Vous êtes sur la page 1sur 20

a.

La transaction

Il s’agit, selon l’article 756 du COCC, d’un contrat par lequel les parties préviennent ou
terminent une contestation en se faisant des concessions réciproques. Ce contrat doit être prouvé
par écrit. Les parties à la transaction doivent avoir la capacité de disposer de leurs droits (article
757 du COCC).

La transaction est extinctive de l’action en justice, si elle aboutit. Précisément, la reconnaissance


des droits faisant l’objet de transaction ne pourra pas, par la suite, justifier une action en justice.

Enfin, lorsqu’une transaction intervient entre deux (2) personnes ou entre l’administration et un
particulier, elle a la même valeur qu’une décision passée en force de chose jugée. C’est souvent
le cas dans les rapports entre l’administration fiscale et un contribuable fautif.

A. Les principes du service public de la justice le 16/5/23

La justice est sous-tendue dans son organisation par un ensemble de principes liés à la notion
de service public. Il s’agit, notamment, du principe d’égalité des citoyens devant la justice (1),
du principe de la gratuité de la justice (2), du principe de permanence du service public de la
justice (3) et du principe d’indépendance de la justice (4).

1. Le principe d’égalité devant la justice

Ce principe signifie que toutes les personnes, sans discrimination ont vocation à être jugées par
les mêmes juridictions et selon les mêmes règles de procédure. Le juge doit être neutre. C’est
pourquoi, il peut, lui-même, demander à être remplacé lorsqu’il pense que compte tenu de la
nature de l’affaire son indépendance de jugement pourrait être suspectée. Un plaideur peut
également récuser le juge en cas de lien de parenté ou d’alliance entre ce dernier et son
adversaire.

2. Le principe de la gratuité devant la justice

Les plaideurs ne paient pas les juges. Ces derniers sont, en effet, des « fonctionnaires »
rémunérés par l’Etat.

Ce principe, qui permet d’assurer l’égalité de tous devant la justice, doit cependant être
relativisé. Car les plaideurs sont tenus de payer des honoraires aux auxiliaires de justice tels que
les avocats, les experts et huissiers de justice qui offrent leurs services. Ils sont également tenus
de supporter les frais d’enrôlement et les frais d’enregistrement perçus sur les décisions de
justice.

Toutefois, il y a une aide judiciaire qui permet aux personnes ne disposant pas de moyens de se
faire assister gratuitement pas un avocat.

3. Le principe de permanence du service public de la justice

Les cours et tribunaux siègent sans discontinuité. Cependant, il faut relever que des juridictions
comme les cours d’assises, devenues chambres criminelles, fonctionnent par intermittence,
c’est-à-dire, une fois tous les quatre (4) mois (voir la loi n°2014- 28 du 03 novembre 2014
instituant l’organisation des chambres criminelles. Egalement, en cas de vacances judiciaires,
seules les affaires urgentes sont jugées lors des audiences de vacation.

4. Le principe d’indépendance

Le pouvoir judiciaire est indépendant des autres pouvoirs en vertu du principe de la séparation
des pouvoirs systématisé par Montesquieu en ces termes : « Tout homme qui a du pouvoir est
porté à en abuser, il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites ». Le pouvoir doit donc être fractionné.
Le pouvoir judiciaire doit être indépendant du pouvoir législatif (a) et du pouvoir exécutif (b).

a. L’indépendance du pouvoir judiciaire à l’égard du pouvoir législatif

Le pouvoir législatif ne doit pas s’immiscer dans les activités du pouvoir judiciaire.
L’assemblée nationale ou le parlement, selon le cas, ne peut juger ni même modifier un
jugement déjà rendu (voir, toutefois, les lois d’amnistie). Seule la haute Cour de justice,
composée de magistrats et de députés, peut juger le président de la république et les membres
du gouvernement pour des infractions commises dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions.

b. L’indépendance du pouvoir judiciaire à l’égard du pouvoir exécutif

Le pouvoir exécutif ne doit pas empiéter sur le domaine de compétences du pouvoir judiciaire.
Le gouvernement ne doit pas donner des ordres aux juges ni faire pression sur eux. En effet, les
juges sont des « fonctionnaires » de l’Etat. Et certains d’entre eux sont nommés par le
gouvernement (magistrats du parquet). Mais pour les placer à l’abri de tout arbitraire, un conseil
supérieur de la magistrature a été institué pour gérer la carrière des magistrats.
Il s’y ajoute le principe de l’inamovibilité dont bénéficient les magistrats du siège constitue une
garantie contre l’influence du pouvoir exécutif. En effet, en vertu de ce principe, le juge du
siège ne peut, en principe, être déplacé ou sanctionné sans le respect d’une procédure spéciale.

Paragraphe 2. Les principes relatifs au fonctionnement des organes de la justice

Il s’agit, entre autres principes, de celui du contradictoire, du double degré de juridiction et de


celui de la spécialisation.

