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INTRODUCTION AU DROIT – CORRIGÉ DU DEVOIR D0004-2010

CORRIGÉ DU DEVOIR D0004-2010

SÉRIE DE QUESTIONS SUR L’ENSEMBLE DU THÈME


Correction proposée : elle respecte les consignes demandées dans le devoir, les réponses
sont courtes, mais précises ; les termes « oui » ou « non », « vrai » ou « faux » figurent dans
les réponses.

1. Toutes les entreprises et autres personnes morales ayant une activité


économique sont-elles soumises à l’obligation d’établissement de
documents de gestion prévisionnelle ? Oui ou non ?

Non. Selon les articles L. 232-2 et L. 612-2 du Code de commerce, seules les sociétés
commerciales, les EPIC, les GIE et les personnes de droit privé non commerçantes ayant
une activité économique (comme les associations) qui dépassent au moins l’un des seuils
légaux suivants sont soumis à cette obligation comptable spécifique : 300 salariés et/ou
chiffre d’affaires HT d’au moins 18 000 000 euros (art. R. 232-2 et R. 612-3).

2. La procédure d’alerte est-elle une procédure judiciaire ? Oui ou non ?


Non. La procédure d’alerte est interne à l’entreprise, c’est une procédure de prévention et de
discussion concertée entre les organes de l’entreprise concernée.

3. Le déclenchement de l’alerte est-il soumis à condition de fond ? Si oui,


laquelle ?
Oui. Selon la loi, la procédure est déclenchée par le commissaire aux comptes pour attirer
l’attention des dirigeants sociaux « sur tout fait de nature à compromettre la continuité de
l’exploitation, qu’il a relevé à l’occasion de l’exercice de sa mission ».
Il faut donc, mais il suffit, que les faits qui retiennent l’attention du commissaire aux comptes
soient suffisamment graves pour affecter l’exploitation de l’entreprise et que ce risque de
rupture de la continuité de cette exploitation soit susceptible de se réaliser dans un avenir
prévisible et peu lointain.

4. L’alerte a-t-elle des effets juridiques obligatoires pour les dirigeants de


l’entreprise ? Oui ou non ?
Non, les conséquences de l’alerte ne sont pas prévues légalement : les organes dirigeants
alertés font ce qu’ils veulent du message d’alerte qui leur est transmis. Ils ne sont
juridiquement pas obligés d’essayer de remédier à la situation… La loi est donc d’inspiration
libérale : elle cherche à mettre le chef d’entreprise devant ses responsabilités. Seule
l’information du président du tribunal, en dernière étape de la procédure, est susceptible
d’aboutir à des effets juridiques.

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5. L’alerte n’existe pas dans les entreprises n’ayant pas désigné de


commissaire aux comptes. Vrai ou faux ?
Faux, l’alerte est un mécanisme de prévention interne des difficultés de l’entreprise, qui est
certes confiée en premier lieu au CAC. Mais le législateur n’a pas voulu laisser en dehors de
l’utilité de cette procédure les organismes qui ne sont pas dotés d’un CAC. Pour eux, l’alerte
peut être déclenchée par les institutions représentatives du personnel ou peut être externe
(président de juridiction, groupements de prévention agréés).

6. Quelle est l’origine de la procédure de conciliation créée par la loi du 26


juillet 2005 ?
Il s’agit de la procédure de « règlement amiable des difficultés des entreprises » issue de la
loi du 1er mars 1984.

7. Comment s’appelle juridiquement la personne désignée par le tribunal


pour aider ponctuellement le chef d’entreprise en cas de difficultés
toutes récentes ?
Il s’agit du « mandataire ad hoc » : dès les premières difficultés, le dirigeant d’entreprise peut
spontanément faire appel au tribunal, qui peut désigner une personne chargée de l’épauler
ponctuellement, en désignant un mandataire ad hoc.

8. Une entreprise déjà en cessation de paiement peut-elle recourir à la


procédure de conciliation ? Oui ou non ?
Oui, la situation de cessation de paiement n’est plus un obstacle à l’ouverture d’une
procédure amiable et ne conduit plus obligatoirement à l’ouverture directe d’une procédure
judiciaire. Il suffit, pour que l’entreprise essaie d’éviter la procédure judiciaire en
commençant par la conciliation, que l’état de cessation des paiements ne soit pas trop
ancien donc encore rattrapable (inférieur ou égal à 45 jours avant la demande de
conciliation).

