvent accéder directement à la
profession.

2- Droits et obligations de l’avocat.

Il pèse sur l’avocat des obligations morales de probité et de loyauté. Le


souci de sauvegarder l’indépendance de l’avocat, de même que le souci de lui
22
permettre l’exercice correct et digne de sa profession implique des obligations et
des droits particuliers. Il y a notamment :
-le secret professionnel.
-l’immunité de la parole et de l’écrit.
-l’inviolabilité du Cabinet : on ne peut ordonner des perquisitions
à l’intérieur du Cabinet sauf en cas d’acte frauduleux de l’avocat et, d’ailleurs, cela
ne peut et ne doit se faire qu’en présence du bâtonnier.
-l’inviolabilité de la correspondance entre l’avocat et son client.

B) Les fonctions de l’avocat.

En tant qu’auxiliaire de la justice, la mission principale de l’avocat est de


contribuer à la recherche de la vérité. Il doit également assurer la défense de son
client. On peut retenir que sur le plan judiciaire, le rôle de l’avocat est double : il
représente et il assiste.

1- L’avocat représente son client.

Les avocats ont la charge de représenter leurs clients. L’étendue du pouvoir


de représentation doit être précisée. A cet égard, il faut relever d’abord que l’avocat
est mandataire ad litem : c’est-à dire qu’il a le pouvoir d’accomplir, au nom et pour
le compte de son client, tous les actes nécessaires et de prendre les conclusions qui
s’imposent. Il en résulte alors que le plaideur va se trouver engagé par tous les actes
et paroles de son avocat. Ensuite, le mandat de l’avocat est tacite. Autrement dit, il
n’a pas besoin de produire une procuration. Il est en effet présumé avoir reçu
mandat de la part de son client. Enfin, le mandat de l’avocat est général. Cela
signifie que l’avocat a compétence pour accomplir tous les actes requis par la
procédure depuis la demande en justice jusqu’au jugement.

2- L’avocat assiste son client.

L’avocat assiste les parties, les conseille, plaident pour elles. Il s’agit là du
rôle essentiel et traditionnel, de l’avocat. Il assure la défense des parties en plaidant,
c’est-à-dire développant oralement à la barre du tribunal leurs argumentations.
Devant les juridictions de droit commun, l’avocat a le monopole de la plaidoirie.
Cependant, une partie peut assurer sa propre défense. Devant certaines juridictions
d’exception ou réputées telles, les plaideurs peuvent se faire assister par les
personnes qui n’ont pas la qualité d’avocat. C’est ainsi par exemple que devant le
tribunal du travail, on peut faire appel à un délégué syndical.

PARAGRAPHE 2 : LES AUTRES AUXILIAIRES DE LA JUSTICE.

23
Parmi ceux-ci, certains ont la qualité d’officiers ministériels et d’officiers
publics.

A) Les officiers ministériels ayant la qualité d’officiers publics.

Les officiers ministériels ont le monopole d’une profession dont ils ne


peuvent refuser l’exercice à ceux qui le leur demandent. Entrent dans cette
catégorie les huissiers de justice et les notaires. Il y a des règles communes à ces
officiers ministériels. En effet, il appartient aux pouvoirs publics de nommer et
éventuellement de destituer tel ou tel officier ministériel. En fait, les charges
d’huissier ou de notaire sont dévolues à l’Etat qui nomme certaines personnes
remplissant des conditions préétablies.

1- Les huissiers de justice.

Ils sont chargés de l’accomplissement des actes publics. Les huissiers ont
le monopole de la signification, c’est-à dire de la notification des actes judiciaires
ou extrajudiciaires. Ils sont rétribués (payés) en fonction des actes et des exploits
qu’ils accomplissent. Il y a plusieurs huissiers dans le ressort d’un tribunal de 1 ère
Instance mais ils ont une compétence nationale. Les charges d’huissier sont créées
par un acte de l’autorité administrative, généralement par décret. Les huissiers
procèdent aux citations des parties, des assignations, à la confection des procès-
verbaux de constat, aux notifications, aux significations judiciaires et
extrajudiciaires ainsi qu’à l’accomplissement et à la rédaction de tout exploit
nécessaire à l’exécution forcée des actes publics, des ordonnances de justice et des
jugements ou arrêts.