A. Le principe du contradictoire

C’est un principe directeur du procès qui veut que le jugement n’intervienne qu’à la suite d’une
libre discussion entre les parties. Ainsi, chaque partie doit avoir la possibilité d’organiser sa
défense. C’est ce qui résulte de l’adage : « nul ne peut être jugé sans avoir été entendu ou appelé
». La garantie de contradiction est assurée par le juge qui doit y veiller tout au long du procès.
Le non-respect du principe du contradictoire est sanctionné par un recours ouvert à la partie
lésée. Il en est ainsi avec le jugement par défaut auquel le défendeur pourra faire opposition en
demandant à ce que le jugement soit réformé après avoir été entendu au fond. Aussi, faut-il
préciser que le principe du contradictoire constitue la synthèse de la procédure inquisitoire et
de la procédure accusatoire. En effet, dans la procédure inquisitoire, l’initiative et le
déroulement du procès reviennent, en principe, au juge tandis que, dans la procédure
accusatoire, ce sont les parties qui jouent un rôle prépondérant dans l’initiative et la marche du
procès. C’est, notamment, le cas dans la recherche et la production des éléments de preuve. Le
principe du contradictoire, organisé autour de la notion de procès équitable, a une valeur
constitutionnelle car il a été adopté par les textes protégeant les droits humains ou les droits
fondamentaux et est repris dans les préambules de plusieurs constitutions.

B. Le principe du double degré de juridiction

Ce principe permet à une personne ayant perdu son procès devant un tribunal de pouvoir saisir,
si possible, une juridiction qui lui est immédiatement supérieure. En réalité, on permet à la
juridiction supérieure de revenir sur le fond du litige ou sur les mêmes faits ayant servi de base
au juge du premier degré. A titre d’exemple, l’on peut relever qu’une personne déboutée par le
tribunal de grande instance (TGI), peut si elle n’est pas satisfaite du jugement, saisir la Cour
d’appel à l’effet de faire réexaminer, par cette juridiction, son affaire. On dit qu’elle fait appel.

C. Le principe de la spécialisation
Ce principe exige que les juridictions soient spécialisées par rapport aux matières pour
lesquelles elles ont été instituées. Toutefois, les données du problème sont différemment
appréciées selon qu’on est en France ou au Sénégal. En effet, au Sénégal, le processus de
spécialisation n’a pas encore connu un aboutissement malgré la création de juridiction de
commerce. (Exemple. Le TGI est toujours compétent en matière civile et en matière
administrative.). Section II. L’ordre judiciaire et les règles de compétence Il s’agira de présenter
la nomenclature des juridictions civiles et commerciales (paragraphe I) ainsi que leur domaine
de compétences (paragraphe II).

Paragraphe I. La nomenclature des juridictions civiles et commerciales

A la lecture de la loi 84-19 du 02 février 1984 fixant l’organisation judiciaire au Sénégal,


aujourd’hui abrogée et remplacée par la loi n°2014-26 du 03 novembre 2014, le législateur avait
prévu, en matière civile et commerciale, des juridictions de premier degré (A), une juridiction
de second degré (B) et une Cour suprême (C) supprimée en 1992 avant d’être ressuscitée par la
loi n°2008-35 du 07 aout 2008. Aujourd’hui, la loi de 1984 a été abrogée et remplacée par la
loi de 2014 susvisée.

A. Les juridictions de premier degré

Deux critères peuvent être utilisés pour classer ces juridictions. L’un est tiré de la compétence
et permet de distinguer les juridictions de droit commun des juridictions d’exception. L’autre
est tiré de l’organisation et permet d’opposer les juridictions ordinaires composées
exclusivement de juges professionnels aux juridictions spécialisées composées de juges
professionnels et de juges non professionnels, c’est-à-dire, n’ayant pas le statut de magistrat.

1. Les juridictions ordinaires

En matière civile, il existe deux catégories de tribunaux ordinaires : le tribunal d’instance et le


tribunal de grande instance.

a. Le tribunal d’instance

Nous verrons l’organisation et le fonctionnement de cette juridiction avant de préciser sa


composition.

- Organisation et fonctionnement :

La loi de 1984 avait institué des tribunaux départementaux qui avaient pris la place des
tribunaux de paix dans chaque chef-lieu de département. Avec la réforme de 2014, les tribunaux
départementaux sont devenus des tribunaux d’instance. Ils peuvent statuer à juge unique sauf
en matière criminelle.

- Composition :

Le tribunal d’instance est composé de deux (2) types de magistrat : les magistrats du siège et
les magistrats du parquet. Au siège, nous avons le président et un (1) ou plusieurs juges. Au
parquet, il peut être institué un délégué du procureur de la république et au besoin plusieurs
adjoints (article 3 du décret n° 2015- 1145 du 03 novembre 2015 fixant la composition et la
compétence des Cours d’Appel, des tribunaux départementaux et des tribunaux de grande
instance). Il peut être désigné un juge d’instruction pour les besoins du service (article 2 alinéa
3 du décret de 2015).

b. Le tribunal de grande instance

Nous verrons successivement son organisation, son fonctionnement et sa composition.

