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Revue des sociétés

Revue des sociétés 2019 p.42

Droit pour les tiers de se prévaloir des limitations de pouvoirs des dirigeants
Note sous Cour de cassation (com.), 14 février 2018, n° 16-21.077 (F-D) et Cour de cassation (3e civ.), 14 juin 2018, n° 16-28.672 (F-
P+B)

Benoît Lecourt, Professeur à l'université de Cergy-Pontoise ; Directeur de l'Institut d'études judiciaires ; Membre du
LEJEP

L'essentiel
Un tiers peut se prévaloir des statuts d'une personne morale pour justifier du défaut de pouvoir d'une personne à figurer dans un litige comme le
représentant de celle-ci ; après avoir énoncé qu'aucune disposition légale n'interdit à ces dernières de se prévaloir des limitations de pouvoirs des
dirigeants sociaux de la société O, l'arrêt constate que le procès-verbal d'assemblée générale extraordinaire du 3 octobre 2003 a limité les pouvoirs de la
gérante de la société, Mme X..., en précisant que celle-ci ne pourrait « sans y être autorisée au préalable par une décision collective ordinaire des associés
effectuer [...] toute action en justice de la société en tant que demandeur » ; il en déduit que Mme X... devait avoir été habilitée par l'assemblée générale
ordinaire des associés à engager la procédure contre la société K et son assureur ; ayant estimé que les documents produits aux débats n'étaient pas
probants de la réalité des pouvoirs donnés à Mme X... pour engager la procédure, la cour d'appel, qui a prononcé la nullité des assignations délivrées
dans ces conditions pour le compte de la société O, a statué à bon droit. (1re esp.)

« [...] les tiers à un groupement foncier agricole peuvent se prévaloir des statuts du groupement pour invoquer le dépassement de pouvoir commis par le
gérant de celui-ci ; [...] la cour d'appel a constaté que M. Alexandre Z... n'était pas associé du GFA lors de la délivrance du congé, son père ne lui ayant
fait donation de parts sociales qu'après cette date ; [...] il en résulte que M. Alexandre Z..., tiers preneur à bail, pouvait se prévaloir des statuts du
groupement bailleur pour justifier du dépassement de pouvoir commis par sa cogérante ; [...] ; par ce motif de pur droit, substitué à ceux justement
critiqués, l'arrêt se trouve légalement justifié ». (2e esp.)

1re espèce

La Cour,

Donne acte à Mme J., en qualité de liquidateur de la société Opalis, de ce qu'elle reprend l'instance au nom de cette société ;

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 8 juin 2016), que la société Opalis commercialise une ligne de produits de soins capillaires, sous la
marque éponyme, dans le cadre d'une licence de marque consentie par Mme Q., titulaire de la marque ; qu'elle a confié à la société
Laboratoires Kosmeto 1 (la société Kosmeto), laquelle est assurée auprès de la société Generali IARD (la société Generali) au titre de sa
responsabilité civile, la fabrication, le conditionnement et l'expédition de ses produits ; qu'un différend est né entre la société Opalis et la
société Kosmeto sur le conditionnement des produits ; que la société Opalis, représentée par sa gérante, Mme Q., ainsi que cette dernière à
titre personnel ont assigné la société Kosmeto et la société Generali, en réparation de leurs préjudices respectifs ;

Sur le premier moyen :

Attendu que la société Opalis et Mme Q. font grief à l'arrêt de déclarer nulles les assignations délivrées à la demande de la société Opalis
alors, selon le moyen, qu'un tiers ne peut se prévaloir des limitations statutaires, à titre de règlement intérieur, des pouvoirs du gérant pour
dénier au représentant légal la possibilité de représenter en justice la société ; qu'en l'espèce, une assemblée générale extraordinaire du 3
octobre 2003 avait limité les pouvoirs de Mme Q. en indiquant que celle-ci ne pourrait « sans y être autorisée au préalable par une décision
collective ordinaire des associés effectuer... toute action en justice de la société en tant que demandeur » ; qu'étant strictement interne,
prise à titre de « règlement intérieur » à la société Opalis, cette résolution ne pouvait être invoquée par les tiers pour venir contester le
défaut de pouvoir du représentant légal de la société ; qu'en décidant le contraire et en déclarant nulles les assignations délivrées par la
société Opalis, la cour d'appel a violé l'article L. 223-18 du code de commerce, ensemble l'article 117 du code de procédure civile ;

Mais attendu qu'un tiers peut se prévaloir des statuts d'une personne morale pour justifier du défaut de pouvoir d'une personne à figurer
dans un litige comme le représentant de celle-ci ; qu'après avoir énoncé qu'aucune disposition légale n'interdit à ces dernières de se
prévaloir des limitations de pouvoirs des dirigeants sociaux de la société Opalis, l'arrêt constate que le procès-verbal d'assemblée générale
extraordinaire du 3 octobre 2003 a limité les pouvoirs de la gérante de la société, Mme Q., en précisant que celle-ci ne pourrait « sans y être
autorisée au préalable par une décision collective ordinaire des associés effectuer [...] toute action en justice de la société en tant que
demandeur » ; qu'il en déduit que Mme Q. devait avoir été habilitée par l'assemblée générale ordinaire des associés à engager la procédure
contre la société Kosmeto et son assureur, la société Generali ; qu'ayant estimé que les documents produits aux débats n'étaient pas
probants de la réalité des pouvoirs donnés à Mme Q. pour engager la procédure, la cour d'appel, qui a prononcé la nullité des assignations
délivrées dans ces conditions pour le compte de la société Opalis, a statué à bon droit ; que le moyen n'est pas fondé ;
Et sur le second moyen :