9. La procédure de conciliation est-elle une procédure judiciaire


collective ? Oui ou non ?
Non, la procédure de conciliation vise à obtenir un accord amiable entre le débiteur en
difficulté et tout ou certains seulement de ses créanciers : dans ce cas, il s’agit, en pratique,
de son ou ses créanciers principaux. Ce n’est pas une procédure judiciaire collective : elle
ne suspend pas, pendant la durée de la procédure, les droits de poursuite individuelle des
créanciers.

10. En cas de non-respect de l’accord obtenu à la fin de la procédure de


conciliation, une procédure de sauvegarde ou de redressement
judiciaire est automatiquement ouverte. Vrai ou faux ?
Faux, l’accord est simplement résolu par le tribunal à la demande de l’une des parties et cela
provoque la déchéance des délais de paiement éventuellement accordés.

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11. La procédure de sauvegarde est une procédure judiciaire et collective.


Vrai ou faux ? Pourquoi ?
Vrai : la sauvegarde est une procédure judiciaire, ouverte, contrôlée et clôturée par un juge ;
c’est une procédure collective dont l’ouverture suspend les droits de poursuites individuelles
des créanciers.

12. La procédure de sauvegarde reprend de nombreuses dispositions


antérieurement intégrée à une autre procédure collective. Laquelle ?
Il s’agit du redressement judiciaire, que la procédure de sauvegarde a en partie vidée de son
contenu, son régime procédant désormais beaucoup par renvois à la procédure de
sauvegarde.

13. Quelle est la grande particularité de la procédure de sauvegarde par


rapport aux conditions traditionnelles d’ouverture d’une procédure
collective ?
Procédure collective d'anticipation des difficultés importante, la procédure de sauvegarde est
une innovation de la loi du 26 juillet 2005 et une petite révolution de notre droit de la faillite,
puisqu'elle est une procédure collective judiciaire au bénéfice des entreprises en difficultés,
mais qui ne sont pas encore en état de cessation des paiements.
La sauvegarde permet donc aux entreprises de se mettre sous la protection de la justice tout
en étant encore in bonis, c'est-à-dire en disposant encore de liquidités.
Par ailleurs, la sauvegarde est une procédure collective judiciaire ouverte à l'initiative du seul
débiteur.

14. Classez ces créances dans leur ordre de paiement suite à leur
déclaration à la procédure de sauvegarde :
 créances de salaires
 frais de justice
 créances nées après le jugement d’ouverture mais nécessaires à la poursuite de
l’activité.
 créances ordinaires nées après le jugement d’ouverture
 créances nées avant le jugement d’ouverture

15. Que se passe-t-il lorsque le débiteur se retrouve en état de cessation


des paiements au cours de la procédure de sauvegarde ou de
l’exécution du plan ?
Lorsque la cessation des paiements du débiteur est constatée en cours de procédure ou au
cours de l'exécution du plan de sauvegarde, le tribunal qui a ouvert la procédure ou arrêté le
plan devra, après avis du ministère public, transformer la procédure et/ou prononcer la
résolution du plan et ouvrir une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire.

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16. Seules les entreprises de nature commerciale peuvent bénéficier d’une


procédure collective de redressement judiciaire. Vrai ou faux ?
Faux, toutes les sociétés civiles ou commerciales sont concernées, ainsi que toutes les
entreprises individuelles (commerciales, artisanales, agricoles), les associations et même,
depuis 2005, les professionnels libéraux…

17. Quelle condition économique de fond conduit à l’ouverture d’une


procédure de redressement judiciaire ?
Il faut que l’entreprise soit en état de cessation des paiements, c'est-à-dire qu’elle soit
« dans l’impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif disponible », article
L. 631-1 C. com. La preuve de cet état peut résulter de l’aveu du débiteur, de simples
indices, de refus de paiement, de refus de crédit. Elle est à l’appréciation souveraine des
juges du fond qui fixent également souverainement la date de cet état.