- Organisation et fonctionnement :
A la faveur de la loi de 1984, le tribunal de première instance a été remplacé par le tribunal
régional devenu tribunal de grande instance avec la loi 2014-26 du 02 novembre 2014. Cette
juridiction statue en formation collégiale.
- Composition :
Le TGI a un siège et un parquet. Au siège, on a un président, un ou plusieurs vices présidents
et des juges dont un est nommé juge d’instruction. En cas de nécessité, on peut avoir plusieurs
juges d’instruction. Au parquet, il y a le procureur de la république et des substituts. Au niveau
de certaines juridictions, notamment au TGI de Dakar, on un premier substitut et des substituts.
On a également un premier procureur adjoint et des procureurs adjoints.
1. Les juridictions spécialisées
Il s’agit du tribunal du travail et du tribunal de commerce.
a. Le tribunal du travail
Le tribunal du travail est une juridiction spécialisée car à côté des juges professionnels, il y a
des juges non professionnels (articles L233 du CT). On retrouve, dans sa composition, un
président et deux assesseurs (employeur et employé) choisis conformément à l’article L235 du
CT.
Il n’y a pas de magistrat du parquet au tribunal du travail.
b. Le tribunal de commerce
C’est une juridiction spécialisée instituée par la loi n°2017-24 du 28 juin 2017 portant création,
organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce et des chambres commerciales
d’appel. Le tribunal de commerce a une composition échevinale. Il est composé de juges qui
sont des magistrats de carrière et de juges consulaires. Ces derniers sont des commerçants
choisis pour une durée déterminée par la chambre nationale de Commerce, d’Industrie et de
Services et les chambres Régionales de Commerce, d’Industrie et de Services après
concertation avec les associations d’opérateurs économiques légalement constituées. Le
fonctionnement des tribunaux de commerce et des chambres commerciales d’appel est contrôlé
par un conseil de surveillance dont les membres sont nommés par arrêté du ministre en charge
de la justice. Le rôle du conseil est d’assurer la discipline des juges et des conseillers
consulaires.
A. Une juridiction du second degré : la Cour d’appel
Nous verrons successivement l’organisation, le fonctionnement et la composition de la Cour
d’appel.
1. Organisation et fonctionnement
Pendant longtemps, il y avait une seule Cour d’appel qui était à Dakar composée de chambres
compétentes en matière civile, commerciale, sociale, pénale et administrative. Aujourd’hui
d’autres Cour d’appel sont créées.

2. Composition
On a un siège et un parquet
Au siège, on a le premier président de la Cour d’appel, les présidents de chambre, les
conseillers, les juges suppléants et un secrétaire général. Le président a des tâches
administratives. En effet, il répartit au début de chaque année le rôle entre les différentes
chambres. Il dirige également les assemblées générales de la CA. Le président de la CA est
suppléé dans ses tâches par les présidents de chambre. Il préside les audiences solennelles telles
que les prestations de serment. Il peut également présider les audiences de toutes les chambres
selon ses convenances. Au parquet, on a un procureur général près la Cour d’appel qui est le
chef du parquet dans le ressort de la CA, des avocats généraux et des substituts généraux.
B. La Cour suprême
Sa mise en place a permis de rompre avec la dualité de juridiction au sommet de l’organisation
du système judiciaire sénégalais. Elle a été créée par une loi organique du 07 aout 2008 qui
précise son organisation et son fonctionnement.
1. L’organisation de la Cour suprême
Elle comprend plusieurs chambres. Auprès de la Cour, est institué un parquet général dirigé par
un procureur général assisté par des avocats généraux. La Cour est administrée par le premier
président assisté du bureau et du secrétariat général dont les attributions sont fixées par décret.
Le bureau est formé par le premier président, le procureur général, les présidents de chambres
et le premier avocat général. Le règlement intérieur établi par le bureau détermine
l’administration administrative de la Cour. Le greffe est dirigé par un greffier en chef. Il tient
la plume à l’audience.
2. Le fonctionnement de la Cour suprême
Les formations de la Cour suprême sont les chambres ; les chambres réunies et l’assemblée
générale consultative. Les chambres siègent en nombre impaire. Chaque chambre instruit et
juge les affaires soumises à la Cour et qui relèvent de sa compétence. C’est ainsi qu’on a la
chambre criminelle, la chambre civile, la chambre commerciale, la chambre sociale et la
chambre administrative. L’AG consultative comprend l’ensemble des magistrats de la Cour
auxquels se joignent vingt (20) hauts fonctionnaires appartenant à des spécialités
administratives diverses et désignés par le président de la république. Pour chaque affaire portée
devant l’AG, il est désigné un, commissaire spécial du gouvernement. A l’AG consultative,
siègent également un commissaire du gouvernement désigné tous les deux (2) ans par le
président de la république.
Paragraphe II. Les règles de compétence
Pour régler le problème de la compétence, il faut d’abord déterminer la catégorie de juridiction
compétente compte tenu de la nature de l’affaire. C’est la compétence matérielle ou
d’attribution. Après on verra dans cette catégorie de juridiction laquelle juridiction est
compétente compte tenu de son implantation géographique. C’est la compétence territoriale. A.
Les règles de compétence d’attribution Elles concernent les juridictions du premier degré, la
Cour d’appel et la Cour suprême.

