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La transaction
Il s’agit, selon l’article 756 du COCC, d’un contrat par lequel les parties préviennent ou
terminent une contestation en se faisant des concessions réciproques. Ce contrat doit être prouvé
par écrit. Les parties à la transaction doivent avoir la capacité de disposer de leurs droits (article
757 du COCC).
Enfin, lorsqu’une transaction intervient entre deux (2) personnes ou entre l’administration et un
particulier, elle a la même valeur qu’une décision passée en force de chose jugée. C’est souvent
le cas dans les rapports entre l’administration fiscale et un contribuable fautif.
La justice est sous-tendue dans son organisation par un ensemble de principes liés à la notion
de service public. Il s’agit, notamment, du principe d’égalité des citoyens devant la justice (1),
du principe de la gratuité de la justice (2), du principe de permanence du service public de la
justice (3) et du principe d’indépendance de la justice (4).
Ce principe signifie que toutes les personnes, sans discrimination ont vocation à être jugées par
les mêmes juridictions et selon les mêmes règles de procédure. Le juge doit être neutre. C’est
pourquoi, il peut, lui-même, demander à être remplacé lorsqu’il pense que compte tenu de la
nature de l’affaire son indépendance de jugement pourrait être suspectée. Un plaideur peut
également récuser le juge en cas de lien de parenté ou d’alliance entre ce dernier et son
adversaire.
Les plaideurs ne paient pas les juges. Ces derniers sont, en effet, des « fonctionnaires »
rémunérés par l’Etat.
Ce principe, qui permet d’assurer l’égalité de tous devant la justice, doit cependant être
relativisé. Car les plaideurs sont tenus de payer des honoraires aux auxiliaires de justice tels que
les avocats, les experts et huissiers de justice qui offrent leurs services. Ils sont également tenus
de supporter les frais d’enrôlement et les frais d’enregistrement perçus sur les décisions de
justice.
Toutefois, il y a une aide judiciaire qui permet aux personnes ne disposant pas de moyens de se
faire assister gratuitement pas un avocat.
Les cours et tribunaux siègent sans discontinuité. Cependant, il faut relever que des juridictions
comme les cours d’assises, devenues chambres criminelles, fonctionnent par intermittence,
c’est-à-dire, une fois tous les quatre (4) mois (voir la loi n°2014- 28 du 03 novembre 2014
instituant l’organisation des chambres criminelles. Egalement, en cas de vacances judiciaires,
seules les affaires urgentes sont jugées lors des audiences de vacation.
4. Le principe d’indépendance
Le pouvoir judiciaire est indépendant des autres pouvoirs en vertu du principe de la séparation
des pouvoirs systématisé par Montesquieu en ces termes : « Tout homme qui a du pouvoir est
porté à en abuser, il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites ». Le pouvoir doit donc être fractionné.
Le pouvoir judiciaire doit être indépendant du pouvoir législatif (a) et du pouvoir exécutif (b).
Le pouvoir législatif ne doit pas s’immiscer dans les activités du pouvoir judiciaire.
L’assemblée nationale ou le parlement, selon le cas, ne peut juger ni même modifier un
jugement déjà rendu (voir, toutefois, les lois d’amnistie). Seule la haute Cour de justice,
composée de magistrats et de députés, peut juger le président de la république et les membres
du gouvernement pour des infractions commises dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions.
Le pouvoir exécutif ne doit pas empiéter sur le domaine de compétences du pouvoir judiciaire.
Le gouvernement ne doit pas donner des ordres aux juges ni faire pression sur eux. En effet, les
juges sont des « fonctionnaires » de l’Etat. Et certains d’entre eux sont nommés par le
gouvernement (magistrats du parquet). Mais pour les placer à l’abri de tout arbitraire, un conseil
supérieur de la magistrature a été institué pour gérer la carrière des magistrats.
Il s’y ajoute le principe de l’inamovibilité dont bénéficient les magistrats du siège constitue une
garantie contre l’influence du pouvoir exécutif. En effet, en vertu de ce principe, le juge du
siège ne peut, en principe, être déplacé ou sanctionné sans le respect d’une procédure spéciale.