2- Les notaires.

Les notaires (tout comme les huissiers de justice) sont officiers publics ;
c’est-à dire qu’ils ont la faculté de requérir l’exécution de certains droits en ayant
recours à la force publique. Les notaires reçoivent des actes auxquels les parties
doivent donner leur caractère authentique. Ils les conservent et en délivrent des
grosses (expédition d’un jugement, d’un contrat fait en écriture large), des
expéditions ou des extraits. Les notaires sont nommés à vie, ils sont nommés par
décret sur proposition du Ministre de la Justice. Les études de notaire sont créées
par les pouvoirs publics.

B) Les auxiliaires de la justice autres que les avocats et les officiers


ministériels ayant la qualité d’officiers publics.

1- Les administrateurs judiciaires, syndics, liquidateurs


Et liquidateurs judiciaires.
24
Ils facilitent ou complètent l’action des magistrats. Ils sont chargés par les
cours et tribunaux de procéder à des actes qui facilitent l’intervention des jugements
ou arrêts ou en sont les prolongements. C’est également à eux qu’il revient
d’intervenir dans les procédures collectives d’apurement du passif, de même que
dans les saisies et les successions. Il n’y a pas de texte qui les organise en corps. Ils
peuvent être choisis parmi les personnes exerçant certaines professions et agrées
par les cours et tribunaux. Par exemple, les syndics et liquidateurs judiciaires sont
choisis parmi les experts-comptables et les professionnels de la comptabilité
inscrits au titre de leur profession sur la liste établie chaque année par les cours et
tribunaux.

2- Les commissaires-priseurs.

Ils sont chargés de l’estimation et de la vente publique aux enchères des


biens. Ils prolongent par leurs actions les décisions judiciaires. Leurs charges sont
créées par décret sur proposition du Ministre de la Justice. Les commissaires-
priseurs détiennent le monopole des ventes publiques. Ils sont rémunérés en
application de droits fixés par les tarifs en vigueur.

25
DEUXIEME PARTIE : LES NOTIONS FONDAMENTALES
DE PROCEDURE.

Il convient de s’intéresser ici, d’abord, à l’action en justice ensuite, à la


compétence juridictionnelle et enfin aux voies de recours.

CHAPITRE 1 : L’ACTION EN JUSTICE.

L’action est le pouvoir reconnu aux particuliers de s’adresser à la justice


pour obtenir le respect de leurs droits et de leurs intérêts légitimes.

SECTION 1 : GENERALITES SUR L’ACTION EN JUSTICE.

Il faut ici s’intéresser à la nature de l’action en justice ainsi qu’à ses


caractères.

PARAGRAPHE1: LA NATURE DE L’ACTION EN JUSTICE.

L’action en justice est une voie de droit en même temps qu’elle constitue
un pouvoir légal.

A) L’action en justice, voie de droit.

L’action est le pouvoir de s’adresser au juge pour obtenir le respect de ses


droits. C’est pourquoi, elle tend à se confondre avec le droit dont elle assure la
sanction. Il y a un lien entre le droit et l’action. On pourrait donc dire qu’il n’y a
pas de droit sans action et inversement qu’il n’y a pas d’action sans droit.
Cependant, une action peut exister indépendamment de tout droit. C’est le cas par
exemple où une personne saisit un tribunal en invoquant un droit purement
imaginaire et où pour cette raison, la demande est rejetée au fond. Ensuite, le droit
peut exister et être démuni de toute action. Par exemple, l’obligation naturelle n’est
pas assortie d’action.