1. La compétence d’attribution des juridictions du premier degré


Il s’agit de la compétence des juridictions ordinaires et de celle des juridictions spécialisées. a.
La compétence des juridictions ordinaires Il s’agit de celle du tribunal d’instance (TI) et du
tribunal de grande instance (TGI).
a. 1. Compétence d’attribution du tribunal d’instance
Le TI est compétent en plusieurs matières.
a. 11. Compétence en matière civile
En matière personnelle et mobilière : les actions personnelles sont soumises aux mêmes règles
que les actions mobilières. La compétence du TI est déterminée en fonction de la valeur de
l’objet du litige et de la nature de la demande. C’est ainsi qu’il faut distinguer entre les
demandes initiales et les demandes reconventionnelles en dommages et intérêts ou en
compensation. Pour les demandes initiales encore appelées demandes introductives d’instance,
on prend toujours en compte la valeur de l’objet du litige. Le TI est compétent lorsque cette
valeur ne dépasse pas deux millions (2.000.000).
- Jusqu’à trois cent mille (300.000), le TI statue en premier et dernier ressort. Dans ce cas, il
n’y a pas d’appel ; seul le pourvoi en cassation est admis.
- Lorsque la valeur excède trois cent mille (300.000), le TI statue en premier ressort. Dans ce
cas, l’appel est possible. Pour les demandes reconventionnelles en dommages et intérêts et en
compensation (article 12 du décret de 2015), le TI est compétent lorsque celles-ci sont
exclusivement fondées sur la demande principale. Dans ce cas, il sera compétent quel que soit
le montant de la demande reconventionnelle en vertu du principe selon lequel « le juge de
l’action est juge de l’exception ».
Dans l’hypothèse où plusieurs demandes procédant de causes différentes et non connexes sont
formées par la même partie contre le même défendeur et réunies en une même instance, la
compétence du TI est déterminée par la nature et le montant de chaque demande considérée de
manière isolée. Au cas contraire ; c’est-à-dire, lorsque les demandes réunies procèdent de la
même cause ou sont connexes, la compétence sera déterminée par le montant total de ces
demandes. En matière de bail : il faut voir selon que le litige porte sur un bail à usage
d’habitation ou à usage professionnel.
Si le litige porte sur un bail à usage d’habitation, le tribunal d’instance est compétent en premier
ressort quel que soit le taux du loyer. Si le litige porte sur un bail à usage professionnel, le
tribunal d’instance est compétent lorsque le taux du loyer mensuel est inférieur ou égal à cent
mille (100.000) francs. En matière de statut personnel : le tribunal d’instance a une compétence
de principe quel que soit la valeur de l’objet du litige.
C’est ainsi qu’il est compétent en matière de divorce, de séparation de corps, de pension
alimentaire. Le contentieux dévolu en cette matière au TT est porté en appel devant le TGI. En
matière d’état civil : le TI a une compétence de droit commun (article 86 Code de la famille).
En effet, le contentieux de rectification et d’annulation de mentions est dévolu au TI sauf si,
dans ce dernier cas, l’annulation implique une modification de l’état de la personne. (Toutefois,
l’action en indication de paternité relève de la compétence du TI, articles 215 (objet de l’action)
et 216 (cas d’ouverture de l’action) du CF). La détermination de la question d’état relève du
pouvoir souverain d’appréciation de la jurisprudence. (Voir article 30 du CF pour
l’identification de ce qui relève de l’état civil de la personne.).
En matière de saisie : le TI est compétent lorsque la cause de la saisie entre dans les limites de
sa compétence, c’est-à-dire, la cause sur laquelle porte la saisie. Le TI connaît de tous les
incidents de saisie et de toutes les difficultés de procédure compte tenu de la nature ou de la
valeur du litige. (Voir l’action en distraction d’objet saisie, la demande de sursis à exécution
etc).
a. 1.2. Compétence en matière pénale
Le TI a une compétence pour les contraventions (les infractions de simple police) et les délits
(voir article 4 du décret de 2015 et la loi 65-61 du 21 juillet 1965 portant CPP modifié).
- En matière de contravention : le TI a une compétence exclusive.
- En matière de délit : le TI a une compétence d’exception. Il ne peut, en effet, connaître que
des délits pour le jugement desquels la loi lui a spécialement donné compétence (ces délits, au
nombre de 84, étaient listés par la loi de 1984).
On peut citer, entre autres délits relevant de la compétence du TI, la falsification de scrutin, du
faux dans certains documents administratifs, de la violation de domicile, du vagabondage, de
la mendicité, de l’évasion de détenu sans violence. Les jugements rendus en matière
correctionnelle par le TI sont portés en appel devant la Cour d’appel.
a. 2. Compétence d’attribution du tribunal de grande instance
Nous verrons d’abord la compétence du tribunal lui-même avant de s’intéresser à celle de son
président.
a. 2. 1. La compétence du tribunal lui-même
Le TGI est juge du premier degré et juge du second degré.
- Le TGI, juge du premier degré
Le TGI a une triple compétence. Il est compétent en matière civile et commerciale, en matière
pénale et en matière administrative.

En matière civile et commerciale : le TGI connaît de l’ensemble des litiges ne relevant pas de
la compétence du TT. C’est ainsi qu’en matière personnelle et mobilière, le TGI est compétent
lorsque la valeur de l’objet du litige est supérieure à deux millions (2.000.000) francs.

