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Boaca Aliona

N° Élevé 249591

Juriste d’entreprise

Droit des sociétés-Devoir D0014-2010

Devoir D0014

CAS PRATIQUE « SA ESSENTIALS »

DOSSIER 1

1.1 Monsieur Gonod peut-il rester seul membre du directoire ?

Dans une société anonyme (SA) à directoire et conseil de surveillance, le directoire est l’organe qui a
la charge de gérer l’entreprise. Il est contrôle par le conseil de surveillance.

Cet organe se compose de deux à cinq membres. Néanmoins, si la société est cotée en bourse, alors
il peut accueillir jusqu’à sept membres.

En général, ce sont les statuts de la société qui fixent le nombre de membres. Si ce n’est pas le cas,
c’est le conseil de surveillance.

Les SA dont le capital social est inférieur à 150 000 euros peuvent n’avoir qu’un seul membre, qui
aura le statut de directeur général unique.

Le capital de la SA Essentials est ici de 200 000 euros : il est donc supérieur à la limite légale de
150 000 euros permettant au directoire de ne comporter qu’un seul membre.

En conséquence, M. Gonod ne peut pas rester le seul membre du directoire après le départ de M.
Pilibossian.

Les statuts de la SA Essentials ayant fixé le nombre de membres à deux, un second membre devra
être choisi.

1.2 Monsieur Hubert peut-il être nommé membre du directoire ?

Les membres du directoire sont nommés par le conseil de surveillance.

Les statuts peuvent opter pour une durée des fonctions des membres du directoire comprise entre
deux et six ans. Si aucune mention n’est prévue, cette durée est fixée à quatre ans par le Code de
Commerce (art.L225-62).

Les membres du directoire sont obligatoirement des personnes physiques, actionnaires ou non, non
frappés d’incompatibilité, d’interdiction de gérer ou de déchéance.

La limite d’âge des membres du directoire est fixée à 65 ans, a défaut de clauses statutaire contraire.

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La désignation du ou des membres du directoire est nécessaire à l’accomplissement des formalités
de publicité, le Code de Commerce exigeant que leurs noms soient publiés dans un journal
d’annonces légales et que qu’ils figurent au sein du registre du commerce et des sociétés.

Les règles en matière de cumul de mandats. La loi prévoit que, sauf cas particuliers :

 Une même personne ne peut être à la foi membre du directoire et membre du Conseil de
Surveillance dans la même société ;
 Toute personne ne peut appartenir à plus d’un directoire de SA ayant son siège social sur le
territoire français ;
 Une même personne ne peut pas cumuler son mandat de membre de directoire dans une SA
avec un mandat de président du conseil d’administration dans une autre SA ;
 Une même personne peut cumuler son mandat de membre du directoire dans une SA avec
un mandat d’administrateur dans une autre SA ;
 Le nombre total de mandats détenus par une personne physique dans des SA ayant leur
siège social sur le territoire français est limité à cinq, tous mandat confondus (membre du
conseil de surveillance, membre du directoire, administrateur).

En cette circonstance, M. Hubert, le candidat choisi par M. Pilibossian pour assurer sa succession au
directoire de la SA Essentials :

- Dispose de la capacité civile et n’est a priori pas sous le coup d’une interdiction, d’une déchéance
ou d’une incompatibilité l’empêchant d’administrer une société ;

- M.Hubert est âgé de 62 ans, donc se situe en-dessous de la limite d’âge statutaire ;

- Il n’est pas actionnaire de la SA Essentials, ce qui n’a pas d’influence sur son futur statut de membre
du directoire ;

- M. Hubert n’est pas membre du conseil de surveillance de la SA Essentials, ce qui l’aurait empêché
de cumuler ce mandat avec celui de membre du directoire dans la même société ;

- N’est pas membre d’un directoire dans une autre SA ayant son siège social en France, ce qui l’aurait
empêché de cumuler ce mandat avec celui de membre du directoire dans la SA Essentials ;

- Il ne possède pour l’instant qu’un seul mandat social : membre du conseil d’administration d’une
autre SA, non cotée en bourse.

Ainsi, Monsieur Hubert semble réunir l’ensemble des conditions pour pouvoir faire partie du
directoire de la SA Essentials.

Donc, à la suite de la démission de M. Pilibossian, il pourra être nommé dans cette fonction par le
conseil de surveillance, en respectant les formalités de publicité habituelles.

