Affaire Société Air Liquide SA contre la République Démocratique du Congo, la

Direction Urbaine des impôts de Kinshasa et la Société CITIGROUP CONGO SA.

Il s’agit d’un jugement du Tribunal de Grande Instance de Kinshasa Gombe sur le

recouvrement des impôts.
En date du 23 octobre 2017 par son exploit d’assignation, la Société Air Liquide
SA, représentée par son Directeur Général Antoine FINDELING a cité devant le
Tribunal de céans, la République Démocratique du Congo, Monsieur le receveur
principal des impôts de la Direction Urbaine des impôts ainsi que la CITIGROUP
CONGO SA pour contester l’avis à tiers détenteur
n*15.09/0119/DGI/DUI-K/CDI/BREC/ABL/2017, dire cet acte nul et non avenu, ordonner
la mainlevée de la saisie de ses avoirs pratiqués entre les mains de la troisième
défenderesse.

En l’espèce, la Société Air Liquide SA conteste la régularité en la forme des actes

de poursuite du receveur des impôts de la division urbaine de Kinshasa ainsi que le
défaut de signature dans l’avis précité.
Les premières défenderesses (la République Démocratique du Congo et la Direction
urbaine des impôts ont soulevé l’exception selon laquelle le Tribunal de céans est
incompétent étant donné que la matière soumise à son examen est fiscale et
sollicite du Tribunal de rejeter toutes les pièces de la demanderesse pour défaut
de communication
Concernant l’incompétence soulevée par les parties défenderesses, la partie
demanderesse réplique en évoquant l’article 155 de la loi organique n*13/011-B du
11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences des juridictions
de l’ordre judiciaire dispose que seule la Cour d’appel est compétente de connaître
du contentieux fiscal; sous peine de forclusion, porter l’affaire devant le
Tribunal administratif du ressort dans un delai d’un mois.
Étant donné que les Tribunaux administratifs ne sont pas encore installés, le
Tribunal de Grande Instance du ressort peuvent donc connaître des contestations
portant sur les actes de poursuites de receveurs des impôts à titre transitoire
conformément aux lois de finances modifiant la loi n*004/2003 qui, avant la loi
organique portant organisation, fonctionnement des juridictions de l’ordre
administratif, reconnaissant cette compétence aux Tribunaux de Grande Instance.

S’agissant du rejet des pièces de la demanderesse pour défaut de communication

préalable, le Tribunal note que ce moyen est irrelevant non seulement parce que ces
pièces ont été versées au dossier avant l’audience mais aussi ces pièce émanent du
deuxième défendeur.
Relativement aux faits, il ressort de l’exploit introductif d’instance qu’en date
du 29 septembre 2017, le receveur principal des impôts de la Direction Urbaine des
Impôts de Kinshasa avait émis l’avis à tiers détenteurs
n*15.09/0119/DGI/DUI/K/CD/BREC/ABL/2017 d’un montant de 549.667.569,27 fc à
l’encontre de la demanderesse et ce entre les mains de la troisième défenderesse.

Pour la demanderesse cet avis à tiers détenteurs viole les dispositions de la loi
n*004/2003 en ses articles 58, 63 alinéa 1 et 65, en ce sens que cet avis à tiers
détenteurs ne fait référence à aucun avis de mise en recouvrement ni en
commandement préalable pour le paiement de l’impôt réclamé.

Décision de la Cour :

Par ces motifs;

Le Tribunal,
Statuant publiquement et contradictoirement à l’égard de la demanderesse Société
Air Liquide SA, de la République Démocratique du Congo et du Receveur Principal des
impôts de la division urbaine des impôts, et par défaut à l’égard de la CITIGROUP
CONGO SA;
Vu la loi organique n*13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation,
fonctionnements et compétences des juridictions de l’orde judiciaire
Vu le code de procédure civile
Vu la loi n*004 du 13 mars 2003 portant réforme des procédures fiscales telle que
modifiée à ce jour, spécialement en ses articles 58,59 et 72;
Le Ministère Public entendu son avis;
Reçoit les exceptions d’ incompétence et de rejet dés pièces non communiqués et le
déclare mal fondés et les rejette;
Dit recevable et fondée l’action mue par la demanderesse Société Air Liquide RDC
SA;
En conséquence, déclare nul et nul effet l’avis à tiers détenteurs
n*15.09/0119/DGI/DUI-K/CDI/BREC/ABL/2017 du 29 septembre 2017 et ordonne la
mainlevée de la Saisie pratique sur base de cet avis sur les avoirs de la Société
Air Liquide RDC SA détenus par la CITIGROUP CONGO SA.