En matière de bail, le TGI connaît des litiges relevant des baux à usage professionnel, lorsque
le taux du loyer mensuel est supérieur à cent mille (100.000) francs. (Voir compétence du
tribunal de commerce, le cas échéant article 7 de la loi de 2017 susvisée).

En matière immobilière : les litiges relèvent de sa compétence exclusive.

En matière d’état civil : relèvent de la compétence exclusive du TGI, les actions relatives à
l’état des personnes (article 95 CF, article 202 CF). Il s’agit des actions en réclamation ou en
contestation d’état. (Exemple, l’action aux fins d’adoption, l’action en désaveu de paternité,
article 203 CF).

Le TGI connaît également des questions préjudicielles. En effet, les actions portant sur l’état
des personnes obligent le juge à surseoir à statuer tant que le tribunal civil n’aura pas à trancher
la question d’état (voir article 96 CF). (A l’exception de la Cour d’assisses, devenue Chambres
criminelles, avec une plénitude de juridiction).

En matière pénale : le TGI a une compétence de principe concernant les délits car il a une
vocation à juger les délits à l’exception de ceux qui sont réservés au TI.

Avec la réforme de 2014, des chambres criminelles sont créées au niveau des TGI pour
connaître des crimes.

En matière administrative : tout le contentieux administratif relève de la compétence du TGI, à


l’exception du recours pour excès de pouvoir (compétence de la Cour Suprême), des recours en
matière électorale.

Le TGI est désormais compétent, avec la réforme (voir décret de 2015), pour interpréter et
apprécier, au cours d’une instance dont il est saisi de la légalité des décisions administratives.
Le TGI connaît des actions tendant à faire déclarer débitrices les collectivités publiques soit en
raison des marchés qu’elles ont conclus ou des travaux qu’elles ont ordonnés soit en raison de
leurs actes ayant causé un préjudice à autrui.

Sont également de la compétence du TGI, les litiges relatifs à l’assiette, au taux et au


recouvrement des impositions de toute nature.

Enfin, les litiges portant sur les avantages pécuniaires ou statutaires reconnus aux fonctionnaires
ainsi que les actions dirigées par l’administration contre les particuliers, sont de la compétence
du TGI.

- Le TGI, juge du second degré ou juge d’appel

Pour les affaires qui sont jugées par le TI en premier ressort, leur appel est porté devant le TGI.

En matière personnelle et mobilière, lorsque la valeur de l’objet du litige est comprise entre
trois cents (300.000) et deux millions (2.000.000), l’affaire est portée en appel devant le TGI.

En matière de statut personnel, l’appel est porté devant le TGI.

Toutefois, les jugements rendus par le TI en matière de délit ne sont pas portés en appel devant
le TGI. Ils ont plutôt portés devant la Cour d’appel.

a. 2.2. La compétence du président du tribunal

Le président du TGI a plusieurs attributions. La plupart des actes d’administration judiciaires


relèvent de sa compétence. C’est ainsi qu’il répartit les affaires entre les juges en début d’année
judiciaire. Il est également habilité à prendre des ordonnances sur requête et des ordonnances
de référé.

- Les ordonnances sur requête

Le président du TGI peut être saisi par requête, dans tous les cas prévus par la loi. De même, il
peut ordonner toute mesure urgente lorsque les circonstances exigent qu’elle ne soit pas prise
contradictoirement.

Les ordonnances de référé


Elles sont rendues, dans deux cas, à la suite d’une procédure contradictoire : lorsqu’il y a
urgence ou lorsqu’il y a difficulté d’exécution d’un jugement ou d’une décision exécutoire.

L’ordonnance de référé est de la compétence du président du tribunal ou du juge qui le


remplace. Cette ordonnance n’a pas autorité de la chose jugée.
La décision rendue par le juge des référés ne lie pas le juge du fond (c’est-à-dire le tribunal).
Le juge des référés doit se déclarer incompétent en cas de contestation sérieuse c’est-à-dire
lorsque les parties l’invitent à statuer sur le fond du litige.

Enfin, l’ordonnance de référé est exécutoire par provision car l’appel n’est pas suspensif des
effets de l’ordonnance.

b. La compétence des juridictions spécialisées

Nous verrons, d’une part, la compétence du tribunal du travail et, d’autre part, la compétence
du tribunal de commerce.

a. 1. Compétence du tribunal du travail

Le TT règle les conflits individuels de travail pouvant s’élever entre employeurs et salariés.
C’est ainsi qu’il connaît du contentieux portant sur le salaire, les conditions de travail, le
licenciement etc.

Le TT connait également du contentieux des accidents de travail et de celui impliquant les


institutions de la sécurité sociale.

Il est compétent aussi bien pour les litiges concernant les travailleurs du secteur privé que les
agents non fonctionnaires de l’Etat.

La saisine du président du TT est souvent précédée d’une tentative de conciliation devant


l’inspecteur du travail.

Toutefois, les conflits collectifs de travail, tels que le grève et le lock out, sont exclus du
domaine de compétence du tribunal du travail. Ils relèvent de la compétence du TGI.

b. 2. Compétence du tribunal du commerce

Le TC est compétent pour juger en premier ressort les affaires commerciales ; précisément, les
litiges relatifs aux actes de commerce (voir article 3 AUDCG : achat pour revente, opérations
de banque, lettre de change etc.), les litiges concernant les sociétés commerciales, notamment,
les incidents relatifs à la cessation des paiements.