26
B) L’action en justice, pouvoir légal.

Il apparaît plus exact de considérer l’action comme un pouvoir légal, c’est-


à dire un pouvoir donné par la loi permettant aux agents publics ou aux particuliers
de s’adresser à la justice pour obtenir le respect de la loi à leur égard. L’article 1 er
du code de procédure civile énonce que toute personne physique ou morale peut
obtenir la défense de ses droits devant toutes les juridictions. Cette faculté de
s’adresser aux tribunaux a un caractère impersonnel, objectif et permanent. Elle ne
peut, de la part d’une personne, faire l’objet d’une renonciation générale. Par
ailleurs, il convient de relever que l’action en justice, est un pouvoir qui tend à
saisir une autorité juridictionnelle, c’est-à dire un juge qui rendra un jugement avec
autorité de chose jugée. En cela, l’action en justice se distingue de certains recours
à caractère administratif comme le recours hiérarchique ou le recours gracieux. De
tels recours visent, non pas à saisir un juge, mais une autorité administrative qui
rendra une décision à caractère administratif, mais non point un jugement.

PARAGRAPHE 2 : LES CARACTERES DE L’ACTION EN JUSTICE.

L’action en justice présente un triple caractère : général, libre et facultatif.

A) Le caractère général de l’action en justice.

Dire de l’action en justice qu’elle constitue une voie de droit générale


signifie que le droit de saisir les juridictions existe au profit de toute personne qui
entend faire respecter un droit et pas seulement pour les cas où la loi a prévu une
action spéciale. On peut citer par exemple l’action en recherche de paternité
naturelle ou encore l’action en défense du nom.

B) Caractère libre de l’action en justice.

L’action est un droit dont l’exercice est libre. Cette liberté se dédouble. Elle
est d’abord le droit d’agir ou de ne pas agir. En principe, il n’y a pas de faute ni à
exercer ses actions ni à s’abstenir de le faire. La liberté d’agir est aussi celle de
choisir le moment d’agir.

La liberté qui s’attache à l’exercice de l’action en justice signifie que, même


en cas d’échec, cet exercice ne constitue pas une faute susceptible d’engager la
responsabilité du demandeur. Toutefois, ce principe de liberté comporte une
dérogation en cas d’abus dans l’exercice de l’action. Autrement dit, celui qui exerce
une action en justice dans l’intention de nuire à autrui doit être condamné à des
dommages et intérêts. Cependant, la notion d’abus qui doit être précisée est
subordonnée à l’existence d’une faute : pour qu’il y ait abus, l’existence d’une faute
est nécessaire. Ce que le droit sanctionne, ce n’est pas le fait d’avoir exercé à tort
27
une action en justice, mais le fait d’avoir commis une faute indépendante du seul
exercice de cette action. Cela signifie que la faute ne consiste pas à perdre son
procès ; ce qui est condamné, c’est l’intention qui a poussé le demandeur à saisir
les tribunaux.

C) Caractère facultatif de l’action en justice.

Affirmer que l’action en justice a un caractère facultatif signifie que son


titulaire n’a jamais l’obligation de l’exercer effectivement. Chaque personne
apprécie souverainement l’opportunité du procès. Et si elle préfère subir une
violation de son droit plutôt que d’affronter les risques d’un procès, personne ne
peut le lui reprocher. De fait, une personne peut avoir des raisons très légitimes de
ne pas exercer une action en justice. Ainsi, elle peut avoir le souci d’éviter les aléas
d’un procès ou encore de conserver l’espoir d’une solution négociée. Dans le
monde des affaires, par exemple, le souci de ménager les relations commerciales
ultérieures pèse souvent sur l’opportunité d’un procès. Par ailleurs, la vérité
judiciaire est une vérité relative qui est fonction des éléments de preuve apportés
par chacune des parties en procès et qui, pour cette raison, n’est pas toujours
l’expression de la vérité objective.

