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REPARATION DU RISQUE
PROFESSIONNEL EN TUNISIE

"Tout préjudice subi doit être réparé"

INTRODUCTION

En Tunisie, jusqu’en 1921 (15 mars 1921) les accidents du travail ne


faisaient pas l'objet d'une réparation particulière, ils entraient dans le cadre
général du droit commun régis par le Code des obligations et des contrats. Il
s'agissait donc essentiellement d'une notion de responsabilité fondée sur une
« faute » de l'employeur.

Pour la première fois en Tunisie, le décret du 15 mars 1921 isole la notion


« d'accident du travail » et exclut en la matière toute possibilité de recours en
droit commun. Le texte crée une présomption légale de responsabilité de
l'employeur du fait de sa qualité de chef d'entreprise et désormais, 41 n'est
plus nécessaire pour la victime de rechercher la preuve de sa faute.

Dès lors qu'il existe un lien de subordination entre la victime et son


employeur et que l'accident s'est produit au temps et au lieu du travail,
l'employeur est présumé responsable. Mais pour prémunir les entreprises
contre les incidences de ce principe nouveau, le texte n'a pas obligé les
employeurs à souscrire des contrats d'assurance auprès des Compagnies
d'Assurance. Il a fallu attendre la loi n° 57-73 du 11 décembre 1957 pour
prescrire l'obligation aux employeurs de souscrire des contrats d'assurance
auprès des Compagnies d'Assurance et prévoir l'accident du trajet et la
réparation des maladies professionnelles.

C'est la loi n° 94-28 du 21 février 1994 qui a intégré l'assurance accident du


travail- maladies professionnelles dans l'organisation de la C.N.S.S., en
transférant les obligations des Compagnies d'Assurances à la CNSS.

Par ailleurs, la loi n° 95-56 du 28 juin 1995 qui a remplacé l'art. 46 de la


loi n° 83-112 du 12 décembre 1983 portant statut général des personnels de
l'Etat, des collectivités publiques locales et des établissements publics à
caractère administratif a institué un régime particulier de réparation des
préjudices résultant des accidents du travail ou des maladies professionnelles
au profit des agents du secteur public et de leurs ayants-droit.
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La nouvelle législation tunisienne en matière de réparation du risque


professionnel, en confiant la gestion de ce risque à la CNSS pour la couverture
des travailleurs du secteur privé et aux pouvoirs publics pour la couverture des
travailleurs des agents de l'Etat, a intimement associé la réparation à la prévention
et incité les organismes concernés à tout mettre en oeuvre pour promouvoir la
santé sur les lieux du travail.
Pour atteindre ces objectifs, les médecins ont un rôle considérable à jouer
pour préserver la santé au travail.

En effet, quels que soient son mode personnel d'exercice et la situation


professionnelle de son patient, le médecin praticien a une grande part de
responsabilité dans la prise en charge d'un accident du travail ou d'une maladie
professionnelle. Bien au-delà de son action thérapeutique, le médecin traitant
intervient dans le diagnostic et la prise en charge administrative et sociale et
également dans la prévention primaire, secondaire et tertiaire du risque
professionnel.
Il a un rôle important à jouer pour diminuer le coût économique, social et
surtout humain de la pathologie professionnelle.

1.- CARACTERISTIQUES DE LA REPARATION DU RISQUE


PROFESSIONNEL

1.1.- LEGISLATION

1°/ Pour les travailleurs du secteur privé, la loi n° 94-28 du 21


février 1994 portant régime de réparation des préjudices résultant des accidents
du travail et des maladies professionnelles qui a remplacé la loi 57-73 du 11
décembre 1957 est entrée en application le ler janvier 1995.

2°/ Pour les travailleurs du secteur public, la loi n° 95-56 du 28 juin


1995 portant régime particulier de réparation des préjudices résultant des
accidents du travail et des maladies professionnelles dans le secteur public est
entrée en vigueur le ler janvier 1996.
Cette loi s'applique aux agents de l'Etat, des collectivités locales et des
établissements publics à caractère administratif, affiliés à la Caisse Nationale de
Retraite et de Prévoyance Sociale à l’exclusion des militaires et des forces de
sécurité intérieures auxquels s'appliquent les dispositions de :

. la loi n° 72-70 du 11 novembre 1972 portant ratification du décret -loi n°


72-3 relatif au régime des pensions militaires d'invalidité ;
. la loi n° 82-70 du 6 août 1982 portant statut général des forces de sécurité
intérieures.
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Les dispositions de cette loi peuvent également être appliquées :


- aux entreprises publiques dont les agents sont soumis au statut général des
agents de la fonction publique et dont la liste est fixée par décret ;

- aux agents de l'Etat, des collectivités locales et des établissements publics à


caractère administratif et aux agents des entreprises publiques envoyés en
mission ou stage à l'étranger, à l'exception des cas où l'accident ou la maladie
sont occasionnés par des motifs étrangers à l'objet de la mission ou du stage et
pour autant que ces agents ne soient pas couverts dans le pays d'accueil par un
système de réparation au moins équivalent à celui prévu par la loi n° 95-56.

1.2.-DEFINITIONS MEDICO-LEGALES

1°/ de l'accident du travail

Le § 1 de l'article 3 de la loi n° 94-28 et de la loi n° 95-56 aux mêmes


termes pour définir l'accident du travail :

« Est considéré comme accident du travail, quelle qu'en soit la cause


ou le lieu de survenance, l'accident survenu par le fait ou à l'occasion du
travail, à tout travailleur quand il est au service d'un ou plusieurs employeurs »
(§ 1 de l'art. 3 de la loi n' 94-28).

« Est considéré accident du travail, l'accident qui survient à l'agent par le


fait ou à l'occasion du travail quels qu'en soient la cause ou le lieu" (§ 1 de l'art.
3 de la loi n° 95-56) ».

. l'accident de trajet, introduit dans la législation "Accident du Travail" en 1957,


le § 2 de l'art. 3 des deux nouvelles lois le définit d'une façon presque identique:

« Est également considéré comme accident de travail , l'accident survenu au


travailleur alors qu'il se déplaçait entre le lieu de son travail et le lieu de sa
résidence pourvu que le parcours n'ait pas été interrompu ou détourné par un
motif dicté par son intérêt personnel ou sans rapport avec son activité
professionnelle » (§ 2, art. 3 de la loi n° 94-28).

« Est également considéré comme accident du travail quelle qu'en soit la


cause, l'accident qui survient alors que l'agent se rendait de sa résidence au lieu
de son travail ou pendant le trajet inverse, pourvu que le parcours n'ait pas été
interrompu ou détourné pour un motif dicté par l'intérêt personnel de l'agent ou
sans lien avec son activité professionnelle » (§ 2, art. 3 de la loi n° 95-56).

2°/ de la maladie professionnelle


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La définition médico-légale de la maladie professionnelle et les critères


pour la réparer sont identiques dans les dispositions de la loi n° 95-28 (secteur
privé) et de la loi n° 95-56 (secteur public).

En effet, aux termes du § 3 de l'article 3 de ces deux textes « Est


considérée comme maladie professionnelle, toute manifestation morbide,
infection microbienne ou affection dont l'origine est imputable par présomption à
l'activité professionnelle de la victime ».

Le régime de réparation de la maladie est basé sur le système de liste.


En effet, les § 4 et 5 du même article des deux textes précisent : « la liste des
maladies présumées avoir une origine professionnelle ainsi que celle des
principaux travaux susceptibles d'en être l'origine est fixée par arrêté conjoint
des Ministres de la Santé Publique et des Affaires Sociales ».

Cette liste fixe également "le délai de prise en charge pendant lequel
le travailleur demeure en droit d'obtenir la réparation des maladies
professionnelles dont il serait atteint quand il ne serait plus exposé aux causes de
la maladie".