Attendu que la société Opalis et Mme Q. font grief à l'arrêt de condamner Mme Q., in solidum avec la société Opalis, à payer à la société
Kosmeto la somme de 7 000 € au titre de l'indemnité pour frais irrépétibles et à payer à la société Generali la même somme au même titre
alors, selon le moyen, que seule la partie tenue aux dépens ou qui perd son procès à payer peut être condamnée à verser à l'autre partie la
somme déterminée par le juge au titre des frais exposés et non compris dans les dépens ; qu'en l'espèce, Mme Q. avait, à titre personnel,
formé une demande tendant à voir condamner in solidum la société Kosméto et la société Generali à lui verser la somme de 205.5000 € à titre
de dommages-intérêts au titre de la perte de de revenus liée à la redevance de la marque ; que la cour d'appel n'ayant pas statué sur cette
demande, Mme Q. n'a pas succombé en cette prétention ; qu'en la condamnant, dans ces conditions, au paiement de frais irrépétibles, la
cour d'appel a violé l'article 700 du code de procédure civile ;

Mais attendu qu'ayant, par une décision non critiquée, condamné la société Opalis et Mme Q. in solidum aux dépens, la cour d'appel
pouvait également condamner Mme Q. au paiement d'une indemnité fondée sur l'article 700 du code de procédure civile ; que le moyen n'est
pas fondé ;

Par ces motifs :

Rejette le pourvoi ;

Mme Mouillard, prés. ; Mme Champalaune, cons. rapp. ; Mme Riffault Silk, cons. doyen ; SCP Gadiou et Chevallier, SCP Garreau,
Bauer Violas et Feschotte Desbois, SCP Rocheteau et Uzan Sarano, av. ; Mme Beaudonnet, av. gén.

2e espèce

La Cour,

Sur le moyen unique, ci-après annexé :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Aix-en-Provence, 27 oct. 2016), que, par acte du 7 janvier 2014, le GFA de Saint-Jean (le GFA), représenté par
sa cogérante, Mme M., a délivré à M. Alexandre d. un congé afin de reprise mettant fin le 31 décembre 2018 au bail à long terme que lui
avait cédé son père Gérard, également cogérant du GFA ; que, par déclaration du 25 mars 2014, M. Alexandre d. a saisi le tribunal paritaire
des baux ruraux en annulation du congé et restitution de parcelles et bâtiments ; que M. Gérard d. est intervenu volontairement à l'instance
;

Attendu que le GFA et M me M. font grief à l'arrêt d'annuler le congé pour défaut d'autorisation du gérant par l'assemblée générale
extraordinaire ;

Mais attendu, d'une part, que c'est par une interprétation souveraine, exclusive de dénaturation, de l'article 16 des statuts, que l'ambiguïté
de ses termes rendait nécessaire, que la cour d'appel a retenu que la commune intention des parties était de conférer à l'assemblée générale
extraordinaire, seule habilitée à autoriser la conclusion de baux, le pouvoir d'en approuver parallèlement la rupture et en a déduit que le
verbe « réaliser » devait être considéré comme signifiant résilier ;

Attendu, d'autre part, que les tiers à un groupement foncier agricole peuvent se prévaloir des statuts du groupement pour invoquer le
dépassement de pouvoir commis par le gérant de celui-ci ; que la cour d'appel a constaté que M. Alexandre d. n'était pas associé du GFA
lors de la délivrance du congé, son père ne lui ayant fait donation de parts sociales qu'après cette date ; qu'il en résulte que M. Alexandre
d., tiers preneur à bail, pouvait se prévaloir des statuts du groupement bailleur pour justifier du dépassement de pouvoir commis par sa
cogérante ; que, par ce motif de pur droit, substitué à ceux justement critiqués, l'arrêt se trouve légalement justifié ;

Par ces motifs :

Rejette le pourvoi ;

M. Chauvin, prés. ; M. Barbieri, cons. rapp. ; Mme Masson Daum, cons. doyen ; SCP Thouin Palat et Boucard, SCP Garreau, Bauer
Violas et Feschotte Desbois, av.

Note

1. Ces deux arrêts de la Cour de cassation, l'un de la Troisième Chambre civile du 14 juin 2018, l'autre de la Chambre commerciale du 14
février 2018 portent sur la question très controversée de la possibilité pour les tiers d'invoquer la violation par le dirigeant d'une clause
limitative de pouvoirs. Dans la décision de février 2018, une SARL, commercialisant une ligne de produits de soins capillaires, avait confié à
une autre société la fabrication, le conditionnement et l'expédition de ses produits. Un différend étant né entre les deux sociétés, la première
d'entre elles, ainsi que sa gérante, avaient, à titre personnel, assigné la deuxième société et l'assureur de cette dernière, en réparation de
leurs préjudices respectifs. Devant la cour d'appel, étaient invoqués les articles 117 du code de procédure civile (1) et L. 223-18 du code
de commerce (2). La cour d'appel déclara nulles les assignations délivrées à la demande de la société au motif qu'une clause limitait les
pouvoirs du gérant quant à la possibilité d'agir en justice. Dans son pourvoi, la société demanderesse invoqua le caractère strictement
interne, prise à titre de « règlement intérieur », de la résolution qui ne pouvait donc être invoquée par les tiers pour venir contester le défaut
de pouvoir du représentant légal de la société. La Cour de cassation rejeta ce moyen : un tiers peut se prévaloir des statuts d'une personne
morale pour justifier du défaut de pouvoir du représentant de celle-ci d'agir en justice (3).
2. Dans la décision de la Troisième Chambre civile du 14 juin 2018 (4), les statuts d'un groupement foncier agricole, propriétaire de biens
agricoles donnés en location, prévoyaient que le congé donné à un locataire impliquait l'autorisation de l'assemblée générale extraordinaire.
La cogérante n'ayant pas respecté la clause, un locataire demandait l'annulation du congé qui lui avait été délivré et la restitution des
locaux loués. Le jugement du tribunal et l'arrêt d'appel ayant annulé le congé délivré pour défaut d'autorisation par l'assemblée générale, la
société et la cogérante formèrent un pourvoi en cassation, en critiquant, notamment, la possibilité pour le locataire de se prévaloir de la
violation d'une clause statutaire limitative de pouvoir. La Cour de cassation, rejetant le pourvoi, a considéré que les tiers à un groupement
foncier agricole pouvaient se prévaloir des statuts du groupement pour invoquer le dépassement de pouvoir commis par la cogérante.

