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Pbl de droit : Une dépression peut-elle être prise en charge en tant qu’accident du travail
suite à un entretien de recadrage avec son supérieur hiérarchique ?
« est considéré comme accident du travail, quelle qu'en soit la cause, l'accident survenu
par le fait ou à l'occasion du travail à toute personne salariée ou travaillant, à quelque
titre ou en quelque lieu que ce soit, pour un ou plusieurs employeurs ou chefs
d'entreprise ».
Outre les traumatismes psychologiques liés à des harcèlements professionnels et les suicides
ou tentatives de suicide survenus en raison d'un certain contexte professionnel, les caisses de
sécurité sociale sont régulièrement saisies de demandes de prises en charge au titre des risques
professionnels pour des traumatismes psychologiques subis par des salariés.
Ces traumatismes subis par les salariés peuvent aussi bien correspondre à des agissements de
leur hiérarchie ou de simples collègues, voire d'un subordonné, qu'à des agissements de tiers
tels que des clients, des agresseurs extérieurs ou des salariés d'une autre entreprise.
Remarques : Il avait déjà été admis que les traumatismes psychologiques des salariés des
établissements financiers, commerciaux ou industriels, provoqués par une attaque à main
armée pour vol, puissent être pris en charge au titre des accidents du travail, lorsqu'ils
apparaissaient immédiatement ou quelques jours après les faits, lorsque les salariés concernés
avaient été directement menacés (Circ. CNAMTS DGR no 82-1329, 2 août 1982, Bull. jur.
UCANSS 82-36).
Il n'est pas indispensable que les agissements relevés par le salarié soient intervenus au temps
et au lieu du travail.
En effet, la Cour de cassation a déjà été admis qu'une agression survenue en dehors du lieu et
du temps de travail puisse constituer un accident du travail dès lors qu'elle est en lien étroit
avec celui-ci (Cass. soc., 4 févr. 1987, no 85-13.532, Bull. civ. V, no 65). En l'espèce, il
s'agissait du directeur d'une agence bancaire agressé avec sa famille à son domicile par des
malfaiteurs qui souhaitaient accéder à la salle des coffres de sa banque.
Enfin, des arrêts de principe ont pris en charge au titre d’accident du travail :
Cet entretien avait pour objet concernant les insuffisances répétées de Monsieur PAVARD.
Cet entretien peut-être incontestablement daté dans le temps puisqu’il est déroulé à 15 heures
le 15 juin 2021.
Monsieur PAVARD a été placé en arrêt de travail dès le lendemain, donc dans un laps de
temps très brefs après la survenance de cet accident.
Conformément à la jurisprudence citée supra, une dépression (tel est le cas en l’espèce) peut
être reconnue comme accident du travail.
Le constat médical de sa pathologie a en outre été effectué dans un délai bref après cet
entretien (le lendemain), de sorte que des éléments précis et concordants pourraient permettre
de faire reconnaître cet accident.
Toutefois, Monsieur PAVARD a fait établir par son médecin un arrêt de travail sur CERFA
pour maladie simple (donc sans son lien avec ses conditions de travail).
Il est nécessaire que Monsieur PAVARD sollicite son médecin traitant afin que ce dernier
établisse un certificat médical initial rectificatif (sur CEFA AT/MP) qu’il devra transmettre à
son employeur.
Ce dernier devra alors rédiger dans les 48 heures suivant la réception de ce certificat une
déclaration d’accident du travail (cf. article R 441-3 Code de la sécurité sociale, « la
déclaration de l'employeur ou l'un de ses préposés prévue à l'article L. 441-2 doit être faite,
par tout moyen conférant date certaine à sa réception, dans les quarante-huit heures non
compris les dimanches et jours fériés »).
Lors de l’instruction de l’accident, les délais suivants seront mis en œuvre par la CPAM
compétente :
Le questionnaire doit être retourné à la CPAM par les intéressés dans un délai de 20 jours
suivant sa réception (CSS, art. R. 441-8, I). En l'absence de retour du questionnaire dans
les délais, l'employeur ou la victime (ou ses représentants) s'expose à ce que ses réponses ne
soient pas prises en compte dans l'instruction (Circ. CNAM no 28/2019, 9 août 2019).
