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Introduction

L'arbitrage est un outil efficace pour le règlement des différends, plus précisément il s'agit
d'une procédure ou une technique par rapport au recours à la justice étatique. En effet, en
l'utilisant, on s'adresse opportunément non pas à des magistrats de carrière siégeant dans
les tribunaux appartenant à l'appareil judiciaire de l'Etat, mais plutôt à des personnes de
droit privé qui sont appelées à départager les parties au litige. A l'instar des juridictions
nationales elles peuvent dire le droit au lieu de statuer uniquement sur la base de l'équité.
Ces arbitres, conciliateurs ou médiateurs, puisqu'il s'agit d'eux, peuvent officier avec le
concours des centres d'arbitrage ou sans ces institutions.
Ainsi que le recours à l'arbitrage a lieu généralement, comme pour le recours aux tribunaux
nationaux de l'Etat, en cas de survenance d'un différend, d'un litige ou d'un conflit.
Son importance est évidente eu égard aux avantages qu'il fournit aux partenaires, à savoir la
rapidité de la procédure, confidentialité et maîtrise des coûts...Ce mode alternatif de
règlement des différends a pour but de préparer un milieu favorable à l'investissement
national et étranger.
Les parties confient le règlement du litige à un juge privé, leur décision n'est raisonnable que
si elles le désignent. La loi propose plusieurs modalités de nomination des arbitres et de
constitution du tribunal arbitral.
La décision rendue est appelée « sentence arbitrale ». La définition de la sentence arbitrale
n'est pas toujours aisée, la difficulté de définir la sentence est d'autant plus grande que la
plupart des textes applicables à l'arbitrage international se sont abstenus de la définir.

Il est pourtant essentielle d'identifier avec précision les décisions des arbitres susceptibles
d'être qualifiées de sentence et, en particulier, de les distinguer des ordonnances de
procédure ou des ordonnances statuant sur des mesures provisoires, ou encore des
accords pouvant intervenir entre les parties 1. D'importantes conséquences juridiques
s'attachent en effet à la qualification. Seule une véritable sentence peut faire l'objet d'un
recours en annulation ; seul le prononcé d'une véritable sentence qui est susceptible de
faire couvrir les délais prévus à cet effet.

Partant de ces constatations, on peut dire que la sentence arbitrale est la décision par
laquelle les arbitres, conformément aux pouvoirs que leur confère la convention arbitrale
tranchent les questions litigieuses qui leur ont été soumises par les parties. Elle est
l'aboutissement de la procédure d'arbitrage.

Cette dernière obéit à des conditions de fond et des conditions de forme :

1
Philippe FOUCHARD, Emmanuel GAILLARD, Berthold GOLDMAN, Traité de l'arbitrage commercial
international, Litec, 1996.
 Les conditions de fond : La sentence arbitrale interne ou internationale doit vérifier
trois conditions de fond : elle doit être rendue après délibération, celle-ci devant en
principe être secrète et à la majorité des voix. La sentence arbitrale doit viser la
convention d'arbitrage et contenir l'exposé succinct des faits, des prétentions des
parties et leurs moyens respectifs, les pièces, l'indication des questions litigieuses
résolues par la sentence ainsi qu'un dispositif statuant sur ces questions. Elle doit
être motivée, sauf si les parties en ont décidé autrement dans la convention
d'arbitrage ou que la loi devant être appliquée à la procédure d'arbitrage n'exige pas
la motivation de la sentence. La sentence concernant un litige auquel est partie une
personne de droit public doit toujours être motivée2

 Les conditions de forme : La sentence arbitrale est un acte écrit, motivé et signé.

Etant un acte juridictionnel, la sentence a les mêmes effets qu'une décision judiciaire, sauf
en ce qui concerne son exécution qui est soumise à des règles particulières.

Dès son prononcée, la sentence arbitrale jouit de l'autorité de la chose jugée et la force
probante attachée aux actes authentiques. La sentence arbitrale a la force probante d'un
acte authentique puisque les énonciations qu'elle contient font preuve jusqu'à inscription de
faux3. Elle est en cela assimilée à un jugement rendu par une juridiction d'Etat 4. Mais le
caractère authentique ne trouve sa source que dans la volonté des parties à la convention
d'arbitrage de sorte qu'il ne concerne qu'elles.

