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Monsieur ALBERT est gérant de la SARL ÉCAILLE depuis le 3 octobre 2020.

Il fait son travail


de manière consciencieuse et est apprécié par tous les associés de la société sauf par Madame
SIMONE, associée minoritaire. Le 15 juillet 2022, il souhaite être augmenté. Une assemblée
générale a lieu le 30 septembre 2022 avec à l’ordre du jour une augmentation de sa rémunération
de plus de 300%. Monsieur ALBERT avait en amont expliqué ce choix en raison de résultats
financiers formidables depuis son arrivée à la gérance en 2020. Il se dit aussi que Monsieur
ALBERT souhaite laisser le moins de bénéfice possible pour les associés minoritaires. Monsieur
ALBERT peut-il prendre part au vote ?

La solution aurait-elle été différente si l’on avait précisé que Monsieur ALBERT était également
associé majoritaire de la SARL ? La décision aurait-elle pu être annulée dans ce cas ?

Problématique : Un gérant de SARL peut-il prendre part au vote de sa rémunération lors d’une
assemblée générale ? OU si l’on passe dans le deuxième cas de figure : La décision prise en
assemblée générale par laquelle un gérant-associé de SARL prend part au vote de sa rémunération
l’augmentant de 300% en raison des bons résultats financiers de la société peut-elle être annulée ?

Réponse :
• Majeure : L’article L. 223-27 du Code de commerce dispose en son alinéa 1 que les décisions sont
prises en Assemblée. Faute de prévision textuelle, il en est donc ainsi de la décision de rémunération
du gérant sauf si elle est fixée expressément par les statuts. Seuls les associés prennent part au vote
et les décisions sont adoptées par un ou plusieurs associés représentant plus de la moitié des parts
sociales comme le précise l’article L. 223-29 du même code. La jurisprudence précise en effet que
l’associé-gérant peut prendre part au vote de sa rémunération (Cass. com., 4 mai 2020). Cette
décision sera parfaitement valable sous respect des formalismes inhérents à la convocation des
associés par le gérant voire le commissaire aux comptes s’il y en a un (C. com., art. L. 223-27 al. 2
et 9) et d’une absence d’abus de majorité notamment lorsque la rémunération du gérant apparaît
excessive au regard de la situation financière de la société (Cass. com., 4 octobre 2011). On notera
que l’abus de majorité1, caractérisé par l’adoption d’une décision contraire à l’intérêt social et prise
dans l’unique dessein de favoriser les membres de la majorité au détriment de la minorité (C. civ.,
art. 1833) est annulable puisque prévu par L. 235-1 du Code de commerce.

• Mineure : Premier cas de figure : En l’espèce, un gérant de SARL souhaite prendre part au vote
de sa rémunération au sein de l’assemblée générale convoquée à cette fin. Cependant, faut d’être
un associé de la société, il lui sera impossible de prendre part à la décision collective de l’assemblée
générale comme le précise l’article L. 223-27 du Code de commerce.

Second cas de figure : En l’espèce, un gérant-associé de SARL souhaite prendre part au vote de sa
rémunération au sein de l’assemblée générale convoquée à cette fin. S’il est admis qu’un associé-
gérant, fut-il majoritaire, puisse prendre part au vote de sa rémunération (Cass. com., 4 mai 2011),
il est en revanche interdit qu’une telle décision soit constitutive d’un abus de majorité ; et sur ce
dernier point, il peut y avoir débat (évoquer éventualité abus de majorité en reprenant les arguments
vus précédemment).

• Conclusion

Premier cas de figure : Le gérant, Monsieur ALBERT, ne pourra pas prendre part au vote de sa
rémunération en assemblée générale puisque n’étant pas associé de la SARL qu’il dirige.

Second cas de figure: L’associé-gérant majoritaire pourra prendre part au vote de sa rémunération
en assemblée générale. Cependant, il semble que la décision puisse être annulée, notamment si un
associé minoritaire tel que Madame SIMONE, venait à démontrer que la rémunération est
excessive en ce qu’elle nuit tant à l’intérêt social qu’aux minoritaires dont elle fait partie.

Monsieur GASTON est gérant de la SARL VERDURE spécialisée dans la mise en place de gazon
synthétique. Lors de la mise en place d’une pelouse sur le terrain de Monsieur GÉRARD, ce dernier
demanda à Monsieur GASTON s’il pouvait lui refaire sa toiture pour une forte somme d’argent.
Acceptant, un contrat fut conclu entre Monsieur GÉRARD et la SARL VERDURE. Néanmoins,
trois mois plus tard, de gros désordres furent observés par un expert et Monsieur GÉRARD assigna
la SARL pour malfaçons. Madame FLEUR, associée de la SARL VERDURE décida d’engager la
responsabilité de Monsieur GASTON au motif qu’il n’a pas contracté d’assurance obligatoire. Une
telle action vous apparaît-elle envisageable ?