3. Dans la première décision, la Cour de cassation confirme sa jurisprudence selon laquelle un tiers peut se prévaloir des limitations
statutaires des pouvoirs des dirigeants, s'agissant des actions en justice (5). La même possibilité a été ouverte, par la Cour de cassation,
dans plusieurs décisions, au salarié dans le cadre de son licenciement (6). Avec la seconde décision, qui sera publiée au Bulletin, la Cour
de cassation va plus loin car, pour la première fois, elle adopte une position plus tranchée en se prononçant sur une hypothèse différente
de celle qui concerne les actions en justice et le licenciement.

4. Les solutions qui avaient été dégagées avant ce deuxième arrêt étaient loin d'emporter l'unanimité. Les clauses limitant les pouvoirs des
dirigeants ont pour objectif de protéger les associés et la société ; ce qui importe pour les tiers, c'est qu'elles leur soient inopposables. La
possibilité pour ces derniers d'invoquer leur non-respect trouvait sans doute quelques justifications en droit processuel et en droit du
travail. La Cour de cassation ne s'était d'ailleurs explicitement prononcée que dans ces hypothèses. Aussi, ce nouvel arrêt conduit à se
poser la question de la possibilité pour les tiers de se prévaloir, de manière générale, du non-respect des clauses limitatives de pouvoirs.
Par conséquent, les deux décisions du 14 février et 14 juin 2018 seront analysées sous deux angles : la possibilité restreinte pour les tiers
d'invoquer les clauses restrictives des pouvoirs des dirigeants (I) ; la possibilité étendue pour les tiers d'invoquer ces dernières (II).

I. La possibilité restreinte pour les tiers d'invoquer les clauses restrictives des pouvoirs des
dirigeants
5. C'est dans une décision remarquée du 23 octobre 1985 que la Deuxième Chambre civile a considéré que les tiers pouvaient se prévaloir
du non-respect de dispositions statutaires limitant les pouvoirs du président du conseil d'administration pour agir en justice, en se fondant
sur l'article 117 du code de procédure civile et les dispositions de la loi du 24 juillet 1966 (7). D'autres décisions récentes ont toutefois été
moins explicites.

6. Dans le cadre de deux affaires dans lesquelles un tiers demandait l'annulation d'un acte accompli par un dirigeant en excipant du défaut
de pouvoir de ce dernier (8), la Chambre commerciale a jugé que les restrictions au pouvoir du directeur général d'agir en justice, et entre
autres, d'effectuer des déclarations de créances, ne pouvaient résulter que d'une délibération expresse du conseil d'administration ou d'une
clause statutaire. Or, tel n'était pas le cas dans ces espèces. Bien que ces décisions ne se soient pas prononcées directement sur la
question, il est possible d'en déduire que les tiers peuvent se prévaloir de ces restrictions statutaires.

7. L'arrêt de la Chambre commerciale du 13 novembre 2013 (9) n'est pas non plus d'une grande clarté. La clause statutaire subordonnait
les achats et les ventes d'immeubles, dans une SARL, à une décision collective des associés, mais il était précisé que « la limitation à titre
de règlement intérieur des pouvoirs du gérant pour l'accomplissement de certains actes ne pouvait être opposée aux tiers ni invoquée par
eux ». Le gérant avait, malgré l'existence de cette clause, formé une surenchère à la suite d'une adjudication sur saisie immobilière.
L'adjudicataire invoquait la violation de la clause. Or, la Cour de cassation, se fondant sur les articles 117 du code de procédure civile et L.
223-18 du code de commerce, écarta cette possibilité. Même si la référence au « règlement intérieur » est maladroite, la décision autorise
que soit paralysée la possibilité pour les tiers de se prévaloir d'une clause restrictive de pouvoirs, dès lors que les statuts ont prévu un tel
verrouillage. Il ne s'agit donc pas d'un revirement. Au contraire, on pourrait déduire de cette décision que par principe, les tiers peuvent se
prévaloir d'une clause limitant les pouvoirs, sauf disposition contraire dans les statuts ou le règlement intérieur.

8. De même, c'est de manière incidente que la Chambre commerciale, dans sa décision du 26 janvier 2016 (10), a admis la possibilité pour
les tiers d'invoquer une clause limitative de pouvoir. Elle précise, en effet, que « si un tiers peut se prévaloir des statuts d'une personne
morale pour justifier du défaut de pouvoir d'une personne à figurer dans un litige comme le représentant de celle-ci, il ne peut, en revanche,
critiquer sur le fondement de ces statuts, la régularité de la désignation de ce représentant pour contester le pouvoir d'agir de celui-ci »
(11).