Quant à l'autorité de la sentence, le législateur a pris une position contraire à celle de la


jurisprudence qui considérait que la sentence arbitrale ne jouissait de l'autorité de la chose
jugée qu'après avoir été revêtue de l'exequatur par la juridiction de l'Etat 5. La nouvelle loi
dispose en effet que la sentence arbitrale acquiert l'autorité de la chose jugée dès qu'elle est
rendue6. Toutefois les sentences avant-dire-droit ou ordonnant une mesure provisoire n'ont
pas l'autorité de la chose jugée.

Les effets de l'autorité de la chose jugée pour les sentences arbitrales sont les mêmes que
ceux qu'elle produit en droit commun. Ce qui a été jugé par les arbitres, sous réserve de la
triple identité, ne peut plus être rejugé par d'autres arbitres ou par une juridiction d'Etat. La
décision n'a d'autorité qu'à l'endroit des parties à l'instance arbitrale. De ce fait, comme en
droit commun, la sentence n'est pas opposables aux véritables tiers ni aux ayants cause dont
le droit est né avant le prononcé de la sentence.

2
Article 327-23 de la loi 08-05 relative à l'arbitrage et la médiation conventionnelle
3
Par exemple, si la sentence fait état d’une prorogation de délai acceptée par les parties, et que cette
affirmation soit inexacte, l’inscription de faux sera admise.
4
GAVALDA, Christian et CLAUDE LUCAS, de Leyssac. L’ARBITRAGE. 1993. PARIS. Édition Dalloz. p :83
5
El-AHDAB, Abdul Hamid. « L’arbitrage dans les pays arabes ».1988. Paris : Edition : Economica.
6
Article 327-26 de la loi 08-05
En outre, Le fait pour les arbitres de rendre la sentence entraîne leur dessaisissement.
L'article 327-28 Al 1 de la loi 08-05 dispose que : « La sentence dessaisit le tribunal arbitral de
la contestation qu'elle tranche ».

Après le prononcé de la sentence, si celle-ci présente un caractère définitif et non seulement


préparatoire, l'arbitre a complètement accompli sa mission. Il en résulte qu'il perd les
pouvoirs qui lui avaient été conférés dans ce but. Il est dessaisit du litige, ce qui lui
interdirait, même avec l'accord des parties, de revenir sur sa décision pour la rectifier 7Au
contraire, les sentences avant dire droit, et notamment les ordonnances de procédure, ne
produisent pas cet effet car elles préparent la sentence définitive.

En principe, quelle que soit la force probante et l'autorité de la sentence, son exécution ne
pourra être que volontaire et spontanément par les parties. Une telle exécution volontaire
emportera évidemment acquiescement à la sentence, c'est-à-dire renonciation à exercer les
voies de recours ouvertes contre la sentence.

Il arrive souvent que l'une des parties refuse d'exécuter la décision rendue à son encontre et
l'arbitre étant dans l'impossibilité de prononcer une astreinte. Dans ce cas la sentence devra
alors faire l'objet d'une procédure d'exequatur pour permettre une exécution forcée.

Sur ce plan deux points méritent d'être envisagés : la procédure d’exequatur de la sentence
arbitrale interne et celle de la sentence arbitrale internationale.

Toutefois, La question des voies de recours contre les sentences arbitrales était, avant la loi
n°08-05, l'une des plus touffues de la matière. En principe la sentence arbitrale n'est
susceptible d'aucun recours. Toutefois de multiples dérogations, qui semblent confirmer que
la décision de la justice privée tant attendue reste susceptible d'être attaquée à la fois par
des voies de recours ordinaire, et des voies de recours considérées comme extraordinaires,
que la loi n'offre que dans des hypothèses restrictives.