A. Le principe du contradictoire
C’est un principe directeur du procès qui veut que le jugement n’intervienne qu’à la suite d’une
libre discussion entre les parties. Ainsi, chaque partie doit avoir la possibilité d’organiser sa
défense. C’est ce qui résulte de l’adage : « nul ne peut être jugé sans avoir été entendu ou appelé
». La garantie de contradiction est assurée par le juge qui doit y veiller tout au long du procès.
Le non-respect du principe du contradictoire est sanctionné par un recours ouvert à la partie
lésée. Il en est ainsi avec le jugement par défaut auquel le défendeur pourra faire opposition en
demandant à ce que le jugement soit réformé après avoir été entendu au fond. Aussi, faut-il
préciser que le principe du contradictoire constitue la synthèse de la procédure inquisitoire et
de la procédure accusatoire. En effet, dans la procédure inquisitoire, l’initiative et le
déroulement du procès reviennent, en principe, au juge tandis que, dans la procédure
accusatoire, ce sont les parties qui jouent un rôle prépondérant dans l’initiative et la marche du
procès. C’est, notamment, le cas dans la recherche et la production des éléments de preuve. Le
principe du contradictoire, organisé autour de la notion de procès équitable, a une valeur
constitutionnelle car il a été adopté par les textes protégeant les droits humains ou les droits
fondamentaux et est repris dans les préambules de plusieurs constitutions.
Ce principe permet à une personne ayant perdu son procès devant un tribunal de pouvoir saisir,
si possible, une juridiction qui lui est immédiatement supérieure. En réalité, on permet à la
juridiction supérieure de revenir sur le fond du litige ou sur les mêmes faits ayant servi de base
au juge du premier degré. A titre d’exemple, l’on peut relever qu’une personne déboutée par le
tribunal de grande instance (TGI), peut si elle n’est pas satisfaite du jugement, saisir la Cour
d’appel à l’effet de faire réexaminer, par cette juridiction, son affaire. On dit qu’elle fait appel.
C. Le principe de la spécialisation
Ce principe exige que les juridictions soient spécialisées par rapport aux matières pour
lesquelles elles ont été instituées. Toutefois, les données du problème sont différemment
appréciées selon qu’on est en France ou au Sénégal. En effet, au Sénégal, le processus de
spécialisation n’a pas encore connu un aboutissement malgré la création de juridiction de
commerce. (Exemple. Le TGI est toujours compétent en matière civile et en matière
administrative.). Section II. L’ordre judiciaire et les règles de compétence Il s’agira de présenter
la nomenclature des juridictions civiles et commerciales (paragraphe I) ainsi que leur domaine
de compétences (paragraphe II).
Deux critères peuvent être utilisés pour classer ces juridictions. L’un est tiré de la compétence
et permet de distinguer les juridictions de droit commun des juridictions d’exception. L’autre
est tiré de l’organisation et permet d’opposer les juridictions ordinaires composées
exclusivement de juges professionnels aux juridictions spécialisées composées de juges
professionnels et de juges non professionnels, c’est-à-dire, n’ayant pas le statut de magistrat.
a. Le tribunal d’instance
- Organisation et fonctionnement :
La loi de 1984 avait institué des tribunaux départementaux qui avaient pris la place des
tribunaux de paix dans chaque chef-lieu de département. Avec la réforme de 2014, les tribunaux
départementaux sont devenus des tribunaux d’instance. Ils peuvent statuer à juge unique sauf
en matière criminelle.
- Composition :
Le tribunal d’instance est composé de deux (2) types de magistrat : les magistrats du siège et
les magistrats du parquet. Au siège, nous avons le président et un (1) ou plusieurs juges. Au
parquet, il peut être institué un délégué du procureur de la république et au besoin plusieurs
adjoints (article 3 du décret n° 2015- 1145 du 03 novembre 2015 fixant la composition et la
compétence des Cours d’Appel, des tribunaux départementaux et des tribunaux de grande
instance). Il peut être désigné un juge d’instruction pour les besoins du service (article 2 alinéa
3 du décret de 2015).
- Organisation et fonctionnement :
A la faveur de la loi de 1984, le tribunal de première instance a été remplacé par le tribunal
régional devenu tribunal de grande instance avec la loi 2014-26 du 02 novembre 2014. Cette
juridiction statue en formation collégiale.