9. Comment expliquer, au regard de l'ensemble de ces arrêts, cette prise de position de la Cour de cassation ? Il semble bien qu'elle ne
puisse être comprise qu'au regard d'une logique propre au droit processuel. Il s'agit, en effet, de respecter à la lettre l'article 117 du code de
procédure civile - sur lequel se fondent les décisions rendues - dont il découle que le défaut de pouvoir d'une personne figurant au procès
comme représentante d'une personne morale est une irrégularité de fond. Par conséquent, le défaut d'autorisation, et donc de pouvoir, du
dirigeant qui accomplit un acte de procédure pour le compte d'une société est source de nullité. Comme l'a exprimé le professeur Perrot
(12), il s'agit de protéger le tiers, et en particulier celui qui est défendeur, en évitant qu'il soit privé d'un moyen de défense. Un acte de
procédure ne saurait être assimilé à un contrat. Il ouvre une période de contentieux qui expose le défendeur à un risque éventuel. Aussi ce
dernier doit-il avoir la possibilité de se défendre en excipant du défaut de pouvoir du demandeur. Par conséquent, ce serait la logique
processuelle qui conduit à considérer que le tiers défendeur à une action en justice bénéficie d'une protection renforcée.

10. La Cour de cassation a pu viser une autre hypothèse, à savoir les licenciements. Un salarié peut effectivement demander l'annulation de
son licenciement si le dirigeant qui a procédé à ce dernier a passé outre une clause qui exigeait l'autorisation des associés (13). Il en est
de même lorsqu'une clause extra-statutaire imposait l'accord d'un comité. Ainsi, lorsqu'une convention de cession d'actions, à laquelle
intervient l'employeur, prévoit que le cédant deviendra salarié de la société dont les titres sont cédés et que son licenciement, avant sa
notification, devra être soumis à un vote d'un comité éditorial, le salarié est en droit de se prévaloir du non-respect de cette clause,
violation qui rend le licenciement sans cause réelle et sérieuse (14). La Chambre sociale de la Cour de cassation n'a pas apporté de
justification à ces décisions, mais l'on pourrait penser qu'elle a été guidée par les impératifs de protection des salariés (15). En effet, la
jurisprudence sociale considère que la consultation d'un organe chargé, en raison d'un règlement intérieur ou d'une disposition
conventionnelle, de donner son avis sur un licenciement constitue une garantie de fond (16). C'est donc une logique spécifique au droit
du travail qui justifie la solution.

11. Désormais, au regard de l'arrêt de la Troisième Chambre civile du 14 juin 2018, ces solutions jurisprudentielles ne sont plus propres aux
actions en justice et aux licenciements. Il convient alors de se poser la question de leur extension à toutes les clauses limitant les pouvoirs
des dirigeants.

II. La possibilité étendue pour les tiers d'invoquer les clauses restrictives des pouvoirs des
dirigeants
12. Il reste à savoir si la Cour de cassation pose une règle générale permettant aux tiers de se prévaloir des clauses limitatives de pouvoirs.
La question est essentielle car ces clauses sont très fréquentes dans les SAS, par exemple, celles aux termes de laquelle le président doit,
pour signer un contrat dépassant une certaine somme, obtenir l'autorisation des associés investisseurs. Ces clauses peuvent aussi exister
dans les SA, alors même que la répartition des pouvoirs entre les organes y est organisée par la loi (17). Elles peuvent concerner toute
une diversité d'actes : prêts bancaires portant sur un montant élevé, achat ou vente d'un immeuble ou d'un fonds de commerce,
nantissement d'un fonds de commerce, etc.

13. La doctrine, lorsqu'elle prend parti, est divisée (18). L'un des arguments en faveur de la possibilité pour les tiers de se prévaloir de
telles clauses réside dans leur publication. Puisqu'elles sont publiées, les tiers devraient pouvoir s'en prévaloir. En effet, selon l'article L.
123-9, alinéa 1er, du code de commerce, « La personne assujettie à l'immatriculation ne peut, dans l'exercice de son activité, opposer ni aux
tiers ni aux administrations publiques, qui peuvent toutefois s'en prévaloir, les faits et actes sujets à mention que si ces derniers ont été
publiés au registre ». Dès lors que les tiers peuvent se prévaloir des faits non publiés, on devrait pouvoir considérer qu'il en est de même
pour ceux qui sont publiés (19). Une telle analyse conduirait à considérer que la règle d'inopposabilité aux tiers des clauses limitatives de
pouvoirs est une exception au principe d'opposabilité des actes publiés (20). Par ailleurs, si les textes interdisent à la société de se
prévaloir à l'égard des tiers d'une limitation de pouvoirs, comme le précise la cour d'appel, suivie par la Cour de cassation, dans l'arrêt du 14
février 2018, ils n'interdisent pas à ces derniers de le faire (21).

14. La Chambre commerciale, dans un arrêt du 4 novembre 2008 (22), avait déjà permis à un tiers, dans le cadre d'une cession de droits
sociaux, de se prévaloir des statuts. Dans une SAS, une clause subordonnait les conventions passées entre la société et certains de ses
dirigeants à une autorisation du conseil de surveillance. Le président avait, malgré l'existence de cette clause, cédé à des membres du
directoire de la société des parts du fonds de placement à risque qui était géré par la société. Le tiers dépositaire de ces parts avait refusé
d'inscrire les cessions dans ses livres en se prévalant de la violation de la clause. La cour d'appel avait prononcé la nullité de la cession au
motif que l'autorisation du conseil de surveillance était un élément constitutif du consentement de la société. La Cour de cassation avait
approuvé les juges du fond en précisant que la limitation de pouvoirs était opposable au président de la SAS, ainsi qu'aux membres du
directoire, qui ne sont pas des tiers au sens de l'article L. 227-6 du code de commerce. Toutefois, la Chambre commerciale n'a pas été, dans
cet arrêt, aussi claire que dans la décision de juin dernier.