NB : Le droit ivoirien a, dans la loi n°2014-389 du 20 juin 2014 relative à la


médiation judiciaire et conventionnelle, consacré la médiation. L’article 1 er de
cette loi dispose que : « la médiation est un mode alternatif de règlement de
litiges par lequel deux ou plusieurs parties tentent de parvenir à un accord en
vue de la résolution amiable de leur différend, avec l’aide d’un tiers, le
médiateur, choisi par elles ou désigné, avec leur accord, par le juge saisi du
litige ».

La médiation est interdite pour les litiges concernant l’état et la capacité des
personnes. Selon les dispositions de l’article 3 de la loi précitée : « le médiateur est
tenu à l’obligation de confidentialité, à l’égard des tiers, sur le différend qui lui a
été confié ». La médiation peut être judiciaire ou conventionnelle.

1- La médiation judiciaire.

Le juge, saisi d’un litige portant sur des droits dont les parties ont la libre
disposition peut, après avoir recueilli leur accord, désigner une institution de
médiation ou un médiateur pour mettre en œuvre la procédure devant les aider à
trouver une solution consensuelle au litige qui les oppose. Selon les termes de
l’article 8 de la loi précitée : « la médiation porte sur tout ou partie du litige ».
28
L’article 9 quant à lui, énonce que : « la durée de la médiation est de trois mois à
compter de l’acceptation de sa mission par le médiateur. Cette mission peut être
renouvelée une fois, par le juge, à la demande du médiateur et avec l’accord de
toutes les parties, pour une durée maximale de trois mois ».

Le juge peut mettre fin à tout moment à la médiation sur demande d’une
partie ou à l’initiative du médiateur. Le juge peut également y mettre fin d’office
lorsque le bon déroulement de la médiation paraît compromis. Selon l’article 17 de
la même loi : « à l’expiration de la mission de médiation, le médiateur ou
l’institution de médiation informe, par écrit, le juge de ce que les parties sont ou
non parvenues à trouver une solution au litige qui les oppose. Le jour fixé, l’affaire
revient devant le juge ». Le juge homologue, à la demande conjointe des parties ou
de la partie la plus diligente, l’accord qui lui est soumis si ledit accord n’est pas
contraire à l’ordre public. Il fait droit à la demande d’homologation dans un délai
maximum de sept jours à compter de la réception de ladite demande. La décision
d’homologation n’est pas susceptible de recours. L’homologation donne force
exécutoire à l’accord de médiation. La décision qui refuse l’homologation est
motivée et précise les raisons pour lesquelles l’accord est contraire à une règle
d’ordre public. Elle ne peut faire l’objet que d’un recours en cassation. Si à
l’expiration du délai de sept jours, le juge ne s’est pas prononcé, l’homologation
est supposée avoir été accordée.

2- La médiation conventionnelle.

Selon les dispositions de l’article 21 de la loi précitée : « les parties


peuvent recourir conventionnellement à la médiation pour mettre fin à tout ou partie
d’un litige né ou à naître portant sur des droits dont elles ont la libre disposition ».
La médiation conventionnelle doit être écrite. Elle peut, par ailleurs, être ad hoc ou
institutionnelle. La médiation conventionnelle ad hoc s’entend de toute procédure
amiable organisée directement par les parties elles-mêmes pour désigner le
médiateur et organiser la procédure de médiation. La médiation conventionnelle
est dite institutionnelle lorsque les parties font appel à une institution de médiation
pour organiser la procédure.

Selon les dispositions de l’article 24 de la loi précitée : « l’existence


d’une convention de médiation oblige les parties à la médiation avant tout recours
judiciaire ou arbitral ».