- Composition :
Le TGI a un siège et un parquet. Au siège, on a un président, un ou plusieurs vices présidents
et des juges dont un est nommé juge d’instruction. En cas de nécessité, on peut avoir plusieurs
juges d’instruction. Au parquet, il y a le procureur de la république et des substituts. Au niveau
de certaines juridictions, notamment au TGI de Dakar, on un premier substitut et des substituts.
On a également un premier procureur adjoint et des procureurs adjoints.
1. Les juridictions spécialisées
Il s’agit du tribunal du travail et du tribunal de commerce.
a. Le tribunal du travail
Le tribunal du travail est une juridiction spécialisée car à côté des juges professionnels, il y a
des juges non professionnels (articles L233 du CT). On retrouve, dans sa composition, un
président et deux assesseurs (employeur et employé) choisis conformément à l’article L235 du
CT.
Il n’y a pas de magistrat du parquet au tribunal du travail.
b. Le tribunal de commerce
C’est une juridiction spécialisée instituée par la loi n°2017-24 du 28 juin 2017 portant création,
organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce et des chambres commerciales
d’appel. Le tribunal de commerce a une composition échevinale. Il est composé de juges qui
sont des magistrats de carrière et de juges consulaires. Ces derniers sont des commerçants
choisis pour une durée déterminée par la chambre nationale de Commerce, d’Industrie et de
Services et les chambres Régionales de Commerce, d’Industrie et de Services après
concertation avec les associations d’opérateurs économiques légalement constituées. Le
fonctionnement des tribunaux de commerce et des chambres commerciales d’appel est contrôlé
par un conseil de surveillance dont les membres sont nommés par arrêté du ministre en charge
de la justice. Le rôle du conseil est d’assurer la discipline des juges et des conseillers
consulaires.
A. Une juridiction du second degré : la Cour d’appel
Nous verrons successivement l’organisation, le fonctionnement et la composition de la Cour
d’appel.
1. Organisation et fonctionnement
Pendant longtemps, il y avait une seule Cour d’appel qui était à Dakar composée de chambres
compétentes en matière civile, commerciale, sociale, pénale et administrative. Aujourd’hui
d’autres Cour d’appel sont créées.
2. Composition
On a un siège et un parquet
Au siège, on a le premier président de la Cour d’appel, les présidents de chambre, les
conseillers, les juges suppléants et un secrétaire général. Le président a des tâches
administratives. En effet, il répartit au début de chaque année le rôle entre les différentes
chambres. Il dirige également les assemblées générales de la CA. Le président de la CA est
suppléé dans ses tâches par les présidents de chambre. Il préside les audiences solennelles telles
que les prestations de serment. Il peut également présider les audiences de toutes les chambres
selon ses convenances. Au parquet, on a un procureur général près la Cour d’appel qui est le
chef du parquet dans le ressort de la CA, des avocats généraux et des substituts généraux.
B. La Cour suprême
Sa mise en place a permis de rompre avec la dualité de juridiction au sommet de l’organisation
du système judiciaire sénégalais. Elle a été créée par une loi organique du 07 aout 2008 qui
précise son organisation et son fonctionnement.
1. L’organisation de la Cour suprême
Elle comprend plusieurs chambres. Auprès de la Cour, est institué un parquet général dirigé par
un procureur général assisté par des avocats généraux. La Cour est administrée par le premier
président assisté du bureau et du secrétariat général dont les attributions sont fixées par décret.
Le bureau est formé par le premier président, le procureur général, les présidents de chambres
et le premier avocat général. Le règlement intérieur établi par le bureau détermine
l’administration administrative de la Cour. Le greffe est dirigé par un greffier en chef. Il tient
la plume à l’audience.