L'arrêté des Ministres de la Santé Publique et des Affaires Sociales du


10 janvier 1995 a fixé cette liste qui comprend 84 tableaux.

« Cette liste est révisée périodiquement et au moins une fois tous les
trois ans » (§ 6 de l'art. 3 de la loi n° 94-28).

1.3. GESTION DU REGIME OBLIGATOIRE DE REPARATION


DU R.P.

1°/ Pour le secteur privé

Aux termes de l'art.2 de la loi n° 94-28 : "la gestion de ce régime est


confiiée à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale' (CNSS).

« La Caisse Nationale peut confier la gestion de tout ou partie de ce régime


à des organismes publics ou privés, et ce en vertu d' accords approuvés par
décret ».

Le régime de réparation du risque professionnel est financé par les


cotisations versées par les employeurs à la CNSS (art. 15).
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. L'affiliation des entreprises privées est obligatoire. L'art. 16 de la


même loi précise : "Sont fixés par décret les taux de cotisations dues en
fonction des branches d'activité, et, le cas échéant, la part de prélèvement à
opérer au profil de ce régime, sur les cotisations au titre des régimes de sécurité
sociale gérées par la Caisse Nationale".

2°/ Pour le secteur public


Aux termes de l'art. 5 de la loi n° 95-56 la gestion de ce régime de
réparation est confiée à :

"- l'employeur (I'Etat), en ce qui concerne le maintien du salaire et la


prestation des secours et des soins,

« - la Caisse Nationale de Retraite et de Prévoyance Sociale (CNRPS)


en ce qui concerne le paiement des indemnités pour incapacité permanente de
travail et ce au profit des victimes, ou à leurs ayants droit en cas de décès »

« les charges découlant de ce régime sont supportées par l'employeur,


lequel restitue les indemnités compensatrices déboursées par la CNRPS ».

Ce régime de réparation est donc entièrement financé :


- par l'Etat pour tous les agents qui exercent dans les Institutions
publiques,
- et par les collectivités locales et les établissements publics à caractère
administratif pour leurs agents.

2.- ASPECTS MEDICO-LEGAUX DE LA REPARATION DU RISQUE


PROFESSIONNEL

2.1. L'ACCIDENT DU TRAVAIL

La définition médico-légale de l'accident du travail offre à considérer deux


éléments nécessaires pour que soient nettement précisées les limites de ce qui
donne droit aux « prestations accidents de travail" et de ce qui ressort au régime
de "l'assurance - maladie ».

1°/ La matérialité de l'accident, c'est à dire le fait accidentel lui-même


(évènement extérieur à la victime, soudain et violent) et son caractère
professionnel (largement apprécié par la loi puisqu'il suffit que l'accident soit
survenu « par le fait ou à l'occasion du travail » pour qu'il soit considéré comme
tel).
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La nature accidentelle de l'évènement suppose donc qu'un dommage


corporel ou mental soit apparu de façon soudaine sous l'influence d'une cause
extérieure à l'individu : un geste professionnel habituel, une simple émotion,
peuvent être considérés comme suffisants (infarctus du myocarde d'un pilote au
cours d'un vol mouvementé par exemple).
Dans certains cas très particuliers, le dommage peut être virtuel : projection
sur une muqueuse saine (conjonctive par exemple) ou sur une peau préalablement
lésée de liquides biologiques (sang par exemple) potentiellement contaminants
(virus de l'Hépatite B ou C, VIH).
La survenue à l'occasion du travail fait intervenir la notion de temps et de
lieu de travail englobant les temps et heu du repas pris habituellement au cours
du travail, ou des circonstances parfois plus larges (déplacements en mission).

2°/ La relation de causalité : La victime bénéficie d'une "présomption


d'imputabilité" étendue car elle n'a pas à prouver que les lésions dont elle est
victime sont consécutives à l'accident, les lésions pathologiques s'établissant
simplement sur des critères médicaux, lorsqu'il s'agit de lésions dont l'origine
traumatique est évidente. Toutefois, ces critères médicaux peuvent devenir
insuffisants lorsque des facteurs étiologiques multiples - accidentels d'une part,
liés à l'état de santé du sujet avant l'accident d'autre part - conjuguent et intriquent
leur action dans la genèse de l'état pathologique (sujet atteint d'angine de poitrine
qui fait un infarctus du myocarde à la suite d'un effort ou un épileptique qui se
blesse au cours d'une crise par exemple).
Dans les cas complexes, fréquents en pratique, l'imputabilité à l'accident
s'établit sur des critères médico-juridiques.
Mais la présomption ne peut être détruite que si l'employeur et/ou la Caisse
Nationale apportent la preuve contraire, c'est-à-dire démontrent que l'état
pathologique en question est totalement indépendant de l'accident et n'a été ni
créé ni aggravé par l'accident.
La relation entre les lésions et le travail sera donc admise dès lors que la
CNSS ou l'employeur ne peuvent fournir la preuve que le travail n'a joué aucun
rôle dans l'apparition des lésions.

C'est donc la « présomption d'imputabilité » qui bénéficie à la victime tant


qu’un doute subsiste.

L'accident survenu pendant le trajet entre le lieu de résidence et le lieu de


travail est également considéré comme accident du travail, mais la victime doit ici
apporter les éléments prouvant que l'accident est bien survenu dans des conditions
de trajet cohérents avec son domicile et son lieu de travail.
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La présomption légale d'imputabilité ne couvre pas les lésions apparues


secondairement après un temps assez éloigné de l'accident. Dans ce cas, la preuve
d'imputabilité doit être apportée par la victime.

COMMENTAIRES

Il s'agit là d'une définition très générale identique à la définition médico-


légale française de l'accident du travail. Elle ne fixe pas de façon précise ce qui
peut être considéré comme un fait accidentel. En France, la Cour de Cassation a
été amenée à différentes reprises, à se prononcer sur ce point. C'est ainsi qu'un
arrêt du 21 février 1912 a défini l'accident du travail comme « toute lésion
provenant de l'action violente et soudaine d'une cause extérieure pendant le
travail ». Cette position de la Cour suprême a été confirmée par des arrêts du 30
juillet 1949, 20 mars et 4 juillet 1952. Celui du 24 avril 1969 a élargi cette
position en considérant que « constitue un accident du travail, tout faitprécis
survenu soudainement au cours ou à l'occasion du travail et qui est à l'origine
d'une lésion corporelle ».

Des cas d'espèce ont été tranchés, admettant qu'il n'était pas nécessaire que
la notion d'intervention apparente d'un agent extérieur soit apportée par la victime
ou ses ayants droit, si la Caisse Nationale et/ ou l'employeur ne peuvent
démontrer que le travail n’a joué aucun rôle dans la lésion apparue au lieu et au
temps du travail.

Toutefois, cette lésion doit s'accompagner d'une « symptomatologie


dramatique » qui puisse être décrite par les témoins. Il faut aussi que son
apparition ou son aggravation ne soit indépendante de la notion de travail
accompli. Si la « symptomatologie » décrite par la victime résulte du cours d'une
affection médicale dans lequel le travail n’a joué aucun rôle, l'imputabilité sera
médicalement rejetée. La Cour de Cassation précise à ce sujet dans les attendus
d'un arrêt de 1962 que « toute lésion survenue au temps et au lieu du travail doit
être considérée comme résultant d'un accident du travail, sauf s'il est rapporté la
preuve que cette lésion a une origine totalement étrangère au travail ».

Un exemple des difficultés rencontrées pour se prononcer sur le lien de causalité


entre un accident et une lésion est fourni par l'infarctus du myocarde. La
jurisprudence française en fournit quelques réponses

1°) l'infarctus du myocarde survenant au temps et au lieu du travail :

Il existe un fait matériel indiscutable (traumatisme, effort, émotion…) La


prise en charge sera admise. Toutefois, elle se limitera aux conséquences de
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l'infarctus lui-même et ne saurait s'étendre à l'évolution spontanée ultérieure de


la cardiopathie. C'est ainsi qu'une intervention visant à prévenir de nouveaux
incidents (pontage) ne saurait bénéficier de la prise en charge au titre des
accidents du travail.