L'employeur et la victime (ou ses représentants) sont informés par la CPAM, au plus tard 10
jours francs avant le début de la période de consultation, des dates d'ouverture et de clôture de
la période de consultation du dossier et de la période pendant laquelle ils
peuvent formuler des observations. Cette information est faite par tout moyen conférant date
certaine à sa réception (CSS, art. R. 441-8, II).
L’accident de Monsieur PAVARD pourrait alors faire l’objet d’une décision de prise en
charge par la CPAM compétente qui communiquera alors sa décision tant à l’employeur qu’à
Monsieur PAVARD.
Pbl de droit : L’action en faute inexcusable de Madame BRAVO a-t-elle des chances de
prospérer ? La condition relative à la conscience du danger est-elle remplie ?
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Le rappel des règles de droit est volontairement long afin de rappeler certaines règles que vous ne maîtrisez
(peut-être) pas. Evidemment, à l’examen, il conviendra d’être plus succinct et de rappeler ces règles de droit de
manière synthétique.
La définition de la faute inexcusable de l'employeur à l'origine d'une maladie professionnelle
ou d'un accident du travail est le fait de la jurisprudence et non de la loi. Ainsi, dans l'arrêt
Veuve Villa rendu le 15 juillet 1941, la faute inexcusable s'entendait d'une faute d'une gravité
exceptionnelle, dérivant d'un acte ou d'une omission volontaire, en l'absence de tout fait
justificatif.
Cette définition est restée inchangée jusqu'aux arrêts du 28 février 2002. Dans plusieurs arrêts
rendus à cette date à propos des maladies professionnelles consécutives à l'inhalation de fibres
d'amiante, la Cour de cassation avait mis à la charge de l'employeur une obligation de sécurité
conçue comme une obligation de résultat et fondée sur le contrat de travail, dont le
manquement constitue une faute inexcusable (Cass. soc., 28 févr. 2002, no 00-11.793 ; Cass.
soc., 28 févr. 2002, no 99-17.221).
Ainsi, la Cour de cassation décide qu'« en vertu du contrat de travail le liant à son salarié,
l'employeur est tenu envers celui-ci d'une obligation de sécurité de résultat, notamment en ce
qui concerne les maladies professionnelles contractées par ce salarié du fait des produits
fabriqués ou utilisés par l'entreprise ; que le manquement à cette obligation a le caractère
d'une faute inexcusable, au sens de l'article L. 452-1 du Code de la sécurité sociale, lorsque
l'employeur avait ou aurait dû avoir conscience du danger auquel était exposé le salarié et qui
n'a pas pris les mesures nécessaires pour l'en préserver ».
Les décisions étaient fondées sur l'article 1217 du Code civil (obligation de résultat) et l'article
L. 230-2 du Code du travail (C. trav., art. L. 4121-1 et s., dans la version recodifiée)
(principes généraux de prévention en matière d'hygiène et de sécurité) (Cass. soc., 23 mai
2002, no 00-14.125 ; Cass. soc., 11 juill. 2002, no 00-17.377).
Dans un arrêt du 8 avril 2021, la Cour de cassation adopte, pour la première fois, le même
critère d'appréciation de la faute inexcusable pour le particulier employeur que pour
l'employeur professionnel en se référant également à son obligation légale de sécurité et de
protection de la santé (Cass. 2e civ., 8 avr. 2021, no 20-11.935).
Une faute inexcusable peut être reprochée à l'employeur lorsque les deux éléments suivants
sont réunis :
– l'employeur avait ou aurait dû avoir conscience du danger auquel était exposé le salarié ;
– et il n'a pas pris les mesures nécessaires pour l'en préserver (Cass. soc., 28 févr. 2002, nº 00-
11.793 ; Cass. ass. plén., 24 juin 2005, nº 03-30.038).