2. Le fonctionnement de la Cour suprême
Les formations de la Cour suprême sont les chambres ; les chambres réunies et l’assemblée
générale consultative. Les chambres siègent en nombre impaire. Chaque chambre instruit et
juge les affaires soumises à la Cour et qui relèvent de sa compétence. C’est ainsi qu’on a la
chambre criminelle, la chambre civile, la chambre commerciale, la chambre sociale et la
chambre administrative. L’AG consultative comprend l’ensemble des magistrats de la Cour
auxquels se joignent vingt (20) hauts fonctionnaires appartenant à des spécialités
administratives diverses et désignés par le président de la république. Pour chaque affaire portée
devant l’AG, il est désigné un, commissaire spécial du gouvernement. A l’AG consultative,
siègent également un commissaire du gouvernement désigné tous les deux (2) ans par le
président de la république.
Paragraphe II. Les règles de compétence
Pour régler le problème de la compétence, il faut d’abord déterminer la catégorie de juridiction
compétente compte tenu de la nature de l’affaire. C’est la compétence matérielle ou
d’attribution. Après on verra dans cette catégorie de juridiction laquelle juridiction est
compétente compte tenu de son implantation géographique. C’est la compétence territoriale. A.
Les règles de compétence d’attribution Elles concernent les juridictions du premier degré, la
Cour d’appel et la Cour suprême.
En matière civile et commerciale : le TGI connaît de l’ensemble des litiges ne relevant pas de
la compétence du TT. C’est ainsi qu’en matière personnelle et mobilière, le TGI est compétent
lorsque la valeur de l’objet du litige est supérieure à deux millions (2.000.000) francs.
En matière de bail, le TGI connaît des litiges relevant des baux à usage professionnel, lorsque
le taux du loyer mensuel est supérieur à cent mille (100.000) francs. (Voir compétence du
tribunal de commerce, le cas échéant article 7 de la loi de 2017 susvisée).
En matière d’état civil : relèvent de la compétence exclusive du TGI, les actions relatives à
l’état des personnes (article 95 CF, article 202 CF). Il s’agit des actions en réclamation ou en
contestation d’état. (Exemple, l’action aux fins d’adoption, l’action en désaveu de paternité,
article 203 CF).
Le TGI connaît également des questions préjudicielles. En effet, les actions portant sur l’état
des personnes obligent le juge à surseoir à statuer tant que le tribunal civil n’aura pas à trancher
la question d’état (voir article 96 CF). (A l’exception de la Cour d’assisses, devenue Chambres
criminelles, avec une plénitude de juridiction).
En matière pénale : le TGI a une compétence de principe concernant les délits car il a une
vocation à juger les délits à l’exception de ceux qui sont réservés au TI.
Avec la réforme de 2014, des chambres criminelles sont créées au niveau des TGI pour
connaître des crimes.
Le TGI est désormais compétent, avec la réforme (voir décret de 2015), pour interpréter et
apprécier, au cours d’une instance dont il est saisi de la légalité des décisions administratives.
Le TGI connaît des actions tendant à faire déclarer débitrices les collectivités publiques soit en
raison des marchés qu’elles ont conclus ou des travaux qu’elles ont ordonnés soit en raison de
leurs actes ayant causé un préjudice à autrui.
Enfin, les litiges portant sur les avantages pécuniaires ou statutaires reconnus aux fonctionnaires
ainsi que les actions dirigées par l’administration contre les particuliers, sont de la compétence
du TGI.
Pour les affaires qui sont jugées par le TI en premier ressort, leur appel est porté devant le TGI.
En matière personnelle et mobilière, lorsque la valeur de l’objet du litige est comprise entre
trois cents (300.000) et deux millions (2.000.000), l’affaire est portée en appel devant le TGI.
Toutefois, les jugements rendus par le TI en matière de délit ne sont pas portés en appel devant
le TGI. Ils ont plutôt portés devant la Cour d’appel.
Le président du TGI peut être saisi par requête, dans tous les cas prévus par la loi. De même, il
peut ordonner toute mesure urgente lorsque les circonstances exigent qu’elle ne soit pas prise
contradictoirement.
Enfin, l’ordonnance de référé est exécutoire par provision car l’appel n’est pas suspensif des
effets de l’ordonnance.
Nous verrons, d’une part, la compétence du tribunal du travail et, d’autre part, la compétence
du tribunal de commerce.
Le TT règle les conflits individuels de travail pouvant s’élever entre employeurs et salariés.