La durée de la médiation conventionnelle est librement fixée par les


parties.
S’agissant de sa force exécutoire, l’article 28 de la loi dispose
que : « lorsque le médiateur parvient à rapprocher les parties, un accord de
médiation est rédigé et signé par les parties et le médiateur. L’accord de médiation
29
met fin au litige. Les parties sont tenues de l’exécuter de bonne foi ». Par ailleurs,
la partie la plus diligente peut soumettre l’accord de médiation à l’homologation
du président du tribunal compétent. L’homologation est accordée par ordonnance
du président. L’homologation donne force exécutoire à l’accord de médiation. Le
président du tribunal ne peut refuser d’homologuer l’accord que s’il constate, par
décision motivée, que ledit accord est contraire à l’ordre public. La décision qui
refuse l’homologation n’est susceptible que de pourvoi en cassation. Enfin, il faut
retenir que l’article 30 de la loi énonce que : « lorsque le médiateur ne parvient pas
à rapprocher les parties, il est dressé un procès-verbal d’échec de la médiation ».

SECTION 2 : L’EXISTENCE DE L’ACTION.

Un principe domine la matière : pour que l’action existe, le demandeur


doit justifier d’un intérêt : « pas d’intérêt, pas d’action ». Selon les dispositions du
Code de Procédure Civile, le demandeur doit justifier d’un intérêt, lequel intérêt
doit être légitime, juridiquement protégé, direct et personnel, et enfin il doit être né
et actuel.

A) L’intérêt.

Dire d’une personne qu’elle a intérêt à exercer une action en justice,


signifie que la demande formée est susceptible de modifier sa condition juridique
présente. L’intérêt est un avantage d’ordre patrimonial ou extrapatrimonial,
pécuniaire ou moral.

B) Intérêt légitime juridiquement protégé.

L’intérêt est légitime ou juridique lorsqu’il est fondé sur un droit. La


notion de « juridiquement protégé » n’ajoute à notre humble avis aucune précision
à l’exigence de la légitimité. En effet, on ne voit pas comment un intérêt légitime,
c’est-à dire fondé en droit ne serait pas juridiquement protégé.

C) Intérêt direct et personnel.

Cette condition signifie qu’une personne ne peut saisir un tribunal que


dans la mesure où la violation du droit l’atteint dans ses intérêts propres. Il n’est
pas question de permettre à une personne d’agir alors que ce sont les intérêts
d’autrui qui sont en cause. Il faut, bien évidemment, réserver l’hypothèse de la
représentation en justice. Mais en pareille situation, tout se passe tout comme si
c’était le représenté lui-même qui agissait et c’est alors en sa personne que l’on
apprécie l’existence d’un intérêt direct et personnel. En fait, cette condition ne
prend toute son importance que dans les hypothèses où l’action est exercée par un
groupement. En réalité, le problème de la recevabilité des demandes formées par
30
les groupements ne se pose que dans les hypothèses où le groupement invoque non
pas son intérêt personnel mais les intérêts généraux de la collectivité qu’il est censé
incarner ; lorsqu’en d’autres termes, il prétend agir en justice pour obtenir la
condamnation de certains agissements qui, sans porter atteinte de façon directe à
l’intérêt du groupement lui-même, risque de nuire indirectement et par répercussion
aux intérêts généraux de la collectivité.
D) Intérêt né et actuel.

Cette formule classique souvent rappelée dans la plupart des décisions de


justice signifie que l’intérêt qui est pris en compte est celui qui existe au moment
où l’action est exercée. Un intérêt simplement futur ou éventuel n’est pas suffisant.
Ce qui amène normalement à déclarer irrecevables les actions préventives : c’est
ainsi par exemple que ne sont pas admises les actions interrogatoires c’est-à-dire
des actions tendant à obliger quelqu’un qui dispose d’un certain délai pour prendre
parti, à choisir immédiatement (notamment en vue de forcer un héritier à dire s’il
accepte ou refuse une succession avant l’expiration du délai reconnu à celui-ci). De
même, ne peuvent être accueillies les actions provocatoires. Il y a action
provocatoire, lorsqu’une personne se vantant d’avoir certains droits et de se
réserver de les faire valoir en justice, une autre personne concernée agit contre la
première en vue de la contraindre à démontrer immédiatement la réalité de ces
droits.