Il n'existe pas de fait accidentel précis. L'infarctus est alors présumé


imputable aux conditions de travail de l'intéressé ce jour là et c'est à la Caisse de
prouver que ces conditions n'ont eu aucune influence dans l'apparition de la
lésion. Comme il est souvent très difficile d'éliminer totalement l'incidence du
travail, si minime soit-elle, et le doute devant bénéficier à la victime,
l'indemnisation en accident du travail sera rarement refusée. En effet, les experts
(Décret du 7 janvier 1959) sont en général bien embarrassés pour éliminer
l'influence du travail même si l'état antérieur coronarien s'était déjà manifesté
sans équivoque, en particulier lorsque l'assuré avait repris normalement son
activité antérieure après un premier accident.

2°) L'infarctus se produisant en dehors du temps et du lieu de


travail :
La victime peut prétendre apporter son infarctus à un évènement antérieur à
son apparition, mais en rapport avec le travail. Si cet évènement se situe dans un
temps voisin de l'apparition de la lésion, la présomption d'origine pourrait jouer
en faveur de la victime, en particulier si l'assuré démontre qu'entre le fait allégué
et la manifestation de la lésion il y a eu une suite ininterrompue de
phénomènes pathologiques. Si au contraire, le fait matériel invoqué se situe
dans un délai relativement plus éloigné, l'assuré devra apporter la preuve qu'il a
bien été à l'origine de l'infarctus (chaque cas a fait l'objet d'une jurisprudence et
des variations ont pu être enregistrées mais, en règle générale, les magistrats
considèrent qu'au-delà d'un délai de 10 jours, le fardeau de la preuve incombe à la
victime).

Si l'assuré ne peut apporter la preuve d'un fait matériel précis survenu au


temps et au lieu du travail et se borne à invoquer les conditions habituelles de
son activité professionnelle normale, la matérialité de l'accident sera alors
contestée et le rejet sera, dans ce cas, purement administratif.

2.1. LA MALADIE PROFESSIONNELLE

La définition médico-légale de la maladie professionnelle :


Une maladie professionnelle est une maladie qui résulte de l'exposition à un
risque physique, chimique ou biologique au cours de l'exercice habituel d'un
métier. C'est donc une maladie qui ne serait pas apparue si la profession
considérée n'avait pas été exercée.
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Certaines maladies professionnelles s'apparentent aux accidents du travail


et peuvent être alors prises en charge comme tels, soit du fait de la brutalité de
leur survenue (certaines intoxications aiguës en milieu du travail),soit parce
qu'elles sont la complication d'un accident initial (tétanos après blessure par
exemple).

Mais généralement les maladies professionnelles sont d'apparition


progressive, difficiles à situer dans le temps, résultant d'expositions
professionnelles modérées mais répétées, souvent complexes donc difficiles à
caractériser, et ont une expression clinique qui n'est que peu ou pas du tout
spécifique.

Il est donc difficile de se baser sur la notion de preuve pour établir dans
tous les cas l'origine professionnelle de la maladie et deux grands groupes
différents ont été établis:
- le groupe des maladies professionnelles indemnisables, celles qui
répondent aux conditions de reconnaissance prévues dans la liste actuelle des 84
tableaux,
- le groupe des maladies à caractère professionnel non indemnisables au
titre du régime de réparation des maladies professionnelles mais prises en charge
dam le cadre de « l' assurance-maladie ».

Conditions de réparation de la maladie professionnelle

Le régime de réparation des maladies professionnelles basé sur le système de


liste prévoit généralement
- trois conditions constantes pour chaque tableau : symptômes ou signes
pathologiques présentés par la victime, travaux exposant au risque et délai de
prise en charge ;
- et deux conditions occasionnelles dans quelques tableaux : durée
minimale d'exposition au risque et confirmation du diagnostic par des analyses et
examens complémentaires spécifiques.

1°/ Maladies professionnelles indemnisables :

Il s'agit de maladies figurant sur l'un des 84 tableaux établis par l'arrêté des
Ministres de la Santé Publique et des Affaires Sociales du 10 janvier 1995, fixant
la liste des maladies professionnelles.
Chaque tableau précise :
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- les symptômes ou signes pathologiques que doit présenter le malade


énumération limitative ou indicative selon le tableau et figurant dans la colonne
de droite de celui-ci;

- les travaux exposant au risque considéré - énumération indicative ou


limitative selon le tableau et figurant dans la colonne de gauche de celui-ci;

- le délai de prise en charge, qui est le délai maximal entre la date à


laquelle le travailleur a cessé d'être exposé au risque et l'apparition de la maladie
;
- dans quelques cas, une durée minimale d'exposition au risque;
- dans quelques cas, la confirmation du diagnostic notamment des
infections microbiennes par des examens et des analyses biologiques.

Dès lors que son affection répond aux conditions indiquées dans un tableau, le
travailleur pourra bénéficier d'une 'réparation' sans avoir à fournir la preuve de la
relation entre cette affection et sa profession : c'est la présomption légale
d'origine' qui s'applique en faveur du travailleur, même si d'autres causes non
professionnelles sont susceptibles d'être à l'origine de sa maladie.

. En revanche, lorsque l'une des conditions exigées par le tableau n'est pas
satisfaite, la présomption d'origine ne joue plus.

La reconnaissance d'une maladie professionnelle garantit à la victime les


mêmes prestations qu'en cas d'accident du travail.
L'Inspection Médicale du Travail, destinataire de toutes les déclarations de MP,
peut losqu'elle le juge utile procéder à une enquête dans l'entreprise en vue de
faire cesser le risque reconnu à l'origine de la pathologie déclarée.

Le Département de prévention de la Caisse Nationale peut en tant qu'assureur


intervenir également dans l'entreprise dans le même souci de prévention.

2°/ Les maladies à caractère professionnel

Il s'agit de toutes les maladies dont l'origine professionnelle est


vraisemblable ou même confirmée mais qui ne figure pas dans la liste des
maladies professionnelles indemnisables.

Pour la victime, elles ne pourront donner lieu à indemnisation au titre de


l'accident de travail. Il importe toutefois d'en assurer le recensement et la
législation actuellement en vigueur (*) impose à tout médecin de déclarer toute
maladie présentant à son avis un caractère professionnel. Les données ainsi
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recueillies contribuent à une meilleure connaissance de la pathologie


professionnelle, et sont utiles pour la révision et l'extension des tableaux de
maladies professionnelles.

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(*) « Tout médecin qui, dans l'exercice de ses fonctions constate une atteinte
d'une maladie professionnelle qu'elle figure ou non sur la liste des maladies
professionnelles, est tenu d'en faire la déclaration en précisant la nature de
l'agent nocif à l'action duquel la maladie est attribuée et la profession du malade.
Cette obligation incombe aussi et particulièrement aux médecins exerçant sur le
lieu du travail ».

3.-REPARATION DES PREJUDICES DES AT & MP

3.1.- PRINCIPES GFNERAUX

- La déclaration : La victime doit déclarer l'accident ou la maladie à son


employeur. Celui-ci le/ la déclare à la CNSS et au poste de police ou de la garde
nationale le plus proche de son entreprise dans le secteur privé et à la Commission
Médicale Centrale et à la CNR-PS dans le secteur public. Il fournit également à
la victime la feuille de soins qui lui permettra de se faire soigner. Le médecin
traitant rédige sur un formulaire spécial un certificat médical initial descriptif
(puis en cas de besoin des certificats de prolongation) et ultérieurement un
certificat de reprise de travail après guérison ou consolidation.