C’est ainsi qu’il connaît du contentieux portant sur le salaire, les conditions de travail, le
licenciement etc.
Il est compétent aussi bien pour les litiges concernant les travailleurs du secteur privé que les
agents non fonctionnaires de l’Etat.
Toutefois, les conflits collectifs de travail, tels que le grève et le lock out, sont exclus du
domaine de compétence du tribunal du travail. Ils relèvent de la compétence du TGI.
Le TC est compétent pour juger en premier ressort les affaires commerciales ; précisément, les
litiges relatifs aux actes de commerce (voir article 3 AUDCG : achat pour revente, opérations
de banque, lettre de change etc.), les litiges concernant les sociétés commerciales, notamment,
les incidents relatifs à la cessation des paiements.
Le TC connaît, en premier ressort, de toutes les demandes dont le montant du litige est
supérieur à vingt-cinq mille (25.000) francs CFA et en dernier ressort de toutes les demandes
dont le montant du litige n’excède pas vingt-cinq mile (25.000) francs CFA.
Elle a une double compétence : une compétence normale et une compétence exceptionnelle.
Tous les jugements rendus par le TGI, le TT et le TC en premier ressort sont portés en appel
devant la Cour d’appel. De même, les jugements rendus en matière de délit par le TI et les
jugements rendus en matière criminelle par le TGI sont portés en appel devant la CA.
En dehors de sa compétence en matière d’appel, la Cour est saisie en matière d’extradition (elle
donne son avis).
C’est surtout en matière électorale. En effet, la Cour veille au respect de l’égalité de traitement
des candidats. Elle doit veiller au respect de la constitution par les candidats. Nul candidat ne
doit, par exemple, remettre en cause le caractère laïc, démocratique ou républicain de l’Etat.
La Cour désigne les magistrats chargés de veiller à la régularité des opérations électorales.
La CS est juge de l’excès de pouvoirs des autorités exécutives. Elle connaît des pourvois en
cassation pour incompétence, violation de la loi ou de la coutume dirigés contre les arrêts et
jugements rendus en dernier ressort par toutes les juridictions et contre les décisions rendues
dans les mêmes conditions par les organismes administratifs à caractère juridictionnel de même
que celles émanant des conseils d’arbitrage des conflits de travail.
La CS a aussi d’autres compétences. Elle se prononce sur les demandes en révision, les
demandes de renvoi d’une juridiction à une autre, les contrariétés de jugement, les poursuites
dirigées contre les magistrats etc.
La Cour a, par ailleurs, une compétence consultative.
Lorsque le contentieux est privé, le juge territorialement compétent est, en principe, celui du
domicile ou de la résidence du défendeur. Toutefois cette règle comporte des exceptions.
En matière successorale, le tribunal compétent est celui du dernier domicile du défunt connu ou
celui du lieu où la succession est ouverte.
Les règles de compétence territoriales ont été aménagées dans l’intérêt des parties. Ces
dernières peuvent donc les modifier par conventions expresses, le cas échéant, c’est ce qu’on
appelle la prorogation de compétence.
Il ne suffit pas seulement de maîtriser les règles de compétence. Il faut, en plus, maîtriser les
démarches procédurales permettant aux juges de connaître et de trancher les litiges.
L’action en justice obéit à des conditions qu’il faut respecter pour l’exercice de son droit d’agir.
Certaines de ces conditions sont liées à la personne, d’autres à l’objet et au délai de l’action.
Paragraphe I. les subjectives
A. L’intérêt à agir
C’est l’avantage que l’on peut tirer du succès ou du rejet d’une prétention. Si la demande est
susceptible de modifier favorablement une situation, il y a intérêt. Au cas contraire, il n’y a pas
intérêt. C’est pourquoi, on dit « pas d’intérêt pas d’action » ou « l’action est la mesure de
l’intérêt ».
Il doit présenter un certain nombre de caractères : l’intérêt doit être légitime, né et actuel, direct
et personnel.
1. Un intérêt légitime
La jurisprudence a affirmé, a plusieurs occasions, que le droit d’agir ne peut appartenir qu’à la
personne qui justifie d’un intérêt légitime juridiquement protégé. C’est ainsi que de nombreuses
décisions, en France, refusaient de recevoir l’action de la concubine par laquelle elle demandait
la réparation du préjudice subi suite au décès accidentel de l’homme avec qui elle vivait (plus
tard, dans les années 70, il y a eu revirement jurisprudentiel).
