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Introduction

L'arbitrage est un outil efficace pour le règlement des différends, plus précisément il s'agit
d'une procédure ou une technique par rapport au recours à la justice étatique. En effet, en
l'utilisant, on s'adresse opportunément non pas à des magistrats de carrière siégeant dans
les tribunaux appartenant à l'appareil judiciaire de l'Etat, mais plutôt à des personnes de
droit privé qui sont appelées à départager les parties au litige. A l'instar des juridictions
nationales elles peuvent dire le droit au lieu de statuer uniquement sur la base de l'équité.
Ces arbitres, conciliateurs ou médiateurs, puisqu'il s'agit d'eux, peuvent officier avec le
concours des centres d'arbitrage ou sans ces institutions.
Ainsi que le recours à l'arbitrage a lieu généralement, comme pour le recours aux tribunaux
nationaux de l'Etat, en cas de survenance d'un différend, d'un litige ou d'un conflit.
Son importance est évidente eu égard aux avantages qu'il fournit aux partenaires, à savoir la
rapidité de la procédure, confidentialité et maîtrise des coûts...Ce mode alternatif de
règlement des différends a pour but de préparer un milieu favorable à l'investissement
national et étranger.
Les parties confient le règlement du litige à un juge privé, leur décision n'est raisonnable que
si elles le désignent. La loi propose plusieurs modalités de nomination des arbitres et de
constitution du tribunal arbitral.
La décision rendue est appelée « sentence arbitrale ». La définition de la sentence arbitrale
n'est pas toujours aisée, la difficulté de définir la sentence est d'autant plus grande que la
plupart des textes applicables à l'arbitrage international se sont abstenus de la définir.

Il est pourtant essentielle d'identifier avec précision les décisions des arbitres susceptibles
d'être qualifiées de sentence et, en particulier, de les distinguer des ordonnances de
procédure ou des ordonnances statuant sur des mesures provisoires, ou encore des
accords pouvant intervenir entre les parties 1. D'importantes conséquences juridiques
s'attachent en effet à la qualification. Seule une véritable sentence peut faire l'objet d'un
recours en annulation ; seul le prononcé d'une véritable sentence qui est susceptible de
faire couvrir les délais prévus à cet effet.

Partant de ces constatations, on peut dire que la sentence arbitrale est la décision par
laquelle les arbitres, conformément aux pouvoirs que leur confère la convention arbitrale
tranchent les questions litigieuses qui leur ont été soumises par les parties. Elle est
l'aboutissement de la procédure d'arbitrage.

Cette dernière obéit à des conditions de fond et des conditions de forme :

1
Philippe FOUCHARD, Emmanuel GAILLARD, Berthold GOLDMAN, Traité de l'arbitrage commercial
international, Litec, 1996.
 Les conditions de fond : La sentence arbitrale interne ou internationale doit vérifier
trois conditions de fond : elle doit être rendue après délibération, celle-ci devant en
principe être secrète et à la majorité des voix. La sentence arbitrale doit viser la
convention d'arbitrage et contenir l'exposé succinct des faits, des prétentions des
parties et leurs moyens respectifs, les pièces, l'indication des questions litigieuses
résolues par la sentence ainsi qu'un dispositif statuant sur ces questions. Elle doit
être motivée, sauf si les parties en ont décidé autrement dans la convention
d'arbitrage ou que la loi devant être appliquée à la procédure d'arbitrage n'exige pas
la motivation de la sentence. La sentence concernant un litige auquel est partie une
personne de droit public doit toujours être motivée2

 Les conditions de forme : La sentence arbitrale est un acte écrit, motivé et signé.

Etant un acte juridictionnel, la sentence a les mêmes effets qu'une décision judiciaire, sauf
en ce qui concerne son exécution qui est soumise à des règles particulières.

Dès son prononcée, la sentence arbitrale jouit de l'autorité de la chose jugée et la force
probante attachée aux actes authentiques. La sentence arbitrale a la force probante d'un
acte authentique puisque les énonciations qu'elle contient font preuve jusqu'à inscription de
faux3. Elle est en cela assimilée à un jugement rendu par une juridiction d'Etat 4. Mais le
caractère authentique ne trouve sa source que dans la volonté des parties à la convention
d'arbitrage de sorte qu'il ne concerne qu'elles.

Quant à l'autorité de la sentence, le législateur a pris une position contraire à celle de la


jurisprudence qui considérait que la sentence arbitrale ne jouissait de l'autorité de la chose
jugée qu'après avoir été revêtue de l'exequatur par la juridiction de l'Etat 5. La nouvelle loi
dispose en effet que la sentence arbitrale acquiert l'autorité de la chose jugée dès qu'elle est
rendue6. Toutefois les sentences avant-dire-droit ou ordonnant une mesure provisoire n'ont
pas l'autorité de la chose jugée.