La question qui s’avère alors concerne l’exécution des sentences arbitrales. Cette
problématique de base nous mène à s’interroger sur de nombreuses problématiques entre
autres :
- Quelle procédure à suivre pour obtenir l’exequatur de la sentence arbitrale ?
- L’application des jugements rendus à l’étranger ou des sentences arbitrales internationales
sur le territoire marocain est-elle automatique ?
- Est-ce qu’une sentence arbitrale est susceptible d’être attaquée par des voies de recours
ordinaires et extraordinaires ?
7
En cas de nullité de la sentence, les arbitres pourront substituer une nouvelle sentence à la sentence nulle si
telle est la volonté des parties. L’annulation a fait disparaitre rétroactivement la sentence et le litige peut dont
être soumis à nouveau aux mêmes arbitres si la validité de la convention d’arbitrage n’est pas en cause.
Chapitre 1 : Exécution de la sentence arbitrale
Section 1 : Exequatur de la sentence arbitrale interne
L'exequatur est défini comme un ordre d'exécution donné par une autorité judiciaire à une
sentence rendue par une justice privée. C'est justement le cas de la sentence arbitrale.
Dans cette occurrence, l'exequatur est « un bon à exécuter » et non point un acte
d'exécution.
En effet, l'exécution consiste pour le bénéficiaire d'un titre exécutoire 8, c'est-à-dire déjà
revêtu de la formule exécutoire, de mobiliser un agent d'exécution 9 afin de mettre en
œuvre ou matérialiser la décision obtenue.
Sur le plan temporel, la différence entre les deux notions est encore plus nette. En effet, la
formule exécutoire précède l'exécution proprement dite. L'exequatur est la condition sine
qua non d'exécution forcée d'une sentence parce qu'étant dépourvu d'imperium, l'arbitre
ne peut l'apposer sur la sentence qu'il rend. On doit faire recours au juge étatique, qui à
l'issue d'un contrôle sommaire, appose la formule exécutoire, préalable à l'exécution.
L’efficacité des jugements est certainement l’une des problématiques les plus importantes
pour les juristes. Il importe, en effet, d’avoir une bonne justice, mais n’est vraiment bonne
justice que celle qui réussit à se faire exécutée. On ne peut donc pas se satisfaire d’un
jugement non exécutoire, plus précisément d’une décision ne permettant pas de recourir à
la force publique pour en obtenir l’exécution.10

En principe, quelle que soit la force probante et l'autorité de la sentence, son exécution ne
pourra être que volontaire et spontanément par les parties. Une telle exécution volontaire
emportera évidemment acquiescement à la sentence, c'est-à-dire renonciation à exercer les
voies de recours ouvertes contre la sentence.

Il arrive souvent que l'une des parties refuse d'exécuter la décision rendue à son encontre et
l'arbitre étant dans l'impossibilité de prononcer une astreinte. Dans ce cas la sentence devra
alors faire l'objet d'une procédure d'exequatur pour permettre une exécution forcée (A). Par
ailleurs la sentence arbitrale peut être assortie de l'exécution provisoire (B).

A- L’exécution forcée de la sentence « l’exequatur »

8
L'acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d'exécution donne
une liste (article 33) non exhaustive des titres exécutoires dont : les décisions de justice revêtues de la formule
exécutoire et celles qui sont exécutoires sur minute ; les actes et décisions juridictionnelles étrangers ainsi que les
sentences arbitrales déclarées exécutoires par une décision juridictionnelle, non susceptible de recours suspensif
d'exécution, de l'État dans lequel ce titre est invoqué.
9
huissier de justice notamment, accompagné au besoin de la force publique.
10
https://juriafrique.com/blog/2018/11/02/lexecution-des-sentences-arbitrales-rendues-en-droit-de-
larbitrage-international/
La sentence arbitrale n'est susceptible d'exécution forcée qu'en vertu d'une ordonnance
d'exequatur du président de la juridiction dans le ressort de laquelle la sentence a été
rendue11.

L'exequatur est la décision par laquelle l'autorité judiciaire compétente donne force
exécutoire à une sentence arbitrale ; elle consiste en l'apposition sur la sentence de la forme
exécutoire qui est une prérogative des présidents de juridiction12.

1) Compétence en matière d' « exequatur »

La procédure d'exequatur est déclenchée par un arbitre ou par la partie la plus diligente. En
principe le juge compétent pour rendre l'ordonnance d'exequatur est le président de la
juridiction dans le ressort de laquelle la sentence a été rendue. Si la sentence n'indique pas
le lieu où elle a été rendue, le juge territorialement compétent est celui du lieu où les
arbitres ont donné connaissance de la sentence aux parties, à défaut on appliquera
probablement la règle gouvernant l'arbitrage international qui renvoi au juge du lieu où l'on
entend exécuter la sentence.