18. Quels sont les plans de redressement possibles à l’issue de la


procédure de redressement judiciaire ?
Une entreprise en redressement judiciaire dispose de deux voies pour en sortir : le plan de
continuation ou le plan de cession, selon les résultats de la période d'observation et la
capacité de la société de rembourser ses créanciers.
1. Le tribunal peut décider, sur le rapport de l'administrateur, la continuation de entreprise
lorsqu'il existe de sérieuses possibilités de redressement et de règlement du passif. En effet,
la continuation implique le paiement de l’intégralité du passif, celui-ci est simplement étalé
mais il ne disparaît pas automatiquement, sauf s’il y a accord des créanciers.
2. Au vu du rapport de l'administrateur, le tribunal peut ordonner la cession totale ou partielle
de l'entreprise si le débiteur est dans l'impossibilité d'en assurer lui-même le redressement :
la cession intervient lorsqu'à l'issue de la période d'observation, l'administrateur constate
l'impossibilité pour l'entreprise de solder son passif. Le tribunal ordonne alors la cession de
l'entreprise, « dans le but de maintenir une partie des activités susceptibles d’exploitation
autonome et rentables, et de préserver les emplois qui y sont attachés ».

19. Quels sont les conditions et les effets de la liquidation judiciaire de


l’entreprise ?

La liquidation judiciaire est prononcée s’il y a impossibilité de sauvetage de l’entreprise.


C’est la solution ultime, qui ne doit être envisagée qu’en dernier ressort. L’entreprise doit
être en état de cessation des paiements et son redressement doit être manifestement
impossible.
La procédure de liquidation judiciaire est destinée à mettre fin à l'activité de l'entreprise ou à
réaliser le patrimoine du débiteur par une cession globale ou séparée de ses droits et de ses
biens. Elle conduit à la dissolution de la personne morale.

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20. Quels sont les différents types de sanctions pouvant être prononcées à
l’encontre des dirigeants d’entreprise en cas de procédure collective ?

Il peut s’agir :

 de sanctions patrimoniales : sanctions touchant les droits sociaux ou les droits de


vote, action en comblement de passif, obligation aux dettes sociales en cas de
faute(s) ayant contribué à la cessation des paiements ;
 de sanctions personnelles : faillite personnelle, interdiction de gérer ;
 de sanctions pénales : en cas de délit de banqueroute et autres délits commis
pendant la procédure (dissimulation de patrimoine, fausses déclarations de
créances, paiements ou actes de disposition effectués en violation des règles
légales…).

Si vous avez su répondre à toutes ces questions sans faire de vérifications dans votre cours,
alors vous méritez des félicitations !... Vous maîtrisez très bien le régime et les différentes
procédures du droit des entreprises en difficulté.
Si ce n’est pas le cas, ne vous découragez pas, il y a énormément d’éléments à connaître…
Révisez bien tous les chapitres de cours concernant chacune de ces procédures.

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COMPLÉMENT DE LECTURE : DISSERTATION JURIDIQUE


Définir les plans de redressement possibles à l’issue de la procédure collective d’une
entreprise (sauvegarde ou redressement judiciaire), décrire leur mécanisme d’élaboration,
leur contenu et leurs effets.

INTRODUCTION
Introduction à rédiger sur les procédures collectives : quelles sont-elles, quand, comment,
pourquoi interviennent-elles ? Comment se mettent-elles en place ? Quelles sont leurs
différentes périodes ?
Arrivés à la fin de la période d’observation, les acteurs de la procédure doivent mettre en
place un plan de redressement de l’entreprise : il faut l’élaborer, puis choisir une solution
entre la continuation de l’activité ou la cession de l’entreprise.