Afin de comprendre les motifs du Tribunal, l’on traitera premièrement sur la notion
de compétence du TGI en matière fiscale(I), deuxièmement quelques types d’impôts
(II)et enfin la notion de recouvrement d’impôts (III).

I. De La compétence du Tribunal de Grande Instance en matière fiscale

L’article 72 de la loi n*004/2003 du 13 mars 2003 portant réforme des procédures

fiscales telles que modifiée par la loi des finances n*17/005 du 23 juin 2017 pour
l’exercice 2017 dispose en son alinéa 2 que les contestations en matière de
recrouvement des impôts ne peuvent porter que sur la régularité en la forme de
l’acte de poursuite qui exige le paiement de l’impôt et sur l’existence de
l’obligation de payer, sur le montant de la dette tenue des paiements effectués,
sur le délai de l’exigibilité de la somme réclamée, ou tout autre motif ne
remettant pas en cause l’assiette et le calcul de l’impôt. Et dans son alinéa 4,
le même article dispose que si aucune décision n’est prise dans le délai visé à
l’alinéa précédent ou si la décision rendue ne lui donne pas satisfaction, le
redevable doit, sous peine de forclusion, porter l’affaire devant le Tribunal
administratif du ressort dans un délai d’un mois...
Que le Tribunal de céans tire sa compétence de cette disposition en attendant
l’installation du Tribunal administratif
A partir de cette disposition nous pouvons confirmer que le TGI est bel et bien
compétent en la matière étant donné que les tribunaux administratifs ne sont pas
encore installés.

Il. Quelques types d’impôts

L’impôt peut être défini comme un prélèvement pécuniaire, de caractère obligatoire,

effectué en vertu de prérogatives de puissance publique, à titre définitif, sans
contrepartie déterminée, en vue d’assurer le financement des charges publiques de
l’Etat, des collectivités territoriales et des établissements publics
administratifs.(notes de cours droit fiscal, prof Guy Matona Master 1 Ucc Droit
2020)
Nous allons illustrer quelques types d’impôts à savoir :
• Impôt réel : est appelé IR c’est celui qui frappe les biens palpables
du contribuable et sont établis annuellement sur les matières imposables
spécifiques.
Dans l’impôt réel nous avons: l’impôt foncier, l’impôt sur véhicule, l’impôt sur la
superficie de concession minière et hydrocarbures.
• impôts cédulaires sur les revenus :
Il existe 3 types d’impôts cédulaires notamment sur
⁃ le revenu locatif (IRL): produits de location et produits de sous
location
⁃ le revenu des capitaux : impôt mobilier ; parts, dividendes, tantièmes,
redevance, intérêts d’obligation et des parts.
 ⁃ le revenu professionnel (IRP): Renumeration (salaire); bénéfice à
profit; renumeration sur les prestations de mon résidence en RDC.

III. La notion de recouvrement d’impôts

Conformément à l’article 58 de la loi précitée les impôts, suppléments, d’impôts et

bien d’autres droits établis par l’administration des impôts sont recouvrés par
l’émission d’un avis de mise en recouvrement.
La mise en recouvrement est signée par le receveur d’impôts compétent et doit
contenir les mentions suivantes : identification précise du redevable et numéro
impôt de celui ci, la nature de l’impôt ou d’autres droits dus, la base imposable,
le montant en principal des droits mis à charge et le délai de paiement.(article 59
de la même loi)
En outre il faut signifier au redevable de payer dans le huit jours avant
recouvrement sous peine d’exécution des mesures de poursuite.