Elle peut également se dérouler devant le président de la CA lorsque la sentence fait l'objet
d'un recours13.

2) Procédure applicable

Le juge de l'exécution compétent est saisi par le dépôt de la minute de la sentence et de la


convention d'arbitrage. Ce dépôt peut émaner du tribunal ou de la partie la plus diligente 14.
En pratique, une requête sera jointe au dépôt sollicitant de manière non contradictoire, la
mesure d'exequatur. Elle ne sera pas octroyée sans qu'un contrôle soit exercé sur la
décision.

3) Le contrôle du juge de l' « exequatur »

Ce contrôle est assez restreint. Il permet seulement au juge de l'exequatur de contrôler que
la sentence est bien une sentence arbitrale, c'est-à-dire un acte décisoire, et qu'elle n'est pas
entachée d'un vice grave. Celui-ci ne peut pas réviser la sentence au fond ou en modifiant le
contenu ou en y apportant un complément 15. Il vérifie la conformité de la sentence à l'ordre

11
Article 327.31 de la loi n° 08-05 abrogeant et remplaçant le chapitre VIII du titre V du code de procédure
civile
12
Précisons que si le terme exequatur s’applique à la décision même, il désigne également l’ordre d’exécution
donné par l’autorité compétente.

13
XAVIER LINANT DE BELLEFONDS et ALAIN HOLLANDE. L’ARBITRAGE. Édition Puf : Que sais-je. Paris.2003. p :92
14
Philipe FOUCHAD : « Traité de l’arbitrage commercial international » ; paris ; Ed. Litec ;1996, n°7. p:152.
15
https://www.memoireonline.com/11/17/10190/m_L-arbitrage-en-droit-marocain-et-ses-
evolutions39.html#toc97. Dernière visite le : 20/01/2020
public, puisqu'il n'est pas possible de donner force exécutoire à une sentence qui viole
délibérément l'ordre public, ainsi que la régularité formelle de celle-ci16.

4) L'ordonnance d'« exequatur » et ses effets

Le juge de l'exequatur rend une ordonnance. L'exequatur doit être accordé ou refusé en
totalité, il n'y a pas d'exequatur partiel ou sous réserve.

L'ordonnance qui accord l'exequatur est mentionnée sur la minute de la sentence arbitrale,
sans nécessité de motivation. Au contraire une motivation est nécessaire en cas de rejet. Le
refus de l'exequatur n'est pas l'équivalent d'une annulation ou d'une réformation de la
sentence. Celle-ci n'est pas exécutoire, mais conserve l'autorité de la chose jugée.

L'ordonnance d'exequatur n'est susceptible d'aucun recours 17. Toutefois l'exercice d'une voie
de recours contre la sentence emporte recours contre l'ordonnance du juge d'exequatur ou
son dessaisissement.

En revanche, l'ordonnance qui refuse l'exequatur est susceptible d'appel, dans le délai d'un
mois à dater de sa signification. L'appel obéit au même régime que s'il avait été interjeté à
l'encontre de la sentence elle-même.

Les effets de l'exequatur sont divers. D'abord il ne change pas la nature juridique de la
sentence arbitrale, mais la rend exécutoire et en permet l'exécution forcée. Ensuite
l'exequatur fait par ailleurs courir le délai des voies de recours.

B- L’exécution provisoire de la sentence

Le tribunal arbitral peut à la demande d'une partie ou même d'office, accorder l'exécution
provisoire de sa sentence, conformément aux dispositions applicables à l'exécution
provisoire des jugements, qui valent pour les sentences arbitrales18. Il peut, comme un juge
étatique, la soumettre à la constitution de garantie, de façon à sauvegarder les droits de la
partie perdante au cas où la sentence serait réformée ou modifiée par la suite.

En somme, la règle est la compétence de l'arbitre en la matière ; mais exceptionnellement


celle du juge étatique est prévue.