I. ÉLABORATION D’UN PROJET DE PLAN : ÉTAPES ET


CONTENU DU PROJET DE PLAN

A. PREMIÈRE ÉTAPE PRÉALABLE : L’INVENTAIRE DU PATRIMOINE DU


DÉBITEUR

Dès l'ouverture de la procédure, il est dressé un inventaire et réalisé une prisée du


patrimoine du débiteur ainsi que des garanties qui le grèvent.
Cet inventaire, remis à l'administrateur et au mandataire judiciaire, est complété par le
débiteur par la mention des biens qu'il détient susceptibles d'être revendiqués par un tiers.
Le débiteur remet à l'administrateur et au mandataire judiciaire la liste de ses créanciers, du
montant de ses dettes et des principaux contrats en cours. Il les informe des instances en
cours auxquelles il est partie.
L'administrateur ou, s'il n'en a pas été nommé, le mandataire judiciaire peut obtenir
communication par les administrations et organismes publics, les organismes de prévoyance
et de Sécurité sociale, les établissements de crédit ainsi que les services chargés de
centraliser les risques bancaires et les incidents de paiement, des renseignements de nature
à lui donner une exacte information sur la situation patrimoniale du débiteur.

B. L'ADMINISTRATEUR DOIT ENSUITE FAIRE UN DIAGNOSTIC


INDUSTRIEL DE L'ENTREPRISE, C'EST-À-DIRE :

 étudier la position des produits de l'entreprise par rapport au secteur d'activité, au


marché national et international (analyse couple, produit, marché) ;
 analyser l'organisation administrative, industrielle et commerciale ;
 déterminer les branches d'activités viables ;
 déterminer les mesures de restructuration.

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De cette étude pourront être déterminés :

 les investissements nécessaires pour le redressement de l'entreprise ;


 les besoins en personnel compte tenu du redressement projeté ;
 les charges qui résulteront de ces investissements et donc le besoin en fonds de
roulement.
D'une manière générale, le plan industriel déterminera le besoin brut de financement et sa
couverture, il estimera le coût du redressement.

C. DU PLAN INDUSTRIEL, DÉCOULE LE PLAN FINANCIER : PAR QUELS


MOYENS L'ENTREPRISE FINANCERA-T-ELLE LA REPRISE ?

Cette étude donnera lieu à l'élaboration de différents documents :

 comptes d'exploitations prévisionnels ;


 bilans prévisionnels ;
 tableau de financement (comment sont financés les besoins) ;
 plan de trésorerie.
À ce stade, on doit savoir si l'entreprise a la possibilité de se redresser seule ou avec l'aide
d’un partenaire extérieur et selon quelle forme (continuation ou cession).

D. ENSUITE, L'ADMINISTRATEUR DOIT EXAMINER LES MESURES


SOCIALES QU'IL CONVIENT DE PRENDRE

Nombre de contrats de travail repris, licenciements, mesures de reclassement : il s'agit du


plan social.

E. EN CINQUIÈME LIEU, IL Y A ÉLABORATION DU BILAN ÉCONOMIQUE,


SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL

L'administrateur, avec le concours du débiteur et l'assistance éventuelle d'un ou plusieurs


experts, est chargé de dresser dans un rapport le bilan économique et social de l'entreprise.
Le bilan économique et social précise l'origine, l'importance et la nature des difficultés de
l'entreprise.
Dans le cas où l'entreprise exploite une ou des installations classées par le Code de
l’environnement, le bilan économique et social est complété par un bilan environnemental
que l'administrateur fait réaliser.
Au vu de ce bilan, l'administrateur propose un plan de sauvegarde de l’activité de
l’entreprise.

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F. ENFIN, APRÈS CETTE ÉTUDE DE L'ENTREPRISE,


L'ADMINISTRATEUR DÉTERMINE SOUS QUELLES FORMES LA
REPRISE EST POSSIBLE (CONTINUATION OU CESSION)

Il s'agit désormais de rédiger le plan prévu sur le plan juridique.

II. PROJET DE PLAN DE CONTINUATION : ON GARDE LA


MÊME STRUCTURE JURIDIQUE

A. PRINCIPES
L'entreprise peut se redresser, mais cela signifie qu’il faut :

 cerner les causes de l'état de cessation de paiements et y remédier ;


 déterminer le cash-flow permettant de payer le passif ;
 reconstituer les fonds propres de l'entreprise ;
 savoir s’il y a besoin de partenaires extérieurs qui entrent dans le capital et les
trouver le cas échéant.