DOSSIER 2

2.1 Peut-elle cumuler son mandat de membre du conseil de surveillance avec un contrat de
travail ?

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Rien n’empêche un membre du conseil de surveillance ou du directoire du conclure un contrat de
travail avec la société, il faudra simplement respecter les dispositions générales :

- L’exercice de fonctions et de compétences techniques réelles et distinctes des fonctions de


direction relevant du mandat social. Les fonctions techniques du salarié doivent être bien
distinctes et différentes de celles de la gestion de la société.
- L’existence d’un lien de subordination hiérarchique vis-à-vis de la société.
- Le versement d’une rémunération distincte pour les deux fonctions. La rémunération perçue
au titre du contrat de travail doit être distincte de celle versée au titre du mandat social.

Le nombre d’administrateurs ou des membres du conseil de surveillance liés à la société par un


contrat de travail ne peut pas dépasser le tiers des administrateurs ou membres du conseil de
surveillance (articles L 225-22 et L 225-85 du Code de Commerce).

En espèce, Mme Reichart peut cumuler un contrat de travail en tant qu’ingénieur chimiste avec son
mandat de membre du conseil de surveillance, ces deux fonctions étant distinctes. Il ne semble pas
qu’un autre membre du conseil de surveillance soit titulaire d’un contrat de travail.

Cependant, il faudra bien vérifier : que ses compétences professionnelles d’ingénieur chimiste lui
permettront de développer une activité technique différente de celle de mandataire ; que le lien de
subordination soit réel avec la société ; que la rémunération qui lui sera versée à titre de salaire
corresponde à l’activité technique et soit différente de celle de son mandat social ; et que le numerus
clausus ne soit pas atteint (qu’un autre membre du conseil de surveillance soit titulaire d’un contrat
de travail en l’espèce).

2.2 Quelle est la procédure à suivre pour la conclusion d’un contrat de travail avec un membre du
conseil de surveillance ?

Le code de commerce prévoit un mécanisme d’autorisation préalable de certaines conventions


conclues entre la société et l’un de ses dirigeants : les conventions réglementées. Elle est soumise à
une procédure particulière.

 Rôle du conseil de surveillance(CS)

Le membre du conseil de surveillance intéressé par une convention réglementée informé le conseil
d’administration dès qu’il a connaissance de la convention qu’il va conclure et pour laquelle le
control est applicable. Le CS statue sur l’autorisation sollicitée par l’intéressé. Le membre du CS
intéressé par la convention ne prend pas part au vote.

 Rôle du commissaire aux comptes(CAC)

Le président du CA, en cas de vote favorable, avise le ou les CAC des conventions autorisées. Le CAC
présente à l’AG ordinaire un rapport spécial sur les conventions réglementées.

 Rôle de l’assemblée générale(AG)

Une fois la convention validée, elle sera présentée à l’assemblée générale. L’AG statue sur les

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conventions et sur la base du rapport spécial des CAC. L’intéressé, s’il est actionnaire, ne prend pas
part au vote.

Les actions de l’intéressé ne sont pas prises en compte pour le calcul du quorum et de la majorité.

Mme Reichart (membre du conseil de surveillance), pourra cumuler son mandat social avec un
contrat de travail à conditions :

- de respecter la procédure des conventions réglementées ;

- si les deux organes (CS et AG) acceptent sa demande.

DOSSIER 3

3.1 Quelles sont les caractéristiques des actions de préférence ?

Les actions de préférence sont des titres de capital assortis de droits particuliers de toute nature, à
titre temporaire ou permanent (article L228-11 alinéa 1 du Code de commerce).

Ces actions peuvent être crées lors de la constitution d’une société ou durant son existence. Ils sont
définis par les statuts ou par l’intermédiaire d’une Assemblée Générale Extraordinaire.

Les actions de préférence procurent des avantages multiples à leur détenteur, avantages que ne sont
pas que financiers. Une action de préférence peut notamment donner à son bénéficiaire un droit de
vote supérieur à celui d’une action classique, comme un droit de vote double.

Financièrement, elle peut permettre d’avoir droit à un dividende prioritaire, voire supérieur à celui
des autres actionnaires.

L’action de préférence donne lieu à d’autres avantages, tels que le droit de rachat prioritaire, le droit
au remboursement prioritaire ou encore le droit d’information renforce.

Le régime des actions de préférence a été modernisé et assoupli par la loi Pacte du 22 mai 2019
relative à la croissance et la transformation des entreprises.

3.2 L’émission d’actions de préférence répondrait-elle aux objectifs du directoire ?

La possibilité de créer des actions préférentielles contribue notamment à la souplesse qui caractérise
les sociétés par actions. Elles permettent de moduler les droits et prérogatives attachées aux actions
détenues dans le capital social. Elles permettent ainsi d’ouvrir le capital social à des investisseurs tout
en permettant aux actionnaires initiaux de conserver le contrôle de la société.

