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L’ARBITRAGE EN MATIERE COMMERCIALE


En principe lorsque des personnes ont un litige, elles doivent s’adresser aux
juridictions étatiques (cours et tribunaux) pour régler leur problème. Mais en
matière commerciale, les commerçants ont fréquemment recours à l’arbitrage
pour régler leur différend. Cela est dû au fait que le commerçant y trouve
plusieurs avantages notamment :
1er avantage : La justice arbitrale est une justice rapide.
La plupart des voies recours sont fermées
2ème avantage : La justice arbitrale est une justice discrète.
Contrairement à ce qui se passe en matière civile, en matière d’arbitrage, les
décisions ne sont pas rendues en audience publique. Seules les parties sont
au courant de la décision
3ème avantage : L’arbitre peut rendre ses décisions en équité.
Beaucoup de leurs décisions sont prises en équité et non sur le fondement de
la règle de droit. L’arbitre doit trancher le litige conformément aux règles de
droit, il doit appliquer la loi, mais les parties peuvent l’en dispenser. On dit qu’il
statue en Amiable Compositeur. Dans ce cas, il devra statuer en Equité (il
devra retenir la décision la plus équitable) s’il ne choisit pas de se referer aux
usages du commerce international
. 4e avantage :la liberté de choix des arbitres :les parties ou le centre
d’arbitrage peuvent désigner des arbitres ayant une grande maitrise sur les
questions litigieuses. Ainsi dans les relations internationales, cette liberté
permet d’apaiser la crainte de l’ignorance de la loi applicable et de la juridiction
compétente.
5e avantage : LA QUALITE : l’arbitrage est une justice de meilleure qualité
parce qu’administré par des spécialistes.
6e avantage : c’est une justice conviviale qui facilite la continuation des
relations d’affaires.A cet egard ,il convient de relever que l’arbitrage est un bon
instrument pour la promotion des investissements. En ce sens le legislateur
prevoit que l’arbitrage peut resulter du code des investissements ou alors d’un
traité relatif aux investiessements

Il existe deux types d’arbitrage en matière commerciale :


- d’une part, l’arbitrage Ad Hoc est celui dans lequel les parties trouvent
elles-mêmes l’arbitre ou 2 des arbitres qui doivent choisir un 3 ème arbitre pour
constituer le tribunal arbitral et le local qui abritera et la préparation et le
déroulement du procès.
- d’autre part, l’arbitrage Institutionnel est celui dont l’organisation est
confiée à un centre d’arbitrage qui propose des arbitres et fournit le local.
Selon la nature du centre, on distingue 2 types d’arbitrage institutionnel : celui
organisé par les institutions permanentes internes tels que le Centre
d’Arbitrage au Cameroun,le Centre d’Arbitrage , de Conciliation et de
Médiation de la Cambre de Commerce de Dakar etc.d’une part et celui
organisé par la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (elle propose des

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arbitres agréés, le local et organise l’arbitrage. Dans le cas où les parties


choisissent leurs arbitres, elles les confirment) d’autre part. sans oublier la
Cour Internationale de la Chambre de Commerce Internationale de Paris
Quelle que soit l’équipe d’arbitrage, il faut toujours un accord de volonté des
parties car l’arbitre n’est pas investi de manière permanente du pouvoir de
juger. Cet accord de volonté s’appelle Convention d’Arbitrage.

Para I : La Convention d’Arbitrage

Il existe deux types de conventions d’arbitrage: le Compromis et la Clause


Compromissoire.
- Le compromis : C’est la convention par laquelle deux parties qui ont un
litige déjà né décident de soumettre leur différend à un ou plusieurs arbitre.

- La Clause Compromissoire : Clause insérée dans le corps d’un contrat par


laquelle les deux parties contractantes prennent l’engagement de soumettre à
l’arbitrage tous les litiges qui naîtront de ce contrat.
A : La Formation de la Convention d’Arbitrage

a) La validité de la convention d’arbitrage

1) Conditions de fond :
Pour les conditions de fonds, il deux problèmes.