15. En effet, l'arrêt de la Troisième Chambre civile du 14 juin 2018 adopte une position plus tranchée et pourrait aller dans le sens d'une
possibilité pour les tiers de se prévaloir, de manière générale, des clauses limitatives de pouvoirs. Il semble poser un principe général et il
est publié au Bulletin. Certes, le groupement foncier agricole est une société civile (23) ; on pourrait alors penser que la solution dégagée
par la Troisième Chambre civile est propre aux sociétés civiles. Pourtant, il ne serait guère compréhensible que la solution soit ainsi
restreinte (24).

16. L'opposabilité par les tiers pourrait découler du droit commun des contrats. Malgré l'effet relatif des contrats, la Cour de cassation a
effectivement admis, dans un arrêt du 18 décembre 2012, que les tiers pouvaient se prévaloir du contrat en tant que situation de fait à la
condition que celle-ci soit de nature à fonder l'application d'une règle juridique lui conférant le droit qu'ils invoquent (25). Par
conséquent, si une règle juridique sanctionne par la nullité du contrat ou par celle d'un acte unilatéral le défaut de pouvoir du dirigeant, les
tiers peuvent invoquer la violation de la clause au soutien de la nullité. Pour les actions en justice, cette règle existe bien, à savoir l'article
117 du code de procédure civile qui, on le rappellera, dispose que constituent des irrégularités de fond affectant la validité de l'acte le
défaut de pouvoir du représentant d'une personne morale (26). De même, pour les licenciements, l'existence d'une garantie de fond - en
l'occurrence, la consultation d'un organe - constitue cette règle (27). En revanche, pour les contrats conclus par le dirigeant au nom de la
société, on peut douter de l'existence de cette règle. Avant la réforme du droit des contrats, en ce qui concerne la question de savoir si la
conclusion d'un contrat par un mandataire sans pouvoir était sanctionnée par une nullité relative ou absolue, la jurisprudence, après avoir
opté pour la deuxième solution (28) retenait, depuis plusieurs années, la première (29). Avec le nouvel article 1156, alinéa 2 du code
civil, la nullité relative se trouve consacrée comme sanction du défaut, ou du dépassement, de pouvoir au profit des tiers. Cette sanction
leur est ouverte à condition qu'ils aient ignoré la limitation de pouvoir, cette ignorance étant exclue en raison d'une publication (30).
S'agissant des clauses statutaires limitatives des pouvoirs des dirigeants, les tiers ne trouveront donc aucun refuge dans le droit commun.
Par ailleurs, dans l'arrêt du 14 juin, on ne voit pas quelle règle juridique sanctionnerait par la nullité du congé le défaut de pouvoir du
dirigeant. Tout au plus pourrait-on invoquer la protection des locataires, en l'occurrence les preneurs agriculteurs dans le cadre d'un
groupement foncier agricole. Mais cela ne ressort pas de l'arrêt.

17. Par conséquent, l'application de la solution dégagée en décembre 2012 par la Cour de cassation aux contrats conclus par les dirigeants
et aux actes unilatéraux émis par ces derniers est limitée. En effet, le tiers ne dispose d'un droit que s'il peut invoquer une règle juridique qui
prévoit la sanction qu'il demande.

18. Il convient également de se reporter au célèbre arrêt de l'assemblée plénière du 6 octobre 2006 (31) - arrêt Boot shop (ou Myr'ho) -
autorisant un tiers au contrat à demander, par la voie délictuelle, réparation à un contractant de ses manquements dans l'exécution d'un
contrat, dès lors qu'il a subi un préjudice résultant de ces manquements. Le manquement contractuel correspondant à une faute, il n'est pas
alors nécessaire de prouver une faute délictuelle, envisagée de manière autonome, indépendamment de tout point de vue contractuel
(32). Ne pourrait-on pas, dans ces conditions, considérer qu'un tiers puisse toujours se prévaloir de l'inexécution du contrat de société dès
lors que cette inexécution lui a causé un préjudice ? La violation de la clause statutaire peut effectivement constituer un manquement
contractuel constitutif d'une faute délictuelle. Mais le tiers ne pourrait, sur le fondement de la responsabilité délictuelle, réclamer que des
dommages et intérêts. Il ne pourra donc pas obtenir la nullité du contrat, sauf à considérer que la nullité puisse constituer une réparation en
nature. La mise en jeu de la responsabilité délictuelle du dirigeant impliquera une faute séparable des fonctions, donc une faute d'une
particulière gravité incompatible avec l'exercice normal des fonctions (33). Tel n'est pas le cas si une clause limitant les pouvoirs n'a pas
été respectée (34). Le tiers ne pourra alors rechercher que la responsabilité civile de la société. Il faudra rapporter la preuve d'un préjudice
et d'un lien de causalité. Le préjudice pourrait théoriquement consister dans une perte de chance de la non-conclusion du contrat si
l'autorisation avait été sollicitée. Toutefois, la caractérisation de ce préjudice risque d'être délicate. En revanche, le préjudice pourrait
résider dans une perte de chance du non-accomplissement de l'acte unilatéral et dans celle du maintien du contrat si l'autorisation avait été
demandée (dans l'affaire du 14 juin, le preneur voulait le maintien du contrat de bail). Néanmoins, pour que la perte de chance soit
réparable, encore faudra-t-il qu'elle soit raisonnable (35). Or, il était probable, dans cette affaire, que l'assemblée générale extraordinaire
eût donné son autorisation.

19. Par conséquent, l'application de la solution dégagée par l'Assemblée plénière, en octobre 2006, à l'hypothèse de la violation des clauses
restrictives des pouvoirs des dirigeants devrait finalement rester assez restreinte. La décision du 14 juin apparaît, dès lors, en contradiction
avec celle de l'Assemblée Plénière. En effet, conformément à cette dernière, ce n'est que si le tiers prouve un préjudice, et uniquement dans
cette hypothèse, qu'il devrait pouvoir se prévaloir du non-respect par le dirigeant d'une clause limitative de pouvoir. Et il s'agirait, au
demeurant, de solliciter des dommages et intérêts et non pas l'annulation d'un contrat ou d'un acte unilatéral, sauf si l'on considère que la
nullité est une réparation en nature.