Lorsque la sentence est frappée d'une voie de recours et que l'exécution provisoire n'a pas
été prononcée par l'arbitre, qu'il l'ait refusée ou qu'elle n'ait pas été demandée, le président

16
Mais le contrôle de la régularité doit se borner une régularité apparente, faute de quoi l’exercice normal des
voies de recours serait vidé d’une partie de son intérêt. Aussi les refus d’exequatur sont-ils rares.
17
Cette exclusion est logique, car la partie qui a succombé doit attaquer la sentence elle-même, par la voie de
l’appel ou de l’annulation.

18
BERNHEM, Laure. « Les principes fondamentaux de l’arbitrage » Bruxelles, Bruylant.2012. p: 88.
de la CA ou le magistrat chargé de la mise en état peuvent accorder l'exequatur à la
sentence arbitrale assortie de l'exécution provisoire19.

Inversement, toujours parce que les règles de l'exécution provisoire des jugements sont
applicables aux sentences arbitrales, l'exécution provisoire ordonnée par l'arbitre peut être,
lorsqu'une voie de recours a été formée, et que l'exécution provisoire risque d'entrainer des
conséquences excessives, suspendue par le président, statuant en référé20.

Chapitre 1 : les voies de recours ordinaires.

Un recours consiste pour la partie qui a succombé à contester la validité de la sentence


arbitrale.21 Ce recours peut prendre plusieurs formes suivant sa finalité ;il peut prendre soit
la forme d'un appel devant l'autorité judiciaire tendant à ce que la sentence soit réformée
ou annulée sur un point de droit, soit la forme d'un recours en annulation ou d'une demande
de renvoi de la sentence au tribunal arbitral pour révision.

Le recours peut prendre également, et c'est ce qui nous intéresse le plus, la forme
d'une demande en annulation au motif que l'objet du litige n'était pas arbitrable ou que la
procédure suivie n'a pas respecté les exigences d'un juste procès ou pour tout autre motif
considéré comme cas d'ouverture. L'objet du recours est clair : il consiste à attaquer la
sentence dans l'espoir qu'elle sera annulée ou du moins réformée d'une manière qui
profitera à la partie qui a formé le recours.

Section 1 : Le recours par voie d’appel:


quant à l’étendue du contrôle exercé par la cour d’appel, il est alors rigoureusement
identique à celui qui s’applique, à travers l’appel formé à l’encontre de la décision de
reconnaissance ou d’exequatur des sentences arbitrales.

Contrairement aux articles 319 et 322 de l’ancien texte du CPC qui ne font pas de
distinction entre la sentence elle-même et l’ordonnance de son exequatur, l’article 327-48
de la nouvelle loi 08-05 précise que c’est l'ordonnance qui refuse la reconnaissance ou

19
Lorsqu’il y a urgence et que l’exécution provisoire n’a pas été accordée par l’arbitre, ou n’a pas été
demandée à l’arbitre, ou que celui-ci a refusé de statuer, le juge étatique peut alors prononcer l’exécution
provisoire et cette décision vaut alors exequatur.
20
NOUGEIN, Henri et les autres. GUIDE PRATIQUE DE L’ARBITRAGE ET DE LA MEDIATION COMMERCIALE. Paris :
Édition LexisNexis, Collection : Pratique professionnelle. p:135

21
ASSOUSI AL ALAOUI Moulay Alkbir : « Les voies de recours relatives aux sentences arbitrales commerciales
en droit marocain », mémoire pour l’obtention du diplôme des études supérieures approfondies, unité de
formation et de recherche dans les systèmes d’arbitrage, université Med V-Souissi, Salé, 2006/2007. p121-145
En arabe.
l'exécution qui est susceptible d'appel. Alors que pour celle qui accorde la reconnaissance ou
l'exécution, l’appel n'est ouvert que dans certains cas délimités par la loi 22 :

 Lorsque le tribunal arbitral a été irrégulièrement composé ou l’arbitre


unique irrégulièrement désigné ;
 Si le tribunal arbitral a statué sans convention d’arbitrage ou sur
convention nulle ou après expiration du délai d’arbitrage ;
 Si le tribunal arbitral a statué sans se conformer à la mission qui lui
avait été conférée ; c'est-à-dire a statué infra ou ultra petita.
 Lorsque les droits de la défense n’ont pas été respectés ; c'est-à-dire le
tribunal arbitral n’a pas respecté le principe du contradictoire ;
 Si la reconnaissance ou l’exécution sont contraires à l’ordre public
national ou international.