La victime a intérêt à déclarer à l'employeur tous les accidents du travail


même apparemment bénins afin de sauvegarder ses droits ultérieurs.

- Aucune période de travail préalable n!est exigée pour le bénéfice du


régime de réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles.

- En cas de suspension de travail, le bénéfice du régime de réparation ne peut


s'appliquer que pour les maladies professionnelles qui se manifesteraient après la
suspension du travail et ce, conformément aux délais de prise en charge prévus
sur la liste des maladies professionnelles.

- Aucune compensation n'est attribuée à la victime qui a intentionnellement


provoqué l'accident ou la maladie.
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La compensation peut être réduite s'il est prouvé que l'accident ou la


maladie sont dus à une faute grave commise par la victime sans que la réduction
ne puisse dépasser les 50 % de cette compensation.

- La privation et la réduction de la compensation ne sont prononcées que


par un jugement rendu par le juge compétent.

3.2.- LES PRESTATIONS

3.2.1.- Les prestations temporaires qui ont pour but le traitement


médical de la victime et la compensation de son incapacité de gain en cas d'arrêt
de travail. Les prestations temporaires accordées à la victime sont de deux sortes
:
3.2.1.1.- Les prestations temporaires en nature sont les soins que
reçoit la victime et les frais de transport.
1/- Dans le secteur privé - La CNSS prend en charge suivant la
tarification officiellement en vigueur :
- les honoraires des médecins et auxiliaires médicaux
- les frais pharmaceutiques et de prothèse
- les dépenses d'hospitalisation;
- les traitements de réadaptation fonctionnelle
- la rééducation professionnelle éventuelle.

2/- Dans le secteur public : L'Etat étant son propre assureur, le


fonctionnaire victime d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle
indemnisable bénéficie d'un remboursement intégral des dépenses occasionnées
par les soins nécessités par son état sur la base des justifications nécessaires en
fonction de la tarification officiellement en vigueur.

3.2.1.2.- Les prestations temporaires en espèces "en argent" sont


versées au patient obligé d'interrompre son travail - pour assurer sa subsistance
et celle de sa famille - sous forme d'indemnité journalière.

1/ Dans le secteur privé : le jour de l'accident est indemnisé par


l'entreprise
Si l'état de santé de la victime n'a pas nécessité d'hospitalisation ou
s'il n'a pas été jugé sérieux, l'indemnisation de l'accidenté commence le
quatrième jour. Elle est versée par l'organisme assureur (CNSS) et correspond
aux 2/3 du salaire global journalier jusqu'à la date de "guérison" ou de
"consolidation" qui met fin au versement des indemnités journalières.
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2/- Dans le secteur public : le fonctionnaire continue de percevoir son


salaire intégral jusqu'a la reprise de son travail ou jusqu'à sa mise à la retraite
pour invalidité .

3.2.2.- Les prestations permanentes

Lorsque la victime présente à la date de consolidation, des


séquelles diminuant sa capacité de travail (ou de gain), elle a droit à des
prestations en espèces sous forme d'une fraction de salaire appelée : "rente
d'incapacité permanente partielle".
La rente est fixée selon deux variables. la réduction de la capacité
du travail de la victime et le salaire de référence :

la réduction de la capacité de travail est exprimée par le taux


d'incapacité permanente ou "taux médical" qui est déterminé d'après la nature
et la gravité de l'atteinte, l'état général, l'âge, les facultés physiques et mentales,
les aptitudes et la qualification professionnelle de la victime en tenant compte
des données d'un barème indicatif d'invalidité.

Les critères à retenir sont donc d'une part d'ordre médical et d'autre par
d'ordre professionnel, le barème n'ayant, comme son nom l'indique, qu'une
valeur d'indication. La combinaison de ces éléments permet la détermination
d'un taux d'incapacité permanente associant l'incapacité physique et
l'incapacité de gain.

Le taux d'IPP est fixé par la Commission médicale d'après les critères ci-
dessus énoncés.

Les éléments d'ordre médical sont examinés par la Commission médicale,


généralement à partir des constatations faites par le médecin traitant à la date de
consolidation et consignées dans son certificat final descriptif.

. Nature et gravité de l'infirmité : il faut entendre par là : « la nature


(siège, importance de l’atteinte pathologique et l’importance de ses conséquences
fonctionnelles ». Ces éléments constituent les données de base à. partir desquelles
la commission médicale déterminera « l'atteinte portée à l'intégrité physique, la
diminution des forces et de validité qui résulte de la perte ou de l’altération des
organes ou des fonctions du corps humain ». La commission médicale doit donc
procéder à un examen clinique détaillé en demandant éventuellement l’avis de
médecins spécialistes (ORL, ophtalmologistes, neurologues, etc…) ou des
examens complémentaires (radiographies , analyses médicales, etc.). La synthèse
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de ces éléments lui permet d’établir un bilan complet des séquelles proprement
dites de l’accident.

. Age La commission médicale devra tenir compte non seulement des


indications de l’état civil mais également de l’âge organique de la victime en
raison de ses conséquences sur les possibilités de réadaptation au travail ou de
reclassement professionnel.

. Facultés physiques et mentales. Là encore l'avis de la Commission


médicale est déterminant et seul un examen médical approfondi permettra
d'apprécier si l'ensemble des facultés peut constituer un facteur a aggravation de
l'incapacité physique résultant de l'accident.

Les éléments d'ordre médical ayant été appréciés, il est nécessaire de se


prononcer maintenant sur les aptitudes et la qualification professionnelle de la
victime et de déterminer ainsi son éventuelle incapacité de gain, puisqu'il s'agit
de considérer la victime par rapport à l'exercice d'une activité professionnelle,
donc dans un contexte économique. Dans cette optique devront être examinées
les possibilités de rééducation ou de reclassement professionnel. Il devra être
tenu compte de l'importance du "déclassement" éventuel, donc en général de la
perte de gain qu'est susceptible d'entraîner l'incapacité physique évaluée ci-
dessus.

En définitive, c'est compte tenu de l'ensemble de tous ces éléments que la


Commission médicale fixe le taux d'IPP. L'évaluation du taux d'IPP, en cas
d'infirmité unique chez un sujet auparavant indemne, ne présente pas à priori de
difficulté majeure. L'appréciation exacte de l'incapacité dépend essentiellement
d'un examen clinique approfondi.

Le barème tunisien, qui a fait l’objet de l'arrêté des Ministres de la Santé


Publique et des Affaires Sociales du 10 janvier 1995, est le recueil
systématique des infirmités et leur évaluation selon le pourcentage de
l'incapacité de travail qu'elles peuvent entraîner (Ex. -perte d'un oeil : 25 % à
30 % ; perte de la main droite - 70 %).

Lorsque la victime présente des infirmités multiples, séquelles d'un


accident unique, ou si la (ou les) infirmités résultant de l'accident du travail est
(ou sont) constatée(s) chez un sujet déjà porteur d'u ne infirmité antérieure, le
taux d'incapacité permanente de travail est alors chiffré selon les règles
suivantes :
15

1°) Infirmités multiples. Lorsque l'accident entraîne plusieurs infirmités, il


n'est pas possible de faire une addition pure et simple des taux séparés, dont la
somme ne peut dépasser 100 p. 100. Une méthode de calcul pratique est donnée
par la règle de Balthazard lorsque les diverses lésions intéressent des fonctions
nettement différentes (par exemple, traumatisme crânien et fracture d'un membre).
La méthode consiste, les infirmités étant classées dans un ordre quelconque, à
décompter la première au taux du barème et chacune des suivantes
proportionnellement à la capacité restante.

Exemple. Soit un polytraumatisé : trauma crânien, fracture d'un membre


supérieur, fracture d'un membre inférieur.

Admettons que les taux d'IPP isolés soient les suivants : neurologie 15 %

ORL 12 %, ophtalmologie 15 %, chirurgie 40 % pour le membre supérieur


et 30 % pour le membre inférieur.