20. En définitive, la possibilité pour les tiers de se prévaloir du non-respect de toute clause restrictive des pouvoirs n'est pas cohérente
(36). La jurisprudence, on le rappellera, n'a pas rendu pour le moment de décisions dans le cadre desquelles un tiers voulait se soustraire à
une obligation contractuelle. Il est logique que, par souci de protection des tiers, les clauses limitatives de pouvoirs leur soient
inopposables ; la règle légale, qui prend sa source dans une directive européenne (37), s'applique à toutes les sociétés de capitaux de
l'Union européenne (38) et a été étendue en droit français aux sociétés en nom collectif et aux sociétés civiles (39). En revanche, il est
beaucoup moins logique de considérer que les tiers puissent se prévaloir, en tout état de cause, du non-respect de ces clauses. Dans le
texte européen, il n'est nullement fait allusion à l'opposabilité par les tiers des clauses. En effet, de telles clauses ont pour objectif la seule
protection de la société et des associés. Aussi est-il difficilement admissible qu'elles puissent se retourner contre ces derniers. D'une
manière générale, il est contraire au principe de loyauté des affaires et de celui de la sécurité des transactions qu'un tiers puisse ainsi se
soustraire à ses engagements. On ne peut effectivement admettre que les tiers puissent tirer avantage de l'organisation interne de la
société. Enfin, le dirigeant étant investi d'un pouvoir légal de représentation de la personne morale, on devrait considérer que le
consentement de la société reste valable, malgré un défaut d'autorisation préalable prévu par les statuts, autorisation qui n'a trait qu'à
l'organisation interne (40). Les tiers ne devraient donc pas pouvoir se prévaloir de la violation d'une clause statutaire pour écarter une
disposition légale conférant au dirigeant la représentation de la société à l'égard des tiers (41).

21. En l'absence de position suffisamment explicite de la Cour de cassation, il est vivement conseillé aux sociétés de paralyser l'invocabilité
: il suffira de préciser dans les statuts que la clause ne peut être invoquée par les tiers (42). Cette précision confère à la clause limitative
de pouvoirs un caractère purement interne. Une telle disposition statutaire est valable car elle n'est pas contraire à l'ordre public sociétaire.
Et les tiers sont protégés puisqu'elle est publiée.

Mots clés :
SOCIETE EN GENERAL * Dirigeant social * Pouvoir * Action en justice * Limitation statutaire * Opposabilité par les tiers * Congé
donné à un locataire * Limitation statutaire * Opposabilité par les tiers

(1) Ayant trait à l'irrégularité de fond qui découle du défaut de pouvoir d'une personne figurant au procès comme représentante d'une
personne morale.

(2) Relatif aux pouvoirs des gérants de SARL.

(3) V. Bull. Joly 2018. 269, note A. Couret ; Dr. sociétés 2018, n° 98, obs. R. Mortier, Gaz. Pal. 26 juin 2018, p. 75, note D. Gallois-Cochet.

(4) V. Bull. Joly 2018. 483, note A. Couret ; Gaz. Pal. 25 sept. 2018, p. 77, note M. Roussille ; Gaz. Pal. 30 oct. 2018, p. 47, obs. C. Lebel ;
RJDA 2018, n° 834 ; Dr. sociétés 2018, n° 160, obs. R. Mortier.

(5) V. D. Gallois-Cochet, L'invocabilité par les tiers des clauses limitant le pouvoir des dirigeants sociaux, Mélanges Michel Germain,
LexisNexis, 2015, 325 ; A.-C. Rouaud, Les limitations statutaires au pouvoir d'agir en justice du représentant légal de la société, Rev.
sociétés 2014. 415 .

(6) V. infra n° 10.

(7) Civ. 2e, 23 oct. 1985, n° 83-12.007, Bull. civ. II, n° 159 ; Rev. sociétés 1986. 408, note B. Bouloc ; D. 1987, somm. 32, obs. J.-C. Bousquet ;
RTD civ. 1986. 180, note P. Perrot. En ce sens, Soc., 11 juin 1997, n° 94-43.822, JCP E 1997. I. 710, n° 9, obs. A. Viandier, J.-J. Caussain ; Dr.
sociétés 1997, n° 143, note D. Vidal.
(8) Com., 10 févr. 2009, n° 07-21.216, Rev. sociétés 2009. 417, note J.-F. Barbièri ; D. 2009. 627, obs. A. Lienhard ; RTD com. 2010. 193,
obs. A. Martin-Serf ; Dr. sociétés 2009, n° 102, obs. J.-P. Legros ; Act. proc. coll. 2009, n° 77, obs. C. Regnaut-Moutier ; Bull. Joly 2009.
590, note N. Ferrier ; Com., 15 oct. 2013, n° 12-24.881, Bull. Joly Entrep. diff. 2013. 350, note M.-H. Monsérié-Bon ; RTDF 2013, n° 4, p. 205,
note D. Poracchia ; Dr. sociétés 2014, n° 25, obs. M. Roussille.

(9) Dr. sociétés 2014, n° 8, obs. M. Roussille.

(10) N° 14-18.615.

(11) V. Com., 26 févr. 2008, n° 07-15.416, Rev. sociétés 2008. 582, note V. Thomas ; Bull. Joly 2008. 754, note B. Dondero.

(12) Note préc. sous Civ. 2e, 23 oct. 1985.