B. PREMIÈRE SÉRIE DE CONDITIONS PRÉALABLES À L'ADOPTION DU


PLAN DE CONTINUATION

1. Modification du capital social

a. Reconstitution des capitaux propres


Dès son entrée en fonction, l'administrateur doit vérifier si les capitaux propres de
l'entreprise ne sont pas inférieurs à la moitié du capital social, afin de pouvoir proposer un
plan de continuation prévoyant une modification de capital.
Si cette reconstitution est impossible, aucun plan de continuation ne peut, à notre avis, être
présenté.

b. Entrée de nouveaux actionnaires ou associés


L'assemblée peut être appelée à décider la réduction du capital, puis l'augmentation de
celui-ci en faveur d'une ou plusieurs personnes, même non encore associées, qui
s'engagent à exécuter le plan ; les clauses d'agrément sont alors réputées non écrites.À ce
moment, le rôle des associés ou actionnaires sera déterminant pour l'avenir de l'entreprise.
Si les associés ou actionnaires acceptent l'entrée au capital de partenaires extérieurs, le
tribunal pourra arrêter le plan de continuation.
S'ils refusent, le tribunal en tire les conséquences et il y aura cession d'entreprise, sous
réserve de la possibilité pour le tribunal d'ordonner la cession forcée des actions.

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L'exécution des engagements pris par les associés ou actionnaires ou par les nouveaux
souscripteurs est subordonnée à l'acceptation du plan par le tribunal.

2. Cession forcée des actions et éviction des dirigeants

Ce sont des mesures ultimes que l’on ne prend que si la survie de l’entreprise est en jeu.
Le tribunal peut alors :

 ordonner le remplacement des dirigeants ;


 prononcer l'incessibilité des actions, parts ou certificats de droit de vote détenus par
les dirigeants de droit ou de fait ;
 le droit de vote attaché à ces droits peut être exercé par un mandataire de justice
spécialement habilité à cet effet ;
 ordonner la cession de ces droits moyennant un prix fixé à dire d'expert.
Une mesure comme le remplacement des dirigeants, qui peut être demandé au plus tard au
moment où le tribunal arrête le plan, peut accompagner une mesure telle que l'entrée au
capital d'un actionnaire ou associé.
Ainsi le repreneur a le choix entre un plan de continuation, même contre l'avis des dirigeants
(sous réserve que ceux-ci détiennent le capital) et un plan de cession.

3. Sort des créanciers en général

Consultation individuelle et non plus collective.


L'administrateur communique ses propositions de règlement du passif au représentant des
créanciers, qui les transmet à chaque créancier : le représentant des créanciers devra
recueillir l'accord individuel écrit de chaque créancier et ceci, même s'il organise une
consultation collective.
Cas des créanciers qui n'acceptent pas les propositions de l'administrateur : que la
consultation soit collective ou individuelle, le défaut de réponse, dans le délai de 30 jours à
compter de la réception de la lettre recommandée du représentant des créanciers, vaut
acceptation des propositions, sauf s'il s'agit de créances du Trésor public ou des organismes
de prévoyance ou de Sécurité sociale.
S'ils refusent de donner leur accord, les créanciers sont soumis à des délais uniformes de
paiement fixés par le tribunal ; le tribunal ne peut imposer de remise de dettes, mais peut
cependant arrêter un plan d'apurement du passif sur une période plus longue que le plan,
puisque le passif peut être étalé sur dix ans au plus, mais le premier versement ne doit pas
intervenir au-delà d'un délai d'un an.

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C. SECONDE CONDITION PRÉALABLE À L'ADOPTION DU PLAN :


L’APUREMENT DU PASSIF PRIVILÉGIÉ

Consultation des organismes de prévoyance de Sécurité sociale et de l'administration


fiscale : la loi dispose que ces organismes et administrations peuvent consentir des remises
ainsi que des cessions de rang, de privilège ou d'hypothèque, ou l'abandon de ces sûretés
dans des conditions fixées par décret :

 le délai de réflexion est plus long que pour les autres créanciers : 6 semaines au lieu
de 30 jours (c'est-à-dire 4 semaines) ;
 le défaut de réponse vaut rejet des demandes et non pas acceptation ;
 que le refus résulte d'un écrit ou du silence de l'administration, désormais le tribunal
qui arrête le plan de continuation de l'entreprise aura la possibilité d'imposer des
délais uniformes de paiement (comme pour les créanciers « ordinaires » qui refusent
de donner leur accord), sans pouvoir imposer de remise.
Étendue du droit de remise du Trésor public :