Conscience du danger pour l'employeur. — Il faut démontrer que l'employeur avait
conscience du danger auquel était exposé le salarié. À défaut, sa responsabilité pour faute
inexcusable sera tout de même engagée dès lors que, du fait de son obligation de connaître les
règles de sécurité en tant que professionnel averti, il aurait dû en avoir conscience. Cette
condition s'apprécie en raison des circonstances, de la formation et l'expérience
professionnelle, de la réglementation et des habitudes de la profession mais aussi en fonction
de l'évidence du danger.
Aussi, la Cour de cassation a-t-elle considéré que la conscience du danger était supposée
lorsque les mesures nécessaires à l'entretien d'un appareil et de son dispositif de sécurité ont
été négligées par l'employeur (Cass. soc., 31 oct. 2002, no 00-18.359).
La Cour de cassation a également estimé que l'employeur faisant intervenir un salarié dans
une autre entreprise a le devoir de se renseigner sur les dangers encourus par ce salarié en
vertu de son obligation de sécurité de résultat. Le non-respect de cette obligation peut ainsi
constituer une faute inexcusable (Cass. 2e civ., 8 nov. 2007, no 07-11.219 ; voir no 125-145).
En revanche, il a été jugé que l'employeur ne pouvait avoir conscience du danger auquel était
exposé le salarié lorsque :
– aucune anomalie du matériel en relation avec l'accident n'a pu être constatée (Cass. soc., 31
oct. 2002, no 01-20.445) ;
– le véhicule à l'origine de l'accident avait fait l'objet de contrôles techniques quelques jours
avant l'accident et aucune anomalie n'avait été relevée (Cass. 2e civ., 11 oct. 2006, no 05-
12.465) ;
- lorsque les circonstances de l’accident restent indéterminées (Cass. 2e civ., 22 mars 2005,
no 03-20.044 ; Cass. 2e civ., 17 janv. 2007, no 05-21.895).
– l'accident se produit alors que le salarié n'est pas affecté à un poste de travail présentant des
risques particuliers pour sa santé ou sa sécurité (Cass. 2e civ., 6 mars 2008, no 06-21.484).
Dans cette affaire, le salarié victime d'un accident dû à la chute d'un fût était affecté à la
chaîne de fabrication de la colle ; aucune manipulation du fût litigieux n'était prévue dans le
poste de travail du salarié et le matériel était parfaitement conforme aux normes en vigueur.
Il ressort de ces affaires que la conscience du danger est considérée comme établie lorsqu'il y
a eu négligence de l'employeur, volontaire ou non.
Pour cette appréciation, les juges se fondent également sur l'état des connaissances
scientifiques. Ainsi, il a été jugé qu'en l'état des connaissances scientifiques à l'époque des
faits, une société qui n'utilisait pas l'amiante comme matière première pouvait ne pas avoir
conscience du risque couru par les salariés (Cass. soc., 28 févr. 2002, no 99-17.221 ; Cass.
2e civ., 29 juin 2004, no 02-21.325).
Exemples :
– l'accident est provoqué par un véhicule chargeur en raison de la visibilité réduite causée par
l'empoussièrement du hangar. L'employeur aurait dû avoir conscience du danger et mettre en
place des dispositions protectrices pour les piétons (Cass. soc., 16 oct. 1997, no 95-17.754) ;
– lorsqu'un outil dangereux est utilisé, à l'initiative du salarié alors même qu'il n'était pas
adapté à la tâche qu'il devait réaliser mais qu'il lui avait été laissé à disposition par
l'employeur (Cass. 2e civ., 16 sept. 2003, no 02-30.242) ;
– lorsque le salarié était, depuis 1990, amené à travailler sur des plaquettes de frein contenant
de l'amiante. Or l'employeur avait effectué en 1989 des analyses pour déterminer le nombre
de fibres d'amiante présentes dans les ateliers et avait, depuis 1993, engagé un processus de
suppression progressive de l'amiante ; par conséquent, la société avait ou aurait dû avoir
conscience du danger auquel était exposé le salarié (Cass. 2e civ., 31 mai 2006, no 04-30.654)
;
– lorsque l'équilibre psychologique d'un salarié (qui avait fait une tentative de suicide pendant
un arrêt de travail) avait été gravement compromis à la suite de la dégradation continue des
relations de travail et du comportement de l'employeur (Cass. 2e civ., 22 févr. 2007, no 05-
13.771) ;
– lorsque la politique de réduction de coûts mise en place par la direction avait eu pour effet
d'accroître la charge de travail et la pression ressenties par les salariés et était à l'origine de
l'infarctus du myocarde d'un salarié (Cass. 2e civ., 8 nov. 2012, no 11-23.855).