(13) V. Soc., 15 févr. 2012, n° 10-27.685, Rev. sociétés 2012. 369, obs. S. Prévost ; RTD com. 2012. 345, obs. A. Constantin ; Dr.
sociétés, 2012, n° 96, note R. Mortier ; Gaz. Pal. 10-11 août 2012, p. 25, note B. Dondero. Pour la possibilité pour le salarié d'un syndicat de
copropriétaires de se prévaloir de la violation du règlement de copropriété, v. Cass., ass. plén., 5 mars 2010, n° 08-42.843, D. 2010. 710 ;
ibid. 2011. 207, obs. C. Atias et P. Capoulade ; JCP 2010. 606, note D. Corrigan-Carsin.

(14) Soc., 18 mars 2009, n° 07-45.212, RTD com. 2009. 576, obs. P. Le Cannu et B. Dondero ; JCP S 2010. 1007, note R. Chiss et V. Manigod
; Bull. Joly 2009. 786, note A. Constantin. Pour le licenciement d'un salarié d'un syndicat de copropriétaires, v. Cass., ass. plén., 5 mars 2010,
n° 08-42.843, D. 2010. 710 ; ibid. 2011. 199, obs. C. Atias et P. Capoulade ; JCP 2010. 606, note D. Corrignan-Carsin ; v. aussi, Soc., 1er
déc. 2011, n° 10-26.064, RTD com. 2012. 345, obs. A. Constantin ; Bull. Joly 2012. 352, note B. Saintourens ; Gaz. Pal. 11 févr. 2012. 32,
note B. Dondero.

(15) En ce sens, A. Couret, note préc., spéc. n° 15.

(16) V. entre autres, Soc., 28 mars 2000, n° 97-43.411, Bull. civ. V, n° 136 ; D. 2001. 824 , obs. M. Mercat-Bruns ; Dr. soc. 2000. 653, obs.
J. Savatier ; Soc., 16 janv. 2001, n° 98-43.189, Bull. civ. V, n° 9 ; D. 2001. 673 .

(17) V. C. com., L. 225-56-I, al. 3 ; à propos du directeur général d'une SA, v. Com., 10 févr. 2009, préc. ; Com., 15 oct. 2013, préc.

(18) Des auteurs sont en faveur de la faculté pour les tiers de se prévaloir de telles clauses (M. Cozian, A. Viandier et F. Deboissy, Droit
des sociétés, 31e éd., 2018, Litec, spéc. n° 383 ; N. Ferrier, note préc. sous Com., 10 févr. 2009, spéc. n° 5 ; D. Gallois-Cochet, art. préc. ; R.
Mortier, obs. sous Civ. 3 e 14 juin 2018, préc.), d'autres sont contre (A. Charvériat, A. Couret, B. Zabala et B. Mercadal, Memento pratique
Francis Lefebvre, 2018, spéc. n° 13475, J. Hémard, F. Terré et P. Mabilat, Traité sur les sociétés commerciales, T 1, Dalloz, 1972, spéc. n°
964, J.-F. Barbièri, note préc. sous Com. 10 févr. 2009, spéc. n° 5, D. Bastian, note sous T. civ. Belfort, 19 nov. 1958, JCP 1959. II. 10987 ; B.
Bouloc, note préc. sous Civ. 2e, 23 oct. 1985, spéc. n° 6 ; D. Dondero, note préc. sous Com., 26 févr. 2008, spéc. n° 12 ; J.-Cl. Bousquet, note
préc. sous Civ. 2e, 23 oct. 1985 ; v. égal., Communication ANSA, comité juridique n° 04-052, 2 juin 2004). Roger Perrot admet cette
possibilité uniquement dans le cadre d'actions en justice. Dans les autres hypothèses, il considère qu'« il serait difficilement admissible
qu'un tiers contractant puisse se retrancher derrière une clause limitative pour esquiver une obligation librement consentie » (note préc.,
sous Com., 23 oct. 1985 ; v. aussi M. Roussille, note préc. sous Com., 13 nov. 2013).

(19) En ce sens, D. Gallois-Cochet, préc., spéc. n° 22.

(20) Ibid, spéc. n° 23.

(21) En ce sens, J.-J. Caussain et A. Viandier, obs. préc. sous Soc., 11 juin 1997.

(22) N° 07-18.622, Bull. Joly 2009. 382, note P. Le Cannu ; RTDF 2009, n° 1/2, p. 194, note D. Poracchia.

(23) C. rur., art. L. 322-1.


(24) En ce sens, A. Couret, note préc. sous Civ. 3e, 14 juin 2018.

(25) Com., 18 déc. 2012, n° 11-25.567, Bull. civ. IV, n° 229 ; D. 2013. 746 , note R. Boffa ; RDC 2013. 533, note Y-M. Laithier et p. 915, note
J.-S. Borghetti ; Dr. et patr. juin 2013, p. 71, obs. L. Aynès et Ph. Stoffel-Munck ; Bull. Joly 2013. 191, note H. Barbier.

(26) V. supra n° 9.

(27) V. supra n° 10.

(28) Civ. 1re, 9 juin 1976, n° 73-10.157, Bull. civ. I, n°213.

(29) Civ. 1re, 2 nov. 2005, n° 02-14.614, Bull. civ. I, n° 395 ; D. 2005. 2824 ; RTD civ. 2006. 138, obs. P.-Y. Gautier ; Civ. 1re, 9 juill. 2009,
n°08-15.413, CCC 2009, n°260, obs. L. Leveneur ; pour une SCI, v. Civ. 1 re, 12 nov. 2015, n° 14-23.340, Bull. civ. I, n°451 ; D. 2015. 2374 ;
AJCA 2016. 42, obs. Y. Dagorne-Labbe ; RTD civ. 2016. 105, obs. H. Barbier ; Bull. Joly 2016. 69, note H. Barbier ; Dr. sociétés 2016, n°
25, note H. Hovasse ; Gaz. Pal., 2 févr. 2016, p. 17, note A.-F. Zattara-Gros ; Dr. et patr. juin 2016, p. 80, note D. Porrachia ; JCP N 2016. 1229,
obs. M. Storck ; CCC 2016, n° 31, obs. L. Leveneur.