-D’une part les personnes qui peuvent passer une convention, c’est le
problème de l’arbitrabilité subjective.
Ne peuvent aller à l’arbitrage que les personnes capables y compris l’Etat et
les Collectivités. Avant l’OHADA, toute clause compromissoire ainsi que tout
compromis passé par un civil ou une personne morale de droit public était
frappé de nullité. Ce n’est plus le cas, aujourd’hui, les conventions d’arbitrage
passées par des personnes non commerçantes ou par des personnes morales
de droit public sont aussi valables que les conventions signées par les
commerçants.En effet,l’article 2 dispose que ces entités de droit public ne
peuvent invoquer leur propre droit pour contester l’arbitrabilité d’un
differend,leur capacité à compromettre ou la validité de la convention
d’arbitrage

-D’autre part les litiges soumis à l’arbitrage : ne sont soumis aux arbitres
que les litiges portant sur des droits dont les parties ont la libre disposition,
c’est-à-dire d’ordre contractuel ou les droits patrimoniaux, C’est l’Arbitrabilité
Objective.

2) Conditions de forme :
La convention d’arbitrage doit être constatée par écrit ou par tout autre moyen
permettant d’en administrer la preuve (télex, e-mail …). Il faut noter que l’écrit
n’est pas une condition de validité mais une condition de preuve. Cela veut

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que même en l’absence d’écrit, la convention d’arbitrage est valable mais ils e
posera le problème de sa preuve.

b) L’autonomie de la convention d’arbitrage :


On dit que la convention d’arbitrage est indépendante du contrat principal. Il
peut arriver que le contrat dans lequel la clause est incluse soit nul et que la
clause ne le soit pas. La nullité du contrat principal n’affecte pas la validité de
la clause compromissoire.
Donc la nullité du contrat principal n’entraîne pas celle de la convention
d’arbitrage. La convention survit pour permettre aux parties de saisir un ou des
arbitres en cas de litige y compris le litige pouvant naître de la nullité du
contrat principal.

B : Les effets de la convention


Il existe deux types d’effets :

a) L’obligation de soumettre les litiges à ou aux arbitres qui ne peuvent


jamais siéger en nombre pair (1 ou 3). On ne peut plus abandonner l’arbitrage
au profit des cours et tribunaux même si l’une des parties conteste la
compétence de l’arbitre en invoquant la nullité de l’arbitrage. Toutes les
questions devront être soumises à l’arbitre qui du reste est seul habilité à se
prononcer sur sa propre compétence. C’est la Compétence Compétence.
b) L’incompétence des juridictions étatiques : elle n’est pas absolue car le
tribunal ne peut pas de son propre chef prononcer son incompétence. C’est
l’une des parties, en l’occurrence le défendeur (il soulève l’exception
d’incompétence in limine litis, c’est-à-dire avant le début du procès et avant
tout autre moyen de défense de fond) qui peut l’informer de l’existence de la
convention. Alors deux cas peuvent se présenter :
- soit un arbitre a déjà été saisi, dans ce cas le tribunal doit se déclarer
incompétent,
- soit un arbitre n’a pas encore été saisi, dans ce cas aussi le tribunal doit se
déclarer incompétent sauf si la convention est manifestement nulle. La
convention est manifestement nulle si un examen superficiel permet d’en
déceler la nullité. Ex : litige à propos d’héritage, de succession, de divorce.

Para II : La sentence

L’arbitre ou le tribunal arbitral doit respecter les règles de procédure,


mais il peut en être dispensé par les parties. Il devra tout de même respecter
le Principe du Contradictoire (Nul ne peut être jugé sans être entendu).
Chaque partie doit être informée des arguments et des moyens de preuve de
son adversaire. Par ailleurs il faut observer que la durée de la mission des
arbitres est en principe de 6 mois à compter de l’acceptation de la mission par
le dernier arbitre. Ce délai peut être exceptionnellement prorogé par accord
des parties par une décision du juge étatique à la demande de l’une des
parties ou par le tribunal arbitral même