L'addition pure et simple aboutirait à 112 %, ce qui est inconcevable. On


applique alors la règle de Balthazard,

Les lésions neurologique, ORL et ophtalmologique, considérées comme


résultant d'une même lésion encéphalique, sont additionnées, d'où 42 p. 100
pour le traumatisme crânien,

La capacité restante est:


1 00 % - 42 = 58 %

La deuxième infirmité correspond à 40 % de la capacité restante soit 23,2 %


Il est de règle d'arrondir au chiffre entier supérieur quelle que soit la décimale: 24
dans l'exemple choisi.

La capacité restante devient:


58 % - 24 = 34 %

La troisième infirmité correspond à 30 % de 34 % soit 10,2 %, arrondi à


11 %.

Ce qui donne un total global d'incapacité de:


42 % + 24 % + 1 1 % = 77 %
16

Le résultat de ce calcul ne constitue qu'une première indication : il doit être


discuté et, à l'occasion, corrigé.

Lorsque les lésions intéressent des organes participant à la même fonction


(perte de plusieurs doigts, atteinte des deux yeux, etc.), un coefficient de
synergie peut être appliqué par analogie avec les cas prévus expressément au
barème.

Exemples. D'après le barème:


la perte du pouce droit correspond à un taux de 30 %, la perte du pouce
gauche à 25 %

la perte des deux pouces, prévue au barème, correspond à 70 %, ce qui


implique un coefficient de synergie de 70 % - (30 % + 25 %) = 15 %
par analogie, la perte des deux index serait de 15 % (index droit) + 12 % (index
gauche) + 8 % (coefficient de synergie) = 35 %,
En principe, l'addition des toux correspondant aux lésions d'un même membre
ne peut dépasser la taux d'amputation totale de ce membre.
En ce qui concerne les lésions intéressant les deux membres inférieurs, les taux
partiels incluent déjà un coefficient de synergie, la locomotion exigeant l'intégrité
des deux membres,. Il n'y a donc lieu de retrancher une certaine fraction du taux
global obtenu par addition des taux partiels.

2°) Etat antérieur

Lorsque l'accident est survenu sur un sujet ne présentant pas la totalité de


ses capacités du fait d'une infirmité préexistante à l'accident (maladie ou
accident), le praticien chargé de l'évaluation ne peut prendre en considération que
l'aggravation de cet état antérieur, résultant de l'accident du travail. Il peut dans
cette optique utiliser la formule dite de Gabrielli
Cl-C2
C1
C1 : capacité réelle antérieure à l'accident
C2 : capacité restante après l'accident

3°/ Majoration pour tierce personne


Dans le cas où l'incapacité permanente est totale et oblige la victime, pour
effectuer les actes ordinaires de la vie, à avoir recours à l'assistance d'une tierce
personne, le montant de la rente est majoré de 25 %.
17

Les critères d'attribution sont identiques à ceux retenus en matière d'assurance


invalidité.

Calcul de la rente

Le montant de la rente est calculé en prenant pour base le salaire annuel de la


victime (soumis à des règles de plafonnement) auquel est appliqué le taux
d'incapacité permanente. Ce taux est réduit de moitié pour la partie inférieure à
50 % et majoré de moitié pour la partie supérieure à 50 % Soit par exemple S le
salaire annuel, le montant de la rente sera ainsi calculé

pour un taux d'IPP de 40 %.

S x 40 ou S x 20
100 x 2 100
pour un taux d'IPP de 70 %.

S x 50 + S x (20 x l,5) ou S x 25 + S x 30 = S x 55
100 x 2 100 100 100 100

pour un taux d'IPP de 100 %

S x 50 + S x (50 x l,5) ou S x 25 + S x 75 = S
100 x 2 100 100 100

Les effets de la rente : Les séquelles étant susceptibles d'évolution vers


l'amélioration ou l'aggravation, le taux médical peut être révisé -
obligatoirement dans les 5 années qui suivent la guérison ou la consolidation - à
des intervalles d'un an.

1/- Dans le secteur privé : La rente est versée trimestriellement par la


CNSS.

2/- Dans le secteur public : Lorsque la victime est atteinte d'une


incapacité permanente dont le taux ne dépasse pas les 66 %, "la jouissance de la
rente compensatrice est différée jusqu'à l'atteinte de l'âge légal de la retraite" (§ 4
de l'art. 23 de la loi n° 95-56).
18

Si la victime est atteinte d'une incapacité permanente supérieure à 66, elle


est mise à la retraite pour invalidité. Elle a droit à une rente compensatrice et
jouit immédiatement de ses droits.

3.3.- RECHUTES

Les aggravations nécessitant un nouveau traitement médical avec ou sans


arrêt de travail, ouvrent droit aux mêmes prestations que celles de la période
initiale.

4.- ROLE DES COMMISSIONS MEDICALES

4.1.-DANS LE SECTEUR PRIVE: LA COMMISSION MEDICALE

4.1.1.- LEGISLATION

1/- Loi n° 94-28 du 21 février 1994, portant régime de réparation des


préjudices résultant des accidents du travail et des maladies professionnelles :
art. 2, 6, 24, 38, 43, 68 et 69 ;

2/- Décret n° 95 242 du 13 février 1995, fixant la composition et les


modalités de fonctionnement des Commissions médicales habilitées à fixer le
taux d'incapacité permanente de travail.

4.1.2.- ATTRIBUTIONS

Aux termes de l'art. 1 du decret n° 95 242, les commissions médicales


sont chargées de:

1°/ fixer le taux d'incapacité permanente de travail consécutive aux


accidents du travail et aux maladies professionnelles sur la base d'un barème
d'invalidité prévu par l'art. 38 de la loi n° 94-28 du 21 février : arrêté des
Ministres de la santé publique et des affaires sociales du 10 janvier 1995, fixant le
barème indicatif des taux d'invalidité permanente résultant des AT et des MT.

2/- Statuer sur la révision des taux d'incapacité permanente à


l'amélioration ou à l'aggravation du préjudice résultant de l'AT ou de la MP.

3/- Statuer sur le cas d'incapacité permanente totale de travail qui


nécessite l'assistance d'une tierce personne conformément aux dispositions de
l'art. 43 de la loi n° 94-28 du 21 février 1994.
4/- Statuer sur la nécessité d'octroyer à la victime des soins spécialisés.
19

4.1.3.- COMPOSITION & FONCTIONNEMENT

Le nombre des Commissions médicales, leur siège et leur compétence


territoriale sont fixés par arrêté du Ministre des Affaires Sociales sur proposition
de la C.N.S.S.

Composition : Chacune des Commissions médicales est composée de


cinq membres :
1 / - un médecin représentant du M.S.P.
2/-un médecin-inspecteur du travail ou à défaut un médecin qualifié
en médecine du travail,
3/- deux médecins contrôleurs de la CNSS,
4/- un médecin du travail proposé par l'Institut de Santé et Sécurité
au Travail.

Les membres des commissions médicales sont nommés par arrêté du M.A.S.
sur propositions des organismes concernés.

Modalités de fonctionnement:

- Chaque commission est présidée par un médecin désigné à cet


effet parmi ses membres par arrêté du M.A.S.

Lors de sa première réunion, chaque commission désigne parmi


ses membres, un vice-président qui a les mêmes prérogatives que le président et
ce, en cas d'absence du président.

- Les réunions des Commissions médicales ont heu au siège de la


CNSS ou dans l'une de ses annexes, sur convocation de leur président une fois
par semaine et chaque fois qu'il est nécessaire, au vu de l'ordre du jour préparé
par le Secrétariat de la Commission.