Le TC connaît, en premier ressort, de toutes les demandes dont le montant du litige est
supérieur à vingt-cinq mille (25.000) francs CFA et en dernier ressort de toutes les demandes
dont le montant du litige n’excède pas vingt-cinq mile (25.000) francs CFA.

L’appel est porté devant la chambre commerciale d’appel de la Cour d’appel.


Les tribunaux de commerce et les chambres commerciales d’appel sont compétents pour les
procédures urgentes rentrant dans leur domaine de compétences et connaissent des difficultés
d’exécution des décisions qu’ils ont rendues.

1. La compétence de la Cour d’appel

Elle a une double compétence : une compétence normale et une compétence exceptionnelle.

a. Une compétence normale

Tous les jugements rendus par le TGI, le TT et le TC en premier ressort sont portés en appel
devant la Cour d’appel. De même, les jugements rendus en matière de délit par le TI et les
jugements rendus en matière criminelle par le TGI sont portés en appel devant la CA.

En dehors de sa compétence en matière d’appel, la Cour est saisie en matière d’extradition (elle
donne son avis).

Avec le referendum sur la révision constitutionnelle de 2016, il est désormais possible de


soulever l’exception d’inconstitutionnalité en instance d’appel.

b. Une compétence exceptionnelle

C’est surtout en matière électorale. En effet, la Cour veille au respect de l’égalité de traitement
des candidats. Elle doit veiller au respect de la constitution par les candidats. Nul candidat ne
doit, par exemple, remettre en cause le caractère laïc, démocratique ou républicain de l’Etat.

La Cour désigne les magistrats chargés de veiller à la régularité des opérations électorales.

Enfin, elle est juge du contentieux des élections administratives.

2. La compétence de la Cour suprême

La CS est juge de l’excès de pouvoirs des autorités exécutives. Elle connaît des pourvois en
cassation pour incompétence, violation de la loi ou de la coutume dirigés contre les arrêts et
jugements rendus en dernier ressort par toutes les juridictions et contre les décisions rendues
dans les mêmes conditions par les organismes administratifs à caractère juridictionnel de même
que celles émanant des conseils d’arbitrage des conflits de travail.

La CS a aussi d’autres compétences. Elle se prononce sur les demandes en révision, les
demandes de renvoi d’une juridiction à une autre, les contrariétés de jugement, les poursuites
dirigées contre les magistrats etc.
La Cour a, par ailleurs, une compétence consultative.

Les règles de compétence territoriale


A. Les règles de compétence territoriale

La compétence territoriale confère au juge un domaine géographique à l’intérieur duquel il a


une compétence. Dès lors, on peut poser la question de savoir si en dehors de ce domaine le
juge est-il compétent ?

Lorsque le contentieux est privé, le juge territorialement compétent est, en principe, celui du
domicile ou de la résidence du défendeur. Toutefois cette règle comporte des exceptions.

En matière commerciale, la société peut être assignée au tribunal du lieu du principal


établissement ; à défaut, au tribunal du domicile de l’un de ses représentants.

En matière immobilière, le tribunal compétent est celui du lieu de situation de l’immeuble.

En matière de réparation de dommage, il y a un choix entre le tribunal du lieu où l’accident


s’est produit et le tribunal du domicile du défendeur.

En matière successorale, le tribunal compétent est celui du dernier domicile du défunt connu ou
celui du lieu où la succession est ouverte.

En matière de divorce, le tribunal du domicile de la femme mariée est compétent.

En matière de pension alimentaire, l’option est offerte au demandeur entre le tribunal du


domicile du défendeur et le tribunal de son propre domicile.

Les règles de compétence territoriales ont été aménagées dans l’intérêt des parties. Ces
dernières peuvent donc les modifier par conventions expresses, le cas échéant, c’est ce qu’on
appelle la prorogation de compétence.

Chapitre II. Les notions fondamentales de procédure

Il ne suffit pas seulement de maîtriser les règles de compétence. Il faut, en plus, maîtriser les
démarches procédurales permettant aux juges de connaître et de trancher les litiges.

L’action en justice obéit à des conditions qu’il faut respecter pour l’exercice de son droit d’agir.

Section I. les conditions d’existence de l’action en justice

Certaines de ces conditions sont liées à la personne, d’autres à l’objet et au délai de l’action.
Paragraphe I. les subjectives

Il s’agit de l’intérêt et de la qualité à agir.

A. L’intérêt à agir

C’est l’avantage que l’on peut tirer du succès ou du rejet d’une prétention. Si la demande est
susceptible de modifier favorablement une situation, il y a intérêt. Au cas contraire, il n’y a pas
intérêt. C’est pourquoi, on dit « pas d’intérêt pas d’action » ou « l’action est la mesure de
l’intérêt ».

L’intérêt peut être d’ordre patrimonial (pécuniaire) ou extrapatrimonial (moral).

Il doit présenter un certain nombre de caractères : l’intérêt doit être légitime, né et actuel, direct
et personnel.