En revanche, l'existence d'une faute inexcusable n'a pas été retenue dans les affaires suivantes,
faute pour l'employeur de pouvoir avoir conscience du danger :
– un salarié chargé de la manipulation de bouteilles de gaz s'était blessé en voulant relever une
bouteille ; or il avait bénéficié d'une formation à la sécurité et les consignes de sécurité
contenues dans le fascicule mis à sa disposition lui interdisaient de rattraper une bouteille
(Cass. 2e civ., 27 janv. 2004, no 02-30.675 ; Cass. 2e civ., 18 janv. 2005, no 03-30.019) ;
– la manœuvre du salarié, opérée dans le cadre d'une opération de maintenance banale et
habituelle, était tellement impensable et sa dangerosité si évidente qu'elle paraissait
impossible à imaginer (Cass. 2e civ., 2 mai 2007, no 06-10.083) ;
– un électricien avait été confronté à l'amiante (en sa qualité d'isolant) pendant des années
sans participer habituellement à des travaux comportant l'usage direct de l'amiante – son
travail de maintenance lui avait été finalement retiré en 1973 ; or à cette époque les travaux
d'entretien ou de maintenance effectués sur des matériels revêtus ou contenant des matériaux à
base d'amiante ne faisaient l'objet d'aucune disposition restrictive (dispositions mises en
œuvre à partir de 1996) ; en conséquence (compte tenu des données scientifiques et de la
législation alors en vigueur), l'employeur n'avait pas et ne pouvait pas avoir conscience du
danger auquel ce salarié était exposé (Cass. 2e civ., 31 mai 2006, no 05-17.737) ;
Absence de mise en place des mesures nécessaires pour prévenir l'accident du travail ou
la maladie professionnelle. — Il faut ici comprendre que malgré la conscience qu'il avait ou
aurait dû avoir du danger qu'il faisait courir au salarié, l'employeur n'a pas été suffisamment
diligent dans l'adoption de mesures préventives. Il s'agit donc d'étudier son comportement
face au danger et notamment de rechercher s'il était tenu de prendre certaines mesures au
regard de la loi (Cass. 2e civ., 3 avr. 2003, no 01-21.364). Ainsi, commet une faute
inexcusable l'employeur qui :
– n'a pris aucune mesure pour faire cesser le travail qu'imposait l'annonce de l'arrivée d'un
train en zone dangereuse alors qu'un agent d'entretien travaillait sur les voies ferrées : celui-ci
avait été heurté par ce train (Cass. soc., 31 mars 2003, no 01-20.901) ;
– n'a pas imposé des consignes de sécurité particulières à l'intervention d'un salarié sur une
chaîne de fabrication de véhicules automobiles, ce dernier ayant été victime d'un écrasement
du bras provoqué par l'alimentation soudaine de la partie mobile de la machine qu'il était en
train d'entretenir (Cass. 2e civ., 16 sept. 2003, no 01-21.192) ;
Plus spécifiquement au regard du cas d’espèce, un arrêt rendu par la 2è Chambre Civile de la
Cour de cassation en date du 25 janvier 2018, n°16-26.384 a pu retenir l’absence de
conscience du danger par l’employeur et le rejet de la demande de reconnaissance de faute
inexcusable :
Mais attendu que l'arrêt relève qu'à l'appui de sa prétention Mme Y... se prévaut d'un bulletin
de vigilance météorologique diffusé le mercredi 5 janvier 2011 à 23h15, valable jusqu'au jeudi
6 janvier 2011 à 16h00, faisant état d'une alerte neige verglas - orange sur les départements
du Bas-Rhin et du Haut-Rhin suivant laquelle « un épisode de pluies verglaçantes affectera
l'Alsace entre la fin de nuit de mercredi à jeudi et le début de matinée de jeudi » et