- Le Secrétariat de la Commission est assuré par le personnel de la


CNSS.
- Les dossiers médicaux des victimes sont soumis par les parties
chargées de la réparation à la Commission médicale après la consolidation de la
blessure ou la guérison apparente, conformément aux dispositions de l'art. 68 de
la loi n° 94-28 du 21 février 1994.
20

- La convocation de la victime par le Secrétariat de la


Commission doit se faire quinze jours au moins avant la date de la réunion de la
commission par lettre recommandée avec accusé de réception.

La victime peut se présenter personnellement ou se faire


représenter. Elle peut également demander la présence de son médecin traitant
devant la Commission médicale pour présenter son exposé.

Les honoraires de ce médecin sont, dans ce cas, à la charge de la


victime.
- La décision de la commission n'est pas subordonnée à la
présence de la victime ou de son représentant si elle a été convoquée.

- Le dossier médical de la victime doit comprendre lors de sa


présentation devant la commission médicale :

. le CMI de l'AT ou de la constatation de la MP,

. les certificats de prolongation du repos durant la durée de


l'incapacité temporaire,

. tout document médical sur la base duquel a été déterminée la


date de la consolidation de la blessure ou de la guérison apparente de la maladie
avec appréciation préliminaire des séquelles de l'accident ou de la maladie
professionnelle.

En cas de révision du taux d'incapacité suite à l'aggravation ou l'atténuation


du préjudice, le dossier doit comprendre, en plus, un certificat médical prouvant
l'aggravation ou l'amélioration du taux d'incapacité.

S'il s'agit d'un dossier médical relatif à l'octroi des soins spécialisés à la
victime, il doit comprendre tout document médical prescrivant la nature des
soins à octroyer.

Les commissions médicales peuvent à titre consultatif


- demander l'avis de spécialistes pour l'examen médical de la
victime ou l'étude de son dossier médical,
- inviter toute personne dont la présence est jugée utile compte
tenu de sa compétence et de sa spécialité ;
- ordonner les expertises et les recherches médicales qu'elles
jugent nécessaires.
21

La CNSS ou l'employeur dispensé de l'affiliation au sens de l'art 6 de la loi


n° 94-28 supportent les frais des expertises et des recherches -médicales
ordonnées par la Commission.
- Les décisions de la Commission médicale sont prises à la
majorité des membres présents. En cas d'égalité des voix, celle du président est
prépondérante. Les décisions sont signées par le président de la commission.
Pour délibérer valablement, la commission médicale doit réunir
au moins trois de ses membres. Elle peut toutefois délibérer valablement quelque
soit le nombre de ses membres présents sur les questions qui figurent pour la
seconde fois de l'ordre du jour.
Dans ce cas, la commission concernée se réunit sur convocation de son
président dans les sept jours qui suivent la date de la première réunion.

. Les décisions doivent mentionner également la date de


consolidation de la blessure ou de la guérison apparente de la maladie
professionnelle et le début de la jouissance ou l'absence de droit aux prestations.

- Les délais
Les CM statuent sur les dossiers des victimes des AT et des MP
dans un délai ne dépassant pas un mois à partir de la date de leur saisine.
Le Secrétariat de la CM est chargé d'informer la CNSS ou
l'employeur dispensé de l'affiliation de la décision de la Commission médicale
dans un délai de dix jours à partir de la date de la décision. L'organisme concerné
doit à son tour en informer la victime dans les délais légaux prévus par l'art. 69 de
la loi n° 94-28 du 21 février 1994.

- Conditions de travail de la CM

La CNSS met à la disposition des CM les moyens matériels et humains


nécessaires à l'accomplissement de leur mission.

Elle assure également la coordination et le suivi des travaux des différentes


commissions. Les employeurs dispensés de l'affiliation à la CNSS contribuent
aux frais de fonctionnement des CM et dont le taux et les montants sont fixés Par
le Conseil d'Administration de la CNSS.

4.2.- DANS LE SECTEUR PUBLIC : LA COMMISSION MEDICALE


CENTRALE

4.2-l.- LEGISLATION
22

. Art. 4 de la loi n° 95-56 du 28 juin 1995 portant régime particulier


réparation des préjudices résultant des accidents du travail et des maladies
professionnelles dans le secteur public.

. Decret no 95-2488 du 18 décembre 1995, relatif à la composition


l'organisation et au mode de fonctionnement de la Commission Médicale
Central.

4.2.2.- ATTRIBUTIONS DE LA CMC

La CMC instituée au Premier Ministère est chargée de donner son avis sur :

1/- la nature de l'AT et de la MP, leur imputabilité à l'activité


professionnelle et leurs conséquences ;
2/- le taux d'incapacité permanente survenu à la victime.

3/- la révision des taux d'incapacité permanente à l'amélioration ou


l'aggravation du préjudice résultant des AT et des M.P,

4/- les cas d'incapacité permanente totale de travail qui nécessitent


l'assistance d'une tierce personne,

5/- la nécessité d'octroyer à la victime des soins spécialisés,

6/-La mise en invalidité de la victime d'un AT et d'une MP.

Peuvent être créées par décret des commissions médicales régionales et


sectorielles dotées des mêmes attributions que la commission médicale centrale
dans la limite d'une région ou d'un métier déterminé.

4.2.3.-COMPOSITION & FONCTIONNEMENT

Composition

La commission est composée d'un nombre égal de titulaires et de


suppléants. Ne peuvent participer aux travaux de la C.M.C. que les membres
titulaires, toutefois, en cas d'empêchement de l'un de ses membres, il est
remplacé par un suppléant.

La CMC est composée de


- le président et le vice-président de la commission
23

- quatre médecins désignés par le Ministre de la santé publique


dont deux titulaires et deux suppléants ;

- deux médecins-inspecteurs du travail dont l'un titulaire et


l'autre suppléant ;

- un représentant de la CNRPS.

Les membres de la CMC sont nommés par arrêté du Premier Ministre.


. Organisation & fonctionnement

. Le Secrétariat de la CMC est assuré par un fonctionnaire du Premier


Ministère bénéficiant de l'un des emplois fonctionnels prévus par le decret n°, 88-
188 du 11 février 1988. Il peut être secondé en cas de besoin, par des cadres
pouvant également bénéficier de l'un des emplois fonctionnels.
- Réunion : La CMC se réunit sur convocation de son président,
chaque fois qu'il est nécessaire au vu d'un ordre du jour établi par le secrétariat de
la commission médicale centrale qui inscrit les dossiers selon la date de réception
et de leur octroi un numéro d'ordre.
- La convocation de la victime (ou son ayant droit) se fait par
lettre recommandée avec accusé de réception par le Secrétariat.

La victime ou son ayant droit peut dans ce cas assister lui-même ou se faire
représenter. Elle peut également se faire assister par son médecin traitant pour
présenter son exposé.
Dans tous les cas, la victime ou son ayant droit peut adresser à la CMC un
rapport médical confidentiel.

La décision de la CMC n'est pas subordonnée à la présence de la victime


ou de son représentant.

Le dossier de la victime d'un AT ou d'une MP doit comprendre :

La déclaration de l'AT ou de la MP jointe au rapport des services de


sûreté en cas d'accident de trajet,
le certificat médical initial (descriptif) de l'AT ou de la MP,
les certificats médicaux de prolongations de repos durant la durée
de l'incapacité temporaire ;
. le rapport médical, appuyé des pièces sur la base desquelles a
été déterminée la date de consolidation de la blessure ou de la guérison apparente
24

de la maladie, l'appréciation préliminaire des séquelles de l'accident ou de la MP,


en cas de demande de fixation du taux d'incapacité.

En cas de révision du taux d'incapacité suite à une aggravation


ou de l'atténuation du préjudice, le dossier doit comprendre en plus, un certificat
médical prouvant l'aggravation ou l'amélioration de ce taux.

S'il s'agit d'un dossier médical relatif à l'octroi des soins


spécialisés à la victime, il doit comprendre tout document médical prescrivant la
nature des soins à octroyer.