1. Un intérêt légitime

L’intérêt doit être légitime ou juridique, c’est-à-dire, fondé en droit.

La jurisprudence a affirmé, a plusieurs occasions, que le droit d’agir ne peut appartenir qu’à la
personne qui justifie d’un intérêt légitime juridiquement protégé. C’est ainsi que de nombreuses
décisions, en France, refusaient de recevoir l’action de la concubine par laquelle elle demandait
la réparation du préjudice subi suite au décès accidentel de l’homme avec qui elle vivait (plus
tard, dans les années 70, il y a eu revirement jurisprudentiel).

2. Un intérêt né et actuel

L’intérêt doit exister au moment où l’action est ou doit être exercée. C’est pourquoi, on
dit : « pas d’action avant la violation du droit ». Un intérêt simplement éventuel ou futur ne
saurait suffire.

Il existe cependant des tempéraments à cette exigence. C’est le cas de la dénonciation de


nouvelle œuvre et des actions tendant à obtenir une mesure d’instruction.

3. Un intérêt personnel et direct

L’action doit être exercée par le titulaire du droit ou son représentant. Cependant, la loi permet
à certaines personnes d’agir à la place d’autres. Il en est ainsi dans l’action oblique.
Pour l’action des personnes morales, des difficultés peuvent survenir. En effet, il est reconnu
aux syndicats la possibilité d’ester en justice suite à un fait portant préjudice direct ou indirect
à l’intérêt collectif de la profession qu’ils représentent (article L15 CT).

Quant aux associations, elles ne peuvent pas agir en justice pour la défense d’intérêts collectifs
sauf dispositions légales particulière permettant à certaines associations, dans des domaines
bien définis par la loi, d’ester en justice. C’est le cas des associations de lutte contre le racisme,
la torture, les associations consuméristes etc.

B. La qualité à agir

La qualité c’est le titre permettant à une personne d’agir en justice en tant que demanderesse ou
défenderesse. Très souvent, la qualité se confond avec l’intérêt. C’est pourquoi, certains auteurs
définissent la qualité à partir de l’intérêt en soutenant que la qualité est l’intérêt personnel que
l’on a à agir. Mais, au demeurant, la jurisprudence n’a jamais déduit, de cette coïncidence des
notions, une confusion.

Il existe deux types d’action. L’action des particuliers et celle des groupements.

1. L’action des particuliers

Il faut distinguer deux situations pour cerner l’action des particuliers.

- La personne prétend mettre en œuvre un droit lui appartenant. Dans cette hypothèse, la
qualité se confond avec l’intérêt.
- Mais pour le cas des actions attitrées, la qualité se distingue de l’intérêt. Il faut un titre,
une habilitation délivrée par le législateur. A titre d’exemple, en droit des sociétés, il est
permis à un associé d’exercer une action en justice contre le représentant légal de la
société. Ainsi, l’associé qui agit en justice met en œuvre un droit qui ne lui appartient
pas mais qui appartient à la société. C’est l’action sociale (l’action ut singuli).
2. L’action des groupements

Le groupement doit avoir la personnalité morale pour pouvoir défendre en justice ses intérêts
en tant que sujet de droit. Mais il arrive, très souvent, que le groupement veuille défendre des
intérêts collectifs qu’il se donne pour mission de protéger. Le groupement entend ainsi mettre
en œuvre un droit qui ne lui appartient pas. La qualité devient, dès lors, une condition
autonome ; il faut un titre délivré par le législateur. Ce titre, les syndicats l’ont mais les
associations ne l’ont pas sauf disposition légale particulière.
Paragraphe II. Les conditions relatives à l’objet et au délai

Nous verrons, d’une part, les conditions relatives à l’objet de l’action et, d’autre part, les
conditions tenant au délai.

A. Les conditions relatives à l’objet

Il existe deux conditions :

- L’objet ne doit pas avoir été jugé sinon l’action sera déclarée irrecevable pour autorité
de la chose jugée.
- L’objet ne pas être contraire à l’ordre public et aux bonnes mœurs.
B. Les conditions relatives au délai

Il existe, pour l’action en justice, des limites de temps qu’on appelle délai. L’action introduite
après expiration du délai imparti, sera déclarée irrecevable pour prescription (ne pas confondre
délai de prescription et délai d’assignation).

Section II. La mise en œuvre du droit d’action

L’exercice du droit d’action se traduit par des demandes mais aussi par des moyens de défense.

Paragraphe I. Les demandes

La demande en justice est définie comme l’acte par lequel une personne soumet au juge une
prétention. Il convient d’examiner les différents types de demande ainsi que leurs effets.

A. Les différentes catégories de demande

Il y a lieu de distinguer la demande principale des demandes incidentes.

1. La demande principale

La demande principale, encore appelée demande introductive d’instance ou demande initiale,


est celle par laquelle un plaideur prend l’initiative d’un procès en présentant au juge ses
prétentions.

