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CAS PRATIQUE
Monsieur Pierre Chimène vient vous voir pour vous demander :
M. Chimène, avant d’agir en justice, doit désormais indiquer au juge les démarches qu’il a
accomplies afin de tenter de résoudre le litige à l’amiable : l’action en justice ne doit être que
le dernier recours quand les autres tentatives ont échoué. Ici, l’énoncé précise « qu’il est
impossible de s’entendre à l’amiable avec le vendeur », ce qui signifie que l’acheteur a bien
tenté une démarche amiable avant de décider d’agir devant une juridiction d’État. Il devra en
apporter les preuves dans sa citation en justice contre le vendeur.
Il devra à la suite de ces démarches et de leur preuve, engager la procédure contre la SARL
« Toute la technologie à domicile », personne morale qui sera représentée à l’instance par
son gérant. En effet, c’est bien la société qui est le « vendeur » au sens juridique du terme,
c'est-à-dire le cocontractant de M. Chimène. M. Badi est salarié de la SARL, il n’a donc pas
contracté personnellement avec l’acheteur, mais il l’a fait pour le compte de la SARL.
M. Chimène doit choisir une juridiction de première instance, puisqu’il débute la procédure
d’action en justice.
La SARL est une société commerciale par la forme et M. Chimène a acheté le téléviseur en
tant que consommateur ayant agi pour des besoins civils. Le contrat de vente est un acte
mixte.
Dans le contrat de vente entre les parties, il figure une clause qui pourrait nous aider, mais
l’art. 48 CPC dispose que les clauses attributives de compétence territoriale ne sont valables
qu’entre commerçants. Or, ce n’est pas le cas ici, la clause attribuant compétence territoriale
à une juridiction parisienne est donc nulle et réputée non écrite. Il faut, alors, revenir aux
principes de droit commun qui permettent de fixer cette compétence : l’art. 42 CPC prévoit
que la compétence territoriale de droit commun revient au tribunal dans le ressort duquel se
situe le domicile ou le siège social du défendeur, donc ici celui du siège social de la SARL,
soit Paris ; l’art. 46 CPC donne cependant au demandeur la possibilité de déroger à cette
règle, en choisissant, en matière contractuelle, le tribunal dans le ressort duquel se situe le
lieu de livraison de la chose. Ici, le téléviseur a été livré au domicile des Chimène, à
Versailles.
La compétence matérielle dépend de la qualité des parties à l’acte, et puisque l’une est
commerçante et l’autre civile, on peut se poser la question de choisir entre une juridiction
civile (Tribunal judiciaire ou T.prox) ou une juridiction commerciale (TC).
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En matière d’acte mixte, la compétence matérielle du juge dépend de qui est le demandeur
et de qui est le défendeur.
Au TJ (qui se substitue aux Tribunaux d’Instance et TGI) comme au TC, le moyen d’engager
une action en justice est l’assignation, que doit faire délivrer M. Chimène à la SARL, par
exploit d’huissier, avant de la faire mettre au rôle de la juridiction saisie.
Aux termes des articles 54, 56 et 648 du CPC, une assignation doit contenir à peine de
nullité, certaines mentions obligatoires renseignant sur le requérant, ainsi sur que l’huissier
de justice, le tribunal saisi et l’objet de la demande
la date ;
l’identité de l’huissier et sa signature ;
l’identité du demandeur ;
l’identité du défendeur ;
la domiciliation du demandeur ;
celle du défendeur ;
la juridiction devant laquelle l’affaire est portée (nature, lieu de son siège, date ou
délai de comparution) ;
l’objet de la demande avec un exposé des moyens en fait et en droit : c’est le
dispositif ou encore le libellé de l’acte ;
les possibilités de se faire assister ou représenter ;
l’indication que faute de comparaître, le défendeur s’expose à ce que le jugement
soit rendu contre lui, sur les seuls éléments fournis par l’adversaire.
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INTRODUCTION AU DROIT – CORRIGE DU DEVOIR D0002
soit par des exceptions de procédure avant toute défense au fond : par exemple,
soulever l’incompétence du tribunal d’instance car il est commerçant ;
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INTRODUCTION AU DROIT – CORRIGE DU DEVOIR D0002
soit par des défenses au fond : invoquer son absence de faute (mais c’est inopérant
en garantie des vices cachés), prétexter une faute de M. Chimène ou de son fils
ayant endommagé le matériel (mais encore faut-il la prouver), appeler en garantie le
transporteur du téléviseur ou directement son fabricant pour se dégager de sa propre
garantie… ;
soit par une demande reconventionnelle : exiger de M. Chimène le paiement des
sommes pour lesquelles un crédit a été consenti tant que le juge n’a pas donné
raison à l’acheteur, en vertu du principe que nul ne peut se faire justice à soi-même..
L’idée est de discuter, avant toute défense au fond, de la compétence du tribunal en arguant
de la nullité de la clause attributive de compétence (voir ci-dessus), dans une exception de
procédure.
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INTRODUCTION AU DROIT – CORRIGE DU DEVOIR D0002
M. Chimène doit faire valoir, qu’en tant que personne civile, les clauses attributives de
compétence territoriale sont nulles à son encontre et que les clauses attributives de
compétence matérielle lui sont inopposables, car le demandeur commerçant ne peut pas
l’attraire contre son gré devant la juridiction commerciale.
a. Première hypothèse
Si le juge n’a tranché que la compétence et pas le fond du litige, c’était autrefois le contredit
de compétence qui était la voie de recours adéquate.
Le décret n° 2017-891 du 6 mai 2017 a réformé l'appel en mettant fin au régime dérogatoire
du contredit et en supprimant cette voie de recours particulière : les décisions tranchant des
exceptions d'incompétence relèvent désormais directement de l'appel.
b. Deuxième hypothèse
Si le juge a tranché, à la fois, la compétence et le fond du litige, il faut aussi passer par la
voie de l’appel pour contester l’ensemble de la décision.
On dit qu’il y a litispendance lorsque le même procès que celui dont le tribunal est saisi, est
porté simultanément devant une seconde juridiction également compétente pour en
connaître.
C’est un cas de conflit positif et l’affaire en entier est attribuée à la juridiction qui a été saisie
la première si les deux juridictions sont du même degré, ou à la juridiction la plus élevée
dans la hiérarchie judiciaire si les deux juridictions ne sont pas du même degré.
Attention : signalons ici une erreur fréquente, mais grave, à ne pas commettre dans cette
réponse. Elle montre, en effet, une bien mauvaise compréhension de l’ensemble de notre
organisation juridictionnelle. La solution attendue pour résoudre la litispendance n’est pas le
recours au Tribunal des conflits.
Le Tribunal des conflits n’est absolument pas compétent pour trancher une situation de
litispendance : il n’intervient que pour trancher les (rares) conflits de compétence entre
l’ordre juridictionnel administratif et l’ordre juridictionnel judiciaire, et pour attribuer le litige
aux juridictions de l’un des deux ordres.
Il n’intervient donc jamais pour trancher un litige entre deux juridictions appartenant au
même ordre, ni pour l’attribuer à l’une ou l’autre de ces juridictions.
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