Les effets de l'autorité de la chose jugée pour les sentences arbitrales sont les mêmes que
ceux qu'elle produit en droit commun. Ce qui a été jugé par les arbitres, sous réserve de la
triple identité, ne peut plus être rejugé par d'autres arbitres ou par une juridiction d'Etat. La
décision n'a d'autorité qu'à l'endroit des parties à l'instance arbitrale. De ce fait, comme en
droit commun, la sentence n'est pas opposables aux véritables tiers ni aux ayants cause dont
le droit est né avant le prononcé de la sentence.

2
Article 327-23 de la loi 08-05 relative à l'arbitrage et la médiation conventionnelle
3
Par exemple, si la sentence fait état d’une prorogation de délai acceptée par les parties, et que cette
affirmation soit inexacte, l’inscription de faux sera admise.
4
GAVALDA, Christian et CLAUDE LUCAS, de Leyssac. L’ARBITRAGE. 1993. PARIS. Édition Dalloz. p :83
5
El-AHDAB, Abdul Hamid. « L’arbitrage dans les pays arabes ».1988. Paris : Edition : Economica.
6
Article 327-26 de la loi 08-05
En outre, Le fait pour les arbitres de rendre la sentence entraîne leur dessaisissement.
L'article 327-28 Al 1 de la loi 08-05 dispose que : « La sentence dessaisit le tribunal arbitral de
la contestation qu'elle tranche ».

Après le prononcé de la sentence, si celle-ci présente un caractère définitif et non seulement


préparatoire, l'arbitre a complètement accompli sa mission. Il en résulte qu'il perd les
pouvoirs qui lui avaient été conférés dans ce but. Il est dessaisit du litige, ce qui lui
interdirait, même avec l'accord des parties, de revenir sur sa décision pour la rectifier 7Au
contraire, les sentences avant dire droit, et notamment les ordonnances de procédure, ne
produisent pas cet effet car elles préparent la sentence définitive.

En principe, quelle que soit la force probante et l'autorité de la sentence, son exécution ne
pourra être que volontaire et spontanément par les parties. Une telle exécution volontaire
emportera évidemment acquiescement à la sentence, c'est-à-dire renonciation à exercer les
voies de recours ouvertes contre la sentence.

Il arrive souvent que l'une des parties refuse d'exécuter la décision rendue à son encontre et
l'arbitre étant dans l'impossibilité de prononcer une astreinte. Dans ce cas la sentence devra
alors faire l'objet d'une procédure d'exequatur pour permettre une exécution forcée.

Sur ce plan deux points méritent d'être envisagés : la procédure d’exequatur de la sentence
arbitrale interne et celle de la sentence arbitrale internationale.

Toutefois, La question des voies de recours contre les sentences arbitrales était, avant la loi
n°08-05, l'une des plus touffues de la matière. En principe la sentence arbitrale n'est
susceptible d'aucun recours. Toutefois de multiples dérogations, qui semblent confirmer que
la décision de la justice privée tant attendue reste susceptible d'être attaquée à la fois par
des voies de recours ordinaire, et des voies de recours considérées comme extraordinaires,
que la loi n'offre que dans des hypothèses restrictives.

La question qui s’avère alors concerne l’exécution des sentences arbitrales. Cette
problématique de base nous mène à s’interroger sur de nombreuses problématiques entre
autres :
- Quelle procédure à suivre pour obtenir l’exequatur de la sentence arbitrale ?
- L’application des jugements rendus à l’étranger ou des sentences arbitrales internationales
sur le territoire marocain est-elle automatique ?
- Est-ce qu’une sentence arbitrale est susceptible d’être attaquée par des voies de recours
ordinaires et extraordinaires ?
7
En cas de nullité de la sentence, les arbitres pourront substituer une nouvelle sentence à la sentence nulle si
telle est la volonté des parties. L’annulation a fait disparaitre rétroactivement la sentence et le litige peut dont
être soumis à nouveau aux mêmes arbitres si la validité de la convention d’arbitrage n’est pas en cause.
Chapitre 1 : Exécution de la sentence arbitrale
Section 1 : Exequatur de la sentence arbitrale interne
L'exequatur est défini comme un ordre d'exécution donné par une autorité judiciaire à une
sentence rendue par une justice privée. C'est justement le cas de la sentence arbitrale.
Dans cette occurrence, l'exequatur est « un bon à exécuter » et non point un acte
d'exécution.
En effet, l'exécution consiste pour le bénéficiaire d'un titre exécutoire 8, c'est-à-dire déjà
revêtu de la formule exécutoire, de mobiliser un agent d'exécution 9 afin de mettre en
œuvre ou matérialiser la décision obtenue.
Sur le plan temporel, la différence entre les deux notions est encore plus nette. En effet, la
formule exécutoire précède l'exécution proprement dite. L'exequatur est la condition sine
qua non d'exécution forcée d'une sentence parce qu'étant dépourvu d'imperium, l'arbitre
ne peut l'apposer sur la sentence qu'il rend. On doit faire recours au juge étatique, qui à
l'issue d'un contrôle sommaire, appose la formule exécutoire, préalable à l'exécution.
L’efficacité des jugements est certainement l’une des problématiques les plus importantes
pour les juristes. Il importe, en effet, d’avoir une bonne justice, mais n’est vraiment bonne
justice que celle qui réussit à se faire exécutée. On ne peut donc pas se satisfaire d’un
jugement non exécutoire, plus précisément d’une décision ne permettant pas de recourir à
la force publique pour en obtenir l’exécution.10