Lorsqu’il est admis, l’appel produit en principe un effet suspensif et un effet


dévolutif23. De ce fait, l’appel suspend l’exécution de la sentence. Mais il ne suspend pas
l’exécution provisoire lorsqu’elle est décidée, ainsi pour l’arbitrage international l’article 327-
53 la loi a prévu cette possibilité pour les deux voies de recours (l’appel et le recours en
annulation), en précisant que en plus de l’effet suspensif du délai de recours, le recours
exercé dans le délai est également suspensif, à moins que la sentence arbitrale ne soit
assorti de l’exécution provisoire.

Une partie de la doctrine24 a tendance à limiter la portée de l’effet dévolutif de


l’appel et à le réduire à la simple annulation de la sentence sans qu’il soit permis à la cour
d’appel de rejuger le litige au fond.

La question qui se pose ici c’est de savoir si la cour d’appel, lorsqu’elle est saisie d’un
tel recours, doit limiter son examen aux deux éléments du contrôle exercé par le premier
juge25 et sur le fondement desquels celui-ci a refusé ou accordé l’exequatur, ou si elle doit, à
l’issu d’un débat contradictoire, exercer un plein contrôle de la sentence la conduisant à ne
pouvoir réformer, le cas échéant, la décision entreprise qu’après vérification complète du
bien fondé de cette décision.

En matière d'arbitrage interne26. L’appel confère à la juridiction de second degré la


possibilité de connaître l'affaire en droit comme en fait, par conséquent le juge d'appel
22)
L'article 327-49 de la loi 08-05 abrogeant et remplaçant le chapitre VIII du titre V du code de procédure civile
marocain.
23)
Mohamed EL HARTI : « L’arbitrage commercial en droit marocain interne » in Travaux du colloque
organisé par le département de droit privé de la faculté des sciences juridiques économiques et sociales de Fès, le
4 et 5 Avril 2003. Publication de l’association de diffusion des données juridiques et judiciaires collection
conférences et journées d’études, n°2, 1ère édition 2004.
24 )
Cf. Abdelhak JANATI-IDRISSI : « l’intervention du juge en amont et en aval de la sentence arbitrale » in
Revue marocaine des contentieux N° 5-6/2007.p.54.
25)
L’inexistence de la sentence ou sa contrariété manifeste à l’ordre public international.
26)
Art. 1482 NCPC français.
peut annuler ou réformer une sentence arbitrale. Il importe de signaler que la nouvelle loi
08-05 n’a donné la possibilité à la cour d’appel de statuer sur le fond du litige que dans le
cas d’annulation la sentence arbitrale et dans la limite de la mission du tribunal arbitral à
moins que l’annulation ne soit prononcée en raison de l’absence ou la nullité de la
convention d’arbitrage27. Néanmoins, l'expérience nous a montré que la plus part des cas
sont des annulations que de réformation des sentences arbitrale. En outre la cours d'appel
peut statuer en amiable composition lorsque le tribunal arbitral est investi de cette mission.

Suite à l’absence en matière d’arbitrage international d’un texte analogue à l’article


327-33 alinéa 2 du CPC marocain selon lequel, en matière d’arbitrage interne, l’appel de
l’ordonnance qui refuse l’exequatur donne à la cour d’appel la faculté de connaître de tous
les griefs susceptibles d’être adressés au fond à la sentence, a conduit certains auteurs à
soutenir que la cour d’appel serait, dans une telle hypothèse, saisie d’un recours gracieux et
devrait se contenter d’exercer le même contrôle que celui qui est dévolu au juge de
l’exequatur lui-même.

D’autres auteurs se fondent sur l’intention du législateur de concentrer les recours


susceptibles d’être exercés à l’encontre de la sentence devant une seule juridiction, la cour
d’appel, pour conclure que, même si elle se trouve saisie par la voie d’un recours à
l’encontre d’une décision de refus d’exequatur, la cour d’appel doit reconnaître, à l’issue
d’un débat contradictoire, de l’ensemble des griefs susceptibles d’être opposés à la
sentence.