2. Un intérêt né et actuel
L’intérêt doit exister au moment où l’action est ou doit être exercée. C’est pourquoi, on
dit : « pas d’action avant la violation du droit ». Un intérêt simplement éventuel ou futur ne
saurait suffire.
L’action doit être exercée par le titulaire du droit ou son représentant. Cependant, la loi permet
à certaines personnes d’agir à la place d’autres. Il en est ainsi dans l’action oblique.
Pour l’action des personnes morales, des difficultés peuvent survenir. En effet, il est reconnu
aux syndicats la possibilité d’ester en justice suite à un fait portant préjudice direct ou indirect
à l’intérêt collectif de la profession qu’ils représentent (article L15 CT).
Quant aux associations, elles ne peuvent pas agir en justice pour la défense d’intérêts collectifs
sauf dispositions légales particulière permettant à certaines associations, dans des domaines
bien définis par la loi, d’ester en justice. C’est le cas des associations de lutte contre le racisme,
la torture, les associations consuméristes etc.
B. La qualité à agir
La qualité c’est le titre permettant à une personne d’agir en justice en tant que demanderesse ou
défenderesse. Très souvent, la qualité se confond avec l’intérêt. C’est pourquoi, certains auteurs
définissent la qualité à partir de l’intérêt en soutenant que la qualité est l’intérêt personnel que
l’on a à agir. Mais, au demeurant, la jurisprudence n’a jamais déduit, de cette coïncidence des
notions, une confusion.
Il existe deux types d’action. L’action des particuliers et celle des groupements.
- La personne prétend mettre en œuvre un droit lui appartenant. Dans cette hypothèse, la
qualité se confond avec l’intérêt.
- Mais pour le cas des actions attitrées, la qualité se distingue de l’intérêt. Il faut un titre,
une habilitation délivrée par le législateur. A titre d’exemple, en droit des sociétés, il est
permis à un associé d’exercer une action en justice contre le représentant légal de la
société. Ainsi, l’associé qui agit en justice met en œuvre un droit qui ne lui appartient
pas mais qui appartient à la société. C’est l’action sociale (l’action ut singuli).
2. L’action des groupements
Le groupement doit avoir la personnalité morale pour pouvoir défendre en justice ses intérêts
en tant que sujet de droit. Mais il arrive, très souvent, que le groupement veuille défendre des
intérêts collectifs qu’il se donne pour mission de protéger. Le groupement entend ainsi mettre
en œuvre un droit qui ne lui appartient pas. La qualité devient, dès lors, une condition
autonome ; il faut un titre délivré par le législateur. Ce titre, les syndicats l’ont mais les
associations ne l’ont pas sauf disposition légale particulière.
Paragraphe II. Les conditions relatives à l’objet et au délai
Nous verrons, d’une part, les conditions relatives à l’objet de l’action et, d’autre part, les
conditions tenant au délai.
- L’objet ne doit pas avoir été jugé sinon l’action sera déclarée irrecevable pour autorité
de la chose jugée.
- L’objet ne pas être contraire à l’ordre public et aux bonnes mœurs.
B. Les conditions relatives au délai
Il existe, pour l’action en justice, des limites de temps qu’on appelle délai. L’action introduite
après expiration du délai imparti, sera déclarée irrecevable pour prescription (ne pas confondre
délai de prescription et délai d’assignation).
L’exercice du droit d’action se traduit par des demandes mais aussi par des moyens de défense.
La demande en justice est définie comme l’acte par lequel une personne soumet au juge une
prétention. Il convient d’examiner les différents types de demande ainsi que leurs effets.