recommandant en particulier d'être très prudent et vigilant en cas de déplacement ; que
cependant l'existence de cette alerte météorologique ne peut en elle-même suffire à rapporter
la preuve de ce que l'employeur avait ou aurait dû avoir conscience du danger auquel étaient
exposés ses salariés en se garant sur le parking de l'entreprise le 6 janvier 2011 pour prendre
leur poste comme Mme Y... à 8h00, alors que l'alerte avait été diffusée dans la nuit, qu'elle ne
commandait pas de vigilance absolue, uniquement des consignes de prudence s'imposant à
chacun en cas de déplacement ;
Voir également sur le même point (en sens inverse) Cass. 2è Civ. 1er juin 2011, n°10-20.029.
Voir enfin pour une chute dans un escalier, le rejet d’une demande de reconnaissance en faute
inexcusable dans une situation proche (CA Paris 21 juin 2019, n°16/01718) :
Il n'établit pas non plus qu'il était personnellement touché par le climat délétère décrit
dans le P.V du 25 mars 2010 du CHSCT, qui parle de souffrance au travail du
personnel cadre et non cadre dans la quasi-totalité des services. L'attestation de Z… du
3 octobre 2012 ne permet pas d'établir un lien avec l'accident et les pratiques de la
direction. Il doit être enfin constaté que le salarié est resté malgré tout 15 ans environ
au sein de la CCI dont 7 ans après son accident du travail. En tout état de cause, le lien
de causalité avec l'accident d'un éventuel stress ou mal être au travail n'est pas établi.
– le versement d'une rente en cas d'incapacité permanente qui indemnise le préjudice lié à la
perte de capacité de gain professionnel.
Remarque : depuis le 1er janvier 2020, il n'est plus possible d'obtenir le versement d'une
partie de la rente accident du travail-maladie professionnelle sous forme d'un capital (CSS,
art. L. 434 3 modifié par L. no 2019 1446, 24 déc. 2019, JO 27 déc., art. 83).
Ainsi, par exemple, une rente d'accident du travail n'indemnise pas le préjudice constitué par
la perte ou la diminution des possibilités de promotion professionnelle (Cass. 2e civ., 7 nov.
2019, no 18 21.612).
– de la victime ou de ses ayants droit en cas de décès mais uniquement d'elles. Ainsi, par
exemple, la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés n'a pas de droit à
agir dans un litige en faute inexcusable (Cass. 2e civ., 13 janv. 2011, no 09-17.496) ;
A défaut d'accord, il appartient à la victime ou à ses ayants droit ou bien à la caisse de saisir le
Pôle Social tribunal judiciaire (qui a hérité des attributions des anciens tribunaux des affaires
de sécurité sociale, les Tass) (CSS, art. L. 452-4).
Madame BRAVO dispose donc d’un délai de deux ans pour engager une action en
reconnaissance de faute inexcusable.
Il ne s’agit pas d’un accident du trajet puisque l’accident est survenu sur le parking de
l’entreprise (cet accident de trajet n’aurait pas permis d’engager une action en reconnaissance
de faute inexcusable) (cf. Cass. Ass. Plén. 3 juillet 1987, n°86-14.914).
L’employeur doit démontrer que ce risque pouvait figurer dans son document unique
d’évaluation des risques et qu’il a pris les mesures pour l’en préserver (salage du parking…).
En l’absence de la moindre précision sur ce point, cette condition pourrait être caractérisée
En second lieu, concernant la conscience du danger, il apparaît que l’entreprise n’a jamais
connu le moindre accident de ce type.