(30) V. Ph. Didier, La représentation dans le nouveau droit des obligations, JCP 2016. 580 ; A. Danis-Fatôme, Proposition de modification de
l'article 1156 du code civil : le défaut de pouvoir du représentant, RDC 2017. 177.

(31) Cass., ass. plén., 6 oct. 2006, n° 05-13.255, Bull. Ass. plén. n° 9 ; D. 2006. 2825, obs. I. Gallmeister , note G. Viney ; ibid. 2007. 1827,
obs. L. Rozès ; ibid. 2897, obs. P. Brun et P. Jourdain ; ibid. 2966, obs. S. Amrani-Mekki et B. Fauvarque-Cosson ; AJDI 2007. 295 ,
obs. N. Damas ; RDI 2006. 504, obs. P. Malinvaud ; RTD civ. 2007. 61, obs. P. Deumier ; ibid. 115, obs. J. Mestre et B. Fages ;
ibid. 123, obs. P. Jourdain ; Rev. contrats 2007. 269, note D. Mazeaud ; ibid. 279, note S. Carval ; Dr. et patr. sept. 2007, p. 87, note Ph.
Stoffel-Munk ; J. Mestre, I. Arnaud-Grossi, Les piliers du droit des sociétés pourront-ils résister longtemps à la responsabilité délictuelle
pour simple manquement contractuel ?, RLDA 2008. 24. Cet arrêt a été, depuis, confirmé (v. V. Mazeaud, Une responsabilité d'un troisième
type ? Regards sur la responsabilité des contractants à l'égard des tiers dans l'avant-projet de réforme de la responsabilité civile, RLDC
févr. 2018, p. 16).

(32) Cette solution ne sera peut-être pas pérenne (V. Projet de réforme de la responsabilité civile du 13 mars 2017, nouv. art. 1342 : « lorsque
l'inexécution du contrat cause un dommage à un tiers, celui-ci ne peut demander réparation de ses conséquences au débiteur que sur le
fondement de la responsabilité extracontractuelle, à charge pour lui de rapporter la preuve » d'une faute civile, du fait d'une chose ou d'un
trouble anormal de voisinage). Selon ce projet, la preuve d'une faute est donc requise (v. O. Deshayes, La nouvelle mouture de l'avant-
projet de loi de réforme de la responsabilité civile : retour sur la responsabilité des parties à l'égard des tiers, Rev. contrats 2017. 238).

(33) Com., 20 mai 2003, n° 99-17.092, Bull. civ. IV, n° 84 ; Rev. sociétés 2003. 479, note J.-F. Barbièri ; D. 2003. 2623 , note B. Dondero ;
ibid. 1502, obs. A. Lienhard ; ibid. 2004. 266, obs. J.-C. Hallouin ; RTD civ. 2003. 509, obs. P. Jourdain ; RTD com. 2003. 523, obs. J.-
P. Chazal et Y. Reinhard ; ibid. 741, obs. C. Champaud et D. Danet ; Banque et droit, sept. 2003, p. 64, note M. Storck ; JCP E 2003.
1331, obs. J.-J. Caussain, Fl. Deboissy et G. Wicker ; Dr. sociétés août 2003, p. 25, obs. J. Monnet ; Bull. Joly 2003. 786, note H. Le
Nabasque.

(34) V. D. Gallois-Cochet, art. préc., spéc. n° 10.

(35) V. G. Viney, P. Jourdain, S. Carval, Les conditions de la responsabilité, 4e éd., LGDJ, 2013, spéc. n° 278 s. et 370 s.

(36) V., pour une clause qui ne concerne pas les pouvoirs des dirigeants, mais les modalités de prorogation d'une société, Com., 30 juin
2015, n° 14-17649, JCP 2015. 970, note M. Caffin-Moi : dans cet arrêt, la Chambre commerciale affirme clairement qu'une telle clause ne peut
être invoquée par les tiers. Par conséquent, l'appel interjeté par la société était valable, la société n'étant pas à cette date dissoute de plein
droit par arrivée de son terme, cela malgré la méconnaissance de la clause qui prévoyait que deux ans au moins avant l'expiration du terme,
l'assemblée générale se prononce sur la prorogation de la société.

(37) Dir. n° 68/151/CEE du 9 mars 1968, désormais codifiée dans la dir. (UE) n° 2017/1132 du 14 juin 2017 relative à certains aspects de droit
des sociétés (art. 9.2).

(38) V. pour les SA, C.com., art. L. 225-56, al. 3 ; pour les SCA, art. L. 227-6, al. 4 ; pour les SARL, art. L. 223-18, al. 6 et pour les SAS, art. L.
227-6, al. 4.
(39) C. civ., art. 1849 pour les sociétés civiles et C. com., art. L. 221-5, al. 3 pour les SNC.

(40) En ce sens, Th. Bonneau, note sous Paris, 12 juin 2007, JCP E 2007. 2312, spéc. n° 10 (pour l'arrêt de rejet, v. Com., 4 nov. 2008, préc.) ;
v. aussi, A.-C. Rouaud, préc., spéc. n° 24.

(41) V. B. Dondero (note préc. sous Com., 26 févr. 2008, spéc. n° 12) et J.-F. Barbièri (note préc. sous Com., 10 févr. 2009, spéc. n° 5 et 6) qui
estiment qu'il devrait alors en être de même pour les actions en justice. V. égal., B. Bouloc, préc., spéc. n° 6.

(42) Com., 13 nov. 2013, préc.

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