- La CMC ne peut se réunir qu'en présence des trois-quart de ses


membres au moins. La CMC donne son avis à la majorité des voix de ses
membres présents et en cas d'égalité, la voix de son président est prépondérante.

. Il ne peut être tenu compte des délais pour la réunion de la


Commission, la signature de l'arrêté et sa communication aux intéressés s'il
manque au dossier l'une des pièces essentielles qui peut influer sur la décision.

Les délais légaux commencent à courir a partir de la constitution


de toutes les pièces du dossier et leur dépôt auprès du Secrétariat de la
Commission conformément aux procédures légales.

. La CMC peut différer l'examen du dossier d'une victime d'un AT


ou d'une MP si elle juge nécessaire le complément d'information à condition
qu'elle rende son avis dans les délais légaux.

. La CMC peut également ordonner des expertises et des


recherches médicales qu'elle juge nécessaires. Les dépenses qui résultent de ces
expertises et recherches ordonnées par la Commission sont à la charge de
l'employeur de l'agent concerné.

. Le Secrétariat de la CMC communique les arrêtés du Premier


Ministre relatifs aux AT et MP conformément aux dispositions de la loi n' 95-56
du 28 juin 1995.

5.- ROLE DU MEDECIN TRAITANT DANS LA PRISE EN CHARGE DES


AT & MP

Le rôle du médecin traitant vise plusieurs objectifs


25

5.1.- POSER UN DIAGNOSTIC PRECOCE

S'il doit engager un blessé négligent à déclarer sans délai l'accident du


travail
ou de trajet à son employeur afin de préserver ses droits, le médecin praticien
doit aussi savoir faire le diagnostic, et favoriser la déclaration d'une maladie
professionnelle.

Le médecin du travail n'est pas toujours le mieux placé pour poser le


diagnostic. En effet, deux exemples de pathologies d'origine professionnelle
méritent d'être rappelés .

. Les affections aiguës ou suraiguës (eczéma allergique par exemple)


peuvent survenir dans l'intervalle des visites médicales périodiques (annuelles)
dans les petites ou moyennes entreprises où le médecin du travail n'est que
rarement présent. Le contact avec le médecin du travail par l'intermédiaire du
patient est néanmoins le moyen simple de confirmer la réalité de l'affection
professionnelle. En effet, l'évolution des symptômes n'est pas toujours clairement
rythmée par l'activité professionnelle, et la survenue décalée de la
symptomatologie par rapport
à l'exposition peut tromper le patient lui-même (crises fréquemment nocturnes des
asthmes professionnels). En outre, le médecin praticien ne peut pas connaître
tous les risques auxquels est exposé son patient . D'où l'intérêt des contacts entre
médecin-praticien et médecin du travail.

. Les affections très tardives par rapport à l'exposition au risque


professionnel, parfois bien après la retraite, pneumoconioses et cancers
professionnels par exemple peuvent survenir alors que l'intéressé peut avoir lui-
même oublié son exposition assez ancienne. Le médecin praticien doit alors
penser à une possible cause professionnelle - ou' à un facteur étiologique
professionnel surtout lorsqu'il s'agit d'une pathologie multifactorielle - et la
rechercher par un interrogatoire détaillant les professions récentes et anciennes
(remonter toute l'histoire professionnelle du patient).

En France, il existe une obligation pour le praticien d'informer son patient


qu'il peut bénéficier de la surveillance médicale post-professionnelle spécifique
gratuite prévue en cas d'exposition passée à des agents ou procédés reconnus
cancérogènes ou à un risque de pneumoconiose (décret n° 93-644 du 26 mars
1993).
26

5.2.- ETABLIR DES DOCUMENTS MEDICAUX

A l'appui de la déclaration d'accident de travail ou de maladie


professionnelle, il doit être fourni à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (dans
le secteur privé) et à l'Employeur (dans les secteurs privé et public)

5.2.1.- Le certificat médical initial : dans ce document (un


formulaire spécial) le médecin traitant doit mentionner de façon détaillée toutes
les constatations concernant les lésions ou l'affection ainsi que la durée prévisible
de soins et de l'arrêt de travail éventuels (dérogation légale au secret médical).

L'importance médico-légale de ce document exige qu'un soin très


particulier soit apporté à l'examen du patient et à la rédaction de ce certificat
médical descriptif. En effet, il doit être rempli avec le plus de précisions
possibles car toutes les lésions mentionnées sont couvertes par la présomption
légale d'imputabilité.

C'est une obligation pour le médecin traitant. Il doit toujours être délivré à
la victime même s'il n'y a pas d'arrêt de travail.

Ce certificat descriptif indique:


- l'état de la victime qui doit être décrit sans prendre position sur la
matérialité de l'accident, c'est à dire la description des lésions constatées.

Cette description doit mentionner le siège exact des lésions, leur nature,
leur gravité (les lésions les plus minimes doivent y être mentionnées) :

- en cas de fracture, il est préférable dans la mesure du possible,


d'attendre le résultat des radiographies pour mettre sur le CMI une description
détaillée ;
- en cas de plaies, leurs dimensions et leurs profondeurs seront
soigneusement décrites ainsi que l'atteinte ou non d'éléments importants ;
- en cas de traumatisme crânien, il importe de préciser avec ou sans
perte de connaissance et la durée de cette perte de connaissance ;
- en cas d'intervention chirurgicale, il est nécessaire de la
mentionner ;
- les conséquences de l'accident/maladie et les suites éventuelles
: la
durée probable d'incapacité totale temporaire (repos) et la possibilité de séquelles
ultérieures.
27

5.2.2.- Le certificat médical de prolongation d'arrêt de travail en


cas de besoin, ce document (même formulaire) doit comporter la notion de
relation avec l'accident ou la maladie professionnelle (par exemple, il doit
prolonger de 15 jours d'arrêt de travail en rapport avec l'accident du travail du ... ).

Afin de prévenir les litiges avec le contrôle médical, le médecin


traitant a intérêt à préciser les mentions suivantes « doit observer le repos au lit »,
ou « garder la chambre », ou « heures de sorties autorisées de....... à...... heures ».
5.2.3.- Le certificat médical de reprise de travail : Il revêt. une
importance capitale. Il peut s'agir d'un certificat de consolidation ou d'un
certificat de guérison.
. La guérison : Elle correspond aux cas où, après traitement, le blessé
récupère son état antérieur et il ne subsiste aucune séquelle. Il s'agit d'une
"réstitutio ad intégrum".
. La consolidation : C'est la date à laquelle les lésions dues à l'accident
sont stabilisées et aucun traitement ne peut plus alors les modifier. Mais il est
possible qu'un blessé reprenne ses activités tout en continuant un traitement ou
une rééducation fonctionnelle et ne soit consolidé que plus tardivement.

Dans le sens juridique, la consolidation correspond, au moment où l'état de


la victime est stabilisé, justiciable de l'attribution d'une indemnisation au titre de
l'incapacité permanente partielle (IPP).

La date de consolidation ainsi que les séquelles imputables à l'accident en


cause doivent être mentionnées par le médecin traitant sur le certificat médical de
reprise de travail qui doit être obligatoirement fourni à la victime.

Il est éminemment souhaitable que ce certificat de consolidation énumère


toutes les séquelles en les décrivant.

L'existence éventuelle d'un état antérieur (maladie ou infirmité pré-


existante) doit être signalée. Respectant l'article 254 du Code Pénal Tunisien et
les articles 27 et 28 du Code de Déontologie, le certificat de consolidation doit
comporter la notion d'un état antérieur dans la mesure ou celui-ci a eu une
influence sur les conséquences de l'accident, précisant le cas échéant l'aggravation
de cet état antérieur.
Il doit être remis directement à la victime pour queue fasse valoir ses droits.