SECTION 3 : L’EXERCICE REGULIER DE L’ACTION EN JUSTICE :


LA QUALITE ET LA CAPACITE.

PARAGRAPHE 1 : LA QUALITE.

La qualité est le titre qui donne à une personne le pouvoir d’exercer en


justice le droit dont elle demande la sanction. Pour comprendre concrètement le
rôle de cette condition, il faut partir de l’idée que personne ne peut agir pour le
compte d’autrui sans un texte qui lui en donne le pouvoir. Cette condition a une
utilité certaine. Il ne s’agit pas de savoir si la demande est fondée ou si elle ne
l’est pas. Ceci constitue une question de fond qui, au stade de la recevabilité, ne
doit pas être envisagée. En fait, le problème de la qualité consiste à se demander
si, à supposer que le droit allégué existe effectivement, le plaideur qui s’en prévaut
a le pouvoir de l’exercer. Il faut d’ailleurs noter que la qualité ne doit pas exister
seulement en la personne du demandeur : elle doit exister également dans la
personne du défendeur. Si par exemple, le défendeur assigné n’avait pas la qualité
requise, la demande serait irrecevable.

La qualité peut se confondre avec l’intérêt direct et personnel. Il en est


ainsi lorsque le demandeur agit en son nom personnel, pour son propre compte ;
31
lorsqu’en d’autres termes il invoque un droit dont il prétend être titulaire. Mais il
n’en est pas toujours ainsi et la qualité est une condition autonome car se
distinguent de l’intérêt direct et personnel. C’est le cas dans deux types
d’hypothèses :
- 1er cas : lorsque la loi réserve l’exercice de l’action à certaines personnes
qu’elle prend soin d’énumérer, par ex., en matière de désaveu de paternité,
le mari ; en matière de recherche de paternité naturelle, l’enfant et pendant
sa minorité, sa mère ; en matière de divorce, les époux. Dans tous ces cas,
on peut facilement imaginer des personnes qui ont un intérêt direct et
personnel à l’exercice de l’action (par exemple, en matière de désaveu de
paternité, les autres enfants du père ; en matière de recherche de paternité
naturelle, les autres fils de la mère ; en matière de divorce, les parents des
époux) et cependant elles ne peuvent l’exercer car elles n’ont qualité pour
le faire.

- 2ème cas : lorsque l’action est exercée par un représentant qui agit pour le
compte d’autrui. C’est le cas par exemple du père qui agit au nom et pour
le compte de son enfant mineur non émancipé. Lorsqu’il en est ainsi, la
qualité s’apprécie dans la personne du représentant alors que l’intérêt
s’apprécie dans la personne du représenté.

PARAGRAPHE 2 : LA CAPACITE.

De même qu’un droit n’est valablement exercé que si son titulaire a la


capacité requise, la demande en justice n’est régulièrement formée, que si le
plaideur a la capacité d’ester en justice. Il faut dès lors s’arrêter sur la définition de
la capacité d’ester en justice : c’est l’aptitude à plaider en justice, à être partie (en
nom) devant les tribunaux (capacité de jouissance), soit comme demandeur
(capacité active) soit comme défendeur (capacité passive) ; c’est aussi l’aptitude à
faire valoir soi-même ses droits en justice, à y être partie agissante comme
défendeur ou demandeur sans être représenté par un tiers, par exemple un tuteur
(capacité d’exercice). Cette définition permet de poser le problème qui résulte de
la capacité en matière d’action en justice. En effet, toute personne est susceptible
de se voir reconnaître le droit d’agir, en ce sens qu’elle peut être titulaire d’un droit
d’action, mais cela ne veut pas dire que toute personne pourra exercer elle-même
ou seul un tel droit. C’est qu’en effet, si la capacité de jouissance est reconnue à
n’importe quelle personne en matière d’action en justice, il en va différemment de
la capacité d’exercice.