2. Les demandes incidentes

Ce sont celles qui interviennent alors que l’instance est déjà engagée et qui viennent se greffer
sur le procès en cours. Elles sont au nombre de trois (3).

a. La demande reconventionnelle
C’est celle qui permet au défendeur d’attaquer à son tour. C’est pourquoi, elle est à la fois une
demande et un moyen de défense. Elle est une demande en ce que le défendeur originel prétend
obtenir un avantage autre que le simple rejet de la prétention de son adversaire. Elle est un
moyen de défense car la personne se défend en attaquant.

b. La demande additionnelle

C’est celle par laquelle une partie ajoute à sa demande d’autres prétentions lesquelles doivent
avoir un lien avec la demande principale.

La demande additionnelle ne doit pas entamer ou vider de son sens le principe de l’immutabilité
du litige.

c. L’intervention

Il s’agit d’une demande dont l’objet est de permettre à un tiers de prendre part à un procès
engagé entre les parties originelles soit parce qu’il y a intérêt soit parce que l’une des parties y
a intérêt. L’intervention peut, donc, être volontaire comme elle peut être forcée.

B. Les effets de la demande

Ils doivent être appréciés selon qu’on est du côté des parties ou du côté du juge.

1. A l’égard des parties

La demande a un effet interruptif de la prescription.

La demande rend également transmissibles certaines actions qui sont normalement et par nature
intransmissibles aux héritiers. Mais, dans ce cas, faut-il que la demande soit préalablement
formée par la personne décédée (de cujus).

Enfin, la demande rend le droit litigieux.

2. A l’égard du juge

La demande impose au juge de statuer sous peine d’être poursuivi pour déni de justice.
Ainsi, le juge est lié par l’objet de la demande, c’est-à-dire, qu’il est appelé à se prononcer sur
la question pour laquelle les parties attendent sa réaction. (On dit qu’il ne doit pas statuer ultra
petita ou infra petita).

Paragraphe II. Les moyens de défense

A côté de la demande reconventionnelle qui présente un aspect défensif, il existe de purs


moyens de défense à savoir la défense au fond, les exceptions de procédure et la fin de non-
recevoir ;

A. La défense au fond

Par ce moyen de défense, le défendeur conteste le bien-fondé des arguments de son adversaire,
exemple : la personne à qui on réclame, en justice, le règlement d’une dette soutient que celle-
ci n’existe pas ou n’existe plus car l’obligation a été entièrement exécutée. Lorsqu’un tel moyen
de défense prospère, le procès est terminé.

B. Les exceptions de procédure

Il s’agit de tout moyen tendant à déclarer une procédure irrégulière ou éteinte pour en faire
suspendre le cours. Il ne s’agit plus de contestation portant sur le fond de la prétention de
l’adversaire. Dès lors, le juge ne va pas apprécier le fond du litige une fois l’exception
procédurale retenue.

Les exceptions de procédure sont nombreuses et on peut en citer, au moins, cinq : l’exception
d’incompétence, de litispendance, de connexité, de nullité et l’exception dilatoire.

1. L’exception d’incompétence

Nous avons déjà vu que les règles de compétence matérielle sont d’ordre public. Dès lors, l’une
des parties peut soulever une telle exception pour que la juridiction saisie se déclare
incompétente. Cette exception peut être soulevée pour obtenir la sanction de la violation des
règles de compétence territoriale même s’il faut reconnaître qu’il y a ce qu’on appelle la
prorogation de compétence (c’est la possibilité pour les parties de désigner, d’un commun
accord, une juridiction qui, normalement, serait incompétente territorialement). Ainsi, si l’une
des parties saisit une juridiction à la place de celle normalement compétente, l’autre pourra
soulever l’exception d’incompétence.
2. L’exception de litispendance

Il y a litispendance lorsque le même procès que celui dont une juridiction est saisie est porté
devant une autre juridiction.

L’exception de litispendance est soulevée in limine litis, c’est-à-dire, avant tout débat au fond.
Cette exception est présentée à la juridiction saisie en second lieu, qui en principe doit se
dessaisir au profit de la première.

3. L’exception de nullité

Lorsque dans la procédure, il y a des actes qui ne respectent pas certaines conditions de fond
ou de forme, l’une des parties pourrait invoquer toute exception pour anéantir l’action en justice.

4. L’exception dilatoire

Elle fait défense à une partie au procès de soulever une quelconque exception de procédure aux
fins d’aboutir à une décision qui lui serait éventuellement défavorable.

5. L’exception de connexité

Elle s’apparente beaucoup à la litispendance et intervient dans l’hypothèse où il y a deux


demandes en justice qui sont étroitement liées si bien qu’en les jugeant séparément on risque
d’aboutir à une contrariété de jugements. L’exception de connexité permet ainsi de les réunir
pour un seul jugement.

6. La fin de non-recevoir

Il s’agit de tout moyen tendant à faire déclarer la demande de l’adversaire irrecevable pour
examen au fond.

Très souvent, ce sont les hypothèses du défaut d’agir telles que le défaut de qualité ou d’intérêt
à agir mais aussi l’hypothèse où la personne est frappée de forclusion ou de prescription pour
n’avoir pas respecté les délais prévus par la loi.

Enfin, il y a une fin de non-recevoir lorsqu’il y a autorité de la chose jugée (c’est-à-dire,


lorsqu’une même affaire opposant les mêmes parties, déjà jugée, est portée à nouveau devant
la même juridiction).

Vous aimerez peut-être aussi