5.2.4. Le certificat médical de rechute : Après la reprise du travail, si la


victime présente une aggravation de son état de santé, elle doit se faire délivrer
par son médecin traitant un certificat médical précisant la rechute et décrivant
toutes les lésions constatées.
28

Il doit comporter les mêmes éléments que le certificat médical initial.

5.3.- DECLARER TOUTE MALADIE A CARACTERE


PROFESSIONNEL

La déclaration de toute maladie d'origine professionnelle non indemnisable


(non prévue dans la liste des 84 tableaux de maladies professionnelles
indemnisables) est du ressort de tout praticien qui en a connaissance. Elle doit
être faite à l'inspection médicale du travail (pour les travailleurs du secteur privé)
et à la Commission Médicale Centrale (pour les agents du secteur public).

5.4.- EVITER LA DESINSERTION PROFESSIONNELLE APRES


L'ACCIDENT DU TRAVAIL OU LA MALADIE PROFESSIONNELLE

Le médecin traîtant notamment le chirurgien et/ou l'orthopédiste doivent


connaître les aptitudes requises pour l'exercice de certaines professions car
certains actes thérapeutiques sont parfois conditionnés par le travail exercé par la
victime : par exemple le choix entre l'amputation et l'arthrodèse d'un doigt lésé
chez un travailleur manuel.

L'accident ou la maladie professionnelle peuvent compromettre la reprise


de travail au même poste, et il faudra adapter le poste ou trouver un autre poste
mieux adapté. Cette démarche auprès du médecin du travail demande du temps
pour aboutir d'où l'importance pour le médecin traitant de ne pas attendre la fin de
l'arrêt de travail pour susciter une visite médicale de pré-reprise de travail.

Plus encore qu'après tout autre accident ou maladie, le choix du moment de


la reprise de travail est important et doit éviter d'une part l'inadaptation résulant
d'un retour prématuré au travail et d'autre part la désinsertion professionnelle
qu'un arrêt de travail trop prolongé risquera de rendre définitive. Il faudra dans
certains cas penser à recourir à certaines modalités progressives de reprise de
travail.
La reconversion professionnelle : Lorsqu'une reconversion professionnel
est nécessaire ou que l'inaptitude à tout travail paraît inéluctable, le médecin
praticien doit savoir orienter son patient vers les structures techniques
d'orientation et de reclassement professionnel en lui fournissant tous les
documents médicaux utiles.
Enfin, pour un patient susceptible de reprendre un emploi, il peut s'avérer
utile de solliciter le statut de travailleur handicapé, le médecin traitant doit donc
lui remettre également tous les documents nécessaires pour rendre plus facile
29

son maintien dans l'entreprise, après une éventuelle adaptation du poste de


travail.

6.- ROLE DU MEDECIN PRATICIEN DANS LA PREVENTION


DU RP

6.1.- DANS LE CADRE DE LA MEDECINE SCOLAIRE &


UNIVERSITAIRE

Pour un jeune qui sera bientôt confronté au choix d'un métier, l'avis du
médecin de santé scolaire y est déterminant s'il est informé par l'enfant et ses
parents de tel ou tel handicap non toujours cliniquement évident (par exemple
une comitialité instable contre-indiquant les postes de conduite, asthme à
dyspnée paroxystique contre-indiquant les postes exposant à des allergènes
organiques).

Lorsque le praticien en a connaissance, il doit signaler au jeune et à ses


parents les difficultés professionnelles prévisibles, pour qu'une orientation
professionnelle concertée et adaptée puisse être organisée.

6.2.- DANS LE CADRE DE L'ACTIVITE HOSPITALIERE OU DE


LIBRE PRATIQUE

Pour les patients en pleine activité professionnelle, certaines situations de


travail peuvent comporter un risque d'accident de travail ou de maladie
professionnelle du fait d'une pathologie dont le médecin du travail peut ne pas
être informé : DID instable et travail isolé, discopathie lombaire sévère et
manutention, Lithiase rénale et trépidations par exemple.

Dans ce cas, il faut éviter à tout prix d'adresser à l'employeur , même par
l'intermédiaire du patient, un certificat médical de contre-indication à telle ou
telle activité supposée néfaste : cela risque d'aboutir à un licencement, que le
médecin du travail aurait pu éviter en proposant en connaissance de cause des
modifications ou un changement de poste de travail.

Le rôle du praticien est au contraire d'informer clairement le patient sur


les risques encourus par lui-même ou éventuellement par la collectivité du fait
de son affection, et de l'inciter avec toute la persuasion nécessaire à mettre son
médecin du travail au courant : seul ce dernier connaît le lieu de travail et les
adaptations éventuellement possibles.
30

. Pour les accidents du travail ou les maladies professionnelles qui


laissent craindre des séquelles fonctionnelles susceptibles de présenter des
difficultés d'adaptation aux postes de travail précédemment occupés, le médecin
praticien doit prendre contact avec le médecin du travail suffisamment tôt avant la
reprise de travail prévue pour une visite dite "de pré-reprise" afin qu'un
aménagement puisse être organisé.

Le médecin praticien doit se rappeler que le secret médical (art. 254 du


CpT) s'impose à lui, vis-à-vis du médecin du travail : il ne peut lui transmettre des
renseignements que par l'intermédiaire et avec l'accord du patient.

. En matière d'hygiène de vie (alimentation, alcoolisme, tabagisme, santé


mentale : sommeil notamment), le médecin praticien doit participer activement à
l'information, et si besoin au réseau de prise en charge, qui permettront d'éviter
l'accident et la maladie : les intervenants sont généralement multiples dans ce
domaine et tous doivent conjuguer leurs efforts, notamment, le médecin du travail
et le (ou les) médecin(s) praticiens).

Il est bien démontré que l'arrêt du tabagisme est aussi un moyen d'éviter la
synergie cancérogène à craindre chez un travailleur exposé à l'amiante, ou de
prévenir la potentialisation toxique vis à vis d'autres polluants industriels
(trichloréthylène par exemple).

. L'apprentissage d'une hygiène corporelle soigneuse pourra réduire les


risques d'intoxication chez un travailleur exposé au plomb ou aux esters
organophosphorés. De tels messages, généralement diffusés par les médecins du
travail sont infiniment plus convaincants lorsqu'ils sont renouvelés par le
médecin traitant.

Le diagnostic et la déclaration précoce d'une pathologie d'origine


professionnelle constituent des moyens de prévention des formes graves ou des
complications ultérieures.

CONCLUSIONS

La loi n° 94-28 du 21 février 1994 portant régime de réparation des préjudices


résultant des accidents du travail et des maladies professionnelles dans le secteur
privé et la loi n' 95-56 du 28 juin 1995 portant régime particulier de réparation
des préjudices résultant des mêmes risques dans le secteur public ont apporté aux
travailleurs des garanties médicale, sociale et juridique pour faire valoir leur droit
à réparation, mais également ont insisté sur la nécessité de mettre en oeuvre toutes
les mesures de prévention afin de promouvoir la santé au travail dans les
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entreprises industrielles et commerciales et dans toutes les institutions du secteur


privé et du secteur public.

Les rôles du médecin du travail et du médecin praticien sont complémentaires


aussi bien pour assurer la prévention du risque professionnel que pour sa
réparation équitable.

Le médecin praticien qui est tenu de prodiguer aux blessés des soins
diligents, attentifs, consciencieux et conformes aux données de la science
moderne, doit également aider son blessé ou son malade à bénéficier de ses
droits à réparation en lui fournissant tous les documents médicaux dont il a
besoin et en établissant des relations avec son médecin du travail.

Le médecin du travail doit être l'interlocuteur privilégié du médecin


praticien, le contact devant s'établir par l'intermédiaire du patient. Dans les cas
difficiles, le médecin traitant et le médecin du travail peuvent trouver une aide
efficace auprès des Services de Pathologie Professionnelle et d’aptitude au
Travail mais en place dans les grands centres hospitaliers universitaires des
quatre Facultés de Médecine du pays.

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