Pour bénéficier de cette capacité d’exercice de l’action en justice, il faut


en principe être majeur, donc être âgé de 21 ans au moins, âge auquel l’individu est
réputé capable de tous les actes de la vie civile (l’article 28 de la loi n° 70-483 du
32
3 Août 1970 relative à la minorité dispose : « le mineur non émancipé a
nécessairement un représentant pour tous les actes de sa vie civile. Celui-ci est soit
un administrateur légal lorsque le père et la mère ou l’un d’eux est vivant, soit un
tuteur ») et peut donc en particulier exercer des actions en justice.

Si les mineurs ne bénéficient pas normalement de cette possibilité, il faut


cependant réserver le cas des mineurs émancipés, lesquels, sauf quelques
restrictions, sont capables comme les majeurs « de tous les actes de la vie civile »
(voir article 113 de la loi précitée relative à la minorité) notamment d’exercer leur
droit d’agir en justice.

Il faut préciser d’ailleurs que tout majeur n’a pas nécessairement la


capacité d’exercice liée à l’action en justice. Il existe en effet des majeurs
incapables. Le droit ivoirien connaît, à cet égard, deux régimes :
- Le régime des interdits ;
- Le régime des majeurs sous conseil judiciaire.

Concernant l’interdiction (état de l’individu en situation habituelle


d’imbécilité, de démence ou de fureur) la loi, notamment les articles 506 et
suivants du code civil français, dispositions applicables en Côte d’Ivoire,
indiquent que le mari est de droit le tuteur de la femme interdite. En revanche,
l’hypothèse inverse n’est que facultative.

S’agissant des majeurs sous conseil judiciaire, l’article 513 du code


civil dispose qu’il peut être défendu aux prodigues de plaider sans l’assistance
d’un conseil qui leur est nommé par le tribunal.

33
CHAPITRE 2 : LA COMPETENCE JURIDICTIONNELLE (APERÇU).

Il existe deux séries de règles de compétence, lesquelles correspondent à


deux types de sanction qu’il faut étudier successivement :
- D’abord, il convient de déterminer dans les attributs de
quelles catégories de juridiction entre la matière du procès : s’agit-il d’une affaire
qui doit être connue par le tribunal de première instance, par le tribunal du travail
ou par le tribunal de commerce ? Il s’agit là d’une question qui concerne la
compétence d’attribution.
- Ensuite, une fois déterminée la catégorie de juridiction
compétente, il faut rechercher parmi toutes les juridictions de la même catégorie
(par exemple, parmi tous les tribunaux de première instance, parmi tous les
tribunaux du travail) laquelle est, territorialement, compétente. Si, par exemple,
la compétence d’attribution appartient au tribunal du travail, encore faut-il savoir
si le tribunal territorialement compétent est celui de Gagnoa, de Bouaké, de
Korhogo etc. En un mot, il faut déterminer la compétence territoriale de chaque
juridiction.

SECTION 1 : LA COMPETENCE D’ATTRIBUTION.

Les lois de compétence d’attribution déterminent l’étendue du pouvoir de


juger de chaque juridiction relativement à l’objet ou à la valeur du litige. A cet
égard, il faut s’intéresser à la distinction juridiction de commun, juridiction
d’exception et à la notion de compétence exclusive. Cette notion découlant
d’ailleurs de la distinction précédente.

PARAGRAPHE 1 : DISTINCTION JURIDICTION DE DROIT


COMMUN, JURIDICTION D’EXCEPTION

(Déjà vu)

PARAGRAPHE 2 : LA COMPETENCE EXCLUSIVE.

