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Procédures de rectification
189 Taxation d’office pour défaut de déclaration : dispense de
mise en demeure en cas de découverte d’une activité occulte,
sauf si le contribuable justifie avoir commis une erreur
Il résulte de l’article L. 68 du LPF dans sa rédaction alors l’article L. 73 du Livre des procédures fiscales :” Peuvent être évalués d’office :
en vigueur que la procédure de taxation d’office n’est [...] 2° Le bénéfice imposable des contribuables qui perçoivent des revenus non
applicable que si le contribuable n’a pas régularisé sa commerciaux ou des revenus assimilés lorsque la déclaration annuelle prévue à
situation dans les trente jours de la notification d’une l’article 97 du Code général des impôts n’a pas été déposée dans le délai légal
[...] ». L’article L. 68 du même livre, dans sa rédaction applicable à la procédure
mise en demeure, mais que cette dernière n’est pas
d’imposition en litige, prévoit que : « La procédure de taxation d’office prévue
nécessaire lorsque le contribuable ne s’est pas fait aux 2° et 5° de l’article L. 66 n’est applicable que si le contribuable n’a pas
connaître d’un centre de formalités des entreprises ou du régularisé sa situation dans les trente jours de la notification d’une mise en
greffe du tribunal de commerce. demeure. Toutefois, il n’y a pas lieu de procéder à cette mise en demeure : [...] 3°
Dans le cas où un contribuable n’a ni déposé dans le délai si le contribuable ne s’est pas fait connaître d’un centre de formalités des
légal les déclarations qu’il était tenu de souscrire, ni fait entreprises ou du greffe du tribunal de commerce ou s’il s’est livré à une activité
connaître son activité à un centre de formalités des illicite [...] ». Dans le cas où un contribuable n’a ni déposé dans le délai légal les
entreprises ou au greffe du tribunal de commerce, son déclarations qu’il était tenu de souscrire, ni fait connaître son activité à un
activité est réputée occulte s’il n’est pas en mesure centre de formalités des entreprises ou au greffe du tribunal de commerce, son
d’établir qu’il a commis une erreur justifiant qu’il ne se activité est réputée occulte s’il n’est pas en mesure d’établir qu’il a commis
une erreur justifiant qu’il ne se soit acquitté d’aucune de ses obligations
soit acquitté d’aucune de ses obligations déclaratives.
déclaratives.
4. Il ressort des pièces du dossier soumis aux juges du fond que l’administra-
CE, 9e et 10e ch., 4 déc. 2019, n° 420488, concl. É. Bokdam-Tognetti, Juris- tion fiscale a évalué d’office les revenus de M. A issus de son activité de joueur
Data n° 2019-022047
de poker exercée au cours des années 2008 à 2010 et imposables dans la
Mentionné aux tables du recueil Lebon catégorie des bénéfices non commerciaux, sans l’avoir préalablement mis en
Décisions antérieures : TA Bastia, 17 nov. 2016, n° 1500361 ; CAA Mar- demeure de déposer les déclarations afférentes à cette activité. En jugeant
seille, 8 mars 2018, n° 16MA04554 que l’Administration n’était pas tenue de procéder à cette mise en demeure au
1. Il ressort des pièces du dossier soumis aux juges du fond qu’à l’issue d’un motif que M. A ne s’était pas fait connaître d’un centre de formalité des
examen de sa situation fiscale personnelle et d’une vérification de comptabi- entreprises ou d’un greffe de tribunal de commerce et n’avait pas déposé la
lité, M. A a été assujetti à des cotisations supplémentaires d’impôt sur le déclaration prévue à l’article 97 du Code général des impôts au titre des
revenu et de contributions sociales ainsi que des pénalités correspondantes années en litige, alors que le contribuable établissait que l’absence de sous-
au titre des années 2008 à 2010 selon la procédure d’évaluation d’office cription de déclaration devait être regardée comme une erreur justifiant qu’il ne
prévue à l’article L. 73 du Livre des procédures fiscales à raison des revenus se soit pas acquitté de ses obligations dès lors que ce n’est que postérieure-
non déclarés tirés d’une activité de joueur de poker. La cour administrative ment aux années d’imposition en litige que la jurisprudence et l’administration
d’appel de Marseille a partiellement fait droit à l’appel de M. A contre le fiscale ont expressément estimé que de tels gains étaient, dans certaines
jugement du tribunal administratif de Bastia ayant rejeté sa demande de conditions, imposables à l’impôt sur le revenu, la cour a commis une erreur de
décharge de ces suppléments d’imposition, d’une part, en réduisant les bases droit. Par suite, M. A est fondé, sans qu’il soit besoin d’examiner les autres
imposables de M. A au titre des années 2009 et 2010, d’autre part, en le moyens du pourvoi, à demander l’annulation de l’article 5 de l’arrêt qu’il
déchargeant de la majoration pour activité occulte qui lui a été infligée, en attaque.
application du c du 1 de l’article 1728 du Code général des impôts, au titre des [...]
années 2008 à 2010. M. A se pourvoit en cassation contre cet arrêt en tant
qu’il a rejeté le surplus des conclusions de sa requête.
Sur l’étendue du litige : CONCLUSIONS
2. Postérieurement à l’enregistrement du pourvoi, le ministre de l’action et des
comptes publics a consenti à M. A, le 15 avril 2019, le dégrèvement de la 1 – Exercer une activité sans s’être fait connaître du tribunal de
totalité des cotisations supplémentaires d’impôt sur le revenu mises à sa commerce ou d’un centre de formalités des entreprises expose un
charge au titre de l’année 2008, en droits et pénalités. Dans la limite de ce contribuable à toutes sortes de fâcheux désagréments tels qu’une ma-
dégrèvement, les conclusions du pourvoi sont devenues sans objet. Il n’y a pas joration des droits de 80 %, un délai de prescription allongé, porté à
lieu, dans cette mesure, d’y statuer. dix ans au lieu de trois, ou encore l’absence d’envoi d’une mise en
Sur le surplus des conclusions du pourvoi : demeure avant taxation d’office.
3. Aux termes de l’article 97 du Code général des impôts : « Les contribuables En ce qui concerne la pénalité de 80 %, le fondement légal en est à
soumis obligatoirement ou sur option au régime de la déclaration contrôlée sont trouver au c du 1 de l’article 1728 du CGI, prévoyant l’application
tenus de souscrire chaque année, dans des conditions et délais prévus aux d’une telle majoration « en cas de découverte d’une activité occulte ».
articles 172 et 175, une déclaration dont le contenu est fixé par décret “. Selon Tirant les conséquences des réserves d’interprétation émises par le