Au Maroc, Outre l’appel contre l'ordonnance de reconnaissance ou d’exequatur, la


sentence arbitrale rendue en matière d’arbitrage international peut faire l’objet d’un recours
en annulation dans les cas prévus à l’article 327-49.28

Section 2 : le recours en annulation

Lorsque les parties ont renoncé à l'appel ou qu'elles ne se sont pas réservées cette
faculté dans la convention d'arbitrage, un recours en annulation contre les sentences peut
être exercé dans les formes ordinaires devant la cour d'appel dans le ressort de laquelle elles
ont été rendues.

Ce recours est recevable dès le prononcé de la sentence ; il cesse de l'être s'il n'a pas
été exercé dans les quinze jours de la notification de la sentence revêtue de l'exequatur.

Bien que l'appel soit une voie de droit commun, le recours en annulation qui lui est
assimilé se différencie tant par les causes de sa recevabilité que par les règles particulières
de procédure et de ses effets sous toutes leurs facettes. La loi a fixé sept cas où les parties

27 )
Voir l’article 327-37 de la loi 08-05 abrogeant et remplaçant le chapitre VIII du titre V du code de procédure
civile marocain.
28
https://cours-de-droit.net/la-sentence-arbitrale-interne-execution-recours-prononce-a126675832/amp/
peuvent former ce recours contre l'acte qualifié de sentence arbitrale. Ces cas sont les
suivants:29

1. S'il a été statué en l'absence de convention d'arbitrage, sur convention nulle ou


après expiration du délai d'arbitrage ;

2. Si le tribunal arbitral a été irrégulièrement composé, l'arbitre unique


irrégulièrement désigné ou la convention des parties non respectée ;

3. Si le tribunal arbitral a statué sans se conformer à la mission qui lui avait été
conférée, a statué sur des questions n'entrant pas dans le cadre de l'arbitrage ou a méconnu
les limites de la convention. Cependant, s'il est possible de distinguer les parties de la
sentence concernant les questions soumises à l'arbitrage de celles qui ne lui sont pas
soumises, l'annulation ne porte que sur ces dernières ;

4. Lorsque les dispositions des articles 327-23 alinéa 2, 327-24 en ce qui concerne les
noms des arbitres et la date de la sentence et 327-25 n'ont pas été observées ;

5. Lorsque l'une des parties n'a pas été en mesure d'assurer sa défense du fait qu'elle
n'a pas été valablement informée de la désignation d'un arbitre, des procédures d'arbitrage
ou pour toute autre raison relative au devoir du respect des droits de la défense ;

6. Si la sentence arbitrale est rendue en violation d'une règle d'ordre public.

7. Dans le cas de non respect des formalités de procédure convenues entre les
parties ou de non application d'une loi devant être appliquée d'un commun accord entre
elles à l'objet du litige.

Par ailleurs, la CA qui examine le recours en annulation prononce d'office l'annulation


de la sentence arbitrale lorsqu'elle est contraire à l'ordre public du pays ou si elle constate
que l'objet du litige concerne une question qui ne peut être soumise à l'arbitrage ; ce qui
diffère du sixième cas afférent à une simple violation d'une règle d'ordre public par la
décision arbitrale contestée.

La cour d'appel statue selon la procédure d'urgence. Le délai pour exercer le recours
en annulation suspend l'exécution de la sentence arbitrale. Le recours exercé dans le délai
est également suspensif.

Il faut noter enfin que les procédures d'appel et d'annulation sont contentieuses et
que le rejet de l'appel ou du recours en annulation confère l'exequatur à la sentence.
Lorsque la Cour d'appel annule la sentence arbitrale, elle statue sur le fond dans les limites

29
https://www.memoireonline.com/11/17/10190/m_L-arbitrage-en-droit-marocain-et-ses-evolutions41.html
de la mission du tribunal arbitral sauf si l'annulation est prononcée pour absence de
convention d'arbitrage ou pour nullité de cette convention.