1. La demande principale
Ce sont celles qui interviennent alors que l’instance est déjà engagée et qui viennent se greffer
sur le procès en cours. Elles sont au nombre de trois (3).
a. La demande reconventionnelle
C’est celle qui permet au défendeur d’attaquer à son tour. C’est pourquoi, elle est à la fois une
demande et un moyen de défense. Elle est une demande en ce que le défendeur originel prétend
obtenir un avantage autre que le simple rejet de la prétention de son adversaire. Elle est un
moyen de défense car la personne se défend en attaquant.
b. La demande additionnelle
C’est celle par laquelle une partie ajoute à sa demande d’autres prétentions lesquelles doivent
avoir un lien avec la demande principale.
La demande additionnelle ne doit pas entamer ou vider de son sens le principe de l’immutabilité
du litige.
c. L’intervention
Il s’agit d’une demande dont l’objet est de permettre à un tiers de prendre part à un procès
engagé entre les parties originelles soit parce qu’il y a intérêt soit parce que l’une des parties y
a intérêt. L’intervention peut, donc, être volontaire comme elle peut être forcée.
Ils doivent être appréciés selon qu’on est du côté des parties ou du côté du juge.
La demande rend également transmissibles certaines actions qui sont normalement et par nature
intransmissibles aux héritiers. Mais, dans ce cas, faut-il que la demande soit préalablement
formée par la personne décédée (de cujus).
2. A l’égard du juge
La demande impose au juge de statuer sous peine d’être poursuivi pour déni de justice.
Ainsi, le juge est lié par l’objet de la demande, c’est-à-dire, qu’il est appelé à se prononcer sur
la question pour laquelle les parties attendent sa réaction. (On dit qu’il ne doit pas statuer ultra
petita ou infra petita).
A. La défense au fond
Par ce moyen de défense, le défendeur conteste le bien-fondé des arguments de son adversaire,
exemple : la personne à qui on réclame, en justice, le règlement d’une dette soutient que celle-
ci n’existe pas ou n’existe plus car l’obligation a été entièrement exécutée. Lorsqu’un tel moyen
de défense prospère, le procès est terminé.
Il s’agit de tout moyen tendant à déclarer une procédure irrégulière ou éteinte pour en faire
suspendre le cours. Il ne s’agit plus de contestation portant sur le fond de la prétention de
l’adversaire. Dès lors, le juge ne va pas apprécier le fond du litige une fois l’exception
procédurale retenue.
Les exceptions de procédure sont nombreuses et on peut en citer, au moins, cinq : l’exception
d’incompétence, de litispendance, de connexité, de nullité et l’exception dilatoire.
1. L’exception d’incompétence
Nous avons déjà vu que les règles de compétence matérielle sont d’ordre public. Dès lors, l’une
des parties peut soulever une telle exception pour que la juridiction saisie se déclare
incompétente. Cette exception peut être soulevée pour obtenir la sanction de la violation des
règles de compétence territoriale même s’il faut reconnaître qu’il y a ce qu’on appelle la
prorogation de compétence (c’est la possibilité pour les parties de désigner, d’un commun
accord, une juridiction qui, normalement, serait incompétente territorialement). Ainsi, si l’une
des parties saisit une juridiction à la place de celle normalement compétente, l’autre pourra
soulever l’exception d’incompétence.
2. L’exception de litispendance
Il y a litispendance lorsque le même procès que celui dont une juridiction est saisie est porté
devant une autre juridiction.
L’exception de litispendance est soulevée in limine litis, c’est-à-dire, avant tout débat au fond.
Cette exception est présentée à la juridiction saisie en second lieu, qui en principe doit se
dessaisir au profit de la première.
3. L’exception de nullité
Lorsque dans la procédure, il y a des actes qui ne respectent pas certaines conditions de fond
ou de forme, l’une des parties pourrait invoquer toute exception pour anéantir l’action en justice.
4. L’exception dilatoire
Elle fait défense à une partie au procès de soulever une quelconque exception de procédure aux
fins d’aboutir à une décision qui lui serait éventuellement défavorable.
5. L’exception de connexité
6. La fin de non-recevoir
Il s’agit de tout moyen tendant à faire déclarer la demande de l’adversaire irrecevable pour
examen au fond.
Très souvent, ce sont les hypothèses du défaut d’agir telles que le défaut de qualité ou d’intérêt
à agir mais aussi l’hypothèse où la personne est frappée de forclusion ou de prescription pour
n’avoir pas respecté les délais prévus par la loi.