 impôts directs : des remises totales ou partielles peuvent être accordées aussi bien
sur le principal de l'impôt que sur les pénalités ;
 contributions indirectes : il ne peut y avoir de remise sur le principal en ce qui
concerne la TVA et l'enregistrement ; des remises totales ou partielles, sur les
pénalités et sanctions fiscales peuvent en revanche être accordées ;
 enfin des cessions de rang de privilège ou d'hypothèque ou l'abandon de ces sûretés
peuvent, sans extinction préalable de la créance, être accordées.
Étendue du droit de remise des organismes de prévoyance et de Sécurité sociale : seule
une remise totale ou partielle des majorations de retard (et non des cotisations elles-mêmes)
afférentes aux cotisations échues et non réglées peut être accordée. Cette remise n'est pas
subordonnée au versement préalable des cotisations en souffrance.
Paiement immédiat des créances garanties par le superprivilège des salaires et dont l'AGS
est le créancier subrogé, paiement immédiat des créances salariales dont le montant n'a pas
été avancé par l'AGS ou n'a pas fait l'objet d'une subrogation, et paiement immédiat des
petites créances.
Il était d'usage, auparavant, de solliciter un bref délai pour le règlement des créances
superprivilégiées : si l'AGS semblait disposée à accorder des délais, compte tenu des
sommes en jeu, cela permettait de présenter un plan de continuation.
Aujourd'hui, changements très importants depuis la loi du 25 janvier 1985 :

 possibilité pour le tribunal d'accorder des remises pour les créances privilégiées ;
 si aucun accord n'a pu être conclu, le tribunal peut en tout état de cause imposer des
délais pour le règlement des créances privilégiées.
Ce pouvoir exorbitant dont bénéficie le tribunal peut constituer un moyen de pression et
faciliter les négociations avec les créanciers privilégiés.

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C’est une innovation datant de la loi de 1985 car auparavant, les concordats étaient
difficilement envisageables ou bien souvent échouaient du fait de l'importance du passif
privilégié.
De même, cette mesure devrait être de nature à permettre une meilleure prévention, en
raison du fait que les créanciers privilégiés devront être désormais plus vigilants.

III. PROJET DE PLAN DE CESSION DE L’ENTREPRISE

A. PRINCIPE : DÈS LE REDRESSEMENT JUDICIAIRE, TOUTE


ENTREPRISE EST À VENDRE

Telle est l'idée principale de la loi : « dès l'ouverture de la procédure, les tiers sont admis à
soumettre à l'administrateur des offres tendant au maintien de l'activité de l’entreprise, selon
une ou plusieurs des modalités… », c'est-à-dire soit la continuation, soit la cession.
C’est l'administrateur qui fixe le délai pour le dépôt des offres de cession d'entreprise.

B. OFFRE DE REPRISE
Cette offre, tout en intégrant les indications exigées par la loi, devra se présenter de la façon
suivante :
 le plan industriel : il s'agit pour le repreneur de démontrer ses capacités à la
reprise

 projet d'activité : mesures envisagées pour une relance (changement d'orientation de


la politique commerciale, informatisation, développement de la politique publicitaire,
investissements, exportations...) ;
 objectifs, prévisions d'activité ;
 comptes prévisionnels.
 le plan financier

 prix de cession, modalités de règlement garanties, date de réalisation de la cession ;


 financement de l'exploitation et du rachat (financements propres et extérieurs).
 le plan social : niveau et perspectives d'emplois
L'offre est déposée au greffe, annexée au rapport de l'administrateur qui en fait l'analyse.
Le repreneur doit présenter son offre de reprise à l’administrateur, mais c’est le tribunal qui
donne l’accord de cession.
Toute offre de reprise doit être communiquée à l'administrateur dans le délai qu'il a fixé et
qu'il a porté à la connaissance du représentant des créanciers et des contrôleurs. Chaque
offre doit préciser les prévisions d'activité et de financement, le prix de cession et ses
modalités de règlement, la date de réalisation de la cession, le niveau et les perspectives

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d'emploi, les garanties souscrites pour assurer l'exécution de l'offre et enfin les prévisions de
cessions d'actifs au cours des deux années suivant la cession.
Le tribunal retiendra l'offre qui offrira les meilleures garanties et permettra le mieux de
préserver l'emploi et de désintéresser les créanciers.