Monsieur PIERRE est associé de la SARL SAUVAGE avec quatre autres associés. Chacun des
associés dispose de 20% des parts sociales de la société. Monsieur PIERRE décide de céder ses
titres à Madame BOIS. Il lui vend ses parts le 21 septembre 2022, trois jours après avoir évoqué
aux autres associés au détour d’une conversation son intention de les vendre. Trois associés lui
donnèrent un accord de principe verbal. Or un autre associé ne veut pas de Madame BOIS comme
associée de la SARL. Il souhaite faire annuler la vente mais le peut-il ?

Monsieur GOMET est le président de la SAS COLORS. Le 8 août 2022 il est convoqué avec un
préavis de 8 jours à l’assemblée générale sur un ordre du jour visant explicitement la cessation de
ses fonctions. Une note précisant les motifs a même été jointe à la convocation afin que celui puisse
préparer au mieux ses observations. Cette note évoquait notamment que le niveau des résultats de
l’exercice en cours est inférieur aux prévisions les moins optimistes et l’existence avérée d’un climat
négatif résultant tant de l’absence de mesures prises (malgré les rapports soumis au président
l’invitant à prendre des mesures) que de la défiance des principaux cadres de la société vis-à-vis du
président liée aux doutes quant à la légitimité de la direction (ce qui avait entrainé des pertes de
partenariats financiers). L’article 15 des statuts de la SAS est ainsi rédigé : « La révocation du
président de la SAS COLORS devra impérativement être faite avec un juste motif. ». L’assemblée
générale décida de révoquer le président. Il a dû restituer dans le mois qui a suivi la délibération les
clés de son véhicule de fonction, quitter son logement de fonction et a perdu, le trentième jour
suivant la décision de révocation, l’accès à son serveur et son adresse électronique. Sa ligne
téléphonique a également été coupée. Monsieur GOMET est furieux, il souhaite réclamer 100.000
euros de dommages et intérêts pour révocation vexatoire. Il considère que sa révocation n’est pas
justifiée et que son honneur a été bafoué notamment lorsque l’on lui a signifié qu’il devait quitter
son logement de fonction. Qu’en pensez-vous ?

Problématiques : Diverses interrogations se posent en l’espèce. D’une part il conviendra de savoir


si la surabondance de motifs de révocation (défiance des cadres de la société menaçant de
démissionner, non-prise de mesures considérées comme nécessaire, mauvais résultats financiers)
peut-elle est caractéristique d’un juste motif légitimant la révocation d’un président de SAS adoptée
en assemblée générale ? (I). D’autre part, il sera nécessaire de s’interroger si la privation d’avantages
confiés au président d’une SAS un mois après sa révocation est constitutif d’une révocation
vexatoire ? (II).

Madame PELLEGRIN est associée d’une SNC DRAGUI VITI spécialisée dans la vinification à
Draguignan dans le Var. La SNC comprend aussi comme associée Madame DERESAIN. Elles se
portent caution au nom de la société mais face aux difficultés elles ont demandé à faire l’objet d’une
procédure de surendettement des particuliers. Un créancier conteste cette procédure et dit qu’elles
doivent faire l’objet d’une procédure collective. Qu’en pensez-vous ?

Problématique : Un associé de SNC relève-t-il de la procédure de surendettement des particuliers


? è En matière de procédure collective, les associés en nom collectif relèvent du livre VI c’est-à-
dire qu’ils sont soumis aux procédures collectives et non à la procédure de surendettement des
particuliers (Cass. civ. 2e., 5 décembre 2013)

Les époux CYCLONE, Madame DELTA et Monsieur TONNERRE sont associés de la SNC
POWER exploitant un fonds de commerce de restauration japonaise à Lyon. Les affaires vont bien
et Monsieur TONNERRE s’occupe de recevoir les clients et de faire un peu de cuisine de temps
en temps. Pourtant après une dispute entre Monsieur TONNERRE et les autres associés, ce
premier a une idée. Se prévaloir d’un contrat de travail à l’encontre de la société afin d’obtenir de
l’argent. En effet, il a tenu le restaurant et même logeait dans l’appartement situé juste au-dessus
du restaurant. La qualification d’un contrat de travail est-elle envisageable ?

Problématique : Un associé de SNC peut-il se prévaloir d’un contrat de travail à l’encontre de la


SNC suite à des services rendus dans le cadre de l’activité de la SNC ? • Majeure : C. com., art. L.
221-1 al. 1er : « Les associés en nom collectif ont tous la qualité de commerçant et répondent
indéfiniment et solidairement des dettes sociales. ». Cass. soc., 14 octobre 2015, n° 14-10.960 :
L’associé de SNC étant commerçant répondant de manière solidaire et indéfinie aux dettes sociales,
il ne saurait être salarié.

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