Surtout, il apparaît que si une alerte météo avait été donnée la veille à 17 heures, cette alerte
pouvait sembler tardive comme le rappelle la jurisprudence évoquée supra (Cass. Soc. 25
janvier 2018).
Si elle souhaite faire reconnaître une faute inexcusable, elle devra préalablement faire
reconnaître un accident du travail, ce qui peut sembler aisé compte tenu de la survenance au
temps et au lieu de travail de cet accident.
NB : La jurisprudence sera plus stricte pour caractériser les conditions de caractérisation de la
faute inexcusable compte tenu notamment de la position de particulier employeur de
Monsieur ROUQUETTE (sur ce point, L. de Montvalon, SS Lamy 2021, 17 mai 2021,
n°1954).
Il est logique d’être plus tolérant à l’égard d’un particulier employeur que d’un employeur
classique qui ne dispose assurément pas des mêmes moyens pour remplir son obligation de
prévention des risques à son domicile.
Or, une bande antidérapante a été installée sur l’escalier afin d’éviter les chutes.
Aucun élément précis n’est évoqué sur ce point par Madame AZIZA.
Elle travaillait toutefois depuis plus de quinze ans dans ce manoir et doit donc être considéré
comme une salariée avertie.
Il n’est pas indiqué que Madame AZIZA a eu le moindre accident pendant ces quinze années
de sorte que la conscience du danger semble compliquée à caractériser.
Il n’est pas non plus indiqué si Madame AZIZA a adressé des alertes sur le caractère glissant
de cet escalier à son employeur.
Pbl de droit : Un employeur peut-il licencier un salarié en arrêt de travail pour maladie simple
depuis plusieurs semaines désorganisant l’entreprise ?
En l’espèce, il est donc prohibé de licencier Monsieur LARSEN en raison de son arrêt
maladie.
Ce seul motif pourrait conduire à un licenciement discriminatoire en lien avec son état de
santé (article L 1132-1 du Code du travail).
Le motif lié à l’état de santé ne doit pas figurer dans le courrier de rupture.
Le cas échéant, l’employeur s’exposerait à un licenciement frappé de nullité et à une
éventuelle demande de réintégration (ou l’octroi de dommages-intérêts en cas de non-
réintgration).
En l’espèce, Monsieur LARSEN exerce les fonctions de DAF, soit un poste à responsabilité
dans l’entreprise.
Il a été placé en arrêt de travail pour maladie simple depuis plus de quatre mois.
Il s’agit d’un arrêt de travail pour maladie simple puisque le syndrome anxio-dépressif n’est
pas lié à un événement en lien avec ses conditions de travail mais au départ de sa femme.
Un licenciement pour absence prolongée désorganisant l’entreprise pourrait être envisagé.
Il conviendra toutefois au préalable de s’assurer qu’aucune garantie conventionnelle d’emploi
n’est instaurée dans la convention collective.
En l’absence d’information sur ce point dans l’énoncé du cas pratique, il sera considéré
qu’aucune garantie ne figure dans la convention collective.
Les perturbations doivent s’apprécier en fonction de la taille de l’entreprise.
Il s’agit d’une structure de douze salariés, donc de petite taille, l’absence d’un DAF dans une
structure d’une telle taille pourrait donc avoir des conséquences importantes puisqu’il s’agit
du seul poste de ce type dans la structure.
Comme indiqué supra, les fonctions du salarié étaient fondamentales.
De surcroît, l’absence prolongée de Monsieur LARSEN avait très certainement des
répercussions certaines sur le fonctionnement de la structure.
Les conditions du licenciement pour désorganisation de l’entreprise pourraient donc être
caractérisées.
Il conviendra toutefois de mettre en œuvre la procédure pour licenciement pour un motif non
disciplinaire.
Par ailleurs, il conviendra de remplacer Monsieur LARSEN dans un délai raisonnable suite à
son licenciement.
En l’absence de remplacement, son licenciement pourrait être jugé sans cause réelle et
sérieuse.