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La décision rendue par l’arbitre s’appelle Sentence Arbitrale. Elle


entraîne le dessaisissement de l’arbitre : sa mission terminée, il ne peut plus
se prononcer. Cependant il a toujours la possibilité de rectifier les erreurs
matérielles par lui commises. Il peut aussi réparer les omissions. Par exemple
s’il omet de se prononcer sur un chef de demande, il peut réparer en rendant
une sentence additionnelle. La sentence est dotée de l’autorité de la chose
jugée, mais elle n’a pas de Force Exécutoire. Elle ne peut faire l’objet d’une
exécution forcée car l’arbitre n’a pas le pouvoir de contraindre. Mais le
bénéficiaire de la sentence peut demander l’Exequatur. C’est une procédure
qui permet d’obtenir du juge la possibilité de contraindre à l’exécution par
l’apposition sur la sentence arbitrale de la formule exécutoire.
Dans le cas d’un arbitrage Ad Hoc ou par une institution interne, c’est le
président du tribunal régional qui fait apposer la formule exécutoire.
Dans le cas de l’arbitrage par la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage,
c’est le président de la CCJA qui délivre l’exequatur.
L’intérêt de l’arbitrage CCJA est que lorsqu’on y reçoit l’exequatur, on peut
la faire appliquer dans tous les Etats parties ; cela n’est pas possible lorsqu’il
s’agit de l’exequatur délivré par le Président du tribunal régional qui n’est
valable qu’au Sénégal.

Para III : Les voies de recours contre les sentences arbitrales


Les décisions n’étant pas rendues par les juridictions étatiques, les voies de
recours pour contester la décision des arbitres ne seront pas les mêmes. Ainsi
si certaines voies de recours sont ouvertes aux parties d’autres par contre
leurs sont fermées.
A : Les trois voies de recours fermées

1°) L’Appel : C’est une voie de recours ordinaire de réformation qui permet de
porter une affaire ayant fait l’objet d’un jugement en premier ressort devant
une juridiction hiérarchiquement supérieure avec toutes les questions de fait et
de droit que l’affaire comporte. Il n’existe pas en matière d’arbitrage.

2°) L’Opposition : C’est une voie de recours ordinaire de rétractation qui


permet de faire revenir devant la même juridiction une affaire qui a fait l’objet
d’un jugement par défaut. Il n’existe pas en matière d’arbitrage.

3°) Le Pourvoi en Cassation : C’est une voie de recours extraordinaire (elle


n’est ouverte que dans les cas prévus par la loi) qui permet de faire contrôler
la régularité formelle ou la conformité aux règles de droit des décisions
rendues en dernier ressort. Il n’existe pas en matière d’arbitrage.

B : Les trois Voies de Recours Ouvertes

1°) Le Recours en Annulation : Cette dénomination est propre à l’arbitrage


Ad Hoc et à celui organisé par les institutions internes. S’il s’agit d’arbitrage

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CCJA, on l’appelle Recours en Contestation de Validité. Cette voie s’ouvre


si l’arbitre a statué sans convention d’arbitrage, ou s’il a statué sur la base
d’une convention nulle, ou lorsqu’il n’a pas respecté sa mission, ou lorsque le
tribunal arbitral a été irrégulièrement constitué (ex : 2 arbitres) ou l’arbitre
irrégulièrement désigné. Elle s’ouvre également dans le cas où la sentence
n’est pas motivée, lorsqu’il y a violation de l’ordre public international des Etats
parties ou encore dans le cas ou il y a non respect du Principe du
Contradictoire. Le recours est porté devant le tribunal régional dans le cas
d’un arbitrage Ad Hoc ou par une institution interne, et devant la CCJA s’il
s’agit d’un arbitrage qui a été organisé par elle-même.

2°) La Tierce Opposition : Lorsque la sentence porte atteinte aux droits d’une
personne qui n’a été ni partie ni représentée, cette personne peut exercer ce
recours. L’affaire revient devant le même arbitre ou tribunal arbitral.

3°) Le Recours en Révision : Il est ouvert lorsqu’il y a découverte d’un fait qui
serait de nature à exercer une influence décisive et qui, avant le prononcé de
la sentence, était inconnu des arbitres et de la partie qui demande la révision.
L’affaire revient également dans ce cas devant le même arbitre ou tribunal
arbitral.
Ces deux voies de recours – Tierce Opposition et Recours en Révision –
peuvent à la limite être considérées comme des voies de rétractation.

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