C. EFFETS DE L’OFFRE ET DE L’ACCEPTATION DE CETTE OFFRE : LA


CESSION DE L’ENTREPRISE

Les offres ne peuvent être ni modifiées, ni retirées après la date du dépôt du rapport de
l'administrateur et cela jusqu'à la décision du tribunal arrêtant le plan (à condition que cette
décision intervienne dans le mois de ce dépôt).
Au vu du rapport de l'administrateur, le tribunal peut ordonner la cession totale ou partielle
de l'entreprise si le débiteur est dans l'impossibilité d'en assurer lui-même le redressement :
la cession intervient lorsqu'à l'issue de la période d'observation, l'administrateur constate
l'impossibilité pour l'entreprise de solder son passif.
Le tribunal ordonne alors la cession de l'entreprise, « dans le but de maintenir une partie des
activités susceptibles d’exploitation autonome et rentables, de préserver les emplois qui y
sont attachés » et nomme un commissaire à l’exécution du plan. Le produit de la cession
doit permettre d’apurer le passif, il ne s’agit donc pas d’un but de maintien global de
l’entreprise.
En exécution du plan arrêté par le tribunal, l'administrateur reste en fonction pour passer
tous les actes nécessaires à la réalisation de la cession. L’administrateur a donc pour
mission d’exécuter le plan de cession arrêté par le tribunal et dans cette attente, il peut, sous
sa responsabilité, confier au cessionnaire la gestion de l'entreprise cédée.
Il y a cession des contrats continués ou nouveaux de l’entreprise cédée au cessionnaire et
transfert des contrats de travail.
Le cessionnaire doit payer le prix de cession et en offrir des garanties de paiement, sinon à
défaut de paiement du prix de cession, le tribunal désignera, d'office ou à la demande du
commissaire à l'exécution du plan, ou du procureur de la République, ou de tout intéressé,
un mandataire ad hoc dont il déterminera la mission pour faire exécuter le plan.
Concernant l'apurement du passif, le rachat ne porte que sur les actifs et il n'y a pas de
reprise de dettes. C'est le prix de cession qui doit permettre de désintéresser les créanciers.
La mission du commissaire à l'exécution du plan dure jusqu'au paiement intégral du prix de
cession.
Le prix de cession est réparti, par le commissaire à l’exécution du plan, entre les créanciers
suivant leur rang ; et le tribunal prononce la clôture des opérations après régularisation des
actes nécessaires à la cession, paiement du prix et réalisation des actifs non compris dans
le plan.
Les créanciers recouvrent, après le jugement de clôture, leur droit de poursuite individuelle
dans les limites de l'article L. 622-32 du Code du commerce.

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IV. CONCLUSION : FIN DE LA PROCÉDURE


Le rapport de l'administrateur proposant une solution est communiqué aux acteurs de la
procédure : après avoir recueilli l'avis du ministère public et entendu ou dûment appelé le
débiteur, le liquidateur, l'administrateur lorsqu'il en a été désigné, les représentants du
comité d'entreprise ou, à défaut, des délégués du personnel et les contrôleurs…
Ces personnes font part de leurs observations qui seront jointes au rapport de
l'administrateur, l'ensemble étant déposé au greffe pour la chambre du conseil du tribunal
qui arrêtera le plan. Le tribunal retiendra la meilleure proposition : il n'est pas tenu de suivre
le projet de plan élaboré par l'administrateur.
Le tribunal retient l'offre qui permet dans les meilleures conditions d'assurer le plus
durablement l'emploi attaché à l'ensemble cédé, le paiement des créanciers et qui présente
les meilleures garanties d'exécution. Il arrête un ou plusieurs plans de cession.
Les débats doivent avoir lieu en présence du ministère public lorsque la procédure est
ouverte au bénéfice de personnes physiques ou morales dont le nombre de salariés ou le
chiffre d'affaires hors taxes est supérieur à un seuil fixé par décret en Conseil d'État.
Le jugement qui arrête le plan en rend les dispositions applicables à tous.

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