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I. PREMIER DOSSIER
Jérôme Dumont étant marié sous le régime de la communauté réduite aux acquêts (car il n’a
pas établi de contrat de mariage), son fonds de commerce acquis après le mariage constitue
un bien commun. Par conséquent, l'acte d'apport devra respecter certaines conditions.
L'article 1832-2 al. 1er C. civ. impose d'abord que le conjoint soit averti de cet apport
et qu'il en soit justifié dans l'acte, cette formalité étant requise à peine de nullité (cf.
article 1427 C. civ.).
Mais, les règles propres aux régimes matrimoniaux sont encore plus exigeantes :
aux termes de l'article 1424 C. civ., Jérôme Dumont devra obtenir l'accord de son
épouse, une simple information ne suffisant pas. C'est donc cet accord qui devra
être mentionné dans l'acte. À défaut, Sylvie Coutras pourrait demander la nullité de
l'acte dans les deux années suivant le jour où elle en aurait eu connaissance.
Nota : l'apport en nature étant constitué d'un fonds de commerce, l'acte devra préciser avec
exactitude les éléments transmis à la société. Par ailleurs, les dispositions des articles 12 et
15 de la loi du 29 juin 1935 (L.141-1 et L.141-2 nouv. C. com.) trouvent également à
s'appliquer, ainsi que les formalités destinées à protéger les créanciers de l'apporteur (loi du
17 mars 1909).
Jérôme Dumont ayant effectué seuI l’apport, il aura seul la qualité d'associé, Sylvie Coutras
étant un tiers à l'égard de la SARL INFOLOG. Mais, l'article 1832-2 C. civ. lui permet
d'acquérir cette qualité pour la moitié des parts si elle notifie à la société son intention d'être
personnellement associée.
Sylvie Coutras peut revendiquer son entrée dans la société au moment de l'acte d'apport ou
ultérieurement, mais les conditions seront alors différentes.
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Il y avait donc un piège à éviter en l’espèce. Ici, il ne s'agit pas d'une convention
réglementée. Le contrat n’a pas à faire l'objet d'une procédure de validation par l’AG, même
si le prix conclu semble un peu exagéré.
Dans ses rapports avec les autres associés et la société, le gérant de la SARL
peut faire tous les actes de gestion dans l'intérêt de la société, du moment qu’ils
entrent dans l’objet social.
Les pouvoirs du gérant sont également limités par ceux conférés par la loi aux
assemblées d’associés.
Les statuts peuvent également limiter ses pouvoirs et imposer leur autorisation
préalable par l’AG.
En cas de violation de ces limites, le gérant engage sa responsabilité envers la société. Les
associés pourront le révoquer et lui demander des dommages et intérêts.
Dans ses rapports avec les tiers, le gérant est investi des pouvoirs les plus
étendus pour agir en toute circonstance au nom de la société, même en
dépassement de l’objet social, mais sous réserve des pouvoirs que la loi attribue
expressément aux autres organes sociaux.
La société est engagée même par les actes du gérant ne relevant pas de l’objet
social, à moins qu’elle ne prouve que le tiers le savait ou ne pouvait l’ignorer compte
tenu des circonstances.
Les limites statutaires de pouvoirs sont inopposables aux tiers de bonne foi.
En l’espèce, l’application de ces principes donnent les solutions suivantes :
1. L’embauche d’un nouveau salarié est un acte de gestion courante ; il entre dans les
pouvoirs du gérant. Il est donc valable.
2. La campagne publicitaire d’un montant de 10 000 € est un acte de gestion valable. Les
statuts auraient toutefois pu prévoir une limite statutaire imposant une autorisation préalable
de l’AG pour tout acte au-delà de 8 000 €. Ces limites étant inopposables aux tiers, l’acte
serait valable envers les tiers et engagerait la société, mais le gérant mettrait en jeu sa
responsabilité, en cas de conséquences dommageables subies par la société ou les autres
associés.
3. L’achat d’une voiture de collection aux couleurs de la société : s’il n’est pas excessif en
termes de prix, cet achat peut servir la société à des fins publicitaires et ainsi rentrer dans
l’objet social. Il ne semble pas être contraire à l’intérêt social. Cet acte est donc valable et
n’engage la responsabilité de Monsieur Dumont, ni à l’égard de la société, ni à l’égard des
tiers. S’il était financièrement excessif, il deviendrait une dépense somptuaire : voir ci-
dessous.
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4. Le voyage aux Baléares, au contraire, ne rentre pas dans l’objet social et est contraire à
l’intérêt social. C’est une dépense somptuaire. La société restera engagée vis-à-vis des tiers
mais, vis-à-vis des associés, le gérant engage sa responsabilité et pourra être condamné au
versement de dommages et intérêts.
Par ailleurs, on notera que cet acte peut être, parallèlement à la procédure civile,
pénalement punissable en tant qu’abus de biens sociaux. Le gérant de la SARL risque
personnellement (L. 241-3, 4° pour les SARL) cinq ans d’emprisonnement et 375 000 euros
d’amende.
Selon la jurisprudence, le dirigeant de fait est toute personne physique ou morale qui,
assurant les mêmes fonctions et les mêmes pouvoirs qu'un dirigeant de droit, exerce en fait
en toute souveraineté et en toute indépendance une activité positive de gestion et de
direction.
Trois critères sont donc à retenir pour qualifier un dirigeant de fait :
Les individus qui empruntent un statut ou une fonction sans l’avoir reçu(e) de la loi
(commerçants de fait, dirigeants de fait…) sont soumis à un régime de sanction : ils sont
soumis à toutes les obligations du statut qu’ils empruntent, sans pouvoir bénéficier d’aucun
des droits de ce statut.
En l’espèce, les personnes qualifiées de dirigeants de fait encourent alors les mêmes
responsabilités civiles, pénales et fiscales que les dirigeants de droit. Par exemple :
elles s'exposent, en cas d'infraction à la loi sur les sociétés commerciales, aux
mêmes sanctions que les dirigeants de droit ;
les dirigeants de fait peuvent être soumis à la procédure de redressement judiciaire
et tenus de contribuer au passif social en cas de cessation des paiements de la
société ;
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La transformation d’une société est l’opération par laquelle une société change de forme
juridique en cours de vie sociale. Par principe, elle est toujours possible, tant qu’elle ne viole
pas les règles légales et statutaires prévues à cet effet.
Le point essentiel à rappeler ici est que la transformation régulière d’une société en une
autre forme juridique sociétaire n’entraîne pas la création d’une personne morale nouvelle
(art. 1844-3 C. civ.). La personnalité juridique ne disparaît pas pendant la transformation
pour renaître après, elle se conserve et c’est la même personne morale qui apparaît sous
une forme nouvelle.
Il faut d’abord réunir les conditions de fond de constitution de la nouvelle forme sociale :
nombre d’associés minimum (2 pour la SA depuis septembre 2015), montant minimum de
capital social (37 000 euros en SA).
Ensuite, du point de vue formel, cette transformation requiert les opérations suivantes.
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Enregistrement fiscal des nouveaux statuts dans les mois de leur adoption.
Insertion d'un avis de transformation dans un JAL.
Dépôt du dossier au CFE en vue d'une inscription modificative au RCS.
Publicité de l’avis de transformation au BODACC, dans les huit jours de l’inscription
modificative, à la diligence du greffier du TC.
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