Outre le droit de vote double et des avantages tels que le droit d’information renforce, les actions de
préférence peuvent contribuer à accroître les bénéfices de son propriétaire : les droits financiers
privilégiés comme le droit au dividende supérieur et prioritaire rendent les actions de préférence
véritablement attractives pour les particuliers désireux de faire plus de bénéfices.

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On peut donc penser que, l’attribution d’avantages patrimoniaux, pour favoriser la fidélité de futurs
actionnaires (par la création d’action de préférence), est une bonne solution.

3.3 Quel est l’organe compétent pour décider d’une augmentation de capital ?

Selon l’article L 225-129 du Code de commerce, la compétence de principe pour décider d’une
augmentation de capital social revient à l’assemblée générale extraordinaire des actionnaires.

Elle va baser sa décision sur un rapport du conseil d’administration ou du directoire, lorsqu’il y en a


un. Ce rapport contient toutes indications utiles sur les motifs de l’augmentation du capital.

Toutefois, la compétence peut être déléguée par l’assemblée générale extraordinaire. Elle revient
alors au conseil d‘administration ou au directoire.

Si la compétence de décision est déléguée au directoire ou au conseil d’administration, ce dernier


devra réaliser un rapport complémentaire à l’assemblée générale ordinaire suivante.

Une autre solution est en outre possible. La décision de l’augmentation reste alors à la charge de
l’assemblée. Toutefois, elle a ensuite la possibilité de ne déléguer que les modalités des émissions de
titres au conseil d’administration ou au directoire.

Lorsqu’une augmentation de capital social a été décidée, le représentant légal de l’entreprise doit
effectuer une publication dans un journal d’annonces légales (publicité classiques exigées pour toute
modification statutaire).

3.4 Quel droit peut exercer Monsieur Dubois et selon quelles modalités ?

Par principe, les associés ont un droit d’information sur la gestion de la société. Cette prérogative est
renforcée pour les associés minoritaires. En effet, la loi permet aux associés de désigner un expert de
gestion.

Un ou plusieurs actionnaires représentant au moins 5% du capital social de la SA, peuvent, soit


individuellement, soit en se groupant, poser par écrit au directoire des questions sur une ou plusieurs
opérations de gestion de la société. La réponse doit également être communiquée aux commissaires
aux comptes.

A défaut de réponse satisfaisante dans le délai d’un mois, les actionnaires pourront demander en
référé au président du tribunal de commerce la désignation d’un ou plusieurs experts chargés de
présenter un rapport sur les opérations de gestion contestées. Ce rapport devra être adressé au(x)
demandeur(s), au ministère public, au comité d’entreprise et, selon le cas, au conseil
d’administration ou au directoire et au conseil de surveillance

Le rapport d’expertise est également adressé au commissaire aux comptes qui devra l’annexer à son
rapport en vue de sa présentation à l’assemblée générale et sera publié au moment de la publication
des comptes.

Monsieur Dubois peut déclencher la procédure d’expertise de gestion sur l’opération d’acquisition

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du brevet : il est actionnaire détenant 7% du capital et l’acquisition du brevet est une opération de
gestion précise.

QUESTION DE COURS

Dans quelle mesure la constitution d’une société anonyme non cotée en bourse est-elle simplifiée
par rapport au régime applicable en cas d’offre au public de titres financiers ?

Dans le cadre de la création d’une entreprise, un entrepreneur a le choix entre plusieurs possibilités
de statut juridique. Parmi eux, la société anonyme, aussi appelée SA, est une forme de société
relativement populaire pour les projets de grande envergure.

La SA, par définition, est une société anonyme. Il s’agit d’une société commerciale dont le capital
social est composé d’actions détenue par les associés.

La loi du 24 juillet 1966 réglemente strictement la constitution des sociétés anonymes. La SA peut se
constituer de deux façon :

 Avec offre au publique de titres financiers si les créateurs de l’entreprise ne disposent pas
eux-mêmes des capitaux nécessaires, et offrent au public la possibilité de souscrire des
actions de la future société ;
 Sans offre au public des titres financiers.

Depuis la loi du 24 juillet 1966, le législateur a imposé aux sociétés anonymes faisant offre au public
de titres financier des formalités plus importantes (établissement d’un projet de statuts déposé au
greffe, publicités, prospectus et documents informatifs, dépôt des fonds et liste souscripteurs…).

Alors, que la constitution d’une société anonyme sans offre au publique de titres financiers peut
s’opérer selon une « procédure » simplifiée.