Une juridiction a compétence exclusive dans une matière déterminée


lorsqu’elle est seule compétente à l’exclusion des autres juridictions. Ainsi défini,
ce caractère de la compétence peut affecter aussi bien les juridictions de droit
commun que les juridictions d’exception. On peut ainsi relever comme exemple
qu’en matière civile, les tribunaux de 1ère instance et leurs sections détachées ont
34
une compétence exclusive en matière d’état des personnes car ils sont seuls
compétents pour les litiges relatifs à l’état des personnes.

Le tribunal de commerce a une compétence exclusive en matière de


contestations relatives aux actes de commerce accomplis par les commerçants à
l’occasion de leur commerce.

SECTION 2 : LA COMPETENCE TERRITORIALE.

Une fois déterminée la juridiction matériellement compétente pour


connaître du litige (par exemple, le tribunal de première instance), il reste à choisir
celle qui, territorialement, va en connaître (par ex., le tribunal de première
instance d’Abengourou).

La détermination de la juridiction compétente ne repose plus sur la nature


ni sur la valeur du litige mais sur sa localisation : va-t’en connaître la juridiction
dans le ressort territorial de laquelle le litige est situé.

Mais, les éléments constitutifs du litige ou les intérêts mis en cause par le
litige pouvant être localisés en des lieux différents, des choix s’imposent. La loi
réalise ces choix au moyen des règles de compétence territoriale. Ainsi, les règles
de compétence territoriale reposent sur un principe : celui de la compétence du
tribunal du domicile du défendeur, le forum rei. Ce principe est assorti de
multiples exceptions.

35
CHAPITRE III : LES VOIES DE RECOURS (APERÇU).

Les voies de recours constituent des moyens de remise en cause d’une


décision de justice. Il s’agit par leur biais de donner au justiciable des garanties
contre les risques d’erreur ou d’injustice qui pourraient entacher une décision. Les
voies de recours peuvent être classées en deux groupes : les voies de recours
ordinaires et les voies de recours extraordinaires.

SECTION I : LES VOIES DE RECOURS ORDINAIRES.

Les voies de recours ordinaires sont toujours ouvertes sauf texte spécial les
excluant. Elles sont généralement suspensives d’exécution. L’appel et
l’opposition entrent dans cette catégorie.

PARAGRAPHE 1 : L’OPPOSITION.

Il s’agit d’une voie de recours ordinaire de rétractation ayant pour but de


faire rétracter un jugement rendu par défaut. Elle permet à une personne
condamnée par défaut de solliciter de la juridiction qui a statué, la rétractation,
après débat contradictoire, de la décision rendue.

Le délai d’opposition est, en principe, de 15 jours. Ce délai commence à


courir à compter de la signification de la décision.

PARAGRAPHE 2 : L’APPEL.

L’appel est une voie de recours ordinaire qui tend à faire réformer ou
annuler par la cour d’appel, juridiction du second degré, donc hiérarchiquement
supérieure, un jugement rendu par une juridiction du 1er degré. C’est l’expression
du double degré de juridiction.

Le délai d’appel est, en principe, d’un mois à compter de la signification


de la décision.

SECTION II : LES VOIES DE RECOURS EXTRAORDINAIRES.

Les voies de recours extraordinaires ne sont ouvertes que dans les cas
spécifiés par la loi ; uniquement donc quand un texte le prévoit et dans des cas
limitativement déterminés. Elles ne sont pas en principe suspensives d’exécution.

36
Constituent les principales voies de recours extraordinaires, la tierce-opposition,
le recours en révision, et le pourvoi en cassation.

Le pourvoi en cassation est, aux termes de l’art. 204 du code de procédure


civile, « une voie de recours qui a pour but d’obtenir l’annulation de la décision
attaquée et de remettre les parties en l’état où elles se trouvaient auparavant ».

Le pourvoi, en ce qui concerne le délai de son exercice, doit être formé au


plus tard un mois après la signification de la décision de dernier ressort.

37
38

Vous aimerez peut-être aussi