Lorsque la Cour d'appel prononce l'irrecevabilité du recours en annulation, elle doit


ordonner l'exécution de la sentence arbitrale. Son arrêt est définitif. Les réglementations
modernes assimilent les sentences arbitrales aux décisions judiciaires, en établissant à cet
effet une série de recours contre les sentences arbitrales, avec des délais variables et
souvent longs et avec de longues listes de motifs qui diffèrent énormément d’un système
juridique à l’autre30.

La sentence arbitrale n’est, en aucun cas, susceptible de recours. Cette interdiction


été prévue par l’article 319 de l’ancien CPC, toutefois, selon la nouvelle loi 08-05 modifiant le
chapitre VIII du titre V du code de procédure civile marocain, la sentence rendue au Maroc
en matière d’arbitrage international peut faire l’objet d’un recours en annulation dans les
cas limitativement prévus à l’article 327-49 du CPC marocain31.

Il faut noter que Les dispositions qui s’appliquent à l’ordonnance de l’exequatur


s’appliquent également au jugement du tribunal administratif compétent pour conférer
l’exequatur aux sentences arbitrales dont l’une des parties est personne morale de droit
public, conformément à l’article 327-26 CPC qui fait renvoie aux effets prévus par l’article
327-32 et suivant du même code. On peut déduire, que l’effet suspensif du recours en
annulation des sentences arbitrales influence de plein droit sur la force exécutoire de la
sentence arbitrale nationale ou internationale.

A cet égard, La jurisprudence marocaine affirme que la rectification de la sentence arbitrale


interne suspend du plein droit l’exécution de ladite sentence conformément à l’article 327-
3032
En revanche, le recourant peut poursuivre une autre procédure pour suspendre l’exécution,
car ce principe de l’effet suspensif de plein droit des recours ne s’applique pas sur les
décisions relevant d’une exécution provisoire conformément aux règles générales [15], mais la
suspension de l’exécution se fonde dans ce cas sur une demande de l’intéressé en
remplissant un certain nombre de conditions.

En matière d'arbitrage institutionnel, le recours en annulation s'effectue devant le


centre d'arbitrage dont le règlement précise les moyens et les modalités de la demande

30)
Voir par exemple, dans le système suisse, J. F. Poudret, « Les voies de recours en matière d’arbitrage
international en Suisse selon le concordat et la nouvelle loi fédérale », Rev. arb., 1988, pp. 595-628.
31)
Sont les mêmes cas prévus pour l’appel de l’ordonnance qui accorde la reconnaissance ou l’exécution de la
sentence arbitrale.
32 17
Arrêt n°2190/2013 rendu par la cour d’appel de commerce de Casablanca le 16/04/2013, dossier n°
3429/2011/14
d'annulation33. Il faut noter que les lois modernes sur l'arbitrage, y compris le droit marocain,
confient le recours en annulation des sentences arbitrales à la juridiction du siège du tribunal
arbitral, même si la sentence est rendue en application d'une loi étrangère34.

Conformément à l’article 327-52, les sentences arbitrales peuvent faire l’objet d’un
recours en annulation dans les formes ordinaires devant la cour d’appel dans le ressort de
laquelle elles ont été rendues. Ce recours est recevable dès le prononcé de la sentence ; il
cesse de l’être s’il n’a pas été exercé dans les délais dans les quinze jours de la notification de
la sentence déclarée exécutoire.

Lorsqu’une sentence a fait l’objet d’une annulation dans un pays donné, il faut
solliciter l’exequatur de la décision d’annulation, sinon une sentence annulée dans ce pays
pourrait très bien être exécutée dans un autre pays. En effet, il est envisageable qu’une
sentence arbitrale frappée d’annulation ou de suspension d’exécution dans le pays du siège
de l’arbitrage soit reconnue et exécutée dans un autre pays.

Quant aux sentences partielles, intermédiaires ou provisoires, peuvent-elles faire


l’objet d’un recours en annulation ? Les réponses à cette question varient en droit comparé.
Au Maroc, l’ancienne comme la nouvelle version du CPC sont muettes sur cette question.

33

34)
Cf. Abdelhak JANATI-IDRISSI : « l’intervention du juge en amont et en aval de la sentence arbitrale » in Revue
marocaine des contentieux N° 5-6/2007.p.54.

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