A. Constitution des sociétés anonymes avec offre au publique de titres financiers

Les formalités de constitution de la SA avec offre au public sont renforcées :

 Projet de statuts obligatoire, signé par les fondateurs doit être déposé au greffe du Tribunal
de Commerce du futur siège social
 Publicité par :
- Une notice, signée par les fondateurs, sur les caractéristiques de la future société au Bulletin
des Annonces Légales Obligatoires
- Note d’information à l’intention du public, soumise au visa préalable de l’Autorité des
Marchés Financiers
- Les prospectus, circulaires, affiches, annonces, presse doivent porter mes mêmes mentions
que la notice.
 Emission de bulletins de souscription au capital qui seront signes par les souscripteurs
 Dépôt des fonds (pour les apports en numéraire) dans les 8 jours dans une banque, chez un
notaire ou à la caisse des dépôts et consignations. Un certificat de dépôt de fonds est remis
aux fondateurs (le capital minimum étant de 37 000 euros).
 Avis de convocation des souscripteurs dans un JAL et au BALO, 8 jours avant l’Assemblée
général constitutive
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 Réunion de l’Assemblée général constitutive qui regroupe tous les souscripteurs, qui aura un
rôle pour :
- Constater que le capital du montant exigé par la loi est entièrement souscrit et libéré
- Adopter les statuts
- Nommer les organes de gestion
- Approuver les actes des fondateurs pour le compte de la société en formation
- Approuver le rapport du commissaire aux apports(en cas d’apport en nature)
-Donner mandat aux premiers organes de gestion d’engager la société

Cette assemblée statue aux conditions de quorum et de la majorité d’une Assemblée générale
extraordinaire.

 Enregistrement des statuts


 Formalité de publicité :
- Insertion dans un JAL de l’avis de constitution
- Demande d’immatriculation au RCS
- Insertion au BODACC.

Ces formalités, relativement lourdes, sont simplifiées pour la constitution des sociétés anonyme ne
faisant pas offre au public de titres financiers.

B. Constitution des sociétés anonymes sans offre au public de titres financiers : Procédure
simplifiée

Certaines phases de la constitution sont communes à celles des sociétés anonymes faisant offre au
public de titres financiers. Les règles sont plus simples et sont assimilables à celles applicables aux
sociétés à responsabilité limitée.

Les étapes dans la constitution de la SA sans offre au public sont :

 Rédaction du projet de statuts par les fondateurs (facultatif)


 Evaluation des apports en nature par un commissaire aux apports
 Dépôt des apports en numéraire dans les 8 jours de leur réception par les fondateurs auprès
d’une banque, d’un notaire ou de la Caisse des dépôts et considérations contre remise d’un
certificat de dépôt de fonds
 Signature des statuts : un écrit sous seing privé ou notarié
 Enregistrement des statuts.

A la suite des étapes de constitution de la SA, il est nécessaire que cette constitution face l’objet
d’une publicité :

 Insertion dans un JAL de l’avis de constitution


 Dépôt au greffe du tribunal compétent (par le biais du guichet unique)
 Demande d’immatriculation au RCS
 Insertion au BODACC.

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B. Justification de la dualité de régime

La procédure de constitution d’une SA faisant offre au public de titres financiers est longue et lourde,
mais elle est conçue pour protéger les actionnaires et leur information. En effet, les fondateurs
doivent respecter des règles strictes en matière de transparence et d’information lors de la
constitution de la société.

Le régime applicable aux SA sans offre au public de titres financiers est moins contraignant que celui
de SA faisant offre au public de titre financiers. En effet, les SA sans offre au public de titres financiers
ne sont pas soumises aux même règles de transparence et d’information que les SA faisant offre au
public de titres financiers.

Le fonctionnement de SA est très encadre par le code de commerce. Les associés ont donc peu de
marge de manœuvre dans la rédaction des statuts de la société anonyme. C’est d’ailleurs pour cette
raison que le choix de beaucoup de personnes se porte plutôt vers la création de SAS (société par
action simplifie) qui sont en quelque sorte des sociétés anonymes simplifiée.

Ainsi la SA reste une structure juridique adaptée aux sociétés dont les titres font l’objet d’offres au
public, mais son succès est aujourd’hui limité par la SAS, beaucoup moins réglementée, plus souple
et donc plus adapte aux PME.

BIBLIOGRAPHIE

Droit des sociétés – Les sociétés commerciales, Philippe Merle, Editions Dalloz

Droit des sociétés, Michel Jeantin, Editions Montchrétien, collection Domat droit privé

Bibliographie en ligne

Les codes et textes légaux en ligne : www.legifrance.gouv.fr

Le texte initial de la loi du 24 juillet 1966 : www.admi.net/jo/loi66-537.html

www.legalplace.fr

www.lecoindentrepreneurs.fr

www.legalstart.fr

https:/epargne.ooreka.fr.com

www.doc-du-juriste.com

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