En principe, quelle que soit la force probante et l'autorité de la sentence, son exécution ne
pourra être que volontaire et spontanément par les parties. Une telle exécution volontaire
emportera évidemment acquiescement à la sentence, c'est-à-dire renonciation à exercer les
voies de recours ouvertes contre la sentence.

Il arrive souvent que l'une des parties refuse d'exécuter la décision rendue à son encontre et
l'arbitre étant dans l'impossibilité de prononcer une astreinte. Dans ce cas la sentence devra
alors faire l'objet d'une procédure d'exequatur pour permettre une exécution forcée (A). Par
ailleurs la sentence arbitrale peut être assortie de l'exécution provisoire (B).

A- L’exécution forcée de la sentence « l’exequatur »

8
L'acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d'exécution donne
une liste (article 33) non exhaustive des titres exécutoires dont : les décisions de justice revêtues de la formule
exécutoire et celles qui sont exécutoires sur minute ; les actes et décisions juridictionnelles étrangers ainsi que les
sentences arbitrales déclarées exécutoires par une décision juridictionnelle, non susceptible de recours suspensif
d'exécution, de l'État dans lequel ce titre est invoqué.
9
huissier de justice notamment, accompagné au besoin de la force publique.
10
https://juriafrique.com/blog/2018/11/02/lexecution-des-sentences-arbitrales-rendues-en-droit-de-
larbitrage-international/
La sentence arbitrale n'est susceptible d'exécution forcée qu'en vertu d'une ordonnance
d'exequatur du président de la juridiction dans le ressort de laquelle la sentence a été
rendue11.

L'exequatur est la décision par laquelle l'autorité judiciaire compétente donne force
exécutoire à une sentence arbitrale ; elle consiste en l'apposition sur la sentence de la forme
exécutoire qui est une prérogative des présidents de juridiction12.

1) Compétence en matière d' « exequatur »

La procédure d'exequatur est déclenchée par un arbitre ou par la partie la plus diligente. En
principe le juge compétent pour rendre l'ordonnance d'exequatur est le président de la
juridiction dans le ressort de laquelle la sentence a été rendue. Si la sentence n'indique pas
le lieu où elle a été rendue, le juge territorialement compétent est celui du lieu où les
arbitres ont donné connaissance de la sentence aux parties, à défaut on appliquera
probablement la règle gouvernant l'arbitrage international qui renvoi au juge du lieu où l'on
entend exécuter la sentence.

Elle peut également se dérouler devant le président de la CA lorsque la sentence fait l'objet
d'un recours13.

2) Procédure applicable

Le juge de l'exécution compétent est saisi par le dépôt de la minute de la sentence et de la


convention d'arbitrage. Ce dépôt peut émaner du tribunal ou de la partie la plus diligente 14.
En pratique, une requête sera jointe au dépôt sollicitant de manière non contradictoire, la
mesure d'exequatur. Elle ne sera pas octroyée sans qu'un contrôle soit exercé sur la
décision.

3) Le contrôle du juge de l' « exequatur »

Ce contrôle est assez restreint. Il permet seulement au juge de l'exequatur de contrôler que
la sentence est bien une sentence arbitrale, c'est-à-dire un acte décisoire, et qu'elle n'est pas
entachée d'un vice grave. Celui-ci ne peut pas réviser la sentence au fond ou en modifiant le
contenu ou en y apportant un complément 15. Il vérifie la conformité de la sentence à l'ordre

11
Article 327.31 de la loi n° 08-05 abrogeant et remplaçant le chapitre VIII du titre V du code de procédure
civile
12
Précisons que si le terme exequatur s’applique à la décision même, il désigne également l’ordre d’exécution
donné par l’autorité compétente.

13
XAVIER LINANT DE BELLEFONDS et ALAIN HOLLANDE. L’ARBITRAGE. Édition Puf : Que sais-je. Paris.2003. p :92
14
Philipe FOUCHAD : « Traité de l’arbitrage commercial international » ; paris ; Ed. Litec ;1996, n°7. p:152.
15
https://www.memoireonline.com/11/17/10190/m_L-arbitrage-en-droit-marocain-et-ses-
evolutions39.html#toc97. Dernière visite le : 20/01/2020
public, puisqu'il n'est pas possible de donner force exécutoire à une sentence qui viole
délibérément l'ordre public, ainsi que la régularité formelle de celle-ci16.

4) L'ordonnance d'« exequatur » et ses effets

Le juge de l'exequatur rend une ordonnance. L'exequatur doit être accordé ou refusé en
totalité, il n'y a pas d'exequatur partiel ou sous réserve.

L'ordonnance qui accord l'exequatur est mentionnée sur la minute de la sentence arbitrale,
sans nécessité de motivation. Au contraire une motivation est nécessaire en cas de rejet. Le
refus de l'exequatur n'est pas l'équivalent d'une annulation ou d'une réformation de la
sentence. Celle-ci n'est pas exécutoire, mais conserve l'autorité de la chose jugée.

L'ordonnance d'exequatur n'est susceptible d'aucun recours 17. Toutefois l'exercice d'une voie
de recours contre la sentence emporte recours contre l'ordonnance du juge d'exequatur ou
son dessaisissement.

En revanche, l'ordonnance qui refuse l'exequatur est susceptible d'appel, dans le délai d'un
mois à dater de sa signification. L'appel obéit au même régime que s'il avait été interjeté à
l'encontre de la sentence elle-même.

Les effets de l'exequatur sont divers. D'abord il ne change pas la nature juridique de la
sentence arbitrale, mais la rend exécutoire et en permet l'exécution forcée. Ensuite
l'exequatur fait par ailleurs courir le délai des voies de recours.

B- L’exécution provisoire de la sentence

Le tribunal arbitral peut à la demande d'une partie ou même d'office, accorder l'exécution
provisoire de sa sentence, conformément aux dispositions applicables à l'exécution
provisoire des jugements, qui valent pour les sentences arbitrales18. Il peut, comme un juge
étatique, la soumettre à la constitution de garantie, de façon à sauvegarder les droits de la
partie perdante au cas où la sentence serait réformée ou modifiée par la suite.

En somme, la règle est la compétence de l'arbitre en la matière ; mais exceptionnellement


celle du juge étatique est prévue.

Lorsque la sentence est frappée d'une voie de recours et que l'exécution provisoire n'a pas
été prononcée par l'arbitre, qu'il l'ait refusée ou qu'elle n'ait pas été demandée, le président

16
Mais le contrôle de la régularité doit se borner une régularité apparente, faute de quoi l’exercice normal des
voies de recours serait vidé d’une partie de son intérêt. Aussi les refus d’exequatur sont-ils rares.
17
Cette exclusion est logique, car la partie qui a succombé doit attaquer la sentence elle-même, par la voie de
l’appel ou de l’annulation.

18
BERNHEM, Laure. « Les principes fondamentaux de l’arbitrage » Bruxelles, Bruylant.2012. p: 88.
de la CA ou le magistrat chargé de la mise en état peuvent accorder l'exequatur à la
sentence arbitrale assortie de l'exécution provisoire19.

Inversement, toujours parce que les règles de l'exécution provisoire des jugements sont
applicables aux sentences arbitrales, l'exécution provisoire ordonnée par l'arbitre peut être,
lorsqu'une voie de recours a été formée, et que l'exécution provisoire risque d'entrainer des
conséquences excessives, suspendue par le président, statuant en référé20.

19
Lorsqu’il y a urgence et que l’exécution provisoire n’a pas été accordée par l’arbitre, ou n’a pas été
demandée à l’arbitre, ou que celui-ci a refusé de statuer, le juge étatique peut alors prononcer l’exécution
provisoire et cette décision vaut alors exequatur.
20
NOUGEIN, Henri et les autres. GUIDE PRATIQUE DE L’ARBITRAGE ET DE LA MEDIATION COMMERCIALE. Paris :
Édition LexisNexis, Collection : Pratique professionnelle. p:135

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